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VitamineC<br />
En redonnant vie et fantaisie à mademoiselle C., Marie-Chantal Perron livre un second volet plein et<br />
entier, émouvant et délicat. (Re)découvrez la femme sous l’abat-jour. I MARTIN GRENIER<br />
La <strong>com</strong>édienne se pointera dans un<br />
instant, le temps de savourer une<br />
dernière bouchée du meilleur<br />
Kraft en ville (selon ses dires). En<br />
patientant, le journaliste en profite<br />
pour jeter un dernier coup d’oeil à ses<br />
notes. Puis son regard bifurque un<br />
instant vers une petite tache insoupçonnée<br />
sur son pantalon qu’il croyait<br />
nickel. La revanche d’un méchant<br />
pain au chocolat... Un brin d’inattention<br />
qui donne encore plus d’impact à<br />
l’arrivée extrêmement enthousiaste de<br />
l’interprète. On lève aussitôt les yeux,<br />
un peu surpris. On sourit. Un vent<br />
chaleureux, un rire contagieux,<br />
une tornade de joie<br />
de vivre s’approche. Marie-<br />
Chantal tend la main.<br />
Vous la côtoyez depuis à<br />
peine dix secondes et déjà, elle<br />
vous parle <strong>com</strong>me à un ami de<br />
longue date, simple, franchement<br />
sympathique, sans un iota de timidité.<br />
Boule d’authenticité, amoureuse de la<br />
vie, un brin naïve, (elle l’avoue ellemême),<br />
elle est de ces gens qui transpirent<br />
l’intégrité, à qui on ne peut<br />
prêter aucune mauvaise intention.<br />
Malgré un réveil très hâtif, l’enchantement<br />
du retour de mademoiselle C. la<br />
transporte et l’illumine: «C’est un personnage<br />
que j’adore, qui fait du bien<br />
aux gens, non seulement aux autres<br />
personnages dans le film, mais aussi<br />
aux spectateurs. Les enfants l’apprécient<br />
beaucoup. Je vois dans leurs yeux<br />
l’affection qu’ils ont pour elle. Ça me<br />
touche énormément.»<br />
Forts du succès critique et <strong>com</strong>mercial<br />
de La Mystérieuse mademoiselle C., les<br />
producteurs du premier volet ont eu la<br />
bonne idée de ramener au grand écran<br />
la délicieuse institutrice de Dominique<br />
Demers. Comme pour la première<br />
aventure, la scénariste fond ici deux de<br />
ses romans à succès (Une Bien curieuse<br />
factrice et Un drôle de ministre) en une<br />
seule histoire, le tout avec un budget<br />
de 4,3 millions $. Or, cette fois,<br />
L’in<strong>com</strong>parable Mademoiselle C. délaisse<br />
l’école au profit du bureau de poste.<br />
Mais <strong>com</strong>me on pouvait s’y attendre, la<br />
nouvelle factrice ne se contente pas de<br />
distribuer le courrier: « Elle invente<br />
des lettres de toutes pièces, les trafique,<br />
s’immisce dans la vie des gens dans le<br />
but d’empêcher Maurice Moron<br />
(Pierre Lebeau) de munir la ville de<br />
cent casinos express», explique la principale<br />
intéressée.<br />
Son arme secrète? Le «spling». Sous<br />
son excentrique chapeau en forme d’abat-jour,<br />
l’interprète nous éduque sur ce<br />
terme coloré: «Le spling c’est tout ce qui<br />
est doux, qui fait du bien au cœur, qui<br />
rend heureux, merveilleux, vivant. C’est<br />
<strong>com</strong>me de la soupe Lipton pour l’âme!»<br />
À l’image de son personnage, Marie-<br />
Chantal Perron semble être tombée<br />
dans le spling quand elle était petite. Le<br />
récit emballé de ses<br />
journées de tournage<br />
le démontre<br />
tout à fait : «J’ai vécu<br />
vraiment de beaux<br />
moments. Je me<br />
réveillais avant mon<br />
cadran pour aller<br />
tourner, même si on<br />
<strong>com</strong>mençait très tôt.<br />
Mon personnage est<br />
tellement heureux,<br />
généreux, éclaté. Je<br />
le vois <strong>com</strong>me un<br />
ange. J’arrivais sur le<br />
plateau de bonne<br />
humeur et je restais<br />
dans cet état-là toute<br />
la journée.»<br />
Mais celle qui, par<br />
son dynamisme, fait<br />
suer d’épuisement le<br />
petit lapin d’Energizer<br />
précise tout de<br />
même ses limites:<br />
famous québec 31 | avril 2004<br />
«Quand j’arrive le soir, je suis morte! Je<br />
prends un verre de vin et je tombe dans<br />
le lit.»<br />
Alors que plusieurs croient à tort que<br />
les gens timides ne sont pas nés pour le<br />
théâtre, qu’en est-il, à l’inverse, des volcans<br />
de spontanéité <strong>com</strong>me Marie-<br />
Chantal? Est-il facile de canaliser cette<br />
extraversion, cette bonne humeur<br />
débordante afin de s’assurer, en bout<br />
de ligne, de ne pas trop forcer le jeu?<br />
«C’est vrai que je suis quelqu’un qui a<br />
beaucoup d’énergie et j’aime en donner.<br />
Je trouve la vie joyeuse, ça fait partie<br />
de ma personnalité et j’espère ne pas<br />
changer. Mais si, par exemple, on m’offre<br />
un rôle plus dramatique, je vais arriver<br />
sur le plateau beaucoup plus tranquille,<br />
plus discrète. Je m’imprègne de<br />
la nature de mon personnage.»<br />
Son thermostat émotionnel semble<br />
efficace puisque son interprétation dans<br />
La Mystérieuse… lui a valu une nomination<br />
aux Jutra l’an<br />
dernier. Le trophée<br />
lui a échappé, mais le<br />
film, quant à lui,<br />
connu un rayonnement<br />
international<br />
très réjouissant. Par<br />
exemple, au premier<br />
jour de tournage de<br />
L’In<strong>com</strong>parable…, on<br />
apprenait au cinéaste<br />
Richard Ciupka que<br />
le Kinderfilmfest de<br />
Hambourg lui décernait<br />
la palme du<br />
meilleur réalisateur.<br />
Inutile de dire que les<br />
30 jours de tournage<br />
furent teintés de<br />
beaucoup d’enthousiasme.<br />
Un enthousiasme<br />
contagieux pour<br />
toutes et tous dès le<br />
23 avril.