La Télémesure - Le Centre Spatial Guyanais
La Télémesure - Le Centre Spatial Guyanais
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Dossier<br />
Mesurer à distance. Telle est la définition de la télémesure.<br />
Mais mesurer quoi,pourquoi,quand,pour qui et comment ? Schématiquement,il s'agit de prélever<br />
toutes les informations issues du lanceur de son décollage à la fin de sa mission. "<strong>La</strong> télémesure<br />
est l'art de mesurer et de voir l'invisible" traduit si élégamment José Golitin, spécialiste <strong>Télémesure</strong>.<br />
Au final, ce sont plus de 1500 paramètres, autant d'indicateurs, qui permettent de s'assurer du<br />
bon comportement d'Ariane. Un outil primordial pour la mission Sauvegarde. Un peu comme<br />
un médecin suivrait à distance l'état de santé des spationautes, la <strong>Télémesure</strong>, via des capteurs<br />
et une centrale inertielle, prend en continu le pouls du lanceur et relève les informations<br />
confirmant le bon état de ses organes vitaux. Enfin, les données issues de ces mesures vont<br />
confirmer et valider le succès de la mission auprès des clients satellites.<br />
Pour ce faire, quelle que soit la direction du lancement, la mission <strong>Télémesure</strong> consiste à œuvre<br />
et à coordonner le réseau nécessaire pour réaliser l'acquisition du signal TLM avec différentes<br />
antennes. Si l'acquisition de ce signal démarre à Galliot, le maintien de sa réception est assuré<br />
par un réseau de stations dites aval tout au long de la trajectoire du lanceur, parfois renforcées<br />
d'autres moyens mobiles. <strong>La</strong> <strong>Télémesure</strong>, une activité riche, technique, précise, et humaine.<br />
Dossier préparé par<br />
Karol Barthelemy<br />
14 / LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006<br />
<strong>La</strong> <strong>Télémesure</strong><br />
Acquérir le signal émis par Ariane, le<br />
réceptionner, l'enregistrer en intégralité,<br />
et le traiter pour visualisation au profit<br />
des ingénieurs de la Sauvegarde Vol et du client<br />
Arianespace, avec notamment la fourniture des<br />
éléments nécessaires à l'élaboration des<br />
diagnostics de satellisation, telles sont les<br />
principales étapes de la <strong>Télémesure</strong>. Issu du<br />
lanceur, le signal regroupe toutes les mesures de<br />
référence. Sans télémesure, point de lancement,<br />
Sauvegarde oblige. C'est un dispositif<br />
incontournable des missions du CNES/CSG, qui<br />
doit garantir la sécurité des personnes et des<br />
biens, et qui doit s'acquitter de sa mission de<br />
mise en orbite de satellites auprès de ses<br />
clients. Détachée sur le site Galliot de la<br />
Montagne des Pères, l'équipe <strong>Télémesure</strong><br />
s'assure quotidiennement de la maintenance du<br />
système et des moyens pour une configuration<br />
opérationnelle optimale le jour J, mais aussi des<br />
évolutions à venir. Spécialistes ou experts<br />
<strong>Télémesure</strong>, Responsables <strong>Télémesure</strong> en<br />
campagne et en chronologie, Gestionnaires<br />
techniques de moyens ou encore Responsable<br />
de Maîtrise d'Ouvrage (RMOA) lors de grosses<br />
évolutions techniques, les ingénieurs du CNES<br />
multiplient les casquettes et développent leur<br />
polyvalence. Rencontre avec une équipe<br />
dynamique et pour le moins performante.<br />
Au commencement se trouve SDO/AM, le<br />
Service Acquisition Mesures de la Sous-<br />
Direction des Opérations, qui coordonne<br />
plusieurs missions.<br />
Après un premier séjour de 1996 à 2002 au<br />
département Localisation,Arnaud Carlier revient<br />
au CSG en 2005 en tant que Chef du service<br />
Acquisition Mesures. En accord avec la Charte du<br />
Manager, il gère et suit tous les aspects humains,<br />
contractuels et industriels de ce grand service,<br />
dont il coordonne l'ensemble des actions. Ce<br />
service compte quatre grands domaines :<br />
- la télémesure (TLM), au service d'Arianespace,<br />
de la Sauvegarde Vol et de la Localisation ;<br />
- la localisation (LOC), au profit essentiellement<br />
de la Sauvegarde Vol pour assurer en temps réel<br />
la trajectographie du lanceur ;<br />
- la météo (MTO), au profit de la Sauvegarde, de<br />
la cellule de Vol et des secours (voir dossier du<br />
<strong>La</strong>titude 5 n°73) ;
- l'analyse système mesures (ASM), c'est-à-dire les analyses de<br />
mission lanceur pour les systèmes Sol, les études de<br />
compatibilité électromagnétique, et la coordination en campagne<br />
de l'équipe Mesures.<br />
NB : comme l'explique Arnaud, "la télémesure et la localisation font<br />
appel à des compétences et à des technologies très similaires". <strong>La</strong><br />
principale différence relève des moyens mis en œuvre : la<br />
localisation utilise des radars (qui émettent un signal puis<br />
récupèrent la réponse du lanceur pour le localiser), alors que les<br />
antennes de télémesure sont à l'écoute du lanceur (qui envoie un<br />
signal descendant).<br />
Toutes ces activités sont bel et bien complémentaires. Et tout<br />
aussi fondamentales puisque ce sont elles qui vont conditionner<br />
le lancement d'Ariane et attester de la bonne réalisation de sa<br />
mission. Si l'objectif final est bien évidemment le succès du<br />
lanceur européen, la priorité reste claire : assurer la sécurité des<br />
personnes et des biens des populations voisines du centre, ainsi<br />
que la sécurité propre du <strong>Centre</strong> <strong>Spatial</strong> <strong>Guyanais</strong>, mais aussi la<br />
sécurité tout au long de la trajectoire du lanceur.<br />
Arnaud gère ainsi un service de seize personnes aux activités<br />
multiples et géographiquement éloignées, sans oublier le support<br />
des équipes du CPI <strong>Télémesure</strong> auquel ont été délégué<br />
l’exploitation et la maintenance du système. Il avoue qu'il a "la<br />
chance d'avoir un service avec une très bonne ambiance et un fort<br />
esprit d'équipe. Cela tient probablement en partie au fait que ce<br />
service est l'un des plus jeunes du CSG et possède des responsables<br />
<strong>La</strong> station de télémesure Galliot, au sommet de la Montagne des Pères<br />
d'activités experts dans leur domaine, qui n'en sont pas à leur premier<br />
séjour au CSG. <strong>Le</strong>s détachés viennent avec un réel esprit d'ouverture,<br />
et les sédentaires ont à cœur de participer activement à leur<br />
intégration. Ces facteurs combinés créent une émulation<br />
professionnelle et un véritable esprit d'équipe, d'autant plus profitable<br />
que l'éloignement géographique des différents sites ne facilite ni la<br />
gestion technique, ni la gestion humaine du service".<br />
Galliot, un site époustouflant<br />
A environ quinze kilomètres du <strong>Centre</strong> Technique, à la Montagne<br />
des Pères, une route en lacets grimpe en serpentant entre<br />
bananiers, bois canons, awaras et autres palmiers.Au terme de la<br />
côte, une vue panoramique imprenable sur Kourou et ses<br />
environs. Aux pieds s'étale la forêt de brocolis, traversée par le<br />
fleuve Kourou et la Crique des Pères. De l'autre côté, derrière<br />
deux grandes antennes, l'océan s'étire paisiblement, Îles du Salut<br />
en ligne de mire.<br />
Sur cette colline, Responsable Technique du système <strong>Télémesure</strong><br />
au service Acquisation Mesures du CNES/CSG, Patrick Gehin<br />
gère la station Galliot. Exceptés deux ans à la Sous-Direction Sol<br />
Toulouse pour l'adaptation du système <strong>Télémesure</strong> à Ariane 5, et<br />
quatre ans en tant que chef de la station TLM de Libreville,<br />
Patrick enregistre une quinzaine d'années au CSG. "Ici, nous<br />
sommes quatre ingénieurs et une secrétaire CNES, soutenus par des<br />
prestataires industriels auxquels a été déléguée l'exploitation et de la<br />
maintenance des moyens télémesure. Plusieurs de nos missions sont<br />
dites non-impassables : si on ne sait pas faire, on ne lance pas. Il n'y<br />
a cependant jamais eu de "rouge" télémesure."<br />
LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006 / 15
<strong>La</strong> mission <strong>Télémesure</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>Télémesure</strong> répond aux spécifications de ses interlocuteurs,<br />
en fonction de leur propre mission.<br />
Arianespace, principal client, demande l'enregistrement intégral<br />
des données télémesure pour assurer et confirmer le succès de<br />
la mission du lanceur européen à ses clients satellites. Il s'agit<br />
notamment de suivre le fonctionnement du lanceur,<br />
l'enchaînement des évènements permettant de présumer de la<br />
réussite de la mission (allumage des moteurs, séparation des<br />
étages, de la coiffe, des satellites, extinction, etc….)<br />
<strong>La</strong> Sauvegarde Vol utilise de son côté une cinquantaine de<br />
mesures internes du lanceur qui entre dans son processus<br />
décisionnel, dont les éléments de fonctionnement du lanceur,<br />
l'état des centrales de pilotage, etc…. Afin d'une part de<br />
contrôler en permanence la disponibilité de la chaîne de<br />
télécommande de neutralisation du lanceur, et d'autre part de<br />
corroborer les informations qu'elle reçoit du système de<br />
Localisation.<br />
<strong>Le</strong> système <strong>Télémesure</strong> participe donc directement à la mission<br />
Localisation : il traite les informations "position" et "vitesse"<br />
issues des centrales inertielles du lanceur, et les transmet au<br />
centre de traitement des données de Localisation sous une<br />
forme similaire à celles issues des radars, afin de faire corréler les<br />
deux sources.<br />
Enfin, la télémesure s'appuie en permanence sur le réseau<br />
Télécommunications qui assure le transport de l'information et<br />
doit donc mettre en place la configuration télécommunications<br />
adéquate.<br />
Quelles mesures ?<br />
Pour couvrir toutes ces missions, l'enregistrement des<br />
paramètres est donc continu, de la phase propulsion jusqu'à la<br />
passivation du lanceur. Ainsi que l'explique Patrick, "le signal<br />
télémesure vient du lanceur et va vers le sol. <strong>Le</strong>s émetteurs au niveau<br />
de la case à équipements transmettent un maximum d'informations<br />
issues des capteurs et des centrales inertielles". <strong>Le</strong>s informations à<br />
prélever au niveau des différents étages sont notamment :<br />
- pressions, températures, vibrations<br />
- tensions, courants<br />
- résultats issus du calculateur de pilotage<br />
- positions tuyères<br />
- message digital du calculateur de bord (OBC)<br />
- etc…..<br />
UCTM<br />
(Unité Centrale <strong>Télémesure</strong>)<br />
Emetteur <strong>Télémesure</strong><br />
CIS (Centrale Intertielle<br />
Secours)<br />
OBC (On Board Computer)<br />
Antenne <strong>Télémesure</strong><br />
Vue du dessus de la case à équipements d’Ariane<br />
2 grandes fonctions TLM mises en œuvre<br />
* <strong>Le</strong> Contrôle Visuel Immédiat CVI<br />
<strong>Le</strong>s données extraites de la chaîne de <strong>Télémesure</strong> pour le<br />
Contrôle Visuel Immédiat permettent à Arianespace et à la<br />
Sauvegarde Vol de disposer des informations en temps réel du<br />
comportement du lanceur et du déroulement de la séquence des<br />
16 / LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006<br />
Antenne <strong>Télémesure</strong><br />
CIN<br />
(Centrale Inertielle)<br />
Emetteur <strong>Télémesure</strong><br />
L'Adjoint Mesure AME<br />
u Issu du service Acquisition Mesures de la Sous-Direction des<br />
Opérations du CNES, l'Adjoint Mesure est un acteur incontournable<br />
du système. A l'Adjoint Mesure incombe d'effectuer les analyses de<br />
mission pour les lancements, permettant de définir la conception et<br />
l'architecture des moyens de poursuite du lanceur. En relation avec<br />
le DDO (Directeur des Opération) et de l'AQO (Adjoint Qualité<br />
Opérations), il est basé en chronologie au <strong>Centre</strong> de Contrôle<br />
Jupiter 2. En campagne, l'Adjoint Mesures coordonne les acteurs<br />
du dispositif mesures que sont le RTM Responsable <strong>Télémesure</strong>, le<br />
RLOC Responsable Localisation, le ROMS (Responsable<br />
Opérationnel Optronique et Moyens Spécialisés) ainsi que le RTEL<br />
Responsable Télécom.<br />
évènements. Une salle CVI est d'ailleurs mise à la disposition<br />
d'Arianespace en Répétition Générale et lors du lancement : si<br />
les valeurs fournies par la télémesure correspondent aux<br />
gabarits prédéfinis, le représentant d'Arianespace annonce au<br />
DDO (Directeur des Opérations) en salle Jupiter les<br />
informations nominales du comportement du lanceur dès le HO<br />
jusqu'à la fin de mission après la séparation des charges utiles.<br />
<strong>Le</strong> diagnostic de satellisation : élaboré par le service<br />
<strong>Télémesure</strong> à destination d'Arianespace, le diagnostic de<br />
satellisation associé à chaque charge utile indique les orbites et<br />
attitudes selon lesquelles les satellites ont été injectés. C'est la<br />
concrétisation de la réussite de la mission.<br />
* <strong>Le</strong> Contrôle Visuel Différé CVD<br />
<strong>Le</strong> Contrôle Visuel Différé regroupe toutes les informations<br />
<strong>Télémesure</strong> de toutes les stations du réseau sollicité, soit 1200 à<br />
1500 paramètres, définis en fonction du lancement et des<br />
équipements. L'ensemble de ces données est transmis au <strong>Centre</strong><br />
de Traitement Temps Différé de Toulouse, qui va reconstituer le<br />
vol complet. Patrick détaille qu'ils vont "injecter ces données en<br />
tant que références dans une énorme base de données pour une<br />
"exploitation niveau 0" par Arianespace : l'exploitation fine de ces<br />
données télémesure va autoriser le lancement suivant".<br />
Cependant, le système télémesure peut également être amené :<br />
- à transmettre des informations extraites du Contrôle Visuel<br />
Immédiat vers Toulouse en temps réel, lors de la mise à poste de<br />
certains satellites ;<br />
- à fournir des tracés et des dépouillements fins dans le cas<br />
d'anomalies ;<br />
- à mettre en œuvre un shelter sur un bateau pour l'observation<br />
de la retombée des Etages d’accélérations à Poudre EAP ;<br />
- à mettre en œuvre une station transportable terrestre ou navale,<br />
ainsi que des Kits <strong>Télémesure</strong> tête de station en interface avec des<br />
antennes de stations étrangères lors de lancements nécessitant<br />
une trajectoire atypique (voir Etat des Lieux en page 21)<br />
Techniquement…<br />
Afin de couvrir toute la trajectoire d'Ariane, le CNES/CSG<br />
dispose d'un réseau de stations aval (voir Etat des Lieux), dont<br />
les antennes se relaient au fur et à mesure de la progression du<br />
lanceur. Dans l'ordre, nous obtenons le réseau suivant : Galliot,<br />
Natal au Brésil, Ascension dans l'Atlantique Sud, Libreville au<br />
Gabon et Malindi au Kenya. <strong>La</strong> transmission des informations<br />
entre les stations et différents centres est assurée par le système<br />
de télécommunications "Systa Transport".
Tous les systèmes sont étudiés pour être en redondance<br />
"chaude" afin d'en assurer au mieux la disponibilité : il faut à tout<br />
prix rester en liaison avec le lanceur et demeurer maître de la<br />
chaîne de neutralisation.<br />
<strong>Le</strong> système télémesure de la Montagne des Pères se décompose<br />
en trois sous-systèmes :<br />
- <strong>La</strong> Station Galliot proprement dite, entièrement dédiée à<br />
Ariane.Autour de l'antenne Stella 43, qui réceptionne le signal du<br />
lanceur (à raison de 1 Megabit par seconde pour Ariane 5, c'està-dire<br />
un million de "0" ou de "1" par seconde…), un important<br />
équipement informatique enregistre les données puis les<br />
transforme avant de les envoyer au SCET, Système de<br />
Centralisation et Exploitation <strong>Télémesure</strong> Ariane 5.<br />
Patrick Gehin devant le système informatique de la station Galliot<br />
NB : chaque station aval est dotée des mêmes équipements que<br />
la station Galliot.<br />
- <strong>Le</strong> SET, Système d'Exploitation des <strong>Télémesure</strong>s,<br />
comprenant notamment le SCET (Système de Centralisation et<br />
Exploitation <strong>Télémesure</strong> Ariane 5), constitué de calculateurs qui<br />
centralisent les informations de toutes les stations <strong>Télémesure</strong>,<br />
leur assure un pré-traitement informatique avant de les diffuser<br />
en temps réel (CVI) vers la Sauvegarde, Arianespace et la<br />
Localisation.<br />
Galliot<br />
SCET<br />
(Système de Centralisation et Exploitation <strong>Télémesure</strong> Ariane 5)<br />
Salle<br />
Sauvegarde<br />
Vol<br />
Système de<br />
Localisation<br />
et de<br />
Trajectographie<br />
Salle de<br />
visualisation<br />
Arianespace<br />
<strong>Centre</strong><br />
Opérations<br />
Réseau 2GHz<br />
Toulouse<br />
Responsable<br />
<strong>Télémesure</strong><br />
CDC<br />
Jupiter 2<br />
- <strong>La</strong> station de poursuite satellites, entièrement automatisée<br />
autour de l'antenne Star 45 du réseau 2 GHz du CNES, et de<br />
l'antenne KuK, fonctionne en permanence au profit du réseau de<br />
poursuite du <strong>Centre</strong> <strong>Spatial</strong> de Toulouse pour la mise à poste et<br />
le maintien à poste de certains satellites. Par ailleurs, en<br />
lancement, elle est utilisée en redondance avec la station Galliot<br />
pour assurer la réception du signal.<br />
<strong>La</strong> préparation de la télémesure<br />
En phase de préparation d'un lancement, Arianespace, la<br />
Sauvegarde Vol et l'Adjoint Mesures vont fournir au système<br />
<strong>Télémesure</strong> les caractéristiques de la mission, soit les données<br />
qui vont permettre de configurer les stations télémesure et le<br />
Système d'Exploitation <strong>Télémesure</strong> SET. Chaque responsable de<br />
station doit rentre compte de l'état et de la configuration<br />
opérationnelle de ses équipements au RTM, le Responsable<br />
<strong>Télémesure</strong>. Quand l'ensemble du réseau est opérationnel, ils<br />
participent aux essais techniques de la Base de <strong>La</strong>ncement. Ils<br />
transmettent ensuite leurs éléments opérationnels au<br />
Responsable <strong>Télémesure</strong> qui effectuera une synthèse pour une<br />
présentation globale du système <strong>Télémesure</strong> lors de la Revue de<br />
Préparation de la Base (RPB) Phase 2.A partir de cet événement,<br />
l'ensemble des systèmes sont "en gel de configuration".<br />
En résumé, en amont du lancement (pour une mission standard<br />
lancement vers l'Est), le système télémesure se prépare aux<br />
environs de J-15 à J-10, participe vers J-7 aux essais techniques, à<br />
J-4 à la RPB et à J-3 à la Répétition Générale.<br />
L'avenir<br />
Tous les interlocuteurs télémesure sont formels : au vu de<br />
l'évolution technologique du lanceur, des satellites et des<br />
moyens de transmission de données, le flot de données à<br />
fournir est de plus en plus colossal. Sans compter que Soyouz<br />
et Véga décolleront très prochainement de Kourou.<br />
Ainsi que le précise Arnaud Carlier, "le système télémesure de<br />
Vega sera sans doute très similaire à celui d'Ariane 5 ; cependant<br />
Vega sera souvent lancé vers le Nord, où nous n'avons pas de réseau<br />
dédié. Pour les lancements vers l'Est de Soyouz, nous utiliserons le<br />
réseau de stations Ariane 5 moyennant quelques adaptations." Puis<br />
il poursuit : "afin d'anticiper l'obsolescence des moyens, nous<br />
amorçons actuellement une phase de renouvellement importante du<br />
système : SCET (Système de Centralisation et Exploitation<br />
<strong>Télémesure</strong>), chaîne de récepteurs<br />
et de traitement du signal de<br />
toutes les stations. Ainsi que pour<br />
toutes les évolutions techniques<br />
majeures au CNES/CSG, nous<br />
transmettons nos spécifications de<br />
besoins à la Sous-Direction Sol<br />
Toulouse de la DLA, à qui nous<br />
déléguons le développement du<br />
système".<br />
<strong>Le</strong> mot de la fin d'Arnaud : "la<br />
réseau Ariane, un réseau sur lequel<br />
le soleil ne se couche jamais…" 4<br />
Arnaud Carlier<br />
LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006 / 17
Acteur<br />
Stéphane Rousseau,<br />
Spécialiste <strong>Télémesure</strong><br />
Arrivé en décembre 2005, Stéphane Rousseau effectue son premier séjour en Guyane.<br />
Après un parcours polyvalent au sein du CNES, il a intégré la télémesure à Galliot<br />
au même titre que ses trois collègues ingénieurs du CNES : Spécialiste <strong>Télémesure</strong>.<br />
Des évolutions du SCET, Service de Centralisation et d'Evaluation de la <strong>Télémesure</strong>,<br />
au rôle de Responsable <strong>Télémesure</strong> (RTM), il participe pleinement à toutes<br />
les missions de la <strong>Télémesure</strong>. Portrait.<br />
Stéphane est diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure<br />
d'Ingénieurs de Constructions Aéronautiques (ENSICA)<br />
depuis 1996. Il a démarré sa vie professionnelle en tant<br />
que sous-traitant du CNES Toulouse en mécanique spatiale,<br />
avant d'intégrer la grande maison de Toulouse en 1999, sur la<br />
mission Mars Sample Return, pour étudier l'aérocapture. Puis il<br />
s'est penché sur le développement du centre de contrôle de<br />
l'ATV, pour lequel il avait en charge la fonction surveillance du<br />
Flight Dynamics System. Finalement, il a saisi en 2005<br />
l'opportunité de vivre les lancements d'Ariane au CSG.<br />
A première vue, l'on pourrait s'interroger sur le rapport entre<br />
mécanique spatiale et télémesure. Pourtant, à y regarder d'un<br />
peu plus près, deux grands fils conducteurs réunissent ces<br />
activités. Tout d'abord, les opérations sont présentes dans ces<br />
deux grands domaines. Parallèlement, mécanique spatiale et<br />
télémesure affichent des besoins communs de traitement en<br />
temps réel de l'information. Ainsi Stéphane<br />
explique que lors de sa dernière mission<br />
occupée à Toulouse, "il s'agissait de développer<br />
et d'opérer un moyen permettant de surveiller en<br />
temps réel l'ATV, ce qui s'apparente fortement au moyen de<br />
traitement de la télémesure qu'est le SCET, Service de Centralisation<br />
et d'Evaluation de la <strong>Télémesure</strong>. D'un point de vue technique, cette<br />
dernière mission m'a donc permis une approche directe et rapide du<br />
traitement de la télémesure". Pour Stéphane, les méthodes<br />
acquises et mises à profit se caractérisent par rigueur,<br />
organisation du travail, et maîtrise du stress auquel les activités<br />
opérationnelles exposent les ingénieurs. <strong>La</strong> pression est<br />
d'ailleurs montée avec le Vol 172 pour lequel il a été<br />
Responsable <strong>Télémesure</strong> (RTM) pour la première fois, environ<br />
neuf mois après son arrivée au CSG. "On se sent alors beaucoup<br />
plus impliqué" confie-t-il. "Il y a certaines étapes à passer, et<br />
notamment celle, cruciale, où l'on décrète que la Base est prête à<br />
entrer en Répétition Générale en vue du <strong>La</strong>ncement…" Pour le<br />
reste, toujours en terme d'adaptation, Stéphane résume avec<br />
humour que "c'est la motivation et l'huile de coude qui font que l'on<br />
18 / LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006<br />
arrive à atteindre le<br />
niveau suffisant pour<br />
répondre aux exigences de<br />
ce poste !"<br />
Lorsque l'on demande à<br />
Stéphane quelles ont été ses<br />
motivations pour venir au CSG,<br />
il répond spontanément : "l'envie de<br />
vivre une aventure à la fois professionnelle et familiale ! L'ambiance<br />
des opérations a quelque chose d'unique et de stimulant.<br />
Parallèlement, j'ai la chance d'arriver à un moment où la <strong>Télémesure</strong><br />
doit faire évoluer ses moyens. Nous devons renouveler les systèmes et<br />
anticiper les lancements de Soyouz et Vega, qui développent une<br />
composante technique intéressante et qui vont impacter les moyens<br />
<strong>Télémesure</strong>. <strong>Le</strong> SCET également doit faire une petite cure de<br />
jouvence". Stéphane en profite donc pour participer à faire<br />
évoluer le système en fonction des besoins des<br />
"une dynamique de groupe<br />
particulièrement motivante<br />
et épanouissante"<br />
utilisateurs de la <strong>Télémesure</strong>.<br />
Or, toutes ces missions passent par un<br />
travail d'équipe. Stéphane est réellement<br />
satisfait d'être localisé à Galliot, au cœur d'une station et du<br />
SCET, où il s'adapte à son nouveau poste avec le soutien de ses<br />
collègues. "<strong>Le</strong> fait d'être ici, en plus de m'offrir une vue superbe sur<br />
les îles et Kourou, permet de se confronter à la réalité du système<br />
télémesure.Toujours prêts à partager leurs connaissances, les agents<br />
de Galliot sont motivés et se rendent disponibles pour répondre aux<br />
questions ou analyser un problème. Il y a de la passion dans tout ce<br />
qu'ils font".<br />
Enfin, Stéphane conclut en insistant sur "une dynamique de groupe<br />
particulièrement motivante et épanouissante. En campagne, nous<br />
sommes tous concentrés vers le même objectif phare qui est<br />
d'assurer la préparation de la base pour le lancement. En tant que<br />
Responsable <strong>Télémesure</strong>, un lien privilégié se tisse également avec le<br />
Responsable Localisation et l'Adjoint Mesures. Nous nous apportons<br />
mutuellement les éléments nécessaires à assurer la qualité de notre<br />
prestation dans les délais impartis". 4
Rencontre<br />
José Golitin,<br />
"l'art de mesurer<br />
et de voir l'invisible"<br />
Comme beaucoup de petits bonshommes, José Golitin rêvait d'être pilote de chasse<br />
mais la vie en a fait un spécialiste de la <strong>Télémesure</strong>. Passionné, José est un homme<br />
plein de ressources. Au CNES/CSG depuis dix-sept ans, il n'a de cesse de maîtriser<br />
les rouages de la <strong>Télémesure</strong> et transmet son enthousiasme à toute l'équipe.<br />
Zoom sur un artiste des mesures et de l'Espace.<br />
José a grandi en commune, à Iracoubo. Après<br />
l'obtention de son Baccalauréat à Kourou, il s'envole<br />
vers la métropole et mène des études d'ingénieur en<br />
génie électrique, hyperfréquences et radars, puisque sa vue<br />
ne lui permet pas d'accéder à son rêve d'enfant. En 1989, il<br />
choisit de rentrer en Guyane et saisit l'opportunité de<br />
travailler au CNES/CSG, au sein du "Département<br />
Acquisition" qui, à l'époque, regroupait toutes les antennes<br />
de télémesure et radars de la base.<br />
Particulièrement pédagogue, il nous donne une perception<br />
imagée de la mission du CSG et de la télémesure : "Ariane<br />
est en quelque sorte un "taxi" avec un satellite comme passager.<br />
Ce taxi implique les missions impératives du CSG, dont la<br />
principale est celle de la Sauvegarde Vol qui doit assurer la<br />
sécurité des personnes et des biens. Celle-ci dépend du<br />
comportement du véhicule spatial. <strong>La</strong> mission la plus longue est<br />
alors celle de la <strong>Télémesure</strong>, qui couvre la totalité du vol et<br />
permet la confirmation écrite de la réussite de la mission du<br />
lanceur : le diagnostic de satellisation".<br />
Haut devant son buste, les bras et les mains de José<br />
moulinent au rythme de ses explications : "L'Espace est<br />
rempli d'éléments qui tournent en permanence. Un immense<br />
vide régi par les Lois de Kepler*. Dans cette ronde perpétuelle<br />
d'objets, un satellite va être positionné par rapport à une<br />
trajectoire. Il s'agit donc de mesurer ce qui se passe à un endroit<br />
dans l'Espace, à bord d'un lanceur où l'homme n'est pas présent,<br />
et de visualiser cela graphiquement sur papier ou sur écran. <strong>La</strong><br />
<strong>Télémesure</strong> est l'art de mesurer et de voir l'invisible. Enfin,<br />
lanceur = sauvegarde. Cette simple phrase explique le rôle du<br />
CNES au CSG et la raison d'être de cette technique de mesures<br />
à distance : la télémesure pérennise la vie du lanceur".<br />
Et José de poursuivre : "Mais la mission Sauvegarde se<br />
prolonge bien au delà de Kourou, d'où la présence et<br />
l'importance des stations aval. Passé Kourou, il n'y a plus de<br />
radar pour assurer la mission de Localisation. Elle doit alors<br />
utiliser la télémesure pour visualiser graphiquement la<br />
trajectoire du lanceur depuis la salle de contrôle de Jupiter II".<br />
Spécialiste <strong>Télémesure</strong>, il est régulièrement Responsable <strong>Télémesure</strong><br />
(RTM) d'une campagne Ariane 5.A présent, ce sont ses deux index qui,<br />
côte à côte, décollent du bureau pour monter lentement en une<br />
grande parabole. "L'annonce par le DDO des évènements lanceur obtenus<br />
par la <strong>Télémesure</strong> est pleine de suspense : en entendant "allumage", il faut<br />
tout de suite s'attendre à "décollage". Et les annonces se succèdent :<br />
"extinction EAPs, séparation EAPs, séparation coiffe, …". Neuf minutes de<br />
visibilité sur Kourou, jusqu'à ce que le lanceur tombe sous l'horizon, guetté<br />
par Natal de l'autre côté de la Terre. En visibilité de Natal, c'est l'extinction<br />
du dernier étage. On est très haut dans l'Espace, avec six minutes de<br />
visibilité, comme à Ascension. Libreville recevra la télémesure du lanceur<br />
pendant dix à quinze minutes et Malindi aura la couverture la plus longue<br />
avec parfois plus de trois heures de réception de télémesure après le H0.<br />
Cette longue couverture est liée à la "phase de passivation" du lanceur, et<br />
permet depuis quelques années de garantir la non pollution de l'Espace par<br />
le dernier étage d'Ariane, conformément aux accords internationaux."<br />
Au quotidien, José pilote également Natal, au travers notamment de<br />
commissions de maintenance. En tant que tel, il dit de lui qu'il est "un<br />
point de contact prêt à déclencher les actions et ressources nécessaires au<br />
maintien de la disponibilité de la station pour les lancements". Quant à la<br />
Station Transportable Navale Ariane, dont il a aussi la responsabilité, il<br />
a participé à sa qualification en mer au lendemain du Vol 157.<br />
Si le <strong>Guyanais</strong> est revenu sur sa terre pour un épanouissement<br />
personnel, la <strong>Télémesure</strong> en tant que moyen opérationnel du <strong>Centre</strong><br />
<strong>Spatial</strong> <strong>Guyanais</strong> lui a entre autres permis "d'accorder les équations avec<br />
la réalité du terrain. Je vis mon système, et chaque lancement est un<br />
accouchement. J'ai conscience que nous vivons un temps et un lieu<br />
privilégiés. Sous nos yeux, les pieds posés sur un socle de terre guyanaise<br />
qui date de l'ère primaire, évoluent les dernières technologies et dernières<br />
équations, œuvres de milliers de cervelles et de doigts de tous pays…" 4<br />
* Lois de Kepler : lois expérimentales du mouvement des planètes autour du<br />
Soleil. Au nombre de trois, elles s'appliquent au mouvement d'un satellite autour<br />
d'une planète.<br />
LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006 / 19
Etat des lieux<br />
<strong>Le</strong>s Stations Aval :<br />
des réseaux<br />
internationaux<br />
Pour couvrir intégralement la trajectoire du lanceur,<br />
la <strong>Télémesure</strong> nécessite un réseau de stations dites aval.<br />
<strong>La</strong> plupart des missions d'Ariane consistant à mettre<br />
sur orbite de transfert géostationnaire des satellites<br />
Galliot<br />
de télécommunications, plus de 95% des lancements sont<br />
effectués vers l'Est. Depuis les années 1980, le CNES et l'ESA s'emploient à mettre en place sous cette trajectoire type un<br />
réseau de stations dédié à Ariane, de Kourou jusqu'en Afrique Orientale. Entre technique et diplomatie, zoom international.<br />
Patrick Gehin a été Chef de la station de Libreville durant<br />
quatre ans. Aujourd'hui Responsable Technique de la<br />
<strong>Télémesure</strong> au CSG, il coordonne également<br />
techniquement la mise en œuvre du réseau de stations aval.<br />
Quotidiennement, il est à l'écoute, certes de Galliot à Kourou<br />
puisqu'il y est basé, mais aussi de Natal au Brésil, d'Ascension<br />
dans l'Atlantique Sud, de Libreville au Gabon, et de Malindi au<br />
Kenya. Lors d'un lancement, cette chaîne d'un continent à l'autre<br />
permet de rester en contact permanent avec le lanceur, avec si<br />
possible des zones de chevauchement : une antenne acquiert le<br />
signal d'Ariane à l'horizon alors que la précédente ne l'a toujours<br />
pas perdu (voir carte page suivante).<br />
Autorisations régies par des accords entre l'ESA et le<br />
gouvernement concerné, l'exploitation des moyens <strong>Télémesure</strong><br />
des stations est déléguée au CNES moyennant un protocole<br />
20 / LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006<br />
Natal<br />
(voir carte page suivante). L'élaboration et le suivi de ces<br />
contrats d'exploitation est par ailleurs effectué par le Chef de<br />
Service Acquisition Mesures du CNES/CSG, SDO/AM.<br />
Dans ce melting-pot de conventions et d'interlocuteurs, si par<br />
contrat le français est de mise en phase opérationnelle, au<br />
quotidien les techniciens communiquent par tous moyens,<br />
jonglant entre "franglais", franco-brésilien et inversement !<br />
Libreville<br />
NB :Ainsi que l'explique Patrick, "entièrement dédiée à Ariane, seule<br />
la station de Libreville accueille en permanence un responsable CNES<br />
et un technicien du CPI <strong>Télémesure</strong>. Ils doivent absolument être<br />
polyvalents car la maintenance du matériel mis en place leur incombe.<br />
En campagne nominale, un troisième agent CPI est envoyé en renfort<br />
durant trois semaines, de la préparation à la fin de mission ". 4
<strong>La</strong> STNA, Station Transportable Navale Ariane<br />
Ascension<br />
2007, l'ATV<br />
u L'Automated Transfer Vehicle, futur cargo de ravitaillement de la<br />
Station <strong>Spatial</strong>e Internationale, dont le premier lancement est prévu<br />
mi 2007, enregistre neuf contrats de lancement. Sa trajectoire<br />
s'orientant vers le Nord-Est, un réseau de télémesure dédié à l'ATV<br />
est en cours de définition et d'installation. Il ne pourra être<br />
permanent et nécessitera le déploiement de différents moyens<br />
mobiles en plusieurs endroits. <strong>Le</strong> circuit d'antennes <strong>Télémesure</strong><br />
envisagé pour l'ATV est donc le suivant :<br />
- la STNA, Station Transportable Navale Ariane, sera placée sur un<br />
bateau, au niveau du Tropique du Cancer ;<br />
- sur l'île de Santa Maria, aux Açores, sera installée une station<br />
transportable, associée à un kit Ariane 5 ;<br />
- à Adélaïde, en Australie, une antenne de l'Université de<br />
Recherche Technologique prendra le relais, moyennant<br />
quelques adaptations et l'intégration d'un kit Ariane 5 ;<br />
- enfin, en Nouvelle-Zélande, au-dessus de laquelle aura lieu la<br />
séparation de l'ATV et de l'EPS, une autre station transportable<br />
sera disposée, louée à l'Afrique du Sud, également complétée<br />
d'un kit Ariane 5.<br />
NB : Un kit Ariane complète un équipement de télémesure pour<br />
l’adapter au système d’Ariane 5.<br />
Etat des lieux<br />
<strong>La</strong>ncements atypiques<br />
u Pour des raisons de sauvegarde, le CNES/CSG n'effectue aucun<br />
lancement vers le Sud, où le lanceur devrait survoler le Brésil. En<br />
cas de tir vers le Nord-Est ou vers le Nord, pour la mise sur orbite<br />
de satellites héliosynchrones comme Spot ou Helios, il faut trouver<br />
des stations sous le parcours du lanceur, compatibles avec la<br />
télémesure Ariane 5, conclure des accords avec les responsables<br />
étrangers. Pour les tirs déjà réalisés vers le Nord, des conventions<br />
ont été signées avec l'Agence <strong>Spatial</strong>e Canadienne, pour<br />
l'utilisation de Saint-Hubert sur la côte Est, et avec les Etats-Unis,<br />
pour l'utilisation de Wallops, une île proche de la Floride, sur la<br />
côte Est également. Enfin, des accords ont été négociés pour<br />
l'utilisation de la station de South Point à Hawai ainsi que pour<br />
l'utilisation de la station de Dongara, sur la côte Ouest de<br />
l'Australie, à l'occasion du lancement Rosetta. Ainsi que l'explique<br />
Patrick Gehin, "nous avons quatre kits Ariane 5 transportables<br />
pour assurer l'interface avec les antennes locales et nos systèmes<br />
de réception Ariane 5. Mais c'est un dispositif complexe car il<br />
s'installe au coup par coup et réclame un temps de préparation<br />
accru". Patrick se souvient que "pour les lancements d'Envisat et<br />
d'Hélios, nous avons déployé des moyens jusqu'à la station de<br />
Svalbard, archipel norvégien de l'Océan Arctique".<br />
Malindi<br />
LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006 / 21
Acronymes<br />
EAP : Etage d'Accélération à Poudre<br />
EPC : Etage à Propergols Cryotechniques<br />
Etage Principal Cryotechnique<br />
ESC-A : Etage Supérieur Cryotechnique A<br />
SYLDA : SYstème de <strong>La</strong>ncement Double A<br />
S/C : Space Craft<br />
Galliot<br />
u Placé sur la corne sud de la Montagne des Pères, à<br />
Kourou, à environ 20 km des ensembles de<br />
lancement, le site Galliot est en vue directe du lanceur.<br />
Ce site est aussi bien utilisé pour les tirs vers le Nord<br />
que vers l'Est.<br />
Historiquement, la Montagne des Pères doit son nom<br />
au passage des Jésuites, qui ont mis en valeur la<br />
région de Kourou dès le 17 ème siècle.<br />
Natal<br />
u Baignée d'une eau émeraude, Natal est une station<br />
balnéaire du Brésil, entourée de dunes et de récifs. A<br />
20 km de la ville, cette station brésilienne localement<br />
nommée Centro de <strong>La</strong>nçamento de foguetes da<br />
Barreira do Inferno (<strong>Centre</strong> de lancement de la barrière<br />
de l'enfer), est initialement dédiée aux lancements<br />
brésiliens. Dans le cadre d'un accord passé entre<br />
22 / LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006<br />
l'ESA et le gouvernement brésilien, le Département<br />
Défense du Brésil exploite la station télémesure au<br />
profit du CNES.<br />
Ascension - Station dédiée Ariane<br />
u Avec une surface de 10 km², la petite île<br />
d'Ascension est une des émergences volcaniques de<br />
la grande dorsale qui partage en deux le fond de<br />
l'Atlantique Sud. Dirigée par un administrateur, elle<br />
dépend de son illustre grande sœur, l'île de Sainte-<br />
Hélène. Découverte le jour de l'Ascension par les<br />
Portugais en 1501, l'île appartient aujourd'hui au<br />
Royaume-Uni. Après la fermeture par la NASA de sa<br />
station de télémesure sur l'île en 1989, le CNES et<br />
l'ESA ont décidé d'y construire leur propre station de<br />
télémesure. Actuellement, l'exploitation de la station<br />
est assurée par la société anglaise VT Merlin<br />
Communication.<br />
Libreville - Station dédiée Ariane<br />
u Jusqu'à Ariane 3, la dernière station aval de<br />
télémesure était établie à Akakro en Côte d'Ivoire. Pour<br />
Ariane 4, il a été nécessaire de déplacer cette station<br />
vers l'Est, près de Libreville au Gabon, juste sous<br />
l'équateur. Inaugurée en 1986, la station n'est pas à<br />
Libreville, mais à 30 km de la capitale gabonaise, au<br />
village de N'Koltang. Ce choix stratégique a été guidé<br />
par la présence à proximité du village de la principale<br />
Station Terrienne du pays. En vertu d'un accord conclu<br />
entre l'ESA et la République du Gabon, la Station<br />
Ariane a la possibilité d'accéder de façon privilégiée à<br />
des moyens spécifiques comme des circuits télécom<br />
et énergie spécialisés. Ces moyens sont exploités<br />
grâce à un protocole conclu entre le CNES et la société<br />
Gabon Telecom. <strong>Le</strong>s équipements ont par la suite<br />
évolué pour être compatibles avec la télémesure<br />
Ariane 5.
Malindi<br />
u Pour pouvoir poursuivre entièrement Ariane 5, un<br />
cinquième site a été retenu. San Marco est situé au<br />
Kenya, près de la ville de Malindi, sur la côte orientale<br />
de l'Afrique, à une centaine de kilomètres au nord de<br />
Mombasa. Ce site a été retenu car il est plus à l'Est<br />
que Libreville mais également parce que c'est une<br />
station faisant partie du réseau de l'ESA pour la<br />
poursuite de ses satellites, station gérée par du<br />
personnel italien de l'Université de Rome. San Marco<br />
est aussi une plate-forme de lancement située au<br />
large, d'où les Italiens lançaient de petits satellites<br />
scientifiques grâce à une version "italianisée" du<br />
lanceur américain Scout. Adaptée aux lancements<br />
Ariane 5 grâce à l'installation de moyens spécifiques<br />
en 1997, la station de Malindi a été opérationnelle<br />
pour le second lancement d'Ariane 5, le vol 502.<br />
<strong>La</strong> STNA, Station Transportable<br />
Navale Ariane<br />
u Développée par le CNES pour le compte de l'ESA,<br />
cette station peut être terrestre ou navale, transportable<br />
par voie routière, maritime ou aérienne. Son principal<br />
objectif vise à permettre une adaptation rapide du<br />
réseau des stations aval dans certaines situations de<br />
lancement. Elle est notamment activée pour les<br />
lancements ayant une trajectoire atypique (Nord/Nord-<br />
Est), et peut compléter le réseau de stations fixes<br />
équatoriales. Basée chez son fabricant à Arcachon, elle<br />
peut être utilisée sur d'autres sites dans le monde, en<br />
fonction des trajectoires de lancement Ariane et, le cas<br />
échéant, pour d'autres lanceurs, moyennant quelques<br />
adaptations. Elle complétera également le dispositif<br />
<strong>Télémesure</strong> de l'ATV (voir encadré page précédente).<br />
Totalement autonome en matière d'énergie, la STNA<br />
peut être installée n'importe où, sur un site totalement<br />
isolé et dépourvu d'infrastructures. Une équipe de trois<br />
personnes suffit à son exploitation. Dans sa version<br />
initiale terrestre, elle a été utilisée pour la 1ère fois le 10<br />
décembre 1999, pour assurer le suivi du lancement<br />
Ariane 504 vers le Nord-Est. <strong>La</strong> station, dont le<br />
comportement s'est révélé tout à fait satisfaisant, a<br />
alors reçu la télémesure du lanceur jusqu'à une<br />
distance de 6000 km.<br />
D'autre part, si en phase propulsée, où la télémesure<br />
continue est indispensable, le lanceur doit traverser<br />
un "trou de télémesure" au-dessus de l'océan, la<br />
STNA peut également être installée sur un bateau<br />
comme par exemple le Toucan ou le Colibri. L'antenne<br />
navale fonctionnera alors installée sur une plate forme<br />
maintenue horizontale par six vérins qui<br />
s'affranchissent des mouvements du bateau dus à la<br />
houle. Cette amélioration a été mise en œuvre pour le<br />
vol 167, en décembre 2005, lui conférant alors le<br />
terme "navale".<br />
LATITUDE 5 / N°74 / OCTOBRE 2006 / 23