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Guide pratique de la production et la fabrication des cidres et poirés<br />

(4e éd.)/ par <strong>le</strong>s Etablissements Simon Frères (Cherbourg)<br />

[p. 3]<br />

AVANT-PROPOS<br />

Le cidre est la boisson fermentée extraite de la pomme. Le jus sucré qui s'écou<strong>le</strong> du pressoir, mis dans <strong>le</strong>s<br />

fûts, subit une fermentation tumultueuse ; lorsqu'el<strong>le</strong> a pris fin, <strong>le</strong> cidre peut être livré à la consommation,<br />

quoiqu'une partie du sucre seu<strong>le</strong>ment soit transformée en alcool. Cette transformation se continue <strong>le</strong>ntement, et<br />

ce n'est qu'au bout de plusieurs mois, quelquefois presque une année, que <strong>le</strong> sucre a complètement disparu. Le<br />

cidre encore un peu sucré peut être mis en bouteil<strong>le</strong>s ; la fermentation se continuant en vases clos, donne<br />

naissance à une boisson pétillante, mousseuse.<br />

Le jus de la pomme peut donc être consommé lorsqu'il est encore à demi-sucré, complètement fermenté ou<br />

non, ou sous la forme de façon Champagne. C'est une boisson alimentaire agréab<strong>le</strong>, tonique, réconfortante,<br />

favorab<strong>le</strong> aux divers actes de la digestion. Ses qualités hygiéniques ont été mises en lumière par divers<br />

médecins : ils ont constaté que <strong>le</strong> cidre pris avec modération prévient, atténue et parfois guérit <strong>le</strong>s maladies des<br />

voies urinaires, tel<strong>le</strong>s que la pierre, la gravel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s coliques hépatiques et néphrétiques, ainsi que <strong>le</strong>s attaques<br />

[p. 4]<br />

de goutte, résultant souvent d'excès dans l'usage du vin et d'une nourriture trop riche en viande. Le cidre de<br />

consommation courante est une boisson peu chargée en alcool ; son usage immodéré présente donc moins de<br />

dangers que la bière, <strong>le</strong> vin et autres boissons alcooliques.<br />

La production du cidre en France constitue une richesse agrico<strong>le</strong> fort importante : la moyenne de la période<br />

décenna<strong>le</strong>, de 1890 à 1899 inclus, est de 15,459,000 hectolitres valant environ 160 millions de francs. Le<br />

maximum a été de 31,609,000 hectolitres en 1893, et <strong>le</strong> minimum de 6,789,000 hectolitres en 1897. La récolte<br />

exceptionnel<strong>le</strong> de 1900 s'est chiffrée par 29,409,000 hectolitres, cel<strong>le</strong> de 1901 par 12,730,000 hectolitres, et cel<strong>le</strong><br />

de 1902 par 9,210,864 hectolitres.<br />

Le pommier, point de départ de cette bel<strong>le</strong> production, est un arbre précieux, qui doit être l'objet de nos


meil<strong>le</strong>urs soins ; car notre richesse est en partie liée à l'extension et à la perfection de sa culture. On constate que<br />

beaucoup d'arbres ont été plantés depuis une trentaine d'années ; mais ils ne reçoivent pas assez souvent <strong>le</strong>s<br />

soins de culture et d'entretien dont ils ont besoin ; <strong>le</strong>s ravages des parasites paraissent prendre une extension<br />

redoutab<strong>le</strong> ; la lutte contre ces terrib<strong>le</strong>s et multip<strong>le</strong>s ennemis doit être énergique si l'on veut conserver ses<br />

récoltes.<br />

La production moyenne annuel<strong>le</strong> en France du cidre et du vin réunis se chiffre par 46 millions d'hectolitres,<br />

correspondant à 1/3 de litre par jour et par habitant ; il s'en faut donc de beaucoup que la production puisse<br />

suffire aux besoins du pays, sans compter que l'exportation peut atteindre un chiffre é<strong>le</strong>vé surtout pour <strong>le</strong>s cidres<br />

façon Champagne.<br />

Notons que la fabrication du cidre est loin d'être parfaite dans la plupart de nos campagnes, ce qui est une<br />

cause des plus graves dans la dépréciation de cette excel<strong>le</strong>nte boisson. De grands perfectionnements ont été<br />

récemment apportés dans sa fabrication ; la plupart des maladies sont évitées ; des moyens pratiques nouveaux<br />

de <strong>le</strong>s prévenir ou de <strong>le</strong>s traiter ont été découverts ; en un mot, l'art du cidrier a fait depuis peu des progrès<br />

considérab<strong>le</strong>s.<br />

Notre petit travail a pour but de porter à la connaissance de propriétaire ou fermier <strong>le</strong>s procédés <strong>le</strong>s plus<br />

recommandab<strong>le</strong>s<br />

pour la production en abondance des meil<strong>le</strong>ures pommes et pour la fabrication d'un beau et bon cidre.<br />

[p. 5]<br />

Nous passerons donc en revue <strong>le</strong>s sujets suivants : I. Le pommier, — établissement d'une pépinière, —<br />

création d'un verger, — soins à donner aux arbres, — engrais à employer, — greffage, — maladies et insectes<br />

nuisib<strong>le</strong>s, — récolte et conservation.<br />

II. Fabrication du cidre, — bâtiments et matériel, — broyage, pressurage, rémiage, diffusion, clarification,<br />

filtrage, etc., — fermentation, <strong>le</strong>vurage, débourbage, collage, — maladies du cidre et remèdes.<br />

Enfin nous terminons par quelques notions sommaires sur <strong>le</strong> poiré, <strong>le</strong>s eaux-de-vie, l'utilisation des marcs, la<br />

confection avec des pommes conservées, séchées d'un cidre économique pour <strong>le</strong>s années où <strong>le</strong>s pommes sont<br />

rares, ou font défaut.<br />

Nous nous efforcerons de donner une direction, des conseils essentiel<strong>le</strong>ment pratiques, de façon que nos<br />

<strong>le</strong>cteurs puissent faci<strong>le</strong>ment en tirer tout <strong>le</strong> parti possib<strong>le</strong>.<br />

[p. 7]<br />

PREMIÈRE PARTIE<br />

Culture du pommier et du poirier à cidre<br />

I<br />

PÉPINIÈRE — VERGER — ENGRAIS<br />

Les pommiers et <strong>le</strong>s poiriers se multiplient de graines appelées pépins. Si ces pépins sont pris aux arbres des<br />

forêts, ils donnent des sujets très vigoureux, dits sauvageons ; s'ils sont demandés aux arbres de nos vergers, <strong>le</strong>s<br />

sujets, dits francs, sont moins vigoureux ; tous doivent être greffés ; mais <strong>le</strong>s francs produisent par la greffe des<br />

fruits plus beaux et plus agréab<strong>le</strong>s au goût.<br />

Pépins. — Les pépins s'extraient de la pulpe après <strong>le</strong> pressurage : <strong>le</strong> marc divisé à la main est jeté sur un<br />

crib<strong>le</strong> à mail<strong>le</strong>s de 9 m / m ; <strong>le</strong>s pépins sont passés de nouveau sur un crib<strong>le</strong> à mail<strong>le</strong>s de 4 m / m ; ils sont alors à peu<br />

près exempts de matières étrangères ; on <strong>le</strong>s met sécher à l'ombre et à l'air, puis on <strong>le</strong>s passe au tarare.<br />

Si l'on veut procéder par sé<strong>le</strong>ction, on s'adressera à un arbre vigoureux, de 30 à 40 ans ; <strong>le</strong>s fruits choisis<br />

seront pris


[p. 8]<br />

vers <strong>le</strong> milieu de la tête de l'arbre, bien conformés, tout à fait mûrs, puis on broiera et crib<strong>le</strong>ra, on ne retiendra que<br />

<strong>le</strong>s pépins de cou<strong>le</strong>ur foncée, d'un noir d'ébène ; <strong>le</strong>s roux ou marbrés seront rejetés.<br />

Les pépins ne se sèment guère qu'au printemps ; une fois bien secs, on <strong>le</strong>s conserve dans des sacs de papier<br />

épais suspendus en lieu sec, froid et aéré ; <strong>le</strong> plus souvent, on a recours à la stratification. Dans un récipient à<br />

l'abri des attaques des rongeurs, on dispose alternativement des lits de 3 à 4 cm de sab<strong>le</strong> sec et de pépins, la<br />

dernière couche de sab<strong>le</strong> plus épaisse que <strong>le</strong>s autres ; puis on ferme non hermétiquement, mais suffisamment<br />

pour se garantir des rongeurs. On peut aussi opérer en p<strong>le</strong>ine terre au pied d'un mur à exposition nord.<br />

Fin janvier, on arrose <strong>le</strong> mélange stratifié qu'on porte dans un local chauffé à 14° environ ; la germination<br />

commence ; lorsque <strong>le</strong>s germes ont 2 à 3 m / m de long, on procède au semis en p<strong>le</strong>ine terre. On peut aussi semer<br />

sans germination préalab<strong>le</strong>.<br />

Semis. — La pépinière est l'emplacement destiné à la multiplication et à l'éducation des pommiers et poiriers<br />

depuis <strong>le</strong> semis jusqu'à la plantation à demeure. Le sol de la pépinière de semis sera une terre de jardin exposée<br />

au midi, bien ameublie, fortement fumée avant l'hiver, et de nouveau avant <strong>le</strong> semis avec des engrais<br />

consommés ou pulvéru<strong>le</strong>nts, tels que <strong>le</strong>s engrais chimiques. Le mode de semis <strong>le</strong> plus recommandab<strong>le</strong> est <strong>le</strong><br />

suivant : Diviser l'emplacement en planches de 1 m 20 partagées en deux par un sentier de 30 cm ; tracer sur<br />

chaque bande 3 sillons espacés de 15 cm et de 1 cm de profondeur ; en aplanir <strong>le</strong> fond avec une règ<strong>le</strong> demielliptique<br />

d'environ 1 mètre de long, semer et recouvrir de terreau fin. Le sarclage et <strong>le</strong>s arrosages seront<br />

fréquents. En juin, on éclaircira de façon que <strong>le</strong>s plants soient espacés de 10 cm, puis on continue tout l'été <strong>le</strong>s<br />

binages, arrosages et <strong>le</strong> paillage.<br />

Arrachage. — A l'automne <strong>le</strong>s sujets ont de 50 cm à 1 m 20 de hauteur ; on <strong>le</strong>s arrache vers la mi-novembre,<br />

avec de grandes précautions pour ne pas endommager <strong>le</strong>s racines ; on en fait 3 catégories par ordre de<br />

grandeur, puis on <strong>le</strong>s met immédiatement en jauge près du lieu où ils doivent être repiqués.<br />

[p. 9]<br />

Pépinière. — Le sol de la pépinière d'é<strong>le</strong>vage ou pépinière proprement dite sera argilo-siliceux. pas trop<br />

calcaire, exposition est ou ouest, à l'abri des vents vio<strong>le</strong>nts, frais ou irrigab<strong>le</strong>, profondément défoncé et fortement<br />

fumé avec orientation des planches dans la direction nord-sud ; clôture en murs, fossés, haies vives ou sèches.<br />

Plantation. — Les arbres de 1 er choix sortis de la pépinière de semis seront repiqués en novembre-décembre<br />

dans la pépinière d'é<strong>le</strong>vage. La distance la meil<strong>le</strong>ure entre <strong>le</strong>s plants sera de 70 cm pour plantation en carré ; 70<br />

cm sur <strong>le</strong>s lignes et 60 cm entre <strong>le</strong>s lignes pour disposition en quinconce, ou encore 1 m 20 entre <strong>le</strong>s lignes et 40<br />

cm sur la ligne si l'on doit cultiver à la charrue.<br />

Les jeunes plants sortis de la jauge sont habillés, opération qui consiste à raccourcir d'un tiers <strong>le</strong> pivot ou<br />

racine principa<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s longues racines secondaires, ainsi que cel<strong>le</strong>s meurtries ; puis rabattre la tige à 35 cm s'il y<br />

a peu de racines et à 50 cm si el<strong>le</strong>s sont abondantes, et planter aussitôt.<br />

Le mode de plantation <strong>le</strong> plus recommandab<strong>le</strong> est celui dit en jauges, ouvertes à l'avance aux distances susindiquées,<br />

avec profondeur de 10 cm environ de façon à ne pas enterrer <strong>le</strong> col<strong>le</strong>t. On recouvre de terreau ; on<br />

fou<strong>le</strong> légèrement au pied ou à la main afin qu'il ne se produise pas de vides entre <strong>le</strong>s racines, puis on recouvre<br />

jusqu'à 2 ou 3 cm au-dessus du col<strong>le</strong>t. Il est bon d'arroser pour assurer l'adhérence parfaite de la terre aux<br />

racines. Les soins de culture consistent en un labour peu profond en mars-avril, de fréquents binages superficiels<br />

et un paillis pour l'été.<br />

Les sujets de 1 er choix sont seuls plantés à la pépinière d'é<strong>le</strong>vage ; ceux de 2 e choix sont replantés à la<br />

pépinière de semis, où ils passent encore un an ; ceux de 3 e choix sont détruits ; toutefois on en peut faire des<br />

haies que l'on greffe ensuite en dirigeant <strong>le</strong>s sujets en cordons horizontaux ou obliques ; on s'en sert aussi pour <strong>le</strong><br />

greffage des sujets en palmettes, cordons, vases en terrains secs et maigres.<br />

Formation de la tige. — Au printemps de l'année qui suit la plantation, ou 2 e année, on commence à<br />

procéder à la formation de la tige, en rabattant tous <strong>le</strong>s sujets à 10 cm du<br />

[p. 10]<br />

sol ; plusieurs bourgeons naissent ; en juin, on <strong>le</strong>s supprime sauf un seul, <strong>le</strong> plus beau ; en juin de la 3 e année, on<br />

e


pince <strong>le</strong>s bourgeons axillaires à 5 ou 6 cm ; au printemps de la 4 e année, on raccourcit encore ces bourgeons et<br />

on pince <strong>le</strong>s nouveaux venus supérieurs, puis on arrête la tige ou flèche à 2 m 20 ou 2 m 30, si el<strong>le</strong> a atteint ou<br />

dépassé 2 m 50. Au printemps de la 5 e année, on arrête <strong>le</strong>s tiges qui n'ont pu l'être l'année précédente, puis on<br />

coupe rez-tronc <strong>le</strong>s rameaux latéraux. Au printemps de la 6 e année, la flèche est rabattue à 2 mètres et greffée.<br />

Un autre procédé plus rapide consiste à couper dès l'été de la 1 re année, rez-tige, sur une hauteur de 15 cm à<br />

partir du sol, <strong>le</strong>s jeunes pousses qui s'y seraient développées, puis en août on greffe en écusson au ras du sol.<br />

Au printemps de la 2 e année, rabattre la tige à 10 cm de l'écusson qui va se développer et atteindre de 1 mètre à<br />

1 m 50 à la fin de la saison, et que l'on palisse sur l'ong<strong>le</strong>t. En avril-mai de la 3 e année, supprimer l'ong<strong>le</strong>t et pincer<br />

<strong>le</strong>s bourgeons latéraux. Dès la 4 e année, arrêter la flèche à 2 mètres ou 2 m 20 ; ne laisser pousser que 3 branches<br />

régulièrement espacées. La 5 e année, rabattre ces 3 branches à moitié ou 2/3 de <strong>le</strong>ur longueur, pincer à 4 ou 5<br />

feuil<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s bourgeons latéraux, sauf <strong>le</strong>s deux mieux placés qui continueront à former la charpente de l'arbre.<br />

Les arbres qui, quoique greffés en pied, doivent l'être de nouveau en tête, seront rabattus à la 3 e année,<br />

greffés à la 4 e , <strong>le</strong>ur tête formée à la 5 e et continuée à la 6 e année. Ces deux procédés gagnent deux ans sur <strong>le</strong><br />

premier, et devront, autant que possib<strong>le</strong>, avoir la préférence du pépiniériste.<br />

Création d'un verger. — Il convient de défoncer <strong>le</strong> sol du verger à la profondeur de 80 cm à 1 mètre ; en tous<br />

cas, on creusera des trous de 2 mètres de large, 80 cm de profondeur et piochage du fond à 20 cm ; <strong>le</strong>s ouvrir 3<br />

à 6 mois à l'avance ; faire un tas des gazons s'il y en a, un second de la terre végéta<strong>le</strong>, un troisième du sous-sol<br />

et un quatrième des cailloux, qui seront en<strong>le</strong>vés ou rejetés au fond en cas de drainage. Un mois avant la<br />

plantation, remplir ces trous presque complètement, d'abord de débris organiques grossiers (ajonc, buis, bruyère,<br />

fougère, brindil<strong>le</strong>s diverses), puis de gazons et de<br />

[p. 11]<br />

bonne terre mélangée de fumier à demi décomposé, puis de terre fine ; faire une butte convexe en forme de<br />

dôme.<br />

Un mois après, <strong>le</strong> tassement étant fait, poser l'arbre sur la butte re<strong>le</strong>vée au besoin pour que <strong>le</strong> col<strong>le</strong>t se trouve<br />

légèrement au-dessus du niveau du sol ; recouvrir de terre fine qu'on fait pénétrer dans <strong>le</strong>s interval<strong>le</strong>s des racines<br />

régulièrement disposées ; arroser pour assurer l'adhérence de cette terre aux racines ; recouvrir d'une couche de<br />

terre mélangée de fumier ; enfin compléter la butte à 40 ou 50 cm de hauteur avec la terre du sous-sol. Se<br />

souvenir que <strong>le</strong>s arbres trop enterrés poussent mal et sont peu ferti<strong>le</strong>s.<br />

Les arbres tirés de la pépinière devront réunir <strong>le</strong>s conditions suivantes : tige de 7 à 14 cm de circonférence à 1<br />

mètre du sol ; écorce tendre vert brun peu foncé ; racines garnies d'un abondant chevelu, tête formée de 3<br />

branches principa<strong>le</strong>s et 6 secondaires. La déplantation s'en fera avec grand soin pour ne pas muti<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s racines,<br />

comme suit : ouvrir <strong>le</strong> long des lignes une tranchée de la profondeur des racines, en<strong>le</strong>ver la terre par côté et<br />

dessous avec précaution ; <strong>le</strong>s arbres tombent d'eux-mêmes ; deux hommes tirent doucement, tandis que <strong>le</strong><br />

troisième dégage <strong>le</strong>s racines qui tiennent encore. Replanter aussitôt ou couvrir <strong>le</strong>s racines si l'on doit attendre<br />

une heure ou moins, habil<strong>le</strong>r auparavant <strong>le</strong> sujet ainsi : supprimer <strong>le</strong>s extrémités des 3 ou 4 grosses racines<br />

tendant à faire pivot ; raviver <strong>le</strong>s plaies ; retrancher branches et racines cassées ou meurtries ; raccourcir <strong>le</strong>s<br />

branches charpentières de moitié et <strong>le</strong>s brindil<strong>le</strong>s des deux tiers environ ; praliner <strong>le</strong>s racines dans un mélange de<br />

bouse de vache, de crottin, de cendres, étendu d'eau.<br />

Les plantations se font en lignes, en carré, en triang<strong>le</strong> équilatéral, en quinconce. Le système des lignes<br />

s'applique <strong>le</strong> long des chemins, à la limite des champs, sur <strong>le</strong> pourtour des propriétés ; <strong>le</strong> triang<strong>le</strong> équilatéral et <strong>le</strong><br />

quinconce pour <strong>le</strong>s vergers ; <strong>le</strong> carré pour <strong>le</strong>s champs cultivés : c'est <strong>le</strong> triang<strong>le</strong> équilatéral qui donne la meil<strong>le</strong>ure<br />

répartition des sujets et l'utilisation la plus régulière du sol. Dans un espace déterminé avec distance donnée, on<br />

loge 30 arbres avec <strong>le</strong> triang<strong>le</strong> équilatéral, 26 avec <strong>le</strong> quinconce, 25 avec <strong>le</strong> carré. Il va sans dire que tous <strong>le</strong>s<br />

arbres seront assujettis à de solides tuteurs.<br />

[p. 12]<br />

Les distances à observer entre chaque arbre varient entre 10 et 25 mètres selon <strong>le</strong>s cas.<br />

On suivra <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s ci-après autant que possib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> dispositif du verger : placer au nord <strong>le</strong>s variétés de<br />

haute tail<strong>le</strong>, et progressivement vers <strong>le</strong> midi cel<strong>le</strong>s de tail<strong>le</strong> inférieure ; réserver <strong>le</strong>s expositions nord et ouest aux<br />

variétés rustiques ; cel<strong>le</strong>s de l'est aux variétés à floraison tardive et <strong>le</strong> centre aux variétés <strong>le</strong>s plus délicates ;<br />

grouper <strong>le</strong>s variétés par saisons, et, dans <strong>le</strong> même groupe, distinguer <strong>le</strong>s fruits doux des fruits amers ; établir sur<br />

<strong>le</strong>s côtés nord et ouest des lignes d'arbres vigoureux, ordinairement des poiriers, formant rideau contre <strong>le</strong> vent ;<br />

haie vive ou sèche tout autour du verger ; en terres labourab<strong>le</strong>s, variétés tardives, mûres seu<strong>le</strong>ment après


l'enlèvement des récoltes ; arbres hauts sur tiges à port élancé, sans branches retombantes.<br />

Soins à donner aux arbres. — Ces soins s'appliquent au pied, à la tige et à la tête. Pendant 5 à 6 ans, <strong>le</strong><br />

pied de l'arbre sera couvert d'un paillis qu'on enlève pour l'hiver ; remuer et abaisser progressivement la butte à<br />

l'automne ; biner au printemps et refaire <strong>le</strong> paillis ; disposer <strong>le</strong> sommet de la butte en cuvette pour arroser au<br />

besoin ; binages, au moins en été, sur un rayon d'environ 1 m 50 ; couper rez-tronc <strong>le</strong>s gourmands ou rejets du<br />

pied ; fumer copieusement.<br />

Pour ce qui est de la tige, la tenir enveloppée de pail<strong>le</strong> pendant 3 ou 4 ans ; ou mieux la badigeonner au<br />

printemps et en été avec une mixture d'argi<strong>le</strong>, de bouse de vache, de sulfate de fer et d'excréments de chien<br />

dilués dans de l'eau (espèce d'onguent de Saint-Fiacre) ; nettoyer soigneusement <strong>le</strong>s plaies, fentes ou chancres<br />

avec une serpette effilée ; laver avec une solution concentrée de sulfate de fer, recouvrir de la mixture susindiquée<br />

et envelopper d'un linge ; deux ou trois printemps successifs, inciser l'écorce de haut en bas ;<br />

envelopper l'arbre et son tuteur de ronce artificiel<strong>le</strong> qui éloigne <strong>le</strong> bétail.<br />

La tête a dû être formée de 3 branches primaires, taillées de façon à donner 6 branches secondaires, même<br />

12 branches tertiaires et 24 branches termina<strong>le</strong>s avec disposition en vase, maintenue au début par des cerc<strong>le</strong>s.<br />

Aux arbres d'un certain âge, en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s branches mortes, <strong>le</strong> gui, la mousse, <strong>le</strong>s branches en excès ou de<br />

mauvaise direction ; raccourcir cel<strong>le</strong>s<br />

[p. 13]<br />

à développement exagéré, ainsi que <strong>le</strong>s gourmands ; badigeonnage d'hiver et pulvérisations de l'arbre tout entier<br />

avec une solution concentrée de sulfate de fer, qui détruit quantités de parasites végétaux et animaux.<br />

Engrais. — Les arbres ont besoin d'engrais non seu<strong>le</strong>ment pour grandir et former <strong>le</strong>ur charpente, mais aussi<br />

et surtout pour donner des fruits : <strong>le</strong>s rendements sont en rapport avec <strong>le</strong>s fumures. En fumant annuel<strong>le</strong>ment, on<br />

récoltera chaque année, sauf <strong>le</strong>s cas de gelée ou autres accidents climatériques. Il faut annuel<strong>le</strong>ment au moins<br />

10.000 kilos de fumier à un verger d'un hectare complanté de 100 arbres ; cette quantité sera doublée s'il y a une<br />

prairie ou une autre culture sous <strong>le</strong>s arbres. Le fumier peut être remplacé en tout ou en partie par un compost où<br />

entrera surtout du marc de pommes additionné de phosphates fossi<strong>le</strong>s ou de scories. C'est une bonne pratique<br />

de mettre du fumier une année seu<strong>le</strong>ment sur trois ; <strong>le</strong>s deux autres années on fera usage d'engrais chimiques.<br />

150 kilos nitrate de soude, 50 kilos chlorure de potassium et 200 kilos scories à 15 % paraissent constituer une<br />

fumure parfaite pour verger ; on ajoutera à ces quantités cel<strong>le</strong> nécessaire pour la culture sous-jacente. Si c'est un<br />

herbage, la formu<strong>le</strong> tota<strong>le</strong> sera la suivante :<br />

150 k. nitrate de soude<br />

100 k. chlorure de potassium<br />

500 k. scories à 15 % d'acide<br />

à l'hectare,<br />

ou par 100 arbres.<br />

représentant une dépense d'environ 85 fr.<br />

Si l'on fume des arbres isolés on donnera à chacun <strong>le</strong> centième des quantités sus-énoncées, ayant soin de<br />

répandre cet engrais, s'il n'y a pas de culture par dessous, sur toute la surface couverte par l'arbre, sauf au pied<br />

sur 50 cm à 1 mètre de rayon, selon la grosseur de l'arbre. Si <strong>le</strong>s arbres poussaient trop en bois au détriment du<br />

fruit, on supprimerait tout ou partie du nitrate de soude.<br />

II<br />

GREFFAGE<br />

[p. 14]<br />

Le greffage a pour but d'appliquer sur un végétal vivant une portion d'autre végétal éga<strong>le</strong>ment vivant, pour que<br />

cette portion s'y soude et y croisse. On greffe pour multiplier rapidement <strong>le</strong>s bonnes variétés ou changer la nature<br />

des sujets défectueux. Les outils nécessaires sont : greffoir, serpette, sécateur, couteau à greffer, scie à main,<br />

coin en bois dur, ligature et mastic. Le mastic à froid Lhomme Lefort est des plus recommandab<strong>le</strong>s. On greffe <strong>le</strong>s<br />

pommiers et poiriers en fente et en écusson ; quelquefois en couronne. La greffe en écusson devrait toujours<br />

avoir la préférence avec <strong>le</strong>s jeunes sujets, car el<strong>le</strong> ne muti<strong>le</strong> pas l'arbre et ne risque pas d'engendrer des<br />

maladies. La greffe en couronne se pratique sur de très gros sujets ; cel<strong>le</strong> en fente est <strong>le</strong> plus souvent en usage<br />

chez <strong>le</strong>s propriétaires ; on devrait la réserver surtout aux sujets trop gros, à écorce trop dure pour l'écussonnage,<br />

ou aux écussons manqués lors du greffage en août de la première année de pépinière.


Les greffons seront pris sur des arbres bien sains, rameaux d'un an, très vigoureux, à direction vertica<strong>le</strong>,<br />

diamètre 5 à 6 n/m , coupés à l'automne et mis en jauge à l'exposition nord. Choisir <strong>le</strong>s variétés fructifères, riches en<br />

sucre et en tanin, peu de première saison, plus de deuxième et davantage de troisième, ces dernières étant <strong>le</strong>s<br />

plus riches en sucre.<br />

Le sujet doit être étêté juste avant de procéder au greffage ; préparer trois ou quatre semaines à l'avance la<br />

place pour l'écusson par l'enlèvement des bourgeons ; ne greffer ensemb<strong>le</strong> que des variétés à départ de<br />

végétation concordant ou à peu près, étiqueter <strong>le</strong>s variétés à mesure qu'on <strong>le</strong>s greffe, puis reporter <strong>le</strong>s noms sur<br />

un registre avec plan. Mettre un léger tuteur au greffon, <strong>le</strong> couronner d'un osier, pour empêcher <strong>le</strong>s<br />

[p. 15]<br />

oiseaux de se poser dessus ; toujours greffer en pépinière et n'arracher que deux ou trois ans après.<br />

La greffe en fente se pratique en mars-avril ; cel<strong>le</strong> en couronne en avril-mai ; cel<strong>le</strong> à écusson à œil dormant en<br />

juil<strong>le</strong>t-août.<br />

Les soins aux greffes consistent à délier la ligature si el<strong>le</strong> étrang<strong>le</strong> <strong>le</strong> sujet ; la remplacer si el<strong>le</strong> disparaît trop<br />

tôt ; en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s pousses de la tige ; remastiquer s'il se produit des fentes ou des éclats. Il est bon, dans <strong>le</strong>s<br />

premiers temps, de couvrir <strong>le</strong>s greffons d'un cornet de papier blanc qui évite <strong>le</strong> desséchement.<br />

Il nous paraît inuti<strong>le</strong> de décrire ici <strong>le</strong>s modes opératoires de greffage : <strong>le</strong> mieux est de s'exercer sous l'œil d'un<br />

praticien.<br />

Surgreffage. — Le surgreffage consiste à greffer d'abord en pied, ordinairement à l'écusson, une variété forte,<br />

droite, d'un développement rapide, que l'on regreffe ensuite en tête trois ans après. Les variétés employées à cet<br />

effet sont <strong>le</strong>s suivantes : Omont, Gros noir, Noire de Vitry, Gros blanc doux de Beauvais, Amer doux, Gris<br />

Dieppois, Gros Fréquin, Fréquin de Chartres, Barbarie, Bois Frémont, Ferti<strong>le</strong>, Bel<strong>le</strong>-Fil<strong>le</strong>.<br />

Voici <strong>le</strong>s variétés reconnues ou considérées comme <strong>le</strong>s plus méritantes par la Commission permanente<br />

d'études des fruits à cidre de l'Association Française Pomologique.<br />

[p. 16]<br />

Pommes — Variétés définitivement admises<br />

SAVEUR DENSITÉ TANIN<br />

1 Ambrette 15 au 30 mai sucré 1069.5 1.65 15 novemb à fin décemb<br />

2 Amère (petite) de Bray (Seine-Inf re ) 10 au 25 mai doux légèrement amer 1066 2.03<br />

3 Argi<strong>le</strong> 15 au 31 mai doux 1072.5 1.76 15 novemb à fin décemb.<br />

4 Bedan 15 au 31 mai doux amer 1068.5 1.96 15 novemb à fin décemb.<br />

5 Binet blanc ou doré 15 au 25 mai doux sucré 1079.5 2.12<br />

6 Binet rouge 15 au 25 mai doux sucré 1074.1 0.90<br />

7 Binet vio<strong>le</strong>t 15 au 39 mai doux 1078.5 1.37 novemb ou commec déc.<br />

8 Blanc Mol<strong>le</strong>t 1 er au 15 mai amer 1063.7 2.97 courant octobre.<br />

9 Bramtot ou Martin Fessart 1 er au 15 mai amer 1088.5 5.29 courant novembre.<br />

10 Doux Geslin ou Reine des Pommes 25 avril au 10 mai amer 1079.1 4.07 fin décembre-janvier.<br />

11 Doux Normandie 8 au 14 mai sucré 1073.9 1.19 novemb ou commenc déc.<br />

12 Fréquin rouge 1 er au 10 mai sucré amer 1069.7 3.39 courant novembre.<br />

13 Grise Dieppois 10 au 20 mai doux 1104.1 2.25 15 novemb au 15 décemb.<br />

14 Launette (grosse) 15 au 30 avril amer 1078.9 6.73 15 novemb au 15 décemb.<br />

15 Marabot 15 au 25 mai sucré 1067 2.87 15 novemb au 15 décemb.


16 Médail<strong>le</strong> d'Or 25 mai au 10 juin très amer 1086.2 9.61 novemb ou commenc déc.<br />

17 Mousset Roux 5 au 15 mai doux 1088.9 2.38 fin de décembre.<br />

18 Muscadet de la S.-inf re ou Antoinette fin avril au 5 mai doux 1065 3.37 fin nov. à courant décemb.<br />

19 Omont ou faux Caillouel 10 au 25 avril doux légèrement amer 1073.7 courant oct. Commen nov.<br />

20 Panneterie (la) fin de mai doux légèrement amer 1075 4.12 fin décembre en février.<br />

21 Reine des Hâtives 15 au 30 avril sucré 1061.9 2.54 courant octobre.<br />

22 Rousse de l'Orne ou de la Sarthe 15 au 25 mai sucré 1080.8 2 » 15 novemb. fin décembre.<br />

23 Saint-Laurent 1 er au 15 mai doux sucré 1080.2 2.42 courant octobre.<br />

24 Tardive de la Sarthe 1 er au 15 juin amer 1063 4.09 au plus tôt en janvier.<br />

(ancien fréquin Tardif).<br />

[p. 17]<br />

Voici en outre d'après MM. Croux et fils, horticulteurs distingués, une liste par saison des variétés de pommes<br />

considérées comme <strong>le</strong>s plus recommandab<strong>le</strong>s.<br />

Fruits de première saison. — Courant octobre.<br />

NOMS DES FRUITS ÉPOQUE de FLORAISON SAVEUR DENSITÉ TANIN<br />

Amer doux 1 er au 15 mai amer 10 72 4.000<br />

Doux évêque 20 au 30 mai doux 10 75 5.179<br />

Jaune pointu 15 au 30 avril doux 10 75 5.509<br />

Railé varin 1 er au 10 mai doux-amer 10 70 3.443<br />

Fruits de deuxième saison. — Courant novembre.<br />

NOM DES FRUITS ÉPOQUE de FLORAISON SAVEUR DENSITÉ TANIN<br />

Amère de Berthecourt Juin amer 10 78 5.509<br />

Barbarie (Il<strong>le</strong> et-Vilaine) 1 er au 10 mai doux amer 10 80 5.509<br />

Gros Muscadet 15 mai doux amer 10 67 2.410<br />

Jaunet de Gournay 1 er au 15 mai doux 10 75 3.443<br />

Pomme de Cat 25 avril au 5 mai doux 10 80 1.377<br />

Pomme Godard 1 er au 15 mai doux sucré 10 80 6.000<br />

Rouge Bruyère 1 er au 15 mai doux amer 10 80 7.000<br />

Fruits de troisième saison<br />

Du 15 novembre à fin décembre.<br />

NOMS DES FRUITS ÉPOQUE de FLORAISON SAVEUR DENSITÉ TANIN<br />

Argi<strong>le</strong> grise 1 er au 10 mai doux sucré<br />

lég. amer 10 83 5.509<br />

Bédan des parts 15 au 30 avril doux amer 10 84 5.000<br />

Delaplace 15 au 20 mai doux sucré 10 80 3.443<br />

Fréquin d'Audièvre 15 au 30 mai doux amer 10 78 5.509<br />

Galopin 1 er au 25 mai doux 10 83 1.377<br />

Moulin à vent 1 er au 10 mai doux 10 75 2.755<br />

Or Milcent 1 er mai doux 10 77 4.198<br />

Peau de vache nouvel<strong>le</strong> fin mai doux 10 76 5.509<br />

Ajoutons-y <strong>le</strong>s variétés suivantes, recommandées par <strong>le</strong> syndicat pomologique, en raison de <strong>le</strong>ur grande fertilité,


de <strong>le</strong>ur richesse en sucre et en tanin et de <strong>le</strong>ur floraison tardive : Court Pendu, Doux courrier, Godard, Jamette,<br />

Jambe de Lièvre, Launette (grosse), Pomme de Bedeau, Reine des Pommes, Rouge de Trèves.<br />

[p. 18]<br />

Disons aussi que chaque pays a ses variétés loca<strong>le</strong>s : il convient de ne multiplier que cel<strong>le</strong>s d'un mérite très réel,<br />

à fruits de haute densité.<br />

III<br />

MALADIES ET INSECTES NUISIBLES<br />

Maladies. — Les arbres fruitiers souffrent souvent de la présence de champignons cryptogamiques, mousses,<br />

lichens, gui, etc., vivant aux dépens des feuil<strong>le</strong>s, du fruit ou du bois (tiges et racines). Diverses autres maladies,<br />

plaies et b<strong>le</strong>ssures, peuvent éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur porter grand préjudice.<br />

Le chancre est une des plus redoutab<strong>le</strong>s de ces affections. Voici son traitement : en<strong>le</strong>ver avec un instrument<br />

bien aiguisé et propre <strong>le</strong>s parties attaquées, même <strong>le</strong>s parties saines avoisinantes et brû<strong>le</strong>r ces débris, laver<br />

abondamment <strong>le</strong>s plaies et parties voisines avec une solution concentrée de sulfate de fer ou de sulfate de cuivre<br />

à 5 % ; enduire d'onguent de St-Fiacre, préparé avec la solution de sulfate de fer ou de cuivre, recouvert et<br />

maintenu par une toi<strong>le</strong> grossière ; rechanger l'engluement deux ou trois années de suite ; entail<strong>le</strong>r et fendre <strong>le</strong>s<br />

bourre<strong>le</strong>ts formés. Couper <strong>le</strong>s jeunes branches attaquées 10 à 15 c/m au-dessous du chancre et brû<strong>le</strong>r. Comme<br />

traitement préventif, pulvérisations et lavages d'hiver au sulfate de fer ou de cuivre ; fente longitudina<strong>le</strong> de<br />

l'écorce des jeunes arbres ; traitement des éclatements, coups et b<strong>le</strong>ssures quelconques, comme <strong>le</strong>s chancres.<br />

Les mousses et lichens entravent <strong>le</strong>s fonctions nutritives de l'arbre et servent de refuge à quantité d'insectes<br />

nuisib<strong>le</strong>s. Traitement : râclages par un temps humide des parties couvertes ; enlèvement des écorces<br />

exfoliacées, mortes ; brûlage de ces débris ; lavages et pulvérisations en hiver avec des solutions cupriques ou<br />

ferriques concentrées.<br />

Le gui est un véritab<strong>le</strong> fléau pour <strong>le</strong>s pommiers. Si la<br />

[p. 19]<br />

branche attaquée est jeune, la couper au-dessous de la touffe de gui ; si el<strong>le</strong> est forte, couper <strong>le</strong> gui rez l'écorce<br />

et badigeonner la section avec du goudron ou une solution de sulfate de cuivre concentrée ; opérer à l'automne,<br />

avant la dispersion des fruits, en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> gui et son fruit et <strong>le</strong>s brû<strong>le</strong>r.<br />

La chlorose ou jaunissement des feuil<strong>le</strong>s se combat par <strong>le</strong> drainage si <strong>le</strong> sol est humide, puis par une<br />

abondante application de sulfate de fer, 5 kilos environ, dans <strong>le</strong> sol, sous <strong>le</strong> couvert de l'arbre.<br />

Insectes nuisib<strong>le</strong>s. — Le hanneton s'attaque aux feuil<strong>le</strong>s, et sa larve, <strong>le</strong> ver blanc aux racines. Remèdes :<br />

hannetonnage et ramassage des vers derrière <strong>le</strong> laboureur.<br />

L'anthonome se détruit en secouant <strong>le</strong>s arbres, surtout <strong>le</strong> matin, sur des draps étendus sous l'arbre ; <strong>le</strong>s mettre<br />

en sac et <strong>le</strong>s brû<strong>le</strong>r. Le traitement contre <strong>le</strong>s mousses est éga<strong>le</strong>ment efficace contre l'anthonome.<br />

Le puceron lanigère se détruit par des lavages et pulvérisations à l'aide de compositions dont la plus simp<strong>le</strong><br />

consiste en 10 litres de pétro<strong>le</strong> émulsionnés dans 100 litres d'eau, plus 2 kilos de cristaux de soude. Le<br />

polysulfure de la maison Hugounenq, de Lodève, est aussi efficace et moins coûteux.<br />

La chématobie se combat en entourant l'arbre à 1 mètre de haut d'une bande de papier ou d'un lien enduits<br />

d'une matière gluante où l'insecte s'empêtre et périt. La première application a lieu du 15 mai au 15 juin, contre<br />

<strong>le</strong>s chenil<strong>le</strong>s, et du 25 octobre au 15 décembre contre <strong>le</strong>s papillons.<br />

Les bombyx ou grosses chenil<strong>le</strong>s brunes, poilues, se détruisent en février en en<strong>le</strong>vant <strong>le</strong>s bourses où el<strong>le</strong>s se<br />

tiennent, ou en <strong>le</strong>s asphyxiant par des vapeurs de soufre brûlant par dessous.<br />

La teigne ou hypomoneute se combat en en<strong>le</strong>vant ses toi<strong>le</strong>s à la main, en broyant <strong>le</strong>s chenil<strong>le</strong>s, puis par des<br />

pulvérisations au pétro<strong>le</strong> comme pour <strong>le</strong> puceron lanigère.<br />

Le ver de la pomme ou pyra<strong>le</strong> ne peut guère être combattu qu'en ramassant <strong>le</strong>s pommes véreuses sitôt


tombées et en <strong>le</strong>s broyant pour la nourriture du bétail, ou pour la fabrication de l'eau-de-vie en <strong>le</strong>s mettant<br />

fermenter dans un tonneau avec un peu d'eau.<br />

La zeuzère et <strong>le</strong> cossus ronge-bois creusent de profondes<br />

[p. 20]<br />

ga<strong>le</strong>ries dans l'intérieur des arbres, qui ne tardent pas à périr surtout s'ils sont jeunes. Chercher <strong>le</strong>ur ga<strong>le</strong>rie<br />

indiquée par la présence des déjections et détritus, y enfoncer un fil de fer pour retirer ou déchiqueter la chenil<strong>le</strong> ;<br />

traiter la plaie comme <strong>le</strong> chancre.<br />

Les oiseaux chanteurs sont de grands destructeurs d'insectes ; <strong>le</strong>s protéger. La tribu des ichneumons<br />

(insectes) détruit de grandes quantités de chenil<strong>le</strong>s. Le fourmi-lion, la bête à bon Dieu, <strong>le</strong> carabe doré sont aussi<br />

de précieux auxiliaires.<br />

IV<br />

RÉCOLTE<br />

Les fruits mûrs donnent deux fois plus d'alcool que <strong>le</strong>s verts, d'où nécessité de récolter à maturité. On secoue<br />

modérément tout l'arbre d'abord, puis chaque branche avec un crochet de bas en haut, sans jamais gau<strong>le</strong>r. Les<br />

pommes qui ne tombent pas faci<strong>le</strong>ment sont laissées : huit à dix jours après, on <strong>le</strong>s secoue à nouveau ; ayant<br />

grossi et mûri, el<strong>le</strong>s tombent faci<strong>le</strong>ment. On opère par un beau temps, après la rosée, puis on remise dans des<br />

hangars aérés en couches de 50 à 60 c/m au plus. Il est bon de dresser un fagot tous <strong>le</strong>s 3 ou 4 mètres, pour aider<br />

à la circulation de l'air à travers la masse et éviter la pourriture. A défaut de place, on peut superposer deux<br />

couches de 60 c/m en <strong>le</strong>s séparant par un lit de fagots et en multipliant <strong>le</strong>s cheminées d'aération à l'aide de fagots<br />

dressés.<br />

Evaluation de la va<strong>le</strong>ur des fruits. — Les pommes renferment du sucre qui donnera de l'alcool, du tanin, du<br />

mucilage et des acides. Plus <strong>le</strong>s fruits ont de sucre, de tanin et de mucilage, plus ils ont de va<strong>le</strong>ur ; cependant<br />

l'acidité doit y être en proportion modérée. Ce qui importe surtout au producteur, c'est de connaître la quantité de<br />

sucre. La va<strong>le</strong>ur des fruits se reconnaît à son aspect général et à la densité de son moût. Les pommes à peau et<br />

à cou<strong>le</strong>urs brillantes sont généra<strong>le</strong>ment peu riches en sucre ; cel<strong>le</strong>s à peau rugueuse,<br />

[p. 21]<br />

tachée, grise, sont ordinairement à haute densité. Le densimètre donne plus exactement la richesse de la<br />

pomme. A cet effet on broie 10 à 12 pommes, on en exprime <strong>le</strong> jus à travers un filtre de coton, puis on y plonge <strong>le</strong><br />

densimètre à la température de 15° Si on lit, par exemp<strong>le</strong>, 1,040 ou 40 <strong>le</strong> moût contiendra par litre 40 + 40 ou 80,<br />

plus 1/10 de 80, ce qui fait 88 grammes de sucre.<br />

Si on lit 1,085 on aura 85+85+(85+85/10) = 187 grammes.<br />

Pour savoir approximativement ce que ce moût donnera d'alcool, prendre <strong>le</strong>s 2 derniers chiffres du<br />

densimètre, <strong>le</strong>s diviser par 8, puis augmenter d'un demi-degré.<br />

Ainsi la densité 1,040 donnera 40/8 + 1°/2 = 5° 1/2 d'alcool<br />

Ainsi la densité 1,085 donnera 85/8 + 0,5 = 11°,1 d'alcool<br />

Les pommes à cidre de bonne qualité renferment par litre de 3 à 5 grammes de sucre, autant de tanin et<br />

autant ou un peu plus de mucilage.<br />

Un bon cidre ordinaire est ainsi composé :<br />

Alcool en volume 5 à 6°<br />

Extrait sec par litre 30 grammes<br />

Cendres 2 — 8<br />

Un cidre donnant 3° d'alcool ou moins est sûrement mouillé. Quand un cidre est encore doux on évalue en<br />

alcool <strong>le</strong> sucre non transformé en <strong>le</strong> pesant au densimètre et en multipliant <strong>le</strong> sucre obtenu par 0,06 ; ainsi 15


grammes de sucre correspondent à 15x0,06 = 0° 9 ou près de 1° d'alcool.<br />

Outre <strong>le</strong>ur richesse en alcool, acide, tanin et mucilage, <strong>le</strong>s cidres se distinguent par la finesse, <strong>le</strong> bouquet et<br />

l'arome : c'est ce qui constitue <strong>le</strong> cru. Les crus <strong>le</strong>s plus renommés sont ceux de la Vallée d'Auge, de Laugé-sur-<br />

Maire, de Jouy-sur-Plain ; l'Escarlatin, <strong>le</strong> Muscadet, <strong>le</strong> cidre de Morsalines, etc.<br />

Pour faire du cidre, il faut des pommes ; or, pour avoir des pommes en abondance et de bonne qualité, il faut<br />

savoir<br />

[p. 22]<br />

conduire sa pépinière et son verger. Les publications du genre de la présente ont toujours négligé de traiter cette<br />

question ; nous avons voulu comb<strong>le</strong>r cette lacune et ainsi être uti<strong>le</strong> à nos <strong>le</strong>cteurs, en donnant à cette partie une<br />

place en rapport avec son importance.<br />

Fabrication du cidre.<br />

I<br />

BATIMENTS ET MATÉRIEL<br />

[p. 23]<br />

DEUXIÈME PARTIE<br />

La propreté des locaux et du matériel est la première condition de réussite dans la fabrication du cidre. Pour y<br />

arriver, il est nécessaire d'avoir un local spécial de fabrication, pouvant être faci<strong>le</strong>ment tenu propre, et où on<br />

remise <strong>le</strong> matériel ainsi à l'abri des causes de destruction et de contamination. Les dimensions du bâtiment seront<br />

en rapport avec l'importance de la fabrication. La partie nord sera occupée par la cave ; la partie sud se<br />

composera d'une pièce divisée en deux parties par une cloison avec porte de communication ; la pièce à l'ouest<br />

servira au remisage des fruits ; cel<strong>le</strong> de l'est recevra l'installation du matériel de fabrication et communiquera au<br />

fond par une large porte doub<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> local du nord, qui est la cave. La remise aux pommes est complétée ou<br />

peut être remplacée par un grenier d'où la conduite des pommes au broyeur est très commode.<br />

[p. 24]<br />

Le local de fabrication sera cimenté avec une pente convenab<strong>le</strong> pour l'écou<strong>le</strong>ment des eaux de lavage. On y<br />

trouvera <strong>le</strong> broyeur ; tout à côté <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s pressoirs, puis la cuve de réception du moût et si possib<strong>le</strong> une pompe<br />

en cuivre avec tuyauterie en caoutchouc ou en étain pour l'envoi du moût dans <strong>le</strong>s fûts et citernes de la cave.<br />

La cave ou cellier sera de p<strong>le</strong>in pied ou un peu en contrebas ; en ce cas on y accèdera par une rampe en<br />

pente douce : el<strong>le</strong> sera fraîche, aérée, à une température aussi constante que possib<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> sera sablée ;<br />

toutefois <strong>le</strong>s passages seront pavés ou cimentés. El<strong>le</strong> pourra être divisée en deux parties : la première, à l'avant,<br />

pour la fermentation tumultueuse ; c'est <strong>le</strong> cellier ; la seconde, pour la fermentation <strong>le</strong>nte et la conservation du<br />

cidre ; c'est la cave proprement dite. La porte de communication avec <strong>le</strong> local de fabrication sera doub<strong>le</strong>, peinte<br />

en blanc, pour repousser la cha<strong>le</strong>ur venant de l'extérieur.


[p. 25]<br />

[p. 26]<br />

Le bâtiment sera disposé autant que possib<strong>le</strong> de façon à mettre la cave à flanc de coteau, ce qui lui donnera<br />

une température basse et régulière ; ainsi l'accès du grenier aux voitures sera faci<strong>le</strong>. Les déblais du creusage<br />

seront adossés en dehors contre <strong>le</strong>s murs de la cave. Si la température y était trop variab<strong>le</strong>, on construira à 10 c/m<br />

des gros murs de petits murs en briques creuses, posées de champ ; on aura ainsi une couche d'air interposée<br />

entre deux murs, qui constitue un excel<strong>le</strong>nt isolant, un bon régulateur de température. L'installation représentée<br />

par la figure 2 diffère quelque peu de notre description ; el<strong>le</strong> est surtout destinée à la fabrication industriel<strong>le</strong>.<br />

Les pommes sont amenées du grenier par un couloir dans la trémie du broyeur ; la pulpe tombe du broyeur<br />

dans la cuve, puis est chargée à la pel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> pressoir. Le moût cou<strong>le</strong> dans une seconde cuve contigüe à la<br />

première, d'où il est porté au cellier à la main ou envoyé par une pompe. Le marc asséché est émietté dans une<br />

troisième cuve hors du sol, près du broyeur ; il est arrosé et on <strong>le</strong> laisse macérer 12 à 24 heures jusqu'à ce que la<br />

cuve à pulpe fraîche soit vide. Ce rémiage est ensuite passé au broyeur et de là au pressoir.<br />

Le matériel de fabrication se compose de broyeurs, pressoirs, cuves à moût et à macération, pompes, filtres,<br />

caisses, corbeil<strong>le</strong>s, pel<strong>le</strong>s et autres menus objets.


Dans la cave, on trouvera de grands fûts ou des cuves de 10 à 100 hectolitres, selon l'importance de<br />

l'exploitation, dans <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> moût est versé pour y fermenter. On construit depuis quelques années de vastes<br />

cuves ou citernes de fermentation avec bâti en fer, noyé dans un ciment, ou sidéro-ciment, revêtues à l'intérieur<br />

de plaques de verre, on en fait aussi en granit revêtu d'une couche de ciment.<br />

Viennent ensuite <strong>le</strong>s demi-muids de 600 litres et <strong>le</strong>s barriques de 225 litres pour loger <strong>le</strong> cidre au soutirage. La<br />

vaissel<strong>le</strong> vinaire doit excéder de deux fois au moins <strong>le</strong>s besoins ordinaires de façon à pouvoir tout loger en année<br />

d'abondance et attendre <strong>le</strong> moment propice pour la vente.<br />

Le broyage et <strong>le</strong> pressurage étant des opérations de première importance, il convient de choisir à cet effet des<br />

appareils<br />

[p. 27]<br />

perfectionnés donnant <strong>le</strong>s rendements <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés, en bonne qualité avec <strong>le</strong> minimum de dépense de force.<br />

Nos broyeurs et pressoirs feront donc l'objet d'une étude détaillée qui en fera ressortir l'excel<strong>le</strong>nce et <strong>le</strong> côté<br />

essentiel<strong>le</strong>ment pratique.<br />

[p. 28]<br />

[p. 29]<br />

Broyeurs. — Les broyeurs à noix constituent un progrès considérab<strong>le</strong> sur l'antique tour en pierre ; néanmoins,<br />

ces appareils présentent des sérieuses imperfections, constatées surtout lorsque la maturité de la pomme lui<br />

permet de fuir en pâte l'action des dents des cylindres et de <strong>le</strong>s engorger. Ces inconvénients nous ont poussé à<br />

des recherches qui nous ont amené à la construction de notre nouveau broyeur que la fig. ci-dessous représente<br />

en coupe.


Cet appareil, fruit de longues études et de patientes recherches se compose d'un seul arbre muni d'un cylindre<br />

armé de pa<strong>le</strong>ttes mobi<strong>le</strong>s entrant et sortant du cylindre pendant la rotation. Les pa<strong>le</strong>ttes entraînent <strong>le</strong>s fruits et <strong>le</strong>s<br />

obligent à suivre <strong>le</strong> mouvement du cylindre pour être broyés contre une plaque munie de rainures, appelée<br />

dossier, venant finir au cylindre presque en tangente. Ce dossier est articulé et maintenu à l'écartement voulu du<br />

cylindre par une vis qui règ<strong>le</strong> <strong>le</strong> degré de broyage.<br />

Entre <strong>le</strong> dossier et la vis de réglage est intercalé un mouvement de genouillère équilibré par un ressort. Cette<br />

disposition nouvel<strong>le</strong> et spécia<strong>le</strong> permet à ce dossier un mouvement<br />

[p. 30]<br />

de recul, pour laisser passer, sans crainte d'accidents, <strong>le</strong>s corps durs, <strong>le</strong>s pierres, bois, fer, etc.<br />

Ce broyeur possède un distributeur permettant de varier la prise des fruits d'après <strong>le</strong>ur grosseur, <strong>le</strong>ur dureté et<br />

aussi selon la force dont on dispose.<br />

Nos moulins à bras sont munis d'un conduit permettant de recevoir <strong>le</strong>s fruits broyés en dehors des pieds, ce<br />

qui facilite beaucoup <strong>le</strong> service du moulin et évite <strong>le</strong>s arrêts.<br />

La trémie, de grande contenance, alimente <strong>le</strong> moulin d'une façon très régulière ; el<strong>le</strong> est faci<strong>le</strong> à en<strong>le</strong>ver ou se<br />

renverse à charnière suivant <strong>le</strong> numéro, permettant ainsi de vérifier aisément l'appareil.<br />

En résumé, <strong>le</strong>s avantages de ces broyeurs de toutes forces et dimensions sont <strong>le</strong>s suivants :<br />

1° Broyage réel des fruits par éclatement des cellu<strong>le</strong>s et non concassage comme dans <strong>le</strong>s moulins à noix.<br />

2° Distributeur permettant de rég<strong>le</strong>r à volonté la quantité de travail fait par <strong>le</strong> moulin.<br />

3° Pas d'engorgement comme dans <strong>le</strong>s anciens cylindres à deux noix, <strong>le</strong> cylindre se nettoyant de lui-même.<br />

4° Pas d'accidents à craindre par suite de la rencontre de pierres ou autres corps durs.<br />

5° Repassage très faci<strong>le</strong> des marcs pour la fabrication des petits cidres, poirés ou vins.<br />

6° Simplicité de l'appareil, qui se compose d'un seul arbre, n'a aucun mécanisme intérieur et supprime <strong>le</strong>s<br />

engrenages.<br />

7° Conduit portant <strong>le</strong>s pommes broyées hors des pieds du broyeur.<br />

8° Assortiment comp<strong>le</strong>t dans nos magasins de pièces de rechange facilitant énormément l'entretien et la<br />

réparation.<br />

Un broyage bien fait joue un rô<strong>le</strong> important dans la fabrication du cidre : plus il est parfait, plus é<strong>le</strong>vé est <strong>le</strong><br />

rendement de premier jet, moindre est <strong>le</strong> nombre des rémiages, plus l'ensemb<strong>le</strong> des opérations est accéléré.<br />

Nos broyeurs sont mûs, d'après <strong>le</strong>ur force, à bras, à cheval, au pétro<strong>le</strong>, à l'alcool, même à la vapeur ; ils<br />

peuvent broyer de 4 à 100 hectolitres de pommes à l'heure selon <strong>le</strong>s numéros.<br />

[p. 31]<br />

Pressoirs. — L'antique étreindel<strong>le</strong> a complètement disparu pour faire place aux pressoirs modernes<br />

composés d'une maie en bois ou en fonte, traversée par une vis centra<strong>le</strong> ; un écrou,


mû par un système mécanique offrant une grande multiplication d'efforts, et actionné lui même par un <strong>le</strong>vier<br />

horizontal, descend <strong>le</strong> long de cette vis pour effectuer la pression. Souvent ces pressoirs sont montés sur roues,<br />

ce qui en permet <strong>le</strong> transport faci<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> lieu du travail.<br />

Les fruits sont jetés à la pel<strong>le</strong> dans une claie circulaire ou montés en mottes séparées par des lits de pail<strong>le</strong>.<br />

Chacun de ces procédés a un défaut capital : dans <strong>le</strong> premier la masse de pomme agglomérée en un seul pain<br />

laisse diffici<strong>le</strong>ment sortir <strong>le</strong> jus ; dans <strong>le</strong> second, <strong>le</strong>s inconvénients sont multip<strong>le</strong>s : la pail<strong>le</strong> écrasée el<strong>le</strong>-même<br />

dans la pomme est un drainage peu<br />

[p. 32]<br />

efficace ; el<strong>le</strong> coûte assez cher et ne peut servir plusieurs fois sans introduire dans la masse <strong>le</strong> ferment du<br />

vinaigre ; enfin si propre soit-el<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> n'en renferme pas moins des poussières<br />

et des germes mauvais. Afin de faire disparaître ces multip<strong>le</strong>s inconvénients, nous avons adopté <strong>le</strong>s divers<br />

dispositifs suivants.<br />

Nous avons inventé un système de toi<strong>le</strong>s et de claies de drainage, qui a <strong>le</strong> mérite d'être d'une manoeuvre


simp<strong>le</strong> et de durer presque indéfiniment. Pour <strong>le</strong>s pressoirs à vis centra<strong>le</strong>, nous avons trouvé <strong>le</strong> moyen<br />

d'employer des toi<strong>le</strong>s d'un seul morceau, sans parties à plusieurs recouvrements. Des claies de drainage bien<br />

comprises complètent cette disposition. Un cadre sert de forme pour <strong>le</strong> montage de chaque lit de marc ; un seul<br />

suffit par pressoir. Une claie en deux pièces pour <strong>le</strong>s pressoirs à vis centra<strong>le</strong>, se place entre deux lits pour former<br />

drainage.<br />

Les avantages de ce système sont <strong>le</strong>s suivants :<br />

[p. 33]<br />

1° A pression éga<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> même temps, rendement notab<strong>le</strong>ment plus é<strong>le</strong>vé en liquide.<br />

2° Liquide beaucoup plus limpide à la sortie du pressoir, d'où moins de lie dans <strong>le</strong>s cuves ou foudres de<br />

fermentation.<br />

3° Rapidité d'exécution, permettant de faire aisément 3 ou 4 marcs par jour.<br />

4° Lits d'éga<strong>le</strong> épaisseur, reliés par <strong>le</strong>s claies de drainage, et par suite, plus de risque de courber <strong>le</strong>s vis.<br />

Pour faciliter l'écou<strong>le</strong>ment du liquide dans <strong>le</strong>s pressoirs à claie circulaire représentés fig. 7 et remédier aux<br />

inconvénients que nous avons signalés dans l'emploi de ce genre de<br />

[p. 34]


pressurage, nous avons créé récemment des claies que nous appelons claies de draînage ou d'égouttage qui<br />

sont pliantes (voir fig. 10 et 11).<br />

Ces claies sont placées une sur <strong>le</strong> fond du pressoir et <strong>le</strong>s autres intercalées entre <strong>le</strong>s couches de marc de 10<br />

à 12 c/m d'épaisseur. On obtient ainsi un bon draînage. Ces claies très légères se roulant comme une botte dans<br />

<strong>le</strong>s deux sens, <strong>le</strong>s ouvertures entre <strong>le</strong>s lattes s'élargissent et <strong>le</strong> nettoyage en est extrêmement faci<strong>le</strong>.<br />

Les parties travaillantes de nos pressoirs ont éga<strong>le</strong>ment été l'objet d'études sérieuses, de combinaisons<br />

approfondies. Grâce à notre système spécial d'appareil de serrage, <strong>le</strong> frottement ou déplacement transversal des<br />

clavettes par rapport à l'écrou est supprimé, d'où plus d'usure des dites clavettes, plus d'ovalisation du trou du<br />

plateau d'écrou qui mettent rapidement ces pièces hors d'usage. Et ces résultats sont atteints sans pièce<br />

supplémentaire sans complication mécanique des appareils.<br />

Les avantages de ce nouveau mécanisme se traduisent ainsi :<br />

1° Extrême simplicité de l'appareil.<br />

2° Mouvement continu de serrage et deux vitesses.<br />

3° Suppression des mauvais frottements grâce aux mouvements articulés.<br />

4° Suppression de l'usure des linguets et des trous de plateau.<br />

5° Ecrous avec fi<strong>le</strong>ts trapézoïdaux non rapportés.<br />

6° Suppression des engrenages, colliers ressorts, d'où peu ou pas de réparations.<br />

7° Col<strong>le</strong>ction complète de pièces de rechange en magasin.<br />

Notre maison construit des pressoirs contenant depuis 1 hectolitre et demi de pulpe, jusqu'à 100 hectolitres ;<br />

ils peuvent être montés sur pied, sur 2 ou 4 roues, maie en bois ou en fonte.<br />

Pour <strong>le</strong>s fabrications industriel<strong>le</strong>s du cidre, nous construisons des pressoirs à 4 colonnes, à travail continu, qui<br />

ont sur <strong>le</strong> pressoir ordinaire deux avantages signalés, savoir : 1° la motte peut être montée sur la seconde maie<br />

pendant que la première est en pression et inversement ; 2° l'absence de vis<br />

[p. 35]


dans l'intérieur du marc autorise l'emploi de toi<strong>le</strong>s sans échancrures et de claies d'une seu<strong>le</strong> pièce. Divers autres<br />

dispositifs permettent la montée et la descente rapide du plateau presseur, et <strong>le</strong>s diverses opérations à effectuer<br />

sans que l'homme chargé de la manoeuvre de la presse ait à se déplacer ; il en résulte une notab<strong>le</strong> économie de<br />

temps et de main d'oeuvre.<br />

Nous fabriquons éga<strong>le</strong>ment des presses à travail continu actionnés au moteur, de construction nouvel<strong>le</strong> et<br />

spécia<strong>le</strong>s à la grande industrie.<br />

Nos pressoirs, soumis au grand concours spécial tenu à Nantes, à des expériences d'une durée de dix jours,<br />

ont donné <strong>le</strong> plus de liquide avec la moindre force et dans <strong>le</strong> moins de temps ; ils ont travaillé rapidement,<br />

économiquement et bien ; aussi avons nous obtenu à ce concours <strong>le</strong> PREMIER PRIX, Médail<strong>le</strong> d'or à l'unanimité<br />

du Jury.<br />

II<br />

FABRICATION<br />

[p. 36]<br />

Broyage. — Les fruits de pressoir se rangent en trois catégories : doux, amers, acides.<br />

On mettra en oeuvre, pour du cidre de conserve :<br />

1/3 de fruits doux,<br />

2/3 de fruits amers.<br />

Pour cidre de ménage, à consommer rapidement :<br />

2/3 de fruits doux,<br />

1/3 de fruits amers.<br />

Pour cidre se faisant assez rapidement :<br />

1/8 de fruits acides,


3/8 de fruits amers,<br />

4/8 de fruits doux.<br />

Macération. — La pulpe, convenab<strong>le</strong>ment broyée, doit passer de suite au pressoir. Par une macération de 12<br />

à 24 heures, <strong>le</strong> tanin se dissout, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s du fruit éclatent et rendent l'extraction plus faci<strong>le</strong> ; une partie de la<br />

cellulose devient glucose qui augmentera la richesse du cidre en alcool. Mais par contre, on a constaté que par<br />

ce procédé <strong>le</strong> cidre perdait de sa cou<strong>le</strong>ur, qu'il était plus exposé à l'oeuvre des mauvais ferments, que l'oxydation<br />

partiel<strong>le</strong> du tanin <strong>le</strong> rend plus attaquab<strong>le</strong> par <strong>le</strong> ferment acétique, et l'on a conclu à la suppression de la<br />

macération, <strong>le</strong>s avantages énoncés ci-dessus devant se retrouver dans l'opération du rémiage. Toutefois, il faut<br />

procéder au broyage en p<strong>le</strong>ine lumière du jour, afin de donner au moût la teinte colorée en jaune d'or qu'il<br />

transmettra au cidre.<br />

Lavage des pommes. — Le lavage enlève aux fruits une partie des ferments répandus à <strong>le</strong>ur surface et qui<br />

doivent produire <strong>le</strong> phénomène de la fermentation du moût. Si <strong>le</strong>s pommes sont dans un état de propreté<br />

satisfaisant, on ne <strong>le</strong>s lavera donc pas ; mais si el<strong>le</strong>s ont séjourné sur une terre mol<strong>le</strong> qui s'y est attachée, si <strong>le</strong> sol<br />

du verger a été récemment fumé, si <strong>le</strong>s fruits achetés ont voyagé dans des sacs ou des wagons malpropres, <strong>le</strong><br />

lavage est indispensab<strong>le</strong>.<br />

[p. 37]<br />

Nous avons créé spécia<strong>le</strong>ment pour cet usage <strong>le</strong> laveur fig. 13 représenté ci-dessous.<br />

Dans ce cas, il est nécessaire, pour s'assurer d'une bonne fermentation, d'avoir recours à l'ensemencement<br />

de ferment actif au moyen d'une <strong>le</strong>vure de choix, question qui sera traitée au chapitre de la fermentation.<br />

Soins de propreté. — Si <strong>le</strong>s pommes doivent être exemptes de substances étrangères, <strong>le</strong>s broyeurs exigent,<br />

eux aussi, une très grande propreté. Avant de s'en servir, on aura soin de <strong>le</strong>s approprier par des lavages répétés<br />

à l'eau bouillante additionnée de bisulfite de chaux, par exemp<strong>le</strong>, à raison d'un litre de solution par 5 litres d'eau.<br />

On lave ensuite à l'eau froide ordinaire. Tous <strong>le</strong>s appareils de fabrication devront subir la même opération<br />

préliminaire. En outre, il faut, à chaque arrêt du broyeur, c'est-à-dire au moins tous <strong>le</strong>s jours, faire tourner <strong>le</strong><br />

cylindre en arrosant jusqu'à ce que l'instrument soit absolument vide et propre, puis essuyer et graisser <strong>le</strong>s pièces<br />

de fonte. Ainsi on évitera une des causes de noircissement du cidre, l'acidification des débris de pulpe, l'attaque<br />

de la fonte par la rouil<strong>le</strong> ; enfin <strong>le</strong>s causes d'usure du broyeur seront notab<strong>le</strong>ment diminuées.<br />

[p. 38]


Pressurage. — Voici comment on procède quand on emploie nos pressoirs à claies de draînage et toi<strong>le</strong>s qui<br />

sont du reste <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s auxquels nous accordons la préférence pour la fabrication du cidre. Les figures n° 228,<br />

n° 229 et n° 200 représentent<br />

[p. 39]<br />

un marc en montage ainsi que l'une des claies et <strong>le</strong> cadre servant à cette opération. L'ouvrier pose une claie et<br />

une toi<strong>le</strong> par dessus, puis une première couche de pulpe de 10 à 12 c/m d'épaisseur ; il relève <strong>le</strong>s parties de toi<strong>le</strong><br />

qui dépassent et en recouvre cette couche ; puis il pose une nouvel<strong>le</strong> claie surmontée d'une toi<strong>le</strong> et confectionne<br />

une seconde couche semblab<strong>le</strong> à la première. Il en superpose ainsi de 8 à 14, selon la grandeur du pressoir,<br />

presse ensuite, à petits coups au début, <strong>le</strong>ntement, progressivement, afin de laisser au cidre <strong>le</strong> temps de<br />

s'écou<strong>le</strong>r ; 40 à 50 minutes suffisent par ce procédé pour assécher la motte en tirant 60 à 70% du jus.<br />

Soins au pressoir. — Avant de procéder au serrage, on graissera toutes <strong>le</strong>s parties frottantes : vis, écrou,<br />

surface de contact de l'écrou et du crapaud, axes du <strong>le</strong>vier, biel<strong>le</strong>, clavettes et guides. Ne pas agir par secousses,<br />

et ne pas appliquer une force supérieure à cel<strong>le</strong> que comporte chaque modè<strong>le</strong>. Avant de commencer <strong>le</strong> travail,<br />

laver <strong>le</strong>s pressoirs comme il a été dit pour <strong>le</strong>s broyeurs ; resserrer, si besoin est, <strong>le</strong>s boulons d'assemblage du<br />

fond de la maie ; en cas de contact imparfait, démonter ce fond de pressoir et redresser au rabot <strong>le</strong>s rives des<br />

planches ; boucher avec un mastic approprié <strong>le</strong>s fentes et <strong>le</strong>s joints imparfaits ; humecter pendant plusieurs jours<br />

<strong>le</strong> fond de la maie avec de l'eau chaude sur une hauteur de quelques centimètres. Les claies et toi<strong>le</strong>s seront<br />

lavées tous <strong>le</strong>s jours afin d'éviter l'obstruction et l'acètification.<br />

Rémiage. — Lorsque la pulpe a été asséchée aussi complètement que possib<strong>le</strong> sous <strong>le</strong> pressoir, la motte est<br />

démontée, <strong>le</strong> marc émietté est repassé au broyeur, puis mis à macérer avec de l'eau dans des cuves pendant 24<br />

heures. On emploie ordinairement 20 à 25 litres d'eau pour <strong>le</strong> marc provenant de 100 kil. de pommes, et, par une<br />

nouvel<strong>le</strong> pression, on en tire 20 à 25 litres d'un second cidre moitié moins fort que <strong>le</strong> premier.<br />

On peut encore, après <strong>le</strong> deuxième pressurage, passer de nouveau <strong>le</strong> marc au broyeur, <strong>le</strong> faire macérer 24<br />

heures, avec 15 à 25 litres d'eau, puis presser. Cette boisson dose de 1° à 1°5 d'alcool. On mélange <strong>le</strong>s trois<br />

cidres ensemb<strong>le</strong>, ou seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s deux premiers entre eux, ou <strong>le</strong>s deux derniers si<br />

[p. 40]<br />

<strong>le</strong>s pommes sont riches en sucre et si l'on veut avoir à part du cidre pur de première pression. Le troisième cidre


est souvent employé en guise d'eau pure pour faire <strong>le</strong> deuxième cidre ; on ajoute aussi quelquefois 4 à 5 litres par<br />

100 kilos de pulpe destinée à produire <strong>le</strong> gros cidre ou premier cidre.<br />

La macération du marc produit <strong>le</strong>s avantages énumérés précédemment sous <strong>le</strong> titre de « Macération de la<br />

pulpe » sans en présenter <strong>le</strong>s inconvénients. Pour bien réussir cette opération, il convient de brasser<br />

énergiquement la pulpe toutes <strong>le</strong>s 4 ou 5 heures avec une pel<strong>le</strong> en bois et de recouvrir <strong>le</strong>s cuves remplies de<br />

marc d'une toi<strong>le</strong> ou d'un couverc<strong>le</strong> quelconque, mais qui laisse pénétrer un peu l'air.<br />

C'est une pratique courante depuis quelques années, de faire des seconds cidres par l'addition de sucre à<br />

taxes réduites. On se procure ainsi à bon compte une boisson dosant un degré alcoolique convenab<strong>le</strong> pour une<br />

boisson courante, sachant qu'il est alloué 2 kil. de sucre par hectolitre de pommes récoltées, et qu'il faut 1 kil. 8<br />

de sucre pour é<strong>le</strong>ver d'un degré <strong>le</strong> titre alcoolique d'un hectolitre de boisson ; seu<strong>le</strong>ment, il est bon d'ajouter 50 à<br />

100 grammes de tanin par hectolitre et un peu moins d'acide citrique.<br />

Choix de l'eau de macération. — Cette eau doit présenter tous <strong>le</strong>s caractères requis pour <strong>le</strong>s bonnes eaux<br />

potab<strong>le</strong>s, savoir : pure, limpide, aérée, peu calcaire (pas dure) peu séléniteuse (pas crue), exempte<br />

d'immondices, de germes nuisib<strong>le</strong>s, pas ammoniaca<strong>le</strong>s, c'est-à-dire ne renfermant pas de matières organiques en<br />

décomposition, qui altèrent profondément la composition de l'eau.<br />

Les eaux des citernes dont <strong>le</strong>s toits sont propres, cel<strong>le</strong>s des sources, des pièces d'eau, des cours d'eau, ne<br />

recevant pas d'immondices, conviennent à cet effet. Cel<strong>le</strong>s de pluie sont <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures ; cel<strong>le</strong>s de fontaines, de<br />

puits sont insuffisamment aérées ; el<strong>le</strong>s font souvent durcir <strong>le</strong> cidre. Les eaux de mares et toutes cel<strong>le</strong>s chargées<br />

de débris organiques en décomposition, de microbes malfaisants seront impitoyab<strong>le</strong>ment écartées. Les microbes<br />

de la fièvre typhoïde et plusieurs autres ne sont pas détruits par la fermentation ; ils vivent au contraire aux<br />

dépens de sucre.<br />

Le cidre étant toujours plus ou moins en état de fermentation,<br />

[p. 41]<br />

<strong>le</strong>s impuretés qu'il contient ne restent pas au fond, mais flottent dans <strong>le</strong> liquide si el<strong>le</strong>s sont insolub<strong>le</strong>s, où y sont<br />

intimement incorporées, si el<strong>le</strong>s sont solub<strong>le</strong>s, et ainsi sont absorbées par <strong>le</strong> consommateur au grand détriment<br />

de sa santé.<br />

Le moût sortant du pressoir tombe dans une cuve ; mais il convient qu'il y arrive exempt de débris de pulpe, de<br />

pépins, de matières solides quelconques. A cet effet, on munit d'un tamis <strong>le</strong> trou d'écou<strong>le</strong>ment de la maie du<br />

pressoir. Ce tamis sera en toi<strong>le</strong> métallique, en toi<strong>le</strong> de fil de coton à larges mail<strong>le</strong>s, ou mieux en crin. Il serait bon<br />

d'en mettre deux superposés, l'un à mail<strong>le</strong> large, l'autre à tissu plus fin au-dessous du premier. Il convient de <strong>le</strong>s<br />

nettoyer souvent, tant pour faire disparaître <strong>le</strong>s impuretés que pour faciliter <strong>le</strong> passage du liquide. Ce dispositif fait<br />

en outre subir une aération favorab<strong>le</strong> à une fermentation rapide et régulière, qui <strong>le</strong> met à l'abri des mauvais<br />

ferments.<br />

Filtrage. — L'expérience de ces dernières années a prouvé que <strong>le</strong>s moûts soumis au filtrage donnent des<br />

cidres fins, délicats, de longue conservation riches en alcool. Une pompe aspirante et foulante prend <strong>le</strong> jus sous<br />

<strong>le</strong> pressoir, <strong>le</strong> force à passer au travers du filtre et de là <strong>le</strong> rend dans <strong>le</strong>s cuves de fermentation. Le filtrage du<br />

moût est donc une opération sinon nécessaire, au moins fort uti<strong>le</strong> ; on la pratiquera autant que possib<strong>le</strong>.<br />

Diffusion. — Le système de fabrication du cidre par déplacement, lavage ou lixiviation consiste à mettre la<br />

pomme broyée en contact avec l'eau pour que <strong>le</strong>s pommes soient épuisées de <strong>le</strong>ur jus sucré. Le liquide obtenu<br />

par ce procédé est clair de premier jet, exempt de grosse lie en sortant de l'appareil ; <strong>le</strong>s ferments étrangers sont<br />

moins sujets à se développer. Par contre, ce système exige une grande régularité dans <strong>le</strong>s opérations et des<br />

fruits pas trop mûrs, qui ne se mettent pas en bouillie : on reproche à ce cidre, quoique très bon, d'être moins<br />

p<strong>le</strong>in et moins parfumé que celui de presse.<br />

Ensemencement. — Les jus soumis au filtrage, ceux obtenus par des lavages à 90° sont peu riches en<br />

ferments on en sont dépourvus : il est donc uti<strong>le</strong>, parfois nécessaire, d'introduire<br />

[p. 42]<br />

des ferments dans <strong>le</strong>s moûts ainsi traités. Les moûts de qualité ordinaire obtenus de pressurage ou de diffusion<br />

se trouveront éga<strong>le</strong>ment bien d'un ensemencement avec des <strong>le</strong>vures de choix. L'Institut La Claire, à Morteau<br />

(Doubs) prépare des <strong>le</strong>vures pures qui provoquent une fermentation rapide, régulière, avec une augmentation<br />

d'alcool et de parfum.


d'alcool et de parfum.<br />

Levain. — Pour ensemencer <strong>le</strong>s moûts, on commence par préparer un <strong>le</strong>vain au moyen de la <strong>le</strong>vure<br />

sé<strong>le</strong>ctionnée : <strong>le</strong>s procédés de préparation sont variab<strong>le</strong>s selon <strong>le</strong>s circonstances ; une brochure accompagne<br />

l'envoi des <strong>le</strong>vures et donne <strong>le</strong>s indications uti<strong>le</strong>s à cet effet. Voici un procédé, sinon <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur, au moins <strong>le</strong> plus<br />

faci<strong>le</strong> à mettre en pratique. Préparer environ 200 litres de moût avec des pommes de premier choix, logé dans un<br />

fût qu'il remplit jusqu'à 10 à 15 c/m de la bonde, y verser 1 kil. de <strong>le</strong>vure pure, agiter avec un bâton, fermer avec<br />

une bonde, local ayant au moins 15° et moût chauffé au préalab<strong>le</strong> à 25-30°. La fermentation se déclare<br />

rapidement ; au bout de trois jours, el<strong>le</strong> bat son p<strong>le</strong>in ; on verse alors ces 200 litres dans 20 ou 25 hectolitres de<br />

moût sortant du pressoir et en tout cas avant qu'aucune fermentation se soit déclarée.<br />

L'Institut La Claire prépare des malasides qui, ajoutés au jus en fermentation, donnent du sucre et un fin<br />

bouquet, il fournit aussi des sels nourriciers pour <strong>le</strong>s cidres de deuxième et troisième cuvée et pour <strong>le</strong>s cidres de<br />

sucre.<br />

III<br />

FERMENTATION<br />

La fermentation consiste principa<strong>le</strong>ment dans la transformation du sucre de la pomme en alcool sous<br />

l'influence d'un ferment dit saccharomyces mali.<br />

Pour se faire une idée exacte de la fermentation, et en comprendre l'importance, il faut connaître :<br />

1° La matière fermentescib<strong>le</strong> ou moût.<br />

2° Le ferment ou <strong>le</strong>vure.<br />

3° Les conditions propices à une bonne fermentation.<br />

[p. 43]<br />

Moût. — Le moût contient en dissolution du sucre, des acides, du tanin, du mucilage, des matières azotées,<br />

des matières colorantes et des sels minéraux. Le sucre se transforme en alcool sous l'influence du ferment.<br />

L'acide malique et l'acide tartrique en quantité modérée concourent à une bonne fermentation, ainsi qu'au<br />

développement du bouquet du cidre. Le tanin conserve <strong>le</strong> cidre, lui donne du corps et une pointe d'amertume<br />

agréab<strong>le</strong>. Le mucilage est une substance glaireuse, qui contribue puissamment à la clarification du cidre, <strong>le</strong> rend<br />

moel<strong>le</strong>ux et en corrige l'acidité. Les matières colorantes lui donnent sa bel<strong>le</strong> cou<strong>le</strong>ur jaune d'or ; quant aux sels<br />

minéraux, ils sont indispensab<strong>le</strong>s à la vie des ferments et contribuent à donner au cidre ses qualités nutritives.<br />

Ferments. — Les ferments ou <strong>le</strong>vures existent à la surface de tous <strong>le</strong>s fruits mûrs ; sur la pomme ils sont<br />

surtout localisés dans l'oeil. Les diverses variétés de pommes ont <strong>le</strong>urs ferments spéciaux ; <strong>le</strong>s plus estimés sont<br />

cultivés par des spécialistes qui <strong>le</strong>s livrent au commerce pour l'ensemencement artificiel des moûts.<br />

Conditions d'une bonne fermentation. — Une bonne fermentation doit se produire promptement et durer<br />

peu de temps ; el<strong>le</strong> apparaîtra quatre ou cinq jours après l'entonnage et ne durera pas plus de dix à douze jours ;<br />

par ensemencement avec des <strong>le</strong>vures sé<strong>le</strong>ctionnées, on doit pouvoir soutirer après cinq à six jours. La<br />

température du moût mis à fermenter sera d'au moins 20° ; cel<strong>le</strong> du local ne sera pas inférieure à 15° : il faut une<br />

aération modérée ; <strong>le</strong>s cuves seront couvertes d'une toi<strong>le</strong> ou d'un couverc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s foudres bouchés imparfaitement.<br />

Si la fermentation tarde à apparaître, on soutirera une partie du moût qu'on rejettera par dessus, ou on agitera<br />

<strong>le</strong> liquide avec une branche f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> fendue en deux ou en quatre. On élève la température en chauffant 1/20 à<br />

1/10 du moût à 50° pour <strong>le</strong> reverser par la bonde : il y a des appareils genre réfrigérant qui chauffent <strong>le</strong> moût,<br />

sans avoir à <strong>le</strong> tirer, par circulation d'eau chaude. Le cellier sera chauffé lui-même, <strong>le</strong>s portes et <strong>le</strong>s murs<br />

recouverts de paillassons si <strong>le</strong> froid est trop vif.<br />

[p. 44]<br />

Entonnage. — Les ustensi<strong>le</strong>s servant à la fabrication et à la manipulation du cidre sont autant que possib<strong>le</strong> en<br />

bois ; on évite <strong>le</strong> contact du fer, qui provoque <strong>le</strong> noircissement. L'entonnoir sera donc en bois ; à la douil<strong>le</strong> sera<br />

adapté un tube en caoutchouc qui descendra jusqu'à 5cm du fond du récipient. Les fûts seront remplis jusqu'à 5 à<br />

10cm de la bonde, afin d'avoir la fermentation en dedans ou sans douel<strong>le</strong>. La fermentation en dehors doit être<br />

proscrite ; el<strong>le</strong> salit fûts et caves qu'el<strong>le</strong> contamine de mauvais ferments. L'ouverture des cuves ou fûts est fermée


imparfaitement pour permettre au gaz carbonique de s'échapper. On emploie avec succès <strong>le</strong>s bondes P. B. Noël<br />

fermant hermétiquement de façon à ne laisser échapper <strong>le</strong> gaz carbonique que par un clapet à ressort. Un<br />

purificateur du même inventeur est placé sur un des fûts et permet de se rendre compte de la marche de<br />

l'opération sur tous <strong>le</strong>s fûts de la même pressée.<br />

Soins aux cuves et fûts. — Les fûts pour fermentation ont une contenance de 60 hectolitres au plus ; pour de<br />

plus grandes quantités, on fait usage de cuves en bois ou en ciment, fermées à <strong>le</strong>ur partie supérieure, sauf un<br />

trou pour <strong>le</strong> passage d'un homme. Pour l'expédition et la consommation, on se sert de feuil<strong>le</strong>ttes de 100 à 110<br />

litres, de pièces ou barriques de 220 à 230 litres, de demi-muids d'environ 600 litres et de pipes de 700 litres ou<br />

approchant : en Normandie, <strong>le</strong>s tonneaux atteignent 1,000 à 1,200 litres. Le cidre ne devant pas rester trop<br />

longtemps en vidange, on conseil<strong>le</strong>, pour la consommation, des fûts de 3 à 6 hectolitres pour un petit<br />

[p. 45]<br />

ménage, de 12 à 15 pour ferme de 5 à 6 personnes, et de 20 à 30 pour 10 personnes. Mais par l'emploi du<br />

purificateur d'air P. B. Noël, on peut faire usage de fûts de toute grandeur, <strong>le</strong> cidre se conservant intact en<br />

vidange pendant beaucoup plus longtemps.<br />

La vaissel<strong>le</strong> vinaire doit être d'une excessive propreté. Dès que <strong>le</strong>s fûts sont vides, il faut, <strong>le</strong> jour même, <strong>le</strong>s<br />

laver énergiquement, <strong>le</strong>s soufrer et <strong>le</strong>s bonder. Avant de s'en servir à nouveau, on <strong>le</strong>s visite ; ceux qui ont été mal<br />

nettoyés ou qui ne l'ont pas été du tout, qui sentent mauvais, sont l'objet de soins spéciaux : ils sont rincés avec<br />

de l'eau acidulée par 1/10 d'acide sulfurique. On emploie aussi un lait de chaux fraîchement éteinte, ou des<br />

cristaux de soude à raison de 100 grammes par 10 litres d'eau chaude ; on fait en même temps usage d'une<br />

chaîne dont <strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s râc<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s douves et décol<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s parties solides. On a aussi recours au défonçage, au<br />

grattage, au brûlage intérieur, au soufrage et à une combustion d'alcool. Le désinfectant Moity, <strong>le</strong> tonnal Humblot<br />

sont très recommandés pour fûts tout à fait contaminés. Ces nettoyages sont suivis d'au moins deux lavages à<br />

l'eau pure, puis de la combustion d'un peu d'alcool et du soufrage.<br />

Clarification des moûts. — Les cidres limpides ont une plus-value considérab<strong>le</strong> sur ceux qui sont troub<strong>le</strong>s ;<br />

ils sont d'autre part de conservation plus longue et plus faci<strong>le</strong>. Mais la clarification des cidres par <strong>le</strong> collage est<br />

diffici<strong>le</strong> surtout si la teneur en alcool est peu é<strong>le</strong>vée. On a songé à tourner la difficulté en collant <strong>le</strong>s moûts : 150<br />

grammes environ de biphosphate de chaux par hectolitre de moût produisent une abondante précipitation des<br />

impuretés, surtout des matières pectiques en excès. Il convient d'introduire en même temps 12 à 15 grammes de<br />

bisulfite de potasse qui arrête la fermentation pendant 5 ou 6 jours, après quoi la précipitation des impuretés et<br />

des matières pectiques en excès est complète. Il ne reste plus qu'à transvaser, ayant bien soin de ne pas arriver<br />

jusqu'au dépôt.<br />

D'après des données récentes on obtiendrait des jus irréprochab<strong>le</strong>s comme qualité et limpidité par addition au<br />

moût avant fermentation de 50 grammes d'acide citrique et 10 grammes de tanin, puis collage énergique au<br />

deuxième soutirage. De<br />

[p. 46]<br />

plus <strong>le</strong>s cidres ainsi traités seraient préservés du noircissement. Néanmoins nous estimons que l'emploi du<br />

biphosphate devra toujours précéder l'addition d'acide citrique et de tanin.


Débourbage ou premier soutirage. — Dès que la fermentation tumultueuse est passée, <strong>le</strong> cidre subit un<br />

premier transvasement appelé débourbage, premier soutirage, qui se fera par un temps clair, sec et froid autant<br />

que possib<strong>le</strong>. Les fûts destinés au transvasement, nettoyés et soufrés comme il a été dit, ne seront ouverts qu'au<br />

moment même du transvasement ou soufrés à nouveau quelques heures auparavant si on <strong>le</strong> juge à propos. Le<br />

cidre s'extrait des fûts et cuves à l'aide d'une grosse cannel<strong>le</strong>, placée assez haut pour que <strong>le</strong>s lies ne soient pas<br />

entraînées, ou encore on soutire par la bonde, au moyen d'un tuyau en caoutchouc faisant siphon. Ces procédés<br />

sont préférab<strong>le</strong>s à l'emploi de la pompe qui agite <strong>le</strong> liquide et soulève <strong>le</strong>s lies. Sitôt tiré, verser <strong>le</strong> cidre dans <strong>le</strong><br />

tonneau avec des brocs en bois, ou à l'aide d'une pompe en cuivre, jusqu'à 3 à 4 c , m de la bonde, en faisant<br />

usage de l'entonnoir en bois muni de son tuyau en caoutchouc. Bonder légèrement, ou percer un petit fausset<br />

près de la bonde pour l'évacuation du gaz carbonique, ou mieux employer <strong>le</strong>s bondes P. B. Noël.<br />

On sait que la clarification des cidres est grandement facilitée par l'addition au moût de pommes, d'un quart à<br />

un tiers de moût de poires ou de cormes.<br />

Seconde fermentation. — Le cidre transvasé continue à fermenter ; mais <strong>le</strong>ntement ; une température de 12°<br />

est suffisante ; el<strong>le</strong> peut descendre à 8 et 6, <strong>le</strong> cidre n'en sera que meil<strong>le</strong>ur, mais à condition que la fermentation<br />

tumultueuse se soit convenab<strong>le</strong>ment effectuée. Quand <strong>le</strong> liquide ne marque plus que 20 au densimètre, on peut<br />

bonder hermétiquement, mais il est bien préférab<strong>le</strong> de faire usage des bondes P. B. Noël.<br />

Collage, second soutirage, mîse en-fûts. — Si l'on veut avoir des cidres de choix et de bonne garde, il est<br />

bon de procéder à un second soutirage un mois ou six semaines après <strong>le</strong> premier, mais auparavant il faut<br />

procéder au collage. Le collage au tanin, <strong>le</strong> plus recommandab<strong>le</strong>, consiste à délayer 10 grammes de tanin en<br />

poudre par hectolitre dans 1 à 2 litres de cidre, ou mieux dans 1/8 de litre de bonne eau-de-vie, à<br />

[p. 47]<br />

verser dans <strong>le</strong> fût et agiter énergiquement avec un bâton fendu ou un faisceau de quelques baguettes. Après 5<br />

ou 6 jours l'épuration est complète. On col<strong>le</strong> aussi avec une dissolution de 5 grammes de gélatine dissoute dans<br />

2 litres de cidre tiède. On dit beaucoup de bien du lactocol<strong>le</strong> ou caséine en poudre : <strong>le</strong> paquet de 20 grammes<br />

valant 0 fr. 10 seu<strong>le</strong>ment, est dissous dans 1 litre d'eau, puis versé dans une pièce de 225 à 250 litres. Pour <strong>le</strong>s<br />

cidres peu riches en tanin, ces deux collages auraient besoin d'être précédés de celui au tanin. On procède<br />

ensuite au second soutirage dans <strong>le</strong>s mêmes conditions et de même façon que <strong>le</strong> premier. Les fûts peuvent cette<br />

fois être bondés complètement ; toutefois la bonde P. B. Noël est préférab<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> garantit contre <strong>le</strong> suintement<br />

et l'éclatement des fûts en cas de fermentation incomplète. Tous <strong>le</strong>s mois, il convient de visiter <strong>le</strong>s fûts et de faire<br />

<strong>le</strong> p<strong>le</strong>in.<br />

Mise en bouteil<strong>le</strong>s. — Les cidres ainsi préparés peuvent être mis en bouteil<strong>le</strong>s peu de temps après <strong>le</strong>ur mise<br />

en fûts si l'on désire des cidres nouveaux. Le densimètre renseigne sur <strong>le</strong> genre de cidre à obtenir. S'il marque<br />

1,010 ou 10, <strong>le</strong> cidre sera légèrement pétillant ; à 15, il sera un peu mousseux ; de 18 à 20, il sera mousseux ; au<br />

delà de 20, il risque de briser <strong>le</strong>s bouteil<strong>le</strong>s. Si <strong>le</strong> cidre est collé depuis plus d'un mois, il faut procéder à un<br />

nouveau collage avant la mise en bouteil<strong>le</strong>s. Mai est un bon moment pour la mise en bouteil<strong>le</strong>s des cidres doux et<br />

août pour <strong>le</strong>s cidres secs. Ceux-ci peuvent donner du mousseux en ajoutant à chaque bouteil<strong>le</strong> un sirop à raison<br />

de 1 à 3 grammes de sucre.<br />

Le cidre mousseux doit être mis dans de fortes bouteil<strong>le</strong>s, genre champenoises, avec des bouchons de<br />

première qualité, maintenus par des ficel<strong>le</strong>s ou des agrafes ; on <strong>le</strong>s tiendra droites pendant un mois, après quoi,<br />

on <strong>le</strong>s couchera en un lieu sec et frais à l'abri de la lumière.<br />

Consommation courante. Conservation. — Les cidres en vidange sont conservés intacts à l'aide d'un<br />

purificateur P. B. Noël. On conseil<strong>le</strong> aussi de répandre une couche de bonne hui<strong>le</strong> d'olive sur <strong>le</strong>s fûts en vidange,<br />

même sur ceux non entamés. Le cidre se conserve doux en y ajoutant toutes <strong>le</strong>s six semaines 100 grammes de<br />

sirop de sucre par hectolitre et en fermant hermétiquement. On fait aussi usage d'acide<br />

[p. 48]<br />

sulfureux introduit sous forme de vapeurs ou de bisulfite de potasse. On prolonge la conservation des cidres de<br />

plus d'une année de fabrication en <strong>le</strong>s additionnant soit de moût, soit de cidre nouveau. Au bout de deux ou trois<br />

semaines, la grosse fermentation est terminée et <strong>le</strong> cidre peut être livré à la consommation.<br />

Si l'on désire avoir des cidres toujours doux, on <strong>le</strong>s ensemence avec une <strong>le</strong>vure spécia<strong>le</strong> extraite de la canne<br />

à sucre. Si l'on veut des cidres conservant une certaine douceur, d'une limpidité durab<strong>le</strong>, et ne noircissant pas, on<br />

<strong>le</strong>s stérilise d'abord à l'aide du bisulfite de potasse, puis on <strong>le</strong>s ensemence avec une <strong>le</strong>vure acclimatée au<br />

bisulfite. On peut aussi stériliser <strong>le</strong> moût, et ne faire son cidre que plusieurs mois après, lorsqu'on juge <strong>le</strong> moment


favorab<strong>le</strong>. Le mode opératoire pour produire ces diverses qualités de cidre ne saurait trouver place ici. La<br />

stérilisation des cidres en vue d'une longue conservation, <strong>le</strong>ur clarification par <strong>le</strong> filtrage, <strong>le</strong>ur congélation, <strong>le</strong>ur<br />

champagnisation sont éga<strong>le</strong>ment des opérations fort intéressantes.<br />

Consulter à cet égard l'ouvrage de MM. C. Jacquemin et H. Alliote « La Cidrerie moderne ».<br />

Lies à distil<strong>le</strong>r. — A la suite des soutirages, il reste au fond des fûts et cuves des lies que l'on recueil<strong>le</strong><br />

soigneusement dans un tonneau à part où el<strong>le</strong>s achèvent <strong>le</strong>ur fermentation. Cel<strong>le</strong>-ci étant terminée, on bonde<br />

hermétiquement jusqu'au moment de la distillation : on <strong>le</strong>s extrait par la bonde ou mieux en défonçant <strong>le</strong> tonneau.<br />

IV<br />

MALADIES DU CIDRE. — REMÈDES<br />

Les maladies du cidre prennent <strong>le</strong>urs causes à de nombreuses sources, mais proviennent généra<strong>le</strong>ment d'une<br />

mauvaise fabrication ou d'une conservation dans des locaux mal conditionnés.<br />

Ces maladies ou altérations sont <strong>le</strong>s suivantes : troub<strong>le</strong>,<br />

[p. 49]<br />

pousse, f<strong>le</strong>urs, graisse, amertume, acétification, noircissement.<br />

Troub<strong>le</strong>. — Le troub<strong>le</strong> résulte d'une fermentation à trop basse température, en année humide, avec des fruits<br />

à peine mûrs, pauvres en sucre, gelés ou mal conservés. REMÈDE : Les quantités indiquées pour <strong>le</strong> traitement<br />

des diverses maladies étudiées dans ce chapitre se rapportent à l'hectolitre. Dissoudre 10 grammes de tanin pur<br />

dans 20 centilitres d'eau-de-vie de cidre ou de trois-six sans goût, verser dans <strong>le</strong> fût, agiter <strong>le</strong> liquide avec un<br />

bâton fendu ; après 4 ou 5 jours, soutirer dans un fût fortement méché. Prendre 2 litres de bon cidre dans <strong>le</strong>quel<br />

on dissout, en faisant tiédir, 200 grammes de sucre, verser dans <strong>le</strong> tonneau, agiter vigoureusement avec un<br />

bâton fendu, opérer à la température de 15 à 20°, afin d'avoir une fermentation rapide ; pour cela, tirer 30 litres,<br />

chauffer à 50° et reverser dans <strong>le</strong> fût. La fermentation terminée, soit après 8 à 10 jours, col<strong>le</strong>r avec 10 grammes<br />

de tanin dissous dans 20 centilitres d'eau-de-vie ou 2 litres de cidre chauffé à environ 50°. Au bout de 8 jours, on<br />

peut tirer au tonneau, ou mieux encore soutirer avant de consommer.<br />

Pousse. — La pousse est due à une mauvaise refermentation au printemps ou en été. Si on perce <strong>le</strong> tonneau,<br />

<strong>le</strong> liquide troub<strong>le</strong> jaillit avec force ; il pousse ; il prend <strong>le</strong> goût, la saveur des cidres noirs avec une acidité assez<br />

prononcée. Cet accident se manifeste dans <strong>le</strong>s caves trop chaudes sur des cidres non collés ou mal clarifiés.<br />

REMÈDE : Enrayer la fermentation par un collage au tanin comme il est dit pour <strong>le</strong> troub<strong>le</strong>, puis transvaser en fût<br />

fortement méché, placé en cave fraîche. Si l'acidité est excessive, la combattre avec 100 grammes de tartrate<br />

neutre de potasse dissous dans 2 litres de cidre tiède.<br />

F<strong>le</strong>urs. — Les f<strong>le</strong>urs sont des moisissures blanches qui se développent en pellicu<strong>le</strong>s à la surface des cidres<br />

faib<strong>le</strong>s en vidange laissés au contact de l'air. REMÈDE : Préparer un fût bien propre, rincer avec un verre de bonne<br />

eau-de-vie, mécher fortement, soutirer dans ce fût en ayant soin de s'arrêter avant l'apparition des f<strong>le</strong>urs, ajouter<br />

1 litre de bonne eau-de-vie dans laquel<strong>le</strong> on a fait dissoudre 10 grammes de tanin, tenir <strong>le</strong> fût bien fermé, <strong>le</strong><br />

surmonter lors du tirage d'un purificateur d'air P. B. Noël. Autre procédé : Faire <strong>le</strong> p<strong>le</strong>in avec<br />

[p. 50]<br />

de bon cidre de façon à faire déborder et entraîner <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs au dehors ; ensuite bien boucher. Ou encore,<br />

soutirer dans un tonneau méché un peu plus petit, bien remplir sans introduire de f<strong>le</strong>urs et bonder <strong>le</strong> mieux<br />

possib<strong>le</strong>.<br />

Graisse. — La maladie de la graisse est <strong>le</strong> fait d'un ferment spécial ou d'un jus chargé de matières pectiques<br />

et pauvre en tanin. REMÈDE PRÉVENTIF : Grande propreté des appareils et ustensi<strong>le</strong>s de fabrication, eau saine,<br />

fûts bien propres et soufrés, départ rapide de la fermentation. REMÈDE CURATIF : Traiter au tanin comme pour <strong>le</strong><br />

troub<strong>le</strong> ; ajouter 1/2 litre d'eau-de-vie si <strong>le</strong> cidre est peu riche en alcool. Le gras peut aussi disparaître par un<br />

brassage énergique du liquide, ou par son passage sous pression dans un tube garni d'une fou<strong>le</strong> de petits trous ;<br />

mais ce moyen n'est pas radical, la maladie réapparaît au bout de quelque temps.<br />

Amertume. — L'amertume atteint surtout <strong>le</strong>s cidres d'un an et plus : el<strong>le</strong> est <strong>le</strong> résultat d'un manque de tanin<br />

et d'acide ou d'une addition de sirop de fécu<strong>le</strong> mal préparé. REMÈDE : Introduire une solution de 200 grammes de<br />

sucre et 10 grammes de tanin, comme il a été dit déjà, en réchauffant la masse en vue d'une fermentation rapide,


collage avec 10 grammes de tanin, soutirage 8 jours après et bondage soigné. L'amertume disparaît aussi par <strong>le</strong><br />

mélange avec du cidre nouveau ou par <strong>le</strong> repassage sur <strong>le</strong> marc frais ; dans ce cas il faut consommer cette<br />

boisson au plus vite.<br />

Acétification. — L'acide acétique se développe dans <strong>le</strong>s cidres après la fermentation alcoolique quand <strong>le</strong>s<br />

fûts restent ouverts ou qu'ils étaient malpropres, à goût de vinaigre. Les cidres durs sont des cidres arrivés au 1 er<br />

degré d'acétification. REMÈDES PRÉVENTIFS : Nettoyage parfait des fûts ; suiffage intérieur suivi de méchage et de<br />

combustion d'alcool ; fûts francs de goût ayant contenu de l'hui<strong>le</strong> d'olive ou d'oeil<strong>le</strong>tte ; couche de bonne hui<strong>le</strong><br />

d'olive ou d'oeil<strong>le</strong>tte ; méchages répétés des fûts en vidange ; bondage hermétique sauf un fausset à ouvrir<br />

chaque fois qu'on tire à la cannel<strong>le</strong> ; ou mieux emploi du purificateur P. B. Noël ; emploi de deux cannel<strong>le</strong>s l'une<br />

au milieu, l'autre à la partie inférieure du fond du fût ; addition de sirop de sucre pour entretenir la fermentation<br />

alcoolique<br />

[p. 51]<br />

qui s'oppose à la fermentation acétique. Le sirop de sucre s'obtient en faisant dissoudre 100 à 200 grammes de<br />

sucre dans 3 à 4 litres de cidre chauffé à 60° ; on verse doucement et on agite avec un bâton fendu. REMÈDES<br />

CURATIFS : Solution d'environ 100 grammes de bitartrate de potasse dans 2 à 3 litres de cidre chauffé, ou bonne<br />

cendre de bois, dose à déterminer par essai en petit ; col<strong>le</strong>r après 8 jours et soutirer après 8 nouveaux jours en<br />

fût fortement méché ; addition de sirop de sucre comme il vient d'être dit si <strong>le</strong> cidre est faib<strong>le</strong>, puis collage et<br />

soutirage ; emploi d'une pincée de bicarbonate de soude dans la bouteil<strong>le</strong> au moment de la remplir.<br />

Noircissement. — Le noircissement du cidre <strong>le</strong> rend imbuvab<strong>le</strong>. Les causes en sont diverses ; il peut être<br />

produit par <strong>le</strong> contact prolongé des pulpes et du jus avec <strong>le</strong> fer ou la fonte ; par la présence d'oxyde de fer dans<br />

<strong>le</strong>s eaux de macération, même de calcaire et de matières organiques. REMÈDE : Emploi d'ustensi<strong>le</strong>s en bois <strong>le</strong><br />

plus possib<strong>le</strong> ; grande propreté des pièces travaillantes et autres en fer ou en fonte dans <strong>le</strong>s broyeurs et<br />

pressoirs ; en éviter <strong>le</strong> contact prolongé avec la pulpe ; emploi d'eaux pures, exemptes de matières organiques,<br />

de sels ferriques ou calcaires.<br />

Le noircissement est aussi <strong>le</strong> résultat de ferments solub<strong>le</strong>s renfermés dans la pomme, <strong>le</strong>squels donnent<br />

naissance à cette affection quand l'acidité du moût n'est pas suffisante ou plutôt quand l'acide et <strong>le</strong> tanin ne s'y<br />

rencontrent pas en proportions à peu près éga<strong>le</strong>s, et dans <strong>le</strong>s limites de 4 à 8 grammes par litre. Des additions<br />

trop fortes de tanin aux cidres malades amènent aussi <strong>le</strong> noircissement. REMÈDES : Ajouter au moût avant<br />

fermentation 50 grammes d'acide citrique et 10 grammes de tanin, pratique déjà indiquée en vue d'une bonne<br />

clarification, puis col<strong>le</strong>r fortement au deuxième soutirage à la gélatine ou au lactocol<strong>le</strong>. Mécher fortement <strong>le</strong>s fûts<br />

avant de <strong>le</strong>s emplir et au besoin introduire dans <strong>le</strong> cidre fermenté 8 à 12 grammes de bisulfite de potasse. Dans<br />

<strong>le</strong> cas d'addition excessive de tanin, on ajoute de l'acide tartrique ou citrique jusqu'à disparition de la coloration<br />

noire. On a soin d'opérer préalab<strong>le</strong>ment sur un litre ou deux afin de déterminer la dose exacte à employer.<br />

[p. 52]<br />

Remèdes préventifs généraux contre <strong>le</strong>s diverses maladies du cidre. — Les cidres bien fabriqués sont<br />

généra<strong>le</strong>ment exempts de toute maladie. A cet effet, n'employer que des fruits bien mûrs, sains, contenant en de<br />

justes proportions acide, sucre, tanin, matières pectiques ; provoquer une fermentation tumultueuse assez rapide,<br />

à la température de 15-20° ; user d'un pied de cuve ou <strong>le</strong>vain préparé avec des <strong>le</strong>vures sé<strong>le</strong>ctionnées ou avec<br />

des fruits choisis d'un crû estimé ; soutirer et procéder à la fermentation <strong>le</strong>nte, à l'abri de l'air, à la température<br />

d'environ 10°, en mars-avril ; col<strong>le</strong>r au tanin, à la gélatine, ou au lactocol<strong>le</strong> ; loger <strong>le</strong>s cidres en caves froides de 7<br />

à 8° ou au-dessous.<br />

Antiseptiques. — Il est bon d'aseptiser, c'est-à-dire de laver avec des solutions antiseptiques tous <strong>le</strong>s<br />

instruments et appareils de fabrication avant de s'en servir et aussi lorsque la fabrication est terminée.<br />

Si <strong>le</strong>s caves ne sont pas assez froides, de mauvais ferments peuvent se développer au printemps et surtout<br />

en été ; en ce cas l'emploi des antiseptiques est appelé à rendre des services. Ces substances sont nombreuses,<br />

mais quelques-unes peuvent présenter des dangers au point de vue de l'hygiène. L'acide salicylique, <strong>le</strong>s<br />

fluorures, <strong>le</strong> formol employés à des doses voulues pour arrêter <strong>le</strong> développement des mauvais ferments, ne<br />

présentent pas d'inconvénients au point de vue hygiénique ; <strong>le</strong>s égols, espèces de formols, paraissent être<br />

inoffensifs, même à des doses dix fois plus fortes que cel<strong>le</strong>s nécessitées pour l'arrêt du développement des<br />

ferments. Toutefois, ces agents de conservation ne devront être employés que dans des cas exceptionnels qui ne<br />

se présenteront jamais ou rarement avec une fabrication bien entendue et des locaux convenab<strong>le</strong>s.<br />

V<br />

POIRÉ. — EAU-DE-VIE. — VINAIGRE


Poiré. — Le poiré est une boisson provenant de la poire. Le poirier à cidre est en général de grande tail<strong>le</strong> et<br />

de bonne fertilité. Le poiré est rarement consommé pur, mais en mélange<br />

[p. 53]<br />

avec <strong>le</strong> vin ou <strong>le</strong> cidre. Le poirier s'accommode de terres froides et humides ; il résiste mieux que <strong>le</strong> pommier aux<br />

parasites et aux maladies. Ses f<strong>le</strong>urs sont éga<strong>le</strong>ment résistantes au froid et aux grands vents. Les principa<strong>le</strong>s<br />

variétés sont : Croix-Marc, Carisi blanche, Navet, Souris, Aubin, Crassane, Fer. Les poires sont moins riches en<br />

sucre que <strong>le</strong>s pommes ; mais au brassage el<strong>le</strong>s fournissent à poids égal beaucoup plus de jus. A volume égal, la<br />

différence est encore bien plus grande, puisque l'hectolitre de poires pèse 70 à 72 kilos et celui de pommes 52 à<br />

54 kilos. Le poiré s'utilise surtout pour <strong>le</strong> coupage et l'imitation des vins blancs, ainsi que pour la fabrication de<br />

l'eau-de-vie. Les poirés de qualité supérieure se mettent en bouteil<strong>le</strong>s et font des simili-champagne. Les poires<br />

donnent à la distillation autant que <strong>le</strong>s pommes, à poids égal, soit environ 10 % d'alcool à 50°. Leur broyage est<br />

un peu plus diffici<strong>le</strong> à opérer que celui des pommes.<br />

L'époque du brassage doit être saisie à point, <strong>le</strong>s fruits reconnus durs à un moment donné pouvant être murs<br />

3 ou 4 jours après et b<strong>le</strong>ts ou pourris peu de temps après. Le brassage avant maturité donne un jus âpre, de<br />

qualité inférieure ; il convient d'opérer quand <strong>le</strong>s poires commencent à céder sous la pression du doigt. Les<br />

procédés de fabrication sont analogues à ceux du cidre ; toutefois, il ne faut que deux passages, <strong>le</strong> deuxième<br />

sans trempage, ou un léger à raison seu<strong>le</strong>ment de 10 à 15 litres d'eau par hectolitre de poires. La fermentation du<br />

poiré est très variab<strong>le</strong>, tantôt <strong>le</strong>nte, tantôt rapide, tumultueuse ; <strong>le</strong> produit n'en est pas moins de bonne qualité.<br />

Pour la mise en bouteil<strong>le</strong>s, il est bon d'ensemencer <strong>le</strong> moût avec des <strong>le</strong>vures de Champagne ; on aura eu soin<br />

auparavant de col<strong>le</strong>r avec 10 grammes de tanin incolore, puis 3 grammes de gélatine.<br />

Eau-de-vie. — Le marc de pommes, si épuisé soit-il, renferme encore du sucre, qui donnera de l'alcool.<br />

Toutefois, il n'y a avantage à distil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> marc que s'il n'a pas subi l'opération du rémiage, ce qui a lieu dans <strong>le</strong>s<br />

années de grande abondance ; il contient alors 6 à 7 % de matière sucrée. Les lies donnent aussi passab<strong>le</strong>ment<br />

d'alcool si el<strong>le</strong>s ont été bien soignées, et surtout pas aigries. Les marcs ont besoin de<br />

[p. 54]<br />

passer 6 mois en silos ou cuves à l'abri de l'air pour terminer <strong>le</strong>ur fermentation et donner <strong>le</strong> maximum d'alcool.<br />

La plus grande partie des eaux-de-vie est tirée du poiré et aussi du cidre. On ne <strong>le</strong>s distil<strong>le</strong> que 4 ou 5 mois<br />

après <strong>le</strong> brassage, alors que tout <strong>le</strong> sucre ou à peu près s'est transformé en alcool. Plus vieux, <strong>le</strong> cidre donne des<br />

eaux-de-vie de qualité inférieure. Le rendement varie entre 8 et 16% d'eau-de-vie à 50°, <strong>le</strong> plus souvent 10 à<br />

12 %. La distillation se fait en deux temps : la première distillation et la repasse. Les premières gouttes, un verre à<br />

liqueur, sont mises de côté ainsi que <strong>le</strong> liquide qui cou<strong>le</strong> à partir de 15° jusqu'à 5° centésimaux. Pour la repasse,<br />

on met éga<strong>le</strong>ment de côté <strong>le</strong>s premières gouttes, ainsi que ce qui cou<strong>le</strong> à partir de 45° pour être mélangé à une<br />

autre distillation. On construit aujourd'hui des alambics qui donnent du premier jet une bonne eau-de-vie. L'eaude-vie<br />

de poiré est moins estimée que cel<strong>le</strong> de cidre ; son prix courant est <strong>le</strong>s 3/5 de cette dernière. Les eaux-devie<br />

se font à 50° pour la consommation courante ; pour l'exportation, on la porte de 62 à 64°.<br />

Vinaigre. — Le cidre au contact de l'air a une grande tendance à se transformer en vinaigre. Si l'on a du cidre<br />

aigre, on <strong>le</strong> laisse, bonde ouverte, achever de s'acétifier ; lorsqu'il l'est suffisamment on <strong>le</strong> met en bouteil<strong>le</strong>s bien<br />

p<strong>le</strong>ines, bien bouchées et on <strong>le</strong> dépose en un lieu frais ; il serait préférab<strong>le</strong> avant la mise en bouteil<strong>le</strong>s de <strong>le</strong> filtrer<br />

à l'aide d'une manche en coton ou d'un filtre en papier.<br />

On peut aussi fabriquer de très bon vinaigre avec <strong>le</strong> cidre non acétifié. Il y a divers procédés ; voici <strong>le</strong> plus<br />

simp<strong>le</strong> pour un ménage : Prendre une bonbonne de 5 à 6 litres, y verser un litre de bon vinaigre de vin ou de<br />

cidre, puis 2 litres de cidre pur jus, puis un peu de ferment par dessus. Le ferment est la pellicu<strong>le</strong> ou voi<strong>le</strong> qui se<br />

trouve sur <strong>le</strong> bon vinaigre en fabrication ; la masse gélatineuse qu'on appel<strong>le</strong> la mère est au contraire destructive<br />

du vinaigre ; il faut la jeter quand il s'en forme. Au bout de 15 jours, <strong>le</strong> vinaigre est fait. Verser de temps en temps<br />

un demi-litre de bon cidre avec un entonnoir dont <strong>le</strong> tube descend jusqu'au fond de la bonbonne afin de ne pas<br />

noyer <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> ; éviter aussi de <strong>le</strong> détruire en prenant du vinaigre ; tirer en dessous par un robinet si possib<strong>le</strong>.<br />

VI<br />

UTILISATION DES MARCS.<br />

[p. 55]


Utilisation des marcs. — Le marc épuisé par un ou deux trempages peut encore être utilisé pour la nourriture<br />

du bétail ; sa va<strong>le</strong>ur est d'environ 0 fr. 70 <strong>le</strong>s 100 kilos. Toute espèce de bétail peut s'en nourrir ; on <strong>le</strong> mélange<br />

avec d'autres aliments. Voici, à titre d'indication, une formu<strong>le</strong> de ration pour bêtes à cornes de 450 kilos :<br />

Marc de pommes 11 k<br />

Pail<strong>le</strong> hachée, menue pail<strong>le</strong>, bal<strong>le</strong>s 5 5<br />

Tourteau, son, farine 1 5<br />

Sel 0 015<br />

Le marc se conserve en silos à condition d'être bien tassé et recouvert de terre ; il est bon d'y mélanger 10 à<br />

15 % de menue pail<strong>le</strong> et 5 % de sel. On <strong>le</strong> conserve éga<strong>le</strong>ment dans des cuves, des tonneaux, etc. On l'entasse<br />

encore simp<strong>le</strong>ment contre un mur au nord en un tas entouré de planches, puis recouvert de pail<strong>le</strong>, de planches et<br />

de pierres ou de terre par dessus. Certains se contentent de faire des tas bien pilonnés sous un hangar ou dans<br />

une remise.<br />

Les tout petits propriétaires coupent <strong>le</strong> marc pressé en ga<strong>le</strong>ttes rectangulaires qui, adossées deux à deux<br />

sous un hangar bien aéré, se dessèchent assez vite. Ces ga<strong>le</strong>ttes sont émiettées et mélangées à du son pour la<br />

nourriture des lapins. On emploie encore ce marc desséché comme combustib<strong>le</strong>. Certains industriels <strong>le</strong> pétrissent<br />

avec du poussier de charbon et en font des briquettes qui, en brûlant, dégagent une bonne odeur. La cendre de<br />

marc est un bon engrais pour <strong>le</strong>s pommiers.<br />

Le marc peut encore être utilisé comme fumier ; sous cette forme, il représente une va<strong>le</strong>ur d'environ 0 fr. 30<br />

<strong>le</strong>s 100 kilos. On l'emploie en mélange avec <strong>le</strong> fumier, ou on en fait un compost en <strong>le</strong> mélangeant à un quart ou<br />

un cinquième de son poids de chaux ou de marne ; c'est une excel<strong>le</strong>nte pratique d'y ajouter de la cendre, des<br />

phosphates fossi<strong>le</strong>s ou des scories de déphosphoration ; ce compost servira surtout à la fumure des vergers.<br />

[p. 56]<br />

Nous estimons ces notions suffisantes pour guider nos <strong>le</strong>cteurs dans la direction de <strong>le</strong>urs vergers, la<br />

fabrication de <strong>le</strong>ur cidre et autres opérations accessoires.<br />

A ceux qui désireraient de plus amp<strong>le</strong>s renseignements, nous conseillons la <strong>le</strong>cture des ouvrages spéciaux à<br />

ce sujet parus dans ces dernières années et plus particulièrement <strong>le</strong>s suivants :<br />

I. — Le Cidre, <strong>le</strong> Poiré, <strong>le</strong>s Boissons économiques, par E. RIGAUX, professeur départemental d'agric. à Mende<br />

(Lozère), 1 vol. in-12, 150 pages et de nombreuses figures ; chez Bernard-Tignol, libraire-éditeur, 53 bis , quai des<br />

Grands-Augustins, Paris, prix franco 1 fr. 75<br />

II. — Traité pratique de la fermentation sans aléa des jus de raisins, pommes, et de tous autres fruits, par P. B.<br />

N OËL , 9, rue d'Odessa, Paris, 1 br. in-12, 60 pages ; en vente chez l'Auteur, prix franco 1 fr. 50<br />

III. — La Cidrerie moderne ou l'Art de faire <strong>le</strong> bon cidre, par MM. G. JACQUEMIN, directeur scientifique de<br />

l'Institut La Claire et H. ALLIOT, ingénieur agrico<strong>le</strong>, 1 fort vol. in-8° de 700 pages et de nombreuses figures ; en<br />

vente chez M. G. Jacquemin, chimiste à Malzévil<strong>le</strong>, près Nancy, prix franco gare, en colis postal 7 fr. 10<br />

IV. — Propriétés médica<strong>le</strong>s et hygiéniques du cidre, par <strong>le</strong> docteur Denis DUMONT ; librairie E. Brulfert, 26, rue<br />

St-Jean, à Caen.<br />

V. — Les meil<strong>le</strong>urs fruits de Pressoirs, par TRUELLE ; Octave Doin, éditeur, 8, place de l'Odéon, Paris.<br />

[p. 57]<br />

TABLE DES MATIÈRES


Culture du pommier et du poirier à cidre<br />

I. — Pépinière — Verger<br />

Engrais<br />

Pépins 7<br />

Semis 8<br />

Arrachage 8<br />

Pépinière 9<br />

Plantation 9<br />

Formation de la tige 9<br />

Création d'un verger 10<br />

Soins à donner aux arbres 12<br />

Engrais 13<br />

II. — Greffage<br />

Surgreffage 15<br />

Fruits de 1 re saison 17<br />

Fruits de 2 e saison 17<br />

Fruits de 3 e saison 17<br />

III. — Maladies et Insectes<br />

nuisib<strong>le</strong>s<br />

Maladies 18<br />

Insectes nuisib<strong>le</strong>s 19<br />

IV. — Récolte<br />

Evaluation de la va<strong>le</strong>ur des fruits. 20<br />

DEUXIÈME PARTIE<br />

Fabrication du cidre<br />

I. — Bâtiments et Matériel<br />

Broyeurs 29<br />

Pressoirs 31<br />

II. — Fabrication<br />

Broyage 36<br />

Macération 36<br />

Lavage des pommes 36<br />

Soins de propreté 37<br />

Pressurage 38<br />

Soins au pressoir 39<br />

Rémiage 39<br />

Choix de l'eau de macération 40<br />

Filtrage 41<br />

Diffusion 41<br />

Ensemencement 41<br />

Levain 42<br />

III. — Fermentation<br />

Moût 43<br />

Ferments 43<br />

Condition d'une bonne fermentation 43<br />

Entonnage 44


Soins aux cuves et fûts 44<br />

Clarifications des moûts 45<br />

Débourbage ou 1 er soutirage 46<br />

Seconde fermentation 46<br />

Collage, 2 o soutirage, mise en fûts 46<br />

Pages<br />

Mise en bouteil<strong>le</strong>s 47<br />

Consommation courante. Conservation 47<br />

Lies à distil<strong>le</strong>r 48<br />

IV. — Maladies du cidre<br />

Remèdes<br />

Troub<strong>le</strong> 49<br />

Pousse 49<br />

F<strong>le</strong>urs 49<br />

Graisse 50<br />

Amertume 50<br />

Acétification 50<br />

Noircissement 51<br />

Remèdes généraux contre <strong>le</strong>s maladies du cidre 52<br />

Antiseptiques 52<br />

V. — Poiré — Eau-de-vie<br />

Vinaigre<br />

Poiré 52<br />

Eau-de-vie 53<br />

Vinaigre 53<br />

VI. — Utilisation des marcs<br />

Utilisation des marcs 55<br />

[p. 58]<br />

[p. 61]


[p. 62]

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