Les canaux d'irrigation du Briançonnais

Introduction
L’eau a toujours été au centre des préoccupations des sociétés humaines, aussi
loin que l’on remonte dans le temps et dans l’espace. Pour répondre à ses
besoins, l’homme a dû se donner les moyens d’utiliser et de maîtriser cette
ressource essentielle à toute vie. Si l’eau manquait, il fallait aller la chercher
et la canaliser; si elle sortait de son lit, il fallait s’en protéger. Ainsi, depuis les
premières traces celtes jusqu’à la création du lac de Serre-Ponçon, les communautés
hautes-alpines ont dû domestiquer, entretenir, détourner les cours d’eau
des rivières et des torrents afin d’apprivoiser leur environnement. 1
Bien que nous n’ayons guère de traces écrites sur les conditions de vie des
Briançonnais avant la fin du Moyen Âge, on peut aisément imaginer qu’ils ont
su utiliser l’eau des torrents et des rivières en la dérivant le long de canaux pour
irriguer leurs terres, et se protéger des eaux torrentielles dangereuses. Il existe,
en effet, des réseaux de canaux d’irrigation anciens et très diversifiés dans le
Briançonnais.
Il est important de souligner qu’en dehors des aspects agricole et environnemental,
les canaux ont eu un rôle social essentiel dans les sociétés alpines, car
pour construire, entretenir, développer et utiliser les canaux, ces communautés
devaient se réunir, s’organiser et faire appliquer des règlements engageant toute
la population. 2
Ces pratiques, établies depuis des siècles, se sont maintenues grâce au travail
collectif d’entretien des canaux. La transmission de ces savoir-faire se faisait
de génération en génération. La mobilisation des utilisateurs des canaux était
spontanée sinon systématique, puisque ces réseaux étaient essentiels à l’agriculture
de montagne qui fournissait les denrées de première nécessité aux habitants.
Mais, depuis quelques décennies, ce paysage physique et humain s’est
profondément modifié et continue de se transformer. La vie des montagnards
s’est certes adoucie, les contraintes liées à l’environnement ne sont plus les
mêmes que par le passé, le confort et l’accès aux services ont rendu superflu les
différents travaux d’aménagement et d’entretien du paysage alpin. Le patrimoine
culturel et environnemental spécifique à ce milieu en subit les conséquences
qui, bien qu’en général bénéfiques du point de vue humain, sont néanmoins
souvent dramatiques du point de vue territorial. Les bouleversements qu’ont
connus les milieux alpins au cours de la deuxième moitié du XX e siècle ont
profondément modifié les mœurs et la culture de ce «pays», et de nombreuses
traditions séculaires sont en voie de disparition.
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Histoire des Alpes – Storia delle Alpi – Geschichte der Alpen 2007/12