les danses populaires - Médiathèque du Centre national de la danse
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V<br />
LES DANSES DES LIEUX CONSACRES<br />
Les hommes ont vénéré certaines pierres, certains<br />
arbres, certaines sources. Il y a eu un rituel <strong>de</strong>s lieux<br />
consacrés qui comportait <strong>de</strong>s <strong><strong>danse</strong>s</strong>. Ce culte se rattache<br />
plus ou moins à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité.<br />
Ron<strong>de</strong>s et Chaînes autour <strong>de</strong>s Arbres.<br />
Les Ang<strong>la</strong>is appe<strong>la</strong>ient ce genre <strong>de</strong> <strong><strong>danse</strong>s</strong> <strong>les</strong> May<br />
po<strong>les</strong>dances et distinguaient <strong>les</strong> gathering peascods,<br />
<strong>les</strong> sellenger's round, etc.<br />
On formait surtout <strong>de</strong>s chaînes et <strong>de</strong>s cerc<strong>les</strong><br />
Ron<strong>de</strong>s autour <strong>de</strong>s Menhirs. autour <strong>de</strong>s arbres.<br />
Les Korrigans, nains affreux, créatures fantastiques,<br />
dansaient autour <strong>de</strong>s menhirs, d'après <strong>la</strong> lé-<br />
Danses <strong>de</strong>s Fontaines.<br />
gen<strong>de</strong> bretonne, mais <strong>de</strong>s hommes aussi ont dansé En Dordogne, <strong>les</strong> jeunes gens et <strong>les</strong> jeunes fil<strong>les</strong> se<br />
autour <strong>de</strong>s vieil<strong>les</strong> pierres sacrées. rendaient encore, au début <strong>du</strong> xix" siècle, à une fon-<br />
Dans le Cantal, on formait encore <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s il y a<br />
quelques années autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grands menhirs.<br />
taine qu'on appelle « <strong>la</strong> Fontaine d'Amour »<br />
saient sur un p<strong>la</strong>teau qui <strong>la</strong> surplombe (1).<br />
et dan-<br />
VI<br />
LES DANSES CHRISTIANISÉES ET LITURGIQUES<br />
Si l'Eglise, après ses premières victoires, avait<br />
interdit toutes <strong>les</strong> manifestations païennes, il eut<br />
semblé aux gens que <strong>la</strong> vie s'arrêterait, car <strong>la</strong> religion<br />
était mêlée à tous <strong>les</strong> actes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<br />
On ne rompt pas brusquement <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s millénaires.<br />
Il fal<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> foi nouvelle s'imposât sans<br />
commettre d'impiétés, pour ainsi dire. On n'eût pas<br />
supporté que <strong>les</strong> prêtres <strong>du</strong> Christ déc<strong>la</strong>rent absur<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>s gestes, <strong>de</strong>s pratiques qui avaient fait leurs<br />
preuves. Et <strong>les</strong> gens pouvaient dire, car telle était leur<br />
conviction, « il n'est pas absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> se <strong>la</strong>ver avec<br />
l'eau <strong>de</strong> certaines fontaines miraculeuses puisqu'el<strong>les</strong><br />
guérissent vraiment; il n'est pas absur<strong>de</strong> d'adorer telle<br />
pierre puisqu'elle a ren<strong>du</strong> nos femmes fécon<strong>de</strong>s. Il<br />
n'est pas absur<strong>de</strong> d'adorer telle statue, image d'un<br />
dieu ou d'une déesse, puisqu'elle a exaucé nos<br />
prières. »<br />
L'Eglise, dès l'origine, <strong>du</strong>t cultiver <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce.<br />
moges. Certains jours <strong>de</strong> fête, <strong>de</strong>s saltations joyeuses<br />
furent admises. L'Eglise espéra même christianiser<br />
<strong>les</strong> luperca<strong>les</strong>, <strong>les</strong> fêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité, mais c'est<br />
elle, cette fois, qui faillit se paganiser.<br />
A <strong>la</strong> longue, il fallut bien s'apercevoir que <strong>les</strong><br />
<strong><strong>danse</strong>s</strong> erotiques, aussi anciennes que <strong>les</strong> autres, cor-<br />
rompaient toute <strong>la</strong> chorégraphie religieuse.<br />
La Comédie et <strong>la</strong> Danse, avant <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> Moyen<br />
Age, sortirent ensemble <strong>du</strong> sanctuaire; on continua<br />
longtemps à <strong>danse</strong>r <strong>de</strong>vant l'église. De même, <strong>les</strong><br />
Confrères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion s'éloignèrent lentement. En<br />
1789, dans certaines provinces, c'était encore le curé<br />
qui donnait le signal <strong>de</strong> <strong>la</strong> première <strong>danse</strong>, mais <strong>les</strong><br />
<strong><strong>danse</strong>s</strong> à tendance erotique rendaient encore trop<br />
profane le parvis. L'Eglise s'étant réformée pour se<br />
p<strong>la</strong>cer au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s jugements <strong>popu<strong>la</strong>ires</strong>, ne pou-<br />
vait plus tolérer ce qu'elle avait admis, dans une<br />
espérance chrétienne, jusque dans le sanctuaire.<br />
Non, rien <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong> n'est absur<strong>de</strong>, dit-elle à ses<br />
catéchumènes. Mais c'est Dieu, c'est tel saint, telle<br />
sainte, qui se manifestent dans cette fontaine, dans<br />
cette pierre, dans cette statue.<br />
Il y a un texte sans équivoque <strong>de</strong> saint Augustin :<br />
« On ne détruit pas <strong>les</strong> temp<strong>les</strong>, a-t-il dit, on ne brise<br />
point <strong>les</strong> ido<strong>les</strong>, on n'abat point <strong>de</strong>s bois sacrés, on<br />
fait mieux, on <strong>les</strong> dédie à Jésus-Christ». (Saint Au-<br />
gustin, épître XLVII).<br />
Or, <strong>les</strong> hommes dansaient. Ils priaient <strong>les</strong> dieux<br />
en dansant. L'Eglise, fidèle à sa ligne <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite,<br />
Danse <strong>du</strong> Contrepas en Catalogne.<br />
Les Cata<strong>la</strong>ns considèrent <strong>la</strong> <strong>danse</strong> <strong>du</strong> contrepas<br />
comme une ancienne <strong>danse</strong> d'église.<br />
De chaque côté d'un chœur, <strong>de</strong>s hommes se groupent<br />
en <strong>de</strong>mi-cercle. Les pas marquent <strong>de</strong>s mouvements<br />
en avant et en arrière, qui <strong>de</strong>vaient accuser<br />
<strong>les</strong> réactions <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule écoutant un chant religieux<br />
dramatique.<br />
Le contrepas comporte <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s qui n'existaient<br />
peut-être pas primitivemnet.<br />
n'interdit pas <strong>les</strong> <strong><strong>danse</strong>s</strong> qui avaient été sacrées. Elle<br />
ouvrit même aux <strong>danse</strong>urs <strong>les</strong> portes <strong>de</strong> l'église. Il Fête-Dieu <strong>du</strong> Pays Basque.<br />
fal<strong>la</strong>it sanctifier ces gestes d'humaine bonne volonté.<br />
Certaines <strong><strong>danse</strong>s</strong> <strong>de</strong>vinrent liturgiques : le grand<br />
chantre « bal<strong>la</strong>it » après le premier psaume. Pendant<br />
Les jeunes gens, couverts <strong>de</strong> vêtements éc<strong>la</strong>tants,<br />
accompagnaient le Saint-Sacrement en dansant et en<br />
<strong>la</strong> messe, dit Tertullien, <strong>les</strong> premiers chrétiens dan- (1) Nous savons qu'en Alsace il y eut en mai une fête <strong>de</strong>s<br />
saient en chantant <strong>de</strong>s hymnes et <strong>de</strong>s cantiques. On<br />
dansa pour <strong>les</strong> saints. Au xvii<br />
fontaines et <strong>de</strong>s sources. Voir Gottfried <strong>de</strong> Strasbourg, dans<br />
0 siècle on rythmait Tristan et Iseult et Jôrg Wickrain <strong>de</strong> Colmar, dans ses romans<br />
encore <strong>de</strong>s pas en l'honneur <strong>de</strong> saint Martial à Li- <strong>du</strong> xvi" siècle.<br />
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