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A MON SEIGNEVR
MESSIRE CHARLES DE
TISNAC, CHEVALIER, NAGVIERES CONSEILLER
D'ESTAT, ET GARDE DES SEAVX DV ROY CATHOLIQUE,
& a present Chef & President du Conseil priué
de sa Mate, Thresorier de son Ordre du Thoyson d'or, &
Garde des chartres du Pays & Duché de Brabant,
Messire Iosse de Damhoudere, Docteur es
Droictz, desire salut & Felicite.
LE POETE Horace dict par vne sentence fort memorable,
qui est presque a la bouche d'un chascun, & aussi tenue
pour veritable, Que ce n'est la moindre louenge, d'estre
agreable & bien voulu des Princes. De laquelle (encores que
mes pensees soyent occupees ailleurs) me souuient toutes
& quantes foys que se fait mention de vous, ou que vostre
presence s'offre a ma memoire. I'ay aultrefois dedie a vostre
Seigneurie le liure des Similitudes en droict, a fin que par la seulle Inscriptiō du
liure peussies entendre, que i'auois bonne souuenāce de vous, ores que fussiez
absent es Royaulmes d'Espaigne, distans si loing de vostre patrie. Mais vous estant
presentement par la grace & ayde de Dieu retourne d'Espaigne en vostre dicte
patrie & residence, auec vostre famille, pourueu de plus grands Estatz & di
gnitez, ie sembleroye dissemblable a moymesmes, si ie ne feisse quelque present
de mes labeurs a vostre Seigneurie, que ie cognois luy estre plus agreable que
aultres grāds & somptueulx dons & presens, attēdu qu'iceulx perissent biē tost,
& les aultres durēt, & auec le temps s'estiment d'auantaige. Parquoy Monsieur,
m'estant tregrād plaisir de veoir vostre Seigneurie de retour, esleuee en grands
honeurs, & pourueue de l'un des principaux & meilleurs Estats de pardeça, ie ne
puis obmettre de grandement en ce vous congratuler, vous vueillant rēdre tou
te obeissance, honneur, & seruice possible, ayant ci deuant fort desire pouoir auoir
quelque iour, l'heure & opportunité, pour vous demōstrer par effect ceste
mienne bonne volonte & affection :a ce que vostre Seigneurie peust euidemment
cognoistre, que mon intention n'est de vous offrir seullement quelque
present, procedant de mes estudes, ains de rēdre toute peine possible pour vous
seruir d'un vray zele & prōptitude en toutes choses, ou mon seruice vous pour
ra venir a propos, & estre agreable: & aussi a tousiours celebrer vostre nom digne
de tout honneur & louenge. Prenant exemple aux laboureurs, qui ne se con
tentent d'offrir seullement vne foys a nostre Seigneur Dieu de leurs biens de
terre, bestail, & autres choses prouenās de leur labeur: mais considerās le grand
benefice qu'ils reçoiuent de la bonte Diuine, ne cessent de reiterer semblables
dons & offrandes. Comme aussi font les bons subiectz a leur Prince, l'assistant
de leur pouoir & cheuance toutes & quantes foys qu'ils se treuuent estre requis
& necessaire, pour le rendre tant plus affectionne a leur bien, preseruation, &
♣ 2 deffence.

deffence. Mesmes les prieres & oraisons reiterees sont tresagreables a Dieu: voire
tous les offices d'amitie, qui se font a foys reiterees, sont les plus agreables,
& font accroistre l'amitie & l'affection. En saluant les bons & grands amys
par gemination de salut, ou salutation soubhastee, exprimons l'affection de
nostre cueur & courage. Vn goblet destine pour la soif souuentesfois repetons
& reprenons, & ne sommes contens d'un coup ou d'un traict. Affin que
l'eaue caue la pierre, est besoin qu'elle tombe souuēt, non par force, ains par fre
quente cheute, & la constance de l'oeuure faict cela, que la pierre se creuse. Ce
n'estoit assez a Sainct Paul, d'escrire vne Epistre seulle aux Corinthiens, Thessaloniciens,
& a son disciple Timotheus, ains il leur en a escrit vne aultre beaucoup
plus exquise & excellente. Ledict Poete Horace a dedie a Mecenas son pa
tron vnique diuerses oeuures siennes, & signamment les Odes, & le premier li
ure de ses Epistres, & a este souuent faict le semblable par plusieurs aultres. Par
ou Monsieur, ne vueillez trouuer estrange, si ie vous presente de rechef vne aultre
mienne oeuure, renouuellant par ce la souuenance de nostre ancienne cognoissance
& amitie, attendu que le petit present par accession de plusgrand, merite
recommendation, & reçoit quelque perfection. Car comme l'excellent orateur
Cicero eust entendu que la harengue, qu'il auoit fait pour Milon, & enuoye
au Senateur Brutus, ne plaisoit assez a icellui, il en cōposa vn aultre pour
le mesme Milon, que nous auons encores pour le iourdhuy au volume des harengues
ou oraisons dudict Cicero, laquelle passe de beaucoup toutes les aultres,
selon que les plus excellens autheurs tesmoingnent. A l'imitation de quoy,
ie desireroye pouoir faire le semblable, qui pourroit redonder a vostre honneur
Vous scauez & entendez tresbien, que la nauire principalle ne se contregarde
des tempestes auec vn seul ancre, mais auec plusieurs. Aussi les gens de guerre
ne se cōtentent de gaigner la grace de leur Roy, ou de leur Prince par vng seul acte,
mais s'employent a faire tous bons debuoire & offices a toutes occasions s'of
frans a tous dangiers & perils pour estre estimez & bien vouluz de leur Prince,
& superieur. Ce qu'auez bien peu veoir par experience aupres de l'Empereur
Charles le Quint de treshaulte & tresheureuse memoire, l'ayant si longuement
& louablement serui de Conseiller, tant en faict de guerre, que de paix. A raison
de quoy, mesmes au regard de tel & tant euident tesmoignaige de vostre
tresgrande vertu & prudence, i'ay este meu de vous dedier vn nouueau liure, &
soubz la faueur de vostre nom le mettre en lumiere: attēdu que ledict tresgrād,
tressage, & tresprudent Empereur, n'approuua oncques rien de vulgaire: ains
estimoit seullement choses grandes & excellentes. Et ne donna oncques charge
notable, fors a personages tresbien qualifiez, synceres, diligens, & modestes, de
sorte que ceulx qui furent estimez de luy, comme du meilleur, & plus excellēt
Prince de la terre, estoyent dignes de tresgrāde & vraye louenge: veu quil auoit
aprins, tant par la nourriture, institutiō, & excellence des ses Ancestres, cōme par
auctorite & discipline de ses precepteurs & maistres, & mesme par son iugemēt
naturel, qui estoit tresgrand & singulier en lui, qu'vn bon Prince doibt auoir
lez sa personne des meilleurs domestiques, familiers, conseillers, & ministres,
comme membres sains d'un corps robuste & entier, & le plus grand ornement
d'une grande court & maison, & les plus fermes instrumens des paines, labeurs,
& trauaulx. Car puis que ceux de petite qualite, s'associent volontiers des meilleurs,

meilleurs, c'estoit bien raison & decent, qu'vn tel Empereur en eust si tresgrand
soing & cure. Vulgari, sed tamen vero & eleganti disticho iactatur.
Optima cum iustis est conuersatio, qua tu
Perspicuum fama nomen habere potes.
Par ou se peult a bonne cause ce tresgrād Empereur cōparer a Eneas le Troy
en. Et n'est sans cause que les Italiens le nommēt Dauid, les Espaignolz Geryō,
aultres Trayan, les François Hercules, les Turcz Iules Cesar, les Africans
Hannibal. Et a bonne raison peult porter le nom de Eneas le Troyen, au respect
des grandz personnages de sa Court, Cheualiers & Cōfreres de son ordre
du toyson d'or, & de ses conseillers & ministres. Car en ce que ledict Eneas auoit
des grands personnages & conseillers lez luy, ledict Seigneur Empereur
Charles l'a secōdé prudētement. Car cōme ledict Eneas auoit chez luy, le tressaige
Ilioneus, Achates le tresloial, Antheus le subtil, Sergestus le prudent, & le
plus fort Cloāthus, par l'aduis, & a l'ayde desquels il a mis a fin choses biē memo
rables, ainsi a ledict Seigneur Empereur eu aussi en sa cōpaignie & seruice tresillustres
& tresexcellēs personages, a sçauoir Don Pedro de Toledo, Don Antonio
de Leyua, Don Fernād de Toledo Duc d'Alue, Messire Guillaume de Croy
Marquis d'Arschot, Messire Nicolas Perrenot Cheualier, Seigneur de Granuelle,
& l'illustrissime & Reuerendissime Messire Antoine Perrenot de Granuelle,
Cardinal du sainct siege Apostolique a Rome, premier Arceuesque de Malines,
filz aisne dudict Seigneur de Grāuelle, Messire Viglius de Zuyghem, Vostre
Seigneurie, & plusieurs aultres persōnages, lesquelz i'omette ici pour euiter prolixité.
Hic certe ille erat, ad quem illud, quod apud Vergilium legitur, detorqueri
potest, & recte accommodari.
Carolus is Caesar, Rex quo vix iustior alter,
Nec pietate fuit, nec bello maior, & a♣is,
Quem pia fata virum retinent, & vescitur aura
Aetherea, qui iam caelestibus occubat vmbris.
Rursus hi erant illi, quod praedicti Principes viri olim Aeneae
Praecipites vigilare viri, & considere transtris,
Soluere vela citi, quoscunque subire labores
Prompti, praesentes, cingentes tempora ramis,
Et viridis virtus, animusque in pectore feruens
Ad fuit his, nec laudis amor, nec gloria cessit,
Pulsa metu pietas, probitas, tum cana fidesque.
Et vt illud Horatij addam.
Qui consulta patrum, qui leges iuraque seruant. Deinde etiam vna cum his Imperator ille
Iura dabat, legesque viris, operumque labores
Partibus aequabat iustis, aut sorte trahebat.
A raison de quoy, Mōseigneur, ie vous estime tresheureux, & digne de toute
louenge, tant pour auoir este du Cōseil d'un tel et si excellēt Empereur, de vertu
& prudence tant rare, qui a bon droict se peult nōmer l'vnique Phenix de tous
Empereurs passez, que auoir este du nombre de telz personnages, & non pas le
moindre d'ētre eulx, aiant ♣tonsiours este prise & loue, non seulemēt dudict Seig
neur Empereur, mais de toute sa Court, qui est tesmoignage souffisant de voz
vertus, prudence, & grande literature, sans auoir besoin de ma louenge particuliere.

Et neantmoins si par vostre longue absence, il semble que de ma part aye
este commise alendroit de vostre dicte Seigneurie aucune negligence d'office, ou
♣ 3 de gratitude,

de gratitude, ie desire que celle faulte & silence puisse estre recompense par ceste
mienne recognoissance, & commemoration de l'amitie, passee, m'offrant de rechef
tresprompt & volontaire a renouueller nostre ancienne & mutuelle amitie,
& faire tous offices requis pour la garder & conseruer inuiolablement. Non
que ie doubte aucunement, que ne prendrez de bonne part ceste mienne epistre
Dedicatoire, auec l'oeuure nouuellement mis en lumiere: Car si lors, qu'a
grand paine & trauail suiuiez la personne d'un tel & si grand Empereur, en qualite
de Conseiller & Maistre des Requestes de son hostel, par Mer & par Terre,
en diuerses expeditions de guerre, loings & dangereux voyages, tant en la Germanie,
& Italie, qu'en la France ou Gaule Celticque, a grand honneur & louenge,
vous receuiez toutes Requestes, Supplications, & aultres escriptz, qui vous
furent presentez, en toute benignite & allegresse, dois-ie mantenāt doubter, que
n'accepterez de bien bon visaige, & approuuerez de bonne volōte ce miē labeur
dedié a vostredite Seigneurie? Au moyen de quoy, iay este esmeu, de non seullement
me remettre a mes lucubratiōs, que pour quelque tēps i'auoys mis de coste,
voyāt mon grand aage, & mes iournelles & diuerses occupatiōs au seruice de
sa Maiesté, & aultres empeschemens, suruenuz a cause des esmotiōs, & troubles
passez, qui en eussent biē peu diuertir les plus studieux, mais aussi proposé de re
prēdre la plume, & exerciter le stil en diuerses langues. Car cela me doibt certes
seruir de grand exēple, que vostre Seigneurie n'a oncques de riens intermis ses es
tudes, encores qu'elle ait este pressee de biens grāds & infinis negoces, estant par
ce successiuemēt promeu a plus grands hōneurs, estats & dignitez: Car souuent
nostre Seigneur Dieu remunere les vertuz & biēfaicts selō les labeurs & merites.
Et ne se dict sans cause, par cōmun prouerbe, Que chascun forge & fabricque a
soy mesmes sa propre fortune: veu que par voz grands labeurs & estudes, vous
auez acquis grāde promotion & auācement. Et mesmes du tēps de la Regēte de
feu de treslouable memoire la Royne douagiere de Hongrie, de Boheme & c.
auez este cōstitue & mis au Conseil d'Estat de sadicte Maiesté Imperiale en ces
pays Bas Et depuis a la reception & aduenemēt de nostre Roy trescatholicque a
la seigneurie, gouuernemēt & administratiō d'iceulx pays Bas, auez nō seulemēt
este retenu en voz anciēs estatz & offices, ains decoré de plus grād hōneur & dig
nite de Cōseiller d'Estat, & Garde des seaux de sa Maieste Catholicque, ayāt suyui
la persone d'icelle en ses Royaumes d'Espaigne, & en ladicte charge vous employe
& acquitte auec toute fidelité, dexterité, & diligēce requise, au grād conten
temēt & satisfaction de sadicte Mate. De maniere que apres le trespas de feu Mes
sire Pierre Boisot, Cheualier, Tresorier de l'ordre dudict Toyson d'or, vous auez
este cōmis audict Estat vacant. Et neantmoins, considerant sa Maieste, que telle
recompense n'estoit condigne aux merites de voz vertuz, labeurs, & industrie,
au regard des grandz, loiaulx, & notables seruices, qu'en diuerses charges d'importance
auez a grand honneur fait a icelle par longues annees, en y continuāt
tousiours d'une tresgrande & singuliere promptitude & alacrite, sadicte Maieste
a biē voulu vous remunerer selon voz merites: de sorte, que pour vous mettre
en meilleur repos en vostre ancien aage & vieillesse, apres auoir enduré tant
de paines & trauaux en son seruice, & au parauant soubz sadicte Maieste Impe
rialle, entendant le desir qu'auiez de pouoir quelque iour retourner vers la patrie,
vous a volontiers en ce gratifie, en vous accordant liberalement vostre retraite,

auec plusieurs dons & mercedes cōdignes a voz dits seruices, en vous decorant

corāt iointement de l'Estat & dignite tresgrāde de Chef & President de son Con
seil priué en ses dits pays Bas. Qui donne treseuidēt tesmoignage de cōbien voz
grauds & loiaux seruices ont este agreables a sadite Mate. Royalle: & qu'en iceux
vous estes tousiours tant soigneusement, vertueusemēt, fidelemēt, & diligēment
porte, employé, & acquitté. Car sadite Mate. n'est acoustumée de monstrer sa largesse
& liberalité, sans grāde occasion & merites, estant de son naturel enclin a fa
uoriser & aymer les bōs & vertueux, les promouuoir & pourueoir liberalemēt,
& les traiter gracieusement, & au cōtraire punir & corriger les mauuais, se faire re
douter de ses ennemis, & chastier les meschans, a fin par ce moyen conseruer ses
Royaumes & pays en bonne paix, repos, & trāquillite: qui est le vray office d'un
Roy, pour bien regir & administrer pays & royaumes. Ie pourroys encores ici
alleguer diuers argumens de voz louenges, & vie treslouable, qui se representent
abondamment de toutes partz: mais les grands benefices que sadite Mate vous
a fait, m'en ostent le moyen & l'occasion, car voyant la grande liberalité, dont sadite
Mate a vse enuers vous, on n'y scauroit riens adiouster dauantage. Par ou i'es
pere y auoir satisfaict, & m'estre acquitte au fait de voz dites louenges: & que par
icelles i'auray incite, encourage, & stimule plusieus a suyure voz vestiges & vertus
Heroiques. Il en y a encores pour le present beaucoup, qui trouuans par ex
perience que les peines, labeurs, & vertus ne sont condignement remunerez, se
rendēt tardifz & difficilz aux estudes, & au seruice de la Republicque. Et delaissās
les charges publiques, s'adonnent a leur gaing & proufit particulier: sans se soucier
du biē de leur prochain: ans entēdent seullement (& plus qu'il ne cōuient) a
leur propre biē, proufit, & vtilité. Telz ne pensent qu'apres lōgue attente, le bon
Dieu en dōne finablemēt remuneratiō. Car plusieurs s'approuuēt par pacience.
Ce que aussi les Philosophes & Poétes payēs & Ethniques ont tresbien cogneu,
comme le grand Poëte Vergille dechiffre fort bien en son Epigramme de la lettre
de Pythagoras, quant il chante comme sensuit.
Nam via virtutis dextrum petit ardua callem,
Sed requiem praebet fessis in vertice summo.
Molle ostentat iter via lata, sed vltima meta
Preacipitat captos, voluitque par ardua saxa.
Comme aussi le Poete Ouide en son liure deuxiesme de Ponto, escrit bien elegamment.
Difficile est, fateor, sed tendit in ardua virtus,
Et talis meriti gratia maior erit.
Estant tresnecessaire a ceux qui desirēt acquerir vraye louēge, de souffrir & endurer
grands labeurs & trauaulx, & se mettre en diuers dangers & perilz, pour a
la fin, comme d'un naufrage a bon port, pouoir paruenir a tel degré d'estat &
honneur, qu'ilz en puissent acquerir perpetuelle memoire & louēge, cōme il est
aduenu a vostre Seigneurie, laquelle pourra seruir de vray miroir & exemple
aux craintifz & pusillanimes. Car ensuiuant voz vestiges sans refuser peine ou la
beur, ilz ne faudront indubitablement de paruenir semblablement a hōneur &
louenge, dont ausi ilz obtiēdront remuneratiō. Bien qu'ilz ne paruinssent a tel
& si gran degre d'honneur & estat, comme il est aduenu a vostredite Seigneurie,
du moins ilz paruiendront a quelque chose. Lequel espoir a entretenu iusques
ici plusieurs, & moy pareillement, sans ce pendant me rendre las ou retif
a m'employer pour le bien & vtilite publicque, combien que mon aage sem

le doresnauant requerir plus de repos & auant estre inutil aux armes, les remettre
es mains de ceulx, qui plus vigoureusement les pourront poursuiure,
♣ 4 pour

pour le respect desquelz auons eu plus de soing & cure de la patrie, & comme
de main a main les remettons a iceulx. Et neantmoins encores reste en nous
quelque force & vIugeur, et ores qu'elle ne soit entieremēt naturelle, toutes fois
par accoustumance (laquelle par vsance se cōuertit en nature) nous auons vne
promptitude & affection d'estre volontiers occupez és affaires publiques. Et en
aurions d'auantage, si nous fussions aucunement soulagez des grands labeurs
& trauaulx que soustenons iournellement: & seroit supplée par la force & vertu
de l'esprit, ce que les forces corporelles ne peuuent prester, dont nous sans
grand traueil, nous pourrions contenir en office. Qui est le chemin qu'ont tenu
noz ancestres, lequel aussi Monseigneur, vous suiuez, & nous pareillement,
tant qu'en nous est, combien, que peut estre, semble a aucūs que ce soit de loin,
& a pas inegaux. Mais ainsi fault il faire auant que paruenir a choses meilleures.
Toutes fois si aucuns voulsissent prendre meilleur regard a noz trauaux &
labeurs, ilz en auroyent aultre opinion. Car il n'y a si peu de temps que ne l'em
ployons au bien public. Et quand d'auenture nous pouons recouurer quelque
temps de relay, nous ne laissons icelui passer sans fruit: ains sommes alors en
plus de negoces, lisant, composant, escriuāt, ou estudiāt, & faisant quelque oeuure,
par ou puissiōs dōner compte aux personnages doctes & sçauans, en quoy
nostre tēps s'employe: & ayder la posterite en ses estudes, & aussi pour tesmoigner
d'auoir vescu quelque fois. Et comme naguiere nous ayons traduit en
langue Frāçoyse la Practique Ciuile, ci deuant par nous composée en langue La
tine, pour la mettre en lumiere, & oster de beaucoup de peine ceux qui n'en
tendent le Latin, & aussi acommoder le peuple, qui par ces cōmentaires pour
ra sçauoir commēt on se doibt reigler aux proces en causes & matieres ciuiles,
pour n'estre deceu ou circonuenu par leurs Aduocats & Procureurs, comme il
aduient bien souuent, mesmes pour gratifier aux Iuges & Officiers, ne s'entendans
en Droit, ou bien ceux qui voudront traiter matieres de Droit ou estudier
en iceluy, lesquelz pour l'exercice de la langue Françoyse en receuront
grād plaisir, iay biē voulu dedier a vostre dite Seigneurie ces cōmētaires susdicts,
tant pour les causes & raisons dessus mentiōnées, que pour soubs l'auctorité de
vostre nom, les mettre plus seurement en lumiere. Afin que ceux, qui se
delectent a l'estude du Droit, & ayment la langue Françoyse, ou qui s'en
doiuent ayder & seruir es lieux plaidoyables, ou lon vse d'icelle, en
puissent receuoir plaisir & vtilité. Et sur ce mon Seigneur
vous prieray me vouloir a tousiours tenir pour tresrecomande
en la bonne grace de vostre Seigneurie.
Escript a Bruxelles le XV. iour
de Feurier. l'An I572.

IVDICIS ORNAMENTVM EST MAXIMVM, SI CVM OMNI SCIENTIARVM
GENERE IVRISPRVDENTIA INSIGNITVS POLLEAT.
[tout image]
PET. SYL.
CORPORIS EFFIGIEM MANVS IMPRESSORIA SOLAM
AVCTORIS TIBI DAT. CAETERA NON POTVIT.
AT QVAE NON POTVIT PRESSOR, FOELICIVS AVCTOR
EMISSIS LIBRIS PRAESTITIT IPSE SIBI.

INDICE OV REPERTOIRE
DE TOVS LES CHAPITRES, ET TILTRES, QVI EN
CESTE PRACTIQVE CIVILE, POVR PLVS GRAND
ESCLERCISSEMENT SE DISTINGVENT
en dix Tempores, auec explication de ce que nous asemble
deuoir estre premis a ces Tempores.
Chapitres des Notes iudicieles.
CHAPITRE I.
Quelles personnes sont necessaires en Iugement. page. I.
CHAP. II.
Des Iuge. page. I.
CHAP. III.
De la diuersité des Iuges.
CHAP. IIII.
Des Iurisdictions. page 3.
CHAP. V.
Des Consistoires, qu'ilz appellent communement en Flandres, Chambres, ou Vierschares.
page. 5.
CHAP. VI.
Des Conseils Souuereins. page. 8.
CHAP. VII.
Des Iuges deleguez. page. 9.
CHAP. VIII.
Des Arbitres. page. 10.
CHAP. IX.
De l'office du Iuge. page. 10.
CHAP. X.
Des Parties. page. 12.
CHAP. XI.
Des Iustice. page. 12.
CHAP. XII.
Du Droict. page. 13.
CHAP. XIII.
De poursuiure son droict par Iustice. page. 14.
CHAP. XIIII.
De faire ou administrer Droict & Iustice pour & a soy mesmes. page. 14.
CHAP. XV.
D'empescher par soy mesme nouuel ouurage. page. 17.
CHAP. XVI.
De se deliurer de Rentes & Debtes. page. 18.
CHAP. XVII.
De se deliurer des Iugemens & Procesa venir. page. 19.
CHAP. XVIII.
Pour euiter & eschapper des debtes d'un heritage ou successiō, ou en vne maison
mortuaire chargée. pag. 20.
CHAP. XIX.

Des Iugemens, Causes & Proces. page. 23.
CHAP. XX.
Comment on procede en Iugemens & Proces Ciuils. page. 23.
CHAP. XXI.
De Proceder ordinairement. page. 24.
CHAP. XXII.
De Proceder sommairement ou simplement. page. 25.
CHAP. XXIII.
De Proceder

De Proceder de Plain, ou de Plano. page. 25.
CHAP. XXIIII.
De Proceder sans forme & figure de Iugement. page. 26.
CHAP.XXV.
Des Parties du Iugement ordinaire. page. 27.
CHAP.XXVI.
De diuers membres du Proces ordinaire. page. 28.
Chapitres du premier Tempore.
CHAP.XXVII.
De la deliberation qu'on doibt prendre auant commencer le Proces, laquelle nous auons
dict estre
le premier Temps. page. 28.
CHAP. XXVIII.
De intenter Actions. page. 33.
CHAP. XXIX.
Des Actions Personelles. page. 34.
CHAP. XXX.
En quelle maniere on doibt instituer les actions Personelles. page. 35.
CHAP. XXXI.
Des Actions Reeles. page. 35.
CHAP. XXXII.
Comme on instruit & institue vne Action Reele. page. 36.
CHAP. XXXIII.
De Possessoire, Saisine, ou Nouellete. page. 36.
CHAP. XXXIIII.
Comment on institue le Possessoire. page. 37.
CHAP. XXXV.
Difference entre Possession & Saisine. page. 38.
CHAP. XXXVI.
De simple Saisine. page. 39.
CHAP. XXXVII.
Difference entre simple Saisine & Complainte. page. 39.
CHAP. XXXVIII.
De Complainte. page. 40
CHAP. XXXIX.
Comment on doibt mettre la Complainte a Execution. page. 40.
CHAP. XL.
En quels cas Complainte doibt auoir lieu, & en quels non. page. 42.
CHAP. XLI.
De Maintenue ou Maintenues page. 43.
CHAP. XLII.
Difference entre Maintenue & Complainte. page. 44.
CHAP. XLIII.
De Perturbation du faict ou de faict. page. 44.
CHAP. XLIIII.
De Rostablir ou Restablissement. page. 45.

CHAP. XLV:
Par quelle maniere on intente le Petitoire. page. 45.
CHAP. XLVI.
Dt Propriete & Petitoire. page. 46.
CHAP. XLVII.
Des Contracts. page. 46.
CHAP. XLVIII.
Des Contracts particuliers. page. 48.
CHAP. XLIX.
De ceder Actions a aultruy. page. 52.
Du Relief,

CHAP. L.
Du Relief, ou Restitution. page. 54.
CHAP. LI.
De Prescription, ou laps de temps. page. 54.
CHAP. LII.
Difference entre Relief & Requeste ciuile. page. 58.
CHAP. LIII.
Du Iuge Competent. page. 59.
Chapitres du second Tempore
CHAP. LIIII.
De Citation, page. 60.
CHAP. LV.
De Commission ou Citation literalle. page. 63.
CHAP. LVI.
De Requisitoires. page. 64.
CHAP. LVII.
De Citation en General. page. 64.
CHAP. LVIII.
Quels personages doiuent estre les Adiourneurs. page. 66.
CHAP. LIX.
De la maniere d'Adiourner. page. 67.
CHAP. LX.
De iour Competent. page. 70.
CHAP. LXI.
Quand l'Officier se deporte d'adiourner. page. 71.
CHAP. LXII.
De l'Information Precedente. page. 72.
CHAP. LXIII.
Des Relations. page. 72.
CHAP. LXIIII.
De l'Adiournement Reel, qui est prise de corps. page. 74.
CHAP. LXV.
De Rompture de Prison en matiere Ciuile. page. 78.
CHAP. LXVI.
De Relaxation des Prisonniers en matiere Ciuile. page. 78.
CHAP. LXVII.
De Pleige ou Respondant, ou Caution en matiere Ciuille. page. 79.
CHAP. LXVIII.
De bailler diuerses manieres de Cautions. page. 80.
CHAP. LXIX.
De l'Aggrauation des prisonniers. page. 81.
CHAP. LXX.
Dt la miserable Cession des biens. page. 81.
CHAP. LXXI.
De Consignation ou Nantissement. page. 83.
CHAP. LXXII.

De Sequestration. page. 84.
CHAP. LXXIII.
Des Arrests. page. 86,
Chapitres du Troisiesme Tempore.
CHAP. LXXIIII.
De Comparition & Contumace. page. 86.

CHAP. LXXV.
De l'Exoniation ou Excusation de non Comparition page. 87.
CHAP. LXXVI.
Des Defaux & Contumaces page. 89.
CHAP. LXXVII.
Defaut contre le Demandeur ou Impetrant s'il ne compars page. 90.
CHAP. LXXVIII.
Des Defaux & Contumaces contre l'adiourne page. 91.
CHAP. LXXIX.
Autres Defaux contre l'une ou l'autre des parties page. 95.
CHAP. LXXX.
Du temps de donner defaut page. 96.
CHAP. LXXXI.
De se purger de Contumace page. 97.
CHAP. LXXXII.
De se presenter au Rolle page. 98.
CHAP. LXXXIII.
D'Appeller la cause par deuant le Iuge page. 98.
CHAP. LXXXIIII.
De se presenter par Procureur page. 99.
CHAP. LXXXV.
Des Procureurs page. 99.
CHAP. LXXXVI.
Des Procureurs en leurs propres causes page. 100.
CHAP. LXXXVII.
Des procurations Generalles page. 101.
CHAP. LXXXVIII.
De Procurations Speciales page. 102.
CHAP. LXXXIX.
Des Substitutions page. 105.
CHAP. XC.
Quelles Procurations sont suffisantes es Iugemens page. 105.
CHAP. XCI.
De reuoquer vne Procuration page. 106.
CHAP. XCII.
Du faulx Procureur page. 107.
CHAP. XCIII.
De l'Exhibition des Procurations page. 108.
CHAP. XCIIII.
De ceux qui ne peuuent estre Procureurs page. 108.
CHAP. XCV.
De se presenter par autre sans Procuration page. 109.
CHAP. XCVI.
Des Aduocats page. 109.
CHAP. XCVII.
De celuy qui porte & exhibe lettres obligatoires page. 112.

CHAP. XCVIII.
De s'Adivindre & mesler du Proces page. 112.
CHAP. XCIX.
De mettre Pleige ou Caution page. 113.
Chapitres du Quatriesme Tempore.
**

CHAP. C.
De la Demande de l'Acteur page. 114.
CHAP. C. I.
De former vne Demande page. 115.
CHAP. C. II.
De faire Conclusion page. 116.
CHAP. C. III.
De Demander Prouision page. 118.
CHAP. C. IIII.
De Demander les Fruits ou Vsufruits, & de la Restitution d'iceux page. 119.
CHAP. C. V.
De Demander dommage & Interest page. 123.
CHAP. C. VI.
De Demander gain d'Argent page. 125.
CHAP. C. VII.
De Demander peines Conuentionelles page. 127.
CHAP. C. VIII.
De demander Despens page. 128.
CHAP. C. IX.
Des Clauses qui sont vtillement inserées es Conclusions page.129.
CHAP. C. X.
De changer la Conclusion, la corriger & y adiouster page. 129.
CHAP. C. XI.
De accumuler Action page. 130.
CHAP. C. XII.
De fonder ou former Demande page. 130.
CHAP. C. XIII.
Dexhiber lettres de Tiltre, apres la Demande page. 131.
CHAP. C. XIIII.
De Delaiz en General page. 133.
CHAP. C. XV.
Des Delaiz ordinaires auant Litiscontestation page. 134.
CHAP. C. XVI.
Des Delaiz ordinaires apres Litiscontestation page. 135.
CHAP. C. XVII.
Des Delaiz ordinaires apres la Sentence page. 137.
CHAP. C. XVIII.
Des Delaiz extraordinaires page. 138.
CHAP. C. XIX.
Des Feries, ou Vacances page. 139.
Chapitres du Cincquiesme Tempore.
CHAP. C. XX.
De defense & Litiscontestation page. 142.
CHAP. C. XXI.
Des Protestations page. 145.
CHAP. C. XXII.

Des Protestations seruantes és Iugemens page. 146.
CHAP. C. XXIII.
De Decliner du Iuge page. 148.
CHAP. C. XXIIII.
De Demander Renuoy de causés page. 149.
CHAP. C. XXV.
De Recuser Iuge page. 153.
CHAP. C. XXVI.
Des exceptions Dilatoires & Temporelles page. 156.

CHAP. C. XXVII.
Exceptions contre l'Execution, ou Exploict. page. 156.
CHAP. C. XXVIII.
De Proposer Exceptions contre le Procureur & Procuration page. 157.
CHAP. C. XXIX.
De Proposer Exceptions contre l'Aduocat page. 160.
CHAP. C. XXX.
De Proposer Exceptions contre la demande ou libelle page. 163.
CHAP. C. XXXI.
De Proposer Exceptions contre la personne de l'Acteur page. 165.
CHAP. C. XXXII.
De Proposer Exceptions, contre les personnes des Tuteurs ou Curateurs page. 165.
CHAP. C. XXXIII.
De Proposer Exceptions contre porteurs des cedules Obligatoires page. 167.
CHAP. C. XXXIIII.
Exceptions en matiere d'Euiction ou Garand. page. 168.
CHAP. C. XXXV.
Exceptions contre Veue de lieu page. 171.
CHAP. C. XXXVI.
Des Exceptions peremptoires page. 172.
CHAP. C. XXXVII.
Des Prescriptions page. 173.
CHAP. C. XXXVIII.
Des Exceptions preiudiciables page. 182.
CHAP. C. XXXIX.
De Conclurre a toutes fins page. 183.
CHAP. C. XL.
De Litiscontestation, ou Contestation en cause page. 183.
CHAP. C. XLI.
De demande par Reconuention page. 184.
CHAP. C. XLII.
De Repliques & Dupliques & c. page. 186.
CHAP. C. XLIII.
De la sentence du Iuge dispositiue page. 187.
CHAP. C. XLIIII.
Des Sentences Interlocutoires page. 188.
CHAP. C. XLV.
Des Interlocutoires qui sentent leur diffinitiue page. 190.
CHAP. C. XLVI.
De reuoquer Interlocutoires page. 190.
CHAP. C. XLVII.
De Recreances. page. 192.
CHAP. C. XLVIII.
Des Decrets. page. 193.
CHAP. C. XLIX.
Des Actes. page. 195.

CHAP. C. L.
Du Style. page. 196.
CHAP. C. LI.
Du Serment de Calomnie page. 197.
CHAP. C. LII.
Des Positions page. 200.
CHAP. C. LIII.
Des Positions par Serment page. 204.
CHAP. C. LIIII.
D'Affermer Responses aux Positions page. 204.
CHAP. C. LV.
Des Commissaires page. 208.
** 2

Chapitres du Sixiesmé Tempore.
CHAP. C. LVII.
De Preuue ou Probation page. 211.
CHAP. C. LVIII.
Quand le Defendeur est tenu prouer page. 211.
CHAP. V. LIX.
Ce qui se doibt prouer. page. 212.
CHAP. C. LX.
Quel ordre on doibt tenir és Productions. page. 212.
CHAP. C. LXI.
De diuer ses especes de Probations. page. 213.
CHAP. C. LXII.
De Preuues par tesmoins. Et premierement de produire tesmoins auant litiscontestation.
page. 215.
CHAP. C. LXIII.
De Produire tesmoins. page. 216.
CHAP. C. LXIIII.
De Produire multitude de Tesmoins, ou de produire tesmoins par Trouppe. page. 217.
CHAP. C. LXV.
Du nombre des Tesmoins. page. 217.
CHAP. C. LXVI.
Du Serment des Tesmoins. page. 219.
CHAP. C. LXVII.
De former Articles & les exhiber. page. 221.
CHAP. C. LXVIII.
Des Interrogatoires. page. 222.
CHAP. C. LXIX.
En quelle maniere, & a qui on doibt donner Interrogatoires. page. 222.
CHAP. C. LXX.
De l'Examen des Tesmoins. page. 223.
CHAP. C. LXXI.
De la foy diuerse, & authorite des Tesmoins. page. 224.
CHAP. C. LXXII.
De faulx Tesmoins. page. 226.
CHAP. C. LXXIII.
De Preuue faicte par confession des Parties. page. 231
CHAP. C. LXXIIII.
De Preuue par lettres, escriptures, ou instruments. page. 233
CHAP. C. LXXV.
De Preuue par escriptures priuèes. page. 235.
CHAP. C. LXXVI.
De Productions de lettres. page. 238.
CHAP. C. LXXVII.
De la Preuue qui se faict par euidence de faict par veue. page. 240.
CHAP. C. LXXVIII.
De Preuue qui se faict par Presomption. page. 240.

CHAP. C. LXXIX.
De la Preuue qui se faict par Serment. page. 244.
CHAP. C. LXXX.
De la Preuue Demipleine. page. 246.
CHAP. C. LXXXI.
De Conclurre sur les Faicts principaux. page. 247.
CHAP. C. LXXXII.
De la Publication des Attestations. page. 247.

Chapitres du Septiesme Tempore.
CHAP. CLXXXIII.
De Reproche en General. page. 351
CHAP. CLXXXIIII.
De Reprocher Productions page. 251
CHAP. CLXXXV.
De Reprocher tesmoins par Reproches du Droict page. 252.
CHAP. CLXXXVI.
De Reproches de tesmoins par Reproches de faict page. 252.
CHAP. CLXXXVII.
De Reproches des Tiltres ou Escriptures page. 255.
CHAP. CLXXXVIII.
Des Saluations page. 357.
CHAP. CLXXXIX.
D'Interruption de Proces page. 258.
CHAP. C. XC.
De prendre Arraments, ou les laisser
Chapitres du Huictiesme Tempore.
CHAP. C. XCI.
De Conclurre en Droict, ou en Cause page. 259.
CHAP. C. XCII.
De prendre Retraicte pour visiter page. 260.
CHAP. C. XCIII.
D'Euocation des Proces page. 261.
CHAP. C. CXIIII.
Des Referendaires des Proces page. 262.
CHAP. C. XCV.
Dee Escriptures perdues page. 263.
CHAP. C. XCVI.
De prendre Conseillers page 264.
CHAP. C. XCVII.
De visiter vn Proces. page. 265.
CHAP. C. XCVIII.
De dire son opinion en l'Examen du Proces. page 265.
CHAP. C. XCIX.
D'accorder Parties amiablement page. 266.
CHAP. CC.
Des Transactions & Accords page. 267.
CHAP. CCI.
Du Congé d'Accorder. page. 269
CHAP. CCII.
De Renoncer au Proces & Instance, Ou de reculer du Proces, ou de l'Instance page. 270.
CHAP. CCIII.
De tomber en Soubmissions & Arbitrages. page 271.
CHAP. CCIIII.
Des Compromis ou Soubmises page. 274.

CHAP. CCV.
Qui ne peuuent estre Arbitres page. 275.
CHAP. CCVI.
Qui ne peuuent compromettre page. 277.
CHAP. CCVII.
De quelles causes n'est licite compromettre. page. 278.
** 3 CHAP.

CHAP. CC. VIII.
De la maniere de Proceder deuant Arbitres & Arbitrateurs page. 278.
CHAP. CC. IX.
En quoy different les Arbitres de Iuges page. 279.
CHAP. CC. X.
En quelles choses, l'Arbitre & le Iuge conuiennent page. 280.
CHAP. CC. XI.
Quand Submission est estimée esteinte page. 280.
CHAP. CC. XII.
De Prononcer l'Arbitrage, ou, de Publier la Sentence de l'Arbitre page. 281.
CHAP. CC. XXIII.
De garder l'Arbitrage par parties page. 282.
CHAP. CC. XXIIII.
De payer la peine ou Amende page. 283.
CHAP. CC. XV.
Des Sentences Metropolitiques page. 284.
Chapitres du Neufiefme Tempore.
CHAP. CC. XVI.
De diuerses Sentences page. 285.
CHAP. CC. XVII.
De la difference entre Amende & Peine page. 285.
CHAP. CC. XVIII.
De la maniere de Iuger page. 286.
CHAP. CC. XIX.
De Prononcer les Sentences page. 287.
CHAP. CC. XX.
De Corriger vne Sentence donnée page. 289.
CHAP. CC. XXI.
d'Inserer la Cause en la Sentence page. 289.
CHAP. CC. XXII.
De Condemnation es Despens page. 290.
CHAP. CC. XXIII.
De Adiuger ou Abiuger les fruicts page. 291.
CHAP. CC. XXIIII.
De Condanner au Domage & Interest page. 291.
CHAP. CC. XXV.
En quelle peine sont condannez ceux qui soustiennent mauuaise Cause page. 292.
CHAP. CC. XXVI.
De Annuller les Sentences, ou les Rappeller page. 293.
CHAP. CC. XXVII.
De la maniere de retracter vne Sentence page. 293.
CHAP. CC. XXVIII.
De Iuger soubz peril d'Amande page. 294.
CHAP. CC. XXIX.
Retractation des Sentences par Appellation & Prouocation page. 295.
CHAP. CC. XXX.

A qui n'est loisible d'Appeller page. 296.
CHAP. CC. XXXI.
Desquels l'on peult Appeller page. 297.
CHAP. CC. XXXII.
Du Ressort qui procede de la Coustume page. 297.
CHAP. CC. XXXIII.
De qui n'est lisite d'Appeller page. 298.

CHAP. CC. XXXIIII.
De quelles causes n'est licite d'Appeller page. 299.
CHAP. CC. XXXV.
A qui il conuient Appeller page. 300.
CHAP. CC. XXXVI.
De la maniere d'Appeller. page. 301.
CHAP. CC. XXXVII.
Du temps d'Appeller, Insinuer, & Releuer page. 301.
CHAP. CC. XXXVIII.
De l'Anticipation, de l'Appellation, & Desertion page. 302.
CHAP. CC. XXXIX.
Qui doit soustenir la Sentence, le Iuge, ou la Partie page. 303.
CHAP. CC. XL.
De Renoncer a l'Appel page. 303.
CHAP. CC. XLI.
Des Amandes ou Appeaulx page. 304.
CHAP. CC. XLII.
Des effects des Appellations page. 304.
CHAP. CC. XLIII.
Des Attentatz page. 305.
CHAP.CC. XLIIII.
De Retracter vne Sentence par Requeste page. 306.
CHAP. CC. XLV.
De Retracter vne Sentence par Relief page. 306.
CHAP. CC. XLVI.
De Retractation de la Sentence par vne simple Requeste page. 307.
CHAP. CC. XLVII.
De Retractation des Sentences par proposition d'erreurs page. 307.
CHAP. CC. XLVIII.
De Retracter vn Proces par Reuision page. 307.
CHAP. CC. XLIX.
De taxer Cousts & Despens page. 308.
CHAP. CC. L.
Des Remunerations des Iuges page. 309.
CHAP. CC. LI.
De la Taxe des Despens iudiciaux en Flandre page. 310.
CHAP. CC. LII.
De la Taxe au Conseil de Malines page. 313.
CHAP. CC. LIII.
De mettre les Sentences a Execution page. 315.
Chapitres du Dixiesmé Tempore.
CHAP. CC. LIIII.
Qui sont les Sentences executables page. 315.
CHAP. CC. LV.
A qui il compette faire l'Execution page. 316.
CHAP. CC. LVI.

Quand on doit faire l'Execution page. 317.
CHAP. CC. LVII.
Contre qui se faict l'Execution page. 317.
CHAP. CC. LVIII.
De la maniere de faire l'Execution page. 318.
CHAP. CC. LIX.
De par faire Decrets page. 321.
** 4

CHAP. CCLX.
Comme les Deniers qui sont executez par Decret se distribuent page. 332.
CHAP. CCLXI.
De l'Execution en laquelle les biens ne suffisent. page. 323.
CHAP. CCLXII.
Quelles chosent empeschent l'Excution, & quelles non. page. 323.
CHAP. LXIII.
De Proceder a l'Execution, non obstant Opposition ou Appellation page. 324.
CHAP. IXIIII.
De Euiction page. 325.
CHAP. CCLXV.
De la Proximite ou Retraicte page. 326.
CHAP. CCLXVI.
En quelles choses Retraicte n'a lieu page. 328.
CHAP. CCLXVII.
De la Retention d'un fief ou fond vendu page. 329.
CHAP. CCLXVIII.
Des droicts Honoraires de fiefs ou Domaines page. 329.
CHAP. CCLXIX.
En quelles venditions ne se payent les droicts des fiefs page. 330.
Cy fine I'Indice ou Repertoire de l'Aucteur
de tous les Tiltres & Chapitres.
Loix Ciuiles.
Canons.
Ordonnances.
♣ La Practique est la vraye intelligēce Statutz.
ou entendement des Commandemens.
Placcarts.
Coustumes.
Et de semblables.

Au Lecteur.
PREFACE.
I'AY tousiours estime ceux la estre tres heureux, Lecteur treshumain,
ausquels, apres quils se sont excelemment portez, & ont faict leur deuoir
en l'administration & gouuernement des Republiques, ou quils
ont mis par escript quelque oeuure digne de leur nom & memoire,
(par lequel ils rendent tesmoignaige, & a Dieu, & au monde, qu'ils ont vescu en
ce bas estre) ce bien aduient, qu'ils puissent passer les ans de leur pesante viellesse
auecques vn doulx & honeste repos. Mais touchant ce point ci, ie ne sçay soubz
quel astre ie suis nay, ni de quel destin ie suis mene (pour ainsi dire) pour auoir
tant d'occasion de m'estimer a bon droict infortuné: tellement que d'autāt que
plus soigneusement ie m'efforce a reduire moymesme & toutes mes actions a
vne telle petite partie de bonheur, d'autant plus me trouue ie iournellement repousse
d'icelle: voire & me trouue d'autant plus non seulemēt plonge, mais aussi
enueloppé de fascheries de trauaux. Et quant a la cause & source de ce, ie voy
qu'elle est yssue & procedee de moy, qui suis d'un tel naturel, que ie ne puis esconduire
ceux qui me requierent de choses honestes, pareillement ie trouue
qu'icelle cause vient de mes veilles & petits labeurs, lesquels ayans chez les estrangers
este par tāt de foys imprimez, ont tousiours laisse aux Lecteurs vn nou
ueau desir de les lire, & aux Imprimeurs appetit de les imprimer, & a noz doctes
amis apres les auoir leues vne & plusieurs foys, ont donne occasion de requerir
instamment de moy, qui entre les plus occupez suis charge d'occupations, de
leur traicter aultres arguments assez conformes aux premiers, & non indignes
d'iceux. Car apres que ces années passees i'eu ose mettre en lumiere la Practique
des choses Criminelles en faueur des hōmes studieus, & pour la seurete de tous
Officiers, i'ay trouue qu'elle a tellement pleu aux personnes de bon vouloir, que
(a ce que i'enten) elle a en diuers lieux desia este imprimee par dix foys, & ne suis
marri, qu'il est autāt aduenu de nostre Refuge des Pupilles, & du traicte des Sub
hastatiōs. Mais pourquoy m'arresteray-ie plus longuemēt en ce propos? L'utilite
qui est en iceux, ou bien l'agreable plaisance qui s'y trouue, a incite aucūs, voi
re tels personages, que ie ne puis que ie n'obeisse a leur commandemēt, tant s'en
fault que ie puisse refuser ou esconduire leur instante priere, a me demander en
toute instance, que moy, qui auoys mis en lumiere la Practique des choses Criminelles
tant necessaire, que maintenant suiuant vn mesme train, & semblable
exemple, ie voulusse mettre sur le mestier & tistre la Practique des choses Ciuiles,
& pour dauantage m'induire a entreprendre ce trauail & estude laborieux, se
seruoyent de raisons vrgentes, tellemēt que par la, & par leur auctorite ils m'ont
contraint a rien ne leur denier. Doncques pour gratifier a mes amis, qui de ce
me requeroyent, ie me suis aux heures que i'auoye de relasche, de mō labeur ordinaire
& cōtinuel, efforce de m'employer a la composition de ceste Practique
des choses Ciuiles, & n'ay craint la mettre en lumiere, & combiē que peult estre
trop hardimēt, si est ce toutes foys que ie l'ay faict en esperāce qu'il en reuiēdroit
quelque fruit aux gens d'estude. Mais en cest endroict, benin Lecteur (car de
tout ce que les malings pourront grommeler, ie ne m'en donne point de mauuais
temps) ie ne veux oublier a te prier ce pendant, que si ce traicte te semble
auoir

auoir par nous este agencé, non auec tel ordre que la matiere le requeroit, & non
auec telle elegance & purete de langage qu'il seroit conuenable, que sagement tu
dissimules ce default, en t'arrestāt seulement au proufit qui y est, & qui pourra
redonder a ceux qui auront leur coeur & affectiō aucunement adonnée aux Re
publiques & proufit d'icelles. Car nous n'auōs faict mettre cest oeuure en lumie
re tant pour ceux qui se sont adōnez a l'estude des lettres plus polies, & qui sont
les plus rusez, cōme pour ceux qui sont moyēnement doctes, qui sont studieux
& conuoiteux de la cognoissance des droicts, ausquels, comme i'espere, l'utilite
de la chose mesme sera plus agreable, que non pas le couuerture & ornemēt exterieur,
& qui (suiuant vne bonne honeste maniere de faire) ou ils rencōtreront
quelque terme, maniere, ou locution qui ne leur semble assez elegante, ou dure
ou scabreuse & mal limee, ils s'en passerōt an tant, sans y prēdre pied & se conten
tans du seul proufit qu'ils trouueront en la matiere, s'il y a quelque default quāt
au reste, ils le passeront (comme l'on dict) a clignettes. Si est ce toutes foys
qu'en tant qu'il nous a este possible, nous nous sommes parforcez & auōs faict
toute diligence de temperer tellement nostre stile & phrase, de rabotter ce qui
estoit mal poli, a fin que de nostre labeur reuint aux hōmes studieux plus plaisant
fruit & vtilite, & que ceux qui ont l'esprit & iugement plus subtil n'y trouuassent
chose qui tant en l'ordre qu'en la diction les peust a bō droict offenser.
Et ne me pourront destourner de ce labeur, ceux qui peult estre crierōt que i'ay
voulu faire vne chose qui estoit faicte, & faire vn amas des droicts Ciuils, desquels
Iustiniā & les aultres Legislateurs auecques vne infinite d'interpretes ont
traicte tresdiligēment, & qu'apres la doulce fleur de froment, iay finalemēt vou
lu faire prendre au peuple l'amertume des glands. Car a tels ie veux bien respon
dre, que ie n'ay aucunement pretēdu mettre en lumiere & publier cōmentaires
entiers sur tout le droict, & tels qu'il en a este par plusieurs escript, & diuulgue, a
fin que franchement ie confesse l'inegalite d'entr'eux & moy, & comme ie ne
suis pour les ensuiure, ains que seulement en ceste edition nous nous sommes
efforcez de monstrer certains principes des choses Ciuiles, qui sembloyent
apertenir a la Practique de ce pais Bas, les chapitres y estants deuement
& distinctement arrange, d'un ordre qui peult estre se trouuera
nouueau, non pas inutille & sans proufit toutes foys, & lequel
comme ie pense ne te sera point mal agreable.
Et pourtant bening Lecteur, quiconque soys,
prens en bonne part ce qui t'est offert,
& demeure en la garde de
Dieu.
PETITE

PETITE DECLAMATION DE
L'AVCTEVR, CONTRE LA RONGERIE
de Proces.
QVAND apres le premier an que i'eu en mon esprit conceu ceste Practique des
choses Ciuiles, & que i'eu en contemplation bien examine & espluche toute la
masse & monceau des Proces, i'ay cesse de plus m'esmerueiller, cognoissant que ce
n'est sans cause que les proces de nostre tēps reduisent si grande multitude d'hommes
en l'abisme de pouureté, tellemēt que par ceste consideration ie vien a cognoi
stre plus clairemēt, & trouuer encores plus veritable qu'au precedant ie n'auoye encores
faict ceste
sentence de Saluste: Par concorde prenent les choses petites acroissemēt, mais par
discord les
plus grādes se ruinent aisement. Laquelle sentence combien qu'elle se trouue vraye en
toutes
choses & affaires, toutes foys nous voyōs qu'elle se trouue, helas, par trop notoire &
manifeste en
ces meschans & malheureux proces. Car quelle chose se trouue en ce monde qui si bien
tienne les
royaumes ioincts & alliez, qu'auec tāt d'efficace vnie & establisse les familles, confirme
& asseure
les amitiez, que faict vn amiable accord de coeurs & esprits, & vn mutuel & ioyeux
consentemēt?
Comme au contraire, qui a il qui tant aliene & estrange les affections & bonnes volontez
des homes,
qui plus engendre de hainne & dissentiō, que font les proces & harcelleries? lesquels
cōbien
qu'ils soyent souuent masquez de ce beau tiltre de Iustice, toutes foys, ils ne meritent rien
moins
que la louēge d'icelle, ce qui ne se doibt imputer a ladicte Iustice (qui est vertu) non au
Iuge, qui est
ministre & mainteneur d'icelle, non a la partie innocente, qui doibt estre mise en son
droict, mais
aux occasions qui escheent, ou a la partie calōniatrice, & qui soustient ce qui est faulx, ou
aux Pro
cureurs, ou Aduocats, qui ne traictent pas les causes rondement, & ainsi quil apertient, &
ne procedent
point deuement & idoinement en l'affaire, de maniere que nous voyons par la aduenir,
que
tant y a a dire, que les proces & plaidoyers produisent quelque vmbre de vertu & amitie
entre les
familles, & facent entre elles quelque bonne reconciliation & appointemēt, quils la
desioignēt, &
desapointent, & rompent celle qui y estoit au parauant, fourrent les parties & les
embrouillent en
incommoditez lamentables, voire les deuorēt & engloutissent du tout, par maniere que
tous plaids

& proces, ainsi que maintenant on les mene se peuuent proprement comparer a la voracite
de Scyl
le ou de Charibde, car tout ainsi que Charibde tournant & gironettant les nauires viēt a les
e♣nglou
tir en son gouffre, & comme celles qui hurtent cōtre Scylla promontoire, ne faillent a se
briser &
rompre, ainsi en est il de ces proces qui de commēcement semblent promettre quelque
vertu de
Iustice: mais quand ils tiennēt les pouures plaidoyāts embrouillez & empestrez en leurs
lacqs, las
cōbien d'ennuiz & fascheries ils leurs donnent, & en combiē de fraiz & despens ils les
mettent, cō
me miserablement ils les deuorent, ils les perdent & engloutissent du tout? & apres qu'ils
les ont
engouffrez (cōme Charybde) les reiettent de rechef, & auec ignominie produisent en veue,
pour
estre la fable & moquerie du commun. Et a fin que ces choses soyent rendues plus claires
par
exemples, ie veux bien les mettre vn peu plus euidemment deuant les yeux d'un chascun.
Car il
est ainsi que nous voyons au temps present plusieurs grands & puissans petsonages, bon
nōbre de
gentilhomes, & grande multitude de peuple, qui sont acharnez a plaider & harceller les
vns les aul
tres, nous voyōs villages plaider cōtre villages, villes contre villes, regions contre regions,
riches
cōtre pouures, pouures cōtre riches. Et que riches auec richer, & pouures auecques
pouures mettēt
en auāt part tout & en tous lieux plaids & proces intētez, pour lesquels entretenirils font
sou
uent beaucoup plus de fraiz & despens que leur puissance ne peult supporter, & ainsi sont
toute
leur vie occupez, non a vn seul proces, ains sont quelque foys embrouillez de plusieurs, a
la poursuite
desquels ils espuisent et consument toute leur sustance, tellement qu'en leur froide et
pouure
vieillesse a grand peine leur reste il pour viuoter bien pouurement, ains estants par telles
oc
casions deuenuz plus pouures que Iob, sont contraincts de vieillir & languir en misere,
tirans au
mesme gouffre de perditiō auec eux leurs trescheres femmes auecques leurs tresdoulx
enfans, les
quels ils eussent peu honestement entretenir, & nourrir, pouruoir, & marier, sans tels
proces. Et
ainsi telle maniere de gens n'obtemperans point aux loix de nature, sont cruellement
combattās

contre la raison & la nature, & se vestans d'une cruaute presque semblable a celle des
bestes sauuaiges,
tout ce que la nature leur monstre, que la raison leur inspire & met au deuant, tout ce que
l'honestete leur conseille, tout ce que la vertu & la religion requiert, ils le reiettent,
mesprisent
& contemnēt ainsi que gens furieux & aueuglez. Mais d'ou procede vne telle forcenerie?
(me
pourras tu dire) certainement elle ne vient d'aultre part que d'une trop acariastre
obstination
imprimée

imprimee és coeurs de telles gens: Car comme ainsi soit que plusieurs personages riches
& puissans
en biens soyent d'un naturel si aspre, & non appaisables, tant querelleux & rioteux, que
pour
moins d'un rien ils prenent incontinēt debat auecques leurs amis ou voisins, & ne se
laissent en au
cune maniere appaiser, voire sont si chatouilleux, qu'ayans seulement este offensez d'une
treslegere
parole, ou quelque vien petite iniure, incontinent vous courent aux plaids le grād galop, &
aussi tost
forgent vn beau proces contre celui qui ils s'estimeront estre offensez, pour le destruire &
mettre a
la besace s'il ne tient qu'a eux, voire pour ruiner peult estre euxmesmes, pourtant qu'ils ne
craignēt
y employer tout ce qui leur a este espargue par leurs bons parēts, voire tout ce que par
leurs labeurs
& durs trauaux ils auoyent acquis, tant pour l'entretenement de leur viellesse, cōme pour
ayder leurs
enfans, tout cela di-ie, est par eux fourre & employe pour engresser & entretenir tels
malheureux
proces, en quoy faisant ils mettent leur propre salut a nonchaloir, finalement se perdent,
auecques
leurs pouures femmes & enfans, pour autant que sans tels proces leurs enfans eussent peu
estre instituez
& endoctrinez d'honestes disciplines, ou bien estre mis & employez a quelque honeste
estat
& exercice, par ou ils eussent peu viure honorablement, si ces mal conseillans proces, ne
leur eussent
surpris & desrobe vn tel bonheur, & eux qui sans vn fretillant desir de plaider qu'auoyent
eu leurs
parents eussent peu honestement & heureusement viure auecques leurs egaux, sont puis
par ces
rongearts proces de leurs parents, contraincts viure sans honeur, sans estre mis au rang
des gens de
qualite, & quelque foy presque reduits iusques a leur pouure vie mendier. Ce sont les
transformations
& changemens que coustumierement ameine vne obstinee resolution de suiure les proces.
Auquel mal ie ne voy point qu'il y aura iamais remede, si ce n'est que par le magistrat
Superieur
soit obuie a telles harcelleries, & qu'a ceux qui sans raison voudront proceder soit mis
barre au deuant,
mettant a execution & employant par tout & en tous lieux ce tiltre a de la pene de ceux
qui
procedent temerairement & sans raison, qui contient en substance. Maintenant deuons
nous estre

admonestez, que ceux qui ont soustenu les droicts ont mis grand soin a ce que les homes
ne se mis
sent trop facilement a entrer en proces, chose laquelle nous auons aussi affectiōnee, & se
peult cela
fort bien faire d'autant principalement que la temerite tant des intenteurs comme
defendeurs est
refrenêe, maintenant par peine pecuniaire, autre foys de poeur d'estre assermente, &
aultre foys
de crainte de tomber en infamie, & c. Ou Iustinian veut que ceux qui plaident sans raison
soyent
puniz & refrenez de triple peine, c'est a scauoir de peine pecuniaire, de periurement, ou
infamie.
Et si tels plaido yeurs temeraires estoyent tant pouures & si bas de poil, qu'ils ne fussent
pour
payer la peine pecuniaire a laquelle ils seroyent condānez, telles peines pecuniaires se
pourroyēt
facilement conuertir en peine corporelle, suiuant ceste regle. Qui non habet in aere, luat
in corpore.
Qui n'a en monoye, la paye en son corps, c'est a dire, ou qu'il soit fouette, ou banni, ou
bien qu'il
endure quelque autre peine ciuile, comme allant d'un lieu a aultre conuert d'un seul linge,
s'age
nouillant humblement deuant le Iuge en lui demandant pardon, par ieusne, faisant
penitence a♣
pain & a leau, ou s'affligeant par vng long pelerinage, ce qu'il endurera au lieu de la peine
pecuniaire.
b Car cest vne regle, que qui ne peult payer la peine pecuniaire soit condanné en peine
cor
porelle & puni en son corps. Et en general est par les loix des Iugemens publiqs ordonne
que ceux
qui par leur pourete se detraquent de la peine pecuniaire soyent punis extraordinairement.
c Si tel
les peines estoyent est abliz contre tels harcelleurs di-ie, i'espereroys qu'une telle ardeur
de plaidoyez
se pourroit en eux amortir des le commencement, & qu'aux proces qui certainement
procedent des
maux susdicts, seroit appareillée medecine trescommode & oportune, en plusieurs
familles seroit la
paix bonne asseurée, & triomferoyent en abōdance de tous biens, entre lesquels auecques
leurs pro
ces regnent vn esgout de toute discorde, vne orde & puante sentine de tous maux, &
domine le
diable premier autheur & semeur de toute dissention & calamite. Et ne fault point que tu
penses
que sont seulement les riches, qui sont poulsez de ceste folle furie de plaidoyer, desquels
se pourroit

dire, Les richesses sont subiectes a folie, pourtant que les richesses animent les courages,
mais peu
souuēt a la vertu, veu que nous voyōs aussi plusieurs pouures personnes ne s'abstenir de
ce sol de
sirdplaider. Et voire encores ceux qui a peine ont vn morceau de pain a mettre entre leurs
dēts.
De quoy la raison est en veue & toute a main, cest a scauoir que ce fol appetit de proces
n'est poit
tant attache aux richesses, comme en la nature & meurs corrompues des homes, & quil y
a encores
deux points principaux, sur lesquels leur temerite & outrecuidance de plaider est
grandement fon
dée & establie. Dont le premier est, pourtant qu'ils scauent qu'il apertient au Iuge & est
sont office,
douir aussi les causes des pouures que des riches. Secondement, pource qu'ils scauent que
le Iuge
leur establira Procureur ou Aduocat, qui les seruiront en leur cause gratuitement & pour
l'amour
de Dieu. Doncques les aucuns des pouures, que iay touche, se fians en ces deux points &
auantage
sont encores plus fretillans de desir de plaider que ne sont pas les riches. Car les riches
sont aulcunes
foys

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
foys en doute de la fin du proces, & mesurent leur entreprise a l'vne de leur puissance &
portée.
Mais quant aux pouures, ils ne craignēt rien de tout cela. Qui plus est, ils prenēt quelques
fois grād plaisir & fōt gloire dont ils peuuēt bailler de la besogne a ceux qui sont riches,
qui pre
nent gran plaisir a trauailler les aultres. Et disent ainsi, Que pourray-ie perdre en ce
proces? ie
n'ay rien, & ou n'i a rien le Roy y perd ses droicts. Prendrōt il vn home ray aux cheueux?
Si ie
gaigne quelque chose, ce sera autāt de gain pour moy, & si ie perds ie ne perds rien puis
que ie
n'ay riē, & si le Procureur & Aduocat plaiderōt ma cause sans riē prendre. Ie me mettray
donc
(disent-ils) au hazart, & esprouueray si la chance du proces me voudra point fauoriser. En
ce
cas, quād les Aduocats & Procureurs (qu'ici doiuēt conseiller & postuler gratuitemēt)
aperçoi
uent en la cause du pouure home, quelque vmbre de verité, pourtāt que peul: estre ils
esperent
qu'il pourrōt par proces abattre & miner leur cōt repartie qui sera personne ou riche ou
anciē
ne, ou subiette a maladies, viendront a faire paction auecque leur pouure cliēt & partie,
que aue
nant quelle gaigne le proces, ils en aurōt pour leur lot & portiō ou vne tierce ou quarte
partie,
ou biē la moitie. Pour laquelle paction ainsi faicte ils procedent beaucoup plus ardemment
a la
poursuitte de la cause, & vous bastissent mile fraudes & astuces pour acabler leur partie
aduer
se, ou pour la contraindre a venir a cōposition pour cause de la defiāce qu'ils auront de
pouoir
gaigner leur proces, sachās les Procureurs & Aduocat que tousiours de la procedure & du
pro
ces procedera premieremēt pour eux par leur poursuitte proufit et portiō profitable, et que
de
ces gros & riches cadets estants bersez & pourmenez, distile tousiours quelque gresse ou
liqueur
medecinale pour le flux de leurs bourses, mais des pouures qui sont plus secs qui bricq;
plus estimez qu'un harenc sor, ne se peult exprimer aucune humeur. Sils viennent a
gaigner la
cause alencōtre du riche, leur cas vale mieux du mōde, & tout ainsi quils souhaittēt. S'ils
le per
dent, ils ne perdēt riē, & sera leur pouure client puni corporellemēt sans plus. Ah
meschāts Aduocats
& Procureurs affamez (ie ne touche point aux bons) qui cōtre le sermēt que vous auez

preste tant en la promotion, cōme aussi en l'acception de vostre office venez a tacher &
souiller
vostre ame, qui par telles pactiōs & conuenāces offensez Dieu mortellemēt & grieuemēt
endomagez
vostre prochain. N'auez vous pas faict sermēt solēnel que quand vous cognoistrez que
les parties voudrōt soustenir & plaidoyer mauuaises causes, & qui ne seroyēt appuyees en
raison,
& fondees sur bon fondement, que alors (di-ie) vous abādonnerez icelles parties, & que
def
lors vous vous deporteriez de plus leur bailler conseil en icelles causes. Pourquoy
dōcques sont
les plusieurs d'entre vous si peruers et desloyaux, que quād aucūs se retirent a vous pour
auoir
conseil, vous ne sentez ni trouuez iamais cause qui soit mauuaise, ains leur faictes
tousiours leur
cause bōne, vous les asseurez par voz conseils & auctoritez, maintenez qu'il n'i a point de
doute
en leur faict ou matiere, voire leur osez biē promettre vne victoire toute certaine?Mais ie
crain
que vous ne faciez point tant cela pour le soustien & de la verite et de la cause, cōme pour
la con
uoitise qui vien de plus ample butin et vollerie. Mais, (diray-ie encore) pourquoy auez
vous si
peu desgard a vostre sermēt faict? Pourquoy est ce que le gai de la paix, le profit d'une
fraternelle
concorde, pour quoy est ce que le gain des ames ne vous est en tout & par tout plus a
coeur et en
plus de recōmēdatiō, que le gain d'un peu d'argēt, qui n'est pas gain, mais plustost vne
perditiō de
voz ames? Si entre les Aduocats et Procureurs ne s'en trouuoit aucūs qui eussent volonte
d'ētre
tenir leurs parties en mauuaises causes, ains qu'ils les abādonassent apres cognoissāce
d'icelles, ou
que plustost ils les cōseillassent de ne proceder plus oultre en icelles, ie ne doute point
qu'il ne s'e
trouuast pour le iourdhuy tāt & plus qui seroyēt moins aspres aintēter et poursuiure les
proces
d'ou sortent souuent tāt de maux cōme i'ay dict. Mais o miserables que nous sommes! tāt
par tout
les cours et parquets bruissent et resonēt tellemēt de proces, qu'il semble que le plaidoyer
soit mai
tenāt vn mestier ordinaire, et cōme vne boutique la ou on void indifferemment toutes
manieres
de gens empeschez. Et pour vn proces qu'il y auoit iadis, maintenāt en sont venuz plus de
vingt

de surcroist, tellemēt que es cours et auditoires a peine voyons nous aultre chose que ces
soigneu
ses & soliciteuses trouppes de plaideurs, et esquadrōs embesognez d'Aduocats et
Procureurs
et aultre porte-sacz. Ausquels maux (cōme desia i'ay touche) les susdicts Procureurs et
Aduocats
dōneroyēt vn prōpt et present remede s'ils auoyēt autāt de faconde et eloquēce en descō
seillāt, cōme ils en employēt en cōseillant, et ils fussent touchez d'aucū respect de leur
sermēt
et de la pacification de leurs freres Chrestiens. Mais ie crains beaucoup que le nombre de
tels
Aduocats ne soit trespetit, tellemēt que d'eux on puisse a bon droict dire. C'est l'oiseau
qui
peu souuent se trouue au mon, et qu'a peine y en a il autant, qu'il y auoit de portes a
Thebes.
Au reste, ce ne sont seulement les homes qui sont de bas estat ou priues qui vollent et se
lancent a ceste licence des bordee de plaider, mais aussi Republiques toutes entieres,
bourgs,
villes et ditions debatent les vnes contres les aultres si cruellement, et par leurs
Commissaires
***

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
saires s'acharnent bien souuent et s'enflambent tellement en ces proces raucunes et
discords
qu'en telles procedures ils mangent consument grande partie de reuenu de leurs villes, ce
qui se
cognoist par ceste experience trescertaine. Car toutes foys & quantes que les
Commissaires vont
en telles villes pour y creer noueaux magistrats, & pour ouir les comptes annuels
desdictes villes,
bourgs, villages ou territoires, alors ils trouuent que la plusparts des reuenuz d'icelles aura
este employee
& despendue en tels proces & dependēces d'iceux, tant contre personnes priuees, comme
a
l'encōtre d'aultres villes. Et s'efforcent, s'il vous plaist, d'excuser telles folles &
cōtentieuses despē
ses de quelques honestes couuertures, mettans en auant qu'elles auront este faictes pour
conseruer
& maintenir leurs droicts & priuileges, encores que ce soit plustost pour exercer leurs
hainnes intestines,
& dissentions mutuelles, & aussi pour leur particulier profit, par ce que les deputez a
mener
tels proces ne s'en trouuent point mal, estants salariez de leurs iournees, & pendant qu'ils
y
sont occupez, souuent s'accompaignent a chopiner. C'est ainsi qu'ils pillent & despouillēt
leur Re
publique, c'est ainsi qu'ils se mocquent du Prince de la contrée, sans considerer combien
est grand
le domage, qu'ils font a leur naturel pais, auquel ils doiuent la meilleure partie de leur vie,
pour lequel
ils deuroyent voulontiers endurer la mort ou la necessite le requerroit. La ou au contraire
ils
se monstrēt tant alienez d'icelle amour deue a leur pais, que en tant qu'ils peuuēt ils le
rongent me
schamment & le succent, ils le debilitent & engloutissent du tout, tellement que quand il
vient a
estre enuahi par les ennemis, quand il en est assailli & combatu, se trouue si affoibli &
espuise, qu'a
grand peine a il de quoy se defendre contre lassault de l'ennemi. Ce qui a de nagueres este
esclairci
par vn exemple trop euident, alors que le Françoys nostre ennemi perpetuel, assaillit a
l'impourueue
(comme il a acoustume) & print Dunkerke & Bergues. Car aussi ces deux villes &
villages
circonuoisins auoyent este en proces les vns contre les aultres, & s'estoyent tellemēt
endomagees

& minees, qu'elles ne se peurent entre assister a ce besoin & necessite. Et quand le Prince
les prioit
quelles donassent l'vne a laultre secours, elle n'eurent point de honte d'eux excuser sur
l'impuissance
d'eux & de leurs subiects, mettant en auant plusieurs bourdes des grands fraiz & despēs
par eux supportez. Par apres, quand nostre Roy tresclement eust despense vne grande &
merueilleuse
finance a soustenir icelle guerre, & qu'il demanda aux siens ayde & subsides pour
soustenir les
grands fraiz de la guerre, pour deliurer le pais d'icelle, & pour le soulagement des grandes
charges
portees durant ladicte guerre, ou pour la despense ordinaire de son hostel, on lui chanta
vne mesme
chançon, c'est a scauoir que les villes estoyent chargees de trop grandes charges, &
quelles ne pouoyent
en aucune maniere subuenir aux necessitez de nostre Prince tresclemēt, ne lui gratifier en
ses desirs & demandes tant honestes. C'est ainsi que le peuple se ioue quelque foys es
choses qui
sont de grande importance, de telle maniere sont les bons Princes mocquez & abusez, &
ce pēdant
le pais est delaisse & abādonne a pillerie des ennemis. Et quelle charges & griefs plus
pesans &
indignes peuuent telles villes endurer que ceux que nous voyons sourdre de leurs proces
& dissentions
mutuelles? Mais Dieu ennuye de telles excuses masquees, punist l'audace & hautainete
des subiects, & s'en venge de foys a aultre, ou par famine, ou par peste, ou par
deplorables calamitez
de guerres, & monstre a la posterite des exemples manifestes, a ce qu'ils ne tiennent peu
de cōpte
des necessitez du Prince, & qu'a icelui qui est pere & protecteur du pais, ils doiuent &
sont tenuz
subuenir, ce qui leur doibt seruir de doctrine, qu'il est beaucoup plus seur d'entendre a vne
paix &
tranquillité tant priuée comme publique, que d'estre toute sa vie obstine & acharné en ces
rapineux
proces, qui (cōme i'ay dict) destruisent de fond en racine tant de bonnes maisons, &
mettent
au bas si grand nombre de personages excelents, affoiblissent ou ruinent du tout tant de
bōnes villes
& Royaumes. Mais demandera quelqu'un en cest endroict, qui est la cause de tels proces,
d'ou
ils naissent, qui les entretient ou met en auant? A quoy ie respondray sommairement ce
que i'en ay
veu & trouue par effect. Et est ainsi qu'on void assez clairement que la premiere cause &
origine

de ces proces vient & a son origine des parties litigantes, qui en ce nostre temps
malheureux sont
chatouillees de tant d'ardeur & demāgeison de plaider & harceller, voire sont plustost
agitez de
ne scay quelles furies d'intenter proces ou y respondre, qu'ils n'en peuuent estre retirez ou
destour
nez par quelque bon cōseil qu'on leur puisse bailler, & sont tant reuesches & implacables,
que pres
que ils aymeroyent mieux morir de malle mort & mettre leurs femmes & enfans a vne
extreme
pouurete, que sagement laisser vn proces lequels ils auront desia imprimé en leur cerueau.
Laquelle
insolence & malice i'estime estre causee par vn seul default de charite Chrestienne. Car
c'est cho
se trescertaine que tels Chrestiēs qui sont si grāds harcelleurs, ne sont point douez d'une
vraye foy
& iustifiante, c'est a scauoir celle qui opere par dilectiō, ains seulement de ne scay quelle
vmbre de
foy qui est n'est sans plus qu'en la bouche, & n'a point pris racines au coeur, & qui aussi
ne produist
fruits dignes de Christ, comme aussi ils ne sont ornez & pourueuz de ceste triple charite:
par laquelle
premierement Christ nous commande d'aymer Dieu de tout nostre coeur & de toute nostre
ame, & nostre prochain comme nousmesmes, ainsi que Christ mesme nous a aymez.

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
Car quiconque seroit enflāme de ce triple amour, ie ne voy point cōme il peust auoir le
coeur
a la plaiderie. Car tel qui seroit ainsi affectionné, auant toutes choses dresseroit tout le
soin de
son amour en Dieu, et pour l'amour de Dieu despriseroit volōtiers toutes choses terriennes,
ou pour le moins il n'y mettroit sa cure & affection principalle, et se garderoit de
s'employer
ainsi du tout a la plaiderie. Consequemment qui ayme son prochain, c'est a scauoir tout
home
qui qu'il soit, tant incognu que cognu, tāt ennemi cōme ami, auquel se presente la
necessite de
lui subuenir et se mōstre occasion manifeste de l'assister, icelui mettant a part l'affection
de son
proufit particulier se preparera incontinent pour secourir le prochain en son besoin,
comme
l'exēple nous en est mōstre en ce Samaritain Euāgelique. a Et d'auantage, si Christ nous
commāde
qu'aymions noz ennemis, et que façions biē a ceux qui nous hayēt, b de beaucoup plus
nous deuōs nous mettre en deuoir de faire plaisir a noz amis, cognuz, et a noz voisins que
cog
noistrons en auoir besoin, et beaucoup moins nous adonerōs a ces contētieux proces.
Tiercemēt,
si aucū selon le cōmandement de Christ ayme ses cōfreres et domestiques en la foy, ainsi
que Christ nous a aime, c'est a dire, qu'il soit prest d'ēployer pour ses freres, nō seulemēt
la substance
terriēne, mais aussi la vie s'il en est besoin, ie ne voy point cōment estant fonde en ceste
dilection, il se mettra a tormēter & harceler son frere tant indignemēt par telles maniere
de pro
ces, en le reduisant a tout extremitè. Pren garde a ce discours et raisons & les fiche en ton
entē
demēt toy quicōque soys qui es si ardent a la plaiderie, et te mesure a ton pied, auise bien
quād
tu veux intenter tes proces, combien il y a en toy de telle charite Chrestienne, sans
laquelle c'est
pourneant que tu attens salut par Iesus Christ, qui sans icelle ne te recognoistra pour
menbre
sien, & auras beau te vāter d'estre fidel et charitable. Tout cela ne te seruira de rien. Et
quant a
l'aultre cause de tels proces, on estime qu'elle depend des Aduocats et Procureurs, esquels
n'estant
la charité Chrestienne moins refroidie qu'en ces aultres, et ayans mis en oubli le serment
qu'ils ont faict, asseurent tousiours leur parties quelles ont bōnes causes et fondées, et a
ceste
occasion les incitent et poussent a intenter et poursuiure les proces, et, (comme i'ay dict)
leur

promettent la victoire asseurée. Dont les parties estants deuenues plus aspres et plus
hardies,
viennent plus asseuremēt en ce rongeur et deuorant champ de plaiderie, auquel par faulse
per
suasion ils enterrent et enfouissent tout leur bien. Mais ils feroyent chose qui seroit
beaucoup
meilleure et a Dieu plus agreable d'admonester leurs parties en tel lāgage: Mon ami i'ay
biē oui
et entendu ta cause, qui me semble estre telle, que d'une part elle te semble promettre
quelque rai
son et equite de droict, mais quand d'autre coste ie viens a considerer diuerses
circonstances, de
personnes, de lieux de tēps et priuileges, ie trouue que ta cause est douteuse et que le
proces en
sera long, vne fascherie insupportable pour toy, et les despens infiniz. Et pourtant, par
vne amour
& charite fraternelle, ie te conseilleroye que tu n'entreprinse ce proces inconsiderement,
ou bien layant commence que tu t'en deportasses, & que plustost que de plaider tu
accordasse
amiablement auecques ta partie de tout ce different, a quoy (s'il re plaist) moy comme
rien
ne sachant de ta volonte & deliberation, ie te presente mon ayde et assistence fraternelle,
et
mettray peine de faire condescendre a cest accord ta partie aduerse auecques son Aduocat.
En ce faisant te feras chose dont tu receuras plaisir et grand proufit, et ne te pourras
repentir
d'auoir obei a mon conseil. Et si l'Aduocat de l'aultre partie venoit au semblable a
combattre
son client de semblable propos, et qu'il le conseillast de faire vn bon accord et transaction,
plustost
que s'embrouiller en proces, il n'i a point de doute que les proces auroyēt beaucoup mois
de cours qu'ils n'ont pour le iourdhui, les parquets ne seroyent si pleins de bruit et rumeur,
les
troupes des Aduocats et Procureurs ne seroyēt si grosses, et verriōs par tout meilleurs
Chrestiēs
et plus charitables qu'ils ne sont pour le presēt. Mais qui me meut a tenir ces propos? vray
mēt cest chanter vne chançō a gens sourds, pourtant que ie doute qu'il ne s'en trouuera top
qui
ensuiurōt cest exemple digne de vrais Chrestiens, d'autāt que ie les cognois plus enclins a
les in
citer et agacer pour les enueloper en ces malheureux proces, que nō a les en destourner,
cars ils
entendent bien que les harasser et esguillonner, cela faict venir la farine au molin, et que
au cōtraire
les conseiller droictement, cela est bien l'office d'un Christien, mais tel conseil ne faict

point enfler la bourse. Et pourtant a fin qu'ils tirent plus grand gain et butin de leur pippée,
ils
declarent choses petites par grādes et amples escriptures, et emplissent beaucoup de
pages, lais
sans grāde espace entre les lignes, tirās en long les lettres et les mots, de maniere qu'en
chasque
page ils couchent certain petit nombre de lignes, dont chascune ligne contiendra troys ou
qua
tre mots. Et ainsi ils emplissent plusieurs pages de peu de lignes, et de bien peu de
paroles aussi,
mais non pas auecq petit gain. Car d'autant que plus il y a de pages, d'autant est le gain
plus grand. Et a fin de mieux et plus cautement faire leurs besognes, ils se font achepter
du
♣ 2 papier

DECLAMATION CGNTRE LES PROCES.
papier a petite forme, qui a peine peult contenir le nombre des lignes & paroles qu'il se
sont
prescriptes, & ce a fin qu'il semble que le tout y soit bien complet, & que leur gain soit
tenu
plus excusable. Et finalement ils enueloppent et embrouillent leurs parties de tāt
d'escriptu
res & empestrements de proces, qu'ils ne scauent point eux mesmes cōme ils sont
tresbuchez
en tant de perplexitez, que c'est qu'ils ont ormais a faire, et cōme finalement ils se
pourront
des brouiller de tels empestremens. Car s'ils viēnent a sursoir le proces qui est encōmancé,
ils
perdēt la cause et les despens, & s'ils poursuiuent la procedure, ils sont espouātez des
despēs
auenir, et craignēt la fin et yssue douteuse du proces. f Et ainsi ils sont mis entre deux
selles
le cul en terre, & tiēnent le loup par les oreilles, voire semblent auecques Christ estre
liurez
aux Iuifs. Et quant a cest office d'Aduocat et Procureur, ils apporte a plusieurs tant de
gain et
proufit, que pour l'esperance d'icelui plusieurs sont allichez de mettre leurs enfans a
l'estude
des droicts, cognoissās que la practique en aporte a la cuisine certain reuenu annuel, voire
plus
certain que quelque autre mestier ou estat qui soit en vsage en la Repub. On a coustume
de
dire: Dat Galenus opes & Iustinianus honores. Galien donne les richesses, & Iustiniā les
honeurs, et
maintenāt semble qu'on doibt dire au rebours, Iustiniā donne les richesses, & maintenant
Ga
lien les honneurs. Il en y a plusieurs que quād ils viennēt a considerer toutes ces choses,
quād
ils veulent souhaiter a aucun quelques maux, il lui en desirent coustumierement troys,
c'est a
scauoir femme rioteuse & paillarde, bastimēt continuel, et proces perpetuel: Car quelle
croix
ou torment cest a vn mari chaste et prudent, d'auoir femme qui soit impudique & noiseuse,
ceux qui sont iournellement vexez & trauaillez de telle incommodite en scauent a parler,
ce
que nous pouons mieux voir par exemples, que cognoistre par escripture. Ceux qui
ordinai
rement sont empeschez a bastir & fabriquer, et qui ont iournellement a faire auecques
charpentiers,
maçons, serruriers, encrousteurs ou griffonneurs, & qui sont empeschez de telles
fascheries

continuelles, scauent par experience de quels & combien grands soings & solicitudes
ils sont bercez et agiteztant, de iours, cōme les nuits, & combien ils ont besoin d'auoir
bonne
paciēce. Par semblable raison ceux qui sont empestrez & egarez es laberintes des proces,
ils espreuuent par effect de combien d'incommoditez & mesaises ils sont assiegez &
assailliz
& cōme ils sont tormentez & affligez, de combien de fascheries ils sont chagrinez,
combien de
solicitudes les amaigrissent & essiment, & de combien de despēsilz sont enfonduz &
espuisez
& affoibliz, et finalement mis a toute extremite, comme vn peu au parauant nous auōs
demon
stre, et comme par exemples quotidiennes nous en voyons l'experience, tellement que
i'estime
noz proces, (s'il est licite de iouer en ceste matiere) ont vne certaine vertu et efficace de
purgatoire.
Car ils purgent l'ame des humeurs d'impacience, & versent en l'interieur des plaidoyans
comme auec clisteres, la drogue de pacience, de sorte que bon ou mal gré qu'ils en ayent,
il fault
qu'en procedant ils vomissent, ou purgent, ou entierement digerent toute impacience. En
oultre
les proces rendent le corps purgé et du tout nettoyé de grosses, lentes, et tardiues humeurs.
Car les proces ne sont point de telle qualité et nature qu'ils laissent les plaideurs lāguir de
pares
se et nonchalance, et qu'ils les laissent engourdir, et comme chargerde mousse, ains
plustost ont
vne pointe et aspreté, de sorte qu'ils dechassent tout engourdissement et faitardise,
esueillans les
pensees des homes, et habilitans les corps a toute diligence, les façōnant a toute legerete
et sub
tilité: par maniere que ce dict d'Horace leur conuient et compette proprement: Maintenant
ie
suis fait agile, agitte de l'onde ciuile: de sorte qu'il ni a rien plus necessaire a plaidoyeurs
que de
penser iour et nuit a leurs proces, soliciter les Aduocats et Procureurs par prieres
continuelles,
sans oublier saincte croix, leur faire mille bonetades, mille reuerēces et pieds de veau,
estre con
tinuellemēt a leur queue, en les flattant et amadouant, estre et se monstrer par tout
humbles et
supplians, tant enuers eux, comme a lendroict des Conseillers, exercer continuellement
tous
leurs membres a telle courtoisie et seruice, par courir et racourir, tantost a cestui ci, et
tantost a
cest aultre, chasser au loin ces pesantes et grosses humeurs de toutes les parties de leur
corps. Et

de la aduient aussi, que ceux qui voyēt aduenir ceste triple purgation aux plaidoyeurs, ont
cou
stume de dire, & non sans raison, que les Proces, tant qu'il est en eux, gardent et deliurent
l'ho
me de quatre pechez mortel. Car ils ne le permettent estre superbe, ains l'inclinent a toute
maniere de modestie, a toute humble obeissance, & humble submission, par laquelle ils
reuerent
les Conseillers, comme quelque chose diuine, tousiours humbles & petits seruiteurs des
Aduocats et Procureurs, voire du moindre porte sac, ils les seruēt, ils leurs obeissent pour
leur
cōplaire, peu s'en fault qu'ils ne les adorent, & ne parlent a eux qu'en toute humilitê, &
quasi
les larmes aux yeux. Et quant au peche de paresse, il fault bien qu'ils se gardēt d'en estre
entachez,
car les proces ne souffrēt iamais que leurs supposts soyēt assailliz & cōbattuz de ce mal,
tellement

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
tellemēt qu'a peine ont ils le loisir de disner ou soupper a repos & a leur aise, car il est a
chascū
notoire qu'a ceste mesme heure il leur conuient vser d'vne tresdiligente hastiuete. Car en
ce
mesme tēps, cest a scauoir sur le disner ou sur le soupper il fault quils attēdent les
Conseillers
les Aduocats ou Procureurs, a fin quils parlent a eux doulcemēt, qu'ils leur demandent de
lestat
de leurs proces, & qu'ils recommendent leurs causes a la diligence d'iceux. Et s'ils ne
peuuent cōmodement
parler a eux auant le disner ou soupper, a cause de la grande multitude des poursuiuās
& soliciteurs, ils s'en courent en leur maison ou en leur logis acoustume, ou apres auoir a
tresgrāde
haste & mesaise aualle troys ou quatre morceaux, ils s'en courent de rechef es maisons
des Cōseillers,
Aduocats & Procureurs, & sont la faisans la sentinelle aux huis des leurs messieurs, parlēt
a eux en toute humilité, & marchēt apres leur queue iusques a la Court ou auditoire, & de
rechef
recōmandent infiniement leurs causes a leur clemēce. Mais que diray-je du vice d'auarice?
Ne void
on pas qu'ordinairemēt les proces dechassent bien loing d'eux ceste tache d'auarice,
attendu quils
ne permettent que celuy qui de sa propre nature est auaricieux, soit tant qu'il en est
empestré vn
seul brin tenant, ne chiche, tant que mesme ils inuitent ceux qui sont les plus amoureux
de leur ar
gent & pecune a vne liberalite contrainte? Car quicōque pour le iourdhui se trouue
embrouille
de proces, il fault qu'il soit laue & nettoye de toute ordure d'auarice, & fault qu'il se
dispose a tou
te liberalite, ou plustost prodigalite debordée, a ce qu'il rende vn chascun assoui par
presens ou argent,
& que par la il s'acquiere la bienueillance de tous, tant Conseillers, Aduocats, &
Procureurs,
comme aussi des petits porte sacz, & toute telle vermine de rongeurs. Il lui sera mestier
di-je, qu'il
les appaise par sa liberalite, s'il les veult trouuer beneuoles & fauorisans a sa cause. Car
ce n'est sans
raison que le Poete a dict.
La loyaute dont le vieil temps se vante,
Les droicts aussi, sont or'pour or en vente.
En dernier lieu les proces deliurent l'home du vice de la gueule ou gourmādise, & ce pour
deux
considerations. Premierement, pour ce que a cause de leur inquietude, c'est a peine que
iamais ils

laissent aucun prendre son repas a repos, ains sont contraincts auant qu'estre pensez,
pēser de soliciter
ces fascheux proces, puis ils nettoyent tellemēt les bourses des procedeurs, qu'encores
quils
se voulussent traicter selon leur premiere & ancienne maniere, si est ce qu'a cause d'une
longue
& continuelle purgation & flux de bourse, ils ne le pourroyent faire, tant ils sont deuenuz
gresles
minces & essimez. Toutes lesquelles choses, quand ie les viens a considerer plus
attentiuement,
(car ie veux bien m'entretenir vn peu plus longuement en ce propos de gaudisserie)
i'oseroye
bien affermer, que tels fascheux proces ne deliurent point tant seulement l home des
quatre pechez
dessus nommez, mais qu'ils le lauent aussi, purgent & nettoyent de six ou sept vices
mortels,
pourtant qu'a cause de la pacience, laquelle leur est necessaire, l'ire & le courroux
bouillant est en
eux amorti, & par attrempance de viure & par diligence aussi, ils refrenent violentement
les aiguillons
de la luxure. Et s'il se trouuoit aucun des pechez mortels qui ne fust competemment
amatti & digere par le moyen & a l'occasion desdicts proces, il semble, que ce seroit le
peche de
hainne ou enuie, pour laquelle empescher, a ce quelle ne soit par la partie lancee contre
son aduersaire,
ie ne voy point que les proces ayent assez d'efficace, laquelle on void se terminer par la
seule mort, ou par la seule inspiration diuine. Mais hors mis toute raillerie, ie souhaitte
bien affectueusement
& de bon coeur a tous ces amoureux de proces, quils soyēt pourueuz de troys sacz,
qui leur sont fort necessaires. C'est a scauoir vn sac tout plein de papiers & escriptures,
l'aultre
comble de paciēce, qui leur est en tout & par tout necessaire, & le troisiesme sac rempli
d'argent,
par lequel discretement ou indiscretement ils attirent & amorcent tous ces corbineurs &
Practiciens
affamez a fauoriser a leur cause. Mais pendant qu'en me iouant ie chante ici & celebre la
louange des proces, ie scay bien qu'il ni a personne qui n'entende & cognoisse assez
clairement
qu'en me gaudissant ie les blasme & condanne a bon essient par les effects qui procedent
d'iceux,
comme il est assez notoire par le discours que i'en ay faict ci dessus. Mais ici quelqu'un
me viendra
dire: Tu nous monstres (diront-ils) les inconuenients & maux ineuitables, & qui ne
peuuent
faillir a suiure les proces, & comme vne grande & pernicieuse peste des Repub. pourquoy

ne monstres tu pareillement les remedes propres & salutaires pour euiter les dangers de
telles
controuerses, & obuier a si grands maux & accidents des Repub. En apres pourquoy
t'auances
tu de mettre en lumiere la Practique Ciuile, qui semble fournir aux plaideurs matiere de
proceder, en leur monstrant & preparant le chemin des plaids.
*** 3 Or enten

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
Or enten ma response quant au premier point. Les remedes par lesquels on peult
rembarrer
ces querelleux proces, ou par lesquels ilz soyent appaisez ou du tout assoupiz et anichilez,
se
monstrent a moy de quatre manieres, lesquels il me sera trop plus facile monstrer, que les
exhiber &
mettre en main. Doncques le premier & principal remede & medecine a ces maux, nous
est donne
par la cause principalle & absolute, cest a scauoir de Dieu, en la main duquel sont tous les
coeurs des
hōmes mortels, & par le vouloir duquel sont les volōtez de toutes personnes Aduocies ou
endurcies
& qui de sa puissance absolue encline & dresse les coeurs & affections de tous la ou il
veult, de sorte
que quand il veult punir & chastier les siens, il ne les afflige moins par proces &
dissentions, que par
maladies & aultres aduersitez, Pareillemēt, quand il les voudra auancer en amour &
concorde, & les
rendre heureux en ce monde, il destourne leurs coeurs & affections des proces, leur
presentant deuāt
les yeux les maux & malheurs qui d'iceux procedent, & les encline a vne concorde
fraternelle. Mais
aussi est il en ceci requis que nous nous submettiōs & obeissons a ces diuines & doulces
inspiratiōs
& non pas que resistiōs a icelles, en endurcissant noz coeurs. C'est donc ici le remede que
nous mon
strons, lequel est de Dieu seul donne a ceux ausquels il lui plaist le dōner. L'aultre remede
est que
ceux qui ont mis leur fantasie de plaider, regardent & aduisent bien & diligemment a ce
quils cōmē
cent, premier que venir au plaidoyer & camp litigieux, & qui premierement ils poisent &
considerent
bien toutes les fascheries qu'il leur conuiendra endurer, tous les fraiz, despens, &
perdition de
temps qu'il leur conuiendra supporter, pareillement, qu'ils ne se laissent flater & gangner
par leurs
affections propres, qu'ils n'obtemperent point a leur opiniastretè tresmauuaise conseillere,
ains plustost
a la raison, & aux amis qui leur donneront bon conseil, a la Charite Chrestienne, laquelle
il
conuient a tout Chrestien estre plus chere & agreable que tous les biens temporels. Et
quant a ce re
mede, il est a chascun prompt & a main, moyennant la grace de Dieu, & principalement a
ceux qui

obseruent ce que Dieu a commande, & ce qu'ils sont en ce cas tenuz faire pour l'amour de
Dieu &
de leur prochain, s'ils ayment mieux estre vrayment & par effect les disciples & membres
de Christ,
que non pas en auoir le nom & estimation tant seulement. Le troisiesme remede est &
consiste, cō
me ie pense, es Aduocats & Procureurs, lesquels (cōme ci deuāt j'ay dict) trouueroyēt
bien s'ils vouloyent,
vn brief & court chemin pour ne commēcer point les proces, ou pour leur rompre le cours,
ou pour les faire vuider & terminer en brief, & aporteroyent vn prōpt & present remede,
& qu'ainsi
le facent, & qu'ils ayent condigne esgard aux serments qu'ils ont faicts, & au salut de
leurs ames, ie
les en prie de rechef & supplie tres instamment & autant affectueusement comme ie puis.
Touchāt
le dernier remede, c'est mon aduis, qu'il est en la main & puissance de Magistrats & Iuges
superieurs

DECLAMATION CONTRE LES PROCES.
que pour aultre occasion le proces est pendu au crochet, pourquoy selon & suiuāt leur
office ne
contraignent ils point les parties a passer oultre, & proceder en la cause? pourquoy
n'adressent ils
le tout a vne decision de cause? Pour quoy en ce cas ils ne s'estudient plus a complaire a
Dieu
fonteine de Iustice, que non pas a vne coustume meschāte & indigne? Mais c'est assez, et
plus qu'as
sez quant a ce propos. Entens donc maintenant Lecteur, ce que ie te respondray quant a
l'aultre
point. Quant a moy, ie me suis delibere de mettre en lumiere, et publier ceste Practique
Ciuile, nō
pas en intention que par ce nostre labeur ie munisse & rendisse aucuns instruicts a
proceder, non
pour les y inciter, encourager, & les y rendre plus enclins & adonnez, ce dicton commun
ne me seroit
mal attribué. Si vous estes bon Iuriste, Legislateur, ou bō Practicien, vous estes mauuais
Chre
stien. Mais quant a ceci, mon but a bien este aultre que d'enseigner ce mechant & odieux
mestier
de plaider, veu que plustost i'ay mis en lumiere cest oeuure, a ce propos & en intention,
que ceux
qui le verroyent s'estimassent bienheureux quand ils se trouueroyent exemptez de ces
proces serpentins.
En apres que ceux qui seroyent amateurs de paix & repos, par bien considerer auecques
cōbiē
de frais se faict ce tant fascheux & cōtentieux appareil de proces, par prēdre garde a vne
si grande
despense qu'il y conuient faire, & par l'euenement et fin qui en est si douteuse, car tout
ainsi que
le hazart de la guerre est tousiours douteux, aussi est celui d'un proces, si quelque foys ils
estoyent
chatouillez de quelque desir de plaidoyer, que par telles considerations ils fussent
destournez d'entrer
en proces, ou de les poursuiure, ains que plustost ils se soubmissent et cōdescēdissent a
vne trā
saction et pacification amiable. Finalement, et a fin aussi que si quelqu'un par la
mauuaistie et malig
nitè d'un aultre, est contre tout droict et raison tire en proces, ou que plustost par vne
necessité ineuitable,
et du tout contre son vouloir il fust du tout contraint a plaider, que icelui trouue en ce
nostre
traicte aucunes choses qui seruēt a la defense de sa cause, et que plus certainemēt il sache
et co

gnoisse ce qu'il lui conuient faire, tant auant le proces, comme durāt et pendant icelui,
voire apres
qu'il sera termine et decis. Cela lui monstrera nostre Practique quasi cōme auecques le
doigt, et le
rendra plus instruit a chascun acte de procedure. Or as tu ici dechiffrees les incommoditez
qui
viennent des proces, tu as aussi les remedes a icelles, auecques la raison de ceste mienne
edition, reste
maintenant que nous commencions nostre Practique.
a 16. Institut. de poena temere litigantium.
b. l. finali ff. de in ius vocand.
c. l. 1. ♣. Generaliter ff. de poenis & l. Si quis id quod iurisdictionis ♣. in seruos ff. de
iurisdict. omni. iudis.
& l. Cum sit iniustum C. de sepul. viola.
d. Luca 16.
e Matth. 5.
f l. Quod debetur & ibi Barto. ff. de pecul.
g l. Properandum in principio C. de iudic. Cui occinit Bald. in pro♣mio C. iu ♣. Quibus
in 2. colum. ver♣
Quaro.
h Num. I. sol. 6.
*** 4

FIGVRE DE LA IVSTICE
MONDAINE.
[tout image]
Faueur, Parent. Despris, Misere.
Argent. Pouureté.
Practicien, Aduocat, Innocence, Verité.
Tuteur, Recepueur. La Vefue, Le Pupille.
Vn chascun.
Le bas peuple, ou
Communaute.
Enfer. Paradis.
CICERO.
IVSTICE est vertu par laquelle se donne a chascun ce qui est sien.
Diuision.
Iustice se considere selon la nature d'un chascun, condition, office, Estat, & personne, &
pourtant est
il de deux sortes de Iustice.
Iuste Dieu.
Diuine, par laquelle Dieu est Iuste Seigneur.
C'est a scauoir Iuste Iuge.
Iudiciaire.
Humaine, l'une
Vniuerselle.
Dieu

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
Dieu Iuste.
LA Iustice de Dieu, c'est a scauoir celle par laquelle il est dict iuste Dieu, est la mesme
bonte
de Dieu, qui baille les biens qui sont d'un vray Dieu, & qui ne se peuuent bailler par
aultre
aulcun, scauoir est, par laquelle il cree & faict les choses qui ne sont en estre, parlaquelle
il
nourrist, augmente, gouuerne et conserue les choses qu'il a créees, parquoy il est aussi
dict la
souuereine bonte, pourtāt que de lui sont toutes choses, & par lui sont toutes choses
cōserué
es. Itē parlaquelle et sa bōte gratuite il remet et pardōne les pechez a ceux qui s'amēdent
et cōuertissent,
dont il est dict au Psau. 51. Deliure moy de sang, o Dieu, Dieu de mon salut, et ma
langue extollera ta Iustice, c'est a dire ta bonte et clemence, laquelle tu declares en ce que
tu
es doulx, facile, benin, traictable, liberal, bien faisant autant aux mauuais comme aux
bons, pacient
et misericor dieux a ceux qui t'offensent, lesquels tu ne perds, encores que tu les puisses
perdre, ains tu les gardes, et par tes benefices les prouoques a mettre leur fiance en toy.
Iuste Seigneur.
LA Iustice de Dieu, parlaquelle il est iuste Seigneur, est celle, parlaquelle il a de soy et
non
par droict d'aultruy iuste domeine, plein droict, et pleine puissance en toutes ses propres
choses, lesquelles il a créees, et les possede de propre et plein droict, de maniere que sans
faire
tort a aucun, il ayme & conserue ceux qu'il veult, et porte hainne, endurcisse, et mette en
sens re
proue, voire ruine et perde ceux qu'il veult aussi. Et pourtant qu'en ce faisant il ne faict
tort
ou iniure a personne, il ne peult aussi estre accuse d'aucune iniustice, lequel Seigneur est
tres
iuste, entre tous ceux qu'il possede. Car iniustice n'a point de lieu, ou ne se troue point
d'iniure.
S'il ayme et garde, il ayme ce qui est sien et le garde, et declare la bonte de son domeine.
S'il
hait & perd, il hait ce qui est sien et le perd, et ce par vne puissance la plus iuste de toutes,
et par
vn tresiuste domeine, par lequel il faict de son propre tout ce qu'il veult, ainsi que le
potier
peult faire de sa terre, et le faict. Or de ce domaine infini et planier qu'il a en ce qui est
sien, &
qui lui est subiect, pourtant qu'il n'est octroye a aucun home viuant, pourtant est il que les
ho

mes mortels ne pourroyēt exercer telle Iustice de domaine sans commettre iniustice. Car
hair
aucun, l'endurcir, le rendre obstine, le faire serf de mauuaises conuoitises et deprauèes en
immondice,
ou en sens reprouue, a ce qu'il ne vienne a entendre et se cognoistre, Dieu peult faire
cela tresiustement, pourtant qu'il a plein domeine sur les siens, mais ce seroit chose
tresinique
que les homes vinssent a faire cela. Doncques quant a ceste Iustice de domeine, fault
distingner
entre la Iustice de Dieu, et la Iustice des homes, selon les deux natures de l'un et de l'autre,
et
fault voir quelle Iustice de domeine compete a Dieu, comme Seigneur de toutes choses, et
quelle aussi compete a l'home a lendroit de ces prochains et mesmes membres d'un chef,
de laquelle
nous dirons tantost.
Iuste Iuge.
LA Iustice de Dieu, de laquelle il est iuste Iuge est exprimée au Pseau. 7. Dieu Iuge, iuste,
fort
et patient, et au Pseau. 50. Les cieux anōnceront sa Iustice, pourtant que Dieu est Iuge. Et
en
la 2. Timo. 4. Le Seigneur me rendra en ce iour la, qui est iuste Iuge. Dōcques la Iustice
de Dieu
parlaquelle il est iuste Iuge, consiste en sept conditions, qui sont de Iuge iuste.
Qu'il ayme Iustice, et haye iniquté.
Qu'il ne face la sourde oreille aux clameurs de ceux qui seront oppressez.
Qu'il oye la clameur de la cause, et l'admette a son siege iudicial, encores que
ceux qui seroyent oppressez, ne criassent eux mesmes.
Qu'en faisan: iugemēt il n'ait esgard ni aux persones, ni aux presens, ains qu'il
iuge selon equite, tant pour le pouure que pour le riche.
C'est a scauoir Qu'il prononce sentence qui soit correspondente a la verite de la cause,
c'est a
scauoir que le Iugement soit droict et iuste.
Que non seulemēt il iuge en pronōçant, mais qu'aussi il execute effectuellemēt
son iugemēt, c'est a scauoir qu'il deliure les innocens, et punisse les mauuais.
Qu'en l'execution de son iugement il vse de telle clemence, qu'en icelui n'apparoisse
aucune espece de cruauté, ains que plustost il aduise a ne destruire
tout incontinēt ceux qu'il a entrepris de iuger, mais en tant que faire se peut
qu'il les iuge de telle maniere, qu'il garde ceux qu'il pourra garder.
Ces

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
Ces conditions competent tresproprement a Dieu,
et a Dieu se doiuent demander.
LE Seigneur est iuste & ayme les Iustices. PSEAV. 10.
Tu as en hainne tous ceux qui font iniquité. PSEAV. 5.
Tu ne nuiras point a la Vefue & au pupille. Si tu les offenses, ils crierōt a moy & i'orray
leurs
criz. EXOD. 22.
Cain, qu'as tu faict? Voici la voix de ton frere crie a moy de la terre. GENES. 4. b
Dieu n'a exceptiō de persone, ni des presens, il faict Iugemēt au Pupille & a la Vefue.
DEV. 10.
Tu es iuste Seigneur, & ton iugement est droict. PSEAV. 118.
Et qu'il iuge non seulement de paroles, mais aussi par oeuure, defendant effectuellemēt
les
innocens, et punissant les malfaicteurs. Item aussi qu'en faisant iugement il n'oublie point
sa
clemence, cela est plus notoire par exemples ordinaires que par les escriptures. Et
combien
qu'il ne iuge pas & punisse incōtinent selon les merites, pour cela ne faict il pas
iniustement,
par ce qu'il n'est pas tant seulement Iuge, mais aussi Seigneur, qui faict des siens tout ce
qu'il
veult. Item il est aussi Dieu, misericordieux de sa nature, patient, & attendant.
Iustice humaine.
TOut ainsi qu'il ni a nulle comparaison de ce qui se difinit & determine, a ce qui est infini,
aussi ne peult il auoir comparaison aulcune de la Iustice humaine, auecques celle qui est
de
Dieu. Si nous prenons garde a la nature de l'home corrompu, il n'y a aucune iustice en
l'home
tesmoin S. Paul aux Rom. 3. Il n'i a point d'home iuste (dict il) & non pas vn seul. Mais si
nous
entendons de la Iustice, c'est a dire la foy et la religion auecques vne vie sans coulpe ni
blasme,
& les bonnes oeuures que Christ opere en nous, aussi ne se peult ceste Iustice aucunemēt
com
parer auecques celle qui est de Dieu, qui de sa nature, par soy et infiniement est iuste.
Mais quāt
a l'home, s'il a quelque Iustice, il l'a receue de la Iustice diuine, & fault qu'il la dresse &
façonne
autant qu'il peult selon la regle de la Iustice diuine. Et en tant que chascun conformera de
plus pres, et façonnera sa telle quelle Iustice a la Iustice diuine, en l'imitant, d'autāt plus
iuste sera
il de tous tenu. Car il ni a home qui en aucune maniere peust imiter toutes les parties de la
Iustice diuine, telles que sont de la creation, conseruation & moderation de l'uniuers & c.
Aussi

Dieu ne requiert point de nous vne si parfaicte Iustice qui surmonte les forces humaines,
ains
celle sans plus qui est cōtenue entre les fins et limites de ses commandemens & dedans
l'instru
ction de la doctrine celeste selon le dons de nature, estat & office que chascun a.
Doncques la
Iustice humaine est de deux manieres, cest a scauoir Iudiciaire et Vniuerselle.
Iustice Iudiciaire.
IVstice Iudiciaire est celle qui principalemēt compette & apertient aux Iuges, Roys, et
Magistrats,
laquelle aussi nous appellons ordinaire, pource quelle a este de Dieu dōnée et ordōnée
pour regir et moderer les choses humaines, et a laquelle il conuient que tous egallement
obeis
sent et sans aulcune exception de personne, tellement qui resiste a telle ordonnance, ne
resiste
pas a l'home, mais a Dieu, ou bien a l'ordonnāce de Dieu, comme dict S. Paul au Romains
13.
Et pourtant, ceux me semblent faire trop inconsiderement qui de leurs affections priuées,
&
par leur oultrecuidance, presument assaillir violer et oppugner les loix establies qui sont
la mes
me Iustice ordinaire. Que s'il y a quelques choses indignes & impertinentes qui par
longueur
de temps, par malice, par aueuglissemēt des homes, ou par les efforts occultes de Satan se
soyēt
fourrées es loix ou ordonnances humaines, lesquelles requierent ou correction ou
abolition,
& lesquelles semblent deuoir estre reformées selon la reigle & ordonnance de la loy
diuine, &
au proufit & cōmoditè du peuple de Dieu, telles reformations & emendations se doiuent
premierement
& auant tout faire & paracheuer par le Seigneur Dieu, tressage & tresiuste modera
teur et gouuerneur de toutes les choes qui sont au ciel et en la terre, qui veult qu'ē tel cas
nous
dependions tous de sa clemence, & que telle reformation soit a lui seul & a sa gloire
attribuée.
Puis doibt on entendre que ce changement reformatoire se face par la puissance ordinaire,
par
les Roys, par les Conciles, tant particuliers, cōme vniuersels, & non pas de quelques
personnes
priuées, si ce n'estoit qu'icelle puissance ordinaire fust de telle maniere corrompue, quelle
ne fust conforme a la Iustice & institution diuine, ains que plustost elle y fust cōtraire, &
con
tre la gloire de Dieu, & quelle fust comme vne tirannie vsurpee contre le peuple de Dieu.
Auquel cas Dieu mesme par sa Iustice Iudiciaire & vēgeresse quand bon luy semblera
purgera

son

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
son aire, & ces Princes tirans & fols (lesquels pour les pechez du peuple il permet
quelque
foys regner en aueuglissement et tirānie) qui empeschent sa gloire & l'utilité publique,
seront
par lui anichilez, & resueillera son esprit en aultres Princes bons & accorts, qui auront
faim & soif
de vraye Iustice, & qui apres auoir purge & reforme les loix humaines feront que les loix
diuines
seront mieux & plus diligemment entretenues & obseruées, tels que furent Dauid, Iosias,
Ezechie,
Theodose, Constantin, & plusieurs aultres, tāt en l'ancien comme au nouueau Testament,
lesquels
Dieu a est abliz sur son peuple pour oster les erreurs de son Eglise, & confermer la vraye
religion.
Mais ceci soit dict en passant, maintenant ie retourne a parler du Iuge ordinaire.
Le Iuste Iuge.
CElui est le Iuge ordinaire iuste, lequel exprime & met en euidēce les sept conditiōs du
iuste Iu
ge, dont nous auons touche ci dessus, & qui en iugeant les causes du peuple de Dieu ne se
mon
stre moins clement & benin, que prudent & diligent executeur, qui defend les innocens, &
punist
les malfaicteurs, de sorte qu'il ayme mieux les amander que les perdre. Nous auons
nagueres ci deuant
depeint l'exemple d'un tel iuste Iuge de toutes ses couleurs, lequel ie voudroye bien que
tous
Iuges exprimassent & missent en effect.
Iustice Vniuerselle.
Ivstice vniuerselle, est celle qui ne conuient point tant seulement au Iuge, mais en general
a tous,
& a chascun en particulier, & laquelle Dieu requiert de tous. Ceste Iustice cōsiste en
l'amour de
Dieu & de son prochain, cest a scauoir a ce que nous aimions Dieu auant & parsus toutes
choses,
& nostre prochain pour l'amour de Dieu. Or ame ne peult aymer Dieu purement &
sincerement,
que premier il ne cognoisse parfaictement qui & quel est Dieu: Car qui est celui qui
oncques ayma
choses a lui incognues? Et est ceste vraye cognoissance de Dieu incōtinent suiuie d'vn
vray amour
de Dieu, & vraye adoration d'icelui, & d'une vraye obseruation des commandemens de
Dieu, en
tant que la nonchalance de les garder procede d'un aueuglement & mescognoissance d'un
vray

Dieu. Et quant a l'amour du proche, elle naist d'une vraye & parfaicte amour de Dieu,
comme de
la premiere source, tellement que cela est vn tout seul & certain argument que nous
aimons Dieu,
quand de bon coeur nous aimons nostre prochain, c'est a scauoir, en declarant enuers
nostre prochain
l'amour que nous auons a Dieu, en faisant toute assistance & ayde a noz freres qui sont
mem
bres de Christ, comme nous sommes, & telle que nous voyons a veue d'oeil que les
membres du
corps humain par commune simpathie font l'un a l'aultre. Doncques Dieu requiert de tous
en general.
Que vrayment nous le cognoissions, ce que Christ dict estre la vie eternelle. Io. 17.
Que nous l'aimions purement.
Que nous l'honorions d'un coeur net & pur, suiuant ce qui nous est monstre & ordonne
par la doctrine celeste, & sa volonte, declaree au decalogue ou dix commandemens.
Que nous aimions nostre prochain comme nous mesmes.
Que nous nous portions innocentement enuers tous.
Que nous ne facions a personne ce que nous ne voudrions nous estre faict.
♣
Que nous ne portions hainne a personne encores quon l'eust merite.
Que nous ne condannions personne, encores qu'il fust manifestement mauuais, ou qui
pour certaines causes seroit digne d'estre condannè.
Que nous ne rendions aucun obstine en son mal.
Que ne chargions aucun de chose qui lui est impossible.
Et pour abreger, que diligemment nous euitions tout ce qui repugne a la charite fraternelle
C'est di-ie ce que la charite Chrestienne requiert, & que Dieu en plusieurs passages de
l'escriture
saincte nous commande & encharge de garder, tellement que qui ne faict ces choses, ains
les met
a nonchaloir, ou bien faict au contraire, tant s'en fault qu'il se doiue estimer iuste deuant
Dieu, qu'il
se doibt attendre d'estre vne foys par lui iugé tresiniuste.
Aucuns Blasons de Iustice.
1 Iustice Soleil de la Terre.
2 Iustice est l'oeil & la Royne du monde.
3 Ainsi que le Soleil est necessaire au monde, aussi est la Iustice.
4 Oste la Iustice, tu auras oste la Soleil du monde.
5 Ou

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
5 Ou Iustice n'est, la vertu ne proufite.
6 Verite est mere de Iustice.
7 La Iustice du Roy est d'espargner ses subiects, c'est a dire, defendre ses subiects, &
debeller les
orguilleux.
8 Iustice contient en elle toutes vertus.
9 Que le monde perisse, mais que Iustice se face.
MATTH. 5.
Bienheureux sont ceux qui ont faim & soif de Iustice.
PROVERE. 14.
Iustice exalte vne nation.
PROVERE. 14.
La voye de Iustice & de misericorde trouuera vie & gloire.
ESAYE 56.
Aprenez Iustice vous qui habitez en la terre.
S. AVGVSTIN.
Iustice seule soustient les Republiques, au tome 5. colom. 132. b.
Sans Iustice Iupiter mesme ne peut estre Prince, au tom. 5 col. 134. d.
Il n'i a point de Iustice, la ou la saine foy n'est point, au tom. 4. col. 1106. b.
La vraye Iustice est en la Repub. ou Christ est le gouuerneur, tom. 5. col. 1349. 2.
Christ est le chef des Iustes, to. 8. col. 302. c.
Ce n'est pas Iustice quand elle oste l'home a Dieu, tom. 5. col. 1179. a.
Il n'i a nul qui soit iuste sinon par Christ, tom. 7. col. 878. a.
CHRYSOSTOME.
Iustice est toute la Philosophie de l'Ame.
METHODIVS
Iustice est l'entiere obseruation de tous les commandemens.
THEOGNIS.
Iustice contient en soy toutes vertuz.
EPICTETE.
Iuste naturel ne peut tort faire.
XENOPHON.
Plusieurs n'ont en la bouche que choses iustes, & font ce qui est iniuste.
MENANDRE.
Le Iuste ne cognoist aucune maniere de nuire.
PHILEMON.
Celui est iuste, lequel pouant nuire, ne le faict.
AGESILAVS.
La ou Iustice n'est force ne sert de rien.
DECLARATION DE LA FIGVRE
DE IVSTICE HVMAINE.
VOici benin Lecteur que nous te mettons ici deuant les yeux quelque peu plus amplement
la Figure de Iustice humaine, auecques diuers personages qui en diuerses manieres
desirent acquerir la bonne grace d'icelle. A quoy pretendent & se parforcent aussi aultres

personnes, & ce pour causes qui sont tresiustes, ausquels la Iustice se mōstre bien souuēt
aueu
gle & sourde. Les aultres s'efforcent la gaigner & practiquer par moyens tresillicites &
desraisonables,
a quoy Iustice a bien souuent le regard, & y est attentiue, se monstre a eux benigne &
facile a laborder. Mais malheur a ceux qui prenent tel masque de Iustice, comme tant par
auctoritez,
comme par exemples te sera tantost par nous monstre, auecques deue declaration de tous
&
chascūs personages. Pour le commēcement donc tu voys ici la Iustice auecques deux
visages, ayāt
d'un coste les yeux ouuerts, & l'aultre visage bande d'un bandeau, & comme aueugle,
estant assise
en son trone, comme au siege iudicial, brandissant vn glaiue de sa main droicte, tenant la
balance
en la senestre. Or a la dextre ou elle est peinte, ayant les yeux descouuerts & debādez, tu
y voids personnes
applaudissantes & fort gracieuses, c'est a scauoir, Faueur, Amis, Parents, Bienfacteurs,
hom
mes riches, & aultres telles manieres de gens, tous lesquels inclinent la face de Iustice a
leur parti
la gaig

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
la gaignent & l'attirēt a fauoriser & s'encliner a ce qu'ils pretēdent. Mais a la senestre,
duquel coste,
elle est aueugle & bandee se presentent aultres personnes fort diuerses a celles que iayci
deuant
nommees, c'est a scauoir, Hainne, Pouurete, Indigence, Innocence, la souffrette des
Vefues, la foi
blesse des Pupilles, & tout ce qui de soy est debile & miserable, & qui n'a aucun appuy ni
assistē
ce d ame, sinon vne seule esperance de Iustice, qui toutes fois leur ferme les yeux de sa
clemence.
Mais elle les ouure bien a ceux qui sont plus puissants & aux riches, & a tous ceux qui
sont fauoris.
Soub les pieds de Iustice tu voids estēdue soubz la persone d'ū vilageoys ou rustaut, la
misera
ble & calamiteuse commune & peuple bas, lequel se nōme Chascun. Au dessus de cestui
ci cōme
des aultres miserables & calamiteuses personnes est depeinct le Paradis celeste, duquel ils
esperent
qu'ils seront faicts iouissans apres ces presentes miseres, apres auoir durement, mais
paciemment
souffert plusieurs griefs contre tout droict & raison, auecques bonne foy & esperance de
receuoir
Iustice plus equitable en la vie future qui est la vraye. Et ainsi nous ferons que toutes ces
person
nes parleront a la Iustice, en implorant d'icelle la clemence, la grace & beneuolence. Mais
nous
declarerons premierement aultres proprietez qu'a encores ladicte Iustice oultre celles que
nous
auons desia dictes. La Iustice doncques qui est en son siege, demōstre que tout
administrateur de
Iustice doibt estre assis. a C'est a dire, que le Iuge en dōnāt son iugemēt & sentence, doibt
auoir
l'esprit a repos, libre, rassis, & exempt de toutes affectiōs humaines. Ce que mesme
confirment les
escriptures sainctes en plusieurs passages, Exod. 18. ou nous lisons que Moyse estoit
assis depuis le
matin iusques au vespre pour iuger le peuple. Et en Iean. 19. il se lit que Pilate s'assit au
siege iudicial
pour prononcer la sentence contre Iesus Christ quoy quelle fust iniuste. Et est a bōne
cause
que le Iuge prononce sentence en estāt assis, Car en reposant & seant l'ame est rēdue sage
& pru
dente, comme tesmoigne Aristote au 7. lib. de ses Phisiques. Et quant a ce que la Iustice
se peinct

a deux visages, cela signifie que ceux qui ont administration de Iustice, ne doiuēt
seulement bailler
vn amiable regard & auoir les yeux ententifs al vne des parties, mais qu'ils doiuent
entendre egallement
a l'vne & a l'autre, & egallement cognoistre les causes de toutes les deux parties, & sans
aucun esgard ou chois des personnes, loyaument & sans corruptiō iuger la chose ainsi
qu'elle est,
ainsi que Dieu admoneste au Leui. 19. Tu ne considereras la persone du pouure, &
n'honoreras
point le visage du puissant, mais iuge iustement a ton prochain. Et de rechef au
Deuterono. 1.
est dict: Il n'i aura aucune distance de personnes. Vous escouterez assi bien le petit que le
grand.
Et ne reseruerez la personne d'aucun, pourtant que le iugement est de Dieu. Et quant a ce
que
nous vous baillons ici la Iustice a deux visages, ayant d'un coste les yeux a libres &
descouuerts,
& estant de l'aultre part bandee & comme aueugle, c'est la figure de la Iustice mondaine
que nous
vous baillons, vray est qu'il n'i a point de raison qu'elle soit telle, mais cela ce faict a la
grande infa
mie & deshoneur des iuges qui n'ont honte & ne craignent point de prende vne telle
iustice inique,
& a deux visages, voire et qui est a Dieu execrable, duquel en ce faict ils sout Lieutenans
&
Vicaires. Au reste, nous ne la baillons pont ici a deux visages, comme estant egalement
doulce &
benigne autant d'une part que d'aultre, autant clairuoyante & autant ententiue. Car telle
iustice:
est de Dieu seul, & de ceux qui imitent la iustice de Dieu, ce qu'il conuiendroit que tous
fissent
Mais c'est vne Iustice mondaine que nous vous mettons deuant les yeux, qui est subiecte
a ses asse
ctions, ainsi que le monde se gouuerne maintenant, & qui a tous coups est corrōpue ou
assez peu
raisonable. Il en y a toutes foys qui vous monstrent & representent la Iustice auecques
vne seule
face, mais icelle du tout aueugle, & les yeux bandez d un bādeau, pourtāt que la Iustice ne
doibt
regarder n'a l'une n'a l'aultre part, sans bailler n'aus vns n'aus altres aulcuns regard de
faueur ou
de hainne. Consequemment, la balance que tu voids en la main senestre de Iustice,
signifie vne
diligente examination des causes & parties par le Iuge auecques vne soigneuse
obseruation & entiere

cognoissance d'icelles, tellement que premieremēt il cognoisse de la difference, & verite
des
causes qu'il s'appareille pour en iuger. Tu voids en oultre la Iustice tenant en sa main
dextre vn
glaiue nud, par ou il nous est signifie que le Iuge droicturier & equitable, apres qu'il aura
eu pleine
cognoissance des causes deuoir prendre le glaiue pour separer celle qui est iniuste
dauecques celle
qui est iuste, & pour rendre celui qui est innocent en toute seurete & tranquilite: Et pour
iustement
punir celui qui est coulpable & sans aulcune dissimulation, ainsi que S. Paul afferme aux
Rom. chap. 13. parlant du Iuge Il est (dict il) ministre de Dieu pour toy en bien. Mais si tu
viens
a faire mal crain-le, car ce n'est sans cause qu'il porte le glaiue, attēdu qu'il est le ministre
de Dieu
pour punir ceux qui font mal. Et le benoist S. Pierre dict que les Iuges sont enuoyez pour
la vēgence
des malfaicteurs et pour la louange des bons. I. Pierre. 2. Quāt au reste, à tels bons et
vrais
Iuges toutes beatitudes sont promises par les Seigneur, comme au Psean. 105.
Bienheureux sont
ceux qui font iugement et iustice en tout temps. Et au Pseaume. 40. Bienheureux est celui
qui
entend au pouure et souffreteux: car le Seigneur le deliurera en temps daduersite. Et au
contraire
**** il

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
il menasse les Iuges iniustes de tous maux et malheurs, comme en Deuteronome. 27.
Maudict
est celui qui peruertist le Iugemet de lestranger, du pupille et de la vefue etc. Mais pourtāt
que la
droicture de Iustice est par plusieurs assaillie & combatue, qui tous s'estudient & mettent
pei
ne de corrompre l'integrite d'icelle Iustice, comme sont fauteurs, amis, parens, cousins,
familiers,
riches & c. ausquels icelle Iustice cede & donne lieu, & leur monstre vn doux & gracieux
visage & accueil, & que les aultres l'ont beau soliciter, reclamer, ou plustost implorer de
leur
part, comme sont Mespris, Hainne, Innocence, Pouurete & c. contre lesquels elle
s'endurcit,
& ausquels elle monstre vn visage triste, rebarbatif, chagrin et cōtraire, pourtāt est ce que
nous
mettons en auant icelles personnes parlātes aladicte Iustice, cōme nagueres nous auons
dict.
Et tout premierement se presente & cōparoist faueur deuant la Iustice, & lui tiēt tels
propos.
a Argu. l. Quisquis in fine C. de postuland. l. A procedente C de dilat. & in Autentico. Vt
ab illustribus
§. Sancimus coll. 5.
Faueur, Cousin.
Cousine Iustice, & ma tresdoulce amie, nous auons proces deuant ton siege Iudicial
auecques
Mespris & Misere, qui nous sont ennemis tresobstinez, & qui par ne scay quelles babioles
s'essayent a nous faire perdre le droict & raison que nous auons. Nous te prions donc
qu'ayant souuenance de nostre ancienne & ferme amitie, & du parentage & consanguinité
qui
est entre nous (qu'en tant que les droicts d'amitie le permettent) tu nous octroyes la faueur
de
Iustice, & nous defendes & amiablement deliures de ceste pietrerie de noz ennemis.
Mespris, Misere.
Ivstice Dame tresequitable en ce monde, nous te prions que tu ne regardes point a nostre
vil habit, ni a la basse qualité de noz personnes, ains que tu consideres & poises
equitablement
nostre faict, tel comme il est. Iuge a la verite, reçoy, defens & preste ton ayde a nous qui
sommes pouures, & le mespris & rebut d'un chascū, et opprimez d'une hainne tresgrieue,
prin
cipalement contre tes fauoris, parents et affins, lesquels se fians sur ceste tienne faueur,
acablēt
trop superbement nous aultres, qui sommes miserables et calamiteux, & qui a tresgrand
tort se
parforcent de nous tollir et faire perdre ce que de droict et raison nous apertient. Et n'ayes
re

gard a la qualite de noz personnes, ains nous te prions que tu te mettes plustost a
considerer
quelle est la volonte de Dieu, lequel crie treshautemēt a toy par l'Ecclesiastique 11.
chapitre,
quand il dict. Ne loues point l'home en sa vie, et ne desprise point l'home en son
apparance.
La ou Dieu ne veult point que le Iuge droicturier tourne son esprit aux choses qui flatent
et amadouent
les sens et affections exterieures, et de ne contemner aussi les choses qui en apparāces
semblent estre miserables: ains demande et veult plustost qu'on ait deux toute pitie et
commiseration
par sus tous aultres, tellement que par l'esprit de S. Iacques au chapit. 2. il menasse
bien asprement les Iuges qui sont tant rudes et cruels par telles paroles: Iugement sans
miseri
corde se fera a celui qui au pouure n'aura point faict misericorde. Lui mesme au 4. Celui
qui ayme
l'amitie de ce monde, tel home trouue inimitie enuers Dieu. Et Christ recognoist ses
Apostres
pour ses amis, aussi auant que diligemment ils acōplissent ce qu'il leur a cōmande. Ieā. 15.
Et ne recognoist aultre parētage que de ceux qui font la voulōte de son pere celeste. Matt.
12.
Or est il que la voulonte de son Pere celeste est, que le Iuge sans aulcun respect de
personnes,
iuge vn chascun selon droict et equite. Ne soys donc, o Iuge, accepteur de personnes.
Iacob. 2.
Et ne iuges aussi selon l'apparāce, Iean 7. & au 24. des Prouerb. Mais si tu te veux
acomoder aux
amis, cela se face sans offenser ta foy et conscience, cōme a dict Pericles l'Athenien.
MISERE.
Pourquoy est ce mon frere, qu'en vain tu vien amener des raisons et auctoritez? pourquoy
descouures tu la verite a vne Iustice qui est sourde et aueugle, et que sans fin tu te
trauailles en
criant, faisant reuerence, & en pleurāt deuant ceste orgueilleuse Iustice. C'est pour neant
que
tu te romps la teste a force de crier, & plustost la courouces estant a nous mal
affectionnee,
que tu ne la tireras a nostre parti. Regarde cōme elle a destourne de nous ses yeux pour
les tour
ner vers ses amis? Et pourtant retirons nous d'ici, et recōmendons nostre cause a Dieu qui
est
bening patron de tous pouures. MESPRIS. Ton conseil me plaist, mais oyons
premierement les
propoz de Dame Iustice, car elle s'est tournee vers les siens pour parler a eux. Vous
aultres cou
sins & fauorits biēaymez, sachez qu'il n'i a rien que volōtiers ie ne face pour l'amour de
vous.

Et pourtant trouuez vous demain en ce lieu, & vous aurez sentence telle que vous la
souhaitez.
Misere. Nay-ie pas bien dict que nous serions deboutez? Retirons nous donc a Dieu qui
est nostre tresseur refuge. Mais voyez, Quel mōstre est ce la qui se lāce en l hostel de
iustice tout
halletant & plein de sueur? Ha c'est ce diable d'Argēt, monstre enfle d'auarice, farci de
deniers, &
qui est biē en la grace de la Royne Iustice. Mespris. Ho, Ie voy aussi Pouurete qui y court
a grād
haste.

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
haste. Peult estre qu'ils doiuēt l'vn & l'aultre declarer leur cause deuāt vn mesme Iuge.
Nous dōques,
qui sommes desprisez & deiettez, retirons nous, & leur faisons place a ce qu'ilz puissent
mener leur cause.
Argent.
PAr combien de labeurs & trauaux ie soye paruenu a ton trosne iudicial, o Royne Iustice
tresclemente,
il se peult voir par ceste laidure qui m'en est venue, & pour tant i'espere qu'en
consideration
de ce tu seras plus fauorable a ma cause, laquelle est ici intentee, & se doibt mener & de
battre deuant toy contre ceste maigre & seiche Pouurete que tu voids, & laquelle contre
tout
droict & raison me donne trop de trauail. De laquelle si tu fais que ie soye defendu, &
qu'il te plai
se fauoriser a ma cause, tu ne me trouueras point ingrat enuers ta bonté. I'ay ceste bourse
pleine
de monoye, qui est toute a vostre commādement. En apres ie vous promets deux bōs
cheuaux,
auecques deux tonneaux de Maluoisie en signe de recognoissance. Seulement ie vous prie
que
vueillez fauoriser a nostre cause.
Pouurete.
MOy pouuret, qui suis charge & greue de souffrette & disette de toutes choses, & aussy
desti
tue de toute ayde humaine, viens a refuge a ta clemence, o Iustice tresbenigne, en suppliāt
treshumblement ton humāite & bonté, qui ie ne soye abandonne & destitue de ton equité
irrefragable,
qu'il te plaise prendre ma cause en main, & ne retirer de moy ton visage pour me voir
ainsi pouurement enhaillonné, ains que plustost tu me monstres vne face benigne &
gracieuse.
Et ce que ma pouurete ne te pourra satisfaire, la diuine bonte le te rendra abondamment.
I'ay a
faire a vn home qui est fort pecunieux, grandement riche & opulent, & lequel se confiant
en ses
biens, se parforce d'abatre ma cause, & me ruiner, ce qu'il pourra bien faire sans doute, si
ie ne suis
soustenu par l'equite de ta iustice, & que tu ayes plus d'esgard & de soin de Dieu que des
attraicts
& allichements des homes, lequel desire auoir des Iuges esquels soit la verite, & qui
hayssent
l'auarice Exo. 18. Et qui tadmoneste de ton office par ces paroles, quand il dict, Vous
escouterez
aussy bien le petit que le grand, & n'aurez acception de la personne d'aucun, pourtant que
le

iugement est de Dieu, en Deuteronome. 1. a. De rechef est dict, Iuge le peuple par iuste
iugemēt,
& ne flechis point de l'une ou l'aultre part. Deuteron. 16. Item est dict. Celui qui iuge les
pouures
en verite, son trosne sera establi a iamais. Prouerb. 19. Item. Tu nauras acception de
personne,
n'i de dons, pourtant que les dons aueuglissent les yeux des sages, & changent les parolles
des
iustes. Exod. 23. De rechef est dict. Malheur sur vous qui iustifiez l'home peruers a cause
de ses
dons, & ostez au iuste le droict qui luy apertient. Isai. 5. Iugez pour le pouure & pour le
pupille,
iustifiez l'home qui est humble & pouure. Retirez le pouure & deliurez l'indigent de la
main du
pecheur. Pseau. 8I. Et finalement il dict, que les presens & dons aueuglissent les yeux des
Iuges.
Eccles. 20. Ne vueilles doncq Iustice tresequitable, imiter les fils de Samuel qui
peruertirēt le iugemēt,
suiuant auarice & prenans des donc. 1. Roys. 8. Car les tresors d'impiete ne te profiterōt
point, mais la iustice te deliurera de mort. Prouerb. 10. Et ne vueilles point ensuiure
l'iniuste Achab,
qui par auarice fit mettre l'innocent Naboth a mort. 3. Roys. 2I. Mais o pouure &
miserable
que ie suis, tu destourne ta face de moy pouuret aflige. Ah ne fais tu non plus de conte de
tant
d'auctoritez de Dieu tresgrandes, lesquelles ie te mets au deuant, attendu qu'en iugeant tu
es cōme le
vicaire de Dieu? Mais ie te prie, pour quoy fais tu si bon visage a Argent, qui dedans bien
peu d'annees te plongera au fond d'enfer si tu ne t'amendes? b Estant doncq de toy
mesprise &
mal voulu, ie cercheray mon refuge a Dieu mesme, lequel est patron trescertain de ma
cause &
mon Iuge, auquel ayant remis la verite & droicture de ma cause, ie luy demanderay
secours, &
maintenāt te laisseray auecques tō argēt pernicieux. IVSTICE. Argēt mō ami trescher &
doulx,
apres auoir bien espluche & examine ta cause, ie l'ay poisee a bon essient, & lay trouuee
telle & si
bonne qu'on n'i scauroit que remordre ni reprendre en façon qui soit, fay doncq que tu
tiēnes &
acōplisses ta promesse, & que demain tu te presentes deuant mon siege pour ouir
pronōcer ta sen
tēce, laquelle te cōtentera & sera telle que tu la desires. Mais i'en voy la deux qui ici
viennēt, ho,
c'est mō Practiciē, & l'Aduocat des mauuaises causes, lesquel sont suiuiz de ne scay
quelle troup

pe simple. Ie me veux de rechef assoir en mon siege, pour ouir & cognoistre ce qu'ils ont
a dire.
a Nouit extra de iudic. & c. vltimo. 3. q. 9.
b c. Pauper xi. q. iij.
Le Practicien, l'Aduocat.
IVstice tresequitable, nous estimons biē que nostre loyaute & prudhomie quāt a
cognoistre des
causes vous est desia assez manifeste & claire. Enten doncq que nous auons pris en main
la cause
**** a se &

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE
& proces de ce noble & opulent personage le Seigneur Gripargent, & de le conseiller en
tout
son affaire, lequel Seigneur se plaint qu'il est grieuement offense & lesé. Et oultre ce quil
est enco
res trop tabute & harcele par ceste trouppe laquelle tu voys ci pres arriuer, laquelle par
apparance
semble bien estre simple & innocente, mais, (& nous en croy) elle est toute fourrèe de
malice,
comme celle qui en toutes sortes de malefice s'efforce de nuire a chascun, ce que nous
auons entendu
par certaine relation & rapport de plusieurs. Et ce que la commune renommée porte,
conuient
qu'il soit du tout veritable. a Nous donc, de la preud'homie & foy desquels tu es toute
asseu
rée, te prions dame equitable, que tu nous oyes & croyes, que tu defendes ce noble
Seigneur, & le
rendes paisible en son droict, & que par ta prudence tu refrenes & brides ceste trouppe
lourde &
insolente, a ce que plus elle ne soit si osée de commettre tels malefices.
a Cicero Rhetoricorum nouorum lib. 2. & lib. Topic. Nec non Aristoteles lib. 7. Ethic.
Innocence. Verite.
IVstice pleine de toute equite, nous sans aultre soustien que celui seul dont nous sommes
nōmez,
c'est a scauoir, simple Innocence & nue Verite, auons nostre recours a ton tribunal &
siege.
Onques nous ne fismes tort ou offense a personne, nous n'auons rien meffaict ni gaste,
ainçois en
tant qu'en nous a este nous nous sommes parforcez de faire plaisir & seruire a chascun. Et
ce pendant
toutes foys mōsieur Socrates Gripargent s'appuyant sur ce beau tiltre de noblesse, & se
fiant
a ses Procureur & Aduocat nous opprime & accable, nous porte entieremēt tout le
domage qu'il
peult, il nous blasonne et diffame en tous lieux, s'efforçant de nous oster nostre bonne
renōmée,
nous accuse comme si nous estions les plus meschans du monde, & met toute peine a
nous ruiner
entierement, & ose bien nous appeller deuant toy, & nous accuser tout ainsi que si nous
estions les
plus grands malfaicteurs & dannables que iamais la terre porta, a fin que nous accusant de
plusieurs
crimes il nous accable & ruine du tout. Par ce qui apparoist par le dehors, par vn bruit
mechamment
seme, & par la faulse accusation dont nous sommes pressez, nous te semblerons peult

estre coulpables, toutes foys s'il te plaist nous cognoistre de plus pres, tu trouueras pour
certain
en nous vne vraye Innocence et simple Verite, lesquelles ie te prie que tu vueilles
defendre cōtre
noz oppresseurs, & receuras de Dieu le tresiuste & condigne loyer de la iustice que nous
auras fai
cte. Garde toy doncques que tu n'ensuiues la cruaute du trescruel Herodes, qui
mechamment &
peruersement fit meurtrir les petits innocens. Matthieu 2. ne Dauid pareillement, qui
commanda
que Vrie fust mis a mort. 2. Roys 11. Mais plustost (s'il te semble que ne soyōs dignes
que tu nous
oyes) escoute au moins le Seigneur Dieu, duquel tu es en ce monde vicaire, & lui obeis
voulontiers,
en tant quil te conseille & admoneste pour ton salut. Faictez (dict il) iugement & iustice,
&
deliurez ceux qui sont opprimez par violence de la main du calomniateur. Ieremie 22. De
rechef.
Tu fuiras mensonge, tu n'occiras point l'innocent & le iuste. Exod. 23. Et soit eslongnee
de tō sie
ge ceste dure cruauté, laquelle est de Dieu tant detestée en l'Ecclesiastique 4. Iay veu (dict
il) les ca
lomnies qui se font soubz le soleil, & les larmes des innocents, & ni auroit aucun
consolateur, &
que ceux qui estoyent destituez d'ayde ne pouoyent resister a la violence des violateurs.
Le Seigneur
Dieu prononce sa malediction sur iceux iuges qui sont tant inclemens, et qui prenent dons
pour frapper l'ame du sang innocent. Deut. 27. Mais las ♣moy miserable innocent!
Pourquoy est
ce ie te prie Iuge, qui en iugeant es vicaire de Dieu, que tu destourne ta face de nous
aultres qui
sommes personnes innocentes? pourquoy fays tu la sourde oreille a noz criz, & qu'auecq
si peu
de vergogne tu contempnes & m'esprises la cause de verite? Laquelle verite & innocence
aussi, ia
soit que souuent elles soyent abbatues & pressees au mōde, si est ce que iamais Dieu ne
nous laissera
du tout accabler, comme celui qui tousiours a eu soing de nostre defense, disant le
Prophete:
Le Seigneur est iuste, il ayme Iustice, & sa face regarde equite. Pseau 10. Et pourtant
appellans de
ton siege, nous recourons a lui pour estre defendues.
Le Tuteur, le Receueur.
IVge tresequitable, ie Tuteur loyal & le Receueur aussi venōs a ta Iustice. Quant a moy
i'ay par

plusieurs annees loyaument administre et procure les negoces et affaires de ces vefues et
pupil
les, et quant l'affaire l'a requis i'ay vtilemēt et a leur proufit employe de leur bien a leur
vsage propre,
tesmoin ma propre conscience, et ayant faict bon et loyal conte d'iceux, ie lay encores
plus
loyale

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
loyallement rendu. Et neantmoins les Patrons et Aduocats de ceux ci, ne cessent de me
poursuiure
et accuser faulsement et a tort, et de malicieusement me diffamer enuers vn chascun du
nom de
deloyaute. Veu toutes foys, que toy qui es Iuge equitable mecognois tel, que ie feroye
grāde con
science d'en mentir d'vn seul mot, voire qui grandement craindroye faire la plus petite
offense
du monde a home qui soit viuant. Et pourtant ie prie ta Iustice pour l'ancienne familiarite
d'entre
nous, qu'elle defende ma droicture et sincerite de leurs abaiz, refrenne, et chastie leur
langues
petulantes par la verge de ta Iustice. Et en ce tu feras a moy qui suis ton tresfeal ami, vn
plaisir qui
me sera tresagreable, pour recognoissance duquel ie te bailleray si bon salaire, que tu
auras occasion
grande d'en receuoir contentement.
La Vefue, le Pupille
L'Aduocat parle pour les Vefues & Pupilles.
IVge tresequitable, nous te prions que tu tournes sur nous les yeux de ta clemence, & que
par pitie tu regardes nos larmes & nos sanglots. Ces Vefues que tu voys ici sont priuèes
de
leurs maris, qui tant qu'ils ont vescu ont soustenu & maintenu les causes & droict d'icelles,
qui
en leur viuant les ont tousiours gardées d'auoir pouurete & necessite, maintenāt estants
Vefues
& priuées de l'ayde & defense de leurs maris, voire forcloses & destituees de tout secours
humain,
il ne leur est rien reste sinon ces pouures pupilles quelles tiennent par les mains, lesquels
auecq leurs meres nous recommandons bien affectueusement a la clemence de ta Iustice,
a ce
qu'ayant pitie deux & de leur cause tu en prennes voulontiers la deffense, que tu soys
protecteur
d'iceux, & que tu prennes la charge de vray Tuteur, principalement contre leurs faulx &
contrefaicts Tuteurs, contre leurs Receueurs faulsaires & iniques, & contre tous les
Crediteurs
d'icelles Vefues, qui & quels qu'ils soyent, qui miserablement les contristent, & qui par
finesse
mondaine les enueloppent & deçoiuent. Il n'i a maniere de fraude que contre elles ils
n'appareillent,
& mettent tout leur effort pour les ruiner entierement. Ils feront tous que tu ne
les trouueras ingrats de recompenser leurs biensfaicts, quand il plaira a Dieu faire mieux
prosperer leurs affaires. Et ♣enntretant ce qu'ils ne pourront payer pour cause de leur
pouurete, Dieu t'en donnera ample recompense apres ceste vie transitoire, lequel ne laisse

passer aulcun bon oeuure sans remuneration, & enuers lequel le loyer de ta vertu &
iustice sera
tresgrand. Mais si tu nous desprises, si tu ne contreuiens point a noz oppresseurs en nous
fauo
risant, nous auons nostre refuge a nostre tresseur patron, qui est Dieu, qui fera iugement
au Pupille
& a la Vefue. Deuter. 10. Auquel aussi le Prophete a dict Psal. 9. Le pouure t'est delaisse,
tu
seras aydant a l'orfelin. Et ce pendant tu seras maudit toy qui peruertis le Iugement de
l'estranger,
du Pupille & de le Vefue Deuter. 27. Laquelle ♣maledictiou a fin que tu euittes a certes,
il t'a
moneste en plusieurs & diuers passages, & crie a tes oreilles ce qu'il veult que tu nous
face, & te
declare son intention par telles ses ♣parolses. Ne vueillez contrister l'estranger, & ne
l'oppressez
point iniquement: Ierem. 22. & Exod. 22. Or est il vray que celui les oppresse, lequel ne
repousse
point l'iniure de l'oppresseur quand il le peult & le doibt faire. De rechef est dict. Soys en
iuge
ant aux pupilles misericors, cōme leur pere, & soys a leur mere pour mari, & alors tu
seras obeis
sant comme le filz du treshault, & aura plus de pitie de toy que ta mere propre. Eccles. 4.
Et de
rechef, Vous ne nuirez point a la Vefue, ni au Pupille. Si tu les offenses, ils crieront a
moy &
i'escouteray leur clameur, & ma fureur s'indignera contre vous, & ie vous frapperay de
glaiue,
& voz femmes seront Vefues, et voz fils Pupilles. Exod. 22. Les cris lamentables
desquels combien
ils soyent a Dieu odieux, et combien seuerement il punist ceux qui n'en tiennent compte,
il le demonstre assez clairement quand il dict. Les larmes de la Vefue ne descendent elles
pas sur
sa ioue, et le cri d'elle sur celui qui la faict plorer? Car de la maschouere elles montent au
ciel, et
le Seigneur qui l'exauce ne se delectera point d'icelles. Eccsesiast. 35.
Et de rechef par Isaie reprent aigrement le Seigneur ceux qui oppriment les Pupilles et les
vefues disant Tous aymēt les dons, suiuēt les retributiōs, ne iugent point les pupilles, & la
cause
de la vefue n'entre point a eux. Esa. 1. Dauātage a cause de l'oppression des pupilles &
des
vefues les fils d'Israel ont este enuoyez en exil & captiuite. Ezech. 22. Ils n'ont point iuge
la
cause de la vefue, ils n'ont point mene la cause du pupille, & n'ont iuge le iugement des
pouures,
**** 3 ures

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE
ne visiteray-ie point sur iceux dict le Seigneur? ou ne visitera point mō ame vne telle ge
neration? Iere. 5. Ie te supplie donc Iuge tresequitable, que tant de si grandes auctoritez te
meu
uent a cōpassion, a ce qu'ayant pitie de nous tu iuges selon droict & raison. Mais helas tu
ne
fais conte de nous pouures miserables, qui auecques noz semblables chantōs deuant le
sourd,
& voulons faire voir la claire lumiere a vn aueugle l'aquelle il hait. Et pourtant nous
departās
d'ici, nous retirons vers Dieu Pere des misericordes & Dieu de toute consolation,
auecques
certaine confiance qu'il nous exaucera.
Chascun, Menu Peuple, Communaute.
CHascun porte sa croix. Vn chascū de nous est foulé & debilite par les gros, o Iustice
Royne
du mōde tresforte. Nous cōmettons nostre cause a ta iustice. Vn chascun descouure &
met en euidance deuāt toy la necessite, la pouurete, & nostre foiblesse miserable qui nous
presse.
Vn chascun declare deuant toy la calamité en laquelle nous pourrissons, & nous
recōmandons
bien hūblement a ta clemence, a fin que toy ayant pitie de nostre necessite, tu nous soula
ges vn chascun, tu nous aydes confirme, nous establisses pour soustenir noz labeurs, que
tu
nous ornes & munies de l'honneur & estat qui nous est necessaire. Et par ainsi se fera que
les
grands & puissans, (qui ne peuuent demourer vnis & establiz sans l'aide de Chascun, ains
estāt
Chascū abbatu, il fault qu'ils tōbent aussi & se ruinent) deuiendront plus puissans, se
confirme
ront par aydes mutuelles, qu'ils s'augmentent ensemble en forces, qu'ils florissent en
richesses
ioyeuse, paix & tranquillite, & triōfent perpetuellement en tresclaires vertuz. Mais si tu
viens
a despriser nous, qui sommes Chascun & le bas Populaire, & laisse la nostre cause sans
estre defendue,
& que tu laisse secher & languir en misere, nous qui sommes miserables, il aduiendra
que ta Republicque languira & se defera auecques nous, & elle qui eust flori par & au
moyē de
l'ayde que tu nous pouoys & deuoys faire, se viēdra a aneantir & en fin du tout perir, pour
n'a
uoir tenu conte de nous. Les chāps estants frustrez de leur deue culture & labeur
demeureront
en friche & deuiendront boscages, rien ne sera en son deuoir, ains tout tombera en vn
miserable

changemēt & mutation de forme, toutes choses qui a present sont florissantes viendrōt a
se fan
ner & defriner, & finalement les plus puissans seront contraincts mettre les mains a
offices ser
uiles, & faire ce que Chascū a acoustume faire, s'ils se veulent maintenir en vie. Et
pourtāt Iusti
ce du monde gouuernāte tresforte, poise ce mien discours vne & deux foys en ta balance,
consi
dere le diligēment, di-je, & volontiers entrepren a defendre la cause de Chascū & sa
pouurete,
a ce qu'a ton grand regret finalemēt tu n'aperçoiues tant de maux & inconueniens que iay
recitez se lancer occultement en ta Repub. Et si par ces maux de la Republique que ie te
mets
deuāt les yeux tu n'es encores assez esmeue, au moins que le respect de ton propre salut
te resueille
vn bien peu, ou que la cause de ta ruine future te solicite aucunement. En oultre, que la
crainte de la diuine Iustice gangne quelque chose sur toy, & te laisse par icelle enseigner
ce quel
le requiert que tu faces a Chascun, & quel tu te doibs monstrer a l'endroict du pouure
Peuple.
Oyez les (dict elle) iugez ce qui est iuste, soit qu'il soit citoyen ou estranger, il n'i aura
aulcune
difference de personnes. Deut. 1. Et de rechef. Tu ne considereras point la personne du
pouure,
i les honneurs, le visage du puissant, mais iuge iustement pour ton prochain. Tu ne
comparoi
stras point contre le sang de ton prochain. Leuit. 19. Tu ne feras point de violence au
pouure,
pource qu'il est pouure, & ne froisseras l'indigent a la porte, car le Seigneur iugera sa
cause, & pi
quera ceux qui ont pique son ame. Prouer. 22. Iugez endroicture fils des homes. Pseau. 57.
Iusques a quand iugerez vous iniustement, & supporterez les meschants? Pseau. 18.
Malheur a
vous qui iustifiez l'home peruers a cause de ses dons, & ostez au iuste le droict qui lui
apertient.
Isai. 5. Celui qui iustifie le peruers & qui condanne le Iuste, l'un & l'aultre est abominable
enuers
Dieu. Prouer. 17. Mais cōme ie voy il fault que Chascun soit ruine. Car il sonne les
paroles
diuines a vn sourd, & mōstre la lumiere de verite a vn aueugle, qui ne se reduist par
raisons, ni s'es
pouāte des menasses diuines. Ayons donc a Dieu nostre recours lequel sera le tresaspre
vengeur
de noz iniures, & secours tresclement de nostre-pouuretè.
Enfer. Paradis.

Apres auoir veu la figure ci deuāt apposée Iuge tresequitable, ainçois qui plus est, estāt
enseigne
par ces vrayes & diuines auctoritez, cognoy de certain les loyers de la iustice que tu auras
faicte.
Si tu as gardè la droicte verge d'equite, & sans exception d'aucune personne tu as iuge ce
qui est
vray & iuste, regarde que la doulce & desiree felicite du Royaume celeste t'est appareillee
pour te
receuoir. Mais si en te portant iniustemēt tu te foruoyes du droict sentier, si tu viēs a
considerer les
personnes

LA FIGVRE DE IVSTICE MONDAINE.
personnes, si en iugeāt tu te veux laisser aller a tes affections, plustost qu'obeir a la veritè,
voy cōme
l'Enfer beant t'attēd auecques toutes ses peines & tormēts. Pourtāt ie te prie Iuge,
quicōque tu
soys, qu'estāt records de ton office, voire plustost de la diuine volonte (de laquelle tu tiēs
la place
en iugeāt) que tu gardes perpetuellemēt & inuiolablemēt la Iustice en son entier, & que
iamais tu
ne portes la verge d'equite sinon toute droicte, qu'entieremēt tu te despouilles de toutes
affectiōs
humaines, que tu cognoisses biē & a la verite les causes des parties, que tu ne te hastes de
iuger, &
qu'en iugeāt tu iuges ce qui est la mesme veritè, & ce qui sera bon & equitable, cōme si tu
iugeois
par la bouche de Dieu, qui est iuste iuge, & pronōces la sentence, non cōme tiēne ains
ainsi que si
elle venoit de Dieu. Et a fin que tu faces plus puremēt ce dont ie t'admoneste, en traictāt
les causes
ayes esgard a la verite du faict, plustost qu'a quelque hainne ou faueur, qui sont deux
tresmauuais
conseillers pour corrōpre la Iustice. a Car le iuge doibt en tout negoce cōsiderer ce qui est
licite se
lon equité, ce qui est conuenable selon l'honestete, & ce qui est expediāt selon l'utilité. b
Et en fin
tous ces points diligemēt considerez, le Iuge doibt moderemēt ou condāner ou absouldre,
sans en
aucune maniere s'enflāber de courroux contre les coulpables, sans cōtre eux crier par
fureur, ou les
tencer peu sagemēt, ains plustost en son coeur pleurer en les condānant, & en son visage
monstrer
vne vraye tristesse de coeur. Mais aussi pareillemēt en cognoissant des causes, ne se doibt
il aspremēt
courroucer cōtre ceux qu'il estime mauuais, ni pleurer pour les prieres des calamiteux, car
cela
n'est point le faict d'un Iuge constāt & droict, quand par son visage il decouure les
mouuemēs
de son esprit. Et pour le faire brief, il conuiēt qu'il face en sorte iustice & iugemēt, que
par son bon
esprit il augmente l'auctorite de la dignite. Aultre part le texte dict, d que le iuge ne se
doibt mouuoir
par les prieres de ses enfans, ni par les larmes de la femme du delinquant. Dont Cicero
fontaine
de l'eloquēce Romaine a dict & a bō droict, Iustice estre la cōseruatrice de l'humaine
societé &

vie cōmune, si toutes choses sont iugees auecques moderation & selon droict & raison,
sans aulcu
nes affections humaines. Et doiuēt toutes ces choses estre obseruees par les iuges de
nostre temps.
lesquels cōbien ils soyent assez souuēt corrōpables, cela est tout notoire a chascū, & ce
que Pilate a
vne foys faict, ie crain qu'ils ne le facent iournellemēt, cōme ceux qui par vne voulonte
peruerse,
ou par quelque hainne, ou pour cause d'amitie, ou par affection de parētage ou affinite, ou
biē estās
(a fin que ie ne mette en conte ce qui est pire que tout) gaignez & corrōpuz par argent,
rendent la
Iustice ainsi contaminee quelle est, & quon la void, laquelle toutes foys ils deuroyēt
pronōcer tres
equitablemēt, apres l'auoir pesee a la balāce de la iuste raison. Dont est dict, e au lieu ci
dessouz
cotté. Que les iuges donc se gardent bien (a fin qu'en passant ie les admoneste) & soyent
sagemēt
entētifs, a ce qu'en la procedure des causes ne domine aulcune hainne, quon ne s'y serue
d'aulcune
faueur, d'auantage que toute crainte en soit bannie, que le loyer ou attente de loyer ne
destourne
point de faire iustice, ains qu'ils ayēt tousiours la balāce es mains, qu'ils poisent les causes
en equi
te & droicture, de sorte qu'en tout ce qu'il conuiendra faire en icelles, ils ayent tousiours
deuant
les yeux la crainte de Dieu, principalemēt a conceuoir & prononcer les sentēces. A fin
qu'ils ne
soyent imitateurs de Pilate, qui en la cause de Iesus Christ monstra l'exēple d'un Iuge
tresinique,
pechāt non seulement contre Dieu, mais aussi cōtre les loix humaines, & pourtāt deuoit il
a bon
droict estre puni de tresgrieues peines, mesmes par les loix Imperialles. s Ie pouoys bien,
ie le confesse,
traicter & discourir en diuers chapitres de plusieurs choses, lesquelles iay cognues par
lōgue
experiēce, & qui sembloyēt bien seruir a la purgation & amādement des harcelleries &
malignitez,
& au profit de la chose publique, ce que i'eusse faict plus copieusement, auecques plus de
tesmoignage
& plus fermemēt, si i'eusse estime que ce liure deust seulemēt venir es mains des Practi
ciens & Officiers. Mais craignāt ce qui aduient souuēt, que ce liure ne paruint aussi bien
es mains
d'autres personnes, ausquelles telles preuues & expositions seruissent d'enseignement &
de scandale,

plustost que d'aultre chose, pourtāt ay-je trouue meilleur sagemēt me deporter de
declarations
plus amples, que peu sagemēt donner a cognoistre aux simples choses desquelles ils
fissent
mal leur proufit. Car en ce temps qui est si infecté & plein de meurs corrōpues, ce n'est
chose seu
re de mettre par escrit tout ce quon voudroit bien. Car quiconque se met pour le iourdhui
a cō
poser quelque chose, & escrire sur le droict, il ne se met pas en vn petit danger. Voila ce
que i ay
voulu mettre deuant le proces Iudiciaire, pourtant qu'il me restoit quelques fueilles de
papier
blanc, lesquelles i'ay voulu employer. Et aussi a fin qu'expressement ie monstrasse a tous
Iuges
les louanges, la grace, necessite, nature & ordre de Iustice. Venons doncques a
commencer au
proces Iudiciaire, & par ordre.
a Ipse. c. Iudicare c. Qui recte, & c. Quatuor cum multis alijs huic materiae congruentib.
11. q. 3. c. Omnis 4. 5. distinct.
b Vt inquit text. in c. Magnae deuotionis extr. de voto.
c Vnde text. in l. Obseruandum ff. de offic. praesid. congruit nostro proposito ibi.
d Alibi text. in c. Est iniusta. 24. q. 4.
e Text. in c. 1. de re iudica. lib. 6.
f Quant a ce voyez le S. Louis Montalto de Siracuse sur la reprobation de la Sentence de
Pilate.

[tout image]

LA PRACTIQVE DES MATIERES
CIVILES, FORT VTILE ET NECESSAIRE
A TOVS BAILLIFS, PREVOSTS, LEVRS LIEVXTENANS:
Legistes, Practiciens, & par especial a ceux qui ont quelque charge ou
office en Flandres, & au grand Conseil de Malines.
Composée par Messire Iosse de Damhoudere, Cheualier, Docteur es droicts, jadis
Conseiller &
Commis des domaines & finances du feu Empereur Charles cinqiesme, & a present du
Roy
Catholique en ses pais Bas.
CHAPITRE I.
Quelles personnes sont necessaires en Iugement.
SOMMAIRES.
1 Es iugemens sont troys personnes necessaires.
2 Es Cours des fiefs de Flandres, & autres consistoires de ladicte contree, la quarte
personne y est necessaire.
ES CHOSES ciuiles,
tout ainsi qu'aus matie
res criminelles, a sçauoir
en tous iugemēs est
du tout necessaire, qu'il
y ait troys personnes, le
Demandeur, le Defendeur
& le Iuge. Au Demādeur
appartient intenter,
actionner, obijcer
& demāder. Et au Defendeur d'infirmer l'actiō,
ou ce que contre luy sera intenté, par sa contre partie,
refuter ses obiects, & nier auec equite de droict ce,
qu'il lui demande. Auecques ces deus litigans y a le
Iuge moyenneur, qui benignement preste audience
a l'un, & a l'autre: & requis, en administrāt droicte
iustice, pronunce la sentence contre l'un des deus,
condannant l'un, & donnant sentence au profit de
2 l'autre. a Mais quant aus Cours des fiefs ou feodaulx
de Flandres, & en tous autres leur consistoires (qui
sont en leur commun langage appellées Vierscharent) il
faut que la quarte personne y soit, voire y est du tout
necessaire: asçauoir, le Seigneur moniteur ou requisiteur,
que le cōmun appelle, den Maendere, ou Maender
heere) car si ceste personne ni estoit pour esmouuoir
& semondre le Iuge a faire iugement, ni les hom
mes de fiefs ou feodales, ni les Escheuins qui assistent
la: voudroyent ou pourroyent exercer leur office de
iudicature. Laquelle coustume, voire de droict, il ni
a persone qui puisse douter qu'aultrement soit obseruée

par tour Flandres.
a vt l. In tribus & l. inter litigaentes, & ibi Barto. ff. de Iu
dic. & Specul. in princip. post prooemi. & tit. De comparitiōe
in termino, versic. penulti. & titu. De interrogat. quae fiunt
ante litem contestatā, c. 1. 4. q. 4. & c. Forus extra de verbo
significat. & D. Placentinus tit. 8. de Iudice & iudic. nu. 1.
CHAP. II.
Des Iuges.
Sommaires.
1 Le Iuge prend la personne de Iustice & de Dieu.
2 Iustice baille a chascun ce qui luy appartient
3 L'office du bon Iuge.
4 De quelles vertuz le Iuge doibt estre doué
5 Le plus souuent sont les offices demandez par ceus qui en sont indignes
6 Celuy qui estant digne d'un office, ou Magistrat le demande, quand il y doibt estre
auance.
7 On doibt employer les talents du Seigneur a l'vtilite publique.
8 Celuy qui desire vn office ou Magistrat, il desire bon oeuure.
1 TOut Iuge en faisant iugement, ne represente
point sa personne, mais celle de Iustice, voire
qui plus est, celle de Dieu, ce que ie voudroye
estre imprimé en l'entendement de tous Iuges, aussi
2 bien comme il est trescertain. Et partant, tout ainsi
que Iustice renda l'egal & iuste contre poids de la ba
lance, a chascun ce qui est sien, aussi appartiēt-il au Iu
ge qui tien le lieu & place de Iustice, & represente la
3 personne d'icelle, ne se laisser corrumpre par nulles
affections, ains selon l'integrite & equite de iustice,
& sans acception de personnes rendre a chascun ce
qui est sien, absoluant l'une des parties, & condennant
l'autre. Et a fin quil le face plus heureusement,
& auec meilleur succes, il fault que par lui soit tant le
Demādeur, que le Defendeur escouté, auecques toute
facilité & humanité. Que attentiuement il escoute
& entende les accusations & defenses d'une part &
d'autre, quil les retienne & imprime en son entendement,
A

2 LA PRACTIQVE
& les examine par vif iugement, les confere,
rumine dessus, & par meure & certaine cognoissance
des choses, pronunce de sa bouche, non ce que son
affection lui suggere, mais ce qu'une vraye & pure
conscience, ce que la raison & equité, ce que iustice
lui dicte & inspire: & donne sentence, par laquelle il
adiuge tāt au Demādeur qu'au Defendeur ce qui est
4 de droict & iusticé: Car il ne fault pas qu'en iugeant
le Iuge se mōstre leger, temeraire, ou trop hastif, mais
prudent & meur. Et pour rememorer quelques autres
vertuz, & offices du bon Iuge, il fault que tel soit
home docte, iuste & equitable, non sans raison, prudent,
non point grossier ou neuf, qu'il soit sain d'entendement,
accort, benin, modeste, non point corrumpu
par affections, mais home entier, beneuole,
debonnaire, non cruel, ou sanguinaire: En oultre, il
doibt diligement examiner & cognoistre les causes
& intentions des Parties, ne se fondant en coniectures,
mais acquiescer aus loix, & doibt és choses douteuses
estre plus enclin a pardonner, que non a condanner,
& finalement doibt pronuncer la sentence
meurement, & auecques certaine cognoissance de la
cause & matiere. Or comme ainsi soit qu'il apertient
qu'un Iuge soit orne de telles, & semblables vertuz,
c'est bien vne chose emerueillable, qu'au temps qui
court, tant d'homes non sçauans, & indignes, & qui
toutalemēt sont destituez des vertuz ci dessus mentionnées,
sont iournellement beeans apres les offices,
& par grand dons & presens qu'ils font, sont corbinans
& poursuiuans les Magistrats, desquels, tesmoin
leur propre conscience, ils sont tresindignes.
5 Mais s'il s'en trouue aucun qui par sa certaine cōscien
ce, & par suffisant tesmoignage de gens de bien, &
de sçauoir, se cognoist estre de Dieu doué de ces vertus,
6 & prochasse vn office, non pour le regard de soymesme,
ou son profit particulier, ains par amour de
iustice, & desir d'ayder son prochain, tel home selon
mon iugement ne doibt pas estre deboute, ni esconduit,
mais plustost doibt estre aprouué & loue de
tous, & admis & auancé a tels offices publiques, voire
doibt estre stimule, & encouragé a les entreprendre:
7 Cōsidere que Dieu ne cōfere a nul home ses graces,
a ce qu'il les garde pres soy inutilement, & sans
les faire fructifier & profiter, mais a fin que sagement
il les employe au profit du commun (veu que Dieu

a recommande a chascun son prochain) ce qu'a grand
peine se pourra mieus executer, qu'en administrant
Iustice: Et estime que tel a este le iugement de Sainct
Paul, quand il a dict: Celui qui desire la charge d'un
Euesché, desire bon oeuure. C'est a dire, qui desire vn
office Ecclesiastique, ne desire point son propre bien
mais desire auoir le moyen d'ayder a son prochain, a
ce qu'il gouuerne bien, qu'il enseigne bien, a fin qu'il
console les affligez par le tesmoignage des sainctes
escritures, & qu'il espouante les mauuais par les mesmes
tesmoignages & exemples, en toutes lequelles
choses il se porte loyaument, ou en ait le desir, il ni a
point de doute, que tel desire bon oeuure. Par semblabe
raison on pourra aussi dire: Quiconque desire
vn Magistrat, asçauoir celui qui est de Dieu orne des
vertuz deuāt dictes, & ne desire point tant ce Magistrat
pour soymesme, que pour en seruir Dieu, &
son prochain, tel home, a vray dire, desire bon oeuure,
& pretend a bōne fin. Mais venons a dire de la
diuersite des Iuges.
CHAPITRE III.
De la diuersité des Iuges.
Sommaires.
Souuerain ou vniuersel, auec iurisdiction tousiours d'elle mesme pleniere.
Ordinaire
Planiere d'ailleurs.
Le Iuge inferieur ou subalterne, sçauoir est auecques iurisdiction
Limitée a certaines causes.
Des Iuges
Delegué auec Planiere, a sçauoir par commission a toutes causes.
l'un est
puissance, autrement Delegation de superieurs
Limitée a certaines Princes ou Magistrats
causes par Election de cōpagnie, ou par de creation de Magistrats.
Plus clairement.
1 Combien il y a de sortes de Iuges.
2 Qui sont les Iuges ordinaires.
3 Qui sont les Iuges souuerains ordinaires.
4 Qui sont les Iuges subalternes.
5 Les Iuges inferieurs, qui ont plaine iurisdiction.
6 Les Iuges inferieurs, qui ont leur puissance limitée.
7 Qui sont dicts Iuges deleguez.
8 Iuges deleguez, qui ont pleine puissance.
9 Iuge deleguez, qui ont leur puissance limitée.
ET a fin que des troys ou quatre personnes sus
mentionées, nous commēcions au Iuges, il

est a sçauoir qu'il y a deus sortes de Iuges: Car
1 les vns sont ordinaires, les autres sont deleguez. Les
2 Iuges ordinaires sont ceux qui de leur droict ordinaire,
par eux ou par benefice du Prince, ou de droict escrit,
ou iurisdiction vniuerselle, ou limitée, & la peuuent
aucunesfoys exercer plainemēt, & par foys aussi
limitéement, a sçauoir pourautant qu'ils sont tels. Or
3 de ces Iuges ordinaires, les vns sont souuerains, les au
tres inferieurs ou subalternes. Les Iuges souuerains
sont ceus ausquels tousiours compete vne souuereine
& pleine puissance, & iurisdiction par soy & tout
iours, telle qu'est la puissance du Pape, de l'Empereur,
& des Roys. Plus: d'aucuns Ducs, Contes, &
Princes qui n'ont receu, & ne tiennent leur iurisdiction

CIVILE. 3
d'aucun, ains leur est acquise par droict hereditaire,
& ne recognoissent aucun superieur a . Ou dict
le texte. Selon la maniere de faire des anciens, nous
trouuons que celui seul peut a vn autre commettre
iurisdiction qui la possede de son droict, & ne la tient
par benefice d'autruy: Car aussi est les Pape Iuge ordinaire
quant aus choses spirituelles: L'Empereur
souuerein Iuge és seculieres, & auecques lui tous
Roys & aucuns Ducs & Contes, comme desia nous
auons dict, qui ne sont soubmis a aucun superieur,
4 ni rendent obeissance selon le droict escrit b. Les Iuges
ordinaires inferieurs ou subalternes sont qui
ont receu leur iurisdiction de leurs superieurs, ausquels
ils sont soubmis sans moyen. Les vns ont tous
5 iours ceste iurisdiction planiere & vniuerselle, non
pas par eus mesme, mais par ordonnance de droict
sans plus, ou par benefice de superieur, comme d'Em
pereur, Roy, Duc ou Conte. Telle pleine iurisdiction
ont aussi Cardinaus & Euesques: aucūs Ducs
Contes & Princes, & dessous eus les Barons, Marquis
6 & c. Autres en ya qui ont receu leur iurisdiction
non pleine, mais seulemēt limitée, ascauoir de droict
ou par la volunte de superieur a certaines causes seu
lement: Telle puissance ordinaire ont les Academies
& Escoles publiques, quelques Abbez, Preuosts & c.
Dauantage aucuns Chastelains, Burgraues, Statutaires,
& semblables Feudataires, ou Vassaux, tant maieurs
que inferieurs. En outre les Conseils Prouinciaus.
Item tous Magistrats, qui tiennent leur iurisdiction
par donation de Ducs, Cōtes ou Princes, ou
par leurs Commissaires, a cause de laquelle ils sont
aussi dicts Iuges ordinaires par priuilege, ou par cou
stume, laquelle coustume ou priuilege les faict ordinaires.
7 c Au reste les Iuges deleguez sont ceus, ausquels
cōpete quelque puissance de iurisdiction, non
pas de par euxmesmes, ne semblablemēt par octroy
de benefice perpetuel, mais toutes foys par certaine
delegation, ou par commission du superieur a certain
8 temps. Semblablement la puissance de ceux ci
est quelque foys pleine, asçauoir, quand le superieur
met a quelqu'un entre mains sa puissance planiere,
& la lui commet a toutes causes, toute telle qu'il a
lui mesme, ainsi qu'est le pouoir qu'ont aucuns Legats
du Pape, ou quelques Commissaires de Roys,
9 Ducs ou Contes. Il est aussi quelque foys que ceste

puissance deleguée leur est limitée, asçauoir, quand le
superieur baille a quelqu'un sa puissance, non pas a
toutes causes en general, mais il la limite luy mesme,
& la restrainct a certaines causes peculieres.
Aucuns legats de Papes sont aussi ainsi deleguez iuges,
non pas auecques puissance vniuerselle. Item
Confesseurs ou iuges deleguez. Dauantage les arbitres
deleguez parle iuge superieur. En outre tous iuges
extraordinaires esleuz, creéz, & confirmez par
quelque magistrat vniuersel ou particulier, ausquels
a este deleguée quelque administration de Iustice par
les Superieurs. Tels iuges subsidiaires sont les Iuges
des nations, ou compaignies de marchans, confraries
des Archers, des Mestiers, qui presque tous sont dicts
iuges subsidiaires, pour autant qu'en subside, & ayde
du Magistrat superieur, ils sont par icelui mesme Ma
gistrat esleuz, creez, deleguez, & confirmez, pour iuger
de certaines causes qu'on estime particulieremēt
apertenir a leur Nation, Compaignie ou Mestier,a
cause de quoy ils sont aussi par priuilege ou coustume
dicts Iuges extraordinaires. d Ou Vlpian dict,
Celui qui entreprent la iurisdictio a lui commise, il
n'a rien de propre, mais vse de la iurisdiction de celui
qui l'a a lui commise, & c. e
a l. More maiorum ff. de iurisd. omnium iudic.
b c. A iudicib. 2. q. 6.
c c. Cum contingat. de fo. competenti.
d l. Prima. §. Qui mandatam, ff. de off. eiuss cui manda.
est iurisdictio.
e c. Sane quia extra de offic. delega.
CHAPITRE IIII.
Des Iurisdictions.
Sommaires.
1 Qu'est Iurisdiction.
2 Premiere diuision de Iurisdiction.
Ordinaire Pleine
Des Iurisdictions l'une est Demipleine
Deleguêe Pleine
Non pleine, ains mixte ou limitée.
3 Quelle est la Iurisdiction ordinaire.
4 Quelle est la Iurisdiction deleguée.
5 Quelle est la Iurisdiction pleine.
6 Quest Iurisdiction mixte.
7 Qui ont Iurisdiction mixte.
8 Seconde diuision de Iurisdiction.
Haute

Des Iurisdictions l'une est de Iustice Mixte, ou moyenu♣
Basse.
9 Quest haute Iustice, & de ce qui lui appartient.
10 Quest Moyenne Iustice & en quoy elle s'excerce
11 Quest Basse Iustice & qu'a lui apertient.
12 Iurisdiction compette a quelqu'vn en troys manieres.
APres que auons par les chapitres precedēts
demonstré de la qualite des Iuges, de leur
office, & de la diuersité d'iceus, suiuant l'or
dre deu & cōuenable, nous toucherons aussi en cest
endroict de la puissance qu'ils ont, laquelle nous appellons
tous a bō droict Iurisdictiō: car Iurisdiction
A 2 n'est

4 LA PRACTIQVE
1 n'est autre chose que la puissance que le Iuge a, en fai
sant iugemēt, ou (comme autres diffinissent) iurisdiction
publicquemēt introduitte, auecques necessire.
de iuger, & puissance d'establir & maintenir ce qui
est equitable, & iuste suiuant Azo. a Et tout ainsi que
auons distingue les Iuges en deus manieres, sçauoir
in Iuges ordinaires, & deleguez, aussi repartirons
nous en deus la iurisdiction des Iuges: Car de ces iurisdictions
2l'une est ordinaire, & l'autre deleguée. La
3 iurisdiction ordinaire est celle qui a aucun compette
par droict escript ou hereditaire, par priuilege, ou
4 bien qui est conferée par priuilege du Prince. La iurisdiction
qui est deleguée ou commise, est celle qui
n'est propre, mais seulemēt a temps: a sçauoir laquelle
le Prince ou autre Superieur a baille a quelqu'un a
certain tēps, aucunes foys auec pleine puissance, par
foys aussi auecques puissance limitée. Par ou aduient
que la iurisdiction ordinaire est double, a sçauoir l'une
qui est pleine, & l'autre qui n'est pleine, ains mixte
5 ou limitée. Iurisdiction pleine est celle qui de soy,
ou par benefice de Superieur s'estend a toute cognoissance
de causes. Ceste ci premierement, & par
soy compette aux Iuges superieurs, a sçauoir aux Pa
pes, Empereurs, Roys, & a quelques Ducs, Contes,
& Princes, qui ne sont soubmis a autres quelcōques
(comme ci dessus nous auons dict. ) Et par ainsi le
Conte de Flandres nostre Prince tresclement, a, &
exerce sa Iurisdiction pleinement, ou auecques pleine
puissance, & vse par tout Flandres de tous droicts
royaux, & de Prince, tout ainsi que le Roy de Frāce
6 en vse, & a tousiours vsé soubz sa corone. Iurisdictiō
non pleine, mixte ou limitée est toute autre Iurisdiction
de Princes, asçauoir qui n'a pas cognoissance
de toutes causes, ains a tant seulemēt ceste puissance
que le seul Prince superieur, ou quelque autre Magistrat
superieur a conferé a aucū, ou plainierement, ou
7 auecques l'imitation. Telles Iurisdictions sont les Iu
risdictions des Cōciles Prouinciaux, des Magistrats,
Abbez, Preuosts, Chastelains, Burgraues, Vassaux,
Monoyeurs, & plusieurs autres. Les Feudataires de
grāds & mineurs Vassaux ont pareillement Iurisdiction
sur le leur, non pas pleine, mais seulemēt limitée,
a ce qu'ils cognoissent des fiefs sans plus, & des
dependences d'iceux, selon la coustume & vsage de
leurs Cours, & suiuāt la teneur du denōbrement de

leurs fiefs, ou possessiōs qu'ils ont acquises sur iceux.
Les Burgmaistres semblablemēt, Escheuins, Satutai
res, & autres Iuges establiz és villes ou Chastelenies,
ont aussi leurs Iurisdictions limités selon les droicts
& Priuileges qui leur sont octroyez par les Superieurs
& suiuāt la coustume & vsance de leurs consistoires,
qu'ils appellent Vierscharen, cōme nous auōs demon
stre au chapitre precedēt. Ici apertiennēt aussi les Iu
risdictiōs des Statuz, Natiōs, Colleges, Vniuersitez,
& de toutes autres cōpaignies quelles qu'elles soyēt,
desquels la Iurisdiction est basse, & non pleine, ains
seulement limitée a certaines causes, sçauoir a celles
qui concernēt principalement leur plaidoyer & vsan
ce, & nō a autres. Et pourtāt leur est-il par octroy de
leurs Superieurs permis, que de leurs Colegals, Cōpaignōs,
& cōmēbres ou cōfreres, (qui sont estimez
estre les plus sages de la compaignie) d'en eslire &
creer quelqu'un pour Iuge superieur, qui auec les au
tres ses Collegals & Suppostz face iugemēt, & selō
les circonstances, & qualitez de la matiere pronunce
8 la sentence. b Or est-il que toute Iurisdiction est diuisée
en troys especes:a sçauoir en haute Iustice,
moyenne Iustice, & basse Iustice, qui se raporte a vne
legere punition corporelle, & pourtāt pourrōs nous
9 appeller ceste basse Iustice simple iurisdictiō. Quant
a la haute Iustice, c'est vne certaine souueraine puissance,
par laquelle les choses qui sont de Iurisdiction
vniuerselle sont faictes euidantes. Ceste Iustice a la
puissance de punir par glaiue & espée, par la hart, par
le sac, par le feu, & la chaudiere, par la roue, auecques
autres punitions qui sont & appartiennent a la puissance
souueraine, par lesquelles elle punit les delinquās
selon la diuersité des crimes, cōme nous auons
assez amplement demonstré en nostre Practique
criminelle. Or ceste puissance de haute Iustice est dicte
& appellée pure, pourautāt qu'elle est alienée de
cognoissance pecuniaire, a sçauoir que d'elle ne succede
aucun profit pecuniaire. c Car punir les Crimi
nels, emprisonner les delinquans, mutiler les mēbres,
imposer pene capitalle, & punir de semblables penes
corporelles apertenātes a la hauté Iustice, n'apporte
aucun profit en la bourse, ains concerne sans plus le
biē & profit public, en tāt que par telle executiō est la
Republique deliurée de meschans garnemēs, & con
seruée en bonne paix, tranquilité & seureté. Doncques
toutes les peines capitales, sont redigées en

troys chapitres, qui sont la mort, le bannissement, &
10 la relegatiō, comme tesmoigne Hostien. d La Iustice
mixte ou moyenne, est vne moyenne puissance, par
laquelle sont exposées les choses qui sont en moyenne
iurisdiction. Et est ceste Iustice dicte mixte, comme
s'elle estoit bastie & formèe, de la basse & haute,
& par ce quelle comprēd en soy emolument pecuniare.
Les choses doncques qui appartiēnent a ceste
moyenne Iustice: sont, donner possession de biens,
mettre en possession, faire cōmandemēs, inhibitiōs,
& deffenses, donner tuteurs aux pupilles, auec l'imposition
de toutes autres peines grieues (la peine capitalle
& mutilation de membres hors mise) telles
que sont, relegation, le fouet, ou semblables chastimens,
& quelque peu plus griefs. e Or ces choses qui
sont subiectes a moyenne Iustice, appartiennēt prin
cipallement au bien & profit des particuliers: & les
11 despechēt les iuges d'office noble. Basse Iustice, ou le
gere dominatiō, (ou simple Iurisdictiō, ou ainsi qu'ō
la voudra appeller) est celle qui obtient le moindre
pouoir de chastier les corps: Ceste ci cōpete a tous iu
ges inferieurs, comme il est noté. f Elle cōpette sem
blablement a tous magistrats. g Car aussi tous magistrats
ont seulemēt cognoissance de crimes legers, limitez
non royaux. A quoy sert la loy. h Et pourras
voir ces choses plus amplement par Bartole & ceux
de sa sequelle, en l'excellente loy. i Et ces matieres
qui sont de la plus petite ou simple Iurisdictiō, se des
peschent aussi par Iuge d'office mercenaire, & tendent
12 au bien cōmun. Or est il que la susdicte Iurisdi
ctiō cōpette a quelqu'un en troys manieres, sçauoir
par droit, de coustume, par donatiō du Prince, & aussi
par prescription d'un treslong temps, ou de si long
tēps, qu'il n'est aucune certaine memoire du cōtraire
a In l. Prima ff. de iurisdic. omni. iudic.
b De his vide Speculū eod. tit. l. 3. C. eod. tit. de Iurisdict.
omnium Iudic. Concordat glossa vnica prope finem in c. Ro
dolphus de rescript. & c. Significasti de fo. competen. c. cum
ab ecclesiarum de offic. ordina.
c Institut. de pub. iud. in Princ.
d Hostien. in c. veniens de iureiur. et l. 2. ff. de pub iud.
e l. Prima in glos. & in textu ff. de Iurisdict. omnium.
f In c. Si diligenti de fo. competen.
g l. Magistratus

CIVILE. 5
g l. Magistratus ff. de iurisdict. om. iudic. & §. Audient in Autent. de desenso. ciuita.
h l. Leuia ff. de accusatorib. l. Magistrati. & ibi Barto. ff. de iurisdict. omnium iudic.
i l. Imperium ff. eo. & per Specu. eodem titu.
CHAPITRE V.
Des Consistoires, qu'ils appellent communement en
Flandres, Chambres ou Vierschares.
Sommaires.
1 En Flandres ont premierement este deux Chambres Principales.
La Chambre des comtes.
2 A sçauoir &
La Chambre Legale.
3 A Dunkercke, a Grauelines, a Bourbourg, a Bornehem se despeschent les negoces de
paix.
4 Iadis l'espée mise sur vn lict signifioit souuereine iurisdiction.
5 En quel an Philippes le Hardi establit nouuelle Court a l'Isle.
6 Ce que traictoit la Chambre des comptes.
7 Ce que traictoit la chambre Legale.
8 Ce que traictoit la Court nouuelle.
9 La court nouuelle ne succed a pas bien.
10 En quel temps Iean Duc de Bourgogne diuisa la court nouuelle, & transporta le
Conseil a Grand.
11 Pour quelle raison les Conseillers de Gand & de l'Isle s'entre appellent freres.
12 L'appel au Parlement de Paris suspens par Philippes Conte de Flandres iusques a
neufans.
13 En quel an Philippes Conte de Flandres assugetit du tout les quatre membres de
Flandres au Conseil de Gand.
14 Le Conseil de Gand fut occasion que la chambre Legale fust anichilée.
15 Charles de Bourgogne s'estant exempte du Parlement de Paris, establit a Malines le
Parlemenr des
pays Bas.
16 Au iourdhuy y a en Flandres troys chambres souueraines.
La chambre des Comtes auec celle
a l'Isle.
des Reningues qui lui est adioincte
a sçauoir La Legale
& A gand.
Celle du Conseil
Celle de Gand.
De Bruges.
17 Il y a quatre chambres Metropolitaines
D'Hypres.
De ceux du Francq.
18 Les chambres subalternes & Bancs Iuridiques sont en fort grand nombre.
19 Quest la chambre Renengaire.
20 Offices des chefs des Reningues.

21 Reningues sont Iuges des Arrests.
22 Noms des Reningues auecques leurs Titres.
AYant a traicter de Pretoires, Cours, Chābres,
& Vierschares (ainsi qu'on les appellé
communement) il m'a semble bon deprendre
la matiere de plus hault: Car pour suiure en
ceci les annalles des histoires, & ce qui s'en trouue
narré par autres, i'enten que principalement a l'Isle
en Flādres, il y a eu deux Cours principales, ou Chābres
1 de Iustice, a sçauoir la Chambre des comptes &
la Chambre Legale. La Chambre des comtes souloit
expedier tous les comptes apertenans aus fiefs
& domaines annuels du Prince, cest a dire, elle despe
choit & mettoit du tout au net tous les comtes de
2 tout les pais entierement. Et quant a la Chambre Legale,
elle fut vne haute & souueraine Court, qui estoit
creée & establie non seulement d'honestes personages
& hommes de fiefs, ou grands vassaux de
Princes, mais aussi de Conseillers, lesquels le Conte
ou son Lieutenant fit assembler en tel & si bō nombre
qu'il voulut, & au lieu ou pour lors sa Chambre
estoit assise en Flandre. Ces personages ci deuant
mentionnez iugeyoent a son instance de toutes cau
ses (reserué celles de Comtes, ) lesquelles estoyent
produittes deuant eux, ou par ressort, ou en premiere
instance de fiefs, & par especial de ceux qui estoyent
reseruez en la cure & soin du Prince, comme sont
3 Dunkercke, Grauelines, Bourbourg, Bornehem, &
plusieurs autres passages de Flādres, plustost que proprietez,
esquels se despeschoyent les affaires de paix,
ce qu'ils ont appelle en leur vulgaire heerlijcke vrede.
En oultre elles prenoyēt aussi cognoissance de toutes
autres matieres d'Estatz, domaines, fiefs & Vassaux.
Car icelle Chambre estoit respectée de toutes
autres Cours de Flandre, qui la auoyent leur refuge
comme a leur chef, a sçauoir la Court Royalle, Impe
A 3 rial

6 LA PRACTIQVE.
rialle, voire & aussi les propres, par ressort & appel,
4 sans appeller plus oultre, & hors de Flandres. Et de
la vient que jadis on soloit au milieu de ceste Cham
bre dresser vn lict de tapisserie: sur lequel on couchoit
vne espée toute nue, en signe de souuereine iu
risdiction, a sçauoir que personne ne pouoit prendre
cognoissance de telles negoces, reserue le Cōte seule
mēt, ou la Chābre legale en son nom. En oultre ceste
Chambre legale iugeoit de toutes matieres iudiciaires,
cōtencieuses, ciuiles: & criminelles: & pour abre
ger de toutes autres quō a acoustume traicter és grāds
Cōseils. Mais apres que Philippe le Hardi Cōte de Flādres
eut grādement augmēte sa Cōtée, & que parauoir
hereditairemēt acquis autres contrées il estoit beaucoup
enrichi, ceste chambre legale commença a estre
grandemēt chargée. Ce que aperceuāt ce sage Conte
Philippe, il se delibera de soulager ces deux Cours,
5 & leur adioindre la troisiesme pour ayde. Et par ainsi
l’An de nostre Seigneur 1385. le susdict Conte
auecques sa femme Marguerite Malane, voyans que
les deux Pretoires deuant nommez, a sçauoir, la
Chambre des Comptes & la Legale, n’estoient assez
suffisantes pour expedier commodement les negoces
qui iournellement se presentoyent, ils establirent
vne autre Chambre pour ayde, laquelle fut appelée
la Court nouelle, sans toutes foys abolir les
deux premieres chābres des Comptes & la Legale,
lesquelles furent tant seulement vn peu dechargées
& soulagées d’une grande multitude de negoces: de
maniere que ces deux premieres deuant dictes, depuis
ce temps la eurent sans plus la cognoissance des
choses du Prince & Feodales, a sçauoir, qu’en la chābre
6 des Comptes estoit seulement traicté des comptes
des fiefs, & domaines ou spicaires du Prince, par
les Receueurs generaux particuliers, & par les Receueurs
des Reningues, desquels derniers nous traicterōs
bien tost apres. Et quant a la Chambre legale, elle
iugeoit non des comptes, ains de toutes les autres
7 negoces du Prince, des Domaines, des Estats, fiefs &
vassaux, & non d’autres. En ces deux Cours on iugeoit,
comme encores de present on iuge par Arrest,
a sçauoir, sans qu’on puisse appeller de la sentence,
qui y est donnée. Mais quant a ceste nouelle Court
8 ou Chambre de Conseil, & Comptes (car elle estoit

a ces effects & n’estoit qu’une) elle estoit assemblée &
establie de Conseillers, & Maistres de comptes. Et
en icelle se traictoyent par tous les dessusdicts conseillers,
& Maistres de comptes ensemble, quasi
de toutes les negoces & matieres, qui au parauant
estoyent traictées en la Chambres iudicialle, auecques
le reste de tous autres Iudiciaires. A laquelle
Chambre le Conte donna puissance de cognoistre
de toutes choses apertenantes a sa Hautesse, Domaine,
Estat, ensemble de celles qui touchoyent a ses
comptes. Lequel octroy faict a ceste nouelle Chambre
donna occasion, que la premiere Chambre legale
commença a se diminuer & deffaire grandement,
pour autant qu’en ceste nouuelle Court se despeschoyent
plus d’affaires que non pas en la Chambre
9 legale. Ce neantmoins ceste nouelle Court n’eut de
cōmencement gueres bon succes, & n’y voulut toute
la Flandre si bien obeir, pourtant qu’il sen trouua
plusieurs, qui mieux aimerent demeurer en leur premiere
liberté de Iugemēs, sans former leurs appeaus
a ceste Court, mais plustost au Parlement de Paris.
10 Ce que voyāt le Comte Iean, Fils de Philippe, apres
le trespas de son pere, l’An de nostre Seigneur 1409.
il diuisa ceste nouelle Court generalle, & seulement
transporta la Chambre du Conseil de l’Isle a Gand,
y laissant la Chambre des comptes auecques les Seigneurs,
& Chefs des Reningues, a ce que par ce moyē
il compleust aux Flamengs. A l’occasion de ceste diuision
11 de Court generalle qui est a present partie en
deux, est aduenu que les conseillers de Gand, & les
conseillers des comptes de l’Isle s’entre appellēt encores
aujourdhuy freres, tant de paroles, comme par
escripts, d’autant qu’ils on jadis esté freres & collegaux
en vne mesme Court. Ainsi donc le Cōte Iean
voulut que les quatre mēbre de Flādres obeissent entierement
a ceste nouelle Chambre du Conseil de
Gand: Ce qui n’eut point de succes, car le Flameus
voloyent tousiour maintenir leur ancien priuilege,
mettans a mespris toute Nouueaute. Toutes foys la
longueur du temps les gaigna auecques la dissimula
12 tion du sage Cōte: Car l’An 1445. Philippe de Bour
gogne Fils de Iean, celui qui institua la Toison d’or,
impetra le premier du Roy Charles 7. que les appel
lations de Flandres, au Parlement de Paris fussent suspendues,
pour le terme & espace de neuf ans, a sçauoir

que les Flamengs durant ce temps vsassent de
leure plus anciens priuileges, iugeans sans aucun ressort
13 ou appellatiō. Entre tant ledict Philippes Conte
l’An 1453. apres que par sa prudence il eut rendu
les Flamengs paisibles, establit ♣toutalement, que les
quatre sieges ou Tribunaux de Flandres, qui sont
ceux des Gantoys, Brugeoys, Hyproys & ceux du
pais de Francq fussent du tout subiects a la susdicte
nouelle Court de l’Isle, qui pour lors estoit transportée
a Gand, suiuant l’ordonnāce de Philippes le Har
di son ayeul, en retenant par eux toutesfoys l’Appellation
au Parlement de Paris, auquel il veoit ses subiectes
14 estre tousiours fort enclins. De ce temps la dōc
ques que la nouelle Chamber du Conseil de Gand
commença a estre fermement establie, & que les affaire
commencent a s’y mieus porter qu’au precedēt
la Chambre legale a l’Isle commença a venir en decadence,
& a saneantir du tout, par ce qu’alors en la
nouelle Court du Conseil de Gand (comme i’ay
dict) presque toutes les causes, (excepte celles des
comptes) estoyent traictées, lesquelles au parauāt
estoyent plaidées en la Chambre legale, toutesfoys
15 on appelloit d’icelle au Parlement de Paris. Toutes
foys ces appellatiōs ne ♣durertē sinon iusques au tēps
du Duc Charles de Bourgogne, Lequel voyāt combien
tels appeaus portoyent de domage au Pais, auec
la frequente communication qu’il failloit qua ce
moyen les Flamengs eussent auecques les Françoys,
il osta du tout ceste appellation, & establit au pais
Bas vn noueau Parlement semblable a celui de Paris,
qui fut establi a Malines l’An 1473. Auquel non
seulement les Flamengs, mais aussi toutes ses autres
Prouinces du pais Bas appellassent, comme au souuerein
Conseil & ressort. Il y a donc a present, ( afin
16 que sommairement ie les repete) troys principalles
Chambres du Prince en Flandres, a sçauoir la Chambre
des comptes auecques la Court des Reningues
y adiointe, & a Gand la Chambre legale & la Chambre
du Conseil, lesquelles sont deputées & apertien
nent pour les causes du Prince seulement. La tierce,
qui est la Chābre du Conseil de Gand, apertient a la
despesche des causes d’un chascun, & est le Conseil
Prouincial de toute Flandre, auquel on appelle de
toutes

CIVILE. 7
17 toutes les Cours souuereines de Flandres. Oultre
ces principaux Consistoirs du Prince, il y a aussi
autres Chambres Iudiciales, & capitales ou metropolitaines,
qui sont quatre, a sçauoir, celle de Gand,
Bruges, Hypres, & de ceux du Francq, ausquelles le
Prince a donné pleine cognoissance de toutes causes,
excepte celles qui apertiennent a sa cognoissance pri
uée, telles que sont celles qui sont exceptées par le
Prince, ou qui viendront a estre exceptées, selon son
18 bon plaisir. A ces Magistrats sont submis autres magistrats
inferieurs, & subalternes, a sçauoir tous Magi
strats de toutes les autres villes & iurisdictions foren
ses, ou de villages, toutes lesquelles, & chascune d’elles
sont adherētes aux susdictes chefs, cours, & Con
seils, pour d’elles prendre conseil, & aduis en matieres
douteuses & desquelles aussi les vnes on grande
iurisdiction, les autres petite, tout ainsi quil a pleu au
Prince, qui les a ainsi diuersemēt conferées, pour cau
ses que nous auons declarées en nostre police de Bru
ges. Mais c’est assez quant a ce propos. Reste que nous
traictions vn peu quant a la Chābre des Reningues.
Ceste Chambre fut establie a l’Isle de certain nombre
d’officiers ou Vassaus hereditaires, par ce que ceux
ci sont perpetuels feudataires du Prince: Et pourtant
sont ils dicts Reningues hereditaires, pourautāt que
leurs offices ainsi que leurs fiefs viennent en succession
perpetuelle aux heritiers d’iceux, ou pour quelque
autre occasion, a leurs successeurs. Or sont ces
chefs Reningues aussi appellez. Rationaires, a cause
que par eux ou leurs Receueurs ils apportēt chascun
an leurs comptes a la Chambre des comptes, quant
a leurs Reningues, Briefs, Bardaires ou Spicaires, vn
chascun selon la charge, & dignite de son fief ou Reninge,
& donnent soigneusement ordre, a ce que par
les Receueurs ne soit commis aucun erreur en l’office
des Reningues. Et ceux ci en tant qu’ils sont Receueurs
des Reningues, aussi sont ils iuges Reningai
res, & aussi iuges des & par arrests. Car s’ils sentent
qu’il y ait aucun des Receueurs, qui en leurs receptes
ou és comptes par lui exhibez, ou bien par sa negligence
ait cōmis faute, ils le punissent tresseueremēt,
(si ce n’estoit qu’il eust au precedent este puni par les
Conseillers des cōptes) & illec prononcent la sentence

par arrest: A cause de quoy ils sont aussi dicts iuges
d’arrests de la sentence, desquelz on ne peut appeller.
Or les noms de ces Reningues perpetuels, auecques
leur tiltres & causes ( afin qu’en passant i’adiouste cela
pour l’amour du Lecteur) & qui l’An 1565. furent
trouuez viuans, sont ceus ♣ue nous auons ci apres
cottez.
Les noms des Chefs Reneingues de
Hoostredenaers l’An 1565.
Le tresuerend Seigneur, Pierre Curtius Euesque de Bruges, le premier, a cause de sa
Preuoste de S. Donatian
& Chancelerie de Flandres.
Le Seigneur Philippes de Croy, Duc d’Arschot, a cause de sa femme Duchesse de
Holoine, & pour raison du
Spicaire de Courtray.
Le Seigneur Louys de Gonsague, Duc de Niuernoys & son frere Duc Mantoue a cause de
sa femme Philippe,
& a cause des lettres de Lokeren.
Philppes Contes de Lalain a cause du Sauenat de Douay.
Le Seigneur Iacques de Claerhout Cheualier & Seigneur de Maldeghem, Pitten,
VVtkercke & c. a cause
de ses lettres de Maldeghem.
Le Seigneur Iacques de Claerhout, qui est mesme Seigneur de Maldegem & c. a raison
des briefs de Roye.
Le Seigneur Philippes d’oignies, Cheualier & Seigneur D’oignies & de Middelbourg en
Flandres, a raison
de ses briefs & lettres de Aerterike, Middelbourg.
Le Seigneur Louis de la VValle, Mortaigne & c. a cause de la recepte du Spicariat de
Harlebeke.
Le Seigneur Iean de Beer, Seigneur de Grammene, Receueur hereditaire du Spicaire de
Fournes.
Le Seigneur Cornille vander Eecke, Cheualier & Seigneur de S. George, a raison de son
Spicariat de
Dixmude.
Le Seigneur Romain du Bourg Escuyer, a cause du lardaire de Fournes.
Le Seigneur Marc de VVatervliet, a cause de sa vaccarie de Fournes.
Le Seigneur de Noielles, a cause de son lardaire de Bruges.
Le Seigneur Iacques Vtenhoue, a raison de son Spicaire de Replemonde.
Philippes de Ghent, a raison des briefs ou lettres de Haeltere.
Iosse de Lemmes, fils de Iosse, a raison de son Spicaire d’Alost.
Le Seigneur Ierosme de Mol, a cause de sa femme, frere d’Estienne de Schotte, a cause
du l Ardaire de Bergues
sainct VVinocq.
N. f. de Iean vanden Zvveue, a cause de la Sicquirie de Fournes.

N. Receueur des Cens de Dixmude.
Iean de Corbehem Receueur des reliefs, du Bourg de Bruges.
Bartholome Gerad Receueur des briefs ou lettres de la Chambre & des Briefs grossoyez.
Iacques Lucas Receueur du Spicaire de Bruges & c.
Charles le Roy a rayson de la recepte de la Reiecte a Damme.
Iean vander Meersch, a cause de la reception du Spicaire d’Hipre.
Iacques Hurlebout, Receueur des cens de Fournes.
Maistre Iean Zanneken, Receueur du Relief & droict d’yssue de la Chastelenie de
Fournes.
Aleaume Neuins, Receuoir du Spicaire & voedermont de Berges S. VVinnocq.
Maistre Pierre de la Chambre Receueur des lettres de Mardijcke.
Le mesme Pierre de la Chābre, a raison de la Recepte du Relief, & pour cause dudroit
d’yssue a Bergues S.
VVinnocq.
A 4 Paul

8 LA PRACTIQVE
Paul Steenland, a cause de la recepte des Briefs de VV aes & Molenbroecq de VV
aesmunstere.
Iosse Cobbart, Receueur des Briefs de Assenede, Martin de Knibbere, Receueur du
Spicaire & Cens de
Grandemont.
Iacques du Celier, a cause de l’Office ou Magistere de Moere & VV atergrauie de
Flandres.
Nicolas Baert, a raison de la Recepte des briefs ou lettres de Pierre Masire.
Iean Valcke, a cause de la recepte d’Vrsule, VV esseghem & Knesselare.
Iaques Vlerick, Receueur de Bailleul.
Adriaen vander Meersch, Receueur de Menin, a raison de la quarte Partie des Accises de
Courtray &
Harlebecke.
Maistre Georges de Cat, Receueur de VV erue.
Michel Brakelman, a cause de la recepte de Dainze, Petegem & Trochenies.
Iean du Bourg, a cause de la recepte des executions ou exploicts du Conseil de Flandre.
Liuin Fauchel Receueur de Tendremonde.
N. Receueur des debtes champestres, qu’ils appellent communement (van Lant schult) de
Niuport.
Quant a L’Exemplaire formel de citer, par lequel la Chambre des Comptes cite tous les
ans les susdicts
Reningaires pour rendre leurs comptes, ie le redigeroye par escript en ce passage, si
n’estoit que ie cognois cela
m’estre aucunement necessaire. Et pourtant ie vien a vn autre chapitre.
CHAPITRE VI.
Des Conseils Souuereins.
Sommaires.
Le Priué ou
lateral.
I Les Souuereins Conseils du pais Bas sont a present deus
Le Parlement ou
general.
2 Quest le Conseil Priué.
3 Quelles choses se traictent au Conseil Priué.
4 Quest le Parlement, ou il est assis.
5 Par qui le Parlement a este institué, quand & pour quelles causes.
6 Quelles choses sont traictées en Parlement & ce qui s’i despesche.
I Nostre Prince le Conte de Flandres a de
present, & a eu passe plusieurs années
deulx Conseils Souuereins, desquels l’un
est appelle le Conseil Priué, ou lateral, & l’autre
est appellé le Parlement ou Conseil general. Quant
2 au Conseil Priué, il est plus adonné au Prince, a lui
propre & peculier, comme celui qui de plus pres

sert sa court, & qui accompagne le Prince quand il
lui plaist, quelque part qu’il voise, & tousiours
lui est adioinct. Et pourtant ce Conseil est proprement
nommé le Conseil du Prince, ou le Conseil
priué du Prince, ou lateral, comme qui marche a coste
du Prince. Auquel Conseil, il faict & commande
par son Chancelier, cest a dire, par le President dudict
Conseil, & les Maistres des Requestes expedier
toutes matieres de graces, ou remissions. En oul
tre il traicte aussi en icelui secretement, & a part auecques
les siens seulement, & sans y appeller autres
Conseillers, des affaires & negoces des Princes qui
sont yssuz de son sang. Dauantage auecques les
Princes, auecques le Chancelier, Tresorier & Greffier
de l’ordre de la Toison dor: Il traicte semblablement
au mesme Conseil des affaires des mesmes
Princes de la Toison d’or, & dautres choses apertenantes
a Ieurs dignitez. Plus il traicte encore en icelui
Conseil auecques tous autres Conseillers des affaires
des Cheualiers, & de toutes autres choses graues
& de grande importāce, comme celles qui touchent
& concernent la paix, la guerre, le bien publicq,
le profit & conmodité des marchans & nations,
& ce qui touche la confederation & alliance
des estrangers ou peuples voisins. Aussi de ce qui apertient
aus munitions & fortifications des villes
frontieres, a l’assiette des garnisons, adeüement ordonner
quant a l’Estat du fisq, & pour abreger, a tout
ce qui sert & apertient a la conseruation & erection
ou fondation de toutes Villes, Villages, Chasteaus,
4 maintien de ♣tont le pais & choses semblables. Le
Parlement ou Conseil ♣geuerala este ainsi appelle,
pource que depuis quasi cent ans, apres que les nostres,
qui soloyent appeller au Parlemēt de Paris s’en
furent retirez & l’eussent delaissé. Le Parlement qui
fut institué & establi par deça represente quasi la ma
niere, vz & institution de celui de Paris, & parce qu’il
Preside ♣pre sus tous les Cōseils prouinciaux, & qu’il est le
souuerein & le plus grād de tous le pais Bas. Partāt aus
si qu’estāt extraict du Cōseil priué, il a heureusemēt
este institue pour vn commode soulagemēt d’icelui,
non pas

CIVILE. 9
non pas pour suiure le Prince par tout, comme cest
autre ci deuant nominé, mais afin qu’estant arreste &
ferme il demourast & se tint perpetuellement, (iusques
a la reuocatiō d’icelui) a Malines, ou pour plus
grande commodité de plaidoyans, & pour rendre les
appellations moins difficilles il fut par Charles Duc
de Bourgogne, bisayeul de l’Empereur Charles le
Quint du coste paternel, sagement institué l’an de
nostre Seigneur Iesus Christ I473. principalement
pour deux ou troys causes, a sçauoir, a ce que les appellations
des Proces, ne fussent plus portées de ces
pais au Parlement de Paris, dont il auoit trouué que
plusieurs incommoditez succedoyent. Par apres, afin
que par ce Conseil, le Conseil priué du Prince fust
soulage, lequel ayant souuentesfoys este occupé de
longs voyages a la suitte du Prince, n’auoit peu suffire
a toutes les negoces occurrentes. Finalement
pour le proufit & commodité des Parties plaidoyantes,
& a ce qu’elles fussent chargées de moindres
fraiz: Caraussi fur pour adonc le Conseil priué tousiours
fort empesché, a cause de voyages que faisoit
le Prince, & mesme aussi astant arresté a la Court, a
despescher grandes affaires, & de trop d’importance,
pour s’amuser a vuider les fascheuses negoces des
personnes priuées, & trainer apres leur queuë vne
grande troupe de plaidoyās, auecques grande fascherie
du Conseil priué, & bien souuēt plus grand detriment
des Parties: Car il est assez souuēt aduenu que
ces Parties plaidoyātes n’auoyēt de quoy fournir aux
despēs qu’il leur conuenoit faire en suiuant la court.
Et pourtāt, a fin qui le Cōseil priué, (cōme i’ay dict) fust
aucunemēt releue de ces facheries de dehors: a fin aus
si que pour la commodité des plaidoyans fust pourueu,
a ce que plus brieue iustice fust faicte, & qu’ils
fussent soulagez des gros despens & fraiz, qu’il leur
cōuenoit faire en telles poursuittes, vn tel souuerein
Conseil & ferme (au quel, comme au chef & Parlement
de tous ces pais Bas, les autres Conseils fussent
submis) fut sagement & heuresemēt institué par
ledict Duc Charles, qui comme d’un seul Conseil
priué (duquel il tira ce Parlement) en establit deux
6 bien grands. Doncques en ce Parlement ou grand
Conseil, sont par le President & quattorze Maistres
des Requestes ou informations, traictées toutes manieres

de causes, qui concernent la Souuereinetè, &
desquelles le Conseil priué du Prince auoit coustume
de cognoistre au parauant.
CHAPITRE VII.
Des Iuges Deleguéz.
Sommaires.
I Commissaires
2 Diuision des Iuges deleguéz Auditeurs
& la description d’iceux.
3 les vns sons Arbitres
4 Referendaires
5 Les Huissiers ne sont Iuges extraordinaires, ne Referendaires, mais simples Executeurs
seulemens.
6 Assesseurs ne sont Iuges, mais assistans au Iuge.
Combien que ci dessus aux deuxiesme chapitre,
nous auons acunement touche des Iu
ges ordinaires, & deleguez, toutes foys nous
auōs trouué bon de traicter en ce septiesme chapitre
separement & plus amplemēt quelques poinctz
quant aux Iuges deleguez, qui la auoyēt este obmis,
ou pour cause differez. Ainsi doncques les Iuges deleguez
selon la varieté de leur delegatiō, ou election
sortissent aussi nom diuers. Car ils sont par foys appellez
Commissaires, quelques foys Auditeurs, telle
I foys Arbitres, & en aucun temps Referendaires. Les
Commissaires sont principalemēt ceux qui sont cōmis
pour receuoir les productiōs, escouter tesmoins,
ouir informations, ou pour faire enquestes. Tels Cō
missaires ordinaires sont au grand Conseil, a sçauoir
2 au Parlemēt & au Cōseil de Flandres. Les auditeurs
sont aussi Commissaires, mais ceux la principalemēt
qui sont commis par quelque Iuge pour ouir la Partie
ou l’examiner sur certains articles & d’iceux decerner.
a Les Arbitres sont ceux qui sont commis &
3 ordonnez par l’ordinaire, suiuant son office, pour
arbitrer de quelques difficultez, & sont ceux ci com
4 mis és causes, ou le Iuge est tenu suspect. b Et les
Referendaires sont ceux qui par l’ordinaire sont ordonnez
pour ouir les Parties, & les accorder s’il se
peut faire en aucune maniere, sinon ils ♣doiuēit en note
rediger tous les empeschemens ou difficultez qui
empeschent l’accord, les coucher per escrit, & les
5 bailler & deliurer au Iuge. Quant aus Huissiers
ils ne sont pas Iuges extraordinaires, ni referendaires,
combien qu’ils portent les commissions, mais
sont seulemēt Executeurs de sentences. Car ce qu’ils

font, ils le font comme Executeurs, & non comme
Iuges, & ne portent ou prennent a eux l’office de Iu
ge, mais seulement obeissent au Iuge en faisant les
executions, & lui assistent, a cause de quoy sont dicts
assistans de Iuge, si ce n’est a l’execution des complaintes,
ou il semble qu’il tiennent quelque chose
du Iuge, en ce qu’ils adiournent la Partie a tel iour
6 plaidoyable competant que bon leur semble. Les
Assessurs, qui par autre sont dicts Conseillers, Pensionaires,
ne sont aussi pas Iuges, mais assistans au
Iuges, & lui donnans ♣tonseil. c
a Specu. in titu, siue Rubri. de Auditore in prine.
b l.

10 LA PRACTIQVE
CHAPITRE VIII.
Des Arbitres.
Sommaires.
1 Les Arbitres ne sont proprement Iuges.
2 Arbitres iugent seulement par consentement & compromis des Parties.
3 En quoy different Arbitre & Iugement.
4 Compromissaires, qui?
5 Les Arbitres sont, les vns De droict, qui?
6 Arbitrateurs, qui?
7 Arbitrages sont reduits a la façon de Iugemens.
Nous auons au chapitre precedent quelque
peu traicte des Arbitres, entant qu'ils sont
Cōmisaires deleguéz, mais en ce lieu nous
declarerons plus amplement l'office d'iceux, qui ils
sont, ce quils sont, de combiē de manieres il en ya, &
1 quels sont leurs offices. Les Arbitres doncques ne
sont pas proprement Iuges, a sçauoir Ordinaires, cōme
ceux qui ne sont commis pour iuger par le Prince,
2 ne par quelque Iuge ordinaire. Et pourtant ils ne
peuuent iamais de leur auctorité propre iuger, ni administrer
aucune iustice. Mais toutes foys & quantes
qu'ils iugent, alors ils prenent ceste puissance de iuger
par le cōsentement des Parties, & par Compromis,
cest a dire, par ce qu'ils sont des Parties esleuz
par consentement & accord d'icelles, pour donner
vray iugement Arbitraire, ausquels Compromis ils
sont contraincts sur peine de stipulation a. Car il ne
faut s'arrester a la sentence des Arbitres si preallablement
il n'i a peine constituée, cōme plus amplement
est declaré par le Speculateur soubz la Rubricque de
l'Arbitre & Arbitrateur. Au reste il y a troys manieres
d'Arbitres, a sçauoir les Compromissaires, de Droict
3 & Arbitrateurs. Les Arbitres Compromissaires sont
ceux, desquels nous auons ja maintenant parlé, qui
seulement ont leur telle quelle iurisdiction, du consentement
des Parties, & non (comme desia iay dict)
du benefice du Prince, ou par priuilege ou ordōnance.
Et pourtant tels ne sont proprement Iuges, cest a
sçauoir par briefs. Pour abreger, ces Arbitres n'ont au
cune iurisdiction qui leur soit propre ou deleguée
4 d'office. Et pourtant Arbitrage & Iugement sont en
ce differēs, que l'Arbitrage est volontaire, mais le Iugement
se donne aussi a regret, & contre engré b. Or
5 les Arbitres de Droict sont ceux, que les Parties eslisent

aux causes de Droict, sçauoir pour cognoistre de
la questiō ou Proces, & ainsi ils sont prins pour vne
chose litigieuse & incertaine, a ce qu'ils cognoissent
d'icelle, ou selon le Droict, ou bien selon la Coustume,
cōme est monstre par tout le tiltre ci dessus allegué.
Doncques les Arbitres de Droict, doiuent obseruer
tout ordre de Droict. c Lequel ordre de Droict
si les Arbitres obseruent, ils ont vne grāde affinite auecques
les vrays Iuges, par ce qu'ils procedent par
ordre en la cause ou Proces, tout ainsi que s'ils estoyent
vrays Iuges. d Ou le text dict. Les Arbitrages sont
reduits a la semblance des Iugemens. Et quant aux
6 Arbitrateurs ce sont personnes qui amiablement trai
ctēt paix & accord, qui ne sont prins par les Parties a
fin de cognoistre de quelque chose litigieuse, mais a
fin qu'ils les mettēt d'accord, & pacifient, & diuisent
entre eulx le different, suiuant & tout au plus pres de
ce qui est certain, comme pose le cas en compaignie,
laquelle est certain auoir este contractée, il est facile
d'en discerner. En laquelle ils sont esleuz a fin qu'en
biē iugeant, ils dōnent a vn chascun sa part, & droict
qui lui competé, & aduient par le contract de societé
7 & sans y obseruer aucun ordre de Droict. e Et aussi
tels Arbitrateurs despechent & moderent qu'il leur
semble en consciēce estre tresiuste & equitable, sans
bruit & tumulte iudiciare, c'est a dire sans forme ou
rIugeur de Iustice ou Proces. Et pourtāt les Arbitrateurs
n'ont aucune apparance ou forme de Iuge. Et
quant au surplus de ce qui conuient a ceste matiere,
tu le pourras voir és lieus en ce chapitre alleguéz.
a c. A Iudicibus & §. seq. 2. q. 6.
b l. Inter stipulantem. §. 1. ff. de verbo. obligat.
c l. Prima ff. de recept. Arbit. & c. vt latius per Speculatorem
d. titu. de Arbitro & Arbitratore.
d l. Prima ff. de recept. Arbit. 6.
e l. Si societatem. 2. Arbitrorum ff. pro socio.
CHAPITRE IX.
De l'Office du Iuge
Sommaires.
Noble, quel?
1 L'Office du Iuge est double
2 Mercenaire, quel?
3 Qu'est l'Office du Iuge.
4 Il y a cinq poincts qui ordinairement corrompent le Iuge.
5 L'ignorance
6 La Crainte

7 La Conuoitise comme elles aueuglent & corrompent le Iuge.
8 La Haine
9 L'amour
10 Le Iuge

CIVILE. 11
10 Le Iuge se doibt despouiller de toute affection humaine.
11 Le Iuge faisant son office, represente la personne de Dieu, non la sienne.
12 Conseil que le Iuge ne soit corrumpu d’affections.
13 Si le Iuge n’a la crainte de Dieu, qu’il ait au moins la crainte des hommes.
14 Cambises commanda que le Iuge qui auoit este corrumpu par dons fust escorche.
Nous auons ci dessus assez clairemēt escript
le commun office du Iuge, cest a sçauoir au
premier chapitre, auquel pourront auoir re
cours ceux qui desirerōt le sçauoir en ce lieu, ou nous
auons voulu diuiser l’office du Iuge, & proposer les
choses qui seruent au Iuge a se garder qu’il ne soit
corrompu. Doncques l’office du Iuge est diuise en
1 deux, a sçauoir noble & mercenaire. L’office noble
est ainsi appellé, pource qu’il s’entremet de soymesme,
& non point par droict d’action ou obligation,
comme si le Mineur requiert destre releue, il
ne le demāde point par droict d’obligation, car le Iuge
2 n’i a point este obligé, aussi ne faict il par droict
d’action: mais il implore misericordieusement l’ofce
du Iuge. L’office mercenaire du Iuge est, ou est
ainsi appellé, par ce qu’il sert a l’action qui est intentée:
comme. Ie te demande mille escuz par action
de prest: L’office du Iuge me sert en ceste action,
pourtant qu’il te condanne a me rēdre mille escuz.
3 Or l’office de tous Iuges est de bien & droictement
perser les quereles & plaids des Parties, les endurer pa
tiemment, & decreter deue prouision, ne proceder
contre aucun, ne condāner personne a tort. Et a fin
4 que le Iuge face dignement son office, il doit principalement
cinq choses euiter, & d’icelles se garder
pur & libre, par ce que le plus souuent elles rendent
les Iuges aueugles, endomagent & peruertissent
5 tout bon & vray iugement. Or ces cincq choses
sont Ignorāce, Amour, Haine, Crainte & Conuoitise.
L’Ignorance qui est accompaignée d’une
inexperience, faict que combien que quelqu’un ait
bon vouloir de Iuger dignement, & comme il appartient,
toutesfoys il ne le peut faire a cause de son
non sçauoir, chose qui n’excuse pas pourtant le Iuge.
a Combien soit domageable ceste ignorance
a bien iuger, Terençe le tesmoigne en ses Adelphes,
ou il dict. Il n’i eut oncques chose plus iniuste,
que l’home qui est sans sçauoir, ou experience,
qui n’estime rien estre droict, ou bien fait sinon ce

qu’il faict. Et Cicero au 4. liure de sa Rhetor.
dict: Ceux qui sont neufs en toutes choses, & ne
peuuēt prendre & recueillir des choses, exemple d’u
ne chascune chose occurrente, ceux la par leur imprudence
sont tresfacilement trompez. Mais ceux
qui sçauent ce qui est aduenu aux autres, peuuent facilemēt
pouruoir a leurs affaires, par ce qu’ils voyent
leur estre auenu, & alors penser longuement, s’ils
6 veulēt faire grandes entreprinses. Crainte est ceste
laschete ou abbatement de coeur, qui faict qu’en faisant
iugement nous doutōs l’indignation ou la force
de quelqu’un, qui est plus puissant que nous, a sçauoir
que par son autorité ou fierte il ne nous porte
dommage, tellement que par crainte qu’auons de
lui, craignons de pronōcer la sentence alencontre de
7 lui, & differons ou nions tout a plat parler ouuertement
contre tels personages qui sont puissans.
Conuoitise ou auarice est ceste execrable
& mortelle famine d’or, & vn trop ardent appetit
de dons & presens, pour l’amour desquels il
n’i a rien que nous ne facions, nous differons de
dōner sentence, ou bien nous la precipitons, ou
bien nous la prononçons iniustement, & a tort
8 contre le pouure qui n’a que donner. Hainne, auec
laquelle est enuie alliée, est vne affection de la
pensée, de si grande efficace, quelle peut aisement abbatre,
troubler, & du tout peruertir le sincer iugemēt
de la verité cognue, de maniere que ce qu’aucun aura
iuge droict & vray, il refusera le prononcer & iuger
pour celui a qui il porte hainne ou enuie, comme
9 celui qui en iugement est plus adonné au personage
qu’il ayme, que non a celui auquel il porte hainne.
L’amour ou amitie deuancent bien souuent les iuge
mōs, & font que nous ne prononçons point voulon
tiers la sentence alencontre de celui qui aucunement
nous attouche, ou qui est nostre ami, ou biē nous lui
portons bonne affection, ains que plutost nous lui fa
uorisons contre equité, par ce que l’ami nous est plus
cher, que le droict. Il fault donc que tout Iuge soit
10 pur & net de ces cinq affections ou corruptions ici
declarées, a ce qu’aucunemēt il ne permette que son
integrité en soit maculée en quelque sorte que soit,
ou bien que contre sa propre conscience ou contre la
voulonte de Dieu, il laisse tomber en ruine le iugement
droict & stable, & qu’estant corrumpu de ces

affections, il peruertisse tout iugement, iugeant tout
autrement qu’il n’apertient. Chose que les Iuges feront
moins, ou pour mieux dire ne feront iamais, fils
ont, (comme ils doiuent) vn seul Dieu tousiours deuant
les yeus, & la Iustice d’icelui, b & s’ils pēsent en
combien de dangers ils sont, s’asseurent & croyent
pour tout certain, qu’en dōnant iugemēt, ils soustien
11 nent & representent non leur personne, mais celle
de Dieu, qui est la mesme verité & iustice: & pourtant
12 qu’ils ne peuuent ne doiuent autrement iuger
que ce qui sera droict, vray & iuste, attendu qu’ils ont
tousiours Dieu present, & qui leur esclaire de pres
en leur iugemēt, pour voir s’ils iugeront iustement,
ou au contraire. Car il leur sera mesuré de telle mesu
re, quils aurōt mesuré. Que s’ils ont en droicture exe
cute l’office qu’ils auoient de Dieu, & qu’ils ayent iu
ge en iustice & equité, ils en auront loyers condignes.
Mais si au contraire ils se sont mal portez en la
lieutenance qu’ils auoyent de Dieu, tormens & peines
eternelles les sont attendans. c Ce que Sainct
Gregoire au lieu ci cotté, & quatre chapitres suiuans
demonstre assez amplement, lequel passage ie desireroye
que tout iuge leust auecques iugement; Ie ne
doute point que par telle lecture il ne deuint meilleur,
& que le dict de Bias ne fust vraymēt en lui acōpli,
qui est: Vn Magistrat ou office monstre l’home: pour
autant que la function ou administration du Magistrat
demōstre clairement quel est l’home qui l’a en
charge,a sçauoir s’il est hōme loyal & droict, ou s’il
13 est corrōpu. Que s’il se trouue d’entre les Iuges, quelqu’un
qui sente sa pēsée & interieur si corrōpu & depraué,
qu’il ne craigne ne sa propre cōsciēce, ne Dieu
mesme, deuāt le siege iudicial duquel il faut qu’il soit
vne fois presenté, & qui tresclairement cognoist ses
plus interieuses cogitations, a tout le moins qu’il craigne
le iugemēt seculier, & son iuge superieur, enuers
lequel il est contable & doibt rēdre raison de toutes
ses actions, administrations, & iudicatures, car il n’i a
rien

12 PRACTIQVE
rien si cache, qui en fin ne soit reuelé, e pour autāt que
tout ainsi qu’il n’i a nul bien faict qui soit sans remuneration,
aussi ny a-il nul mal qui demeure impuni,
14 soit en ce present siecle, ou au futur. Soyent aussi les
Iuges espouantez par cest horrible exemple que demonstra
Cambises Roy des Perses, lequel ayant
cognu qu’un certain Iuge pour auoir este corrompu
de dōs, & presens, auoit prononce vn faux iugemēt,
commanda quil fust escorché tout vif, sa peau estre
detaillee en longues courroyes, qui furent estendues
sur le siege iudicial, auquel il establit son fils tout le
premier, a fin que cestui ci, & ceux qui apres luy viēdroyent,
craignissent de donner faux iugementz.
a vt Institu. quae ex quasi delict. nascuntur.
b l. Quid si Ephesi ff. de eo quod cert. loc. & c. c. 1 4. q. 4.
& l. Placuit C de Iudic.
c Gregorius c. Quatuor. 11. q. 3. cum 4. capitibus seq.
d c. Cum aeterni extra de senten. & re Iudic. lib. 6.
e l. Prima C vt omnes Iudic. tam ciuil quam milita. &
in autentico vt Iudic. sine quo suffra. & in Autentic. de administratorib.
in Princ.
CHAPITRE X.
Des Parties.
Sommaires.
1 Les parties des iugemens sont deux Le Demandeur, qui accuse.
Le Defendeur, qui se defend.
2 Les parties comparoissent en iugement Par elles en propre personne.
ou Par Procureurs, & c.
En leur nom propre, comme Le Demandeur
Le Defendeur.
Au nom d’autruy Le Procureur.
Le Patron.
L’Aduocat, & c.
3 Qui sont ceux qui comparent en iugement les vns y comparent
Ne en leur nom, n’au nom d’autruy Les Aduocats,
Les Greffiers.
Les Huissiers.
Les Tesmoins. & c.
De l’Office de Iustice ascauoir qu’on dict le Fiscq ou Fiscal.
Le Procureur.
Le General.
L’Aman.

Le Maire.
Le Baillif.
4 Quel office ont les fiscaulx es iugemens, ou a quoy ils tendent.
1 Ovtre le Iuge il faut pour faire iugemēt, qu’il
y ait encores deux persōnes, qui sont le Demandeur
& Defendeur, ou l’accusant & l’accusé.
Ces personnes sont aussi appellees Parties, ou
parties plaidoyantes, en tant que l’une accuse ou demande,
l’autre est accusee, ou elle defend, ou nie. Ces
2 deux personnes doiuent comparoir en iugement, ou
par elles ou par autres, sçauoir en leur propre personne,
quand elles veulent, ou quād elles sont ainsi citees
ou adiournees (si ce n’est qu’il y ait sur ce appellatiō)
ou quils comparent par autres personnes, telles que
sont communemēt Procureurs, Patrons, Soliciteurs,
Affins, Tuteurs, Curateurs, Aduocats, Prouiseurs,
Baillifz, Escoutetes, Receueurs, Chastelains, Maistres
d’ordonances & statuz, les Maistres de sainct Esprit,
3 & semblables. Ici vient-il a noter, que des persones
qui comparent en iugement, les vnes y comparent
en leur nom propre, comme font le Demandeur &
Defendeur, & les autres au nom d’autruy: cōme sont
Procureurs, auec autres susmentionnez. Les autres
ne comparent en leur nom propre, ni au nom d’autruy,
ains sont seulement requises pour faire l’instruction
du proces, comme sont Aduocats, Greffiers,
qui couchent par escript les actes du Iuge a les tesmoins,
Huissiers, & semblables. Et si y a en tous sieges
de Iustice vn fiscq, a sçauoir vn Procureur de Iustice,
qui au conseil de Flandres est appellé Procureur
general, cōme aussi au grand conseil es cours de fiefs
4 es Vierschares, il est dict Baillif, Maire, ou Aman, l’office
duquel est d’admonester le Conseil ou Magistrat
de faire a chascun bonne iustice. Et es causes qui luy
sont propres, & de son office, a scauoir qui concernent
& touchent a la hautesse du Prince, aux amendes
ou cognoissance de faict se porter Demandeur,
& vertueusement maintenir & defendre la dignité
droicts & proficts du Prince. Subtilemēt examiner
les causes des parties plaidoyantes, & cognoistre si
l’vn ou l’autre a point ou apporte rien en son proces
qu’il pense apertenir au Prince, & lors se joindre a la
telle partie, auec laquel il defendra & maintiendra a
bon essient & sans se feindre la partie & droicts du

Prince, s’il ne veut luy mesme par nonchaloir tomber
en l’amende.
a c. Quoniam conrta falsam, ext. de probat.
CHAPITRE XI.
DE Iustice.
Sommaires.
1 Qu’est Iustice.
2 Qui sont les preceptes & mandemens de Iustice.
3 Iustice

CIVILE. 13
3 Iustice attribue a vn chascun la dignité a lui competente.
4 Iustice s’extend a toutes vertuz.
5 Qui suit l’ordre de droict ne faict tort a personne.
1 Ivstice est vne constante & perpetuelle voulonte
rendant a chascun son droict. a ou selon Cicero,
Iustice est vertu qui attribue a chascun ce qui
2 est sien. Aussi sont les preceptes ou regles ne droict
ou Iustice, viure honnestement & sainctement, n’offenser
ame: ains rendre amiablement a chascun ce
3 qui est sien. b Car Iustice attribue a vn chascun la di
gnite qui lui competre, a sçauoir, a Dieu obeissance de
ses commandemens & religion, aux parens l’honeur
reuerence & obeissance qui leur est deue, a plus grāds
que nous honneur, reuerence, respect, & seruice, a
noz egaulz amitie & concorde, aux moindres exemples
de vertuz, & honeste discipline, a nous mesmes
vne chasteté & innocence de vie, aux pouures & mi
serables compassion, & aumosnes, ou quelque bon
4 secours & ayde. Dauantage Iustice embrasse toutes
autres vertuz, car elle endure d’un coeur patient toutes
aduersitez qui suruiennent. Elle souffre & dissimule
par grande modestie toute pouureté & calamité,
ne faict cas de l’affluence des biens de fortune, &
en prosperité ne deuient point hautaine. Elle defend
par grand amour le pais, les compagnons, ou alliez,
comme s’ils estoyent ses freres, & faict toutes choses
auecques bon zele, en tant qu’elle s’esiouist du bien
des autres, & est contristée pour les maux, qu’ils endurent,
ne plus moins que des siens propres, & pourtant
se parforce & estudie de secourir & soulager vn
chascun. c Mais quand le droict ou Iustice semble
estre plus rigoureus que de raison, sçauoir en punissant
les delicts ou malfaicts des meschans, ou des criminels,
si est ce que c’est alors principalement qu’elle
rend a chascun ce qui est sien, a sçauoir aux meschans
la peine condigne a leurs mechancetez, deliurance
aux affligez, & aux autres vne crainte vtille de se hazarder
5 a commettre tels mesfaicts. Et pourtant quiconque
en toutes solennitez suit benignennēt & garde
l’ordre de Iustice, cestui ne faict tort a personne,
combien que sa rIugeur semble telle foys au sentiment
par trop aspre & rigoureux.

a § Primo Institut. de iusti. & Iure.
b § Iuris praecepta Instit. eod. titu. de iustit. & Iur.
c Archidia. in c. Vbi. sana fides 24. q. 1.
CHAPITRE XII.
Du Droict.
Sommaires.
1 Diuin.
2 Le Droict est diuise en troys Naturel, c’est le Droict des hommes, ou des gents.
3 Ciuil. Escript, ou d’Empereur, ou Vniuersel.
4 Non escript, ou peculier.
5 Diuerses appellations des Droicts.
Ce terme ci (Droict) est general, & prend
son intelligence & particuliere signification,
ou de celui qui a faict ou establi tel Droict,
ou de celui dont il est procede, ou a quoy il regarde.
1 Ainsi est dict le Droict diuin, pource que Dieu est
2 l’Autheur, & establisseur d’icelui. Le Droict de nature
est celui qui par instinct & inspiration de Nature
est recueilli. Et le Droict Ciuil est celui qui appartient
a la concorde des Bourgeoys & tranquillité
de la chose publique. Or ce droict Ciuil se diuise
en deux, sçauoir en droict escript. & non escrit. a
3 Le Droict, escrit est proprement celui Droict, que ia
dis les Romains, qui ont esté tenuz tressages en faisant
Droict on escrit & establi pour le gouuernement
de leur Republique, desquels il retient encores
son nom par excellence, estant appellé le Droict des
Romains, ou le Droict des Empereurs, de maniere
que ne deuons point penser que parlons d’autre
Droict, que du Droict Romain, quand nous parlons
du Droict escript. b Et pourtant ce Droict escript
ou Imperial est par toutes cōtrées vn mesme Droict.
Car combien que du commencement ce Droict
eust este peculier aux Romains & nations subiectes
a leur Empire, si est ce, que par apres a cause de son
excellence, equité, & vtilité, les autres nations l’ont
embrasse pour leur vsage, parquoy il est dict, & a bon
droict, le Droict commun, ou le Droict escript vniuersel,
4 combien que pour causes il est quelques foys
limité auecques deue interpretation. Droicts non
escripts, sont certains & peculiers Priuileges, Statuts,
Ordonnances, Coustumes & Vz, desquels nous
vsons chascun en chascune Cité ou Prouince, selon

la nature, necessite & exigence dudict lieu ou nation.
5 c Or de ces Droicts tant escripts, que non escripts,
procedent aussi autres appellations de Droicts, desquelles
les vns sont nommez Droicts communs,
Publics, Priuez, en la chose, & a la chose, au Possessoire,
au Petitoire, & plusieurs autres semblables,
lesquelles nous demonstrerons apertement aux chapitres
ensuiuans.
a § Constat. Instit. de Iure natur. gent. & ciuil.
b § Ius autem Ciuile, & § Scriptum autem Ius, & §.
seq. Instit. de Iur. nat. gent. & ciuil.
c § Ex non scripto, Instit. de Iur. nat. gent. & Ciuil.
B CHAP.

14 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE XIII.
De poursuiure son droict par Iustice.
Sommaires.
1 Celui qui est offensé & outragé, ne se venge en rendant la pareille.
2 Il n’est a aucun permis d’offenser vn autre par vengence.
3 Le Magistrat ne prononce de soymesme la sentence, ains par la bouche de Iustice.
4 Qui est offensé doibt implorer l’ayde du Iuge.
5 Response a ceux qui vituperent le Magistrat & ordre de Iustice.
1 Qviconque se complaindra d’auoir en chose aucune
este blessé, outragé, greué, ou qui par quel
que autre aura este indignemēt iniurié, & voudra que
ce tort ou iniure, lui soit reparée, ou estre restitue &
restabli en ce qui est sien, il ne se preparera incontinēt
& armera par fureur a se venger & rendre la pareille,
2 & a commettre quelque meurtre ou homicide: car
il n’est licite a home qui soit, non pas a celui qui est of
fense, d’offenser vn autre, ou le blesser, ou prendre vne
vengence priuée, ne punir, ne condanner, sinon a
ceux ausquels telle auctorité & puissance est commi
3 se & baillee tant de Dieu comme des Princes, qui en
ce sont vicaires de Dieu, a sçauoir aux Magistrats, qui
ne punissent aucun de leur propre cerueau, ains prononcent
ce que la loy, ce que droict & raison, ce que
4 la mesme Iustice leur dicte suiuant l’ordonnance diuine.
Mais que cestui la (comme iay dict) qui est blesse,
offense, ou a souffert quelque iniure, lendure quelque
peu, dissimulant paciemment son mal, & requie
re layde de Iustice, face adiourner le delinquant, non
pas pardeuant tel Iuge qu’il voudra, mais deuant son
iuge ordinaire & competant, auquel en toute modestie
il declarera la violēce a lui faicte, auecques la cause
& motif d’icelle, & lui requerra restitution ou repara
tion de l’offense & lesion a lui faicte, auecques recompense
du domage & detriment qu’il y a. Alors le Iuge
fera droict & Iustice aux deux Parties, condennant
l’une & restituant & restablissant l’autre en son
5 droict, auecques deffense & caution deue. Et n’ia
pourquoy quelqu’un me vienne ici chanter, que Christ
a commandé, que si quelqu’un t’a frappé en vne ioue
tu lui presenteras aussi l’autre, & qu’il nous a ainsi enseigne
a prier, Remets nous noz debtes, comme nous
remettons a ceulx qui nous sont redeuables: comme

si par la il vouloit, que nous presentissions a toutes
iniures, ou que ne puissions declarer & commettre
au Iuge le tort ou iniure, qui nous a este faicte (ce
qu’estiment aucunes pouures gens debilles de cerueau)
Comme ainsi soit que ce dict n’est de precepte
ou commandement general, mais de conseil, ou bien
que ce a este dict a la perfection des Apostres, lesquels
il vouloit qu’ils surpassassent de tāt les autres en
perfection de vertuz, qu’estās frappez en la face pour
le nom de Christ, ils se gardassent de rendre la pareille,
ains plustost, sans eux laisser transporter d’ire ou
courroux presentassent l’autre ioüe, ou il seroit question
de l’illustration de la foy & religion Chrestienne.
Car Iesus Christ vouloit premunir & armer ses
Apostres a souffrir & patiemment endurer toute la
violence des iniures, qui leur seroyent faictes, afin
que quand le temps de persecution seroit venu, les
admonitions de Christ leur vinssent au deuant, de ne
point murmurer, de ne prendre vengence, ains qu’en
endurant paciemment ils fussent constans en courage,
se souuenans de ce qu’il auoit prononcé: Le disciple
n’est point par sus son Maistre. S’ils m’ont persecute,
ils vous persecuteront aussi, mais en vostre pacience
vous possederez voz ames, & serez bienheureux
quand les hommes vous hairront, & vous auront
persecute, & dict toute mauuaise parole contre
vous, (en mentant) pour lamour de mon nom, esiou
issez vous & vous esgayez en ceste heure la. Car voi
ci vostre loyer qui est abondant es cieux. Car si pour
la persecution qu’ils enduroyent pour la foy, ils eussent
apris a resister par vengences ou Proces, quel loy
er de beatitude leur eust este propose, estans ainsi rebelles?
Mais en negoces & iniures de choses ciuiles
iamais Christ ne defendit l’imploration de la Iustice,
autrement S. Paul eust pour neant dict. Toute puissance
est de Dieu, & qui resiste a la puissance, il resiste
a l’ordonance de Dieu. Mais quant a ce qu’il dict:
Ainsi que nous quittons noz debteurs, il parle des
communes & legeres offenses qui suruiennent ordinairement,
pour lesquelles il ne veult que dissentions
se nourrissent entre Chrestiens, ains que toute telle
offense se pardonne incontinent de bon coeur, &
qu’une bonne paix & amitie fraternelle se face tout
incontinent, en sorte toutes foys que ce qui seroit em
porte, rompu, ou le domage qui seroit faict fust deue

ment reparé, restitué, ou recompensé au dict de gens
de bien, & ou le delinquāt seroit refusant de ce faire,
en gardant l’ordre de charité, il sera compelle &
contraint par Iustice. Et quant aux choses qui sont ca
pitales, il soit puni de mort pour donner terreur &
exemple aux autres, a ce qu’a l’exemple des malfaicteurs
ils ne soyent, si ossez d’en commettre autant.
Mais ce propos a este assez longuement traicte, &
plus que de besoin. Or combien que ci deuant iaye
dict: qu’a nul il nest permis d’offenser autrui, punir ou
condanner, si fault il sçauoir qu’il y a quelque cas par
ticuliers, esquels celui qui est greue peut faire iustice
pour soymesme, & sans auctorité de Iuge ou Iustice,
comme au prochain chapitre nous declarerons.
CHAPITRE XIIII.
De faire ou administrer droict & Iustice
pour & a soymesme.
Sommaires.
1 Il y a cas esquels vn chascun comme propre Iuge peut punir celuy qui l’offense.
2 Le Creancier peut apprehender le debteur qui s’enfuit, & le offrer en prison Iudicialle.
3 Le

CIVILE. 15
3 Le creancier peut a son debteur qui s’enfuit, oster les biens quil emporte.
4 Le Despouillé peut incontinent & sur le champ deualiser celui qui l’auroit despouille.
5 Le despouille ne peut apres long temps despouiller celui qui l’auroit destroussé.
6 Le despouille ne peut despouiller sinon par egalle repulsion.
7 Celuy qui trouue sa possession vuide, y peut entrer de son droict.
8 On peut de propre auctorité entrer en possession, s’il en a este ainsi conuenu.
9 Le Seigneur peut ietter son metaier & fermier hors de sa possession, s’il est defaillant
de payer au terme.
10 Le Procureur peuuent reternir a eux leurs salaires & despens.
11 Receueur peuuent reternir a eux leurs salaires & despens.
12 Tuteur & c. peuuent reternir a eux leurs salaires & despens.
13 On peut rederober le sien, pourueu qu’il se face sans violence.
14 Vn chascun peut en sa maison apprehender le larron de nuit, non pas le tuer.
15 Ie puis empescher celuy qui veut faire passer les ordures d’un esgoust par mon
heritage.
16 Ie puis prendre les brebiz ou autre bestail que ie trouue paissans mes bleds, non pas les
garder.
17 Si celui qui est Achepteur de vin, apres auoir este admoneste par le vendeur, ne le faict
charier & rendre au lieu, il tombe
au domage, si domage il ya.
18 La Iustice cessant, il est a chascun permis de se faire droict.
19 Il est a chascun permis de Iuger contre soy en faueur de son contraire ou enuieux.
20 Ie puis demolir la maison de mon voisin qui ard, ou est preste d’ardoir sans remede.
21 Ie puis a la colere & en chaleur ietter le boute-feu au feu, & celui, par faute duquel le
feu c’est allumé.
22 Ie puis mettre a mort le paillard, ou adultere le trouuant sur le faict auecques ma
femme.
23 Ie puis prendre le paillard ou adultere deuisant auecques ma femme.
1 Iay dict au prochain chapitre precedent, qu’il
y a aucuns cas esquels est licite punir celui qui
offense, se venger de lui, & sans encourir punition
de iugemēt humain, lui faire pauer la peine sur
le chāp, le prēdre & apprehēder ou le mettre prison
nier, ou dōner iugemēt pour soymesme ce que ie veux
rediger par ordre. Et en premier lieu le crediteur peut
2 de son auctorite & propre mainsaisir & apprehender
son debteur se mettāt en fuitte, on s’apprestant
pour fuir, par laquelle fuitte le debteur pretēdoit frau
der le creācier de son deu, & tout a l’instāt le liurer
prisonnier en prison de iustice, ou pour le moins de
dās vingt heures, selō Bartole & sa sequelle. a Ce que
3 les autres estimēt se deuoir faire dedans l’espace de
six heures, si faire se peut, cōme nous auōs faict mē

tion en nostre Practique des choses criminelles der
nieremēt imprimée au chap. 15. de la citation reale.
b Et la dict Bartole que ce §. doibt estre note a ce
qu’au cas predict soit loisible au crediteur, non seulement
prendre le debteur fuiant, mais aussi lui
oster ce que fraudulentement il a pris & emporte.
4 c Item l’official qui s’enfuit, peut aussi estre pris sans
iuge d . Semblablement celui qui a este despouillé
ou destroussé, peut sur le champ & tout incōtinent,
s’il void la comodité appreillée ruer par terre celui
qui l’auroit despouillé, & lui oster ses despouilles,
pour autant qu’en tel cas de droict naturel, ou bien
par le droict des hommes, est licité repousser force
par force e. Or ce n’est sans cause que i’ai dict sur le
champ, on tout incontinent, car si ce repoulsement,
vengence, & rescoursse ou reprise dessus declarée
n’estoit faicte tout incontinent, ains apres grand
5 laps de temps, elle ne seroit exempte de crime f . Ceste
redespouille ou reprinse est dicte faicte incontinent,
quand elle est faicte tost apres que le crime est
perpetré, & quād le courage est encores animé, c’est
a sçauoir tant que la colere & fureur lui dure, &
qu’il ne se donne a quelques autres diuerses negoces
ou actes, par lesquels le sang se fust refroidi &
rassis: g Car s’il faisoit autrement, & attendoit quelque
espace, alors seroit-il tenu comme vn volleur
& brigand, & non vn repetiteur du sien, ou defenseur
de soymesme. Et pourtāt se doibt ceste rescoursse
faire pour se defendre, & non pour offendre h. En
6 troisiesme lieu la dicte respoliation se doint faire auecques
moderation inculpatae tutelae, sçauoir auecques
7 repulsion egalle i . En oultre quiconque trouue
sa possession vuide, ou vacante, il y peut entrer de sa
propre auctorité, & a bon droict se remettre, & instaler
8 en sa possession premiere. k Dauātage, si entre
les parties le cōtract a ainsi este faict & passé, ou que
par paction, & accord, il ait entre eux este ainsi conuenu,
que la chose mentionnée au contract soit de
propre auctorité reprise par le premier repētant des
deux contractans, alors le premier repemtant sans
auctorite du Iuge, pourra receuoir a soy ladlicte chose,
& en prēdre la possession de sa propre auctorité l .
9 En cas semblable de Seigneur peut de son auctorite
propre dechasser, & deiecter son fermier, ou metaier
de la ferme qu’il lui auroit mise entre mains, en cas
qu’il fust defaillant de lui payer la pensiō entre eux

accordée au terme prefix & prestitué. m Ne plus ne
10 moins, le Procureur & ceux que ont superintēdēce sur
negoces peuuent de leur auctorité propre vser de re
11 tention des despēs qu’ils ont faicts n . Le mesme peu
uēt aussi faire les receueurs & semblables personnes
c’est a sçauoir retenir ce que leur est deu, pour leur loyer
12 ou gage, quand manifestemēt appert qu’ainsi leur estoit
ordōner par leur cōmissiō. Plus, a raison de l’office
ministere, tutelle ou curatelle, laquelle quelqu’un a
administré, peut le tuteur ou curateur se faire droict,
en retenāt, ou faisant retenir ce qu’il a despēdu ou em
ployé a l’administration de la tutelle, ou curatelle du
pupille, ou celui duquel il auoit la curatelle, pourueu
aussi quil apparoisse de ladicte despēse o . Oultre cela
13 quelqu’un pourroit secretemēt derober de rechef ce
qui lui auroit este derobe, pourueu qu’en ce faisant, il
14 n’use de force ou violence. Item le larron qui derobe
de nuit peut estre pris, & apprehēde par vn chascun,
principalement si celui qui le prent le trouué en son
logis, toutes foys il ne le peut pas mettre a mort ou
tuer si ce n’estoit qu’il le fist son corps defendant. p Si
15 quelqu’un cōtre la seruitude ♣ ma maisō, sentremet
d’y faire passer les immondices dun esgout, ou bien
vn conduit d’eaue, ie lui puis defendre ce faire, de ma
16 propre auctorité & l’en garder. q Et quant au bestail
que ie trouue en mon bled, ou en mes prez, en
mes boys, ou en quelques fruicts a moy apertenans
B 2 me faime

16 LA PRACTIQVE.
faime faisant dōmage, ie les puis prendre & tenir de ma
propre auctorité, tant que ie l’aye insinué, & signifie
au maistre a qui il apertient, protestant deuant lui, en
presence de tesmoins, que iauray sur lui mon recouure
du domage qui m’a este faict, mais ie ne le puis
retenir en gage, ou au lieu de gage, ou par droict de
retention, iusques a ce que par lui me soit satisfaict,
car si quelqu’un s’ingeroit de faire telle chose, il commetroit
vne espece de larrecin, & recompenseroit
dommage par dōmage, larcin par larcin, ce qui nest
licite. r En oultre si l’acheteur de vin auoit prealable
ment este deuement admoneste par le vēdeur, qu’au
iour prefix, & determiné, il vint receuoir & emmener
son vin, & qu’apres auoir ainsi este aduerti, il ne
vint receuoir la deliurance dudict vin par lui acheté,
en ce cas le vendeur peut laisser lesdicts vins aux perils,
& dangers de l’acheteur. Et la raison est par ce
qu’en tous achapts esquels la deliurance se doibt faire,
si l’Achepteur a este admoneste, ou sommé de receuoir
a iour nōmé, la chose par lui achetée, & qu’icelui
Achepteur ne faisant conte de telle denonciation,
ne comparust au iour assigné pour receuoir la deliurance
de sa marchandise, alors tout le peril de tels
biens, si peril y aduient, & tout le dōmage, soit de tels
vins vēduz, & non deliurez, soit d’autres denrees ou
marchādises, des, & depuis le tēps de ladicte sommation,
& laissé en la negligence de celui qui estant admoneste
n’a faict deuoir de venir pouruoir a son cas,
& n’a empesche ledict domage s . Semblablement si
vn vendeur de vin auoit prefigé & determiné a l’Achepteur
certain iour, pour mesurer & emmener ledict
vin, & que par apres il lui eust denōce qu’il eust
a le venir mesurer, & emmener, si de cela l Achepteur
n’a tenu comte, & il soit parapres aduenu, qu’estans
les vaisseaus rompuz, ou que par quelque accident le
vni a este respandu, ou bien que les tonneaux auroyent
este derobez, tout cela est & redonde au peril de l’achepteur,
qui estant admoneste n’a euite le danger. t
18 Il y a vn ancien dict, lequel est aussi veritable: Que
ou la Iustice cesse, vn chascun se faict droict. Et ainsi
le peut on faire, quand aucū ne peut auoir ou trouuer
iuge cōpetant. v Ou quand on ne peut finer du Magistrat,
& ainsi par defaute de Iuge, est permis a quel
19 qu’un se faire Iuge. x Il est semblablement permis a

qui veut, de iuger contre soymesme, & en faueur de
son aduersaire, cest a sçauoir de celui pour lequel il
20 veult qu’on donne sentence contre lui. y Si pres de
ma maison y auoit ou bien aprochoit vn grand feu,
ie puis de mon auctorité propre abbatre & demolir
la maison de mon voisin, ou celle qui est prochaine a
icelle, a fin que ie defende ma maison du peril qui lui
est eminent. z Toutesfoys en ce cas aucuns disent,
que les autres voisins sont tenuz de contribuer pour
la reparation d’un tel dommage de la maison demolie,
pourtant que telle demolition est & touche au
proufit de tous les voisins, pour cause que si elle ne
eust esté demolie, tout le voisinage estoit en peril. aa
Mais certes cela se doibt entendre, si a ceste maison
voisine estoit ja le feu pris, & quelle fust alumée, ou
preste a estre alumée s’elle nestoit demolie. Car c’est
en ce seul cas que la maison du voisin peut estre sans
mesprendre abbatue, a sçauoir par crainte du feu, s’il
estoit ja paruenu iusques la, ou bien qu’on cognust
euidemment & pour certain qu’il y prendroit tout a
l’heure. Car si quelqu’un se mettoit a destruire la mai
son de son voisin n’estant encores touchée ni attainte
de feu, estant couuerte de tuilles ou ardoises, &
non d’estrain ne de chaume, ou autre chose facile a ar
doir, tellement qu’il y auoit apparence qu’elle estoit
asseurée du feu, il seroit tenu a reparation de dōmage.
21 bb Si d’auantage ma maison estoit en feu par la
couple & nonchalance de mon voisin, & estāt pource
enflambé de courroux, ie le iette au mesme feu,
dautant que par sa negligēce il est venu de sa maison
en la mienne, sans faute ie seroys excusé de ce faict.
Car en toutes offenses esquelles le sang se trouble
grandemēt, si celui qui est offensé pepetre quelque mal
a cause de la chaleur qui est en lui bouillante, certes il
semble biē qu’il doibt estre excuse de la vēgeāce qu’il
prēt. Au moins s’il le faict pour la mesme cause & a la
22 chaude. cc Si vn Mari auoit sa femme qui fust peu soigneuse
de garder son honneur & chasteté, & elle fust
par quelque paillart solicitée pour acōplir son desir, &
que le Mari s’en aperceust, ou que par certain souspeçon,
ou indices tous euidens il le cognust, il doibt a
vn tel soliciteur, par soymesme ou par autres denoncer,
qu’il ay a se deporter & abstenir de plus tenir auecques
sa femme propos qui le mettent en souspeçon.
A quoy si le rustre ou gallant n’obtempere, &

qu’apres que troys telles denonciations lui auront este
publiquemēt faictes, il trouue le galant en sa mai
son, en la Tauerne, ou autre lieu que ce soit, couplé
auecques sa femme, la cognoissant charnellemēt, ou
luy vsant de maniemens, & attouchemens deshōnestes,
monstrant semblant de vouloir entreprendre
sur ce qui n’apertient qu’au seul & legitime Mari, a
cause d’une meschancete tant indigne, & deshonneste,
il est lors au Mari loisible (s’il en a l’opportunite &
que seurement il le puisse faire) d’occir & mettre a
mort vn tel paillart. Mais si pour lors il lui eschapoit
de mains, il ne peut ce faire deux ou trois iours apres,
c’est a dire, apres que la fureur du Mari est appaisée,
il ne peut de rechef poursuiure l’amoureux de sa femme,
le blesser ou occire, autrement il se rendroit coul
pable de meurtre, entant qu’estant sa fureur appaisée
il chercheroit sa propre vengence, ce que (quād il y a si
lōg espace) apertiēt seulemēt a la Iustice, a laquelle il
23 pouoit lors rapporter l’iniure a lui faicte. Par sembla
ble raison fault il dire, que si apres la fureur appaisée,
a sçauoir apres quelques iours passez, le Mari voit ledict
paillart, nō pas couplé ou aiāt affaire auecques sa
Femme, ains seulement deuisant auec elle, il ne peut
a l’occasiō de tel deuis (cōbiē quil lui soit suspect) occir
& mettre a mort ce poursuiuant, mais biē le peut
il apprehender & faire mettre en prison commune,
& auec ordre de Iustice proceder contre lui, sur les
torts & iniures par lui receues. dd
a Bart. & sequaces, in l. Capite quinto ff. ad l. Iul. de
adult. & stup.
b Cap. 15. de citatione reali num. 6. pag. 29. colum. 1. &
l. Ait praetor. z. §. Si debitorem, ff. Quae in fraud. credit. &
ibid. Barto.
c ff. Quae in fraudem creditorum facta sunt.
d l. 1. C. Vbi quis decu. vel coar. & in l. Generali C. de
decurionib. lib. 10.
e Vulgata l. vt vim vi ff. de vi & vi arma. l. Scientiam. §
Qui vum aliter ff. ad l. aquil. c. Significasti. 2. de homicid.
c. Si vero. de senten. excommunica. & c. c. Ius naturale
distinct. 1.
f vt l. Idem est. §. Eum igitur ff. de vi & vi arma.
g vt § vim vi praeallegat.
h vt § penult in l. Scientiam praeallegat.
i l. Prima C. vnde vt & c. vt fama § vlt. de sentent. excommunicat.
k l. prima

CIVILE. 17
k l. Prima in princip. ff. Quorum legato l. Si quis sub hoc ff. de contrahen. emptio. &
vendit. & c. 2. extra. de ordinat.
cognit.
l Pignore C. de pignoratitia actione. l. Tertia de pigno. & dicta l. Siquis sub hoc ff. de
contrahen. emptio.
m l. 3. C. locat. & l. 2. C. de Iure Emphiteutico l. Quaero §. Inter locatorem. ff. locati & c.
penult. & final. ext. de locato
& conducto.
n l. Quae omnia §. finali ff. de Procuratorib. & l. Debitor ff. de negot. gest.
o l. Quotiens §. Sicut ff. de administrat. tuto. l. fistulas §. 1. ff. de contrahen. emp. & l.
Creditorem C. Qui dari Tuto.
vel Curat. poss.
p l. Itaque ff. ad l. Aquil. c. Si perfodiens, & c. Suscepimus, extra de homicid.
q l. Quemadmodum §. j. ibi aliud est dicendum ff. ad l. Aquil.
r l. Quamuis ff. ad l. Aquil. Et optime Barto. in l. Ratis ff. de incend. rui. & naufrag. Vide
etiam Ioann. Fabrum in prin
cipio institut. Si quadru. pauper feciss. dicatur. Item Barto. in l. Amplius §. de his ff. de
damno infect. Qui tenet
hanc opinionem tanquam communiorem & veriorem. Similiter vide & Abb. in c. Si
laeserit, de iniur. in antiquis
& Speculatorem ante Bartol. in tractatum de Actore.
s l. 1. §. licet ff. de pericu. & commod. rei vend.
t d. l. 1. §. licet.
v l. Si quid Posseror ff. de petit. haered. & l. Generali C. de decurionib. lib. 10.
x Vt. notatur in l. nullus C. de Iudaeis.
y l. Si quod Possessor. §. Sed & si ipsi ff. de petitio haered.
z l. Si quis §. Quod dicitur, ff. Ad l. Iul. de vi public. & priua. Ad hoc facit l. Si quis fumo
iam §. j. ff. Ad l. Aquil. Qui
autem §. Ait Praetor ff. incend. rui. & naufra.
aa Argumento l. Si alius §. est & alia ff. Quod vi aut clam, & l. aedificio C. de operib.
Public. & per vniuersum titu.
ff. Ad l. Rho. de iact.
bb Notabili l. Si alius §. est & alia ff. Quod vi aut clam.
cc l. 2. quod ait Praetor ff. de incend. rui. naufra. auecques semblables droicts.
dd In Auten. vt lice. Matri & Auiae. §. His quoque & §. seq. coll. 9. & l. Pater, & l. Quod
ait lex, & l. Marito ff. Ad
l. Iul. de Adult. & stupris.
CHAPITRE XV.
D’empescher par soymesme nouel ouurage
ou nouueaus ouurages.
Sommaires.
1 Qui edifie sur le champ ou heritage d’autruy y fouist ou plante, celui a qui l’heritage
apartient, peut de soymesme empescher

telle edification, demoulir l’ouurage, arracher les Arbres & c.
2 Celui qui commenceroit a edifier sur le tresfond d’un autre, il peut estre empesche de ce
faire par denonciation.
3 Combien a de vertu & authorite la denonciation.
4 Tout ouurage faict apres denonciation de ne proceder en icelui pourra estre demoli.
5 La Denonciation se doibt faire quand l’ouurage se commence.
6 Apres que l’ouurage est complet, il ne faut plus vser de Denonciation ains de
Compellation.
7 Quant aus edicts de Denonciation de nouel ouurage.
L’un est Prohibitoire.
L’un est Permissoire.
L’un est Demolitoire.
8 Denonciation de nouel ouurage n’a point lieu en cas de Reparation.
9 Le Denonciateur doibt dire son droict, & sa cause de Denonciation dedans troys moys.
1 Si quelqu’un mettoit a edifier, ou a bastir quelque
nouel edifice, ou a abatre & demolir vn
ancien, ou a fouir, ou a plāter Arbres, ou a dres
ser, & esleuer quelque autre nouel ouurage, que ce
soit en mon heritage, lequel actuellement ie possede,
ie puis de ma propre auctorité, & sans assistance
de Iuge, empescher, demolir, & abbatre ledict ouurage,
sans que pource i’encore en aucun peril, dōmage,
2 delict, ou mesusance. Mais si quelqu’un s’ingere
de bastir, ou edifier quelque nouel ouurage, au
fond, ou lieu duquel ie suis a bon droict iusques a
hui detenteur, & le tiens pour mien, toutes foys ie
ne le possede pas, non obstant ce, ie puis proceder a
l’empeschement de cest ouurage par Denonciation
de nouel ouurage, cest que ie puis de ma propre auctorité
prohiber & defendre aux Charpentiers, ma
çons, & autres ouuriers besognans au susdict edifice,
qu’ils ne passent oultre, & ne procedent plus auant
en cest ouurage, qui est contre droict & raison

commencé, iusques a ce que ie leur aye autrement
demonstre, par vn iect de pierre, ou autre signe, laquelle
3 Denonciation est de telle auctorité, & a tant
d’effect, qu’apres qu’elle est ainsi faicte, ame ne doibt
proceder plus oultre en l’ouurage, sinon qu’il donne
plege, & mette bonne caution, qu’il demolira de rechef
ce qu’il aura edifie, & compensera les dōmages
& interests, si par apres il est ainsi iugé par sentence
difficitiue du Iuge. Si ce nestoit que durant le Proces
l’une des Parties playdoyantes de son gré, ou
par paction permist a l’autre de paracheuer cest edifice:
Car sans ces deux conditions, a sçauoir vne
paction, ou permission, quiconque perseuera en l’edification,
ce qu’il en aura faict, il sera faict contre
tout droict & raison, & pourtant s’il perd le Proces,
il deura, & sera tenu abattre, & demolir & oster tout
le bastiment a ses propres cousts & despens. a Au
demeurant, si tel ouurage estoit faict (soit a droict,
soit a tort) apres la Denonciation, & auant qu’il fust
B 3 permis

18 LA PRACTIQVE.
permis estre faict, il doibt aussi neantmoins a la requeste
de la Partie, & par sentence du Magistrat estre
ruiné & toutalement demoli, ce qui se faict ainsi,
pourautant qu’en l’edification de ce bastiment le cōmandement
& auctorité, & ainsi expose Vlpian les paroles du Preteur.
5 b Et pourtant la Denonciation de nouel ouurage
se doibt faire au commencement de l’oeuure,
& non pas a la fin, pource que si on entendoit a faire
ceste Denonciation iusques a ce que l’ouurage fust
parfaict & cōsumé, ceste Denonciatiō nauroit point
de lieu, & seroit nulle, par ce que toute denonciation
se doibt faire pour empescher que l’oeuure ne soit
faict, & non pas a fin d’oster ce qui y est desia basti &
construit. Car cest Edict de Denonciation est establi
contre les ouurages, a ce quils ne soyent faicts, &
6 non pas contre ceux qui sont faicts. Car s’il se trouue
quil y ait quelque tel ouurage ia parfaict & accompli,
ia soit qu’il fust faict cōtre droict, toutes foys
cest Edict de Denonciation de nouel ouurage cesse
lors. Et pourtant faudra-il adonc vser d’autre remede,
& auoir son recours ou a l’interdict, quod vi aut
clam, ou vti possidetis, ou a la cōplainte de trouble de
possession, ou a quelque autre semblable remede de
Iustice, que lon verra estre plus expedient, duquel on
vsera adonc. c Ainsi donc ceste legitime Denonciation
a son lieu, force, & efficace tout au commencement
de l’oeuure, soit qu’elle soit faicte au maistre
mesme, ou a son Procureur, ou a son seruiteur, ou page,
aux charpentiers, ou ouuriers, d bien entendu tou
tes foys, qui celui Procureur, seruiteur, ou mainouurier
& c. ait este present a l’ouurage au nom de son
7 maistre, ou pour cause de l’ouurage. Or cest edict de
Denonciation de nouel ouurage, est de troys manieres,
sçauoir Prohibitoire, quand quelqu’un empesche
le progres & auancement de l’ouurage encōmencé.
Permissoire, quād la Partie permet le progres de l’ou
urage commēcé. Demolitoire ou Restitutoire, quād
on requiert que par sentence l’oeuure soit demoli, &
8 la place restablie en son premier estat. c Ceste Denon
ciation de nouel ouurage n’a point de lieu és reparations
des edifices, qui estoyent au parauant, mais seulement
és nouueaus ouurages comme il est dict. f Le
quel (texte selon Bartole, dict: Qu’un vieil bastimēt

qui est nouuellent refaict & reparé ne doibt estre ap
pellé nouel ouurage. Car celui qui refaict & racoustre
vn nouel edifice, il ne faict pas quelque nouel
oeuure, mais seulement trouue remede de rabiller le
9 vieux pour le soustenir & tenir debout. Maintenant
si celui qui faict edifier, veult sçauoir la cause de ceste
Denonciation & defense, le Denonciateur est obligé
la lui declarer, & la dessus demonstrer si apertement
son droict, que celui qui bastit puisse sur ce prēdre deliberatiō
de ce qu’il auroit a faire de droict, autremēt
ne seroit tenu, & ne deuroit obeir a ceste Denonciation.
g Et se doibt faire ceste declaration de cause par
le denonçant, dedās troys moys, car si dedans ledict
espace, il n’expliquoit sa cause & ne monstroit apertement
son droict, celui auquel telle Denonciation
auroit este faicte pourroit passer oultre, & proceder
en son edification, baillant par lui caution de demolir
l’ouurage. h
a l. Praetor in principio ff. de oper. no. nunciat. & c. 2. in
exordio. extra cod. titu.
b In praeallegata l. Praetor, in fine principij. Quod factum
est id restituas. i. destruas & c. Latius videte ista in d. c. 2.
extra de noui oper. nunciat.
c l. De pupillo §. meminisse ff. de operis noui nunciat.
d d. l. De pupillo §. Nunciare ff. de oper. no. nunciat.
e Vt not. gloss. in verb. vti possidetis in d. §. Meminisse.
f l. l. Prima §. Si quis aedificium ff. de oper. no. nunciat.
g Secundum Dominicum & Bart. in d. l. Prima ff. de oper.
no. nunciat.
h l. Vnica C. eod. de no. oper. nunciat. & c. Significantibus,
ibi. not. Panor. nu. 20. extra eodem titu.
CHAPITRE XVI.
De se deliurer de Rentes & debtes.
Sommaires.
1 Celui qui veut rachepter Rentes, doibt payer toute la somme auecques le surcroist.
2 Le rachepteur de Rentes, au refus du vendeur doibt mettre l’argent entre les mains du
Iuge.
3 L’offre ou consignation de rachapt de Rentes, ou y a defaut, n’est point ratifiée.
La liquide, ou certaine.
4 Troys manieres de debtes Celle qui n’est liquide, ou est incertaine.
Partie liquide, & Partie illiquide.
5 Le payement d’une debte certaine se doibt faire toutalement sur la peine establie.
6 Payement d’une debte qui n’est claire, ne se doibt faire sinon apres quelle est liquidée.
7 Le payement d’une debte qui est mixte, se doibt entierement faire pour raison de ce qui
est liquide, auecques caution de

payer ce qui n’est encores liquidé.
8 Le Crediteur faisant refus de receuoir ce qui est liquide sans l’illiquide, le debteur
consignera les deniers en la main du Iuge,
auecques caution de payer ce qui n’est encores liquide.
9 La consignation qui se faict en la main du Iuge n’est de tenue, sans offre de payement
preallable, ni au contraire.
10 Difference entre payement de Rentes & payement de Debtes.
1 Si aucun vouloit faire rachapt de Rentes, & se
deliurer de les payer annuellement deslors en
en auant, & s’en descharger du tout, il pourra
acquitter la Rente toutalle, ou bien partie d’icelle
iouxte & suiuant le temps & pris porte par le contract,
sçauoir en payant au vendeur telle somme de
deniers qu’il est requis selon la rate & espace du tēps
escheu, dont faict foy ledict contract, auecques le
surcroist, iusques au iour d’adonc inclusiuement. Et
si le vendeur ne vouloit d’auenture admettre ledict
rachapt, & par ainsi refusoit le payement a lui offert,
alors le rachepteur lui offrera & presentera de rechef
ses deniers pour ledict rachapt, prenāt auecques
2 lui deux tesmoins dignes de foy, lesquels s’il refuse
prendre

CIVILE. 19
prendre, le rachepteur protestera de son refus, & incontinent,
& au mesme temps, il deposera lesdicts
deniers lez le Iuge, sçauoir en la main du Greffier,
presens a ce les mesmes tesmoins deuant dict ou autres,
& lui demandera scedule de l’argent par lui paye
pour le rachapt de ladicte rente, en tout ou partie.
Lequel depost & payment en main du, Greffier, sera
par ordonnance du Iuge de telle vertu & efficace,
que des le mesme temps de payement, les susdictes
rentes seront suspendues & tenus pour payées, tout
ainsi que si le vendeur principal auoit de son gre receu
3 ledict payemēt. Mais il fault bien se garder qu’en
la premiere offre, ou en la seconde, quand le payemēt
se faict, il n’i ait faute de quelque partie de l’argent,
ains que toute la somme soit entierement contée auecques
les iours qui de surcroist seront passez oultre
le terme, a sçauoir, iusques au iour de l’offre & deposition
inclusiuement, sans qu’il s’en faille vn denier.
Car s’il se trouuoit quelque default, tant en l’offre cō
me en la disposition, le refus du vendeur seroit tenu
pour iuste, & la deposition de celui qui voudroit rachepter,
(laquelle aucuns appellent Namtization) indue
& no legitime. a Et quant a la solution & paye
4 mēt d’une debte, conuiēt premieremēt sçauoir, qu’il
y a troys manieres de debtes, a sçauoir la debte liquide
ou certaine, celle qui dst illiquide ou incertaine, cel
5 le qui est mixte, c’est a dire, en partie liquide, & partie
illiquide. La debte liquide se doibt en temps prefix
payer toutalement sur la peine portée par le contract
auecques l’interest, si ce nestoit que le creācier
voulontairement consentist & s’accordast a receuoir
6 partie du payement. Quant a la debte qui du tout est
illiquide, elle ne se doibt payer tant que la liquidation
en soit faicte. Mais si le creancier vouloit insister, disant
icelle debte illiquide estre liquide, & que par voye
de iustice il en demandast le paiement, alors de debteur
(selon mon iugement) deura bailler au creancier
bōne caution du payement don’t sera question,
auenant, que la liquidation soit par le Iuge contre lui
prononcée, mais il ne sera point cōtraint de lui payer
7 preallablement chose aucune. De la debte qui en par
tie est liquide, & par autre part illiquide, il en fault
presque faire tout ainsi que nous auons dict du payement
de Rentes, & en ceste maniere. Quand aucun
se veult deliurer d’une debte illiquide, adonc

le debteur doibt a son creancier offrir & presenter
selon & autant quil lui semble qu’il soit obligé
a cause du deu, qui est certain & liquide, & de ce qui
est incertain & illiquide, presenter caution suffisante.
Et si le creancier ne veut accepter ceste
offre de payement, auecques la caution desia dicte,
alors le debteur fera ainsi que nous auons ci
8 deuant dict du racheteur de Rentes. Il presentera
ladicte somme du deu qui est liquide auec cautiō de
payer cest illiquide qui le creācier demande d’auātage,
presens deux tesmoins, & si le creancier la refuse,
par ce que tant seulement il offre partie de la debte,
a sçauoir, ce qui est certainement deu, alors il deposera
& consignera la somme par lui offerte en main de
Iustice & du Greffier, & quant au surplus du deu nō
liquide, il laissera au crediteur droict de pousuiure la
9 liquidation de ce deu, & a ces fins assignera au crediteur
bonne caution & suffisante, sçauoir de loyaument
payer la reste de la debte apres la sentence de liquidation,
auenant quelle soit pronōcée & adiugée.
Et ainsi moyennant cest offre de payer le deu liquide,
& auec la caution deuant dicte, le debteur s’exemptera
& deliurera de tout autre dommage & interest,
& tout autre dāger, auquel il eust peu enchoir,
&, comme on dict, il se desendebtera. b Pourtant
que toutes & quantes foys que la debte n’est liquide
ou certaine, alors on reçoit bien la partie a payement.
c Mais pourtant que ci deuant nous auons touche,
de l’offre & deposition ou consignation, ie veux aduertir
vn chascun quil leur conuient sçauoir, que con
signation sans offre & presentation precedente n’opere
riē & n’est d’efficace, comme aussi ne faict l’offre
sans consignation suiuante. d Desquelles choses
10 deuant dictes, on tire ceste difference qui est entre la
solution & payement de rentes, & payement de
debtes, quant aux offres & presentations, & aux
consignations ou depostions, a sçauoir que la Consignation
pour amortir les rentes en parttie, ou du
tout, ou pour abreger le cours desdictes ♣rentes, se
doibt faire de la deposition ao assignation de l’entiere
somme qui est deue, & lors en ce cas n’a lieu fideiussiō
ou caution. Mais bien on peut faire consignation,
pour s’acquiter de la debte, partie en argent, &
partie par mettre caution, a sçauoir pour la partie, qui
demeure illiquide comme iusques ici nous auons clai
rement demonstré

a Vulgata l. Acceptam C. de vsur.
b d. Acceptam. & ibi. Bart. & Cynus.
c Vt in l. Quidam exstimarunt ff. Si cert, peta.
d l. Si Creditrici C. de vsuris.
CHAPITRE XVII.
De se deliurer de Iugemens & Proces a venir.
Sommaires.
1 Il ni a homme qui n’ait des enuieux.
2 Malice dommageable & detestation de ceux qui diffament les autres.
3 Il y a deux manieres de diffamations, en choses criminelles ou ciuilles.
4 Diffamation criminelle est plus dangereuse, & se doibt purger plus diligemment.
5 Diffamation ciuille est plus legere, laquelle il ne faut pourtant mespriser.
6 Celui qui est diffamé ayant crainte du Iuge on destre mis en Proces, peut preuenir le
diffameur, le faisant adiourner.
7 L’homme qui a este diffamé, doibt faire requeste au Iuge que celui qui l’a diffame se
desdie, & que silence lui soit imposé.
8 Le diffamateur estant cité & ne comparant, on lui doibt imposer silence perpetuel.
9 Quil conuient faire aux Estudians, Marchans & estrangers, qui apres leur depart
craignent estre a toort diffamez pour cause de debtes.
Ainsi

20 LA PRACTIQVE.
1 AInsi que le monde se gouuerne a present,
il ni a homme si heureux qui n’ait ses enuieux,
& secrets haineurs. Ces chimeres
ne se monstrent point en place marchāde, mais mor
dent les gens en cachette cōme viperes, & par leurs
sourds caquets derobent la bonne renommée des
gens de bien, & n’ia mal quils ne controuuent faulsement
contre eux, & effrontement le sement par la
ville, par lesquels blasons, ils diffament & deshonorent
meschamment les bons & honestes personages
tant en secret comme en public, & en presence de
plusieurs, tant en Iugement, que hors,n’ayans crainte
de Dieu, ne des hommes, & sans penser qu’il leur
conuiendra quelque foys faire restitution du bon
3 renon par eux a leur prochain raui. Or telles diffamations
se commettent quelques foys en choses cri
minelles, & quelques foys en ciuiles. Et tout ainsi
que celle premiere nommée est la plus grieue, aussi
la conuiendra il effacer par celui qui est diffamé plus
soigneusement & diligemment en se purgeant & fai
4 sant adiourner le blasonneur, recouurant la premiere
bonne renommée & fame, sinon qu’aucun se sente
si entier qu’estant content de sa propre innocence, il
contemne & mesprise toute faulse suspition, qu’on
pourroit auoir de lui, a l’exēple de Iesus Christ, ne
faisant cas de tout ce, que ce sot populace pourroit
iaser & blasonner de lui, mais se donnant sans plus
soin, comme il se rendra a Dieu agreable, se fiant sur
son innocence, de sorte que combien que le Iuge seculier
a l’occasion d’une telle faulse diffamation voulust
attenter faulsement & a tort quelque chose con
tre lui, il sera neantmoins franc & libre de tout mal
& danger exterieur, & que de tant plus son innocen
5 ce sera a tous plus claire & notifiée. Au reste vne diffamation
ciuile, est quelque peu plus legere, quecelle
don’t nous venons de parler, se est ce toutes foys
qu’on ne la doibt mettre a nonchaloir, tant pour l’amour
de soy, des enfans, que de tout le parētage, qui
y est interessé, ains la rēbarrer & repousser par la verge
de Iustice, (sinon que l’home offensé tant pour l’a
mour de Dieu, que par se sentir innocēt, & sans coul
pe eust deliberé n’en faire cas) attendu que le sage dict,
Qu’un chascun doibt auoir soin de sa bonne renommée.
Doncques si quelqu’un se met a blasonner &

diffamer vn autre, comme disant, qu’il est chargé &
enfondu de debtes, a cause de sa marchandise & traficque,
ou disant, qu’il est berlandier, ioueur de cartes
& de dets, ou qu’il est vn hōme prodIuge, & gaspilleur
du sien, ou que ses heritages sont hipotecquez,
ou bien qu’iniustement & a tort il lui detient sa maison,
ou celle d’un autre, ou son champ & heritage cō
tre toute raison, & autres semblables reproches qui
vrayement sont diffamatoires. a Icelui comme estāt
diffamé, doibt oster de soy telles diffamatiōs de bruit
publicq (s’il les entend) & se purger par Iustice contre
6 le diffamateur. Pareillement quand a cause de telles
diffamation vn home est tellemēt marqué du Iuge
& a son oeil,qu’il est a craindre quon ne lui force vn
Proces, contre l’office du Preteur ou Iuge, alors celui
qui est diffamé pourra premierement intenter Proces
contre le diffamateur, & l’appeller en Iugement,
& parainsi le deuancer, de maniere, que le premier
il se constitue Acteur ou Demandeur, ou, (s’il lui sem
ble estre plus expedient, qu’il s’en taise, cede a la Partie,
& que seulement il demonstre icelle diffamation
7 estre procedée du diffamateur mesme. Sur quoy il
requerra au Iuge, que sur grande peine il impose silence
a vn tel detracteur & blasonneur, mesme qu’il
se desdie & reuocque les meschans propos par lui semez,
lui restituant son bon renom. Et alors lui pourra
le Iuge ordonner temps pour proceder plus amplement
8 cōtre tel diffamateur. b Et si le diffamateur
alors ne compare au terme establi ou prefix, pour respondre
a l’action intentée contre lui, alors celui qui
est diffamé requerra au Iuge que icelui diffamateur &
a tous ses consors & adherens a imposer telle note
d’infamie, & a tous qui leur pourroyent en cest acte
diffamatoire succeder, ou encores a ceste occasiō mo
uoir Proces contre lui, il impose par sa sentence silence
perpetuel, sur tout ce que lui, ou ses consors ou
successeurs, pourroyent contre lui, quelque foys iudiciairement
9 demander ou àctiōner. Et ainsi cōseilleroy-ie
a tous estudians, & qui es vniuersitez appliquent
leur estude aus bonnes arts & disciplines honestes:
semblablemēt a tous marchans estrāgers, qui
attendent vent propice pour eux partir, que toutes
foys & quantes qu’ils craignent, qu’apres leur partemēt
on ne seme d’eux par la ville quelque faus bruit,
qu’auant icelui leur depart, que quiconque leur voudroit
demāder aucune chose, qu’il se presentast a certain

terme & temps prefige pour le demander, les actionner
& tirer en droict. Ce qui leur sera vn tresseur
& bon remede pour euiter toute infamie auenir, &
comme tesmoigne Balde, c cela a par bonne coustume
autrefoys esté bien obserué.
a a Bald. in l. diffamari circa exordium. C. de ingenu. manumiss.
b Iuxta d. l. diffamari, & ibi Bald.
c In d. l. Diffamari.
CHAPITRE XVIII.
Pour euiter & eschapper des debtes d’un heritage ou
succession, ou en vne maison mortuaire chargée.
Sommaires.
1 Qui craint se porter heritier en quelque succession pour cause de debtes, qui y sont, il a
vn an pour en deliberer.
2 Qui se craint porter heritier dedans l’an peut impetrer du Prince benesice d’inuentaire.
3 Qui aura obtenu du Prince les lettres d’inuentaire, peut librement se mettre en l’heritage.
4 Le premier faict que celui qui d’icelles est muni n’est point simplement dict heritier.
5 Le second faict qu’il ne paye non plus que ce quil trouue, & a qui il veut.
6 Le tiers est quil peut a sa discretion payer des biens meubles ou immeubles.
7 Lettres beneficiales d’inuentaire ont six priuileges.
Le quart est quil peut payer auecques lettres obligatoyres, sās respōdre, ne faire bō
d’icelles
8 Le cincquiesme est quil n’est tenu restituer du sien les biens qui ayans este trouuez se
seroyent puis apres perduz.
9 Le sixiesme est par lequel l’impetrant est exempt d’une obligation mixte, Cest a dire,
reelle & personelle.
10 on

CIVILE.21
10 On doibt conseiller aux heritiers, qu’ils entrent en la maison mortuaire auecques
lesdictes lettres de benefice ou beneficiales.
11 La premiere est que les lettres beneficialles sont nulles, si on se met simplement en
l’heritage.
12 La seconde est qu’il lui conuient tout incontinent faire inuentaire de tous les biens.
13 La tierce quil face ledict Inuentaire deuant les plus anciens, appellez ou a appeller
Ces lettres beneficialles chargent l’impetrant de six conditions
14 La quatriesme est quil face faire l’Inuentaire dedans vn an ou dedans troys moys.
15 La cincquiesme est, quil donne caution legitime quil gouuernera & administrera
diligemment les biens qu’il aura traouuez.
16 La sixiesme est, qu’il rende comte deuant le Magistrat, & en presence des crediteurs.
17 Qui n’obserue ces conditions, ne peut iouir du priuilege du benesice.
18 Le benefice d’inuentaire sert seulement a ce que les crediteurs soyent payez par les
heritiers.
19 A Gand le benefice d’Inuentaire est nul, parce que la nul ne peut refuser de se porter
heritier.
20 Semblablement en France nul ne peut refuser & reiecter l’heritage.
1 Qviconque craint ou n’ose se porter heritier en
vne maison mortuaire & prendre possesion,
pour la crainte qu’il a quelle ne soit chargée de debtes,
a cause desquelles il estime a bon droict lui estre
plus expedient abandonner cest heritage que dy entrer,
icelui, pour cause de ceste crainte qu’il a pourra
deliberer par lespace d’un an, & differer de declairer sa
deliberation & volonte & chois, iusques a icelui an
2 inclus, & ce pendant & durant ledict an & terme, im
petrer du Prince lettres de benefice d’inuentaire, a
ce que par l’inspection & deüe examination de cest
Inuentaire, il puisse plus asseurement deliberer & se
resoudre, s’il se doibt porter &| constituer heritier de
3 ladicte maison mortuaire, & en accepter toute l’administratiō,
ou bien s’en forclorre du tout. En quoy
ie conseilleroye a tous heritiers, qu’en ayant obtenu
tel benefice, ils ne delaissassent ceste maison mortuai
re, ains que pour l’honneur de ladicte maison, & de tou
te la famille, & parentage, ils se mettent en la maison
mortuaire, non pas simplemēt, mais par vertu dudict
benefice: Car en ayant obtenu ledict benefice, ils ne
pourront rien perde, ne souffrir aucun dōmage, d’au
tant que par le moyen d’icelui ils pourrōt payer les crediteurs
des biens seulement quils trouueront en la
maison mortuaire, en tant que se pourront estendre
lesdicts biens trouuez, sans qu’ils soyēt aucunement
tenuz debourser rien du leur. Et par ainsi ils n’employeront
que leur labeur & vacation seulement a la

maison mortuaire, sans faire aucune perte de leurs
biens, laquelle vacation, l’esgard d’honnesteté & cha
rité defendēt estre deniée a vne telle maison. Et a fin
que tout home puisse plus hardiment & plus voulon
tiers s’accorder a se mettre en quelque maison mortuaire
que se soit, estāt de son heritage par le benefice
desdictes lettres d’inuentaire, ie lui declareray voulontiers
en cest endroict, toutes les prerogatiues &
priuileges dudict benefice, qui ne sont de petite estime,
ni a mespriser, ains de grande singularite & excel
4 lence. Car pour venir au premier priuilege que produisent
telles lettres beneficiales, il est tel, que quicon
que auec tel benefice d’inuētaire se met en la maison
mortuaire, & se constitue heritier en icelle, n’est pas
simplemēt dict heritier pour payer toutes les debtes,
& mesme celles qui excedent les forces & portée de
l’heritage, ains sera sans plus dict heritier auecques
condition, a sçauoir par benefice d’inuentaire ou heritier
beneficial, c’est a sçauoir muni de la benignité
du Prince, pour seulement payer les debtes, tant & si
auant, que les biens trouuez par l’inuentaire se pourront
estendre, & non autrement ne plus oultre.
5 La seconde prerogatiue et qu’il pourra distribuer les
biens trouuez selon & tout ainsi que bon lui semble
ra, & payer tels crediteurs quil voudra, & en tant que
les biens de la maison mortuaire sestendront, & tant
quils dureront, & n’est autremēt tenu les distribuer
a chascun des crediteurs auecques reduction & repartement
au poids, et a la liure, ainsi quon a presque
tousiours a coustume faire, et n’est aussi oblige de prē
dre garde quel des crediteurs est le premier et va deuant
les autres, ni aussi quel est le dernier, auquel est
plus iustement ou moins iustement deu (sinon qu’il
y vueille de soy mesme aduiser par sa prudence) ains
peut selon sa volonté satisfaire a chascun crediteur,
ou legataire le premier venant, pourueu quil soit mis
6 & couche par escrit au rolle & crediteurs & apporte
l’obligation de sa debte. La tierce prerogatiue
est, que selon son plaisir & volunté, & tout ainsi
que bon lui semblera, il pourra assigner au crediteur
pour payemēt de son deu, tels biens immeubles quil
aduisera, comme tresfōds, heritages, maison, fiefs,
selon l’estimation & arbitrage de gens de bien. Il y a
plus, qu’il peut donner contre le gré & volonte des
autres crediteurs, a quelqu’un autant des biens hereditaires
en payemēt, cōme par l’inuentaire il lui est

deu, & non plus aussi, & ne fault point qu’il craigne
de succomber par apres, si pour ce regard on intente
7 contre lui quelque querelle ou proces. La quatriesme
prerogatiue est, qu’il peut aux crediteurs donner
ou assigner en payement scedules obligatoires,
ou obligations de choses deues au deffunct, a ce
quils en poursuiuent les payemens tout ainsi que
bon leur semblera, sans qu’il soit en rien obligé des
fraiz & despens, qui leur conuiendra faire a la poursuitte
8 d’icelle. La cinquiesme prerogatiue est,, que si apres
l’inuētaire faict il aduenoit que par cas fortuit les
biēs trouuez dās la maison du desfunct vinssent a diminuer,
ou empirer, cōe si le bestail trouué auāt paye
ment venoit a estre desrobé, ou se mouroit, ainsi que
cheuaux, vaches, porcz, brebiz, boeufs & semblables,
ou si la maison par feu ou impetuosité de vents, ou si
les scedules auouent este derobées, ou que les debteurs
du deffunct s’enfuissent, ou qu en quelque maniere que
ce fust les biens vinssent en decadence, tant quils ne
peussent suffire a payer les crediteurs, en ce cas ne seroit
cest heritier beneficié tenu faire bon de tel doma
ge, & le restituer de ses biens, ains tout ce dōmage la
& perte

22 LA PRACTIQVE.
& perte casuelle de biens redondera au peril & dom
mage des crediteurs, & non au dan de lheritier beneficial
(comme iay dict) lequel ne seroit aucunement
tenu de restituer ou reparer ce domage, mais tant seu
lemēt de payer aux crediteurs des biens demeurez de
reste & presens, sans aucun regard de ceux qui sont
9 perduz. La sixiesme prerogatiue est, que le susdict
benefice excuse L’impetrant de toute obligation
mixte, & aussi bien de l’obligation du deffunct
que de lheritier d’icelui, & le deliure & absoult de
toute inquietude & fascherie de Proces que les crediteurs
non payez pourroyent parapres intenter con
tre lui. Pour ces causes donc, & a raison des priuileges
10 que nous auons declaréz, les scauants Aduocats &
Procureurs conseillent aux parties, que plustost ils se
portent heritiers en la maison mortuaire, ou succession
qui est chargée, par benefice d’inuentaire, que sy
entremettre simplement, & est a sçauoir que ce priui
lege de benefice d’inuentaire est tousiours accompagne
de charges & suiui de six conditions qui s’ensuiuent.
11 La premiere est, que ce benefice d’inuentaire
sera nul, si quelque vn d’entre les autres heritiers se
vouloit simplement ingerer & mettre en la maison
mortuaire, par ce que les lettres beneficialles du Prin
ce se concedent seulement ou cas & euenement que
nul des heritiers voulust simplemēt se mettre en l’he
ritage, auquel cas le Magistrat se mettroit en ladicte
maison, & payeroit a vn chascun des Crediteurs selon
la decision de la liure pro rata des biens trouuez
& des debtes deues aux Crediteurs, mais par ce que
cela seroit peu honeste aux heritiers & parens de la
maison mortuaire, le Prince a coustume d’octroyer a
lun des heretiers, ou a tous ceux qui les demādent ses
lettres beneficiales, a ce quils payent autant, que les
12 biens trouuez s’estendront. La seconde est que tous
les biens quels quils soyent, qui par lui serōt trouuez
en la maison mortuaire, icelui les face mettre par escrit
13 & en inuētaire. La troysiesme est, qu’il face inuen
taire iudicial & legitime tel quil apertient, a sçauoir
deuant quelques anciens, & a ce appellez ceux, qui le
gitimement y doiuent estre appellez, a ce que tous
ceux ci puissent estre tesmoins de veue & de bonne
14 foy, des choses qui auront este trouuées. La quatriesme
est, qu’il escriue ou face escrire ledict Inuentaire

dedans l’An & iour, au moins si les biens ne sont presens
& sur le lieu, car la ou ils seroyēt presens, l’inuen
15 taire se doibt escrire dedās troys moys. a La cinquies
me est, que tel heritier par benefice d’inuentaire, bail
le bonne & suffisante caution, qu’il administrera &
16 gouuernera tresbien les biens de l’heritage. La sixies
me est, que par apres il face & rende bon conte legiti
me, & suffisant de son administratiō & des reliquatz
par deuāt le Magistrat & tous les Crediteurs ou leurs
Procureurs, & non en presence de ses coheritiers qui
ne sont point entrez en la maison mortuaire. l’ay biē
voulu declarer ces cōditions, a ce que l’impetrant du
benefice d’inuentaire, ne se fie point trop en ceste gra
ce, & se trompe soy mesme, & se desraube soymesme,
17 ou tombe en quelque accident. Car quiconque
estant impetrant de benefice d’inuentaire ne garderoit
point telles conditions, & en son administration
ne feroit inuētaire legitime, telle personne perderoit
le benefice que dessus, & seroit tenu pour simple heritier,
qui est obligé de parler & respondre entieremēt
pour toutes les debtes qui sont trouuées en l’heritage.
18 Et est ce benefice fondé sur ceux qui par droict he
reditaire, ou en quelque autre maniere que ce soit,
desirent se fourrer en vne maison mortuaire (mais ils
craignent ce faire a cause des debtes) affin qu’estans
ainsi muniz par le benefice du Prince, ils se saisissent
des biens, & que les debtes soyent honestement
payées, selon la puissance & portée des biēs trouuez.
Oue s’ils sont refusans de se faire. & qu’il n’i ait autre
aucun qui se constitue simplement heretier, toutes
foys les biens qui y sont ne demourerōt pourtant la,
& ne les laissera on perdre. Car en ce cas le Magistrat
(comme iay dict) se constitue heritier, & saisist les
biens quil trouue pour le payement des crediteurs.
19 Mais a Gand ce benefice n’a aucun lieu, car en ceste
ville la ame ne peut refuser, fuir ou repudier l’heritaige
ou maison mortuaire, ains vn chascun est la obligé
de bailler caution de prendre le profit, (si profit y
20 auroit) & de payer les debtes passées. Et si par contract
faict deuant le mariage auoit este dist, que la vefue
future ne paieroit aucunes debtes de son defunct
mari, ou de la maison mortuaire, si est ce toutes foys
qu’en tel cas ladicte vefue demouroit neantmoins
ce pendant obligée, de sorte qu’elle seroit tenue de
respondre pour les debtes, & de payer a tous les creanciers
de la maison mortuaire. Toutesfoys elle acquiert

par tel contract ce benefice, que par icelui lui
compette actiō & recours a l’heritier ou heritiers du
deffunct, a ce quelle leur redemande les debtes par
elle payées. Auquel recours ayāt, faut premierement
noter ce point, & presupposer qu’il y auroit eu♣quelqu’un
des heritiers qui auroit comparu, seroit entre
en la maison mortuaire, & auroit baille deûe cautiō.
Car si tel n’est comparu (car chascun qui veult se peut
deporter de heritage) la vefue demeure tousiours
obligée au payement, & est frustrée de ce benefice
de recours, ou action. A Bruges la coustume de la vil
21 le porte que la vefue peut renoncer a la maison mor
tuaire, a condition par la qu’elle elle renoncera aussi
a tous les biens de la maison mortuaire, delaissez tant
par elle que par son feu mari, & que par elle ou par
autre elle mettra la clef de la maison sur la fosse ou se
pulture de sondict mari, ou bien qu’elle la fera mettre
entre les mains du receueur des endebtez. Lesquelles
conditions accomplies par la vefue, elle ne
pourra estre cōuenue ni actionée pour aucounes debtes,
sinon de celles qu’elle auroit faictes deuant le ma
riage cōtracté, ou bien quelle y eust cōsenti ou soubscript,
ou qu’elle eust promis de les payer, ou bien si
ce n’estoyent debtes qui eussent este faictes a cause
de negociaton ou marchādise, laquelle elle eust faict
& exercée par ensemble auecques son mari, ou seule
par consentement dicelui. Car tout ainsi qu’es trafiques
& marchandises la foy de la femme marchande
doibt auoir credit en exerceāt son estat, & faisant son
emploicte, aussi doibt elle tenir & estre stable pour
payer toutes debtes par elle ou en son nom faictes.
Et ce que nous venons de dire, a seulement lieu quāt
a la femme vefue. Car l’home veufue peut jouir de
tel priuilege, mais necessairement doibt demourer
possesseur & garde de la maison mortuaire de sa fem
me, & ne peut aucunement renoncer a icelle ne la
quitter, ains demeure subiect & obligé les payer, sauf
son regres & recours sus les heritiers d’icelle, pour la
moitie des debtes, pourueu qu’ils soyent entrez en la
22 dicte maison, autrement non. Car les heritiers
(comme nous auons dict) peuuent tousiours renoncer
la maison mortuaire. Mais la Practique & coustu
me des Bourgeoys d’Hypre est telle, que tel payement
de debtes est egallement commun, tant aux femmes

CIVILE. 23
femmes comme aux hommes, & s’estend & attache
a tous & chascuns les biens de la maison mortuaire
quelque part quils soyent situez ou trouuez en Flan
dre, & a ceci este iusques a hui constamment gardé
des l’An 1535. Car tout anisi que le mari & sa femme
sont comme vne & mesme personne, & commūs ou
egaux en tous biens qui par eux ont este conferez &
assemblez en leur maison & famille, ou seront pour
l’auenir conferez ou prouiendront, tant meubles, que
heritages, sans aucun respect, quelques biens qu’ils
soyent, soit qu’ils fussent venuz de l’vne des Parties,
ainsi sont ils pareils & communs en toutes debtes,
tant sont ils pareils & communs en toutes debtes,
tant faictes deuant leur mariage, comme apres leur
mariage, tant faictes par l’un comme par l’autre. Et
de la aduient aussi, que combien que suiuant la coustume
de ladicte ville, est permis a toute vefue de fuir
la maison mortuaire de son defunct mari dedās trois
iours apres que le trespas de son dict mari lui aura este
cognu ou notoire, & ceder & renōcer a tous les biēs
tant qui viennent du coste d’elle, & qui sont de son
mariage, comme a tous autres qui leur estoyent com
muns auant ledict trespas. Ce neātmoins toutesfoys
ladicte vefue demeure tousiours chargée de la moitie
de toutes les debtes de ladicte maison mortuaire,
qui restoyent a payer apres la vente de tous les biens
d’icelle maison mortuaire publiquement & a l’encan
& subhastation, dont les deniers auroyent
este distribuez aux creāciers. Mais au pais de Frāce, il
y a ia plusieurs annees qu’il n’a este permis ni loisible
a la femme vefue ceder & quitter la maison mortuai
re de son deffunct mari, cōme aussi des le temps iadis
ne lui estoit permis, ains par le trespas de son mari est
demeuree heritiere necessaire, obligée a payer toute
les debtes de la commune maison, tellement que nul
benefice d’inuentaire ne la pouuoit aucunnement ay
der. Mais puis peu d’années en ça a este introduit &
par statuts ordonné, que pour causes, ceste rIugeur de
coustume, ne fust gardée & exercée contre les vefues,
ains que renonçant aus biens la vefue fust libre &
quicte de tout payemēt de debtes de la maison mor
tuaire de son mari, laquelle liberte de ceder & renon
cer aux biens, ne fut (comme i’ay dict) iadis permise
aux vefues, ains estoyent obligées a l’entier payemēt

de toutes les debtes: Tellement qu’estant la vefue pri
se pour cause desdictes debtes, elle estoit pour ce retenue
24 prisoniere, iusques a ce qu’elle eust contente
tous les crediteurs. Telle rIugeur est aussi gardée au
Royaume de France par coustume, ou il n’i a nul legitime
heritier qui puisse repudier & renoncer a l’heri
tage du defunct, & pourtāt soit qu’il se mette en l’he
ritage, ou qu’il n’ientre aucunement,il est tousiours
vray heritier de tous les biens delaissez par le trespas
du defunct.
CHAPITRE XIX.
Des Iugemens Causes & Procez.
Sommaires.
1 Des Proces les vns sont
Criminels.
Ciuils
Feodeaux.
Non Feodaux.
2 Qui sont les Proces Criminels.
3 Qui sont les Proces Ciuils Feodeaux.
4 Qui sont les Proces Ciuils non Feodaux.
5 Les Procez Criminels deuiennent Ciuils & au contraire.
1 Les Proces sont de deux manieres, a sçauoir,
2 Criminels & Ciuils. Les Proces Criminels
sont ceux, esquels est traicte d’un negoce ou
cause Criminelle criminellement intētée, mais pourtant
que d’iceux nous auons assez amplement traicté
au traicte complet, que nous auons intitulé la Practique
des choses criminelles, ie n’en ay rien voulu tou
3 cher en cest endroict. Les Proces Ciuils sont ceux es
quels est traicte d’un negoce ou cause Ciuile. Il y a
deux manieres de Proces Ciuils, Feodaux & nō Feo
daux. Proces Feodaux sont ceux, esquels est seulement
traicte des Fiefs, & non pas en toutes cours, ni
deuant tous Magistrats, ains seulement pardeuant &
en leurs propres Cours, ausquelles pricipalement apertiēt
d’en cognoistre, & ausquelles comme a leurs
4 chefs ils ont leur ressort, desquels auons ia ci dessus
parle. Les Proces Ciuils non Feodaux traictent le
plus souuent d’actions personelles, reelles, petitoires,
possessoires & semblables, desquelles en nostre Prac
tique Ciuile nous ferons sans plus sommairement
5 mention. Lesquelles causes sont neantmoins quelques
foys appelées Ciuiles, & deuiennent Criminelles,
cōbien que ciuilement elles soyent intētées, asçauoir
quand le fiscq s’en meste & ingere pour le droict

du Prince, ou pour l’amende ou choses semblables.
Comme il aduient aussi quelque foys, qu’une cause
criminelle & criminellement intentée ciuilement, ce
qu’il conuient bien noter en la matiere de la cause Ci
uile quant a aucun cas. 2
a C. Tuae. extra de Procuratorib. & inc. At si cilerici, in
glossa in verbo. Non tenet ext. de iudic.
CHAPITRE XX.
Comment on procede en Iugemens & Proces ciuils.
Sommaires.
1 En Iugemens Ciuils on commence premierement par Citation on Adiournement.
2 Citation

24 LA PRACTIQVE
2 Citation, Petition, & response en Iugemens, ont est produittes des le temps d’Adam.
Ordinairement, quand?
3 Es Proces on procede ou Sommairement, quand?
De Plain, quand?
Sans forme de Iugement, quand?
4 La regle de Iugement & Proces est approuée de Dieu.
1 Qviconque veut intenter Proces contre vn autre,
premierement il doibt faire adiourner sa
Partie aduerse en Iugement contre soy, & declarer
au Iuge la cause de l’adiournement, pourquoy il la
euoque en Iugement, qu’il a desoy plaindre de lui, &
ce qu’il veut estre par decret & sentence du Iuge defini
& iugé contre lui. Or ceste maniere de citation
pour la repeter de plus loin, semble auoir pris sa premiere
2 origine du Paradis de delices, ou Adam cōme
coulpable, est de par Dieu Iuge comme euoque en
Iugement, & est repris du Crime d’inobediēce. Sem
blablement la response d’Adam est en ce Iugement
representée, en ce qu’estant accusé de Crime, il s’essor
ce de ce purger, & reieta la couple du Crime cōmis
sus sa femme, comme sur sa Partie aduerse, & principalle
ouuriere & origine de ce Crime, quand il dist:
La femme que tu m’as donnée pour compagne, m’a
donné du fruit de l’arbre, & i’en ay mangé. Laquelle
aussi tourna incontinent la cause du Crime contre le
Serpent, endisant, Le Serpent m’a deceue, & l’en ay
mangé. Mais pourtant que leurs excuses furent trou
uées indignes & insuffisantes, ils sont contraincts
3 d’ouir la sentence du Iuge, ils sont condānez, & payēt
l’amande de leur forfaict par grieues peines. a Au demeurant,
quand les deux Parties euoquées, consistēt
en la presence du Iuge, & qu’on commence a traicter
de la chose qui est en controuerse & differēt, en telles
querelles, & procedures se procede diuersement, ain
si que la chose & opportunité semble le requerir:
sçauoir quelque foys ordinairement, & auec ordre
deu, en espluchāt tous les mēbres du Proces: aucunes
foys sommairement & simplement, sçauoir quand le
Iuge ou le Prince, ou l’une des Parties desire d’estre
expediée. Et aucunes foys lon procede, de Plain, a sça
uoir és causes legeres. Par foys aussi sans aucune forme
ou bruit de Iugement iudiciaire. Mais de telles
manieres de procedures traicterons nous plus ample
4 ment aux chapitres prochains ensuiuans. Semblablement

il semble que la maniere de proceder soit approuuée
de Dieu, Autheur d’icelle, en l’ancienne loy,
en tant qu’il establit Moyse Iuge, & qu’il monstra la
verité de Iugement estre trouuée par information de
tesmoins, quand il dict, qu’en la bouche de deux ou
troys tesmoins sera toute parole ferme. b Et, Vous
auez Aaron, & Hur auecques vous, s’il suruient quelque
question vous en raporterez a cux. c
a Genes. 3.
b Deut. 19. & Marth. 18.
c Exod. 24. Et. c. Nouit. de iudic. circa initium.
CHAPITRE XXI.
De Proceder ordinairement.
Sommaires.
1 Quand on Procede ordinairement.
2 Deux membres de Iugement ordinaire procedans.
De Droict de Nature
De Droict Ciuil
3 Les membres des Iugemens sont extraicts du Droict Nature, qui ils sont?
4 Qui sont les choses substantielles des Proces.
5 Qui sont les membres extraicts du Droict Ciuil.
6 Qui ne sont les membres substantiaux des Iugemens.
7 En Flandres seulement on vse de membres substantiaux.
8 En la Chambre de Flandres on procede par tous les membres, sinon & c.
1 Es Iugemens (a fin que i’euse de repetition) on
procede ordinairement, quand le Iugement
ou proces sont sortiz de tous leurs membres
requis, cest a dire, quand ils procedent auec pleine inquisition,
confutation, replication, duplication, contradiction,
saluation, & auec trespleine cognoissance
2 de toutes choses & circonstances. a Or sont les mem
bres de Iugement, ou Proces ordinaire de deux manieres,
car les aucuns procedent du Droict de nature,
3 & les autres sont produits du Droict Ciuil. Les mem
bres qui procedent du Droict de nature, sont la Citation,
presentation du libel, litiscōtestation, probation,
& sentence, & sont ces membres appellez les choses
substantielles & essentielles du Iugement, car sans
4 iceux, on ne peut faire, former, intenter ou terminer
Iugement aucun. Les membres qui sont introduits
5 par le Droict Ciuil, sont quasi innumerables, a sçauoir,
Preparation au Iugement, Requeste, Comparition,
Information, Sequestration, Relation, ou Rapport,
Satisfaction, Confession, Production, Contradiction,
Saluation, & autres semblables, qui toutesfoys
6 ne sont pas les choses substantielles du Iugemēt,

pour ce que sans icelles le Iugement se peut droictement
establir & former, toutes foys ou elles seruent,
& ou les Parties requierent tous ces membres, toutes
telles ceremonies doibuent estre obseruées selon le
stile des Cours, chascune en son ordre. b Mais es
Cours Feodales & Consistoires de Flandres, qu’ils
7 appellent en leur vulgaire Vierschaires, pour abreger
les Proces, n’usent que de quatre de ces membres
introduits par Droict de nature, & contraignent incontinent
la Partie a confesser ou nier, puis sur sa response,
8 ils admettent ladicte Partie a verification de
ses faicts ou positions. Mais au Consistoire ou Cham
bre

CIVILE. 25
bre de Flandre, les Iugemens ou Proces sont plainement
seruiz & fourniz de leurs membres, en partie
ou en tout, selon l’exigence de la cause, & iouxte les
cas emergens sur iceux Proces, si ce n’estoit que par
lettres du Prince leur fust donné autre regle ou ordonnance,
la quelle en ce cas deura estre obseruée par
les conseillers, autrement, tout ce qui se feroit ne seroit
d’aucune valeur. c
a l. Iudices. C. de Iudic.
b Speculatore teste in 2. parte fpeculi ad exordium.
c Cum dilecta, extra de rescri. & c. Exhibita extra de iu
dic. & Specula. in 2. parte Speculi, in initio ad medium numeri.
3.
CHAPITRE XXII.
De proceder sommairement ou simplement.
Sommaires.
Le Prince mande quil fault ainsi proceder.
1 On procede sommairement, quand ou
2 Que le Droict escript l’ordonne ainsi.
3 En quelles causes on procede quasi sommairement.
4 Es proces qui le font sommairement, quelles choses y sont necessairement requisess
5 Es Proces sommaires suffist vne probation demipleine.
6 Es Proces qui se font sommairement, le Iuge n’admet point longues exceptions.
7 Es Proces sommaires les plus hautes exceptions sont reseruées iusques a la diffinitiue.
8 Qui sont les exceptions qui requierent vne plus profonde recherche.
9 Es Proces sommaires le Iuge peut retrencher toute retardation.
1 On procede donc sommairement és iugemens,
quand on ne procede point par tous
les membres, ains quād le Prince pour cau
se, par ses lettres ou rescript, ordonne ou mande au Iu
2 ge, qu’il ait a proceder en ceste maniere, pour cause
3 de breueté. a Or on procede sommairement & simplement
en toutes causes esquelles le Droict escript
ordonne qu’il soit breuement procedé, a sçauoir en
toutes matieres possessoires, de prouision d’aliments
de spoliation ou destroussement, de gain ou profit a
faute de cōparoir,main leuée de biens, relasche de pri
sonniers, execution, consignation ou nantization, sequestration,
taxation des despens, de reparations, d’at
tentas, de rupture de diques, ou reparation de diques
4 ou dicages, bris & naufrages, & semblables. Es iugemens
ou Proces somma res, sont necessairement
requises la citation, presentation du Libel, litiscontes

tation, ne plus ne moins qu’es iugemens ou Proces
5 ordinaires, & doibt estre la citation peremptoire, &
la response de l’adiourné estre consistante & ferme.
Dauantage és Proces sommaires, est aussi necessairement
requise la probation, mais il n’est point requis
qu’elle soit du tout pleine, ains alors suffist la probation
demipleine, car és Proces sommaires la demie
probation, vault autant que faict la pleine, pourtant
que le Iuge veult que tout soit sommairemēt & breuement
expedié. Mais cela est bien vray, sinon qu’il
fust en ce Proces & traicté question du preiudice de
quelqu’un, auquel cas seroit la pleine probation necessaire,
comme on peut veoir en tous possessoires,
esquels on procede du tout sommairement, & en
6 semblables. Le Iuge aussi pour la mesme cause de
breueté, quand il veult estre procede sommairement
n’admette aucunes exceptions, ou au cōmencement
ou a milieu du Proces, lesquelles selon leur ordre deuoyent
estre mises deuant, au moins selles estoyent
7 telles, qu’elles requissent plus longue, ample, & exquise
recherche, mais il reserue telles ♣ excepttiōs pour
cause d’abreger le Proces, iusques a la fin, cest a dire,
8 iusques a la diffinitiue, ou a autres iugemens, qui peut
estre, en procederont. Et quant aux exceptions qui
requierent vne recherche plus exquise & profonde,
ce sont celles qui ont coustume empescher de proceder
sommairement, tellemēt que tel Proces sommai
re, ne se pourroit si tost, ne si en brief despescher, com
me il feroit bien, si telles exceptiōs n’eussent este proposées
ont receües, & telles que bien souuent (ce que
ie ne puis dire sans douleur) sont cherchées par les riches,
qui ont apris d’intenter Proces contre les pouures:
que si le Iuge s’aperçoit de cela, a sçauoir que l’u
ne des Parties par malice cherche cinq pieds en vng
mouton pour quatre, auecques diuerses productions
de calomnies, delaiz & exceptions inutiles, pour har
celler, fascher & matter sa Partie par longueur de
9 temps, alors en telles productions & semblables, le
Iuge pour cause de breueté, peut par sa moderation
retrencher toutes longues exceptions, delaiz, retarda
tions, & selon sa discretiō, sans plus ample & plus exquise
cognoissance des causes prudemment abreger
le Proces, & plustost prononcer la diffinitiue.
a Sic Doctotes in Clementi. Sepe de verbo. significa.
CHAPITRE XXIII.

De proceder, de Plain, ou de Plano.
Sommaires.
1 On procede de Plain en causes legeres.
2 Les causes sont legeres ou d elles mesmes, ou pour regard des persones.
3 En vn Proces de Plain on procede sans ♣ Luiscontestation.
C 4 D

26 LA PRACTIQVE.
4 De quelles choses on procede plainement a Bruges pardeuant le Bourgmaistre du
commun.
5 En tels Proces de Plain, le Iuge procede sans Aduocats ou Procureurs.
6 En tels Proces le Iuge peut prononcer la sentence en quelque lieu que ce soit.
1 On procede de Plano és causes ou iugemens
leger, ou qui sont de peu d’importāce, com
me quand le fils a derobe son Pere, la femme
son Mari, ou le seruiteur son seigneur ou maistre
& ainsi des semblables, desquels les larrecins sont
2 dicts estre causes legeres, a cause du faict, a sçauoir de
furt de quelque chose legere (s’il est ainsi) ou a raison
des personnes, selon la consideration desquelles le Iu
ge comprend & void assez, s’il prononcera de plain
la sentence plustost ou plustard. a Es Proces plains
3 on y procede de plain plus que sommairement, a
sçauoir esquels le Iuge apres la reception du Libel,
procede incontinent a l’examen des tesmoins, puis
aussi tost par la consideration de la cause, & des personnes,
il procede a la condemnation ou absolution
4 sans contestatiō de cause. Ainsi procede lon fort proprement
a Bruges par deuant le Bourgmaistre de la
communauté de plusieurs torts des voisins, les vns
aux autres, de complaintes en matiere d’iniure, & le
plus souuent entre femmes, de debats, de menasses,
de quelques legers combats, de mesdisance, de force
5 faicte, d’auoir mis le voisinage en trouble, & plusieurs
autre mesfaicts. Es susdicts Proces, & tous au
tres qui se font de Plain, le Iuge n’admet aucun bruit
d’Aduocats ou Procureurs, ains a chascun de plaidoyans
(ou pour mieux dire) debattans, est permis
defendre sa cause, & la mener a fin, & oit les differēts
des parties, se pourmenant, ou estant debout, ou assis
6 (ainsi que bon lui semble) puis il prononce la senten
ce, non pas de son siege acoustumé, ains le peut faire
ou en sa maison, ou en vne chambre priuée a ce ordonnée,
estant aussi debout, ou assis. b
a Barto. in l. Leuis. ff. de accusat.
b Teste Innoc. in c. O lim nu. 2. extra de accus. & inquis.
& denunciat. & d. l. Leuia.
CHAPITRE XXIIII
De proceder sans forme & figure de Iugement
ou Proces.
Sommaires.

1 Que c’est proceder sans forme & figure de Iugement
2 En quelles causes est loisible proceder sans forme & figure de Iugement.
3 Quand le Prince amsi le mande.
4 Quand le Iuge ainsi le commande.
5 Sans forme & figure de Iuge ment
on procede Sans libelle, ains verballement.
6 Sans contestation en cause.
7 Sans Procureurs, s’il veut.
8 En temps des Vacances, on autre que ce soit.
9 La Citation & Desense.
10 Legitimation des personnes.
11 Es Proces qui se sont sans forme & figure est requis Iuste defense de la Partie.
12 Prester serment de n’user de calomnie:
13 La sentence se prononce estant debout ou assis.
1 Proceder sans forme de Iugemēt, ou sans bruit
& tumulte iudiciel, est proceder plus que som
mairement en la cause & forclorre de ce iugement
toute la trouble & troupe des Procureurs &
Aduocats, toute contestation en cause, repliques, duplicques,
information, confutation, saluations, & tou
tes autres formes iudiciaires laissez arriere, procedāt
par la seule production verbale, en oyant seulement
les Parties & tesmoins, par la consideration desquelles
personnes, ou plustost de la cause mesme, le Iuge
vient a estre deuement informé & prononce la sentence.
2 Or on procede sans forme & figure de iugement
ou Proces és causes des pouures & miserables
3 personnes, qui desirent auoir prompte expeditiō d’auantage,
quand par lettres le Prince veut ou mande
4 qu’ainsi soit procede. Oultre ce, quand le Iuge (duquel
la sentence est toute preste) ordonne qu’il soit
ainsi procedé, ou bien quand la nature, la necessite de
la cause, ou qualite de la personne, requiert qu’ainsi
5 soit procede. Et en ceste productiō peut le Iuge proceder
sans aucun Libel, par ce qu’en icelluy la seule
demande faicte de bouche, & vne declaratiō verbale
des causes suffist. Aussi procede lon en icelle
6 sans contestation de cause aucune. Et peut en icelle
le Iuge remettre & reietter toutes exceptions frustratoires
& friuoles, & par moderation abreger tou
tes appellations, point n’admettre vn tas de delaiz
7 inutiles, reietter vne multitude de tesmoins. Item ne
faire cas des escriptures des Procureurs, & Aduocats,
& les recuser. En somme pouuoir en ce tout faire,
fournir, & accomplir, cōme ci dessus nous auōs dict

pouoir estre faict és Proces de Plain, toutes lesquelles
choses conuient mieux estre faictes ici sans bruit
8 de plaidoyeurs. Or en ces Proces qui se font sans
forme de Iugement, le Iuge peut proceder, former
le Iugement & Proces, voire & aussi iuger en temps
de Vacances, quand tous autres Iugemens cessent,
sont en silence, & a repos, & prononcer sa sentence
soit debout ou assis, tout ainsi que bon lui semblera.
Car toutes & quantes foys qu’on procede ver
ballement, & sans forme & figure de Iugemēt, alors
sont arriere mises & postposées toutes obseruations
du droict accoustumé, & sont seulemēt obseruez les
droicts de nature, & des hommes, qui se terminēt &
despeschēt par vne prōpte & subite demōstration, a
9 sçauoir verballe, 7 ne peuuēt iamais estre enfriēts ou
tolluz

CIVILE. 27
tolluz par moyen ou raison aucune. Et pourtant en
ces productions & semblables qui se font sans forme
& figure de Iugemēt, cōbien que la pluspart de ces ru
meurs, ceremonies, & obseruatiōs iudiciales en soyēt
tolluz & ostez, toutes foys si est il necessaire, qu’en iceux
proces soyent, & entreuiennent la Citation ou
adiournemēt, & Defense, qui des iadis, & depuis plu
sieurs siecles & centaines d’années, sont emanées des
droicts Diuin & Naturel, cōme ci dessus nous auons
dict au 20. chapitre. Car nous lisons au 3. chap. de
Genese, qu’auant que le Seigneur Dieu eust punist
Adam du peche d’inobediēce, il lappella a lui, disant,
Adam ou es tu? Et ainsi estant cité, & constitue en
iugement, il l’accusa, & contre lui intēta crime, quand
il dist: Qui est ce qui t’a enseigne que tu estoys nud?
sinon que tu as mange de l’arbre duquel ie tauoye de
fendu, que tu ne mangeasse. Parapres qu’il l’ouit aussi
en sa purgatiō, qui estoit au lieu de defense, quand
10 il dist: Seigneur, la femme que tu m’as donnee pour cōpagne
m’a donne du fruict, & ie lay mange. Et Eue
dist: Seigneur le serpent m’a deceue & i’en ay mange
a Ici sert le chapitre Deus omnipotens, ou est dict, que
Dieu ne voulut punir les mechancetez & enormitez
de Sodomitians, premier que par deue & diligente recherche,
& par le dict & rapport de tesmoings fidelles:
pour cause de nous, & non pour son regard (qui
cognoist toutes choses) estant comme rendu certain
de leurs mauuaises oeuures par vn iugement ouuert
& certain, & tant quil en eust faict deue preuue &
verification. b Et pourtant fault il que Citation &
Deffense soyent en tous iugemens concurrents, en
tant quelles sont du tout de la substance & essence
du mesme Iugement ou Proces, tant ciuil, que criminel,
tellement que nul Proces n’est vallable ni legitime,
sans deue Citation precedente. c Et pourtāt aus
si la Citation & Defense sont du tout necessaires en
ceste matiere de Proces sans forme & figure de iugement,
par ce que non seulement ces deux, mais aussi
toutes & chascunes les choses substantielles des Proces,
doiuent és dict proces leurs vs & ordre obseruer,
autrement tout iroit a rebours, & en desordre,
& seroyent les Proces de neant & de nul effect d cōme
plus amplement nous auons monstré en nostre
Practique des choses criminelles. C. 13. de la Citatiō

aux nombres premier, second. Il est aussi requis en
ces Proces qui se font sans forme & figure, cōme aus
si en tous autres iugemens (si la chose se produist par
Procureur) qu’il y ait legitimation de personnes, tellement
que le Procureur est tenu monstrer au Iuge
sa procuratiō, s’il la veult veoir.Comme aussi le Iuge
11 est en ce proces tenu admettre & receuoir (ainsi que
12 nous auons dict de la Citation) vne iuste & legitime
defense de la Partie, & prendre le serment des Parties
tant d’une part, que d’autre, de ne calomnier ou
vser de malice: sçauoir est qu’il diront verité, a ce
que la verité ne soit cachée. Il interrogera aussi l’une
& l’autre Partie separément & a part, de toutes les
choses qu’il pensera apertenir a plus ample cognoissance
de cause, ou bien en estant requis, ou suiuant &
selon son office, en tout & par tout ou l’equite le con
13 seillera d’ainsi faire. Et auant donner la sentence
diffinitiue, il fera adiourner les Parties (combien que
non peremptoirement) & sans conclusion faicte (si
lui semble bon) iouxte & suiuant les petitions, probations,
cognitions, & tout ce qui sera faict, & traicte
en la cause. Et finalement prononcera verbalement
la sentence debout, ou assis, ou bien il la baillera
par escript, comme toutes ces choses sont pluamplement
declarées. e
a c. Deus omnipotens. 2. q. 1.
b Gen. 18. & Clement. Pastoralis, cum ibidenn notatis de
sentent. & re. iudic. & in Extrauaganti, Rem mon nouam
aggredimur & in iuncta ibi gloss. de dol. & contumac, in extrauagantibus
communibus, c. Cum olim extra dle testib.
Tritissima l. de vnoquoque ff. de re iudica. l. Nam ita Diuus
ff. de adoptio. l. tres denunciationes C. Quomodos quando Iu
dex. l. Si quando C. de testi.
c Teste Domino Lanstan. de Oriano insigni Practi. in c.
Quoniam contra falsam §. Citationes, ad exordium extra
de probat.
d l. Prolatā. C. de senten. & interlocut. omnium Iudicū.
e In Clementi. Sape de verbor. significat.
CHAPITRE XXV.
Des Parties du Iugement ordinaire.
Sommaires.
1 La premiere, depuis la Citation iusques a contestation de cause.
2 Ily a troys parties du Proces ordinaire La seconde, de la Contestation en cause iusques a
la sentence.
3 La tierce, de la sentence iusques a l’execution d’icelle.

4 Les Actes de la premiere partie, preparent le Proces.
5 Les Actes de la seconde partie, instruisent le Proces.
6 Les Actes de la troisiesme partie, tendent a l’Execution.
1 Le Iugement ou Proces ordinaire est diuisé
en troys parties. La premiere desquelles cōmence
a la Citation ou adiournement iusques
a la Contestation en cause, qui est procedée de
l’Information, Citation, Comparition, Exhibition
du Libel, Iurement de non calomnier, Respōse, Con
2 fession & Negation. La seconde partie dure depuis
la contestation en cause iusques a la sentence: qui a
ses Repliques, Dupliques, communement, & quelque
foys Sequestration, Triplications, Quadruplications,
Quintuplications, Sextuplications & c. Information
3 de part & d’autre, Probation de deux costez,
Confutations ou contredicts de tesmoins, Saluatiōs
& semblables. La tierce partie est depuis la sentence
iusques a l’Execution d’icelle. Ceste tierce partie cōtient
le mandement du Iuge a la partie qui est succōbée,
a ce qu’elle fornisse a la sentēce. qu’elle paye, & que
suiuant icelle sentēce, elle paye celui qui aura obtenu
auec ce qui suit. Et s’il est refusant de ce faire, soyent
ses biēs vēduz par vn Huissier, ou par quelque autre
qui soit deputé par le Iuge, ou que cōtre sa personne,
ou cōtre ses biēs, ou cōtre l’un & l’autre soit procede.
C 2 Et suiuant

28 LA PRACTIQVE.
4 Et suiuant ceste diuision, aucuns, & auec eux. a Et
ainsi distribuent les Proces, & dient que tous les actes
qui se font en la premiere partie, c’est a sçauoir
iusques a contestation de cause, seruent seulement
5 pour la preparation du Iugemēt ou Proces. Et ceux
qui se font en la seconde partie, c’est a scauoir apres
contestation en cause, iusques a la sentence, iceus ser
uent pour instruire le Iugement ou Proces. Et ceux
qui se traictent en la tierce partie, ils tendent tous a
ce que la sentence donnée soit mise a execution.
Mais nous traicterons aussi de ces choses aux chapitres
suiuans.
a Paul. de Castro in l. Prima. C. de Confess.
CHAPITRE XXVI.
De diuers membres du Proces ordinaire.
Sommaires.
1 En la preparation auant la Citation.
2 Citation.
3 Comparation.
4 Presentation du libel.
5 Iugement ordinaire est diuise en dix
parties ou temps. Litiscontestation
6 Probation.
7 Reproche & ♣ Saluation.
8 De Conclurre en cause.
9 Condemnation.
10 Execution de sentence.
11 L’ordre és Iugemens ordinaires ne se peult obmectre ny postposer.
Av prochain chapitre precedent nous auons
aucunement demonstré les troys parties
du iugemēt ordinaire auecques leurs mem
bres, laquelle diuision i’auoye pense suffire, sinō quil
m’a semble bon de rapporter & rememorer aussi en
ce lieu la diuision de quelques vns, qui toutes foys
n’est point mal semblable a la deuant dicte, toutes,
foys ils diuisent le Proces ordinaire vn peu autremēt
c’est a sçauoir en dix parties, ou suiuant l’ordre de
productions en dix temps ou instances, que les Iuges
n’ont point accoustumé de peruertir sans grande
& vrgente raison, & mettre l’ordre ce de deuant der
riere, ains ont acoustume le garder & obseruer infal
liblement, & constamment par ces parties ou temps
1 dessusdicts. Or de ces parties la premiere, & qui en
premier lieu, & sur tout se doibt garder, est la preparation

de toutes choses, desquelles il faudra instituer
2 & fonder l’action auant la Citation. La seconde
partie, contiēt le temps de la Citatiō ou la mesme Ci
3 tation. La tierce partie, contient le temps de la presentation
4 ou de la Comparition & contumace. La
quarte partie, a le temps de la presentation du Libel.
5 Le cincquiesme, contient le cincquiesme temps, sça
uoir de la contestation en cause, ou litiscontestation.
6 La sixiesme partie, comprēt le temps de la probation
7 & deduction. La septiesme, a le septiesme temps, a
sçauoir de contradiction ou reproche & saluation.
8 La huitiesme partie, contient le huitiesme tēps, c’est
9 le temps de conclurre en cause. La neufiefme partie,
a le neufiefme temps, a sçauoir le temps de condennation.
10 La dixiesme cōtient le dixiesme temps, c’est
le temps d’execution de sentence. Mais ie veux en
cest endroict, que du sçaches que ce que nous auons
dict des dix parties, ou de leurs temps, que tu l’enten
des aussi de delaiz ordinaires, & extraordinaires seruans
a vn chascun desdicts temps, ensemble de tou
tes leurs emergēces, incidens, & accessoires, qui tom
bent sur icelui tēps. Mais pourautant que Bartole en a
touché en son traicte de l’ordre de Iugement, ceux
qui sont studieux, pourrōt illec auoir leur recours. Or
ces dix temps ci dessus mentionnez, seront ci apres
deduits & declarez chascun en son ordre, pour l’instruction
de ceux qui sont studieux és droicts.
11 Mais ce pendant il fault bien noter ce point, a sçauoir
que l’ordre ci dessus mentionné, ne peut estre
aucunement laissé, obmis, ni embrouille, ou mis sens
deuant derriere, comme iay dict. Car par l’omission
ou postposition d’icellui, sourdroit vne nullite de Iu
gement, ou Proces, & par consequent nullite aussi
de sentence, combien quil fust faict par consentement
des Parties. a
a Glossa notabilis in verbo consensu partium in c. de cau
sis, extra de offic. & potesta. iudic. delega.
CHAPITRE XXVII.
De la deliberation qu’on doibt prendre auant com.
mencer le Proces. laquelle nous auons dict estre le premier temps.
Sommaires.
1 Detestation de ceux qui prennent plaisir a plaider.
2 Ceux qui se veulent mettre a plaider doiuent estre pourueux de sagesse, & ne plaider
sans necessite.

3 La premiere prudence que l’homme doibt auoir pour proceder, est d’euiter Proces de
tout son pouoir.
4 Les choses qui dependent de la bouche de la bouche d’autruy sont incertaines.
5 Il ad

CIVILE. 29
5 Il aduient souuent que par la nonchalance des Procureurs, les Proces se perdent.
6 Auant que se mettre a Plaider, il se faut pouruoir d’un bon docte Procureur & Aduocat.
7 C’est le faict d’un homme prudent d’essayer par soy ou par autre de faire accord auec
sa Partie auant qù entrer en Proces.
8 Vne amiable communication auecque sa Partie auant que se mettre en Proces, est la
meilleure chose qui soit.
9 Lafin d’un Proces est tousiours douteuse.
10 Celui qui doibt proceder, doibt auiser s’il est habile pour ce faire, car ne peuuent
intenter Proces.
L’homme excommunie
L’irregulier
Le pupille
Le mineur d’ans
Le filz qui est soubz la puissan
ce de son Pere.
Qui est soubz Curateur
11 Celui qui est inhabile a proceder, face quil y soit rendu habile.
C3 [12 Ce

30 LA PRACTIQVE.
12 Celui qui a proceder, doibt auiser contre qui il veut intenter proces, car On ne peut
appeller en droict sinon sous peine. Seroyent pour neant appellez en droict.
Le Pere, La Mere.
Le Patron, La Patronne
Son Superieur
Le Pupille , Le Mineur
Le fils de la maison
Sa femme sinon qu’elle fust
marchande
Celui qui est excommunié
13 La peine de ceux qui presument appeller leurs Peres ou Meres en droict.
14 La maniere de demander conge, quand on veut appeller son Superieur en droict.
15 La Vefue, les Heritiers on Parens ne peuuent estre appellez en iugement pour les
debtes du defunct que certains iours
ne soyent passez.
16 On peut bien decliner le Iuge qui est incompetant ou bien indigne pour quelques vices
qui sont en luy.
17 Celui qui a a proceder doibt bien auiser par quelle action il commencera.
18 Quand on veut bastir ou instituer vn Proces, on en doibt bien & diligemment consulter
auecques gens de bien & de sçauoir.
19 Il y a troys sortes de gens ausquels on doibt descouurir nuement la verité.
Le Medecin.
Le Confesseur.
Le Conseilleur.
20 Quand il est question de proceder, il se fault premierement conseiller a ceux qui
entendent les loix.
21 Ceux qui prennent conseil auant qu’entrer en Proces, peuuent estre plus legerement
puniz, que s’il faisoyent autrement.
22 On doibt diligemment soigner des probations qui consistent en faict.
23 Il ne se fault tousiours trop aux tesmoins.
I Ay trouue ceste sentence de Virgile estre tresue
ritable, quand il dict. Trahit sua quemque voluptas,
c’est a dire, chascun est tire de son propre appetit,
volupte & plaisir, tellement que mesme on en trouue
aucuns qui sont si aspres & adonnez a la plaiderie,
1 qu’ils en perdēt presque les sens & la raison, telle
ment que le viure leur ennuit & viēd a degoust, s’ils
n’estoyent perpetuellement embrouillez & liez en
proces, s’ils nemployent toutes leurs estudes & occupation
a harceller & trauailler les autres, en quoy
vous diriez qu’ils se baignēt & prennēt singulier (mais
meschant & pernicieux) plaisir , & leur sembleroit

qu’ils seroyent malheureux, s’ils n’estoyent euxmesmes
demenez, debattuz & vexez de cōtinuelle plaiderie,
& cōme ainsi soit que les prudhomes & bons
personages ayent tels plaids, & proces en hainne &
horreur, comme la mort, comme aussi bien souuent
ils en sont au morir, y estans tirez outre leur gré: ces
autres harceleurs au contraire, prennent en telle plaiderie
singulier plaisir & contentement. Ah, quelle
grande & execrable malice des hommes peruers, de
prendre leur estat & passetemps a vacations si pernicieuses
& dānables, employans leurs malings efforts
auec le temps qui leur est ordonné pour faire leur salut
a meschamment trauailler & ruiner leurs prochains
& euxmesmes. I’ admoneste donc & prie tant
comme ie puis, toutes gēs de bien & d’hōneur, qu’ils
se gardent en tant qu’il leur sera possible d’imiter l’e
xemple de tels plaidoyeurs, & que iamais ils ne s’em
pestrent de Proces, perturbateurs trespernicieux du
repos & tranquillité des hommes, sans estre grandement
iniuriez & outragez , ou bien sans auoir receu
quelque grosse perte & dommage. Que plustost
ils cedent a leurs aduersaires de leur droict pour l’amour
de Christ, qu’estans trauaillez de Proces, ils
viennent a perdre le propos d’esprit & de pensée.
toutesfoys si le cas est tel, qu’ils ne puissent euiter
Proces, qu’ils ne soyent contrainct d’y entrer, soit
en intentant ou en defendant, qu’ils auisent bien,
& diligemment a ce qu’ils traictent, ou ont a traicter.
2 Car quiconque veut fonder vn Proces en
matiere Ciuile, il doibt sçauoir qu’en icelui, tout ainsi
qu’en tout autre Proces , il lui conuient premierement
auoir ces deux points, c’est a sçauoir, la science
ioincte a vne ciuilité ou vrbanité, & la necessité, qui
3 le contraigne d’entrer en Iugement ou Proces. Or
la plus singuliere & souuereine sagesse qui soit en
cela, est d’euiter tout iugement & Proces, au moins
si euiter se peut, voire (comme i’ay desia ci deuant
dict) plustost faire quelque passedroict a sa partie
que vouloir experimenter l’extreme rIugeur du droict.
4 Car ce qui consiste & depēd de la bouche , & arbitre
du Iuge, des Aduocats, tesmoings & semblables, est
le plus souuent fort douteux. Et celui auquel nous
nous conseillons a la bonne foy, comme dict le Speculateur ,
est bien souuent plus prompt a traicter
d’accord, que non pas a plaider, par ce que telle foys
il fauorisé plus a la partie aduerse, qu’a celui auquel il

5 donne le Conseil. Et de la aduiēt que bien souuent
les Procureurs & Aduocats par fauoriser la partie
aduerse, ou par leur nonchaloir, & propre ignorance,
perdent mechamment les Proces, auecques grande
perte & detriment de leur partie, de recompense ou
restablissement de laquelle ils ne voudroyent auoir
songé. Chose dont on ne doibt s’esmerueiller, consi
deré que tels Practiciens racledenares sont trop plus
soigneux & vigilans a leur proufit, que nō a la defense
des causes de leurs Parties, ne se soucians vn seul
brin de chose qu’il aduienne aux autres, pourueu
qu’ils ayent la gibessierie bien farcie, & pourtant ils
ne cherchent que playe & bosse, car ce sont les debats
& dissentions qui leur font bouillir le pot, non
pas la paix qu’ils ne cherchent aucunemēnt. Et pourtant
qui voudra plaider ne se fie point trop en son
6 Procureur. Aussi est ce grande sagesse d’eslire vn
bon & diligent Procureur, auant qu’entrer en Proces,
puis vn Aduocat ou Practicien qui soit homme
de bien, sçauant, & rusé, qui attentiuement escoute
toutes les raisons, & allegations de partie aduerse, &
les mette par escript, qui examiné diligemment les
liures & Docteurs sur la matiere, sur laquelle est fon
dé le Proces , & qui par sa diligence monstre qu’il a
bien la matiere a coeur. Quand quelqu’un pēsera quil
ait trouué ces deux Procureur & Aduocat, il se doibt
monstrer

CIVILE.31
monstrer liberal enuers eux , les recompensant de
leurs estudes & labeurs, car ce faisant il leur donnera
occasion d’eux monstrer plus affectionnez en son
7 negoce, qui sen portera plus heureusement. a La
premiere sagesse que l’homme sçauroit faire apers
celle que iay deuant declarée est, & qui n’est point
inferieure a icelle, est que celui qui est sur train d’en
trer en Proces, auāt que faire appeller sa partie, doibt
enuers lui vser de prudence & courtoisie, par ou on
gangne quelque foys beaucoup, a sçauoir de parler
seul auecques lui hors iugement, amiablement vne
foys ou deux , en l’admonestant & priāt que s’il peut
il accordé par bonne amitie auecques lui, qu’il satisface
au deu, & vienne a la raison , se dechargeant, &
8 acquittant enuers luy. Mais s’il ne peut de soymesme
impetrer cela, & que par prier il n’ aduāce rien, qu’il
essaye le mesme par bons amis, & prudents personnages
qui soyent moyenneurs, qui determinent certain
iour,auquel les deux parties se trouueront ensemble,
de sorte que tout le different se compose &
accorde amiablement, & par bon moyē plustost que
par plaids & procez, qui n’engendrent que haine &
rancune entre les Parties. Aussi aduient – il bien souuent
qu’en tels pourparlers & communications on
oit tant d’une part , que d’autre des raisons, qui au
precedent estoyent incognues, & les secrets de l’une
ou l’autre des Parties estans ouiz, sont disputez &
debatuz ou refutez plus amiablemēt, par ou les Parties
viennent bien souuent a cognoistre la verité, &
s’accorder. Laquelle maniere de communication est
beaucoup meilleure que vuider sa bourse a la poursuitte
& entretien d’un long & coutable Proces, durant
lequel l’esprit n’est iamais a repos, suiuant ceste
sentence. Il vault mieux obuier auant le temps, que
chercher remede apres que le coup est donné. b Aquoy
sert aussi que celui qui doibt entrer en Proces, doibt
estre recors que l’euenemēt du Proces est tousiours
9 douteus. c Au reste si quelqu’un ne pouoit a son profit,
ne par ciuilité & courtoisie induire sa partie a ce
qu’elle s’abstienne de Proces, ains que les grands do
mages & interests qu’il endure le tirent & contraignent
de commencer le Proces contre sa partie, quil
s’informe & sache bien en premier lieu, comme doi
uent estre les personnes qualifiées qui veulent inten

ter proces, & par apres quelles personnes il peut tirer
en iugement, & contre elles intenter proces: Car tou
tes personnes ne sont iusticiables. Doncques quant
10 a ce point, vn chascun doibt noter, que qui voudra
traicter quelqu’un en iugemēt, il doibt tout premier
regarder s’il est lui mesme habile & personne legitime
pour se presenter en iugement, y faire conuenir
vn autre, & s’il est idoine a demander ce qu’il propo
se demander en iugement. d Pour cause de quoy,
conuient sçauoir que les personnes qui sont inhabiles
a intēter proces, sont les hommes excōmuniez, ir
reguliers, pupilles,mineurs, ceux, qui sont constituez
soubz la charge & Curatelle de leurs parēs. Et pourtant
ceux la sont despourueus de sens, qui presumēt
intenter proces, sans premierement se cognoistre, &
sçauoir s’ils sont personnes qui legitimement se puis
sent presenter en iugement & proceder. e Et pourtant
si quelque personne des ci dessus nōmées se delibere
intenter proces contre aucun, & se cognoisse
11 estre inhabile a ce faire, qu’elle se face incontinent
habiliter. Autrement telle personne sera declarée
non idoine, ne receuable, & pourant sera elle deboutée
tout a l’entrée du plaidoyer, c’est (a fin
que ie l’enseigne par exemple) si quelqu’un se cognoist
estre excommunié, qu’il se face absoudre. S’il
est en subiection de quelqu’un, ou quelques vns, a
sçauoir s’il a Tuteurs ou Curateurs , face qu’il soit
decharge de la Tutele ou Curatelle, & soit rendu ha
bile a proceder. Et si en procedant il a obmis quelques
poincts requis, & necessaires, quil se face releuer
12 par lettres du Prince. Celui qui a a proceder doit
semblablement, non seulement considerer sa person
ne, ou les personnes qui ne peuuent intenter proces,
desquelles i’ ay desia parlé, mais il doibt aussi bien di
ligemment, & auisement considerer quelles sont les
personnes, contre lesquelles il veut agir, & intenter
proces, a ce qu’elles nayent semblable note ou default,
que ceux ci deuant mentionnez. Par apres si
elles sont aussi inhabiles, & illegitimes pour se presenter
en iugement, ou bien qu’ilz sont telz que la na
ture nous defende de les tirer en iugement, comme
sont le pere, la Mere, le Patron, le Superieur,
dauantage le Pupille mineur d’ans, le fils de la mai
son, celui qui est en Curatelle , ma femme qui
n’est marchande , celui qui est excommunié, vn
Religieux & c. Car nul ne doibt appeller son

Pere ou sa Mere en droict, soyent legitimes, ou
Naturels , aussi ne doibt faire l’afranchi son Patron,
ni le vassal son Seigneur, ni quelque autre
subiect son Superieur, auquel il doibt honneur
& reuerence, & telles personnes ne doiuent estre
appellées en iugement, sans que premierement on
ait impetré conge du Iuge, Preuost, ou President. f
13 Doncques la peine de ceux qui appellent en
droict Pere, Mere, Patron, ou Patronne, est de
cincquante florins dor adiugez au patron. g Que si
tel actionneur n’a argent pour y satisfaire, il soit puni
14 corporellement. h Ou il fault aussi noter la maniere
15 de demander conge. i Auquel passage est aussi
recueilli. k que si quelqu’un a eu quelque affaire a
traicter auecques vne vefue, ou auec les heritiers,
auecques les prochains affins, ou aucunement parens
du mari, ou bien auecques ses pleges, il ne
lui est point licite molester ou inquieter lesdictes
personnes a l’occasion de la debte faicte par ledict
defunct, voire & que plus est, ne pour quelques
autres causes que se soit, appartenantes aux ♣ susdidictes,
personnes , & qui toucheroyent leur propre
faict, elles ne peuuent estre appellées en iugement
qu’apres l’espace de neuf iours. Et ce qui seroit
faict dedans, & durant ledict espace, a conter du
iour dudict trespas seroit du tout inualide. l Et est
cela de droict, toutes foys ie trouue qu’en quelques
Conseils & Cours il y a vingt iours establiz,
a conter aussi du iour dudict trespas.
Semblablement l’heritier ne peut estre cité ou conuenu
par les Crediteurs , Legataires durant le
16 temps concedé pour faire l’inuentaire. m Par cas
semblable, celui qui a a proceder doibt auec grande
diligence prendre garde & auiser, si le Iuge
est Iuge competent & idoine a cognoistre de la
cause, car s’il y a, ou quil se trouue au Iuge, ou a
l’auditoire, ou en la iurisdiction quelque defect, alors
tout le iugement auec tout ce qui en depēd vien
dront a decadence, & ce par default du fondement.
17 n Dauantage, celui qui voudra intenter quelque
proces, il doibt auoir certaine action, mais quil prenne
ici diligemment garde comment, & de quelle ma
niere il doibt intenter son a actio, sçauoir est, s’il doibt
intēter action de prest, ou de deu, ou possessoire & c.
Car

32 LA PRACTIQVE.
Car apres que l’action est vne foys intētée, le deman
deur n’a plus aucun temps pour deliberer. o Et quāt
a la diuersité des actions vous la pourrez voir ci apres
18 au chap.28. Item si le negoce ou matiere du Proces
est deuement fondée en droict, de sorte que par
nulle des causes, deuant dictes, on n’en peut faire refus,
ou le reietter, ce neātmoins auant que le Deman
deur commence a fonder son Proces, il doibt premie
rement se conseiller auecques ses amis & personnages
de bon sçauoir, & en prenant conseil, souuēt deliberer
auec eux, & aduiser s’il lui est expedient de
mouoir ce Proces, ou bien le laisser du tout , puis apres
cognoistre les forces & portée, a sçauoir, s’il sera
suffisant pour soustenir ce Proces, puis consulter
encores diligemment, & (comme iay ci deuant dict)
examiner la matiere auecques gens doctes, cōment
sa cause est fondée, quel droict il peut auoir, quelle es
perance donnent les Aduocats, ce qu’ils conseillent,
d’intenter Proces, ou bien s’en deporter. Et sur tout
mette principalement ce point en consideratiō , c’est
qui sont ceux auecques lesquels il cōsulte, s’ils sōt do
ctes, ou sans experiēce, s’ils sont personnages de bonne
conscience, ou bien s’ils ne cherchent point leur
profit particulier, soit en le conseillant, ou des conseil
lant: Et s’il trouue qu’ils soyent gens de bien, deuotz,
& biē entēduz, il leur pourra(si ia il ne la faict) descou
urir du tout son cas , sans leur rien celer, ains leur
doibt dire la pure verité, sans rien tenir secret de ce
19 qui sert a sa matiere. Car cōme on dict cōmunemēt
quil y a troys personnes, ausquels fault du tout declarer
la verité, sçauoir le Confesseur,auquel on doibt
dire & descouurir tout ce qu’on a pense, dict, & faict,
& lui doibt on reueler la verité du faict auec toutes
les circonstances d’icelui. P La seconde personne est
le Medecin, car quicōque est surpris de quelque maladie,
dont il desire estre gueri, il doibt decouurir
tout son mal au Medecin, auec toutes les causes, &
circonstances d’icelui, s’il les cognoist. q A quoy
conuient tresbien ceste sentence de Boece de la con
solation de Philosophie, ou il dict: Si tu attens l’ayde
du Medecin, il te fault descouurir ta playe.La tier
ce personne a qui on doibt dire la verité, est l’Aduocat
ou Practicien, auquel tu t’adresses pour receuoir
de lui bon conseil. r Et pourtant ie te conseilleroye

qu’en intentant Proces tu ne fisses rien sans conseil,
mais que tu procedasses & poursuiuisses ta cause auecques
bonne & meure deliberation, suiuant ceste
20 sentence. Quoy que tu faces, fay le sagement, &
regarde la fin, & comme dict Saluste. Il te fault
vser de conseil auant commencer ton entreprise, puis
quand tu en auras consulté, il te faut mettre la main a
l’oeuure. Et si tu fais ainsi, tu ne t’en pourras repentir
(dict Salomon.) Et si apres que tu te seras gouuerne
par bon conseil , il aduient que perdes ta cause,
si ne pourra on dire, que tu ne te soys porte sagement,
21 & t’en deura estre la perte moins grieue. Car
quand on a diligemment consulte de sa cause auecques
sages Aduocats, Docteurs , Licenciers , ou
experts Practiciens, soit le Demandeur, ou Defendeur,
si apres telle consultation l’un des deux vient a
succomber, l’amande en sera plus legere, & les fraiz
& despens beaucoup moindres. Car le Iuge voyant
la diligence, qu’auront faict les Parties, & leurs consultations,
il pourra soulager la Partie succombente
de l’amen de, & compenser les despens assez legerement.
La ou s’il n’i auoit eu consultation suffisante
& digne, selon que le requiert la cause (ainsi que dict
A este) ils tomberont plustost en calomnie , & ne
pourront iouir de compensation de despens. Par
semblable raison, tous Magistrats, Parlemēs, ou Gou
uerneurs de villes , Tuteurs , Curateurs , Prouiseurs,
& semblables, sont excusez de nonchalance, calomnie,
ou malice, quand auant que le fonder en Proces,
ils ont meurement consulté leurs causes, & ont faict
apparoistre d’une bonne & legitime consultation.
22 Au reste, si la matiere requiert preuue , ou verification,
ou si la chose consiste en faict, ce sera aussi vne
singuliere prudence, ou il sera question de faire quelque
preuue , de s’enquerir diligemment , en quelle
maniere on prouuera & verifiera son faict, ou ses
23 faicts, &quil se garde bien de trop se fier a ses tesmoins.
combien qu’ils ne lui promettent que toute
courtoisie, & choses agreables, car les tesmoins (com
me souuentes foys a este esprouué) parlent bien souuent
autrement en la rue, en la tauerne, sans iurement,
quil ne font pas deuant le Iuge, ou Commissaire
auec serment, Par ou il aduient, que ceux qui
trop faciles se fient en la depositiō des tesmoins, sont
assez souuent trompez.
a Argumento c.Non sane 14.q.5.

Vulgata ac trita l. fin. C. In quib. Caus, restitut. in
integr. non est necessaria. cui concordat c. primum cum
glossa. super verbo. Non liceat, extra de in integ. restitut.
& l. Quidam Hyberus ff. de seruitutib. Vrba. pradio. l.
Debitores C. de pignorib. & hypothe. & in Autentico, vt
Cum de appella. cognos. Circa finem colla. 8
c l. Quod debetur ff. de pecul.
d l. Prima & secunda C. Qui legit. Perso. Stand. in iudic.
habe. vel non.
e dd. ll. 1. & 2.
f l. Vltima C.de in ius vocan. l. 1. & 2. C. eod. titu.
& l. finali ff. eod. & gloss. in verb. in eum , & in verbo,
Patronum, & in verbo vel parentum cū duab. sequen. Glossis
in §. Poenales, Institu. De Actionib. & Bartol. In suo tractatu
de ordine iudiciorum. l. finali C. de in ius vocando.
g Glossa in §. Poenales Institu. de Actionib.
h l. Final. ff. de in ius vocando.
i In d. §. Poenales, Iuncta glossa, in verbo cum id non
impetrasset, institut. de Actionib.
k In §. Finali Institut. de poena temer.litigant. & in l.
3. & 4. §. Primo ff. de in ius vocando.
l l finali C. de sepul. viola. & in Autentica, vt cum
de appella. cognosc. §. Hae autem disposuimus coll. 8.
m l. Finali §. donec tamen C. de iure deliber.
n c. Si diligenti extra. de for. competen. & in l. non va
let. C. Ad l. Flauiam de plagia.
o Antentica. Qui semel, & ibi Bartol. & alij C. quomodo
& quande Iudex senten. profer. debe. Concordat glossa in
cap.2. extra de libelli oblat.
p c. Humilitatis 22.q.2.& in c. Omnis vtriusque sexus
de poenit. & remiss.
q d. c. Omnis §. Sacerdos & c. Cum infirmitas, de poenit.
& remiss. in 6.
r In c. primo in versic, Iudiciaria, de poenit. Distinct. 6/
horum ctiam prolixius meminit D. Ioannes a Grass§
in suo domestico tractatu in Arborem Iudiciorum ad secundum
principale , numeris 11. 12. 13. 14. & sequentibus.
CHAP

CIVILE. 33
CHAPITRE XXVIII.
De intenter Actions.
Sommaires.
1 En tout Proces faut pretendre vne certaine Action.
2 On doibt dilegemment consulter, quand on veut intenter quelque Action.
3 Personelle, qui est intentée contre la personne.
Reelle, qui est intentée contre la chose.
Il y a troys manieres d’ Actions
4 Mixte
Quant a partir vn heritage.
Faire autres partages de choses communes.
5 De diuiser Terres ou Champs.
6 Si l’ Action qui est, familiae erciscundae, a lieu és causes Feodales.
7 Le droict Feodal est indiuisible.
8 Quant aux fiefs le seul fils aisne est tenu faire l’homage.
9 En droict y a plusieurs especes d’ actions. En la Practique deux ou troys seulement.
Nous auons au chapitre precedēt faict men
tion, & declaré quelles personnes peuuent
intenter action, & quelles non, reste main
tenant a deduire en quelle maniere les persones doiuent
legitimement intenter proces, ou bien s’en doi
1 uent abstenir, pour quoy nous conuient ici sçauoir
qu’ame ne peut intenter aucun Proces sans vne certaine
action, de laquelle nous auons parle au chapitre
2 precedant nombre 16. Laquelle action doibt premierement
estre bien meditée & examinée, & par
conseil d’ excelens practiciens bien a point & conuenablement
esleüe, & choisie, & encores mieus instituée,
suiuant ce qui est dict communement: A me
n’experimente en iugement sans action. a Et pourtant
nous auons dict au chapitre precedent 27. Nom
bre 16. Que chascun doibt bien obseruer & prendre
garde a l’action qu’il doibt intenter, & commencer.
Pour plus claire explication de quoy, il fault sçauoir
qu’en Practique y a sans plus troys actions, a sçauoir
action Personelle, & action Reelle, & l’action qui
est dicts Mixte, ausquelles toutes autres actions se
3 raportent. Action Personelle est quand le Proces est
intente contre la personne. A ceste action tendent

toutes controuerses, qui en quelque maniere suiuent
& accōpagnent les persones, & qui point ne se depar
tent de la personne, de l’oblige ou son heritier qui re
persente sa personne. b Donc és action personelles
vn chascun procede auec son aduersaire qui lui est
obligé, ou a cause de debte, ou par contract, ou pour
quelque malefice. Car les actions qui se dōnent con
tre la personne ont embrasse, & compris ces troys
cas, par lesquelles le Demandeur monstre que son
aduersaire lui doibt quelque chose, ou dōner, ou faire,
iouxte plusieurs manieres, qu’il y a de faire demādes.
4 Mais quant a l’action Reelle, qui s’intente non
cōtre la personne mesme, ans cōtre la chose qui aper
tient a ladicte personne, a sçauoir cōtre la Possession
de la personne, sa chose, ou richesses, a sçauoir pour
debtes de Rentes sur quelque maison, heritage, & c.
ou de Possessoire de champs, de tresfond, de maisons
& c.laquelle est appellée reelle, pour ce qu’elle est seu
lemēt des choses, lesquelles aussi elle suit. c Et pourtant
és actions qui sont Reeles, le Demandeur agit
contre le defendeur, qui ne lui est par aucun droict
obligé (au moins selon sa personne.) Et toutes foys
si intente-il Proces contre lui pour quelque chose,
mais de la chose, & non de la personne. Et en ce cas
les actions se donnent contre la chose, ainsi que de
ceste chose elles prenent leur nom, & appellation,
comme si quelqu’un possedoit aucune chose corporelle.
laquelle Tities afferme estre sienne, & maintienne
qu’il en est plus tost le vray & legitime Possesseur,
que non pas l’autre, alors sera l’action Reelle
5 comme intentée contre la chose mesme. d L’action
mixte est celle, qui n’est puremēt Personnelle, ne pu
rement Reelle aussi, ains a vne cause & matiere mes
lée, comme sont les action qui sont proposées. e
Telle qu’est l’action familiae erciscundae,, qui compete
aux heritiers pour la diuision de l’herittage. Item l’action
communi diuidundo, qui aduient entre ceux, qui
ont quelque chose commune a diuiser entre eux.
Oultre ce l’action finium regundorum,, qui se traicte
6 entre ceux la qui ont leurs terres voisines. Mais I’ay
trouue bon de ne laisser passer en ce lieeu ceste question,
a sçauoir si pour les droict Fepda♣ux & droicts
de ceus,l’action si familiae erciscundae peut cōpeter aucun?
A laquelle question ie suis d’aduis qu’on respon
de negatiuement, a sçauoir que la susdicte action, ne
peut a aucun competer pour les droicts suz declarez.

f Ce que toutes foy il fault entendre sainemēt,
c’est a dire quelle ne compete a aucun quant a ce que
touche le fief, mais bien quant au gain , pourtāt que
7 c’est droict Feodal indiuisible g tesmoin Iean le Feure
au lieu ici cotté, qui au mesme lieu met vne expe
riēce quotidiēne, a laquelle les Practiciens ont tous
iours recours, pourautāt que de ceste matiere sourdent
infiniz Proces, comme si le T’estateur estoit decede
ayant laisse beaucoup d’enfans, ils ne sont pas tous
8 tenuz faire les foy & hommage, mais tant seulement
laisné, & ainsi est obserué a Orleans, & par tout en la
Flandre. Et est ceste matiere d’action amplement
Traictée par Iason en sa singuliere lecture, h auquel
9 les Lecteurs pourrōt auoir recours. Toutes foys les
Droicts ciuils nous produisent & amenent plusieurs
Autres & diuerses especes d’actions, desquelles nous
n’usons en la Practique : En laquelle est seulement
requis & suffit, si le Demandeur declare & offre sa
demande ou libel, & s’il conclud pertinemment , &
apertement en icelle demande, Reellement, ou, Personellement,
de sorte que par icelle le Iuge, & Defen
deur puissent entendre ce que ledict Demandeur
demande. Dauantage ceste demande doibt estre tellement
confirmée, & la conclusion si pertinemment
prise, que le Iuge entende certainement la nature de
l’action : Car quoy qu’on mette en auant vn grand
nombre d’actiōs, toutes foys s’on les regarde de pres
elles

34 LA PRACTIQVE
elles se peuuent toutes raporter a ces deux ou troys
actions deuant dictes, a sçauoir a la Personelle, &
Reelle. Car (pour le repeter en brief) en la Practique
vulgaire, quand aucun poursuit la personne, lors on
tient l’ Action estre personelle, & quand on poursuit
vne chose, cōme vn fond, ou heritage, elle est adonc
Reelle. Action mixte est celle qui en partie est personelle,
& en partie aussi Reelle. Mais nous traicterons
de ces Actions aux chapitres suiuants.
a
l. Quotiens §. Item si tempor ali ff. de administrat.
Tuto.
b
l. Actionum genera §. 1. & 2. ff. de actionibus & obligat.
& in Autentico, de iuretur and. à mor. praestit. in princip.
Colla.5.
c
l. Imperatores ff. de public. & vectiga & §. Omnium
autem actionum, institut. de actionib. Et Specul. titu de
actionib . seu petitione, sub 2. parte. An Actio sit specialiter
proponenda.
d
d. §. Omnium autem actionum, & ibi abundè D.
Iason.
e
in §. Quadam, Institu.de Actionib.
f
c.Primo de feud. prohib .aliena.per Feder.
g
Teste Ioan. Fab. in§. Quaedam actiones Institut. de
actionib.
h
Super nodoso titu.de actionib . in Institu. Iustin, in sapiusculè
allegato §. Omnium autem actionum.
CHAPITRE XXIX
Des Actions Personelles
Sommaires.
1 L’ Action Personelle presuppose obligation de la personne.
2 Il y a de quatre manieres d’actions Personelle
Celle qui procede par contract.
Qui vient de quasi contract.
De delict.
De quasi delict.
4 Quelle action naist personelle
Celle qui vient de contract.
De quasi contract.
De Delict
6 De quasi Delict.

7 Qui prend le fardeau au d’aucun en garde, s’il se perd, ou qu’il soit gaste, il en est tenu
coulpable.
8 Qui se sert de meschans est tenu coulpable.
ACtion Personelle requiert & exige la debte
& obligatiō, a sçauoir elle demande auec
instance, ce que quelqu’un doibt a vn autre
comme plaisir ou seruice, seruitude, ou quelque autre
chose, en quoy vne personne est a l’autre obligée. a
2 Et se diuise en quatre especes: Car des action Personelles,
l’une procede par contract, l’autre d’une deuise
qui est quasi contract, l’autre de malefice, & l’autre
tre de quasi malefice ou delict, b & a fin que ie vse
des paroles de Iason,l’action Personelle est dicte icel
le, qui a sa cause, ou origine du contract, ou quasi: de
3 delict, ou quasi. Action Personelle de contract est cel
le, qui naist de prest, ou dachapt, Vendition, ou de
Bail, ou prise a louage, ou par promesse de certaine
chose, ou pour cause de mon compagnon, ou pour
cause de charge ou commission aucune , de condiction
par la loy, pour cause de plege pu respondant,
de stipulation pour prest, de depost, de permutation,
de pignoration ou engagement, d’ypothecation: &
pour abreger, toutes celles qui naissent d’obligations
qui sont faictes, & contractées, ou de faict, ou par paroles,
4 ou par lettres, ou par consentement. c Action
Personelle qui procede de quasi contract, est toute
action qui concerne le salaire des labeurs & vacations
employez aux negoces & affaires d’aucuns, directe
& contraire, Action de tutele directe & contraire,
Action de diuision de biens communs. Action
de diuisiō des biens d’une maison ou famille. Action
qui procede pour cause de testament, & telles autres
semblables. Lesquelles actions ne sont proprement
contracts , & ne s’entend point qu’elles naissent de
contracts , mais semblent bien qu’elles soyent ainsi
que contracts, a sçauoir pour raison des actions qui
naissent d’elles, comme est monstre par tout le tiltre.
5 d Les actions Personelles procedantes de delict,
sont toutes actions, ou obligations, qui naissent de
la chose & effect resultant de la personne , c’est de
quelque malefice, comme de larrecin , ou rapine, ou
de dommage faict, ou iniure, outrage, ou autres sem
blables malefices, comme est declaré par tout le titre.
6 e Les actions Personelles qui procedent comme &
quasi de delict, sont le plus souuent telles que s’ensuiuent,

a sçauoir si le Iuge a mal fonde ou produit
son Proces, si par sa nonchalance ou non sçauoir il a
mal iugé, ou s’il a mal faict l’executiō. Oultre plus, si
le Iuge ou quelqu’autre a mal garde la chose que ie lui
auoye dōnée en garde ou prestée. Itē si aucun soit de
iour, ou de nuit iette par ses fenestres de l’eau ou immōdices
& ordures en mon heritage, ou sur ma robe,
par lesquelles il me porte nuisance , & ainsi d’autres
cas semblables, qui propremēt ne sont delicts, pourueu
quils ne soyent faicts tout expres & d’un mauuais
coeur, ains par nonchalance & mesgarde, si est ce
toutes foys quil sont contez pour delicts, cōme s’ils
fussent vraiz delicts. Et pourtant a cause de telles
obligations sont les delinquans tenuz a toute telle
recompense, que pourra monter leur mechef. f
7 Item si le maistre Pilote, le Tauernier ou l’Hostellier
eussent si nonchalamment garde les denrees ou depost
de quelque marchant, ou autre, que le tout ou
parties en fust perdu, & eust este pris par larrecin, ou
par quelque fraude destourné, en cas le Gouuerneur
de la nauire, le Tauernier & Hostellier semblēt
estre tenuz de ce mechef,ou dommage, combiē que
par ceux ne par leur coulpe, ne celle des leurs, tel male
fice ou dommage n’eust esté commis , ains seulemēt
par la malice ou nonchalance de leurs seruiteurs , ou
bien de ceux qu’ils auroyent receu en leurs Nauires,
Tauernes

CIVILE 35
Tauernes, ou Hostelleries, ou de qui ils se seruent en
leurs affaires. Car combien que nul ne pourroit dire
ctement ou deuroit a bon droict contre lesdicts mai
stres Pilote, Tauernier, & Hostellier intenter action
personelle, comme si la perte, ou dōmage, estoit a due
nu par leur propre malefice, ou par contract passe au
precedēt entre eux, si estce toutes foys qu’ils semblēt
estre aucunement coulpables de ce mechef , en tant
8 qu’en leurs nauires ou maisons ils se seruent par leur
imprudence d’hommes mauuais, les malefices desquels
redondent sur leurs maistres, a cause desquels
ils sont iugez estre tenuz quasi cōme de malefice, g
a § Ominium & ibi D. Iason & alij scrib. Instit. de actio.
b § Sequens diuisio, Institut. de obligationib. & l.i.ff.de
actionib. & obligationib.vel breuius teste D.Iasone in d. §
Omnium.
c Vt per totum titulum. Quib. mod.re contrabi. obligat.
& l.Prima ff.de actionib. & obliationib.
d Institut.de obligat at. quae ex quasi contractu nascun. &
l.Ex maleficijs §. primo ff.de actionibus & obligationib.
e Institu.de obligat. quae ex delictonascun. & l. Ex maleficijs
ff. de actionib. & obligationib.
f §. Primo & per vniuer. titu. institut. de oblig. quae ex
quasi delicto nascun. & d.l. Ex maleficijs §. Si Iudex ff. de
action. & obligat.
g §. Item exercitor. Institut. de obligat. quae ex quasi delict.
nascun.d.l.Ex malesicijs §. Item exercitor. ff. de actionib. & obligat.
CHAPITRE XXX.
En quelle maniere on doibt instituer les
actions Personelles.
1 Action Personelle se faict ou
Par Citation. Sommaires.
ou
Par Execution.
2 Citation se faict quand la cause n’est encores cognue en Iugement.
Personelle
3 Execution se faict
Apres que la cause est cognue en Iugement.
Apres condennation.
Pour la cause du Prince.

Pour la bien de la Republique.
1 Toutes actions Personelles sont practiquées
& formées en deux manieres, cest a sçauoir
quelque foys par Euocation ou Citation. &
2 quelque foys, par Executiō. Par Euocation, quand la
cause est encores crue, & n’est encores intentée ou euentée
3 en Iugement, ni mesme priuilegiée. Mais l’action
Personelle est apprehendée & exercée par execution,
quand la cause a esté intentée en Iugement,
ou quand a l’execution de telle action est procede
par obligation legalle , ou par condemnation iuridique,
prononcée ou escrite , ou quand la matiere , ou
cause touche les deniers de Prince, ou le commun
profit, ou emolument de la republique, car tels cas
sont priuilegiez & emportent execution.
CHAPITRE XXXI
Des Actions Reeles.
1 L’Action Reele suit la mesme chose. Sommaires.
2 Corporelle
Mobile, qui?
&
Immobile , qui?
3 Des choses l’une est
4 Incorporelle, qui ne peut estre touchée.
5 Le fruits des choses incorporelles sont corporelles.
1 Les Actions Reeles (comme desia a este dict)
suiuent les choses mesmes. Or il y a deux ma
nieres de choses, a sçauoir les Corporelles, &
Incorporelles, cōme est traicte au titre des choses corporelles
& incorporelles aux Institutiōs. Et sont ces
choses la dictes corporelles, qui le leur nature peuuent
estre touchées, telles que sont vn heritage , vn
home, vn habit, or, argent, & autres innumerables. a
2 Les choses Mobiles sont qui peuuent estre remuées,
ou qui d’elles mesmes remuēt, & ne suiuent ou acōpagnēt
le fond, cōme vn cheual, vn boeuf, vn veau
vne brebis, or, argent, monoys, habits, & tour mesna
3 ge & vtensile. Les choses qui sont Immobiles sont ar
bres,forests, dauantage, les fonds des fiefs, ou nō fiefs
4 & domaines. Les choses Incorporelles sont celles

qui ne peuuēt estre touchées, telles que sont celles qui
consistēt en droict, cōme heritage, vsufruit, vsage, iu
risdictions, reuenuz annuels perpetuels (qui sont ap
pellez panes ciuiles) offices perpetuels, oyselages, pescheries .
& toutes obligations en quelque maniere,
quelles soyēt cōtractées. Et ne contreuient aucunemēt
a ceci que soubz l’heritage, obligatiōs, iurusdictiōs,
ou rētes sont cōtenues choses corporelles. Car combien
5 que les fruits qu’on perçoit d’un fond ou heritage
soyēt choses corporelles, & iasoit aussi que ce qui nous
est deu de rēte par quelque obligation , ce que nous
tirons dune iurisdiction ou domeine soit le plus souuēt
chose corporelle: cōme vn chāp, vn home, argent,
ou autre chose, toutes foys ce droict d’obligatiō de ren
tes & seigneuries ou domeines, ou iurisdiction ou
priuileges est tousiours incorporel. b
a
l. prima §. Quaedam ff.de rer. Diuis. & qualita. & §.
primo in princip. Institut.eod.titul.
b
d.l.prima §. Quaedam & d.§.primo in principio.
CHAP.

36 LA PRACTIQVE
CHAPITRE XXXII.
Comme on instruit & institue vne action Reele.
Sommaires.
1 l’Action Reele est instituée , vne foys
Possessoirement
&
Petitoirement.
2 Action Reele de Possessoire est instituée
Par imposition du pied.
Par nouelleté, sçauoir est, par
Saisine simple.
Complainte.
Maintenue.
Pour possession, ou
L’acquerir.
La retenir.
La recouurir.
3 Actions de biens corporels est instituée, par
Propre vendication
&
Arrest.
4 Actions de biens incorporels est instituée, par
Consessoire, par paroles affirmatiues.
5 Par negatoire, en paroles negatoires.
6 Action de biens incorporels n’est instituée, sinon par paroles ou escriture.
1 Toutes Actions reeles sont instituées, ou intentées,
ou possessoirement, ou petitoirement.
Elles sont intentées possessoirement
Par mettre le pied en la possession, en tournāt le dos,
Par les droicts du iour & iours, ou par autres coustumes
Selon la diuersites dé lieux, ou les biens sont situez
& trouuez. Item par nouelleté au grand Conseil
De Flandre, ce qui se faict en trois manieres , a sça
uoir, par simple Saisine, par Complainte & Maintenue.
2 On a aussi acoustume proceder possessoiremēt
en troys autres manieres, a sçauoir pour paruenir a la
possession, pour la retenir, & pour la recouurir. Mais
nous traicterons de ces choses plus amplement aux
3 chapitres suiuans. Et quant aux actions reeles, pour

vtensiles, ou pour autres biens meubles, comme aussi
toutes autres actions de choses corporelles immeubiles ,
elles sont instituées & intentées par la propre
vendication ou calangerie de la mesme chose, ou
par arrest, par lequel on s’efforce de deietter le possesseur
comme d’une possession iniuste, & pourtant on
le tire en proces, on vendique ce qu’il a possede, on
faict arrest dessus, & lui faict on ceder & quicter les
biens, comme possedez a tort & sans raison, les faisant
adiuger a soymesme, suiuāt les priuileges ou cou
stumes des iurisdictions ou lesdicts biens seront situez
ou trouuez. Mais toutes actions reeles des biens
incorporels, sont instituées & intentées par confessoi
re verballe, a sçauoir par laquelle aucun confesse, &
dict, qu’il a bon & vray droict en telles vollieres, ou
en telles pescheries, en telles rentes annuelles &
perpetuelles, ou en tel fief, ou bien quelque seruitude
qui lui est deûe. Et est ceste action cōfessoire quel
que foys dicte affirmatiue, pour autāt qu’elle est con
stituée par confession verbale , ou par escript, ou par
4 paroles affirmatiues. Aussi est ceste actiō dicte actiō
negatoire, ou refutatoire quād elle est instituée par pa
roles negatiues, a sçauoir quand on dict en niant: Tu
n’as nul droict en mō heritage, en mō fief, en ces reue
nuz, en ces vollieres, en ces iurisdictions, en ces seigneuries,
& ne sont chargées d’aucune seruitude a ton
5 proufit. Car és choses qui sont incorporelles, il ne cō
uiendra proceder , sinon par paroles ou escriptures,
vne foys en afermant, autres foys en niant, d’autant
que telles choses ne se peuuent corporellement toucher
ni arrester. Et est dicte action negatoire, pourtant
quelle est constituée de paroles negatiues. a
a
Secundum Pla. In Si l. quando §. Cum in domo. & ibi
notatur ff. Si seruit. vendi.
CHAPITRE XXXIII.
De Possessoire, Saisine, ou Nouellete.
Sommaires.
1 Saisine
2 Nouellete
est possession
Licite d’un chascun.

Illicite par ce qu’elle trouble celle qui est licite.
3 Saisine est profitable a celui est trouble en sa possession.
4 Pour quoy Saisine est dicte Nouelleté.
5 Ce terme de Saisine est vsité en Parlement.
6 Tous Iugemens sont produits & ensaisinez en Parlement.
7 Saisine premierement inuentée par Maistre Simon Bussin.
8 Saisine est baillée en troys manieres, sçauoir est
Par succession.
Par deliurance.
Par occupation.
9 Saisine de succession compete aus heritiers successeurs.
10 Saisine

CIVILE 37
10 Saisine de deliurance compete & est donnée aux achepteurs.
11 Saisine d’ occupation compete, & est donnée au Possesseur pacifique.
12 Quiconque trouble vne Saisine commet Noueleté,
En droict Posessoire le Practiciens vsent de
deux termes qui ne sont pas beaucoup receuz
en droict, ains beaucoup plus vsitez en
Practique, qui sont Nouelleté & Saisine, qui signifient
& important quasi vne mesme chose, sinō que
Saisine est Possession licite , & Nouellete est saisine
Illicite, comme celle qui trouble la Saisine qui est licite.
2 Doncques ceste Nouellete ou Saisine , attribue
a vn chascun son droict de Possession, & l’establit en
son droict possessoire. Et pourtant elle semble estre
seulment produite pour les possessoires, en faueur
de Iustice & du droict, principalement de ceux, qui
quelque foys, ou par malice d’aucūs, ou par faux rapports
ou souspeçons, sont souuent par grande iniure
& a leur grand deshonneur deiettez de leurs offices,
3 benefices, & possessions. Pour auquel mal obuier &
afin que toutes choses se fissent auecques plus de cer
titude, & qu’il y eust plus vraie congnoissance des cau
ses sans aucune perturbation, a este introduite la Sai
sine du possessoire dont nous auons parle, par laquel
le seroit donne vn soudain & prōpt remede par les
superieurs aux possesseurs , a ce que toutes choses se
fissent sans violence ou trouble a . Et pourtant par ce
ste nouelete ou Saisine, le Iuge remet & ensaisine de
rechef le premier possesseur en son benefice ou possession,
& cite en conseil la partie aduerse, auecques
la partie possedente, a ce que si la partie aduerse a afai
re quelque doleance ou complainte, que la expose
4 & procede par petitoire. Et la cause pourquoy elle
est dicte Nouelete est, pour ce, que quand elle fut no
uellement inuenteé & practiquee, ceste praticque
estoit nouelle & lors non ouye & dificile aux nouueauz
aduocats qui nouuellemēt retournoyēt des estudes
5 & vniuersitez. Elle est aussi dicte Saisine, lequel
terme est encores incognu & nō vsite en droict, ains
seulement sous la corone de France, ou selon la coustume
du Royaume, & suiuant le stile du parlement
6 ceste Noueleté & Saisine semblent estre nees & practi
quées, d’autant quau dict Parlement, tous iugements,

tous plaids & proces, tant spirituels, que seculiers,
sont par ceste Saisine possessoirement instituez,
7 & produits. Mais ie ne pense point quon scache
certainement par qui ceste Practique de Saisine a premierement
este inuentee & introduite au Parlemēt,
& quand premieremēt elle a este mise en vsage, Tou
tes foys il en y a qui afferment qu’elle a este trouuee
par vn maistre Simon de Bussin en faueur de Iustice
& ad ce qua vn chascun fust rendu son droict posses
soire & cōserué. Ceste saisine donc, a coustume d’estre
appliquée en troys formes ou manieres, par ou el
le a aussi troys titres diuers, a sçauoir Saisine ou Possession
de succession, de deliurance, & occupation.
9 La Saisine de succession donne & attribue a l’heritier
successeur le droict possessoire pour succeder, &
pour obtenir l’heritage de la succession, lequel droict
lui compete par la mort de ses predecesseurs.
Car le mort saisist le vif son prochain heritier, & habile a
lui succeder, & la possession du defunct continuera
au vray heritier. Ce qui se doibt entendre par acte
feinct, induit par le statut. b A ceste saisine de succession
se doiuent aussi rapporter toutes successions be
neficielles, esquelles les possesseurs se font continuer
10 au possessoire par saisine. La Saisine de deliurēce est
attribuée a l’achepteur, par laquelle il est incōtinent
mis & inseré au possessoire auecques la mesme donation
ou infeudation, c’est a dire prinse de possession
de fief, laquelle les fiefuez, Vassaulx, Decurions,
11 ou Escheuins font d’icelle legitinnement. c Saisine
d’occupation donne a chascun possesseur son droict
de possession, principalement au possesseur qui paisiblement.
& sans empeschement a possede quelque
chose par an & iour, non vi, nec clam, ne precario. d
12 Et quiconque par le faict de l’une des troys Saisines
susdictes, trouble vne possession des troys susdictes
Saisine, il commet noueleté, ou bien est estimé la
commettre, & peut celui qui est troublé se pouruoir
contre cela par complainte, par ce que noueleté est
vne saisine vsurpée, que n’est licite.
a Iuxta Imperatoris Iustinian.l.Properandū.C.de iud.
b Sicuti censent Cy.& Bal. in l.Ea lege C. de condic. ob
causam, & post eos D.Bartholom. a Chasseneo in consuetudines
Ducatus Burgundiae in titulo des successions, §. Pri
mo in princ.nu.2.fo.cc.xxv.
c Titul.pro emptore, vel titul. Pro donato, ♣de quib. ff. pro
emptore & pro donato per totum.

d V t per totum tit. Quod vi aut clam, & per vniuer s.
tit. de precario.
CHAPITRE XXXIIII.
Comment on iustitue le Possessoire.
Sommaires.
1 le Possessoire est institue en troys manieres, par
Saisine simple.
Complainte.
Maintenue.
2 Le Possessoire est institue, pour troys causes, pour la Possession.
Acquerir
Recouurer
Retenir
3 Le Possesseur ne peut instituer son possessoire sinon apres l’an de sa iouissance
A 4 Pour

38 LA PRACTIQVE
4 Pour la Saisine en tous ces cas fault alleguer tiltre.
Acquerir
Recouure
Retenir en matiere de benefices fault alleguer tiltre.
5 Pour retenir la Saisine ou possessoire en chose prophane, suffit la possession d’un an,
ou annalle.
6 Le droict de celui qui par vn an a este possesseur paisible, est tousiours le meilleur.
7 Le possesseur qui n’a ioui un an, proceder a par Callange & Requeste.
1 L Es possessoires s’instituent & intentent en
troys manieres, par simple Saisine, a sçauoir,
a ce qu’aucun paruienne a la saisine, laquelle
il n’a♣tem par Complainte, a sçauoir a fin qu’aucun
recouure la Saisine, laquelle il a perdue. En tiers lieu,
par maintenue, a sçauoir a ce qu’aucun retienne la
Saisine, laquelle il a & pretend auoir. Et pour le dire
2 plus brieuement. Il y a troys sortes de Iugemens pos
sessoires, a sçauoir pour acquerir la possession, pour la
3 recouurer & retenir. a Or est.l que le Possesseur ne
peut intenter,n’instituer son possessoire, sinon apres
l’expiration d’an & iour, car deuant ce terme il n’a la
Saisine, n’i le tiltre, sur quoy il soit fondé: Car la Saisi
ne de possession deuant l’an qui est acquise par force,
secretement, ou par prieres (comme iay dict) est nulle.
4 Car pour obtenir vne saisine, laquelle on n’a point
ou la recouurer s’elle estoit perdue, il est du tout necessaire
de alleguer & monstrer le tiltre, par lequel
tu la veux obtenir & impetrer. Autant en fault-il fai
re pour retenir la possession en matiere beneficiale.
5 b Mais pour retenir la Saisine en matiere prophane,
il n’est aucunement necessaire monstrer le tiltre,
pourautant que la possession paisible de l’an dernier,
qui n’a este acquise non vi non clam, non precario, fournist
assez de tiltre aux possesseurs pour demourer en
6 la possession. Or que la possession paisible de l’an der
nier és choses prophanes doiue assez seruit de tiltre
au possesseur, cela est assez suffisamment approue &
confirme de ce qu’en toute Saisine la condition du
possesseur du dernier an est en Practique tousiours
tenue & iugée pour la meilleure, encores que par auenture
il fust moins fonde de droict, & que la possession
de l’autre n’est autre chose qu’une molestation
& trauaillement indigne de la premiere & meil
leure possession. Et pourtant celui qui est trouue auoir

possede tout vn an paisiblement, est laisse en sa
possession, iusques a ce, & tant, qu’il soit en Petitoire
vaincu & deiette d’icelle. Et a la maniere dessus decla
rée iuge, on & procede on, selon le stile de Frāce, qui
par tout est tant en vsage, & aussi en ce pays bas si
approuué, & vsité que rien plus, par lequel est iuge
que ladicte possession annale a l’auantage, a cause de
l’ayde & benefice d’autant de temps, & a cest cause a
fin que la partie mieux conditionnée, & plus auanta
gée de ladicte possessiō soit tousiours maintenue &
fortifiée, iusques a ce que par iustice il en soit deietté.
Toutes foys il en y a qui veulent estre faict au
contraire, & qu’on doibt plustost secourir celui qui
souffre domage, que celui bée & tend apres son
profit. c Mais leur telle opinion & raison qu’ils amei
nent est deboutée de la Practique, d’autant que l’une
Partie aussi bien que l’autre pretend domage, &
suiuent egallement le gain, & ou la raison & qualité
du doict est vne mesme, la cause de premier possesseur
7 est iugée & tenue pour la meilleur. Au reste si
ce possesseur qui n’est annal, & a ioui moins d’un an,
auquel on ne dōne pas la meilleure cause, estoit trou
ble par quelqu’un, icelui en sa saisine aleguée, ou pretendue
(a laquelle il est paruenu, ou par succession,
ou par tradition, ne commencera se defense par possessoire,
ou saisine, par ce qu’il ne l’a de soy, mais incontinent
intentera & commencera son Proces par
Calenge ou Requeste, par laquelle il se plaindra du
trouble a lui faict en sa Saisine, non pas qu’il l’ait annale
de soy, mais il se seruira de l’annalle possession
de son predecesseur, dequel il a receu la succession,
ou don .
a
Vt in c.Pastoraelis, de caus posses. & propri. in gloss.4.
b
c. Veniens extra.de praesiript. & Specula. in titu. de
actio. seu petitio.§.3.
c
l.fi.ff.de iure delib.his suffragari videtur text.expressus
in c. Eum cui & in c.Si Clericus, de praebend. &
dignita.lib.6.
CHAPITRE XXXV.
Difference entre Possession & Saisine
Sommaires.
1 Saisine

&
2 Possession
different en ce, que
Saisine procede de possession
&
Possession ne procede Saisine.
3 Nouelleté naist de Saisine.
4 Saisine n’est point de possession acquise
Non annale
Vi
Clam
Precario
5 Le droict de possession & saisine approuué, il monstre le chemin pour paruenir a la
Recreden♣
6 Difference, entre en ce que
Tenir
&
Posseder
Tenir est de faict
&
Posseder est de droict.
1 Les

CIVILE. 39
1 Les Practiciens de Paris mettent difference
entre Possession, & Saisine, & dient, Saisine
proceder & auoir son origine de possession
pour autant que Saisine n’est autre chose qu’une cer
taine, ou par apparance certaine foy, & demonstran
ce de possession, tellement que Saisine ne doibt estre
appellée Saisine, s’il n’apert de possessiō, qui luy don
2 ne le nom de Saisine. Mais a l’opposité, Possession
ne procede point de Saisine, & ne baille point la possession,
ains quelque part qu’on estime qu’il ait
3 Possession, la dict on aussi estre la Saisine. Toutes
foys Noueleté emane & procede de Saisine, qui trou
4 ble la Possession comme sera dict ci apres. Mais il
fault ici noter que Saisine ne prouient point de toute
& chascune possession, car la possession qui est
acquise par violence, secretement, & auant l’an reuo
Iu aucunement ne presuppose Saisine, a cause que Saisine
doibt estre seulement de Possession d’an & iour,
& non acquise par force, n’en secret, ne par priere.
5 Et si aucun aleguoit & prouuoit Possession & Saisine
tout ensemble, on presumeroit qu’il auroit le
meilleur droict, & pourtant lui seroit adiugée la recredance.
6 En ce lieu est aussi a noter, que tenir &
posseder ne sont vne mesme chose. Car ils different
en ce que tenir est de faict, & posseder est de droict. a
a Vt in l. Possessio §. primo ff. de acquir. possess.
CHAPITRE XXXVI.
De simple Saisine
Sommares.
1 Saisine est vne simple prouision de Noueleté par le Prince.
2 Le mort saisit le vif, mais il ne lui baille la possession sans apprehension.
3 Le hault Iusticier est mis en Saisine des biens du malfaicteur apres son trespas pour
cause de ses mesfaicts.
4 Le Seigneur du fief apres la mort du Vassal feudataire, est en Saisine du fief delaisse.
5 Le Prince & quelques seigneurs de fiefs sont ensaisinez des biens des personnes
decedées illegitimes.
6 Les femmes sont ensaisinées de leur douaires par les solennitez de mariage.
Les testamentaires
Les mariz

Les femmes mariées
sont ensaisinez és
biens denommez per te testateur.
tous les biens de sa femme durant le mariage.
tous les biens acquis durant le mariage.
A Pres que nous auōs au chapitre precedent
traicte quelques points de Possession. Saisine
& Noueleté, iay en ce lieu voulu decle
1 rer quelque chose quant a la simple Saisine. Donc la
simple Saisine est certaine prouision de Noueleté, la
quelle le Prince dōne a quelqu’un qui a vne Saisine
sans possession, & qui neantmoins entreroit volontiers
2 en possession. Le mort (comme dict est, saisit le
vif, mais il ne lui peut bailler la possession, car nul
n’est dict ou tenu heritier sinon apres qu’il est entré
3 en l’heritage. Le hault Iusticier par la mort du malfaicteur
est ensaisiné & mis en possession & confiscation
des biens dudict malfaicteur delaissez apres
4 son trespas. a En telle maniere le seigneur du fief est
ensaisiné & inuesti du fief delaisse, lez lequel la Seigneurie
& proprieté demeure iusques a ce, que le
successeur heritier vienne, & face le serment de fidelité,
& face enuers icelui Seigneur du fief toutes cho
5 ses requises, & alors est il mis en possession. Sembla
blement le Prince & quelques Seigneurs temporels
(suiuans leurs denōbremens) sont ensaisinez & deuienent
heritiers du possessoire és biens du tous bastarde,
& illegitimes, quand ils decedent sans hoirs
6 legitimes. Les dostz & douaires de coustume faicts
aux femmes sont ensaisinez par les solemnitez de mariage.
7 b Les executeurs des testamens, & dernieres
volontez qui reçoiuent a soy les charges des testamens,
& font inuentaire de tout ce qu’ils trouuent,
sont ensaisinez, & faicts possesseurs de
tout le mesnage, vtensiles & tous meubles ordonnez
& nommez par le testateur pour la pleine
execution & accomplissement d’icelui testament.
8 Le mari durant le mariage est ensaisine & deuenu
possessoire & possesseur en tous fiefs, terres, do
maines, & en tous biens immeubles de sa femme. c
9 Semblablement la femme & ensaisinée, & faicte
vraye possesseure & possesseresse en tous biens par
elle & son mari acquis & gaingnez durant le mariage,
pourtant que les biens du commun mariage sont
aussi estimez communs. Mais ceci est a noter és susdictes

saisines, qu’il n i a nulle d’elles qui puisse a aucun
donner actuelle possession sans prise de possession
ou inuesture, ou sans occupation d’an & iour.
a Huic seruit. l secunda ff. de bo. damnato.
b l. Prima ff. de Iure dotium.
c l.1.2. & 3.ff. de Iure dotium.
CHAPITRE XXXVII.
Difference entre simple Saisine & Complainte.
Sommaires.
2 En Saisine
Le dernier trouué possesseur doibt estre continué.
Le droict de dernier possesseur est meilleur.
3 Complaintes qui sont litigieuses son sequestrées par le Prince.
4 Les titres
Plus anciens
5 Derniers
sont en l’execution meilleurs, en
Saisine.
Complainte.

40 LA PRACTIQVE.
L Es susdicts Practiciens de Paris font differēce
entre simple Saisine & Complainte, disans,
que tous ceux qui en simple Saisine sont
1 trouuez les derniers Possesseurs, & aussi estre au dernier
an en possession, tels doiuent demourer en possession,
2 tant & si longuement quils soyent conuaincuz:
car meilleure est la condition de celui qui possede
que de celui qui demande: a & comme on dict
communement, grand est le profit & commodité
3 de possession. b Mais en matiere de Complainte, la
chose litigieuse ou contentieuse est deposée és mains
du Prince, comme Superieur, & est Gouuernée par
4 sequestre pendant, & durant le Proces. Ils mettent
aussi autre difference, a sçauoir qu’en simple Saisine
les tiltres plus anciens sont les meilleurs en l’Execution
5 & exploict, & en complainte les plus noueaus
passent les autres.
a §. Retinendae, Institu. de interdic.
b l.final.C.de rei vendic. quam aiunt Scrib. auream esse
& singularem & c. Ad aures, extra. de praescript.
CHAPITRE XXXVII.
De Complainte.
Sommaires.
1 Complainte est prouision du Prince pour la possession paisible d’un chascun.
2 La Complainte desend a celui qui trouble, de ne troubler plus.
3 l’Huissier cite les Parties en Conseil a certain iour.
4 l’Huissier doibt estre informé de la
Possession.
Perturbation.
Domage, mais de cestui plus rarement.
5 Complainte oste nouuelle turbation, racointe la paix, & refreint les combats.
1 Complainte est certaine prouision & concession
du Prince & Iustice, laquelle se dōne au
complaignant, d’autant qu’apres la possession
paisible d’un an ou plus, il est par quelque autre
2 nouellement trouble en sa possession paisible. Auquel
possesseur d’un an, le Chef du Iustice faict ceste
grace & benefice, a ce que par Complainte il maintienne

ledict Possesseur en sa possession, & defende
au perturbateur qu’il ne passe oultre audict trouble,
& empeschement, ains qu’il laisse au Possesseur obte
nir son droict paisible, & s’il pretend auoir aucun
droict en ladicte possession, qu’il experimente par
3 ordre de Iustice. Pour a quoy proceder, il faict par
vn Huissier adiourner a certain iour, le Possesseur &
Perturbateur, & leur commande de comparoir en
Iugement, a celle fin que la au Petitoire, la cause soit
debatue, & qu’on voye qui aura le meilleur droict.
Mais pourtant que c’est exploict & adiournement
se doibt faire par vn Huissier, pourtant est il mestier
de sçauoir ce que necessairemēt compette a tel Huissier.
4 Es complaintes qui se practiquent en Flandres
les Huissiers executeurs de ceste Complainte, doiuent
estre informez de troys points, a sçauoir de la
possession de l’impetrant du dernier an, du trouble
de faict, ou s’il est ou a este de faict, & du domage
que le Possesseur dict receuoir & souffrir par vne
telle perturbation. a Toutes foys au Conseil prouincial
de Malines, suffist si l’Huissier est seulement
informé de la Possession, & du trouble, quant au
domage souffert, il n’est besoing, quil s’enquiere, veu
qu’il suffist que l’impetrant pretende quelque doma
5 ge par tel trouble. Par prouision de telle Complainte,
ou Noueleté, ou Saisine tout trouble est oste, &
la Noueleté en cas d’opposition, & la chose contentieuse
est sequestrée, & depose és mains du Prince,
comme Superieur afin qu’il soit pourueu a la tranquillité
& eoncorde dé Parties, principalement afin
quelles, a cause des Proces & troubles en quoy ils
sont ne courent incontinent aux armes. b
a § Retinendae institut. de interdicto.
b Ita etiam meminit D. Franciscus Curtius, in suo tracta t u.
Sequesttrorum.fol.3.nu.22.& D. Aug. Perusi. in suo
etiam tractatu Sequestrorum fol.♣ 99.nu. 1.& sequ.
CHAPITRE XXXIX.
Comment on doit mettre la Complainte
a Execution.
Sommaires.
1 l’Huissier doibt obseruer 3.choses

Si le Possesseur est le dernier, & annal.
Si la perturbation est faicte.
Si du trouble est procedé quelque domage, peu souuent.
2 L’Office de l’Huissier est d’executer sa commission sans se fonder sur les lettres ou
instrument de partie.
3 l’Huissier citera la partie a comparoistre au lieu contentieux.
4 l’Huissier doibt ordonner terme competant a la Partie.
5 Quand la Partie aduerse ne comparoist, l’Huissier note le default au Demandeur.
6 Partie ne comparant l’Huissier baille au Demandeur la Maintenue.
7 l’Huissier cite celui qui ne comparoist au Conseil de Flandres.
7 l’Huissier list les lettres executoires a la Partie cōparante, & lui defend deplus troubler
le Demādeur, puis lui assigne iour.
9 Soit.

CIVILE. 41
9 Soit que la Partie compare ou non compare. l’Huissier baille tousiours la mantenue au
complaignant.
10 l’Huissier tient la Partie qui ne restablist pour autant que s’elle n’auoit comparu.
11 Si l’Huissier comment erreur en sa commission, la Partie peut faire contre –
complainte.
12 l’Huissier procede tousiours en son execution, quoy que la Partie en appelle.
13 Maintenue se doibt expedier au lieu contentieux & de benefice.
1 L’Huissier & tout autre Executeur (comme
nous auons dict) doibt estre muni & asseure
de trois choses auant Executer sa cōmission.
Car l’Huissier ou Executeur en Flādres se doibt premierement
enquerir, & bien informer si le contenu
en sa commission est vray, asçauoir si le Demandeur
est possesseur de la derniere année. Secondement, si
par le Defendeur lui est faict quelque trouble en sa
possession. Tiercement, si le Defendeur a raison
du trouble par lui donné a faict au Demandeur quel
que domage effectuellement, ou qu’on puisse presu
mer. Duquel dernier point toutes foys il n’a mestier
de trop se soucier, pourueu qu’il soit bien informe des
2 deux premiers. Et si le Demandeur complaignant
monstroit a l’Huissier quelques lettres ou titre, &
autres instrumens, par lesquels il voudroit maintenir
son droict, l’office de l’Executeur sera lors de regarder
si bon lui semble lesdictes lettres, & tiltre, toutes
foys ne se doibt fonder sur icelles, ains comme vn
loyal messager par faire sa charge & commissiō, con
sidere qu’en c’est endroict il ne faict point l’office
d’un vray Iuge, ains entrepris faire le deuoir d’un
fidelle ministre en l’affaire & charge qui lui est commise.
3 Et pourtant, sans faire cas du titre du Demandeur
complaignant, il parfera son office, pourueu
qu’il soit deuement informe du trouble faict en la
possession, & du domage pretendu, & citera le perturbateur
a comparoit pardeuant lui au lieu contentieux
& certain (qui le plus souuent sera deuant la
maison d’icelui, ou en sa presence, au marche, ou deuant
4 le cemitiere, & pourra faire son adiournement a
brief temps, a sçauoir au lendemain, s’il veut, a fin
qu’au mesme lieu il voye l’Huissier proceder a l’Execution
de ladicte complainte. Toutesfoys l’Executeur
se doibt garder de lui donner le terme trop brief

ainçoys deu & competent, & tel terme & espace dedans
lequel seroit vray semblable, que l’adiourne
pourroit comparoir instruit de son cas. Assigne a ce
iour (qui communement est le troisiesme) doibt cōparoir
le Demandeur complaignant, ou Procureur
en son nom, & de rechef Demandeur estre remis &
5 restabli en sa possession troublée. Et si ame ne cōparoist
ce iour pour y contredire, en ce cas l’Executeur,
note (comme il appartient) la requeste & Comparition
6 du Demandeur complaignant, & de defaut de
l’autre partie, pour cause duquel, incontinent, & sans
partir du lieu, tient & maintient le Demādeur complaignant,
ou son Procureur, le prenant par le pant
de sa robe, ou faisant autres signes, en possession, &
Saisine, par lui en ceste maniere confermée, & comme
baptizée en sa dicte complainte, & ensemble oste
& anichile tous troubles, & Noueletez, qui lui
7 sont faictes au contraire. Ce faict, adiourne incontinent
en presence de tesmoings la Partie non comparante,
a sa personne, ou a son domicile, a comparoir
en la Chambre ou Conseil de Flandres, a certain
& competant iour, pour voir adiuger le profict
de ladicte non cōpatition ou default, & voire le complaignant
estre plus amplement tenu & maintenu
par la Court ou Conseil en sa procesion & Saisine.
8 Mais si l’adiourne, ou son Procureur pour lui compare
au lieu contētieux, lors a haute voix l’Executeur
lit les lettres de complainte, & commande a l’adiour
né sur grandes peines pecuniaires, de reuoquer, &
anichiler & restablir le trouble par lui faict, & oster
tous empeschemens, remettre la cause en son premier
estat, & se donner garde de plus faire, ou attenter
9 chose semblable. A quoy si la Partie aduerse est
obeissante, il le mect en sa relation, & neantmoins
lui donne adiournement en ladicte Chambre ou
Conseil, pour la declarer son obeissance. Mais si au
contraire il s’oppose a ce cōmendemēt, l’Executeur
neantmoins maintient le complaignant en sa possession
& Saisine, & met la cause contentieuse és
mains du Prince comme superieur, oste toutes noueletez
& cite l’opposant a ladicte Chambre, pour
y dire & declarer la cause de son opposition, & pro
10 ceder plus oultre comme il apertiendra. Et si l’adiourné
ne veut reallement, & de faict, ou par signes,
restablir le trouble par lui faict, selon l’ordonnance
de l’Huissier, & suiuant la teneur de sa commission,

l’Executeur ne le reçoit a opposition, ains le tient
pour faict au restablissement, ou pour le refus, &
adiourne le deffaillant a ladicte Chambre ou Conseil,
pour veoir ordonner du default, ainsi qu’il
11 apertiendra. Et si l’Executeur commet erreur
ou faulte en son Execution, ou l’excede, ou s’il
ni procede deuement, alors la Partie contraire fera
sagement d’euiter ce restablissement, si la Partie
12 ne si oppose, mais si la mesme Partie aduerse
obtient complainte contraire. l’Executeur n’admet
aucune appellation en l’Executeur de complainte,
ains passe tousiours oultre, nonobstant
13 icelle appellation. En la matiere de Maintenue,
l’Execution se doibt faire au lieu du benefice, ou
bien ou la cause contentieuse est assise, & se doibt
mettre a Execution presque en la mesme maniere
que nous dict de la complainte.
D3 CHAP.

42 LA PRACTIQVE
CHAPITRE XL.
En quels cas Complainte doibt auoir lieu
& en quels non.
Sommaires.
1 En matiere de succession vniuerselle.
2 En succession de fief, contre le Seigneur du fief.
3 Contre le Prince.
4 Contre le Fermier, du laboureur & c. durant le temps du Bail ou louage.
5 Le Fermier forme sa complainte contre le bailleur qui le trouble
en sa ferme,
6 Complainte ne peut estre expediée & ne vaut
Mais au contraire ou
Le Proprietaire auecques le Fermier, contre l’estranger qui les trouble.
7 Qui est le Possesseur naturel.
8 Qui est le Possesseur Ciuil.
9 Contre celui qui possede par grace ou souffrance sans terme.
10 Contre celui qui possede en secret, ou par violence.
11 En matieres de delicts & choses dont ils ne sont capables.
12 En possession de choses Mobiles, s’ils ne sont successeurs en total.
13 Pour perturbation faicte par autre possesseur que par celui qui est compellant.
14 Complainte peut aussi estre expediée contre celui qui a incité vn autre a faire trouble,
ou lui a commande.
15 Celui qui trouble & qui commande troubler doiuent estre mis en l’amande deux liuers.
16 Le Complaignant qui succombe doibt estre condanne en la peine de dix liures.
17 En France celui qui succombe en matiere de noueleté, est condamne és despens,
dommages & interestz.
18 Celui qui mal impetre vne Complainte est condanné en amande arbitraire.
IL y a plusieurs causes esquelles Complainte na
lieu, & ne se peut mettre a Execution. Car en
Flandres Complainte na point de lieu en matie
re de succession vniuerselle, pourautant que les mai
sons mortuaires, qui sont priuilegiées perdroyent a
cause de ces Cōplaintes, leurs priuileges, & seroyent
2 sans regle. Semblablement Complainte na lieu en
succession de fief contre le Seigneur du fief, auant
que le demandeur complaignant soit receu a releuer,
& prester serment de fidelité, & qu’il ait faict &
baille, & soit mis en possession, (comme il a ia este

dict.) Mais le vassal pourra intenter complainte con
tre son seigneur de fief, apres qu’il lui aura preste le
serment de fidelité, car deuant l’homage faict, il na
point la possession. Mais vn chascun pourra intenter
complainte cōtre tous autres perturbateurs plustost
que contre le Seigneur du fief, encores qu’il n’eust
preste le serment de feauté, & s’aider de sa Saisine &
3 possession qu’il tient de son predecesseur. Subsequemment
Complainte n’a lieu contre le Prince, car
suiuant le stile, entre les Seigneurs & subiects n’i a
point de noueleté, car (comme ils disent) le Prince ne
peut plaider estāt la possessiō ostée. Mais le Seigneur
4 ou proprietaire ne peut contre son fermier ou laboureur,
intenter Complainte durāt le terme de son bail
a ferme, ou louage. Car combien qu’il soit proprietai
re & possesseur ciuil, c’est a dire, Proprietaire de la
succession, de l’achapt ou du benefice, si n’a il pourtant
action contre le Possesseur naturel, pour intenter
5 complainte. a Toutes foys au contraire si le Seigneur
de fief ou Proprietaire troubloit son fermier,
ou metais en sa possessiō, en ce cas le mesme fermier
censier, ou metais pourra loisiblement intenter complainte
contre le Proprietaire, pourtāt qu’i celui metais
est en possession naturelle du fond ou champ, tāt
& si longuement que son Bail dure. Car en la possession
de Prise & Bail a ferme, ou autremēt, on con
sideré seulement la detention & possession actuelle,
combien que par succession ou achapt elle ne lui soit
6 propre. b Toutes foys si aucun qui ne fust proprietaire
du champ ou heritage, venoit a troubler le fermier
ou censier en sa ferme & Prise, en ce cas le
proprietaire & censier par ensemble, ou bien le proprietaire
seul, pourra ou pourront intenter complain
te contre le perturbateur, c’est a sçauoir le fermier ou
metais, pourtāt quil est possesseur naturel, & le proprietaire
par ce qu’il est possesseur ciuil. Et mesme le
seul proprietaire, pourra sans son fermier former &
expedier telle complainte cōtre ledict perturbateur,
pourautant qu’a lui touche plus, qua nul autre, a ce
que son fermier possede en paix le champ ou heritage
qu’il lui baille. Car si le fermier estoit deiette de
sa possession, le proprietaire en pourroit aussi dechoir,
& lors pourroit le fermier a bon droict intenter
action contre son bailleur pour le domage qu’il
7 auroit souffert. Au reste possesseur naturel est vn
chascun, qui reçoit les fruicts, comme vsufructuaire,

censuaire, metais, fermier, forain, feodataire, emphiteote.
Item semblables louagers par quelque nom
ou tiltre qu’ils soyent appellez, en tant quils sont esta
bliz pour receuoir les fruicts, sont dict possesseurs na
8 turels. Au regard du possesseur ciuil, c’est le proprietaire,
& seigneur de l’heritage, du cens ou fief, qui a
loué ou baillé ses terres ou possession, ou cens de disme
ou fief ou Preneur pour d’icelui receuoir les
9 fruicts. Celui qui possede quelque champ ou autre
chose par priere & de grace, ou par souffrance, nayāt
de ceste souffrance ou consentement certain temps
limité, telle personne ne peut intenter cōplainte aucune,
car il n’a pour ce faire aucune possession ferme
ou stable. c Mais s’il auoit temps prefix de tel consentement,
& que quelque autre durāt ledict temps
le vint par consentemēt troubler & empescher, alors
pourroit il impetrer complainte contre tel perturbateur.
10 Aussi ne donne l’on, ou octroye complainte
aucune a ceux qui possedent en secret, cōme aussi
on ne

CIVILE. 43
on ne faict a ceux qui occupent par force & violence.
Car tels ne sont pas possesseurs de bonne foy, &
ne sont tenuz pour possesseurs. On entēd qu’aucun
possede secretement, ou violentement, quand la partie
demonstre autre possession, & icelle premiere, sinon
que cestui ci demonstrast aussi autre possession
11 premiere, & tiltre plus iuste. Aussi ne donne on com
plainte aucune en matiere de delicts, ni des choses
lesquelles ame ne peut hypothequer ni occuper, ne
posseder, telles que sont les dismes des Eglises, qui ne
peuuent estre possedez par gens laiz. d Ainçoys suiuant
ledict texte, il est plusfort dict en cest endroict
la, c’est a sçauoir, que l’home lay qui possede dismes
12 est excommunie, s’il ne les rend. Et n’est aussi complainte
octroyée pour cause d’vtensiles ou biēs meu
bles, si ce n’est en matiere de succession vniuerselle,
en laquelle les vtensiles peuuent aussi estre cōpris ensemble
13 auecques les autres biēs. e Et si la possession
estoit troublée sur autre possesseur, que sur le complaignant,
alors la complainte n’auroit lieu, par ce
qu’une mesme chose ne peut estre en vn temps &
entierement possedée par deux ou plusieurs. f
14 Mais pourtant que nous auons a suffisance dict de
ceux contre lesquels se peut intenter complainte, &
contre qui elle ne se peut intenter, il conuient maintenant
sçauoir en ce lieu, que tout ainsi que Complainte
est intentée contre celui qui trouble la possession,
aussi ne peut elle estre moins intentée contre
celui qui auroit commande tel trouble estre faict.
15 Et doiuent tous deux estre punis d’une mesme peine,
a laquelle aussi, tant l’un que l’autre sont tousiours
condannez, a sçauoir en l’amande de troys liures
Parisis, ou pour le trouble par eux faict, ou bien
pour la cause d’icelle turbation. Semblablement le
compleignant qui succombe & perd sa cause ne demeure
sans punition deue, car l’an mil quatre cens
16 vingt & six, fut ordonné & establi par la nouelle
Chambre du Conseil a Lisle, que si le Demandeur
qui auoit formé la complainte, venoit a dechoir &
perdre sa cause, il seroit condanné en la peine de dix
liures, ce toutes foys qui ne fut obserué, que cinquan
17 te ans, & non plus. Toutes foys en France par ordonnance
du Roy Louijs douziesme, l’an mil cinq

cens, & douze, fust establi, que quiconque succomberoit
en cause de Noueleté intentée, il seroit cōdan
18 né en tous despens, domages, & interests. Et si quelqu’un
auoit mal impetré la Complainte, il paye la
peine arbitraire qui lui sera imposée a la discretion
du Iuge.
a Vt habet l.prima, & l. Si vi secunda ff. de vi & vi
armata.
b Vti vult gloss. in l. Naturaliter in initio ff. de acquir.
possess.
c Vt in l. Qui prercario.ff.de precar.
d c. Ad haec extra. de decimis.
e Ad quod seruit. §. Si res aliena Institu.de lega.
f c. Licet extra de probat. & l. possideri. §. ex contrario
ff. de acquir. vel amitten. possess.
CHAPITRE XLI.
De Maintenue ou Maintenues.
Sommaires.
1 Qu’est Maintenue?
2 La raison de ce terme, & pourquoy elle est dicte Maintenue.
3 Maintenue s’octroye pour le plus souuent és choses spirituelles.
4 Maintenue est bien permise au Iuge seculier, quoy qu’elle semble spirimelle.
5 Maintenue concerne le possessoire temporel, non l’office spirituel.
6 Martin cinquiesme conceda au Roy de France Charles Cinquiesme les prouisions des
benesices.
7 La Prerogatiue des Francoys quant aux choses beneficiales.
Apres que nous auons demonstre & declare
quelques points quant a la Cōplainte, par
laquelle le possesseur troublé en sa possession
est restitué & restabli, par garde le possesseur
1 paisible en sa possession. Mantenue donc est certaine
prouision, ou pour mieux dire, quelque benefice du
Prince, ou son Conseil, par lequel il tient & garde
quelqu’un qui est possesseur paisible, en sa tranquille
possession, & comme le tenāt par la main, le defend
2 par son auctorité, par ou elle a este baptizée d’un nō
bien propre, combien qu’il nest fort ancien, en tant
que de par le Prince elle tient la main au possesseur
en sa possession, & lui est commande d’y demourer
a tousious auecques defense a tous qui a
telle paisible possession voudroyent contredire, &

ce iusques a tant que par Iustice instalé, & que le
maintenu en soit de rechef deboute. Et pourtant en
ceste prouision (qui le plus communement est practi
3 quée & octroyée en matiere beneficiaire) toutes cho
ses controuerses & litigieuses sont deposées és mains
du Prince, comme superieur, en cas d’opposition, &
durant le Proces sont traictées par sequestre.
4 A quoy ne contreuient point, que l’home lay ne se
doibt mesler de choses spirituelles, car en ce cas il ne
s’entremet de choses spirituelles, ni ne traicte ou ma
nie choses spirituelles, ains sans plus ce qui est pure
ment seculier, en tant qu’il destorne & defend tous
Proces, contentions, & troubles de sa republique.
5 Parquoy les Françoys disent, que le Iuge seculier
peut a bon droict decreter & donner ceste prouision
& par icelle cognoistre de la matiere beneficielle, car
combien que le benefice & administration d’icelui
soit purement spirituelle, & principalemēt apertenāt
a chose spirituelles, toutesfoys la defense de la tranquilité
de la chose publique, est seculiere. Laquelle so
lutiō a aussi lieu quāt aux cōplainte, ne plus ne moins
qu’es droicts & coustumes particulieres de chasque
ville ou cite, esquels les Ecclesiastiques ne sont moins
cōprins que les seculiers. Et si on y veut viser de plus
pres, on verra incontinent que ce droict possessoire
est temporel, combien que la personne soit spirituelle,
& que le ministere & seruice du benefice soit spi-
rituel.

44 LA PRACTIQVE.
6 rituel. Et n’est nul possessoire dict spirituel. a Et
pourtant ceste ci est vne des prerogatiues du Royau
me de France. Ce que les Presidents & Magistrats
des Prouinces, Seneschaux, Bailliz, & Iuges superieurs
non pedanes an leurs territoires & iurisdictions
cognoissent du possessoire des choses spirituelles &
Ecclesiastiques, & du plein possessoire de retenir la
possession, & d’autres causes spirituelles, de ces choses
7 faict mention. b Laquelle prerogatiue Martin
Pape cinquiesme conferma au Roy Charles 7. a ce
que par son Parlemēt cognust a certes de telles prouisions,
& de toute matiere beneficiale.
a Vt dicit Archidia. in c. penul. de restitu. spolio.in 6. &
D. Franciscus de Zabarellis, in Clement. dispendiosam de
Iudic. Guill. de Montelau. in Clementina prima de causpossess.
& propriet. gloss. in c. literas de iura. calum. per Guido.
Papae.q.1.
b D. Francisci Mingon super consuetud. ducat Audega.
titu. des Seigneurs temporesl, leurs iustices & meurs.fol.2.
verso colum.2.nu.12. & 13.
CHAPITRE XLII.
Difference entre Maintenue & Complainte.
Sommaires.
1 Maintenir la possession paisible, & la restituer.
2 A monstrer le tiltre, ou ne le monstrer.
3 Complainte & Maintenue different En la possession annalle.
4 en 6. manieres, a sçauoir a En perturbation de faict.
5 En demonstration du domage receu ou pretendu.
6 En mestant le possessoire aueque le Petitoire.
Par ce qui a este ci deuant dict, est maintenant
fa cile a considerer, en quoy different l’une de
1 l’autre Complainte & Maintenue. Car tout
premier la Maintenue tient en possessiō celui qui est
paisible, elle l’y garde, & maintiēt, iusques a ce qu’au
trement soit Iuge. Mais quant a la Complainte, elle
2 restablit celui qui est trouble en sa possession. Item
en second lieu en la maintenue est necessaire mōstrer
le tiltre beneficiel, pource que sans icelui, nul ne peut

ou doibt posseder benefice. Mais de la Complainte
il n’est point necessaire de monstrer le tiltre beneficial,
pourtant qu’il suffist alors s’il peut monstrer la
3 possession annalle. Tiercement & tout a l’opposite
de ce que dessus. En Maintenue n’est necessaire auoir
possession annalle, ains est assez & souffit, que l’insti
tution canonique auec le tiltre soit demōstre, & qu’il
appere de possession actuelle. La ou en la Complain
te le complaignant doibt auoir la possession de l’an
4 dernier passe, comme ci dessus a este dict. Pour le quart,
en Maintenue il ny a point perturbatiō de faict
ains seulement y a vne opposition pour crainte d’autre
opposition, & aussi qu’il ne se fist trouble en la
possession. Mais en la Complainte est du tout necessaire,
qu’il y ait, ou ait eu au precedent quelque troublement
5 de faict, comme ci dessus a este dict. Cinquiesmement
en ♣ Maitenue n’est necessaire demonstrer
le domage, mais en la Cōplainte (qui est practiquée
en Flandre) le domage doibt estre monstré.
6 Pour le sixiesme en la Maintenue le Petitoire est
quelque foys mesle, & produit auec le possessoire, &
ce pour conforter le possessoire, par ce qu’en ceste matiere,
celui qui a le plus beau droict au Petitoire, obtient
plus aisement au possesssoire. Et en la Complain
te n’est necessaire produire le Petitoire, pourtāt que
celui qui est mieuz fonde en possession obtient sa
cause.
CHAPITRE XLIII.
De Perturbation du faict, ou de faict.
Sommaires.
1 Perturbation de faict se commet par
Expulsion.
Compulsion.
Vexation.
Sublation, ou
Emportement.
2 Perturbation de faict, ne se faict par
Menaces
ne par
Executions de Princes, ou Conseils.
4 Executions de Iusticiers inferieurs auecques preiudice sont perturbation.
5 La perturbation ou troublement doibt estre sur tout restablie.

Pourtant que ci deuant nous auons parle de la
perturbation ou trouble qui se faict és Possessoires,
il est a sçauoir en cōbien de manieres, & par quelles
1 la perturbation se faict. Doncques Perturbation
de faict, ou violence, se commet par l’une des quatre
manieres qui sensuiuent, a sçauoir en expellant, com
pellant, vexant ou inquietant, & en ostant ou emportant.
C’est a dire par expulsion, par laquelle nous
deboutons & dechassons par force le possesseur de sa
possession. Par compulsion, par laquelle nous con-
traignons

CIVILE. 45
traignons le possesseur auecques violance et armes a
quitter la possession. Par vexations ou trauaux et har
celleries, par lesquelles nous trauaillōs tant et inquietons
celui qui est paisible possesseur, home de petit
coeur, quil ayme mieux abandōner la possessiō qu’estre
plus longuement ainsi tormenté. item par toute
maniere de sollution par laquelle nous dechassons
du tout le possesseur a Mais il cōuient ici sçauoir, que
menasse n’est aucunement perturbation de faict,
pour intenter complainte, pourtant que celui qui est
menasse se peut en ce cas pouruoir par munition &
3 sauuegarde du Prince. Executions de Iustice, ou autres
actes iudiciaux faicts par le Prince, ou par son
Conseil, combien qu’elles esfrayent & estonnent les
coeurs des homes, si est ce qu’elles ne sont point estimées
faire aucune perturbatiō en cest endroict, pour
autant que telles choses sont plainement iudiciaires.
4 Mais les executions de Iustice faictes par Officiers
ou bas iusticiers subalternes, au preiudice de la iurisdiction
du voisin, telles executions causent troublement,
pourtant que pareil n’a droict ou iurisdiction
sur son pareil. b Et pourtant toute perturbation faicte,
doibt deuant toutes choses estre restablie & reparée
par le perturbateur.
a
Gloss. in verbo. Non habebit, in l.Extat ff. de eo quod
met. caus.
b
Text. in l. Ille a quo §. tempestiuum ff. ad Trebell.
text in c. Innotuit extra de electio. cum vulgarib.
CHAPITRE XLIIII.
De Restabhr ou Restablissement.
Sommaires.
1 Qu’est Restablissement?
2 Restablissement se faict suiuant l’information du dommage faicte.
3 Le Perturbateur est tenu de tout le dommage faict, & de celui qui s’en est ensuiui.
4 Restablissement doibt estre faict auecques moderation selon la quantite du dommage.
5 Quelques exemples de faire restablissement.
6 Vn dommage difficile a reparer se restablissement.
6 Vn dommage difficile a reparer se restablist par signes.

CE terme de Restablir &Restablissement ne
sont ici du tout pris en leur propre signification,
mais nous vsons ici de Restablir pour
reparer, & refaire, ou recompenser le dommage ou
1 trouble faict. Et ainsi restablissement est vne reparation
& recompense de dommage & perturbation
ou trouble faict. Et pourtant ou Conseil de Flandres
on iuge que soit faict restablissement de dommage
si le dommage se peut certainement cognoistre par
informatiō, ou au moins autāt qu’ō en aura peu cog
noistre par informatiō precedēte, & s’il n y a claire ap
2 parāce d’aucū domage, alors on cōmande a la Partie
qu’elle restablisse & recōpense au fur de deux verges
3 de terre, & ce par protestatiō. Il en y a qui dient que ce
stile de Flādres peut estre fonde sur ce que suiuāt les
droicts (in interdicto vnde vi) le perturbateur est obligé
non seulement en ce qu’il a emporte & receu, mais
aussi en toute perte & dommage, qui par cas fortuit
seroit ce pendant auenu en la chose litigieuse & con
4 tentieuse. a Mais au grand Conseil ils sont d’auis,
que ce Restablissement doibt estre faict legitimemēt
& auecques raison & moderation, sans aucū respect
de nouelleté, mais suiuant la nature & mesure du
dommage, & en tant qu’il est reparable, & ce sans
enorme perte & preiudice du principal mesme qui
a souffert le dommage, car si son dommage estoit si
enorme quil fust presque inestimable, & que le preiudice
fust quasi irrecompensable, en ce cas ils commanderoyent
estre sans plus restabli vne bien petite
partie du domage, & la reste commettront estre faict
par estimation, ou par signe comme pour exemple.
Si la controuersie & question estoit d’un molin, ou
5 de la meule mesme, & si ce pendant l’executeur ostant
la nouelleté, ostoit quand & quand le fer principal
de ladicte meule, par ou le moulin ne pourroit
tourner, au grand domage & detriment non seulement
du meusnier, mais aussi de tout le voisinage 7
paroice, alors les Seigneurs de grand Conseil cōman
deroient fust reparé, & restabli par caution. Au cas semblable,
si quelque fort grand edifice estoit basti &
esleue pour la pluspart, alors l’executeur ostant la no
uelleté, ne purra ruiner & demollir tout ce grand edifice,
mais bien en pourra demolit quelque petite
partie, ou bien quelque assez bonne part, si bon luy
semble tant & iusques a ce, que par la court ou Conseil,
il soit de ce autrement ordonné. En toutes choses,

6 domages, & demolitions & perturbations, qui
sont difficiles a reparer, l’Executeur, ou Iuge donne
ordre que la perturbation & domage soit restabliz
par quelques signes.
a l. Prima, & ibi. Scrib. vnde vi.
CHAPITRE XLV.
Par quelle maniere on intente le Petitoire
auec le Possessoire.
Sommaires.
1 Possessoire est mesle auec le Petitoire, quand les faicts de l’un & de l’autre sont meslez.
2 Choses coustumieres ont quelque chose du Possessoire & quelque part du Petitoite.
3 Les Practiciens conseillent qu’il ne fault mesler le possessoire auec le Petioire.
1 Il aduient

46 LA PRACTIQVE.
1 IL aduient bien que le Petitoire, & le Possessoire
soyent intētez tout ensemble, a sçauoir quād
en la production du possessoire sont emsemble
meslez les faicts qui concernent le Petitoire,
comme, si quelqu’un disoit: I’ay iusques a present acostume
exercer telle Iustice ou telle Iurisdictiō autant
de temps, & sans contradiction de personne, ou
I’ay acoustume d’aller par tel chemin, ou, I’ay apris
2 de leuer ou receuoir telle taille, & ainsi des semblables
choses, qui sont vsurpées par coustume, & quasi
par possession. Esquelles la pretendue coustume &
vsance semble estre droict equitable tant en possessoire,
comme a declarer le Petitoire, & le defendre.
Et pourtant il en y a plusieurs qui voulontiers rapportent
telles coustumes au possessoire,pour recouurer
la possession, c’est a sçauoir, que par icelles pretendues
coustumes, ils puissent plus tost, & plus cōmodement
recouurer la possession perdue, auquel
3 cas ils se font le chemin au Petitoire. Toutes foys les
Practiciens conseillēt qu’ils n’eussent pas beaucoup
de ce double moyen, a cause de la difficulté, de prou
uer, & qu’alors l’un empesche bien souuent l’autre.
CHAPITRE XLVI.
De Proprieté & Petitoire.
Sommaires.
1 Celui qui est deboute du Possessoire par Complainte a son recours au Petitoire.
2 Celui qui instruit vn Proces en Petitoire, doibt renoncer au Possessoire.
3 Acquerir
4 La sentence donnée en Petitoire n’empesche deprouuer par Complainte, pour Retenir
Possession.
5 Recouurer
1 Qviconque est par Complainte deboute du pos
sessoire, il peut neantmoins intēter sa cause en
2 Petitoire, & en lieu deu. Mais auant qu’instruire son
Proces au Petitoire, il doibt preallablement cognoistre,
& conceder le Possessoire a sa Partie. Qui plus
est renoncer au iugement, cause, & Proces lequel il a

sur ce iusques alors produit & soustenu. Au demourant,
3 la sentence donnée en petitoire, n’empesche
point d’agir par Complainte, & par interdict d’acquerir
4 possession quand le complaignant est forclos
de la proprieté par contumace, ou biē que ses tiltres
5 & lettres n’ont este veues. Oultre ce, la sentēce don
née en Petitoire n’empesche que quelqu’un ne peut
de rechef intenter action par Complainte, & par interdict
de retenir possession, cest a sçauoir, quand le
Complaignant, cest a dire, celui, qui faict despescher
la complainte, peut au vray remonstrer sa possession
6 du dernier an. La sentēce donnée en Petitoire, n’em
pesche qu’aucun ne puisse par Complainte, & inter
dict intenter action de recouurer possessio, sçauoir
est, pour recouurer & perceuoir tous les fruits & vtē
silles des choses contentieuses de le premier temps
du deboutement du Possessoire.
CHAPIRE XLVII.
Des Contracts.
Sommaires.
1 Les Contracts apertiennent a l’action Realle.
2 Choses substantielles des contracts sont
La forme.
La matiere licite.
Consentement des Parties.
La suffisance de ceux qui contractent.
La bonne foy.
3 La forme des contracts consiste en paroles ou escriptures.
4 Les matieres illicites és contracts sont choses
Publiques.
Sacrées.
Religieuses.
Sainctes.
Litigieuses.
5 Contract saincts ne sont vallables.
6 Ceux qui ne consentent
&
7 les inhabiles ne peuuent contracter.
8 Les inhabiles sont par
Basse aage, & les enfans
En puissance d’autrui, comme pupilles.
Naturelle impuissance, comme les muets, & ceux qui ont perdu le sens.

Sexe, comme femmes.
Infamie publique.
Contract

CIVILE. 47
9 Contracter ne peuuent
Iuges auecques les Parties playdoyantes durant le Proces.
Medecins
Chirurgiens
auecques leurs malades durant la maladie.
Aduocats
Procureurs
durant le Proces.
Ceus ausquels est defendu par
Personne priuée.
Le iuge.
Le Prince.
10 On ne peut transporter hors de pais bleds ni armes contre la defense faicte.
11 La loy de la cite est commune auecques la loy vniuerselle.
12 La bonne foy conferme le contract, la mauuaise foy l’enerue & anichile.
1 Tous contracts apertiennent a l’action Reale,
& pourtant ils deuoyent a bō droict suiure
apres le vingt & neusiesme chapitre. Et
pourtant nous declarerons en ce lieu, la matiere des
contracts que la nous auons obmise. Et est a sçauoir
que tous contracts apertiennent a l’action Realle,
comme ci dessus audict chap. 29. nous auons demon
2 stre, & que tous iceux doiuent auoir leur choses
substantielles toutes pleines & accomplies, sans lesquelles
il n’est a aucun pleines & accomplies, sans lesquelles
il n’est a aucun loisible contracter, cest a sçauoir
la forme, matiere licite, ou admise, le consentement
des deux Parties, habilete des contractans &
3 bonne foy. La forme principalle des contracts est
celle, qui par paroles ou lettres est exprimée & celebrée.
Et tous contracts doiuēt auoir ceste forme, autrement
n’apparoistroit du contract. Semblablement
la matiere des contracts doibt estre licite &
propre, & aussi fondée en droict, car il y a plusieurs
choses qui ne sont point subiectes a cōtracts, ou des
4 quelles n’est licite contracter, comme celle qui ne gi
sent soubz le cōmerce, & trafique des homes priuez,
ainsi que sont les choses publiques. a Les choses sacrées,
& celles, qui sont dediées a Dieu. b Les Religieuses.
c Les sainctes. d Les litigieuses. e Item en
tous contracts doibt estre le consentement des deux

Parties, és tous contracts qui se font & celebrent par
seul consentement, comme és contracts d’achapt, de
vendition, louage, prise a louage permutation & autres
5 semblables. f Et pourtant est – il, que tous contracts
qui sont feincts ne sont d’aucune valeur, &
n’ont aucune force, comme les droicts manifestement
le mōstrent pourautant qu’en iceux n’est plein
& parfaict consentement de l’une, & l’autre Partie.
6 Dauantage ceux qui contractent, doiuent estre idoines
& habiles a contractent, car il y a plusieurs persones
qui ne peuuent contracter, les aucunes par defaut
7 de l’aage comme enfans, ieunes garçons, & tous
mineurs, qui n’ont point de consentement. g Les
8 autres par default de leur propre puissance, comme
les fils qui sont en puissance des Peres, les Pupilles,
ProdIuges, qui sont inutiles & inhabiles a contracter,
pourtāt qu’ils ne sont iouissans de leurs droicts,
ains sont en, & soubz la puissance de Tuteurs & Cu
rateurs. Autres par default de naturelle puissance &
grace, comme sont les muets, sourds, insensez, &
9 semblables. Autres par le defect & fragilité de natu
re ou sexe, comme sont femmes & semblables. Les
autres ne peuuent contracter, a cause qu’il leur est
defendu par droict escript, tels sont les officials &
Iuges, auecques les Parties qui plaident & procedēt
pardeuant eux, car telles personnes publiques ne peu
uent contracter auecques ceux qui sont subiects a
leur iurisdiction, tant que leur office dure. h Semblablement
les Medecins ne peuuent contracter auecques
leurs malades, tant que dure leur maladie. l
Autāt (selon mon iugement) en peut on estimer des
Chirurgiens, cest a sçauoir qu’ils ne peuuent contracter
auecques ceux qui sont blessez ou naurez, tant
que dure leur blessure. Aussi ne doiuent les Aduocats
contracter, ni faire contract ou paction aucune
auecques leurs Parties, auquelles ils seruent durant
la cause, & Proces. k Donc l’Aduocat comme i’ay
dict, ne peut auec sa Partie qu’il defend faire cōtract
de vendition ou achapt. Et est la raison de ce nō im
pertinente, cest a sçauoir. Pour autant que la Partie
plaidoyante, qui depēd du Conseil de l’Aduocat, ou
du Procureur, donneroit plustost le sien a son Proce
reur ou Aduocat, quelle ne lui vendroit, s’il lui donnoit
tant soit peu de mauuaise esperance quant a sa
cause, & Proces, a cause de la crainte qu’il auroit de
la perdre. Comme aussi le malade ou blessé de poeur

de la mort. Mais ceci se doibt entendre pendant &
durant le Proces & maladie, car deuant & apres lesdictes
personnes peuuent bien contractrer. l Il en y
a d’autres qui ne peuuent contracter, pour autant que
par personnes priuées leur est defendu ce faire, comme
si le testateur auoit a aucun defendu d’aliener son
lay ou testament. Ou si le donateur auoir prohibé
vendre, aliener, ou iouer a quelques ieux de hazart
la donation par lui faicte. m Aux autres n’est permis
contracter, en tant qu’il leur est prohibé ou defendu
par le Iuge, comme aux prodIuges qui sont proclamez
en Curateles publiques, & autres semblables.
n Comme nous auons faict plus ample mention
au Refuge des Pupilles chapitre 8. & en diuers
lieux. Aussi n’est- il licite de contracter ai ceus, ausquels
par sentence d’arbitre a este defendu ce faire.
10 Aussi en y a il encores d’autres, ausquels n’est loisible
contracter, pourautant qu’il leur est prohibé ou interdict
par edict, ou ordonnance d’Empereur, Roy
ou Prince, de cite, ville, ou Chancellerie, d’acheter,
faire emploicte, assembler & preparer forment, orge
auene, segle, ris, ou semblables grains, pour les vendre
ou transporter hors du pays, Royaume, Principauté,
Duché, Conté, Baronie, Marquisat, ou autre
dition semblable. Item a ceux ausquels est defendu
le negocier & faire trafique & marchandise d’armes.
cheuaux, iumens, hacquenées, selles, ♣ d’arnnes, bardes,
lances, picques, halebardes, fusts, masses, boucliers,
heaumes, salades, haubers, espées, dagues, poignarts,
darts, arcs, fleches, canons, artilleries, boulets de fer
de cuiure, de plomb, d’estain ou pierre, soulfre, salpe
stre, calmine, cuiure, metal ou aerin, poudre a canon,
& semblables munitiōs de guerre ou commoditez,
pour suruenir, ayder, substanter & suruenir aux ennemis,
comme Charles le quint de bonne memoire
a bien touché en ses edicts, & par especial en celui
qui fut publie a Bruxelles le 9. d’Octobre 1551.
Mais

48 LA PRACTIQVE.
Mais note en ce lieu que ce est sans cause que i’ay ici
dict & faict mention de pareille puissance de statuts
des Citez par ce qu’un statut ou ordonnance faicte
en vne cité ou territoire, a autant de puissance cōme
la lou commune en son vniuersel. o Dauantage en
tous contracts y doibt auoir bonne foy, & principalement
és contract qui sont dicts contracts de bon
ne foy, qui sont seize en nombre, esquels doibt abonder
la bonne foy, ou autrement, suiuant la nature
d’iceux contracts il en sortiroit actiō pour interest
auec plusieurs autres accessoires, desquels est souuēt
faict mention en la matiere de contracter.
a
l. Riparum quoque ff. de rer diuis. §. flumina & §. littorum,
Institut eodem tit.
b
§. Sacrae institut. eo. tit.
c
§. Religiosum. institu. eo.tit. & l. Item tantum §. Religiosum
autem,ff.eo.tit.
d Institut.eo.tit.de rerum diuisione. §. sancte.
e l.Lite pendente, & l. Censemus..C.de litigios.
f §. Primo institut. de obligat. ex consensu, & l. consensu
ff.de act. & obligat.
g
Bald. in l. Bonorum quidem C. Qui admit.ad bo. poss.
possunt & l.mulier ff.de verbo obligat.
h
l.Non licet & l. Qui officij cau sa ff. de contrahend. em
ptio. & vendit.
I
Singulari l. Medicus ff. de var. & extracr. cogniti.
k
l. Quisquis §. Praeterea iuncta gloss. in verb. contractum
ineat. C. de postulan.
l
l.In quorum ff.de pignoribus, & in l. Moris est §. Sūt
autem & aliae ff.de poenis.
n
l. is cui bonis, iuncta gloss. prima ff. de verb. oblig. &
gloss. in verb. lege in l. prima in princip. ff. de curat. furio.
o
Vt l. Omnes populi ff. de Iustit. & Iure.
CHAPITRE XLVIII.
Des Contracts particuliers.
Sommaires.
1 Es contracts saut auiser quatre choses
Qui sont ceux qui contractent?
De quelles choses ils contractent.

Auecques qui ils contractent.
Comment ils contractent.
2 Ceux ci ne peuuent donner
Les Pupilles, ProdIuges & c.
Nul ne peut aliener les biens de l’Eglise ou des Pupilles.
Iuges ne peuuent prendre dons.
Nul ne peut tant donner qu’il ait lui mesme disette.
Ceux qui sont mariez ne peuuent donner durant leur mariage.
Le concubinaire ne peut donner a sa concubine.
Les Peres & Meres a leurs enfans.
3 Ceux ausquels ne compette l’alienation de leurs biens ne peuuent vendre n’achepter.
4 Les choses sainctes ne pouuent estre achaptées ne vendues.
5 En l’achapt sont requises quatre choses
Iuste mesure.
Iuste poids.
Iuste nombre.
Iuste pris.
6 Qui est deceu outre la moitie de iuste pris peut rescinder le contract.
7 Es permutations, bails & prises a louage sont requis les quatre points deuant nommez.
8 Comme s’entend la deception d’outre la moitie de iuste pris.
9 Interpretation mauuaise de deception d’outre la moitie de iuste pris.
10 Les droicts dissimulent en la deception qui est au dessous de la moitie de iuste pris.
11 Quant au iugement de conscience nulle tromperie ne se peut excuser.
12 Ce n’est le faict d’homme de bien de deceuoir personne.
13 Contract qui est faict par fraude, & ou il y a deception du iuste pris, se casse est reduit
au iuste pris.
14 La liberte de contracter, ou ne contracter n’afranchit point du droict de recission ou
cassation.
15 Obiections contre cassation des contracts.
16 Rescission a quelque foys lieu contre vendition auec decret du Iuge.
17 Election de cassation compete tousiours au Defendeur qui est deceu.
18 Cassation & election sont aussi bien és contracts de bonne foy & de droict estroict.
19 Es contracts Feodaux, sans argent.
20 Es Contracts d’heritage.
21 Cassation n’a point de lieu Es contracts beneficiaux.
22 Es transactions.
23 Transaction est comparee a la sentence du Iuge.
24 La transaction est cassée, ou
S’il y a faute de faict a escient.
S’il y a erreur quant a la proprieté des choses.
Si le Iuge a failli en la cognoissance.
25 Question si aucun peut rescinder vn contract qu’il a iuré. Non.
26 on ne peut pas rompre vn serment qu’on a faict contre sa conscience.
27 Quiconque viole vn contract qu’il a iuré, est periure.
28 Vn

CIVILE 49
28 Vn contract iuré peut estre cassé
S’il est fraudulent
ou
Fondé sur faux instrumens.
29 Il n’i a loy ni Prince qui fauorise au periurement
30 Le contract iure par vn qui est mineur d’ans, s’il y a deception d’outre la moitie du
iuste pris, peut estre cassé & rescindé.
31 Le Iurement compare le mineur d’ans au maieur.
32 Vne chose qui est difinie par serment se peut bien retracter par la loy.
Qvant a ce que nous auons dict au dernier chapitre
precedēt, que és contracts sont requis quatre
choses substancielles, nous les dirons au present
chapitre en autres termes, et toutes foys ce n’est qu’u
1 ne et mesme chose. Dōcques en tous contracts parti
culiers sont quatre points a considerer.1. Qui est celui
qui contracte. 2. De quelle chose il contracte. 3. Auec
ques qui il contracte.4. Cōment il contracte. Pour
exemple. Au contract de simple donation, fault considerer
qui est celui donne, c’est a sçauoir, s’il a
puissance de dōner ce qu’il donne, & si ce qu’il dōne
est chose pour donner a celui, a qui il donne. Et si
l’autre le peut receuoir. Et de quelle maniere il offre
ou donne, & auecques quelles paches & condirions.
2 Or ce qui faict a noter pour ces choses sensuit. Au
contract de donation, celui ne peut dōner, qui n’a la
puissance & disposition de ses biens, cōme le prodIuge,
l’insensé & semblables. a . Item celui auquel est
defendu donner les biens de l’Eglise ou des pupilles
suiuant les droicts cōmuns, que ie laisse ici pour cause
de brieueté. Item est defendu aux Iuges de receuoir
dons ou presens b . Dauantage il est aussi defendu de
tant dōner, qu’on vint a auoit soymesme faute & disette.
c a ce que par sa trop grāde liberalité, il ne viēne
en danger destre pouure & indigent. Les donations
entre l’home & femme tant que le mariage dure sōt
aussi defendues, voire & anichilées & nulles de droict,
a ce que l’home & la femme ne se despouillent pour
l’amour mutuel qu’ils ont ensemble. d En oultre
Est defendu aux Peres & Meres de faire quelque do
nations a leurs enfans. Item le Cōcubinaire ne peut
tien dōner a s’amie ou concubine. e Semblable raison
est aussi a considerer és cōtracts d’achapt & ven

3 te, a sçauoir qui est celui qui achete ou vend, & commēt.
Ceux ausquels l’alienation de leurs biens est de
droict ou par le Iuge defendue, ne peuuent aussi ven
4 dre n’achepter. f Il y a aussi plusieurs choses qui ne
peuuent estre acheptées ne vendues, lesquelles nous
auons declarées au chapitre precedent, comme sont
les choses publiques, sacrées, religieuses, sainctes &
5 litigieuses. Or quant a ce qui touche la maniere de
contract, il est a sçauoir qu’en tous achapt & mar
chez il ya quatre points qui sont necessaires &
requis, a sçauoir, iuste mesure, iuste poids, iuste nombre,
& iuste pris. Semblablement, és permutations
& changes, qui ont la nature d’achapt & vendition,
doiuent estre les quatre choses deuant dictes. Oultre
ce, ces choses & especes (que nous permutons)
doiuēt estre tant egalles qu’on ne trouue point qu’il
6 y ait quelque fraude ou deception, & principalement
doultre moitie de iuste pris: Car celui qui
se trouue ainsi deceu peut actionner le contractant,
a ce que le contract soit cassé & annullé, suiuant
ceste loy tant commune, que les Aduocats ont ordinairement
en la bouche. g Et n’excuseroit l’action
de rescinder & annuller le contract, si par apres
le contractant trompeur payoit ou adioustoit
quelque chose a la somme, pour couurir sa fraude,
quoy que la fraude par tel surcroist n’excedast puis
apres la moitie de iuste pris. Ceste addition &
surcroist dicte, n’excuseroit pour la fraude, laquelle
doit estre toutalement cassée auecques le contract,
car encores y auroit il tromperie d’achepter
7 ce surcroist auecques son dommage. Consequemment
és contracts de Baulx & Prises a louage, qui
qui tiennent de la nature d’achapt & vendition, &
en semblent aprocher, les circonstances ci deuant
nommées y sont requises, & pourtant louage &
vendition sont presques subiects aux mesmes regles
de droict. h Car entre icelles il n’i a nulle difference,
sinon qu’au contract d’achapt & vendition
la proprieté de la chose vendue est transportée
a l’achepteur, & en Bail & Prise a louage, l’usage
est seulement transporte & non plus. Subsequemment
en ces Baulx & Prises a louage sont aussi requis
les quatre points ci deuant nommez, & speciallement
que le pris y soit iuste, ce qui est aussi requis
& necessaire en tous contracts, tant de louage
que vendition, de maniere qu’il ne s’y trouue fraude

ou deception outre la moitie de iuste pris, autrement
le contract de louage seroit aussi nul & subiect
a rescission & cassation. I Et entend on qu’il
8 y a deception outre la moitie de iuste pris pour l’achapteur,
quand vne possession ou heritage qui vaut
dix florins est vendu seize, car dix est le iuste pris, &
cinq est la moitie du iuste pris, & par ainsi ce qui est
vendu seize, cela est vendu oultre la moitie de iuste
pris. Par ce que dict est, appert que la deception qui
est au dessous la moitie de iuste pris pour le vendeur,
& a son domage, est quand la possession qui valoir
dix, a este vendue quatre ou troys, & ce pourtāt que
troys ou quatre sont dessous la moitie de dix, car
cinq est la moitie de dix, ce que nous auons dict
estre le iuste pris. Et a ceste cause la vēditiō qui a este
au dessoubz la susdicte moitie de iuste pris, ne peut
estre rescindée par le vendeur. Mais telle deception
9 sera imputée au vendeur, & a sa folie, par ce qu’il deuoit
estre plus caut & prudent en faisant sa vendition.
Toutes foys aucuns soustiennent en practique
(mais sans raison) qu’en la vendition d’une possession
qui vault dix, il n’i point de deception, sinon
quand il est vendu vingt & vn. Mais leur opinion
est reprouée en droict, car telle deception n’excede
point la moitie seulement, mais aussi surpasse le
10 tout, ou le double de iuste pris. k Au surplus,
quant a ce que les droicts dissimulent quant a ladicte
deception, qui est au dessoubz la moitie de iuste
pris, cela est prouué par le texte. l Ou
Pomponius dict, que quant au pris d’achapt &
vendition, il est naturellement loisible aux Parties
contraictantes s’entredeceuoir. m Ce mesme
est aussi confirmé par raisons des Docteurs. n
11 Quant au reste, ie ne veux point que le Lecteur
ignore en cest endroict, que combien que le droict
E permette

50 LA PRACTIQVE
permette, & endure, que les contractantz, s’entretrompent
au dessoubz de la moictie de iuste pris,
toutes foys quant a la conscience telle deception est
du tout illicite, mesme suiuant la sentence & iugement
de tous Docteurs & gens de bien. o
12 Ce qu’il prouue par ceste raison, car il dict, que bonne
conscience & homme de bien sont semblables,
& il ne conuient pas a vn homme de bien, de deceuoir
aucun en contractant, voire encores en bien
13 petite chose. p Mais tout contracts auquel aucun
est deceu oultre la moitie de iuste pris, se peut toutalement
rescinder & casser, ou pour le moins estre
reduit a iuste pris, au choix de celui qui est deceu, a
quoy sert le texte. q Lesquels droicts sont fondez
en humanité, & en raison naturelle & equité, a ce
qu’aucun ne soit par trop enormement deceu. r
14 Car combien que la rigueur de droict permette aux
parties stipulantes & contractantes qu’elles se puissent
entretromper. f Et combien qu’elle face vn
chascun libre, pour contracter ou non, par laquelle
liberte le droict ne permet rescussion apres le contract
faict & passé: toutes foys ceste rigueur de
droict doibt donner lieu a l’equité, & pourtāt doibt
elle estre Aduocie par ces droicts ci deuant nōmez
suiuant l’equité comme dict est. t Elle est d’auantage
Aduocie, en tant que ceste deceptiō est outre la moitie,
qui est par trop enorme & inhumaine, & laquelle
celui qui est deceu n’a point precogitée ni attendue,
& n’eust iamais presumé qu’elle deust estre si
enorme, laquelle aussi est aduenue sans decret de Iuge,
& sans serment preste par celui qui est deceu de
ne contreuenir au contract passé, voire & qui a achepte
du vray Seigneur & vray Possesseur, & ou telle
deception & domage seroit aduenu non point par
dol, ains d’une pure simplicité, & par defaut d’experience,
non pas par faute d’autruy. Lesquelles clausules
i’ay ici voulu estre adioustées, & nō sans cause:
pourtant que par icelles toutes loix, tous textes, &
arguments au contraire, pourront facilement estre
15 refutez & dissoults. Tout ainsi que cest argument
n’est valable. C’est chose iuste que le contract soit
gardé, c’est donc chose iniuste d’enfreindre le contract,
car tel argument est de pures particularitez, car

Iuste y est posé pour la proposition, auquel nest necessaire
qu’iniuste soit mis contraire. v Aussi vne vaut
cest argument. Il n’est loisible ni a personne priuée,
ni au fisc, de se deporter d’un contract sans le gré de
sa partie. x Il sensuit donc que le contract qui est
faict auecques deception d’outre la moitie de iuste
pris, ne se peut casser. La conclusion de cest argumēt
se nie, pourtant que la proposition n’est vniuerselle,
& ne s’entend de tout contract, mais seulement du
contract qui est iuste, ou au moins de petite deception,
& non de celui qui surpasse la deception d’outre
la moitie de iuste pris. Laquelle solution viendra
aussi fort bien a propos, si quelqu’un veut ainsi proposer.
Vn tel a vendu sa possession, ou autre chose de
laquelle il ignoroit le pris, dōc fault qu’il impute tout
le domage qui s’en est ensuiui a son peu d’experiēce,
pour cause de laquelle ne doibt le contract estre aucunement
rescindé: Car tel argument a seulement
lieu quant au domage qui seroit leger, nō pas de celui
qui seroit enorme. Et de ceste maniere peuuent
tous autres argumens estre facilement reboutez.
16 Si est ce toutes foys, qu’il y a quelque cas ou rescission
a quelque foys lieu, a sçauoir és cas ou quelque
chose se vend par decret & auctorité du Iuge, ou
Tuteur, principalement auecques deception ou domage
d’oultre la moitie de iuste pris. Car combien
que a raison de l’auctorité d’iceux, on ne doibt presumer
aucune deception, toutes foys elle s’y prouue
souuent par euenement. Et pourtant si la chose
auoit este vendue par le mineur, & qu’il eust este
deceu oultre la moitie de iuste pris, toutes foys telle
vendition se peut rescinder, quoy qu’elle aye este
faicte auec l’auctorité du Iuge ou Tuteur: y ou a
cause du pris qui est iniuste la venditiō est rescindée,
nonobstant qu’elle ait este moyennée par le decret
17 du Iuge. z Et quant aux rescissions de contracts ou
le Defendeur est deceu outre la moictie, le choix &
election lui compete tousiours, par laquelle il pourra
eslire, ou que tel contract soit du tout rescindé, casse,
aboli, & anullé, ou biē qu’il soit reduit a iuste pris.
aa Dauantage il est proue, pource qu’es choses alternatiues
l’election est au debteur. bb Mais entene
ceci de ceste loy seconde, ou la sentence est donnée
soubz alternation, car l’election compette quelque
foys au Demandeur, cc ou vne chose non deue &
payée par erreur est repetée. Semblablement en

18 la derniere volente l’election est au legataire, dd la
rescission & election, desquelles nous auons ci deuant
parle, ont lieu, non seulement aux contracts
de bonne foy, mais aussi és contracts qui sont de
droict estroict. La premiere partie est prouée par
semblable raison, foy, & equité, qui doibt estre toute
vne & de mesme, en tous contracts legitimes.
Ceci est aussi prouée. ee :a derniere partie, (combien
qu’a ceste ci soit contraire la l.2.) est semblablement
prouée par iuste raison, & par humanité qui
requiert telle rescission estre faicte. Subsequemmēt,
que tout contract, a parler generalement, soit quelque
19 emption & achapt. ff Mais il fault noter en ce
passage que rescission n’a point de lieu és contracts
feodeaux, qui sont faicts & passez, non point pour
argent, mais pour fidelité & seruice acquis au Seigneur.
Car a tels compete aussi ceste loy seconde,
pource que les fiefs ont plustost nature de grace, que
de vray contract. gg Dauantage que icelle fidelité
de seruice personel, ne leur doibt estre dicte deception
d’outre la moitie de iuste pris, pourautant que
telle fidelité de vassal est inestimable, & ne se peut achepter
par nul pris. hh Aussi n’a lieu ceste rescission
20 és contracts hereditaires, qui ne sont de deux, &
pourtant celui qui a este deceu en prenant possession
de l’heritage, se doibt prendre a soymesme du
domage qu’il a receu, & non pas casser le contract:
21 Ni aussi és contracts des benefices, d’autant qu’en
iceux ne l’un ne l’autre des contraictans, a par soy le
tiltre de sa partie, ains l’a du collateur, ce qui se rend
encores plus clair, par ce que iadis toutes permutations
furent prohibées, mais elles sont maintenant
permises par grace & par necessité, ce neantmoins
tousiours auecques auctorité du superieur. ii
22 Rescission n’a aussi point de lieu és transactions, a
cause de deception d’outre la moitie de iuste pris. kk
Car le texte de la loy ci alleguée dict, qu’une generalle
transaction produit generalle exception, en ce
qui se pouroit enclore soubz l’action proposée, &
23 pourtant faict il cesser la rescission. ll Et a ceci faict
que la transaction est acomparée a la sentence du Iuge,
laquelle ainsi qu’elle ne peult estre retractée, aussi
ne faict la transactiō. mm Itē par la transactiō on se
deporte du Proces, parquoy ensuit que deceptiō qui se
faict par Proces, ne se doibt reuoquer, ou abolir. nn
Et

CIVILE. 51
Et la raison est, pourtant que celui ne se peut a bon
droict dire estre deceu, qui est deliurè & affranchi
de la fascherie de Proces. oo D’ou aduient, qu’a cau
se de la fascherie & trouble, & du douteux euenement
& fin des Proces, on dict communement.
Si quelqu’un me demandoit mon manteau &
mon saye, ie lui laisseroye le manteau pour garder
le saye, car il gangne assez qui se met hors de Proces.
Mais a ceci ne contrarient point les autres cas,
esquels on list, que la transaction a este rescindée &
annullée comme. pp Pource qu’en ce cas est aduenu
dol faict tout a propos & a essient, & de la part
du Pere. Aussi ne contreuient point la .l. Sub pretextu
2. §. Error. C. de transactionib. Par ce qu’en
ce cas est aduenu vn erreur sur la proprieté de la chose,
& non sur l’estimation du pris. Aussi ne contreuient
a ce que dict est ci deuant, a sçauoir la Tran
saction est comparée a vne sentence, & la sentence
du Iuge, pourra estre abolie, (s’il n’a assez bien
pense, ou cognu de la cause) & pourtant la transaction
se pourra aussi rescinder: Car autre chose est
de la sentence, & autre chose de la transaction.
Car celui qui transige & accorde, veult du tout finir
le Proces, voire auecques son domaige. Mais
du Iuge il n’en est pas ainsi, car il ne peut deroguer
a la rescission de sa propre sentence, quand il entendra
mieux, ni a la sentēce d’un autre iuge, a ce qu’il
ne soit loisible d’appeller au mesme Iuge pour le
mieux informer, ou a vn autre pour la rescission de
la sentence. Quant au reste, puis que nous auons
en cest endroict traicte quelques poincts touchant
les rescissions des contracts, ie les veux bien declarer
vn peu plus amplement, suiuant quelques questions
qui ne sont point sans fruict ou inutiles.
25 Desquelles la premiere sera ceste ci. Si vn qui est en
aage & idoine a cōtracter, auoit promis par serment
qu’il ne contreuiendroit point au contract, encores
qu’il fust deceu oultre la moitie de iuste pris, la question
est, a sçauoir si tel contractant peut ou doibt
annuller son contract. A ceste question doibt on respondre,
26 que en ce cas il ne peult. Premierement d’au
tant qu’il est en aage, puis a cause de serment qu’il a

faict, la religion duquel serment doibt a chascun
Chrestien estre en tant d’estime, que de necessité
il le doibt garder, & pour aucun bien temporel ne le
doibt violer ou effreindre contre Dieu & sa conscience.
27 Et si quelqu’un est si ose d’enfreindre vn tel
contract contre le iurement qu’il a faict, il doibt estre
tenu pariure, & ne doibt estre oui en iugement.
qq Au quel lieu 7 texte ci quotte en marge est dict.
Il sembleroit estre chose inhumaine, si les loix qui
punissent les periuremens, ouuroyent a iceux le che
min. rr Et pour plus grande confirmation de ceste
sentence faict que tous Docteurs se fondent principalement
sur icelle. ss A quoy sert bien aussi que tel
serment contient en soy vne tacite renonciation de
28 son droict. Aussi ne contreuient point a ceste senten
ce tt ou est mis vn cas, auquel est a quelqu’un loisible
de rescinder vn contract par lui iuré. Car en ce
cas la, le contract fut fraudulent, & passe par faulx
instrumens, ou le dol auroit causé vn contract malicieux,
& pourtant deuoit tel contract estre cassé,
Mais non pas se contract ci, dont nous auons parlé,
lequel a este faict & passé a la bōne foy, & auecques
serment deu. Et ne contredict point a nostre senten
ce le remede de la loy seconde de l’alternatiue & reduction
a iuste pris, comme Placentin a estimé, par
par ce qu’a tel remede sont contraires vv disans,
que tel rescindeur ou abolisseur alternaire, est aussi
29 pariure, laquelle suit aussi. xx Ou il est dict, que
quiconque aura iure, ne doibt point esperer que la
loy, ou le Prince, l’aduouent de se pariurer. yy En
second lieu on demande. Si le mineur estant deceu
oultre de la moitie de iuste pris, auoit iure ne contreuenir
au contract, a sçauoir si pour cause du serment,
se pourra par apres rescinder vn tel contract
30 par lui iuré? Ie suis d’aduis qu’on doibt respondre af
firmatiuement a ceste question, a sçauoir qu’il le
pourra rescinder, car contre son serment il s’aydera
du remede de la loy seconde, & en tant qu’il est mineur,
& qu’il a este deceu oultre la moitie de iuste
pris, ausquelles raisons fauorise le droict cōmun, lequel
ne doibt estre violé, pour quelques specialitez.
Et pourtāt ja soit que l’Autētique Sacramemta puberū
C. si aduersus vendit, die que les sermens de ceux qui
sont en aage de puberte, faictz voulontairemēt tou
chant de ne retracter & rappeller les contracts, doiuent
estre inuiolablement gardez, toutesfoys si est

ce, que ceste Autentique n’a point de lieu au cas de
la loy seconde, ni en minorite d’ans. Car combien
que le serment compare le mineur a celui qui est en
aage, si est ce, que cela se faict seulement pour l’actiō
de deception d’oultre la moitie de iuste pris, a sçauoir
que le mineur a l’exemple de celui qui est d’aage competent,
puisse intenter action, sue & pour la
31 deception d’oultre la moitie de iuste pris. Et pourtant
si d’auenture il auoit dict auecques sermēt, qu’il
ne contreuiendroit au contract, ne pour cause de sa
minorité, ni pour cause du trop petit pris, ni a raison
de quelque autre chose, pour certain en tel cas le remede
de la loy seconde ne lui seruiroit aucunement
comme presque tous les Docteurs sont d’opinion.
zz
Et ne contreuient point a ceste nostre sentence le
chap. Quod bene.4.q.5. Ou le text dict, que, Ce
qui est bien defini, & bien deliberé par iurement interposé,
ne se doibt retracter ou r’appeller par aucune
desdicte, car il s’ensuit tost apres, si ce n’est
que d’auenture il y entreuienne plus grande auctorité,
ce qui a aduiēt en nostre cas dessus dict, a sçauoir,
l’auctorité de la loy: puis en nostre cas l’aage mineur,
& la trōperie qui est d’outre la moitie de iuste pris,
demonstrent assez le contract n’auoir este bien defi
ni, ne bien deliberé, par ce qu’il semble bien que le
mineur n’a point seulement vne foys pense de trop
petit pris, & le iurement ne s’estend point aux choses
qui ne sont precogitées. aaa
a
l. Is cui bonis, & ibi. Scribentes ff. de verbo.
b
Paris de Sindicatu in verb, Iudices puras debent
habere manus. Charta 45. & charta 6. colum.2.
versic. Per Sindicatores recordetur, quod onus iudicandi
est graue. Lucas de Penna in l. final. colum. penult.C. de
vend. reb. ciuita. lib. 11. Pulchrè Hadrianus Papa noster
in quodlibeticis questionibus. q. 10. colum. anitepenult.
c
l. Et exhaeredatum in fin. & in l. seq. ff. de re iudica.
d
l. Prima ff. de donat. inter vir. & vxor. l. Si ex
voluntate C. eod. titu. l. Cum multae §. Sancimus
vlc. ibi. Vt non simplices C. de donat. ante nupt.
e
l. Si ancillam C. de donat. inter vir & vxor.
f
l. Is cui bonis ff. de verb. obligat. & l. prima C. de fund.
dotal.
g
Rem maioris precij C. de rescind. vend.
h
l. Secunda ff.loca & conduc. & §.1. institu. eod. titu.
i
Per totum titul. C. de rescind. vendit.

E2 k Gloss.

52 LA PRACTIQVE.
k Gloss. in verbo Iudicis, circa medium in l. Rem maioris
precij, praeallegata C. de rescind. vendit.
l l. In causis 2. §.penul. ff. de minorib. XXV. an.
m Concordat text. in l. Item si precio. §.final. & l. sequen.
ff. locat. & conduc. & text. in d.l. Rem maioris precij C. de rescind.
vendit. & c. Cum dilecti iuncta gloss. in verbo deceptione,
& c. Cum causa extra de emptio. & venditio.
n Doctores in dicta l. Rem maioris precij.
o Vt vult Anto. de Butrio in d.c. Cum causa, & B. Thomas
in secunda secundae q.lxxvij. articulis primo & secundo. Tenet
Cyn. in addit. ad d.l. In causis §.penult. & tractat hoc Sali. in
Auten. Ad haec. C. de vsur. Petr. de Ancho. in Regula peccatum,
de Reg. Iur.in 6. & Panor.in c. Plaerique de Inmunita Eccles.
Innoc. in c. In ciuitate de vsur. & ibi. latissimè Ioan. de Ana.
& ♣hoc consirmat Bald in c.Cum causam, de testi.
p Hoc vult Bald. in Rub.C. de contrahend. empt. & in d.
Autentica. Ad haec/
q Text.l.2. C.de rescind.vendit.et text.in d. c.Cum causa.
r Vt vult gloss.in d.l.2.iuncta gloss. in verbo. humanum.
f d.l. In causae 2. ff. de minorib.25.annis.
t Textus in l. Si voluntate C.eod. titu. de rescind. vendit.
v l. Exigendi cum sua gloss. in verbo non iniustè C. de Procur
atorib. & l. Si seruus communis §. Quod vero ff. de furt.
x l. de contractu C. de rescind. vendit.
y l.1.& 2. & l. magis puto §.penult. ff. de reb. corū qui sub
tutel sunt, & testib. Ioanne de Imola. & Ludo. Roma. in d.l.2. Si
cum aliter ff. de verb. oblig. Per text. in d. l.2.C. de fid. instru.
& Iure hastae fiscal. lib.10.
z Et iuncta l.2.C.Si propter public. pensit. Idem quoque tenet
Abb. Panor. in d. c. Cum causa.
aa Per text. d.l.2.in verbo. vel si emptor elegerit, & sic datur
emptori electio, & est text. in d.c. Cum dilecti in verbo.
Quia verò in arbitrio emptoris est.
bb c.In alteruatiuis. de reg. iur. lib. 6 & est tex. in l. ei apud
quem §. Quod si de pluribus ff. depos. cum similibus.
cc l. Si quis seruum certi nominis C. de condict. indebil.
dd Vt ibi. ad gloss.l. Lucio.
ee Per text.in l. Item si precio §. finali & l. seq. ff. loca.
ff l. Statu liber §. Quintus Mutius ff. de statu li. Cui con
sentit Specul. in titu. de locato. §. nunc vero.
gg Teste Specul. in titu. de feudis §. Nunc videndū vers.
Sed nunquid. Et Bald. in d.l.2.vers. An habeat locum.

hh Teste Specul. de empt. & vendit. §. Nūc videndum,
quem sequuntur Bald. Sali. & paul. in d.l.2. & Rom. in l.
Si quis cum aliter ff. de verbo. obliga.
ii c. Quaesitum extra de rerum permuta.
kk Tex.in l. Sub pretextu specierum C. de transactioni.
ll Et est express. tex. in l. Lucins Titius §. fin. ff. ad Treb.
mm l.1.C.de condic.indeb.
nn l.Fratris C. de transact. Idem tenet gloss. in d.l.2.&
c. Cum causa.
oo l.2.C. de transact.& in l. in summa ff. de condict indebit.
pp l. Si superstite. §. Sane C. de dolo.
qq c. Si vero, & c. Cum contin. de iureiurand. text in l.
Ambiguitates, in fine C. de indic. viduita. tollen.
rr Et est text. in Autent. Sacramenta a puberum C. si aduers.
vendit. & ita tenet gloss. in d.l. Rem maioris is precij.
ss Facit etiam textus in c.debitores, de iureiur and.
tt l. Si exfalsis C. de transact.
vv Azo. & Bald.in.l.Qui sub conditione §. Sed & si ff.
de condit. institu.
xx Feli. in c. Inter caeteras de rescript.
yy l.1.C. Si maior factus & c.
zz In eadem l. Ra. & Odof. & alij in d. Autentica Sacra
menta puberum.
aaa l. Finali C. de non num. pecu.
CHAPITRE XLIX.
De ceder Actions a autruy.
Sommaires.
1 Quelle difference il y a entre ceder action & transporter action.
2 Quelque foys on cede actions
Par testament
&
Entre vifs
Auant le Proces institué.
&
Apres estre institué.
3 Cession d’action crue, n’a point de lieu, sinon apres le deces du testateur.
4 Cession faicte entre vifs, en tant que l’une des Parties est plus puissante, n’est valable.
5 Qu’est cession faicte a vn plus puissant.
6 Cession faicte entre vifs a qui est plus impuissant, n’est de valeur, sinon & c.
7 Cession faicte entre vifs sans Proces est ferme & stable, pourueu qu’elle soit vraye &
non feinte.

8 Qu’est la cession vraye & non feinte?
9 Cession simulée aduient en diuerses manieres.
10 Cession faicte par le Pere au fils qui seroit estudiant en vne Vniuersité, est illicite si
elle est grande.
11 Il n’est licite aus Aduocats contracter de cession auecques leurs Parties.
12 L’Aduocat contractant de cession auec l’une ou l’autre des Parties, doibt estre priué de
son ossice.
Ayant a traicter en ce chapitre de la cession
d’action, ie voudroye que le Lecteur fust
premierement aduerti d’entēdre que c’est
proprement ceder son action a autrui, pour la cognoissance
de quoy fault noter, qu’il y a grande difference
entre ceder action, & deliurer quelque chose a
1 vn autre. Car ceder a aucun son action, est transporter
quelque droict incorporel lequel on a. Comme
deliurer est transporter effectuellement vne chose
corporelle a vn autre. Mais il conuient monstrer
maintenant en quelle maniere les actiōs se transpor
2 tent. Doncques les actions se cedent quelque foys
par testament, quelque foys entre vifs, par foys deuant
le Proces intenté, & autres foys apres qu’il
3 est institué ou entamé. Ainsi doncques cession
d’action testamentaire crue, & qui n’est encores
intentée, n’a point de lieu sinon apres le deces
de testateur.
Et apres.

CIVILE. 53
Et apres le trespas du Testateur, l’heritier mesme pro
chasse le Proces au profict du legataire a ses propres
despens, & tellemēt a son profit, que mesme il doibt
au legataire donner l’emolument qui viendroit &
procederoit dudict Proces, & s’il n’I en venoit nul, il
conuiendroit que le legataire s’en passast, & ou cas
que l’heritier fust defaillāt de ce faire, le legataire intentera
action contre l’heritier, ou contre les testamentaires.
Au surplus si le legataire craint quelque
collusion auenir, il se pourra adioindre, a l’heritier, a
ce que l’action en soit plus certaine, & a fin aussi que
4 l’heritier ne sentende auec autres. Or quant a la cession
qui est faicte entre vifs en main plus forte, elle
est fort debille & instable. Et est entendue cession
faicte en main plus forte, ou faicte a vn plus puissant
en deux manieres. La premiere, quand celui auquel
ladicte cession est faicte, ou se faict, est constitué en
telle dignite ou office, que pour ceste cause il pourroit
rēdre la Partie aduerse estonnée, & la mettre en
5 crainte de succōber. a Secondement il s’entēd, qu’on
a faict cession a vn plus puissant, quand elle est faicte
a vn qui de biens, ou richesses, ou, amis est plus puissant.
Et en ce cas celui au preiudice de qui ladicte
cessiō est faicte, a son actiō d’interest cōtre celui qui
cede. b Et de la vient que les hommes laiz ont coustume
de dire, qu’ils ont forte Partie quand l’action
6 est cedée a l’Eglise. Consequemment, quant a la suc
cession qui est faicte entre vifs, a vn qui est impuissant
existant en iugement, n’est de valeur, & pourtant
tel qui ainsi cede commet vice de litigieux & a
bonne raison perd son droict. c Et quāt a la cession
des choses litigieuses elle est ferme & stable en quatre
ou cinq cas, a sçauoir, quand elle concerne les donations
deuant nopces, ou pour cause de nopces, ou
transactions, ou partages d’heritages ou donations
7 testamentaires. La cessiō d’actions, entre vifs qui ne
sont en cause ou Proces, est bien ferme & vallable,
pourueu qu’elle soit vraye, & non feinte, & qu’elle
soit sans souspeçon de dol, & qu’elle ne viēne point
8 en main plus puissante. Et est ceste cession entēdue
vraye, & non feinte, quand celui qui la faict est pouure,
indigent & sans moyen de pouoir poursuiure
son Proces, ou bien s’il est empesche & detenu de

trop grandes affaires, & occupations, pour pouoir va
quer & s’adonner a proceder. Ou bien s’il faisoit pu
bliquement ladicte cession, & pour iuste & raisonable
recompense, qui presque vint a l’equipolent de
son action, ou aussi que sa partie aduerse fust de beau
coup plus puissante que lui, tellement qu’il aymast
mieux prendre d’elle bonne recompense, qu’auoir
a contendre & proceder contre plus puissant qu’il
n’est. En oultre, ceste mesme cession est dicte vraye
& non feinte, quand quelqu’un cede action a ses he
ritiers, ou quand l’heritier cede a son coheritier, ou le
debteur a son creancier en payement de sa debte,
& ainsi d’autres semblables, & sont ces raisons prouées
par. d Si ie possedoye quelque chose, a laquelle
toutes foys deux autres pretendroyent droict, alors
me sera il loisible d’achepter le droict de l’un
9 d’iceux, a fin que ie puisse mieux tenir bon, & me
defendre contre l’autre. Quant au surplus, on dict
cession feinte aduenir en plusieurs manieres, a sçauoir
quand vne action de grande importāce est quit
tée & delaissée pour petite somme de deniers, ou
quand elle est en partie donnée & en partie vendue,
ou quand la cause de la cession n’est exprimée ou de
clarée au contract, ou qu’il n’est dict auquel titre elle
auroit este faicte. Ou quand celui qui reçoit la cession
est vn brouillō & harcelleur, ou quād il n’apparoist
d’autre raison, pour quoy icelle cession auroit
este faicte, sinon pour vexer & trauailler partie aduerse.
Quād on doute si la cession est vraye ou feinte,
on presume tousiours celle estre simulée, qui n’est
10 de nulle efficace, & n’opere rien qui soit. Consequē
ment, si le Pere cedoit a son filz estudiant en vne
vniuersité priuilegée l’action de quelque bonne
grosse somme, telle action seroit trouuée fraudulen
te, & conferée en main plus puissante: Car l’estudiant
ou clerc est estimé plus puissant que l’homme.
a cause du priuilege de l’Vniuersité dont il iouist, &
a raison aussi de son office, pour cause duquel il obtient
ledict priuilege. e Mais si la susdicte cession estoit
de quelque petite somme, alors elle seroit dicte
bonne, & qu’elle auroit este legitimement faicte, &
auecques bonne foy, seulement pour la sustētation
entretenement & despens des estudes dudict escolier,
& nullement auecques intention de defrauder
11 quelqu’un. Estans les parties en controuerse, ne
leur est aucunement loisible contracter de cession

auecques leurs Aduocats, n’I au contraire, comme
aussi ils ne peuuent transporter que’que tierce, sixies
me, dixiesme, ou autre partie competente, ou chose
quelconque qui fust de leur droict ou apertenance,
ou en quitter quelque portion, principalemēt si l’Aduocat
en demandant ou tirant pilloit & greuoit la
partie de son plaidoyant auecques son grand domage.
f Aussi n’est-il aux parties loisible de contracter
ou accorder auecques les Iuges. Et s’ils faisoyent de
ceste maniere quelque paction ou contract, tel contract
seroit nul, & deuroit l’Aduocat estre priué de
son office, & oultre ce puni de peine arbitraire. g En
laquelle loy est dict que tels Aduocats doiuent estre
priuez de leurs offices par le droict, ou sont plusieurs
allegations mises en auant. Et la raison pour quoy
tel contract n’est de valeur, est pourtant qu’il irrite
& prouoque l’Aduocat a delinquer. Car l’Aduocat
qui espereroit ou penseroit en son courage, qu’il auroit
part de ce qu’il poursuiuroit, il seroit a craindre
qu’il ne postulast par calomnie & faulseté. Et pourtant,
soit qu’il fist paction du Proces entierement,
ou bien de partie & portion d’icelui, il y a tousiours
vne mesme raison & esgard.
a
l. Singulari & notabili. Si per impressionem & l. final.
C. de his quae vi met. causs. gest. sunt & c. Super
eo. cum gloss. parua super verbo oppressionem, extra de renunciat.
b
l. Prima & secunda ff. de alienat. iudic. mutan. cau
sa facta.
c
l. Lite pendente C. de litigios.
d
Singularem l. diuersas C. Mandati.
e
c. Si diligenti. extra. de foro competen.
f
l. Si qui C. de postulan.
g
Gloss. in verbo Arceantur, in d.l. Si quis dicit.
h
Hanc rationem habet additio glossae in verbo immensa,
post finem, in d.l. Si qui.
E3 CHAPIT.

54 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE L.
Du Relief, ou Restitituon.
Sommaires.
1 Relief sont quelques foys demandez
Deuant le Proces intenté.
Apres le Proces intente.
2 Qui veut impetrer Reliefs
Auant le Proces, ce qu’il doibt remonstrer,
&
Au mesme Proces, ce qu’il doibt prouer.
3 Reliefs sont octroyez par
Le Prince seul.
Le Chancelier.
Le Parlement.
Tout Iuge ordinaire, apres cognoissance de cause.
Reliefs, ou Restitutiōs en entier, ou Requestes
ciuiles se doiuent impetrer quelque foys deuant,
& quelque foys apres le Proces cōmencé.
Et quand aucun veut impetrer tels Reliefs, il faut
premierement qu’il soyent fondez sur equité. a Et
sont seulement donnez pour secours, defaillans autres
remedes. b Aussi sont en iceux requises legitimes
cognoissances de causes. c Item les causes alleguées
doiuent premieremēt estre prouées. d Doncques
auant le Proces intenté, ceux qui auront a obtenir
2 vn Relief, diront que par oubliance, par faute
de diligence, ou par mesgarde & nonchalance, par
laps de temps, ou par semblables causes ils sont renduz
inhabiles, ou qu’ils ne sōt encores fondez pour
3 entrer en Proces & plaider. e Mais apres que le Proces
est cōmencé, celui qui voudra demāder le Relief,
dira que quand l’action est mal intentée, que la con
clusion se prent mal, ou qu’il y a que;ques points qui
de cōmencement ont este mal inferez, ou qui n’ont
este touchez, qu’il y a autres causes, qui puis apres &
de nouueau sont venues en euidence & lumiere, ou
alleguées ou obliées. Item que la cause auroit este
interrompue, que contumace auroit este donnée, ou

permise estre donnée, & autres semblables escuses,
4 & allegations. f Au demourant ces Reliefs ou restitutions
peuuent estre depeschez seulement par le
Prince, ou son Chancelier, ou son grand Conseil de
Malines. Et combien que le seul Prince comme Iuge
souuerein, ait reserue a soy ceste auctorité de restituer
& releuer, si est ce, pourtant que tous iuges
ordinaires peuuent de droict octroyer ce Relief en
vertu de leurs iurisdictions, mais auecques cognoissance
de cause. g Mais ceste puissance de restituer ou
bailler Relief, ne peut point competer aux arbitres.
h
Mais suiuant le stile est necessaire d’auoir & obtenir
puis apres la grace du Prince.
a
l. Prima ff. de minorib.25. annis.
b
l. In causae 2. ff. eodem titu. de minorib.25.annis.
c
l. Omnes ff. de restitu. in integ.l. verum §. Sciendum.
& l. Minor autem magistratus ff de minorib. 25. annis.
d
l.Nam postea §. Si minor ff. de iureiurand.
e
§. Rursus, & ibi Angel. Areti. & Iason. institut.de actionib.
f
c. Finali iuncta gloss. in verbo Nouis defensionibus extra
de in integrū restitu. l. Inter minores ff. eo. tit. de restitut. in
integ. & l. Ab eodem C. Quomodo & quando Iudex senten.
profer. debeat. Speculum admodum latè in titu. de restitut.
in integ. lib. 2. particula. 3.
g
l. Prima & finali C. vbi & apud quem cognitio in integ.
restitut. agitanda.
h
d.l.final. Specul. lib.2. particul. 3. titu. de restitu. in integr.
folijs 209.210.
CHAPITRE LI.
De Prescription ou Laps de temps.
Sommaires.
1 Q’uest Prescription de temps.
2 Prescription de temps a este ordonnée pour euiter Proces.
3 Prescription selon la diuersité des causes, est aussi diuersement permise.
4 Personelle de droict ciuil 30. ans.
5 Proprietaire. 30. ans.
6 Action Reelle Hypothecaire. 40. ans.
7 De seruitude. 10. ou, 20. ans.
8 Coustume de lieu 5. ans.
9 Priuilege pacifique Se prescript en 30. ans.
10 Action de Deception de meuble. 3. ans.
11 Rescision de contract. 2.ans.

12 Obligation facte par force & c. 1. an
13 Parole iniurieuse. 1.an.
14 Doll & mauuaise foy. 2.an.
15 Argent non paye ou compte. 2.an.
16 Auoir deliurance de la chose acheptée. 6. iour
17 Action

CIVILE. 55
17 Chose non deliurée 1.an.
18 Erreur faict au compte. Iamais.
19 Intenter Complainte. 1.an.
20 Prendre Possession d’heritage. 1.an.
21 Accomplir testament. 1.an.
22 Faire appellation. 10.iours.
23 Action de Relief ou Restitution. Se praescript en 6. sepmaines.
24 Executer appellation. 12. sepmaines.
25 Reformation. 1.an.
26 Remissions de Princes. 1.an.
27 Executer sentence. 1.an.
28 Contre Tuteurs de mauuaise foy. 1. an.
29 Des absens contre les administrateurs. 1.an.
30 De rescisions en France. 1.an.
31 Cathalogue de toutes prescriptions par figure. 10.an.
Ayant a traicter du Laps ou de la Prescriptiō
de temps, iay trouue bon de declarer premierement
quest’ proprement Prescriptiō,
car sur ce point de definition, cōe sur vn fondemēt,
1 est tout la reste appuyé. Prescription est doncques
vne exception, prenant son essence de temps, cōme
tesmoigne le Seigneur Roger, en son abrege, ou som
2 maire des diuerses prescriptions chapit.1. Car les
droicts, & auec iceux l’usage, stile & coustume, ont
voulu aux proces futurs, tout ainsi, qu’a toutes autres
choses assigner certain terme & espace de temps, oul
tre lequel, ne seroit a aucun loisible entreprendre ou
intenter aucun Proces, pour quelque chose que ce
fust, sinon que pour certaine raison, il fust releué par
le parlement du Prince, ou par benefice du Conseil
& ce principalement pour troys causes. Premierement
a ce qu’il y eust quelque foys vne fin & terme
establie de toutes choses, causes & Proces quasi immortels,
a fin qu’ils n’excedassent les limites de la vie
des hommes. a En second lieu, a fin que les parties
ne fussent tousiours en suspens de leur droict, mais
qu’elles fussent vne foys seures d’icelui. Tiercement,
(comme dict l’Empereur Iustinian) b . a ce que les
domaines & apertenāces des choses ne fussent incer
3 taines. c Au surplus la prescription naist és diuerses
matieres, & suiuant quelles sont, il y a aussi diuerse

4 prescription de temps. Car toutes actions personelles
sont par le droict ciuil tousiours prescriptes en l’es
pace de trente ans, soit qu’aucun les ait possedées auecques
5 bonne ou male foy. d Et suiuant aucunes
coustumes, le temps de xx. ou xxi. ans, & non plus
longuement. Mais quant aux actions realles proprie
taires, elles durent xxx. ans & non plus. Mais les actions
reales Hypotecaires durent quarante ans &
7 non plus longuement. e Touchant la reale matiere
des seruitudes nous lisons le temps estre constitué
entre presens de dix ans, & entre absens de vingt.
8 f Quant est de la prescription de la coustume locale,
9 il fault qu’il y ait l’usage de cinq ans. Mais a ce
que par priuilege on prescriue a aucun, est requis
qu’il y ait eu premierement possession pacifique &
10 vsage de xxx.ans. En deception choses mobiles, l’action
dure troys ans seulemēt: Car les troys ans passez
les meubles demeurent a celui qui les a vsurpez.
11 g En Rescision de contract ou la deception est d’ou
tre la moitie de iuste pris, l’action dure par l’espace
12 de deux ans. L’action des obligations qui ont este
faictes par force, menasses ou autre cause, ou crainte
(qui peut aduenir a vn homme constant) dure par
13 l’espace d’un an. Dure semblablemēt vn an l’action
qui est intētée en matiere d’iniures. Car apres l’an de
14 uolu elle ne peut estre intētée. h L’action de Dol, de
male foy, ou de Deception doibt estre instituée &
intentée dedans deux ans, & non au dessus, ou bien
ainsi. L’action de dol expire en l’espace de deux ans
a compter continuellemēt des le temps du dol com
mis, & se passe ce temps ♣ pout celui qui est absent &
ignorant. I L’action ou exception d’argent non
nōbré, ou paye, dure seulement l’espace de deux ans,
lequel terme passe, elle ne peut plus estre introduite
ou intentée, si ce n’est par le benefice de l’aage ou absence.
16 k L’action qui s’intente pour auoit deliurance
d’une sienne chose, laquelle on a acheptée, se doibt
instituer dedans six moys, a compter du iour de l’achapt.
17 Le plaintif de n’auoir faict deliurance suiuant
le contract faict de l’achapt doibt estre faict dedans
18 l’an. Et quant a la faure & erreur qui se commet en
comptant & calculant vne somme, l’action qui en
prouient, ne se prescript iamais, ains dure perpetuelment,
selon l’opinion d’aucuns. Toutes foys il en y a
d’autres qui dient qu’elle se fine dedans l’espace de
trente ans, comme nous auons faict mētion au Refuge

des pupilles au tiltre du compte des Tuteurs &
Curateurs, du temps, maniere & forme d’icelui com
pte, fueillet 75.nomb.17.18.19.20.21.& les suiuans,
que les Lecteurs pourrōr voir. Pour intenter Com
plainte est requise la possession annalle. Quiconque
se voudra porter pour heritier en vne maison mortuaire,
il le deura faire dedans l’an. Car le droict de
deliberer quant a la prise de possession d’un heritage,
ou bien quant a le quiter, ne dure qu’un an seulemēt.
20 m Execution de testament ou derniere volonte se
doibt faire dedans l’an, ou autrement les heritiers debouter
oyent les executeurs de leur office, & en baillant
caution prendroyent sur eux la charge d’executer.
Et si, tant les executeurs de testament, que les heritiers
estoyent trop nonchalans d’acomplir ledict
testament, apres qu’ils en auroyent pris la charge, en
ce cas ils deuront estre cōtrains par l’Euesque, a ce
qu’ils mettent a fin & execution la volonte du testateur.
22 n L’appellation se doit interietter dedans le
terme de dix iours a prendre du temps de la sentence.
23 Et quant au temps de restitution ou releuement
24 il est de six sepmaines. Le temps d’executer l’appellation
25 s’estend aussi iusques a six sepmaines. Le teps
de reformation est establi a an & iour. Nuls mande
mens, nulles sentences, nuls reliefs, nulles remisiōs,
& pour abreger, nulles autres lettres beneficiales, ou
prouisions de graces ou iustice durent en vIugeur
plus d’un an, car si dedans l’an elles n’estoyent interinées,
& mises a execution, elles ne seroyent d’aucune
27 valeur. La sentence du Iuge doibt estre executée
dedans

56 LA PRACTIQVE.
dedans l’an, comptant du iour qu’elle a este donnée.
28 p Si par nonchalance, malice, ou peu d’experience, &
entendement des Tuteurs ou Curateurs, les Pupilles
ou Mineurs d’ans eussent souffert quelques domages
ou griefs durant le temps de la tutelle ou minorité,
en ce cas est ausdicts pupilles & mineurs
donne, apres qu’ils seront vsans & iouissans de leurs
droicts, vn an entier, dans & durant lequel, pourrōt
impetrer Relief, & requerir d’estre remis en de leur
droict, pour intententer action contre leurs Tuteurs
& Curateurs du domage qu’ils ont souffert, & leur
Tutelle ou Curatelle qui n’a este administrée a la
29 bonne foy. Tel regard a on aussi quant aux absens,
& ceux qui ont este en voyage: Car en leur donne
semblablement vn an d’espace apres leur retour, a
ce que dedans ledict an ils se facent releuer. Mais il
fault noter ce point quant aux Reliefs, & Restitutiō,
que combiē que iadis (comme ici a este dict) on eust
sans plus vn an de terme pour leur Relief de ce qui
auroit este obmis ou delaisse par mesgarde, toutes
foys la posterite a estendu ce terme iusques a quatre
ans, dedans lequel temps on pourra se faire Releuer
& Restablir en son droict, & sans faire plus lōgue di
lation, sinon pour cause iuste & legitime. q Mais en
France ce temps a este estendu & prolongé plus lon
30 guement Car la fut ordōné & establi, il y a plusieurs
années, que toutes rescisions de contracts ou autres
actions qui sont fondées sur dol, circōuention, crain
te, sur violance, ou deception d’outre la moitie de iu
ste pris, fussent prescriptes en l’espace de dix ans, a
compter du iour du contract, non obstant tous statuts,
coustumes, ou autres ordonnances a icelle contraires.
Mais ceste ordonnāce & dilation d’un si long
temps, n’a iamais este receue ni vsitée en Flandres.
Et quant aux Prescriptions qui sont ça & la esparses
par tout le corps du droict, nous les auons ici sommairement,
& clairement assemblées & distinguées
en la table suiuante.
a
l.Properandum, in exordio. C. de indic. & l. finali. ff.
pro socio.
b
Institut. de vsucap. ad initium.
c
Et l.prima cod. titu. de vsucap. quae ratio etiam reperitur
& citatur in cap. Vigilanti cum gloss. super verbo. Segnitiem

extra. de Praescript.
d
l.2. circa medium. C. de constitut. pecu. & l. 1.§. ad
haec. C. de annal except. & l. Sicut & l. Cum notissimi, de
Praescriptionib. xxx. vel xl.anno.
e
d.l. Cum notissimi, & ibi. Bart. & Bald. eorumģ3 séquaces.
f
§. Primo Institut. de vsucap. & long. tempo. praescript.
g
§ Primo Institut. de vsucap. & long. tempo. praescript.
h
Si non conuitij.C. de iniur.
i
l.vltima & ibi. Salic. & Alex. C.de dolo malo.
k
Solemni ac notabili l. in contractib. in Prin. & ibid.
Bald. & alij Scrib. C. de non numer pecu.
l
fol. 75. nombres 17.18.19.20.21.
m
l. Scimus §. Sin autem a locis. C. de iure deliberand.
n
c. Si baeres de testament. & c. Tua nobis. & c. Ioannes
extra de test amen.l. In commodato §. sicut ff. commodati.
l. Si quis alicui §. Qui suscipit mandatum ff. mandati. l.
Inuitus. C. de Procuratorib. & l. tertia. §. primo ff. de arbit.
o
Autentica Hodie. C. de appellat. & intra quae tempora.
§. primo colla. 4.c. Anteriorum 2.q.6.c. Significauerunt
extra. de testibus 7 c. Cum dilectus in fine extra de
electis.
p
Vt sunt textus in c. Significasti & in c. Pastoralis extra
de officio delegat.
q
Iuxta gloss. & Doctores, & precipuè iuxta Iasonem in
§. Rursus Institut de actionib. Gloss. & Doctores, maximè
Bartolus in l. final. ff. de in integ. restitut.
a l. Capite quimto ff. ad l. Iuliam deadulter.
b l. Litigatoribus. C. de appellationibus.
c l. Aediles. §. videndi ff. de aedil. aedict.
d
l.vlt. C. de erro. aduoca.
e
l. Et si post tres. ff. siquis cautionibus.
31 Prescription.
f
Autenti. Sed neque C. de sepulc. violat.
vbi dicitur. Sed neque ante nouem dies ab
obitu muner andos & c.
g
Autentic. Hodie. C.de Appellat. & in Autentico.
de appellat. & intra quae tempora §.1.
in princip. colla. 4. constitut. 2. vnde d. Autentica
deprompta est.
h
Et l.1.ff.de itiner. actu. priua.
I
l. Si quando C. de testi.
k
Autenti. Offeratur.C. de litis contesta.

iuncto Autentic. de exhib, & introduc. reis §.
Sancimus colla.5. constitu.6.
l
Vt l. in contractibus. §. Super caeteris C. de
non numerata pecu.
Elle est de vingt & quatre heures au mari qui a captiué l’adultere
surpris auecques sa femme. a
D’un iour, a celui qui estant dissoute & rompue la forme de Proces,
n’a voulu appeller, car s’il n’appelle incontinent, il ne doibt puis
apres estre oui sans libelle. b
De deux iours, asçauoir quand aucun a vendu vn Cheual tout pa
re & enharnasche, mais il n’a point en le vendant faict mention de
fourniture.
Et pourtant s’il a deliuré le cheual a l’achepteur auecques son ornement,
& que dedans deux iours il ne redemande point ledict ornement
ou garniture, il dechet lors de l’action de repeter, & l’ornement
auecques le Cheual achepté suit son achepteur. c
On permet troys iours aux Aduocats, ausquels est loisible corriger
leur erreur dedans troys iours. d
A qui a promis representer vn homme en iugemēt a iour certain
est concede l’espace de cinq iours, & toutes foys ne le peut exhiber,
apres lesdicts cinq iours. e
Il y a neuf iours, pour ne conuenir aucun, pour la personne
d’un defunct auant les neuf iours, les contant des le trespas d’icelui. f
De dix iours. g . suiuant l’Autentique ci alleguée, de laquelle le cōtenu
est tel. Mais au iourdhui est a vn chascun concede l’espace de
dix iours a conter depuis la reuocation de la sentence. h
De quinze iours, comme quand tesmoins sont produits. i
Vingt iours, a celui qui veult contester en cause. k
De trente iours, comme du crediteur qui a escript auoir receu
son deu. l
m §. Qui

CIVILE. 57
m
§ Qui autem Institu. de excusat. tuto.
n
vt Autentica libellum C. de litis contesta.
o
vt l. Iure matiti C. Ad l. Iul. de adulte.
quae lex canonizatur in c. Aliquando 2.q.4.
p
l. Quod si nolit. §. Si quid ita vaenierit
ff.de aedil. edic.
q Vt l. Si bonorum C. Qui admit. ad bo.
poss. possunt. & §. liberis itaque. Institu. de bono
possess.
r vt l. Debitoribus ff. de re iudicata.
s vt l. 1. C.dilationibus,
t vt l.2.C.de vsur. rei iudica.
u
l.2.C.de aedil. edic.
x
vt l. Scimus C. de Iure delib.
y
vt l. Sciendum §. vltimo ff. de aedilit.
edict.
z
vt l. vnica. §. cum autem C. de reivxor.
acti.
aa vt l. Emancipata. C. Qui admitt. ad
bo.poss. possunt.
bb vt l. In contractibus, in principio. C de
non num. pecu.
cc vt l. Cum apud C. de bo. auto iudic.
possi.
dd vt Institu. de vsuca. in princip.
ee vt l. vlt. C. de temporib. in integ. restitu.
Prescription.
ff vt l.1. C. de quadr. praescript.
gg l. Si quis filim C. de inofficio testam.
hh vt l. de statu. defunct. p.q.q.
ii l. Adulter. C. ad l. Iul. de adulter.
kk vt l. Si infanti C. de Iure deliber.
ll
vt C. de Praescrip.l.t.& de Praescrip.
xxx. annorum.
mm
l. Si frater C. Qui testa. fac. poss.

nn
l.1.§. Initium autem ff. de postulando.
oo
Vt institu. quib ex cau. manu non lic.
pp
Vt l. vltima C. de his qui ve.aeta. impe.
qq
Vt ff. de adopt.
rr
C. de Episco. & Cleri. Alia in Autentica,
Habita C. ne fili. pro Patre.
ss
Vt l. 3. ff. de adopt.
tt
l. Maiores septuaginta annis à tutelis &
muneribus vacant ff. de iure immunit.
vv l. vt inter diuinum, & Autentica. Quas
actiones C. de sacrosanct. Eccles.
xx l. Imperialem decet solertiam, & c. de
prohibita feudi aliena. per Frede.
De cinquante iours, qui sont dōnez au Tuteur pour s’excuser. m
De deux moys. n
De soixante iours vtilles, qui sont ordonez au mari voulant accuser
sa femme de son droict de mariage. o
Autre Prescription de soixante ♣ ious vtilles, quand aucun achepte
quelque chose, par telle condition que si la chose, ne lui plaist,
marchénul, & est la chose tenue pour acheptée. p
De cent iours, asçauoir, pour demander la possession des biens. q
De deux ou de quatre moys, a sçauoir, si tu as promis de t’exhiber
sans escritures. r
De troys, six, & neuf moys. s
De quatre moys apres la sentence donnée, a ce que les vsures
courent. t
De six moys, comme redhibitoire. u
De huit moys pour faire Inuentaire. x
Annuelle, comme la Prescriptiō estimatoire & rescissoire & de
combien moins. y
Iadis elle estoit annuelle, de deux ans, de troys, laquelle est auiourdhuy
abolie par action ex stipulatu, ou de contract. z
Annuelle, qui est donnée aux peres, meres & a leurs enfans, pour
demander la possession des biens. aa
De deux ans, comme de dol & du debteur, qui a escript qu’il a receu
l’argent. bb
De deux, ou de quatre ans, par laquelle les Crediteurs estans mis
en possession de biens, se defendant des autres. cc
De troys ans en vsucaption de choses mobiles. dd
De quatre ans, qui est donnée pour acomplir la resstitution, ou
relief de bas aage, laquelle est aussi auiourdhui donnée pour l’an
vtille. ee
De quatre ans, a ce qu’on ne procede contre les deniers dediez

aux choses sacrées. ff
De cinq ans, comme de plaintif de testament faict contre l’office
& c. & donation faicte par l’administrateur. gg
De cinq ans, a ce qu’apres cinq ans, on ne s’enqueste de l’estat
des deffuncts. hh
De cinq ans, a ce que l’adultere apres le terme de cinq ans, (qui
doibt estre nombré continuel) ne soit accuse de mesme adultere. ii
De sept ans, quand on demande s’il auroit este enfant ou non, a
ce que pour ceste cause elle ait effect. kk
De dix & vingt & trente, & quarante ans. ll
De douze & quatorze ans, quand est question s’aucun estoit en
aage de puberte ou non, & ce a fin qu’il face testament. mm
De quatorze ans, a fin que Prescription de trente ou quarante
ans ait cours.
De dixsept ans, ou il est question si aucun peut postuler. nn
De dixsept ans, quand on s’informe a’aucun peut affranchir. oo
De dixhuit ans, cōme si vne femme impetroit licence daage. pp
De dixhuit ans, quand on demāde si quelqu’un peut adopter. qq
De vingt & cinq ans, a ce qu’il soit maieur & d’aage legitime.
De cinquante ans a ce quelle ne soit ordonnée diacre. rr
De soixante ans, a sçauoir de celui est arrogue par le Prince. ss
De septante ans, qui excuse les homes fort aagez, de toute charge
de tutelle, & offices publiques. tt Mais celui qui seulement est
entré en l’an septantiesme, & ne l’a encores passé, icelui ne iouira
point de ceste excusation ou vacation, pourtant que celui na pas encores
passé septante ans, qui commence le septentiesme.
De cent ans, qui seulement compete a la cite de Rome, a l’Eglise
& choses ecclesiastiques. vv
La perpetuelle est sans prefinition de temps, c’est a sçauoir en
fiefs, en constitution de fiefs. xx
Et si quelqu’un desire lire d’auātage quant a ceste matiere de Prescriptions, lise l’abregé
ou Sommaire de diuerses Prescriptions, auec le dialogue & catalogue d’un ancien
Docteur digne de memoire immortelle D. Roger, semblablement le traicte des
Prescriptions d’un trescelebre Docteur és droicts le D. Dynus de Mugilo. Lise
Prescriptions. Car toutes matieres de Prescriptions tant canoniques que Ciuiles sont en
icelui traictées & declarées fort diligemment.
CHAP.

58 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE LII.
Difference entre Relief & Requeste ciuile.
Sommaires.
1 Par Relies & L’impetrant paruient a Sa demande, si son narré est vray.
2 Requeste Ciuile L’arbitrage du Iuge.
Item.
3 Relief & Sont octroyez en choses faciles a restituer.
4 Requestes Ciuiles en choses difficiles a restituer.
5 Enterinement de requestes se font en Flandre au Conseil de Cand.
6 Les enterinemens sont par soys renuoyez a Iuges inferieurs.
7 Enterinemens sont obligez aux despens propres & de partie.
8 Il est permis aussi a l’une Partie qu’a l’autre d’impetrer requestes.
1 IL en y a plusieurs qui cuident que Relief & Re
queste Ciuile soyent vne mesme chose, entre
lesquels toutesfoys y a grande difference. Car
par le Relief, celui qui en est impetrant, suiuāt la remonstrance
de sa cause, & moyennant que le narré
de sa requeste soit fonde en verité, est toutalement
2 releué & restitué, ainsi qu’il demande. Et par la Requeste
Ciuile, est seulement faict vn Relief tel quel,
comme qui depend de cognoissance de cause, & a
ce que le Iuge face telle grace (Partie ouye) qu’il pen
3 seroit en conscience que le Prince feroit. En oultre
les Reliefs ou Restitutions en forme, sont communement
concedez & octroyez a cause de telles choses,
qui facilement admettent Restitution, comme
sont d’interruptions de Proces, de simple contumace,
de poser & verifier nouueaux faicts, & pour faire
nouelles productiōs, & ainsi de semblables esquelles
n’est point necessaire vne si diligēte recherche & pro
4 batiō. Mais les Requestes Ciuiles se dōnēt en choses
qui sont plus difficiles a releuer, a sçauoir des sentēces
qui sont vuidées & adiugées: és Prescriptions de lōg
temps, & és autres choses, esquelles la Partie aduerse
pourroit estre deboutée sans estre ouye & dechoir
5 de son droict. Quant au demeurant l’interinement
de la Requeste Ciuile en Flandres, se faict tousiours
au Conseil d’icelle Flandre, de l’office du Prince.

Car tour ainsi que Releuer, Restituer, & faire grace
apertient seulement au Prince, aussi apertient – il au
seul Prince d’entreprendre l’enterinemēt, ou en son
nom, a son Conseil a ce deputé, lequel nous auons
dict estre assis en Flandre, en la ville de Gand.
6 Toutes foys, si y a – il aucuns Iuges inferieurs en
Flandre, ausquels, ce requerans, a par grace este octroye,
qu’ils peussent faire le susdict enterinement.
Qui plus est, les mesmes conseillers du Conseil susdict,
quelque foys en admettant la Remission, remettent
tout le negoce & cause a iceux Iuges subalternes
ou pedanées, leur commettāt le Relief & enterinement
de la requeste, & ce auecques consentemēt
des Parties, ce que toutes foys ne leur est con
ferme au Parlement ou grand Conseil de Malines.
On dict d’auantage qu’il y a plusieurs ans passez,
que les quatre membres, ou Estats de Flandres, obtindrent,
fust de Prince, ou par vne coustume enniallie,
qu’ils peussent interiner Requestes Ciuiles,
de la quelle Prerogatiue toutes foys ils n’ont oncques
vse (si iay bonne memoire) l’espace de vingt
ans ou enuiron, comme i’ay oui par la seule relation
de mes ancestres, au temps que ie fus Conseiller
en la ville de Bruges, & pourtant ie n’ay rient
7 qu’asseurer en cest endroict. Aussi fault – il noter
ce point quant aux Requestes & Reliefs impetrez
par le suppliant, c’est qu’ils sont chargez du payement
de despens de retardation de Proces, aux taux
& calculation du Iuge. Mais pour autant qu’a cause
de l’impetration de ce Relief la Partie aduerse, est
beaucoup retardée de l’expedition de Iustice, par apres,
d’auant qu’a cest cause, elle doibt soustenir
plusieurs fraiz, despens, & domages, pourtant est
qu’au Parlement de Paris a tousiours este en vsage,
que toutes & quantes foys qu’une requeste Ciuile,
ou Relief auroit este practiqué, presenté, & impetré,
& puis quand apres les escritures, auoyent este exhibées,
seruies, & deliurées, (de sorte que la Partie aduerse
estoit aussi contrainte faire nouelles escritures
ou additions a icelles) que lors ils condanoyent l’im
petrant du Relief tous despens des nouelles escri
tures, & nouelles additions, nouelles enquestes, ou
informations que la Partie aduerse seroit de noueau
tenue faire, a cause de telle impetration de lettres.
Ce qui aussi commence puis peu de temps a estre
practiqué au Parlement & grand Conseil de Malines,

ce qui y est maintenant tour vsité& ordinaire.
8 Il est aussi que toutes Restitutions, ou Reliefs,
& Requestes Ciuiles contiennent, & ont cela
annexé auec elles, que Partie aduerse pourra aussi
en cas semblable impetrer pour soy Requestes &
CHAP.

CIVILE. 59
CHAPITRE LIII.
Du Iuge Competant.
Sommaires.
1 Qui veut intenter Proces, doibt aduiser si le iuge est competant.
2 Es actions personelles, le Demandeur doibt suiure le lieu iudiciaire & auditoire du
Defendeu♣
3 Es actions Reeles, le Demander suit le iuge du lieu ou les choses sont.
4 Le Defendeur peut estre conuenu deuant vn Iuge estrange
En cause de mariage.
En causes testamentaires.
En cause d’heresie.
En cause de Simonie.
En matiere d’usure.
En adulteres.
En fornications.
En matiere de nouelleté.
5 En cause de prester sermet, les homes laiz doiuent conuenit deuant le Iuge
Ecclesiastique , ainsi qu’il afferme & asseure.
6 Quant aux contracts aussi, le Defendeur peut estre conuenu deuant Iuge estrange.
7 En matiere de malefices, le Defendeur peut estre appellé pardeuant tout iuge que ce soit.
8 L’accusé qui est soubz plusieurs iurisdictions : peut estre conuenu en laquelle que bon
semblera.
9 Estudians es Vniuersitez, sont seulement citez, ou ils veulent.
10 L’accusé, ou ses biens, peuuent estre arrestez en villes priuilegiées.
11 En matiers de fiefs, tous doiuent suiure la Court des Pairs.
12 Le possessoire doibt estre demonstré par le Prince ou par son Conseil.
13 Le Defendeur qui est seul & vniuersel qeritier, doibt estre conuenu deuant le Iuge du
lieu de la maison mortuaire.
14 L’accuse ou Defendeur peut estre cité pardeuant le Iuge, auquel il s’est soubmis.
15 Clercs se peuuent soubmettre a tous iuges.
16 Clercs ou ♣ estudiaus és ♣ Vuiuersitez peuuent faire conuenir leurs debteurs en leur
Vniuersité.
17 Ceux qui n’ont certain domicile , peuuent estre conuenuz par tout.
18 Les vefues & persones miserables, peuuent conuenir les debteurs en tous lieux.
19 Causes priuilegiées, suiuent le Conseil du prince.
20 Si le iuge soubz qui est l’accuse , refuse faire droict , le Demandeur peut conuenir
l’accusé pardeuant son ♣ Superieu.
21 En matiere de compromis le Defendeur est tenu respondre deuant l’arbitre.
1 Qviconque voudra mouoir ou intēter Proces,

doibt auant l’instituer , diligemment
considerer , si le Iuge deuant qui il veut
proceder, est competent, & legitime pour cognoistre
de la cause, comme ci dessus a este dict au chap.
2 17. Et pource est a sçauoir, que selon la coustume ou
Droicts, tousiours és actions personnelles, le Demandeur
est tenu suiure le lieu iudiciaire du Defendeur.
a Parquoy si quelqu’un veut tirer & faire con
uenir vn autre en iugement, soit clerc, soit lay, il ne
le fera point adiourner pardeuant son Iuge, (si ce n’e
stoit qu’il fust iuge aussi bien de l’un que de l’autre)
ains fera adiourner sa Partie pardeuant le Iuge soubz
3 qui elle est. Semblablement és actions Reeles, le
Demandeur doibt suiure le Iuge du lieu , auquel
les biens sont assis ou trouuez. Mais combien
que ceste regle soit generalle, si est ce toutes foys
qu’elle fault en plusieurs cas , comme esquels l’accusé
peut estre cité ou adiourne,non pardeuant son
Iuge, cest a sçauoir en matieres ou causes de mariage.
b En cause de testament, c En cause d’heresie
4 d En Simonie. e En matiere d’usures. f
En fornication & adultere. g En matiere de nouuelleté
& semblables. Item en cause de prester
5 serment. Car en ce cas les hommes laiz peuuent
estre conuenuz & appellez par deuant le Iuge
Ecclesiastique, 7 en court spirituelle, comme les
Ecclesiastiques mesmes, soustiennent & defendant
6 fort & ferme. Item en matiere de contracts ou
promesses, car l’accusé peut aussi astre conuenu
pardeuant celui qui n’est son Iuge, quand il est trou
ué au lieu, ou le contract a este passé, ou bien au lieu
ou le payement a este promis estre faict. h item
7 en crimes & malefices. Car en matiere de malefices
le coulpable peut estre conuenu, voire apprehende
en quelque lieu & per quelque Iuge qu’il soit trouué,
8 a raison du crime commis. i En oultre, Quand
le Defendeur est subiect a plusieurs & diuerses iurisdictions,
alorsil est en l’option & choix des Demandeurs
de faire appeller le Defendeur pardeuant
9 son iuge, ou bien ou il voudra. k Mais ceste reigle
fault quant a ceux qui sont estudians és Vniuersitez
priuilegiées, car ils ont euxmesmes le choix & electiō
d’estre conuenuz pardeuant leurs Iuges, ou parde
10 uāt les Iuges de l’Vniuersité. En Flandre, és villes
qui sont priuilegiées, ils vsent d’une maniere de pro
ceder par arrest, a sçauoir qu’il arrestent la personne,

qu’ils veulent faire adiourner ou citer, ou bien
arrestent les biens d’icelle, tant que celui arreste, don
ne caution qu’il sy presentera & soubmettra a Iugement.
Laquelle caution presentée & receue, a donc
l’accusé doibt la respondre, combien que son iuge
11 n’y soit. Pareillement és matieres ou causes feodales,
tous Defendeurs, tant Spirituels , que
seculiers

60 LA PRACTIQVE.
seculiers doiuent respōdre en la Court Feodalle, ou
Court des pairs, & ce pour choses concernantes, ou
a la proprieté di fief, ou dependences de fiefs, combien
que leurs personnes ne soyent la subiectes ne
12 iusticiables. l Item & au Possessoire tous doiuent
comparoir deuant le Prince, ou pardeuant son Con
seil , a sçauoir quand tel Possessoire est institué par
13 complainte ou maintenue. Le Defendeur peut aussi
estre conuenu par deuant Iuge estranger , & qui
n’est son Iuge, en matiere de succession vniuerselle,
a sçauoir deuant le iuge, ou est assise la maison mortuaire.
14 m Semblablement peut le Defendeur estre
conuenu deuant autre Iuge que le sien, quand il a
consenti a autre Iuge ou Iuges , ou quand il s’est
15 soubmis a tous Iuges & Iustices. Toutesfoys ceste
submission fault quant aux clercs, qui ne peuuent
eux soubmettre & assubiectir a toutes Iustices, Iurisdictiōs,
16 ou Iuges. n L’accusé ou Defendeur peut
aussi estre conuenu pardeuant celui qui n’est son Iuge,
si le Demandeur est tel qui ait priuilege de liberté,
comme sont clercs estudians, & residens en l’Vuersité
priuilegiée, par ce qu’ilz le font a raison du pri
uilege de l’Vniuersité, & peuuent sans fraude faire ci
ter & cōuenir leur debteur au lieu ou ils resident. o
Et a dire vray, les escoliers de Louain vsent de ce pri
uilege contre ceux qui ont leur demeure & habitation
a deux iournées de la ville, lequel priuilege leur
a este octroyé par les les Princes & Papes en faueur
17 de leurs estudes. Debteurs qui sont vagabonds , &
qui trottent ça & la, sans auoir lieu ne demere certaine
ou fixe, peuuent semblablement estre conuenuz
en tous lieux, & par deuant tous Iuges, soubz
la iurisdiction desquelz ils seront trouuez, a ce que
leurs creanciers ne soyent mechamment trompez.
18 p Parquoy il sera tenu de respondre & satisfaire par
tout, & en tout lieu. q La vefue ne plus ne moins,
que toute autre miserable personne priuilegiée,
pourra poursuiure son dote coustumier, ou autre
droict, ou pardeuant le Prince, ou deuant son Conseil,
ou pardeuant les pairs de Court, ou vassaux, ou
mesme deuant tous autres Iuges, quels qu’ils soyēt,
tout a son choix & option. Et autant en doibt on Iuger
19 de toutes autres miserables personnnes. Item le

Defendeur ou accusé doibt estre conuenu & respon
dre au Conseil du Prince , de toutes causes priuilegiées,
comme de violation de foy publicque, Sauueguarde
& Sauf conduit, ou seureté de faict sur faict,
de port darmes defendues , de transport d’armes,
bleds & enmenement de cheuaux hors du pais, de
secours faict aux ennemis, & autres semblables forfaicts,
voire encores apres l’an passé, ou bien quand
le Prince ou son Conseil en ont cognoissance par
preuention, ou bien quand le Prince pour certaines
raisons a voulu & donné charge, que l’ affaire se despeschast
20 au lieu susdict: Car ainsi peult le defendeur
estre conuenu pardeuant le Iuge du Demandeur,
quand le Iuge ordinaire du defendeur aura refuse fai
re droict & administrer iustice audict Demandeur:
car aussi le Iuge du Defendeur peut lors a bō droict
estre suspect au Demandeur, a cause de quoy pourra
icelui Demandeur protester de refus, & decliner ledict
Iuge de Defendeur, & faire dōner iour au Defendeur
pardeuant le Iuge superieur. r Pareillement
en matiere de compromis le Defendeur est obligé
d’aller pardeuant l’arbitre. s Toutes lesquelles choses
& raisons deuant dictes, & beaucoup d’auantage
se trouuent au Speculateur. t
a l. Aditae C.de ordi.iudic.ad hoc est regula traditae in c.
Cum sit gener ale de fo.compet.cum concordantijs
b c. Ex literis de consang. & affinita.
c c. Tua nobis & c. Ioannes ext.de testament.
d c. Ad abolendam ext.de baeret.
e Extra, de Symonia per totnm.
f c. Pro tenore, extra.de vsur.per vniuersum titu.
g c.1.extra de offi.ordi.
h l.haeres absens ff.iudic.
i Autentica. Qua in prouincia C.vbi de criminib. agi ♣por.
& c, final. de fo.compet.
k Vt d.l.haeres absens.
l c. Caeterum.extra.de iudic.
m l.Vnica C.vbi fidei commis.peti oportet.
n c. Significasti extra.de fo.competent.
o Specul.in titu.de conpetent. Iudic.aditione.
p Argu.l.Quod nisi.§.final.ff.de oper.liberto.l.ait Prae
tor §. Si debitorem ff.quae in sraudem credito.
q l.2.§.penult.ff.de Iudic.arg.l.Ciues de incol.li.x.C.
r c.Si quis extra.de foro competen.
s Extra de arbitr.per totum.
t In tuti. de compententis iudicis aditione.

CHAPITRE
De Citation
Sommaires
1 Qu’est Citation, & diuerses appellations d’icelle.
2 Citation est l’entrée & commencement de tous iugemens.
3 Diuin.
4 Citation est fondée endroict Naturel, ou humain.
5 Canon
6 Verballe qui est faicte
Par viue voix du Iuge.
Par le Notaire ou Tabellion.
Par denonciation de Partie.
A cri publicq.
Par Messager verbalement.
7 Literalle, en laquelle sont requis plusieurs poincts.
8 Reelle, ou violente.
9 Nul ne peut estre cité Reellement en matiere ciuile & pecuniaire, sinon & c.
10 Les Magistrats enuoyent la Citation par paroles, mais le Prince par escrit.
1 Tout

CIVILE. 61
1 Tout fondement de proces se faict pour le
plus, & prend son commencement par la
Citation. Citation est doncq vn appel ou
vocation iuridique a comparoir par deuant le Iuge.
Laquelle a plusieurs noms qui ne signifient qu’une
mesme chose a sçauoir Citation, appel en droict, ou
aux plaids edit, monition, action, conuention, & qui
est de tous le plus cōmun, adiournement, desquels
2 termes font mention. a . Or est il que la Citation ou
adiournement est le fondement & principe de lo’rdre
iudiciaire, ou (comme les autres veulent). Citatiō
est le chef & substātial des ordes iugemēs, plaids
& Proces. b Aquoy s’accorde que tout droict prent
son commencement de celle partie, qui est da’ppeller
en droict (Et pourtant la Citation este introduitte
partous droicts, pour la premiere entrée de tous
3 iugemens. Premierement, de droict diuin & naturel
car Dieu, cōme nous auons dict ci dessus) cita Adam
nostre premier pere, cest a dire, il l’appella a soy,
pour former plaintif contre lui touchant la transgression
du commandement, qu’il lui auoit donné,
& pour lui faire payer l’amande de son forfaict com
4 me apert par le liure de Genese. d En second lieu
la Citation est de droict naturel & humain necessaire,
pour l’ordre de procedure & iugemēt, tellement
que par l’omission d’icelle tout droict seroit rendu
nul, & de nulle efficace. e Car la Partie n’estāt appel
lée & ouye, rien ne se peut faire ou ordonner legitimement.
f A cause de quoy la Citation ne peut estre
laissée, ni par le Prince mesme, quelque puissant
F qu’il

62 LA PRACTIQVE
qu’il soit, tellement que de certaine science, ni de ple
nitude de son pouoir, il ne pourroit ni deuroit proce
der en aucune sentence, sans Ciration de la Partie. g
Ou le Pape declare le mesme en termes expres, que
le Prince ne peut de certaine science suppleer le default
de la Citation, ni mesme cōtre son subiect, car
ce seroit lui oster sa defense en iugement, qui toutes
foys est de droict naturel, si quen iugement nous
prestions aux accusateurs vne oreille, & gardiōs l’autre
pour les defendeurs. h Cōme aussi iay faict mention
en la derniere edition du Refuge des pupilles.
5 i Tiercement de droict canon. k Quartement, de
droict ciuil. l Mais il est ici a sçauoir, que Citation
est de troys manieres, sçauoir verballe qui se faict
par viue voix, literalle, qui se faict par escript ou instrumens.
Et violēte ou Reelle. Qui se faict par main
6 mise, prise, ou apprehension. La premiere verballe
se faict ou par viue voix par le Iuge, & quand le Iuge
cite par sa bouche propre. Ceste ci est de grande
force, & efficace, & compulsiue, pourueu quelle se
face, legitimement, qu’aux parties soit assigne certain
terme de comparoir & proceder. m Ou elle se faict
par le Notaire ou tabellion. n Et ainsi bien souuent
sont citez par Notaires les Auditeurs du Palais du
Pape. Car si le Iuge peut citer par vn messager ou
crieur comme nous dirons incontinent, beaucoup
mieux le peut il faire par vn Notaire. Ou bien l’adiournement
se faict par l’une des Parties, comme
les Iuges font bien souuent, disans au Demandeur
ou Defendeur: Di a ta partie aduerse qu’elle compare
a telle heure. Mais telle maniere de citer se peut
raporter au faict plustost qu’au droict, par ce que
la Partie ainsi citée n’est tenue croire son aduersaire.
Ou bien l’adiournement se faict a cri publicq.
Et ainsi les Iuges mineurs ordinaires, & qui sont deleguez
par le Prince, és petites & legeres causes adiournent
les Parties par criz, ce qui n’est toutes foys
en vsage. o Ou ils citent par messager. p La seconde
literalle, a sçauoir.
7 Quand par letres citatoires aucun est par le Iuge appelle

en Iugement pour respondre, & que par icelle
citation appert bien & & tout clairement demonstré
que toutes choses sont legitimemēt parfaictes, &
establies en iugement, si quelqu’un vouloit nier
ladicte citation ou rappeller en doute. Et au regard
de la citation ou adiournement de quelque Iuge que
ce soit qui se faict par escript, elle doibt contenir le
nom de Iuge soit qui cite ordinaire, soit delegué, soit
d’Auditeurs, & le nom auecques le surnom de celui,
qui est cité, & la cause sur laquelle ol est cité.
Item le lieu & iour auquel il est cité, sans oublier le
nom de la personne a l’instance de laquelle il cite,
& que par soy, ou par Procureur legitime & idoine,
& suffisamment instruit en la cause il comparoisse.
8 q La troisiesme Citation est dicte violente ou
Reelle, qui se faict par detention de personne, prise
ou arrestée. r Et quand aucun en propre personne
est mené en iugement contre son grè.
9 Mais il conuient noter ici en ceste Citation Reelle,
qu’il n’i a personne d’entre les Notaires ou officiers
qui puisse citer de ceste sorte, & Reellement en matiere
ciuile & pecuniaire, sans mandement verbal ou
literal du Iuge, & sans requeste & instance de la
Partie. t Pour faire ces troys manieres d’adiournemens,
tous Iuges, Baillifs, & tous Officiers de Preuostz
en Flandres, ont presque tousiours en vsage de
bailler seulement leur consentement d’adiourner
par paroles sans autre commission. Mais és Conseils
de Princes, telle licence ou commission d’adiourner
se baille par escript ou par lettres, laquelle
aussi ils appellent de ce nom commission ou entrée
de Court.
a
loan. Fab. in §.final. Institu. de poena temere litigant.
Doct. in c. Quoniam contra falsam, extra de probat.
in c. final. de elect.lib. 6. lason in l.prima.ff.de in ius vo
cand. Feli. in c. Cum oporteat de accusat.
b
Vt notatur per glosam in rub.ff.de in ius vocand.
& l.prima C.eod. titu. & d.l.finali Iustitu.de poena teme.
litigant.
c
l.Prolataem, & ibi Scribent C. de sentent. & inter locut.
omnium iudicum.
d
c.3.& est text. in c. Deus omnipotens.2.q.1.& firmat
Bartol. in extrauaganti. Ad reprimendum, in verbo
sine figura in 2. colum. de verb. significat. & in Clementi. Pastoralis.
de senten. & re iudica.

e luxta notata in l. de vno quoque ff. de re iudica.
f c. Primo.extra. de caus.poss.& proprietatis.
g Vt est text. in d, Clementi. Pastoralis §. Caeterum
de re iudica.
h Ita astruunt & tenent Cardi. Florent. in c. primo
de caus. poss. & propriet. & D. Abb. in c. Cum olim de re
iudica. & notabiliter Areti. in Consil. clxiiij. incip. Sicut
Ioannes dicit in Apocalypsi in ciij. colum. in fine & sequenti.
i Titu. de Tutor. & Curat. munere. c. 8 numer. 66.
& 37. sol. 37.
k c. Inter quatuor extra. de maior. & obedient.
l l. Arrianus Seuerus. ff. de Iure fisci.
m l. Cessante. C. quomodo, & quando Iudex.
n Arg. 23. q. 4 c. Circumcelliones, ibi. sed illorum
Notarijs.1. officiarijs.
o Vide Specul. de Citatione.
p Vt c. Prudentiam respons. 1. extra. de offic. & potest
iudic. delega. c. Cum parati, extra. de Appellat. & l. magis.
§. illud versum nec tamen. ff. de reb. eorum.
q Vide specul.
r Teste Bartol. in vulgata l. Plerique cum l. seq.ff. de
in ius vocand.
s De qua vide Ioannem Andr. in c. Romana §. contrahentes
de fo. competen. lib. 6.
t Vt in Autentico de manda. princip. coll.3.§.eod.
non permittente, & in l. ad Peremptorium ff. de. iudic.
CHAP.

CIVILE. 63
CHAPITRE LV.
De Commission ou Citation literalle.
Sommaires.
1 Commissions sont baillées suiuant la requeste exhibée.
2 Commission d’adiourner est baillée, ou par
Vne Apostile simple.
ou
Par pleine commission.
3 Qui sont ceux lesquels sont citez par Apostile simple.
4 En commissions
Des Cours de Flandre, la commission des Escheuins va deuant:
du Prince, &
Parlement de Malines › Precede le mandemant du Prince.
5 La difference des commissions est limitée selon la diuersité des iurisdictions.
6 La cause de l’adiournement doibt estre inserée es commissions.
7 Commissions de Iuges sont disposées suiuant le narre de la requeste.
8 Quand l’adiournement ou Citation se faict sans mandement
9 Quand la Citation se faict par mandement de Iuge
10 Mandement d’adiourner
Simple, est seulement minatoire.
&
Penal, vaut, & est subiect a peine.
11 Appeller a comparoir par lettres closes, est plustost admonester qu’adiourner.
Nous auons au chapitre precedent tracte de
la Citation literale, qui est faicte par lettres
suiuant le mandement du Iuge. Et pourtant
nous appellons proprement telles lettres cōmission,
& disons expedier sa commission & parfaire
ou acomplir sa commission, quand nous entendons
1 de telles lettres. Doncques telle commission est depeschée
par la court, sur la requeste exhibée par le suppliant.
2 Et la charge ou mandement d’adiourner bail
le & concede par telle commission, & quelque foys
par simple Apostile, a sçauoir, par annotation ou adiudication
escrite en marge, accordant ainsi la requeste
du suppliant, & ce quelque foys par pleine comsion
baillée & exhibée sur la requeste du suppliant.
3 Par Apostile sont citez les supposts de la Chambre,

Procureurs des Parties, & aussi tous ceux qui sont
habitans en la ville ou la court est, & en icelle resident,
4 ou bien y sont lors. En Flandre les cōmissions
des magistrats particuliers, & mesme du conseil de
Gand, sont depeschées au nom des Conseillers.
Mais quant aux commissions des Princes & grand
conseil des Malines, toutes commissions sont despes
chées soubz le nom du Prince, & le seul Prince est
mis deuant, parlant & mandant en icelles. Le Conseil
de Gand & de Malines auecques le priué Cōseil
du Prince, despeschent chascun ses commissions,
mais differentement vn chascun selon la l’lmitation
5 de la iurisdiction & puissance que le Prince leur a dō
née & octroyée pour cause, & selon son bō plaisir.
6 Toutes commissions, qui communement sont dictes
entrées de court doiuent estre libellées, c’est a dire,
qu’en icelles doibt estre inseré & narré le cas & cause
de la commission impetrée. Car ame ne peut estre
adiourné sans cause, iusques la, que si en l’adiournemēt
la cause n’est expressemēt declarée, il n’i a point
de litispendence induitte. a Mais quant aux prouisions,
elles sont dōnées par les Iuges dispositiuemēt,
a sçauoir, quelles sont données & reglées iouxte la
\nature de l’action, & suiuant la narration des supplians,
les vnes pour faire l’adiournement sans mandement,
les autres pour adiourner apres le mandement,
apres l’opposition, ou apres le delay, les autres
portent charge de probation, contenans mande
mens qu’on procede en l’adiournement, nonobstant
opposition ou appellatiō, les autres contiēnent man
dement de faire consignation ou garnissement, de sequestrer
vne cause cōtentieuse, & ainsi vnes chascunes cōmis
siōs sont disposées en vne & autre sorte, selon l’arbitre
8 & discretiō du Iuge. On cite bien aussi la person
ne sans aucune charge ou commādement du Iuge, a
sçauoir en toutes causes & matieres vniuerselles de
meubles deuz ou vtensilles pour respondre a telles
conclusions & demandes, que le demandeur voudra
former contre icelle, & requerir sans contestation
en cause. Le semblable est aussi faict en matiere
d’iniures legeres. Item en l’adiournement de Partie,
pour voir adiuger le proufit du default, ou pour
voir adiuger letres executoires, pour voir interiner
remissions, ou autres letres de grace, pour voir faire
9 requestes en iugement, pour comparoir & porter
tesmoignage, & autres choses semblables, toutes

foys ces derniers se fond par mandement du iuge.
On cite aussi quelqu’un suiuant, & par mandement
en toutes causes, ou la personne adiournée a quelque
chose a faire, & doibt estre presente, comme ou elle
doibt reparer, payer, deliurer argent, & faire autres
10 choses semblables par elle mesme. Simples man
demens sans restriction, sont seulement comminetoires,
car ils fe departent & euanouissent par vne
seule opposition. Mais les mandemens qui emportent
peine, ou qui sont faicts auecques restriction,
pour certaine sont valables & d’efficace, &
ont leur lieu, nonobstant opposition ou appellation.
Et pourtant ne sont ils comminatoires seulement,
mais aussi efficaces, car telle peine viendroit a estre
poursuiuie par le fiscq, en tant qu’on auroit cōtreuenu
aux mandemens. Il aduient que les Parties sont
11 quelque foys euoquées par letres closes du Iuge, a
comparoir a certain temps & lieu, mais telle euocation
ne se doibt proprement dire Citation, ains plustost
vne amiable admonition.
a Vt in Clementi.2. vt lite pendente.
F s 3 CHAP.

64 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE LVI.
De Requisitoires.
Sommaires.
1 Lettres Requisitoires demandent licence a vn Iuge de faire quelque chose par l’autre.
2 Difference entre Commission & Requeste.
Lettres Requisitoires sont lettres Petitoires,
par lesquelles vn Iuge demande a quelque
autre licēce & pouoir adiourner quelqu’un
qui n’est de sa Iurisdiction, mais de cest autre auquel
il demande ledict conge, ou pour mettre quelque
chose a execution qui est en sa iurisdiction, et ce en
faueur et pour plus grande expedition de iustice. Et
2 est la difference entre commission et requeste ou requisitoire
telle, que les commissions sont mandees et
commises aux huissiers ou officiers par le Prince, et
les requestes, ou requisitoires sont demandez & requis
au Iuges soubz la iurisdiction duquel on nest
point.
CHAPITRE LVII.
De Citation en General.
Sommaires.
1 Simple qui se faict par troys foys.
2 L’vne Citation est
3 Peremptoire se faict auec
La premiere & seule Citation.
Seconde Citation, si le Iuge le declare en ces lettres.
4 La troisiesme, qui de sa nature est tousiours peremptoire.
5 Seulement en grandes causes.
6 En Perites quand le Iuge pour cause le mande.
7 Citation peremtoire se faict En matiere d’ Anticipation, Complainte & c.
8 Pour continuer la Partie si elle ne compare.
9 Generalle, en diuers cas.
10 Citation
11 Specialle, cest a sçauoir

Auant contestation en cause.
Apres contestation de cause.
12 Apres la sentence.
13 La Partie doibt estre adiournée pour voir taxer les despens.
14 Adiournement general est en quelques cours vsurpé pour le special.
1 Touchant les citatiōs, les vnes sont simples,
les autres peremptoires. Simples Citations
sont celles, ou se font plusieurs adiournementz,
& ce auec interualles de temps entre l’un &
l’autre adiournement, qui se font par troys diuerses
foys. a Citation, Les citations ou adiournemens
peremptoires sont ceus qui adiournent la partie vne
foys pour toutes, & veulent qu’auec ce seul adiournement,
celui qui est appelle comparer ainsi nōmées
pour ce qu’apres cest adiournement peremptoire il
n’en fault plus attendre d’autres, d’autant qu’elle defaict,
rompt, & anichile toutes autres citations simples
a venir, auecques leurs causes dexceptions, de
maniere que si celui qui est cite auecques vne telle
2 Citatiō peremptoire ne cōparoist, il soit tenu pour
contumax. b Partant les citations peremptoires
aduiēnent en troys manieres. Premierement quand
il n’i a eu nulle simple citation precedēte, ains quelle
est premiere & peremptoire. Le iuge faict le plus
souuent expedier ceste Citatiō de son office, quand
il veut que la Partie, estant par lui admonestée, &
pour cause compare incontinent deuant lui, & a la
premiere euocation, & ne veult qu’il y ait autres Citations
3 suiuantes. Secondement on donne adiour
nemēt peremptoire, quand il n’i a qu’une simple Citation
precedente, & quelle est seconde apres la premiere,
a sçauoir simple, quāt a lo’rdre, mais quāt a la
vertu & efficace perēptoire, en tāt que le Iuge par paro
les expresses la declarée estre perēptoire, c’est a dire,
derniere, mais ceste seconde doibt contenir autant
de tēps que trois Citations simples contiendroiēt. c
Mais quant a ce que le Iuge veult ainsi que la secon
de soit peremptoire & derniere, & qu’il amortist la
troisiesme, il ne le faict point sans raison, ains selon
son iugement, & prudence, iouxte la consideration
des choses, personnes, temps, & de la distance du lieu
il cite peremptoirement la Partie, auecques les secon
des lettres. d Car le Iuge ne pourroit si facilement
enfreindre & casser la tiere Citation, & establir la seconde
peremptoire, s’il n’I auoir expresse necessité,

& que la raison conseillast ainsi le faire. e Car telle
Citation seconde peremptoire a vertu & force de la
troysiesme Citation f Tiercemēt, toute Citation est
dicte peremptoire qui en simples Citation fut la
4 troysiesme, car ceste tierce Citation simple de sa nature,
& par elle mesmes est peremptoire, soit quelle
soit expressement dicte peremptoire ou non. Au
reste, il conuient sçauoir ce point quant aux Citations
peremptoires, c’est qu’en tout negoce graue & d’im
portance, la Citation peremptoire y doibt estre expediée,
& pourtant la premiere Citation, ne doibt
iamais estre peremptoire en causes crues, personelles
ou realles.

CIVILE. 65
ou realles. g Toutes foys la Citation peremptoire
en causes qui sont legeres, ou de petite importance
6 & dommage, si en la cause on procede simplement
& de plain porra estre peremptoire. Ou quand (cōme
7 iay dict) le iuge, a cause des personnes, lieux, &
autres circonstances le commande ainsi. Mais es
matieres d’anticipacion, desertion, appellation, seurete,
complainte, maintenue, la premiere, citation est
tousiours & delle mesme peremptoire comme est
8 aussi la citation pour oyr droict. Au surplus en toutes
citations peremptoires, & qui se font auec intimation,
on cite la partie, si elle ne comparoist, elle est
mise (comme iay dict) en contumace & sera procede
en la cause en tant qu’il apertiendra, & sera loisible
de droict, a sçauoir si celui qui est cité ne vient &
comparoist, le iuge procedera condānant le Defendeur,
ou absoluant le Demādeur. Quant au surplus,
toutes citations sont ou generalles, ou specialles.
9 Generalles sont celles qui se font par edict general
& cri publicq, comme a son de trompe ou par le cri
eur, qui sera huissier ou notaire publique es cours,
consistoires, es Eglises ou autres lieux publics, pour
vendre fiefs, possessions, ou maisons, ou pour voir
decreter, euincer ou pouoir enscripre, pour mettre
en vente maisons mortuiares, ou pour voir proceder
a la purgatiō d’icelles, & pouoir faire choses semblables.
Par telles citations doiuent estre specialemēt citez
tous ceux ausquels il touche, & quand tous ceux
ausquels par especial il apertient ne sont cognuz,
alors ils sont tous ensemble citez ou adiournez d’un
adionrnement general, ainsi que dict a este par vn
crieur public, huisser, notaire, ou s son de trompe, ou
cloche, ou par letres affichees aux portes de l’Eglise
court ou ville. h . Et ainsi quand vn escolier se part
d’une Vniuersite, il peut par citation generalle appeller
tous en general, & chascūs en particulier ceux
qui ont quelques a actions contre lui, qu’ils cōmēcent
a agir a tel iour. i . Citations specialles se font sur cas
particuliers, & persones particulieres, desquelles
citations, les vnes se font auant cōtester en cause, les
autres apres, & les autres quand la sentēce est dōnée.
10 Auant contestation en cause, est la partie citee a
cōparoir par deuant le Iuge, pour voir adiuger le
proufit de default ou non comparitions. Item

pour voir presenter Reliefs, requestes ciuiles, ou
autres graces. En oultre pour voir deposer ou leuer
la consignation ou nantissemens. Pour voir confesser
ou nier seings manuels, séels, ou cedules. Plus
pour voir constituer garens ou cautions, pour voir
faire veue & inspection du lieu, & plusieurs autres
11 actes. Au surplus la Citation ou adiournement se
faict apres litiscontestation, pour bailler contredicts
aux escritures exhibées, ou pour a icelles consentir,
ou pour respondre sur icelles par credit, ou non credit,
ou pour voir deposer tesmoins, ou pour voir faire
productions, pour ouir droict, ou pour autres
12 choses semblables. Consequemment la Partie est citée
apres la sentence, pour voir exhiber despens, les
voir diminuer, ou pour y acquiescer, ou consentir,
ou pour voir adiuger les fruits a vn autre, taxer despens,
& interest, ou arbitrer, ou pour voir interpreter
& esclaircir vne sentence obscure, ou pour voir
adiuger la sentence executoire qui auroit esté prononcée
passé vn an, ou a ce qu’il voye proposer erreur,
13 & autres semblables. Toutes foys non obstant
les choses ci deuāt declarées, il s’en trouue qui dient
& soustiennent que de rIugeur de droict n’est point
requise, ni necessaire Citation de Partie, pour diminuer
despens, ni pour voir taxer les fruits, en
tant que ce sont actions pures & nues dependentes
de l’office, volonte, & arbitre du Iuge, & qui ou par
presence de Partie, ou par son absence ne peuuent estre
empeschées. k Toutes foys la Practique a & tiēt
le contraire, qui veut, que la Partie ou du moins
son Procureur soit appellé qui a serui & este occupé
14 en icelle cause. Mais en quelques Cours ou Consistoires
on n’euse tousiours de Citation particuliere,
ains ont par foys acoustumé d’adiourner personnes
priuées par adiournement general, qui a tout tel
effect que s’il estoit faict particulierement, tellemēt
que si celui qui lors est ainsi adiourné ne compare,
on procede tousiours oultre par contumace iusques
a la sentence inclusiuemēt sans reiteration d’adiournement.
Mais si celui qui est adiourne comparoist ce
pendant vne foys, ou bien s’il se presente alors la cita
tiō ou adiournemēt generale perdt son effect & doit
ladiourne estre de rechef adiourne a chasque action
autrerment le proces vn vaudroit. l . Mais ces choses
(sauf meilleur iugement) me semblent proceder
quand lauditoire & lieu de plaids est beaucoup est

eslongue du lieu ou l’adiourne faict sa residence, ou
quād ladiourne est fort lōg de la court car alors seroit
difficile denuoyer pour, & a tous actes a chascun son
adioiurnement.
a l.Per interuallum ff.de Iudic.
b c. De illicita.24.q.3.
c d.c.illicita.24.q.3. circa medium versic. Quicunque
& in Autentico de li♣igiosis §. Si vero causam, colla. 8.
Trita ac vulgata.l.Contumacia ff.de re. iudica.l. Ad peremptorium
& l. Nonnunquam.ff.de iudic.
d c. Cum sit Romana.extra.de appellat. & id.l. Nonnunquam.
e c.primo.extra. de dilatione, vide ibi. bonam glossam.
f l. Tres denunciationes C. quomodo & quando Iudex.
g l.Consentaneum & Autentica. Qui semel C. quomo
do & quando Iudex. August.inl. Ad peremptorium ff.
de iudic.
h Gloss.in l. Haec autem ff. Quib. causis in possessionem
eatur.
i Closs.penult. in fine in vulgata & commumi l. diffamari,
C.de ingenuis manumiss.
k Docto. in.l. Nam ita diuus ff.de adopti.
l Et ita tenent Federi de Sen. & loan. de Imol.in c. licet
causam extra. de probat. Archid.in Tractatu suo de ordin.
iudic.
F3 CHAP

66 LA PRACTIQVE
CHAPITRE LVIII.
Quels personages doiuent estre les
Adiourneurs
Sommaires.
1 Chascunes Cours ont leurs adiourneurs particuliers.
2 Des adiourneurs les vns sont appellez
Appariteurs.
Nunces messagers, Notaires, Huissiers.
Ministres, Ministrateurs.
Executeurs.
Officiers.
Cesariens
Catolicians.
3 Es communs Parlemens sont Satellites.
4 Es Feodeaux sont le Preuost & deux Pairs.
5 Au Conseil de Flandre sont les Huissiers dudict Conseil.
6 Adiourneurs Au Parlement de Malines sont Huissiers de Parlement.
7 En matiere de ressort sont Satellites du Roy.
8 Il y eut iadis vn Iuge Royal pour citer le Conte de Flandres au nom du Roy.
9 Il fault que les Huissiers faisans leurs executions, soyent munis de leurs verges &
masses.
10 Les Iuges adiournent les Parties a l’auditoire ou Pretoire pour ouir droict & c.
11 Les Parties s’entredonnent quelques foys iour iudiciable.
12 La Partie n’est tenue croire sa partie qui l’adiourne par la bouche du Iuge.
IL ne fault pas pēser qu’il soit a tout huissier iure
loisible de bailler adiournement, & ne doibt on
aussi estimer qu’a celui qui peut adiourner en
vne Court, soit aussi licite faire adiournemēt ou citer
1 en vne autre, car chascunes cours ont leurs adiour
neurs, desquels nous dirōs ci apres. Et en premier lieu
nous dirons des diuerses appellations & noms des
2 adiourneus, puis nous declarerons leurs offices. Et
pourtāt ces officier qui font citations & adiournemens
ont en droict plusieurs noms, quelques vns les
appellent appariteurs, pourtant qu’ils citent les parties,
& les font apparoistre en iugement, ou bien
pourtant quils apparoissent eux mesmes pour faire
leur relation. a Les autres sont appellez, nunces

messagers, notaires, & portiers, b & les autres sont
dicts ministres ou ministrateurs. c Les autres sōt dict
executeurs. d Les autres sont dicts officiers. e Il en
y a aussi dautres qui sont dicts, Imperiaux, comme
en l’Euangile Herodiaus. f Finalement il en y a
d’autres qui en droict sont dicts Catholiciaus. g .
Mais de ceux ci faict plus ample mention le Seigneur
Barthole Chassane en ses commentaires sur
les coustumes de la Duche de Bourgogne, au
tiltre des Iustices. §.6.au mot, Messiers & Sergens,
nombre.1, fol.60. Mais es Consistoires que vulgairement
nous appellons par deça vierschares, font
3 adiournemens les Satellites, qui proprement sont
4 constituez en ceste charge. Es Consistoires, ou cours
Feodales, les Bailliz adiournent, ou bien deux pairs
de court ou vassaux, selon la coustume de chasque
5 court. En la chambre ou Conseil de Flandres, les
seuls Huissiers de Flandres font les adiournemens,
quand les mandemens sont yssuz & emanez du
6 mesme conseil ou chambre de conseil. Mais quand
lesdicts mandemens sont dōnez & enuoyez par le
grand conseil, alors aussi les Huissiers dudict grand
conseil, soyent ordinaires, ou extraordinaires execu
tent les mesmes mandemēs, & parfont les adiourne
mens qui leur sont commis. Et si ces mandemens
s’adressoyēt a tous officiers quels qu’ils fussent, (ce
qui aduient aucunes foys, a lors peuuent ils estre
7 deseruiz par tous iceux officiers. En matiere de ressort,
les mesmes satellites du Roy, & Huissiers ou ser
gens font les adiournemens. Ceux ci portent semblablement
leurs masses, marquées des armoiries
du Roy, lesquelles, faisans leurs exploicts ils monstrent
& tiennent droictes en leurs mains. Car sans
masser leur execution seroit illusoire & non valable.
Voire encores sans elles ne leur est loisible de rien
8 executer ou exploiter. Iadis le roy de France (quand
Flādres obeissoit a la corone de Frāce, le Roy de Frāce
adiournoit le Conte de Flandres a lettres ouuertes
ou patētes, lesquelles ils appelloyent mandemēs
ou Pareatis. Et par autres lettres ou mandemens il
ordonnoit & establissoit vn de ses iuges royaus, auquel
il mandoit qu’il fist ceste insinuation au Comte,
& le citast par deuant le Roy. Et la raison de ce est,
pourtant que les Pairs de la corone ne sont subiects
9 au iuges Royaux, mais biē toutes foys au Roy. Aussi
fault il que tous huissiers en faisāt leurs exploicts &

executions, ou mettans a execution leurs lettres ou
mandemens soyent tousiours garniz de leurs verses
ou masses, ou autres marques & enseignes de leur
office, voire qu’ils les ayent toutes prestes, & en leurs
mains signées & marquées du seel, armoiries ou enseignes
10 de leur Prince, ou autres signes qu’on a coustume
d’auoir en tels actes. Quant au reste, les iuges
ordinaires font bien souuēt donner iour aux parties
par les adiourneurs es consistoires ou cours de fiefs,
11 pour ouir droict ou faire quelque autre chose. Lequel
adiournement se faict aucunes foys par viue voix
du iuge. Consequemment, il aduient quelques foys
que les parties sentre adiournent, & se donnent iour
pardeuant le iuge, mais cela se faict seulement quād
elles s’entre assignent iour pour comparoir deuant
le iuge auecques consentemēt de l’une & de l’autre,
12 mais telles constitutions a comparoistre, ne sont
proprement estimées adiournemens. Et pourtant
pour

CIVILE. 67
pour telle assignation de iour faicte par les parties, le
Iuge ne decretera contumace en cas de deffaut. Si le
iuge de paroles dict ou mande ainsi au demandeur,
di ou insinue a ta partie aduerse qu’elle ait a cōparoistre
lūdi prochain, en ce cas lu’n nest tenu de croire
l’autre, s’il ne veult, sinon quil monstrast son mandement
par instrumens ou par actes, mais cela est plustost
pris pour faict, que pour droict, car la partie
n’est tenue croire sa partie aduerse s’elle ne veult.
a
l.Apparitiones C. de exacto.tributo. l. 1 C. de sportul.
& l. Cum clericis. C. de Episco. & Cleri.
b Sicuti notatur in l. primae §. nunciatio, & ibi. Barto.
& nouissimi.ff. de oper.no.nunciat. per Canones in c. Cum
parati. extra de appella.
c
§. Maximè in Autent. de questore. coll♣at. 6.
d
Vt notatur in l. Ait Praetor. § executor. ff. de negot.
gest. l. Si pignora. ff. de euictionib.l. 2.C. de sportu.
e
De quibus habetur text. in l. prohibitum. C. de Iure
fisci.
f
Vt habetur in l. Defensionis facultas C. eod. tit. de iurefisc.
g
Sicut notat text. in.l. penult. §. fin. C. de bo. damnato.
CHAPITRE LIX.
De la maniere d’ Adiourner.
Sommaires.
1 A la personne principalle, s’elle se peut trouuer. Selle ne se peut trouuer.
2 A sa maison principalle.
3 Adiournement en choses ciuiles se doibt faire A l’ouuroir ou boutique.
4 A la maison ou sa femme & famille sont residens.
5 Deuant la maison s’il est en sa fenestre & c.
6 Deuant la maison, s’il s’absente par fraude.
7 Les vacabons, & ceux qui sont hors le Pais, sont adiournez par criées.
8 L’adiournement ne se doibt faire au cemitiere.
9 Toutes foys la Practique admet qu’adiournement se face és cemitieres.
10 Il nest loisible au sergent ou Huissier entrer en la maison de celui qu’il adiourne mal
gré lui.
11 Apres contestation en cause l’adiournement se peut faire a la personne du Procureur.
12 En Flandre le Procureur & principal se citent apres litiscontestation.

13 En Parlement, si la cause se perdoit par vn seul defaut, l’adiournement se feroit en
presence de tesmoins.
14 Proprietaire, l’adiournement se faict par le Baillif.
15 En matiere Reele &
16 Possessoire, l’adiournement se faict au lieu des choses.
17 Le Preuost & gens de Iustice sont adiournez.
Le Preuost & Magistrat se citent a part, s’ils ne se trouuent ensemble.
18 En appellations En France on adiourne seulement le Iuge.
19 Les Magistrats sont adiournez s’ils iugent selon les coustumes du pais.
20 Celui qui gangue le Proces est adiourne, si on a Iuge selon les droicts.
21 Comme on doibt citer vn Chapitre ou conuent d’Abbaye.
22 Nestant le Chapitre ou Conuent assemble, la citation se faict au doyen. ou a l’Abbe.
23 Des compaignies on ne cite que les gouuerneurs seulement
24 On cite la communaute d’vne ville parlant au Magistrat d’icelle.
25 On cite les gouuerneurs de ceux qui sont hors du sens, des pupilles, & c.
26 En reduction arbitraire on cite la partie du gangnant ou victorieux.
27 En matiere de Nouelleté, il faut faire deux adiournements.
28 Difference entre Citation & Intimation.
1 Tous adiournemens en matiere ciuile se doiuent
faire auant qu’entrer en cause, & personellement
a la personne principalle selle
se peut trouuer, & au domicille. Et si la persone qui
doibt estre adiournée ne se peut trouer, alors sera l’ad
iournement faict au domicile de celui qui deura
estre adiourné, lequel sera publiquemēt recité ou sig
nifie a sa femme, ou a quelqu’un, ou quelques vns
de sa famille. Et s’il n’i a personne en la maison, lors
sera l’adiournement declare aux voisins, de sorte
que tel adiournement puisse venir a la cognoissance
de celui qui est adiourné. Et si celui qu’on
2 veut adiourner a plusieurs maisons esquelles il a cou
stume de demeurer pour son plaisir, ou pour quelque
autre occasion & passe temps en diuerses faisons
de l’an, alors suffist faire l’adiournement a la
maison en laquelle il demeure pour la plus part
de l’an, autrement ou il a la plus grande part de ses
vtensiles & famille, ou bien au lieu, ou pour lors il
habite & demeure, car ladiournement qui se faict au
domicile ou aux voisins n’est qu’un dernier refuge,
pourtant qu’autrement ne se peut faire. a Ou quel
cas en cause de domage non encores faict, libelle
dadiournement est placque ou affiché a la maison. b
A ce propos Bartole dict qu’il suffist que la citation
soit faicte au domicile, quād est questiō de chose reele,
& de telle realite qui cōcerneroit ceste maison la.

Ou la matiere dadiournemēt est plus amplemēt declarée.
3 Que si celui qui doibt estre adiorné a vne mai
sō pour habiter en la ville, & l’autre au dehors, ou biē
s’il

68 LA PRACTIQVE
s’il na qu’une maison pour se loger & auec ce vne
boutique ou ouuroir ailleurs, adōc doibt il estre adiourne
a la maison de sa demeurāce, en laquelle il a
& nourrist sa famille. Et si la maison de sa famille, &
la maison de sa boutique sont presque egalles, qu’il
4 soit alors adiourne a l’une & l’autre maison. Et
pour plus claire intelligence de ceste matiere, il est
a sçauoir, qu’a Paris on tient ceste opinion que le
domicile d’aucun qui est adiourne ou pour adiourner
est au mesme lieu, que sa femme est, pourueu
qu’elle soit separée ou repudiée de lui, qui tienne
maison, & entretienne sa famille, car on dict communement
que le femme faict le domicile, & est
le domicile ou l’home a establi son siege & demeure,
& receptacle de tous les biens qu’il auoit. c Ainsi
doncq suffit l’un de ces points, cest a sçauoir qu’il y
ait sa demeure & assiete establie ses tables & mesnage,
ou bien qu’il aye intention d’y demourer a tousiours,
& qu’alors il y habite actuellement, car en cela
il fault que l’effect y soit. d Ou qu’il ait administration
5 & gouernemēt. e Mais si celui qui doibt estre
adiourne, estoit a la fenestre, ou estoit debout de
uant la maison, a lentrée, ou au portrail, ou l’executeur
pourroit commodement & honestement parler
a lui en l’adiournāt, il pourroit bien faire cest adiournement
vn peu de loin, & puis lui relater pourueu
6 qu’il l’ouist. Et ainsi seroit faict l’adiournement
a sa personne. Suiuant le droict, si celui qui est en
Proces s’absente fraudulentement, ou autrement
empesche l’adiournement, a ce qu’il ne vienne a sa
cognoissance, tel personage doibt estre de faict tenu
tel que si l’adiournement auoit este faict a sa personne,
lequel a seulement este faict a son domicile, mais
cela se faict seulement es causes ciuiles par fiction de
droict, f Mais telle fiction n’a lieu, es causes criminelles.
g Car le coulpable & accuse de crime doibt
7 estre adiourne personellement. Les vagabonds &
ceux qui nulle part n’ont certain domicile, qui soit
a eux, qu’ils ayēt a louage, ou qui leur preste ou baille
gratuitement doiuent estre adiournez a criz publics,
& par mandemens, ou par autorisation. Ainsi
sont aussi citez ceux qui toutalement ont abandon
ne leur pais, & s’en sont allez demourer en contrées

estranges, mais tel adiournemēt doibt estre faict par
authorisation, au lieu, ou ils ont dernieremēt demou
ré, ou qu’ils ont frequenté, & leur doibt on assigner
iour de comparoir es frontieres ou limites du pais,
ce qui se pourra aussi faire au lieu le plus prochain
8 d’eux, h Si vn debteur s’enfuioit au cemetiere, ou au
temple, ou en vne monastere, ou en autre lieu sainct
l’executeur ne le pourroit pas adiourner en l’Eglise
au cemitiere, ou en autre lieu sainct, ni exeni
executer son mandement, car nul ne peut estre
adiourné en temps ou iour de feste, i par consequēt
l’adiournemēt ne peut aussi estre faict en lieu sainct
ce qui se preuue assez, car l’argument qui est faict du
temps au lieu, & au contraire est valable. k Mais cō
me aucūs dient, l’adiourneur pourra retirer son adiournement
du lieu sainct, & le paracheuer & insinuer
a la maison de celui qu’il veult & pretent adiourner,
& puis apres lui signifier, au lieu ou il est,
l’adiournement faict, mais cela semble estre chose
friuole, par ce que s’il nest loisible adiourner celui
qui est en lieu sainct, aussi ne lui sera il loisible qui
9 signifier l’adiournement. Toutes foys la Practique
& coustume portent & admettent que l’adiournement
se face en l’Eglise Parochiale ou au cemitiere
d’icelle, & ce principallement es villages pour plus
de commodité, a cause que quelques foys les paroiciens
10 demeurent loin es escarts. Quant au surplus,
celui faict l’adiournement n’entrera rudement, ne
par violance en la maison d’aucun pour lui bailler
adiournement personel, si c’est en matiere ciuille
seulement, car il suffist bien qu’il soit adiourné au
domicille, pourueu que tel domicille, ne fust difficile
a trouuer, comme dict a esté. Car si pour
faire son exploict il se fourroit asprement, par violance
en maison de celui qu’il doibt adiourner, tel
adiournement seroit outrageux. l Par la quelle
loy ci alleguée est dict: Que l’adiourneur ne doibt
entrer en la maison de celui qu’il adiourne contre
son gré & volonté, pour le tirer de sa maison, car a
vn chascun doibt sa maison estre vn tresseur refuge
& receptacle, & pourtant s’il y entroit violemment,
naistroit de telle violance action de grief &
outrage cōtre l’adiourneur, encores qu’il n’i entrast
seulement que pour l’appeller en droict. m Soit
doncques faicte la denonciation ou adiournement
11 deuant la porte. Nous auous dict qu’auant contestation

en cause fault que la personne soit ad iournée
personnellement, parlant a icelle ou audomicille
(comme ci deuant a este dict) principallemēt
quand on adiourne a comparoir en Iugement. n
Mais apres la litiscontestation il suffit de faire l’adiournement
a la personne du Procureur, qui sert en
la cause. o Car apres la litiscontestation il est faict
maistre de la cause. p Ce qui se doibt entendre si le
principal ne estoit present, car tous deux & le maistre
ou Seigneur, & le Procureur aussi se deuroyent
citer, non pas de toutalle necessité, mais par ce que
sela semble estre vtille & expedient. En Flandre
la Practique porte qu’apres contestation en cause
les deux Parties principalles soyent adiournées personellement,
a ce qu’ils voyent tous deux proceder
12 par enqueste, pourueu que les deux parties soyēt
presentes: Car si elles estoyent absentes hors du
pais, en ce cas l’adiournement se feroit par auctorité
du Iuge. Il a este en Parlement ordonne que es
13 causes ou l’impetrant par vn seul defaut, ou non
comparition, le Demandeur gaigneroit sa cause
toutalement, qu’alors l’executeur est tenu faire adiournement
a la personne, de celui qui doibt estre
adiourne presens deux tesmoins, ou pour le moins
14 en la presence d’un. En matiere Reelle proprietaire,
les adiournemens doiuēt estre faicts, par les Bail
lifs, par Magistrats, par Escheuins. Sergens & autres
officiers, selon la coustume de chasque lieu, comme
15 dict a este au chapitre precedent. En matiere Reele
possessoire, quand est question de chose immeuble
sur la proprieté d’icelle, laquelle on appelle simple
saisine, l’adiournement se faict au lieu de la chose
ou bien, ou l’heritage est situé, lequel adiournement
debura puis estre insinué a la Partie. Et ne
pourra le Seigneur du lieu ou tel adiournement se
faict de l’auctorité de Conte de Flandre, ou par
auctorité de son conseil l’empescher pour aucune
voye ou maniere, pourueu que ledict Conte y
soit principal souuerain, car tels adiournemens ou
Citations qui seulement sont verballes, pour preparer
la cause ou iugement n’apportent aucun
preiudice audict Seigneur n’a sa iurisdiction.
Mais si ledict Conte n’estoit audict lieu le principal
& souuerain, ou si de faict l’adiournement
se fairoit en preiudice de la dition, Seigneur, ou
principaute

CIVILE. 69
principaute dudit Seigneur, celui Seigneur en pourroit
protester, appeller, ou sur ce faict exhiber sa requeste.
16 En matiere de Reformatiō ou appellation,
l’executeur mettra a execution son adiournement
ou cōmission, es Cours des Escheuins, Preuosts, ou
es consistoires a la personne de moniteur ‘ & aux
personnes des magistrats ou escheuins, ou aux Iuges
qui ont prononce la sentence, de laquelle y a appel
interiette, car ils doiuent soustenir la sentence quils
ont baillée, Et par apres il adresse & faict la mesme
intimation a la persone ou domicile de celui au profit
17 duquel la sentence a este donnée. Et si lexecuteur
ne trouue point tels Baillifs, Magistrats, Escheuins,
ou autres Iuges assemblez, & qu’il ne les puisse assēbler
en leurs Cōsistoires, cours & auditoires, alors les
pourra ledict executeur adiourner deuāt l’hostel de
la ville ou bien par les rues, ou tout autre lieu ou il
les pourra trouuer ou rencontrer, separement, ou
ensemble, deux a deux, ou trois a troys par leurs nōs
18 & surnoms. En France on a acoustume, suiuant les
coustumes de quelques lieux que l’huissier ou executeur
en matiere d’appel adiourne seulemēt le Iuge
& que par apres il insinue est adiournement a la
partie ou parties. Mais es regions & pais ou lon procede
19 par droict escript, en matiere d’appellation
l’executeur cite premierement la partie mesme, puis
il intime au iuge cest adiournement. Et la raison de
ce est, pourtant que selon les coustumes receues de
pais, les Iuges doiuēt verifier approuer, & soustenir
les sencences par eux données, sur le peril de certaines
peines & amandes qui pource sont ordonnées.
20 Mais ils ne sont pas ainsi tenuz de soustenir les sentences
qu’ils ont donnees selon les droicts escripts.
Et pourtant tel adiournement d’appel se doibt lors
faire a la partie, au peril de laquelle l’appellation est
interiettee pour y faire reformation. A la semblance
de l’adiournement du magistrats apparoist comme
on doibt citer vn chapitre ou conuent ou semblable
compagnie & societé, pour quoy est a sçauoir, que
la citation d’un chapitre se faict aux personnes de
Chapitre capitulantes en leur chapitre, & y estans assemblees.
Par semblable maniere sont aussi les religieux citez,
vn Abbé, vn conuent, en tant que l’officier
les trouue assemblez. Ou vn Huissier ou officier

cite ainsi vn chapitre ou vniuersité assemblée s’il est
possible les auoir assemblez, Ou biē il cite quelques
particuliers non particulierement pour la pluspart,
comme Iean, Pierre, & c. Non comme particuliers,
mais comme Parties & mēbres de chapitre, faisans
& constituans tout le chapitre auecques la reste des
q autres, car si telle citation se faisoit autrement, elle
ne seroit valable. Car ce quil conuient faire a vn cha
pitre ou Conuent, ou bien a quelque multitude par
ensemble, on ne le doibt faire a chascū en particulier
mais comme a toute la multitude assemblèe. r
Ou si l’executeur ne veut ainsi citer le chapitre particulierement,
& qu’il ne les peust assembler, il les
pourra appeller au son d’une cloche ou campaine.
22 Et si encores en ceste maniere Messieurs de Chapitre,
ou conuentuaux ne se veulent assembler en Cha
pitre, alors l’Officier fera sa Citation a la personne de
l’Abbé, Preuost, Prieur ou Doyen, Abbesse ou Prieu
re, quelque part qu’il les trouue, soit a l’Eglise ou en
leur chambre ou cellule, ce qu’il fera en toute modestie
& maniere la plus honeste qu’il pourra, & auec
respect des persones & lieu. Et de cestre maniere sont
citées ou adiournées les persones en particulier, non
pas comme particulieres, mais comme membres de
chapitre, desquels tout le chapitre est faict & establi,
car s’il ne les citoit de ceste maniere, a sçauoir, comme
capitulans la Citation ne vaudroit, (comme I’ay
dict) car la cause du chapitre, n’est pas la cause de chas
23 cun en particulier ni au contraire. s Les communau
tez & societez particulieres, & semblables compaig
nies sont adiournées és personnes de leurs Gouuerneurs
& Regents. Mais l’adiournemēt de toute vne
communaute d’une ville (ce qui aduient bien peu
24 souuent est adresse a la personne du Maire, Baillif, ou
au Preuost, ou au Magistat d’icelle. Et l’adiournement
du pupille aux personnes de ses Tuteurs. Comme
s’il conuenoit adiourner les fols, ceux qui sont
hors de leur sens ou furieux, les muets ou prodIuges,
il faudra faire & addresser l’adiournement aux personnes
de leurs Curateurs, & ainsi de leurs semblables.
26 Au surplus, quant a la matiere de reduction a
l’arbitre d’un homme de bien, celui est adiourné au
profit, duquel la sentence arbitraire a este donnée, &
est l’adiournement seulement intime aux arbitres,
sans qu’il soit faict execution, pourtāt qu’arbitres ne
sont Iuges ordinaires, & pourtant ne sont ils tenuz

de soustenir leur sentence. Mais en matiere de Nouelleté,
27 on faict deux adiournemens vn auant l’execution
a comparoistre au lieu contentieux, & l’autre
apres l’execution, a fin de venir par la Partie proceder
sur l’opposition, & respondre a la cause d’opposition,
& a la confirmatiō des deffaux dōnez par lexe
cuteur au mesme lieu que le defaut a este faict. Toutes
lesquelles choses, a fin quelles soyent mieux entendues
& plus clairement, ie coucheray ci dessoubz
par escript la maniere & stile, par lequel la cōplainte
en matiere de Nouelleté est mise a executiō, pour
l’instruction des ieunes Practiciēs, ou des nouueaux
Huissiers. par ce que ci dessus est dict, peut on comprendre
la differēce, qu’il y a entre Citer & Intimer,
pourtant que la Citation ou adiournement est faict
28 simplement, & Intimation est faicte econdicionellement,
cest a sçauoir, en tant qu’il sembllera au Demādeur
estre expedient, & iusques qu’il iugera ou pensera
de celui pouoir aduenir quelque dommage.
a
Vt notat Hostiens. in c. Causam qui extra. de dolo♣
& contu. De quo notatur in l.Plaerisq♣. ff. de in ius vocan.
& facit quod habetur in l. Dies §. Pretor ait, ff. de dam
no infect.
b
Et ibi. per Barto. qui.
c
Ciues de incolis & vbi quis domiciliū habere videtur
lib.10. Cuncta gloss. in verbo. Summam que dicit.
d
l domicilium.ff.admunicipat. & incol.
e
Facit l. Sed etsi susceperit §. Si ea res ff..de indic. l. Ter
tia de his qui sponte publica munera subeunt.. lib. 10. C. & la
in lege ff de verb. significa. &. l. prima §. Doomum ff. de liber.
agnoscend.
f
Et ita volunt Docto. in c. final. extra. die eo.qui mittitur
in Possess. causa rei seruand.
g
Per notata in l. Absentem ff. de poenis.
h
Iason in §. Rursus, institu. de actionib.
i
l. prima ff. de ferijs & l. final. C. eod. titul. de
ferijs.
k
l. Vinum & ibi. Barto. & Doctor. id notant. ff. si
certum ♣peta. & bonus text. in l. final. & ibi etiam
Barto.

70 LA PRACTIQVE.
Bartol. ff. de tritica. Plura videte de hoc apud D. Nicol.
Euerardi a Middelburgo in suo libello topicorum, in d. loco
a tempore ad locum, & è contrario, & per Claudium Cautiunculam
simili libro. & loco.
l
l. Plaerique ff. de in ius vocan.
m
l. Is qui in domum ff. de iniur. & famo. libell. l. Nemo
ff. de Regu. iu. de quo in Speculatore titu. de Citatione.
§. Sequitur §. versic. Sed an reo inuito.
n
c. Primo de Procuratorib.
o
l. Si dictum §. si praesent. ff. de euicti.
p
Pro expensam l. ab executore §. si procurator ff. de appell.
& l. Procuratoribus. C. de Procura. & c.1.§.licet autem
de Procura. lib. 6.
q
c. Bonae. extra de elect.
r
Vti copiose meminit Speculat. lib. 2. par.1. titulo de
Citatione.
s
Vt in d.c. Bonae extra. de elect.
CHAPITRE LX.
De iour Competent.
Sommaires.
1 L’adiournement doibt assigner a la Partie certain iour & competent.
2 Es causes communes est le septiesme iour.
3 Es complaintes y a troys iours en lieu contencieux.
4 Iour competent Es complaintes sur opposition y a sept iours ou quattorze.
5 En matiere Reelle deuant le Iuge y a quattorze iours.
6 En action personelle y a cincq ou six iours.
7 Faict a tour non plaidoyable.
8 Adiournement est nul
Faict a iour de feste d’ Eglise.
9 Celui qui est cite ou adiourne ciuillement, & non peremptoirement, peut attendre le
troysiesme adiournement.
10 Erreur en adiournement est purgé a cause de l’ignorance du comparant.
11 Le Iuge peut abreger le terme qui est trop long.
12 La Partie peut Appeller de l’abreuiation & longueur du temps.
1 Afin donc que les nouueaux Huissiers facēt
plus seurement leurs executions, iay bien
voulu les aduiser de ce qui sensuit. C’est
qu’en tout adiournement, ceux qui le font, sont obligez

dassigner a la partie iour cōpetent brief ou long,
selō lexigēce de la cause & qualite de la personne adiournée,
2 & aussi selon la distāce du lieu. Suiuāt le stile
de Flādres es causes cōmunes, le iour competēt est le
terme de sept iours, mais le iour ordinaire est le quat
torziesime. En matiere de Complainte, troys iours
est le terme competent pour comparoistre au lieu
4 contencieux, comme dict est mais sur & en cas d’opposition
doiuent estre assignez sept ou quattorze
5 iours iouxte la distance du lieu. En matiere Reelle
les iours qui sont establiz pour comparoistre deuant
6 le magistrat ou deuant les Escheuins sont quattorze
iours & en laction personelle y a cinq iours, ou plus
7 ou moins selon la coustume de chasque lieu. Si lofficier
ou sergent assigne iour pour seruit a vn iour nō
plaidoyable, ladiournemēt est nul suiuant le stile de
quelques cours, & aussi selō les droicts. Et alors celui
qui compare pourra demander cōge de Court auec
despens. Toutes foys suiuant le stile de la Chambre
ou Conseil de Flandre, & mesme aussi du grand
Conseil, icelui iour se continue iusques au prochain
iour plaidoyable, tellement que si le iour plaidoyable
estoit assigne a iour indeu, le iour prochain competāt
lui succedera. Et si l’officier auoit toutalement
adiourne sans quelque assignation de iour, l’adiournement
est bon & valable selon l’opiniō d’aucuns,
car il sentend que ladiourne, soit adiourne a comparoistre
le plus tost qu’il pourra. Toutes foys tel adiournement
n’est valable a ce que par contumace il
8 deboute & condemne la partie. Les adiournemens
qui sont faicts a iours de festes d’Eglise, ne sont d’au
cune efficace. a . Mais ladiournement est valable &
d’efficace qui est faict es iours de festes particulieres
qui sont instituées, non par l’Eglise vniuerselle, ains
par les principaux chefs de que;ques villes pour certaines
necessitez, comme en temps de peste, de fami
ne, de sterilite, de guerre, ou tempeste & c. Si l’officier
a adiourne quelqu’un ciuiliment, & non perem
ptoirement a comparoistre entre deux ou troys
iours, ladiourné nest tenu cōparoir au second adiour
nement, & pourra attendre le troisiesme adiournement
qui est a lui, car le dernier iour de l’adiournement
est pour delay. b Car combien qu’il faille appeller
dedans dix iours, si est ce toutes foys que le dernier
iour est compris en ce nombre, comme il est
10 note. c. Et est ici a sçauoir que le default ou erreur

faict en vn adiournement est purge, si celui qui est
adiourne compare, & est ignorant de tel default ou
erreur, ou bien il ne les declare ou accuse point en
iugement, ou qu’il nen depose & faict complainte
en iugement, auant qu’il commence a respondre a
11 la demande du demandeur. Et si lo’fficier auoit
donne vne trop longue assignation, & que pourtāt
les parties se complaignissent, le iuge la pourra abreger
12 pour cause. Toutes foys celui qui sera adiourne
pourra appeller du’ne telle abreuiation, ainsi qu’il
pourra aussi appeller du trop long terme, au moins
si de ce terme trop long il pretēdoit quelque interest.
a
l. 1.ff. de fer. & l. finali. C. eod. titu. & ibi. Ioan.
And. & Panor. Ista est sententia Oldradim, quam sequitur
Bartol. in l. prima §. nunciatio. ff. de operis noui nunciat.
b
l.Eum qui Calendis ff. de verbo obligat.
c
2.4.6. quasi per totum.
CHAP.

CIVILE. 71
CHAPITRE LXI.
Quand l’Officier se deporte d’adiourner.
Sommaires.
1 Execution se faict auant qu’il y ait opposition ou contradictions.
2 En cause de defaut emportant gain, la Partie obeissante est adiournée au lieu de la Court.
3 La commission est annalle.
4 Vne commission n’est mise a execution, si La commission n’a este executée auant le
Deces de la Partie.
5 Le Relief a este differe iusques apres le troysiesme moys.
6 Adiournement n’est necessaire, ou la Partie veut comparoir de son grē.
7 Aiournement n’est necessaire, si la Partie s’est trouuée preallablement en Iugement.
8 Celui qui sans estre adiourné se trouue en iugement peut demander iour pour deliberer.
9 La Partie qui n’est adiournée nest tenue de Comparoir.
1 Pour mettre a execution les mandemens de
Court l’Huissier executeur n’adiournel a par
tie au lieu contēcieux ou de court, si icelle par
tie preuiēt l’adiournement deuāt, & die qu’elle veult
obeir, & ne soppose ne contredict, ne nie & ne refuse
dobeir. Ains qu’elle veut incontinent obtemperer
aux mādemēs de lexecuteur. & alors il se deportera
de l’adiourner, & inserera ladicte obedience au doz
de sa relatiō, & di’icelle obedience on croit au messager
rapporteur.
Toutes foys és causes ou le default apporteroit gain
de cause, aucūs executeurs ont acoustumé pour plus
de seureté adiourner la Partie pour venir declarer ladicte
obeissance en iugement, mais cela se faict aux
3 despens de l’impetrant. L’executeur ou Huissier ne
prepare aucune commission ou adiournement annal
ni aussi le peut executer, pourtant que toute commeission
qui est gardée apres l’an & non executée, est
4 amorrie & anichilée. En cas semblable, la commission
est nulle & esteincte, laquelle quelqu’un a
impetrée du Prince, si la partie qui doibt estre executée
ou adiournée vient a deceder auant l’execution
faicte. Et pourtant l’executeur ne peut executer telle
cōmission contre le mort. Mais il fault ici noter que

suiuant le stile tous rescripts sont annals. a
5 Les restitutions ou relief en cas d’appellation ne sont
aussi mis a execution quand troys moys sont passez
depuis le iour de relief. Semblablemēt les cōmissiōs
en cause ou cas de reformation quand l’an est passé
ne se peuuant executer, a cause que leur force s’est
6 euanouie auecques ledict temps. Que s’il aduenoit
que quelqu’un de sa propre volonté comparoissoit
ou vouloit comparoir en iugement & pardeuant le
Iuge, en ce cas l’adiournement precedent ne seroit
necessaire, par ce que par sa comparition & presen
ce se termine l’effect de la Citation ou adiouenement,
lequel effect est la mesme comparition. Car
l’adiournement est cause comparition, & comparition
7 est l’effect de Citation. b Il y a aussi neantmoins
des causes, esquelles quelqu’un peut contrain
dre sa Partie a se presenter sans adiournement, sçauoir,
quand la Partie trouue son aduersaire au lieu
ordinaire a tenir les plaids, ou consistoire, & si la cause
est telle quelle requiere hastiueté, ou de telle qualité,
qu’elle requiere asseurance ou certification, cest
a sçauoir, si elle concernoit crime ou iniure, ou arrest
de biens qui pourroyent perir, ou exces, ou erreur
8 en office, & autres cas semblables. c Mais si
la Partie qui est ainsi surprise a l’imporueu & contrainte
dict, quelle n’est encores preste a respondre,
& qu’elle requiert iour pour deliberer, alors on lui
doibt donner certain iour de deliberation, ce qui est
9 bien raisonnable. d mais en toutes autres causes,
la Partie qui n’est adiournée, n’est point tenue
comparoir, ains a droict de reuoquer domicile, &
peut alleguer, que iour ne lui a la este assigne, ni
terme pour comparoir. e Et est rappeller domicile
aleguer & dire qu’on ne peut estre compelle, ni
contrainct en ce lieu, quand & au lieu, ou on est
conuenu pour prendre Proces, mais que la Partie
ainsi conuenue doibt estre renuoyée au lieu ou elle
a domicile. f
a
Iuxta Theoricam c. Plerumque, extra. de rescript.
& contra Theoricam.l.falso C. de aduers,rescript.
b
Sicuti tenent Bald. & Ang. in. l. prima ff.de in ius
vocand.
c
Argu. c. Abbatem extra. de rescriptis.
d
Vt in d.l.prima ff. de in ius vocand.
e
c. Exposuit, extra. de dilationib.l.2. ff. de iudic.c.final.
extra.de.fo.competen.

f Vt habetur in d. c. Exposuit, extra dle dilationibus.
CHAP.

72 LA PRACTIQVE
CHAPITRE LXII.
De l’Information Precedente.
Sommaires.
1 L’Executeur ne peut Executer sa commission, sans information precedente.
2 L’ Executeur doibt incontinent enuoyer a la Court l’Information & Execution.
3 Pour faire Information Preparatoire, & prendre serment de tesmoins la Partie ne doibt
estre appellée.
4 Pour faire Informations, par lesquelles on procede a condemnation, Partie doibt estre
appellée.
1 Qvand le mandement est charge auecques
cest article de faire preuue, il n’est a l’executeur
loisible mettre tel mandement a execution,
ni faire aucuns cōmandemens ou adiournemens,
qu’il n’I ait deue information precedente, &
dauantage si par telle information ne lui appert clairement
de la verité de faict: mais aussi ou il sera deuement
2 informé de tout, alors pourra il executer sa
cōmission auecques l’adiournemēt & missiō. Et son
informatiō faicte la transmettre a la Court auecques
son execution, le tout bien seelle comme il apertient
& en si brief temps que ni les parties, ni la Iustice
pour son faict, sa nonchalāce ou negligence reçoiuēt
aucun domage ou enterest. Et ne pourra longuemēt
retenir telle informatiō pres de soy, si informatiō y a
ains sera tenu la porter ou enuoyer és mains du gref
fier, a ce qu’elle soit preste au iour que la cause sera ser
3 uie. Mais en ce lieu quāt a faire Informatiō precedē
te, a sçauoir que la Partie ne doibt estre adiournée,
a ce qu’elle voye faire telle information, ou qu’elle
voye iurer tesmoins, car le stile est & la regle general
le porte qu’ē toute enqueste que le Iuge faict ou doit
faire suiuant son office, n’est point necessaire que la
Partie soit appellée. Et ainsi le porte l’usage & coustume,
par ce qu’en l’Information qui precede, on
ne procede point, sinon pour faire la recherche, &
inquisition de verité, mais és informations suiuantes
par lesquelles on procede a condemnation, en telles
informations seroit necessaire que la Partie fust adiourné. a

a l. Si quando C. de testibus.
CHAPITRE LXIII
Des Relations.
Sommaires.
1 Relation de la commission se doibt prononcer en termes clairs.
2 La Relation narree doibt estre permise a la Partie ce requerant.
3 La Relation faicte l’Executeur doibt noter tous les iours de son Execution.
4 La Relation de l’Information doibt estre specifiee par le menu.
5 A l’Executeur apertient de prendre plege suffisant.
6 L’ executeur doibt declarer les noms, & surnoms des adiournez en sa Relation faicte.
7 L’Adiourne a acte non conforme a l’adiournement est tenu pour adiourné.
1 L Executeur n’est tenu exhiber sa Cōmission
par escript, ains la prononcer & reciter en
termes & paroles claires, ou la faire par forme
de relation, & de telle cōmission, relation & execution,
en causes ciuiles est oblige donner copie,
mais non auant que son exploict ou execution soit
2 parfaict & mis a execution, & du tout acompli &
fourni, & ne la pourra aucunement refuser en estant
requis, pourueu quon lui offre pource son salaire qui
lui est establi & ordinaire, ce qu’il pourra aussi prendre.
Dauantage, apres que l’executeur aura faict relation
de sa cōmission, il est tenu d’escrire diligēment
iustement & distinctement au dos de sa cōmission,
ou en autre billet a icelle annexe tous les iours qu’il
aura employe a l’Execution de sa commission, cest
a sçauoir en allant, & retournant, ou faisant quelque
chose, mesme notant & marquant le lieu, duquel
il s’est parti pour executer sa commission, & auquel
lieu il est retourné ladicte execution facte.
Car il est tenu ce faire, a fin que la taxation de son salaire
se puisse mieux faire, plus iustement, & raisonablement,
auecques les parties de tous despens faicts,
qu’il baillera aussi par escript, a fin que és despens la
Partie, ne soit tauxe plus ou moins que de raison.
4 Et quand la commission de l’Executeur est chargée
de preuue, son office sera lors, apres information faicte
de reciter & narrer, non simplement, mais diligemment
comment des choses deuant dictes, &
dont est question, lui est apparu, si par lettres, ou instruments,

ou par autres instructions, mouimens, ou
tesmoignages apparans, & adioindra telle congoissance
5 aux lettres de sa Relation. Semblablemēt l’office
de l’Executeur est, relater expressement le plege
ou caution qu’il a pris pour relaxer la personne, ou
pour retirer sa main des biēs, Et tous lesdicts points
bien specifier auecques bonne declaration & intelligence.
Item a fermer que lesdicts pleges ou cautionaires
sont dignes, suffisans, & soluables. Que s’il
estoit en default de ce faire, celui qui souffreroit le
dommage ou interest, pourroit finalement a bon
droict repeter & recouurer ledict dommage sur ice
lui Executeur. suiuant l’ordonnance du Duc Philip
6 pe de l’an mil quatre cens soixante trois. L’Executeur
est pareillement obligé specifier & escrire en sa
relation les noms, surnoms, & qualitez de ceux, lesquels
il a adiournez, a sçauoir, s’ils sont magistrats
Escheuins

CIVILE. 73
Escheuins, ou Pais de court, ou Colleges, ou Heritiers,
ou Tuteurs, ou Curateurs, ou Maistres de Fabriques,
ou Prouiseurs de la table du sainct Esprit,
ou Gouuerneurs d’hospitaux, & ainsi des autres. Et
ne suffit en ce cas qu’il die, i’ay adiourné les Escheuins
de Bruges, ou d’Hypres, ou les Conseillers du
chasteau de Gand, ou i’ay cité le chapitre sainct Do
natian de Bruges. Mais doibt nōmement & expressement
dire: Iay adiourne Iean ou Pierre le Mareschal
Bourgmaistre de la ville de Bruges, auecques
ses collegaux, consorts, & compagnons, ayant semblablement
admonesté & c. Car l’adiournemēt ainsi
se doibt faire nommement & clairement, a ce qu’en
icelui n’y ait obscurité aucune. a Laquelle loy Bartole
dict deuoir estre escrite an letres, dor ou dorées
7 & principalement a cest effect. Quand aucū est adiourne
a quelque acte, si tel acte est autrement faict
ou en qualite, ou en sustance qu’il nauoit este dict
en l’adiournement, tel adiournement nest valable,
& est tel acte estimé comme si Partie neust este appellée.
Le Speculateur met expressement la forme
de l’instrument tel quen ce cas, ou titre. Cōme l’adiournement
est faict ou doibt estre faict par lettres.
lequel le Lecteur pourra voir tout a loisir.
a l.Aut qui aliter, in principio ff. Quod vi aut clam.
G CHAP

74 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE LXIIII.
De l’Adiournement Reel, qui est prise
de corps.
Sommaires.
1 Il n’est tousiours loisible a l’officier de prendre chascun.
2 Pour executer prinse Ciuile faut noter quatre points.
La debte de celui qu’il arreste.
La qualité de la personne.
L’office de l’executeur.
Le lieu.
3 La debte doibt estre certaine & liquide.
4 Quelles qualitez de personnes doiuent estre obseruées en arrest ciuil.
5 Pupilles, ProdIuges, Fils de familles.
6 Docteurs Medecins, Professeurs.
7 Nuls pour vne debte crue.
8 Qui sont soluables.
9 Ceux ci ne peuuēt estre prins ni arrestez ciuilement Pleige auant le principal.
10 Nulle femme honeste & mariée.
11 Toutes foys pour elle peut estre prinse.
Debte fiscale.
12 Tutelle de ses enfans
13 La femme mariée, quoy quelle fut deshoneste
14 La femme mariée deshonneste qui a abandonne son mari, pour estre remenée a icelui
& non en prison.
15 Peut estre prinse Ciuilement Toute femme que est mechante & paillarde.
16 Es villes de Flandres on arreste ciuilement ou les personnes, ou les les biens.
17 Au Conseil de Flandres on n’arrest point les personnes, s’elles ne sont
Insuffisantes
ou
Suspectes de la fuitte.
18 Si la debte est certaine, pour laquelle il prent quelqu’un.
19 Si le debteur est suspect de fuitte.
20 Si telle suspicion s’est nouellement leuée.
21 L’officier executeur doibt estre informé de six points auant prendre Si le debteur n’a
nuls heritages en Flandres.
22 Si celui qui est suspect de fuitte s’en est alle hors de Flandres apres le contract passe.
23 Si au temps qu’il a faict la debte il estoit pouure ou soluable.
24 Le Creancier peut tenir & garder son debteur prisonier, iusques a fin de payement, ou
tant qu’il ait faict Cession de biens.

25 Qui oste celui qui est prins des mains de l’officier
26 L’ecuteur laissant par saintise eschaper celui qu’il tient prins doibt respondre pour la
debte du deliuré.
27 Le Crediteur peut apprehender le debteur qui s’enfuit.
28 Nul ne doibt estre tire de sa maison ni d’un lieu sainct pour cause de debte.
29 Les debteurs d’un Prince, d’une Republique, & les Banqueroutiers, ne doiuent estre
nulle part a seurete.
Nous auons en ce lieu a traicter d’emprisonement,
& fault premierement noter qu’a
1 vn officier n’est incontinent permis de
prendre ou arrester indifferemment toute personne
comme bon lui semblera ou bien a la requeste de la
Partie, & par telle prinse ou arrest diffamer vne bōne
& honeste persone, comme il aduient coustmie
2 rement. Mais auant qu’il face prinse de corps ou arreste,
entre plusieurs point qu’il a a obseruer, il fault
qu’il en garde principalemēt quatre, a sçauoir la debte,
la qualité de la persone qu’il doibt prendre, son
3 office, & le lieu ou il faict telle prinse. Pour claire co
gnoissance desquels fault sçauoir. En premier lieu
de la debte, a sçauoir que deuāt toutes choses l’Huissier
de court qui est requis de faire execution pour
vne debte pecuniaire, doibt estre bien seur & acerte
ne de la debte, a sçauoir qu’une telle debte doit estre
4 claire, liquide, & indubitable. En secōd lieu, quant a
la qualité des personnes, il y a plusieurs choses a cōsiderer,
a sçauoir, si c’est vn homme ou vne femme.
Si c’est vn home, s’il est constitue en quelque dignité,
s’il est riche, ou pouure, s’il est vsant & iouissant
de ses droicts, ou soubs puissance d’autrui, s’il est estranger
ou habitāt du pais, ou bourgeois, s’il est fugitif
ou suspecte de fuitte. Et si cest vne femme a sçauoir
s’elle est honeste, ou deshoneste, mariée, ou nō
mariée & c. Touchant laquelle qualite de persones,
il conuiendra obseruer ce point, c’est que les pupilles
5 & prodIuges ne peuuent estre prins prisoniers. Ne
semblablement les fils de famille, s’ils nestoyēt paruenuz
en aage viril, au quel ils pourroyent faire cession
de biēs, car alors iasoit qu’ils fussent en puissance
de pere & mere, si est qu’ils pourrōt estre prins
6 & emprisonnez. a Semblablement les Docteurs.
Medecins & Professeurs, ne peuuent estre prins de
droict pour debtes ciuiles ou pecuniaires, mais
ie pense

CIVILE.75
ie pense que tels droicts ne sont point gardez, ains
qu’en tous endroicts il sont rompuz & enfreints.
Aussi ne peur aucun estre prins ou emprisonné pour
vne debte crue, & non euaincue & gaingnée par
proces, ou pour ainsi parler pour vne debte iniuste,
mais seulement apres la sentence donnée, ou apres
le temps de lobligation expire, s’il y a en quelque
obligation ciuile ou iusticiaire precedente, ou bien
quelque cedule obligatoire elle egalle, signée de la
main de celui qu’ō voudroit prendre, & aprehender
cōme iuridique & cōforme a lacte iudiciaire, principalement
s’il est cōcitoyen ou habitant du lieu: Car
8 quant aux estrangers il en va autrement. b . Persone
aussi qui air pour payer & soit soluable, & qui est tel
qu’il peut donner bonne caution & suffisante, & la
presente, ne doibt estre emprisonne. c . Si ce nestoit
qu’il fust estranger, impotent, ou bien du pais, mais
suspect de fuitte, auquel cas il pourra estre prins, tant
qu’il ait liuré bonne caution. Mais s’il estoit puissant
& suffisant en biens tant meubles, comme immeubles,
assis en la mesme iurisdiction, il ne deura estre
d’entre prins & aprehende au corps, mais premierement
se doibt faire execution & aprehension de
ses biens, auant que mettre la main sur sa personne
9 pour le constituer prisonner. d . Au reste, nul plege
ne doibt estre prins ou emprisonne n’executé, ni
mesme conuenu, si non apres que le principal est
deuenu insuffisant. e . Item si ce n’estoit qui celui
estranger, impotent ou suspect de fuitte: Lesquelles
conditions ne sont sans cause adioustées. Car si le
plege & principal estoit estranger puissant, ses biens
pourroyet premierement estre arrestez, tant q’uil
eust baille Caution. Si celui sur qui on veut faire
apprehēsion est du pais & prudhome nō souspciōné
de fuitte, il doibt premierement estre conuenu, & ne
doibt estre prins, sinō apres la sentence dōnée cōtre
10 lui, comme dict est, Semblablement vne femme qui
est honeste, ne doibt estre emprisonée pour vne debte
ciuile ou pecuniaire, quoy que la debte fust gran
de, voire encore qu’elle neust aucuns biens, ains on
doibt aduiser s’il se trouuera quelques biens, & mertre
la main dessus. f En ce lieu ci allegué en la marge
dict le texte. Auiourdui par nouueau droict nous ne

permettons a aucun que pour deniers de fiscq, ou
pour cause priuée, ou aussi pour quelque crime en
quelque maniere que ce soit vne femme soit mise
11 enclose, ou gardée en prison. Mais si elle est compellée
pour debte fiscale ou priuée, qu’elle responde
legitimement par son mari, ou par autre. Que si elle
ne veult respondre & poursuiure sa cause legitimement
en tant qu’a elle touche, soit passe oultre en l’execution.
Par cas semblable, si vne honeste femme
auoit prins tutelle de ses enfans, & par ainsi fust obligee
pour l’administration de la tutelle d’iceux, &
qu’en prenant ladicte tutelle elle eust renōcé a tous
priuileges, exceptions, & droicts pour elle establiz.
g . Lesquelles loix si aleguees sont vnes & mesmes
ati pied de la lettre, il n i a point de faute qu’en tel cas
ou semblable elle pourroit estre aprehendée & emprisonnée,
a ce que dignemēt & comme il apertient
13 elle satisface aux pupilles. h . Mais les choses susdictes
quant a ne prendre prisonieres les femmes honestes,
sont aussi vrayes des femmes deshonestes mariées:
Car si quelque femme mariée menoit vie deshoneste,
si est ce pourtant qu’a cause de l’honeur de maria
ge elle est tenu honeste, & pourtant ne doit elle estre
emprisōnée. i Mais la raison d’une telle prerogatiue
14 vien a faillir, si vne telle femme estoit si adonnée a
paillardise, si hautaine & meschante qu’elle vint a
laisser son mari, & face refus de retourner auecques
lui, car en tel cas elle peut estre prinse & tirée hors de
la maison ou elle sera trouuée, non pas pour estre
emprisōnée, mais afin que de ceste maniere elle soit
remenée a son mari. k . Et alors le mari pourra estre
15 comme pour les debtes de sa femme receue, mais
quant aux filles publiques qui ne sont mariées &
sont paillarde & infames, elles peuuent pour debtes
estre menées & tenue prisonnieres. l . Mais pour plus
ample declaration de ce qui a este iusques ici dict,
quant au droict de prendre ou arrester. Il fault qu’un
chascun note ce point, qu’en Flandres le droict est
& coustume receue, & principalement es villes d’ar
rest, de proceder contre l’estranger, c’est a sçauoir
qui n’est point bourgeoys par arrest, ou de sa personne,
ou de ses biens, que le demandeur trouuera en
icelle ville. Et de ceste maniere le demandeur prepa
re & faict la premiere entrée, pour entrer en iustice,
tenant la persone de son debteur, ou ses biens en arrest,
tant & si longuemēt que celui qui est arreste ait

17 donne & liure caution de se representer & comparoistre
en iugement. Mais au conseil de Flandres on
n’euse plus d’arrests, si ce n’est en vn cas seulement,
cest a sçauoir, quand la partie est tenue suspect de
s’enfuir, & dauantage quelle n’a audict pais de Flādres
aucuns heritages. Car en ce seul cas sont despeschees
commissions pour prendre quelque personne
ou l’arrester, iusques a tant quelle ait donne caution
de comparoir en iugement, & de payer l’adiuge.
18 Et quant a ce qui touche lo’ffice de le’executeur (com
bien qu’il doibt precognoistre tout ce que dict est)
toutes foys il y a encores en ce dernier negoce six
points qui lui touchent & cōpetent d’entendre auāt
qu’il prenne aucun. Premierement, comme ia a
este dict) la certitude de la debte, a sçauoir, qu’il
lui apparoiste de ladicte debte auant l’apprehēsion,
& qu’il soit bien informé & acertené quelle est claire
& liquide auant que proceder en telle apprehension.
19 Secondement, il lui doibt estre tout notoire
que le debteur soit suspect de fuitte, a quoy lui
est besoin, d’auoir pour le moins deux tesmoins,
par ce que telle apprehension au corps, & cause
bien souuent que le bon bruit & renommée de la
personne est en danger de se perdre, laquelle ne se
peut comparer a argent, & pourtant plusieurs aimeroyent
beaucoup mieux faire perte dargent que
de leur bon renom. Et a vray dire, on ne doibt
incontinent pour peu d’argent mettre note d’infamie
sur vne personne, laquelle infamie tousiours
20 suit la prinse de corps. m Tiercement il doibt cognoistre
que ceste souspicion de fuitte, soit nouuellement
leuée, a sçauoir apres la debte, ou a cause
de la debte, car si telle suspicion de fuitte eust este
de temps de la debte, ou deuant la debte, on n’en
deuroit faire cas ni l’estimer estre pour le regard de
tel prest. Toutes foys ceci est notablement limite
21 par. n Quartement l’executeur doibt estre
informé que le debteur n’a ou possede aucuns biens
22 immeubles en Flandres. Pour le cinquiesme point
il doibt precognoistre que lors le debteur est estranger,
& que pourtant il est suspect de fuitte, d’autant
G 2 mesme

76 LA PRACTIQVE
mesme, que puis le temps du contract ou obligation,
il est alle en autre contrée ou dition, &
hors la iurisdiction de la chambre ou conseil de
23 Flandres, Sixiesmement lui doibt apparoistre, que le
debteur au temps du contract passé auoit este bien
soluable, & que de maintenant il est deuenu pouure
& souffreteux. Car si au temps qu’il fit la debte il
estoit aussi pouure qu’a present il est, il ni auroit nul
le suspition de fuitte, & ne fust ce point aucunemēt
venu en consideration. Dis donc de ces points & rai
24 sons. o . Que si iouxte & suiuant les manieres ci deuāt
declarées aucun creancier tient son debteur enpriso
ne, il lui est loisible le tenir captif & prisonier pour
vne cause ou debte ciuile, iusques a ce que ledict deb
teur lui aye satisfaict, ou quil soit trespasse, ou bien
quil soit venu despens dudict crediteur, pourueu quil
ne soit point si pouure quil ne se puisse sustanter.
Mais si vne telle durté & cruaute est digne de lhome
Chrestien, l’Euangile nous le monstre & la charite
Chrestienne, laquelle Iesus Christ tant de foys & si
diligemment nous recommande. Mais cela est de
25 droict diuin. Au demourant, quiconque ostera par
force vn home qui est prins ciuilement d’entre les
mains de sergent ou officier, tel home peult estre
prins pour icelle mesme debte, pour laquelle lautre
auoit, este prins, tout ainsi & non autremeut que sil
26 eust este son plege. Et par cas semblable, l’officier ou
executeur pourra estre prins prisōnier, si par faintise
ou cautelle, ou estant corrōpu par dons il laisse fuir
celui quil tiēt entre ses mains, pourueu qu’il le puisse
tenir, car le laissāt aller il se rend obligé pour sa debte.
Autant en peut on dire du geollier qui par dissimula
27 tion laisseroit secretement aller le prisōnier. Quant
au reste, on doibt en ce lieu noter, ou plustost repeter
ce que ci dessus nous auons dict au chap. 14. a sçauoir
que le crediteur mesme peult quelque foys prēdre son
debteur, car sil void qu’il s’ēfuie, il le pourra prēdre de
sa propre main. Et en ce faisant, il satribue de sa propre
autorite l’office, & droict de iustice, ce quen ce
cas nous auous ci dessus dict estre licite. Mais cōbiē
quil lui soit loisible l’aprehender, toutes foys sil ne
lui est il licite le naurer en fuiant, ni autremēt le mal
traicter. Car ce faisant il encourroit punition, non

seulement pour la playe ou blesseure quil lui auroit
faicte, mais aussi de l’audace quil auroit eue en le
prenant induement, & ce pendant sera la personne
prinse relachee & remise, & restituee en sa premiere
28 liberte comme mal prinse. q. Et quant au lieu, ce
point doibt estre sceu, qu’ame ne doibt estre prins ou
retire de sa maison, de sa nauiere, ou de son moulin,
de sa boutique, ou de son ouuroier ou attellier,
pour cause Ciuile, ou pour debte pecuniaire, a ce
qu’estant ainsi tire ou arrache il soit mis en prison.
r Par ce que la maison, nauire ou moulin
doibt estre a chascun vn tresseur refuge & retraicte.
s Semblablement les debteurs ne doiuent
estre retirez des lieux sacres, ains sont la soubz la
29 protection & tutelle du lieu sainct. Mais ces choses
doiuent estre entendues d’une debte priuée, & non
pas d’une debte deue au prince, ou a vne republique
pour laquelle, ni maison, ni temple ni nauire & c.
peuuent seruir de garand & sauue garde ausdicts
debteurs. Comme par cas semblable, il ni a maison
ni temple, n’aucun lieu sainct qui puisse defendre &
garentir ceux qui sont trompeurs & fraudeurs malicieux,
ou plustost vrais larrons que nous appellons
communement Bauqueroutes, qui ne sont vrayement
apouuriz par la voulonte de Dieu, ou par infortune
qui leur soit aduenu, ains seulement feignent
par mensonge quil sont du tout deffaicts, perduz &
ruinez, & se tiennent par quelques moys cachez en
leurs maisons, iusques a ce quils ayent fraudulentemēt
accorde auecques leurs creanciers, apres lequel
accord ne sont moins pōpeus & magnifiques qu’au
precedent, & retournent de noueau a leur trafique
& marchādise entrelaissée trop plus hardiment
qu’au precedant, apres auoir ainsi trompe leurs creanciers.
A vray dire, tels pipeurs sont bien dignes d’estre
grieuement & rigoreusemēt puniz & chastiez
par Iustice, & d’estre incontinēt retirez de quelques
lieux ou franchises ou ils se fussent mis & retirez, par
ce quils ne doiuent estre nulle part asseurez, lequel
chastiment leur est bien deu & employé a ce que
ceux qui auroyet desir faire le semblable fussent
par leur exemple retirez & retardez de ce faire:
comme aussi il a este establi par ordonnance de
l’Empereur Charles V. l’An 1 5 3 1. au moys d’Octobre,
& l’An 1 5 4 0. aussi en Octobre. Mais
peut estre que ce nous traicterons vne autre foys

plus amplement.
a
l. Cum & filij familias C. Qui bono. cede. possunt.
b
l.Consentaneum. C. Quomodo & quando Iudex.
c
Teste Iasone in §. Si quis in fraudem, Institut de
actionib.
d
Teste Barto. in. l. 3. §. Tutores, numero 3. ff. de. suspect.
Tutorib.
e Per vulgatam & omnibus notam Autenticam. Presen
te.C. de fideiussorib.
f Vt in Autentica. Hodie nouo iure. C. de custod.
reorum, qui est text. formalis, & ibi. Bald. A
haec eadem Autentica ponitur in titulo de offic. diuerso.
iudic. C. Et in Autentico vt nulli iudicum §. Necessarium,
colla. 9. constitut 9. vnde dictae Autenticae depromptae sunt.
g Vt l. Si quis in conscribendo. C de pact. & l. Si quis
in conscribendo. C. de Episco & cleri.
h Vti notat Bartol in Autentica Matri & Auiae C.
quando mulier tutel. offic. fungatur. & in l. Si quis
sub conditione, & ibi etiam Bartol.ff.de testamenta.
tutel.
i Vt nota. voluit Ioam. Andr. in titulo de iniur.
in princip. in addit. Specul Argu. l. Si vxor. in. §.
Diuus. ff. ad l. Iul. de adulterat. notat Roman. in l.
Si vero. §. de viro in 2. fallentia. ff. Solut. matrimon.
Alexander in d.l. Plerique ff. de in ius vocand.
k Vt notabiliter tradit Abb. post. Cardin. in c. literas.
Column. fi. extra. derestit. spolia. Horum & similium
etiam meminit D. Pbilippus Decius in l. siue regula
foeminae, in sua lectura super titulo. ff. de Reguliur.
l Vt notat. Ang. post Petrum in l. Quoniam. C.
de Custod. reor. & idem notat. Bald. in l. Consentaneum.
collum. fin. C. quomodo & quando Iudex. allegat.
text. in Argument. in §. finali, in Autentico de
Restitut. & ea quae parit in vndecimo mense post mortem
viri. His seruit ratio legis. C. ad l. Iul. de
adulter.
m Teste

CIVILE. 77
m Teste Iacobo de Butriga. & Baldo. & Barto. in d. l.
Consentaneum C.quomodo & quando ludex.
n
Paul. de Castr. in. l. Eum §. primo ff.Solu. matrimo.
o
Vt habetur apud Angel. de Aret. in repetitione l. Nemo
carcerem. C. de exacto. tribu. lib. 10.
p
l.prima C. qui bo. ced poss.
q
Argu. l. Extat. & ibi. Barto. nu.6.ff.de eo. quod met.
caus.
r
l. Nemo de domo ff. de regul. ỉu & l. sed & is.ff. de in
ius vocan. cum bona gloss. in Clementi.C. ausam. super verbo
in domo de elect.
s
Iuxta vulgatam l. Plaerique & ibi. Bald. 7 Ludo. Ro
man. & post eos Iason. ff. de in ius vocan.
G 3 CHAP

81 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE LXV.
De rompure de Prison en matiere Ciuile.
Sommaires.
1 Celui qui rompt la prison, est en l’amande de dix liures parisis.
2 Celui qui tout doucement ou sans forte sorce de Prison n’est aucunement coulpable.
3 Le Geollier qui est nonchalant de garder vn debteur, est tenu de la debte d’iceluy.
1 Qviconque auroit este prins pour debte non
cognue & non confessée, & que ce pendant
auant la preuue de la debte il s’enfuist violentement
de prison, ou bien rompist ladicte prison
il rendroit sa cause plus mauuaise qu’au precedent.
Car la debte qui premierement n’estoit confessée,
est par sa fuitte tenue pour confessée & toute certaine,
& d’auantage, tel qui ainsi s’enfuit ou rompt la
prison est en l’amande de dix liures Parisis, ou bien
condamne a estre banni, ou bien d’estre puni a la dis
2 cretion du Iuge. a Mais ce que dict est se doibt entendre,
quand telle fuitte est violente, ou quand il y
a rupture ou fracture de prison. Car si le prisonnier
eust trouue la prison ouuerte, & qu’il en fust sorti
sans faire force ou violence, les barreaux ou les seps,
qu’il auoit aux pieds, ou bien autres tels instrumens
qui le tenoyent serre en prison, & desquels il estoit
lié & enferré, en tel cas il n’encourroit aucune peine
3 ou domage. b Mais alors le Geollier par la malice
mesgarde ou nonchaloir, duquel le Prisonnier
s’en seroit ainsi alle gentilement, & a son aise seroit
lui mesme en danger de payer la debte dudict prisonnier. c
a Barto. in l. fina. ff.de custod. & exhibit. reor. & nota
bili l. Quotiens de exacto, tributo, lib. 10.c.
b Secundum bald. in l. Succurritur. ff. quib. caus. maior.
c Textus est literalis in l. Ad Commentariensem C. de
custod. reor.l. Milites ff.eo tit. de custod. reor. d. noatbili
l Quatiens de exacto tributo lib.10. C. Facit textus in simi
li, & in l. finali. C. de oper. libert. adde textum. in l. Consiliarios.
C. de assessoribus.

CHAPITRE LXVI.
De Relaxation de prisonniers en matiere
Ciuile.
Sommaires.
1 Celui qui est prins pour vne debte non confessée, doibt estre relasche sous caution.
2 Celui qui est prisonier pour chose adiugée, n’est relaché sinon faisant payement.
3 La femme honeste prinse pour chose Ciuille doibt estre incontinent relaschée.
1 OVicōque est prins ou emprisonne pour deb
te crue & non confessée, doibt estre relasché
2 soubs caution, & ne lui peut relasché
estre refusée. a Mais celui qui est prins pour vne cho
se qui est desia iugée, ne doibt estre relasché, sinon en
consignant ou garnissant, ou nantissant ou en faisant
3 cession de biens. b Femmes qui sont pudiques
& honestes, & qui sont emprisonnées pour cause
ou causes ciuilles, doiuent incontinent estre relaschées
sans aucune caution ou plege, car elles ne peu
uent estre emprisonnées comme ci dessus este dict
au chapitre. 64.
a
Iuxta ea quae notantur in l. Si fideiussor. § final. ff.
qui satis. coguntur.
b
l.1. & ibi. notatur per Cynum. C. qui bo. ced. poss.
CHAP.
CIVILE 79
CHAPITRE LXVII.
De Pleige ou respondant, ou Caution en
matiere Ciuille.
Sommaires.
Soubz Caution & promesse.
1 Les prisonniers se relaschent, ou Soubz Caution de serment ou iuratoire.
Promesse de Paroles.
Certaine peine.
2 Cautions

80 LA PRACTIQVE.
De comparoistre en iugement simplement
2 Cautions se baillent ou ou
D’ester a droict & payer l’adiugé.
3 Donner caution de payer l’adiugé, est entendu de la somme sur laquelle on procede.
4 Payer l’adiugé s’entend seulement de la chose don’t est question.
5 Les personages riches de droict, ne mettent point pleiges, mais bien suiuant la Practique.
6 Le fiscq ne peut emprisonner personne pour l amande.
7 Es cas qui emportent peine celui qui ne peut trouuer pleige, doibt estre relasché par
serment.
8 Celui qui iure par contrainte, n’est oblige retourner en prison.
9 Nul ne se peut obliger d’aller en prison.
1 Il aduient que quelques foys les prisoniers sont
relaschez par foys sous cautiō fideiussoire, c’est
asçauoir auecques pleige quelque foys souz caution
iuratoire, cest adire en prestant le serment, &
2 telle foys souz seule simple promesse telle foys aussi
Sur quelque peine. Et quant aux cautions elles se
dōnent quelque foys simplement de se presenter en
iugement & sans plus. Les cautions se dōnent aussi
3 quelques foys de comparoistre en iugement & payer
l’adiuge. a Au reste, quand aucun est pleige de payer
ladiuge, cela sentend seulement de la chose dont est
question, & non d’autres choses qui fassent a iuger
comme d’amendes ou autres charges, si ce nestoit
que ledict pleige se fust generallement oblige a
toutes choses qui seroy ē t a iuger & a tous actes particuliers. b
4 Pareillement de ladiugé que le iuge adiugera a la
partie, & non de celui qu’il adiugera au fiscq, de l’a
mande prouenant d’abbus d’appel, ou d’attente ou
5 semblables, si ce nestoit que la deuise ou obligation
eust este plus ample. c Quāt au surplus, Celui qui est
riche d’argent, de meubles, ou heritages, n’est de
droict tenu constituer pleiges. d Mais l’usage & la
6 coustume sont au contraire. Au demeurant le fiscq
ne peut prendre aucun ni le retenir prisonier pour
amendes ciuiles prouenātes d’abbus d’appel, ou biē
de chose attentee, ou semblables, ains se pouruoirra
incōtinent de ladicte amande adiugée des biens de
celui qui est cōdāné, s’aucū en y a, & s’il ne s’en trou
ue aucuns, en tel cas il n’aura rien aussi, suiuant ce
prouerbe, la, ou n’I a rien le roy y perd ses droicts. Et
7 pourtāt ne le peut a raison de ce cōstituer prisonier.
En matieres de peines si celui qui est prins iuroit ne

pouoir mettre caution pour l’amende, ou pour les
despens, qui seroyent adiugez, alors deuroit il estre
8 relasche sous caution iuratoire, ou de serment. Si
Celui qui est captis&prisonier estoit detenu par force
sans estre relasche & ce pendant estant ainsi contrainct
, promettoit de retourner a certain iour en
Prison, & qu’il ni retournast audict iour, il ne seroit
aucunement estime pariure, car la violence a lui faicte
lexcuse de tache de periurement. e Et certes quant
9 a ce cas, cest chose bien vraye que personne ne peut
obliger soy mesme a retourner en prison sur peine
de la vie ou de son corps, ou de ses membres, parce
que nul nest seigneur de sa vie, de son propre corps,
ou de ses membres. f.
a De qua ss. iudica. solui per totum titu.
b l Cum apud Sempronium, & ibi. Bart. ss. deiudic.
solui.
c Ioan. And. in addit. ad Specu. tinu. de fideiussor.
d Specu. de instru adit. §. 14. versic. Quid si bares l.
Sciendum ss. Qui satisd. cogantur.
e Glossa est notabilis in verbo. per violentiam in Clementina
Pastoralis de senten. & re. Iudic. quam dicit Brixi.
in suo dictiona. singularem in sua opinione de captiuo.
f l. Liber home prima in princip. ss. ad l. Aquil concordat.
text. in c. Si non l cet 23. q. §. & l Omne delictum. §.
Qui se vulnerauerit ss. de re. milita. & l. Si quis aliquid
secunda. §. sina. ff. de poenis.
CHAPITRE LXVIII
De bailler diuerses manieres de Cautions.
Sommaires.
Fideiussoires.
Iuratoires.
1 Des Cautions les vnes sont Simples & nues.
Pignoratoires.
En sa chose propre.
2 Simple se faict par simple promesse.
3 Caution pignoratoire se faict par deposition de pan ou gage.
4 En chose propre se faict en sa propre cause.
5 Celui qui arresté pour donner Caution peut engager son anneau.
1 Il y a diuerses especes de cautions, car les vnes
(comme nous auōs dict au chapitre prochain
Precedāt) sont cautions fideiussoires, les autres iuratoires. De rechef, les vnes sont
simples & nues
2 les autres pignoratoires, les autres en la chose propre

Simple caution est celle qui se faict, ou par simple parole, ou bien par simple promesse,
sans aucun serment
ou gage. A. Ou bien caution nue est quand
quelqu’un se fie tāt en moy qu’il se contente de ma
seule & nue promesse. Et est telle Caution proprement

CIVILE. 81
3 dicte promesse ou conuention promise. Caution
pignoratoire ou hypothecaire est quand le gage
est liuré, ou qu’il y a hypotheque, ce qui se faict
par treffond d’heritage, terres, maisons, ou autres
biens immeubles. Il y a en oultre plusieurs choses &
causes, esquelles on doibt constituer & dōner Caution,
& principalemēt quand la Partie requiert icele
caution, come de comparoir en iugement.
IItem de ratification, Plus, de domage non encores
faict, d’entreprendre vn ouurage : que l’usufruitier
4 n’use mal de la chose don’t il possede lusufruit. Il y a
aussi fideiussion ou pleige en sa chose propre, c’est
a sçauoir, quand aucun se constituer pleige pour aucune
chose, & en la cause qui doibt estre siene, cōme
pour exemple, I’ay mis ou cōstitué Procureur pour
defendre quelque chose en ma cause, & ay respōdu
pour icelui Procureur que ie payeroye l’adiugé, en
tel cas ie suis dict pleige en ma chose. b comme il se
faict communement en toutes chose procuratoires.
5 Si i’estoye arresté pour mettre Caution, que ie
ne l’eusse, & ne la peusse recouurer promptemēt, alors
pourroy ie tirer l’anneau de mon doigt, & le
bailler en lieu de gage, ce qui rend la Caution certain
ne, s’ainsi estoit que se gage peust suffire a la debte,
& sur ceste Cautiō de gage demander estre relasché
pourtant qu’une pierre precieuse est compare a l’im
meuble, c pourtant que les biens immeubles, &
tous meubles qui sont precieux & se peuuent garder
viennent en comparaison ensemble, quant a la
solennité qui y est requise, & l’alienation d’iceux.
a Vt l. prima cum iuncta gloss. in verbo Caution. C. de
Procuratoribus.
b Vt l. si defunctus ff. de Procuratoribus.
c Teste gloss in verbo tractatu, in c. Tma. extra. de his
qua fiunt a Pralat. fine consensus capit. & ibbi. Abb. Pannor.
d Vide gloss. in c. primo de reb. Eccles. non atienan. hb.
6 & in c. Is cui de elect. lib. 6.
CHAPITRE LXIX.
De l’Agrauation des prisonniers
Sommaires
1 Le prisonnier par
Le Fiscq peut estre aggraué, ou par

Le Crediteur du Prince.
ou
Vn Crediteur priué.
Par le Crediteur peut il estre aggraué, par Le Fiscq.
ou
Crediteur
Du Prince
ou
Priué.
2 En receuant le payement d’un prisonier arresté a vn chascun est garde son ordre.
Tout ainsi que ce celui qui est faict prisonier
criminellement, est bien souuent charge
& aggraué par recharge, surcroit & cognoissance
de nouueaux crimes, ainsi est il de celui
1 qui est prins ciuilement. Or en emprisonne vn home
ciuilemēt en premier lieu par le fiscq, ou par autre
crediteur, & cela se faict en deux manieres, a sçavoir,
pour debte deue a vn Prince, ou bien pour vne
debte priuée. Ainsi doncques si quelqu’un auoit este
prins par le fiscq pour certaines amendes procedées
de crimes, & audict fiscq adiugées, il pourra aussi
au mesme temps, & tandis qu’il est costre en prison
estre chargé & greué par quelque autre Crediteur,
ou par plusieurs Crediteurs. Entre lesquels, si quelqu’un
l’arreste ainsi pour la debte du Prince, quand
viendra au payemēt il sera preferé a tòus autres creāciers.
Et quant aux autres chascū tiendra son ordre.
2 Mais s’il ni a nul d’entre les agrauans qui pretende
Debte du Prince, ains seulement vn chascun sa debte
priuée, ils tiendront en cest arrest & grieuement
chascū son ordre, de sorte que celui qui premieremēt
la prins ou arresté prēdra aussi premier le payement.
Et tout ainsi que celui qui est agraué par lle fiscq, peut
aussi estre agraué par autres crediteurs, sēblablemēt
celui estre agraué par autres crediteurs, sēblablemēt
celui qui a este prins par les crediteurs” pourra estre
agraué par le fiscq pour amēdes criminelles, en tant
que ses biens pourroyent aussi suffire a payer lesdictes
amendes. En cas pareil pourra il estre aussi greue
par crediteurs priuez. Mais si le crediteur vient la
auecques debte du Prince, cestui ci (comme dict est)
sera preferé a tous les autres. Et a raison des choses
dessus dictes est descend cedict cōmun. Quicōque
est mis en prison pour vne cause, il y demeure facilement
pour vne autre. Laquelle retention n’est autre
chose qu’estre de rechef arreste & aggraué pour

nouelles causes qui sortent en cognoisssance.
CHAPITRE LXX.
De la miserable Cession de biens.
Sommaires.
1 Detestation contre la dureté des hommes, qui ne sont touchez d’auc une commiseration
fraternelle.
2 Cession

82 LA PRACTIQVE.
2 Cession de biens est le remede pour ne pourrir en prison perpetuelle.
3 Les loix acceptant cession de bien pour payement.
4 Cession de biens est valable encores qu’on eust iure n’en faire point.
5 Doibt iuridiquement confesser toutes ses debtes.
6 Doibt ceder a ses crediteurs tout ensemblement, reseruant seulement de quoy il puisse
Qui vent faire cession viure.
7 Il doibt iurer quil payera les reliquaz, s’il vient quelque foys a prosperer, ou a meillieure
Fortune.
8 Cessions de biens deliure le prisonnier de prison, mais ne l’acquitte pas.
9 N’a lieu contre le fiscq & Republicque.
10 N’a lieu en ceux qui pour defrauder leurs Crediteurs mangent & gaspillent lizurs biens.
11 N’a lieu en ceux qui sont obligez faire quelque ouurage.
12 N’a lieu en plusieurs villes de Flandres.
13 Cession de biens Ne doibt estre refuse a personne.
14 Elle se faict en iugement & hors iugement, & par messagers.
15 Elle ne se faict en France, sinon en iugement & contumelieusement.
16 Selon la coustume du Royaume de Leon, cession se faisoit frottant le cul, a vn Lion de
pierre.
17 Elle ne seroit si commune, s’elle se faisoit auec contumelie.
1 C’est biē vne chose a plaindre & detester, que
par tout, & en tous lieux se trouuent homes,
“qui seulement sont homes de nom, & esquels
a peine trouueras tu gueres autre chose de l’home
que la forme & appellatiō, tant ils sont despouil
lez d’humanité, & sont au contraire pourueuz d’un
coeur si dur & inhumain, qu’ils ne sont aucunemēt
esmeuz a pitie, &commiseration pour les fortunes,
& qui pour cause des aduersitez qui lui sont suruenues
n’a le moyen de les payer, ils le vous coffrent
incontinent & sans aucune pitie en prison, & la le
laissent pourrir & mourir de pouurete, puanteur, &
tristesse, plustost que le relascher, ou lui quitter la
debte, a lui qui n’a le moyen ou pouoir de payer, &
rendre la vie & liberte au pouure miserable, qui est
leur frère en Iesus Christ: combine qu’ils sachent &
cognoissent que le pouure debteur n’est en default
de payer par sa coulpe, paresse, ou prodigalité, ainçoys
par la volonte & disposition diuine. Voy, ie te
prie Lecteur, & confidere, si tels homes pour vn
faulx tiltre de foy Chrestienne qu’ils vsurpent sont
membres du corps de Christ qui est en l’Eglise. Cōsidere
qu’un mēbre d’un mesme corps aye par coustume
& deuoir commiseration de l’autre membre
qui est du mesme corps. De laquelle commiseratiō

tels fiers animaux sont grandement eslonguez, &
pensent trop peu a c edict du Seigneur. Mechant
seruiteur, ie t’ay quitte toute la debte pourtant que
tu mas prie. Ne failloit il donc pas que tu eusses cōpassion
de ton compaignon seruiteur, ainsi que ie
lay eue de toy? Et estant son Seigneur courroucé
le liura aux bourreaux, iusques a ce, qu’il eust paye
toute la debte entierement. Ainsi vous sere mon pere
celeste, si vous ne quittez chascun a son frère de
bon coeur. a Lesquelles choses, combine qu’elles
soyent dictes des offenses humaines, toutes foys on
croit bien aussi qu’elles sont dictes quant aux debtes,
c’est a sçauoir, quand le debteur a cause de sa pou
ureté, ne peut payer. Mais quand les homes se sont
trouuez tant rudes & cruels qu’ils n’ont este esmeuz
a aucune compassion de leurs frères, les droicts ont
aussi este trouuez qui ont eu plus de commiseratiō,
que telles masques d’homes, ou pour dire mieux,
qui de douceur & bonté ont vaincu tels coeurs diamantins.
2 On a trouue di ie vn propre remede a ceste
tirannie, qui est appellée en droict, cession de
biens, ou miserable cession de biens, qui est vn certain
benefice de droict, lequel est octroye a ceux
qui sont deuenuz impuissans & insuffisans pour
payer leurs debtes, & qui en sont si chargez & enfonduz,
qu’ils n’ont de quoy satisfaire a leurs Crediteurs.
Et toutes foys a fin qu’ils ne lāguissent en perpetuelles
fascheries & anchoisses de prison, ils aymēt
mieux tout perdre que la liberté ou la vie, Et pourtant
ils sont se qu’ils peuuēt. Et en effect ils cedēt &
quittent tous & chascuns leurs biens, & renoncent
a iceux au proufit & a l’utilité de leurs Crediteurs.
3 Et acceptant les droicts vne telle cession pour payement,
En tant qu’ils ne veulent que pour debte pecu
niaire aucun soit mis & detenu en prison perpetuel
le. b Les choses susdictes precedent & ont aussi
lieu au cas, que les debteurs eussent premierement
promis & iure de iamais faire cession de biens. Mais
pour faire la susdicte cession de biens, il y a quelques
sonlennitez de droict qui sont requises, voire necessaries,
lesquelles celui qui voudra ceder, doibt premierement
faire & obseruer, car autrement sa cession
ne sera receue ni aduise, c quoy qu’en la l. omni
ci alleguée en marge soit contenu cession se face
ou puisse faire par la simple parole & sans aucune

solennité, c’est a sçauoir en la fin, ou est dict en semblables
termes, En toute cession suffist la seule profession
ou declaration de la volonté, cest a dire, tesmoin
la glose sur ce mot professio, c’est a sçauoir,
qu’il die seulement Ie cede mes biens. Or donc pour
conclure les solennitez ou conditions qui sont requises
auant faire cession de biens sont cestes.
5 Premierement, que celui qui veut ceder en iugemēt
& hors iugement, cognoisse par expres toutes ses
debtes, & d’icelles depose iuridiquement ou par soy
mesme, ou par condemnation, constraint par icelle a
faire ladicte deposition : & s’il estoit defaillant de ce
faire, il ne doibt estre oui en Iugement. d Secondement
il est requis, qu’apres icelle confession & deposition,
il cede a tous ses Crediteurs ensemble, leur
renonce, & immeubles en quelques lieux qu’ils soyent,
ou soyent trouuez, & qu’il les leur enseigne & monstre
6 sans fraude aucune. Sauf toutes foys qu’il reseruera
d’iceux biens pour soy autant que pour se pouoir
7 sustenter & nourrir. e Tiercement, il est requis
qu’il iure qu’il payera les restes & reliquaz
quand il sera paruenu a meillieure fortune. f Ces
conditions deuroyent bien aussi garder noz larrons banqueroutiers,

CIVILE. 83
banqueroutiers, qui fraudulentement transigent &
accordent auecques leurs crediteurs, & apres vn an
sont plus riches qu’ils n’auoyent este au parauant,
8 sans que portant ils payent aucunes reliquatz. Quād
doncques quelqu’un qui est emprisonne suiuant les
manieres susdictes, faict cession de tous ses biens, il
doibt estre incontinent & absolutemēt relasche &
remis hors de prison en sa pleine franchise. g Il est
bien vray, qui est deliure de prison, mais si n’est il afranchi
de sa debte, portant qu’il demeure encores
beaucoup en debte. Et pourtant combine que telle
cession de biens le deliure de prison, si est ce toutesfoys
quelle ne le deliure point de la debte en quoy
il reste. h Mais il fault en cest endroict noter que si
celui qui cede auoit premier & auant la cession constitute
pleige ou caution, il celui pleige ne seroit aucunement
absoult ne relasche moyennant ladicte cession.
9 Il fault dauātage ici noter que cession de biens
n’a lieu en tous cas & en toutes choses, partant quelle
na point lieu cōtre le fiscq, ne contre la republique
car a ceux qui sont redeuables au fiscq, & a la repub.
n’est loisible faire cession de biens. i Car au lieu ci
allegue ces deux Docteurs tiennent : que les bourgeoys
subiects qui veulent faire cession de biens a ce
qui’ils ne soyent chargez d’offices publiques, ou pour
euiter destre collecteurs de tailles ou tributs, qui
doiuent estre assiz sur chascun selon sa portee& au
souls la liure, tels ne doiuent pas estre receux ni admis
a faire cession de biens, ni mesme escoutez. k
10 Aussi n’a lieu cession de biens en ceux qui dissipent
& gourmandent leurs biens pour tromper & defrau
der leurs crediteurs : Aussi n’a elle lieu en ceux qui
11 sont riches & ont bien la puissance de payer. Et aussi
ne peuuent faire cession de biens ceux qui precisement
12 sont obligez a quelque faict, ou a faire, &parfournir
quelque ouurage. Aussi vse on bien peu &
en peu lieux en Flandres de ceste cession de biens,
pourtant quelle porteroit grand domage au faict &
trafique de la marchandise quand on viendroit a en
13 vser fraudulentement. Et toutes foys elle se peut &
doibt permettre, & princilalement es lieux ou elle
a este vsitee, ou bien es lieux ou elle pourra faire sans
domage de la chose publique, pour autant que cest

vn singulier benefice de droict, comme dict a este.
Et aussi ceste cession de biens (pourtant qu’elle est
fondee en droict) ne doibt estre refuse a personne.
Comme aussi ame ne peut renoncer au benefice de
14 telle cession de biens, 1. Et quant a ladicte cession
de biens, elle se peut faire non seulement en iugement,
mais aussi hors iugement, &suffit quelle soit
declare ou par messager, ou par lettres, principale
mēt si les troys cōditiōs susdictes y sont obserueés, a
scauoir par le cedāt, ou par son procureur. m. Laquel
le loy Alexandre aux apostilles qu’il a faict sur Bartole
repute estre singuliere a ce que la consession se
15 peut faire vn messager. Mais au royaume de Frā
ce ame n’est admis ne recue a faire cession de biens
par procureur, par messager, ne par lettres, mais celui
qui vault ceder, doibt lui mesme faire ladicte cessiō
personellement , & en iugement, ou consistoire publique
estāt desceint, la teste descouuerte, & ce pour
plus grand deshoneur & infamie. Car aussi il sen
trouue qui dient, que toute cession de biens se doibt
faire par quelque acte infame & vituperable, voire
establi par quelque forme dordonance, telle quelle
est declare au chapitre, de donner la regle au lion
16 de marbre deuant la porte du Capitole. n. On soloit
iadis en ce pais bas obseruer des formes & manieres
de faire es cessions, qui nestoyent point mal semblables
a celles ci deuant mentiōnees, & qui en auoyent
destourne plusieurs de faire cessiō. Mais apres que tel
les solēnites infames ont este abolies, il se nest trouue
biē peu qui ayent eu en horreur ladicte cession, ains
qui plus est leur semble qu’ils ont bien ioue leur personage,
quand ils ont faict vne bonne grosse banqueroutte.
Desquels ie pourroys ici recite plusieurs
exemples, mais ie poursuiuray ma matiere encommencée.
a Matth. 18
b l. Incredibile C. de poenis, & l. Aut damnum §. Solent
ff. eo. titu. Ita intelligitur text. admodum notabilis, qui
quotidie & in scholis, & in iudijis allegaturr, in l. Nemo car
cerem C. de exacto tribute. hb. 10. & l. prima §. finali ff. de
alealus. & aleato.
c Quantumuis l. in 3. Omni C. qui bom. cedere poss.
d l. Qui cedit. ff. de cess. bo. Cum optima iibidem gloss. iuncta
in verbo. non debet.
e Argu. l. finalis §. Licentia & ibi not C. de iure delib. &
l. Qui bo. ibi. Nec enim fraudendus est alimentis quotidianis
ff. de cess. bo.

f l. i. C. qui bo. ce. Poss. & l. is qui bo. ff. eod. Titu. De
cess. bo.
g Argu. l. primoe C. qui bo. ced. poss
h l. prima & ibi Barto. C. qui bo. ce. Poss. & l. haeres §.
Quod si stipulator. & ibi. Alexander. ff. de fideiussor.
I Testibus Baldo & Saliceto in l. proptier honorem C.
Qui bo. ce. poss.
K Huic simile tenet Barto. in. l. is qui ff. dee cess. bo, quamuis
Tamen alibi videatur temere oppositum in l. 3. Iuncta
gloss. C. eod. Qui bo. ced. poss. Plura huic material seruientia
videre licet in decisionib. Capella Tholosane q. c. xxxiiij.
addit. eiusdem q.
l Secundum Bartol. in l. Alia causa. §. Eleganter. ff. solut.
matrimo. licet Cynus videatur tenere contrarium in l. 1.
Qui bo. ced. poss.
m l. finali. ff. de cess. bo.
n Docto, in d. l. In omni C. Qui bo. ce. poss.
CHAPITRE LXXI.
De Consignation ou Nantissement.
Sommaire.
1 Qui ne veut estre prins & apprehende ciuilement, lui conuient deposer son pan ou gage.
2 Consigantion nest de droict, ains de coustume contre les desloy aux.
3 Se doiuent faire auec or ou argent, &c.
4 Les Consignations mais
Elles ne se doiuent faire auecques choses immeubles.
Qui

84 LA PRACTIQVE.
1 Qviconque refusera d’estre faict ou cōstitue
prisonnier, & si voudra oppose a la prinse
& arrest de son corps, a icelui est donné vn
seul remede, a sçauoir qu’il consigne & depose en iugemēt
autant d’argent que la chose qui est en cōtrouersie
requiert estre pris pour debtes priuilegiées, telles
que sont debtes de Prince & de Republique, car
par ceste seule consignation ou nantissement il se
2 deliurera de captiuité. Or quant a ceste consignation
ou deposition que nous appellons communement
nantissement, les droicts n’en font aucune mētion,
mais consigner ou nantir a este seulement pour cau
se introduit par le stile & coustume contre les desloyaux,
trompeurs & fraudeurs trop cauteleux qui
ne payent qua regret, & encores fort mal, ’aux paroles,
promesses, ou desloyalles cautions, desquels il ne
3 se fault fier ni appuier. Quant au surplus, toutes consignations
ou nantissemens se doiuent faire en or ou
argent monoyé, ou non monoyé, en perles, bagues,
ou autres pierres precieuses, & non pas en vtensilles
ou biens meubles, lesquels gardant, ne se peuuent
garder, sinon que la Partie se contentast de la deposition
4 de tels biens. Aussi ne peut on faire consignation
qui soit legitime en heritage, terres, & autres
biens immeubles, si ce n’estoit permis par grace du
Prince. Semblablement ne se faict nantissement auec
vtensilles, ou autres meubles, si ce n’estoit que
la Partie fust d’iceux contente ( comme dict a este)
ou que par lettres patentes du Prince fust tout notoire
qu’il lui seroit permis ainsi le faire.
CHAPITRE LXXII
De Sequestration.
Sommaires.
1 Qu’est Sequestration?
Par plusieurs
2 Sequestration se faict ou
Par vn mandement du Iuge.
3 Sequestrations en droict defendues.
4 Nul ne doibt estre sequestré de sa possession auant la sentence donnée.
5 Troys manieres de Sequestration
Casuelle qui est seulement premise pour certains cas.
En intention de priuer

Necessaire ou ou a sçauoir par le Iuge.
En intention de non priuer
Volontaire, sçauoir est par consentement des Parties.
6 Quand on craint que les biens ne soyent prodigallement despenduz.
7 Quand le Possesseur est suspect de suite.
8 En choses mobiles quand La Partie est appellante de l’execution.
9 Quand le mari apouurist, ou sequestre le dot de sa femme.
10 Quand le Possesseur adiourné ne comparoist.
11 Quand on craint combats & meurtres des Parties.
12 Ces 6. Conditions sont gardées es nouelletez & maintenues.
13 Sequestration casuelle est premise en plusieurs car Les droicts permettent seulement
sequestrations es biens qui sont sans Possesseur.
14 Quand la femme demande d’estre separée de son mari.
15 Quand le Seigneur debat fief, auecques son vassal.
16 Quand la Partie donne consentement a la sequestration future.
17 Quand le fermier vsurpe a soy la proprieté de l’heritage.
18 Quand les coheritiers ne peuuent establir Caution de donner & receuoir.
19 En sequestration de biens qui sont en brief perissables, les biens se vendent, & l’argent
en est sequester.
20 Sequestration est souuent empeschee par Caution baillée, mais il fault que ce soit auoit
la sentence.
21 Sequestration necessaire se faict par le Iuge suiuant son office en intention de priuer.
22 Sequestration volontaire se faict par les parties & priuer de Possession.
23 Combien que sequestration de biens soit defendue, si n’est il pourtant defend d’en
faire l’inuentaire.
1 Sequestration est vne separation ou depost de
la chose de quoy est questiō, ou qui est en controuersie,
ou interdiction de Possession. Car
entretant que la chose demeure depose en main
sequestre, il ni a, ni le Demandeur, ni Defendeur qui
2 la possede. a Or ceste deposition, la qui est dicte sequestration,
ne se peut faire, sinō par plusieurs, combine
que quelque foys, & vn, & plusieurs puissant
deposer. b Car plusieurs deposent la chose qui est
litigieuse: quand cela se faict du consentement des
Parties. Comme aussi vn seul peut deposer quand il
3 le faict par commandement du Iuge. c Or cest-il
que toutes sequestrations qui se sont auant la sentence
donnée sont odieuses, voire & qui plus est, elles
sont toutes defendues, tant de Droict ciuil, que
canon. d Esquelles deux gloses ci en la marge alleguées,
sont mis les cas, ausquels sequestration a acoustume
se faire. Mais Possesseur ne doibt estre desmis ou

CIVILE. 85
ou deboute de sa possession pendant le proces, ni
estre sequestre d’icelle. e Dauantage nul ne doibt
estre autremēt priué de sa possession que par sentēce
si ce nestoit casuellement, & ainsi la sequestration est
iugee premise casuellement comme es cas speciaux
qui sensuiuent. Pour lintelligence desquels fault noter
qu’il y a troys manieres de sequestrations, a scauoir
la casuelle, necessaire & volontaire, sequestration
casuelle est celle qui est seulement permise en certaīs
cas que tantost nous declarerōs. Or Bartole ne faict
aucune mention de ceste sequestration casuelle, pourtant
qu’elle est peu sondee en droict, ains est seulement
6 permise par le iuge en aucuns cas. Premierement
quand par suspition probable on craint que le
possesseur ne dissipe, gourmāde ou gaspille ses biens
meubles ou immeubles, pour lesquels il y a proces
intente auecques les fruicts d’iceux, pourtant quil
nest gueres bon mesnager, ains prodIuge & berlādier
& c. f. En second lieu, quand le possesseur est souspeçonne
de fuitte. g Or on entēd qu’aucū est suspect
de fuitte quand en la iuridiction ou il est, ou pres de
sa maison il ne possede aucuns biens immeubles, ou
s’il en a aucuns il ne sont comparables ou equiualēts
auecques les biens desquels le proces & controuersie
8 est intentee. Tiercement, quand la question & proces
sest esmeu touchant les meubles ou vtensiles, & que
l’execute prins ou arreste, appelle d’icelle execution.
Car en ce cas ces biens contentieux sont sequestrez
h. Quartement si le mari ou par mauuais gouuernement,
ou par ieu, ou par accidens suruennz par sa
couple se dechet, & peu a peu deuient a misere on
sequestre les biens pour lui conseruer son dot ou
douaire, afin quil lui soit laisse de quoy viure. i Et
10 ainsi se sequestrent aussi les biens du mari quand il
est hors de son bon sens ou furieux. Quintement,
Quand le possesseur est appelle en iugement, & ni
Vault comparoir, ains est contumax & opiniastre en
sabsentant, cest a dire, quand par coutumace il refuse
bailler caution quant a faire collation, monstre, ou
apport desdicts biēs, alors iceux biens pour lesquels
se seroit le proces meu, doiuent estre sequestrez. k.
Pour le sisiesme point quand on craint le danger de
contention, cest a scauoir que les parties ne viennent
en debat & dissentiō a cause desdicts biens, ou quils

ne tombent en grādes inimitiez, iusques a venir aux
armes ou a commettre meurtres. l. Car dict Iulian,
pourquoy endurera le Preteur que ceux viennent
iusques aux armes & a auoir debat, lesquels il peut
refraindre & retenir par sa iuridiction & auctorite
&c. m Car aussi faict on beaucoup de choses pour
Appaiser le tumult des parties. n A ce quelles ne
12 viennent en dissention, & iusques a mettre ici deduittes
sont le fondement des sequestrations qui se
sont en matiere de noueleté & maintenue, selon le stile
& practique de France, combine qu’il semble
qu’elle ne soit trop fermement fondée. Car vn chascun
pourroit aisement faire semblant de vouloir entrer
en querelle, & mesme de prēdre les armes, afin
que par vne telle feintise il peust galantement priuer
son aduersaire de sa possession, fuits, & emolumens.
13 Et pourtant les droicts veulent que sequestrations
se facent seulement des biens qui n’ont nul certain
possesseur, & de la possession desquels les deux Parties
contendent, & en veulent recueillir & perceuoir
les fruicts. p Mais quand l’un est en possession
& l’autre non, alors ne peut le Iuge sequestrer icelle
possession, encores qu’il cognust clairement que
pour cause d’icelle les parties viendroyēt tost apres a
14 entrer en debat & a prendre les armes. q Septiesmement,
quand la femme delaisse son mari pour cause
de sa trop grande & insupportable cruauté, & ne
peut par aucune maniere estre induitte de retourner
auecques lui, ançois plustost demande d’estre separée,
& ia entrer en contention & estrif, asseurant
que plus ne retournera a son mari, la trop grande
cruaute duquel elle craint l’ayant par trop experimentée,
& ni espere elle nul amandement. En ce cas
telle femme sera separée, & mise entre ses parens,
& amis, pourautant qu’a vne femme qui est en
Crainte, on ne peut pouruoir d’assez frande seureté.
r Par telle maniere peut aussi estre separée celle
qui est fiancée, a sçauoir, quand il y a crainte qu’elle
ne soit emmenée, rauie ou corrompue. f Pour le
huitiesme, quand le Seigneur d’un fief ne veut recognoistre
son vassal pour vassal, car en ce cas le fief est
16 sequestré. Et quant au neufiesme, quand la Partie
soubz condition consent a la sequestration, disant
en ceste maniere. Si a tel iour ie ne te paye ou contente,
il me plaist & consens a ce, que mes biens
17 soyent sequestrez. En dixiesme lieu, ou autres vsufruitiers

veulent attire a eux, & s’efforcent d’usurper
la propriete de l’heritage, de sorte que pour ceste
cause sesmeut Proces entre lesdicts Seigneur
proprietaire & fermier, alors sont les coheritiers en
vne succesiō ou heritage, ou bien en quelque maison
mortuaire, ne peuuent constituer caution pour
accepter vne partie, & donner l’autre, ou laisser, en
19 ce cas lesdicts biens sont sequestrez. Au surplus. Si
on a faict sequestration de biens qui tost perissent,
comme de pommes, poires, ou autres fruits ou biēs,
qui en gardant ne se peuuent garder, en ce cas le iuge
commande qu’il soyent venduz, & que l’argent
qu’on aura faict & assemble d’iceux soit sequestre.
Quant au reste, vous pouez voir plusieurs autres cas
esquels on a acoustumé faire sequestration. t Subsequemment
sequestration est ostée & preoccupée en
plusieurs cas en donnant pleige ou Caution, mais
10 cela se doibt faire auant la sentence donnée: & non
apres qu’elle est prononcée. Mais il suffist quant
a ceste sequestration casuelle, par laquelle le Iuge ne
priue ame de sa possession, & ne perd aucun sa possession
par le Iuge, ou par la sequestration susdicte.
Mais la sequestration est necessaire, laquelle se faict
par le Iuge pour certain cause suiuant son office,
telle sequestration est permise en beaucoup de cas.
v Au demeurant, si telle sequestration de Iuge se
faict par lui en intention de priuer quelqu’un de sa
possession, certainement elle a sa force & efficace,
& deboute tel possesseur de sa possession. Ce
qui ne doibt sembler merueilleux ni hors-de coustume:
Car si le Iuge peut priuer quelqu’un de sa
proprieté, (ce qui est a tous bien notoire) beaucoup
Plus facilement le peut il priuer de sa possession.
Mais si la sequestration du Iuge ne tend a ce point
de priuer aucun de sa possession, alors aussi telle sequestration
ne despouille aucun de sa possession.
ainsi que nous auons dict de la possession casuelle.
Et si on doute de l’intention du iuge, a sçauoir s’il
faict telle sequestration auecques propos de priuer
ou non priuer, en tel cas ladicte sequestration: ne deboute

86 LA PRACTIQVE
22 deboute aucun de sa possession. Mais sequestration
volontaire est celle qui est faicte par les parties de
commun consentement, & est ceste sequestration
permise de droict, car il est a chascun loisible renoncer
a son droict. x Et pourtant ceste sequestration
priue & forclos le possesseur de sa possession. Mais
ici fault il obseruer y que ia soit que regulierement
sequestration ne soit permise en droict, z toutes
soys on permet bien faire permutation & inuentaire
de toutes choses qui sont a la maison, & de tous
fruits qui y sont perceuz. aa Ou aussi ledict Bartole
note ce que notablement Balde limite, bb si n’estoit
que cest inuentaire ou description de biens se fist au
domage & alleguer plusieurs autres choses & raisons
quant a ceste matiere de sequestration : mais afin
de n’estre trop prolixe, & de suiure brieuete, nous
laissons le reste aux homes studieux.
a l. Libertus ff. de statu hominum.
b Vt l. licet ff. depos.
c Vt in gloss. c. Examinata de Iudic. & ibid. per Docto.
d l.. Vnica C. de prohibit sequest. pecu. & ibi clara & ex
pressaglos. Inverbo. Sequestrationis, & extra. de sequestra.
possess. & fruct. iuncta etiam bona gloss. in verbo sequestrari.
e Vt c. 1. Extra. de sequestra, possess. & fruct. c. Voluus
16. q. 4. c. nonne 8. 4. 4. l. 2. C. de probat. & toto titu. extra
vt lite penden nihil innoue. & d. l. vnica.
f c. Dilectus & c. seq. extra. de sequestra. poss. & fruct.
l. si cum dotem §. Sin autem ff. Solut. matri. & Imperatores
in fine ff. de appella. & l ab excutione C. Quor. appel.
non recip.
g l Si fideiussor. §. final. ff. Qui satisda. Cogantur. l. Senatusconsulto.
§. final. ff. de office. presid. & l. Litibus. C, de
Agri. & censit lib. xj.
h d. l. Ab excutione, ff. Quor appel. non recip.
i Sicut clare do et d. l. Si cum dotem. §. si autem ff. Solut.
matri. & l. in rebus in fine. C. de Iure dotium. & in autent.
de aqua. dot. §. Illud quoq;, colla. 7.
k l prima. §. Si frater. ff. de cella bono.
l Vt in Specu. co. titu. versic. sed nunquid de sequestranda
posse & fructu. Et l. Aequissimum in principio. ibi.
m ff. de vfu fructu. concordat textus in c. Placuit & in c.
finali, so. Distinct. Adde Aul. Gell. 13. c. 3. Item etiam concordat
text. & ibi gloss. in c. primo ext. de mutuis petit. &
l. Communi diuidundo §. Cum de vsufruct. ff. communi diuidun.

& l. in venditione §. 1 ff. de bo. auto. indi. possid.
n l. Ordinata ff. de liber. caus. & l. lite. C. cod.
o d l. Aequisimum.
p l. Si vsufruct. legatus §. finali. & Aequissimum. ff.
de vsufruct.
q d. l. Aequissimum in exordio.
r c. literas extra. de restit spoliator.
s c. Cum locum extra. de sponsalibus.
t Titu. de prohibit. sequestra. pecu. apud Ioan. Fabrum
in suo breuiario super C satis succincte.
v Vt C. per totum titu. de prohibit. sequest. pecu.
x l. Si quis in conscribende. C. de pact.
y Secundum Barto. in l. vnica C. eod titu. de prohibit. sequest.
pecu.
z Vt in d. l. vnica.
aa De quo est text. notabil. (secundum Bartol. in d. l. vnica)
in l p ima. §. penult. ff. de vent. in poss. mittendo.
bb in d. l. vnica.
CHAPITRE LXXIII
Des Arrests.
Sommaires.
1 Qu’est Arrester.
2 Es proces qui se sont pour cause de terres & fiefz, on n’arreste point auant la sentence.
3 Es proces qui se sont touchant meubles on faict arrest iusques a establisement de
Caution.
1 Arrester quelqu’un est le faire demeurer &
Empescher qu’il ne passe oultre. Et ainsi
Fermer son pas est ne passer oultre, c’est
A dire, lequel nous prenons. Arrester quelcun deuant
le Iuge est le presenter deuant lui. Arrester biens,
c’est les prendre & empescher la possessiō d’iceux.
2 Doncques quant a ces arrests, il est a sçauoir qu’en
Flandre en tous proces qu’ils fondent sur possessiōs
Ou fiefs, arrest ne lieu na sequestration auant la sentence
Du iuge, & pourtant le possesseur ne doibt estre
priué, ne trouble en sa possession, mais il demeure
en icelle, vse & iouist d;icelle, tant que par sentence
du Iuge il en soit priué ou despouille, cōme a este
3 dict au chapitre precedent, & ailleurs. Mais es proces
se font par arrests sur vtensiles ou biens meubles
arrest a lieu, iusques a ce que la partie ait baille cautiō
de restiter ou payer l’adiuge s’il ne fust soluent
car en ce cas larrest pourroit estre releue & paye
sur sa foy & promesse sans plus en tant quainsi plaise au

iuge.
CHAP.

CIVILE. 87
CHAPITRE LXXIIII.
De Comparition & Contumace.
Sommaires.
1 L’adiourné doibt comparoir deuant son Iuge ordinaire.
2 Le Iuge ordinaire peut indifferemment adiourner tous ceux qui sont de sa iurisdiction.
3 Celui qui manifestement est d’une autre iurisdiction, n’est tenu d’obeir a
l’adiournement.
4 Tous ceux qui sont adiournez, en court de Parlement doiuent comparoir.
5 L’adiourne comparoistra en persone ou par son Procureur.
6 Parties comparantes par deuant ie Iuge, le iugement est ordonné & vient en a proceder.
7 Contre celui qui ne comparoist on procede par contumace & defaut.
8 Si nulle des Parties ne comparoist on ne procede point.
9 En adiournement collusoire le procureur general procede a default de Iustice.
1 Qviconque est adiourné a comparoir en iugement,
il se doibt representer deuant le
Iuge ordinaire subz lequel, ou soubz la iurisdiction
duquel il reside lors, & par deuant lequel
il auroit este adiourné, voire encore qu’il fust d’autre
for er iurisdiction. Car il doibt alors cōparoir, au
moins ad ce qu’il excipe de ce Iuge & decline, &
demōstre son priuilege de l’autre for duquel on auroit
2 este en doute par protestation precedente.
Pourautant que tout Iuge ordinare peut apeller, et
faire adiourner pardeuant soy tous ceux qui habitēt,
ou resident soubz sa iurisdiction fussent estrāgers ou
subiects. Mais quad il est clair & notoire tous que
ladiourné est d’autre iurisdiction, et soubs autre iuge
que celui a pardeuant lequel il est adiourné, alors il
n’est tenu de comparoir Tout ainsi que le Prestre
qui est cite pardeuant vn iuge seculier, nest tenu de
comparoir a telle citation ou adiournement. Toutes
4 foys au Parlement de Paris on vse et practiqué
que tous ceux qui sont adiournez estans soubz la corō
ne de Frāce, tant priuilegiez, qu ‘autre’ doiuēt & sont
obligez comparoir audict Parlement, en tant que
le mandement ou libelle de la demande soit ainsi in
seré en la commission. Car en ce cas ils doiuent
5 comparoir & aleguer leurs priuileges & exceptions.
Aussi tout home qui est adiourne en matiere ciuille,
doibt comparoir en propre persone, ou par procureur
6 en son nom. Au surplus, quand les deux parties
comparent, alors le Iuge mande que le Demandeur
procede, & face sa demande, car on tient lors que le

7 iugement est fondé. Mais si l’un comparoist & l’autre
non, alors le Iuge procede contre le nom comparant
par contumace, a tel profit que vous verrez ci
8 apres. Et si ne l’un ne l’autre compare, alors on tient
la cause pour nulle, car le Iuge ne peut faire part de
9 son office n’en estant requis. Et au reste s’il y auoit
adiournement, & que les parties par collusion & s’entr’
entendre ne comparissen, seulement pour defrau
der le Procureur Fiscal de son amande, ou autre peine,
ledict Procureur Fiscal pourroit faire requeste & s’informer
de la dicte collusion & entente, ou de la
cause pour laquelle ils ne seroyent comparuz, & apres
qu’il auroit cognu ladicte collusion proceder
contre ;’un d’iceux ou contre tous deux pour le domage
& interest de Iustice.
CHAPITRE LXXV.
De l’Exoniation ou Excusation de non
Comparition.
Sommaires.
1 L’adiourne se peut excuser de n’auoir compare, par qui bon lui semblera.
2 Exoniation compete a la Partie adiournée, non a celui qui faict adiourner/
3 Les maladies, dangers de mort.
4 Inundations, nopces, funerailles perils.
5 La moisson, le temps de semaille.
6 De non comparition excusent Occupation en la Republique ou aux affaires Prince.
7 Estude, Marchandise, Voyage ou chemin.
8 La grossesse ou gesine de la femme.
9 La Gelée, Neige, Pluye, desbord d’eaues, aspreté d’yuer.
10 Affermer sa commission par serment.
L’excuseur doibt ou lexoniateur ou
11 Prouer la verite de sa commission par lettres.
12 Celui qui faict adiourner peut confuter les probations de celui qui faict lexoniation.
13 Exoniation sans lettres de probations est nul en France.
14 Es cas qui de soy meritent excusation.
15 Le Iuge doibt exonier celui qu’il a adiourné Et differer la contumace.
16 Decreter contumace auecques clausule de faire exoniation.
H 2 17 Il

88 LA PRACTIQVE.
En affiction, c’est a sçauoir, en guerre, peste & c.
Quand en l’adiournement on nexprime point la cause d’icelui.
Quand ladiournement est faict a vn iour de feste.
17 Il n’est mestier dexoniation, ou adiournement Quand le lieu assigne a ladiournement
lui est suspect, ou le Iuge ennemi.
Quand ladiournement nest par deuant iuge competent.
Quand l’officier ou executeur excede sa commission.
Quand le pere est adiourne par le fils, le Patron par son affranchi.
18 Il conuient pour la premiere foys comparoistre au iour & lieu assigne, quoy que
ladiournement fust de nulle valeur &
le respondre ou exciper.
1 Celui qui est ciuilment adiourne & pour legiti
mes causes ne peut cōparoir, cestui se peut excuser
& exonier par celui quil voudra & au
quel il se fie le mieux, au moīs s’il a cause legitime de
ce faire pourueu, & quil le face auāt yssue de plaits.
Et pour faire ceste excuse sont idoines& s’admettent
non seulement les procureurs, mais aussi tous autres
quels qu’ils soyent, quoy quils fussent encores grandement
indignes de l’office de procureur, tels que
sont la femme, les enfans au dessous laage de. 25. ans
cheualiers, religieux, & semblables, lesquels toutes
foys selon le iugement d’aucuns doiuent ester charges
de tel exoniation. Et toutes foys il en y a qui
tiennent & afferment que telle commissiō d’exonier
n’est necessaire ou il y a cause. Toutes foys la practique
& vsage la reçoit, tellement que par telle excusation
ils dient que ceste charge leur est cōmise de l’absent,
2 par sermēt ils aferment estre vray. Et cōbien
que cest exoniation compete a la partie adiournée
toutes foys si ne compete elle a limpetrant qui a
faict faire ladiournement pour autant qu’il doibt
comparoistre personnellement, ou establir procureurs
sans quaucunement il se doiue excuser de ne comparoir.
3 Or quant aux cas qui excusent le default, ou non
comparition, ce sont maladie de pere ou mere, de
fils ou oncle, ou autres proches parens, ou amis, prin
cipalement quand il y a crainte & peril de mort apparant.
Item si la femme estoit preste de son enfantement,
ou selle estoit tout fleschement acouchee, ou
quil y eust bien peu de temps quelle fusse deliuree de
se geisne & ainsi autres cas semblables, pour lesquelles

causes ils sont en cause ciuille meritoirement excusables,
debordemēt deaux es riues & riuages, ragaz
4 & deluges deaux, tempestes, brisement de ponts, crainte
d’ennemis capitaux, crainte de peste, crainte de
prison pourueu quelle ne soit paliee de dol & fraude
mariage de soy mesme, ou daucun de ses enfans, funerailles
ou bien que les heritiers des parens estoyent
occupez a faire funerailles, & autres semblables causes,
pour lesquelles on est facilement excuses de non
comparition, & sont telles causes tresdignes dexoniation
selon le stile de la court seculiere, quand il
5 ni a nulle faintise ou dol son absence, celui qui dict
quil doibt semer ou bien charier & ferrer son bled
en la grange, ou bien qui est adiourne ailleurs, & a
plus grande court, ou bien quil est cite pour porter
6 tesmoignage & semblables. Quiconque est absent
pour le negoce & affaire du prince ou de la republique
ou qui est delegue ou occupe en quelques autres cōmissions,
7 ou bien au faict de guerre, il doibt estre
Exonie & purge. Aussi doibt estre exonie celui qui
Pour cause de son estude reside a Louuain, pour faire
8 sa trafique, a Anuers, a Bruges, ou Frācfort. Item sont
aussi a excuser, ceux qui par deuotion ou veu vont a
Rome, Ierusalem, ou a autres pelerinages. Mais celui
qui sabsente pour son seul plaisir & passetemps, ou
en intention deuiter le iugement, celui ne doibt estre
exonie. Pareillement les femmes qui sont enceintes
ou quil y a peu de temps quelles sont releuees de leur
gesme nont besoin de se faire exonier, pourtant quel
les ni sont tenues & ne doiuent comparoir, par ce
quelles sont du tout excusables a cause de leur debilite,
& pour le peril quelles pourroyent encourir se
mettans si tost a laer & au vent. a. Dauantage, vne
9 grosse gelée, grande abundance de neiges, iours pluuieux,
vn aspre yuer, debord de grosses riuieres, par
ou conuient que celui qui est adiournes passé, & semblables
accidents excusent assez d’eux mesmes escauses
ciuiles, & doiuent exoniatō encores qu’ame
10 ne le declare par paroles. Quant au reste le messager
de tel exoniation ou excusation doibt affermer par
serment, sil plaist au demandeur impetrant, quil 2
commission & charge specialle du defendeur pour
lexcuser & exonier, & que tesmoin sa conscience la
chose est autant excusable & veritable comme il la
11 prononcee en lexcusant. Et si le messager ou executeur
de telle excusation faict refus de prester tel serment,

lescuseur estant debout, doibt mōstrer que sa
commission est bonne en ceste sorte. Si cest pour
cause de maladie il en fera apparoir par lettres du
cure, ou medecin. Si c’est pour cause d’ēprisonemēt
il le demonstrera par lettres du geollier, ou pour le
mieux par celles d’un officier de la iustice. Si cest
pour seruice de guerre, il le declarera par lettres de sō capitaine.
Et si lexcusation est prinse sur autres occupations
necessaires, comme dinfortune ou homicide
elles se deuront prouer par certifications de la iustice
du lieu ou la chose est aduenue. Si le mari est absent
hors du pais, sa femme le peut exonier, disant quil est
absent, & alors elle demandera vn delay de troys
quinz aines, suiuant le stile de quelques cours. Et ainsi
est obserue en France. Mais si limpetrant a scauoir
celui qui faict adiourner le defēdeur veut impugner
les probations de lexoniateur, offre & presenter probations
au contraire, alors le iuge ordonnera & donera
contumace sauf l’exoniation. Et si par après il
se trouue que lexoniatiō nait este vraye, la contumace
13 va auant & fort effect, au proufit de tel reprochāt
comme il apertient. En France quant le messager de
lexoniation apporte lettres, ou autre preuue, le iuge
ne decrete point, ou ne donne point default ou contumace.
Mais sil napporte aucunes lettres adoncq
le defaut ou contumace est decretee & donnee, mais
sauf a faire lexoniation. Tout en la mesme maniere
14 est decretee contumace au grand conseil. Et tout ain
si que chascun peut auecques commission excuser
ladiourne de non comparition ou defaut, ainsi
doibt le iuge mesme par soy ou suiuant son office
exonier la partie adiournée & lexcuser combine que nul n’eust

CIVILE 89
nul n’eust en charge de faire ladicte exoniation
principalement quand tels cas escheent, pour lesquels
l’adiourne doibt a bon droict estre excuse, ascauoir
quand le iuge void & considere l’intemperance
du temps, le mauuais & fascheux chemin, ou bien
que les voyes ne sont seures. S’il faict vn froid rude
& aspre, s’il y a abundance de neiges, asprete d’yuer
& choses semblables, quoy qu’il n’i ait persone qui
compare pour exonier. Et pourtant le iuge es cas
susdicts & semblables excusera suiuant son office
labsent qui est adiourne, & ne decretera contumace
aucune contre lui, ains continuera & estendra la cause
en dissimulant. Et combine que l’asprete d’yuer
excuse, toutes foys le grande chaleur de l’este nexcuse
15 par raison semblable. Dauantage le iuge peut selō
droict & equite, & suiuāt son iugement ne decreter
la coutumace ou defaut qui estoit a decreter, ainsi la
differer iusques au prochain iour plaidoyable, quand
il a cause a ce le mouuant. Ou au moins porra dōner
defaut auecques adionction ou condition qui sera,
sauf que ladiourne, se poura purger dudict defaut a
certain iour ordonne, sans precipitation de cause.
16 Et consiste tout cela a la discretion du iuge. Et dauā
tage il y a aucuns iuges si prudent & discrets, que
mesme en la commission de ladiournement second
17 ils mettent & adioustent ceste clausule. Sauf ses excusations
legitimes. Sēblablement en toutes causes ou
ladiournement est de soy nul, en celles aussi ou n’est
besoin dexoniation, ou mesme de comparition de
la partie adiournee. Comme quand vn adiournement
est faict en temps calamiteux & plein d’affliction,
comme en temps de guerre, ou de peste regnant au
lieu de celui qui est adiourne, telles afflictions a bon
droict excusent vn chascun. b. Ou quand en la commission
de ladiournement n’est faict a iours sonlēnels
& de feste. En oultre si le iour est ordonne a comparoir
en autre lieu, qu’en celui auquel le iuge a acoustume
tenir consistoire. Ou si le lieu est suspect a ladiourne.
Ou quand il est a tous euident & notoire
que le iuge est ennemi de la partie adiournee. Dauantage
quand le iuge n’est competent. Plus quand
lexecuteur a excede sa commission & n’a obserue la
regle & ordre d’icelle. Dauantage, quand le pere est
adiourne a la requeste du fils. Ou le patron a linstance

de son afranchi. Et pour abreger, en tous cas & causes
esquelles ladiourne auecques deue & euidente
raison se peut exempter & excuser de telle iuridictiō.
Mais s’il y auoit doute en la cause de le’xusation,
alors ladiourne seroit tenu comparoir” ou bien y
18 enuoyer autre qui allegast son priuilege & exceptiō.
Mais il est ici a scauoir, que combine que ladiournemēt
(comme dict a este) soit de soy nul. Toutes foys
le iuge passera oultre neantmoins quād ladiournene
comparoist, ou ne se faict defendre ou la defense
est requise & lui sert. Comme I’ay aussi faict mentiō
de ces choses en pa practique des choses criminelles
recognue, au chapitre 25. De exonier en matiere de
crimes en tout le chapitre.
a l. 2. §. Si non ff. si quis cautionibus.
b Teste D. Matthao de afflictis in suis deciisionibus Nea
politanis, decisione 50. Numeris 2. & 4. c. ex parte primo.
& ibi. Doctores. Bald. Albert. & Philip. Extrude appellat.
CHAPITRE LXXVI
Des Defaux & Contumaces.
Sommaires.
Pour non comparition.
Pour n’auoir faict response.
1 Contumace est decretée ou Pour n’auoir faict restitution.
Pour m’auoir faict reparation.
Pour n’auoir faict exhibition.
Pourtant qu’il retarde iustice.
2 Contumace se punist en plusieurs manieres.
1 Contumace est decretée pour plusieurs causes.
Car elle est quelque foys baillée decernée
& decretée par ce que la Partie ne comparoist
en iugemēt, Par foys pour ce quelle ne respond,
& en quelque temps a cause qu’elle ne faict
Restitution, quelque foys aussi a faute de faire reparation.
Quelque foys aussi a cause de n’auoir faict
exhibition. Quelque foys aussi a cause de l’empeschement
2 & retardation de Iustice. Au reste,
Comme on punist contumace suiuant la Practique
Vous le trouuerez ci apres declare en plusieurs & diuerses manieres.
H 3 CHAPITRE

90 LA PRACTIQVE
CHAPITRE LXXVII
Defaut contre le Demandeur ou impetrant
s’il ne compare.
Sommaires.
1 Le Defendeur a conge de court & despens.
2 Contumace du Demandeur & plus grieue que du defendeur.
3 En action personnelle le Defendeur a conge de court & despens, & l’adiournant
perd toutes ses prouisions.
4 En matiere de nouelleté, il dechet de son impetration, possession, cause, & est
condanné
es despens & interestz.
5 Es maintenues il est reiette, & l’adiourné comparant est meintenu.
6 En simple saisine, l’adiourné a conge de court & despens.
7 En Euocations il perd le droict d’euocation, & a la cause est renuoyée au lieu d’ōt
elle a este euoquée.
8 En Reformations l’adiourne a conge de Court, despens & sentence.
9 Quand le Demandeur qui faict faire Appellant, il est condamme a soixante liures, & au
Defendeur qui comparoist est
l’adiournement ne comparoist confirmée la sentence auecques despens.
10 En matiere d’appellations, s’il ne compare estant adiourné, de faut est decrete contre
lui qu’est appellant, le Proces se vuide auecques despens pour l’adiourne.
11 Es appellations ou le Proces est par escript, il perd l’appellation auecques despens.
12 Es anticipations l’adiourne appellant a conge de Court despens, & les fatales.
13 En desertions d’appellation, l’appellant a conge de Court & despens, mais il doibt
payer le fiscq.
14 Es euictions, il perd Proces d’euiction auecques despens.
15 En matieres de veue de lieu il perd la cause & despens.
16 Es arraments, il perd le Proces & despens.
17 Es remissions, il perd sa cause, Proces, & despens.
18 En taxation de despens, il perd conge de Court & despens.
19 En execution & decret, il perd l’acte d’execution & despens.
20 Si le Demandeur après contestation en cause defaut en quelque acte il en est deboute.
21 Le Demandeur qui doibt conclure en cause, s’il ne comparoist ne pourra plus rien
prouer.
1 En Flandres comme aussi au grand Conseil
de Malines, quand l’impetrant ou le Demandeur
ne cōparoist, adonc selon le stile, le Defendeur comparant a conge de Court auecques
despens,
en faisant aparoistre de l’adiournement, & copie
de l’exploit faict contre lui. Et sentend qu’en ce cas
cōge de Court auecques despēs soit absolution
d’instance. Mais si le Defendeur ne peut monstrer
ce que dict est, alors il a comparuit, & commission

pour faire adiourner le Demādeur auec intimation,
pour ce voir adiuger ledict conge des despens, & si
lors le Demandeur ne comparoist alors sont audict
Defendeur adiugez le conge de Court deuant dict
Auecques despens, & despens du defaut. Ou bien le
Defendeur peut requerir que le Demandeur soit adiourné
auecq intimation, pour voir & ouir la demāde
qui lui sera faicte, pour lui intenter action, quant
au principal. Et si estant ainsi adiourne a iour prefix
il ne cōparoist, adoncq on procede plus oultre par le
defaut, ou autrement deuement & cōme il apertient.
2 Et aussi cōtumace au Demādeur, & sont toutes cōtumaces
Interpretées & decretées pour plus grande charge
3 de celui qui est faict contumax. Semblablement,
en matiere personelle ciuille, si l’impetrant ne compare,
le Defendeur a & obtient conge de Court, &
despens (cōme dict est) & en oultre son reuoquées
& perissent toutes prouisions, lesquelles ils auoit
acquises par son impetration, cōme sont prouisions
de faire consignation ou nantissement, prouision de
pouoir faire arrest de biens, prouision de main garnie,
prouision de mandemens efficaces & Lieutenans,
semblables: & oultre ce, l’impetrant est condanné
4 en tous despens, domages, & interests. Item
Matiere de nouelleté si l’impetrant ne compare,
il dechet de son impetration retire sa main de la cause
contentieuse, si que telle comparition est decretée
non pour vtilité, mais pour commodité & proufit
de l’adiourné comparant. Et tel Demandeur estant
en default de comparoir, est condanné en tous despens,
5 domages. & interests. Tout autant en aduient
il en la matiere de maintenue, ou l’adiourné comparant
est maintenu faisant apparoistre de son tiltre &
institution canonique. Et est deboute celui qui faict
6 adiourner s’il ne cōparoist. Subsequēment en matiere
de simple saisine si l’adiourné ne cōparoist, conge
de Court est donné a celui qu’il a faict adiourner, &
7 lui sont les despens adiugez. Tout autant en aduiēt
il en matiere d’euocation non comparāt le Demandeur,
car adōcq l’euocation perit, & est reuoquée, &
est la cause renuoyés au lieu, ou bien d’ou elle estoit
8 venue estant reuoquée. Pareillement en matiere de
reformation, si l’adiournant ou Demādeur ne comparoist,
alors le Defendeur cōparant obtient & impetre
9 conge de Court auecques despens. Et sort la
premiere sentence son effect au proufit & vtilité de

l’intimé comparant. En matiere d’appel, si l’appellant
ne cōparoist, l’appel est declare desert, & la premiere
sentence est confirmée, & l’appellant defaillant
en l’amande de soixante liures, & es despens.
10 Et touchant encores ladicte matiere d’appellation,
si ne

CIVILE. 91
si ne l’appellant d’une part, ni l’adiourné de l’autre,
ne comparoissent, la Court comme a l’instance
& requeste de l’intime comparant, donnera &
decretera defaut contre l’appellant, declarer l’appel
desert, a cause de la poursuitte moins que
suffisante, & cōfirmera l’adiuge ou premiere sentence
donnée, puis condannera l’appellant en l’amande
de. 60. liures, & aux despens dudict intime
& ainsi fine le proces sans proceder plus oultre, ce
que le iuge sera de son office pourtant que les parties
11 ne se trouuent la pour demander defaut. Quand
l’appellant est en defaut ou ne tiēt conte d’apporter
en court (au iour qui lui aura este prefix & ordōne)
tout le proces qui auoit este recue & comprins par
escript, alors ladicte court faict droict par le default
cōfirme & approue la sentēce exhibée & baillée par
l’intime, sans plus auant sursoir ni attendre le proces
12 En matiere d’anticipation, si le mesme anticipant ne
compare, sa partie a & obtient conge de court &
despens, & vse de ses fatalles, cest a sçauoir du temps
& terme de troys moys, lesquels la court a ordinairement
acoustume de permettre pour releuer & executer.
13 Semblablemēt en matiere de desertiō d’appel
l’anticipant ne compare, l’appellant a conge de court
auecques despens, mais il est oblige de respondre &
payer au procureur general quant a ce que touché
14 l’amande de desertion. En matiere euiction ou
garentir, si le demandeur ne comparoist ladiourne a
conge de court auecques despens, & n’est ledict adiourne
15 par apres tenu de garentir. En la matiere de
faire veue du lieu, si le demandeur qui demande ladicte
veu ne compare, il dechet du principal, & paye
16 les despens. En matiere des arramentz cest quand
les heritiers doiuent entreprendre, & produire le proces
delaisse & non termine par le desfunct, si l’impetrant
ne compare contre les heritiers adiournez, le
defendeur ou defendeurs heritiers ont & obtiēnent
conge de court & despens: le mesme aduient aussi
quand l’impetrant compare a temps & iour prefix,
mais sans estre instruit, ou prest de monstrer ses contracts.
17 Si le demandeur qui est oblige a respondre en
matiere de remissiō ne compare, ni respond, il dechet
de son instance, & est la cause remise, & le deffaillāt

18 est condone aux despens. En matiere de taxation de
despens si le demandeur ne comparoist, ladiourne a
conge de court auec despens, & ne seront les principaus
despens tauxez sans nouel adiournement precedent.
19 En matiere dexecution & de decrete aussi, si le
demandeur vient en contumace, lexecution & tout
ce qui auroit este faict, est reuoque, perit, & est annichile,
& est demandeur condāné en tous despens, de
meurant neantmoins la sentence en sa vIugeur, a ce
que de nouueau elle soit commise pour estre mise a
execution en tant quelle nauroit este renouelle ne
20 d’an ni de iour. Si le demandeur apres contestation
en cause viēt a defaillir en quelque acte, il est deboute
de ce quil lui cōuenoit faire le iour mesme, & non
dautres comme il est reiette de bailler repliques, ou
seruir escriptures, ou de faire informations ou productions,
ou de faire contradicts ou saluations, & ainsi
21 de semblables. Si le demandeur doibt conclurre en
cause, & il ne comparoisse, le proces est retenu & retardé
a cause du defaut, & ne pourra puis apres le deffaillant
plus seruir ou exhiber chose aucune, au mesme
Proces.
CHAPITRE LXXVIII.
Des Defaux & Contumaces contre l’adiourné.
Sommaires.
1 L’adiourné nest mis en contumace, s’il n’appert que l’adiournement ait faict.
2 En Flandres les lettres de l’adiournement sont leue par le greffier.
3 Au Parlement de Malines deux iours apres les lettres d’adiournement veues contumace
est decretée.
Est premierement deboute de la declinatoire & condanne es despens.
4 Aux actions personelles ou Realles petitoires le non comparant auecq defaut
Secondement, est deboute de la declinatoire & condanne es despens.
Tiercement, est deboute de l’exception peremptoire & despens, & condanne es despens.
5 Qui est adiourne au Parlement & comparoist, paye seulement les despens.
6 Qui estant adiourne es autres cours ne comparoist, est deboute de toutes exceptions.
Personellement & ne comparoist, payer a les despens auant qu’este ouy.
7 Qui est adiourne A domicile Iasoit qu’il comparoisse, les despens sont reseruez a la
difinitue.
A son Procureur
8 Auant contestation en cause, Le Demandeur est maintenu en possession.
9 Apres contestation en cause, Le Demandeur deboute le contumax de l’action du mesme
iour
10 En possession de simple saisine, la possession est adiuge au Demandeur par le
trooisiesme defaut

11 En Nouelletez, l’impetrant est maintenu en possession.
12 En Court apres l’exploit il dechet du principal, & est condanné a dix liures damande.
13 L’adiourne ne comparant En maintenue, il est condanne aux despens, & sera le
Demandeur maintenu.
14 Pragmatique sanction na lieu en Flandres.
15 En maintenu d’anticipation, ou desertion comme est lappellant puni.
16 En choses Feodales, il est reiette par le troisiesme defaut.
17 A la tauxe de despens il est deboute de la diminution d’iceux.
18 Aux arramens, le Proces est tenu pour prins & resume.
19 En euictions, comme il doibt estre puni?
20 A poursuiure

92 LA PRACTIQVE
20 A poursuiure vne remission, il perd le droict de remission.
21 L’adiourne ne comparant A faire veue le lieu contentieux, il est condanné au principal
& despens.
22 Pour voir iuger vne obligatiō executoire, il est condāné aux despēs & l’executoire
decretée.
23 A iour par lui mesme prins, il est declare du tout contumax.
24 Si celui qui est adiourné personellement dict qu’il n’obeira point, il est declare du tout
contumax.
Vraye.
25. 29 Troys manieres de cōtumaces Faincte.
Presumée.
26 Vrayement
27 Par faintise
28 Par presumption
est l’home dict contumax
Qui dict qu’il ne viendra en iugement, ou qui venant s’en retourne
sans conge.
Qui n’est adiourné personellement, mais seulement au domicile.
Qui rien ne respond a l’executeur, ou bien qui dict qu’il viendra &
n’en faict rien.
30 Celui qui est vrayement contumax doibt estre oui en ses appellations.
31 Qui fainctement est contumax doibt estre ouy es appellations.
32 Qui estant troys adiourné & contumace, est du tout tenu contumax & deboute de tous
actes.
33 Celui qui est adiourné en matiere personelle dechet de sa deffnse par le second defaut.
34 L’adiourné non comparant
A consesser ou nier sa cedulle est condanne a en
Parlement a nantir puis a deliurer.
35 En Flandres apres le tiers adiournement.
36 Pour cognoistre la cedulle de son pere, est condanné es despens & defaut.
37 Pour iurer de verite, le serment est deferé au demandeur.
38 En euocations, l’euocation est interinee.
39 En reformations & appellations, ce qui est decreté.
40 Ceux qui sont appellez au grand conseil ne soustiennent leur sentence.
41 Le Baillis est tousiours hors du Proces, s’ainsi le veut.
42 En iudication de decret, si les opposans ne comparent, ils sont premierement
condannez es despens, puis il sont deboutez.
Ainsi que nous auons monstre que le Demandeur
est souuent absent & en defaut,
ainsi aduient il souuent que l’adiourne defendeur
est souuent defaillant, de se trouuer au lieu
des plaids, soit par mespris & contemnemēt, ou par
nonchalance, ou par oubliance, & lors il est mis en

1 contumace. Mais il ne faut laisser ce point qui est
que persone qui ait este adiourné doibt estre declare
contumax, s’il n’apert premierement que ledict
adiournement ait este faict, ce qui pourra apparoistre,
par la commission, raport, & execution du
sergent ou officier executeur, a ce qu’il nen puisse
2 naistre quelque fraude ou iniquité. En Flandres est
obserue par coustume & vsage, que le iuge face lire
le raport du sergent, auant qu’il decrete ou Iuge la
3 contumace. Mais au grand conseil de Malines, a fin
de gangner temps, ils ne font lire la relation de l’execution,
& leur suffist de voir les lettres, lesquelles ils
tiennent lors pour leues, & toutesfoys ils ne decretent
incontinent le defaut, mais ils different deux
iours pour l’adiuger, lesquels finiz, ils decretent ledict
4 defaut & cōtumace. En Flādres & au Conseil de Flādre,
cōme aussi au Parlement de Malines, si celui qui
est adiourné en matiere ciuile personelle, & semblablement
en matiere reele petitoire ne comparoist, il
est par le premier defaut deboute, & reiette de la declinatoire,
& paye les despens. Item & par le deuxiesme
defaut, est debouté de la declinatoire & condanné
es despens. Mais par le troisiesme defaut, il est
desmis & debouté de la peremptoire & de toutes
exceptions & defenses, & en oultre paye les despens.
Puis est mande au demandeur qu’il exhibe sa
demande par intendit, ou bien par forme & maniere
d’intendit, & qu’il verifie cest intendit, partie ou
parties appellées a icelle verification auecques deue
5 intimation. Mais celui qui est adiourné es autres
cours, comme aussi en Parlement, s’il ne compare, il
paye seulement les despens, & non plus oultre, lesquels
auoir payez, il est oui en toutes ses exceptiōs.
6 Mais es autres cours particuliers, l’adiourne qui ne
comparoist, ains est defaillant, est deboute de toutes
exceptions, mais les despens sont reseruez a la diffinitiue,
& ainsi en soloyent ils iadis vser en Flandres.
Mais puis peu dannees en ça y a este introduit qua
chascun defaut ils soyent contraincts payer les despens.
7 Aucuns Iuges auant decreter defaut vsent premierement
de ceste double distinction & consideration,
c’est a scauoir, ou qu’il appere de ladiournemēt
par lettres, ou par rapport, & relatiō du sergent executeur,
car s’ils trouuent par lesdictes lettres que la
partie adiournee a este adiournée personellement,
alors ils lui commandent payer les despens, auant

su’il soit oui plus oultre. Et s’ils trouuent qu’il a seulement
este adiourne au domicile, ou a la personne
de son procureur, alors ils different les despens iusques
8 a la difinitiue. Selon les droicts, la peine de l’adiourné
qui ne comparoist, auant contestation en
cause en action ou actions personelles, est: que l’acteur
ou demandeur est incontinent mis & establi
en possession des biens, pro rata & au pris & fur de
la debte par le premier decret, mais cela n’est vsité
9 en la Practique. Consequemment, le Defendeur
qui se laisse declarer contumax apres contestation
en cause, est seulement deboute de ce qu’il auoit
a agir pour ce iour la, c’est a sçauoir, comme de
duplique de seruir escriptures, de faire production,
10 & semblables. En matiere reele possessoire de simple
saisine, si celui qui n’est adiourné ne compare, alors
selon le stile de la court susdicte, auec le tiers defaut
de l’adiourné, est au Demandeur donné & adiugé
en tant qu’il est notoire, & appert, sa possession.
11 Semblablement, en matiere de noueleté si l’adiourne
ne comparoist au lieu contencieux, l’impetrāt selon
le mesme stile est tenu & maintenu en sa possessiō,
12 & sont tous empeschemēs tolluz & ostez. Et si ladiourné
ne cōpare en Court apres l’exploict faict, a dire
& alleguez la cause de sō oppositiō, lors auecques
le premiere & seul defaut il dechet du principal, & tō
be en l’amāde de dix liures pour le faict: son action
toutes soys tousiours sauue quant au petitoire.
En

CIVILE 83
13 En matiere de maintenue beneficiele celui qui est
cite ne compare, le Demandeur faisant apparoistre
de son titre & institution canonique est maintenu,
14 & le cite condanné es despens. En Flandres, regulierement
la Pragmatique sanctiō, tout ainsi qu’ils nadmettent
aussi les denominations de ceux de Paris,
car le clerc en Flandre se tient exēpt de l’Eglise Gallicane.
15 Es maintenues d’anticipation ou desertion
dappellatiōs, ils vsent au grand Conseil, si l’appellant
ne compare qu’il paye les despens pour le premiere
defaut, & quauec le second defaut son appellation
soit iugée deserte, & est condanné en l’amande &
16 despens. Es cours Feodales, en matiere reele ils vsent
de debouter le defendeur par la troisiesme contumace
de la possession de la chose litigieuse, & auec
la quatriesme contumace, laquelle ils mettent
d’an & iour, ils le priuent a perpetuité de la propriete
17 du fief. En matiere de taxation de despens, si l’adiourné
ne comparoist, il est auec vn seul defaut, ou
non comparition debouté, & deiette des diminutions
d’iceux, & sont lesdicts despens taxes pourueu
18 qu’il appere de la condennation. Celui qui est
adiourné pour prendre ou reprendre les arramens
d’un Proces, s’il ne comparoist, le proces est par vn
seul defaut tenu pour repris, & est le defaillant de
rechef adiourné a comparoir pour proceder, suiuant
l’ordre des retractes & stile ia encommence & passé
& si alors il ne comparoist, droict se rend sur ce, qui
est en court ou qu’il a en court. Au Conseil de Flandres
ou en Flandres on vse en matiere d’arraments
que si l’adiourne ne comparoist, est il par vn seul defaut
deboute desdicts arramens, & le Demandeur
requerant, exhibe son proufit par intendit, monstre
& verifie ledict defaut, s’il est deuant l’enqueste, &
s’il est apres l’enqueste, alors il faict porter le proces
a la court, & faict adiourner sa partie pour contredire
ou bailler contradicts. Que si pour lors il ne comparoist
encores, adoncq est la cause tenue & estimée
comme concluse en iustice ou en droict.
19 En matiere d’euiction ou garand, ou dassitance ou
adionction, si ladiourne ne vient ou comparoist, le
premiere iour lequel adiournement se faict aussi auec
intimation de la partie, suiuant le stile de Flandres,

le demādeur proteste lors, faict metre sa protestatiō
sur le role, & en prent acte pour presenter & s’enseruir
en temps & lieu oportuns. Mais le defaillant
ne paye point les despens, car il ni a personne qui promette
de leuiction, qui assiste ni s’adioigne, s’il ne
veut. Mais au grand conseil ils vsent de deux defaux
ou contumacies, en matiere deuiction ou grand,
desquelles le second est tousiours auecques intimatiō,
& la raison est que les defaux sont de grande importance
20 contre celui qui doibt garentir. En matiere
de remission ou reuocation, (cest a scauoir, quad aucun
ne veut que sa cause se termine & vuide par deuāt
vn iuge estrāge, ains la veut retirer & reuoquer a son
iuge) si le defendeur ne poursuit sa remissiō requise,
& demādée, ains la laisse passer nōchalāment soubz
silēce, est mādée demourer ferme & ne pouoir estre
21 remise. En matiere de veue de lieu, si le defendeur
ne viēt au lieu cōtēcieux, ou biē s’il ne cōparoist il, su
cōbe du principal, & paye les despēs. Sēblablemēt il
soustoēt telle cōdennation & amāde quād apres l’inspectiō
& veue de lieu faicte, il ne veut pour proceder
22 oultre en la cause. Quand aucun est adiourne au
grand cōseil, pour quelque sentēce annalle ou pour
quelque lettre obligatoire subiecte a execution, ou
qui contiēt en soy execution, a ce quil viēne voir iuger
la sentence executoire, alors si tel adiourne ne cōpare
ains faict defaut, il est cōdāne es despēs. Toutes
foys celui qui en Flādre faict defaut nest en ce cas cōdanne
aux despens a cause de la negligence du demādeur,
lequel ayant lexecution en main la differe, ains
sont ses lettres d’execution sans plus confirmées, &
sont decretees, & baillees pour faire nouelle execution.
Mais apres qu’un tel adiournement est faict
contre le Seigneur, ou contre l’heritier de l’obligé ou
condanné, en tel cas y doibt auoir deux defaults auāt
que les lettres soyent decretées executoires, & ce suiuant
le stile du grand Conseil. Mais es Conseils de
Flandres ces chose precedent auec vn seul defaut
ou par vne non comparition. Mais quant a celui qui
est adiourne pour voir & ouir interpreter quelque
sentence ou transaction obscure ou douteuse, sil ne
comparoist telle interpretation est ratifiee par vn
tout seul defaut de ladiourne, lequel est dauātage cōdanne
23 es despens. Apres que le defendeur a oui la
demande du demandeur, & que puis apres il a prins
iour & terme pour respondre a la cause principalle

si a ce iour prins & prefix il ne respond, il est declare
contumax auecques pleine contumace, de maniere
quil perd la cause principalle, & est toutalemēt reiet
te de produire pl’oultre ou d’ulterieure productiō,
ou de faire oppositiō. Et ainsi en vse on au conseil de
Flādres qui est procede du mesme Parlemēt de Paris.
Mais au parlemēt de Malines, le defendeur est par tel
defaut sans plus deboute & reiette de toutes exceptions
& defenses, & est le demandeur admis &
24 receu a escrite par intendit, & a le verifier partie appellee.
Quand aucun est adiourne personellement
& il respōd a l’officier qu’il ne comparoistra, & qu’il
ne se veut trouuer au iour de l’assignation, & s’il
apparoist & qu’il soit notoire d’une telle response
par le rapport & relation dudict officier, alors tel
adiourne & qui ne comparoist a iour prefix & assigne,
est faict & declare contumax auecques pleine
contumace, non autremēt que s’il eust adiourne
peremptoirement & sur peine, parce qua cause du
defaut ou non comparition de ladiourné, le Iuge iuge
que le rapport de l’officier, est vray comme aussi
il le tiēt pour vray. Toutes foys a cause de la legerete
de plusieurs Huissiers, ausquels quelque soys il ne
faict bon coire, pourtant est ordonné & mandé au
grand Conseil qu’il se face autre adiournemēt auec
25 intimacion. Au reste, les droicts spirituels ou canons
font vne telle distinction de contumacies, par laquel
le l’une est dicte vraye contumace, l’autre contumace
26 feincte, & l’autre contumace presume. L’home
adiourné est dict vray contumax en deux manieres,
ou qui estant adiourné, respond audacieusement a
l’executeur, & par expres qu’il ne sera obeissát a son
execution, & qu’il ne viendra ou comparoistra en
iugement ou deuant le iuge, & qu’il ne partira vn
pied du lieu ou il est, ce que par effect & non comparition
il declare. Ou bien celui qui estant adiourné
comparoist bien, & sans license s’en va secretement.
Car tels contumaces sont en droict tenuz fort
suspects de maniere qu’on procede a l’ēcontre d’eux,
sans faire autre adiournement subsequent. a Et ne
peut tel contumax appeller. b Lesquelles choses se
doiuent ainsi entendre, si ce n’estoit quayant ainsi respond,
ou s’estant departi ainsi que dict est, il vint
puis a se repentir, & retournant,, comparust en iugement.

94 LA PRACTIQVE
27 estant encores le iuge en son siege. c Au demeurant
celui est feintement dict contumax qui n’a
este adiourne personellement, ains au domicile tant
seullement, car la droict presume tel adiournement
n’estre paruenu a le cognoissance de ladiourne, &
pourtant il doibt aussi estre adiourne par troys soys.
Et apres le tiers adiournement s’il ne comparoist,
alors on procede contre lui, combiē qu’il napparoisse
nulle part, & qu’il ait este cōtinuellemēt absēt. Mais
si puis apres il comparoist, & qu’il remonstre la iuste
cause de son absence, il est incontinent & sans difficulte
28 restitue. d Mais ladiourne est dict contumax
par presomption, quād il ne respond rien l’officier
ou bien respond qu’il viendra, mais toutes foys il ne
vient, ne compare, tel home n’est par le premier de
faict iugé contumax, & pourtant doibt il estre adiourne
pour la seconde & troysiesme foys. e Car le
29 droict presume que tel adiourne a eu quelque empeschemen,
& que pourtāt il n’a peu venir. f Le speculateur
audict tiltre de Contumace, distingue contumace
en telle maniere & dict que l’une contumace
est eui dente ou notoire, cōme quād ladiourne estāt
trouue dict & respond qu’il ne viendra point. Lautre
est vraye, comme quand il est adiourne & ne
dict rien, ou s’il dict qu’il veut venir, & toutes foys
il ne vient point. g. Et alors principalement est la
contumace dicte certain & vraye, si apres le secōde
n’apres le troysiesme adiournement il ne vient, ne
compare, ni ne propose ou declare aucune excuse de
son defaut. Lautre contumace est dicte feincte ou
interpretatiue, ascauoir quand ladiournement nest
faict a la personne de ladiourné. Car tout ainsi que
l’adiournement est dict vray adiournement, lequel
est faict d’home a home, ainsi est l’adiournement dict
feinct ou interpretatif qui n’est point faict par l’home,
30 mais par le droict. h Mais quant a telles contumaces
il est a scauoir que comme celui qui vrayement
est contumax n’est oui quand il se porte pour appellant,
ainsi doibt celui estre beaucoup moins oui en appeaux
qui notoirement est contumax comme ci dessus
a este montre. Mais celui qui sans plus, fainctement
ou interpretatiuement est tenu contumax, a icelui
est loisible appeller dedans le terme de dix Iours,

si durant ce temps il ne scait la sentēce auoir este pronōcee
30 cōtre lui. i Semblablemēt celui qui notoirement
est en cōtumace pourrra encores estre oui, si quelque
iuste cause l’a empesché de venir & comparoistre,
laquelle le Iuge cognoist estre certaine ou par le recit
du non comparant, ou par l’indisposition du temps,
ou par quelques autres dangereux empeschemens.
k Item encores qu’il ne fust seulemēt que cōtumax a
n’exhiber. l Mais si quelque procureur auoit este cōtumax,
tellemēt que par sentēce il eust este condāne
a scauoir, si le maistre d’icelui pourra & lui sera loisible
32 lors appeller. A ceste question respond le Speculateur.
m. Mais celui qui a este par troys foys adiourne,
voir personellement sans quil compare certainement,
tel doibt estre tenu grandemēt & pleinement
contumax, & doibt estre reiette de tous actes voire
33 aussi des appellations. n En matiere personelle &
aussi en matiere criminelle ciuillement intentee est
vsite en quelques cours de France, que quand la cōmission
contiēt libel, ladiourné dechet de sa defense
par le second defaut. Mais si la commission ne contient
libel aucun, il y doibt auoir troys deffaux selon
le stile. Mais tel stile n’est aucunement vsite
en Flandres, ni aussi grand Conseil. Au
34 surplus, quand au grand Conseil aucun est adiourné
pour recognoistre, ou confesser, ou biē pour
nier sa cedulle ou seing manuel ou son seel, & il ne cōparoist,
ladicte cedulle & seing sont tenuz pour cognuz
& confesses, & est le cōtumax auec le premier
defaut condanné a consigner ou nantir les deniers,
& somme contenue en ladicte cedulle, & ce, si telle
cedulle est simple, & pure, & non conditionnée, &
que dauantage elle ne contienne choses ou causes
requerantes plus grande cognoissance. Et si au second
adiournement il ne comparoist ou qu’il vienne
consigner ou nantir, l’argent consigné sera deliure au
demandeur soubz caution. Et le contumax
defaillant est de rechef adiourné pour proceder au
principal. Au quel second adiournement s’il ne comparoist
encores alors le pleige ou cautionaire sera
absous, & est au demādeur le principal adiuge auecques
35 despens. Mais es villes de Flandres s’vse que
seulement apres la tierce contumace, ceux qui en
tel cas sont adiournez, doiuent confesser ou nier, ou
bien verifier leur cedulle, la Partie a ce appellée. Et
qu’ils doiuent sur la dicte verification lors attēdre la sentence,

sans quelque consignation ou natissemēt
de deniers. Il s’vse d’auantage es villes susdictes, que
celui qui est adiourné pour cōfesser ou nier sa cedul
le, ou seel, soit a ce admis auecques ses ecceptiōs quil
pourra proposer, & sans aucune consignation, si ce
n’estoit que dauāture cognoissance de cause destour
36 nast de ce. En Flandres & au grand Conseil, quand
aucun est adiourné, pour confesser, ou pour nier sa
cedulle ou seing manuel, ou celui de son pere, ou
de quelque autre, & qu’estant ainsi adiourné il
ne compare, l’impetrant obtient note de default,
& despens & d’auantage autres commissions,
mais nulle consignation ou nantissement.
37 Quant au surplus, quelqu’un est adiourné pour iurer
de verité, ou a rapporter serment de verité, & lors s’il
ne vient, ou ne cōparoist, alors auecques le premier
& tout seul defaut le serment qu’il requiert est deferé
a la Partie, a ce qu’elle preste son iurement ou serment.
38 En matiere d’euocation, si l’adiourné ne comparoist,
l’euocation est interinée, & est l’adiourné derechef
adiourné, a ce qu’il comparoisse pour proceder
39 en cause suiuant les actes precedents. Mais en
matiere de reformation ou appellation, si le Magistrat
estant adiourné ne vient, ou comparoist pour
se presenter, & que l’intime ne compare non plus
que lui, alors la court donne & decerne defaut contre
l’intimé, & ordonne au Magistrat adiourné, qu’il
soustienne ce qu’il a iugé, car il iuge tousiours cela
sans qu’il encoure peril d’amāde. Et s’il y a quelque
amende elle nest contre le Magistrat, ains est decretée
contre l’intimé, si ce n’est que le mesme Magistrat
soit par contumace condamne en l’amande.
Mais sil aduient que l’intimé se presente & non le
Magistrat lequel est adiourne, alors ladiourne est
condanne es despens, & auec le second default sont
decheuz, cest a scauoir le Magistrat de leur adiugé, &
sont condannez a cause de leurs abus en lamande de
soixante liures, & es despens. Mais si l’intimé veut
soustenir le proces ou iugemēt, & s’il veut maintenir
quil auoit este bien iuge pour lui, cela pourra il faire.
Mais ou il ne voudroict ce faire, ains que plustost il
se laisse declarer contumax, adonc l’appellant ou
reformant obtient sa conclusion. Et au contraire
si les adiournez, cest a scauoir le magistrat, veulent
soustenir leur iugement ou sentence donne, & l’intimé.

CIVILE. 95
l’intimé non, l’intimé paye les despens pour raison du
premier & secōd defaut, perd le benefice de ladiugé
de maniere qu’il n’en perçoit aucū proufit, ou emolument,
& sans qu’il ait executiō tant & si longuemēt
que ledict iugement ou proces dure. Et si par apres
est dict, biē iuge, mal appellé, l’appellāt paye lamāde,
& despens du Magistrat adiourné. Mais lintimé,
pourtant qu’il a este mis en contumace ne perçoit
aucun proufit de ceste sentence, si ce n’estoit que
durant le iugement ou proces dappellation, & deuāt
la sentence d’icelui il se fust purge de sa coutumace.
40 Mais au grand conseil ou Parlement de Malines, le
Magistrat adiourné ne soustient point son iugemēt
ou bien la sentence par lui donnee. Ains la partie intimée
est oblige ce faire pourueu quelle vueille en
icelui obtenir ladiuge: car tous Magistrats ou gens
de Iustice de Holande, Zelande, Frise & autres
contrees qui sont du resort du grand conseil (Flādre
41 seulemēt exceptee) ne iugent pas estāts exempts &
libres du peril de lamande. Au reste, en la conté de
Flandres le Baillis, ou moniteur iusticiaire est tousiours
efface du proces, autāt de foys quil le requiert.
Et combine quil ne face autre chose sinon admonester,
si est ce toutes foys que s’il ne venoit & cōparoist
on donneroit contumace contre lui au profit de qui
42 apertient & compete. En matiere dadiudication
de decret, si les opposans ne comparoissent, ils payēt
les despens auecques le premier defaut & par le second
defaut ils sont deboutez de leurs oppositions
& est le decret interpose contre eux. Toutes foys ils
peuuent eux & tous autres comparoir pour hausser
le pris de la’chapt, tant & si longuement que le sel
du decret appose & pendu aux lettres du decret sera
oste. Mais en Flādres ou bien au conseil di’celle contree
interposition de decret est adiugee par vn seul
defaut, mais sans condennation de partie es despens.
Toutes foys les deffaillans peuuent par ensemble
encherer & augmenter le pris suiuant larticle precedent
a l. Fulcinius §. finali admodum notabili & frequenter
allegato ff. Quib. ex caus. in possess. eatur.
b l. Diuus in fine & l. seq. ff. de restitu. in integr. in quibus
tractatur & notatur & l. Et post §. fin. ff. de iudic. &
l. Ab eod. C. quomodo & quando iudex & l. Si is quem C.
de liber caus. & c. de illicit 24. q. 3.

c Vt in d. l. Diuus.
d Huic sententioe magis accredit Specul. Tittu de Contumacia.
e l. Contumacia §. Contumax ff. de re iudiic.
f Speculator d. Titu. de Contumacia.
g Vt in l. ex consensus §. fina. ff. de appellat.
h Vt notatur in c. Statuimus de elect. lib. 6.
i l. Abeo. C. quomodo & quando Iudex.
k Per d. l. Ex consensus §. Eum qui. vhi de hoc ff. de re. iudica.
l. Contumacia ff. eod. c. Cum Bertoldus extra. eodemtitu
de sentient & re. iudica.
l l. Creditor. §. iussus. de appellat.
m Speculator §. i. vitu. de appellat.
n Vide per eundem Speculatorem tutul. de citation §.
viso. vers. Quid ergo.
CHAPITRE LXXIX.
Autres Defaux contre l’une ou l’autre
des Parties.
Sommaires.
1 L’adiourne ne comparant pardeuant
Le Commissaire
2 Les Cours
3 Le Parlement
Pour confesser ou nier les articles, sont tenuz
Confesse 2. auecq defaut.
Niez
Niez
auecq le premiere defaut.
4 En France aux articles responsifs sont tenuz pour niez.
5 En Flandres aux articles responsifs, le Commissaire procede auec information.
6 Deuant le Commissaire par rursum (ia soit que par presence est decrete defaut, & c.
7 L’adiourne non comparant Par deuant le Commissaire pour sermons de tesmoins, il est
deboute de la consutation.
8 Pour voir faire productions de titres, les titres precedent, & il est deboute de resuter.
9 Pour conclurre en cause, le proces est tenu pour conclus.
10 A iour prins d’impetrer prouision par partie aduerse, la prouision est octroyée.
11 Pour voir faire relaché le prisonier est relaché en payant.
12 Ne les d mandant procede taisiblement ou par silence.
13 Celui les profits du defaut, qui Est nonchalant de ce les faire adiuger dedans lan.
14 Ou demande autres ou plus grands proufits.
15 Le iuge inserant autre acte que celui qui sert a l’adiournement faict mal.
1 Quant lu’ne ou lautre partie, scauoir le demādeur
ou defendeur est adiourne par deuāt le cōmissaire
a respōdre par credit, ou nō credit, si icelle partie
ne cōparoist, a cause de ce defaut ou nō cōparition,

elle paye les despēs d’icelui iour, & alors elle est de rechef
adiournee, & si lors elle ne cōpare point encores,
alors les articles des faicts selō les droicts sont tenuz
2 cōe cōfessez. Mais en toutes cours par vn seul defaut
ou seule nō cōparition, les articles sont tenuz cōme
niez pour le negatiō, qui est oppose en la fin des escriptures.
3 Et de ceste maniere on vse au conseil de
Flādres. Semblablemēt au grād conseil aussi, les articles
sont tenuz & iugez niez par vn seul defaut, mais
celui qui les produit peut protester, que si en la visitatiō
du proces on trouue par apres, que par default de respōse
il a este cōtraint de faire probatiōs superflues ou
de retirer les despens du non cōparant, selon le taux
du iuge, encores qu’il perdist le principal. Mais il viēt
4 bien peu de profit d’une telle protestation. On vse en
Frāce que quād l’adiourne sur respōsifs ne cōparoist
adonc sont les articles des faicts tenuz pour niez, &
doiuent les Commissaires estre sommairement
contents

96 LA PRACTIQVE
contents de telles legeres probations, & telles que
le producteur les pourra faire, pourautant que par
tel defaut, le defaillant est debouté de produire tous
5 contredicts. Mais quant au stile de Flandres, le produisant
nacquiert autre profit par tel deboutement
de responsifs, a cause du defaut, sinon que les commissaires
procedent oultre a faire l’information, car
en Flandre la partie (ia soit qu’elle sont deboutée)
elle demeure toutes foys entiere en son droict,
& n’est deboutee de bailler contradicts & saluations,
lesquelles elle pourra faire & bailler toutes
foys que bon lui semblera. Pareillement on vse en
Flandres que quand la partie adiournee est presente
deuant le commissaire, & toutes foys elle ne veut
respondre, qu’alors le cōmissaire donne & decrete defaut
en la presence dudict adiourne & qu’il trāsmet
& garde le proces verbal qui de ce auroit este faict,
& procede sans faire aucune autre enqueste ou informatiō
plus oultre. Et par apres la court ayant veu
ledict proces verbal, iuge sur icelui defaut au principal,
ou en condannant, ou en absoluāt. Quand il
y a l’une ou l’autre des parties qui est adiournee pardeuant
le commissaire pour voir iurer tesmoins, &
elle ne comparoist, ce non obstant les tesmoins, sont
ouiz & examinez en l’absence dicelle partie, & est
le defaillant forclos & deboute de ses confutations
ou contradicts, si n’estoit que les parties fussent biē
d’accord quand a laudition & examen desdicts tesmoins.
8 Autant en pourroit on dire quand la partie
est cite ou adiournée pour voir faire productions
de tiltres, car si celui qui est adiourné ne comparoist,
la production procede & se parfournit, & sont les
lettres des tiltres collationées en l’absence de ladiourné,
qui pour le default qu’il a faict est deboute
de la contradiction qu’il pouoit autrement faire, si
n’estoit que les parties fussent a l’auanture d’accord.
Au reste il est ici a sçauoir que ni es Cours de Flandre,
ni au grand Conseil, deuant les Commissaires
sont octroyez contradicts de tesmoins, & nest aucun
deboute de porter tesmoignage, s’il n’estoit cōtenu
9 au Proces qu;il fust partie aduerse. Susequemment,
Quand l’une ou lautre des parties est adiournée
pour conclurre en cause, & elle ne comparoist,

le Proces est alors tenu pour conclu, a ce que la Court
le vuide a son proufit, quand il viendra mieux a propos.
10 Aussi quād l’une ou l’autre des parties a requis
ou demandé en iugement quelque prouision, & la
partie aduerse eust accepté iour certain pour respondre
a telle prouision, & a toutes foys elle ne compare
audict iour accepté & establi, telle prouision requise
adiugée au suppliant ainsi qu’il apertient,
ou bien il en est deboute & frustre par vn seul defaut,
sans faire autre adiournement plus ample.
11 Quand celui qui est prins en cause ciuile faict adiourner
sa partie pour se voir relascher, si ladicte partie
ne compare, le prisonnier sera relasché en payant les
despens de prison, mais par le premier defaut de l’adiourné,
& auec entier payement de despens, domages,
& interests, il ne se pourra complaindre ni paruenir
a chose aucune, sinon apres troys deffaux.
12 Mais le demādeur doit sçauoir que celui a eu vn default
contre l’autre, & ne s’en faict incontinent adiuger
les proficts & vtilitez auant que proceder oultre,
tel demādeur nonchalant incontinēt par sa production
& silence, perd leffect de tel profit, & perd
le sien, car par ce qu’il procede en silence, il semble
qu’il se vueille deporter de ce profit, sinon qu’il eust
premierement protesté & declare qu’il passoit outré,
non en intention de perdre son droict & profit.
13 Pareillement se perd & aneantist le profit de defaut,
quand l’impetrant est nonchalant de le se faire adiuger
14 dedans l’an & iour. En cas pareil celui qui demande
autre ou plus grād profit de deffaut, que suiuāt
le stile & vsance il ne doibt auoir, tel faisant mal
sa demande perd son profit. Et pourtant les sages
Aduocats conseillent tousiours, que tel profit de default
soit adiugé comme conuient par le droict &
stile, sans aucune certaine specification d’icelui profits.
15 Mais ici est a sçauoir qu;en toutes les contumaces
susdictes, si le Iuge y insere quelque autre acte
que non celui, par lequel la Partie auoit este adiournée,
tel acte ne seroit valable, comme pour exemple.
Si le defendeur auoit esté adiourné pour voir
produire tesmoins, ou pour voir iurer tesmoins & c.
& que le Iuge eust recue les productions des lettres
ou semblables, tels actes de productions seroyent
inualides & nuls, en tant que le Iuge les faict, non
cōme le droict & ordre de iustice le requiert, pourautant
quil les produit a autre heure, & autre lieu

qu’il n’auoit esté ordonné & prefigé.
CHAPITRE LXXX.
Du temps de donner Defaut.
Sommaires.
1 Le Iuge peut differer l’adiudication du defaut iusques au troysiesme iour.
2 Celui qui adiourné a iour prefix & ne comparoist, peut estre mis en contumace,
3 Defaux en
Parlement
4 Flandre
sont decretez apres que la cause est appellée sur la Rolle.
&
5 Vierschare
&
6 Cours de siess
sont decretez
Deuant disuer auant 12. heures.
Apres disner, deuant
Vespres
ou
Soleil couché.
1 Le

CIVILE. 79
1 Le Iuge suiuant les droicts n’est incontinent
tenu bailler, decreter, ou adiuger default, s’il
ne veut. Ains s’il veut, il pourra selon sa prudence
attendre deux ou troys iours a le decreter, a
ce qu’il voye, & iuge plus certainement, si le defaillant
ou contumax perseuere en sa contumace. Mais
celui qui est ainsi declare contumax, ne peut prēdre,
& tirer a son profit, que le defaut n’a en temps este
donné cōtre lui, car cela a este faict en faueur & consideration
2 de lui. Et pourtant quand en l’adiournement
est contenu qu’il compare a heure certaine &
determine, s’il ne comparoist la mesme heure venue,
le defaut pourra estre incontinēt donné & adiugé.
Mais si l’heure n’est prefixe, adonc deura le Iuge
attēdre tout le iour de droict, & de grace, iusques
au lendemain, ou bien iusques au troisiesme iour.
3 Au grand Conseil, il est de coustume & de stile, que
le defaut soit incontinent decreté, apres que la persone,
ou la cause este appellée selon son tour, ou
l’ordre de la rolle, & qu’on a crié (en default) si le
iour y est appose, voire si tel iour est plaidoyable &
deu. Toutes foys si la partie venoit & se presentoit,
comme nous auons dict ci dessus, auant que le siege
fust leué le defaut seroit appellé, mais non apres les
4 plaids, si ne fust auec cognoissance de cause. En Flādre
pareillement on donne defaut apres que la personne,
ou cause est appellée a son tout, selon l’ordre
de la rolle, & apres que le rapport de l’officier est
5 leu. Mais es auditoires qu’ils appellant Vierschaires
en leur langue, & es cours des fiefs, defaux sont decretez
diuersement & a temps & heure diuerse.
6 Car ou on plaide deuant midi, le defaut est baillé auant
les douze heures, & on apres midi on plaide
en matiere pecuniaire, le defaut est donne apres vespres,
& en matiere reele apres soleil couché. Et ainsi
en vsent chascunes cours selon leur maniere & coustume.
CHAPITRE LXXXI.
De se purger de Contumace.
Sommaires.
1 Contumace se purge auant contestation en cause, au prochain iour plaidoyable, si & c.

2 Contumace donnée contre celui qui est excuse par maladie, guerre, peril, doibt estre
reuoquée.
3 Contumace apres contestation en cause n’est reuoquée sinon par relief.
4 Contumace qui est procedee par la coulpe du procureur, redonde contre icelui procureur.
5 Contumace qui oste gain de cause est difficilemant a reuoquer.
1 Qviconque est mis en contumace auāt que contester
en cause, par icelle contumace, qui ne
peut oster nul gain de cause, mais plustost apporte
profit, celui qui est en contumace, se pourra d’icelle
purger au prochain iour plaidoyable, aumoins s’il
peut pretender cuse assez iuste & raisonable pour
2 sen purger. Touchant quoy la contumace qui est
donnée contre celui qui est emprisonné, ou contre
celui qui n’ose venir a cause des guerres, pestilences,
grieues maladies, & dangereuses & c. (comme ci
dessus a este touché) elle doibt estre toutalement
reuoquée, sans aucun restablissement ou relief necessaire.
En cas pareil est la contumace reuoquée,
laquelle est donnée contre celui de nuit a este
emprisonné, ou qui a este adiourné a iour de dimenche,
ou seste, ou en temps de vacances, ou au lieu &
Iuge auquel & pardeuant lequel il n’auoit acoustume
3 estre adiourné, ni deuoit estre adiourné. Mais apres
contestation en cause, on n’est point recue a se
purger, si ce n’est pour certaine & legitime cause, &
si ce n’est par relief ou requeste ciuile, & ce pour diuerses
causes, & principalement a cause de mutations
de procureurs, deuoyent estre tresnotoires.
Et aduient que les parties constituent procureurs,
lesquelles puis apres constituent substitutz, tous lesquels
estant la cause contestée sont faicts maistres
des causes, & toutes foys ils nont egallement cognoissance
4 d’icelles comme auoyent les premiers. Ce
neantmoins, si par l’insipience, ou tort, ou nonchalance
de tels procureurs, il y auoit aucune contumace
decretée, voire si s’il y auoit quelque faute, erreur,
ou delict commis, cela ne porteroit aucun preiudice
aux maistres, ains le tout redonderoit sur la teste
desdicts procureurs, qui deuront souffir la peine
5 de telle contumace, erreur, ou delict. Mais les contumaces
qui emportent gain de causes, sont de difficile
reuocation, principalement si elles sont confortées
& confirmées par sentence, qui est passée en la
chose iugée.

I CHAP.

98 LA PRACTIQVE
CHAPITRE LXXXII.
De se presenter au Rolle.
Sommaires.
1 En Parlement ou iour deuant celui auquel est lasignation.
2 Le demandeur doibt presenter sa cause
En Flandre, le mesme iour auquel il sert
3 Contre tous adiournez nomméement.
4 En leurs Cours, & icelle continuer es Rolles.
5 Vne chascune cause doibt estre presentée separement.
6 Se presenter & puis sortir nest pas se presenter.
7 Quand le demandeur ou defendeur desire le proces, & auancement de la cause, il n’en
vient aucune interruption.
8 Quand chasque partie presente sa cause, on reiette la presentation qui nest necessaire.
9 Le defendeur se represente, mais sa comparition est note.
1 Av grand Conseil le demādeur se doibt soy
mesme presenter le iour precedent celui
qui est plaidoiable pardeuant le Greffier,
& soigner que sadicte presentation soit couchée sur
la Rolle, car s’il ne faisoit ainsi, sa cause ne seroit seruie
le lendemain, & il ne seroit appellé. Mais l’adiourné
obtiendroit conge de court & despens. En
2 Flādre il suffit que l’impetrant presente sa cause, sur
la Rolle non pas le iour de deuant, mais seulement
au iour qu’elle doibt seruir, de sorte qu’il soit appellé
3 auant que la court se departe. Le demādeur se doibt
Presenter soymesme contre tous ceux qu’il a faict
adiourner, & les appeller chascun a part par noms, &
point, auroyēt & obtiendroyent conge de court auecques
despēs, & sortiroit la sentēce son effect, &
4 seroit l’appellant condāné a l’amande & despens. Il
Est en Flandre en vsage, & la practique porte, que le
demandeur mesme represente tousiours sa cause, &
que tousiours il la continue au Rolle, en quelque estat
qu’elle se trouue. Car autrement elle decherroit interrupte
si le defendeur vouloit, pour cause de laquelle
interruptiō, l’acteur ou demandeur ne pourroit
plus inserer chose aucune au rolle, que premier
n’eust este releué par le Parlement, ou par consentement
5 de partie aduerse. Mais il fault noter en ce lieu
qu’une chascune cause doibt estre a part foy separement
6 & distinctement presentée. Mais si l’une des
parties se presentoit personellement, puis qu’elle se
departist de l’auditoire sans licence, auant que si elle

ne se fust presentée, sinon que ladicte partie eust
la laisse procureur pour defendre & maintenir sa cause.
7 Au grand conseil, si le demandeur presente sa cause
pour la premiere foys, ou en premiere instance, &
que puis apres la presente, celle des parties qui desire
le progres & auancement de la cause, soit le demandeur
ou defendeur, ainsi n’escherra aucune interruption
par defaut de presentation, si n’estoit que
la mesme cause este tout vn an en surseance &
8 requoy, sans presentation d’aucune personne. Au
surplus, quand ;’une & l’autre partie presente la cause
ou la faict exhiber, alors la court cōmande royer
& effacer la presentation de celui qui n’a besoin de
presenter, & procede, & agist sur l’autre representation
9 quand il vient a son rang ou tour. Subsequemment
le defendeur ne se faict presenter sur le rolle,
mais quand la cause est appellée, & apres qu’il s’est
representé, le Greffier enregistre sa comparition.
CHAPITRE LXXXIII.
D’Appeller la cause pardeuant le Iuge.
Sommaires.
Premierement, les causes du procureur general.
1 En appel de causes ou personnes sont appellez
En second lieu, les cause des persones miserables.
Tiercement, les causes de ceux qui sont adiournez personellement.
Quartment, les causes des parties qui sont presentees par la Rolle.
2 Ceux qui sont adiournez se presentent soubz la mesme qualite des personnes, quils ont
este adiournez.
1 Nous auons dict ci dessus quon ne doibt
decreter aucune contumace auant l’appel
ou euocation de cause, ou personne suiuāt
l’ordre de la Rolle. Mais comme telle euocation se
face, & par quel ordre elle s’acōplit, il vous sera dict
presentemēt. Donc en appelāt la cause selō l’ordre
de la rolle, premierement, les causes du procureur
general ou fiscq sont preferées, en apres celles des
persones miserables, tiercement les causes de ceux
ausquels iour a este constitue & assigne a cōparoir
personellement, ou qui estans adiournez pour ceste
cause, ont comparu en leur propre personne: & dernier
lieu, toutes causes d’autres persones, ainsi quelles
ont este presenteés au rolle, sans perturbation de
l’ordre, si ce nest que d’auenture la court contre l’ordre
eust en iugeant prefere certaines causes aux autres.

2 Quant au surplus tous ceux qui sont adiournez
& appellez se peuuent presenter tels qu’ils sont, &
ne doiuent en iugement former leurs personnes,
c’est a sçauoir s’ils comparoissent par eux mesmes,
ou comme procureurs, ou au lieu des heritiers, & c.
ains sont formez auecques ce qu’il sont adiournez
soubs certaine qualité de personnes, iouxte & suiuant
laquelle ils peuuent eux mesmes respondre &
se defendre en leur cause.

CIVILE. 99
CHAPITRE LXXXIIII.
De se presenter par Procureurs.
Sommaires.
1 Les parties se presentent par soy, iou par procureurs.
2 Le Iuge doibt bailler aux parties procureur & Aduocat.
3 Femmes, pupilles & c. se presentent par procureurs.
4 Au Parlement de France ne sut iadis a aucun permis se presenter par procureur.
5 A tours l’an 1484. sut ordonné que tous comparussent par procureurs.
1 Es causes ciuiles l’une & lautre partie, a scauoir
tant le demandeur que le defendeur se peut
presenter en iugement par soy comme dict
2 est, ou par procureur. Et si l’une ou l’autre n’a procureur,
ou bien que toutes deux, n’en ayent le iuge lors
suiuant son office en doibt bailler a la partie qui en a
faute, pourueu quelle le demande, comme aussi il lui
doibt adioindre vn aduocat s’il le veut auoir. Et tout
autant en sera il a lautre partie si elle n’a procureur
n’aduocat. Mais aussi les procureurs & aduocats se
peuuent excuser de prendre ceste charge, & refuser
vn tel fais, s’ils iurent quen leur conscience telle cause
3 ne leur semble defensable. Item aux fēmes, pupilles
mineurs, prodigues, insensez, furieux, muets, & autres
miserables personnes sont dōnez procureurs &
aduocats, par distribution de conseil. Dauantage, a
4 ceux aussi qui par crainte de leur partie aduerse ne
peuuent auoir ni obtenir aucun conseil. Iadis au
grand parlement de France, ils n’ont permis que le
demandeur comparust en iugement par procureur
si n’estoit qu’il eust ad ce lettres speciales de grace
du Roy. Et dict on que telle cōparition par procureur
fut instituée & establie pour certaine cause peculiere.
En tāt que le Roy voioit que grand nōbre de ses
nobles auoyent iournellement plusieurs affaires en
court de Parlement, & qu’ils donnoyent a leurs procureurs
charge de mener & defendre toutes leurs
causes, & que ce pendant ilz estoient absens de la
court, a cause de quoy le parlement demouroit pres
que tout vuide: & destitue de nobles, chose que le
Roy Pepin quand premierement il establit le Parlement,
a scauoir lan de Christ. 757. ne vouloit ou entendoit
estre faicte, car son intention estoit quil fust
iournellement frequente & orne d’une multitude
de nobles, Ducs, Contes, Barons, & semblables quil
la auoyent leurs affaires a negocier & traicter, il

vouloit di-ie que la ils fussent presens, & defendissent
leurs propres causes sans procureur, ou pour le
moins qu’ils fussent pres de leur procureur, qui les
defendroit. Mais telle institution & establissement
sut puis apres abrogé, reuoqué, & esteinct par autre
ordonance faicte par les estats de France tenuz a
Tours, l’an m. cccc. lxxxiij. ou il sut lors ordonne
& decreté que tous demandeurs en matiere ciuile
peussent occuper & comparoir par procureur, sans
pource impetrer grace du Roy.
CHAPITRE LXXXV.
Des Procureurs.
Sommaires.
1 Qui sont dicts Procureurs?
2 Difference entre Procureur & administrateur.
3 Procureurs
A mener proces, entreprenent la cause, la pour suiuent, & attendant la sentence.
&
Pour despescher negoces, reçoiuent argent, baillant quittance, dispouillent, obligent & c.
Item.
4 Procureurs
Aux proces, peuuent substituer deuant litiscontestation.
& Aux negoces, il leur est tousiours licite substituer.
5 Procureurs
Pour mener Proces, doiuent estre aagez de plus de 25. ans.
Et
Pour negoces doiuent passer dix sept ans.
Item.
6 Procureurs
Pour negoces sont, exercent, tracassent, & se mestent de tout.
Mais
Procureurs qui sont pour mener les proces ne peuuent faire cela.
7 Le procureur qui est constitue pour agir ou demander, semble estre aussi establi pour
defendre, & non au contraire.
1 Tous ceux qui sont administrateurs es causes
d’autrui, sont dicts procureurs, car procureur
est nom general a quelque administration
que ce soit. a. Et ni a autre difference entre procureur
& administrateur de negoces, sinō que le procureur
n’administre la cause par soymesme, mais selon &
ensuiuant la charge qu’il a de son maistre. b. Mais
celui qui est administrateur des nogoces d’autrui, il administre

100 LA PRACTIQVE.
administre & manie la cause, & affaire qu’il a entreprise
3 sans aucun mandement ne commission. c. Or
Il y a deux especes de procureurs, a scauoir procureurs
de proces, & aux negoces. Procureurs qui sont pris
aux proces ou causes sont pour occuper en iugemēt
pour instruire ou pour suiure vn proces, & pour
attendre le iugement ou sentence sur icelui procureur
aux negoces sont institutes a receuoir argent
dōner quittance, deuestir, obliger, & choses semblables.
4 Il y a en oultre differēce entre ces deux especes
de procureurs car les procureurs aux proces ou causes
ne peuuent substituer aultres procureurs sinon
apres litiscontestation, car si les faisoyent au parauant
lors iceluy procureur substituant ne seroit iuge
ou tenu pour maistre de la cause. d Mais le procureur
aux negoces peult toutes & qantefois que luy plait
librement substituez vng aultre. e. Consequemmēt
le procureur qui est prins pour mener vn proces
doibt auoir vingt & cinq ans passez, c’est adire, on
ne baille point procureurs qui ne soyent aagez de
plus de vingt, & cinq ans. Et quant au procureur qui
est constitue pour administrer negoces il suffist qu’il
passe l’an dixseptiesme, & peut estre prins & establi.
6 quand il a ses dixsept ans passe. f. Dauantage, celui
qui est generalement constitue procureur pour negoces
il peut agir & esprouuer, & sentremestre de
toutes causes, excepte les cas qui requierent mādemēt
especial, g Ce que le procureur qui est prins pour
7 iugement ou proces ne peut faire. Au reste, le procureur
qui a este prins pour agir est aussi entendu
estre pris & constitue pour defendre, & non au contraire.
a c. Saluator. 1. q. 3.
b l. 1. ff. de pricuratorib. & c. quia Episcopus 5, q. 3. & l.
3. §. Negociorum ff. de nego. gest.
c §. 1. institut. de obligat. quoe ex quasi. delict. Nascune.
d c. 1. §. Licet de procura. lib. 6.
e d. c. 1. §. procurator de procura. cod. lib. 6.
f c. Gener aliter de procurator. lib. 6.
g d. c. Generaliter de procurator. lib. 6.
CHAPITRE LXXXVI.
Des Procureurs en leurs propres causes.
Sommaires.

1 Qui sont dicts procureurs en leurs affaires.
2 Ceux qui sont procureurs en leurs affaires en quels cas ils ont lieu.
3 Es cessions d’actions litigieuses.
4 Es choses qui en partie sont vendues, & en partie données.
5 En cessions qui sont faictes a plus puissans.
6 Procuration en son faict nest valable
En cessions faictes par ceux qui a ce sont inhabiles.
7 En cessions feintes.
8 En cessions faictes au tuteur contre le pupille, & c.
9 En cessions sans tiltre.
10 Celui qui est procureur en son affaire, peut faire tout ce qu’il veut, & mesme s’obliger.
11 Si celui qui est procureur en son affaire, est proprement dict procureur?
1 Tout ainsi que les procureurs defendant les
causes des autres, ainsi peuuent-ils par eux
mesmes defendre leurs causes priuées, &
lors sont dicts procureurs en leurs propres causes
ou procureurs en leur chose & affaire. a Et quant a
la cause, elle leur est dicte propre, en tāt qu’elle leur
prouient, ou de leurs prores biens, ou de biēs d’autrui,
qui leur ont este cedez ou transportez, ou bien
quand ils sont constituez procureurs en certaines
causes ou proces, pour y poursuiure leur profit & vtilité
2 propre. Et sont valables telles procurations
ou lettres procuratoires, & obtiennent lieu, en toutes
cessions, transports, qui se peuuēt faire de droict
3 & qui sont faicts ainsi quil apertient. Mais en cessions
d’actions litigieuses, quand les actions cedes
sont deduites en iugement, telles cessions nō point
4 de tenue. b Item aussi ne valent procurations es choses
qui sont en partie vendues & en partie dōnées. c
5 Sēblablement elles ne sont valables es cessions d’actiūs
qui se sont es mains de plus puissans, car pour
leur puissāce & dignité ils sont estimez & tenuz terribles,
& pour ceste cause telles procuratis ou cessiōs
6 defaillent de leur deu effect. d En oultre, aussi ne valent
les cessions faictes, par ceux qui sont inhabiles,
ou impuissans de les faire. Aussi est il defend aux
mineurs faire cessiō sans l’auctorité de leurs tuteurs
ou curateurs. Item les tuteurs ne peuuent rien faire
sans les pupilles ou mineurs, si ce n’estoit qu’ils fussent
absens, ou bien qu’ils ne peussent parler. E Aussi
est ladicte cession defendue aux insensez & prodigues. f
Item les peres ne peuuent ceder a leurs
fils. g Pareillement ne aussi a Bruges en Flandre, ni
en autres lieux les tuteurs, curateurs, pupilles, mineurs,
prodigues ou insensez ne peuuent faire chose

aucune sans lauctorité de leurs tuteurs superieurs
7 a sçauoir des Magistrats, Dauantage toutes cessions
feintes sont defendues, & n’ont aucune vIugeur. h
8 Aussi ne valent les cessions faictes au tuteur ou curateur
contre le mineur, l’administration durant. i
Car en toute les causes & matieres susdictes, telles
procurations pour sa chose propre ne peuuēt auoir
9 lieu, tout ainsi qu’elles nont lieu aussi quād au procuratoire,
ni a aucun tiltre inseré, ou cause de cession
pour laquelle elle ait este faicte. Car vne deliurāce nue,
& qui est faicte sans cause es choses corp orelles
10 ne transporte le domaine. k Mais en ce lieu cōuient
noter, que celui qui est Procureur en son faict & negoce
peut faire tout ce qu’il veut. Et mesme il se
11 peut obliger a ce a quoy il a action. Mais a sçauoir
si celui qui est procureur en son faict & cause doibt estre

CIVILE 101
estre dict procureur. 1. Car les susdictes exceptions
& semblables peuuent estre obiectees & opposees
contre celui qui est constitue procureur en sa cause
& faict. Voye 2 de ceci plus au large le speculateur au
liure premier. partie. 3. au tiltre du procureur constitue
en sa chose & faict propre, qui la resout plusieurs
belles dubitations touchant ceste matiere, &
escrit bonnes annotations.
a Vt habet l. Procuratorum ff de procuratoribus & l.
Iusiurandum in fine ff. de iureiuran.
b l. 2. & finali C. de litigious. c. 2. extra. de aliena iudic.
mutan. cans. facta & ibi bona & amplius gloss. in verbo
Sanctionsers.
c Vulgata l. ab Anastasio C. mandai.
d l. prima. §. 1. & final. C. ne lice. potent. Patre.
Itigant. prasta. d. c. secund. extra. de aliena iudic. mutant.
caus. facta.
e l. Restituta §. Pupillus ff. ad S. C. Trebell.
f Vt l. Is cui ff. de verbo. obligat.
g l. second. ff. de contraband. emption.
h C. Plus valere quod agtitur per totum & c. per tuas
extra. qui filij sunt legit.
i Autent. Minoris. C. Qui dare tuto. vel cura poss.
k l. Nunquam nuda. ff. de acqui. rer. domi.
l Vide glossam in l. primo in verbo aliena ff. de procuratorib.
quam Baldus sequitur & commendat.
CHAPITRE LXXXVII.
Des Procurations Generalles.
Sommaires.
Le nom du constituent.
Les noms des constituez.
1 Toute Procuration contient
Le nom du Iuge, Notaire, ou Clercq.
La cause de la procuration faicte.
Obligation a payer l’adiuge.
Le iour de la constitution.
Toutes procurations pour proces sont generalles a tous autres actes.
3 Procurations generalles sont tant des choses futures que des presents.
4 Procurations generalles n’estendent point leur generalité a choses criminelles.
5 Procurations aux negoces sont dictes speciales.
L’esgard de soy & de la cause.

6 Contre le Procureur constitue en l’affaire d’un autre, on oppose
L’esgard du constituent.
L’esgard de la forme de la constitution.
1 Toutes procurations contiennent communement
fix points, a scauoir le nom de celui
qui constitue le procureur, les noms de ceux
qui sont constituez, le nom du iuge, le nom du table
liō, ou son notaire qui reçoit la procuratiō & la faict
& couche en la procuration les causes, pourquoy
elle se faict. Item elle contient obligatiō, pour payer
ou acomplir ce qui sera adiuge, & finalement le iour
2 de la constitution. Conseqemment toutes procuratiōs
qui sont faictes pour proceder ou plaidoyer sōt
generalles, a scauoir pour soustenir & poursuiure
tous plaids & proces tant spirituels que seculiers, &
en iceux faire tout ce que le constituant pourroit faire
s’il y estoit mesme en presence. Pour la cause spirituelle
est le chap. Cum venissent ext. de in integ. restitu.
Pour la cause pecuniaire & ciuile, est la. l. Licet C. de
Procurator & vbicunque non prohibeiur. Et est le procureur
cōstitué en toutes causes & en vne cause & presentialement
& en absence par messager, ou par lettres,
pourueu toutes foys qu’il soit certain, a vn proces
present & future, a iour, & iusques a iour, & soubz
condition, & a perpetuite, & a causes generalles &
specialles. 2 Quand la procuration est generalle a toutes
causes, cela s’entend aussi bien des futures que
4 des presentes, combine quen la procuration ne fust
faict mention des futures. Mais il fault bien noter ce
point, que combine que iaye dict que les procuratiōs
qui sont passees pour soustenir les proces ou causes
soyent generalles a toutes choses sans exception.
toutes foys ceci ne se doibt entendre plus oultre que es
causes ciuiles, car quant a proposer choses criminelles,
combine quelles fussent pour exciper, le procureur
5 doibt auoir ad ce mandement & permission
specialle. Et quant aux procurations qui se passent
pour entendre & vacquer aux negoces, elles sont
specialles, pourtant qu’elles apertiennent a causes
specialles, a scauoir a celles qui sont declares & exprimees
6 en ladicte procuration. Au reste, on oppose
en troys manieres contre le procureur qui est constitute
pprocureur a la chose ou cause d’autrui, a scauoir
pour esgard de soy & de la cause. En second lieu
pour raison du constituent. Tiercement pour raison
de la forme de la constitution. b. Et a fin que toutes

ces choses soyent plus esclaircies, i’ay pense ne faire
point mal descrire en cest endroict lexemple formel
de la procuration generalle, tel qu’il doibt estre.
a l. 1. 2. & 3. ff. de procuratorib. & l. 1. fff. mandati.
b Videte latius Specula. lib. 1. Titulo de procuratore.
I 3 Forme

102 LA PRACTIQVE.
Forme commune de la Procuration generalle
soubz le seel aux causes.
Nous Bourgmaistres, Escheuins, & Conseillers de la
ville de Bruges, sçauoir faisons a tous & vns chascuns,
que ce iourd’huy, datte de ces presentes, pardeuant nous est
compare personellement N. qui a auctorise, cōstitué & mis
en son lieu, comme procureurs generaux & ses vicaires especiaux
N. N. N. & vn chascun d’eux, & par especial lexhibiteur
de ces presentes, en toutes negoces, questiōs, querelles,
causes, & actions, que cestui comparant a de present &
pense auoir ci apres, tant en demandant que defendant contre
tous, en toutes cours & pardeuāt tous Iuges & Preuosts,
tant spirituels, que seculiers. Dauātage tant en demandant,
receuant, pour suiuant, que restablissant ou recuillant, par
tout ou il apertiendra & mestier sera toutes credites & toutes
sommes de deniers qui maintenant sont deues a icelui
comparant, & par apres seront deues soit de cens, ou rentes
de terres, de louages de maisons, soit de marchandises ou trafiques,
soit de prest d’argent ou pour quelque autre occasion
que ce soit, & cause ia presente passée ou future, & qu’en toutes
icelles choses lui soit loisible faire appointement, ou transaction,
receuoir les deniers procedez des dictes causes, leur
en bailler quictance de conte, demonstration, & d’exhiber
les reliquaz sans tousiours le droict. Et pource si mestier est
& la chose le requiert, proceder iudiciairement, & former
proces contre celui, auquel la chose competera, & icelui proces
mener a sinformer toutes actions reales, personelles, &
comparoir au lieu contentieux, restablir & voir restablissement,
En oultre demandeur ou recuser delaiz, remissions de
procez, defaux, conge de Court, & autres causes iudiciales.
Faire tous adiournemens, & iceux noter, faire & requerir
demandes & respondre en iugement aux demandes des aduer
saires, les refuter, impugner, debiliter, & amortir. Faire
tous arrests iudiciaux, & tout ce qui y apertiēdra ou a iceux
resister. En repliques, dupliques, tripliques, quadrupliques
& c. par faire & fournir tout ce que sera de mestier, les
pour suiure & mettre a fin. Item presenter tout serment, &
faire en tout ce que le droict & equite requerra. Produire
toutes probations & ouir & voir les preuues de l’aduersaire.
Receuoir reproches & saluations, & les exhiber. Ouir sentences,
d’icelles appeller, prendre appeaux, insinuer appellations
& les produire, & a icelles (s’il lui semble estre expedient)
de rechef renoncer. Substituer autres procureurs vn

ou plusieurs en son lieu, qui ayent la mesme puissance, ou
puissance limitée. Et gener allement & specialement en toutes
les choses ia dictes, aueques toutes les appendences d’icelles
faire toutes choses que le mesme present constituent
& comparant pourroit ordonner & faire toutes & quantes
soys & par tout, ou il se trouueroit present, encores que la
cause request puissance plus especialle que ceste n’est. Promettant
qu’il tiendra a tousiours pour bon ferme stable &
agreable, tout ce que par sesdicts procureurs ou leurs substituts,
ou par chascun d’eux, & principalement es causes susdictes
& appendences d’icelle sera a faire ou faict, sans que
iamais il y contredie ou resiste. Et dauantage qu’il payera
l’adiuge si mestier est. Et en signe de verité nous auons commande
qua cestes sut attaché & pendu le seel aux causes
de nostre ville de Bruges, donne & faict a Bruges, l’an de
nostre Seigneur 1566. le premier de Iullet.
CHAPITRE LXXXVIII.
De Procurations Speciales.
Sommaires.
1 Procuration Speciale est celle qui est octroyée pour causes Speciales.
2 Pour faire compositions & transactions.
3 Pour ratifier contracts.
4 Pour accepter serment & se soubmettre aux arbitres.
5 Pour traicter mariage le conclurre. Ainsi des espousailles.
6 Procuration speciale est requise
Pour confesser quelque chose contre le preiudice de son Seigneur.
7 Pour restituer lettres anciennes.
8 Pour iurer de calomnie ou verité.
9 Pour proposer exception contre son aduersaire.
10 Pour demander vn relies.
11 Pour demander vne remission & declination de Iuge.
12 Par tout ou la Procuration sert le Procureur doibt auiser & pouruoir a ce que son
maistre aye le tout areable & stable.
13 Quand il y a deux Procureurs establiz en vne mesme cause, l’un ne peut rien faire sans
l’autre.
1 Nous auons dict que la procuration special
est celle qui tant seulemēt est constituée
pour causes specialles. Et sont les causes
diuerses pour lesquelles la procuration sepciale est
2 requise. Et en premier lieu, la procuration specialle
se doibt obtenir pour faire vne composition ou transaction,
car elle contient en soy remission & alienation,
laquelle choses se doiuent entendre, si ce n’estoit que
le Procureur eust premierement procuration quāt

a la disposition & administration de tous les biens.
3 Et ainsi fault il aussi auoir procuration speciale a ce
que aucun face en iugement confirmer les cōtracts
qui sont passez pardeuant le Magistrat, ou a passer
pardeuant les conseillers. Et en ce cas doibt estre
ceste procuration specialle inserée aux lettres du cōtract
ou condemnation de mot a mot, ou pour le
4 moins estre annexé au seel. La procuration speciale
est aussi qu’elle est aussi requise pour se soubmettre
5 aux arbitres. En oultre est telle procuration specialle
requise, ou mandement especial, pour traicter
& conclure

CIVILE 103
6 & conclure quelque mariage ou fiancailles. b Item
& aussi pour confesser quelque chose qui obligeast
son maistre ou Seigneur, & qui lui portast preiudice.
A cest effect il doibt auoir procuration special,
ce qui est pareillement requis pour faire & traicter
7 vne paix. Semblablemēt pour renoueller vieilles
lettres & anciennes, & qui Presque sont toutes
vsees & effaces, est requis mandemant especial.
8 En oultre pour iurer de calomnie est requis auoir
procuration specialle, ce qui est aussi requis pour iurer
verité. c Lesquels sermons de procureurs sont
9 rapportez aux ames de leurs maistres. d Oultre plus
pour proposer & alleguer action fameuse criminelle
contre partie aduerse est aussi requis auoir procuration
speciale. Ou au moins telle procuration sans
mandement especial doibt faire que son action soit
approuée, ratifiée, & auouée par la partie a laquelle il
10 sert. Il ys doibt aussi auoir procuration sepciale quād
Aucun demande a estre releué & restabli en son entier.
11 e Item a ce quaucū demande remission, & puissance
de decliner Iuge, est requis que le procureur
12 ayt procuration special. Mais en tous ces cas, a sçauoir,
que par tout ou la procuration special sert la
peut le procureur promettre ratification, a sçauoir
qu’il doibt faire que le Seigneur auquel il sert auouera
tout ce que par lui sera faict suiuant tel mandemant
13 especial. Mais quand il aduient que deux procureurs
sont generallement establis en vne mesme
cause, alors ne peut l’un sans l’autre agir ne exiger
chose aucune, sas mandemant especial a lui seul
pour ce concede. f Mais pourtant qu’au chapitre
precedent nous auōs propose au Lecteur vn patron
& exemplaire formel de la procuration generalle,
pourtant ay ie bien voulu en ce lieu proposer aussi
deuant les yeux vn exemple de la procuration special.
a l. Mandato genrali ff. de procuratorib. & c. Qui ad
agendum in fine. ext. de procurat. hb. 6. & l. Transigentis
placitum. C. de transaction. & Specu. intitulo de procurat.
§. Ratione igitur, versic. quintus, & Ioann. a Grassis in suotractatu
excellentissimo de subst antialib. procuratorij, & de
his que contra eum obijcu possunt, fol. libro meo 82. in verbo.
transigentes num. 2.
b c. Accedens extra de procuratorib. & ibi Scrib. & c.

Procurator, de procuratoribus lib. 6.
c c. finali extra de Iuramento calumnia, lin. 6. & c. 1.
Extra de confess. eod. l. 6.
d c. Querelam & c. in nostra de procura. & l. final. C.
de ferijs.
e l. Illud §. Si talis ff. de minorib. c. Coram extra. de in
integ. restitut.
f l. Cum alicuius ff. de negot. gest.
Forme de la procuration Specialle soubz le
seel aux causes.
Nous Bourgmaistres, Escheuins, & Conseilliers de la
ville de Bruges, sçauoir faisons a tous & chascūs, que
ce iourd’hui datte de presentes pardeuant nous personellement
est compare N. qui a auctorite, constitué, & denominé
N. N. N. & vn chascun d’eux, & par especial le bailleur
& porteur de ces presentes, leur donnant & a chascū d’eux
pleine puissance, expres & absoulut mandemant & cōmission
irreuocable, sans autre plus ample commissiō par iceux
deuoir attendre par paroles, ou escriture, que eux & chascun
d’eux pour le present constituent, & en son nom ils resignent
& deliurent la Seigneurie & vray proprieté & possession
d’une maison auec ses apertenances, & dependences
située & assise en la rue de pierre, oupend pour enseigne le
cerf Volant. Item que au nom d’icelui constituent, ils vendent
la proprieté d’un champ de troys bonniers assis &c.
chargé &c, & iuridiquement les deliurent a lachepteur ou
achepteurs d’iceux, & lui en facent diliurance, & iuridiquement
les establissent vrays seigneurs & possesseurs &
proprietaires lui conferment diliurance iuridique, & qua cest
effect ils comparent pardeuāt le Iuge ou Iuges quand mestier
sera, & comme il apertiendra a soubz le territoire duquel
ladicte maison auecq ledict champ sont situez & assis,
ou pardeuant autres Iuges quād mestier ils exhibent ces
lettres iceux iuges ou Iuge premierement ils exhibent ces
lettres de procuration, par apres que deuant iceux cōfessent,
comme en vertu d’icelle procuration exhibee, ils ont vendu
telle maison & tel champ, situez en telle part & lieu, &
chargez de telles charges. a. N. & qu’ils liurent & transportent
audict N. le vray domeine, propriete, & possession
d’icelle maison & heritage, iouxte les exigences des causes
& appendences, auecques promesse de garandier, & auecques
toutes les solennitez a ce requises & necessaires, que
d’icelles il appellant, facent transaction, reçoiuent les deniers
prouent d’icelle vendition, baillent ceedules de faire

on par comptes, & reliquaz le droict tousiours sauf. Et
generallement & c. Promettent &c. comme en lexemple
du chapitre precedent.
Mais en toutes les susdictes procuration, ie veux
bien ami Lecteur, que tu obserues ce point dernier,
a sçauoir. En signe verité nous auons appose le
seel aux causes de la ville de Bruges &c. car ce seel,
(qui la est appellé seel aux causes) nest ia mais attaché
aux procurations ou autres lettres de causes, si ce
n’est que lesdictes procuration ou autres lettres de
causes, ayent este exhibées, cognues, & premises en
plain college du Magistrat. Car seulement a telles
lettres est pendu & appose le seel aux causes, & non
a autres, & vaut ce seel, & est cognu par toute Europe,
tellement que quiconque exhibera lettres seelees
de ce seel aux causes, il n’a dauātage besoin d’autre
preuue ou certification aucune de produire ce
seel qu’il ne soit vray, ratifié, cognu & prouué seel,
de la ville de Bruges. Et pourtant, tout ce qui est cōtenu
en ces lettres, par ratification de ce seel, est pareillement
tenu certain, stable & ratifié. Au reste, il
y a a Bruges encores autres seaux, qui ne sont appellez
seaux aux causes, ançoys seaux des escheuins,
lesquels aussi on pend & attaché deux a vn instrument
a toutes procurations tant generalles, que specialles,
gardant la forme des procurations deuant dictes,
en y changeant ce qu’il y conuient changer tant
au commancement comme en la fin. Car telles
procurations qui sont seellées des seaux des Escheuins
n’ont en leur commencement: Nous Bourgmaistres,
Escheuins, & Conseillers de la ville de Bruges &c.
Mais ont seulement ainsi. Nous Iean de Damhoudere,
& Iasspar

104 LA PRACTIQVE
& Iasspar VVinckelman en ce temps Escheuins de la ville
de Bruges, sçauoir faisons a tous ceux qui ces lettres liront,
que ce iourdhui est compare pardeuant nous. N. qui a auctorisé
& constitué & c. Consequemment au milieu
conuiennēt les mesmes clausules apposes aux exēplaires
ci deuant: Mais en la fin elles sont differētes:
Car procurations a causes ont a la fin. En signe de
verite nous auons commande que le seel de nostre
ville Bruges fust pendu a ces presentes & c. Mais
les procuration senatoires, ou qui sont passees pardeuant
les Escheuins, ont ainsi a la fin, En signe de verité
nous Iehan de Damhoudere, & Iaspar VVinckelman
auons faict attacher nez seauz a ces presentes &c. En
ces procuration on attaché cōmunement vn seul
seel de la ville qui est tousiours vn mesme, & en soy
represente le consentement de tout le magistrat
entierement. Mais es procurations passees pardeuāt
deux escheuins on y pēd deux petits seaux, a sçauoir
de deux escheuins, qui despeschent lesdictes procurations
soubz leurs propres seaux. Mais quelqu’un
pourroit demander si ces deux procurations, a
sçauoir celle auec seel aux causes, & auecques les
seeaux des escheuins ont en tous lieux semblable
efficace. A quoy ie respons ainsi qu’elles ont toutes
deux semblable que par le commencement, fin, & seel
elles different grandement pourtant ne sont elles
par tout egallement cognues, & ne sont par tout
egallement efficace quec leur premiere exhibition: Car
pourtant que le seel aux causes est (cōme nous auos
dict) cognu par toute l’Europe vniuerselle ratiffie
ferme & valable. Par consequent la procuration qui
est dicelui seel munie est par tout cognue & ratifiee
& n’a tel seel mestier d’autre probation que soy mesme.
Mais pour autant que ces seauz d’escheuins sōt
a eux propres, & que chascun an ils se changent,
pourtant est il qu’a peine sont ils cognus hors du
territoire: Et a ceste cause les procurations qui sont
seellees de tels seaux nont par tout mesme credit &
foy, tellement qu’a grand peine sont ils cognuz ou
recuez ailleurs qu’en la ville de Bruges ou au territoire
di’celle. Esquelles ville & territoire seulement,
elles ont semblable auctorite & efficacé aux
deuant dictes tellement, quelles non mestier de

plus ample probation ou verification d’elles audict
territoire de Bruges. Mais si hors le territoire de Bruges
telles procuratiōs d’Escheuins sont exhibees, &
quelles soyent denies par la partie, elles ont mestier
de nouelle probatiō, par laquelle soit proué & verifie
que les deux seaux qui y sont penduz sont les deux
de deux Escheuins de Bruges, pour lors ne plus ne
moins que les instrumēs des notaires, est ans es lieu
ou iceux ne sont cognuz, ont besoin de nouelle certification
que tel notaire auroit este notaire legitime,
approue & admis. De quelle sortes d’instrumēs
ie mettray ci dessoubz vn exēplaire. Et pourtant ie
cōseilleroye a tous ceux qui en cas de procurations
ou autres causes veulent expedier quelque chose
pardeuant le Magistrat, soit a Bruges, ou ailleurs,
quils le facent despescher pardeuant toute la court
ou colliege de quelque cite fort renōmee, car telle
procuration sera par tout approuee ratiffie, & valable,
sans quelle ait iamais mestier de plus ample certification.
Mais ie veux a present descrire lexemple
& forme de l’instrument des notaires attend que
le formulaire exemple de la procuration des Escheuins
particuliere se pourra tirer de celles que ci des
sus nous auons descriptes.
Forme de la Procuration Speciale par le Notaire.
Au non du Seigneur Dieu. Amen. L’an de la Natiuite
de nostre Seigneur mil cinq cens soixante & six,
le quinz iesme tour du moys de Nouēbre, Cōparut personellement
par deuāt moy Iean le Begue Notaire publique &
tesmoins soubscripts, tresprudent & discret Seigneur. Maistre
Nicolas de Lengaigne. Clerc du Diocese de Cambray.
Lequel par toutes les meilleures, maniere, voys, droict, cause,
& forme, par lesquelles il a mieux & auecques plus d’efficace
peu & deu, peut & doibt a par ces presentes constitué,
crée, nōmé & depute ces vraiz, certains, legitimes & indubitable
procureurs, acteurs, facteurs, administrateurs des
negoces soubsriptes, & messagers speciaux & generaux de
forte, neātmoins que la generaliste ne derogue point a la specialité,
ne au cōtraire, a sçauoir les Sieurs & Maistres Guillaume
Gautier, Pierre le Pipre, & Iean Mouscrō : absens cōme
Presens, & vn chascun d’eux pour le tout, specialement
& principalement, pour prendre au nom dudict Seigneur
constituant, & pour lui, corporelle, reelle, & actuelle possession
de l’Eglise parociale de sainct Pierre en Rousbrouq audicese

de Terouane, & pour entrer en icelle possession & en
icelle demourer, gardant en ce les solennitez vsees & acoustumées.
En apres pour lui responare des fruicts, rentes, reuenuz,
& emoluments, & lui faire respondre par autres, &
mander de faire, & procurer que le seruice dium soit en
icelle Eglise parocialle deuement faict & administer. Semblablement
de faire arrenter les fruits, rentes, reuenuz, &
emolumens de ladicte Eglise parocialle, & les bailler a ferme,
& pension annuelle, & a tel terme, & pour tel pris, qu’a
ses procureurs, ou aucun d’iceux semblera estre bon & expedient.
Sauf d’en rendre compte & reliqua. Promettant ledict
Seigneur constituāt susnommé en la main de moy Notaire
stipulant deuement, & s’obligeant a ce que dict est en
forme deue. Faict a Bruxelles diocese dudict Cambray
l’an, moys, & iour dessusdicts, en presence d’honestes & discrete
personnes Maistre Andre de VVesenbeke, Licencié
es droicts & Aduocat du Conseil de Brabant, & Laurent
Vereycken, Clerc dudict diocese de Cambray, tesmoins appellez
& priez a ce que dessus.
Ainsi est le Begge Notaire Apostolique & Imperial auctorisé par le Cōseil de Brabant,
& Clerc iuré du Chapitre de l’Eglise collegiale de saincte Goule de Bruxelles,
requis a ce que dessus.

CIVILE. 105
CHAPITRE LXXXIX.
Des Substitutions.
Sommaires.
S’elle n’est expressement declare en la procuration
1 Substitution ne peut estre faicte
Et si ce n’est
Auant Litiscontestation.
Apres Litiscontestation.
2 Substituion peut estre faicte
&
Aux negoces tousiours & librement.
3 Substitution ne s’estend oultre la court du premier procureur.
Au dos de la procuration principale.
4 Toute substitution doibt estre escrite
En noueau parchemin annexe a la procuration.
En noueau parchemin contenant la principalle procuration.
5 Qui a vne foys substitue ne peut plus reuoquer la substitution.
1 Quand les procurations qui sont faictes ad lites
sont si simples que ceste clausule ni est point
mise (auecques substitution, a sçauoir quelles ne contiennent
expresse puissance de substituer autres procureurs
en son lieu, alors le premier procureur ne
pourra substituer autres procureurs auant litiscontestatiō,
pourautāt qua ces fins lui cōpete seulement
2 mandement special. Mais cela luy sera loisible apres
Litiscōtestation, pourtāt qu’adōc il est dict procureur
& est faict maistre de la cause. a Le mesme procureur
en pourra aussi substituer d’autres en son lieu, quād
il est faict procureur aux negoces, ou quand il est
constitue procureur aux negoces, ou quand il est
constitue procureur en sa chose propre. Car tels
procureurs peuuēt substituer en tout temps & librement.
3 b. Et peut le procureur quant aux negoces
estre donne apres les dixseptans. Mais il est a sçauoir
que la susdicte substitution de’procureurs ne sestēd
point plus oultre qu’en la court en laquelle ne sestēd
que la susdicte substitution que faict aucun
des procureurs es magistrats au grand conseil
4 ni au contraire. Au reste toute substitution de procuration
doibt estre escrite au dos de la procuration
principalle. Ou bien doibt estre escrite en parchemin
nouueau, & doibt estre annexee, voire trāsfigee
par la procuration principalle. Ou du moins ladicte

procuration principalle doibt toutalement & mot
a mot estre inscript es nouelles lettres de susbstitutiō
autrement ladicte substitution seroit tenue pour
5 nō valable & ne seroit receue en aucune court. Par
ainsi doncques ces procurations soyent generalles
ou doncques ces procurations soyent generalles
ou speciales, ne sont valables, esquelles l’on a acoustume
laisser places vuides a ce que puis apres on
escriue en icelles les noms des procureurs qui serōt
a substituer: Car telle maniere de procurations sont
tenues suspectes, & sont fort propres a commettre
fraudes, pourtant qu’on a souuent trouue qu’en telles
places & fenestres vuides, on a mis & insere procureurs
partiaux, & trompeurs, qui en vertu de leur
procuration ont trauaille plusieurs honnestes personages
par malice ou hainne quils leurs portoyent
les ont apprehendez & les ont mis en grands despēs
& fraiz. Il fault donc qu’en toutes procurations tant
generalles, comme specialles tous & chascuns nōs
qu’on y voudra escrire y soyent, en la faisant, & sur
le champ escripts, sans y laisser aucune espace vuide.
Et si on veut faire substitutiō, elle se sera suiuāt la maniere
deuant dicte. En oultre quiconque a vne foys
faict telle substitutiō, il ne peut par apres reuoquer
en aucune maniere, sinon qu’il eust a ce impetre specialle
cōmission &mandement, selon les droicts ci
deuant alleguez. Vous pourrez voir quelques points
seruants a ceste matiere traicte par M. Ieā de Grasses
en sō tresexcelēt traictez. Des substātiaux de la procuration,
& des points qu’on peut obiecter contre
icelle au fueillet. 86. colomne 1.
a c. 2. de procuratoribus libro 6.
b c primo. §. licet autem de procuratorib.. lib. 6.
CHAPITRE XC.
Quelles Procurations sont suffisantes es Iugemens.
Sommaires.
1 Es Iugemens sont requises procurations dIuges & suffiantes.
2 En cas de procuration qui est douteuse, on la doibt faire ratifier.
3 Si les procurations ne sont deues, toute la production sera nulle & la sentence illusoire.
4 Le Prince, les Prelats les nobles & c. constituent procureurs soub leur seel.
5 En matiere de sies on ordonne procurations par les seaux des Paris.
6 Procuration d’Escheuins est par tout valable.
7 Procuration passee pardeuant Notaire nest tousiours egallement valable.
8 Au Parlement de Malines les Procurations sont establiz sous vn seul Secretaire.

9 Procuration faicte par tesmoins est verifiée par serment de calomnie.
10 Le Parlement de Paris n’admet procuration de gens laiz, faicte en la Court spirituelle.
11 Procurations baillees par l’Abbe & couuent, valent en Parlement.
12 Procurations baillée par vn mineur d’ans nest de valeur.
13 Procuration d’un qui se meurt auant conclusion prinse en iugement, est aussi mort
auecques lui.
14 Procuration nouelle en arraments n’est necessaire apres conclusion en iugement.
Quiconque

106 LA PRACTIQVE.
1 Quiconque voudra se presenter comme procureur,
ou desirera comme procureur estre
oui, & auoir son lieu en iugement, il lui conuiendra
premierement faire apparoistre de sa procuration
digne, legitime, & suffisante, ou il so’bligera a
2 la solution & payement de la’diuge. Et si on doute
de la suffisance d’icelle procuration, il le doibt faire
bon & ratifie. a Et pourtant tout Iuge doibt au cōmencement,
& entrée de proces diligemment auoir
esgard & soigner que les procurations soyent suffisantes
3 tant d’une part, que d’autre, car si en cas il y auoit
aucune chose obmise, ou passée par nōchalance,
par ou les procurations fussent moins que dues, &
suffisantes, toutes productions seroyent puis apres
nulles, & seroit la sentence du Iuge illusoire.
Au reste les procurations passees soubs le seel du
4 prince, & donnees a quelqu’un n’ont mestier d’attestatiō
d’Escheuins, ains sont d’elles mesmes suffisantes.
En oultre, quand les constituans sont Prelats,
Euesques, ou gentils homes de grande noblesse, ou
bien constituez en telle dignité ou office que leur
feaux sont a tous cognuz, tarifier, & approuuez,
semblablement leurs procurations données,
& seellees desdicts, sont tenues stables, ratifies, &
Vallables, sans autre cognoissance des Magistrats.
5 Item en cours feodaux les procurations sont ordonnees
& establies soub les seaux, priuez des pairs feodaux,
6 les armoiries, noms & seaux desquels sont cognus
Icelle court. Au demeurant, la procuration
Faicte & passee pardeuant vn magistrat cognu, qui a
seel autentique, est par tout valable & doibt estre
admise es cours principalement seculiers. Semblablement
est tresferme la procuration qui est passée
au greffe soubs le seel des causes, & pardeuāt les magistrats.
7 Mais la procuration passee pardeuant vn seul
notaire & tesmoins, a peine est elle admise es cours
seculieres, principalement quād icelui procureur est
manifestement cognu en icelle court, & quand Partie
aduersse n’admet ledict procureur, ains le reiette
8 & deboute. Au grand Conseil ou bien Parlement
de Malines, la Practique porte que les procurations
qui sont valables & defficace se passent soubs
vn Secretaire. Mais qui a tels Secretaires peut auoir

dōne tel pouoir ie ne le sçay, pource que d’euxmesmes
ils ne representent nulle persone publique.
9 Quant au reste, si quelque procureur vouloir par tesmoins
verifier & ratifier les lettres de sa procuratiō
cela lui seroit bien permis, pourueu que premierement
10 il eust preste le serment de calomnie. Au Parlement
de Paris on n’admet point les procurations
qui sont faictes es cours spirituelles entre deux seculiers,
& qui sont de choses prophanes. Mais au mesme
lieu sont admises telles & semblables procurations
ou elles seroyent faictes entre personnes eccle
siastiques, & choses beneficieles, ou biens ecclesiastiques.
11 En cas pareil sont au mesme Parlement admises
& receues les procuratiōs qui sont ballées & constituées
par l’Abbe & conuent. Et touchant ledict
conuent, ils dient qu’il y doibt auoir pour le moins
quatre religieux, qui ordinarement chantent le diuin
12 seruice au choeur. Procuration qui est faicte &
baillée par vn mineur, a sçauoir par celui qui n’a
encores passé l’an vint & cinquiesme sans auctorité de
son curateur s’il en a, n’est admise en aucune court. b
Aussi n’est celle de celui qui n’a pas vn curateur, si
n’estoit que ledict mineur iurast sainctement sur le
sacre euangile quil auoit pour lors & auroit a tousiours
agreable, ferme & stable tout ce que son procureur
seroit pour lui au negoce de ladicte procuratiō.
13 c. Et quand il aduient que celui qui faict & passé la
procuration vient a morir auant quil soit conclude en
iugement, ladicte procuration vient aussi a mourir
auecques lui en quelque estat que les choses susdictes
soyent constituees. Et l’heritier ou successeur
qui alors doibt prendre les arraments deura constituer
& faire nouelle procuration pour le progres du
proces interrompu & delaisse par le defunct, & ce
dedans la’n & iour, autrement tout le negoce decherroit
interrompu, & hors de iugement.
14 Mais s’il aduenoit que ledict constituant mourust
apres conclusion en iugement, il n’est point mestier
de renoueler la procuration, car alors ne reste autre
chose qu’atendre la sentence. Si quelque procureur
eust accepte procuration & eust en son propre nom
promis contestation en cause, pourroit poursuiure
mener a fin & instruire ledict proces iusques a definitiue,
nonobstant que le maistre auquel il seruoit fust
decede.
a l. Non solum §. Qui alieno nomine ff. de procuratori.

l. minor. in princ. ff. de procuratorib. l. Exigendi, in
medio legis. C. eod. l. 1. & 2. C. Qui legiti. person. hab. stan.
in iudicio vel non.
c d. l. minor. & ibi. Bartol. & alij scribentes.
CHAPITRE XCI.
De reuoquer vne Procuration.
Sommaires.
1 La procuration se reuoque auant contester en cause.
Paroles iniurieuses.
Maladie du Procureur.
Amitie auec vn autre Procureur.
2 ♣’appellent vne procuration
Nonchalance du premier Procureur.
La trop grande ieunesse.
Si le Seigneur veut lui mesme pour suiure son proces.
Consentement du Procureur.
3 a qui ou a quels doibt paruenir la reuocation du Procureur.
Auant

CIVILE. 107
1 Auant litiscontestation il est a chascun loisible
reuoquer la procuration baillee, ainsi
qu’il lui plaist, sans autrement en denommer
ou declarer la cause. a Mais apres contestatiō en
cause, il ne lui est aucunement loisible se faire, b si
ce n’est auecques cognoissance de cause, & pour raison
3 notable ce conseillant auant le proces. c Or
telles raisons qui suadent & conseillent la reuocation
de procuration auant contestation en cause,
sont iniures, maladies du procureur, a cause desquelles,
le procureur ne peut assez diligēment veiller
a la cause qu’il auroit entreprise, ou bien si le Seigneur
auroit vne singuliere amitie auecques l’autre
procureur qu’il deuroit prendre, & auquel il se fieroit
lors dauantage. Ou bien si les negoces ou affaires
estoyent par icelui premier procureur trop nonchalamment
demenées & procures. Item la procuration
peut estre reuoquées du procureur, a cause de
sa ieunesse. Item quand le maistre veut soymesme
poursuiure son proces. Ou bien quād le procureur
consent a la dicte reuocation, ou au moins s’il n’il
contredict point. Car toutes & quantes foys que le
Seigneur du proces soit deuant, ou apres litiscontestation,
poursuit &defend sa cause en presence de
son procureur, & qu’il commande les actes estre
faicts en son nom, alors apparoist que taisiblement
& par effect il reuoque la procuration qu’il a dōnee
a son procureur, & qu’il la retire protestatiō au contraire,
& contre les faicts de son Seigneur ou maistre.
3 Or est il que la reuocation du procureur doibt
paruenir a l’aduersaire, ou au Iuge, & si cela ne se
faict, toutes soys ce qui se faict apres auecques lui, est
valable, ce qui aduient autrement quand elle y paruient.
e Et ce apres contestation en cause. Car si ce
la se faict deuant, il n’est point necessaire quelle paruienne
a l’aduersaire ou a Iuge, pourueu toutes foys
qu’elle paruienne au procureur. f
a l. Ante litem ff. de procuratorib. huic sermiunt notate
in c. in causis in gloss. in verbo. Cum res non esset integra.
extra de elect.
b l. Mutari & ibi. Bart. ff. de procu.
c d. l. mutari.
d c. Ex insinuation & c. in nostra presentia & c. Ex

parte de rescript.
e Vide Speculatorem, cui non ex oequo omnia hac placent.
CHAPITRE XCII.
Du faulx Procureur.
Sommaires.
1 Le procureur qui n’a procuration suffisante, doibt estre tenu pour faux procureur.
2 Le Maistre du procureur peut approuer les faicts d’icelui iusques a conclusion en
Iugement.
3 La ratification du Seigneur apres sentence donnée n’est valable.
4 Il est trop tard de ratifier quand la chose est faicte.
5 Si le Iuge declare que le procureur n’est suffisant la ratification n’est d’efficace.
6 Le procureur qui est sans procuration, doibt bailler caution de ratification, & de payer
l’adiuge.
7 Il fault que le procureur soit bien instruit des causes qu’il entreprend.
1 Nous auons dict que le procureur qui voudra
postuler en iugement, doibt estre instruit
de procuration suffisante. Dautant
que tout procureur qui se voudra presenter en iugement
pour vn autre, & postuler pour lui, sans deue
& suffisante procuration & auctorité, il ne doibt
estre admis ne recue, ains tenu pour faulx procureur
& se faisant il s’expose au hazart de payer ladiuge. a
Si ce n’estoit que son maistre auquel il sert, aprouuast
& ratifiast ses faicts, tant pour le present
2 que pour l’aduenir. b Et aussi le maistre de tel
procureur pourra ratifier & aprouer les faicts d’icelui
iusques a conclusion en iugement, cōme maintenant
il est vsité, & iusques a present a este vsité au
3 grand Conseil de Malines. Mais apres la sentence
donnée, le maistre ou Seigneur ne peut faire telle approbation,
s’il ne vouloit ce faire a son propre domage,
4 & preiudicier a soymesme. Car toute ratification
qui vient apres le faict, est tard venue & inutile.
Et toutes foys selon le stile de quelques Cours,
telle ratification est aussi admise apres la sentence
par vne certaine equité, a laquelle elle semble seruir.
5 Mais si le Iuge mesme declare quelque procuration
estre non valable, & insuffisante, alors le Maistre ne
pourroit cōtre le decret du Iuge ratifier ou aprouer
tout ce que le procureur soubs tiltre, & en vertu de
telle procuration non valable auroit, attēte & faict.
6 Au surplus, quand le procureur vault postuler pour
lacteur ou demandeur, & qu’audict temps il n’a encores
sa procuration despeschée & appareillée, adōc

il peut donner Caution que ce qu’il faict & attente
sera ratifié & tenu pour bon, c & adonc promettre
de payer l’adiugé, & qu’il prendra la chose pour soymesme.
7 Quant au reste, Nul procureur ne doibt
prendre procuration pour defendre la cause d’autruy,
que premierement il ne soit instruit de la cause
qu’il entreprent, ou par memoriaux, ou par instruction
verballe, ou par quelque extraction, qu’il en
auroit faicte, de maniere que s’il en estoit interrogué
en iugement, il peust facilement & sur le chāp
respondre, & a propos de ladicte cause par lui entre
prinse. Car si estant interrogué des points principaux
apertenans a la cause, il ne sçauoit respondre
pertinemment, alors il deuroit estre condamné es
despens, & ce de droict.
a c. Ex insinuation. c. in nostra. ext. de procurato.
b c. Rati habitionem de reg, iur. lib. 6.
c l. 1. C. de procuratorib.
CHAP.

108 LA PRACTIQVE
CHAPITRE XCIII.
De l’Exhibition des Procurations.
Sommaires.
1 Iadis au grand Conseil apres Contestation en cause.
1 Apres, au grand Conseil apres le commencement du proces.
3 Procurations s’exhibent
Au iourd hui au grand Conseil, quand il faut conclurre en cause.
4 En Flandre, quand le Iuge ou les Parties le requierrent.
5 Au Parlement de Paris, incontinent au Greffier.
1 Apres le tēps de Charles Duc de Bourgongne
ceste ordōnnance n’a este gueres bien
gardée, par la quelle il establit, que les procureurs
au grand Cōseil de Malines par lui lors institute,
incontinent apres contestatiō en cause deussent
exhiber la copie autentique de leur procuratiō
soubz le seing manuel du greffier mesmes, & puis apres
ou la chose seroit cōcluse en iugemēt, ils seroyēt
aussi tenuz exhiber leur original & procuratiō principalle.
2 Mais par apres en l’an. 1513. au moys de Nouembre
fut ordōne au dict grād Conseil de Malines
que nul procureur ne pourroit la postuler ne plaider
en iugement sinon que premieremēt & incontinent il
monstrast sa procuration. Et alors estoit incontinēt
mande a la partie, quelle en leuast la copie autētique
du greffier, sur peine de vingt sols, a scauoir, autant
de foys qu’il aduiendroit que ceste copie seroit exhibee
en iugemēt, autant de foys que partie aduerse
se laisseroit debouter par forclusion, ou par default
de toutes productions. Car si cela ne se faisoit, la sentence
seroit mal fondee, pour autant que le cōdāne
pourroit lors facilement nier sa procuration. Or ceci
est pour le iourd’hui, practique audict grand Cōseil
que la principalle procuration, ou pour le moins la
copie autentique d’icelle soit exhibee quand on
4 conclud en iugement. Mais es cours de Flandres on
n’exhibe point les procurations en aucune d’icelles,
si ce n’est que le Iuge ou parties les veulent voir, ains
suffist quicelles procurations soyent escriptes & cōsignees
5 aux actes sur la rolle, ou au registre du gresfier.
Aussi semblablement par ordonnance du Roy
de Frāce Louis 12. l’an 1499. les procureurs en parlement
doiuent exhiber leurs procurations au greffe,
ou le greffier les doibt enregistrer, ou cas que lesdicts
procureurs voulussent retirer de lui leurs procuratiōs.

Mais s’il ne vouloyent aucunement retirer
leur dicte procuration, ains la laisser la, elle sera gardee
lez le greffier, a fin quelle soit expediee ad causas,
ou & quand il sera requis & de mestier.
CHAPITRE XCIIII.
De ceux qui ne peuuent estre Procureurs.
Sommaires.
1 Les fols, pupilles, & c.
2 Banniz, excommuniez, criminels.
3 Ceux ne peuuent estre procureurs
Moynes, Euesques, prestres, & c.
4 Medecins, Bacheliers.
5 Cheualiers.
6 Femmes, sans auctorité de leur maris ou du Iuge.
7 En ses causes propres pour son mari, fils, &c.
8 La femme peut estre procureur
En sa chose propre.
9 En la tutelle de ses enfans.
10 Pour la deliurance de ses enfans, parens & c.
1 Il y a diuerses personnes qui ne peuuent estre
procureurs, comme sont pupilles, a les insensez b
muetz & sourds. c Et ceux que ou laage, ou
icede nature deboute de cest office. Itē ceux qui sōt
excōmuniez. d Ceux qui sont bāniz. e Dauantage,
2 ceux qui sont infames. f Et tous aultres coulpables
de crimes auecques leurs semblables. g En oultre
les moines, chanoines ou reguliers, ne peuuent procureur
en aucuns iugemens, sans consentement & auctorité
de leurs superieurs, si ce n’estoit pour personnes
miserables. h Semblablement ni Euesques, ni
prestres seculiers, ni aucuns clercs, qui ayēt receu les
sainctes ordres se peuuēt occuper en aucunes cours
seculiers, si ce n’estoit aussi pour personnes miserables,
ou pour leurs Eglises, ou pour leurs benefices. i
4 Semblablement les Medicins & Bacheliers ne peuuent
postuler en iugement. k En oultre les Cheualiers
selon les loix ne peuuent estre procureurs, a cause
de la dignite de leur estat & noblesse, si ce n’estoit
qu’ils le fissent en leurs affaires propres, ou qu’ils fussent
6 en proces. 1 Semblablement les femmes mariées,
ne peuuent assister en iugement, ne postuler
sans lauctorite de leurs maris. Mais si le mari estoit
long temps absent, le Iuge pourroit octroyer a la
7 femme auctorite de defendre sa cause. Mais il est biē
permis aux femmes qu’elles soyent procureures, ou

aduocates en leurs causes propres, & pour persones
miserables, pour leurs mariz prisonniers, pour leurs
parens anciens & debilles, pour leurs enfans & pouures
amis, & par especial quand ils ne peuuent auoir
8 autres procureurs. Item les femmes peuuēt postuler
en iugement estre procuratrices en leurs propres

CIVILE. 109
pres causes, ou en leur faict mesme, a sçauoir, quand
quelque action de biens leur est transportée, ou cedée
9 pour la poursuiure a leur proufit propre. n En
oultre les femmes peuuent postuler en iugement
quand elles ont prins la tutelle de leurs enfans.
10 Dauantage, quand il est question de la liberte de
son fils, de son pere, mari, & frere ou autre prochain
ou parent. P. Item, quand son fils est condanné par
sentence, car elle peut lors appeler d’icelle sentence
& poursuiure l’appellation. q.
a l. 1. in fine ff. de Postulan.
b. l. 2. ff. de procurat. &d. l. 1. in fine ff. de prostulan.
c l. Mutus & surdus ff. de procuratorib.
d c. post cessionem, &ibi Bald. extra de probat. c. Prudentiam.
§. Sexta, ext. de offic. delega. & c. intelleximus
extra de iudic.
e l. Seruum quoque. ff. de procurato. videte Speculatorem.
f c. Infamis 3. 9. 7. &c. Quia Episcopus 5. q. 3.
g l. Reum. C. de procuratorib. &C. Qui iudicio publico
ff. de accusat.
h c. 3. extra, ne cleri. vel mona. & c. Nom dicatis 12. 9. 1.
Specula. lib. 1. parte. 4. titu. de Aduocato. mu. 2.
1 l. Placet. C. de Epis & cleri. & c. Sacerdotib. extra ne
cleri. vel monachi secularib. negocijs se immisceant.
k l. Placet C. de Epifc. & cleri.
L l. Si militem. C. de cond. ob cau. dato. l. militem. C. de
procurato. &. l. neque. ff. eo. tit. contesta. l. filius fami, & veterani
ff. eod. titu.
n d. l. Quia absente te. C. de procurato.
o c. Ex parte minus extra. de appell. & l. finali & Au.
ten. ibi pofita C. quando mul. tute, off. fungi. potest.
p l. 3. ff. de. liberali caussa.
q l. Prima §. finali ff de appella. recip. vell non.
CHAPITRE XCV.
De se presenter par autre sans procuration.
Sommaires.
1 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Les parens, cousins & affins
cautionans de ratication.
2 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Consors d’un mesme proces
cautionans de ratication.
3 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Aduocats & Procureurs mais lors
Baillans Caution de ratifiers.

4 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Solliciteurs de la cause d’autruy mais
lors En payant l’adiugé.
5 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Tuteurs, Curateurs, &c. sans Caution
de ratifier.
6 Sans Procuration se peuuent presenter pour autres Facteurs de marchans, & c. sans
Obligation de payer l’adiugé.
1 IL y a aucunes personnes qui peuuent occuper
& postuler és iugemēs, non pour elles mesmes,
mais pour autres, comme sont les parens, le pere
la mere, le frere, les amis prochains, cousins, affins, ser
uiteurs affrāchiz, auecques autres semblables, qui se
peuuent presenter & postuler en iugement pour
leurs esfans, freres, parēs, prochains & affins, quand
ils veulent pour eux agir, demander ou defendre, &
ce sans aucune procuration, mais bien cautionnant
2 de ratification. a Tout autant est il permis de faire
3 aux consorts d’un mesme proces. b. Mais cela nest
permis faire a aucuns Aduocats, procureurs ou patrons de
cause, a scauoir quils presentent en iuge
ment pour autres & postulent, sans procuratiō deue
& suffisante. Toutes foys, s’ils se voloyent mettre
a l’espreuue de ce faire, lors ils me doiuent seulemēt
bailler Caution de ratification, ains aussi, se doiuent
4 obliger de payer l’adiugé. Ce qu’il conuiendra aussi
faire faire a tous Solliciteurs des causes d’autruy. Mais
les Tuteurs. Cutateurs, Prouiseurs, maitres de fabriques,
Gouuerneurs d’hospitaux, & table du
sainct Esprit, Chastelains, Garde manoirs, Preuosts
Executeurs de testamens & semblables, peuuent
comparoir & se presenter es iugemens pour cause
de leurs offices, & sans aucune procuratiō, sans caution
de ratification, & sans obligation de payer l’ad
6 iugé. Item peuuent pour leurs Seigneur ou maistres
se presenter sans obligation de payer l’adiugé, tous
seruiteurs, facteurs de marchans, maistres Pilotes,
ou Gouuerneurs de nauires, & autres semblables,
lesquelz les droictz appellent institeurs.
a Bald in l. Exigendi in fine ibi. Barto in prima colum.
ver. An coniuncta. C. de procurat. Ioan. de Pla. in l. mine
25. annis co. titu. Docto. & Bart. in l. Tutores qui post in
princip. &ibi gloss. in verb. Inferre ff. de administrat. tut.
& in l. Sed & hoe. vbi Bartol. in principio ff. de procura. Bar
tol. in l. Si actor. in fine & ibidem Pe. de. su. C. de appellat.
b Bartol. in d. l. Exigendi nu. 12. C. de procuratorib.
CHAPITRE XCVI

Des Aduocats.

110 LA PRACTIQVE.
1 Les Aduocats sont en droict appellez postulants.
2 Aduocats noueaux sont dicts Aduocats escoutans.
3 La Practique des Auocats ne s’acquiert par estude, mais par experience.
4 Aduocat sans degré, ne peut aduocasser en Parlement.
5 Aduocats Practiciens sans degré peuuent bien aduocasser au Conseil prouincial de
Flandres.
6 Ne peuuent estre Aduocats Femmes, enfans, excommuniez &c.
7 Ne peuuent estre Aduocats Procureurs, ni au contraire.
8 Ne peuuent estre Aduocats Les Euesques, en nulles cours ni causes.
9 Ne peuuent estre Aduocats Prestres, sinon en court spirituelle.
10 Ne peuuent estre Aduocats Clers, qui ont les sainctes ordres.
11 Ne peuuent estre Aduocats Moynes, Chanoines sinon par consentement de leur Prelat.
12 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils cognoissent parfaictement les
causes des Parties.
13 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils se portent gracieusement en leur
office.
14 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils se contentent du salaire qui leur est
ordonné.
15 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils ne facent paction auecques les
Parties.
16 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils soyent briefs en parlant & eseriuant.
17 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’ils soyent en toutes choses vray disans.
18 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Ne baillent a entendre le faux pour le vray.
19 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Cela se faict S’il dict au Prince qu’il n’est
loisible faire telles loix ou ordonnances.
Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Cela se faict S’il dict que ceux qui ont faict
telles loix sont iniustes.
Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Cela se faict S’il mesprise les peines establies
de droict.
20 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Qu’il ne propose autre chose que ce qui
sert a la matiere.
21 Neufs points doiuent obseruer les Aduocats Que par sa Conclusion il ne porte
preiudice au Iuge.
22 Breue Plainte contre les mauuais Aduocats.
1 LEs Aduocats sont en droict appellez postulants.
Gar postuler en droict, est par declarations
expresses demonstrer & faire apparoi
stre du droict & cause legitime d’aucun, l’approuer
par fermes raisons, auctoritez, & par loix & ordonnance,
la defendre en iugement & pardeuant le
Iuge, ce qui doibt estre le propre de tous aduocats. a
Et est dict aduocasser postuler, b & sont e Droict
Aduocats & Postuleurs, ditz egaux. Il y a toutes fois

2 quelques aduocats qui sont plus aduocats de nom,
que d’office, lesquels ordinairement nous voyons
partout en Flandre, au Conseil de Gand & en
Parlement, lesquels nous appellons aduocats escou
tans, comme ceux qui ne defendent aucunes causes
des Parties, ils ne seruent n’aux vns n’aux autres, ils
ne plaident point aux cōsistoires, ils ne sonnēt mot,
ils ne confirment rien par escript, d’autāt qu’a cause
de leur ieune aage ils ne sont encores receus a ceste
office: Car combien quil aduient souuent que tels
ieunes homes sont doctes & de bon scauoir, a cause
de l’estude quils ont faict es loix, toutes foys ils
n’ont encores acquis le stile & l’experience de la Practique
de court, & n’ont encores la maniere de proceder,
laquelle par obseruation & vsage ordinaire,
il acquierent finalement. Car la Practique ne s’acquiert
par estude, ainçois par exercice, tout ainsi que
nous vouons en tous mestiers, que la Practique, &
vsage s’acquiert par exercices, desquels exercices
procede l’experience, maistresse de toutes choses
4 comme on dict communement, t Si est ce pourtāt
qu’il n’i a nul Practicien quelque sçauant & bien
exercite qu’il soit, qui puisse aduocasser au susdict
Parlement, s’il nest ou Docteur ou Cōseil de Flan
5 dre, ils ne visent de si pres a ces tiltres, cōme auquel
sont aussi admis autres personages doctes & bons
Practiciens, bien versez es coustumes, & par long
vsage &: Practique tresexercitez au droict & Practique,
combien qu’ils n’ayent aucun degré de promotion.
6 Nous auons dict ci dessus qu’il en y a plusieurs,
ausquels n’est licite estre procureurs, aussi en
ya il plusieurs ausquels n’est permis aduocasser, com
me sont femmes. e Enfans, f Seruiteurs, g Muets
& sourds, h Aueugles, i Excommuniez, ou Payens
Heretiques, Schismatiques, Apostats, Iuifs, Sarazins,
& autres infideles quels qu’ils soyent: Car
les Aduocats doiuent estre Chrestiens, & embuz
des misteres de nostre sacresaincte religion Catholique.
k En tant qu’il est dict qu’un Iuif ne peut
estre Aduocat. Semblablement ceux qui sont infames.
7 i . Item nul procureur ne peut estre aduocat,
ni au cōtraire, par ce que nul ne peut estre ensemble
& aduocat & procureur. Mais l’un & l’autre
doibt estre content de son office, pourtant que nul
ne peut faire & exercer l’une & l’autre charge
tout ensemble, suiuant l’ordonnance de Charles

Duc de Bourgogne, qui est tresdiligemment gardée
& obseruée au Parlement de Malines, par lui establi’an.
1473. cōme nous auons dict ci dessus au Chap.
8 5. Item les Euesques ne doiuent aussi postuler pardeuant
aucun Iuge, de quelque qualite qu’il soir,
9 ecclesiastique ou seculier. m . Aussi n’est il permis ni
loisible aux prestres de postuler, ni en cours seculieres,
ni en cours Ecclesiastiques, sinon, (comme
ci deuant a este dict des procureurs) en leur cause
propre, ou pour leur Eglise, ou pour leurs amis, ou
pour personnes miserables, ou pour autres choses
10 sort necessaires. n En outre, les clercs qui ont les
sainctes ordres, ne peuuēt aduocasser pardeuant vn
Iuge seculier, si ce n’est aussi en leurs propres causes,
pour leurs Eglises, ou pour persones miserables. o
Mais en court spirituelle ils peuuent postuler pour
11 toutes choses & personnes quelconques. Toutes
foys les Moynes, Chanoines & Reguliers, ne peuuent
postuler, ni en cours spirituelles, ou for ecclesiastique,
sinon es causes qui apertiennent au proufit &
vtilite de leurs monasteres auecques l’auctorité de
leur prelat. p Mais ces offices d’aduocats, & principaux
12 ornemens qui les recōmandent grādemēt, &
lesquels ils doiuent de necessité obseruer & mettre
en euidance, au moins s’ils veulent bien dignement
en vser, auons ici comprins en nombre de neuf.
Premie.

CIVILE 111
Premierement, qu’ils mettent peine de parfaictement
cognoistre les causes des Parties, a fin que la
cause qui leur semblera la meilleure & la plus iuste
en droict & raison, ils l’entreprennent a defendre
& maintenir. Et que la cause qui leur semblera plus
iniuste & plus eslongnée de droict & raison, qui’ils
la delaissent aussi, & nentreprennent aucunemēt de
la soustenir contre l’equite des droicts, mais qu’au
contraire ils conseillent lors diligemment icelle par
tie, qu’elle ne sembrouille en vn proces mal fondé
& que s’il est commence, elle l’abandonne plustost
13 que poursuiure contre les droicts. q. En secōd lieu
quils se portent gracieusemēt, en paroles & propos
quils n’aleguēt le faux pour le vray, ains quils se mō
14 strent tousiours veritables, tant en paroles qu’escrip
tures. Tiercement qu’en receuāt leurs gages ou salai
re, ils ne prennent plus que leur loyer accoustume
& ne foulent les Parties par estre trop demandans,
15ou les solicitent a vn salaire non deu a leur labeur.
Quartement, que auant entrer en proces, ils ne facēt
conuention aucune auecques les Parties pour ledict
proces, ou facent paction auecques eux d’aucune
participation des biens, qui pourroyent prouenir
d’icelui proces. r Orie prie a Dieu de bon coeur
que tous procureurs & aduocats soyent muniz &
douez de ces quatre marques & enseignes excellētes
& du’n singulier ornement, qui les honoreront &
annobliront non moins enuers Dieu qu’a lendroict
16 des homes, de maniere qu’il ni a chose qui leur peust
estre mieux seante en tel office. L’aduocat en outre
qui en iugemēt meine la cause par paroles, ou qui es
crit le libelle doibt encores obseruer ces trois points:
Premierement qu’il soit brief en son parler, Car
par trop de langage tout aduocat est diffamé, & peut
estre deboute & reiette. Et certes il vault beaucoup
mieux dire peu de paroles bien & pertinemment
assises, que ietter comme a la volee plusieurs propos
mal entassez & agencez, & offenser les oreilles des
17 assistans de baliuernes impertinentes. s Secondemēt
qu’il soit vray disant, car a bonne raison rien ne
deuroit sortir de la bouche de l’aduocat, qui ne fust
veritable, & fondé en droict, & s’il veut fonder ses
allegations & causes sur le droict escript, celui sera

assez, de alleguer pertinemment quelque loy seruāte
a son propos. Mais s’il n a loy aucune certaine qui
pertinēmēt serue a son propos & cause, alors pourra
il alleguer la glose ordinaire, ou quelque docteur
approue en droict, & receu, ou se pourra seruir des
textes, gloses, & Docteurs des droicts canons, ou
par auctoritez de lescripture saincte pour plus grāde
18 corroboration desdicts droicts canons. Tiercemēt
lui conuiendra en ce tresdiligemment obseruer, que
par fraude il ne mette faulses allegations en auant
au lieu des vrayes, & que par tromperie il ne controuue
quelques faux droicts. Car quiconque com
metroit vn tel delict, deuroit estre de ce bien aspremēt
19puni comme faulsaire. Or est l’Aduocat trouue
& comme pris sur le faict d’auoir commis dol &
fraude en allegant les droicts. Premieremēt, quād il
dict, qui’il nestoit a l’Empereur ou au Prince loisible
d’establir tels ou tels droicts. Et en tel cas il deuroit
estre puni de crime de lese magesté. Secondement
quand il dict que les homes sont iniques & iniustes,
& en ce cas il seroit puni comme sacrilege. Tiercement,
quand par sa propre & naiue simplicite & ignorance,
il vilipende contemne & ne tient conte des
peines qui sont establies par les mesmes droicts.
Car en tel cas il deuroit estre punui extraordinairement.
20 Quartement qu’il ne propose autre chose
que ce qui sert au propos & matiere, de sorte que si
ses proposition estoyent puis apres examinees ou
esprouuees par le Iuge ou Partie aduerse, elles ne fus
sent trouuees impertinentes ni hors de propos, mais
21 plustost pertinemmēt fondees. Pour le cinquiesme
& dernier point, l’Aduocat doibt diligemmēt pren
dre garde a ce qu’il ne prenne ou face sa conclusion
si au ric, & tant precisement, qu’il ne soit au Iuge loisible
de l’exceder, decreter ou iuger autrement que
suiuant sadicte conclusion, au moins si la raison ladmoneste
de ce faire. Mails (qui est vne chose grandement
22 a plaindre) nous voyons auiourdhui que ces
ornemens tant desirables sont en plusieurs lieux si
peu appetez, que plustost ils sont mis a nōchaloir, en
tant que voyons par tout procureurs & aduocats
entreprendre, & en quelque maniere que ce soit, defendre
toutes causes, aussi bien les plus iniustes &
desraisonables, que les meilleures, & acharnent les
Parties a se harasser de longs & griefs proces, en tant
quils soustiennent & maintiennent le faux pour le

vray, en tirant au long les proces, & encores se monstrent
difficiles a receuoir le loyer plus que raisonable,
& dailleurs faciles & prompts a saccorder auecques
les Parties pour partie du gain & proufit proue
nant du proces, lesquels sont bien dignes d’estre fort
asprement puniz par iustice, a fin que ie me die dauan
tage, par ce que ie ne veux, quāt a present, passer oul
tre en vne si ample matiere de dire verite.
a l. 1. §. Postulare. ff. de postulando.
b d. l. i. §. Posttulare huic accedit canon, Infames versic.
est autem postulare 3. q. 7. Praedictis Gregorij noni constitu
tionem subiungens, in canon, Cum Sacer dottis, extra. de
postulando. Horum etiam memini in meo Platrocinio pupil
lorum. Titu. de tuto. & curato munere cap. 2. sol. 4. nu. 21in
postrema editione. Et in meo Enchiridio parium, similium,
aut aequiparatorum in verbo, Aduocare & sub verbo
Postulare.
c Sicut habet eleganter text. in c. Quam sit in princrip.
de elect. lib. 6. quod experientia est essfic ax rerum omnium
magistra. & ibi vide bonam gloss.
d De quo vide insra. cap. 129.
e d. l. §. Sexum ff. de postulando.
f d. l. 1. §. Initium ff, de postulan.
g Specu lib. 1. de Actore §. 1. num. 17.
h l. 1. §. Propter casum, surdum, ff. de postulan. Iamiam
bis allegata.
i d. l. prima, §. Casum dum caecum ff. de postulan.
k Sacrosancta & catholica l. finali & ibi Barto. C. de
postulando. Cardi. in Cle. Saepe in fi. Principÿ de verbo. Significa
. c. primo 4. q. 1. c. vergentis & c. Excommunicamus.
extra de haeretic. & D. Iason May. in Rubrica ff. de Iustit.
& iur. in 1. col.
l Iam sape allegata l. prima §. hoc edicto ff. de postuland.
& ibi quasi per totum & similes.
m c. Te quidem, 2. q. 1. c. quia episc. 3. q. 3.. & c. praelatum
88. distinct.
n Vide latius per Specula. titu. de aduocato li. 1. part. 4
o c. primo. in princip. extra. de postulando.
p c. Monachi est. 16. q. 1. & l. Repetita C. de epis. et cle.
q l. Aduocati C. de Aduoca. diuerso. iuduciorum.
r l. Si qui aduocationem C. de postulan.
s l. Tanta §. Contrarium vers. Deinde C. de verter. iur.
enuclean. & c. Cum sit ars. extra de aeta. & quali. & ordi.
proficiend. Specu. hb. 4. de libello concept. §. 15. nu. 16. fol.
28. qui horum ibidem in parte meminit.
K_2 CHA

112 LA PRACTIQVE
CHAPITRE XCVII.
De celuy qui porte & exhibe lettres
obligatoires.
Sommaires.
1 Porteur de lettres n’a mestier d’aucune procuration.
2 Nul ne peut accuser le porteur de lettres, hors mis principal ou Procureur Fiscal.
3 Porteur de lettres est Seigneur de toute la cause.
4 Le porteur ayant exhibé ses lettres, les mettra en main du Greffier.
5Lettres du porteur demeurent en leur vertu, mesme le principal estant decede.
1CElui qui porte vne obligation laquelle expressemēt
contiēt ceste clause (ou au Porteur
de ces presentes) n’a besoin de procuratiō aucune,
sinō qu’il y eust souspeçon que ledict porteur ne
les eust point obtenues iustement: auquel cas lui cō
uiendroit prouer, cōme il auroit eu ou impetré icelles
lettres, ou bien il deuroit quant & quant & auec
2icelles imonstrer sa procuration. Or quant a ceste iniuste
impetration de lettres obligatoires, ame n’en
doibt arguer ou reprendre le porteur, excepté seu
lemēt le procureur Fiscal, ou bien le proprietaire d’i
celles, ou son Procureur ou Aduocat, ou qui de lui
auroit cause ou action: Car telle reprehension ne
3 peut aucunement cōpeter au debteur. Et quant au
porteur de tels lettres (qui les a riere soy) il est Seigneur
de tout le negoce & cause, & poutra auecques
icelles lettres, faire tout ce qu’il voudra, tellement
que le principal mesme ne pourra les reuoquer,
ne contreuenir a icelles aucunement. Et tout
ce qui aura este cōmencé par le porteur, il cōuiendra
4que par icelui soit acōpli & mis a chef. Aucūs iuges
a l’entrée du proces, cōmandent a tels proteurs de
lettres, que incontinent ils les mettent es mais du
Greffier ou deson clerc, a ce que lesdictes lettres ne
viēnent en mains d’autre qui de rechefles peut apporter.
Car ce seroit chose fort impertinente, qu’en
iugemēt deux homes se dijssent & declarassent porteurs
5 teurs d’unes & mesmes lettres. Du surplus, cōbien
qu’il aduint que le principal mourrust, toutesfoys
la force & vertu des susdictes lettres ne meurt poit
auecques lui, ains demeure entiere, &est d’effcace,
de maniere que le porteur d’icelles est receuable en
iugement, pour agir contre l’oblige en vertu de son
apport, a sçauoir en tant qu’il est porteur de telles

lettres, & pourtāt celui qui est oblige, ne le peut debouter
ou reietter, ains seulement les heritiers du
principal, & le procureur Fiscal. Lesquels s’ils vouloyent
monstrer qu’il n’auroit point impetré lesdictes
lettres a iuste tiltre, ils deuroyent seuls estre
ouiz.
CHAPITRE XCVIII.
De s’adioindre & mesler du Proces.
Sommaires.
1 Celui se peut mesler du Proces, qui y a interest.
2 L’adioint admet pour soy ce que la partie a laquelle il adhere a serui & preparé.
3 L’adioint ayde sa partie en toutes choses.
4 L’adioint produit le Proces, quand il a sa Partie suspecte de collusion.
5 Le nom de l’adioint ne s’exprime poit es Proces.
6 L’adioint sera participant de gain ou perte auecques sa partie.
7 Apres la sentence donnée l’adionction vient trop tard, sion & c.
8 Apres la seconde sentence donnée, n’en sçachant rien, se pourra mesler en la tierce
appellation.
9 Le Procureur General selon son office le pourra adioindre a laquelle des parties qu’il
voudra.
AV commencement de ce liure nous auons
dict, qu’en tout iugement sont requises
troys personnes, a scauoir le Demandeur,
le Defendeur, & le Iuge. Mais il aduient quelque
foys, qu’a l’un d’iceux s’adioint encores vne autre
perlon le nombre. Quiconque donc voudra pretēdre
quelque domage ou interest de la cause du Proces,
icelui sepourra conioindre en iu gement auecques
l’une ou l’autre des Parties, pour recouurer son domage
ou interest, ou repousser quelque proces
que ce fust, en quelque matiere, soubs quelque Iuge
que ce fust, voire apres la sentence donnée. Que
2 s’il s’est conioint a la Partie, soit deuant ou apres cō
testation en cause, celuy employ toutes choses, &
les a agreables, & pense qu’elles sont dictes & faictes
pour soy, que la Partie a la quelle il adhere a respondu
& faict, sans se qu’il prepare aucune de fense
pour la cause principale, ains seulement produit res
3 moignages. Il ayde semblablemēt la Partie a souste
nir son droict, & ce pour lus grande cōfirmatiō de
son domage & interest, ou bien pour debouter, s’il
craignoit quelque chose, oi biē pour recouurer s’il
4 auoit este endomagé. Ou bien lui mesme produit sa
cause cōme cōioint, principalemēt quād sa mesme
Partie est suspect, ou quād il s’aperçoit de quelques

collusiōs, ou

CIVILE. 113
ou quand il void que sadicte Partie ne produit pas
assez deuement ladicte cause. Mais cōbien que l’ad
ioint meine lors & conduit a fin ledict proces, si est
ce toutes foys qu’en nuls lieux ou actes ne sera faict
mentiō d’icelui, ni mesme en la principalle sentēce,
pourtant qu’il nest pas principal. Par apres ceste sen
tence doibt estre conforme au libelle & aux noms
des Parties, qui ont este mentiōnées au commencement
6 du proces. a Ce neant moins, combien que le
nom d’icelui adheraut ne soit exprime en la senten
ce, si est ce toutes foys qu’icelle sentēce par sa fin &
cōsequēce sera au proufit, preiudice ou domage d’icelui
7 adherant. Mais s’il venoit finalemēt pour s’ad
ioindre apres sentēce donnée qui est passée en l’adiu
gé, il viēdroit alors trop tard, pourueu qu’il eust premierement
eu notice du proces intēté, mais s’il n’en
auoit rien cognu, il pourroit adōc appeller de la sentence.
8 Et si ceste sentence la auroit este par la Partie
suspendue par appellation, alors il vient assez a tēps
pour s’adioindre, encores qu’il y eust deux sentēces
prononcées successiuement, pourueu qu’il n’eust
au precedent rien sceu, ni du proces, ne des sentences.
9 Quant au reste le Procureur General sadioint
tantost a vne Partie, & tātost a l’autre, a cause de l’amande
& interest de iustice, en quelque estat que
les causes fussent. Et s’i adioint quelque foys ainsi,
& prent la cause, quand la matiere lui semble estre
a ce disposée, & s’i adioint quelque foys aussi, quand
par la Court il lui est enioinct & mandé ce faire.
a Vt habet text. in c. licet Heli. de simonia. l. vt fundus.
ff. communi diuidun. l. si praeses, cum ibi notatis ff. de poenis
l. finali C. de fidei commissa liberta. quibus text. probatur
Quod sententia debet esse conformis libello. Vide Soccinum
in tractatu suo fallentiarum, in regula 357. imcipit sentence.
folio 161.
CHAPITRE XCIX.
De mettre Pleige ou Caution.
Sommaires.

1 Fideiussoire, de pour suiure le proces, s’il peut
2 L’Acteur mettra Caution ainsi &
Iuratoire, de pour suiure le proces, s’il ne peut faire l’autre precedent.
3 Fideiussoire, de pour suiure le proces, s’il peut.
4 Le Defendeur mettra Caution &
Iuratoire de pour suiure le proces, s’il ne peut faire cest autre.
5 La coustume que l’Acteur baille Caution est faillie, car on procede maintenant par son
defaut.
6 L’Acteur estranger, qui n’aterre ne domicille, doibt bailler Caution.
7 Le Defendeur estranger & arresté est tenu de bailler Caution, s’il na quelque possession
au lien.
8 Les Parties qui ne peuuent bailler Caution fideiussoire ou respondant, satisfont baillant
Caution iur atoire.
9 Marchans qui ne sont aucunement souspeçonnez de fuitte sont libres de bailler Caution.
10 Quand auant litiscontestation la diffinitiue se peut obtenir, la Caution n’est point
necessaire.
11 On doibt mettre Caution auant contestation en cause, si ce n’est, & c.
12 Es cours Feodales n’est permis de rien agir, ne faire, auant que Caution soit baillée.
1 I L fut iadis de droict & coustume receue, que l’Acteur
qui vouloit agir & former vn proces, auant
toutes choses baillast & constituast Caution
fideiussoire, qu’il poursuiuroit iusques au bour
le proces qu’il vouloit intenter. a Et si par apres estoit
trouué qu’il eust mal fondé son proces, & qu’il
eust soustenu vne mauuaise cause, il deuoit ceder au
Defendeur la dixiesme ou moindre Partie du proces
2 ou cause litigieuse. b Mais si le Demandeur eust
proue par serment qu’il ne pouoit trouuer ou fournir
ladicte Caution, alors suffisoit, si par Caution iu
ratoire, il affermoit qu’il poursuiroit & meneroit sa
iuste cause iusques a la fin, ca qui plaist aussi au S. Al
3 ciat, au ci dessus allegué nu. 3. Semblablement apres
que le Defendeur a pris & receu le libelle, il deuoit
bailler Caution fideiussoire de continuer sa defense
4 iusques la fin. c Mais si dauenture cestui ci auoit
quelques possessions, heritages ou gangnages immeubles,
soubz la iurisdiction du Iuge mesme. d
Ou s’il lauoir par serment affermé qu’il ne pouoit
fournir ladicte Caution fideiussoire, en ces deux
cas suffisoit la seule constitution de Caution iuratoire.
e Toutes foys, si le Defendeur estoit suspect
de fuitte, il seroit tenu fournir a l’un de ces troys
points, a sçauoir de bailler bonne & suffisante Caution,
ou gages, ou bien permettre la sequestration
des biens, pour lesquels a este le proces intenté,

5 Mais quant a bailler este Caution la, & singulierement
la Caution de l’Acteur, la coustume en est fail
lie. Car si l’acteur entrement, & lasche la main au
proces, sans qu’il poursuiue plus auant, on vient a
proceder contre lui par default & cōtumace, cōme
6 ci dessus nous auōs bien amplemēt demonstré. Tou
tes foys si le Demādeur estoit estrāger ou voyager,
ou qu’il n’est domicille ferme & stable, & quil n’eust
nul chāp ou heritage sous la iurisdictiō du Iuge, adōc
le Defendeur adiourné lui pourroit demander Caution
fideiussoire suffisanté, par laquelle il se submettra
a iugemēt, puis d’eslire domicile en la mesme iurisdiction.
Tous lesquels points le Iuge ne lui pourra
denier, ains y deura cōsentir & les accorder, si n’e
stoit qu’il eust audit lieu & iurisdictiō terres ou heritages
7 suffisās, lesquels il pourroit lors engager au
lieu de Cautiō. En cas semblable, le defendeur estrā
ger & arresté, pourra estre cōtraint bailler cautiō fideiussoire
suffisante, & eslire domicile au lieu, ou il
aura este adiourné, ou arresté, si ce n’estoit qu’il eust
aussi au mesme lieu chāps o terres suffisantes.
K 3 Mais

114 LA PRACTIQVE.
8 Mais toutes foys & quantes que l’un ou l’autre iure
qu’il ne peut bailler caution fideiussoire, alors il est
d’icelle deliuré par caution iuratoire, qui adonc est
tenue suffisante, a ce que par defaut de ne metre cau
tion aucune, il soit deshonestemēt deboute & deiette
de son droict, f. en tant que la caution iuratoire
duccede au lieu de celle qui est fideiussoire. g . Par
9 semblable raison, s’il y a vn marchant estranger,
qui en la mesme iurisdiction, ou bien au mesme pais
eust grande quantite de marchandises, & biens meu
bles a foison, semblablement bon nombre de debteurs,
par lesquelles choses apparoist notoirement,
& peut on assez comprendre qu’il n’abandonnera
point ses debteurs ou ses biens, alors en telle condition
10 & cas, il n’est tenu bailler cautiō d’ester a droict
ni de payer l’adiuge. h . Item & en aucunes causes
esquelles on peut proceder & obtenir definitiue
sans aucune litiscontestation, en icelles di ie nulle
des parties doibt estre compellee ou contraincte a
11 bailler caution. Pourautant que toute telle caution
ou pleige, doibt selon la practique estre demandee
& constituee auant toute litiscontestation, laquelle
n’estant necessaire, aussi ne sera la caution ou plege
necessaire. Mais il conuiendra entendre ainsi ceste
matiere. Si quelqu’un est deuenu habitant du pais,
& ia n’est plus estranger, & que puis il deuienne va
cabond, en ce cas, voire encores apres contestatiō en
cause, on pourra demander caution, en quelque par
12 tie de plaidoy que ce soit. i Mais quant aux cours feo
dales, il est introduit par la practique & droict coustumier,
qua nul n’est permis ne loisible parler, soit en
demandant ou defendant, sans auoir preallablemēt
establi & baille caution deue & suffisante au bon
plaisir & volonte de Seigneur, & de payer l’adiugé
des pairs, semblablement de payer l’amande & despens
du proces, si n’estoit que ledict plaidoyant eust
fiefs ou autres biens suffisans subiects a icelle court
feodalle
a Autenticae Gener aliter C. de episcop. & cleri. & in
Autentico. vnde d. autentica de sumpta est, de litigiosis §.
Ad excludendas. colla. 8. constit. 7. Ita tenet D. Andrean
Alcia. in suo compendio iudiciarij procesus, titu. de satisdatione
sub verb, Satisdatio actoris consistit in multis i♣
initio. nu. 1.

D. Andr. Alciat. loco iam citato, nu. 2.
c §. Sed hodie, Institu. de satisdationibus, huic subscribit
etiam D. Andre. Alciat. libro & loco praeallegatis. sub verbo.
Satisdatio rei, circa quam multa a consider antur in exordio
nu. 1.
d l. 1. §. Super peculio verb. omnes, & vers. sin vero,
C. de assertione tollenda.
f d. l. Prima §. Super peculio. vers. Sin vero C. de assertione
tollenda.
g Bald in Autentica Generaliter. nu. 4. C. de Episco.
& cleri.
h Ita tenet D. Ioann. Baptista Caccialupua in suo vtilitractatu,
de debitore suspecto & fugitiuo, sub primo quaesito.
nu. 10. post alios Scribentes, quem per ocium videte, ibi
enim tractat, quis mercator de iudicio sisti & satisdare,
& quis non teneatur.
i teste D. Ioāne Bertachino in suo singularissimo tractatu
Gabellarum, Tributorum atque Vectigalium, in tertio
membro octauae partis principalis, folio 72. munero. 38.
CHAPITRE C.
De la demande de l’Acteur.
Sommaires.
1 Demande se font en iugement
Par parolem ainfi sont elles dicts demandes.
ou
Par escriture, & ainsi sont dictes libelle.
2 Es iugemens de practique les causes se demenent presque verballement.
3 Es iugemens & proces ordinaires, est requis que les libelles y soyent.
4 Le libelle doibt estre communiqué a l’adiourné aux despens de l’acteur.
5 En parlement, les procureurs exposent a l’accuse ce qui est contenu au libelle.
1 Les demandes des acteurs se font es plaidoyers
en deux manieres, sçauoir est, ou par pro
pos verbal, qui vrayemēt est dict demande.
Ou elles sont exhibees par escript qui lors est appel
2 lé libelle. Es iugemens de practique, ils forment le
plus souuent & produisent leurs proces de bouche,
ou par paroles auant que riē coucher par escript, a ce
que le iuge entende mieux & plus clairemeut compreuue,
comme il ordonnera plus distinctement aux
parties de faire leurs productions, ou (ce que souuēt

3 aduient) pour difinir leurs differens sur certain pied
& action. Selō les droict, en tous proces ordinaires
est requis le libelle, c’est a scauoir que la demande se
doibt exhiber par escript. Mais es proces qui se font
sommairement, suffisi la seule demande verballe,
n’estoit que le Iuge en ordonnast autrement. Or est
il que tous libelles ou copies d’iceux sont deliurees
a l’adiourné aux despens du demandeur, & sans faire
aucune requeste, a ce que le demandeur ait sur quoy
il se puisse conseiller, a scauoir s’il doibt entrer en
proces, ou bien ceder a sa partie. a Au grād Gonseil
de Malines ils vsent, que les procureurs recitent a
l’accuse ses fautes, & quant & quant lui exposent ce
qui est contenu au libelle.
a Autentica. Offeratur. C. de litiscontestat. & in Autentico
de exhibend. & introdu. reis §. Sancimus colla.
5. constitut. 6. vnde dicta Autentica desumpta est, que Au
tentica canoniz ata etiam est in c. Induciae §. Offeratur.
3. q. 3.
CHAP.

CIVILE. 115
CHAPITRE CI.
De former vne Demande.
Sommaires.
1 Toute demande se doibt former breue & claire.
2 Vne demande claire contient cinq poincts on demande.
Qui
Que c’est
Pour qui
En quelle maniere
De qui
3 Toute demande n’est de valeur, par ce quelle est obscure.
Alternatiue
Generalle
Conditionalle
K 4 5 Quiconque

116 LA PRACTIQVE.
4 Quant au temps, est condamne a double terme & aux despens.
5 Quiconque aura plus demandé est debouté & condamné es despens.
Lieu
Cause
Chose
6 De troys membres a scauoir libellées.
7 Des demandes les vnes sont verballes.
De deux membres, sçauoir fommairement faicte.
D’un membre, sans forme de proces.
1 IL touche beaucoup, & est de grande importāce
a sçauoir commēt & en quelles paroles & formes
la demāde de l’acteur soit narrée ou libellée
& exhibée: Car il est ainsi que toute demande doibt
estre baillee & exhibee breue, claire, & facile, & par
ce qui sera dict deuant & ai commencement, conuiendra
comprendre & recueillir vne cōclusion per
tinente a ce que la defendeur puisse incontinent faci
lement entendre ce que l’acteur voudra, ou pretendra,
& ce cognu il aduise a ce qu’il deura respondre,
ou bien s’il se deura abstenir du proces commence.
2 a. Or sont ces demandes la tenues claires, qui consistent
cinq points ou articles, a scauoir esquelles
est contenue la personne qui demande, ce quelle
demande, pour qui elle demande, comment elle demande,
3 & de pui elle demane. Or il ni a nulles demandes
alternatiues, nulles generalles, nulles conditionalles
aussi qui soyent valables, d’autant que
toutes telles demandes apportant grāde obscurite.
Voyez a ce propos plusieurs allegatiōs par Frāçoys
Curte en son Traicte des Positions & interrogations,
& au traicte de serment de calomnie. b . Quāt
4 au reste, quiconque demande plus par temps, c’est a
dire, qui demande auant que le terme soit escheu, il
est puni de doublement de terme pour le payemēt,
de maniere que si le terme de payer estoit a Pasque
& le creancier demande en iugement d’estre paye
auant que les Pasques soyent escheues, en ce cas il
est deboute de son payement, & est le terme de pay
er prolonge au double, estāt ordōne aux prochaines
Pasques parapres ensuiuantes, & oultre ce est condanne
5 en tous despens. c . Au surplus, si quelqu’un

demāde plus es troys autres manieres, cest a scauoir
ou par le lieu, ou par la cause, ou par la chose, il est
declaré non admissiblé voire est deboute de la cause,
& paye les despens. Or on entēd que quelqu’un
demande plus par le lieu, quand il demande estre
paye en autre lieu qu’il n’est deu, & qu’il n’est establi
& determiné pour faire le payement, comme
quand aucun demande estre paye en autre lieu qu’il
n’a este accorde & conuenu entre lui, & le debteur,
comme pour exemple, si aucun auoit ainsi demāde.
Me promets – tu le me bailler a Ephese? entend simplement
qu’il fault qu’on lui baille a Rome & c. Et
ainsi demande aucun plus, & par cause, quand il
demāde le payement pour autre cause que la cedulle
ne chante. Aussi la verite aucun demande plus,
quand il demande plus grande somme qu’il ne lui
est deue, comme si quelqu’un demandoit vingt florins,
6 pour dix qui lui sont deuz. Et quant aux demandes
libellées, sçauoir est qui sont baillées par escript,
elles sont le plus souuent de troys membres,
car elles contiennent quasi toute la Maieur, Mineur
& la Cōclusion. Le narré ou recit des particularitez
de la debte est tenue pour la Maieur. Et quant a la
cause de laquelle procede la debte auecques le moyē
qui conduit a conclusion elle est tenue pour le mineur.
Semblablement la somme est tenue pour Cōclusion
auecques l’intention du demandeur. Et
7 pourtāt dict lean de Lignano que la demāde ou li
belle ese le syllogisme des Iuristes. Et quant aux demandes
qui se font verballement, quand en icelles
on procede sommairement, suffist qu’il y ait deux
8 membres, sçauoir la narration & conclusion. Mais
es petitiōs verballes, ou on procede sans aucune for
me de proces, suffist vn seul membre, a sçauoir vne
claire narration, ainsi qu’il est trouué par le iugemēt
de Salomon, auquel Salomon dōna sa sentence sur
les seules & simples narratiōs de deux femmes, dōt
l’une dist, ton fils est mort, & mon fils vict & c. d
Apportez moy le glaiue, e d’autant, que par le recit
de ses femmes Salomon estant constitue Iuge, entendit
facilement ce que les Parties demandoyent.
Semblablement en la demande verballe, ne se garde
l’ordre tel qu’il est requis en exhibant le libelle.
a Autentica. Offeratur C. de litiscontesta. quae Autentica
(vti predixi) canonisata est, in C. induciae. §. Offeratur
3. q. 3.

Nu. 22. incip. Octauum breuiloquium est.
c
§. Si quis agens cum §. sequent. Institut. de actionibus.
d
3. Reg. 3. & c.
e
Extra de Praesumptionibus.
CHAPITRE CII.
De faire Conclusion.
Sommaires.
1 D’exhiber sa conclusion au Iuge.
2 C’est a l’Acteur De Conclurre pertinemment, par ce qu’il aura mis en auant.
3 Que l’Acteur qui conclud impertinemment attende sentence impertinente.
4 Il n’est au defendeur necessaire de conclurre suiuant les droicts.
5 Qui agisst pour vne possession
6 En matiere criminelle personne selon les droicts, n’a mestier de conclusion.
7 Qui presente vne requeste au Prince
8 La Conclusion se doibt former selon le stile de chascune Court.
9 Forme

CIVILE. 117
9 Forme de Conclusion au Conseil de Flandres, & au Parlement.
10 Toute la force de iugement consiste en la Conclusion.
11 Il ne faut auoir soin que la Conclusion soit faicte a rebours, pourueu qu’elle soit
pertinente & claire.
12 Conclusion selon preceder ce qui va deuant.
Les droicts ne peut
La Practique peut
13 Si gerundiss se doiuent mettre en conclusion.
1 EN tout plaidoy ou iugement c’est a l’Acteur
d’exhiber sa conclusion, s’il veut que le Iuge
pronōce sa sentence selō droict & raison: car
le Iuge ne peut interposer sa sentence, si ce n’est que la
chose soit premierement demādée par conclusiō de
1 l’Acteur. Cest aussi a faire a l’Acteur de prendre d. ligemment
garde a ce que la conclusiō conclue deue
ment & soit pertinemment deduicte par les choses
qui precedent: car la conclusion contient efficacement,
en soy ce qui percede: de maniere que les cho
ses qui premierement ont este amplement, & par
longs recits deduites soyent en la conclusion compreses
& couuertes plus succinctement. Et pourtant
est elle a droict dicte conclusion, pourtant quelle
3 contient en soy tout ce que precede. Et pourtant si
l’Acteur narroit autrement en ce quil deduit en son
plaidoyer, puis qu’autrement & impertinemment il
vint a conclurre, alors le Iuge se pourroit regler, ac
comoder & prononcer la sentence selon la teneur
de la conclusion, & non suiuant le plaidoyer qui a
4 precede la conclusion. Au demourant, suiuant le
droict, il n’est point beaucoup necessaire au defendeur
d’obieruer la conclusion en son plaidoyer, ainsi
quil est au demandeur, pourautāt qu’au demandeur
doibt suffire, ce que le demandeur a premierement
recite & mis en auant, a ce que contre iceux il puisse
former & alleguer ses exceptions. Toutes foys la
practique porte & mande que le Defendeur forme
aussi sa conclusion par ce qui precede la defense. Au
5 demourant l’Acteur qui agist & procede tendant
es fins de retenir sa possession ne forme ici aucune
conclusion selon les drocts ce qui se faict en haine
du violēt perturbateur ou enuahisseur. Mais toutes
6 foys lusage & practique a & tient le contraire. Sem

lablemēt en matiere criminelle il n’est besoin d’au
cune couclusion selon les droicts, mais la practique
7 & constume est pareillement au contraire. Item
quand l’Acteur presente au Prince le libelle de sa
demande, alors il suffist quil lui arre sa cause & ses
faicts, & sur iceux estant narrez requerir quelque
prouision, sans former aucune conclusion particuliere
8 sur iceux. Et quant aux libelles & conclusions
elles se doiuent former selon la diuersite des regions
& constume du lieu, ou la controuersie & proces est
debatu & plaidoye. Et pourtant on n’en peut descrire
certaine forme. Ains selon la diuersite des cours
chascun garde sa coustume & stile particulier. Et
toutes foys a ce qui ne semble que ayons tenu trop
peu de compte de ceste partie, nous la vous baillerōs
declaree par quelque peu d’auctoritez: Et en premier
lieu, vous pourrez voir quant a icelle a ou il baille
par escript aucunes manieres de former conclusions
combien quelles ne se peuuent pas approprier &
accommoder par tout & en toutes cours. Et a ceste
cause laduocat du demandeur doibt tousiours estre
caut & prouident, a ce quil forme le libelle selon la
9 maniere & vsance du pais ou il est. b . Mais au Conseil
de Flandres, & grand Conseil de Malines, les ad
uocats vsent d’une certaine maniere & forme solen
nelle, par laquelle ils concluent presque tousiours en
ceste maniere. Conclud le Demandeur a ces fins que
par vous excellent, noble, puissant Seigneur, & Iuge
tresequitable & c. soit finalement dict declare & iuge
qu’a bonne & iuste cause icelui demandeur s’est
cōplainct, qu’a bōne & iuste cause il a obte nu son
impetration, & que legitimement il a faict & faict
acomplir ce qui auroit este mande en icelle. Et au
contraire que le Defendeur se seroit & auroit a
tort & sans canse oppose contre l’Acteur, & que
pourtant il doibt estre a bō droict decheu & debou
te de toutes ses causes & propositions, & que par vo
stre sentence diffinitiue monsieur le Iuge, ledict defendeur
soit condanne payer au demandeur la somme
susdicte, ou faire ceci ou cela& c. Laquelle forme
& maniere de conclurre doibt estre grandement
10 approuee & imitée: Car aussi toute la force du iugement,
& cause, consiste en ce que les libelles soyent
bien & deuement faicts, & que les conclusions soyent
bien & proprement formees. Et pourtant il se
trouue peu d’aduocats qui ne choppent en cest endroict,

& qui quelques foys ne sabusent en les bastissant,
si ce n’est quils y soyent fort cauts & experimē
11 tes. Que si le demandeur par sa nonchalance ou erreur
auoit tourne sa conclusion a rebours, & l’eust
exhibee a renuers, a sçauoir en mettant deuant, ce
qui deuoit estre derriere, & faisant de la fin son commancement,
le iuge ne viseroit de si pres a vn tel erreur,
& n’en seroit point grand estime pourueu que
d’attieurs la conclusion fust clairement & assez pertinemment
conceue. Comme si quelqu’un disoit: Ie
contende, soustioen & requiere que Nicolas Tiletan
soit contraint me payer cent liures de gros monoye
de Flandres, & qu’en ce il soit condanne. Ceste con
clusion est prise tout a rebours & renuersée, car en
icelle l’execution est demandee auant la condenna
tion. Toutes foys le iuge ne doibt prendre garde a
telle inuersiō, ains n’en faire cas & n’i prendre garde,
pourueu que la conclusion soit pertinenre & claire,
12 Il est bien vray que de droict la conclusion ne peut
deuancer les raisons precedentes ains biē au contrai
re, car de ce qui precede, la conclusion est tousiours
tirée. Mais en practique cela n’est obserme: Cat suiuant
icelle la conclusion est mise deuant ou derriere,
ainsi quil plaist a l’aduocat, & quil trouue estre ex
13 pedient. Il se trouue quelques Aduocats qui dient
qu’es conclusions on ne doibt vser de gerundifs,
comme si quelqu’un disoit ainsi. Ie contends pour
la restitution de ma robe, que le defendeur en brigā
dant & en vollant m’a ostée & c. Car les gerundifs
(comme ils dient) ne posent rien. Toutes foys les au
tres soustiennent le contraire & mieux, disant que les
gerundifs posent vrayemēt. Et que c’est autāt de dire:
Cestui ci en brigandant & pillāt m’a oste ma robe,
comme qui diroit, cestui ci par brigandage &
vollerie m’a derobé & pillé ma robe. c
a
Speculato. lib. 4. Parte. 1. tit. de libel. conceptio. §. Iam
nunc videndum.
b
Teste D. Andr. Alciato. in sua vtriusque iuris Praxi, de
cautélis circa libellum adhibendis. nu. 1.
c
De gerundijs, videte glossam & Doctores in Rubric.
ff. & C. de edendo & de in ius vocando. Bald. in l. Si ex
Cautione. 5. q. C. de non numerata pecu. Iacob. Butrig. &
Sali. in l. 1. C. de his qui latro. occulta. Speculat. de libell.
concept. §. iam nunc videndum in exordio. & Do. Iaso.
May. in Rubri. de actionib. institu. numero. 27. cum seq.
CHAP.

118 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CIII.
De demander Prouifion.
Sommaires.
1 La vefue vsu sructuaire D’aliments, & deniers pour proceder.
2 Le fils bereditaire D’aliments & deniers pour proceder.
3 La soeur qui est pouure a son freze D’aliments.
4 Le testamentaire D’argent poursuiure le proces.
5 La femme dechassée par son mari D’aliments sur les biens de son mari.
6 Celui est despouille du sien Peut demander prouision A ce qui’il soit restitué.
7 En vendication d’arrestz Pour auoir main leuée.
8 En vendication de proprieté Pour deman en sa possession.
9 En attentats, l’Acteur A fin que ce qui a este attenté soit reparé.
10 En complainte de nouelleté A ce qu’auant toutes choses restabissemēt soit faict.
11 En nantissement doublé A fin que la recreance lui soit adiugée.
12 Ennantissement priuilegie A fin que le Defendeur consigne.
13 En toutes prouisions c’est a l’Acteur de proceder sommairement.
1 En plusieurs causes & proces est a l’acteur loisible
former sa demande ou libelle en cause
principalle, & d’un train demāder prouisiō:
comme pour exemple. Si la vefue en vn proces demande
son vsufruit, elle peut aussi quant & quant
demāder prouision de ses aliments, & prouision de
deniers pour poursuiure ledict proces. Aussi semblalement.
2 Si le fils demande l’heritage & succession
de son pere, il pourra aussi demander prouision
d’aliments, tant que le proces durera, & en oultre de
mander argent pour poursuiure & continuer ledict
3 proces, qui est quant a obtenir l’heritage. Dauantage,
la soeur qui est pouure, & est en proces auecques
son frere, pour auoir son partage, ou pour auoir la
iouissance d’aucuns fiefs, peut a son frere demander
prouision d’aliments, pourueu qu’ils soyent tous
deux engendrez d’un mesme pere, a ce que ledict
frere: qui seul a presque eu tous les biens & fiefs du
pere, pouruoye sa soeur d’honeste entretenement,
qui n’a rien, ou sion bien peu eu de l’heritage du
pere, don’t elle puisse honestement viure & selon
l’estat & maison du pere, pourueu que sans icelle
prouision elle ne peust viure honestement. Et ainsi
fault il dire en cassemblables. Et n’est sans cause que
I’ay ici mis ceste derniere clausule, Prourueu que & c.
Car nulles personnes ausquelles ou vsufruict, ou ali
ments sont deuz par disposition de droict, ordonnances,
coustumes, ou suiuant l’office du Iuge, peuuent

demander la prouision susdicte, voire qui plus
est ne peuuent demāder ou tirer chose aucune pour
raison desdictes ordonnances, toutes & quātes foys
qu’il aduient qu’ils sont d’ailleurs assez pourueuz, &
ont de quoy bien & honestement viure. Mais ceux
ausquels les aliments sont deuz a cause de cens, peuuent
demander & tirer leur prouision dudict cens,
combien que par qutre part ils fussent assez riches &
4 opulents. Pareillement les executeurs des testamés,
si pour cause desdicts testamens suruenoit quelque
proces, pourront demander prouision pour poursuiure
5 icelui proces. Semblablement les femmes
qui par leurs maris ont este dechasseés, ou fort battues
& affligées, & ne sont encores separées de leur
mariz par la court spirituelle, telles femmes a bon
droict & suiuant la raison naturelle pourront demā
der prouision d’aliments sur les biens de leurs
mariz. Mais quant a ceste matiere, Balde vse d’une
distinction pertinente & bonne. a a seauoir ou cas
que le mari par sa propre coulpe eust decahsse sa fem
me de sa maison, alors est il tenu de la nourrir. Mais
ou il l’auroit iettée hors son logis a cause de la mauuaise
vie & vices insurportables de sadicte femme,
alors n’est il aucunement tenu lui bailler la nourriture,
suiuant. b Mais si ce n’est par la faute de l’un ni
de l’autre, a scauoir ni du mari ni de la femme, ains
par la coulpe de quelque tiers, comme pour cause
du pere ou frere de la femme, qui lui auroit promis
en mariage le douaire qu’il n’auroit paye, & que
pour ceste cause le mari d’elle la dechasté, & par
courroux la renuoye en la maison du pere ou frere,
alors le mari e’est tenu la nourir ou alimenter, car
on estime qu’en ce cas le mari dechasse sa femme a
6 bonne raison. c Aussi celui qui par force & violéce
a este pillé ou deboute du fien, peut demander que
auant toutes choses il soit restitue. d . En matiere de
7 reuendication sur vtensilles arrestez, le defendeur
peut auāt toutes choses demāder main leuee soubz
Cautiō, a scauoir que le Iuge retire sa mains des choses
arrestees, & que soubz ladicte Caution le defendeur
puisse leuer les choses arrestees & s’en saisir.
8 Mais en matiere de reduendication de propriete, ou
de biens immeubles, celui qui est en possession, y
doibt demourer durant le proces, & contre telle
9 possession ne sert prouision au contraire. Et en
matiere d’attentation, est a lacteur loisible de demāder

& requerir, que auant toutes choses tout ce qui
10 est attenté soit reparé. En matiere de nouelleté en
laquelle la complainte n’est cōfirmee, ou assez fournie,
en icelle peur l’Acteur demander, que (auant
proceder au principal, la Complainte soit confermée
& fournie de restablissement & sequestre.
11 Mais en matiere de nouelleté, ou, de nantissement
ou consignation, en laquelle l’interdict est doublé.
chascune des Parties tend a la recreance de la cause
contentieuse, pour d’icelle vser durant le proces.
Consequemmét, en matiere de deniers priuilegiez.
12 l’Acteur peut en premier lieu, & auant tout deman
der que par le defendeur soit nanti, ou soit faicte cō
signatiō des deniers, puis requerra que sur ce droict
lui soit faict. Finalemét sur ces prouisions & autres,
13
doibt estre par l’acteur pris droict sommairemét, auāt
que tendre au principal, autrement le Iuge le pourroit
passer, ne disant ou faisant sur ce aucun droict.
2 In

CIVILE. 119
a Inl. Quod in vxorem C. de negot. gest.
b Iacob. de Are. & Cynum.
c Vt innuit gloss. in Autentic. de non eligend. secundo
nubent. §. Pet.
d c. 2. & c. in literis, extra. de restitu. spolia. & l. Siquis
ad se sundum C. ad l. Iuliam de vi pub. & priua. vide
de hoc Socinum, in regula ccclxxix. incip. Sp♣oliatus. sol.
clxxix. in suo tractatu fallentiarum.
CHAPITRE CIIII.
De Demander les Fruits ou Vsufruits, & de la
Restitution d’iceux.
Sommaires.
1 Qui sont dicts fruits en general.
2 Naturels.
3 Des fruits les vns sont Industriaux.
4 En partie naturels, & en partie industriaux
5 Ciuils.
6 D’entre les sruits naturels &
industriaux, les vns sont
Perceuz
Par le Possesseur de bonne foy.
ou
Par Possesseur de mauuaise foy.
Sont ou au
Champ
ou
En lagrange.
ou
Ils ne sont plus ains sont consumez.
Non perceuz
D’autant qu’ils n’estoyent meurs.
ou
Qu’estans meurs, n’ont este amenez.
ou
Par ce qu’ils sont periz par nonchalance.
ou
Qu’ils nont peu estre achariez.
7 Fruits perceux
8 Fruits a perceuoir qui ils sont?
9 Les fruits naturels.
10 Nul possesseur peut aucunement faire siens
Les fruits naturels.

Les fruits naturels
Pendans
Ostez ou cucilliz
Estans en estre
ou
Consumez.
15 Le Possesseur de bonne foy
Auec tiltre, les fruits naturels.
Auec & sans tiltre les fruits indust il les faict siens.
Celui qui possede les fruits par le vouloir de son Seigneur
Et si par apres il est faict possesseur de manuaise foy, ce neantmoins il faict les fruits
siens, les.
quels il a perceuz durant le temps qu’il estoit possesseur de bonne foy, & an comtraire.
18 Possesseur de manuaise foy
Sans titre Item Il est tenu a les rendre.
les fruits estans & ceux qui sont consumez
Ceux qu’il a peu perceuoir
Auecques tiltre, il est excusé de la restitution des fruits qui sont a perceuoir pour cause
de
son tiltre.
20 S’il a achaptée la chose de celui, lequel il sçait vendre
pour defauder ses credit urs.
21 Le Possesseur de mauuaise foy n’est excuse de rendre les fruits
qui sont a perceuoir, pour vn tiltre d’achapt qu’il a S’il a achepte de celui qui vend estant
contraint par
crainte.
22 Si a son escient il achepte contre la defense des loix.
23 S’il l’auoit acheptée du Procureur General, qui ne ven
dist publiquement & a l’incant.
24 L’usufructuaire qui decede auant que les fruits soyent meurs, il les perd.
25 L’ususruitier & fermier ne font point leurs les fruits qu’ils ont perceuz auant leur
deces.
26 Vu Prelas d’Eglise decedant laisse les fruits non meurs a son successeur.
Mais d’autant qu’oultre les despens, (desquels
nous auons dect vn peu au parauāt
& dironts tantost apres plus amplement) le
plus souuent aussi les fruits de la chose demandée,
voire dauantage les domages & interestz d’iceux
sont bien souuent demandez: pourtant ce, est que
nous auons trouué bon en cest endroict, auant pas
ser oultre, de traicter ici quelques points a part, qui
ne serōt inutiles, desdicts fruitct, & de la restitution
d’iceux. Et premierement nous traicterons des
fruits,

120 LA PRACTIQVE
1 fruits, puis des domages & interests d’iceux. Les
fruitcts doncques dont ici nous parlons, sont ceux
qui restent deduits tous fraiz, cousts & despens, quil
conuient faire & frayer pour les auoir a clos & con
uert, pour les cucillir & conseruer. Les fruits s’acquierent
doncques en labourant & semant. Ils se
cueillent en les mestiuant & chariant des champs
a couuert. Aussi ils se conseruent en les pourtant en
la grange, en les battant, & esgrenant, & les mettant
a point bien & diligemment, ce qui se faict & peut
faire tant par possesseurs de bonne, que de mauuaise
foy, voire aussi mesme par pillarts & brigans. a
Or tous ces fruits ci deuant nommez sont en droict
diuisez ou distinguez en troys manieres, car les vns
sont naturels, les autres sont dicts industriaux, & les
2 autres ciuils. Les fruits naturels sont pommes, poires
noix, prunes, cerises, fIuges, dattes, amandes, oranges
citrons, melons, pepons, concombres, & semblables.
Lesquelssont dicts naturels, pour autant quils prouiēnent
communement de nature sans grande indu
strie de l’homme. Ou, (comme mieux il plaist a d’autre,
a cause quils croissent par la seule nature, sans
faict ou operation d’home. Or de ces fruits, iamais
nul home quelque possesseur de bonne foy quil fust
ne les fit siens. b Lesquels fruits viennent semblablement
en double consideratiō: Car ou ils sont ou
ils ne sont point. S’ils sont en estre, Adonc les mesmes
fruits peuuét estre demádez par rei vendicationē,
comme sa mesme chose & heritage propre, & ni a
possesseur, quelque possesseur de bōne foy quil soit
qui les face siens, comme desia a este dict, Et s’ils ne
sont point, alors nest il tenu rendre lesdicts fruits,
lesquels aussi il na pas, & na faict par sa fraude quil
ne les eust, ains est lestimatiō de tels fruicts cōsumez
3 seulement deue par condition sans cause. c Les fruits
industriaux sont ceux esquels plus oeuure l’industrie
de l’home, que la nature mesme, combien que icelle
nature oeuure auecq. Ou, comme les autres veulét,
les fruits industriaux sont ceux, qui ne peuuent prouenir
sans le faict & industrie de l’home, ne tousiours
croistre ou vn bien long temps, comme est le l’huile
les bleds, le froment, le miel, la cire, l’auene, les feues,
poys, millet, concombres & semblables fruitcts. d.
Ainsi que le laict, le poil, laines, & les faons ou la por

tee des bestes, sont aussi cōtez entre les industriaux
4 e Outre ce il y a encores des fruits, desquels on ne
peut bailler certaine regle ou doctrine s’ils sont indu
striaux ou naturels, comme sont les fruits des boys,
le boys, le foin & semblables. Mais quant au foin,
combien que Ange Aretin. f . pēse que le foin doibt
estre compte entre les fruicts industriaux, ce qui est
proue, premierement par auctorite, a scauoir pourtant
que la il est mis entre tous fruits industriaux, en
second lieu, car si le foin estoit conte entre les fruits
naturels, & estans en estre, alors celui qui est possesseur
de bonne foy, ne feroit aucunemét ledict foin
sien, ce que toutes foys aduient quant au foin, & ne
5 estre. g. Au reste les fruits ciuils, sont ceux, lesquels
la nature, ne nous acquiert point, mains l’industrie
humaine, le labeur, & diligent exercice, presque sans
aucun ayde de nature, tels que sont les louages ou
pensions de maisons, de cheuaus, voytures de nauires,
& autres fruits manuaires. h Mais nous de traite
rons point de ces fruits en cest endroict, pourtant
quils ne viennent point en different, ains sont
proprement deuz a vn chascun possesseur ou ouurier.
Mais quát a ces autres, a scauoir les naturels &
industriaux (soubz lesquels sont aussi contenus tou
tes sortes de biens, qui en aucune maniere sont propres
S cōmodes a lusage des homes) pour lesquels
se leuent bien souuent differents, & conntentions, le
Seigneur y doibt bien diligemment auoir esgard &
contideration. Car iceux sont perceuz, ou ils ne sont
6 point perceuz. Et s’ils sont perceuz, ils sont perceuz
par celui qui en est possesseur de bonne foy, ou par
celui qui en est possesseur de mauuaise foy. En oultre,
ou ils sont en estre, a scauoir au champ, ou a la
grange, ou grenier, ou ils sont consumez, s’ils ne sont
perceus. qui a duient, ou par ce quils nont este meurs
ou quils nont point este separez, ou bié pource quils
ce sont perdus, ou quils nont peu estre amenez ou
7 chariez. Doncques les fruits perceus sont ceux qui
enquelque maniere que ce soit, sont separez de la
terre ou heritage, emmenez, & mis en la grange ou
grenier. Item & ceux aussi que le possesseur de bōne
foy a peu perceuoir, nestant cōuenu pour raison de
la seigneurie, a scauoir par autre que par le seigneur.
Car s’il estoit conuenu par icelui Seigneur, alors les
fruits perceux seroyent dicts ceux lesquels l’acteur
ou demandeur eust peu demander, & non ceux que

8 le defendeur eust demande. i Au demeurát, les fruits
a perceuoir sont ceux que le possesseur de bōne foy
a deu perceuoir, ou bien ceux qui ne sont encores
meurs, & sont encores au champ pendans par les raciues,
& ne sont encores seffez & amassez. De tous
9 lesquels pren de moy ces conclusions. La premiere
est. Qu’ame ne peut faire siens ou gangner pour soy
les fruits qui sont naturels. k lequelle conclusion se
verifie, premierement quant aux possesseurs de mau
uaise foy, qui ne peuuent iamais ni en maniere qui
soit faire leurs les fruits qui sont naturels. l Secondement
du possesseur de bōne foy, qui aussi ne faict
10 point siens les fruits naturels. m. La seconde conclusion
est, que nul possesseur ne peut faire siés les fruits
naturels pendans par les racines, ou biê qui encores
sont au chāp, ains s’il le faict, il est tenu les restituer
par reuendication. n. Car tels fruits pendans &
qui encores sont adherās & ioincts au champ ou au
fond, sont part d’icelui champ ou fond. Et pourtant
s’il est puis apres tenu de restituer ledict fond ou
champp, par rei vendication, aussi sera il tenu restituer
les fruits y adherents, qui sont partie d’celuy champ
ou fond, soubz vne mesme rei vendicatiō, a cause de
l’unite & coniōction di’celle. o Ou le texte dict. Si
les fruicts estans desia meurs, le champs ou fond a este
aliené ou vendu, il est tout notoire que semblablement
les fruits dudict champ competent & vien
nent a l’achepteur, si ce n’est qu’autrement ait este
11 conuenu & c. p La tierce conclusion, Nul Possesseur
ne peut faire siēs les fruicts qui sont encores en estre,
12 ains est tenu les restituer. q La quarte conclusiō est
que nul Possesseur peut faire siés les fruicts naturels
qui sont consommez, ains est aussi tenu a la restitution
d’iceux, principalement si par iceux il est deuenu
plus riche, principalement si par iceux il est deuenu
plus riche, & non pas ceux la qui sont consumez,
ains autres ou le pris d’iceux, par conditiō sans cau
se. r Or on entent qu’aucun est deuenu plus riche
par la cueillette & reception des fruicts, qui a l’argent
d’iceux, ou bien qui les a employez a son vsage
necessaire, par ou il s’est enrichi. s Ou est pareillement
dict qu’aucun s’est enrichi, en tant que par
13 iceux il n’est deuenu plus pouure. La cinquiesme
conclusion est, que toutes foys celui qui est Possesseur

CIVILE. 121
possesseur de bōne foy auecques titre, peut faite siens tous
les fruits naturels, & pour raison de sondict tiltre il
n’est point tenu a les restituer t Laquelle loy ci alleguée
doibt estre bien diligemmēt notée, a cause des
docteurs qui sur icelle escriuent diuersemēt, que cōtre
icelle on ne doibt admettre aucune solutiō contraire
a cause que les parolles dicelles sont tresclaires & ouuer
tes. La sixiesme conclusion est, que le possesseur de
bonne foy, soit auecques tiltre, ou soit sans tiltre, a
scauoir ou d’achapt, ou de donation, ou par heritage,
gangne & tire a soy les fruicts industriaux separez,
& perceuz, les faict siens, & se les attribue, principalement
iusques a litiscontestation, tant pour raison
du soin qu’il en a eu, comme pour la semence
qu’il y a iettée & espandue, & du cultiuement & labeur
qu’il y a faict, Et pourtant n’est il tenu a les restituer
v Mais il est tenu a restitution de ceux qui ne
sont consommez. Mais s’il ne les a cueilliz & emme
nez du chāp, x ils sont estimez estre dicelui champ. y
Mais Bartole contredict a ceste opinion, car il dict
que le possesseur de bonne foy est tenu a restitution
des fruicts industriaux, desquels il est deuenu plus
riche, mais par condition sans cause. z Mais Bartole
& plusieurs autres maintiennent que les fruicts per
ceuz ne sont au demandeur ains a celui qui les a per
ceuz, qui en les consumant & despendant les faict
siens, & ainsi plustost sont ils deuz au Seigneur ou
possesseur du champ, ce qui est assez clair & notoire
par ce quils sont adiugez au possesseur par l’office
du iuge. Et ce qui se restitue par office du Iuge, est
vrayement dict estre deu. 99 Lay dict vn peu au parauant
iusques a litiscontestation, car apres contesta
tion en cause, il n’i a possesseur quelque de bonne
foy qu’il soit, qui puisse faire siens aucuns fruict, per
ceuz, ou a perceuoir. aa Qui plus est, si quel qu’un auant
litiscontestation estoit de bonne foy, apres litiscontestation
il est de mauuaise foy, s’il dechef de
sa defense. bb Et pourtant, si apres litiscontestation
il sont encores au champ, & n’en sont encores separez.
combien qu’il les est faict siens, si eust ce toutes
foys qu’il est tenu les rendre selon loffice du iuge, &
non par reivendication, d’autāt que tels fruicts sont
a celui qui les percoit. cc Mais ou ils seroyent consu
mez, il n’est tenu a en faire restitution La septiesme

conclusion. Semblablemēt si le possesseur dd de
bonne foy, ou biē qui possede par le vouloir de son
maistre, vient a deceder les fruicts estant meurs tou
tes foys non écores cueilliz, ne perceuz, ains estants
encores laissez au champ, il les faict incontinent en
l’estat & biens du defunct ee. Mais il fault entendre
autrement de lusufructier qui decede, les fruicts estans
meurs & delaissez au champ cōme tantost nous
dirons. Et la raison de ceste diuersite est, pourtant
qe lusufructier a seulement la possession naturelle,
laquelle n’a assez defficace a ce quil soit faict maistre
& Seigneur des fruicts non perceuz auant sa mort,
ains a besoin dautre ayde, Mais quant au possesseur
de bonne foy il a la possession ciuile, par laquelle il
possede selon la volonte de son seigneur, & pourtant
faict il lesdicts fruicts siens, combien qu’il ne
les eust recueilliz & perceuz auant son trespas. La
16 huitiesme conclusion est, que si le Possesseur de bon
ne foy, apres les fruicts perceuz deuient de mauuaise
foy, il gāgne neantmoins les fruicts, & les faict
siens, lesquels il a perceu durant le temps quil estoit
de bonne foy, sans qu’il soit aucunement tenu a la
restitution d’iceuz. Et ainsi par contraire, le possesseur
de mauuaise foy, auquel s’est puis apres la bonne
foy augmentee est tenu rendre les fruicts qu’il a
perceuz au temps au’il estoit de mauuaise foy. f
Mais enten ces choses du possesseur qui a possede
quelque temps auecques tiltre. Car s’il auoit tousiours
possede auec mauuaise foy & sans tiltre, il seroit
alors tenu a restitution. Mais est i ci besoin de
limitation, par laquelle en iugement vniuersel le
possesseur ne faict siens les fruicts industriaux. gg
17 Neufiesme conclusion. Mais le possesseur de mauuaise
foy sans tiltre ne peut gangner ni acquerir les
fruicts naturels, ains est tenu a les restituer, tāt ceux
qui sont consumez, comme ceux qui aussi sont encores
en estre. Car il est tenu a rendre ceux qui sont
en estre par rei vendication hh non pas de telle action
& vendication quil est tenu a restituer le prin
cipal, mais d’autre. ii Mais quant a ceux qui sont cō
sumez, il est tenu a les rendre par cōdiction sans cau
se, & par office du iuge apres litiscontestation. kk
Car pourtant que iamais il n’acquit la vraye Seigneurie
de tels fruicts, & que pour ceste cause il les a
plus tost possedez par dol qu’a bon tiltre, pourtant
est il tenu a les restituer par reivēdication les ayant

mal possedez. Et qui plus est ceux qui ont este con
sumez est il tenu de rendre par condiction furtiue,
principalement si par dol & par mauuaise foy il les
auoit consumez, & non par necessité ou a la bonne
foy, comme pensant quils fussent siens: car si en ce il
s’estoit porte a la bōne foy, alors seroit il seulement
tenu a les restituer par condiction sans cause. ll
Et quant aux fruicts qui seroyent a perceuoir, icelui
possesseur de mauuaise foy en est tenu par l’office
du Iuge, pourtant que le vray possesseur les eust
18 peu perceuoir. mm La dixesme conclusion. Mais
si celui qui est possesseur de mauuaise foy & sans tiltre,
auoit perceu iceux fruicts, adonc l’acteur pourroit
tendre & conclurre, a ce qu’icelui possesseur indigne
les rendist & restituast tant les industriaux,
que naturels, tant ceux qui sont cōsumez, que ceux
qui sont en estre, voire encores ceux qu’il auroit
peu perceuoir, & toutes foys par sa nonchalance, il
ne les a perceuz. nn Car le possesseur de mauuaise
foy est tenu de restituer tous les fruict, lesquels il a
perceu durant sa male foy au moins s’ils sont encores
en estre. oo Mais s’ils sont consumez, il est tenu
a restituer le pris & estimation d’iceux. Et pourtant,
pour plus commodement demander restitution
de tels fruicts perceuz, l’acteur doibt auant litiscontestation
faire clairement apparoistre de la
quantité, & pris de tels fruicts, & ainsi il formera plus
certainement sa demande: Car si le Demandeur
estoit nonchalant de demander au Defendeur les
fruicts par lui perceuz, auant contestation en cause,
ou commencement de proces, alors il les perdroit,
& ne pouroit le Iuge de son office & sans estre requis,
ne pourroit faire aucun droict. Mais apres
litiscontestation & le proces durant, il nest besoin
faire demāde aucune des fruict prouenuz, perceuz,
& estans en estre, ou de ceux qui sont a prouenir
& perceuoir, pourtant que lors le Iuge peut suppléer
tels fruicts, & d’iceux prononcer sentence suiuant
son office, & les adiuger a la partie victorieuse
& qui triomphe de la plus iuste cause. Toutes foys
si apres litiscontestation le Demandeur vouloit tou
L talement

122 LA PRACTIQVE
talement repeter lesdicts fruicts, alors suffit les demander
par vne certaine generalle demāde de tous
19 les fruicts prouenuz & a prouenir Lonziesme con
clusion le possesseur de mauuaise foy auec aucun til
tre est tenu faire restitution des fruits consumez par
condictō sans cause, mais de ceux qui se trouueroient
encores en estre, par reivendication. Au reste,
celui qui possede a la mauuaise foy les fruits qui sont
encores a perceuoir, est excuse de la restitution deceux
fruits a perceuoir, a cause du tiltre d’achapt quil
a. pp Mais ceste excusation qui se faict par tiltre d’achapt
n’a point de lieu en quatre cas suiuans. Premierement,
20 quand quelqu’un achepte de celui lequel
il scait vendre pour defrauder ses crediteurs. qq
21 Secondement, quand aucun achepte de celui qui
22 par crainte est contraint de vendre. rr Tiercement,
quand quelqu’un a son escient achepte contre la defense
des LOIX. ss Car aussi en tel cas il est dict estre
possesseur de mauuaise foy, qui achepte quelque cho
23 se contre la defense des loix. tt Quartement, s’il l’achapte
du procureur general ne faisant la vendition
solenmelemēt. vv Lesquels quatre car sont recitez en
la glos. xx qui sont aussi notez. yy Laquelle glose aux
quatre cas ci nommez adiouste encores ce cinquiesme
cas. a scauoir, Quand aucun a son escient & tout
expres laisse corrompre & gaster les fruicts qui ia
24 sont meurs. La douziesme conclusion. L’’usufructu
aire decedant estans les fruicts meurs, toutes foys nō
encores cueilliz, ains estans encores au champ ou
heritage, prests toutes foys, & bons a cueillir, il ne
les peut faire siens, affin au’ils paruiennent a ses heritiers
zz. Vous en auez cideuant la cause. L’ay dict
prests & bons a cuellir, car si lusufructier ne les amenoit
lors qu’ils sont en tel point, il les perdroit.
Mais ce seroit autre chose, si pour cause de la pluie,
guerre, ou par quelque autre empeschement il ne
les eust peu cueillir: Car combien quen ce cas il fust
preuemu de mort, si est ce qu’il les pouoit faire siens,
25 de maniere qu’ils paruinstent a ses heritiers. aaa La
treiziesme conclusion est, l’usufructier & fermier
par egalle raison font leurs les fruits qui sont separes
du champ & emmenez, combien qu’ils ne soyent
encores mis, & serrez en la grāge, ou grenier. bbb
Or ceci sentend de tout metayer ou fermier, ascauoir

qui a long temps tenu la ferme, comme par l’espace
de neuf ans. Item fermier qui la tenue peu de
temps, & du fermier partissant. Du fermier de long
temps. ccc Et tellement sont & apertiennent lesdict
fruicts au fermier, que si quelqu un les embloit ou
emportoit, audict fermier competeroit actiō de lar
cin. ddd Du fermier de bien peu de temps est donnee
la loy. eee Et quant au fermier partissant, c’est a
dire maistre est donnee la loy. fff La quattorziesme
26 cōclusion. si vn prelat d’Eglise trepasse ou decede
de ceste vie, ou bien s’en va d’un lieu en l’autre pour
demourer n’estans encores les fruicts meurs, il ne
les peut faire siens, ains les doibt laisser a son successeur,
la raison est, pourtant que le prelat est compare
a lusuaire, & non a lusufructier, suiuant l’opinion
plus approuuee: Car il ne doibt prendre des biens
de l’ Eglise sinon le viure & l’habit, & non les transporter
a ses heritiers. ggg
a Vt l. Si a Domino § frructus ff. de petit, haered. & l. 1.
C. de fructib. & lis.. expens. & l. fructus ff. Solu. matri.
b l. Sequitur §. fructus, ff. de vsur.
c l. Si & me. ff. Sicert. peta.
d Glossa magna in l. Et ex diuerso. ff. de reivendi. glos. et
Doct. in l. Certum. C. eo. tit.
e Glos. vnica & sola & quae semper ad hoc allegatur,
in verb. Et cura, in vulgato §. Si quis a non Domino, Institut.
de rerum diuis. Bart. in l. Et ex diuerso num. 2. ff. de rei
vendic. vbi adiungit oliuam, & D. Panor. in c. Grauis extra.
de restitut spolia.
f D. Angel. Aret. in §. is vero ad quem. 2. Institut.
de rerum diuis. per notabilem. l. Si vsufructuarius messem
ff. Quib. mod. vsufruct. amitta. ibi foeno scisso. & c.
g Sicuti idem Angel dixit in d. §. Si quis a non Domino.
Institut. de rerum diuisione.
h Ita Barto. in d. l. Et ex diuer so. nu. 1. ff. de reivendica.
text. in l. Si quis nauem ff, eodem titulo.
I Sinauis §. Si generaliter ff. de reivendica. Atquehaec
est decisio Innocenty & Panormitani in c. Grauis extra de
de restitut. spoliat.
k Iuxta text in l. fructus ff. de vsus. & fruct.
l l. domum & l. Certum C. de reivendica. & ibi docto.
& c. Grauis cum glos. super ver. fructus ext. de restit. spolia.
m Iuxta gloss. in verbo fructus, & gloss. in verbo cogitur
in quotidiano §. Si quis a non Domino Institut. de rerum
diui. & text. in d. l. fructus ff. de vsur. & fructib. gloss. in
verbo. Non habendam, quam approbat Barto. in l. Et ex di

uerso ff. de reivendica.
n l. fructus pendentes ff. de reivendica.
o d. l. fructus pendentes, iuncta gloss. in verbo Pars
fundi, l. Iulianus §. si fructib. ff. de actionibus empt.
p l. Si filius §. Dominus ff. de lega. 2. & l. Si seruus cōmunis
§. Locati. qui est §. solēnis secūdū Barto. ibi ff. de fur.
q Cynus, Bald. & Salicet. in l. Certum C. de reivendica.
& in d. insigni. glossa in verbo non habendum in l. Et
diuerso ff. de reivendica.
r l. Si & me & Titium ff. Si certum peta.
s Iuxta text. in l. Pupillo iuncta l. In pupillo ff. de solut.
& libera.
t Iuxta text. inl. Bo. fidei possessor ff. de acquir. rerū do.
v Iuxta gloss. in verbo. Non habendam in l. Et ex
diuerso, quam Barto, ibi solennem asserit, ita textus &
glossa in verbo fructus ibi amplissime in d. c. Granis,
extra de restitut. spoliato. Et l. Si Vsufructuarius ff. Quibus
mod. vsufruct. amitta. & l. 4. §. post litem ff. fimūregūd.
x Iuxta gloss. in verbo fructus, in d. §. Si quis a
non Domino. institu. de. rer. diuisio. & gloss. in l. Item veniunt
§. Eos ff. de petit. haered.
y l. fructus ff. de reivendica. Et §. Si haereditas in verbo.
Si vero bone fidei, institu. de offic. iudic.
z Per d. l. Si & me & Titium. Sed Bartolo aduersatur
Panor. in d. c. Grauis.
♣♣ Iuxta glossam et Bartol. in l. Cum postulassem ff. de
damno infect. & l. Item si verberatim ff. de rei vendica.
aa d. l. Certum §. Bonaesidei.
bb l. 1. C. de peti. haere. & hicfequenda est distinctio quae
habetur in l. Et exx diuer so in principio, in gloss. incip. Etiā
perceptorum ff. de reivendica.
cc §. Et si in rem, institu. de offic. iudic. & l. Certum §. Bo
nae fidei. C. de reivendica.
dd §. Et fi haereditas, in verbo, bonae fidei, institut, de offi.
indic. Vide Speculatorem
ee l. Apud antiquos C. de furt. & text. in d. l. Cortum C.
de reivendica. Ita Bald. in l. Licet C. de acqui. possess.
ff Iuxt. glos. in l. Qui soit §. bonaefidei. ff. de vsur. et fruct.
gg l, Nō est ambiguū C. familiae Herciscūd. et ibi Cy. glos.
in l. si & rem & preciū ff. de peti. haered. et Bar. in d. l. Et ex
diuerso. & Bald. in l. 2. C. de peti. haered. Et Panor. in repet.
c. Cum esses extra. de testamen.
hh Iuxta l. Certum C. de reivendica.
ii Vt

CIVILE. 123
ii Vt l. Vnica ff. de condic. ex lege.
kk Glossa in l, Mala fide C. de condic. ex lege.
ll d. l. mala fide C. de condic. ex lege. & ibi gloss. Bald.
& Salicet.
mm l. Si nauis ff. de rei vendica. & d. §. Et si haereditas
in verb. Illorum autem. Institut. de officio iudic.
nn l. Fructus ff. de reivendica. l. Si nauis §. Gener aliter
ff. eodem tit. l. 1. Post litem C. de petit. haered. §. Et fi haereditas
in verbo illorum autem, institut. de offic. iudic. Ad
quod idem facit lex certum C. de rei vendica.
oo Per d. l. Certum.
pp Glossa in l. Et ex diuerso. ff. de reivendica. &. l. si fun
dum C. eod. titu. Item Angel. & Barto. in d. l. Et ex diuerso.
& Bald. in. l. Certum C. de reivendica. & in l. Si pater
C. de vsufruct.
qq l. Ait Praetor. §. per hanc ff. Qui in fraudem credito.
rr l. Sed & partus ff. de eo quod met. caus.
ss l. Quemadmodum in fine C. de agri & censi. lib. 11.
tt Concord. c. 2. cum gloss. 3. super verbo. Non post multum
in fine. extra de his quae fiunt a prela. siue consen. cap.
vbi partim hac verba recitantur.
vv Vt habet expressa l. prima C. de fid. instru. &
iure hast. fisca. lib. 10.
xx In verbo Cogitur restituere. in saepe allegato notabili.
§. Si quis a non domino, institut. de rer. diuis.
yy In l. Sed & pactus cum gloss. in verbo Potui. ff.
de eo quod met. caus. & in l. Si fundum iuncta glossa
in verbo percepisse C. de rei vendic.
zz Iuxta aureum textum in §. Is verò ad quem institu.
de rerum diuisio. & text. in. l. Si vsufructuarius
messem. ff. Quemadmodum vsufruct. amittit. & text. in
l. Si fur. ff. de vsufru. lega.
aaa Bald. in d. k. Si vsufructuarius messem. ff. quemadmodum
vsufruct. amitta. & lorianus in l. Si fur. ff. de.
vsufruct.
bbb Text. gloss. & Barto. in. l. Si apes. §. 1. ff. de furt.
& §. Is vero apud quem, in fine ibi. Eadem fere institut.
de rer. diuis.
ccc Vide l. 2. & ibi gloss. ff. si ager vectig. vel emphite
peta. & gloss. in l. 3. §. ex contrario ff. de acquir.
possess.
ddd d. l. Si Apes.
eee l. 1. §. Si quis seruum ff. deposit. & Barto. in d. l.
Si seruus cominunis §. Si locaui ff. de furt.

fff l. Merces. §. 1. ff. locati. & Barto. in d. l. Si Apes.
ff. de furt. & l. Si pascenda pecora. C. de pact.
ggg Iuxta gloss. in c. vltimo de pignorib & Panor. in
d. Repet. c. cum esses. 8. colum. extra de testamen.
CHAPITRE CV.
De Demander Domage &
Interest.
Sommaires.
1 Interest est l’estimation du domage souffert & gain perdu.
2 Naist du contract.
3 Troys manieres d’interest conuenu, qui
De la nature du contract sensuit necessairement est decreté par sentence du
Iuge.
S’ensuit par impuissance de payer de la Partie.
3 Note est prouué
Interest qui est de contract
Despens hors iugement
Despens en iugement
Interest venant de delict
Par tesmoins.
Par tesmoins.
Par serment du gangnant.
Par serment de celui qui est interessé.
4 Troys manieres d’interest
Commun, lequel Pour payement non deu.
In penfions
Loyers
Achapts
Contracts & c.
5 Demander interest n’est pas vsure,
6 L’interest se peut demander a bon droict.
8 Interest aduient en diuerses manieres.
9 Interest accessoire na besoin d’estimation expresse.
10 Interestz es iugemens ont mestier de certaine specification du mesme interest.
11 Interest nay & prouenu par mandement du Iuge se doibt payer.
12 Le Defendeur ne demande interest, sinon
En cause de nouelleté
&
En cause ou il est endomage a raison du Proces.
L2 Auant

124 LA PRACTIQVE
1 AVant quentrions en la matiere de demander
domage & interest, conuient
premierement monstrer qu’est interest,
& de combien de manieres il y a d’interest.
Doncq Interest a est l’estimation de quelque vtilite,
laquelle on a laisse d’auoir pour aucun faict
iniuste, ou octroy non raisonable, ou bien c’est
l’estimation du domage qui certainement m’est
desia escheu, ou l’estimation du gain qui certainement
m’eust peu aduenir, & n’est toutes foys aduenu,
ains a este destourné, pour aucune chose qui
ne m’est donnée, ou qui ne s’est faict ainsi qu’il
se deuoit faire. Car l’interest naist & prouient
en deux manieres, ascauoir, ou par domage qu’on
a souffert, ou bien par gain qui a cesse de venir,
comme quand aucun est destourne du gain qu’il
eust eu si tel argent lui eust este rendu en temps,
ou si tel empeschement ne lui eust point este
donné, ou si telle offense ou blessure ne lui eust
este faicte, & ainsi des autres. Au reste les Docteurs
diuisent cest interest en troys manieres, a
scauoir, Interest conuenu, commun, & singulier.
2 b Interest conuenu, est celui qui naist de certaine
conuention, comme quand on dict. Si ie ne fay
ce que ie promets, ie te donneray cent pour interest.
Ou si quelqu’un dict simplement. Si ie
ne te baille ou si ie ne te liure ie te donneray cent
florins ou cent escuz & c. Et cest interest qui ainsi
naist & prouient de paction, ou celui qui est promis
condicionellement, se doibt faire & garder, suiuant
le pact & promesse faicte, si ce nestoit
qu’en telle conuention fust interuenu dol ou fraude.
c A L’interest conuenu se peut aussi rapporter
ce que le iuge a iugé par sentence. Item & ce
qui est aussi du tout necessaire aduenir suiuant la
nature du contract. Semblablement ce que la
Partie sera tenue faire & bailler, pourtant qu’elle
n’auroit peu payer & fournir le principal en son
temps, & terme conuenu, de la restitution desquels
3 nous dirons incontinent ci apres. Ce pendant
ce point est ici bien a noter. c’est que l’interest
qui procede du contract, se doibt prouer

par tesmoins, ou par cedules signées, & par consequent
les despens aussi qui ont este faicts hors le
proces doiuēt aussi estre prouez & c. Mais ceux qui
se sont faicts en iugement se doiuent prouer par le
serment du gangnant. Et quant a linterest qui prouient
de delict, comme de dol, rapine & c. il se proue
par serment de celui qui a soffert le domage. Au demeurant,
4 l’interest cōmun est l’estimation cōmune
de domage ou gain. qui aduient ou cesse, ou ainsi. In
terest commun est la commune estimation du domage,
qui est aduenu a quelqu’un pour ce que ce
qui se deuoit donner ou faire, n’a point este donné,
ou faict. Ou bien s’il a este donne ou faict, il n’a
point este donné ou faict en son temps, ou en son
lieu il cōme apertenoit. d Et en ce commun interest
se contient aussi le gain & fruicts non perceux de la
chose deue, a cause de quelque retardement ou delay
de payement. Item les loyers deniez ou non receuz.
En oultre l’interest des pensions non payées.
Dauantage l’interest du pris augmente, & perdu par
faute de payement de la chose deue nō faict en tēps
& lieu. Item interest en achapts, venditions, baux &
prinses a louage & autres & semblables contracts. e
Semblablement les vsures sont aussi en ce cōtées. f
Toutes foys suyuant les canons, (d’autant que par
iceux elles sont du tout prohibees) les vsures ne sōt
aucunement comptées Comme ainsi soit que l’argent
5 ne produist aucun fruict. f Mais quant a de
mander l’interest d’aucunne chose, cela ne doibt
estre estimé vsure, d’autant que le droict canon le
permet, & octroye. Et pourtant si ie t’ay preste
dix liures de gros, lesquelles tu m’as a la bonne foy
promis rendre aux festes de Pasques prochainement
venant, & que tu ne me tiennes ta foy.
foy, ne me rendant ladicte somme promise,
il me compete action contre toy, par laquelle
ie pourray repeter de toy non seulement la
somme principalle, mais aussi l’interest & domage,
lequel i’ay souffert par faute de payement. Et sans
qu’en demandant tel interest ie comette aucune vsure.
6 Et quant a l’interest singulier, c’est l’estima
tion qui procede & vient d’une affection specialle
telle que elle est du pere libre enuers son fils qui est
serf, ou qui procede d’un profit particulier, lequel
auroit este destourné. g Comme pour exemple,
ie t’ay obligé mon liure auquel iauoye estudié & auoye

en icelui signe & marque ma memoire localle,
a condition que si ie ne le rachetoye dedans certain
temps, il te seroit permis le vendre. Et maintenant
est aduenu que tu l’as vendu a vn autre, auant
ce terme prefix du rachapt. Ce que estant
par moy cognu, i’ay voulu repeter & rachepter de
toy mondict liure auant le terme du rachapt auenu,
& mesme de celui qui l’auoit, mais ne l’un ne
l’autre me l’a voulu rendre a cause de quoy ie suis
interessé. Certes en tel cas l’interest ne me doibt
estre seulement adiugé suiuant le commun pris du
liure, mais aussi suiuant le domage que ie souffre,
pour la faute que i’ay dudict liure. h Mais combien
soit ce domage grād lequel ie souffre par defaut
de mon liure, & combien eust peu estre l’utilite
grande laquelle i’eusse eue par l’auoir, cela depend
7 de l’arbitrage du iuge. Doncques tout domage &
interest lequel se souffre a l’occasion d’un autre, a
bon droict & selon les canons se doibt ou peult repeter
de celui qui est cause de tel domage & interest.
8 i Or tel domage & interest se demande en
diuerses manieres: Comme si la partie s’obligeoit a
tel interest comme nous auons dict de l’interest
conuenu. Ou bien si la partie n’auoit peu bailler &
deliurer le principal en son temps & lieu, suiuant le
contract. Ou quand de la nature du contract lesdicts
domage & interest sont aduenuz ou sont en
branle d’aduenir, ou eussent peu venir. Dauantage,
si les fruicts, loyers, pensions, pris augmenté
ne sont deuement payez. Item si es contracts
d’achapts, venditions, louages & c. la foy deue &
promise n’est baillée en son temps & lieu, laquelle
toutes foys en telles conuentions est requise pure
& entiere, & que pour icelle foy non gardée aucun
fust endommage ou interessé, certes necessairement
sensuit la restitution de tel dommage, interest,
ou gain retardé. Mais il fault noter que
9 quant a ces domages & interests, qui accessoirement
aduiennent

CIVILE 125
aduiēnent a quelqu’un, il n’est point mestier d’expri
mer ou declarer certaine quantité ou estimation d’iceux,
ains suffist demander lesdicts interests par vne
certaine demande generalle & les remettre au iuge
10 (comme i’ay dict). Mais quant aux Interests qui es
Iugemens & plaidoyers sont par certaine action for
mellement demandez, tels interests ont toutallemēt
mestier de certaine specification, declaration, & esti
matiō, a ce que certaine quantité soit de point en
point speciallement & par parcelles exprimée &
11 prouée. Mais toutes & quantes foys que le Iuge
(comme nous auons dict ci deuant) mande a la partie
faire restitution de quelque chose, & qu’icelle
partie ne le faict, ains le differe & retarde nonchalamment,
& en delayant le tire en longueur, adoncq
icelle partie a cause de sa desobeissance est tenue de
tout l’interest, la quantite & estimation duquel le
demandeur qui a souffert ledict domage pourra affermer
& prouer, au moins si dol, fraude ou malice
a este, ou s’est trouuée en ladicte inobediēce, par laquelle
malice cognue et apperceue le Iuge pourra
deferer au demandeur le susdict serment. Au reste,
c’est le plus souuent a l’acteur de demander reparation
de domage ou interest. Car le defendeur ne de
mande point domage et interest, si ce n’est en deux
cas, ascauoir en matiere de nouelleté, en laquelle
tous peuuent estre demādeurs. Et es causes esquelles
ledict defendeur par proces souffre ou pourra
souffrir quelque domage et interest. Si quelqu’un
desire plusieurs ample discours et declaration de ceste
matiere vtile, et quotidienne, qu’il prenne conseil
aux docteurs ensuiuans. k
a
Secundum Baldum in l. vnice C. de senten. quae pro eo
quod interest profer.
b
Gloss. Barto. & Doctor. in l. prima C. de sentent. quae
pro eo quod interest profer. & gloss. in l. prima ff. de actio.
empt. Innocentius in c. Cum eccleslasticae de except. in Specula.
de fructib. & interesse. C. Iuxta illud. Pacta. seruabo
l. Iurisgentium §. Praetor. ff. de pact. & c. 1. extra. de pact.
c
Specu. titu. de sruct. & interesse §. 4. in princ. vbi vide
interesse communis materiam in §. Commune.
d
l. Precia. ff. ad l. falcidiam l. Si seruum. ff. Ad l. Aquil.

& l. Vinum ff. Si cert. peta.
e
Seundum ll. l. finali ff. de pericu. & commod. rei vendit.
& l. Prima C. de vsur.
f
c. eijciens 8 8. distinct.
g
Vt est libro vsitato d. l. Precia & d. l. Si seruum Specu.
in titu. de fructib. & interesse §. finali vbi plene de eo.
h
l. Prima ff. de actionib. empt. & vend. vbi tractatur de
communi & fingulari interesse.
i
c. Peruenit & c. Constitutus, extra. de fideiussorib. &
c. dilecti. extra. de for. compet.
k
Speculator in titu. de fructib. & Interesse Bartolum,
Baldum admodum latè in l. vnica C. de senten quae pro eo.
quod interest prof. Item Iacobum Renaldum qui ommium
latissimè in fuo tractatu de eo quod interest explicauit ad
d. l. vnicam C. de senten. quae pro eo. quod interesse profer.
Et D. D. Mugellanum in suo tractatu aureo & succincto
de interesse.
CHAPITRE CVI.
De demander gain d’argent.
Sommaires.
1 Les marchans par maniere d’interest, pourueu quiceluy
2 gain eust este certain non subiect a quelque infortune.
3 Demandent loisiblement & licitement gain d’argent Le mari, a cause du dot qui ne lui
auroit este paye.
4 Le vendeur a cause du payement non faict des biens venduz.
5 Qui par faute de payement est contraint prendre argent a vsure.
6 L’usure se peut demander de celui qui ne paye point, au lieu de l’interest.
7 Les vsures se demandent loisiblement, ainsi que l’interrest.
8 Punitoire, ceste ci est licite de droict Canon.
9 Des vsures l’une est Compensatoire, ceste est permise iusques a condescence.
10 Lucratoire, ceste n’est aucunement permise.
11 Questions de Balde quant a l’usure.
12 Vsure de gain se demande quelque foys pour cause de bonne foy, & non pas a cause
des fruicts.
13 Il y aucunes vsures qui viennent plustost selon equite que non par delay de payement.
P Rosit d’argent se peut demander en quatre
manieres, sans charge, & scrupule de conscien
ce, & sans aucune macule ou ordure d’usure.
1 Et en premier lieu cela aduient aux marchans, qui
par coustume receue sont vsitez de tirer gain &

proufit de leur argent. Car ceux ci par maniere d’interrest
pourront demander & exiger tel & autant
de proufit comme selon le commun cours de marchandise,
laquelle ils font & exercent ils eussent peu
faire proufiter, & acquerir, par ce qu’en tels domages
de marchandise, on ne considere seulement le
domage qui a este faict, mais aussi le gain qui a este
destourne & perdu. Car Paul definist aīsi l’interrest.
L’interest (dict-il) est ce, ou est autant qui s’est departi
ou detourne de moy, & autant que i’ay peu
gaigner. a Et Vlpian. On doibt auoir (dict-il) esgard
nō seulemēt au domage, mais aussi au gain, a sçauoir
qui s’est perdu quand il est question de l’interrest. +b
2 Mais en demandant ledict gain, ou l’interest dudict
gain il est besoin de consideratiō, a sçauoir, si le gain
qu’on demande auroit este tel qu’il y eust grande &
vraye apparance qu’il fust aduenu, & aussi qu’icelui
gain ne fust subiect a diuers accedens c auquel lieu il
dict. Si vn marchant a acoustume de trafiquer, & que
de ce que de son autre argēt il a acoustume de nego
cier & trafiquer apparoist quasi pour certain qu’il
L 3 eust

126 LA PRACTIQVE.
eust faict proufit d’icelui, c’est a dire, pour le narrer
plus clairement: S’il est tout clair & notoire que le
marchant auec son argent auoit acoustume faire
autant de gain, on deura auoir respect & consideration
audict gain & argent, a ce que ledict marchant
soit recompense dautant de gain, au lieu de son interest.
d . Disant que les marchans qui ont coustume
de marchāder, peuuent selon le droict Canon, & en
saine conscience demander interest du gain, qui aussi
quant a ceste matiere allegue plusieurs autres raisons
3 bien a considerer. En second lieu, le mari qui
n’a este satisfait du douaire de sa femme, icelui peut
demander l’interest, & quasi vsure par maniere de
domage, par ce que l’equite monstre que le fruit du
douaire doibt apertenir au mari, car cōme ainsi soit
que le mari doiue soustenir toutes les charges de
mariage, c’est bien aussi raison quil demande & perçoiue
tous les fruits, voire aussi le dot de sa femme,
ou quelque chose egale en valeur, au lieu du dot. e
4 Tiercement, le vendeur, qui a liuré a l’achepteur les
biens venduz, desquels quelques fruits essent peu
prouenir, & qu’icelui achepteur n’eust deliuré largēt
au temps & terme prefix & establi, alors pourra le
vendeur demander tous les fruits, depuis le iour de
la deliurance iusques au iour du payement, ou pour
le moins la vraye estimation desdicts fruits (s’ils
auoyent este consumez, ou qu’autrement eust este
d’iceux disposé, ce qui sera presque tenu au lieu d’usure,
& pour interest, ou gain, par ce que le vendeur
doibt perceuoir les fruits de la chose vendue, & les
faire siens. Et en ce cas on ne prent rien du vendeur
comme par vsure, mais comme par interest. f Lequel
interest sera a bon droict tauxe a la quātite des
5 fruicts, g Quartement, quand aucun a faute d’estre
paye, est par necessite contraint prendre argent a vsure
ou rentes, ou autrement a son incommodité
& despens, a ce que par le moyen de cest argent il se
desembrouillast ou deschargeast de debtes, ou bien
de quelque autre charge qui le greuoit, alors celui
qui auec son domage a pris tel argent, peut demander
l’interest dudict domage, & restitutiō de l’usure
selon la quantité du domage & despens qu’il auroit

supporte a ceste cause, comme desia nous auons
dict, traictant de la troisiesme maniere.
6 Par ce que dict est, est tout euidēt, que quiconque
sera en demeure ou defaulte de payer, on pourra re
peter de lui les vsures, non pas comme vsures, mais
comme interest, ou pour le gain destourne. h . Et
lors se demandent telles vsures ( pour ainsi les appeller)
non pas par droict d’action, mais selon l’office
du Iuge, Car il est a chascun loisible de perceuoir
toutes ses debtes, & estre rendu indemne. i Auquel
lieu allegue, est traicte de l’interest qui ne doibt
point estre repute vsure, & lequel peut aussi quelque
7 foys estre demande de droict Canon: Car il y a
vne regle, que, quand les vsures sont deues comme
interest, & non comme vsures, alors elles se peu
uent demander de droict Canon. Ou ainsi plus bre
uement: Les vsures se peuuent demander de droict
Canon, quand elles ne se demādent comme vsures
ainçoys comme interest. k A quoy toutes foys Balde
contredict en ceste maniere. Les vsures sont pro
hibees de droict diuin, & pourtant elles ne peuuēt
estre demādees en aucun for, ou par aucune iustice.
Car le droict diuin a & exerce sa vertu & efficace
perpetuelle en toute iurisdiction. l Mais le mesme
Balde dissout son obiection par vne petite distinctiō,
a sçauoir qu’il y a quelques vsures qui sont punitoires,
les autres compensatoires, & les autres lucratiues.
8 De ces vsures les premieres sont permises
de droict diuin, ainsi que sont celles qui prouiēnent
de cōtumace, ayans conioint a elles l’interest du demādeur,
car quant au demandeur ce ne sont vsures,
ains sort. m Auquel lieu ci allegué Innocent dict.
Si tu estoys tenu de me payer quelque somme a cer
tain iour, & tu fusses defaillāt de la payer au iour sus
dict, a cause de quoy moy, qui ne me suis peu passer
de ladicte somme, au prins d’un autre pareille somme
a vsure, a sçauoir ou pour quelque certain profit
que i’aperceuoye que i’en pourroye faire, ou bien pour
quelque autre necessite de ma famille, pour certain
tu es en ce cas tenu a me reparer ce domage, ou bien
vsure cōme tu voudra. Lequel cas doibt estre bien
note & tenu pour tout vray, principalement si tu es
tenu a moy de telle somme par contract de bonne
foy: Car si tu estoys tenu a moy par contract de
droict estroict, le cas susdict n’auroit point de lieu. n
9 Item les secondes vsures susdictes, scauoir est, recompensatoires,

sont semblablemēt permises, mais
iusques a vn moyen honeste & conuenable, & ainsi
que les coustumes des pais, les ordonnances &
coustumes receues le requierent, pourtant que telles
vsures, ou tels gains se permettent plus tost au
lieu de permutation, que de peine. o Et sont telles
manieres d’usures vsures de charge, & non gratuites
& a la verite fondees en raison naturelle, & vraye
equite, laquelle dicte & commande qu’aucun ne
10 s’enrichisse auec la perte ou domage d’autruy. p Et
quant aux tierces vsures, a scauoir lucratoires, elles
sont de droict diuin defendues & pourtant ne peuuent
elles estre permises par aucun doict humain.
Car a quiconque on oste la puissance, a celui mesme
on oste l’acte: or est il que la puissance destablir vsures
est ostée a ceux qui les establissent, parquoy leur
est aussi oste l’acte de cest establissement, & s’il y auoit
eu quelque acte establi, a bon droict deuroit il
11 estre nul & aboli. q Or Balde en ladicte loy vsuras
meut vne aures question, a scauoir, Que si la chose
vendue estoit sterile, de maniere que l’achepteur ne
perceust aucun fruit d’icelle, ou biē que fust vn boys
qui ne fust a tailler, les fruicts duquel on differe &
attend par plusieurs annees, ne doibt on point ce pēdant
les vsures du pris? Et semble bien que non,
car en ce cas nuls fruits n’escheent a l’achepteur, &
toute recompense requiert relation des extremitez
12 & remuneration des fruits perceux. Toutes foys
Balde tient le contraire, au lieu cideuant allegué, disant
que telles vsures ne se baillent, a raison de proportion
des fruits perceuz, ou des vsures, ains pour
raison de l’acomplissement de bonne foy d’une part
& d’autre. Car le vendeur a acompli sa foy en deliurant
ses biens, mais l’achepteur n’a point maintenu
sa foy, ains est trouue desloyal en ne payant le
pris promis. Secondement ledict Balde demāde au
lieu susdict. Que seroit ce si l’achepteur n’estoit
point trouue desloyal, mais plustost le vendeur, a sçauoir
que le vendeur eust promis a l’achepteur luy
bailler pleige, & ne la point baillé? ou qu’il eust promis
a l’achepteur lui deliurer l’a possession libre, &
il ne la lui baille point libre? certes il semble qu’en
ce cas l’achepteur n’est point tenu des vsures, car on
ne peut mettre sur lui ou delay ou coulpe. r Toutes
foys autre opinion contraire a ceste ci semble estre
plus vray semblable. Par ce que combien que le

vendeur

CIVILE 127
vendeur n’acomplisse ce que dict est, si est ce que les
vsures de la chose n’en sont diminuées, & pourtant
n’est aussi diminuée l’entr’usure du pris, & pourtant
13 que telles vsures viennent plustost de certaine equité,
que pour raison de delay ou retardemēt comme
le text le declare expressement. s Le mesme Balde
meut audict lieu plusieurs autres questions quant
aux vsures, lesquelles il explique lui mesme aux
nomb. 5. & 6. lesquelles pour cause de breueté nous
conseillons a ceux qui sont studieux de les lire audict
lieu.
a l. Si commissa. ff. rem ratam haber.
b l. 2. §. vltimo. ff. de eo. quod cert. loc.
c Sicuti probat Bartolus in l. vnica. C. de senten. que
pro eo quod interest profer. ad medium numeri. 25.
d Ita tenet etiam D. Albert. Brunus in suo tractatu monetarum,
prinma limitatoine, numero 6. folio lib. meo 196.
e l. dotis fructus ff. de iure dot.
f c. Quoniam 14. q. 4. & l. Curabit. C. de actionib.
empt.
g Teste D, Ambrosio de Vignate in suo tractatu de vsuris
super c. Salubriter nu. 265. folio libro meo 1 7 6. colom. 4.
h l. Socius qui ff pro socio. & l. Cum venditorem & l.
fructus. C. de actionib. empt.
i c. Peruenit ext. de fideius. c. Si quis de clericis. 12. q. 2.
k d. l. Curabit, iuncta gloss, in verbo. Ratio, & ibi Bart.
& ita tenet etiam Azo. Sed haec inpugnat Baldus in l. vsuras
C. de vsur. ad hunc modum.
l Vt in rubrica de vsur. argu. l. tertiae §. Diuus in ratiotione
sui ff. de sepul. viola.
m Vt c. 2. extra de fideiusso. & ibi Innoc.
n l. Prima. C. de condic. indeb.
o Vt c. Salubriter extra. de vsur. & l. vsuras. C. eod. tit.
& d. l. Curabit. C. de actionib. empt.
p l. Si quis mancipiis §. Droculus ff. de institu. actio. &
l. Nam hoc natura ff. de condic. indebi.
q Baldus in d. l. vsuras.
r Vt l. finali ff. de rescinden. vendit.
s in d. l. Curabis.
CHAPITRE CVII.

De demander peines Conuentionelles.
Sommaires.
1 Conuentionelles esquelles vsure n’est presumée, se peuuent demander.
2 Penes Exemple de Conuention non vsuraire.
3 Conuentioneles, esquelles l’usure est presumée, ne se peuuent demander.
4 Exemples de contract Vsuraire.
5Qui oblige a rentes vn fief ou fond de terre, il peut permettre a son crediteur la peine de
vendre icelui fief ou terre, s’il ne paye.
6 Quelles peines Conuentionelles ne sont point tenues vsuraires.
7 Ceux sont excusez de peines Conuentionelles qui ne sont soluables oultre l’interest.
8 Les pouures sont excusez des peines de droict & de coustume.
1 Toutes peines Conuentionelles ou n’i a nulle
vsure presumée, se peuuent demander &
estre adiugées au Demandeur par le Iuge,
encores que telles peines fussent plus grandes que
2 l’interest, a comme pour exemple. Si vn charpentier
auoit promis a Iean, de lui rendre sa maison bastie,
& du tout parfaicte au propre iour Sainct Mar
tin sur peine de dix liures de gros monoye de Flan
dres, & si ledict charpentier ne l’eust parfaicte au
temps susdict, alors ladicte somme de dix liures seroit
gangnée & deue a raison du contract, & pourtant
ledict Iean la pourroit lors par droict demander
audict charpentier, pourautant qu’ici ne se presume
aucune tache d’usure. Mais cela se doibt entendre
ainsi, a sçauoir, si ledict Iean par defaut de
payement, ou par autre cause n’auoit este occasion
que ledict charpentier n’eust peu parfaire son ouurage
en temps deu & determiné. Ou bien si ce n’e
stoit que ledict charpentier eust este surprins de maladie,
ou empesché par guerre, ou par mauuais tēps
& intemperance d’air, ou bien par defaut de marrain
& matieres, & que toutes foys il eust faict
tout deuoir & diligence d’en faire la prouision &
preparatif, par le default & retardement de quoy il
nauroit peu paracheuer ledict oeuure en tēps deu
& determiné. Toutes lesquelles considerations doi
uent consister en la prudence du Iuge, si ledict Iean
vouloit contraindre son ouurier, & le presser par la
3 peine apposée au contract. Mais les peines Conuen
tionelles ou y a apparance de quelque presomption
d’sures, ne peuuent estre demandées, comme pour
4 exemple. Ie te promets que ie te payerai a la feste de

Pasques mille liures de gros monoye de Flādres, sur
peine deux cēs liures de gros, de sēblable monoye,
ceste peine ne peut estre demandée, car le droict en
tel contract d’usure presumeroit fraude. Si quelqu’un
auoit promis a vn autre, de lui payer au iour
Sainct Iean Baptiste soixante liures de gros sur pei
ne de quarante liures de gros, & que dauantage il
comparoistroit deuāt le Magistrat ou Seigneurs de
la Iustice, ou pardeuant le conseil, a ce qu’il passast
condennation quant a ladicte promesse de payemēt,
& qu’il n’en mist rien en effect, ne cōparust aucunemēt ni
ne payast, certes cest est absent ou deffaillant
tombe en l’amande du cōtract, & en la peine,
& deuient tenu & obligé de la payer, de maniere
que ceste somme lui peut estre a bon droict demandée,
non par faulte de payement, mais a cause
5 de son default, & non comparution. En Flandres la
coustume est d’ancienneté que toutes foys & quan
tes qu’aucun debteur oblige ou engage son son fief.
ou vn fond de terre pour aucune rente, ou aucunes
rentes, icelui peut quant & quant consentir a son
crediteur la pene, a ce qu’il vende la proprieté d’icelui
fief ou heritage, que de droict il se l’attribue &
la gangne pour soy a tout iamais pour les arrerages
L 4 d’icelle

128 LA PRACTIQVE
d’icelle rente ou d’icelles rentes, non obstant que la
propriete d’un tel fief ou fond d’heritage, fust dix
foys ou vingt foys meilleure que les reuenuz ou ar
rierages d’iceux. Et excusant tels contracts qu’ils ne
sont vsuraires, & qu’ils ne sont aucunement cōpris
entre les contracts vsuraires qui sont contez en
droict, a cause de la peine & euictiō qui semble excuser
iceux contracts, car la peine tend & tire a ce
que plus iustement & plus hastiuement payement
se face. L’euiction, vendition ou despouillement
tend a ce que la contumace soit punie. Quant au
reste, si aucuns viennent a tomber ou chopper en la
peine Conuentionelle, il est vray qu’en conscience
on doibt demander ou requerir les peines de ceux
qui ne seroyent puissans de les payer, ou s’ils n’estoyent
suffisans de payer plus oultre que l’interest
s’estendroit ou pourroit suffire. Et quant aux peines
qui seroyent or données par les loix & ordonnances
du pays, les pouures qui n’ont rien en sont
8 excusez & supportez. Car ou n’y a rien, Le Roy y
perd ses droicts. Pour plus ample cognoissance de
ceste matiere a cause de brieueté, ie renuoye le lecteur
a: a qui en ceste matiere vsent de distinctiōs
profitables.
a Ad D. Ioannem Francis. Balb. in suo praescriptionum
tractatu in 13. principali quesito. numero 6. fol. libro meo
228. colum. 4. & Iason in §. Omnes numero 13. colum. 3. folio libr. meo 74.
CHAPITRE CVIII.
De Demander Despens.
Sommaires.
1 Hors iugement desquels le Iuge n’a que cognoistre.
2 Despens sont, les vns les autres En iugement
Extraordinaires, qui ne se taxent point.
&
3 Ordinaires qui se taxent.
4 Demande de despens se faict, quelque foys
Expressement.
quelque foys.

Tacitement.
5 La Practique requiert Demande expresse de despens.
6 Despens se demandent pour plusieurs causes
Pour cause de ♣gaion de proces.
Pour cause de contumace de Partie aduerse.
A raison de retardation de proces.
Pour auoir mal commencé son proces.
Pour cause d’Action en meubles.
Suiuant l’office du Iuge, a sçauoir deuant & apres litiscontestation.
7 Tous despens
Se demandent deuant & apres litiscontestation, selon l’office du Iuge.
Quant aux biens meubles ou immeubles, ils se demandent par action.
1 Despens se considerent en deux manieres.
Car les vns se sont & se despendent hors
iugement, come ceux qui s’employent &
frayent en maisons, granges, champs, entretenemēt
de riuages, aliment, & s’accordent le plus souuent
2 tels despens par en faire compte. Les autres se font
en iugement, lesquels sont aussi de deux sortes, a
sçauoir extraordinaires & ordinaires. Aussi sont
tels despens gratuits & procedent de liberalité, ou
bien ils sont de charge, cōme procedans de labeurs,
de voiages & despens faicts par les chemins, desquels
le Iuge ne prent nulle consideration ou cognoissance,
3 & n’en prononce sentence. Mais quant
a ceus qui sont iudiciaires & ordinaires, ce sont
ceus qui sont employez au proces, a sçauoir, aux
Aduocats, Procureurs, informeurs, & autres actes
semblables de iugements. De ceux que ie vien de
dire, le Iuge en prent cognoissance, & en prononce
la sentence. Mais tel despens de proces se doiuent
demander aux Parties, tellement que s’ils ne se demandent
és libelles exhibez, le Iuge ne pourroit sur
iceux faire aucun droict, ou les adiuger a l’une ou
4 l’autre des Parties. Or de ceste demēde iudiciaire, ou
elle est expresse, a sçauoir quand auecques la conclusion,
les despens sont expressemēt demandez auecque
l’adiudication du principal. Ou bien elle est taisible,
a sçauoir quand en la conclusion n’est faict au
cune mention des despens, ains que la Partie conclud
seulemēt & demande en son libelle que droict
lui soit faict & rendu: laquelle demande taisible, est
selon les loix entendue tant des despens, comme du
5 principal. Toutes foys la Practique requiert toutalement
qu’il soit faict demande expresse des despens.

6 Au regard des despens iudiciaires ils se demādent
par plusieurs manieres, quelque foys pour auoir
gaingne le proces, quelque foys a cause de la
contumace, quelque foys pour auoir retarde le proces,
& quelque foys pour auoir mal institué le proces,
quelque foys par action, & quelque foys selon
7 l’office du Iuge regulierement. Au demourant tous
despens ou fraiz de proces demandent tant auāt
litiscontestation comme apres, suiuant l’office du
Iuge. Mais les despens qui se font en quelques autres
choses, soit en biens meubles, ou immeubles se
doiuent demander par action.
CHAP.

CIVILE. 129
CHAPITRE CIX.
Des Clauses qui sont vtillement inserées
es Conclusions.
Sommaires.
1 Tout est remis a la discretion du Iuge.
2 On requiert l’office du Iuge.
3 Es conclusions On demande droict, selon les droicts, statuts. & coustumes du pais.
4 On presente la preuue des faicts & dicts.
5 Aucuns y adioustent, sauf le droict d’adiouster diminuer & changer.
6 Faicts qui vne foys sont exhibez, ne peuuent plus estre muez ou corrigez.
IE ne pense soit chose de peu d’importance
de cognoistre comme la conclusion du Demandeur
ou Acteur se doibt former. Et pourtant
ie veux bien ici monstrer, en peu de paroles ce
qui pourra suffire, comme elle se pourra commode
ment & vtillement former, & quelles clausules il
1 conuiendra mettre en icelles. Ainsi doncques les
Aduocats qui sont sages & prudents, insereront &
mettront en toutes leurs conclusions ceste clausule.
(Ou au moins en toutes choses, & par sus toutes
choses, suiuant la prudence & discretion du Iuge. )
Laquelle clausule ne lie, ou oblige le Iuge aucune
ment, que librement & pour cause il ne puisse exce
2 der. Es conclusions semblablement conuiēt la clau
sule, par laquelle est implorée l’office du Iuge. Item
par laquelle ils demandent que droict & raison leur
soit faicte selon les droict, ou selon que portent &
dictent les statuts & ou les coustumes & ordonāces
4 du pays, & lieu. Aussi presentent – ils es Conclusions
probatiō pertinente de leurs dicts & faicts, sans tou
tes foys s’astreindre a vne preuue superflue. En oul
tre ils niēt, & reiettent tous les faicts de Partie, desquels
ils n’ont demonstre assez suffisante solutiō ou
confutatiō. Il y a des Aduocats qui en leurs Cōclusiōs
5 ont coustume d’adiouster, Sauf le droict d’adiou
ster, diminuer & changer, mais telle forme & manie
re de cōclusiō n’est receue ni vsitée en Practique, cōme
6 celle qui n’est assez pertinente & necessaire a la cause,
pourtāt que la Partie, ne peut en sa cōclusion

muer, n’augmenter ne diminuer, ni autrement corriger,
les faicts qui vne foys sont escrips & exhibez.
Mais de ce que dict est nous traicterons plus distinctement
au chapitre suiuant.
CHAPITRE CX.
De changer la Conclusion, la corriger
& y adiouster.
Sommaires.
1 Les conclusions se doiuent escrire au Rolle & au Registre.
2 La conclusion changée, se doibt aiusi changer l’Intendit.
3 En quoy different
Changer?
Adiouster?
Corriger?
4 Demande plus qu’il ne doibt, en y ostant peut corriger sa conclusion.
5 Qui en sa conclusion Demande trop peu, auant litiscontestation le peut muer.
6 Il est a chascun permis changer sa conclusion auant litiscontestation.
7 La conclusion qui est obscure se peut en tout temps declarer no pas changer.
8 Vn erreur commis en la forme de la conclusion, doibt estre restitué, & non change.
I Ay au chapitre precedent dict, que la Partie ne
peut muer adiouster ou corriger les escriptures
qu’elle auroit vne foys exhibe, pour quoy est
1 a noter. Premierement que les conclusions des Parties
au Conseil de Flandres, & aussi au Parlement
de Malines, sont premierement escrites en la Rolle,
puis sont enregistrées, a fin que fraudulentement &
a la desrobée telles conclusions ne puissent estre
muées ou corrigées sans cognoissance de l’autre Par
2 tie. Et si d’auenture aduenoit qu’aucun par ses escripts
muast sa conclusion, alors son Intendit, doibt
estre mue selon icelle, au moins si la Partie ce requeroit.
En second lieu est a noter, qu’il y a grande
difference entre corriger sa conclusion, la changer,
3 & y adiouster quelque chose. Car corriger en
icelle, est suppléer le deffault ou erreur qui y est,
& le restituer. La changer, est prendre vne autre
& nouelle conclusion, en laissant du tout l’action
qui ia vne foys auoit este cōmencée. Mais adiouster
quelque chose, est mettre d’auantage pertinēment
& conuenablement a la premiere actiō vne foys ex

4 hibée. Et pourtant, l’acteur ou demandeur qui par
inaduertāce & mesgarde, a en sa conclusiō demāde
plus que de raison, icelui pourra oster & soustraire
d’icelle conclusion, & paraiusi quasi corriger sa
premiere conclusion, iusques a la sentēce exclusiuement.
5 Mais si n’y pensant il a faict sa demande moin
dre qu’il ne deuoit, il doibt changer & corriger
vn tel

130 LA PRACTIQVE
vn tel erreur auant contestation en cause, & non apres
litiscontestation, combien qu’en icelle clausu
le il eust couche & mis (droict d’adiouster tousiours
sauue) sinon que l’aduēture cela, lui eust este octroier
par relief du prince, ou par consentement de partie:
esquels cas seulement il pourra en adioustant
muer & corriger sa conclusion. Mais auant litiscontestation,
6 il est a chascun licite sans distinction aucune
muer & corriger sa conclusion, & y adiouster, ou
en oster tout ce qu’il voudra, ou il voudra, ainsi qu’il
7 verra estre expedient. Quant au reste, tant apres litiscontestation
comme deuant: l’acteur pourra exposer
& donner a entendre sa conclusion plus apertement
& clairement, & ainsi l’exhiber au iuge. Et
n’est telle exposition ou declaration plus ample, pro
duire aucune chose de nouueau. Mais quant a la conclusion
de laquelle i’ay cideuant dict, il ne la peut en
aucune maniere changer, ne muer ou corriger la nature
de laction, si ce n’est qu’il se deporte de l’instance,
renonce aux actes, & paye les despens. Sil y auoit
erreur ou vice commis, en forme deue de la conclu
sion, de maniere qu’icelle forme se peust restituer &
corriger, sans aucune mutation ou changement de
l’action instituée, pour certain tel erreur de forme
de plaidoyer peut este restabli apres litiscontestation.
CHAPITRE CXI.
De accumuler Action.
Sommaires.
1 Est accumulée par adionction de choses compatibles.
2 L’action Ne s’accumule point par adionction de choses qui ne sont conformes a l’action
premiere.
3 Est accumulée, quand elle est telle que la sentence d’une chose ne iuge point l’autre.
1 IL aduient que bien souuent celui qui intente
quelque actiō, il trouue puis apres en icelle quel
ques choses estre obmises, & qualors il desire de
l’exhiber plus amplement & clairement, & quand
cela se faict, alors dict on laction estre accumulée:
Car accumuler quelque action est rendre la deman

2 de contenue en icelle plus ample, plus pleine, & aug
mentée par certaines adionctions compatibles &
perments a icelle actiō, & nō pas y adiouster choses
qui fussent contraires a ladicte premiere action. Car
toute telle cumulatiō est seulemēt admise es amplia
tiōs qui sont conformez compatibles & accordātes,
3 & non contraires & discordantes. En oultre, ceste
cumulation s’admet seulement es ampliations esquelles
les actions sont telles, que les sentences don
nées en l’un ne rendent la chose iugée en l’autre.
CHAPITRE CXII
De fonder ou former demande.
Sommaires.
1 L’acteur sonde quelque foys sa demande
En droict.
En faicts.
2 Troys manieres de droict
Diuin.
Naturel.
Ciuil:
3 Qu’est droict diuin?
4 Qu’est droict naturel?
5 Le droict diuin & naturel sont peu souuent alleguez en Practique.
6 L’oeuure se doibt accommoder a la reigle, & non la reigle a l’oeuure.
7 Qu’est droict ciuil?
8 Droict ciuil se diuise en deux
Escript.
&
Nonescript.
9 Qu’est droict escript?
10 Qu’est non escript?
11 Autres contrées requierent autres loix.
12 Coustumes sont allegations de faicts, & consistent en preuue.
13 Coustumes
&
Contracts
enfrignent
Les droicts escripts.
Les coustumes.

CIVILE. 131
POurtant qu’en tout iugement c’est au demandeur
a former deuement sa demande,
la fonder fermement, & ainsi formee l’exhiber
sagement, a cest cause doibt icelui acteur ou
demandeur soigner diligemment a ce qu’il forme
sa demande conuenablement, & l’establisse sur bō
1 & ferme fondement premier que l’exhiber. Et a fin
que ce se puisse mieux comprendre, & entēdre plus
clairement, il fault sçauoir que l’acteur, ou, demandeur
a coustume de fonder sa demande en deux sor
tes, a sçauoir. quelque foys en droict, & aussi quelque
2 foys en faicts. Or les droict dont nous parlons
sont de troys manieres, car les vns sont diuins, les
3 autres naturels, & les autres ciuils. Les droicts diuins
sont ceux, qui nous sont baillez & commandez
de Dieu sans moyen, a ce que la maieste diuine
soit dignement & reueremment par nous honoree
& reueree, & que nous obseruions en toute diligence
& soin sa diuine volonté, deuant & par sus
toutes autres constitutiōs & ordōnances, lesquelles
ne peuuent consister auecques le droict diuin, &
tels droicts nous enseignent mieux & plus certainement
que tous autres liures, sa saincte Bible, a sçauoir
les escrips de Prophetes & Apostres, desquels
n’est a home viuāt loisible se departir du trauers d’ū
doigt, pourautant que telles escriptures sont le seul
certain & ferme fondement, sur lequel il fault poser
& fonder nostre religion, & suiuāt la regle desquel
les, comme a une pierre de touche, nous deuons & a
bon droict rapporter & accommoder toute nostre
religion, noz meurs, & noz ordonnances, si nous ne
voulons aller a perdition, tellement que nous nous
rendions du tout conformes a icelles, & qu’elles ne
4 different en chose quelconque de ceste regle. Consequemment
les droicts de nature sont ceux que la
mesme nature a semé & espandu en nous, encores
que n’eussiōs aucune cognoissance de la maiesté diuine.
Ces droicts aucune cognoissance de la maiesté diuine.
Ces droicts nous dictēt & instruisent a ce que
rendions a chascū ce qui est sien, que nous façions a
autrui ce que voudrions nous estre faict, & que ne
façions a home viuant ce que voudrions ne nous
estre faict. Or sont tels droicts naturels procedez

de la nature, ou ( pour en parler plus veritablement)
de Dieu mesme qui est Autheur d’iceux, & par con
sequent du droict diuin, & nous sont naturellemēt
inspirez. De ces droicts ont bien amplemēt escript
ces anciens Philosophes, lesquels estans espris & en
luminez d’une diuine lumiere, combien qu’ils n’eussent
a plein cognoissance que c’est de Dieu, si est ce
toutes foys quils nous les ont recommāde, & com
mande obseruer & garder, tant pour le propre repos
d’esprit de chascun, comme aussi pour maintenir
la paix & tranquillité publique, finalement a fin
que par telle obseruance nous peussions plaire aux
Dieux immortels, (ainsi qu’ils parloyent) & qu’apres
ceste vie nous eussions la fruition & iouissance
du plaisir & vie qui est eternelle. Mais c’est assez
5 traicte de ce propos en passant. Quant au surplus,
il n’I a droictz diuins ni naturels (combien que ce
fust chose bonne & louable) que soyent sinon bien
peu souuent alleguez és plaidoyers & Practique,
mais tant seulement les droicts ciuils, ou bien diuins
& humains en tant qu’ils cōferent aux droicts
ciuils & les conferment, &, (comme les sçauans en
droict parlent) en tant qu’ils confortent lesdicts
6 droicts ciuils. Mais il ne me semble point qu’en ce
ils facent dignement ni pertinemment, accommodans
la regle a l’oeuure, & non loeuure a la regle.
Car on ne doibt appliquer la regle de la loy diuine,
on naturelle, aux droicts ciuils, combien qu’ils
soyent dicts naistre de la nature des choses, mais
bien au contraire. Car toutes loix humaines& ciui
les se doiuent appliquer & accommoder a la regle
de la loy diuine qui est trescertaine. Mais venōs aux
7 droicts ciuils. Doncques les droicts ciuils sont ceux
que les sages, droict – conseillans, les Philosophes &
Princes prudēts auecques leurs doctes Conseillers
ont sainctement establi & ordonné pour la tranquillité
& salut de leurs subiects, voire de toute la
8 Republique entierement. Et sont deux manieres
de tels droicts. Car les vns sont droicts escripts, &
9 les autres nō escripts. Les droicts escripts sont ceux
lesquels les Empereurs Romains auecques leurs
Docteurs, personages experts es droicts, & conseilliers
ont establiz & ordonnez estre obseruez& gardez,
tels que sont les droicts que Diocletian, Antoine
le debōnaire, Iustiniā, Theodose, Arcadius, nous
10 ont laisse par leurs escripts. Mais quant aux droicts

non escripts, ce sont statuts, ordōnances, Edicts publicz,
& coustumes receuez, qui sont par tout vsitez
& en chasque region, & establiz iouxte & suiuant
la commodité ou necessite d’icelles regions, Car tel
les constitutions ne sont point generalles, ains sont
attribuées a chascunnes regions en particulier pour
11 certaine cause. Car les vnes regions requierent certaines
cstitutions, & les autres autres, toutes diuer
ses, & ont priuileges qui ne conuiennēt a autres contrées,
12 ainsi quō peut voir en tous endroicts. Er pour
tant telles ordonances d’un pais, coustumes & manieres
vsitées sont allegations des faicts, qui ont besoin
13 de probations. En oultre, les susdictes coustumes
enfraignent les droicts escripts, & tout cōtract
enfreint la coustume du pais: Car la coustume est de
droict escript, mais elle ne se doibt estendre plus oultre
que ce don’t elle parle.
CHAPITRE CXIII.
D’exhiber lettres de tiltre, apres la
demande exhibée.
Sommaires.

132 LA PRACTIQVE.
1 Le Demandeur Est tenu d’exhiber incontinent.
2 Le Defendeur Priuilege, tiltre, lettres pretenses N’est tenu d’exhiber sinon au fiscq.
3 Le Demandeur n’est tenu exhiber les actes iudiciaux apres la demande.
4 Les actes sont communs a l’une & l’autre des Parties.
5 Le Demandeur doibt monstrer la copie des actes passez.
6 Il fault exhiber incontinent
Les Testaments.
Les Raisons esquelles quelque chose est pretendu.
7 Nulle des Parties est tenue exhiber les lettres de l’autre Partie lesquelles il pretend faire
sespreuues.
8 Les lettres se doiuent exhiber par les Parties quand on pretend fauseté.
SI l’Acteur en la forme de sa demande, preten
doit ou inseroit quelque priuilege, quelque ti
tre ou lettres de preuue, il sera tenu incontinent
exhiber ledict priuilege, tire & lettres auec
l’exploict tout au commencement du proces, ou a
la premiere assiette, car autrement le Defendeur ne
2 seroit tenu proceder en cause s’il ne vouloit. Mais
il en va autrement du defendeur, car combien qu’il
pretendist en sa defense aucun priuilege, tiltre ou
lettres, si est, ce qu’il n’est point tenu de les exhiber
s’il

CIVILE. 133
s’il ne veut. Toutes foys s’il auoit a besoigner auecques
le procureur du fiscq, a sçauoir auecques le pro
cureur General, & qu’il pretendist les tiltes susdicts
alors ledict Defendeur seroit toutalement tenu les
monstrer, si le procureur l’en requeroit. Mais tout ce
se faict selon le stile, comme ils dient. Er quant au
3 Demandeur, il n’est point tenu exhiber aucuns actes
iudiciaux, lesquels il eust pretēdu par ses escripts,
pourautant que tels actes sont communs a toutes
les deux Parties, de maniere que l’une & l’autre
4 Partie peut demander copie desdicts actes. Mais
si apres quelque assez bonne espace de temps, il y
auoit controuersie quant au passé, a sçauoir des retroactes,
5 qui auroyent par quelque temps este intermis &
suspenduz, alors doint le demandeur exhiber
6 lesdict actes passez. Semblablement, les testamens
se doiuent exhiber incontinent apres la demāde ou
libelle exhibé. Cōme aussi toutes raisons & cōptes
se doiuent incontinent exhiber, esquelles le demandeur
pretēd ou presume chose aucune. Aussi toutes
7 & quantes foys que lacteur voudra fonder son intention
par les lettres ou responses du Defendeur,
& au contraire. Quand le Defendeur voudra fonder
son exception, par & suiuant les lettres du Demandeur,
alors nulle des parties ne peut estre contrainte
a l’exhibition d’icelles lettres, si ce ne nestoit que le
8 Demandeur y pretendist quelque chose. Mais l’une
& lautre des parties pourront estre contraintes a
exhiber lesdictes lettres, si au negoce litigieux estoit
question de faulseté, & il fust tire en controuerse.
CHAPITRE CXIIII.
Des Delaiz en General.
Sommaires.
1 L’Acteur delibere long temps pour former sa demande.
2 Le Defendeur n’a pas incontinent a main, dequoy respondre a la demande du
Demandeur.
3 Le Defendeur demande delayz pour former sa response.
4 De delaiz les vns sont

Ordinaires, que les droicts ou ordonnances permettent.
les autres
5 Extraordinaires, que le Iuge concede suiuant son office.
6 Le Iuge ne doibt point legerement permettre delaiz Extraordinaires.
7 Combien de maux apporte auec soy vn prolongement de proces.
1 L’Acteur delibere bien souuēt vn long tēps
sur la petitiō qu’il a voulu exhiber par proces,
& en soymesme la confirme par diuer
ses probations, & alors faict a l’impourueu adiourner
le Defendeur, & bien souuent le trouble a l’im
pourueu, intentant proces contre lui, en baillant in
2 continent son libelle ou demande contre icelui. A
laquelle petition ou demande, pour autant que le
Defendeur n’a que respondre tout incontinēt & sur
le champ, soyt de bouche, ou par escript, pourtant
requiert il qu’incontinent lui soit donne copie de
ladicte demande, a ce que meurement il l’examine,
qu’il en consulte, & soit informé de ce qu’il y doibt
respondre, & pour faire cela par bon aduis, il a besoin
de quelque temps, & afin qu’il iouisse d’icelui,
il pourra apres la petition du demandeur exhibée,
requerir iour de delay, ce qu’ils nomment iour de
consultation, a fin que durant ledict delay il consulte
meurement a la demande de l’acteur ou demandeur,
& que sagement il puisse preparer sa response.
Et ne peut le Iuge denier au defendeur ledict de
4 lay. Or sont tels delaiz de deux manieres, car les vns
sont ordinaire, les autres extraordinaires. Les delaiz
ordinaires sont ceux que les droicts attribuent,
ou qui par stile, coustume, statuts ou ordonnances
sont donnez, lesquels communement nous appellons
delaiz peremptoires, par ce que le Iuge ne les
peut denier a l’une ou l’autre des parties, sans cause
qui soit notable, ce que i’adiouste en ce lieu, pourtant
que le Iuge pour certaine & vrgente cause peut
5 denier tour delay. Or quant aux delaiz extraordinaires,
ce sont ceux lesquels le Iuge par son office a
coustume bailler oultre les delaiz ordinaires, & ce
selon sa prudence propre, & pour cause a ce le mou
uant, & d’un coeur qui lui iuge que telle chose est
equitable, & lui conseille qu’il est conuenable qu’ain
6 si soit. Mais le Iuge ne doibt point legerement faire
largesse de tels delaiz. Pourtant que c’est son office
d’expedier tous proces le plus breuement, qui faire
se pourra, & oster tous retardemēs. A cause de quoy

il ne doibt permettre aucūs delaiz extraordinaires,
a raison des enormes domages & interests, qui le
plus souuent sourdent de ces delaiz indeux & retardemens
de Iustice, par lesquels l’une ou lautre
des parties tombe souuent en pouureté, & est contrainte
mendier, ou se mettre a mal faire, ou bien
languir & seicher de tristesse, & en fin mourir mise
rablement, perissans ses enfans en ordure & pouure
7 té, a fin que ie ne die pis. Et pourtant faudroit il
bien que les Iuges pensassent a tels maux & perils,
& les preuinssent, lesquels sont odieux tant a Dieu,
comme aux hommes, a fin qu’ils fissent deuoir d’auancer
legitimement la Iustice.
M CHAP.

134 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CXV.
Des Delaiz ordinaires auant Litiscontestation.
Sommaires.
1 De Delayz ordinaires les vns sont
Auant litiscontestation, sont
Citatoires.
Reuocatoires.
Deliberatoires.
Impeditoires.
Restitutoires.
Exoneratoires.
D’inspection de lieu.
Auant litiscontestation
Apres la sentence
desquels és chapitres suiuans. 116. 117.
2 Citatoire est par l’Huissier permis a la Partie adiournée, a sçauoir de 10. ou 14. iours.
3 Reuocatoire
Est permis par la Iuge, a cause d’un arrest iniuste.
Ou
Est permis par le Iuge, pour reuoquer les responses baillées.
4 Se baille au Defendeur, apres la demande du Demandeur exhibée.
5 Deliberatoire Se donne en France au Defendeur, a fin qu’il eslise, ou
Temps pour deliberer.
Temps d’inspection.
Temps de garder garand.
6 Est baille en Flandre au Defendeur
Pour deliberer.
ou
Consulter.
7 Impeditoire est consenty en Flandres pour reprendre les arrements.
8 Delay Consultatoire ne conuient en
Matiere de nouelleté.
ou
Entree de Court.
9 Restitutoire se donne
A ceux qui sont pillez 6. moys ou d’vn an.
pour appeller, scauoir
De 10. iours.
D’un an.

Maintenant de quatre ans.
10 De garād
En Flandre est permis au Defendeur en auoir troys.
A nul n’est permis appeller autre a garant. nisi & c.
A nul n’est permis en matiere
d’Exces.
ou
Nouelleté.
11 Inspection de lieu
Se donne en
Matiere
De seruitudes
Simple Saisine.
Choses priuées.
Ne se donne en
Action Vniuerselle.
&
Matiere de Nouelleté.
Nous auons dict au chapitre precedent, qui
sont proprement dicts Delaiz ordinaires,
maintenent vous auez ci la diuision.
Dōcq de Delaiz ordinaires, les vns sont auāt cōtesta
tiō en cause, les autres apres, & les autres apres la sen
1 tence. Delaiz ordinaires qui se demandent auant litiscontestation,
sont les Delaiz Citatoires, Reuocatoires,
Deliberatoires, Impeditoires, Restitutoires,
2 Liberatoires, ou de garand, & de veue de lieu. Delaiz
Citatoires sont ceux, lesquels les Huissiers con
sentēt a la Partie par eux adiournée, a ce qu’au iour
lors ordonne il se presente & compare. Tels delaiz
d’adiournemens se baillent selon les droicts seulement
pour dix iours, mais suiuant la coustume ordinaire,
3 ils s’estendent iusques a quatorze. Les Delaiz
Reuocatoires sont ceux qui par le Iuge sont
permis a ceux qui iniustement sont arrestez, retardez,
empeschez, ausquels le droict & le Iuge permettēt
retourner en leurs maisons. a An semblable,
les Delaiz Reuocatoires sont ceux, par lesquels l’une
ou l’autre des Parties desire reuoquer aucunes
siennes responses, lesquelles il a respondues & exhibées
par escript, sur les Depositions, Positions,
ou articles de sa Partie, Lesquels Delaiz sont cōmunemēt
de troys iours selon aucuns, b mais il aduiēnent
bien peu souuent & peu souuent sont permis.
Delaiz Deliberatoires sont ceux qu’on permet au

4 Deffendeur, a ce que meurement il delibere &
consulte de ce qu’il est faicte, s’il veut passer condemnation
ou cōtester en cause. Lesquels iours de delay
nous appellons aussi iours de consultations, lesquels
sont ordinairemēt du terme de vingtiours, c ou selō
5 le stile de quatorze iours. En France on vse de ceste
pratique ordinaire, qu’apres que le Defendeur a cognu
& perceu la demāde du Demandeur, il peur demāder
& eslire vn de ces delaiz, a sçauoir, tēps de deliberer,
temps pour voir, qu’ils appellēt veue de lieu,
En oultre

CIVILE. 153
en oultre, temps du delay pour prendre son garand.
Mais il conuiēt qu’alors le Defendeur obserue bien
ce point, cest qu’il demande ces delaiz selon l’ordre
deu & conuenable. Car s’il demandoit iour de garand,
alors il approueroit le Iuge, & ce faisant il perdroit
le droict de delay declinatoire. Mais telle practique
est en Flandre incognue, & aussi n’a lieu au.
Parlement de Malines, Si est ce toutesfoys que iadis
6 en Flandres apres la demande de l’acteur ouye,
ils distinguoyent deux especes de delaiz, l’une desquelles
contenoit temps daduis, & les autres temps
de consulter. Par lesquelles ils faisoyent ceste ordonnace,
que toutes foys & quantes que le defendeur
prenoit delay daduis, il prenoit quand & quād
puissance, par laquelle lui estoit loisible proposer tou
tes exceptions declinatoires & autres. Mais fil eust
premierement pris iours, ou delaiz pour consulter,
alors & en ce cas deuoit il incontinent contester en
7 cause, Mais ceux qui ont succede puis apres ont du
tout delaissé ceste distinction. Semblablement on
vse encore en Flandres d’un auttre delay, lequel ils
appellent delay d’empeschemens, a sçauoir toutes
& quātes foys foys que quelqu’un est adiourné pour
prendre arramens de proces, ou bien a les laisser. La
quelle forme de delay semble estre procedée du
stile de France. Toutes foys au Parlement de Malines
8 elle n’est cognue, ni en vsage. Au reste, quant
aux deliberations dont i’ay maintenant par le, ce
point est a noter, qu’en matiere de noueleté n’est
conuenable vn delay consultatoire pour deliberer.
Car vn chascun est acteur & demandeur en la premier
fondation & institution du proces. Toutesfoys
quand la partie demande delay pour consulter
il ne lui doibt en aucune maniere estre denié, pourtant
que tel delay doibt estre permis, autant au defendeur
comme au demandeur. Charles duc de
Bourgogne fit vne ordonnance qu’a aucun ne fust
permis delay consultatoire, quand la venue en court
cōtenoit en soy libelle, & que l’adiourné auoit prins
copie d’icelui. Mais telle ordonnance est puis apres
9 venue hors d’usage. Quant aux delaiz testitutoires,
ce sont les delaiz de six moys, ou encores d’un
an, & nō plus oultre, lesquels sont octroyez a ceux

qui ont este pillez ou despouillez, pour respondre
& obiecter au destrousseur ou robeur, quand ilz atten
tent demander le leur a celui qui les a despouillèz. d
Mais tel delay n’est pas beaucoup en vsage. Il y a en
oultre delaiz restitutoires, qui sont octroyez pour
appeller, & sont communement de dix iours, Ou
pour restablir aucun en son estat deu, ce que iadis se
soloit faire dedans l’an, mais au iourdhui dedans les
10 quatre ans, suiuant la nouelle practique. e Mais
quant aux delaiz exoneratoires ou de decharge, il
sen baille troys, pour sommer le garand, briefs, ou
longs a la discretion du Iuge, Mais quiconque est
adiourné ou appelle a garantir, on ne luy octroye
aucun delay pour en apeller vn autre a garand, si ce
n’est seulemēt en Flandres, en laquelle cōtrée on oc
troye delaiz. pour requerir & appeller autre garand,
& a fin que sur ce soyent les adiournemens faicts.
Mais en matiere d’excez, garand n’a aucun lieu, &
par consequent il n’i est requis aucū delay pour sur
iceux faire sommations. Il n’est semblablement requis
que delay soit demande en matiere de nouelleté,
quand le trouble est faict en son nom propre.
Mais quand le trouble est faict au nō dautrui, adonc
sommation de garand doibt auoir lieu, pourueu
11 qu’il n’i fust trouué aucun exces. Es actions reelles
de seruitudes, ou de simple saisine, on doibt du tout
permettre au Defendeur les delaiz de veue de lieu, si
la chose le requiert a discretion du Iuge, Mais ce delay
de veue de lieu, na lieu es actions qui sont vniuerselles,
a sçauoir, esquelles par action generalle, le
different & question est d’un chasteau auecques tou
tes ses apertenances. Semblablement le delay de
veue de lieu n’a aucun lieu en matiere de noueleté,
pourtant qu’en tel cas l’exploict se faict au lieu con
tentieux, ou le Defendeur pouoit auoir veue du lieu
s’il eust voulu. Toutesfoys ladicte veue de lieu, á
lieu, ou est question de choses priuées, auecques
leurs quatre coins, & entre deux.
a
c. fina. ext. de dila. & c. finali ext. de for. compet. &
c. 1. 5. q. 1.
b
l. 3. C. De erro. aduocato. fa. gloss. vltima in c. Praeterea
ext. de testib. cogend.
c
c. Oferatur 3. q. 3. & Autentica offeratur. C. de litiscontesta.
d
c. Eiectis 3. q. 2.
e
l. finali C. de tempo. in integ. restis.

CHAPITRE CXVI.
De delaiz ordinaires apres Litiscontestation.
Sommaires.
1 Delaiz apres litiscontestation seruent
A ce que ce qui est a faire & defendre, soit mis par escrips.
Pour exhiber les escriptures.
Pour rapporter les escriptures.
A ce que la requeste soyt formée & exhibée.
Pour preparer confutations & saluations.
A ce que tout se conclue en Iugement.
2 Vn seul Delay se donne pour mettre par escript ce qu’on veult agir ou defendre.
3 Pour rapporter les escriptures en Parlement est donne vn seul Delay.
4 Pour faire information sommaire, est donne vn seul Delay.
3 Pour faire enqueste touchant la maladie, n’est donne aucun Delay,
M 2 6 Pour

136 LA PRACTIQVE
6 Pour faire information ordinaire on donne troys Delaiz.
7 On donnoit iadis en Flandres sroys Delaiz a l’une & l’autre Partie & c.
8 Au Parlement de Malines on octroye les Delaiz ordinaires de six semaines seulement.
9 Si le Delay qui est permis pour faire information sur peine que droict sera faict est mise
a nonchaloir, elle conclud la cause eniugement.
10 Difference entre procuration de delay & octroy d’un noueau Delay.
11 Diuers Delaiz sont bien permis, mais que ce soit en diuerses causes.
12 Pour faire information sur contredicts ou confutations est donne vn seul Delay
peremptoire.
13 Pour iurer de
Calomnie, n’est donne aucun Delay.
D’affermer ses escriptures, n’est donné aucun Delay.
De verité, Delay est permis aux Parties.
1 Apres litiscontestation sont par le Iuge don
nez delaiz preparatoires, qui seruent a ce
que ce quon à a proposer & mettre en auant,
ou a defendre soit bien & conuenablement
couché par escript, que les mesmes escriptures soyēt
exhibées, & que les choses qui sont vne foys escrip
tes, si bon semble, soyent rapportées, que requestes
soyent formées, que les confutations & saluations
soyent exhibées, & que finalement le tout soyt
2 conclud en iugement. Mais pour deuement
coucher par escript ce qu’on doibt agir ou deffendre,
on baille sans plus vn seul delay ordinaire,
a sçauoir de quinzaine. Et si le Iuge admet
quelques autres, ou plusieurs delaiz, tels delaiz sont
extraordinaires, & pour cause raisonnable, ou bien
3 sont permis par le consentement de partie. Au grād
cōseil de Malines, quād par sentēce est enioint aux
parties, qu’a certain iour plus & certaine memoire
ils exhibent leurs responces par escript, & qu’ils les
ioignent aux autres, afin que le iuge puisse tant plus
tost donner son delay perēptoire, sur peine d’attendre
la sentence & prononciation d’icelle, adonc ledict
iour expire, le proces est tenu comme pour vui
de & conclud en cause, & se prononce la sentence
selon les escriptures qui auroyent este exhibées par
4 les parties d’une part & d’autre. Pareillement pour
sommairement faire information ou enqueste, ou
pour faire production sur quelque prouision, ou recreance,
on permet aussi vn seul delay, a la discretion

du Iuge, si ce n’estoyt que dauenture la recreance &
autres causes escheussent, qui esmeussent le Iuge a
5 octroyer plus de delayz. Au surplus, pour faire information
ou enqueste touchant maladie, nul delay
6 doibt estre permis. Mais pour faire information
ordinaire, le iuge de son office permet a la partie ce
requerant, le troysiesme ou quatriesme delay extraordinaire,
mais auecques cognoissance de cause, &
toutes foys & quantes qui elle y est, & aussi quand
celui qui produit iure qu’il ne demande point tel de
lay paraucune fraude, ou en intention de commettre
calomnie. Mais touchant ce quart delay extraordinaire
pour former & faire l’information, n’est,
quasi iamais permis. Toutes foys si celui qui produit
eust commencé a faire quelques production au pre
mier, second, ou troysiesme delay, & il fust tout no
toire, que pour certains empeschemens il eust este
retarde de produire plus oultre, en ce cas le Iuge per
mettroyt, au produisant ce quatriesme delay extraordinaire,
voire & encores vn autre dauantage, scauoir
est auec cognoissance des choses & de la cause,
a cause que preuue en Iugement est tousiours
7 fauorable. En Flandres l’usage de Practique portoit
iadis que pour faire & former requeste ordinaire,
on bailloit a chascune des Parties troys delaiz
prefix, chascun desquels estoit de cincq semaines.
Laquelle Practique on dict estre sortie de l’ordonnance
de Philippe Duc de Bourgoigne, l’an
1426. qui establit que toutes informations ou enquestes
ordinaires se fissent & accomplissent par le
Demādeur dans l’espace de six semaines pour tous
8 delaiz. Et semblablement par le Defendeur dedans
autres six semaines. Mais au Parlement de Malines,
les delaiz ordinaires sont de six semaines, tant
pour l’une que pour l’autre des Parties. Auquel
Parlement est aussi ordonné, que pour faire l’information
on enqueste, ne seroyent dōnez plus de
delaiz, ni autres, que les delaiz ordinaires, si ce ne’-stoit
que le procureur eust affermé par serment, que
la Partie deuant dicte, eusse faict & employe toute
diligence deue es premiers delaiz, & qu’a icelui n’a
tenu qu’il nait prepare toutes ses preuues es premiers
9 delaiz qui lui auroyent este octroyez. Mais
toutes foys & quantes qu’a l’une ou l’antre des parties
est permis delay & terme pour faire son information
ou enqueste, sur peine de dire & faire

droict, & icelle n’eust faict ni exhibe ladicte information
dedans le temps prefix & ordonné, alors tel
retardement de delay, n’a aucun autre effect, sinon
qu’il deboute la partie defaillante de passer plus oultre
a faire information ou enqueste, & le compelle
& contraint de conclurre es faicts principaux: de sor
te toutesfoys, que tel deffaillant pourra encores pro
duire lettres de confutations & tiltres, & exhiber
10 confutations ou contradictions de tesmoins. Et ne
fault ici estimer, que ce soit vne & mesme chose prolonger
vn delay, & consentir noueau delay, cōbien
que de prime face semble que ce soit tout vn. Car
differer ou tirer vn delay en longueur, c’est l’estēdre
en le continuant auant qu’il expire. Mais bailler vn
nouueau delay, est permettre vn autre delay apres
l’expiration du premier: Car ceste la requiert nouel
le continuation, & ceste antre vn nouel octroy &
concession. Et pourtant, combien qu’on ne deust a
aucun permettre noueau delay apres le premier expiré,
si est ce toutes foys que ce premier delay se peut
prolonger auāt qu’il soit expiré, lequel prolōgemēt
n’est point vn nouel octroy de delay, mais seulemēt
eslargissement du premier. Et pourtant apres que
le delay qui a este accordé, est vne foys expirê,
il ne se peut plus estendre, car ce qui vient a
n’estre plus, ne peut estre cōtinué ou prolongé.
11 Toutes foys le Iuge peut permettre le delay en vn
effect, & de rechef autre delay en autre effect, com
me quād le Iuge a octroye delay a l’une des Parties
en vne instance, scauoir est, pour faire ou exhiber
quelque information ou enqueste, icelui Iuge peut a
l’autre Partie octroyer vn delay pour former refutatiō
ou condictiō, lequel delay prēdra son cōmence-
mēt de la

CIVILE 137
de la fin de l’autre, ou biē il peut dōner a l’un & l’au
tre mesme delay a commencer l’un quand & l’autre.
12 Consequemment pour faire vne information
ou enqueste sur confutations ou contradictions esquelles
conuient faire quelque information, le Iuge
(pour ladicte information faire) permet & octroye
a la Partie ce requerant vn seul delay peremptoire a
sa discretion & non plus. A l’une ou l’autre des parties
ne se deura permettre delay pour iurer de calō
nie, ni pour affermer ses escritures par sermēt acoustumé.
Si est ce toutes foys qu’ō permet aux parties
vn delay pour faire sermēt de veritè, toutes & quan
tes foys que la preuue des causes est aportée a leur
serment, a scauoir a fin que premier qu’ils facent le
serment ils sexaminent bien & deuement, & qu’ils
aduisen bien a ce qu’ils ont a deposer, a fin qu’en
leur pensée & conscience ils soyent plus asseurez
de ne se pariurer.
CHAPITRE CXVII.
Des Delaiz ordinaires apres la Sentence.
Sommaires.
1 Iudicatoire, sçauoir est, de quatre moys.
2 Executoire, qui doibt estre assigné par le Iuge ou par l’executeur.
3 Appellatoire, pour consulter s’il conuient appeller ou non:
4 Des Delaiz, apres la sentence, l’un est d’Appellation prosecutoire, a sçauoir
De troys moys.
D’un an.
De deux ans
5 Reformatoire, sçauoir est d’un an.
6 Delaiz apres la sentence donnée son t arbitraires.
7 Causes de permettre Delaiz sont
Distance de lieux.
Qualité de personnes.
Qualité de temps.
Esgard de causes offertes.
1 ON donne aussi selon les loix Delaiz apres
que la sentence est prononcée, mais seulement

a celui qui est condamné, auquel est
lors permis vn seul Delay, communement dict Delay
iudicatoire, qui est de quatre moys, a ce que celui
qui est condanné, actuellement, & par effect satisfa
ce a la sentence qu’auroit este donnée contre lui, &
que toutalement il l’acomplisse. a Mais ce Delay
qui est permis en droict n’est pas beaucoup vsite en
Practique ni ordinairement, ni autremēt, si ce n’est
par ordonnance, consentement, & consciēce du Iuge,
2 ainsi que la cause se presente. Semblablement apres
la sentēce, on donne encores au Defendeur autre
Delay, qui est nomme Delay executoire, lequel
l’huissier permet le plus souuent audict Defendeur
ou bien quelque autre executeur pour satisfaire a la
sentence, dedans certain temps qui lui deura estre
assigné pat icelui executeur. Mais ce Delay depend
aussi de l’arbitre du Iuge ou Huissier, qui auront a
3 le permettre pour cause. Dauantage, on donne encores
apres la sentente autre Delay, qui est dict appellatoire,
& lequel est donné au defendeur pour
4 deliberer de faire appel, & est de dix iours b . Il y a
aussi le quart delay apres la sentence, & apres l’appellation
intentée, laquelle est appelleé sentence
prosecutoire d’appellatiō, asçauoir pour poursuiure
l’appellation cōmencée, & est ce delay le plus souuent
de troys moyes, & selon les droicts d’un an,
5 ou pour cause, de deux ans. Pareillement, on donne
encores aussi vn autre delay reformatoire apres
la sentence, qui principalement apertient a la reformation
de la sentence donnée, & est ce delay d’un
6 an suiuant le stile. Mais il est asçauoir en ce lieu, que
tous delaiz, qui ou suiuant le stile, ou suiuant les
statuts ordinaires, ou bien suiuant les droicts sont
permis apres la sentence soyent arbitraires, lesquels
toutes foys le Iuge ne peut expressement denier,
ains seulement moderer, & pour aucune cause prolonger
ainsi qu’il voudra, suiuant les occasions qui se
7 presenteront, & seront cognues, asçauoir a cause de
la distance des lieux, qualité des persones, disposition
des saisons & temps, & nature des autres causes
ainsi le conseillant. c Que si en baillant tels delaiz
il vse de moderation indue, on peut appeller de
lui, pourtant que c’est son office d’abreger, retrancher,
& rompre tous delaiz qu’il peut, & quand il
peut d .

a c. Quaerenti extra de offic. delega. c. Quod ad consultationem
extra de senten. & re iudic. l. Eos. & l. Sancimus
C. de vsur. rei iudica. l. Di debitori ff. de iudic.
b c. Anteriorum 2. q. 6. c. Cum dilectus, in fine extra de
elect. c. Significauerunt ext. de testib. & l. Eos in fine &
Autentica ibi posita C. de appellat.
c c. Si Episcopus 3. q. 2. c. Cum sit Romano ext. de appella.
& l Nonnunquam ff. de iudic.
d Ita d. Speculat. lib. 2. particu. 1. Rubrica. de Dilationib.
M 3 CHAP.

138 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CXVIII.
Des Delaiz extraordinaires.
Sommaires.
1 Delay extraordinaire est de deux manieres
Simple qui se donne simplement.
2 Peremptoire, qui
Se donne sur certaine peine.
ou qui
3 Forclost tout autre delay.
4 Durant le delay peremptoire, alors le delay se renouelle.
5 Si la Partie se meurt Le delay peremptoire expire, ce delay obtient son lieu.
6 Se donne seul en vn cas seulement.
7 Le second requiert que serment soit faict par l’impetrant.
8 Delay extraordinaire
Le troysiesme, quatriesme, requiert probations, non serment.
9 A cause de l’absence du Conseil, ou il est octroye.
10 Es cours des fiefs la cause est quelque foys reiettée ailleurs.
11 Se doibt demander a la bonne foy, que le serment doibt confirmer.
12 Tout delay Si la Partie est suspecte de calomnie, l’autre presse le Iuge de contraindre
l’autre Partie de iurer.
IL est a sçauoir en ce passage, que les delaiz extraordinaires
sōt de deux sortes, a sçauoir Simples
1 & Peremptoire. Delaiz extraordinaires
simples, sont ceux que le Iuge octroye simplement
2 & sans peine. Delaiz extraordinaires peremptoires
sont ceux, lesquels le Iuge permet auecques
adionctiō de quelque peine, a sçauoir, sur peine d’estre
debouté ou reiettè, ou biē sur peine que le iour
estant passé, il sera droict sur ce qui sera trouué en
3 court, ou sur autres peines semblables. Mais au
grand Conseil de Malines delay perēptoire est dict
le dernier delay, de maniere qu’apres icelui il n;en
fault plus attendre d’autre, Car toutes foys & quan
tes qu’icelle court octroye a la Partie vn delay extraordinaire
perēptoire, cela s’entēd que ledict delay
octroyé soit pour tous delaiz, a cause de ce terme
peremptoire, & qu’apres qu’un tel delay est passé, il
ne reste autre chose qu’a vuider le proces, & administrer

4 iustice. Au surplus, quand vn delay extraordinaire
peremptoire est donné & octroyé, & que
ce pendant la Partie vient a deceder, a sçauoir durāt
& pendant ledict delay, alors se renouelle l’appointement,
& s’estend iusques a autres iours peremptoires,
pourueu que les heritiers, ou ceux qui prennent
le proces en main le requierent. Mais si la Partie
5 trespasse apres l’expiration du delay peremptoire,
l’ordonance, decret, ou appointement du Iuge,
& sort son lieu, toutes foys auecques discretion du
6 Iuge. Par le droict ou coustume ordinaire, le Iuge
en vn cas ou faict, a coustume d’octroyer seulemēt
vn delay extraordinaire, & nō plus, voire auecques
deue cognoissance de cause. Car si pour autres causes
il donne plus de delaiz, il les faudra dire extraordinaires.
7 Mais en octroyant ces delaiz, il fault bien
noter ce point, que pour bailler le second delay, le
Iuge tire le serment de l’impetrant, & ne le prent
point au troisiesme & quatriesme delay, pour autāt
que tel serment se faict sur le droict qui compete a
8 celui qui iure. Mais en ces delaiz la Partie doibt prouer
ses faicts, & si elle est en defaut de ce faire, elle
est deboutée de ladicte preuue & du delay octroyé
9 Toutes foys au Conseil de Flandres, & semblablement
au grand Conseil de Malines, & autres cours
de Flandres, l’usage & la Practique porte que les
Parties demādent encores vn delay extraordinaire,
a cause de l’absence du Conseil, soustenans qu’il ne
ne leur peut estre vne foys refusé en cause, laquelle
practique nous tenons de la France, d’ou elle est
10 procedée. Mais es cours de fiefs les Preuosts postposent
quelque foys vne cause a l’autre, & apres
qu’ils ont baille vn ou deux delaiz extraordinaires,
ils reiettent icelle cause hors leur iurisdiction, ainsi
qu’il leur semblera estre expedient, & que la chose
11 semblera le requerir. Or conuiēt il en cest endroict
sçauoir, que tous delaiz se doiuent demander a la
bonne foy, & presume le Iuge bonne foy es parties,
quand les deux parties ont iuré de calomnie, cest a
dire, quand ils ont iuré qu’ils ont procede a la bonne
foy, & non en intention de calomnier & malignemēt
accuser l’un l’autre, qu’ils veulēt ainsi proceder,
qu’il ōt respōdu & respondrōt encores, duquel
sermēt de calōnie ōt ces vers este autre foys cōposes.
Illud iuretur, quod lis sibi iusta videtur

Et si quaeratur, & c.
Cest a dire
Quiconque veut sans felonnie
Faire serment de calomnie
Il iure tout premierement,
Que sa cause bien iustement
Et a droict luy semble intentée:
Au surplus qu’il n’a en pensée
Confesser rien que verité
Quand il en sera enquesté.
Que pour rendre sa cause bonne
Ne promeitra rien a personne:
Ce qui est saux ne prouera
Pour

CIVILE. 139
Pour verité, & ne querra
Delaiz, respis pour prolonger
Vn proces qu’on doibt abreger.
12 Et si tel serment de calomnie n’a point este deuement
faict & preste par les Parties: Ou bien si le Iu
ge doute que la Partie ne demāde ce delai par cautel
le ou calōnie, a sçauoir ou pour prolōger le proces,
ou pour harceler & trauailler sa Partie, & pricipalement
s’il donne souspeçon de calōnie, en ce qu’euidement
il alegue & conclue raisons qui tendent
euidemment a calomnie. Alors le Iuge peut, voire
doibt selon son office, compeller icelle Partie (au
moins s’elle y est presente) ou bien le procureur d’icelle
qui demande tel delay, suiuāt le stile de court
au iuremēt de calomnie, a sçauoir qu’il iure, que ce
qu’il demande, ou bien ce qu’il presuppose est iuste,
veritable, & sans fraude ou deception aucune, &
qu’en ceste cause il ne faict rien, il ne dict ou deman
de chose aucune, qu’il pense sentir aucune calomnie
ou malice. Voila quant a ceste matiere de delaiz: Et
si quelqu’un en veut sçauoir plus amplement lise. b
a c. Primo iuncta ibi gloss. in v. rbo calumnie iuramentum
extra de tura calum.
b D. Speculatorem libr. 2. particu. 1. Rubrica de dilationibus.
CHAPITRE CXIX.
Des Feries, ou Vacances.
Sommaires.
1 Les actions des hommes se doiuent attremper par repos.
2 La cause pourquoy Dieu apres les six iours se reposa, & ordonna le Sabbat.
3 D’ou sont dicts les Feries.
4 Feries des Ethniques & Payens anullez.
5 Pourquoy les Feries des Chrestiens ont este ordonnez.
6 Abus des Feries des Chrestiens.
7 Congratulations pour choses bonnes & ioyeuses octroyées de Dieu sont aussi
dictes Feries.
8 Vacances de plaids sont aussi dictes Feries.
9 Des Feries les vns sont
Solennels ou saincts
Generaux.
Particuliers.
Repentins ou subits , c’est a dire partie saincts & partie profanes.
Rustiques, qui sont dictes Vacances.
10 s’il est loysible estudier es tours de festes?

11 A sçauoir si les menestriers ne violent point les festes.
12 Qui sont dicts Feries soudains?
13 Feries soudains sont seulement commandez par le Prince.
14 Quand les festes subites sont
Sainctes?
Profanes?
15 Feries rustiques ne sont saincts, ni de l’Eglise, ains sont Vacances de
plaidoyer.
16 Sentence dorée de Iustinian, quant aux Feries rustiques ou Vacances
17 Inuectiue contre les vurez, qui ne veulent qu’en temps de moisson quelques
petites festes soyent Ciolées.
18 Saincts
19 Nul ne peut renoncer aux Feries Subits
20 Mais biens aux rustiques.
21 Vacances seruent pour

Laboureurs .
Conseillers.
Iuges.
Souldats.
Lecteurs.
Escoliers.
Et plusieurs autres.
22 Parlemens de Malines.
23 Vacances au Conseil de Flandres.
24 Parlement de Paris.
25 En temps de Vacances en quelles cause est requis faire iugement?
1 Nous voyons aduenir ordinairement qu’il n’i a cho
se en ce mōde qui soit stable, il n’i a rien qui soit per
pertuel, rien qui soit de longue durée, ains voyons
iournellement changementz consecutifs de toutes
choses. Comme aussi semblablement en faisant noz
besoignes & negoces, vn labeur continuel rend les
personnes lasches & debilles, si ce n’est qu’il soit de
foys a autre mitigué & Aduoci par vn repos alternatificar,
comme dict Ouide.
Chose qui est du doux repos priuée
A tour, languist & n’a point de durée.
M 4 Que

146 LA PRACTIQVE
Que plus est, le Seigneur Dieu en la creatiō du mon
de, apres qu’il eut paracheué ceste tresbelle fabrique
de l’vniuers, se reposa le septiesme Iour de tout oeu
ure, lequel iour il appella pourtant Sabbat, c’est a
dire Repos, lequel par apres il nous ordōna pour repos
de corps & esprit apres le trauail de six iours, &
pourtant voulut il qu’il nous fust sacre & sanctifie.
Premierement a fin qu’a ce sainct iour nous occupassiōs
noz esprits a contemplations diuines & lou
anges de la beneficence de Dieu, puis a fin d’exercer
a lendroict de nostre prochain les oeuures de
pitie & charité. Ce iour & autres que l’Eglise a puis
apres instituez ont este par les anciens appellez, feries,
lequel terme ie pēse estre procede & nous auoir
este laissé par les ceremonies des Etniques ou Payens
ou des Iuifs, & qu’il est descendu de ce mot ferio,
c’est a dire ferir ou frapper, pourtant que es iours
de festeils frappoyent & tuoyent les victimes lesquelles
ils offroyent aussi esdicts iours, ausquels on
n’administroit nulle iustice, ains seulement s’adonoyent
du tout aux sainctes ceremonies. Mais ces
4 festes de Gentils & Payens, comme estoyēt leur Sa
turnales, Baccauales, festes de Vulcan de Ceres
& c. la religion Chrestienne les a des long temps
abolies, & au lieu d’icelles a tressainctement substitue
premierement le Dimenche, au lieu du Sabbat
5 des Iuifs, & apres les festes des saincts, de la vierge
Marie mere de nostre Seigneur, des Apostres, Martirs,
Confesseur & vierges, a fin qu’en iours d’icelles
festes le peuple ne sadonast a vne paresse & nonchalance,
ains que plustost ils employassent le temps
a vacquer aux choses de deuotion, comme a ouir la
saincte predication, le seruice diuin, & s’il leur restoit
quelque temps, qu’ils lemployassent, a sainctes con
templations, a visiter les malades, a secourir les pouures,
consoler les affligez, & ayder leur prochain.
Cela seroit vrayement sanctifier le sabbat, & celebrer
les natiuitez des saincts, a scauoir chomer &
s’exempter de negoces fascheuses & molestes, &
6 du tout sadonner aux diuines. Et non pas ensuiure
la maniere de faire du commun, ou, ceux qui veulent
estre les plus sages, a grand peine donnent ils
vne heurette eu deux pour ouir le seuice diuin, &
la predication a tels iours de feste, & laissent passer
& perdre tout le reste du temps a oysiueté, badineries

a regarder & escouter basteleurs, ou a reciter &
escouter fables & contes sales & deshonestes. Toutes
foys ie ne veux point ici blasmer les honestes
exercices qui se font auecques discretion, rien ne
sentend d’impiete, & ausquels on s’adonne pour euiter
mal & oisiueté, ou pour honestement recreer
les esprits, Il en y a dautres qui ne prenent quasi la
peine d’aller iusques a l’Eglise, & auenant qu’ils se
trouuent aux predications, ou seruice qui se faict a
l’Eglise, pour vray il semble qu’ils soyent la comme
le cheual & la mulle qui n’ont aucune intelligence,
& que le tout ils oyent a contrecoeur, ils voyent
tout & y entendent peu ou rien Ainsi ils s’en retour

nent de l’Eglise, ainsi qu’ils y estoyent entrez en leur
maison, ou en vn cabaret (a fin que ie ne die pis.)
De beuuerie sensuit yurognerie, origine & gouffre
tresord & puant de tous autres maux, duquel regor
gent tant de paillardises, adulteres, tant d’estrifs &
dissentions, tant de debats, tant de blasphemes, tant
de rancunes & inimitiez, de maniere que telles festes
sont a semblables homes plustost a detriment,
que a leur salut, & leur vaudroit trop mieux ne fester
point, ou bien chomer de faire mal, & ce pendant
vaquer & eux tenir a leur labeur coustumier
& ordinaire, & par trauaux du corps dompter & du
tout supplanter ces aiguillons durs & rebelles de
volupté, mais cest assez de ce propos en passant. A
la semblance de telles festes, le Prince ordonne aucunes
7 foys quelques festes particulieres. Mesmement
telles & semblables festes sont receues & vsitées
en court de Iustice, lesquelles sont appellées
vacances, pourtant que les magistrats es iours de
Vacations ont coustume de chomer & estre vaquans
de negoces & proces, & de rendre droict &
iustice, si ce n’estoit qu’il y eust esgard & raison plus
grande & par trop necessaire, qui requist iustice
9 estre faicte & administrée. Pour plus ample cognoissance
de ce que dict, est a scauoir qu’il y a troys
manieres de festes, a scauoir, festes solemnelles, subi
tes, & rustiques, & qui par vne forme & vsage solennel
sont ordonnées & se doiuent celebrer en l’E
glise. a Et ne vault ladiournement qui est faict a
telles festes, ni le proces du iuge faict en iugement,
ni la sentence donnée a tels iours. Et encores de ces
festes les vnes sont generalles, a scauoir celles que
l’Eglise vniuerselle a ordonné estre celebrées par
toute Chrestienté, & sont: tous les iours de dimenche.
La feste de Pasque, de lascention, de Pente
coste, de la Natiuite nostre Seigneur, des Roys, &
d’aucuns saincts. b Il y a autres festes qui sont par
ticulieres, ascauoir d’aucuns saincts, lesquelles chascune
contrée ont particulierement ordonnez, & les
quelles presque chasque cite a prins a festoyer a la
gloire de Dieu, & de quelque bon sainct & patron
particulier & protecteur, desquels n’est pas vne mes
me & vniuerselle ordonance & constitution. Mais
10 il sen trouue qui en cest endroict mouuēt vne question,
a scauoir si es susdictes festes est aux estudians

& escoliers loisible de vaquer a leurs estudes, pourtant
que lors la feste est commandée a tous en gene
ral, laquelle sans necessité aucūne peut ni doibt, vio
ler. Mais pour esclaicir vn peu ceste questiō, dautant
qu’elle est friuolle, & qu’elle sert quasi, cōe riē aux cau
ses & practique des plaids, ie rēuoye le lecteur, a c Mais
ce pendant, (a fin que ie prononce ici ma sentence:
mon aduis est que les Docteurs & Escoliers peuuent
a telles festes vaquer a leurs estudes, qui touchent
& concernent l’utilite publique, mesmement
si pour cause d’iceux estudes ils n’obmettent le seruice
diuin, & que leur vacation a tels estudes ne soit
causée par auarice & conuoitise de gain. Auecq moi
s’accordent. d Mais puis que i’ay ici parle de cause

de gain, il se presente bien a propos vne autre question,
11 laquelle est bien digne destre meue, & mise en
auant, a scauoir, si les Ioueurs de Hautboys, menestriers,
Harpeurs, & autres semblables ioueurs qui le
plus souuent es iours de festes font leur mestier, es
Eglises, deuant les huis, es nopces, par les maisons, es
carrefours, non pour aucune deuotion, ains seulement
par vn desir de gangner, & pour entretenir les
folastreries d’autruy. Item, ascauoir si ceux ne
violent point les festes, qui aussi pour faire gain iou
ent farces, basteleries, passe passe, & semblables. Mais
ie recommande la solution de telles question aux
Lecteurs qui ne sont despourueuz de prudence &
iugement pour en donner leur aduis, pourtant quel
12 le n’apporte rien quant a la pratique ciuile. Au reste,
quant aux festes qui sont subites, ce sont festes qui ne sont

CIVILE 141
ne sont de l’institution & ordonnance de l’Eglise,
ains sont seulement de par l’Empereur, Roy, Prince
ou superieur, a cause de quelque affaire subit, ou bien
pour quelque ioye commune: Comme si cestoit
pour la naissance du fils de l’Empereur: Roy ou
Prince, ou bien pour celebrer le iour mesme de sa
natiuité, ou pourtant qu’il auroit prins femme en
mariage: ou pour quelque prospere & heureux
succes du Prince, ou pour vne victoire obtenue con
tre ses ennemis, ou si pour le coronement du Roy
13 on commendoit garder feste. Car le Prince seul a
pouoir d’ordonner telles festes, generalles & subites,
& pourtant s’elles estoyent instituées par ceux
qui sont inferieurs au Prince, elles ne meriteroyent
auoir nom de feste ni l’effect aussi. Or telles manieres
de festes, en tāt quelles sont establies & ordō
nées pour louer Dieu a cause du bon succes & prosperite
qu’il lui auroit plen enuoyer, elles sont dictes
sainctes, mais quant a ce qu’elles apertiennent a
assouir & amplifier la ioye commune du peuple,
& pour lui complaire par signes externes, & diuersitez
dappareils, quant a cela elles sont dictes prophanes.
Or elles sont dictes repentines ou subites, pourtant
qu’elles sont incertaines, & sont tout subit introduites.
Et quand elles escheent n’est loisible de
15 plaidoyer. e Mais quant aux festes rustiques, elles
ne sont proprement fetes ecclesiastiques ou sembla
bles a icelles, ains seulement cessations de faire &
administrer iustice, lesquelles nous appellons vacances
ou vacations, & principalement ont este con
cedées en faueur des bonnes gens ruraux, & champettres,
a ce que plus franchement & seurement ils
puissent trauailler a loger leurs grains & fruicts de
le terre. Telles vacations sont celles qui s’octroyent
au temps de moissons & vendenges. f Duquel
texte vrayement doré le contenu est tel. Toutes
16 foys que ceux qui sont aux champs entendent diligemment
a leur labeur & culture: par ce qu’il n’i a
pas autre iour plus propre pour semer, ou bien
pour planter la vigne, pourtant a ce qu’a l’occasion
d’un moinent & espace de temps ne perisse la como
dite donnée par prouision celeste. g Lequel Panorme
ci deuant alegue vne bonne similitude des ha
rencs, & a la fin adiouste la raison au mesme lieu.

Car la necessite qui est sans loy, est excusee & excep
tee d’obseruer telles festes. h En cest endroict peut
on mouoir vne question de la quelle Panorme faict
mention. I Ascauoir si les vacances des vendenges
& moissons ont lieu & cours ou on ne recueilleroit
vin, ni bled, ni grain, nombre. 24. lequel mesme vse
17 en cest endroit de distinction. A ce Parnome &
aux paroles susdictes du tresprudent Empereur ie
desire estre enuoyez vn tas de curez de mauuaise
grace, & qui sont par trop supersticieux & rigoreux
qui durant le temps de moisson, pour quelque petite

feste qui suruiendra, ne permettront aucunement
qu’a tel iour les pouures laboureurs secrent
leurs grains, & les mettent a couuert dedans la gran
ge, quelque beau & clair iour qu’il face, veu que pour
ceste dicte cause de cueillir les biens de la terre, &
les mettre a point, le trespudent Empereur a voulu
que les pouures laboureurs en droict peremptoirement
lors qu’ils sont occupez a leurs trauaux & labeurs.
Sils comparoissent, ils font sur eux des exactiōs
indignes et trop enormes. Et s’ils ne comparois
sent, ils sont mis en contumace, laquelle est bien sou
uent suiuie d’une excommunication. Et toutes
foys si on veult viser & pres a ceci, on trouuera que
celui viole moins la religion de feste, qui a tels iours
dompte par durs labeurs sa chair & appetit sensuel,
en se baignant & lauant de sueurs, estant cuit & brus
le du soleil, beuuant & mangeant fort sobrement,
que celui qui aux mesme iours de feste, faict au tem
ple monstre de a personne quelque petite heure,
regarde froidement le seruice diuin, & n’entend
rien de tout ce qui s’y faict, & ce pendant sa pensée
est vagabonde, combien que son corps soyt a la
messe, apres laquelle ils sadonnent du tout, ou a oisiueté,
ou a ieux, ou a beuuerie, a fin que ie ne die dauātage,
desquelles choses tels curez n’ōt aucun soin.
Et qui pis est, si tels villageoys se mettēt a iouer aux
boules, aux palets, aux quilles, en en intētion den tirer
du gain & proufit, s’ils samusent a detracter dautruy
deuant leurs huis, s’ils samusent a detracter dautruy
deuant leurs huis, s’ils entrent es tauernes a la foule
& dru comme iettons de mouches, sils boiuent a
tirelarigot, & qu’apres bien boire ils crient & hurlent
comme bestes enragées, la di-ie ils sont aueugles
ou muets, mais qui plus est leur font encores
bonne compagnie a vuider les pots, & se mestent
parmi eux a grerroiller, a dire & ouir plusieurs propos
mondains, sales, & deshonestes, voyla la religieuse
sainctete de tels pasteurs, quant aux bons ie n’i
touche. Il n’est pas commande que nous soyons oyseux
les iours de feste, ains que nous sanctifions &
portions reuerence au iour du sabbat. k Et pourtāt
nous voyons aussi quant aux choses sainctes, tels iu
gemens dhomes rebours & reuesches, desquels ie
pourroye escrire vn gros volume, si ie pensoye que
cela apportast autant de fruict, comme il me chargeroit

de trauail & enuie. Mais ie retourneray aux
festes rustiques, lesquelles sont aussi octroyées pour
le regard & en consideration desdicts Iuges, ascauoir,
a fin que les conseillers ou Iuges champestres,
ayent aussi temps pour faire & procurer leurs nego
ces particulieres. A ceste cause les parties peuuent
renoncer a telles vacances, pourtāt quelles sont prin
18 cipalement introduites en leur faueur. l Mais quant
aux festes solennelles & qui ont este saincts, ame n’i
peur renoncer. c Comme aussi personne ne peut
19 renoncer aux festes subites. Car comme telles festes

ne soyent annoncées & commandées en faueur des
parties, aussi ni peuuent les parties renoncer n Mais
20 quand aux feries rustiques ou publiques, on y peut
bien renoncer, comme nous venons de dire, & non
seulement expressement, mais aussi tacitement. o
21 Car lesdicts feries rustiques ne sont seulement intro
duits pour paisans, mais aussi pour tous autres en ge
neral. Pour souldats, pour docteurs & semblables. p
22 Mais au Parlement de Malines ils vsent de plusieurs
feries que nous appellons communement vacances
ou vacations, lesquelles ils ont instituées pour cause
de deuotion & de l’honeur de Dieu, & pour cele
brer la memoire du sainct temps, telles que sont les
festes de la veille de Pasques Flories apres midi, iusques
au lundi apres Quasi modo. Item les feries depuis
la veille de la Natiuite de Iesu christ apres midi,
iusques au lundi apres les Roys. En oultre, il y a vacances
le iour de Caresme prenant & le mercredi
des cendres. Dauantage il font & celebrēt les festes des

142 LA PRACTIQVE.
des quatre Docteurs de l’Eglise, a scauoir Sainct Ierosme,
Sainct Augustin, Sainct Ambroise &
Sainct Gregoire. Plus tous les Dimenches & festes
qui sont marques au Calendier. Ils gardent aussi tou
tes les vigiles de l’année, mais seulement apres midi.
Aussi obseruent ils les vacances rustiques, a cause de
la moisson qui est prochaine, & commencent du
quatorsiesme iour de Iuillet iusques au quattorzies
me d’Aoust. Et pour leurs negoces particulieres, ils
ont respit & relasche de quatre iours deuant la feste
Sainct Remi, a fin qu’ils acheptent leurs prouisions
23 pour l’hyuer. Mais quant au Conseil de Flandres, ils
ont aussi leurs feries & vacances tous les Samedis
& toutes les veilles de l’an apres midi. En oultre
tous les iours de Dimenches & festes indifferemment.
Item depuis la veille des Rameaux apres midi
iusques apres Quasi modo. Item depuis la veille
de Pentecoste, iusques au Sacrement. Dauantage
depuis Noel iusques aux Roys. Aussi ont ils ces lon
gues vacances du quattorziesme iour de Iuillet, ius
24 ques au quattorziesme iour d’Aoust. Au parlement
de Paris ils ont aussi plusieurs longues vacations,
25 desquelles nous ne dirons rien en cest endroict. Et
quant a ce que nous auons ci deuant dict, qu’on ne
faict aucune iustice durant lesdictes vacances, cela
se doibt entendre ordinairement: Car durant lesdictes
vacances il conuient neantmoins tousiours
faire droict en toutes causes qui requierent hastiueté,
comme des biens ou choses qui sont en danger
de perir, en causes d’iniure, & en homicides commis
& perpetrez dedans le temps desdictes vacances.
Item en causes de marchans estrangers qui voudroient
incontinēt se partir. Item en diccages de riuages
ou riues, ou a refaire & consolider quelque
chose, quelles soyent incontinent refaictes. Item en
toutes causes qui ont apparance d’un peril euident
& certain, & qui requiert vn prompt & certain remede.
Dauantage es causes des persones miserables
& pouures. En oultre es causes qui touchent la paix
& tranquilite publique. Puis en celles esquelles appellation
na point de lieu, Et mesmes en toutes cau
ses, esquelles on procede simplemēt, & sur le champ
& sans forme & ou sans aucun bruit de proces ou
Iugement. q
a c. vnico de religi. & venera sancto. lib. 6. l. Omnes, &

l. finali C. de feriis, de qui bus hactenus locuti sumus, quib.
partib. renunciare non licet. c. final. ext. de feriis.
b De quib. videre licet volumen Conciliorum, & distin.
3. per totum, l.omnes dies. C, eod. tit. de ferijs.
c . Abb. Panormita. c. primo extra eod. titu. de feriis, in verbo. Et haec faciunt.
d Gloss. Ang. & Raph. fulgo. in l. Ommes iudices & ibi
fere l. per omnes, C. de ferijs, & per Angel. & Alexand, in l.
penult. ff. eod. tit. de ferijs, & videte Azon. in summa de fe
riis & Raymund. in prooemio digestorune.
e l. Anullo indice, & ibi Bald. & Paul. de Castr. C. de
ferijs, & l. Sed & si. §. Si seriae ff. ex quib. causis maior. in
enteg. resti.

f l. Si feriatis ff. de arbit. l. qos prohibet pretor ff. de po
stul. l. Semper. §. conductores ff. de Iure municip. l. omnes
prope sin. C. de feri.
g vt l. 1. ff. de ferijs & l. Omnes Iudices §. Ruritamen
C. eod. tit.
h Abbas Panor. in c. licet tamen extra de ferijs nu. 6.
i c. Final. extr. de ferijs, quem videte.
k In c. conquestus extra de ferijs.
l Exod. 20.
m c. finali extra de ferijs.
n l. Omnes Iudices, cum ibi notatis C. de ferijs, & l. 1. ff.
eod. de ferijs, & c. final. extra eod. titu. de fer. cum similibus.
0 l. Omnes dies, prope finem C. de ferijs, & tenet d. Specu.
eod. titu. finali post principium.
[ l. 1 & l. si feriatis ff. de ferijs, & c. finali in fine & ibi
Panor. nu. 11. extra eod, tit.
q Vt Panor. in d. c. conquestus, nu. 25. exxtra de ferijs.
r l. Solet C. de ferijs.
CHAPITRE CXX.
De Defense & Litiscontestation.
Sommaires.
1 Qu’est litiscontestation?
2 Que faict litiscontestation?
3 Le Defendeur excepte de litiscontestation
Declinatoirement.
Delaitoirement.
Peremptoirement.
4 L’ordre des exceptions se doibt garder.
5 Qui respond a la demande de l’acteur dechet de ces exceptions.
6 L’aduocat du Defendeur qui est bien fonde decline de toutes exceptions.
7 Maniere & forme de litiscontestation.
8 L’aduocat du Defendeur doibt aduiser si
Les libelles se rapportent l’un a l’autre,
Si au libelle il y a quelque obscurité
Au libelle il y a rien d’ambigu.
9 L’office du Iuge quant a litiscontestation.
10 Formule pour contester en cause.
11 Pour contester en cause est requis
L’intention de contester.
&
Termes qui soyent propres a litiscontestation
15 Les

CIVILE. 143
13 Les persones de litiscontestation Persones pardeuant lesquelles &
Sont
La personne principalle
Le Procureur.
Le Tuteur.
La Sindicq.
Le Patron.
Le Iuge ordinaire
Arbitre.
Quand le temps est &
Apres le libelle exhibé
Auant qu’on iure de calomnie.
15 Sur exceptions de Dilatoires est requi serment de calomnie.
16 Litiscontestation n’est requise en causes qui sont breues.
Effects de litiscontestation sont, que
Le Iuge n’est recuse.
Action Personelle est perpetuée.
Elle interrompt Prescription.
Forclost exception Dilatoire.
N’est loisible reuoquer la commission du procureur.
Le procureur en peut substituer vn autre.
Le Delegué non par le Prince, peut commettre la cause a vn autre.
Le serment & probations sont receues.
Le chemin est retrenche a toute fraude, & sont les Parties soubmises au Iuge.
1 En premier lieu conuient ici scauoir quest
que litiscontestation . Or litiscontestation
est la narration du negoce principal faicte de
uant le Iuge competant, & vne seure response a icel
2 le. a Car toute litiscontestation opere cela, que les par
ries soyent soubmises au Iuge, comme ci apres sera
monstré, & que parties afferment deuant le Iuge,
que l’un en demandant, & l’autre en defendant
ils menent vne bonne & iuste cause, & qu’ils la veu
lent poursuiure iusques a vaincre ou succomber,
Par ou aduient qu’apres litiscontestation n’est a aucune
des parties licite abandonner & laisser le pro.
Et pourtant doibt on conseiller au Defendeur, que
s’il se deffie de sa cause, qu’il ne procede plus oultre
en iugement, & qu’il n’entre iusques en litiscontestation,
ains que plustost il la decline, & qu’il demande
legitime exceptions d’icelle, a ce que ce pen
dant il prenne bon & sage conseil, pour se garder de
mesprendre, & qu’il accorde auec sa partie si bonnement
3 faire le peut. Car auant que le Defendeur
conteste en cause, cest a dire, auant qu’il responde

au principal negoce deuant Iuge competant, il peut
propose, alleguer, & s’ayder de troys manieres d’exceptions,
a scauoir par exception declinatoire, dilatoire
& peremptoire, de maniere qu’il les peut demander
4 toutes l’une apres l’autre. Mais le Defendeur
les doibt proposer & demander selon le stile,
& chascune d’icelles selon son ordre, autrement il
perdroit facillement vne exception pour l’autre, s’il
ne les proposoit & demandoit sagement & auec
ques discretion & protestation. Car sil proposoit
d’entrée l’exception dilatoire, il perdroit la declinatoire.
Et si en premier lieu il proposoit la peremptoire,
il perdroit adonc l’une & l’autre, la declinatoi

5 re, & dilatoire. Mais si le defendeur ne proposoit exception
aucune, ains presumoit de respondre incon
tinent au libelle du Demādeur ou a sa demande, en
la confessant ou niant, en ce cas il contesteroit en
cause, & par ainsi il perdroit toutes les troys especes
d’exceptions susdictes, tellement qu’il n’en pourroit
vser, si ce nestoit qu’il protestast premierement
de sa response, comme nous auons ia dict, Mais s’il
aduient si bien au Defendeur, qu’il rencontre aduocat
qui soit prudent & caut, il ne fera proposition au
cune, & ne s’aydera point des exceptions susdictes.
6 Ains viendra incontinent a litiscontestation,
& respondra a la demande principalle, principallement,
quand il void clairement & cognoist que sa
partie a laquelleil sert, est bien fondée cause. Or
la maniere par laquelle on procede a litiscontestation
7 est constumierement telle. Quand donc le tēps
sera venu auquel conuiendra respondre a la principale
demande, ou libelle, le Iuge establit terme a la
loy, cest a dire il establit premier commencement a
la loy future, ce qu’il doibt tousiours faire, toutes &
quantes foys que les parties comparent deuant lui
pour plaidoyer, afin quil soit sceu sur quoy on doibt
8 proceder. Doncques l’aduocat de la cause, ou procureur
pour le demandeur se leue alors, & list le libelle
dudict demandeur. duquel il auroit premierement
baille copie au defendeur, & apres l’auoir leu, demā
de au Iuge qu’il contraigne le defendeur de respondre.
Mais il fault que le defendeur soit en cest endroict
prudent & sage, a scauoir en regardant diligemment
si la copie qui premierement lui a este deliuree,
saccorde auecques l’original du demandeur:
& apres qu’il aura diligemment collationne ladicte
copie, s’il trouue qu’il y ait de la difference, il la corrigera
incontinent, & la restituera cōforme a l’origi
nal. Mais s’il trouue qu’elle saccorde bien audict original,
il aduisera neatmoins s’elle cōtient quelque
ambiguité ou obscurité. Et auant qu’il responde a
icelle, face que le demandeur lui declare plus apertement
9 ce qu’il y a de doute ou obscurite. b Toutes
ces choses ainsi legitimement faictes & expediees,
le demandeur dict: Monsieur le Iuge, ie requier &
demande que commandiez que le Defendeur con
teste en cause, suiuant le libelle que i’ay presente. Et
alors le Iuge demāde a l’acteur, Demandez vous ain
si qu’il a este leu, & croyez vous que vostre demāde

soit iuste? Si le demandeur respond affirmatiuement
qu’ouy, alors le Iuge cōmande au defendeur qu’il cō
teste en cause auec le demandeur Et quād & quand
lui demāde, s’il croit les choses estre vrayes qui ont
este narrees au libelle & demāde. A quoy le defendeur
deura lors respondre en cōfessant, ou niant, ain
si que la cause ou la chose le requerra, & finalemēt cō
testera en cause soubz telles paroles ou semblables.
Contestant

144 LA PRACTIQVE
10 Contestant en ceste cause, ie ne croy point les choses
escriptes & narrées en ce libelle estre vrayes:
ou, le nie que ie soye tenu aux choses qui sont demandées
au libelle du Demandeur, ou bien dira en
ceste sorte. Ie nie ce qui est narré au libelle ainsi qu’il
y est couché, & di que les choses demandées ne se
doiuent faire ni octroyer. Et tout d’une main prote
stera s’il veut en ceste sorte: Sauf tous droict & defenses
qui me competent, & non oultre, sauf le benefice
11 de reconuention. c Mais il fault noter en cest
endroict, qu’en toute litiscontestation sont requis
deux points principaux, Premierement l’intention
& vouloir de contester & plaidoyer: laquelle voulonte
est certainement recueillie par les paroles qui
sont apposees pour contester en cause, a sçauoir que
les hommes qui sont acoustumez a ouir telles formules
de contester, y presument vne vraye contestation,
a sçauoir que les paroles expresses declarent
& demonstrent, ce qu’on oit soner exterieurement.
Et (comme on dict communement) que l’intētion
ne sert point aux paroles, ains les paroles a l’intention.
d Par ou aduiēt que si aucun proteste apertement,
que son dire & response ne sont en intention.
de contester en cause, & que neantmoins il
procede par apres plus oultre en sa respōse & narré,
on ne iuge point qu’il y ait litiscontestation, d’au
tant qu’il la denie par mots expres, ja soit que par
effect il monstre le contraire: car le Iuge faict cas de
ses paroles & non de ses faicts. e Et a vray dire la
protestation doibt operer quelque chose. f En second
lieus sont requis termes & paroles propres &
conuenables, par lesquelles se puisse facilement entendre
12 ou presumer litiscontestation. g Or les personnes
par lesquelles litiscontestation se faict, sont
personnes principalles, s’elles sont deuement qualifiées
pour comparoir en iugement, a sçauoir Procu
reurs legitimes de personnes principalles, Tuteurs,
13 & Curateurs, Sindiques ou Acteurs. h Et quant
aux persones pardeuant lesquelles se fait litiscontestation,
14 sont le Iuge ordinaire. i Item le Iuge arbitraire
ou arbitre. k Finalement le temps quand litis
contestation se doibt faire, est apres que le libelle
est exhibé & baillé, & apres les delaiz dōnez pour
deliberer. l Et pourtant aucuns estiment que litiscontestation

ne vaut, si premieremēt libelle n’a este
baillé, on bien remis du consentemēt des parties, ce
qui se doibt entēdre, si ce n’est que la coustume soit
au contraire. Car en plusieurs lieux par coustume
ne se baille nul libelle, & neantmoins est bien valable
ce qui se faict & traicte en iugement, tesmoin
le Speculateur au tiltre nagueres allegué. En oultre
le temps de contester en cause, est aussi auāt qu’on
iure de calomnie, ou de dire verité, & auant que po
15 sitions se facent. Et est que sur toutes exception di
latoires le serment de calomnie se doibt prester.
Toutes foys, si par nonchalance on auoit obmis la
litiscontestation, sera neantmoins le proces valable.
m Duquel lieu on recueille assez, que sur l’exceptiō
contestation en cause se doibt faire entre parties, &

16 iurer de calomnie. n Il conuient en oultre noter en
ce lieu, qu’en proces qui sont briefs, ne se faict aucu
ne litiscontestation. o Mais ici pourroit on deman
der, pourquoy és iugemens & proces on admet ceste
litiscontestation, & quelle efficace & effects elle
17 peut auoir. Pour a quoy respondre, ie di que pour
vray elle a plusieurs effects. Et en premier lieu apres
qu’on a vne foys conteste en cause, on ne peut plus
decliner Iuge. Secondement, que par icelle contestation,
l’action Personelle se continue & perpetue,
cest a dire, elle faict que ceste action s’estende iusques
a quarante ans, & que puis apres elle passe aux
heritiers. p Mais ce ne se doibt entendre quant a
l’action de dol, car ceste actiō ne se perpetue point
par litiscontestation. q Tiercement, elle interrompt
toute prescription r encores qu’elle eust este faicte
pardeuant arbitre. s Quartement apres contestation
en cause, nulle exception declinatoire se peut
obiecter. t En cinquiesme lieu, apres litiscontestation
ne se peut reuoquer la commission du procureur,
si ce n’est en certaines & dignes causes. v Pour
le sixiesme, apres icelle le Procureur & Tuteur, cōme
Seigneurs & maistres du proces, peuuent substituer
autres procureurs en leur place. x Septiesme
ment, apres icelle litiscontestation celui qui est dele
gue par autre que par le Prince commettre la cause
a vn autre. y En huitiesme lieu, on peut aussi iurer
apres litiscontestation, & sont les preuues receues,
ce qui ne se faict communement auant litiscontestation.
z Neufieuement, par icelle on ferme
le chemin a plusieurs maux, & est le Defendeur
soubmis a iugement, & s’oblige ad Demandeur.
a c. Vnico extra de litiscontesta. & c. dudum secundo. ex
tra. de elect. & l. Rem non nouam §. Patroni, in verbo propositam,
& contradictionem obiectam. C. de iudicijs.
b c. finali. extra de libel. oblat.
c De his videte, D. Speculatorem lib. 2. particula prima
de lit. contest.
d c. Humanae aures 22. q. 5
e Argu. l. Si mihi §. Interdum, & l. Si ita sit asscriptū.
ff. de legat.
f c. Cum M. Ferrariensis, & ibi gloss. in verbo. Sine preiudic.
extra de constitu. De quib. videte latius Speculatorem
d. titulo de litis contesta.
g c. Ist sufficiunt per d. c. humanae aures, extra de spon

sa, c. Tuae. eod. tit.
h l. Rem non nouam §. Patroni. C. de iudic. l. Procuratoribus
C. de procuratorib. & l. Neque ff. eod. titu. de procu
ratorib.
i c. dudum 2. ibi per petitionem, iure, id est, coram iudice
extra de elect. & c. vnico, ibi in iure, extra de lit. contestat.
k l. 1. ff. §. de except.
l c. Offeratur 3. q. 3.
m l. Iusiur andum & adpecunias §. Qui iusiurandum ff.
de iureiur and. & c. Prudentiam §. Sexto, in verbo ex consessione
extr. de ossicio delega.
n Videte glossam in d. verbo ex comsessione
o Vt patet per D. Speculatorem titulo supra citato.
p l. Saepe C. de praescript. 30. vel 40. annorum.

q l. Vltima C. de dolo.
r c. Potest 26. q. 3.
s l. Penult. C. de recept. arbit.
t c. Inter monasterium extra de senten. & re iudica.
v l. Post litem, & l. sequent. ff. de procura.
x l. Neque C. eodem.
y c. Cum Bertoldus, extra de senten. & re iudica.
z Extra vt lite non contestata per totum.
CHAPITRE

c.
CIVILE. 145
CHAPITRE CXXI
Des Protestations.
Sommaires.
Qu’est Protestation?
2 Des Protestations l’une est
Declaratoire.
Prohibitoire ou Inhibitoire.
Incitatoire.
Certificatoire.
3 Qui concerne & touche le seul protestans.
4 Des Protestations, l’une est Qui concerne le protestant & encores vn autre.
5 Qui eft contre la substance de la cause.
6 Exemple de Protestacion contre la substance De mariage.
7 De profession de religion.
8 A qui, quand, ou & comment Protestation se doibt faire.
9 Se doibt faire a la Partie presente, ou absente adiournée.
10 A sçauoir s’elle peut estre faicte a la maison de l’absent?
11 Protestatiō N’opere point plus oultre que les paroles qui ont este proferées.
12 Est valide és choses qui dependent d’un coeur libre & francq.
13 Celle ne vaut qui est coniointe auecques fraude.
14 La force & effect de protestation est, qu’elle garde le droict pour l’aduenir, &
15 Protestation ne garde point le droict qui est illicite & impossible.
16 Protestation n’est valable pour adiouster, diminuer, ou muer le libelle.
1 Protestation est vne expresse voulonte de de
mener entierement en son propos, paroles
premises a ces fins. Ou, protestation n’est autre
chose qu’un auant propos declarant le vouloir
2 qu’on a de faire quelque chose. a Or il y a de quatre
manieres de protestations, a sçauoir, Declinatoire,
qui declare la voulonte interieure par vn auāt
propos bien expres. La seconde est protestation
Prohibitoire ou Inhibitoire, par laquelle aucun
proteste que quelque chose ne se face. La trosiesme
est protestation Incitatoire, a sçauoir a ce que
quelque chose se face. La quatriesme est protesta
tion certificatoire, par la quelle l’on proteste qu’ilest
ainsi ou qu’il n’est ainsi. Dauantage, les protestations
se peuuent diuiser en vne autre maniere:
2 Car il y a aucunes protestations qui prouiennent
nuement & purement de la seule & nue voulonte
de celui qui proteste, & qui ne regardent nul autre
qu’icelui protestant. Comme si quelqu’un dict. Ie
proteste que quoy ie face ou die, ie ne pense iniurier
personne. Telles maniers de protestatiōs sont bon

nes, & seruent au proufit, & vtilite du protestant.
4 Il y a encores autres protestations qui conceruent
le protestant & les autres aussi, comme si quelqu’un
disoit. Te te diray cela, mais auecques protestation
que tu ne le reueleras plus oultre, & ne le diras a ho
5 me viuant. Telles protestatiōs n’operent point pour
celui qui proteste, si ce n’est que les autres consentent
en icelle, & promettent que sur certaine peine
ils ne le reuelerōt a nul home ou persone. Les troy
siesmes protestations sont quand aucun proteste
6 contre la substance de la cause. Comme si quelqu’un
disoit, Ie te pren pour femme, auecques protestation

que ie ne veux coucher auecques toy. Mais telles
protestations & semblables qui sont contre la substance
du mariage charnel, empeschent ledict maria
7 ge. b Ou si qu’elqu’un dict, Ie pren ceste ordre &
profession de sainct Françoys ou semblable, auecques
protestation que ie ne veux me trouuer a matines,
ne porter la besace dhuys en huis. Si telle
protestation en profession faisant ayde icelui protes
tant ou le releue, le Cardinal le declare. c Lesquels
passages le lecteur pourra voir par plaisir. Au reste,
8 qui est celui qui doiue ou puisse protester. En quelles
paroles, ou, quand, & a qui se doiue faire ceste pro
testation. Et pour abreger, quels est l’effect de ceste
protestation, tu le pourras cognoistre bien a plein. d
9 Mais pour toutes ces choses est a noter premierement,
que toute protestation deue doibt estre faicte
a la partie presente ou absente, qui par telle protestation
pourroit estre greuee ou offensee, moiennant
10 quelle auroit prealablement este adiournee. e Mais
on pourroit enquerir en cest endroict. Si la protesta
tion ne se peut faire a la persone, si en ce cas suffira a
11 son domicile, ou en presence de tesmoins? f En second
lieu est a noter, que la protestation n’opere
plus auant que les paroles prononcees en icelle le
12 permettent. g Pour le troysiesme point est a noter,
qu’es choses qui dependent d’une franchise & liber
te d’esprit, vault & opere beaucoup la protestatiō. h
Mais es choses qui dependent d’un esprit contrainct
par le droict ou par auctorite du Iuge, protestation
13 n’opere chose aucune. i Pour le quatriesme fault, no
14 ter qu’au protestant ne sert de rien sa fraude. k or
quant aux effects de protestation qui sont plusieurs,
desquels le premier est, quicelle protestation conser
ue le droict pour l’aduenir. l Mais il entend cela,
quand tel droict futur se peut de droict exercer par
icelui protestant, ascauoir quand il est tel qui consiste
en la puissance d’icelui protestāt. Car sil est impossible
d’exercer tel droict futur par icelui protestant,
& q’uil ne consiste en sa puissance alors telle protes
tation ne vaudroit & ne garderoit le droict aduenir.
15 Comme pour exemple, pour ce qu’il est certains
& de droict, illicite, ou impossible qu’un moyne ait
chose qui lui soit propre. m Et pourtant si aucun
deux se mettoit en vn cloistre ou monastre auecque
protestation qu’il aura sien propre, la question est si

telle protestation est de valeur? A laquelle question
est respondu, que non. n Semblablement, pourtant
qu’il est certain qu’apres litiscontestation, il est illicite
de droict ciuil & impossible, adiouster quelque
N chose

146 LA PRACTIQVE
chose au libelle, y diminuer ou changer, o pourtant,
si quelqu’un auoit exhibe son libelle, & eust
proteste qu’il fust loisible adiouster au mesme li
belle ce qu’il voudroit, diminuer & changer, iusques
a la sentence, telle protestation ne seroit de va
leur comme est porté & annoté. p Pour confer
mer icelle sentence sert ce que note Bartolle. q Et
quant aux autres effects de protestations, vous les
pourrez voir. r
a c. Consulti, extra de regula & transeun. ad religio.
& l. Si duo §. cum inquilimus ff. vti possidet.
b Cardinalis in Cle. Eos 5. q. de regularib. & in 6.
q. 28. distinct. c. Diaconi & Ioannes Andr. in c. finali extra
de condit. apposit.
c In d. Clemeutina. Eos 5. q. de regularib. & in q.
6. 28. distinct. c. Diaconi & Alexandr. in d. l. Non solum
§. Morte ff. de no. ope. . nunciat.
d Apud Bartol. in l. Non solum §. morte & per totam
legem §. de operi. no. nuncia. per Baldum in l. Pacta nouissima
per totum C. de pact. & per Doctores in c. Cumana
de elect. & in c. Cum M. Ferraiensis de constitut. &
omnino per Alexand. consilio 33. 2. parte.
e Io. Mo. in c. Generali de Regul. Iur. lib. 6. & ibi
Ioan. Andr. in no. Barto. in d. l. Non Solum §. Morte &
ibi per Alexand. 1. q. princip. vers. his praemissis, de operno.
nunciat. And. de Pisis, in l. Si quis in princip. ff. de legat. 3.
f De qua questione videte Bald. il l. 2. ff. de nau. foen.
g Bald. in l. At si quis §. plerique de relig. Ioan. And.
in c. Causa, extra de sentent. & re iudica. Inno. inc.
Cum M. Ferrariensis, in l. colum. in glossa sua in verbo
siue praeiudicio extra. de constitut. & Bartol. in d. §.
Morte.
h Teste D. Andr. Barbat . in addit. suis in Bald. in
c. 1. primo. Si de feu vas. ab aliquo interpel. fuer. & d.
defendere eum noluer. & allegat. l. 2. C. de repud. haered.
i Vt in l. Cum aliquis C. de iure deliber. & l. cum pro
panas C. de haeredib. instituen. & d. l. prima C. de repud.
haered.
k Teste D. Andra Barbat. in addit. suis ad Bald. si
de feu vas. ab aliquo interpel. fuer. & d. defendere eum
noluerit. C. in l. 2. C. de repud. haered.
l l. 4. §. Si in venditione ff. Quib. mod. pig. vel hypo.
solui. per Bartol. & Paul. de Cast. Consilio iij. c. v. inci.
In causa que vertitur vnde & c. D. Francisc. Mingnon in
suis commentarijs consuetudinum Ducatus Andegnauensis.

titu. des cas ou le Vassal. artic. cxcix. nu. 1. fo. cix.
m c. Cum monasterium extra de statu monacho.
n Vt notatur in l. Per seruum §. 1. & ibi est bonus text.
aed hoc ff. de vsu habita. l. cum precario ff. de precar. Pes
Docto. in c. Cum M. Ferrariensis extra de constitu.
o Iuxta. notata in l. Edita C. de eden.
p Inc. Inter dilectos extra de fid. instru in gloss. dicunt
quidam.
q in d. l. Edita. C. de eden.
r Apud Speculatorem titu. de Citattione §. Iam de citatione,
verb. literis, & Ioan. And. in Addit. in titu. de instru.

edit. §. Videndum restat, verb. Quib. si velis in addi.
Ego talis & c.
CHAPITRE CXXII.
Des Protestations seruantes es Iugemens.
Sommaires.
1 Protestations ēs Iugemens se font
quelques foys par
Le Demandeur.
Le Defendeur.
L’un & l’autre.
Les Aduocats ou Procureurs des Parties.
2 De l’acteur se faict es Possessoires.
3 En declinant du Iuge.
4 Protestation Du Defendeur ou
Es exceptions des saluations.
5 De l’un & l’autre, elle se faict pour domages & interests.
6 Elle se faict par Aduocats ou procureurs, quant a dicts ou escrits iniurieux.
7 Se doiuent faire auant l’acte celebré.
8 Protestations En tous actes se doiuent renoueler.
9 A scauoir, si ces protestations, auec licence, soubs correction, sauf vostre
honneur, & c. escufent l’iniure.
10 Si protestations de concubinage escusent de paillardise?
Nous auons au chapitre precedant traicte
des protestations en general. & maintenant
nous dirons d’icelles mesmes en par
ticulier, lesquelles on a coustume faire en iugemēt.
1 Ces protestatiōs se font doncques és Iugemēs quelques
foys par le Demandeur & quelques foys par le
Defendeur, & par foys par l’un & l’autre, a sçauoir,
par le Demandeur & Defendeur. Ou bien aussi
quelques foys par leurs procureurs ou Aduocats.
2 Et quant au Demandeur, ses protestations se font communement

CIVILE. 147
communement en matieres possessoires, a scauoir,
il predict ou propose deuant, que tout ce qu’il dira
ou alleguera quant au petitoire, il n’entend ses allegations
seruir sinon au Possessoire.
3 Et quant au Defendeur, il proteste pardeuant le
Iuge, quand voulant decliner icelui Iuge, il dict &
propose que par sa presence & comparition il n’entend
& ne veult que se dicte presence lui soit a
preiudice en sa declinatoire. Et est ainsi que telle
protestation contre le Iuge, exempte le protestant
de la iurisdiction d’icelui iuge. a Pareillement, le
Defendeur s’exempte ainsi du Iuge, ou bien
il sauue les exceptions faictes a rebours, quand il
proteste deuant le Iuge, que par ces exceptions
preposteres, ou qu’il a faictes & alleguées a l’enuers,
& non proposées par ordre conuenable, qu’il
ne veult & n’entend icelles porter preiudice a sa
4 cause. Ou bien quand le Defendeur proteste,
que par ce qu’il declare, respond, ou exprime. il
n’entend & ne veut que par cela soit conteste en
5 cause. Au reste tant le Demandeur que Defendeur
peuuent protester en iugements des dommages
& interest, quand l’affaire le requiert, ou qu’il sert
6 au propos de la cause. Et quand aux procureurs
ou Aduocats, ils font aussi protestation, quand
ils veulent dire ou escrire, ou bien intenter chose
sentante de liniure. Ou quand appertement ce qu’ils
dient ou escriuent est iniurieux, & toutes foys ils
protestent que par leurs dicts ou escrips, ils ne pretendent
faire a aucun iniure, ou le charger de blasme
& reproche, ains que seulement par leurs dicts
ou escripts, ils mettent peine de defendre & conseruer
le bon droicts de leurs Clients & Parties
7 Mais conuient noter en ce lieu, que toutes les protestations
susdictes doiuent estre faictes auant l’acte
celebré, ou auant les actes celebrez, sur lequel
ou sur lesquels est faicte la protestation. b Car apres
l’acte celebré, la protestation seroit du tout inualide.
Car nulle protestation ne regarde a ce
qui est passé, ains seulement au futur & aux actes
qui sensuiuent, & pourtant elle n’opere point son ef
fect és chose qui sont passees, ains seulement en
l’acte present, par lequel elles sont faictes & es autres
ensuiuans. c Et quant a la force & effect de
ceste protestation, par lequel effect le droict est a

quelqu’un conserué pour l’aduenir, & non pas
quant au passe, nous en auons ci dessus faict mention,
au chapitre cxxi, precedent des Protestations.
8 En second lieu est a noter, qu’en tous les
autres actes subsequens qui se font en iugement,
il est vtile de renoueller & repeter ladicte Protestation,
autrement elle n’auroit nulle operation, &
principalement celle protestation, par la quelle aucun
en protestant dict, qu’il ne consent pont au
Iuge, car ceste protestation se doibt renoueller en

tous actes de iugemens ensuiuans. d Mais ici
s’offrent deux questions ou demandes, qui ne sont
point hors d’usage, ni inutiles en ce temps, l’une des
quelles est, a sçauoir si ces protestations communes,
desquelles on vse communement, tant de bouche,
9 que par escript, a sçauoir, Sauf vostre honneur,
Sauf vostre grace, soubz correction, Ne vous
desplaise, Hors mis tout souspeçon d’iniure, Ne
pensez que i’aye ce dict par maniere ou en intention
de vous iniurier, & semblables, lesquelles
paroles estans bien pesees, & examinees contiennent
neantmoins vne iniure interieure (& sont
presque autant estimees, qu’un tu as menti,) & ia
soit qu’ils semblent par telles petites prefaces s’excuser
de faire iniures toutes foys ils picquent iusques
au vif. Et pourtant quant a’icelles protestations
la question est, a sçauoir, si telles manieres de
protestations, lesquelles ils annexent tant aux libel
les, comme exceptions, excusent & releuent, a ce
qu’aucun ne soit au moyen d’icelles subiect & oblige
a matiere d’iniures? Pour solution de laquel
le question, voyez, e auquel lieu il respond en affermant
& niant, a sçauoir qu’aucun est non obstant
telles protestations tenu d’iniures, & qu’aussi
il n’en est tenu. f Et toutes foys le Speculateur
entre autres met ici vne distinction & exception.
g Ou il dict, que si telles paroles ne sont dictes & pro
ferees auecques protestation, & qu’il ne les dict
point en intention d’iniurier, ains seulement pour
garder & conseruer son droict, tous lesdicts auant
propos doiuēt estre estimez iniurieux. Mais s’il pro
teste qu’il dict cela sans plus pour garder son droict,
& que garder son droict n’est point chose iniurieuse.
Adonc telle protestation excuse a bonne raison,
10 & opere beaucoup. h L’autre question est,
A sçauoir si la protestation par laquelle aucun proteste
qu’il entend tenir Macee pour sa concubine,
excuse celui qui la faict de paillardise? Et fault respondre,
que si telle protestation a precede legitime
ment, que lors elle excusera de paillardise. Car si
telle protestation ne precedoit, ce concubinage seroit
illicite, & feroit dict paillardise, mais cela s’entend
quant au for ciuil, & non pas quant au for de
la conscience ou telle protestation est nulle, ains ridicule.
Mais quant a l’excusation forense. i Ou

il dict chose conforme a ceste ci: C’est que le concubinage
semble estre licite de celui, & celle qui ne
sont aucunement liez, toutes foys la parole du protestant,
y doibt estre comme moyen: Par laquelle
il proteste qu’il la tient pour concubine, ce qu’il
faict aussi, & la tient en sa maison, à fin qu’il se puis
se mieux abstenir & contenir de paillardises, adulteres,
& autres pechez de luxure, comme font plusieurs
estudians es Vniuersitez, & homes qui sont
de nations estranges, a fin d’euiter plus grand mal.
Car si la susdicte protestation ni estoit, ou si en quel

que autre maniere n’approisset de mutuel consentement
en ce concubinage, soit aueques vierge ou
femme vefue, ils commettroyent ensemble paillardise. k
a l. Vnica & ibi Bartol. C. Si quacunque praedit. potesta.
b l. Si pecuniam §. Item. Si quis ff. de condic. caus. dat.
caus. non secut.
c l. final. & ibi Bald. nu. 2. C. de negot. gest.
d Teste Baldo in l. Pacte nouissima in 3. colom.nu.
8 infine verb. Item in iudicijs D. de Pact. & notant
Archidiac. in c. Diaconi 28. distinction. & per Ioannem
Mo. & Ioannem Andr. in c. Generali de regul. iur.
libr. 6.
e Bartholomeum Soc. in suis concilijs concilio 118. incipiente
visis. versicul. ad vtt1. respondetur in 1. parte.
f Vide etiam Bartolum in vulgata l. Si non conuitij C.
de intur.
g Tit. de aduocato. §. 4. incip. Iam nunc videndum
est, numeris 3. & 4. in verbo hoc tamen.
N2 h c. Lo

148 LA PRACTIQVE
h c. Lotharius 31. q. 2. c. Saluo 9. q. 3.c. Quis diligen
tia & c. Cumana extra de elect. c. Cum olim extra
de censib. & c. finali extra de appellat. Vide etiam Oldradum
de iniurijs, in suis consiljs consilio 53.
I Vide Bald. in l. Eam quam 11. colum. verb. Et nota
quod licitus. nu. 55. ad medium C. fidei com.
k Vt in Autentico de triente & semiss. §. Consideremus
in fine & l. Si quis viduam secundum Ordradum. ff. de
questionib.
CHAPITRE CXXIII.
De Decliner du Iuge.
Sommaires.
1 Qu’est

CIVILE. 149
1 Qui’est ce decliner du Iuge?
2 Declin, ou Declination se faict
De la part du Defendeur
s’il dict
Qu’il n’est soub la iurisdiction du Iuge.
Qu’il est clercq.
Qu’il est souldat, noble.
Seruant le Roy au camp.
Seruant a la guerre.
Qu’il escolier estudiant en Vniuersité.
3 De la part du Iuge. si le Defendeur dict
Que le Iuge est ennemi dudict Defendeur.
Qu’il est parent ou cousin du Demandeur.
Que le Iuge est homicide.
Qu’il est suspect de ne iuger selon equité.
Que le Iuge est infame.
4 Les exceptions de decliner, ne se doiuent prouer par paroles, ains par essect.
1 Declinatiō, est refus de comparoir pardeuāt
le Iuge, deuāt lequel on est cité. Or ceste de
clinatiō aduiēt en deux manieres. Premierement
de la part du Defendeur qui veult decliner,
comme quand aucun dict qu’il n’est soubz la iurisdiction
d’icelui Iuge, a sçauoir qu’il est ou clerc, ou clerc, ou
domestique du Prince, ou noble, ou home d’armes
2 ou cheualier qui s’exerce aux armes, & hante la
guerre, ou qu’il est escolier estudiant en quelque
vniuersité priuilegiée, ou bien qu’il allegué telles &
3 semblables causes de declination. En second lieu
declination se pretend de la part du Iuge: A sçauoir
si quelqu’un veult decliner du Iuge pourtant que
tel Iuge est ennemi capital du Defendeur, & qu’il
lui est suspect de ne iuger selon equité, au’il est home
de mauuaise vie, homicide, infame, ou marqué
de quelque autre note de malefice, pourquoy le
Defendeur craint lui commettre la cognoissance de
sa cause, laquelle sienne cause il desire transferer a
4 vn Iuge plus equitable. Mais ce n’est pas assez
qu’aucun pretende & allegue lesdictes exceptions
declinatoires par seules paroles, ains fault qu’incontinent
il prouue les causes d’icelles, & ce auant litiscontestation. a
a l. Ita demum & ibi Bartol. C. de procurat. & l. final.
C. de except. cum similib.

CHAPITRE CXIIII.
De demander Renuoy de causes.
Sommaires.
1 Renuoy
Que c’est
A qui on le doibt demander?
Pour quelle cause on le doibt demander?
2 En matiere de debtes compete tousiours a l’ordinaire.
3 Se donne a l’ordinaire si la partie n’auoit premierement este adiournée
pardeuant lui.
4 Renuoy En matiere vsuraire, il est garde pardeuant le premier Iuge.

5 En matiere de compromis, il se faict deuant arbitres.
6 Quand plusieurs Iuges le demandent, il se faict ou la partie comparoist.
7 Qui decline de son Iuge, doibt estre puni de contumace & despens.
8 Personel, n’est en vsage par toute Flandres, sinon en la Court principalle de
flandres.
9 Reel, se demande au Iuge, soub lequel le fond est assis.
10 Renuoy Il ne se donne pont a hommes laiz, qui se sont personellement
obligez atous Iuge.
11 Scauoir s’il est empesche par vne obligation generalle.
12 Il ne compette pont aux clercs, qui ne peuuent renoncer a eur for &
iurisdiction.
13 Serment illicite ne se doibt aucunement garder.
14 D’aucuns tant seulement, a tel droict peut on renoncer.
15 Droict introduit en saueur Du proufit public, a tel ne peut on renoncer.
16 Es matieres possessoires.
17 En matiere de fiefs.
18 En matieres de loages & princes a loage.
19 Clercs doiuent obeir au Iuge seculier En matieres de Sauuegardes & edicts de
Princes.
20 En droicts de villes Franches.
21 En edicts de Princes.
22 Quand le proces a ceste commencé auant qu’il fussent clercs.
23 Le proces se doibs reuoquer au premier lieu, ou il a este intenté.
N 3 Renuoy

150 LA PRACTIQVE.
25 Renuoy ou Rappel ne s’octroye point
A ceux qui
Sont subiects a la Chambre de Flandres.
Sont adiournez a la Chambre de Flandres.
Aux Officiers des Princes qui delinquent en leur office.
En causes priuilegiées qui sont
Crime de lese Maiesté.
Violement de Saufconduit.
Port d’armes defendues.
Assemblee illicite.
Coniuration.
Force faicte aux officiers de Iustice.
Erreur d’officier au faict de son office.
Rompure de Prison.
Et voyla quant aux crimes qualifiez
Enterinemens de Remissions.
Priuileges. Interpretations de graces.
Protection d’Ecclesiastiques.
Cas de nouelleté.
Causes de monoyes.
Amortissement de biens d’Eglise.
Condamnations par la sale du Prince.
Seigneuries & ordonnances du Prince.
27 Garaud, si ce n’estoit qu’aucun promist premierement ou refusast garandt.
28 Sedules qui encores ne sont confessees, ou du tout.
29 De vefues, principalement nobles, ni mesme deuant le Pape.
30 A Iuge suspect ou qui refuse de faire droict.
31 Feodales, quand au feudataire est deniée reception.
32 Remission ou Reuocation ne
s’octroye en matieres de Apres litispendance, ou que la cause est fixe.
33 Le contumax adiourné.
34 De guerre la guerre finie.
35 De mes faicts pardeuant le Iuge.
36 De Maintenue ou Complainte.
37 D’Edicts qui sont commis es Conseils de Gand ou Malines.
38 Requestes ciuiles que le Prince mande ou enuoye a ses Conseillers.
39 On donne renuoy a celui qui est adiourne pour asseurer au lieu, oi il se
presentoit en Iugement.
40 Come celui qui viole la seurete de court doibt estre puni.
41 Vn Clerc qui refuse seureté. est condamne a icelle par la court.
42 Le Iuge qui procede continuellement en la cause, combien que la Partie
demande estre renuoyée, doibt estre contraint
par prouision du Prince.
1 Remission ou renuoy se doibt en cest endroit
prendre passiuement, a scauoir par lequel la

cause est rēuoyée ou rappellée d’un Iuge a lau
tre. Parquoy il peut aussi biē estre dict rappel. Or tel
renuoy se demande quelque foys par la Partie, autre
fois parle Iuge mesme, & ce ou de la nature de la cau
se, ou par priuilege de court, ou bié par priuilege du
2 Iuge & de la partie, cōme apparoistra par ce qui s’en
suit, Doncques en matiere de debtes remissiō a tousiours
lieu vers le Iuge ordinaire. Car debtes ne peuuent
a aucun preoccuper ou oster sa Iurisdictiō ordi
naire, cōme aussi ne peut faire vne Sauuegarde. Tou
tessoys si aucun faisoit ou donnoit a vn aultre quelque

trouble ou empeschement, ou faisoit aucun grief ou
Iniure a vn qui seroit appellé par la court, ou adiourné
a y comparoistre en iugement: la court retient
a soy la cognoissance de tel empeschement,
grief, ou Iniure, non autrement qu’elle se reserue la
cognoissance des choses qui sont faictes contre la
3 Sauuegarde. Quant au reste: Si quelqu’un faisoit adiourner
vn autre iuridiquement a la Court au Con
seil, ou a la Chambre prouincialle de Flandre, lequel
laissant l’ordre deu & conuenable il n’auroit premie
rement faict adiourner pardeuant son Iuge ordinai
re, adonc la cause est par la court renuoyée a L’ordinaire.
Car ceste Court ne priue aucun Iuge de sa
premiere cognoissance, & de faire & administrer ius
tice, si ce n’est causes priuilegiées, lesquelles nous
venons de declarer, Touchant aux matieres dusures
4 le Iuge qui prent la premiere cognoissance desdictes
vsures, retient aussi a soy & reserue la premiere
iustice, & renuoy, par ce qu’en ceste cause preuētion
a lieu, tout ainsi comme elle a aussi lieu en toutes
autres causes, lesquelles nous tenons estre de iu
5 risdiction mixte. Mais quand les parties ont ensemble
promis de se soubmettre aux arbitres, & que
d’icelui compromis apparoist, ou par instrument,
ou par autre escriture, & lettre autentique, alors la
cause est renuoyée aux arbitres. Car telle submissions
des parties aux arbitres, oste & deliure les parties
6 de toute iurisdiction Mais quand il y a plusieurs
Iuges, chascun desquels demande renuoy, & dient
que cognoissance de cause leur cōpette, & ce pour
diuerses causes, alors la cause suiuant l’opinion d’au
cuns est renuoyée au lieu que la partie approue &
trouue bon, & on ellecconsent vouloir ester a droict
7 & comparoir. Et conuient en passant noter ce point
que celui qui decline la iurisdicton du Iuge competent
doibt estre puni comme contumax & condan
8 né es despens. Au demeurant,en nulles Cours de
Flandres ou Iustices, (excepte seulement au grand
Gōseil, vse on de ces renuoyz ou rappeaux d’autres
Iuges, principalement es actions personelles, snion
que tels magistrats requissent lesdits renuoiz pour
certaines

CIVILE. 151
certaines causes, & que l’adiourné approuast & ratifiast
telle cognoissance, & consentist a comparoir &
se representer en tel lieu, laquelle coustume semble
est procedée de France: Car en France nul qui soit
subiect a quelque iurisdiction impetre a la court du
Prince le Renuoy qu’il auroit demande, si ce n’est
que premierement le Iuge ou Magistrat soub lequel
il est iusticiable, le presentast au Roy, & qu’auec lui
5 il requist & impetrast du Roy ledict renuoy. Mais
es actiōs reeles on demāde & impetre rēuoy de son
iuge, soubz lequel, ou soubz la iurisdiction duquel
le chāp fond on la chose don’t est questiō, est située, ia
soit que le Seigneur dudict fond & heritage se parforc’ast
de reprouer, destourner, ou empescher ledict
10 renuoy Si quelques personnages laiz se fussent
personellement obligez a comparoir en iugement
pardeuant tout iuge, & en tous & quelconques con
sistoires, iustices, & pardeuant tous Iuges: en cas
ne seroit aucunement loisible a tels homes laiz decli
ner ni demander renuoy desdicts Iuges. Car a cause
de la susdicte obligation precedente, ils se sont
despouillez & priuez de tous droicts & priuileges
de decliner & demāder renuoy. Ce qui est a vn chas
cun permis, quand de son bon gre il le veut, & obtient
lieu, encores que ledict priuilege fust introduit
11 par soy. a Si est ce toutes foys qu’il s’en trouue qui
soustiennent opinion contraire a ceste ci, disans que
ladicte telle obligation generalle n’est valable pour
obliger aucun, & le retraire du droict de son ordinaire,
ou qu’aucun ne se peut tellement obliger, que
par aucune obligation generalle il oste & rauissee
a son iuge ordinaire la cognoissance de telle cause.
12 Mais cela soit dict quāt aux gens laiz. Car les clercs
ne peuuent en aucune maniere renoncer au priuile
ge de leur for & iurisdiction, ou ils sont iusticiables
ne se constituer vn iuge lay, mesme auecques le pro
pre serment & consentement de la Partie aduerse. b
Les paroles duquel §. ci allegué sont telles. Il appert
manifestement (il parle des Clercs) que non seu
lement contre leur gré, mais aussi de leur franc vou
loir, ils ne peuuent faire accord ou pactiō de se soub
mettre aux iugemens des Iuges seculiers, attendu
que ce n’est point vn benefice personel auquel on
puisse renoncer, ains a este publiquement octroye
a tout le college de l’Eglise, auquel paction aucune

d’home priue ne peult deroguer. Comme aussi
ne se peut loisiblement garder vn serment, lequel est
13 par paches illicites formé contre les statuts & ordo
nances des Canons. Et pour preuue de ce que dict
est peut on adiouster: ce qu’entre autres points touche
14 la glose. c Maus sur vne telle contrariete semble
qu’on doibt dire, qu’au droict qui seulement est introduit
en faueur de quelques personnes priuées, &
pour leur proufit & vtilité sans plus, qu’a tel droict

15 peut on facilement renoncer. Mais s’il y auoit quelque
droict introduit en faueur d’aucuns, & non
pour particulier profit d’un, ou de d’eux, ou de plus
grand nombre, ains pour l’utilité publique de tous
en general, &, en haine d’autres aduersaires, certainement
nul ne peult a tel droict renoncer. Et tel
est le droict, duquel nous faisons ci mention, & duquel
est aussi traicte. d Et appert manifestement
qu’il a este introduit, non tant en faueur des Clercs,
qu’en hainne des hommes laiz: Car ainsi que main
tenāt le monde se comporte, les hommes laiz sont
pour le plus contraires aux Clercs & Prestrise. e
Combiē que diroye en cest endroict que les clercs
ne doiuent estre assubiectiz aux iugemēs ou Iuges
seculiers, par ce que maintenant (combien qu’ainsi
ne fust en l’Eglise primitiue) ils sont subiects a autre
iurisdictiō & Iuge: Si est ce toutes foys qu’il y a plu
16 sieurs causes, & beaucoup de cas esquels les Clercs
sont encores subiects au Iuges seculiers, & esquels
leurs conuiēt respōdre pardeuāt le Iuge seculier, du
quel ne leur est en aucune maniere, loisible decliner
17 a sçauoir. Premieremēt és matieres possessoires qui
ne cōcernent les persones de clercs, ains seulement
18 leurs biēs. Item en matiere feodalle. Itē en matiere
19 de louage de maison, suiuant le stile de France. Les
clercs son semblablemēt tenuz respōdre pardeuāt
leur Prince ou pardeuāt son Conseil, des Sauf conduits
ou passeportz, de Sauueguarde, ou asseurance.
20 Item de port d’armes & autres telles causes priuilegiées.
21 Pareillement les clercs sont tenuz respondre
de droicts de villes franches ou priuilegiées. Des in
fractions des Edicts, ou ordonnances du Prince, les
quelles il publie pour la conseruation de sa iurisdic
tion seculiere, comme si par Edict publicq il eust
ordonné & publié, qu aucun ne tirast ses subiects en
premiere instance, ou les appellast en droict hors
son pais, ditiō, ou prouince, ou qu’aucun en sa dition
ou prouince mist les prouisions de la court Romaine
a execution, auant qu’il eust pour ce faire obtenu
ses lettres de placet, & autres semblables edicts.
22 Mais si vn proces ou plaidoyer estoit commencé
contre quelque home lay, lequel home lay puis apres
durant le proces) deuiendroict prestre, icelui ia
prestre ne pourra audict proces decliner court ou iu
ge, ains auroit ledict plaidoyer tousiour so progres.

& fineroit ou il àuroit este commencé. f Auquel lieu
allegué, Marcel lurisconsulte dict ainsi: Ou on a
vne foys pris iugement, la se doibt il finir. g Semblablement
23 si le proces auoit este commencé parde
uant les escheuins de Gand ou de Bruges, & que
le Demandeur ne voulust puis aptes poursuiure ledict
proces audict lien, ains le voulust la delaisser, &
le tirer deuant autre Iuge, & que la il essayast a le
commencer de noueau, alors les escheuins premiers
cognoissans la cause auroyent a demander vn
iuste renuoy, c’est a dire qu’a bon droict & equité
par vn renuoy rappelleroyent de rechef & retireroyent
a eux ce secōd & indu proces, a ce qu’ils cog
nussent dudict proces ia commence iusques a diffinitiue,
par ce quil auroit este encommence pardeuand

24 eux, comme i’ai nagueres dict I’ay au commencemēt
de ce chapitre touché des autres Cours
qui sont au dessubs du grand Conseil, ausquelles ne
compette le susdict renuoy. Car ceux qui sont subiects
ou sont soubz la Chambre de Flandres, & sōt
personellement adiournez a icelle, telles personnes
ne peuuent decliner iuge, ne demander renuoy de
la Court, de laquelle ils sont citoyens, si ce n’est en
causes de successions ou maison mortuaires, ou biē
es causes d’administrations de tutelles ou curatelles
de ceux qui sont citoyens, ou en cause semblables.
25 Et quant aux officiers des Princes qui sont adiournez
en matiere d’exces ou abuz de leurs offices, la
Court de Gand ne leur admet aucun renuoy.
26 Comme aussi en cas semblable, la mesme Court
n’admet renuoy aucun ès causes qui sont priuilegiées,
a scauoir, celles desquelles le Prince seulement
ou son Conseil, ordinairemēt, ou par preuention
a acoustume cognoistre. Et sont ces causes priuilegiées
entenduz crimes enormes & qualifiez,
N 4 lesquels

152 LA PRACTIQVE.
lesquels le Prince reserue a soy, cōme crime de lese
maieste, ou diuine ou humaine, crime d’heresie, crime
de violatiō de Sauuegarde, ou seureté, Port d’ar
mes defendues, Allées ou assemblées illicites, Cōiu
tatiōs, Pactiō de mettre quelqu’un a mort, faict sur
faict, force faicte a officiers qui sont occupez a exer
cer leur office. Itē force ou iniure faicte a Magistrats
ou officiers, qui tend ne scay quel mespris & contē
nement de la iustice. En oultre, le crime par lequel
officiers abusent de leur office & excedent la regle
de Iustice. Dauātage, tous rompemēs & effractions
de prisons, ou attentemens de les rompre. Plus les
Interinemens de toutes remissions, quelles qu’elles
soyent. Et Dauantage, les graces de quelques lettres
que ce soyent, ou interpretations de priuileges. Item
toutes protections & deffences tant d’Eglises,
comme de persones ecclesiastiques. Item cas de no
uellete, & ordonnances quāt au faict des monoyes.
Amortissement de biens ecclesiastiques. Condenna
tions faictes par la court du Prince, ou pardeuant la
quelle les mesmes contracts ont este faicts. Finalement
tous crimes contre les domaines & Seigneuries
ordinaires du Prince. Et par sus ce, tous crimes
contre les debtes actiues du Prince, ou credites pas
siues, ou en corruption de sa monoye, falsification
ou rognement d’icelle, & semblables crimes que
le Prince reserue a soy ou a son Conseil, ou les lui
27 commet. Au reste, celui qui est adiourné en matiere
de garand il ne peut decliner Iuge, ni demander
renuoy, ains doibt incontinent en termes clais dire
s’il veultl garentir, ou non, ou permettre estre mis
en contumace, ēcores qu’il fust clerc ou bourgeoys,
28 ou iouissāt de quelque autre priuilege. Iadis en Flan
dre on ne faisoit droict de renuoy de proces en ma
tiere de confession ou negation de cedulle, ou seing
manuel, auant que ladicte cedulle fust confessée ou
niée Et si adonc l’adiourne venoit a confesser sa cedulle
ou seing manuel, sauf, ses exceptions, alors la
cause estoit renuoyee a vn autre Iuge, a ce que la il
proposast & allegast ses exceptions. Mais aussi s’il
nioit son seing manuel, en ce cas, la mesme cause de
mouroit en la court susdicte pour y estre cognue,
car on entēdoict, qu’en tant qu’il nioit la, il cōtestoit
en cause. Mais au iour dhuy on y procede tout autrement.

Car on administre & faict on droict a chas
cun sur le renuoy, tant en cognoissant qu’en niant
29 la cedulle, Semblablement les Magistrats ne donnent
en aucun lieu renuoy es causes des vefues, &
principalemēt qui sont nobles, car telles vefues sont
priuilegiees de comparoir en iugement, ou pardeuant
le Prince, ou deuant son Cōseil, ou deuant l’or
dinaire, toutes foys & quantes quil leur plaira ou semblera bon.
Voire qui plus est, elles sont priuilegiees
de ne se presenter ou comparoir en iugement, ou de
uant le Pape, ou pardeuant l’Euesque, attendu qu’el
les sont soubz le iuge, seculier ou lay duquel elles

doiuent a bon droict obtenir iugement & iustice,
30 & non d’un iuge ecclesiastique. Consequemment
nulle cause ne doibt estre renuoyée pardeuant vn
Iuge suspect, ou a vn Iuge qui a refuse d’administrer
31 iustice. Comme pour exemple: Si le Seigneur d’un
fief premierement, & puis apres le Seigneur superieur
eussent tous deux refuse de receuoir vn Vassal
en son fief, & que neantmoins icelui Vassal Ieur
eust ce pendant presenté toute obeissance, tous homages
auecques les autres seruitudes & dependences
ausquelles vn tel fief est subiect, & qu’icelui vassal
fist sa complainte en ladicte Chambre d’un tel
refus, alors ladicte Chambre a requeste des deuant
dicts Seigneurs du fief, ne renuoyera ladicte cause,
ains sen reseruera a elle mesme la cognoissance, pour
autant que tel demandeur & requerant, a cause quil
est deboute & non encores inuesti, ne peut estre en
cores dict ni tenu leur vray vassal: mais si le vassal de
siroit & demandoit a son Seigneur qu’il fust receu
en son fief, & ce auant que les autres sopposassent
alencontre, en ce cas le Seigneur du fief auroit son
renuoy en sa court. pour rendre & faire droict &
iustice, sur toutes les querelles & difficultez a venir.
32 Quant au surplus, quand aucun propose & allegue
qu’il y a litispendence faicte, & il faict apparoittre
d’icelle, alors il aura son renuoy au Iuge, pardeuant
lequel est faicte & pend ladicte litispendence. Et
s’entend en practique que la litispendence pende la
ou demande est faicte, ou bien, ou la cause est fixe
& ferme ou liee par appellation ou reformation.
33 Subsequemment l’adiourne qui s’est vne foys laissé
mettre en contumace, ne peut demander aucun ren
uoy: Car par la premiere contumace il est forclos de
demander tout renuoy & deboute de la declinatoire.
Par cas semblable, on ne peut demander renuoy
quant il y a contestation en cause, ou quand on
a propose quelques exceptions dilatoires ou pe
remptoires, comme deuant a este dict, au chapitre
34 des exceptions. Es matieres de guerre, quand la
paix d’icelle guerre a este publiee & celebree, la cause
d’un qui auroit est souldat en icelle guerre, n’est
renuoyee au Mareschal de l’ost, si ce n’estoit que ladicte
cause eust est commencee, ou intentee pardeuant
lui durant ladicte guerre, car cessant ladicte
guerre, a bon droict cesse l’office & charge du mareschal.
35 Touchant aux delicts & malefices com

mis en presence du Iuge, on n’en donne point
renuoy, tout ainsi qu’on ne faict point renuoy,
de ceux qui ont porte faux tesmoignage, & leurs
36 semblables. Aussi quant aux Complaintes & Maintenues,
la chambre de Flandres n’I admet aucun ren
uoy, iasoit que icelles Complaintes ou Maintenues
concernassent benefices, decimes, ou autres causes
spirituelles, par ce que toutes matieres de saisine en
cas de nouelete, sont de faict, & n’apertiennent, ni
ne tombent, sinon en possessoire, auquel seul la
Court se reserue la cognoissance & decision. Et

quant au Petitoire, elle le laisse aux Parties, ou il
conuient & apertient, comme ici a este premierement
37 dict, Par consequent, quand le Prince
par ces edicts & mandemens commet aucune
cause a la Chambre de Flandres, ou au grand Conseil
de Malines, la mesme cause y demeurera en
vertu de Committimus, pourueu qu’icelui Committimus,
y soit bien & deuement inseré, & non suppose
38 faussement.
Pour le regard des causes ciuiles, lesquelles le Prince
cōmet ou adresse a la Chābre de Flādres, ou au grād
Cōseil de Malines, il ne s’y faict aussi aucun Rēuay
aux Iuges ou iusticiers inferieurs ou subalternes . Car

CIVILE 153
Car aussi quanta interiner ou debouter questes,
39 cela apertient seulement au Prince. Que si quelqu’un
estoit adiourné pour asseurer aucune personne,
& que sa Court desirast qu’il fust renuoye, en ce cas
ou ledict adiourne consent comparoir & estre repre
sente en iugement, son renuoy lui sera la baillé, &
non pas la seureté, car ceste seurete sera entre tant
decretee & ordonnee au demandeur par Court
tant que ledict adiourné ait donne au demander
la seureté qu’il lui auroit demandée pardeuant le Iuge
dudict demādeur, pour laquelle bailler la Court
40 ordonnera certain iour au Defendeur. Et si ce tēps
pendant & durant ledict proces l’adiourné estoit si
hardi & temeraire d’enfraindre & violer ladicte seu
reté: icelui adiourné, suiuant le iugement de plusieurs,
deuroit estre condanné a la mort & a confiscation
de tous ses biens. Toutes foys, ceux qui en
parlent & iugent plus humainement, ordonnent
que par sus la confiscation de ses biens, il soit puni
de peine arbitraire, en tant que le mesme Defendeur
nauroit lui mesme donne ladicte seurete, ains seulement
la Court l’auroit ordonnée, mais ceste raison
semble estre froide. Mais si vn clerc estoit adiourne,
& que par la Court lui fust demande donner
seurete a quelqu’un, alors si le clerc consent a ladicte
seurete demandee, elle sera par la Court sur le
mesme lieu decretee valable, ferme, & ratifiee. Mais
41 ou il seroit refusant de bailler la seurete demandee,
alors la Court ordonnera audict clerc refusant, &
lui assignera certain iour a ce qu’il baille ladicte seurete,
la face & declare au demandeur pardeuant le Iu
ge ordinaire d’icelui. Et en oultre lui defendra, que
ce pendant & durant ledict proces, il ne presume
42 d’attenter chose aucune, Mais si le demādeur auoit
excipe chose aucune contre le Iuge par declinatoire,
& eust demande renuoy, & que ce pendant ledict
Iuge neust rien prononce d’icelle exception declinatoire,
ains que plustost procedast continuellemēt
& tout de suitte au principal, alors l’acteur ou demandeur
de renuoy, pourra appeller de lui, quant a
ceste progression plus oultre en la matiere, ou bien
en quelque maniere impetrer bonne & deue prouision du Prince.
a l. Si quis in conscribendo C. de pact. iuncta ibi gloss. in
verbo dignitatis, & l. Si quis in scribendo C. de Epif. & cler.
& l. Si Iudex ff. de mino. 25. an. vt nonnulli dicunt.

Iuxta vulgatum c. Si diligenti §. final. extra de for,
competen.
c In d. c. Si diligenti in verbo Pacto priuatorum ibi.
d In d. c. Si diligenti §. Manifeste patet.
e Vt in c. Laicos & c. laici 2. q. 7. & tale est illud in c. Si
quis suadente. 117. q. 4. quia ei renunciare non potest. c.
Contingit, extra de senten.excommunica. Cum superioribus
etiam respondet Autentic. Statuimus C. de Episcop. &
cler. desumpta ex noua constitutione Frederi. Imperatoris,
de sta. & consue. §. Item statuimus vt nullus. colum. 10.

Consti. finali. & in Autentico. de sanct. Qpiscop. §. yconemos.
colum.9.
f Iuxta tritam ac breuem legem. Vbi acceptum ff. de Iudic.
que loco Marcell. I. C. sic ait.
g Et Facit text. in l. Neganda C. de his qui accusa. non
possunt, quae l. est Canonisata in c. Neganda, secūda 3. q. 11.
CHAPITRE CXXV.
Des Recuser Iuge.
Sommaires.
1 Pour decliner Iuge appertient
Exception.
Renuoy.
Recusation.
Appel.
2 Causes de Recusation Selon aucuns vne seule, sçauoir est, souspeçon.
3 Selon les autres il en y a deux &
Incompetence.
Souspeçon.
4 Causes d’incompetence
L’infamie.
Excommunication.
Periurement.
Homicide.
Vsure & c.
5 Causes de souspeçon
Pere, Frere.
Familier.
Ennemi.
Cohabitant, compaignon de table.
Patron & c.
6 Le Iuge qui a donne faulse sentence, est a iamais tenu suspect.
7 Pour recuser on allegué
Vne autre cause, sçauoir ou d’incompetence, ou de souspeçon.
ou
De deux tout ensemble.
8 A ce que la cause de suspition apparoisse plus clairement, on la doibt
premierement commettre aux arbitres poure examiner.
9 Pourquoy aduient peu souuent qu’en Flandre on recuse le Iuge?
10 Quand il y a troys ou quatre Escheuins qui sont suspects, ce qu’on doibt faire?
11 Exemple

154 LA PRACTIQVE
11 Exemple par lequel est demonstre, que 4. ou 5. conseillers suspects en vne
cause furent deboutez.
12 L’arbitre de droict, & non l’arbitrateur.
13 Recuser se peuuent L’assesseur, Commissaire, Adioint, Auditeur.
14 Vn simple Executeur ne se peut recuser.
15 Se doiuent proposer auant litiscontestation.
16 Causes de Recusatoires Se peuuent proposer apres litiscontestation.
17 Se doiuent proposer toutes ensemble, si ce n’estoit qu’il en vienne de nouelle
a cognoissance.
18 Selon de droict ciuil, ne se doiuent toutes exprimer.
Causes de souspeçons Mais
19 Selon le droict Canon elles se doiuent toutes expressement declarer.
Suspension de Iurisdiction.
20 Les fruits de Recusations sont deux, a sçauoir &
Cessation de procedure en cause.
1 Exception, Renuoy, & Recusation sont pres
que d’une mesme nature, & tendent a vne
mesme fin, ascauoir a decliner du Iuge. Voire
recusation & appellation sont entre elles assez
semblables, & sont comparees & esgallees en ce,
que tout ainsi qu’en l’appellation est requis qu’il y
ait cause raisonnable, semblablement & en recusation:
& tendēt aussi a decliner Iuge, tout ainsi que le rē
uoy & exceptiō. a Mais quāt aux deux, nous en auōs
traicte a suffisance. Maintenāt en ce lieu nous auōs
a deduire & declarer quelques point quand a la
matiere de recusation. Doncques Recusation de lu
risdiction ou audience, est vne declination proposee,
2 pour cause de souspecon. b Iay dict, pour cause
de souspecon, pour autant que plusieurs dient qu’il
n’i a qu’une seule cause de recusation, ascauoir sous
pecon, laquelle suspition sourd & a son origine de
plusieurs causes, aucunes desquelles note la glosse c
3 au chapitre second. Vt lite contesta. Toutesfoys il
en y a dautres qui declarent plus distinctement les
causes de recusations, disans que les causes de recusations
sont pour le plus souuent deux, a scauoir l’in
conpetence ou indignite du Iuge, & souspeçon apparent
d’icelui. Or pour recuser le Iuge d’incompetence,
le proposant peut dire & aleguer les vices du
Iuge qui sensuiuent, a scauoir qu’il est infame, qu’il
est excommunie, muet, sourd, aueugle, femme, serf,
periure, homicide, vsurier, mineur d’ans, pupille,
Iuis, heretique, & c. car tous hommes qui ont l’une
de ces marques sont Iuges incompetās, & indignes

de faire office de Iuge. Ou bien il dira que le Iuge
est spirituel, & la cause seculiere, ou au contraire
qu’elle peut estre reuoquée, ou bien que sa puissance
est ia expirée, ou que sa Iurisdiction ou puissance
ne s’extend iusques la, & autre causes de recusatiōs
semblables a celles ci, lesquelles il pourra inuenter.
4 Or les causes de souspeçon sont communement
celles ci, comme si quelqu’un dict, il est Pere ou Patron
de mon aduersaire, il est corrompu par mō aduersaire,
il ne me fauorise aucunement, il a quelque
foys proferé contre moy paroles de rancune, ou a
monstre indices de hainne contre moy, ou bien il
ma menassé. Item si ie di qu’icelui iuge ou son asses
seur est mon ennemi, ou fort familier a mon ennemi
& Partie, ou que ma Partie demeure auecques

lui en vne mesme maison, ou bien qu’il faict ses despēs
auecques lui, qu’il est son pere, ou son fils, son fre
re, ou cousin, ou affin, ou qu’il a quelque foys este Aduocat,
procureur ou tesmoin en la cause, ou biē que
ceste cause touche le mesme Iuge, ou bien qu’il a este
conseille & persuade par quelque home puissant
& riche de fauoriser plus a ma Partie, de maniere
que pour ces causes il craint que le Iuge ne soit induit
a proferer contre lui vne sentence iniuste, ou
bien dira qu’il est home outre cuide & temeraire, tenu
pour home sans raison, auquel le cōmun dict ni
auoir raison, equite, ni droicture, ou biē qu’il est par
trop testu & opiniastre, ou qu’il est trop hastif a bail
ler sentēce, ou qu’ē pronōçāt sa sentēce, il procede le
geremēt, & auecques vne deliberation volage ou legiere.
Itē qu’il est home qui a bien peu dexperience
des choses du monde, & mesme de la cause don’t est
questiō, qu’il vn assesseur qui m’est suspect & fami
lier de mō aduersaire, d Et pour abegier, tout ce qui
peut amasser & assembler pour la confutation &
se cōtredict d’un tesmoin, tout cela se peut aussi obiecter
pour la confutation d’un Iuge. Toutes foys
Hostiensis met. e Que tout Iuge peut estre recuse,
soit qu’il soit ordinaire ou delegue, ou soubdelegue,
5 ou auditeur, suiuant les canons. Mais en ce lieu est a
scauoir que combien que selon les droicts Canons
(comme nous auons ia dict) tous Iuges soyent recu
sables, & par consequent les Iuges ordinaires, deleguez
& soubdeleguez, & auditeurs, si est ce pourtant
que toutes causes qui seruent pour recuser le Iu
ge delegue ou soubdelegue, ne seruent pas a reprouer
le Iuge ordinaire. Mais la plus grande cause de
toutes est la suspition, pour laquelle quelqu’un peut
recuser le Iuge, C’est vne sentence iniustement & a
tort donnee: Car le Iuge qui a vne foys este trouue
auoir dōne faulse sentence, doibt a tout iamais estre
tenu suspect, & iugé en toutes autres causes indigne
& inhabile a Iuger autre foys. Quāt au surplus, pour
recuser le Iuge suffist alleguer vne des causes susdictes.
Ce neantmoins ou peut bien proposer deux des
dictes causes ensemble, scauoir est incompetence &
souspeçō tout quād & quand, & alors sera la recusation
plus forte & plus iuste: toutesfoys l’une d’icelle
suffist pour recuser le Iuge, Or a fin que plus certainement
soit cognu & appere de la suspition du Iuge,

& que temerairement & a la volle on n’imprime a
aucun note de souspeçon, de droict sont par les parties
gens de bien esleuz, qui sont appellez arbitres,
ausquels sont les causes de suspition commises pour
estre examinees, a scauoir selles sont dignes ou indig
nes, lequels apres qu’ils auront oui la partie recusan
te, & auront a plain cognu les causes alleguees: si par
la ils trouuent le Iuge ordinaire suspect, ils donnēt
assistance a la partie recusante dautre iuge non recu
se, sans aucune recusation ou renuoy. f En Flandres
bien peu souuent & a grande difficulte se recusent

les Iuges comme suspects, pourautant qu’en plusieurs
lieux de Flandres il y a de magnifiques & excel
lens colleges, Iustice & magistrat fort doctes & en
bon nombre. Lesquels colleges entiers, a cause des
bons & prudents conseils qu’ils ont malaisement
peuuent

CIVILE. 155
peuuent ils estre attaints d’aucune tache de souspeçon.
Et s’il y a quelques bancs inferieurs, ils rapportent
leurs conseils a ces colleges qui sont plus hauts.
10 Et toutes foys s’il y en auoit troys ou quatre des prin
cipaux du college ou conseil qui fussent suspects, le
Prince pourroit ordonner qu’ils procedassent oultre
au proces, a scauoir a former & instruire ledict
proces iusques a la sentence exclusiuemēt: & ce faict
& le proces instruit, commanderoit a ceux qui seroyent
suspects de se partir, & en leur lieu substitueroit
& ordonneroit autres gens de bien, & perso
nages doctes de son conseil, ou bien autres persones
non suspectes, qui auecques les autres non suspectes
verront le proces, l’examineront, iugeront,
11 & sur icelui donneront sentence. Et qu’ainsi se doiue
faire, il a este establi & ordonne par messieurs du
grand Conseil contre le greffier de Hollande, qui
eut pour suspects en sa cause quatre ou cinq seigneurs
conseillers du conseil de Hollande, & pourtant
requit & voulut que lesdicts suspects se leuassent,
se departissent, & se deportassent de plus vlterieure
cognoissance & determination de son proces
Mais il fust ordonne qu’iceux suspects y demeurassent
& assistassent a faire & parfournir la cause, iusques
au fournissement de tout le proces Et le proces
ainsi complet, fourni & euangelizé, alors le Prince
rebouta ceux qui estoyent suspects. & substitua
en leur lieu au Conseil pareil nombre d’autres conseillers
a ceux qui auoyēt este deboutez par souspeçon,
& que le greffier auoit eu suspects au college.
32 Mais quant a larbitre de droict, il peult bien estre re
cusé comme suspect. g Mais nō pas l’arbitrateur, car
on ne peut se departir de sa personne que premier
il n’ait arbitré. h Et sont meux par ceste raison, a sca
uoir que l’arbitre peut estre deboute comme suspect,
pourtant qu’il fault tousiours se tenir & arres
ter a la sentēce d’icelui arbitre, soit qu’elle soit iuste
ou iniuste, & pourtant de crainte de tomber en dan
ger & endurer vne sentence iniuste & cōtre droict.
ou par crainte de porter vne peine non meritee, vn
chascun peut a bon droict tenir tout arbitre pour
suspect i Et pourtant ce n’est sans raison qu’il doibt
estre tenu suspect & recuse semblablement auant la
sentence donnee, d’autant qu’apres qu’il a donne sa

sentence, il n’I a point de remede pour euader la peine
du compromis: Mais il est autrement quant a l’ar
bitrateur: il appert, pourtant que s’il blesse la partie,
on peut demander reduction a l’arbitre d’un home
de bien. k Et tout ainsi que les Iuges peuuent
13 estre recusez, aussi le peuuent estre les assesseurs des
dicts Iuges. Voire & les auditeurs, & les commissai
res & adioincts. l Mais on pourra ici demander
quand la recusation de cause & exceptions se
deuront proposer, & s’elles se deuront toutes proposer
15 & comment. Pour cognoissance de quoy esta
scauoir que toute exception de recusation de Iuge

se doibt regulierement proposer & alleguer auant
litiscontestation, ou contestation en cause, pourautant
qu’apres litiscontestatiō il n’I a lieu a recusation.
Et pourtant sera alleguer auant que le libelle ou demande
soict faicte & exhibee. l’ay dict regulierement.
16 Car exception de recusation se peut aussi pro
proser apres contestation en cause, quand l’incompe
tence ou souspçon du Iuge apparoist & se monstre
a la partie, ou bien qu’elle lui est venue a cognoissan
ce apres litiscontestation, combien encores que le
recusant iurast qu’icelle incompetence & suspition
lui eust este cognue & notoire passe long temps. n
Voire & qui plus est, ceste recusation se peult proposer
auant la confection & exhibition du libelle
17 ou demande. o Or se doiuent les causes de souspeçon
ou incompetence proposer toutes ensemble, &
non pas l’une au iourdhuy, & l’autre demain, si ce
n’estoit que dauenture il en fust venu autres de nou
18 ueau a la cognoissance du recusant. Item est a scauoir
que selon les droicts ciuils il n’est point necessaire,
que toutes les causes de souspeçons soyent par
le recusant exprimees, mais suffist que le recusant af
19 ferme par serment que le Iuge lui est suspect. Mais
au regard des droicts Canons ils veulent toutallement,
que toutes causes de suspitions soyent exprimees.
p Auecques le droict Canon consent la practi
que & stile de ces pais Bas, par lequel stile les causes
de souspeçon doiuent estre alleguees & couchees
par escript, & la question estre traictee & determinee
deuant le College, ou celui qui est suspect est as
sis & reside, en tant que le Iuge mesme le desire. q
20 Item en ce lieu peut on demander quel est l’effect
de recusation, A quoy il fault respōdre, que les deux
principaux effects de recusation sont.
En premier lieu, c’est qu’a raison qu’on propose
iuste cause de souspeçon contre le Iuge, la iurisdiction
d’icelui est a bon droict suspendue.
Le second est, que le Iuge apres la cause de suspi
tion
approuuée, ne doibt estant ainsi recusé la sursoir. r
a c. Super eo. extra de appellat.
b l. Apertissimi. C. de Iudic. c.c Quod suspecti 3. q. 3 &
c. Suspicionis extra de offic. delega.
c Incap. 2. vt lite contesta. in antiquis. & ibi Abbas in
verbo Subesse.

d c. Insiunante extr. de officio delegat.
c 18. Ponit de officio delegat. In §. Quae sint iusta
causae.
f c. Cum speciali extra de appellat. c. Suspicionis extra
de offic. & potesta. Iudic. delega. d. l. Apertissimi & l. Cum
specialis C. de iudic.
g Et ita omnes tenent per l. Non distinguemus §. Cum
quidam ff. de arbit.
h Per l. final . C. de contrahend. empt. & tenent com
muniter Canonistae in c. Quintauallis extra de iureiurand.
I Vt in l. Diem proferre §. stari ff. de arbit.
k d. c, Quintauallis & vt in l. Societatem §. Arbitrorum
ff. pro socio. De his latius meminit D. Baptista
a Sancto Blasio, in suo tractatu de abitre & arbitratore.

Quadragesimo Quaero numeris 78. & 79.
l l. finali C. de assessorib
m c. Nouit prope sinem, gloss. in verbo debuisset extra. de
appellat.
n c. Insinuante, extra de offic. & potesta. iudic.
o Vide latius Speculatorem titu. de recusa.
p c, Quando contra. extra de probat. & d. l. Apertissimi,
C. de Iudic.
q. d. c. Quoniam contra. extra de probat. & d. l. Apertissimi. D. de Iudic.
r c. Super eo. extra de appellat. Speculatorem vide latius
in titu. de Recusat.
CHAPITRE

156 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CXXVI.
Des exceptions Dilatoires & Temporelles.
Sommaires.
1 Qui sont les Exceptions Dilatoires?
2 Pourquoy & quand les exceptions Dilatoires vaquent & sont exemptes de
scrupule de conscience?
3 Exceptions Dilatoires ne conuient aux proces qui se sont sommairement.
4 Diuerses formes d’exceptions Dilatoires.
5 A l’exception Dilatoires apertient conge de Court auecques despens,
Nous auons ci dessus au chapitre.120. mis
troys especes d’exceptions ou declinations,
desquelles nous auons au chapitre.
123. expose la declinatoire. Et maintenant en ce lieu
nous mettrons peine de tellement quellement exposer
1 celle qui est dilatoire. Dōcques les exceptions
dilatoires & temporelles sont celles qui different la
cause, a scauoir celles que le defendeur propose ou
allegue apres l’exception declinatoire, pour retarder
2 or differer le proces. A Vn chascun dōcques pour
ra obiecter& proposer ces exceptions dilatoires en
saine & seure conscience, pourueu qu’il ne les propose
point par faulsete & en intention de calomnier
& abuser sa partie. Car aussi les susdictes exceptions
dilatoires ne sont iamais receues qui requierent
hastiuete, & ou le trop differer& attendre apporteroit
danger Aussi ne sont telles exceptions dilatoires
3 admises & receues es matieres. ou on procede
sommairement, simplement & sur le champ, esquel
les toutes choses se font auecques hastiueté. Mais
4 ces exceptions dilatoires tendent a faire differer &
prolonguer le proces, comme sont vouloir auoir co
pie, vouloir voir l’exploict, vouloir auoir procuration,
demander que le libelle & demande soit claire,
specification de iour, de lieu, de personne, de couleur,
de poids, longueur, de largeur, de nombre, &
semblables. Pareillement vouloir auoir copie d’instrumens,
lettres & tiltres ou priuileges, don’t le demandeur
faict mention & se vante en son libelle, lequel
il a exhibé, & autres semblables retardemens.
toutes lesquelles exceptions sont dilatoires & qui
suspendent le negoce principal, le retardent, & diffe
rent. Comme aussi retire a exception dilatoire,
quand le defendeur prenant fin de cōge de Court
& demandant despens impugne l’execution & ex

ploict du, sergēt, comme insuffisant, ou deffectueux,
ou quand il impugne le libelle du demandeur comme
5 obscur & plein de difficulte. Et est a scauoir ence
passage, que toutes exceptions sont dilatoires,
ou on prent fin de conge de Court, & on demande
despens, comme aussi sont toutes exceptions ou on
prent fin de non receuoir, ou quand on tend a fin de non receuoir.
a §. Appellantur institu. de except. c. Si quis Episcoporum
§. Exceptio. 3. q. 6. vbi bonam gloss. videre lices. in
verbo. Exceptio.
CHAPITRE CXXVII.
Exception contre l’Execution, ou Exploict,
& commission.
Sommaires.
1 On excipe contre commissions, a cause

De l’insuffisance de l’adiournement.
De l’indignité de l’executeur.
D’exces comis par l’executeur.
De copie de la commission deniée.
De la superannalité de la commission.
De Caution non acceptée, ou non exprimée.
D’adiournement non faict a soy.
De iour induement constitué.
2 Subreptions, ou obreptions.
3 Quelques ponts obmis ou non exprimez en la commission.
4 Exceptions contre la commission Impertinence ou impossibilite de commission.
5 Se font en allegant Que ce qui y est contenu est contraire au droict.
6 Que commission ne requiert consignation.
7 Que’l adiournement a este faict contre le stile & les droicts.
8 Exceptions Dilatoires contre la commission se doiuent proposer au
commencement, par ce qu’elles sont aussi peremptoires.
9 On excipe contre commission qui contiennent doubles cas.
10 On excipe en matiere d’arraments contre qui adiourne simplement.
Le

CIVILE. 157
1 Le Defendeur peult impugner l’exploict ou
execution en diuerses manieres. Premierement,
en prenant fin de conge de Court, &
demandant despens, c’est a scauoir, ou pour ladiour
uement qui nest suffisant, ou bien en disant que l’ex
ecuteur n’a point este suffisament qualifie pour faire
c’est exploict ou execution, cōme s’il n’estoit huissier
de court ou de la Chābre, ou bien que la cōmission
ne s’adressoit a lui, ou si on dict qu’il a excede
sa puissance, mandement ou commission, & qu’il
n’a suiui le stile & teneur de sa commission, ou qu’il a
refuse bailler coppie de son exploict ou execution,
ou que sa commission auroit este surannée, c’est a
scauoir quelle seroit plus vieille que d’un an. & pour
tant qu’elle seroit estaincte & non executable, ou
qu’il nauroit pris ou demande caution du reformāt
suiuant le stile, ou qu’il n’auroit declare ladicte caution
en son rapport, ou qu’il ne lui seroit apparu des
promesses faictes, semblablement que l’information
de ladicte cause ne lui a exhibee, ou que
l’adiournement n’a este faict a sa personne, ou a son
domicile, ou que le iour qui lui a este assigne n’est
competant, & ainsi de telles formes d’exceptions.
Aussi est il que telles exceptions dilatoires contre
l’exploict ou execution se doiuent proposer auant
les autres exceptions peremptoires pour anuller
2 l’instance. Il impugne pareillement la commission
& entrée de court, allegant subreption ou abreption
& contendant que telle commission doibt totallement
estre reuoquee. c’est a scauoir, disant que l’impetrant
se seroit teu, & auroit obmis inserer en sa
commission quelques points qu principalement
seruioyent a auoir cognoissance de chose, ou bien
pour ce qu’il faict adiourner pour cognoistre moins
3 que la verite ne porte, quoy qu’il deduise & cōprou
ue ce auecques bonnes, pregnātes & fortes raisons.
4 Il impugne aussi la commission par l’indignité, im
pertinence, ou impossibilite d’icelle, c’est a scauoir
quand il dict que les mandemens compris en la cōmission
sont inciuiles & enormes, & qu’il lui est
impossible de parfaire & accomplir ce qui est conte
nn en la commission, ou ce que l’executeur d’icelle
5 commande. Ou s’il dict que l’estat y inseré est contraire
6 a tout droict. Ou que la ne sert aucune consignation
7 ou nantissement. Ou que le premier adiournement

a este faict auecques intimation contre
tout stile, & contre tout droict, & que sa commission
n’est fondee en aucū droict. Or quant a tou
tes exceptions dilatoires qui sont contre la commission
de tous, elles se peuuent tresbien proposer au
commencement, par ce que telles exceptions sont
aussi peremptoires, & seruent pour entrée ou commencement
9 d’instance. Or s’il y auoit proces inten
té sur vn cas cōpris en la cōmission,& que la demāde
ou libelle lui fust offerte d’ū autre cas, adonc l’ad
iourné pourroit prendre conge de court & despēs, di
sant que iour ne lui auroit este assigne sur ce cas. En
10 matiere d’arraments, si quelqu’un estoit adiourne

simplement, sans commemoration de cause ou autre
chose, c’est a scauoir, en ne disant, ni exprimant
sur quoy ou pour quelle cause il adiourneroit: celui
qui seroit ainsi simplement adiourné pourroit pren
dre conge de court & despens, pourautant au’il deuroit
estre adiourne par specification auecques declaration
de la cause, c’est a scauoir pour prendre arraments,
ou les delaisser.
CHAPITRE CXXVIII.
De proposer Exceptions contre le Procureur
& procuration
Sommaires.
On excipe contre le Procureur disans
Qu’il est excommunié.
Qu’il est mineur de 25. ans.
Qu’il est femme.
Toutes soys la femme
peut procurer
En sa cause propre
En la cause de son pere par necessité.
En la cause de la tutelle de ses fils ou enfans.
En cause de la deliurance
De son pere.
Frere.
Fils.
Prochain.
En la cause de son fils condamné.
En quelles choses est la femme
Plus excellente, que les hommes?
Egallée aux hommes?
Inferieure aux hommes?
Qu’ils est moyne ou chanoyne.
Qu' il est Euesque, ou Prestre, ou a les ordres.
Qu’il est Medecin ou triacleur.
Qu’il est enrollé a la guerre.
Qu’il est Preuost au lieu ou se mene la cause.
Qu’il faict plus que ne porte sa procuration.
Que sa procuration est generalle, laquelle deuroit estre specialle.
Qu’il a excede les termes de sa commission.
O 18 Que

158 LA PRACTIQVE
18 Que sa procuration est reuocquée on finie.
19 Qu’il y a autre procureur establi.
20 Que se procuration ation contient que la condition de qui occupe est la
meilleure.
21 La Reuocation de procurer & apres litiscontestation.
A l’aduersaire
Au Iuge
22 Qu’il est faux procureur.
23 Qui est dict faux procureur.
24 Que son maistre n’auoit puissance de l’establir.
25 Qui est celui qui ne peut establir procureur.
26 Qu’il n’a assez asseuré la ratification.
27 Qu’il n’a iure selon la teneur de la constitution.
28 Qu’il est lay, & est la cause spirituelle.
29 Q’it a office de Iuistice en la mesme cause.
30 Qu’il est puissant, & pourtant a craindre.
31 On excipe contre le Procureur disant Qu’il est infame.
32 Qu’il n’entend point la cause.
33 Que pour l’importance de la cause la presence du maistre est requise.
34 Q’il est deiecte hurs de sa ville.
35 Qu’il est encores soubs la puissance de son pere
36 Qu’il est achepteur de proces.
37 Qu’il n’a point poursuiui la cause limitée en sa procuration.
38 Que son maistre pour suit lui mesme sa cause, qui est vn signe de Reuocation.
39 Que son maistre lui a defendu proceder.
40 Qu’il auroit resigné sa procuration.
41 Qui ne seroit point legitimement establi.
42 Quelle est la procuration. Legitime.
Illegitime.
43 Qu’il a este substitué auant litiscontestation.
44 Que pour cause des affaires publiques & de ses maladies, il ne peut vaquer a
la
cause.
45 Exceptions contre la procureur se peuuent proposer en tous temps.
Il aduient que bien souuent lon propose aussi
exceptions contre les procureurs mesmes pour
les causes qu’on trouue sur iceux, & pour lesquelles
ils sont suspects au Defendeur, ou pour la pro
curation qui leut a este donnee insuffisante & non
vraye . Le Defendeur dōques excipe & reiette quel
que foys le procureur mesme, & quelque foys sa
procuration ou insuffisante commission, & quelque
foys l’un & autre, & lors il demande & prent
conge de Court auecques despēs, cest ascauoir , a cau

se de sa fondation qui est insuffisante. Or les causes
d’exceptions contre les procureur sont communement
1 cestes. Premierement, quand le defendeur
2 dict que le procureur est excommunie. a Secondement,
que le procureur est mineur de vingt & cincq
3 ans. b Tiercement quelle est procuratrice & femme
qui ne peult exercer office de procureur, c’est a scauoir
office de procuration quant aux iugemens, cōbien
qu’elle puisse procurer pour ses negoces. c Et
qu’elle ne puisse procurer en Iugement, cela se prou
ue. d Lesquelles choses, combien qu’elles soyent ain
si, est ce toustefoys qu’il y a des cas esquels la procuratresse
est admise, comme nous auons dict ci dessus

4 au chapitre, De ceux ausquels n’est loisible estre pro
cureurs. Premierement, si la femme meine sa propre
5 cause, ou est establie pour son propre faict. e Secondement
si elle faict pour son pere estant en necessité.
6 f Tiercement es causes esquelles elle est &
7 se porte Tutrice de, ses enfan. g Quartement, quand
elle faict pour la deliurāce de son fils qui est en cap
tiuite, ou pour la deliurance de son pere, ou frere, ou
8 autre, qui lui est parent ou prochain. h Pour le cincquiesme
point. Elle peult estre procurateresse en la
cause de son fils qui est condanné par sentence, de la
quelle sentence elle peut appeller, & poursuiure tou
9 te la cause pour lui. i Voyez plus amplemēt le Specu
lateur au tiltre du procureur, qui met. 11. articles esquels
il proue que les femmes sont plus excellentes
que les hommes, & incontient met treize autres
cas, esquels il egalle les femmes aux hōmes, & quelles
sont de mesme condition auecques les hommes.
Et en fin recite. 37. cas esquels la femme est
inferieure a l’home, & de condition beaucoup pire
que n’est l’home. Mais ie craindroys bien que
s’il falloit que ce Speculateur venoit en dispute auec
ques quelque femme langagere, & qui eust la parole
biē a cōmādement, (telle qu’on en trouue assez) qu’il
ne fust cotraint quitter le ieu, & ceder a la facōde du
ne telle femme en plusieurs articles, & qu’il ne fust
contrainct se dedire, si peu endurent les femmes estre
en rien tenues inferieures aux hōmes, la dominatiō
desquelles, l’orgueil, la hautainete enuers le hōmes
auecques vne sorte magnanimite s’abaisse a biē grād
peine, ains sont tousiours bouillantes & pleines d’ar
deur en leurs appetits. Mais poursuiuōs quant aux
10 autres causes de refuter le procureur. En quatriesme
lieu, le Defendeur reiette le procureur de sa partie,
en disant qu’il est moyne, chanoine, regulier, ou autrement
prestre, & qu’il n’a point licence ou mandement
11 de son superieur. k En cinquiesme lieu
qu’il est Euesque, ou prestre seculier, ou bien
qu’il a les ordres mineures, qu’il est beneficié. l .
Car telles personnes Ecclesiastiques ne peuuent
aucunement procurer, principalement es causes
de gens laiz & en Court seculiere: Si ce n’est en certaines
causes seulement. Comme s’il leur conuenoit
postuler pour persōnes miserables, & ceux
qui leur seroyent conioints par parentage ou affinité.

CIVILE .159
affinité. Itē s’il leur failloit mener la cause pour leurs
12 Eglises. m En sixiesme lieu il dira: Qu’il est medecin,
trialeur, iōgleur, ou grād causeur & babillart , pour
tāt que telles gens promettent beaucoup plus qu’ils
ne tiennēt, /7 bien souuēt parleurs paroles fallacieu
ses & paraboles deceuātes abusent les simples gēs. n
13 Sepiesmement, qu’il est cheualier ou soldat. o En
14 huitieseme lieu, Qu’il est Preuots ou Bailli: Car nul
Preuost ou Bailli au lieu de son bailliage, ou il exerce
tel office, peut estre procureur, ou exercer aucun
office de procureur, pour autant qu’estre Bailli
& estre procureur sont choses & qualitez distinctes
& du tout contraires, & qui ne peuuent estre en
semble en mesme lieu & subiect. p Car tout ainsi
qu’un mesme home, ne peult estre en mesme cause
15 & moniteur & procureur. Pour le neufiesme point:
S’il dict que le Procureur dict ou faict plus qu’il n’a
16 en commission. Pour le dixiesme point, il impugne
ra sa procuration, c’est a scauoir en disant, que sa pro
curatiō est seulemēt generalle, laquelle neantmoins
deuroit estre specialle pour certaine cause, & principalemēt,
que la presente cause est telle, que du tout
elle requiert procuration specialle. Et pourtant dira
que combien que le procureur ait commission ou
mandement general, neatmoins ceste cause est tel
le, qu’il est necessaire qu’il y ait pour icelle mener &
plaider mandement special, ce qui aduient en. 24.
cas, pour lesquels voir, a cause de breuete, ie renuoye
17 le Lecteur ad Speculatorem titu. de procurat. Pour l’vn
ziesme, il dira que le procureur excede les fins & limites
de sa charge & cōmission, & qu’il dict & faict
aultre chose que ce qui lui a este encharge & commis.
18 q. Pour le douziesme: Que son mandement
ou procuration est finie, ou reuoquee auant le proces,
laquelle reuocation se peut aussi faire sans cognoissance
19 de cause. r . Et ainsi le procureur qui est reuoque,
a perdu l’efficace de sa procuratiō, & cesse des
tre plus procureur. s . Ou dira qu’apres lui vn autre
procureur auroit est constitue auant contestation
en cause, ou bien en disant ue combien
que cestui ci auroit vne foys este establi, toutes foys
vn autre auroit premierement occupe ceste cause.
20 Ou bien sil dict qu’en son instrument de procuration
est appose & insere que la condition de celui
21 qui occupe est la meilleure. t Mais il fault en ce lieu

noter ce point, que telle reuocation de procureur
doibt estre notoire, & paruenir a la cognoissance de
l’aduersaire, ou du Iuge: Car si cela ne se faisoit tous
les actes du procureur sont valables, & tout ce qui
par apres seroit par lui faict. Mais il en est autremēt,
si celle reuocation estoit paruenue aux oreilles de
l’aduersaire, ou du Iuge. Et ce la se doibt entendre
apres contestation en cause. v Car si ceste reuocation
auoit este faicte auant litiscontestation, il ne seroit
point necessaire qu’elle paruint a l’aduersaire, ou au

Iuge, veu qu’il suffist assez alors, quelle paruienne au
22 procureur. Ou encores il dira que le tel est faux procureur,
pourtant qu’il s’est entremis & meste de la
cause sans commission ou procuration: parquoy est
de nulle efficace & valeur tout ce que par lui est
faict. x Ainçoys tel faux procureur doibt estre
bien aigrement puni. y Or celui est dict faulx procureur
qui excede les termes & limites de sa charge
23 & mandement. z Ou qui iamais n’a este procureur
en icelle cause, ou s’il la vne foys este, si ne l’est
il plus maintenant. Or si les choses sont valables qui
24 par tels procureurs sont faictes, il est note aa Ou
bien dira que le maistre du procureur nauoit puissance
de le constituer, c’est a scauoir qu’il estoit excommunie.
bb Ou bien qu’il auoit perdu son bon
25 sens. cc Ou quil estoit infame dd Quil estoit priué
dentendement, ou prodigue, auquel ses biens estoyent
26 interdicts. ee Ou quil auroit este muet ou
sourd. ff Ou il dira encores qu’il n’a suffisamment
asseure la ratiffication, & quon est en doute de la cer
titude de sa commission. gg Et ce, soit quil entre
uienne auant contestation en cause. hh . Qu bien apres
27 contestation en cause. ii Ou dira quil n’a point
28 iure selon la teneur de fa constitution. kk Ou bien
il dira que le procureur est homme, lay & la cause
spirituelle, en laquelle tel procureur ne peut debattre
ni mener causes soy ni pour aultre, cest asca
29 uoir es choses lesquelles il ne peult posseder ll . Ou
il dira que le procureur a office de Iustice en la mesme
30 cause. mm Ou quil est puissant. nn Car la puissance
du procureur & grande ructorite qu’il peut auoir,
rend ordinairement le defendeur craintis &
31 souspeçonneux. Ou il alleguera (comme nous venons
de dire) que tel procureur est infame. oo ET
combien qu’il semble que le §. final. institut. de exceptionibus,
die le centraire, toutesfoys cela ne contrarie
point a ceci, par ce qu’ence. §. la il parle de la
legere ou petite infamie, & au chapitre Infamis il par
32 le de la grande infamie. Ou bien il dira encores qu’il
nentend point la cause, & qu’il en est du tout ignorant.
pp Car on doibt tousiours establir vn procureur
tel, qu’ul entende toute la cause du proces, qu’il
l’ait en memoire, & qu’en estāt interrogue il respon
de sur le champ pertinemment & facilement, de ma
niere qu’il ne lui soit besoin demander delayz pour
auoir recours a son maistre, s’enquester & prendre

conseil de lui si ce n’estoit que dauanture il lui conuint
ainsi le faire pour quelque cause sourdant nouellement,
ou bien pour cause qui requist vne iuste
consultation & communication auecques son mais
33 tre. qq Ou il dira que son maistre est plus iuste
qui lui, ou quil, est par, trop curieux & craintif,
ou que la cause est de grand poids & importante,
en laquelle le mesme Seigneur est tenu comparoir.
rr. Ou bien qu’il est serf. ss Car vn serf peult
estre procureur quant aux negoces & affaires seulement,
34 & non pas en Iugement. Ou il dira, que tel

procureur auroit este deiette hors de sa ville, qu’il est
banni, & qu’il a perdu sa liberte. tt Ou qu’il est fils
de famille & en la puissance de son pere, qui n’auroit
donne consentement a ce qu’il fust establi procureur.
36 xx Ou qu’il est rachepteur de proces. yy Ce
qui est contre aucuns procureurs, qui sont puissans
& nobles & auaricieux, & sont acoustumez d’achepter
causes & proces, contre personnes priuées,
contre Citez, a fin que poursuiuans lesdits
proces il tormentent & trauaillent autruy, ou
pouruoyent a leur auarice insatiable, ou deuorent
37 la proye pareux cognue & remarquee zz Ou qu’en
sa commission est exprimee certaine forme de
procuration, pour vne certaine cause & limitee,
laquelle il na poursuiuie, ains qu’il agist & postule
d’un autre forme & maniere. aaa
38 Ou dira: que son maistre mesme a apres l’institution
procede en la mesme cause, & a demene
& debatu sa propre cause, par ou il semble
que ledict procureur soit reuoque, a scauoir
O 2 que

160 LA PRACTIQVE
que le maistre, estāt la chose encores en son entier la
39 peu indistinctemen reuoquer. bbb Ou: qu’il lui a este
expressement inhibe par son Seigneur d’entrepren
40 dre la cause, ou de proceder plus oultre en icelle. ccc
Ou que le mesme procureur a resigne sa procuratiō,
estant la chose encores en son entier, & quād il l’a peu
41 faire. ddd Ou que ledict procureur na point este loy
42 aument ni legitimement enuoye eee Or entens les
procurations se faire loyaument, quand les lettres,
instruments ou procurations sout despeschees &
faictes par main publique, comme par le greffier ou
semblable, & soub le seel authentique de quelque ci
te, ou ville, ou communauté, ou par tabellion ou notaire
ou escriuain public cognu & admis. Et non
pas qui sont expediees par vn serf, ou par personne
incognue, vile, bannie, ou qui auroit este condannee
aux galeres, ou par autres personnes semblables, ou
suiuant quelque autre forme qu’il n’apertenoit suiure
Car telles procurations illusoires estans presen
tees, la foy des lettres, instruments, & procurations
43 vacille, & chancelle. fff Ou il dira que tel procureur
est substitué par autre procureur, & ce auant litiscon
44 testation ggg Ou il dira: qu’il conuiēdra que tel procureur
soit vn bien long temps absent pour cause de
la Republique, ou qu’estant empesché & detenu
d’une maladie perpetuelle il ne peut vacquer a la
cause, ou que bien tost il prendra vne office: Car tel
les persones ne sont suffisantes pour plaider causes,
& pourtant ne peuuent, ou ne doiuent estre procureur,
ni defēdre les causes d’autrui. hhh Et se peuuēt
ces exceptions proposer contre le procureur & sa
procuration, aussi bien apres que deuant contestation
en cause, & qui plus est aussi apres la sentence,
contre la nature de toutes autres exceptions dilatoires.
a c, Post cessionem, extra de probat. c. Prudentia§.
Sex. extra de ossic. delega. & c. Intelleximus, extra de
iudic.
b l. Minor in princip. ff. de procuratorib. l. exigendi.
C. eo. titu. & l. 1. & e. C. Qui . legit. perspm. stand. in iudic.
habeant.
c l. Tertia §. 1. ff. de negot. gest. l. foeminae. ff. de regul.
iur.
d l. Neque foemina ff. de procurat. l. 2. ff. ad Velleianum
l. Quis & l. Alienam. C. eod. titu.

e l. Qui te. C. de procuratorib
f l. Foeminas C. eodem titu.
a l finali C. Quando mulier tutel. offic. fungi potest, &
Auten, vbi posita & c. Ex parte extra de appella.
h l. Tertia ff. de libera. caus.
i l. prima § final ff de appell. recip. vel non. Vide latius
Speculatorem tit. de procuratore, qui ponit, 11. articulos,
in quibus foeminas probat viris esse praestantiores, &
mox ponit 13. alios casus, in quib. foeminas viris aequat.

k c. Tertio extra ne cleri. vel monach. c. Non dicatis 12.
q. 1. & c. 2. extra de postulan.
l c. 1. & 2. extra ne cleri. vel monachi c. Primo 12. q. 3.
in Autent. de sanctiss. episco. §. Deo amabiles, & sequenti
colla. l. Repetita. C. d Episcop. & cleri.
m c. Primo & final. extra de postuland. l’lura de his vide
supra cap & apud Speculatorem ti tu. de procura.
n Vt l. Placet & l. Parabulani C. de Episco. & cleri.
o l. Neque foemina, neque miles ff. de procuratorib. & l.
Militem. l. Qui stipendra & l. Ita demum C. eod. titu. de
procurat. & l. Si militem C. de condict. ob causam dato.
p Argu l. Quisquis C. de postulan.
q l. procurato. & l. Maritus C. de procurat. l. Transactionis
C. de transactionib. & c. Innotuit in fine ext. de elec,
r l. Ante litem ff. de procurat. c. In nostra ex1. eod. titu.
& §. Recte institu manda.
s c. Innostra extr. de procurat. l. Ante litem ff. eod. de
procurat. & §.Recte insitut. manda.
t c. Non iniuste. extra de procurat. & §. l. pluris & l.
Si quis cum procurato. in fin. ff. eod. titu.
v c. Ex insinuatione ext. eod. de procura. & c. In prasen
tia. & c. ex parte ext. de rescript.
x c. In nostra ext. de procurat.
y l. Licet C. de procurat.
z c, Cum olim extra. de offic, delegat.
aa In c. Ex parte decani ext. de rescrip.
bb c. Post cessionem ext. de probas.
cc. l. 2. ff. de procuratorib.
dd. c. Infamis 3. q. 7.
ee l. 2. ff. de verbo obligat.
ff l. Mutus ff. de procurato. d. c. Infamis 3. q.7.
gg l. 1. ff. de procuratorib.
hh V t l. Pomponius §. Rati ff. eodem titu.
ii l. 2. C. dde conso. eiusdem lit.
kk Cle. 10. c. Precandum ext. de postulan.
ll Argumento c. Sacrosancta, & c. Massana ext. de rescript.
vide latius Speculatorem titu. preallegato.
mm l. Neque foemina ff. de procurato. l. Penultima C,
eod. titu. & c. Prohibentur 2. q. l.
nn l. 1. C. Ne liceat potent. patro. litigand. praesta. c. 2.
ext. de ali. iudic. mutan. causa fact.
oo c. Infamis & sequenti 3. q. 7. & c. Quis Episcopus
5. q. 3.
pp Vt. c In pertractandis extra iuramen. calum
qq l. finali C. de procurat. & l. Si actor ff. eod. titu.
rr l. final. C. de procuracorib.

ss l. Seruum ff. de procurat. & l. Seruus C. de iudicijs.
tt Vt l. Reum & d. l. Qui iudicioff. de accusa.
vv d. l, Reumm & d. l. Qui iuditio.
xx Vide Speculatorem titu. de procura.
yy l. Si remuner andi §. Manens ff. mandat.
zz l. Litis, quam vide C. de procurat.
aaa l. Si procurator. C. de procurato.
bbb l. Ante litem & l. Paulus ff. eod. de procurat.
ccc Ex insinuatione ext. eod. de procurato.
ddd l. Mutari & l. praecedent, & l. Sequenti ff. eod. de pro
curato. &, §. Recte institu. mandat.
eee c. Primo ext. eodem de procurato.
fff Vide Speculatorem titu. de procuratore lib. 1. par. 2.
ggg l. Quid quis C. de procurat. textus similis qui hanc
legē declara. in §. primo & secundo de procuratorib. lib. 6

hhh l. Neque foemina ff. de procuratorib.
CHAPITRE CXXIX.
De proposer Exceptions contre l’Aduocat.
Sommaires.
L’ou

CIVILE. 161
1 Qu’il est sourd, muet, lunatique, mineur de 25. ans & c.
2 Est heretique, ou suspect d’heresie.
3 Est excommunie.
4 L’on excipe contre l’Aduocat
en disant, qu’il est
Est infame, ou note d’infamie de droict.
5 Est Symoniaque faux tesmoing, ou pechant contre son office.
6 Qu’il lui est par le Iuge defendu d’auocasser
7 Qu’il est tenu peu fidelle en son office d’infamie.
8 Qu’on croit qu’il n’i a rien qu’il ne face pour cause de gain.
9 Qu’il a quelque foys faict paction auecques ses cliens de Partie de gain.
10 Qu’il a achepte le droict, & le bien des parties.
11 Il est corrompu par argent a ce qu’il n’aduocasse
12 Il est par trop iniurieux & hautain
13 Qu’il parle trop & impertinemment d’infamie.
14 Qu’il est moyne ou chanoine regulier
15 On excipe contre l’Aduocat en
disant, que
Qu’il est clerc, scauoir est
Euesque, ou Superieur.
Quelque prestre.
Qu’il a les ordres mineurs.
16 Qu’il aduocasse contre l’Eglise de son benefice.
17 Qu’il postule contre le Seigneur de son fief.
18 Qu’il a premierement este Iuge en la mesme cause.
19 Il a premierement este assesseur du Iuge en la mesme cause.
20 Il est domestique & familier du Iuge.
21 Il a premierement este Aduocat en la cause principalle de l’autre Partie.
22 Apres le serment des Parties il n’a incontinent iuré.
23 On excipe contre l’Aduocat en
disant, que
Lui estant commande de defendre la cause de sa partie il n’auroit voulu obeir.
24 Qu’il est decurion & neantmoins postule contre son pays.
25 Apres contestation en cause il auroit propose exception dilatoire.
26 A son escient & tous de gre il prolonge le proces.
27 Il n’a experience de droict ni de coustumes.
28 Quel doibt estre l’Aduocat.
29 Les Aduocats selon Bartole & Balde doiuent auoir estudié cincq ans.
30 Les Aduocats en quelques lieux sont mieux examinez de la bourse, que de
leurs estudes.
31 Le Iuge doibt estre scauant es droict, par soy ou par ses assesseurs.
32 C’est vn grand ornement au Iuge, que d’estre orne de toutes sortes de
sciences.
Combien qu’au chapitre prochain precedant
(ou en general nous auons traicte de

diuerses manieres d’exceptions) nous
ayons expliqué quelques point des exceptions qui
se prenent contre les procureur & Aduocats.
I’au toutes foys trouue bon de declarer en ce passage
lesdictes exceptions plus speciallement &
1 plus amplement. Premierement doncques,
celui qui voudra s’ayder d’icelles exceptions
contre l’Aduocat ou Procureur, dira, qu’il est
sourd ou muet, ou aueugle, ou a tousiours insensé,
ou sers, ou mineur de dixsept ans, ou qu’il est
femme ou qu’il a en son corps souffert choses de
femmes, cest a scauoir que par la violence des pillarts,

ou des ennemis il auroit este honni, ou qu’il au
roit este condanne de crime capitat, ou de calomnie
de iugement publicq, ou qu’il se seroit quelque foys
loué pour combattre contre vne beste sauuagé, toutes
lesquelles choses & conditions sont recueillies
2 de la loy. e En second lieu il excipera, en disant qu’il
est ou heretique, ou Iuif, infidelle, ou excommunie
pour souspeçon d’heresie, car telles personnes ne
peuuent aduocasser contre vn Chrestien, qui a &
3 tient la vraye & droicte foy & creance. b Tiercement,
4 quil est excommunie de l’Eglise. c Quartement
qu’il est infame, & principalement de quelque infamie
de droict quelle qu’elle soit. d Semblablement
les neuf manieres suiuantes semblent concerner les
5 reproches èn suiuantes. Cinquiesmement. Qu’il est
Symoniaque, c’est ascauoir qu’il a esleu quelqu’un
pour loyer, ou i’a promeu a quelque benefice, ou qu’il
a este tesmoin faux & corrompu pour argent,
ou qu’il a commis quelque chose indignement en
son office. Car telle personne est infame & ne peut
6 postuler. En septiesme lieu: Qu’il lui a este par le Iuge
defendu de postuler pour aucun temps ou a iamais,
a cause de quoy il ne doibt estre oui en Iugement.
e Voire encores que son aduersaire l’endurast.
f Et est vray que ceste defende iuridique, par laquelle
est a aucun defendu laduocasser, attire aussi quand
& elle vne infamie publique, qui est concitee & mise
sus par icelle defense, cōme tesmoingne le Speculateur
au tiltre des aduocats. Septiesmement, qu’il
est deuenu home non de bonne foy, ains que souuent
il viole sa foy & serment, promettant l’un &
faignant l’autre, faisant soub main contre ce qu’il
auroit promis, pour cause de quoy ses parties ausquelles
il auroit acoustume seruir, se retireroyent sagement
de lui, & quil perd tous ses chalans. Pour la
quelle deloyauté il doibt aussi estre tenu infame &
8 puni extraordinairement. g En huitiesme lieu: Qu’il
brusle de trop grande auarice, & le laisse transporter
de trop grande conuoitise de gain, ce qui appert claiment
par ce que pour vn vil loyer & salaire ainsi qu’
un vil & abiect facquin, il sert & postule en toute
cause tant bonne que mauuaise, pourueu qu’il ait
du grapin, a cause de quoy il s’acquiert mauuais
9 bruit & renom. Pour le neufiesme point, qu’il auroit
faict paction auecques son client & partie,
d’auoir quelque portion du proces, par ou il est

aussi rendu infame, & doibt estre du tout reietté. h
Quant au dixiesme article, qu’il auroit secretement
achepte de sa partie son bien & doict, pendant
que le proces se menoit, ou bien qu’il auroit
O3 contracte

162 LA PRACTIQVE.
contracte de l’achepter, a raison de quoy il est tenu
infame & doibt estre reietté i . En vnziesme lieu,
quil prent argent & se laisse corrompre pour n’aduo
casser, ou bien que pour ce mesme faict il a este condanne,
lesquels cas lui impriment aussi note d’infamie,
le chargent de crimes, & monstrent assez quil
12 doibt estre debouté. k Pour le douziesme, on excipe
ra contre l’aduocats, en disant qu’il est par trop hautain
& testu, & qu’il debat & mene les causes plus
par iniures, grosses paroles & outrageuses, que non
par equite & raison, que iamais il ne se tiēt diniurier.
Car tel aduocat doibt estre aussi note de note d’infamie,
& est tenu coulpable de mauuaise opinion. l
13 Quand au treiziesme, il excipera en disant. Que par
tout on dict mal de lui: pour ce que tant en plaidoy
ant, comme en escriuant, il vse le plus souuent de
14 trop long & impertinent langage. m Du quattorzies
me point, il excipera, en disant, qu’il est moine ou cha
noine regulier, qui mesme ne peut aduocasser en
court Ecclesiastique, encores que l’Abbe mesme le
lui commandast , si ce n’estoit qu’une grande & extreme
necessite & vtilté du monastere le demandast
15 & requist. n Touchant le quinziesme il excipera
& dira, qu’il est clerc, de quoy fault en ce lieu noter
qu’il y a troys ordres de clercs nō postulans. o Et
en premier lieu,nuls Euesques, nuls superieurs peuuent
postuler pour aultres, ne pardeuant le Iuge Ecclesiastique,
ni pardeuant le. Iuge ciuil. Secondemēt
nulz prebstres peuuent postuler, si ce n’estoit qu’ils
eussent a defendre leur propre cause, ou la cause de
leur Eglise, ou celle des persones miserables. p Tiercement
nulz clercz, combien quil nayent aucun be
nefices, moyennant toutesfoys quilz aient les ordres
ou soient presbtres, nullement peuuent postuler de
uant Iuge seculier, sans la raison susdicte. c. 1. in princip.
ext. de aduocat. Mais en cause criminelle nul clerc
peut iamais postuler pardeuāt le Iuge seculier, comme
est note per Speculatorem, titulo preallegato.
16 Et quant au seiziesme: qu’il aduocasse contre l’Egli
se en laquelle il est beneficie. q Ou bien qu’il. aduo
casse contre l’Euesque duquel il tient le benefice. r
17 Pour le dixcseptiesme, qu’il postule contre son Seigneur,
duquel il est vassal. f Toutes foys, si le vassal
postuloit pour quelque personne qui fust conioincte
& prochaine alencontre de son Seigneur, il ne

18 doibt pour ce perde son fief. Pour le dixhuitiesme
point, qu’il auroit autre foys este iuge en la cause, en
19 laquelle postule. t Touchant le dixneufiesme,
qu’il auroit autre foys este assesseur du Iuge en la
mesme cause en laquelle il postule, ce qui ne se doibt
20 faire. v Quant au vingtiesme point, qu’il est domestique
du Iuge, lequel il accointeroit ordinairement. x
21 Pour le vingt & vniesme point, quil auroit este Aduocat
en la cause principalle, a raison de quoy il ne
doibt postuler en la mesme cause, & principallement
22 pour l’autre Partie. En vingt & deuxiesme

lieu, qu’apres le serment preste par les Parties,
il n’a incontinent iuré qu’il croioit maintenir &
defendre vne iuste cause, & qu’il cesseroit de la
mener & defendre incontinent qu’il la sentiroit
estre iniuste, ou hors desperance de la gaingner. y
Car il est tenu de faire tel serment, ou autremēt il se
roit deboute de la defense & plaidoyer de telle cause
Laquelle loy ci alleguée ie voudroye que tous nos
aduocats poisassent plus dilidigemment, & en la suiuant,
23 l’obseruassent. Et quant au vingt & troisiesme
article, Quayant quelque foys este admoneste par le
Iuge de defendre & soustenir quelque cause, il nauroit
voulu obeir a ladmonition de Iuge, sans qu’il
se peust suffissamment excuser pourquoy il ne lui
24 obtemperoit. z Qu’il est Decurio ou cōsul, & consti
tue en office & dignite de Magistrat, Car a tel est
defendu aduocasser contre son pais , si ce n’est quil
plaide pour soy ou les siens, ou pour pupiles ou mineurs
de. 25. ans, desquels il est tuteur ou curateur.
25 aa Pour le vingt & cinquiesme: Qu’apres litiscontestation
il auroit propose exception dilatoire,
pour laquelle il doib testre puni en vne liure d’or. bb
26 Pou. le vingt & sixiesme, Que de faict a pā, & tout
a son essient, il prolonge le proces. Car pour ceste rai
son il doibt estre mis en l’amande de deux liures dor
27 Pour le vingt & septiesme article, Qn’il est point
docte ni expert es droicts, & qu’il n’a nulle ou bien
petite cognoissance des coustumes, ia soit qu’on cui
de qu’il soit quelque peu practicien. c Voyez le Spe
culateur qui dispute tressubtilemēt de ceste matiere
pro & contra titu de aduocato. Et voila quand aux
points & articles pour lesquels aucun pourroit exci
per contre l’aduocat, reste que maintenant nous declarions
quelques qualitez qui cōuiennēt aux vraiz
aduocats. Lesquelles, combien que ci dessus au chapitre.
96. nous auons recitees aucunement amplemēt,
28 toutesfoys auant que nous mettiōs fin a ce pre
sent chapitre, nous y auōs voulu adiouster lesdictes
qualitez & parties, cest a scauoir quels il conuient
que soyent les aduocats. dd Et semble que la glose ci
alleguee tienne qu’il est necessaire que les aduocats
soyent lettrez, & auoir cognoissance du droict.
39 Mais Bartole & les Docteurs reiettent ladicte glose,
comme il est raisonnable, & dient que les aduocats
doibuent auoir estudie cincq ans en droict, &
qu’ils doibuent estre examinez & approuez par les

Docteurs, & par iceux declarez dignes d’estre admis
30 a aduocasser. ee Mais auiourdhui en pluseurs
lieux, ils sont examinez non pas par Docteurs, mais
par corbineurs d’argēt, & ne sont examinez de leur
scauoir ni de leur estude de cincq ans mais on recherche
& examine combient leur bourse par exemples,
si ie neusse cognu que telles exemples sont plus
odieuses, qu’utiles. Et n’empesche point en cest endroict
ce que la glose dict du iuge: C’est a scauoir
qu’il pourra estre homme sans lettres, ou ne sachant

31 par son a b c. Car cōbien que le Iuge soit quāt a lui
home sans lettres, toutes foys il est dict auoir notice
& cognoissance du droict par ces assesseurs, ce qui
ne peut auoir lieu quand a excuser l’aduocat. Com
me aussi ne peut excuser le mesme Iuge, lequel il cōuient
estre tresexpert, trespudent, tresdocte, & fort
verse & excercite en toute sciēce, ou pour le moins
auoir pres de soy tels adioncts & adsesseursrs, &
conseillers a gages. Si est ce toutes foys que le premier
& plus noble ornemēt du Iuge est de se monstrer
eminent par sus les autres & orné de toute maniere
de science, & quil ne depende point tant de
ses conseillers que de soy mesme.
a l. Prima per totum ff. de postuland. &. c. 3. q. 7.
b l. oer totum. Nemo. C. de postuland. & l. Nemo 2. C
de episcop. audien. & c. Excommunicatus §. Credentes
ext. de haeret.
c c. Excommunicatus 11. q. 3. & c. Exceptionem, extra
de excep.
d §. final, institut, de except. l. prima, §. hoc edicto &
l. Ques prohibet ff. de postulando & d. t. Quisquis C.
eodem

CIVILE. 163
eodem de postulando.
e l. Puto & l.Seq. ff. eodem & . fin. C. eodem.
f l. Quod preteor. ff. edo. c. exceptionem ext. de excep.
g l. Prima C. de aduoca. diuerso iudic. & teste Speculatore
super eodem loco & tituloiam dicto.
h l. Si qui. & l. seq. §. praeterea C. de postulando.
i l. Quisquis §. Praeterea C. de postulando.
k l. Iulia. Repetun. ff. ad l. Iuliam. repetun. l. eadem in
fin. ff. eo.
l l. Quisquis C. de postulan. & c. Veniēs ext. de iureiu.
m Argu, l. finalis §. in refutatorijs C. de appellationib.
n c. Monabi. 16. q. 1. Repetita. C. de episcop. & cleri.
c. 2. ext. de postulan. & c.1 . in fine extra ne cleri. vel mo
nachi saecula. neg se immisce.
o c. Te quidem 2. q. 1. c. quia episcopus. 3. q.3 & c. Prelatum
88. distinct.
p De quibus vide latius Specula. titu. de aduocat.
q c. final. ext. de postulan.
r c. Grauem extr. de excessib. praelata.
s Argu. c. de forma. 22. q. vltima, & c. vnico in principio
& §. Quod si forte in lib. seud. qui ca. feud. amitt. &
c. vinco in exordio, quib. mod. feud. amitt. & c. vnico in
principio extra de natur. lib.
t l. Quisquis C. de postuland.
v l. finali C. de assessorib. & l. penult. ff. eodem.
x c. Ex insinuatione ext. de appella.
y l. rem non nouam C. de iudic.
z c. Tria. 3. q. 7. de quo vide latius Speculacorem lib.
1. part. 4. titu. de Aduoca. vigesimo quarto.
aa l. penult. ff. eod. de postulan.
bb l. penult. C. de except.
cc. l. Nemini C. de Aduocat. diuerso. iudic. l. Iubeamus.
C. epde,. & l. prima §.Aduocatus ff. de var. & extraordinar.
cognit.
dd De quib. gloss. in l. 1. ff. de postuland.
ee l. Nemini C. de aduocat. diuerso. iudic.
CHAPITRE CXXX.
De proposer Exceptions contre la Demande
ou Libelle.
Sommaires.
1 Exception contre le libelle presuppose exhibition de libelle.
2 Du Demandeur mesme.
3 Demande du libelle s’exhibe, a cause Du Defendeur.
4 Du Iuge.
5 S’il declare sa demande insuffisamment.

6 On excipe contre le libelle S’il demande indeterminement.
7 Le contient le nom du Demandeur.
8 Ne contient le nom du Defendeur.
9 Ne contient le nom du Iuge.
10 Ne contient le nom de l’action.
11 La demande estimée insuffisante quand elle Ne contient les choses
demandées.
12 Ne contient le lieu de l’actions ou contract.
13 Ne contient le iour de la demande.
14 Ne contient l’an, moys, & nom du Prince.

15 Ne contient vne deue Specification des choses.
16 Est conditionelle, ou par trop generalle.
17 Quand il n’i a point certains biens declarez.
18 Quand la qualité, quantité, sombre & c. n’I sont exprimez .
19 Quand on demande actions contraires.
20 Quand l’heritage est monstre a l’oeil sans riens nommer.
21 On Iuge qu’il y a au libelle vne generalite, &
obscurité indistinguée
Quand on n’exprime on n’exprime, ou ne demande point, si on demande toute la
chose ou portion d’icelle.
22 Quand es choses qui se peuuent mesurer on n’exprime point certaine
mesure.
23 Quand la cause n’est point declarée.
24 Quand les circonstances deues n’i sont contenues.
25 La cause, ou faict.
26 Le libelle doibt contenir troys choses
L’Obligation.
27 L’Action.
1 L’exceptiō qui se prent contre le libelle d’au
cun, presuppose icelui libelle auoir este bail
le par le Demandeur en iugement, par ce
que nul ne peult exciper ou reietter ce qui n’a este
proposé. Et pourtant il conuient premierement
dire quelque chose de l’exhibition du libelle, que
nous commencions a traicter de l’exception d’icelui.
Doncques le libelle ou demande de l’acteur se
presente coustumierement en iugement pour troys
2 causes principalles. Premierement, a cause du Demandeur
qui exhibe le libelle, sçauoir est, a ce qu’en
iceluy il forme sa demande & declare son droict.
3 En second lieu, a cause du Defendeur, a ce qu’estant
par lui veu entendu & cognu le libelle de l’acteur,
il aduise, & en deliberant consulte de ce qu’il doibt
respondre a la demande du Demandeur, c’est a sça
uoirs s’il lui conuient ceder a icelle demāde, ou bien
s’opposer a icelle. Tiercement a cause du Iuge mesme,
O 4

164 LA PRACTIQVE.
mesme, cest a scauoir, a fin que suiuant la forme du libel
le du demandeur & qualité d’icelui, il sache plus cer
tainement comme il deura iustement former & dōner
sa sentence, laquelle se doibt tousiours donner
selon la forme de la demande, a Ces choses ainsi de
clarees, fault maintenant voir comme on viendra a
exciper contre le libelle du demandeur, & comme
5 il sera reiette par le deffendeur. Doncques le Defen
deur en premier lieu impugne & reiette le libelle
de l’acteur ou demandeur, par sa declaration non as
sez suffisante, cest a scauoir, quand il dict a l’acteur
que le libelle par lui faict & exhibe est indeterminé.
6 Car il n’est de valeur si le demandeur demande indeterminement.
b Et alors il prent conge de court
& demande despens. Et lors est dict demander indeterminement
7 ou sans determination, Premierement,
quand la demande ne contient point le nom
du demandeur, lequel necessairement y doibt estre
8 contenu, Secondement, quād le nom du defendeur
9 n’est en icelle, c contenu, d Tiercement, quand le
nom du Iuge n’est contenu en la demande, e a fin
10 qu’il soit sceu s’il est competent ou non. Quartemēt,
quād la demande ne contient point le nom de l’action,
mais cela est seulement suiuant l’opinion de
quelques Docteurs, Car pour le iourdhui cela ne
s’obserue point par tout en Practique, & n’est de
necessite requis que le libelle contienne le nom de
11 l’action. Quintement, quil ne contient les choses de
mandees, lesquelles doiuent estre expressement mises
12 au libelle. f En sixiesme point, quand il ne contient
le lieu ou la chose a este faicte ou contractee. g
13 Mais cela n’est au iourdhui beaucoup en vsage. Septiesmement,
quand il ne contient le iour auquel la
demande est presentee: Car en ne declarant point
iour certain, on ne pourroit scauoir s’il y a vingt
14 iours passez, ou plus, ou moins. h Pour le huitiesme
point, quand il ne contient le iour, an, moys, & le
nom du Prince, auquel la prouince est subiecte. i
15 Quād au neufiesme, S’il n’i a point vne deue specification
des choses exprimees: Cōme si on traictoit
d’un crime ciuilement, le libelle, n’est valable, si ce
n’est qu’en icelui par especial & nommément icelle
iniure soit mise & posee, cest a scauoir, si ce n’est
qu’il soit en icelui declare & specifie, quel, en quel
lieu, membre & en quel temps elle auroit este faicte,

a fin que par icelles circonstances le Iuge puisse
mieux & plus certainement former sa sentence. k
16 Quant au dixiesme, k Quand le libelle est cōditionel
ou par trop general, & pourtant obscur de soy, de
maniere que le defendeur ne peut par icelui estre
bien acertene de quel droict le demandeur le veult
17 actioner. l Laquelle generalite ou obscurite s’apercoit,
par l’indistinction. Premierement, si le demandeur
n’exprime point en son action reelle certains
biens, ou les choses certaines, lesquelles il doibt en

18 son libelle. m En second lieu, Si es actions personnelles
le demandeur ne declaire la qualite, quantite,
19 nombre, ou semblables circonstances. Tiercement,
quand le libelle contient actions contraires.
20 Quartement, s’il est question d’un fond ou heritage
qui n’a point de nom propre s’il n’est monstre a
l’oeil, a ce que le lieu ou il est assis soit aussi specifié
21 ou bien s’il a nom, & il n’est exprime. En cinquiesme
lieu, Si la chose est demandee & elle n’est exprimee,
c’est a dire qu’il ne soit declare si on la demande
tout ou partie, ou quelle portion, ou la quantiesme,
ou combien, car tel libelle cōtient en soy obscurité.
22 Pour le sixiesme point, Si on demāde quelque chose
laquelle se peult mesurer, le libelle n’est valable a cau
se de sa generalité & obscurite, si la qualite & nombre
des mesures ni est exprime. n. Et pourtant si le
demandeur demande ainsi vne chose incertaine, &
ne specifie point le tout, le defendeur est absoult. o
Comme aussi n’est la demande valable en personel,
23 si au libelle la cause n’est exprimée. p Car le defendeur
ne doibt respondre a vn tel libelle, & n’est tenu le
receuoir toutesfoys, s’il le le reçoit, ou il respōd, la de
mande est valable, signamment si elle n’est donnee
deuant litiscontestation. c.1.extra. de libel. obla. ne
fust en cause de reconuention, de laquelle verrez le
Speculateur. lib. 4. par. 2, de libel. concept. §. Iuxta. propositionis
24 ordinem. Petition doncques est inualide, si
elle ne contient le nom du Iuge, acteur, defendeur,
iour, mois, an, lieu, & la chose (comme auons dict)
25 que le libelle doibt entierement contenir. Finalement,
a fin de parler en general, tout libelle doibt
principalement contenir troys points, c’est a scauoir
la cause, l’obligation & action. Car il est necessaire
que ces troys points conuiennent en toute action,
cest a scauoir le faict, ou cause de la demande, scauoir
est si laction de la demāde sourd pour cause dachapt
ou vendition, ou de causes semblables, car ces choses
sont dictes estre de faict. Au demourant le libelle
26 requiert qu’il y ait obligation, laquelle obligation
naist du faict ou de la mesme cause. Et pourtant tel
le obligation est dicte lien de droict. q. Subsequem
ment, le libelle doibt contenir la mesme action. La
quelle action naist de l’obligation comme de sa me
27 re. Car action est droict de poursuiure en iugement
& c. r Et quant a plusieurs formes & manieres
de libelles, voyez le Speculateur. s

a c Heli. extr. de simonie.
b c.2.extr. de libell. oblat. & c. literae extra de dilat.
c Argu. c. Quaerelam de elect.l. Si procuratore ff. de.
peculio. & l. in tribus ff. de iudic.
d d.l. In tribus & l. final. C. de eden.
e c. Praescripta §. libellorum 2.q.8.
f c.2.extr. de libell. oblat. i. Si rem §. final. de rei
vendic.
g d.c. Prescripta § libellorum 2.q.8.& l. forma ff.
de censibus.
h Autentica de exhibend. & introduc. reis §. Suscepto.
i l. Properandum §.1.C. de Iudi.

k §. Atrox. institut. de iniurijs.
l l. Prima ff. de edendo.
m c.2. ext. de libell. oblat.
n l. Si in rem ff. de rei vendicat. & l. 1. ff. de petitione
heredita.
o l. Arrianus ff. de actio. & obligat. & c. ex literis ext.
de probat.
p l. Et an eadem §. actiones ff. de except. rei iudicat.
q Institu. de obligat. in principio.
r Institut. de actionib. in exordio.
s Libro 4. particula. 1.per totum.
CHA-

CIVILE. 513
CHAPITRE CXXXI.
De proposer Exceptions contre la personne.
de l’Acteur.
Sommaires.
1 On excipe contre l’Acteur
Il est
Inhabile.
Muet, fol.
Excommunie, Apostat,
Pupille, Mineur.
Prodigue publique.
Il est
Celui au quel on a defendu ses biens
Infame, Criminel.
Banni.
Ennemi du pais.
Periure, Serf.
Tuteur Suspect, & c.
2 Au Parlement de France excommunication ne sert pour exciper.
3 Excommunication au a lieu pour exciper.
Conseil de Flandre
& Parlement de Malines
4 Le Iuge, se taisant la Partie doibt debouter celui qui est publiquement
excommunie.
5 Ceux qui publiquemement sont declerez prodigues & fols doiuent estre
deboutez.
6 Aux prodigues & fols n’est l’alienation de leurs biens de droict interdicte.
Semblablement le Defendeur impugne &
excipe contre la persone du Demandeur, pre
nant fin de non receuoir, sçauoir est, quand le
1 Defendeur dict le Demandeur estre inhabile a proceder,
pour ce qu’il est ou excommunie ou apostat,
ou pupille, ou mineur, ou troublé de son sens, ou
muet, ou raui hors d’entendement, ou bien qu’il est
prodigue proclame publiquement a son de trompe
ou clochette, ou que ses biens lui sont defenduz,
ou qu’il est infame, criminel, banni, ou qu’il est ennemi
de son pais, ou periure, ou serf, ou Tuteur suspect,
ou noté de quelque autre infamie semblable,
2 Toutes foys il fault ici noter ce point. Qu’au Parlement
de France, ceux qui sont excommuniez ne
sont deboutez de proceder, ou porter tesmoignage.
3 Mais au Conseil prouincial de Flandre, comme aussi
au grand Conseil de Malines la susdicte exceptiō
d’excommunication se peut opposer, & proposer

en quelque part & endroict du proces que ce soit, si
longuement que le proces dure, non moins apres
4 contestation en cause, que deuant. Voire encores apres
la sentence donnee, ou vuidange du proces, cest
ascauoir, afin d’empescher l’execution de la sentence.
a pour crainte d’excommunication Que si le defendeur
ne prenoit exception de cela, le Iuge mesme
suiuant son office doibt toutalement debouter
le Demādeur. Ce qui se doibt entendre sainement,
c’est a scauoir, si le demandeur a este publiquement

excommunie, ce qu’il fault que le Iuge cognoisse &
5 obserue. Mais quant est des prodigues, & ceulx qui
sont insensez, ils ne doiuent estre deboutez d’agir ou
de defendre, auant qu’alienation de leurs biens leur
soit par le Iuge interdicte a son de tromper ou de la
clochette, ou en quelque autre maniere que ce soit,
suiuant la maniere & coustume de chascū lieu, pour
6 autant que ladicte alienation de leurs biens ne leur
auroit este prohibee ou interdicte iuridiquement
ou de droict.
a Sicut notatur c. Primo de except. lib.6.
CHAPITRE CXXXII.
De Proposer Exceptions, contre les persones
des Tuteurs ou Curateurs.
Sommaires.
1 Qu’il est non idoine, ou mineur de vingt cincq ans.
2 Qu’il n’a faict nul inuentaire.
3 Qu’il a faict vn libelle illegitime.
4 Que sa Tutelle ou Curatelle est finie.
5 On excipe contre le Tuteur en disant
Que ledict Tuteur ou Curateur est serf.
6 Que les Tuteurs ou Curateurs sont muets, ou sourds.
7 Que le Tuteur est Euesque ou Clerc.
8 Que les Clercs sont tenuz d’entreprendre la Tutelle ou Curatelle des personnes
miserables.
9 Que le Tuteur ou Curateur apris cession de biens contre le pupille ou mineur.
10 Que

166 LA PRACTIQVE.
10 On excipe contre le Tuteur en disant
Que le Tuteur ou Curateur est debteur ou crediteur du pupille ou mineur.
11 Que le Tuteur ou Curateur a este baille par le testateur a certain temps
seulement.
12 Tuteurs sont donnez aux pupilles iusques a quattorze ans seulement.
13 Se donnent aux adolescens de 14. ans iusques a 25.
14 Tuteurs different des Curateurs en ce, que Ne se donnent par testament. Ou a
ceux qui n’en veulent point.
15 Se donnent aux prodigues & insensez.
Curateurs
Aux mineurs, furieux, a cause de leur aage
16 Se donnent
Aux insensez.
Aux sourds, muets.
A ceux qui sont detenuz de longues ou perpetuelles maladies.
Aux pupilles qui ont Tuteur, lequel est inhabile.
17 Aux biens qui sont vacans.
18 Se donnent
Au fruit ou portée de la femme.
19 Pour proceder.
20 Du prodigue & insensé, a l’administration de tous les biens.
21 Le Curateur
Des biens, & de la portée a seulement de petites choses.
L’administration
la Vendition
1 Le Defendeur impugne les tuteurs ou cura
teurs. Premierement, s’il prent fin de non re
ceuoir, c’est a scauoir, Quand le defendeur
dict qu’ils ne sont habilles ni idoines a estre receuz,
pourtant qu’ils sont mineurs de 25 ans, a. C’est a dire:
On prent exception generallement contre tous
tuteurs ou curateurs, entant que, ou leur aage n’est
point conuenable, ou qu’il y a en eux quelque com
mun default, ou bien qu’ils les deboutent de la tutelle
ou curatelle, pourautāt qu’ils sont tels, qu’ils ont
eux mesmes besoin d’estre mis en tutelle ou curatel
2 le. Qu’ils sont diminuez d’estat. b En second lieu,
pourtant qu’ils nauroyent fait aucun Inuentaire,
ou qu’ilz n’auroyent tenu conte de faire ledict Inuentaire.
c Ou bien pour ce qu’ils n’auroyēt deue
ment & legitimement faict l’inuentaire par eux ex
3 hibe & presente. d Tiercement, que mesme en l’inuentaire
legitimement faict, ils nauroyent redige
& couche par escript tous les biens. De quoy est a

noter en ce lieu, qu’il n’est aux tuteurs des pupilles
& curateurs loisible, de en aucune maniere adminis
trer les biens des pupilles ou adolescens, quils nayēt
premierement & prealablemēt faict & fourni troys
choses. Premierement qu’ils nayent faict inuentaire
conuenable. Secondement, qu’ils n’ayent iure
qu’ils procureront & feront tout ce qu’en leur con
science ils verront & cognoistront estre au proufit
& vtilité des pupilles & mineurs. Tiercement,
qu’ils ne se soyent legitimemēt hypothequez soub

4 l’obligation de leurs biens. e En quatriesme lieu.
Qu’aucun pourra exciper contre les Tuteurs & cu
rateurs, disant, que leur tutelle ou curatelle est ja expiree
& finie. Que les Tuteurs ou Curateurs sont
suspects ou accusez, ou qu’ils sont deboutez de la
reception en la tutelle, ou que l’administratiō d’icel
5 le leur est interdicte. f Cinquiesmement il excipera
en disant. Que les Tuteurs ou Curateurs, ou les pu
pilles mesmes sont serfs, & constituez soubs seruile
6 cōdition. g En sixiesme lieu, il opposera que les tuteurs
ou curateurs sont muets ou sourds, ou sont alienez
de leur bō sens. h Auquel lieu ci allegue, le texte dict
expressement, qu’un muet ne peult estre establi tuteur,
pourtant qu’il ne peult bailler son auctorite.
Semblablement, l’home qui est sourd, selon l’opinion
de plusieurs ne peult estre tuteur, & principalement
selon Pomponius, qui en son lib. 18. ad edictum
prouue son dire, par ce que le Tuteur ne doibt
seulement parler, mais aussi ouir, ce que la nature a
7 denie a celui qui est sourd. Pour le septiesme point
allegant il dira, que le Tuteur est Euesque ou
Clerc, ayant les sainctes ordres, ou bien qu’il est
moyne, ou regulier. Car hommes de telle qualité
ne peuuent pas estre Tuteurs. i Et toutes
foys tous Clercs sont tenuz a la tutelle & curatelle
des personnes miserables. k
8 Pour le huitiesme point, Il prendra exceptiō con
tre le tuteur en disant, qu’icelui tuteur ou curateur
auroit pris cession d’actions contre son pupille ou
9 adolescent. l En neufiesme lieu, s’il dict, Que le tu
teur ou curateur est crediteur ou debteur des pupilles
ou adolescēts, & qu’il administre ladicte tutelle
sans aide. m Mais cela a seulemēt lieu quāt au tuteur
qui est datif & au legitime, & non quant au tuteur
testamentaire, ce que toutesfoys est faux, quant a la
mere & ayeulle, selon lopinion d’aucuns, lesquelles
peuuent estre debitrices ou creancieres des pupilles
10 ou mineurs. n Pour le dixiesme point, il excipera,
Qu’il a este par le testateur establi Tuteur ou
Curateur soub condition qui estoit a certain temps,
lequel temps est desia passé. o Et quant aux autres
causes semblables a celles que i’ay ci deuant
recitées, ie les laisse en ce lieu pour cause de breueté.
11 Et toutesfoys, auant que mettre fin a ce chapitre.
ie veux faire que la difference qui est entre tuteurs
& curateurs soit par moy declaree au simple lecteur

& qui na encores grande experience, cest a scauoir
qu’on donne tuteurs aux pupilles qui nont encores
acompli l’an quattorziesme. p car apres l’an.14. ils
ne sont plus pupilles, ains minenrs ou mineurs d’ās.
Et adoncq les mesmes tuteurs cessent d’estre appellez
tuteurs, ains de cest an la ils commencent a estre
12 dicts Curateurs. Les Curateurs donc se dōnent a di
uerses personnes, & pour causes diuerses, Premierement
(comme desia i’ay dict) on les donne aux ado
lescents depuis le.14. an acompli, iusques au.25. an
acompli, selon les droicts & mesme selon la pratique,
si ce nestoit qu’il fust tout euident & notoire,

que lesdicts mineurs nauroyēt encores lors assez de
prudence & sagesse pour gouuerner & administrer
leurs biens sans Curateurs. En oultre, tels Curateurs
sont establiz par les mesmes Magistrats par lesquels
13 les tuteurs auoyent ou precedent este establiz. Sem-
blablement

CIVILE. 167
blablement les Tuteurs ne s’establissent point par
testament, toutes foys estans constituez & donnez
par testament, ils sont puis apres confirmez. Aussi
ne donne lon point la charge de Curatelle, a quelques
personages contre leur gré & voulonte, si ce
14 n’est d’auanture pour mener vn proces. q Item on
baille aussi Curateurs a ceux qui sont insensez, &
aux prodigues, qui sans saison, sans fin, & sans mesu
re, ne cessent de consumer, gaspiller & fricasser leurs
15 biens. r Et se doibt ceci entēdre, des insensez & pro
digues qui ont vingt & cinq ans passez. s Mais quāt
aux mineurs qui sont insensez, on leur baille Tuteurs,
ou (si le trouuez bon ainsi) Curateurs, lesquels
toutes foys sont entenduz estre donnez a l’aage plu
16 stost qu’a leur troublement de sens. t Aussi baille
on Curateurs a ceux qui ont perdu l’entendement,
aux sourds, aux muets. & a ceux qui sont detenuz
de perpetuelle maladie. Item & aux pupilles qui
n’auroyent point de Tuteur testamentaire ou legitime,
ou datif, ou bien qui auroyent Tuteur qui ne
seroit suffisant ou idoine, ou bien auroyent Tuteur
qui leur seroit dōne pour certain temps, ou qui seroit
malade, ou empesche pour cause necessaire. v Itē on
17 donne aussi Curateurs aux biens qui sont vacans,
mais cela se faict par le Prince, ou par son Cōseil, ou
par quelque Magistrat que ce soit, c’est a scauoir
(pour le donner plus clairement a entendre.) on establit
Curateurs pour les biens qui n’ont leur vray
& legitime proprietaire ja present ou cognu, ce que
i’adiouste a cause des biens d’aucunes, qui sont longuement
absens, & desquels est incertain s’ils sont
morts ou vifs, desquelles personnes qui sont long
temps absentes, fault noter ce point, qu’ils ont a Bruges
en Flandre vne ordonnance tresusitée, que toutes
foys & quantes que le proprietaire ou Seigneur
ou heritier incognu est absent du pais l’espace de
sept ans continuels, alors il est tenu & repute comme
mort, de maniere que ses heritiers ou autres coheritiers
donant caution, peuuent prendre & sai
sir les biens de tel absent. Mais si apres vn bien long
temps nuls proprietaires, nuls heritiers ou coheritiers
du proprietaire, ou nuls crediteurs desdicts biēs
ne se trouuent, ou viennent a cognoissance, alors le
Prince mesme saisist ces biens & se les attribue. x
Lequel tiltre est en plusieurs lieux fort vtille, & en

ce temps ci tresvsité en practique, combien que les
18 Docteurs ayent bien peu escript d’icelui. Item on
donne Curateurs au fruict, ou a la portée, cest a dire
au fruit qui est encores au ventre de la mere. y
19 D’auantage on donne Curateurs pour plaider
ou proceder. z En oultre, on les donne a toutes les
20 personnes, lesquelles tu as. aa Mais on peut en ce
lieu demander, quelle est la puissance des Curateurs
desquels nous auons presentement faict mention.
A quoy on doibt respondre, que le Curateur de celui
qui est forcene, a pleine administration de toutes
choses, mais le Curateur des biens, & le Curateur

du ftuit ont seulement Ia garde des choses qui sont
de plus pieure fortune & condition, & oultre ce la
vendition d’icelles. bb
a l. final. C. de legitim. tutel. & §. Furiosus Institut.
Qui testamento tutor. dari possunt & §. Minores institu.
de excus. tuto. vel curato.
b l. Legitimos §. final. ff. de legitimis tutorib.
c l. final. §. Illo proculdubio C. Arbit. tutel. & d. l. prima
ff. de vent. in possess. mitten.
d l. Scimus C. de iure deliber.
e l. De creationibus C. de cpiscopat. audiend.
f l. Quod si forte. §. 1. ff. de solutionib. & c. venerabilis
ext. de offic. delegat.
g l. Prima. ff. de tutel. Institu. eod. titu. de tutel. & §.
Seruus institut. Qui testamento tuto. dari poss.
h l. Prima §. Mutus & l. penult. ff. de tutel.
i c. Episcopus & c. Neque apud 8 8. distinct. & l. Generaliter
C. de Episcop. & cleri.
k l. Orphanotrophos. C. eod. titu. de episcop. & cleri.
l Sicuti habetur in Autentica. Vt hi qui obligat. se habe.
perhib. res minorum in princip. tituli coll 6.
m in d. Autentic. vbi supra §. Sed & siquis & Autentica
Minoris debitor C. Qui dare tutor. vel cura. poss.
n Vt in Autentico vt mat. debit. & credi coll. 7. & Autentica.
Ad haec C. Quando mul. tutel. offic.fungitur.
o §. Ad certum Institut. qui dar. tutor. poss.
p §. Primo Institut. Quib. mod. tutel finitur.
q §. Primo Institut. de curatorib.
r l. prima ff. de curat. furios. dand.
s §. Furiosi Institut. de Curatoribus.
t Qui habit ff. de tutel.
v Institut. de curatorib. per totum.
x ff. de curat. bon. dand.
y ff. de vent. in possess. mitten.
z Vide Speculatorem titu. de Syndico lib. 1. part. 3.
aa l. Prima §.3. & l. 2.3.4. & 5. ff. de postul. & l. 3.4.
5. &6. ff de priuile. credit.
bb l. Inter bonorum ff. de administra. tuto. vel curato.
CHAPITRE CXXXIII.
De proposer Exceptions contre porteurs des
cedules Obligatoires.
Sommaires.
1 Des Porteurs de cedules les vns sont
Vraiz & legitimes.
Controuuez.

Supposez.
Fraudulents.
Acheptez.
Subornez.
2 Exemple d’une Cedule contre le Porteur, de laquelle on peut exciper.
3 On allegue contre le Porteur de cedule
S’il ne monstre comme il l’a eue.
S’il ne monstre la procuration qu’il a pour receuoir argent.
S’il ne monstre lettres du Crediteur.
Ayant

168 LA PRACTIQVE.
Ayant a declarer l’exception qu’on peut &
doibt prendre contre les porteurs de cedu
les, il fault premierement mōstrer que por
teurs de telles lettres sont de plusieurs manieres.
1 Car les vns vraiz & legitimes, les autres controuuez,
les autres supposez, les aultres fraudulents, les
aultres acheptez, les aultres subornez: car aussi ne
doibt on auoir a tous egalle fiance. Et a fin que ces
choses s’entendent plus clairement, ie le veux bien
monstrer par vn seul exemple de cedules obligatoires,
2 & par la diuersite des porteurs. Soit doncques
cest exemple d’une cedule obligatoire, delaquelle
plus facilement seront les autres entendues. Nous
Iean Balbani & nostre compagnie, confessons deuoir
au Seigneur Iean Fouccre & a sa compagnie
cent mille ducats d’ot, de iuste valeur & poids, pour
raison de prest, ou de telles & telles marchandises
& c. Lesquels cent mille ducats ie auecques les
miens promets a la bonne foy payer au susdict Iean
Fouccre & a sa compagnie a la prochaine foire de
Bruges, qui commencera le lendemain de la conuersion
Sainct Paul l’an. 1 5 6 6. ou au porteur de
ceste presente, laquelle nous auons signees de noz
propres mains & seing manuel. Ainsi faict a Anuers,
3 tel an iour & mois & c. Cest exemple estant ainsi de
monstre, reste maintenant a voir comme on doibt
prendre exception alencontre de tel porteur de let
tres: Car le defendeur excipe contre tels porteurs
de lettres, prenant fin & conclusion, cest a scauoir
qu’il nest receuable, pourtāt qu’il ne monstre point
cōme telles lettres lui sont venues entre mains, s’il
les a trouuées, s’il les a emblées, s’il les a acheptées
& c. Dauantage, qu’il ne monstre point par lettres,
ou par procuration comme il a receu telles lettres
du vray crediteur, ou qu’il a charge & commission
de lui de receuoir le plein & entier payement d’icelles,
ou quil ne peut monstrer semblables tiltres de
vray cōmissaire & vray porteur. Mais a fin que telles
difficultez soyēt plus cautemēt euitees, & que le
mauuais payeur par diuerses pretextes de telles exceptions
ne puisse restiuer au payement, que les sages
façonneurs & dicteurs de telles scedules facent
en leur scedule obligatoire apposer cest article, ou
au porteur de cestes, comme nous auons monstre

en l’exemple ci dessus deduit, car tel article ainsi cou
che, enerue ou dissipe toutalement toutes telles fumees
& couuertures d’exceptions, de maniere que
tels pretextes & couleurs de tels hōes qui sont durs
a la paye & tenans, ne sont en aucune maniere rece
uables, a ce qu’ils ne soyent incontinēt tenuz payer,
ou pour le moins consigner & nātir. Car le porteur
n’est tenu ni oblige faire apparoistre du mandement
ou commission de son maistre ou Seigneur, de procuration,
de lettres d’ heritage, de trāsport a lui faict,
ou de sa loyaute, ou bien mōstrer comme telles scedules
lui sont venues entre mains, veu que la scedule
qu’il apporte contient simplement. (Ou au

porteur de cestes) sans autre addition plus ample, Et
pourtant conuiendra il incōtinent payer audict por
teur, ou bien consigner & nantir deniers, cōme i’ay
dict: & si ce payeur escars & tenant vouloit couurit
son delay de payement par quelque cas ou chose sinistre,
il le lui conuiendroit lors prouer sur le champ,
ou aultrement payer ou consigner incontinent. Laquelle
opinion plusieurs Iurisconsultes tiennent auiourdhuy
fermement & constamment.
CHAPITRE CXXXIIII.
Exceptions en matiere d’Euiction ou Garand.
Sommaires.
1 Qu’est Garendir.
2 Qu’est appeller a Garend.
3 Garend se faict
En matie reele.
Par escripts & conseils donnez.
Par commission & commandemens.
4 Maniere de garend en matiere d’achapt.
5 Premierement, demande iour de Conseil.
6 L’achepteur adiourne par son aduersaire
Secondement, delay pour adiourner le vendeur pour garentir.
7 L’achepteur doibt nommer le vendeur qui est tenu de garentir.
8 Demande de garentie se doibt faire auant litiscontestation.
9 Le Demandeur gardera son action contre le Defendeur ou Garendeur.
10 Le Garendeur s’associe auecques le Defendeur contre le Demandeur.
11 Le Defendeur proteste contre le vendeur qui refuse garentir de domages &
interests.
12 L’achepteur qui perd son proces a sa reuenge contre son vendeur.
13 Quand le vendeur en Flandres garentist a l’achepteur, l’achepteur est effacé
du proces.
14 Le Demandeur qui gaigne son proces, reserue l’action de recouurer l’adiuge
contre l’ine ou l’autre des Parties.
15 Comme on fera adiourner le Magistrat pour garentir.
16 Comme en Flandre les Magistraux qui sont chefs & principaux s’excusent de
garentir.
17 Le cite de Bruges a soubz elle xxy. Villes.
18 Maniere de demander conseil au Magistrat principal.
19 Comme on deliure la sentence criminelle aux villes subalternes.
20 Si on doibt demander garend par commandement du Superieur.
21 Quand le Superieur mandant. approue l’exploict de son officier, l’officier est
efface du proces.
22 Garend n’eschet point en matiere d’exces.

23 Ame ne doibt garentir sinon de son gre.
24 En

CIVILE. 169
24 En causes ciuiles vn chascun peut garentir.
25 Il n’est aux procureurs loisible de garentir.
26 Premettant Garend pour son faict enclost le faict de son predecesseur.
Avant que recitions rien en ce lieu, quant
quant aux exceptions en matiere de garād
Il fault prealablement monstrer aux plus
1 nouices que cest que garentir. Doncques garentir
n’est autre chose, qu’en cause d’opposition qui est
suruenue ou qui se doibt leuer, asseurer quelqu’un,
le defendre de domage, receuoir sa cause & action
sur soy, le deliurer & rendre indemne, & promettre
qu’il fera bon s’il a vendu quelque chose, ou monstré
par escript, ou si en commandant il a enchar
2 gé quelque chose. Or sommer quelqu’un pour
le faict de garand, est demander d’icelui adiourne iu
ridiquement, qu’il promette lui faire bon de ce qu’il
lui a vendu, escript ou commande, & qu’il le rende
3 indemne du domage aduenu ou a venir. Par lesquelles
choses ia dictes est a noter, que garand viēt
& se faict le plus souuent pour troys causes, c’est a
scauoir en matiere reelle, cest a scauoir en achapts
venditions & causes semblables. En conseil escripts,
Et en mādemens & cōmandemens. Ces cho
ses estans demōstrees par troys exemples deuiēdront
4 plus claires & notoires. Doncques en matiere d’achapt
real & vēdition quelqu’un est adiourné pour
garentir la chose vendue, quand d’icelle chose vendue
sourd & naist quelque opposition, par maniere
qu’un autre pretendroit droict a ladicte chose vendue,
en tout, ou partie. Et quand icelui pretendant
appelle ledict achepteur en droict, a ce qu’il delais
se & abandonne la chose acheptee, & qu’il la lui lais
se & permette, pour par icelui pretendant en iouir
paisiblemēt: Alors l’achepteur ainsi adiourne, ay
ant oui & cognu le libelle de demandeur, pourra
premierement demander au Iuge delay ou iour de
conseil,comme a este ci deuant dict, au chapitre de
5 Demander delaiz, pour & a fin que durāt le temps
de ce delay & conseil, il consulte & delibere auecques
les siens, de ce qu’il doibt respondre a ladicte
demande, lequel iour & espace ne lui sera denie par
le Iuge Et ce pendant icelui achepteur adiourné
prendra conseil de ce qu’il sera expedient, a fin d’ap
peller lachepteur a garand de la chose vendue, &

lors auant l’expiration du delay octroye, respondra
deuāt le Iuge, & demādera iour de delay, pour faire
appeller son vendeur a garād, c’est a scauoir a fin que
par icelui la cause soit entreprise pour la defendre, a
6 fin qu’il demeure n Lequel delay, mais vn
7 & seul, le Iuge ne lui pourra denier. Le vendeur estāt
donc par lui adiourné a tel garand qu’il voudra,
& laquelle il deura aussi lors nommer, & par libelle
legitime, demrndera au Iuge, (ce qui se doibt faire)
8 auant litiscontestation) qu’icelui vendeur soit

9 sommé & condanné a prendre ledict garand pour
lui Et si icelui vendeur adiourné comparoist &
promet garentie, alors le nouel acteur on demandeur
prendra (s’il veut) sur soy la cause pour le defendeur
achepteur, lequel il a faict adiourner, lequel
il deliure: de maniere qu’il reçoit & prent sur soy l’actiō
du proces futur cōtre le vendeur garentissant, &
promet de la poursuiure, mais cela faict il, pourueu
qu’il lui plaise ainsi le faire, cōme ie vien de dire. Car
il peut garder ou prendre son action, ou contre son
defendeur, ou contre celui qui garentist. Et pourtant,
si le Demandeur ne veult se faire, c’est a dire,
s’il ne veult auoir que faire auec le vendeur garentissant,
ains plustost auecques le defendeur son
achepteur, & auecques lequel, de droict il entente le
proces quant a la possession, alors l’achepteur adiour
né s’associe & adioint seulement au vendeur defendeur
10 contre celui qui le trouble, & l’a faict adiourner,
plaidoyant toutesfoys a leur fraiz & despens,
ainsi quils pourront conuenir & accorder ensemble.
11 Mais si le vendeur adiourne ne comparoist
pour garentir, en ce cas, le defendeur qui l’adiour
ne, & qui a este adiourne par la partie aduerse, pro
teste de ce refus de garand, & de tous despens domages
& Interests aduenir, ensemble du default
& non comparution, & de refus, & de sa protestation
prent acte iuridique, & seul poursuit a respondre
a la demande du premier demandeur, & a
produire le proces de soymesme, mais aux perils du
vendeur adiourne non comparant, de maniere que
si le defendeur perdoit le proces alencontre du demandeur,
alors a icelui compette vraye action con
tre icelui vendeur refusant garantir, a cause de la
protestation par lui legitimement faicte, pour repeter
12 ou demander tous domages & interrests. Lequel,
ou cas qu’il soit riche, est tenu a reparation
desdicts domages & interests, n’estoit qu’il eust pre
mierement diuise par le contract qu’il ne seroit tenu
en faire bon. Mais s’il estoit pouure & non soluable,
si est ce neantmoins quil est encores tenu a re
paration de garentie, domage & interest: mais pour
autant qu’il n’est soluable, adonc l’achepteur qui a
perdu le proces, demeure endomage, pour autant
13 qu’il eust deu faire son achapt plus cautement. Mais
en Flandre ceste pratique se garde, que toutes &
quētesfoys que celui qui est adiourne pour garētir

prent la cause sur soy, alors l’achepteur qui aussi est
defendeur est efface du proces, en tant que le vendeur
garentissant & qui prent & reçoit a soy la cause
14 soit suffisant pour payer l’adiuge. Et combien que
le vendeur adiourné garentissant son achepteur, au
quel il est associe, lui soit coadiuteur au proces, contre
le demandeur qui le trouble, & que l’un d’eux
ou tous deux perdent la cause, alors au premier de
mandeur compette le choix & option de recouurer
son adiuge de l’un ou l’autre d’eux ou bien de tous
deux ensemble, ainsi qu’il lui plaira. Et ce que nous
auons ici demonstre quant a la matiere, cela se pour

a aussi apliquer aux aultres causes materialles.
15 Quant au surplus, il aduient quelque foys que tout
vn Magistrat est somme a garentir, cest a scauoir
pour conseil donne, ou pour sentence commise, ce
qui sont ici mis pour la seconde espece de garentie.
Et pour icelle espece est doncques a noter que si les
gens de Iustice ou magistrats inferieur ou subalterne,
qui par appellation ou reformation est faict adiourner
par quelques parties opposantes aux grands
iours ou bien au grand conseil, alors icelui mesme
magistrat inferieur pourra semblablement appeller
en droict icelui souuerain magistrat pour garentir,
c’est a scauoir les Iuges capitaux, qu’ils nomment en
langage du pays hoofvonnessers, ou hoooftlasters, ou plus
expressement hooftbelasters, desquels icelui magistrat
inferieur a pris son cōmandement, & cōmission, vul
gairement son hoofivonnesse, auecques pouoir de
P donner

170 LA PRACTIQVE
donner sentence, & alors icelui souuerain magistrat
estant adiourné pour garētir, doibt icelui magistrat
inferieur (auquel il a commande donner sentence)
garentir contre la partie appellante, prendre & rece
uoir la cause a soy, rendre iceluy magistrat inferieur
indemne, si ce n’estoit qu’ls voulussent se defendre
& dire que le records ou recueil du proces auroit
16 este mal rapporte pardeuant eux. Mais telle maniere
de garentir n’est pas par tout obseruee. Car encores
qu’il soit vray qu’en la Conte de Flandre lesdicts
Iuges capitaux qu’ils appellent hoooftlafters, soyent
appellez pour faire bon de ladicte garentie & indennite,
si est ce toutesfoys, que bien peu souuēt ou
iamais du tout, ils ne reçoiuēt sur ladite eux garētie,
d’autant qu’il laissent ceste charge & peril, cest a scauoir
leur mesme iugemēt a ces magistrats Inferieurs
qui ont ont dōne & prononce la sentence, combien
quils l’eussent seulement prononcee par le conseil
de la bouche, & par la sentēce du magistrat superieur
Car le magistrat superieur s’escuse de telle garentie
en ce qu’il dict que la sentence qu’il a dōnee au magistrat
inferieur, n’a este autre chose, qu’un conseil, opinion,
on certaine solution & sentence resolutoire a
leur demande. Et que pourtant toutesfoys & quantes
qu’ils ont donne ladicte sentence par lettres closes
ils ont poteste sur plus saine & meilleure sentēce
a estre dōnee. Laquelle protestation on a coustume
enregistrer & mettre sur le bureau en tout euenement.
Mais a fin qu’en ce lieu soit plus facilement &
plus clairement entendu ce que nous venons de dire
quant aux hoofivonners ou hooftlasters, nous lemōstrerons
17 pars vn seul exemple. Bruge est cite metropolitaine,
& chef de vingt & deux villes quelle a
soub soy, lesquelles nous auons nommement decla
rees en nostre Police de Bruges. Or ces.22. villes
inferieures ou subalternes qui ne sont tousiours
18 pourueues de pensionaires ou magistrats assez doctes,
& lesquels en negoces & affaires d’importance
ne se fient point bien a eux mesmes, & pourtant ces
magistrats seellent bien & deuement tous proces
graues & difficiles, qui ont este cōcluds en cause par
deuant eux, & lesquels ils nentendent a suffisance,
ayans preallablement faict l’inuentaire dudict proces
deu & conuenable, & par leurs deputez l’enuoiient

au Magistrat de Bruges, comme a leur legitime
chef, auquel il est par eux presenté, & parlans par la
bouche & mandemens de leur colleges, demandēt
au Magistrat de Bruges, comme a leur chef, sur iceux
proces ou sur le proces presenté & signé, conseil, de
termination, & declaration de digne sentence. Laquelle
presentation auec le proces ainsi seelle, le Magistrat
de Bruges accepte & commande aux deputez
qu’ils se retirent quelque peu, puis ayans confer,
leurs voix, le magistrat rapelle lesdicts deputez en la
chambre, & par le greffier criminel ou ciuil, ou aultre

pensionaire, respond: Messieurs du Conseil ont
bien entendu vostre demande, a laquelle ils desirēt
du tout en tout satisfaire. Et pourtant ils vous promet,
qu’ils visiteront diligēment le proces par vous
a eux presenté, & auecques meure deliberatiō le vui
derōt, & vous donnerōt iuste sentence & equitable
pour pronōcer sur icelui, vous manderōt & permet
trōt en toutes autres causes administrer iustice droic
turiere, hors mis en ce proces par vous offert, & qui
encores n’est termine. Mais ou ils l’auront expedie
& vuide, ils le vous feront scauoir, & vous appelleront,
afin que d’eux vous ayez vostre capital & principal iugement.
Ceste response receue, lesdicts depu
tez i’en ♣retourneét en leur ville Et entretāt le magis
trat de Bruges visite ledict proces, le vuide & deter
19 mine meurement & a loisir. Ce faict on recueille &
escript vn acte iuridique de ladicte determination
& sentence capitalle, laquelle estant mise en forme
deur est couchee sur le registre. En apres, les susdicts
deputez sont rappellez, ausquels sont deliurez les
Actes faicts & pris sur ladicte sentence par le Magistrat
de Bruges par le greffier dessusdict, proferant
telles parolles: Messieurs, les Conseillers de Bruges
vostre chef iudicial ont reueu vostre proces, lequel
pieça vous leur auez exhibe, pour en auoir plus certain
iugemēt, lequel ils vous rēdent de rechef seellé,
auecques l’acte de la sentence qui est a donner, &en
semble vous mandent qu’au prochain plaidoye &
au lieu acoustumé, mettant a part toutes autres causes
vous la prononciez & vuidiez. Pour lequel acte
(afin que i’adiouste ceci en passant) le Greffier ne
peut demander que dix ou douze pattarts tout au
plus, au moins si i’ay bonne memoire, La troysiesme
20 espece de garentie se pratique & se met en vsage
es mandemens & commandemens, pour l’optemperation
& obeissance desquels naist & sourd quelque
opposition. Car si quelque officier s’estoit luimesme
abuse, ou eust par mesgarde erre e son office,
& ce par mandemant de son Seigneur & maistre
& que de l’obeissance de tel commandement sourdist
opposition par quelque aduersaire, alors ledict
officier pourra faire sommer & adiourner ledict tel
21 son maistre, non pas pour garentir, mais pour appro
uer ou reprouer son exploict. Et si son Seigneur ou
maistre estant adiourne comparoist lors, & reçoit a

soy l’approbation de ce qui est faict, adonc l’officier
est effacé du proces, si ce n’estoit qu’en faisant ledict
22 exploict ou execution, il eust encores commis autre
delict ou exces. Or cōuient en ce passage noter quel
23 ques points quant a la garentie. Premieremēt qu’en
24 matiere d’exces, ni eschet aucune garētie. En second
lieu qu’ame n’est tenu garentir s’il ne veult. Tiercement,
Que es causes ciuiles tous peuuent garentir,
pourueu qu’ils le veulent faire, non moins les clercs
que les laiz, ou autres estrangers quels qu’ils soyent,
touts lesquels sont admetables a garētir, encores que
par telle garentie la cause vint en certaine main. Plus
est a scauoir, que clercs ou aultres estrāgers qui qu’ils

soyent, qui reçoiuent & prenent a eux la charge de
garentir, doiuent donner caution de payer l’adiugé
en tant que la partie le vueille ainsi, si ce n’estoit que
d’auenture iceux fussent bourgeoys de Bruges, ou
bourgeoys de quelque autre ville priuilegiee, en la
quelle tels bourgeoys a cause des heritages & meubles
qu’ils possedent audict lieu, sont priuilegez, de
25 maniere qu’ils sont du tout excusez de ladicte caution
de payer l’adiugé. En quatriesme lieu, qu’aucun
procureur ne doibt estre admis a respondre & faire
bon de la garētie, defense, & indemnite, si ce nestoit
qu’il eust pour ce faire mandement & procuration
especialle. Cinquiesmemēt est a noter que quelqu’ū
promet seulemēt garētie de son faict, alors icelle pro
messe comprent aussi en soy le faict de son predeces
seur, de maniere, que tout ainsi qu’il est tenu de sa persone,
aussi est il tenu de la persone d’icelui auquel il a
succedé. a Et estāt souuēt interrogue du mesme cas.
ay respōdu & cōseille le mesme. Dont la raison est
aperte & claire, d’autant qu’en droict le defunct &
l’heritier sont estimez estre vne & mesme persone. b
a Ita. et Bartol. in l. Si seruus 2 in principio. ff. de condictione
furti, & Alexander ibi in Apostillis qui plura ad hoc
allegat, quae diligenter notanda sunt.
b l. fin. vbi not. per glos. et Doctores C. de haered. instituend.
CHAP.

lieu.
CIVILE . 171
CHAPITRE CXXXV.
Exceptions contre Veue de lieu.
Sommaires.
1 Veue de lieu se demande par le Defendeur, tant en
Petitoire.
qu’en
Possessoire.
2 Veue de lieu se doibt demander pardeuant Commissaires.
3 Apres
Veue de lieu, il est au Defendeur loisible demander iour de Garend.
&
Sommation de Garend est au Defendeur loisible demander renuoy au Iuge du
4 Contre celui qui promet Garend, c’est a sçauoir, sur la garentie, ou sur le tout.
5 Quand la cause est renuoyée, au lieu, le Defendeur procede
Contre celui qui promet Garend contre le Demandeur.
6 Quand la cause n’est point renuoyée au lieu, le Defendeur proteste contre celui
qui nie le Garend des domages & c.
7 Inspection de lieu
On la peut demander au Defendeur.
Demandee de celui qui est somme pour garentir.
La peut on
Ne la peut on
8 Inspection du lieu ne conuient en matiere de Nouelleté.
9 En matiere de Dilation
Quelques Dilatoires sont reputées pour peremptoires.
&
Quelques peremptoires sont reputées pour Dilatoires.
10 Exceptions Dilatoires
Se doiuent proposer toutes ensemble
Peuuent estre ordonnées par le Iuge, a fin qu’elles soyent proposées toutes
ensemble.
11 La Partie faict serment qu’elle ne prendra aucun Delay calomnieusement
Pour garentir la Partie.
Pour postposer la matiere.
Pour prolonger le proces.
1 En matiere reelle, quand le debat & question
sourd & prouiēt pour faire veue de quelque
lieu, lequel a este designé, c’est a sçauoir de faire
veue & visitation de champestres, fonds heritages
forests, prez ou eaues, soit que ladite veue se face en
petitoire, ou en possessoire, le Defendeur peult, auāt
que proceder plus oultre, demander au Iuge que
veue de lieu se face, cest a scauoir, qu’on voye, regar

de & congnoisse plus certainemēt le lieu contētieux
2 selon ses quatre extremitez & milieu. Laquelle demande
ou requeste le Defendeur est tenu faire pardeuant
Commissaires, & par signes leur notifier &
demōstrer ce qu’il pretend & veult par ladicte veue
de lieu, a ce qu’ils les regardent a l’oeil, la cognoissēt,
3 3 en iugent. Et apres ceste inspection & veue de
lieu faicte, le Defendeur peult dauantage demander

iour ou terme pour sommer son Garend, & apres
ladicte sommation de garentie, peut dauantage ledict
Defendeur demander son renuoy au Iuge du
lieu, ou ledict lieu ou fond est situé, si la questiō auroit
este intentée en petitoire. Et si la cause a la este
4 renuoyée, & celui qui doibt garentir comparoist, alors
le Defendeur procede sur & pour auoir garend
& ensemble pour tout le principal, ainsi qu’il lui
5 semblera estre bon & expedient. Mais si celui qui est
sommé & adiourne comparoist pour garentir, icelui
somme procede auecques le Defendeur contre le
Demādeur, en la forme & maniere ici nagueres reci
tées, cest a scauoir pour le principal, domages, & interests.
Mais il fault en cest endroict noter la differēce
qu’il qu’il y a entre le Defendeur, & celui qui est appellé
6 garend. Et est, que le Defendeur (comme dict a este)
peult demāder veue de lieu. Mais si la cause n’est
renuoyée audict lieu, & que personne ne lui vueille
garentir, alors il proteste iuridiquemēt du principal,
des despēs, domages, & interests. Et porte auecques
7 soy ladicte protestation a son iour de Conseil. Et
quant a celui qui est somme a Garand, icelui ne
peult aucunement demander veue, principalement
quand elle a vne foys este prise & faicte. Ce qui
doibt estre ici adiouste, & non sans cause. Car si premierement
n’eust este faict aucune veue de lieu,
icelle se deuroit toutalement faire a celui qui est
8 sommé, au moins s’il la demandoit. Il fault en oultre
noter, qu’en matiere de nouelleté nulle inspection
ou veue de lieu ne sert, ni conuient, pour ce que opposition
faicte au lieu contentieux est & sert toutalement
pour veue de lieu, & supple plainement au
9 default d’icelle. En troisiesme lieu est a noter, &
sauoir en ceste matiere d’exceptiōs dilatoires, de laquelle
matiere nous tractons il y a bonne espace,
qu’il y a aucunes de telles exceptiōs dilatoires, qui
sont tenues & raputées pour perēptoires. Et au con
traire, qu’il y a aucunes perēptoires qui sont estimées
dilatoires, cōme d’icelles a suffisammēt apparu par
10 exēples és lieux ci dessus traictez. Quartement, est
en oultre a scauoir en ce lieu, que toutes exceptions
dilatoires suiuant le stile, & aussi selon les droicts se
doiuent proposer ensemblement, car le Defendeur
ne seroit oui, ni entendu, qui voudroit auiourdhuy
proposer vne exception dilatoire & demain l’autre,
principalemēt si le Iuge auoit ordonné & eust donné

iour & terme pour proposer toutes icelles exceptions
11 dilatoires par ensemble. Car il est au Iuge
loisible ce ordonner & faire selon son office, pour
abreger le proces. En oultre le Iuge peult aussi contraindre
la Partie a iurer & faire serment, c’est a sçauoir
qu’elle ne proposera aucunes exceptions dilatoires
par calomnie, ou pour garentir Partie aduerse,
ou pour tirer la matiere en arriere, ou pour prolōger
le proces, comme nous auons souuentes foys dict
ci dessus.
P 2 CHA-

172 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CXXXVI.
Des Exceptions peremptoires.
Sommaires.
1 De quelle efficace sont les Exceptions peremptoires, & pourquoy elles sont
ainsi nommées.
2 Perpetuelles
Paction de non demander.
Serment de non agir ou proceder.
Exceptions
De dol.
De ce qui se faict par crainte.
De ce qui est promis par erreur.
D’argent non deliuré.
De chose adiugee.
Forfaictures contre les ordonnances des magistrats
3 Des Exceptions peremptoires, les vnes sont
Defensoires, c’est a sçauoir
Payement.
Quitance.
Renonciation.
Recompense.
ou
Qui monstrent la mauuaise cause du Demandeur.
Qui eneruent l’instance du Demandeur.
Qui du tout anichilent le libelle du Demandeur
4 Pour annuller l’instance, precedent litiscontestation, comme
Qui sont contre la procuration.
Qui sont contre la commission.
Qui sont contre l’execution.
5 Exceptions peremptoires
Pour annuller le libelle auec la cōclusiō, se font deuant & apres litiscontestation,
comme
Prescription.
Transaction.
Deliurance.
Paction de ne demander.
Exception
De chose iugée.
Que c’est force.
Que c’est pour cause de crainte.
Que c’est nouation.
6 Que c’est Nouation. Exemple d’icelle.
7 Exceptions de chose iugée
Auant contestation en cause, sont
Pour empescher le proces.

&
Pour annuller l’instance.
Apres litiscontestation, pour obtenir au principal.
8 Quiconque donne exception contre vne debte, il confesse tacitement la mesme
debte, si ce n’est & c.
1 Exceptions peremptoires ou plustost elisoires sont
dictes, les exceptions dernieres, ainsi
dictes pourtant quelles brisent & presque
esteignent & amortissent la demande de la partie.
Ou bien pourtāt qu’elles sont les dernieres, & cōtiē
nēt en elles toutes les premieres exceptiōs, & esteig

nent toutes les autres. a Ces exceptions se peuuent
2 opposer a tousiours. Or les exceptions peremptoires
sont de deux manieres, cest a scauoir simplement pe
remptoires, qui aussi sont dictes perpetuelles, d’autāt
qu’elles ont tousiours lieu, & quelles ne peuuent
estre euitees, & pourtant que tousiours elles donnēt
empeschement a celui qui actionne & procede, encores
qu’il cessast de proceder iusques a mille ans, ou
que l’action eust este differee iusques a mille ans. Et
pourant est elle dicte action perpetuelle, combien
que l’action soit temporelle, si est ce toutesfoys que
l’exception est dicte perpetuelle, pource que les matieres
qui sont annuelles pour agir, elles sont perpetuelles
pour prendre exception, comme sont: Paction
de ne demander, Serment de non agir, Exceptiō
de dol, Ce qui se faict par crainte, Ce qui se promet
par erreur: D’argēt nō paye ou deliure. Chose iu
gée. Itē les choses qui sont dictes estre faictes cōtre
3 les loix & decrets. Mais les autres actions peremptoires,
sont defendoires ou defensions, lesquelles aussi
de droict tollissent & esteignent toute actiō, com
me sont payement, quitance, qui est vne deliurance
qui se faict par interrogation mutuelle. b Item Renonciation,
qui est vne franche & voluntaire negation
& refus, par lequel l’action sesteinct, lequel se
peult aussi faire par celui auquel apertient ce a quoy
on renonce. Item, Recompense, delaquelle nous
traicterōs ciapres, laquelle aussi amortist & enfreint
les actions, ou en ceste maniere. Aultres exceptions
peremptoires sont defensions, par lesquelles le defendeur
desire & veult demonstrer la mauuaise & sinis
tre cause de demandeur, de sorte que par raisons pe
remptoires il enfreint, brise & amortist l’instance
dudict demandeur, c’est a dire par laquelle il se par
force d’enfreindre & anichiler du tout le proces pro
cedant a l’encontre, auecques le libelle du demandeur
$ & sa conclusion conceue. Mais quant a ce que
nous traictons, est ascauoir que les exceptions pe
remptoires qui sont prises pour esteindre & amortir
le proces, elles doiuent preceder & estre proposees
auant litiscontestation, pourtāt qu’elles sont aussi di
latoires, telles que sont aussi les exceprions proposees

CIVILE. 173
sees contre l’exploict, ou contre l’execution, ou con
tre la commission, ou contre la procuration & c.
5 Mais quant aux exceptions peremptoires qui sont
prises pour annuller la demande, libelle & conclusiō
du Demādeur, elles peuuēt estre proposées deuāt &
apres litiscontestation. Telles que sont Prescription
Transaction, Deliurance, Paction de ne demander.
Chose iugée, Chose qui se faict par force, Qui se
faict pour cause de crainte & autres semblables. Ex
6 ception de Nouatiō est semblablement peremptoire.
Or Nouation est dicte vne cōmutation de la pre
miere debte en autre obligatiō, c’est a scauoir ciuile
ou naturelle. Tesmoin Vlpiā Iurisconsulte. auquel
lieu ci allegué, lui ayant a traicter des Nouatiōs, a ce
que par choses incognues il ne proue celles qui sont
incognues, il mōstre par exēple que c’est que Nouation.
Comme par maniere de dire: I’ay este oblige a
toy pour la somme de cent liures de gros monoye
de Flandres, a payer seulement, quand le Roy Catholique
sera retourne d’Espaigne, & ce pendant
par nouelle obligation est entre nous conuenu que
sans aucune condition ie te paye lesdictes cēt liures
de gros monoye de Flādres a la feste de Pasques, en
I’an 1570. Les cedules & quitāces des payemēs faicts
abolissent toutes actions obligatoires. Tout autant
en faict la renonciation d’obligation. Dauātage, Re
cōpense est de mesme efficace, en tant qu’elle amor
7 tist l’obligation. Quant au reste, les exceptions de la
chose iugée se doiuent proposer auant que cōtester
en cause, pour abolir le proces & anichiler l’instāce.
Mais on les pourra aussi proposer apres litiscōtestatiō,
pour obtenir au principal, tout ainsi qu’on doibt
aussi proposer les transactions, deliurances, prescriptiōs,
solutions ou payemens, qui se peuuent propo
ser iusques a conclusion en cause. Mais il fault bien
noter ce point quant taux exceptions de chose iugée
c’est qu’il y doibt auoir troys concurrences, sçauoir
est, que iugemēt ait este faict entre mesmes Parties.
que ce soit pour vne mesme chose, & que ce soit de
8 mesme cause. Et encores fault il noter cest article
pour le dernier, c’est que quiconque propose aucune
exception de debte, icelui par mesme moyē con
fesse taisiblement ladicte debte, & pourtant en plu
sieurs cours le Iuge ordōne au Defendeur qu’il con
signe & nantisse, principalement si le Demādeur le

equiert, si ce n’estoit qu’incōtinent & sur le champ
il fust tout notoire & euident par vrayes preuues,
qu’il y eust entre le Demādeur & Defendeur payement
faict.
a §. Porpetuae. Institut. de except. & l. prima ff. eod. titu.
de except.
b De qua l. Prima. ff. eod. de acceptilationib.
c ln principio l. primae ff. de Nouationibus.
CHAPITRE CXXXVII.

De Prescriptions.
Sommaires.
1 Iean Françoys le Begue, diligent recueilleur de prescriptions.
2 Allegation de prescription est exception peremptoire.
3 De prescriptions les vnes sont
De troys ans.
De dix ans.
De vingt ans.
De trente ans.
De quarante ans.
De cent ans.
D’annes infinies.
4 Vtensilles.
5 Prescription
De troys ans, a lieu en &
Choses mobilles.
a lieu en
De dix ans.
De vingt ans.
De trente ans.
De quarante ans.
De cent ans.
Tresfonds.
&
Choses incorporelles.
6 Tiltre.
Temps de dix ans.
7 Pour prescrire vne chose corporelle
Contre presens, est requis
Continuation de temps.
Bonne foy.
Contre absens, sont requis
Tiltre.
Vingt ans de possession.
Continuation de temps.
Bonne foy.
8 Prescription de 30. ans requiert
Possession pacifique.
Possession continue.
Bonne foy.
9 Prescription de 40. ans se faict contre & est requis
l’Eglise.
Le Prince.
La contree
La ville

Tiltre.
Possession continue.
Bonne foy.
P 3 Prescription

174 LA PRACTIQVE.
10 Contre
Eglise particuliere, requiert seulement possession de 40.ans
l’Eglise Romaine, requiert
Tiltre.
Possession de 100.ans.
Continuation.
Bonne foy.
11 Prescription.
12 Infinie, se faict en
Domeines
Iurisdictions
Et autres choses incorpor.
requiert
Possession d’ans sans memoire.
Possession continue.
Bonne foy de qui prescript.
Vsage de telle seruitude.
Vsage public & notoire.
13 Hypotheque chargée par Prescription de 10. ans est deliurée.
14 Possesseur de mauuaise foy ne peut iamais prescrire.
15 Selon aucuns ne se peut prescrire.
16 Vn fief Selon Zasius il se prescript en 30. ans.
17 D’Eglise & Repub. se prescript en 40. ans
18 Chose
Qui est possedée au nom de fief, apres 30. ans. le proces meu requiert serment.
Celle qui est possedée a tiltre de gage Lapres 30. ans, le proces meu n’a besoing.
De serment.
ou
Aucun temps.
19 Nul ne peut changer le tiltre de la possession qu’il a.
20 Vn trefond d’heritage deuient fief, quand par 30. ans il est tenu pour fief. &
reçoit seruitudes.
21 Ne se peuuent prescrire par hommes laiz.
22 Dismes Mais
Se peuuent prescrire par Ecclesiastiques.
23 En aucune maniere.
24 Soub tiltre de fief.
25 Homme lay ne peut posseder dismes
En aucune maniere.
Soub tiltre de fief.
Par droict hereditaire
26 Par transport de domeine
27 Par tiltre de longue possession
doncques ne les peut il prescrire.
28 Rentes.

29 Quelles choses sont appellées
Cens.
30 De tres font, & se prescriuent en l’espace de 30. ou 40. ans.
31 Des Rentes ou cens les vns sont
Honorables
Ne se prescriuent par soy.
Mais
Les charges d’iceux se prescriuene.
32 Pupilles Mineurs, Prodigues, Insensez.
33 Qui sont long temps absens pour le publicq.
34 Court toutes foys contre ceux qui sont volontairement absens.
35 Court toutes foys contre Souldats cendriers.
36 Souldats qui sont en la guerre.

37 Qui ne peuuent agir a cause d’une inundation suruenue.
38 Prescription ne Cours contre L’Eglise, en temps de schisme.
39 L’Eglise, qui est priuée de son prelat.
40 Aucun, en temps de peste.
41 Aucun, en temps de guerre.
42 La Republique, ou proufit d’icelle.
43 La femme pour son douaire.
44 Toutes Prescriptions sont odieuses, & pourtant doiuent estre restraintes.
45 Par inundation.
46 Par force & violance de brigans.
47 Par vn dechassement violent de possession.
48 Naturellement Quand quelqu’un a este longue espace sans posseder.
49 Quand celui qui prescript a besogné de male foy.
50 Quane celui qui prescript a abandonne la possession.
51 En temps d’aage Pupillaire.
52 Par litiscontestation.
53 Par quasi litiscontestation.
54 Prescription s’interrompt
Par conuention de l’executeur.
55 Par requeste baillée au Prince.
56 Par requeste baillée a quelque Iuge que ce soit.
57 Qu’il ne peut conuenir son aduersaire.
58 Ciuilement Pourtant
Que l’aduersaire est enfant, absent
Que l’aduersaire est insensé.
Que l’aduersaire est constitue en dignité.
59 Par proclamation de céne.
60 Par oracle presente au Prince.
61 Par cognoissance de debte.
Quand le prescript acquiert la chose prescripte.
62 Litiscontestation

CIVILE. 175
62 Litiscontestation n’enterrompt point prescription d’usucapion.
63 Vsucapion est interrompue par la seule presentation de libelle
Quand le Defendeur est enfant.
Quand le Defendeur est insense.
Quand le Defendeur est constitue en dignite.
Par
Leuee de fruits.
Bail de gages.
Protestation.
Possession prise par vn seul sergent.
Non vser de la possession.
64 Interruption
Naturelle proufite a tous.
Ciuile profite tant seulement a celui par qui elle est faicte.
65 Esteint l’action Personelle auecques le temps de 30.ans.
66 Prescription
Baille & attribue action & vendication de chose corporelle a tout possessesseur,
reserue au Seigneur.
67 Qui possede de mauuaise foy, s’attribue la chose qu’il possede non par action,
mais par exception.
68 La loy & les Canons requierent
Chose prescriptible.
Long temps.
Iuste tiltre.
Possession continue.
69 Exception est forclusion d’action.
70 Prescription domeine vtille, & vendication de la chose.
71 S’acquierent
Par vsucapion meuble, sauecques domeine direct.
Par prescription immeubles, auecques seigneurie vtile.
72 Hypotheque
S’oste par prescription.
Ne s’oste par vsucapion.
73 Exception forclost action, ou vrayement, ou putatiuement.
74 Prescription auecques mauuaise foy n’est valable.
75 Prescription a este introduitte
De droict ciuil.
Pour le bien public
Pour donner fin aux proces.
Pour euiter despens.
Pour oster de proces
Erreurs
ou
Confusions

76 La loy Ciuile n’oste point le domeine qui est du droict des hommes,
77 La Seigneurie d’une chose s’oste par
Mais pour cause de l’utilite publique.
La loy ou
par
Le Prince
78 Prescription amortist le domeine d’une chose, pour le bien publicq.
79 Prescription contre Eglise priuilegiee du terme de cent ans n’est valable.
80 Le priuilege de cent ans se doibt restraindre par ceste clausule (non obstant,
& non aultrement.)
Considere que la matiere de prescriptiō est
si vtile, frequente, & presque quotidienne,
non seulement en droict Canon mais aussi
en droict Ciuil, comme tresabondament le monstre

le tresexcelent Docteur es deux droicts le Seigneur
Iean Françoys Balbus en son traicte des pres
criptions, lequel contient mille cent cinquante &
1 six grandes colomnes, & pourtant i’ay pense que ie
feroye chose vtile & profitable, si ie tiroye d’icelui
traicté ce que bon me sembleroit & conuenable,
quant a la practique ciuile, pour l’inserer en ce mien
liure, voire en ce present chapitre, & quant au reste
qui me sembloit n’apertenir a ladicte practique ciuile,
combien quil ne soit moins vtile que le surplus
le lecteur studieux le pourra lire au grand traicte du
dict Seigneur Iean Françoys Balbus, ou biē le voir
2 on ce liure au chapitre. 51. du laps du temps. Pour
auoir doncq plus certaine & claire cognoissance &
declaration de ceste matiere de prescription, en premier
lieu est ascauoir que selon la commune opini
on des docteurs, allegation de prescriptiō est exception
peremptoire, qui est de telle nature & efficace
que l’exception de la chose iugee, d’autant qu’elle
n’aneantist & enerue moins la demande ou libelle
que faict exception de la chose iugee. a Et autant
l’une que l’autre se peut a tousiours alleguer & opposer,
a raison de quoy que toutes deux sont conte
nues soub l’exception peremptoire simple, de laquel
le nous auons ia traicte au chapitre. 136. prochain
3 precedant. Pour le second point est a noter qu’il y
a plusieurs manieres voire presque infinies de prescrire,
Car il y a aucunes prescriptions qui sont de
troys ans, les autres de vingt, les autres de trente ans
les aucunes de quarante ans, les autres sont prescriptions
de tant de temps qu’il nest memoire du contraire.
Desquelles nous declarerōs la pluspart chascu
4 ne selō son ordre s’il plaist a Dieu. Laquelle prescrip
tion de troys ans, est en droict appelle vsucapion, b
5 Pour laquelle obtenir, il y doibt auoir troys concur
rences, cest a scauoir le tiltre, possession de troys ans
continue, & bonne foy. Et quant a toutes les autres
prescriptions, elles ont lieu es tresfonds, tant cor
6 porels comme incorporels. c Or pour obtenir prescription
de treffond ou heritages, ou choses semblables
& corporelles entre presens, il y doibt auoir
quatre concurrences, scauoir est le Tiltre, espace
de Temps de dix ans, Possession continue, & bonne
7 foy. Et pour obtenir possession par prescription
de temps contre absens, le Tiltre y doibt estre, Pleine

& continue possession de vingt ans, & bonne
8 foy. Touchant les prescriptions de trente ans, deux
points suffisent au possesseur, cest a scauoir possession
pacifique & continue de trente ans parfaicts
& acomplis & bonne foy. Car en ceste possession
P 4 uo

176 LA PRACTIQVE.
ou prescription, n’est point necessaire qu’il y ait tiltre.
9 Quant est des prescriptions de quarante ans, si le
possesseur veult prescrire contre l’Eglise en general,
ou contre le Prince, ou contre vne dition, ou contre
le pais, ou contre vne ville ou cite, icelui doibt
auoir tiltre, & pleine & continue possession de
10 quarante ans, & bonne foy. Mais si quelque possesseur
vouloit prescrire contre vne Eglise particuliere,
a icelui possesseur est seulement requis & necessaire
qu’il ait possession de quarante ans pleins & acomplis.
11 Es prescriptions de cent ans acomplis, qui cou
rent cōtre l’Eglise Romaine, vn seul article ou deux
ne suffisent pas, mais tous les points qui ci deuant
12 ont este recitez, y sont necessairement requis. d Mais
prescription de tant de temps qu’il nest memoire du
contraire, a communement lieu es matieres & possessions
de Iurisdictions, seruitudes & autres choses
incorporelles, pour Lesquelles prescrire y doibt auoir
cinq concurrences. Et tout premierement
longueur de temps, selon la qualite de la seruitude.
Secondement, Possession continue, sans aucune in
terruption, Tiercement, Bonne foy de celui qui pres
cript. Pour le quatriesme, qu’il eust vse d’icelui seruitude
comme de son droict. Quant au cincquiesme
& dernier point, que son vsage ait este en public, par
veue, ouye, & par la publique cognoissance d’un
13 chascun. e Et si quelque foys aduient que l’hypothe
que se trouue chargee, icelle se decharge de rechef
par prescription de dix ans a la bonne foy, s’ainsi est
quautant de temps lesdictes charges ont este incognues
14 & non payees. Iay souuentes foys faict mention
de la bonne foy qui est requise en prescription,
pourautant que le possesseur de mauuaise foy ne
peut prescrire par aucun laps de temps. f Auquel lieu
ci allegue voye Dynus traictant qui est celui qui est
dict possesseur de bonne & mauuaise foy: Dauante
ge qui est celui qui peult prescrire ou non prescrire.
15 Et quant aux prescriptions des fiefs, il fault noter ce
point, qu’un fief, (comme est l’opinion d’aucuns)
n’est point subiect a prescription, pour preuue
de quoy ils alleguent le Tiltre. 55. qui se commence.
16 Imperialem decetsolertiam, & c. g Toutesfoys
lcs autres tiennēt opinion contraire, l’un desquels
est Vldaric Zasius excelent Iurisconsulte, qui en son

abrege de l’usage des fiefs monstre comme les fiefs
se constituent & establissent, & quel droict le vassal
acquiert d’iceux en la partie. 6. page, 3. selon le
liure que i’ay. Ou il dict qu’il fault noter que
le fief s’acquiert aussi par prescription, de maniere
que se quelqu’un auoit tenu pour fief la chose de
son Seigneur par l’espace de trente ans, & que durant
ledict temps il lui eust faict les seruices deux
& acoustumez, on pourra asseurement dire, que mes
me sans inuestiture il aura prescript ledict fief. h. Et
en cest endroict ci fault aussi dire qu’il suffist auoir

faict seulement vne foys les seruices coudignes,
pourueu que par apres sensuiuent les trente ans, de
maniere que puis apres il ne seroit necessaire faire
& prester lesdicts seruices par chascun an lesdicts
17 trente ans durant. i Or il est ainsi que ceste opinion
est uraye es fiefs seculiers, Car quant aux fiefs
& choses de l’Eglise, & es biens des Republiques,
il est requis pour les prescrire l’espace de quarante
ās, laquelle distinctiō met Andr, de Iser. k Car on ne
presume pas qu’il y ait derogation a l’Eglise & choses
18 publiques par les droicts feudaux. l Mais ce pendant
on doibt ici noter ceste difference quant a la
prescription des choses feodales, & choses qui sont
possedees pour pan ou gage, que si apres le cours &
espace de trente ans il y auenoit different, il ne seroit
point necessaire que le vassal sur telle chose feo
dalle prestast le sermēt au lieu de probation. m Mais
si quelqu’un auoit tenu la chose de son seigneur des
le commencement au lieu de gage, & qu’entre tant
trente ans se fussent escoulez, en ce cas il seroit necessaire
qu’il prestast le serment, pourautant que le
temps ne releue point le possesseur dicelui serment.
n. Mais qui plus est, ce temps la quelque long qu’il
peust estre ne seroit point suffisant, quand ce iltre
de gage viendroit en euidence. Et ne fault point
qu’aucun pense qu’il puisse muer le tiltre de pan
ou gage, & se pouoit munie d’un aultre tiltre de sa
possession. Car nul ne peult changer a son proufit
19 le tiltre ou cause de sa possession: Car si quelqu’un
venoit a faire cela, il viendroit a estre possesseur
de mauuaise foy, ce que mesme quant aux fiefs
empesche le cours du temps. o Mais on pourra en
cest endroict demander. Que c’est qu’on deura dire
du. Seigneur de fief, qui par l’espace de trente
ans a receu de moy les seruices feodaux de ce fond
ou heritage. tout ainsi que si ledict fond eust este
vrayement feodal, de ce tresfond, dis ie, a scauoir s’il
20 doibt estre tenu feudal ou non? A laquelle question
fault respondre affirmatiuement, cest a scauoir que
pour ces seruices la, qui ont este admis il est deuenu
toutalement feodal, P. Et faict la nature des correlatifs
ceste assertion. Par ces choses ci declarees s’ensuit,
que le Seigneur de fief peult aussi prescrire la
liberte dudict fief, ou cas qu’il eust possede ceste
chose feodale, autant de temps pour libre, par maniere
que dedans autant de temps de trente ans,

nul vassal n’eust possede & vse de telle chose feodalle
pour fief, & en telle liberté, car alors le domeine
& Seigneurie vtile est iointe & consolidee
auecques lutilite, qui est chose bien notable. q
21 Mais il est autrement des dismes des Eglises &
fiefs d’icelles, car les dismes des Eglises sainctes
ne peuuent iamais estre prescripts par gens laiz. r
Lesquelles auctoritez ci alleguees on doibt diligemment
obseruer alencontre d’aucuns hommes
laiz, qui quelques foys ayans pris les dismes a fer
me, se parforcent les vsurper du tout, & se defendre
par prescription de long temps, c’est a scauoir
en cuidant qu’ils pourront a bon droict obtenir

& posseder a tousiours les dismes qu’ils ont eu &
possede par bien long temps, mais ils s’abusent
trop en cela, s Auquel lieu allegué la glose dict
22 bien, Que Eglise contre Eglise iouist de prescrip
tion de trente ans, ou cas quelle possede les dismes
23 sans intermission ne relasche. mais quant a
l’home Iay, il n’est aucunement capable de dismes.
t. Qui plus est, hommes laiz ne les peuuent
24 posseder sans commandement. v Comme
aussi ils ne peuuent tenir dismes soub nom de fief,
si ce n’estoit quils les eussent au precedent eues,
& auant le decret de Pape Vrbin.2. faict l’an de
nostre Seigneur mil quatre vingts & seise. Aussi
ne peuuent les dismes estre possedez par vn home
25 lay de droict hereditaire. x Confession est droict de
prochasser les choses qui ne sōt prohibees a posseder
Semblablement

CIVILE. 177
26 Semblablement ne se peult faire aucun contract de
dismes auecq vn home lay, par lequel la Seigneurie
27 directe ou vtille se transfere. Pourtant que tel trans
28 port seroit alienation de chose spirituelle. y. Aussi
n’est valable prescription a cause de la coustume de
temps quelconque auecques lesdicts laiz, pourau
tant que tous droicts sont alencontre d’eux. z Au
demourant, conuient en cest endroict obseruer aucuns
points, quant a la prescription de rentes & cēs.
Mais note premierement la difference & diuersite
29 qui est entre eux. Doncques les rentes sont les reuenuz
annuels, lesquels estants gangnez par chascun
an, retournent a leur Seigneur. Et de ces rentes,
les vnes sont perpetuelles, les autres sont a vie, toutesfoys
elles sont toutes ou foncieres ou honorables
Rentes foncieres sont celles qui paruiennent d’heritages,
maisons, chasteaux ou villes, & sont hypothe
30 quées sur icelles. Rentes honorables sont celles qui
procedēt de domeines ou ditions. Et quāt aux cens,
ce sont le plus communement reuenuz qui reuiennent
de baux & arrētemens d’heritages champestres
ou fermes, parquoy elle sont aussi appelles rentes
annuelles, & sont foncieres ou honorables, desquelles
Ouide au 2. de Ponto dict ainsi.
Mais a present chascun ses Rentes & Reuenuz.
Ayme bien, & soigneux conte par les menuz.
Sur se doigts tout cela qui proufit lui apporte:
Doncques quant a telles rentes & cens, est a
noter, que celles qui sont foncieres s’essuanouissent
par lespace de trente ou quarante ans, & viennent
31 comme a se perdre & estre hors d’usage. Mais celles
qui sont honorables, elles ne se peuuent prescrire
par aucun temps, en tant quelles se payent pour cau
se de domeine, dition principaute, Seigneurie ou Iu
risdiction. aa Ce que ie mets ici a cause daucunes
Seigneuries qui sont chargees de rentes annuelles,
lesquelles conuient payer chascun an, non pour raison
de la Seigneurie, mais a cause de la charge y imposee,
laquelle charge de payement (ainsi que des au
tres rentes foncieres) est auecques certain temps, qui
32 est a prescrire de trente ou quarante ans. Semblable
ment contre pupilles & mineurs de vingt & cincq
ans, cōtre prodigues, & insensez n’echet iamais pres
cription de temps aucune, bb Pourtant que prescrip
tion en aage pupillaire, ou en aage de mineur, prodi

gue & insense, est assoupie. cc Et quant aux autres cas
esquels est prescription endormie, voyez les en. dd
33 En oultre ne vault prescription contre ceux qui ont
long tēps este absens pour cause necessaire, ou pour
cause de legitime excusation, comme ceux qui ont
long temps este absens occupez aux affaires d’une
chose publique. Car ce tiltre par lequel ils ont este
occupez pour la Republique a la bōne foy, aumoins
auec effect les excuse de prescription. Et qui plus est
encores que prescriptions de leurs choses ou biens
eust este decretee, elle viendroit a estre rescindee &
34 les mesmes choses. emises en leur entier. ee I’ay dict

quant a l’absence necessaire & occupation pour la
Repub. par ce que si quelqu’un estoit long temps ab
sent, non par necessite, mais volontairement, telle
absence volontaire ne l’excuseroit de prescription
35 de temps auec effect, ff Aussi ne court prescription
contre souldats, qui sont en armes a la guerre & en
camp, au moins effectuellemēt. Car combien qu’on
eust adiuge prescription contre eux, on leur deura
36 par apres adiuger leur restitution. gg I’ay semblable
ment dict des souldats qui sont guerroyans & manians
les armes en la guerre, a cause de ne scay quels
souldats delicats couuans les cendres, qui viuent a e
pos en leurs maisons auecques leurs femmes au pres
du feu, lesquels combien quils iouissent du tiltre
& priuilege de gensdarmes, & neantmoins n’ont
& ne tiennent chose aucune du bon & vray soul
dat, & pourtant n’en meritent ils le nom, & par con
sequent, la longue absence de tels galliers soub vn
vain tiltre de guerre, ne les excuse point de prescrip
37 tion. hh Semblablement, contre ceux qui sont impotens
S2 ou ne se scauent ayder, ne court ceste prescrip
38 tion. ii Aussi ne court point icelle prescription contre
l’Eglise qui est en scisme, parlant de la prescription
de cent ans, laquelle seulement court cōtre l’Eglise
Romaine, mais que les tēps des scismes soyent
39 deduicts. kk Comme aussi elle ne court point contre
l’Eglise vacante, par ce qu’elle est adonc destituee
de legitime defenseur. ll Et pourtant tout ledict
temps durant, telle prescriptiō est endormie. mm Ce
que l’Archediacre entend tant de l’interpretation.
40 comme de l'Eglise vrayement vacante. Item prescription
de temps ne court aussi point en temps d’epidimie
ou peste. Car vne pestilence suruenant interrompt
toute prescription, ou il en dict autant de
41 la guerre. nn Car en temps de guerre ne court aussi
prescription aucune, oo Aincoys ce temps est rabatu
de la prescription. pp Ou ils dient que prescription
dort en temps de peste & de guerre. Mais icelles pes
tes & guerres estans finies & cessantes, le temps se
42 continue. qq Aussi ne court prescription contre la
republique, ou contre le profit & vtilite cōmune. rr
43 Ni contre le fisc, en matiere fiscalle. ss Ni mesme aussi
contre la femme pour le douaire & durant le mariage
44 vault aucune prescription. tt Il y a d’auantage
plusieurs autres cas esquels ne court prescription au

cune, lesquels nous passons ici pour cause de breueté,
& renuoyons les studieux au traicte qu’en a escrit
le Seigneur Franc. Bald. les aduertissans ce pen
dant, que toutes prescriptions sont en droict odieuses,
& que pour ceste cause elles doiuēt estre restrinc
tes, & iamais amplifiees ni augmentees, Dauantage
elles doiuent estre restreinctes, a ce quelles ne soyēt
tirees & apliquees a autres choses suiuant la regle
commune. Il conuient que les hainnes soyent restrinctes,
& les faueurs amplifiees. vv Mais pourtant
que iusques ici nous auons mōstre en quelles manieres
prescription a cours, on n’en a point, reste mainte
nant a voir en quelles manieres & pour quelles causes
icelle prescription s’interrompt, c’est a scauoir
45 naturellement & ciuillement Elle s’interrompt na

turellement par inondation & desbord de mer ou
grosse riuiere, ou quand aucun par volleurs & brigands
ou par autres moyens est violentement deiet
46 te & dechasse de sa possession. xx Auquel lieu
allegue dict le texte. Si a cause de la nature de
la chose, comme si vn champ ou heritage estoit
noyé & couuert d’eaue, ou que pour la puissance des
brigands on n’en peust iouir & le posseder, on dict
47 bien qu’il n’ia que posseder. A quoy est ce dire semblable,
48 vne chose ne pouoir estre possedee. yy Item
ce qui est pris & occupe par la mer, ou par vne grosse
riuiere, nous cessons de plus le posseder. Item y a
interruption

178 LA PRACTIQVE.
interruption de prescription naturelle, quand quelqu’un
a cesse de posseder par long temps. zz Item il
y a aussi par auenture interruption naturelle, selon
les canonistes, c’est a scauoir, quand celui qui prescript
en aucune partie du temps de prescription, a
49 eu mauuaise foy. Item quand icelui prescripteur a
delaisse & abandonne la possession, de maniere que
50 plus il ne la possede. Item est la prescription naturellement
interrompue, des le temps de l’aage pupillaire,
cest a dire, des le temps que les parens sont
trespassez, & que les enfans ont commence a estre
51 soubz tutelle. Car durant tout ce temps la le pupille
ne s’est peu defendre contre la prescription. Quāt
au surplus, prescription s’interrompt ciuilement en
52 plusieurs manieres. Premierement par litiscontestation.
aaa Secondement par quasi litiscontestation,
cest a scauoir par denonciation faicte au laboureur
appelle en iugement. bbb Ou par seule conuention
de l’executeur, ccc laquelle est dicte quasi litiscontestation.
53 Item par vne seule offre de prieres faicte au
Prince. Et par telles prieres qui sont escriptes aux
annalles, ou qui ont lieu es actions pretoriennes. ddd
54 Item par la seule presentation d’une requeste, par
deuant quelque Iuge qu’elle soit faicte. Voire aussi
si par default ou disette de Iuge, elle se faict pardeuant
quelconques personnes publiques & honestes
55 En laquelle requeste aucun se complaint de ce quil
ne peult conuenir son aduersaire, c’est a scauoir pour
quelqu’un de ces. 4. cas ensuiuans, ou pourtant qu’il
est enfant, ou pour ce qu’il est insensé, ou constitue
en dignite, ou par ce qu’il est absent. eee Ou la loy
semble ce requerir, cest a scauoir que contestation se
face au domicile du possesseur, & le mesme est leu.
16..q.3.§ Potest. versi. is autem. Autant en doibt on di
re ce semble au cincquiesme cas, c’est a scauoir
56 quand le visage de l’aduersaire (pour vser des propres
termes du texte) est terrible, non moins pour
sa dignite, que a cause de ses richesses, ou a cause de
sa puissance & malice, par laquelle, peult estre il met
57 troit incontinent le conquerant a mort. fff Item se
faict ciuille interruption par proclamation synodale.
58 ggg Itē par le sacré oracle presenté au Prince suiuāt
59 puis apres la conuētion par l’executeur. hhh Item
par cognoissance de debte, suiuant caution & paye

60 ment des vsures. iii Item, Si celui contre lequel on
prescript acquiert puis apres possession de la chose
qui est prescripte. Laquelle interruption imitte Litiscontestation,
& est estimee auoir force pareille a
61 icelle. kkk. Et pourtant ceste interruption semble estre
naturelle, & oppere auecques plus de vertu que
ne faict la ciuile, lll Et est en ce passage chose bien
digne de noter, que par litiscontestation, de droict,
(comme ci dessus nous auons dict) la prescription
62 soit interrompue. Mais il en va autrement en l’usucapion
de troys ans, qui ne vient a s’interrompre

par litiscontestation. Et si quelqu’un vouloit par icel
le interrompre, la prescription trienenalle courroit
tousiours contre le Demādeur, combien que par of
fice du Iuge a icelui qui proue son intention soit
restitue la chose prinse. mmm Toutes foys en quatre
cas vsucapion est par droict interrompue, moyennant
vne seule presentation de libelle. Premierement
quand le Defendeur est enfant. Secondement,
quand il a perdu le sens. Tiercement, quand
63 il est cōstitue en dignité. Quartemēt, Vsucapion s’in
terrompt par leuée & cuillette des fruicts, ou par
auoir donne pan ou gage, par protestation, par simple
mise en possessiō par vn sergent, & ia soit que le
possesseur n’usast d’icelle, si est ce toutes foys que prescription
s’interrōpt ciuilemēt par tels moyēs. Mais
64 il fault en ce lieu noter, que combiē qu’interruptiō
naturelle proufite a tous, si est ce toutesfoys que la
ciuile ne proufite a nul, sinon a celui par qui elle se
faict, & aussi ne nuist a personne, sinon a celui cōtre
qui elle se faict. nnn Mais on pourroit en cest endroit
demander quel est l’effect de prescription. A quoy
il fault respondre, que le premier effect de prescription
65 est, qu’il oste les actions personelles. Car toutes
ces actions s’esteignent & amortissent du tout
par prescriptions, estant le temps de trente ans passé.
Car elles viennent a s’esteindre, quand les person
nes cessent de viure, tout ainsi que les rentes viageres
s’amortissent, ce qui se prouue par vne commune
maxime, cest a scauoir, Par le payement de la cho
se qui est deue, l’obligation s’efface. ooo Mais celui
qui est prescript, est semblable a celui qui paye & sa
tisfaict. PPP Doncques par prescriptiō, ainsi que par
payement s’amortist l’action personelle, pourautāt
que de choses semblables le iugement est vn & mesme.
Et ne sont valables aucuns argumens au contraire,
car il est tout clair & expres. qqq Doncques iamais
ne se remettēt sus estās vne foys esteintes. rrr Or ne
fault il point, que tu entēdes ces choses, quāt au droict,
ains par layde & force de l’exception faicte & prou
uee pardeuant le Iuge. sss Aultrement chascun se
pourroit moquer du Demandeur, & dire: Ie ne suis
point tenu n’a te respondre, n’a te payer, pourtant que
i’ay ia prescript. Pour ausquelles tergiuersations &
illusions obuier, fault dire, que les actions personelles
ne viuent oultre 30.ans, ains s’amortissent. ttt

Laquelle loy fault que tu entēdes aussi quant a l’effect,
& non quāt au temps, aultrement le temps ne
seroit moyen d’oster & abolir l’obligation. vvv
66 Le second effect de prescriptiō est quant aux choses
corporelles, desquelles les loix veulent que si
quelqu’un auoit prescript quelque chose a la bonne
foy de trente ans, icelui autoit vtille vendication de
la chose, au contre toui autre possesseur hors mis cō
tre le Seigneur. Et est ce qui est monstré. xxx Non
obstant que Plat. auroit opiné a l’encontre, disant,
que vendication de la chose se donne contre le Seigneur.
Car on doibt plustost croire a la loy, que non
a vn Iurisconsulte ou Docteur. Et pourtant doibt
on dire selon ladicte loy, que celui qui a possede de
67 male foy par 30. ans, il ne pourra auoir vraye vendication

de la chose soub tiltre de prescription, mais
seulement exception, & non pas vraye action, si ce
n’est d’auenture contre celui qui a emblé ou derobé
ou sinon contre celui qui a cause de la contumace
d’iceluy prescripteur & possesseur auroit este mis en
possession, pour & a fin de garder la chose. Auquel
cas tel prescripteur se deuroit presenter dedans l’an,
& donnat caution comparoistre en iugement, &
par ainsi finalement recouureroit la possession, com
me est note. yyy Mais il se faict ainsi és prescriptiōs
ciuiles. Car suiuant les Canons, & quant aux laiz,
ou assi quant aux biens patrimoniaus des clercs, l’effect
d’une prescription de 30. ans, & qui auroit este
continuée a la bonne foy, est tel qu’il est selon ladicte
loy, de sorte que toutes foys tu entendes ce qu’el
le dict estre corrige de la mauuaise foy. Mais quant
est des prescriptions Ecclesiastiques & negoces des
Eglises, l’effect de la prescription de quarante ans
semble estre tel, qu’est selon les loix l’effect, de
lon-

CIVILE. 179
en longue prescription requiert bonne foy & iuste
tiltre, parapres requiert que la chose dont est question
soit prescriptible, & que continuation de possession
y soit demonstrée, tout ainsi les Canons en
treslongue prescription demandent bonne foy, iuste
tiltre, habilete & possibilite de prescrire, & continuation
de possession. Et pourtant l’effect en est
tel, qu’on acquiert exception contre la Seigneurie
de la chose, ou contre celui qui a la mesme chose ob
69 ligee. zzz A raison de quoy, pourtant que exception
est vne forclusion d’action, aaaa pourtant appert il
que l’ancien Seigneur ou premier a l’action, par laquelle
il se pourra vendiquer la chose contre tout
possesseur que ce soit, reserué contre celui qui a
prescript, ou contre celui qui a cause de lui. Car le
70 prescripteur a la Seigneurie vtile. bbbb Mais il
fault que ceste prescription soit de troys ans,
comme on recueille. cccc+ Et pourtant ce prescripteur
triennal suiuant cest autentique peult auoir
vtille vendication de la chose, voire mesme contre
le premier Seigneur. Car la loy dict, que par
prescription les Seigneurs se changent, dddd par
lesquels droicts, M. note qu’on acquiert Seigneurie
directe. Et pourtant les droicts sont & tiennent
autant pour le second maistre, comme pour
le premier, par ce que ceste distinction de Seigneu
rie vtille, ne se trouue point expressement dicte &
nommee au texte, eeee & suiuant ceste consideration
les raisons suiuantes sont abbatues, lesquelles
semblent estre au contraire. Car si par le seul vsage
s’acqueroit la Seigneurie directe, ffff pourquoy
aussi ne s’acquiert la mesme Seigneurie directe,
mais tant seulement Seigneurie vtille par prescription
de long temps, veu que les mesmes choses
sont requises es prescriptions de long temps, qui
sont es vsucapions, voire & encores plus long
temps. A quoy il fault respondre, que par vsucapion
s’acquierrent les meubles, & par prescription
71 les choses immobiles ou heritages. Et a la veririte,
les meubles se muent olus facilement, changent,
& passent a autres maistres, que ne font pas
les heritages, comme mesme la raison & Etimologie
27 des termes, & nous d’iceux le demonstre: car
ils sont dicts biens meubles, pourtant que facilement
ils sont remuez & changez: & immeubles,

pourtant qu’ils ne se muent point, ou bien qu’ils
se muent & changent bien a peine. Et est cela
aussi proué par la loy. gggg+ Mais alencontre de ce
pourroit on demāder, quelle est la raison, pourquoy
l’hypoteque est oste par prescription, hhhh & non
par vsucapion. iiii A quoy fault respondre
dre, que ceste est la cause, pour ce que par prescription
s’acquiert exception qui forclost toute maniere
73 d’action. kkkk Mais par vsucapion on acquiert
la Seigneurie de la chose, l’intention de laquelle

Seigneurie est separee de la question du pan ou
gage. llll Et combien qu’il soit qu’eception s’acquiert
par vsucapion. mmmm Toutes foys cela
n’empesche point ladicte response, mais peuuent
toutes deux tenir & estre stables. Car il ni a
point d’absurdite ou impertinence qu’aucun preuue
exception a raison de la proprieté acquise.
Car quand on donne a quelqu’un action de propriete,
beaucoup plustost lui donne on exception.
nnnn On lui baillera doncques action a raison de
l’usucapion & a raison de prescription legitime s’il
ne possede. oooo Mais la question est maintenant.
Comment donnera on exception au Seigneur,
considere quelle est vne forclusion d’action?
Et si l’exception forclost l’action, comment sera au
Seigneur donne par action pour la vendication
d’une chose? A quoy fault respondre qu’exception
est vne forclusion d’action, c’est a dire, d’intention,
suiuant M. ou bien que cest vne forclusion
d’action, c’est a scauoir, ou vraye, ou putatiue,
ce que i’estime conuenir auecques le sens du droict
Canon. Mais on pourra encores faire demande
sur ce point, Pourquoy est il autremēt en vsucapiō,
& autrement en prescription de long temps. A
quoy on peult respondre, que le plus long temps
faict cela. Et pourtant que la l.1.ff-de pignoribus dict,
que la question de pan ou gage est separee de l’intention
du domeine, c’est a scauoir que par icelle,
le domeine ou propriete de la chose est acquise,
non que l’obligation du gaige soit esteinte. Et
quant a ce que la l.1.dict, separée, cela est seulement
vray au cas, duquel elle parle en ce lieu la.
Car il ne s’ensuit pas, que celui qui est seigneur d’un
heritage, soit aussi Seigneur des fruicts qui sont
consumez. Ni aussi que celui qui a vne ferme ou
censé a lui obligée, ait aussi les fruicts obligez a
soy, lesquels sont desia consumez. Et pourtant
combien que le Seigneur de la terre ou heritage, entende
obliger les fruicts auenir, toutes foys l’obligation
lne tient point en ceux qui sont consumez,
ainsi quelle tient quant a la terre, car iamais ces
fruicts la ne furent siens, ainsi qu’a este la terre.
A raison de quoy ni le Crediteur aussi peult former
question quant a iceux fruicts, ainsi qu’il peult faire
de la terre obligée. pppp Mais ces choses que nous

auons ci mis en auāt par maniere de dispute, sont de
telle sorte, que d’icelles se doibt tirer ceste conclusion,
que ni en Court d’Eglise, ni en Cour laye ne
74 vault aucune prescription auecques mauuaise foy.
qqqq Mais on pourroit encores ici mouoir vne question,
cest a scauoir, dou & pour quelle cause sont
introduittes les prescriptions des temps, desquelles
nous auons traicte iusques a maintenant?
75 A laquelle faudra respondre, que prescriptions sont
introduittes de droict ciuil, & pour le bien publicq
Et de la vient que Bald. ssss dict, que si droict ciuil n’estoit

point, aussi ni auroit il point de
prescriptions, demonstrant par cela, que les prescriptions
tirent necessairement leur origine du
droict ciuil. En oultre prescription a este introduitte,
a ce qu’on vist quelque foys vne fin
desirée des proces. tttt Dauantage a ce que le
domeine & la Seigneurie des choses ne demourast
incertaine. vvvv Semblablement Ephesinus
Legislateur establit prescription, mais seulement
pour euiter les fraiz insupportables des pouures
gens. Puis a cause de la confusion des proces, &
pour euiter les erreurs, (qui pourroyent eschoir
en l’espace d’un long temps) aduint seulement la
prescription de trente ou de quarante ans, a la
quelle seulle imposa vigueur de loy, & la restreignit.
76 Mais quelqu’un pourroit en cest endroict
obiecter, que prescription, ou loy ciuille qui introduist
prescription, ne pourroit oster le domeine,
qui est du droict des hommes. xxxx. Ergo & c.
A ce peult

180 LA PRACTIQVE.
A ce peult on dōner solution, que la loy ciuile, pour
cause se peult aucunes foys departir du droict naturel
ou des hommes, & a icelui deroguer en aucun
77 cas, ia soit que non en tout. yyyy De la vient que la
loy & le Prince auecque cause, & par especial pour
le bien publicq, & en faueur du proufit cōmun, peuuent
a quelqu’un oster le domeine ou Seigneurie
de la chose qui lui apertient. zzzzr Par ceste seule rai
son doncques la loy ciuile peut par prescription tol
lir & amortir le domeine & Seigneurie qui est acquise
du droict des hommes, pourtant que telle pre
scription a este introduitte pour le bien publicq, &
a fin que les Seigneuries des choses ne fussent en
incertain. aaaaa Mais la raison est plus forte, si telle
prescription se faict principalement pour cause de
l’utilitè publique. bbbbb Ou au moins si en second
lieu cela se faict pour l’utilitê publique, cōme tient
l’opinion plus vraye. ccccc On allegue encores ceste
cause, cest a scauoir, a fin que quelque foys il y ait fin
de proces. ddddd Laquelle cause concerne aussi l’utilite
publicque. eeeee Mais pierre de Ancho. declare
plus a plain aultres raisons plusieurs, pour lesquelles
178 prescription fut introduitte. fffff Mais auant que
mettre a fin ce present chapitre, i’ay bien voulu encores
obseruer ceste question. Il a este dict ci dessus
que prescription de quarante ans court contre les
Eglises, mineures ou inferieures, maintenāt est a scauoir
si contre telle prescription est vn priuilege valable,
lequel auroit este octroye a telle Eglise, a ce
qu’on ne print prescription contre icelle, sinon apres
79 cent ans, comme iadis. ggggg A laquelle question
fault respondre, que contre tel priuilege ne vault pre
scription de quarāte ans. Et est dict au mesme lieu.
Que tel priuilege a quelque foys este octroye a l’Eglise
Nouentulene. Et est aussi la susdicte solution
confirmée par Bartole & les Docteurs, auecques re
strinction toutes foys, c’est a scauoir, pourueu qu’en
tel priuilege soit ceste clause apposée, non obstant,
& non autrement. hhhhh Ou il conclud par ce
qui est dict. iiiii Que priuilege ne vault a ce
que nulle prescription ne courre contre celui qui est
priuilegie, s’il n’a ceste clausule: Nonobstant. Toutesfoys
il fault noter, que si l’Empereur octroyoit a
quelque Eglise le priuilege de cent ans, icelui priuilege
vaudroit incontinent quant aux hommes laiz,

mais non pas contre les Eglises qu’elles ne puissent
prescrire contre autres Eglises, si ce n’estoit que le
S.Pere le Pape eust confirme icelui priuilege. Et
ainsi decident. kkkkk
a §. Perpetuae institut, de except.l.3.ff.eod. titu. de exceptio.
b Vt institut. de vsucap. in princip. & l.2.C. in quib. cau
sis cess. long. temporis prescript.
c §. Primo versicu. Et ideo institut. de vsucap.
d l. vt inter diuinum & Autentic. Quas actiones C. de
sacrosanct. eccl. & c. Nemo. 16.q.3.&.c. Si qui. De prescrip.

lib. 6. Babl. in l. Sicut, numero 18.C.de prescript.30. vel
40. annorum.
e c. Primo & ibi scriben. de prescript. lib.6.
f Vt habet vulgata iuris Canonici regula possessor. de re
gu. Iur. lib.6.vbi latissimè vide D. Dynum tractantem.
g De prohiben. feu. aliena per Frederi.
h c.primo §. Si quis per 30. annos. Si de feud. defunct.
content. sit inter domi. & agna. vassal. in vsib.feudo.
i Fa.c. Cum de beneficio, de preben.lib. 6. & notatur in
c. Cum Eccle. Sutrina de caus. poss. & proprieta.
k Andr. de Iser. in d. §. Si quis per triginta annos & ibi.
Aluaro. allegat. l. Inanem C. de sund. patrimonialib.lib. 11.
& l. prima C. ne rei demi. vel templo.
l Praeposi.ibi.
m gloss. in c. primo de consuetud. rect. feudi.
n c. final. de feud. da in vi. l. commiss.
o Praeposit. in d. c. Siquis.
p Ita enim tenet Speculator in tit. de feud. §. 2. Secundo
quaeritur. Bal. in d. §. Si quis, qui allegat l. finalem de acceptilat.
q Bald. & Praepositus in d. l. §. Si quis allegant argumentum
in l. Si hoeres. Ad Trebelli & Guilhel. in l. Si quis
emptionis C. de prescript. 30. vel 40. annorum.
r c. Causam quae. & ibi Doctor. & Hostiens. ext. de prescript.
Ioan. Andr. Bartol. in c. primo de censib. Freder. de
Senis Consilio incipiente. Laicus de praedio & c. prohibemus
extra de decimis.
s vide c. Peruenit de censib.
t c. Tua, primo & c. Dudum de decimis.
v c. vltimo 16.q.2.
x c. Ad Decorem ext. de institut. in versic. Nec sanctuarium.
y c. Quamuis.
z Vt in c. Causam extra de prescrip. & in c. Ad decimas
de restitu. spoliato. lib. 6. Ita tenuit D. Francis. Mingon cōmentator.
consuet. Ducatus Andegauensis titu. de prescript.
articul. cccc.xxxix. nu.3.4.5.6.7. fol. lib. mei cc. xxxix.
aa l. Competit. vbi omnes Doctores notant C. de prescri.
xxx, vel xl. an Panormitan. in c. Ad audientiam, col. vlti.
extra de prescript.
bb Teste D. Bart. a Chassaneo in suis commentarijs consuetudinum
Ducatus Burgundiae titu. des iustices §.8.in
in verbo &. Etiour nu. 28. sol. lib. quem ego habeo 81.
cc Vt habet l. Sicut & Bald. in l. Cum notissimi C. de
prescrip. 30, annorum §. Imo.2, colum. Addo Panor. in c.
Cum non liceat 3. colum. de prescript. vers. vlt. glos. diuiditur
& Bart. in l. etiam colum. de minoribus.

dd Apud Panormitanum in c. Ex transmissa in 2.& 3.
colum. de prescript. de prodigo ac furioso gloss. in l. 2. C de
curato. furiosi & Bart. in l. fin. 1. columna in verb. Quid au
tem de furiosis C. in quib. cau. in integ. restit. non est neces.
sar. Et Autentica nisi C. de bo. mater.
ee l. prima & 2. etiam l. 6. quae incipit. Ab hostibus C.
Quib. non obiic. long. temp. prescrip.
ff l. prima & l. Quod tempore militiae. C. de restitu. milit.
& eor. qui reipub. causa abfuerunt.
gg d.l.1.& 2. & l. Ab hostib. C. Quib. non obiic. long.
tempo. prescrip. & l. 1. & l. quod tempore. C. de restitut.
milit.
hh l. finali C. Quibus non obijc. long. temp. prescript.
ii l.1. §. Si quis propter inundationem ff. de itinere actu
priuat. Ita tenet D. Bartho. a Chassene in suis commen.

tarijs consuetudinū Ducatus Burgund. Titu. des causes §.
2. in principio. nu. 35. fol. lib. mei cccvlviii. l.1. in fin.C.
de anna. except.
kk c. Cum nobis ext. de prescript.
ll vtextra. Ne sed. vacan. aliq. innouetur per totum.
mm Teste gloss. in verbo. Si autem non fuerit in d.c.
primo.
nn Secundum Bartol. in l. Naturaliter §. 1. ff. de vsuca.
oo c. Ex transmissa ext. de prescriptionib.
pp & c. prima actione 16.q.3.l. Postliminium ff. de capti.
& postlimini. reuers. & l. Ab hostibus C. Quib, non obiic.
long. tem. praescript. & docto. Canonistae in d.c. Ex transmissa.
qq vt ibi per Innoc. & Abba.
rr l.2.

CIVILE. 181
rr l.2. in fine C. Quib. non obijc. long tempo. praescript.
ss ss. 1.& §. Res fisci Institu. de vsucap. & long. tempo.
praescriptionib. & c. Cum non licet iuncta glos. in verbo.
Non obstante ext. de praescriptionib.
tt l. in rebus §. Omnis C. de iure dot. & l. Cum notissimi
§. Illud C. de prescrip. 30. vel 40. anno.
vv De regu. iur. lib. 6.
xx l. Cum vnus §. final. ff. de bo. auto. iudic. possiden.
yy l. Qui vniuersas §. Item. Quod a mari ff. de acquir.
possess. vbi Paul. Iureconsult.
zz Sicut opinatur Ioan. l. furtum ad finem ff. de vsucap.
aaa l. Nec bona C. de prescrip. long. temporis.
bbb l.2. C. vbi in tem act. exer. deb.
ccc l. Cum notissimi, primo responso C. de prescript. 40
ddd C.1.& 2. C. quando lib. princ. dat lit. contesta. faclt.
& l. vt perfectius C. de anna. except.
eee d.l. Vt perfectius.
fff l. Generaliter §. sin autem versic. ip se autem C. de
rebus cred. & iureiurand. l. 2. C . de his qui propter metum
iudic. non appel.
ggg. c. Sanctorum ext. de prescript.
hhh l. Sicut in rem C. de prescriptio. 30. annorum.
iii l. Cum notissimi. §. Sed & l. Si quis emptionis §. finali.
C. de prescriptio. 30. anno.
kkk l. Cum notissimi §. Imo C. de prescrip. 30. annor.
lll Vt notatur in d. §.
mmm l.2. §. final. ff. pro emptore l. Si post acceptum
ff. de rei vendica.
nnn l. Intra quatuor ff. de diuers. & tempora. prescript.
& l.2. §. praescriptio. ff. ne de statu defunct. post quinq.
quaeratur.
ooo Vt institut. Quib. mod. tollit. obliga.
ppp l. Si pupillus ff. de administr. tutor.
qqq In l. Sicut in rem & l. Omnes C. de prescriptio.30.
vel 40. annorum.
rrr l. Qui res §. Aream ff. de solu.
sss vt innuit l. illa. Sicut in rē, in principio ibi. sed si quas
res & c.
ttt Vt ait l. Sicut in rem saepe praeallegata.
vvv l. Obligationum 2. §.Placet ff. de actionib. & obligationib.
xxx le pe. §. Si vero mala fide ibi. Ira tamen & c. secun
dum Azo.
yyy l. Si quis emptionis C. de prescriptionibus 30. vel 40.
annor. Et c. prescriptionum 17.q.3.

zzz l. Si quis emptionis in princ C. de prescriptionib. 30.
vel 40. annorum l. fin. ff. de actionib. & obligationib.
aaaa Vt habet l.2. ff. de exceptionibus.
bbbb l. Prima & Autentica ibi signata C. de bo. mat.
cccc Ex Autentica de nupt. §. Si vero exspectet. in fine
colla.4.
dddd l. Eum qui baeredes ff. de vsucap. & ad idem §.1.
institu. de vsuca.
eeee Nisi in constitu. feud. de feud. non alie. sine consensu.
ma. in rubro & nigro.
ffff Vt notatur in rub. de vsuca. rerum pro suo §. Si quis

sit eius effectus,
gggg l. Si rem no.ff. de acquir.possess.
hhhh l. Si quis emptionis C. de prescriptio. 30. vel 40.
annorum.
iiii l.2. §. Cum praediu, ff. de pignorib.l. Iusto §. non
mutat. de vsucap.
kkkk c. Ad aures de praescript.
llll Vt in d. §. Dum praedium secundum Ioannem
& Azon.
mmmm Vt habet l. in rebus §. Omnis autem C. de iure
doti.
nnnn l.1. §. Quod ait praetor ff. de superfic. Ad idem l. finalis
C. de rei vendicat. & l. Sine possidetis. C. de probat.
oooo Sicut ait . & probatur in l. Si quis emptionis C.
de praescriptionib. 30. vel 40. annorum.
pppp Et ita tenuit D. Ioan. Franc Balbus in suo praecitato
tractatu praescriptionum num.52.53.54.55.56.57. folio li.
meo 289. colum. vltima.
qqqq c. fin. ext. de praescript. iuncta ibidem singulari glos.
in verbo. Nulla temporis, quam ibi per ocium videre licebit.
rrrr l.1. & tertia ff. de vsucap. not. Azo. in summa C. de
vsucap. pro emptor. circa exordium.
ssss in repetita.l.1. colum. 3. circa medium C. de emancipa. liberorum.
tttt l. finali ff. pro socio.
vvvv §.1. institut. de vsucap. & long. tempor. praescript.
& l.1.ff. de vsucap. & c. vigilanti extra de praescriptionibus.
xxxx l. Ex hoc iure cum ibi plene notatis ff. de Iustitut.
& iure iuncto §. Sed naturaliter. Institut. de iure naturali
gent. & Ciuili.
yyyy Vt habet text us notabilis in l. Ius ciuile ff, de Iust.
tut. & iure.
zzzz l. Item si verberatum ff. de rei vendic. & l. Lucius ff.
de euictionib. Notant gloss. & Bartol. in l. fin. C. Si contra
ius. Item l. Si priuatus ff. qui & a quib manumiss. libe. non
fiunt. & l. Antiochensium ff. de priui. credito. Notat quoque
idem Bart. in l. Omnes populi in 1.q. quartae questionis prin
cipalis ff. de Iustit. & iure Alexander in. l.1. colum. antepe.
ff. solu. matri. & plene. Feli. in c, Quae in Ecclesiarum colum.
8. cum seq. Et post Panor. & alios Canonistas, de constitu.
& late D. Iason idem confirmet in l. Barbarius colum.
7. cum duabus sequent. ff. de offic. Praetor. Et Alexander
Consilio cxc. incipient. Externi numinis.2. & 3. columnis
2. volu.
aaaaa l.1. de vsucap.
bbbbb Secundum Bartol. in l. Nemo potest colum. 4. ver

sic. quaeritur Dyn.ff. de legat. i.& est de mente eiusdem Bar
tol. in d.l. 1. circafinem.
ccccc Sic asserunt Ange. Imol. & Alexan. in d. l. Nemo
potest. colum. penult.
ddddd d.l. finali ff. pro suo.
eeeee l. Properandum in princip. cum ibi nota. C. de iud.
fffff In repeti. c. Possessor. colum. 2. de reg. iur. in 6. post
Ioan. Andr. in Mercu.
ggggg Iuxta l. finalem C. de sacrosanct. eccle. Gloss. magna
in d. Autent. Quas actiones vers. Item nunquid.
hhhhh vt ibi late per Iasonem colum.7.circa medium et

seq.per Feli. in c. Nonnulli in princip. colum. 14. versicul.
Sexto facit de rescrip.
iiiii in d. Autentic. Quas actiones maxime per Bald.
colum.2. versic. sed ista gloss. & versic. Quid ergo & c.
kkkkk Archi. & Gemi. in c. Quo iure, circa finem, 8. distinct.
quos refert & sequitur Feli. in c. Ad audientiam colum.
fi. versic. demum. nota. de praescript.
Q CHA-

182 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CXXXVIII.
Des Exceptions preiudiciables.
Sommaires.
1 Qui sont les Exceptions preiudiciables.
2 Par decliner Iuge.
3 Par difference de procurations.
4 Par inspection ou veue de lieu.
5 En matiere de nouelleté, ou est requis fournissement.
6 Exception preiudicable se faict En deniers priuilegiez, on est requis
nantissement.
7 En deffaux, ou premierement se doiuent les despens payer.
8 En Reliefs ou est requis payement de despens.
9 En attentats, ou est premierement requis contradiction.
10 En matiere de despouillement, ou restitution est premierement requise.
11 En adiournement criminel & biens arrestez, si l’adiourne comparoist.
12 En Exceptions non preiudiciables, on procede oultre, & conclud ou a toutes
fins.
1 Exceptions preiudiciables sont celles, lesquelles
la Partie allegue pour postposer, &
differer la cause principalle, lesquelles communement
sont au preiudice de Defendeur ou Iuge.
Ou Exceptions preiudiciables (comme les autres
veulent) sont celles qui font cesser & reposer la cause
principalle, (de laquelle sentence deuroit estre
prononcee par le Iuge) a ce qu’elle ne procede oultre:
2 Ce qui se faict communement par exception
declinatoire, par laquelle est au Iuge ostée toute oc
casion de cognoistre du principal, de maniere qu’il
vient a n’estre point tenu Iuge, ou pour Iuge, si ce
n’est que premierement il ait este cognu & admis
pour tel, & que la Partie ne l’euse tenu & declaré
3 pour Iuge idoine & capable. En oultre discordance
de procurations doibt estre dicte preiudiciable, par
ce que le Iuge ne peult proceder en cause auant que
les procureurs ayent fonde leur iurisdiction, & ayēt
4 baille procuration suffisante. Item veue de lieu est
exception preiudiciable, telle qu’est aussi demande
de garent. Car principalement en telles exceptions
se doibt reposer le principal, iusques a tant que
le Iuge ait faict veue de lieu: & qu’il soit par Partie
5 sommé de garentir. En matiere de nouelleté la
complainte doibt estre fournie de restablissement
& sequestre auant que le Defendeur soit ouy.
6 En deniers priuilegiez, ou quand le Defendeur est
condanne de consigner & nantir, ceste consignation

ou nantissement doibt estre fourni auant que
7 le Defendeur soit oui en ses defenses. Touchant
les deffaux, le defaillant doibt purger son deffault,
& en oultre payer les despens, auant quil soit receu
8 a proceder plus oultre. Mais quant aux Reliefs
& requestes Ciuiles, l’impetrant doibt payer
les despens du proces retardé, auant que le Defendeur
soit tenu respondre, & ce selon le stile d’aucunes
cours seulement. Car en Flandre cela ne

s’obserue point, mais on procede tousiours plus oul
tre, & sont les despens exhibez & taxez au temps
9 le plus commode & opportun. En matiere d’attentats,
on doibt auant toutes choses contredire
iceux attentats, & obiecter a iceux par contredict
& reprobation. Comme aussi on doibt contredire
a toutes choses qui sont faictes en preiudice de
10 de la litispendence. En matiere de spoliation est
concurrente l’exception preiudiciable. Car adonc
la chose ostee doibt estre restituée auant le que Demandeur
attente le proces. a Mais ceci se doibt ainsi entendre.
Si quelqu’un auoit este despouille par
son aduersaire, icelui despouille n’est tenu de respondre
auant que tout lui ait este restitué.
11 Ainçois tel despouille n’est tenu ni se presenter en
Iugement, ni respondre aucune chose, auant que
tout lui ait este restitué, ou qu’il soit a plein paye
& satisfaict. b Mais si quelque Defendeur auoit
este adiourné en cas de crime, & que ses biens
eussent este mis en la main du Prince, icelui Defendeur
pourroit prendre exception de ne respondre
par sa comparition, tant que relasche de ses biens, &
main leuée du Prince lui eust este adiugée.
12 Mais en toutes autres exceptiōs non preiudicia
bles c’est a dire, qui ne portent preiudice ni au Iuge,
ni au Defendeur, en icelles le Iuge ordonne au Defendeur
de proceder oultre, & cōclurre a toutes fins,
& lui sera faict droict sur toutes choses, & selon
l’ordre des parties du proces.
a l. Si quis ad se fundum C. ad l. Iulian. de vi publica.
vel priua. cum infinitis iurib. similibus hic breuitatis
cau. omis.
b Vt habetur 2. q. per totum c. Super spolia. ext. de ord.
cog. & c. 1. ext. de restit. spolia. & 3.q.3. per totum.
CHAP-

CIVILE. 183
CHAPITRE CXXXIX.
De Conclurre a toutes fins
Sommaires.
1 Qui sont les fins des proces.
2 Que c’est conclurre a toutes fins.
3 de Flandre le Defendeur destitue de fin de non receuoit conclud
A toutes fins.
A mauuaise cause.
A estre absoult.
Aux despens & interests.
4 Au Conseil On faict droict sur chascunes fins ou membres.
L’execution combatue, on demande la copie, & droict se faict.
4 De Malines Droict se faict sur
Fin de non receuoir.
Fin de mauuaise cause.
La preuue du Defendeur preparée.
Il commande de proceder a toutes fins la preuue n’estant preste.
5 Es appellations on conclud a toutes fins.
1 En ce chapitre fault noter, que la fin ou but
de touts proces est gangner sa cause, & recou
urer les despens auec l’interest. Et de la est du
tout apparent & notoire, que conclure a toutes fins
2 n’est aultre chose, que conclurre a ce que le proces
soit adiuge au proufit de celui qui conclud, auecques
3 despens & interests. Laquelle conclusion quand elle
se fera, obseruez le par ce qui sensuit. Au Conseil
prouincial de Flandre on vse, que quand le defendeur
est entré si auant au proces, qu’il ne prenne nul
fin de reception, que lours icelui defendeur doibt
conclurre plus oultre a toutes fins, & dauātage pren
dre conclusiō de mauuaise cause d’absolutiō & despens.
4 Mais au grād cōseil de Malines, on faict droict
sur chascune fin separement & a part, cest a scauoir
quand le defendeur impugne l’exploict ou execution
ou procuration, prenant conge de Court & demandant
despens. Car en ce cas la Court cōmande
que copies de l’exploict & procuration lui soyent
donnees, & lors faict droict sur icelles. Le semblable
font ils & rendent droict sur fin de non receuoir,
ou de mauuaise cause, quand le defendeur a incontinent
sa preuue preste & sur le champ. Mais quand
icelui defendeur presente & offre a faire sa preuue,
demandant iour ou terme, en ce cas la Court man
5 de & ordonne audict defendeur qu’il conclue a tou
tes fins. Mais en matieres d’appellations on conclud

tousiours a toutes fins, auecques protestation toutesfoys,
que droict lui sera faict sur chascune fin, & par ordre.
CHAPITRE CXL
De Litiscontestation, ou Contestation en cause.
Sommaires.

1 Que c’est de litiscontestation, & la qualite d’icelle.
2 Litiscontestation se fait apres l’affirmation ou negation.
3 De la part
Du Defendeur naist litiscontestation.
Du Demandeur naist litispendence.
4 Litiscontestation
N’est point en vsage és grands Conseils.
5 Est en vsage és Preuostes particulieres.
6 Cognoist la debte auant que le libelle soit exhibe, on ne conteste point en cause,
mais il est condāne a payer
7 Si l’adiourne Cognoist la debte apres le libelle exhibe, on dict qu’il y a
contestation en cause.
8 Au Parlement de Paris les responses des Parties sont tenues pour contestation
en cause.
9 Quand le Defendeur dict au Demandeur. Tu en mens.
10 Quand le Defendeur dist au Demandeur, Ie veux, ou: Ie ne veux, que le
proces ait lieu.
11 Quand le Defendeur dict, Ie ne croy point que ie te soye obligé, & si ie te suis
obligé & c.
12 Quand le Defendeur nie la demande du Demandeur.
13 Il b’est besoin de litiscontestation, quand on procede simplement & sur le
champ.
14 Effect de litiscontestation.
15 Rend nulle la declination du Iuge.
16 Interrompt toute prescription de temps.
17 Oste l’exception dilatoire.
18 N’admet point reuocation de procuration.
19 Litiscontestation Baille aux Tuteurs & Curateurs auctorité de constituer
aultres procureurs.
20 Commet la cause a ceux qui ne sont deleguez par le Prince.
21 Apres soy requiert serment & preuues pour le principal.
22 Perpetue toute action.
23 Clost le passage a plusieurs calomnies & excursions superflues.
♣ 2 24 Litiscon-

184 LA PRACTIQVE
24 Litiscontestation voyez ci dessus ou chap.120.
Qu’elle requiert.
Par qui elle se faict.
Ou & quand elle se faict.
Quels autres effects elle a
1 Litiscontestation est le narré du negoce prin
cipal qui se faict pardeuant Iuge competāt,
2 & a icelui respōse asseuree. a Ce qui aduient
apres que le defendeur auroit confesse, ou nie la demande
ou libelle du demandeur, ou quand le defendeur
propose ou veut proposer quelque chose qui
reiette & du tout destruise la demande du demandeur,
& auec ce conclue & prenne fin, que par cela il
3 doibt estre absoult & declaré libre & indenne. Et
fault ici noter ce point, que litiscontestation procede
de la part du defendeur, & litispendence de la part
4 du demandeur, En second lieu est a noter que es
cours souueraines cōme au grand Conseil de Malines,
ou au conseil Prouincial de Flandres, litiscontestation
n’est point requise, & n’est grandement be
soin de ceste contestation qui se faict par confesser
ou nier, ou, (comme les autres dient) qui faict par il
croit, & il ne croit. Mais la il suffist si sur la demande
ou libelle est respondu par quelque contradiction
5 iudiciaire ou peremptoire. Mais es cours particulieres,
ès vierschares ou cōsistoires, voire aussi es cours
de fiefs, ils ont & tiennent par commune practique,
qu’ils font que le parties contestent en cause par cre
dit, ou non credit. Laquelle confession ou negation
se doibt seulement faire apres la demande du demādeur
6 exhibee. Car si l’adiourné incōtinent apres
l’adiournement faict, mais auant la demande, ou auant
que le libelle soit exhibe, venoit cōfesser la deb
te, telle cōfession ne serōt pas tenue ni estimée pour
litiscontestation, & ne pourroit le Iuge sur icelle con
fession donner condennation ou sentence, ains seulement
ordonner a icelui confessant, & lui comman
7 der qu’il payast. Mais si ladiourne apres auoir oui la
demāde du demādeur auoit demande & prins iour
pour respondre, & qu’en icelle sa response il confessast
& recognust la debte, alors par icelle confession
il contesteroit en cause, de maniere que sur icelle cō
8 fession il deuroit estre condanne. Au Parlement de
Paris ils ont aultre practique pour litiscontestation.

Car la ils prennent pour litiscontestation les respon
ses que les parties dient par ce terme credit, ou, non
credit, ce qui se faict principallement es ditions qui
9 se gouuernent par coustumes. Au surplus on dict
que litiscontestation se faict, quād le defendeur dict
10 iniurieusement au demandeur, Tu as menti. En oul
tre, il conteste en cause, quand il dict: Ie veux plaider
auecques toy ou intenter proces contre toy.
11 Par semblable maniere on conteste quand on dict,
Ie ne croy point, & nie que ie te soye en rien obligé,

& ou ie te seroye oblige ē quelque chose, ie te veux
12 du tout en tout satisfaire & contenter. On dict dauantage
y auoir litiscōtestation quand le defendeur
nie tout plat le narré de la demande, c’est a scauoir,
quand il nie la conclusion qui sort & procede de la
13 narration. Quant aux causes ou on procede simplement,
sur le champ, & sans bruit ou rumeur, & sans
forme de Iugement, en telles causes n’est requis quil
15 y ait litiscontestation. Au surplus, l’effect de litiscōtestation
est de plusieurs sortes & manieres, car le pre
mier effect est, que apres la cause contestee, le Iuge ne
se recuse, & ne decline on point d’icelui, & ne peult
aucū a icelui demāder ou requerir rēuoy de cause. Itē
litiscontestatiō, voire & dauantage l’effect d’icelle est
tel, quelle interrompt toute prescription de quelque
long temps quelle puisse estre, combien qu’elle soit
16 faicte pardeuant arbitre, b Il y a encores vn aultre effect
de litiscontestation, c’est a scauoir quapres icelle
17 on n’obiette aucune exception dilatoire. c Item qu’a
pres icelle ne se peult reuoquer le mandement ou
commission du procureur, si ce n’est en certaine causes.
18 d Dauantage, qu’apres litiscontestation, le procu
reur & tuteur comme maistres & seigneurs du proces,
19 peuuent establir procureurs. e Plus, qu’apres litis
contestation, celui qui est delegue ou depute par aultre
que par le Prince peult commettre la cause a vn
20 aultre. f item apres litiscōtestation, on faict serment,
& les preuues au principal sont receues, & procede
lon a la sentence, ce qu’on n’a point acoustume de
21 faire auant litiscontestation. g It y a encores vn
aultre effect de litiscontestation, c’est a scauoir, qu’apres
icelle toute action personelle se perpetue, c’est
a dire, elle faict qu’elle se continue iusques a. 30.
22 ou 40 ans, & puis apres succede aux heritiers. h mais
en ce cas est exceptee l’action de dol, qui iamais ne se
23 peult cōtinuer par litiscontestation. i Le dernier effect
de litiscontestatiō est, qu’apres icelle le voye est
aux parties close a plusieurs malices, calomnies & ex
cursions illegitimes, & quapres icelle la defendeur
est incontinent oblige au demandeur de proceder
oultre, & finalement d’attendre la sentence du Iuge
quant au principal. Et quāt au surplus de ce qui semblera
24 apertenir a litiscontestation, nous en auons ci
dessus faict mention, au chapitre.120. de defense
& litiscontestation, cest a scauoir, comme se faict litiscontestation:
Combien de points sont requis a litiscontestation:

Par qui se faict litiscontestation: Ou se
faict litiscontestation: Quand se faict litiscontestation:
Et quel est l’effect de litiscontestation.
a c. vnico extra de lit. cont. c. Dudum 2. ext. de elect. &
l. Rem non nouam §. Patroni, ibi eum lis fuerit contestata
post narrationem propositam & contradictionem obiectam
C. de Iudic.
b l. penult. C. de recept. arbit.
c c. Inter monasterium ext. de re iudicata.
d l. Post litem & l. seq.ff. de procuratorib.
e l. Neque C. eodem de procuratorib.
f c. Cum Bartol. ext. de re iudica.

g ext. vt lite non contesta. per totum.
h l. Saepe. C. de prescrip. 30. vel 40. annorum.
i l. Vltima C. de dolo.
CHAPITRE CXLI.
De Demande par Reconuention.
Sommaires.
1 Que

CIVILE. 185
1 Que c’est Conuenir, Reconuention, ou Reconuenir.
2 Se doibt proposer auant litiscontestation selon plusieurs.
3 Se doibt proposer en tout temps iusques a conclusion en cause, selon le
Speculateur.
4 Reconuention Se doibt demander deuant le mesme Iuge pardeuant lequel la
conuention auroit este faicte.
5 Elle est admise en Flandres en matiere criminelle ciuilement intentée.
6 Le Vassal la doibt demander deuant le Seigneur du fief.
7 Deuant Arbitres.
8 Es Cours, c’est a scauoir seculieres, si ce nest & c.
9 Es causes Criminelles.
10 Es actions preiudiciables.
11 Reconuention n’a lieu Es causes spirituelles, comme en
Dismes,
Mariages.
12 En cause de spoliations.
13 En possession d’un moment.
14 En Depost.
15 En excommuniez.
16 Quand le Demandeur agist par l’office du Iuge.
Quand en conuention il fault proceder sommairement.
17 Maniere & ordre de proceder en Reconuention.
18 Litiscontestation se doibt faire
Premierement sur le libelle du Demandeur.
En apres sur le libelle du Defendeur.
19 Doibt
Mettre
Iurer
Prouer
Le Demandeur premierement.
Le Defendeur le dernier.
20 Les causes de reconuention sont estimées estre d’un mesme droict.
1 Reconuention est vne espece d’exceptiō: Car
comme conuenir est adiourner quelqu’un a
comparoistre en iugement, ainsi conuenir est
r’adiourner ou contr’adiourner. Cme si quelq’un
m’adiournoit & me demandoit dix liures, ie le peux
aussi faire adiourner & lui demander huit ou dix liures,
lequel readiournement ou recōuētion se doibt
generalement faire auant que le demandeur ait con
2 teste en sa demande. Car apres litiscontestatiō (com
me est l’opinion d’aucuns) iamais reconuention ne
se peult faire, si ce n’estoit que le libelle de reconuen
tion eust premierement este exhibé, ou que le defen
3 deur eust protesté de faire reconuention. a Mais le

Speculateur laissant a part diuerses en les dissimulāt
tient ceste opinion. Que tousiours & deuant & apres
litiscontestation, & durant vn mesme iugemēt
iusques a conclusion en cause on peut reconuenir,
encores que le defendeur neust faict protestation au
4 cune, quant a faire Reconuention. Donques toute
Reconuention se doibt demander & faire deuant le
mesme Iuge, pardeuant lequel la conuention principalle
5 a este instituee. En Flandres on admet Reconuention
en matiere criminelle qui est intentee
ciuilement, & composent offense pour offense, mutilation
pour mutilation, ou l’estimation d’icelles,
6 Reconuention du vassal ne se peult faire sinon par
7 deuant le Seigneur du fief. Toutesfoys conuētion

ne se faict deuant arbitres, pourautant qu’arbitres
ne procedent point si ce n’est auecques teneur de
8 compromis. b Es cours layes ou seculieres Conuention
n’a point de lieu (comme dient les practiciens)
si ce n’estoit qu’icelle action de reconuention proce
9 dast de la conuention mesme. Aussi est il que de
droict elle n’a lieu en plusieurs, causes, c’est a scauoir
10 es matieres, criminelles en actiōs preiudiciables, En
causes spirituelles, comme dismes, en mariages, &
11 semblables. Item en matieres de spoliations ou destroussemens.
12 en possession momētanee. En depost,
13 en excommuniez qui ne peuuent aucunement estre
14 reconuenuz. Aussi n’a reconuention lieu quand le
15 demandeur agist de l’office du Iuge. Ni mesme aus
16 si es causes de conuentions, ou le Iuge doibt proce
der sommairement se doibt admettre reconuētion,
pourautant que toutes ces deux actions, c’est a scauoir
de conuention & reconuention ne pourroyēt
lors estre traictées ensemble & par vn mesme Iuge:
Car l’une empescheroyt ainsi l’autre, a cause de la
hastiueté de l’une, & tardiuete de l’autre. Par ce ques
actions de conuentions, & proces qui se font sommairement,
on procede plus legerement, & plus
hastiuement. Mais es actions & reconuentions il y
fault proceder plus moderemment, & lentement.
Et pourtant telles actions ne se peuuēt toutes deux
traicter en vng mesme temps, & par vn mesme Iuge
ce que toutes foys nous auons dict se deuoir toutalement
faire és conuentions & reconuentions.
17 Maintenant conuient il obseruer la maniere de pro
ceder en reconuentiō qui sera telle. Apres que le De
mandeur a exhibe son libelle, alors si le Defendeur
veult, il peult reconuenir le Demandeur, & lui demander
la somme qui lui est deue, mais ce se doibt
faire en baillant & exhibent par icelui Defendeur le
libelle de reconuention, lequel il doibt bailler auant
litiscontestation, suiuant l’opinion d’aucuns: ou, selon
le sens & intelligēce du Speculateur, en tout tēps
saison, & partie de Iugement qu’il vouldra, comme
18 ia este dict. Esquels libelles cest ordre deura estre
gardé, qu’apres deliberatiō faicte d’une part & d’autre
sur tous les deux libelles, soit premierement faict
litiscontestation sur le libelle du Demandeur, luis apres
sur le libelle de reconuention, lesquels libelles
doiuent estre tous deux faicts auant contestation
en cause. Entretant toutes foys le Iuge apres litiscon

testation peult contraindre le Demandeur a ce qu’il
19 responde au libelle de reconuention. Parapres
que les aultres actes suiuent, mais par mesme orre,
de maniere que celui qui conuient iurer premierement,
& puis apres le reconuenant.
Item, que le conuenant produise premierement
ses tesmoins, & puis apres le Defendeur recōuenāt.
Et ainsi conuiendra il proceder és autres actes,
gardant le mesme ordre & teneur.
♣ 3 Et fina-

180 LA PRACTIQVE.
Et finalement a vn mesme Iour les questions & demandes
comme par vne seule sentence se vuideront
& termineront en iugement, toutesfoys il prononcera
premierement la sentence sur la demande du
demandeur, puis sur la demāde du defendeur recon
20 uenant. Toutes lesquelles choses se prouuēt, c. Mais
il fault en ce lieu noter ceste regle pour vne maxime:
Que la cause de conuention & reconuention sont
estimees estre de semblable droict. Et pourtant si
on ne peut appeller de ceste ci, aussi ne pourra on ap
peller de cella la. d Et si le demādeur ne veut respon
dre au defendeur, aussi n’est ledict defendeur recon
uenaut tenu respondre au demandeur, & lui deniera
le Iuge audience en sa cause. e
a Vt notatur extra de mutu. pet. per totum. Autentica
Et consequenter C. de senten. & interlocu. omni. Iudic.
b Bartol. post gloss. in l. Si societatem §. arbitrorum 2.
colum. in vers, Quaerit gloss. ff. prosocio.
c c. Primum ext. de mutu. petiti. & c. Cum Ecclesia, &
c. Cum dilectus extr. de caus. possess. & proprieta.
d c. Secundo ext. de mutu. petiti.
c c. finali §. Poena extr. de iuramento calum. & l. Neque
scriptura C. de compensat.
CHAPITRE CVLII.
De Repliques & Dupliques & c.
Sommaires.
1 Ordre de Repliquer & Dupliquer & c.
Le Demandeur replique a la response du Defendeur.
Le Defendeur duplique a la replique du Demandeur.
Le Demandeur Triplique contre la Duplique du Defendeur.
Le Defendeur quadruplique contre la triplique du Demandeur.
Le Demandeur quintuplique contre la quadruplique du Defendeur.
Le Defendeur sextuplique contre la quintuplique du Demandeur.
2 Exemple de Replique & Duplique.
3 Le Demandeur & Defendeur peuuent demander termes de Repliquer &
Dupliquer & c.
4 A la replique, duplique & c. se peut alleguer le droict de quelque tiers.
5 Exemple d’allegation du droict d’un tiers.
6 Droict d’un tiers se peut alleguer sans procuration.
7 Replique en quelque endroict que ce soit du proces se peut opposer iusques a
la sentence.
8 Quant a Replique & Duplique il fault consulter Ange Aretin.
Ces termes de Depliquer dupliquer & c. sont

assez communs en droict sans quil soit besoin
que nous recherchions de plus loing
leurs significations & origines pour les repeter &
1 declarer dauātage en cest endroict. Et pourtāt fault
seulement noter en ce lieu, que repliques sont exceptions
qui competent au demādeur pour eneruer &
rompre les exceptions ou responses du defendeur,
sur lesquelles choses duplique le defendeur: puis le
demandeur triplique contre la duplique su defendeur,

& le defendeur quadruplique coutre la triplique,
du demandeur. Au cōtraire le demandeur quin
tuplique, & le defendeur alencontre septuplique,
l’acteur septuplique, le defendeur octuplique, &
ainsi plus oultre iusques a vne infinite, & iusques a
ce que les deux parties soyent soules de dire & respondre,
mais au defendeur apertient tousiours la
derniere response, a Laquelle loy ci alleguee contient
ainsi. Il fault tenir ce point que toute exception
ou replique est exclusoire. Mais l’exception for
clost le demandeur: la replique le defendeur, contre
la replique se donne communement la duplique, &
contre la duplique triplique, & contre la triplique
de rechef quadruplique, & de la en oultre se multiplient
ces noms & manieres de responses, tant que
le demandeur ou defendeur cessent de respondre. b
2 Comme par maniere de dire, afin que mettions ceci
pour exemple, Le demandeur demande au defendeur
quarāte qu’il lui a baille en prest. Le defendeur
respond que le demandeur lui a promis de iamais ne
les lui redemander, le demandeur replique que telle
promesse a este faicte par violence, ou par dol. Le
defendeur duplique, que par apres ladicte promesse
auroit encores este librement renouelle & emologuee
en la presence de gens de bien, honestes, & dig
nes de foy: Le demādeur triplique que telle promes
se auroit este faicte conditionnellemēt, & soubs con
ditions qui puis apres nauroyent este purgees ni acomplies.
Le defendeur quadruplique que le demādeur
s’est departi dicelles conditions & a renoncé a
icelles, & ainsi puis apres iusqus a vne infinite de tel
3 les allegations & responses & tant que l’une des par
ties soit rassasiee & assee de respondre, Et faut noter
en tels actes iuridiques que le demandeur & defendeur
peuuent prendre iour & terme pour repliquer
& c. Mais en ces actes les aduocats doiuēt proceder
sagement, de maniere que prudemment ils fondent
4 les causes de leurs repliques ou dupliques. En second
lieu est a noter, que pour confirmer la replique
ou duplique, & pour mieux fortifier son propos, se peult
proposer & alleguer eu Iugement le droict
5 d’un tiers, comme pour exemple: Si en iugement
on me demande le droict du Tolliu, ie pourray respondre
que ie suis francq & exempt dudict Tolliu,
pourtant que ie suis bourgeous de Gand, ou de Bru

ges, tous lesquels bourgeoys par vertu de leurs priuileges
sont exempts de payer Tolliu, ou truage, pour
laquelle response confirmer, ainçoys pour corroborer
mon droict, ie pourray proposer & alleguer le
mesme priuilege, cōbien que les susdicts Gantoys
n’eussent par le Prince este douez & ērichiz dudict
priuilege, & que mesmes ils en fussent ignorans.
6 Mais telles responses ou allegations se doiuent faire
incidemmēt, c’est a scauoir pour la prolongation
du pro-

CIVILE. 189
du proces, & non principalement. Car en procedāt
principalement, ame ne peult en iugement instituer
ni alleguer le droict d’un tiers, si ce n’est qu’il ait
mandement ou procuratiō pour ce faire. En troisies
me lieu fault noter, que: Replique se peult opposer en
8 quelque partie du droict que ce soit iusques a la sentence.
c On pourroit encores amener quelque autres
points en ce lieu. Cest a scauoir pourquoy a este Re
plique inuentee? Qu’est Replique, pourquoy elle a
este inuentee, a qui elle compette, & quand elle com
pette. Qu’est l’effect de Replique. Comment la repli
que est vitiee ou du tout tollue & ostee. Item a scasi
la replique se doibt premierement prouer, & si sur
icelle replique on doibt necessairement prouer &
prononcer, toutes lesquelles choses i’ay delibere
laisser a cause de breueté, renuoyant le lecteur a
Ange Aretin. d
a l.2.§. Illud ff. de Exceptionib.
b §.1. Primo Institu. de replicationib.
c Vt in gloss. in l. 2. §. Primo ff. de Exceptionib.
d Ange. Aretinus iu §. Primo Institut de replicationib.
qui traict & discute amplement lefdictes choses.
CHAPITRE CXLIII.
De la sentence du Iuge dispositiue.
Sommaires.
1 Quelle est la sentence interlocutoire
2 Quand le Defendeur Le Demandeur faict ses escriptures par intendit.
Nie simplement le faict du Demandeur
ou
Se permet tomber en contumace
3 Le faict du Demandeur non niē, doibt estre enregistré és actes d’icelui iour.
4 Le Defendeur allegue faicts contraires alors les Parties doiuent couche leurs
faicts par escript, le verisier.
5 Les Parties ne proposent aucuns faicts, ils doiuent rediger leurs allegations par
memoire, auecques les tiltres & tesmoins.
6 Les Parties confondent leurs allegations sans intelligence, on mande és grands
Conseil qu’ils les declarent pius clairement par deuant commissaires.
7 Quand La cause est tout a plain plaidée, on mande au Conseil de Flandres, que
les Parties escriuent par intendit, ou par faicts contraires.
8 Les Parties ont rapporté leurs allegations par escript en Iugement, icelles
Parties s’accordent a consentir.

9 Les sentences des Parties discordent en escriptures, les escriptures s’examinent,
a la peine de payer vne lamproye.
10 Quand le proces escript est receu, il ne fault point escrire dauantage. Mais est
mande aux Parties qu’ils rapportent en actes les conclusions d’appellation.
11 Quand le proces ne fe couche point par escript, l’appellant peult proposer
nouelles allegations, & prouer ce qui nest encores proue.
12 Es appellations Sentences de quatre membres Flandres au Conseil prouincial,
sont tenues pour proces escripts & receuz.
13 Les Iugemens des villes subalternes ne sont la tenues pour receues, ains fault
proceder de noueau.
14 Quand on tient le proces estre exhibe par escrit.

1 La Sentence ou appoinctement dispositif du
Iuge est celle interlocutoire, laquelle le Iuge,
donne quand la sentence est a plein pro
duitte & plaidée, cest a scauoir, a fin que par icelle
soit aux Parties mandé quelles se reglent & disposent
pour escrire ou non escrire, ou a la maniere d’es
crire, lesquelles choses se cognoistront plus clairement
2 par la demonstration qui sensuit. Quand le
Defendeur nie simplement le faict du Demandeur,
& que ce pendant il ne propose aucun faict contrai
re, ou bien quand icelui Defendeur se laisse contumacer
par troys deffaux, iusques a estre deboute &
exclus de toutes exception & deffenses: alors ordonne
le Iuge dispositiuement, & donnant sentence
dispositiue interlocutoire, commande au Demandeur
qu’il escriue par intendit, & qu’icelui il verifie.
3 Mais quand il y a vn seul faict du Demandeur sans
plus, lequel le Defendeur ne nie, alors le Demādeur
auecques ce faict allegue se repose & sursoit d’escrire,
& lui est alors ordonné & mande, quicelui faict
soit mis & enregistré és actes dudict iour, & qu’il le
4 verifie. Mais quand le Defendeur allegue & propose
son faict, contraire au faict du Demandeur, lors le
Iuge ordonne que les Parties escriuent par faicts cōtraires,
5 & qu’ils verifiēt leurs faicts. Mais si nulle des
Parties allegue ou propose aucun faict, ains se rapporte
& fondre sur lettres & tiltres en droict, alors
le Iuge interlocutoirement ou dispositiuement ordonne
& mande aux Parties qu’elles escriuēt leurs
allegations par memoire, & qu’a tel memoire elles
adioignent aussi leurs lettres, tiltres & tesmoins s’au
cuns en ont, ou bien s’elles n’en ont, qu’elles confessent
audict memorial qu’elles les doiuent, & lors
sur iceux sera faict droict, ou leur sera rendu appoin
6 tement iuridique ainsi qu’il apertiendra. Et quand
les Parties confondent, brouillent & meslent tellement
leurs propositions & allegations, qu’ils semblēt
mieux badiner que non pas proceder iuridiquement,
en ce qu’en parlant escriuant ou plaidant ils
se portent de maniere, & se tormentent courans ça
& la qu’on n’entend point bien que c’est qu’ils veu
lent dire, alors on ordonne au grand Conseil de Malines,
& quelque foys encores au Conseil Prouincial
de Flandre (qui doiuent plustost entendre a cho
Q 4 ses

188 LA PRACTIQVE.
ses d’importance, que non pas estre occupez de tels
fatraz & badineries) que tels harceleurs comparent
deuant commissaires deputez pour desmesler leurs
tricheries, a ce qu’ils les oyent, les dressent, leur commandent
choses legitimes & raisonables, & rapportant
plus clairemēt de leurs querelles & difficultez
7 au Conseil. Mais en la chambre prouincialle ou
bien au conseil de Flandres, la practique porte que
toutes & quantes foys que le proces est du tout plai
dé, que lors ils ordonnent & mandent aux parties
qu’elles escriuent par intendit, ou par memoire,
8 ou par faicts contraires. Et ainsi, quād les parties ont
escript leurs allegations & propositions, & qu’elles
ont chāge leurs escriptures, & icelles rapportees en
iugement, alors les procureurs accordent ensemble
& entre eux sans aucune auctorite de la Court, pour
ueu que les escriptures d’icelles parties consistent en
faicts ou en droict, & alors le greffier notte & couche
par escript le consentement desdictes parties au
9 dez, ou en marge desdictes escriptures. Mais quand
les parties sont discordantes en sentences, de maniere
que l’une die que les escriptures qui ont este bailees
d’une part & d’autre, cōsistent en faicts & laultre
le nye, disant qu’elles consistent en droict adōc
selon les droicts le Cōseil visite & examine icelles
10 escriptures,a la peine de payer vne lamproye. Et apres
les auoir bien espluchees & recognues, il ordon
ne ce qui est de droict, & quant & quant condanne
le procureur qui mal & iniustement a soustenu ceste
telle contrariete a payer ladicte lamproye. En ma
tiere d’appellation apres que tout le proces est couche
par escript, on n’ordōne point aux parties qu’el
les escriuent, ains seulement leur est par appointement
ordonne qu’ils mettent & enregistrent leurs
conclusion appellatoires es actes d’icelui iour. Et iceux
actes descripture & annotation auec lexploit
& la venue en court suffiront pour ledict proces ex
hibe par brief memoire descripture, si les parties le
veulent ainsi tāt d’un costé, que d’autre, & ainsi tout
veu cognu & diligēment examine, finalement droit
leur sera faict & administre, ou leur sera decrete quel
que autre appointement semblable, comme il appertiendra.
11 Mais en matiere d’appellation ou reformation,
quand le proces n’est receu ou n’est receuable

comme proces escript, alors l’appellant ou refor
māt peult proposer & alleguer nouelles choses non
alleguees, & proposer ce qui n’a este proposé ainsi
que bō lui semblera. Mais il ne pourra ce faire quand
le proces est receu par escript, sinon auec restablissement
12 ou relief du Prince. Mails il conuient noter en
ce passage, que quand aux appellations, les quatre
membres de Flandres ont iadis obtenu du Conte,
& impetre que toutes leurs sentences donnees, ou
que tous proces iugez en leurs consistoires qu’ils ap
pellent vierschares, fussent es appellations receues

au Cōseil prouincial de Flandres, & tenuz pour pro
ces escripts, sans ce qu’on deust d’iceux diminuer,
muer ou adiouster aucun chose, & auecques icelles
les proces iugez, les escriptures exhibees, sortent &
13 se departient quant & quant du proces. Mais en
tous autres magistrats inferieurs & subalternes, ils
n’ōt pas tel priuilege, ce qui n’est pas sans raison, car
on ne doibt attendre vne telle seure & parfaicte cog
noissance de droict qu’on trouue es magistrats supe
rieurs, ausquels les inferieurs doiuēt demander leur
conseil voire mesme leurs sentences en choses ardues
& difficilss, comme peu au parauāt nous auōs
monstré au chap.134. Et pourtant en ces colleges in
ferieurs de Flandres d’escheuins des Villes, Bourgs,
chastellenies, villages, & mesme es cours feodales,
es reformations, ils doiuent ordōner & former leur
proces, des le commencement, quoy qu’ils eussent
iugé ou donne sentence sur les escriptures exhibees,
ou combien qu’ils eussent donne icelle sentence par
conseil ou mandement de leur Court capitalle, de
laquelle nous auons traicte ci dessus, au chap. 1 3 4.
Or on entend le proces estre escript, ou exhibé par
escript, apres que le Iuge par sentence dispositiue
mande aux parties quelles procedent. Item quand
les actes sont proposez en cause. Lesquels deux
points n’i estans, ou quād l’un des deux n’i est, cest a
scauoir ou lordonnance du Iuge, ou les actes, alors
le proces nest point receu au grand Cōseil de Malines
comme proces escript, ains la Court ordonne
que la cause soit de rechef plaidée.
CHAPITRE CXLIIII.
Des Sentences interlocutoires.
Sommaires.
1 Premierement.
2 Secondement.
3 Tiercement.
4 Qui sont les sentences interlocutoires Quartement.
5 Cinquiesmement.
6 Sisiesmement.
7 Le Iuge peut reuoquer l’interlocutoire.
8 Interlocutoire ne se doibt donner sinon auec cognoissance de cause.
9 Interlocutoire se donne contre celui qui est contumax.
10 Exemple question suruenante au proces.
11 Interlocutoire

CIVILE. 191
11 Interlocutoire retrenche la caused’appellation, & baille la matiere d’exception.
12 Quand il est loisible appeller d’interlocutoire ou non.
13 Pour preparer le proces.
14 Pour determiner les choses suruenantes ou incidents.
Pour faire quelque chose, donner & c.
15 Les interlocutoires se dōnent, ou Item
A la requeste du Defendeur.
16 A la requeste des deux parties ensemble.
17 De seul office du Iuge.
18 Qui sont les choses emergentes.
19 Qui sont les incidents.
Ayant a traicter en cest endroict des interlocutoires,
il conuient premieremēt monstrer
quelles sentences sont interlocutoires:
& puis, cōmer, par qui, & pourquoy elles sont don
1 nees. Pour cognoissance de quoy fault scauoir que
les sentences Interlocutoires sont sentences a demi
pleines, qui se proferent entre le commencement, &
la fin des causes, non pas sur le principal, ains sur les
questions emergentes & incidentes, scauoir est sur
la presentation du libelle, ou le former, ou donner
delay, ou bien le denier, ou bien sur semblables causes
incidentes, durant tousiours la principalle cause.
2 ou sentences interlocutoires sont, quand le Iuge ne
preside en son siege Iudicial, sans aucune solemnite
d’escriptures, en entreparlant pronōce sur le champ
quelque chose entre les parties, & sur quelque incident
ou emergent, qui n’apertient directement au
3 principal intenté. Ou Interlocutoire, selon Godef,
est dicte vne declaration iucidialle sur quelque article,
baillant sommairement droict entre parties.
4 Et toute parole qui par le Iuge est en Iugement pro
feree iudiciairement, & qui sert a la cause du proces,
doibt este tenue pour sentēce interlocutoire. a Ou
5 autrement. & en peu de paroles: Interlocutoires sont
sentences que le Iuge prononce durant le proces.
6 Et generallement, tout ce que le Iuge commande &
ordonne durant le proces iusques a diffinitiue &
7 seruant a la cause est appelle interlocutoire. Et pour
tent le Iuge pourra par apres reuoquer telle interlocutoire,
8 soit ordinaire, ou delegue, ou arbitre. Toutesfoys,
toute sentence interlocutoire se doibt profe
rer auecques vraye & deue cognoissance de cause,
&, (comme on dict coustumement) le Iuge conce

9 dant & non procedant. b Or le Iuge est acoustume
donner la sentence interlocutoire contre le defendeur
contumax: C’est a scauoir quand le defendeur
estant adiourné, & ne comparoist, il prononce que
le demandeur sera mis en possession de la chose, ou
biens du defendeur contumax, suiuant la mesure
ou quantite de la debte declaree ou de la chose des
10 mandee par question emergente, Cōme s’il escheoit
vne questiō ētre les parties ou aduocats, si quelqu’un
deuoit estre receu en tesmoignage & c. Le Iuge auec

ques cognoissance de cause pourra donner sentence
interlocutoire de ceste question, prononcant que
11 tel ou tel ne doibt estre receu a tesmoignage. Laquelle
sentence interlocutoire est telle quelle passe
pour chose iugee, & principalement en deux points
qu’elle effectue, scauoir est, que par icelle remede est
donné contre appellation, laquelle ne pourra estre
lors attentee, & que pour cause d’icelle s’offre matie
re d’exceptiō. c Mais ceste interlocutoire n’a pas cest
effect, que par icelle on procede par action in sactum
12 ainsi quon faict par la diffinitiue. . Et pourtant, chascun
peult appeller d’icelle interlocutoire, durant &
estant en estre ledict proces: mais cela se faict suiuāt
les Canons, & non selon les loix generallement.
13 Ce que toutesfoys fault es cas de la loy seconde, d Item
si l’interlocutoire est telle qu’elle vienne a engloutir
& oster tout le droict d’aucun. Car telle interlocutoire
auroit pleinement la force & l’effect de
sentence diffinitiue, tellemēt toutesfoys que si apres
telle interlocutoire n’est laisse lieu pour appeller de
la definitiue. si quelqu’un appelloit d’icelle interlocutoire.
Mais il en aduiendroit autrement si apres
telle interlocutoire il n’auroit appelle, ains se fust reserue
sauf le benefice d’appellation iusques a diffinitiue.
14 e Or les sentences interlocutoires se donnent
quelque foys pour preparer & instruire le proces, &
quelque foys pour determiner les choses qui sont
emergentes auecques les incidents, & quelque foys
pour faire, ou ne faire quelque chose, ou pour donner,
ou ne donner, ou pour decider les incidens, ou
pour ordonner quelque aultre chose semblable.
15 Aussi les Interlocutoires se donnent, les vnes a linstāce
& requeste du defendeur, les autres a l’instance
des deux parties, c’est a scauoir du demandeur & du
defendeur, & les autres sans requeste de l’office du
16 Iuge. Esquelles ru doibs aussi entendre, qu’I ci nous
disons les emergentes estre exceptions qui concernent
le proces, mais non la cause principalle, cōme,
qu’il s’est trouue vn faux tesmoin, ou qu’il s’est trou
uê vn faux procureur, ou que tel ou tel ne doibt estre
receu a tesmoignage, ou semblables allegations, qui
precisement ne touchent la cause principalle. Mais
au contraire, les incidens sont dicts estre exceptions
concernantes la cause principalle, & non le proces:
comme proposer ou alleguer paction, de ne demander,
alleguer ou adiouster quelque chose qui soit peremptoire.

a Autentica de litigios. §. Omne colla.
b c. Induciae §. Spacium 3.q.3. secundum Gofre.
c c. Cum dilectus in fine de elect.
d l. Secundae C. vt lite penden.
e Vt Gofr. tenet primum in summa, de fent. & re iudic.
CHAPI,

Canon.
190 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CXL V.
Des Interlocutoires qui sentent leur diffinitiue.
Sommaires.
1 Des interlocutoires les vnes sont
Simples, qui n’ostent point le principal.
les autres.
Definitiues qui engloutissent le droict principal.
2 Quand on mande respondre a la partie qui decline.
3 Quand le Iuge contre celui qui decline dict, qu’il nest point Iuge incompetant.
4 Quand le Iuge commande a la partie payer la debte confessée.
5 En desertion d’appellation.
6 L’interlocutoire difinitiue est Celle qui se donne sur nullité.
7 Quand auec absolution d’instance le principal sesteinct.
8 Qui est donnee sur le possessoire auquel la propriete est annexée.
9 Quand le Iuge commande a la partie quelle nempesche l’autre partie.
10 Taxation des despens.
11 Interlocutoire ne se donne point par escript a la partie, si ce nest en droict
Av chapitre precedāt nous auons dict quil
y a quelques interlocutoires, qui obtiennēt
force & vigueur de difinitiue, desquelles
n’est loifible d’appeller, qui voudra puis apres
appeller de la definitiue. Or nous conuient il traicter
1 plus amplement d’icelles interlocutoires. Doncques
entre les sentēces interlocutoires, les vnes sont
simples, desquelles nous auons ia faict mention au
chapitre deuant dict. 144 les autres plus fortes, &
qui sentent leurs definitiues, & par effect obtionnent
force de definitiue, de telle maniere que mesme
elles portent preiudice a la cause principalle, &
2 quasi engloutissent & ostent du tout le droict. Com
me si la partie declinoit ou demandoit renuoy du
Iuge, & si lors le Iuge commandoit neāt moins a ladicte
partie, & ordonnoit de respondre, telle ordon
nance est interlocutoire, sentant sa definitiue, pour
tant qu’elle porte preiudice au renuoy demandé,
& forclost icelle partie d’appeller de la definitiue, &
lui impose silence pour tousiours. Et pourtant obtient
3 elle a bon droict effect de definitiue. Item, Es
declinatoires, quand le Iuge prononce & declare
qu’il est Iuge competāt, alors sa sentence est estimée
& est a la verite interlocutoire, & s’il declare le contraire,
alors elle est tenue definitiue, ainsi qu’elle est,
4 Semblablement, quand la partie confesse la debte,
& que le Iuge en le condannant lui commande pay

er ladicte debte a certain iour & terme, alors telle in
ionction ou commandement n’est proprement sen
tence definitiue, par ce que la ni a aucune condenna
tion, aincoys est seulement vne sentence interlocutoire,
qui sent sa definitiue, & obtenant force de
5 definitiue. Mais la sentence qui est donnee sur deser

tion d’appel est sentence interlocutoire, quand la
sentence delaquelle auroit este appellé, seroit interlocutoire:
Mais si celle dont auroit este appelle estoit
definitiue, alors icelle sentēce donnee sur desertion
6 d’appel seroit aussi pleinement definitiue. Semblablement
la sentence qui anroit este donnee sur nullite
est interlocutoire definitiue, par ce qu’auec icelle
le principal est tenu pour fini, comme il est aussi.
7 Dauantage, absolution d’instance, ou de plus, est
aussi interlocutoire pour la mesme raison, mais
quand auecques absolution d’instance, le principal
est aussi esteinct & anullé, alors elle est aussi tenue
8 definitiue. En oultre, la sentence qui est donnee sur
le possessoire est interlocutoire simple, mais quand
la propriete mesme est coniointe & annexee auec le
9 possessoire, en ce cas elle est estimee definitiue. La
defense que le Iuge faict a partie qu’elle n’empesche
ou trouble sa partie aduerse, en sa possession, durant
le proces, est interlocutoire definitiue Taxer les despens
est interlocutoire definitiue, De droict Ciuil
il nest point besoin a la partie bailler son interlocutoire
par escript, mais est bien requis de droict
Canon.
CHAPITRE CXLVI.
De reuoquer Interlocutoires.
Sommaires.
1 Le Iuge peut reuoquer vne Interlocutoire non diffinitiue.
2 Reuoquer la sentence pour cause n’est chose ignominieuse.
3 Les Papes & Empereurs selon le temps & opportunite changent leurs decrets,
ou les corrigent, ou les abolissent.
4 En faisant decrets fault souuent auoir esgard au temps & saisons.
5 Interlocutoire qui est bonne ne se doibt reuoquer.
6 Quand l’interlocutoire est bonne auecques grief de la Partie, ce que le Iuge
doibt faire.
Le Iuge

CIVILE. 191
7 A la requeste des Parties.
8 Les Parties absentes ou n’en sachans rien.
9 Le Iuge reuoque les interlocutoires, ou
Malgre les Parties.
10 De son office
Quand on a appellé d’une interlocutoire.
Quand le Iuge a prononcé legerement qu’il nestoit Iuge com
petent.
11 Quand il a prononce qu’il nestoit Iuge competent.
12 Le Iuge ne peut reuoquer les interlocutoires Quand taisiblement il se declare
estre competent.
13 Lesquelles reuoquees aporteroient grand preiudice.
14 Comment on appelle de l’interlocutoire au grand Conseil de Hollande.
15 Iudicialle n’est loifible d’appeller.
16 D’une interlocutoire
Mais
De celle qui est irreparable on pourroit bien appeller.
17 Au Conseil de Flandres & Parlement ou ne procede sur la nullite seule.
1 Qvand le Iuge void & apperçoit qu’il a mal iugé,
ou que les parties ont mal procedé, a cause dequoy
sa sentence interlocutoire seroit moins digne
& idoine, ains sembleroit estre impertinente & inde
ue, alors peult il reuoquer ladicte sienne sentence
non definitiue, & par ainsi se corriger aucunement
2 soymesme. a Et ni a pourquoy le Iuge ait honte ou
repentence de telle reuocation, pourtant quil ne lui
peult tourner a aucun deshoneur ou reproche, si
d’un erreur, ou il est, il se haste & auance pour trouuer
la lumiere de verite. Car il ne a chose tant selon
nature, que de faillir & sabuser. Mais quand la voye
de verite est monstree, ne la vouloir recognoistre,
& encores moins receuoir, ains aymer plus cher demourer
en son erreur, & appeller sa faute verite, &
la defendre pour chose vraye, cest le faict d’un home
qui est non seulement fol, ains priue de son bon
sens, & du tout brutal, lequel vice, comme il doibt
estre eslogue de tout home, il est ēcores par sus tous
moins conuenable aux Iuges, & ceux qui sont cons
tiruez par sus les autres, & doiuent marcher deuant
leurs subiects, leur monstrant la voye de verite: Car
nature, amie de verite, requiert de soy cela en toutes
choses, lieux, & temps, & desire que nous corrigions
incontinent noz fautes, & que sans vergogne,
nous chassions incontinent & repoussions loin de

nous les erreurs, mesme quand nous voyons que les
3 mesme Papes, les Empereurs, & pour abreger les
mesmes Conciles, n’ont eu honte de reuoquer ce
qu’ils auoyent mal iuge ou establi. Ou certes corriger
& changer les choses qui pour quelque temps a
uoyēt este mal ordonnees, en considerant par apres
qu’autres temps requerroyent autres manieres & or
donnances, s’ils vouloyent que leurs Republiques
fussent deliurees de disensiōs pernitieuses, & triom
phassent en concorde & vnion par consentemēt de

4 verite, suiuant ce commun prouerbe. Distingue les
saisons, & tu accorderas les escriptures, c’est a dire:
Tous iugemens humains se doiuēt discerner muer,
corriger, & amender auecques distinction & difference
de temps, & par ainsi les choses qui ont este es
criptes & establies, sont par telle distinction facilement
reduittes a concorde & vnion, & seront toutes
choses bien accordees, lesquelles pour vn temps
sembloyent estre discordantes. Par ansi doncques,
le Iuge peult reuoquer, muer. & corriger sa sentence
sans aucun deshoneur, quand il cognoist qu’il n’a as
sez deuement & suffisamment donne son interlocutoire:
5 Car qui se corrige soymesme, n’aurra a estre
corrige par autre. mais si le iuge cognoist certainement
par iugement asseure & rassis, qu’il a bien pro
nonce se sentēce interlocutoire, adonc ne sera neces
saire la reuoquer, ou dire: Ie reuoque ceste interlocu
6 toire. Mais dira seulement: Si ie t’ay nuy en chose au
cune, ou tay greué & en domage par ma sentence, ie
suis prest de te reparer ce domage, ou muer ma sen
tēce, ou la reuoquer selō l’opinōiō & cseil dhommes
sages & prudents, & pour ce ie te donne le terme
de quattorze iours, a ce que durāt ce tēps par meure
deliberation tu consultes de ta cause auecques
plus doctes, puis me rapporteras les responses d’eux
sans que tu retournes autre foys au Conseil. Ou
a tout le moins pourra lors dire a la partie, Ie ne croy
point que ie taye rien gre ue, & s’il ta este faict au
cun grief par ceste mienne interlocutoire, di & declare
a la verite en quoy ie t’aye greué ou porte domage,
quant a moy ie reuoqueray la sentence prononcee.
Car autrement, ie n’ay point de cause qui
me doiue persuader ou contraindre la reuoquer.
7 Mais il fault noter en ce lieu que le Iuge peult reuo
quer sa sentence interlocutoire en deux manieres,
scauoir est, par la requeste des parties, cōme ia nous
auons dict, & de soymesme ou suiuant son office. Il
la pourra reuoquer de soymesme & suiuant son of
fice en tout temps, mais auant qu’il iuge definitiuement,
8 & ce en quatre manieres. Premierement, il
pourra reuoquer sa sentence, de soy, ou par soymesme,
estans mesme les parties absentes ou de ce igno
rantes pourueu que la cause eust este au precedant
telle quelle requist la presence ou cognoissance des
parties. Car si la cognoissance de cause requeroit expressement

la cognoissance ou presence des parties,
lors & en ce cas, il ne la doibt reuoquer en l’absence
9 dicelles ou a leur desceu. En second lieu il pourra
selon son office reuoquer linterlocutoire, non seule
ment les parties absentes, ou a leur desceu, mais aussi
contre leur voulonte & gre, principalement s’il
cognoissoit que telle interlocutoire greuast a lui mes
me, Mais il ne pourra ce faire suiuant son office,
quand sadicte interlocutoire purement & nuemēt
greue la seule partie, mais seulement, quād la partie
ce requiert auecques raison, & demonstre quelle est
greuee par telle sentence, cōme ci dessus nous auons
10 dict. Tiercement, si on eust appelle d’une interlocu

toire, alors pourroit le Iuge reuoquer telle interlocutoire,
alors pourroit le Iuge reuoquer telle interlocutoire,
pourtant que tel rappel amortist & anichile
lappellation, mais il ne pourroit ce faire, ou elle
11 auroit este mise a execution. Quartemen, Si le Iuge
sans cognoissance de cause prononçoit legerement
l’interlocutoire, a cause qu’il ne seroit Iuge competent,
adonc pourroit il reuoquer telle interlocutoire
appeller de rechef les parties a soy, les iouir & cognoistre
12 plus certainement leurs allegations. Mais si
le Iuge par sentence interlocutoire auoit prononce
qu’il

192 LA PRACTIQVE
qu’il nestoit Iuge competent, alors il ne la pourroit
reuoquer, car alors il nest plus Iuge, sinon de ce quil
a iugé, ou sinon qu’on eust appelle de la sentence,
13 comme i’ay dict. Et fault noter en ce lieu, que si le
Iuge ne prononcoit expressement sur l’exception
declinatoire, ains qu’il procedast plus oultre en la
cause, alors nonobstant icelle exception seroit entēdu,
que taisiblement il se declareroit soymesme iuge
competent, mais ce nonobstant, les parties que
de ce se sentiroyent greuees, pourroyent appeller de
14 lui. Si les interlocutoires des choses qui seroyent de
grand preiudice se reuoquoyent, certes le Iuge ne
15 les peult reuoquer sans cognoissance de cause. En
la chambre ou conseil prouincial de Hollāde, la pra
tique porte, que si quelqu’un veult appeller de l’interlocutoire
pour cause des griefs endurez, que ce
lui qui ainsi se sent ou pretend estre greue, exhibe
ses griefs au Cōseil dedans troys iours, Afin qu’icelui
Conseil ayant cognu desdicts griefs, & afin que
par apres la partie sur iceux ouie, il iuge & prononce
plus certainement de ladicte interlocutoire, a scauoir
pour la confirmer ou reuoquer. Et n’admettent
que l’appellant procede au principal, premier qu’il
soit determiné & prononcé quant a l’interlocutoi
16 re. Quant au reste, il fault noter ce point, qu’il n’est
de droict a aucun loysible appeller de l’interlocutoire
Iudicialle ou diffinitiue, si ce nest que la cause
ansi le requiere, laquelle l’appelant est lors tenu de
clarer. Toutesfoys on peult bien proposer nullite
17 contre linterlocutoire. Mais il est bien licite d’appel
ler des interlocutoires irreparables en diffinitiue, tāt
selon le stile, que selō les droicts. Finalemēt au Con
seil Prouincial de Flandres, & aussi au grand Cōseil
de Malines l’usage porte qu’ils veulent que la nullite
se produise quant & l’appel, ou bien auecques la
reformation. Car iamais la ils ne permettent qu’au
cun proces s’intente sur la seule nullite.
a l. Quod iussit ff. de re iudica. concord. text. in c. cum
cessante, de appell.
CHAPITRE CXL VII.
De Recreances.
Sommaires.

1 Qu’est Recreance.
2 Recreance monstre le meilleur droict.
3 A celluy qul a tiltre, si l’autre ne l’a.
4 Es benefices se donne
A celluy qui auec le tiltre le meilleur droict.
5 A cellui qui a plus longue possession pacifique.
6 A celluy qui a possession d’an & iour.
7 Recreance A celluy qui a auecques la possession meilleur droict.
8 Es choses profanes se donne
A celluy qui a pour soy le droict commun.

9 A celluy qui a tiltre demonstré par exploict.
10 Auant la Recreance se doiuent exhiber les tiltres & exploicts.
11 En sont preferez
Simple saisine, les tiltres & exploicts plus anciens.
Recreance les tiltres plus nouueaux.
12 Quand la question naist de iurisdictions.
13 Quand la question procede de possession de rentes.
14 Recreance ne se donne a personne
Quand la question a son origine du payement de tributs ou truages.
15 Quant la complainte non executee il est releue.
16 Quand aucun est par force dechasse du sien.
17 Recreances se mettent a execution reellement, sans opposition ou appellation.
18 Ni l’Euesque, ni le Chapitre, peuuent empescher l’execution de la recreance.
1 La Recreance est interlocutoire, laquelle le
Iuge donne durant le proces en matiere de
nouellete, de maintenue, ou autres matieres
sur les vsufruicts ou chose litigieuse. Ou, comme
il plaist aux autres, Recreance n’est autre chose, que
mise en possession pour garder les fruicts. Et est ain
2 si dicte Recreance, comme creance & fiance de la
chose, en tant que le bien, le fruict & possession de
la chose semble deuoir estre accru, & adiuge plustost
a l’un qu’a l’autre. Et pourtant, il aduiēt presque tou
siours que celui auquel est la Recreance adiugee, on
croit aussi qu’il a le meilleur de la cause, & le droict
principal. E quant a ce stile & practique de Recreance,
3 il semble qu’il nous soit venu de France. Il est
ainsi qu’en matiere beneficialle, celui qui a le tiltre
est prefere en la Recreance a celui qui n’a point de
4 tiltre. Et quant l’une & l’autre des parties ont le tiltre,
& qu’elles l’exhibe toutes deux par ensemble, adonc
elle est le plus souuent donnee & adiugee a
celui, auquel par ses allegations semblera competer
le plus vray droict ou meilleur, ou lequel le Iuge
trouue estre desia en possession recente& nouelle.
5 Mais si partie aduerse monstroit au semblable sa pos
session voire qui fust encores de plus long temps, ou
qu’elle eust paisiblement ioui & possede son benefice
par lespace de troys ans, en ce cas la Recreance
6 lui deuroit estre adiugee. Mais en matiere profane,
on dōne & octroye cōmunement la Recreāce sur
7 la possessiō d’an & iour. Qui plus est, celui qui peult
pretendre le meilleur, & le plus fort droict en icelle
possessiō, & sēble en icelle estre le mieux fonde, ayāt
quelque tiltre que ce soit, encores qu’il fust coloré, a tel

8 se doit adiuger la recreāce. Ou pour vray dire, elle se
dōne a ce lui qui a pour soy le droict cōmun, & qui
pourra que son intētion & allegatiōs sont en droict
9 mieux fōdez. Ou biē elle sadiuge a celui qui mōstre sō
tiltre

CIVILE. 193
tiltre par le dernier exploict: Ou elle est donnee
(comme premierement a este dict) a celui qui peult
monstrer la possession d’an & iour. Mais toutes
ces choses consistent en la prudēce du Iuge, a ce quil
adiuge la recreance a celui qu’il pensera auoir le
10 meilleur droict. Et pourtant en ceste matiere de Recreance,
le Iuge commande aux parties qu’ils exhibent
leurs tiltres & exploicts parescript en iugemēt
Esquels il se porte quelquefoys de telle sorte, que
sans plus il s’informe sommairement d’icelle possession,
cest a scauoir en oyant seulemēt six ou huit
tesmoins tant du’n coste que d’autre points diligemment
cognuz & entenduz, il adiuge la Recreance
celui qui lui semblera auoir la plus grande apparance
11 pour l’obtenir, Au reste en simple saisine, les plus
anciens tiltres & exploicts sont les meilleurs pour
obtenir la Recreāce, mais en Complainte, les nouueaux
tiltres sont preferez aux plus vieux & anciens
comme ci dessus nous auons demonstre au chap.
12 37. mais il est a noter en ce lieu, que le Iuge ne don
ne a aucun la recreance, ou il est question & qu’il y
va de quelque Iurisdiction, ou, cōme nous parlons,
de Iustice, ains adonc icelle Iustice ou Iurisdiction
contentieuse durāt le proces est regie & gouuernee
13 par main superieure. Aussi n’octroy pas le Iuge ou
donne la Recreāce a aucū es proces, ou est question
de la possession de rentes courantes, car adonc lesdic
tes rentes demeurent coyes & suspendues insques
14 a la definitiue. Semblablement, on n’adiuge a aucun
la Recreāce, quand la questiō se meut contre le peager,
quant a payer le peage ou tribut, quand est ques
tion d’estimer le Tol, peage, passage, tribut, & semblables.
Car si quelque marchant, ou autre passant
par les lieux ou lesdicts Tols, gabelles, peages ou tri
buts sont assis, seul ou auecques ses marchandises,
& que le peager lui demandast le peage ou tribut,
& que ledict marchant ou autre passant, quel qu’il
fust se dist estre libre dudict peage, & pourtant ne
voulust payer, ains que le debat & contention fust
tire en Iugement, adonc tant que le proces dure, ledict
Tol ou tribut demeure sans estre payé & c. iusques
a definitiue, & ce pendant les marchandises
sont ēregistrees iusques a ladicte definitiue, ou pour
l’usage du peager, ou pour la liberte du marchant, ou

aultre qui passeroit par ledict lieu, selon la teneur de
15 la sentence donnee. Au surplus, quand quelquun’ay
ant impetre vne Cōplainte ne la faict mettre a exe
cution en son temps, & il s’est faict releuer d’icelle
omission, en tant qu’il nauroit faict mettre sadicte
Cōplainte a execution dedans l’an, alors n’est
point besoin ni necessaire qu’il y ait aucun restablissement,
16 ni sequestre, ni recreance. Aussi quand aucū
est deboute hors du sien par force, ou d’une sienne
possession, alors n’est point besoin, ni ne ♣ aucunement
la Recreance, mais ceste force & violence se
17 doibt reparer au principal. Or conuient il scauoir en
ce passage, que toutes recreances se mettent a execu

tion reellement & de faict, nonobstant opposition
ou appellation quelconque, toutesfoys l’appellation
18 est receue, mais elle ne suspend point lexecutiō. En
second lieu est a scauoir que ni Euesque, ni chapitre
peuuent beneficialle soubz pretexte & couleur de
leurs statuts, car si cela se pouoit faire, la sentence du
Prince au possessoire seroit illusoire a la partie.
CHAPITRE CXL VIII.
Des Decrets.
Sommaires.
1 Decrets sont quelque foys sentences
Interlocutoires.
quelque foys.
Definitiues.
2 Decrets se doiuent interposer sagement & auecques cognoissance de cause.
3 En alienation de biens immeubles.
4 Decret du Iuge s’interpose
En vendition de bien par subhastation.
5 Il n’est point necessaire qu’il y ait Decret pour vendre choses qui tost perissent.
6 Il y a Decret qui est
Premier.
qui est
Second.
7 Qui est le premier Decret.
8 Le premier ne se rapporte tousiours au second.
9 Pourquoy on appelle vn Decret premier, quand ne suit point le second.
10 Quel est le Decret second.
11 Decrets de Conseils valent par tout, ou ils s’estendent selon leur auctorité.
De Malines.
&
Flandres.
12 Decrets ont este parfaictement declarez par
Le Speculateur
&
Andre Alciat.
R Decrets

194 LA PRACTIQVE.
1 Decrets sont quelques foys, ou sentences interlocutoires,
a ou quelque foys sentences
definitiues. b Et doibt le Iuge
vser de grande prudence a donner les Decrets de
2 quelque maniere qu’il soyent, & auecques cognois
sance de cause, a sçauoir, en attendant ce qu’il conuient
attendre, permettant ce qu’il fault permettre,
approuant ce qu’ils doibt approuer, & rendant ce
qu’il fault qu’il rende, de maniere que par tout il
interpose son auctorité: Car si tels Decrets se donnoyent
legerement, & sans cognoissance de cause,
ils seroyent de nulle efficace. Or le Decret de Iuge
est requis & s’entremet en plusieurs causes.
Premierement en alienation de choses, comme
de fiefs & biēs immeubles, biens de pusilles, ou mineurs
4 & c. c Secondement, Decret s’interpose en
toutes alienations & venditions de fiefs, d’heritages
maisons, molins, & aultres biens immeubles, qui se
vēdent par subhastatiō, ou par autres manieres sem
blables, par lesquels le Prince ou gens de Iustice ven
dent quelque chose auecques auctorité, soubz execution
reelle ou personelle, de maniere qu’estās icel
les choses ainsi vendues, elles ont plus ferme effect
pour & selon l’accomplissement du Decret Iugé.
5 Mais quant a la vendition des biens qui peuuent pe
rir, ou qui en gardant ne se peuuent garder, le Decret
6 du Iuge n’i est point necessaire. d Or le droict
se diuise en deux manieres, a sçauoir en Decret premier,
& Decret second, desquels toutes foys ni a
nul vsage en Practique.
Or il

CIVILE. 195
7 Or il est dict premier Decret, quasi cōme premier cō
8 mādement du Iuge. Et cōbien qu’aucun decret soit
dit premier decret, toutesfoys cela ne se faict tousiours
point pour le regard dun second, de maniere que
necessairemēt il suiue, cōme, cestui est le premier de
cret, doncques fault il necessairemēt qu’il y ait vn se
cond, pour le regard duquel cestui la seroit dict premier,
cōme ne sensuit point (pour annoter ceci enpas
9 sant) Marie a enfanté son fils premier nay: e dōcques
Marie en a puis apres ēfante d’autres, pour le regard
desquels Iesus nostre Sauueur seroit dict l’aisne. f
Car on interpose quelque foys vn premier decret apres
lequel iamais ne sensuit vn second. g Il est donc dict
premier decret (comme nous auons ia note) pourtant
que cest la premiere mise en possession faicte
par commandement du Iuge. Ou il est dict premier
decret comme premier commandement du Iuge,
par lequel il mande que les biens d’aucun qui est con
tumax soyent a cause de sa contumace, & pour la
peine de sa contumace obtenuz par lautre partie. Pa
10 reillement se peut definir le decret second, supposant
par tout le second enuoy au lieu du premier,
combien qu’apres le premier decret ne suiue tousiours
le second, attendu que ce second, n’est
tousiours necessaire, comme nous venons de
11 dire, & comme est note. h Quant au surplus,
le Decret qui est donne par les Seigneurs du Conseil
de Flandres, a lieu, & sort effect, par toute
Flandre entierement: Et pareillement le Decret qui
est donne par messieurs du grand Conseil de Malines
a lieu, & sort effect en tous lieux ou leur Iurisdic
12 tion s’estend. Mais en combien de manieres il est
dict premier decret, Item comment il doibt estre
interpose, En quelles choses ou actions il s’interpose,
Par quels Iuges il a coustume, & se doibt interposer.
Quel est l’effect du premier decret, Dauantage
que c’est que le second decret, En quelle maniere:
quand & dedaus quel temps il s’interpose. En
quelles actions, & de quel droict il requiert estre in
terpose, Quel est l’effect dicelui, pour euiter prolixi
té en cest endroict, ie renuoye le lecteur a M. le Spe
culateur & a l’abrege du proces Iudiciaire du S. Andre
Alciat, i lesquels il pourra voir & consulter sur
ces Decrets es lieux ci alleguez.

a vs l. Prima in fine ff. de offic. assesso.
b vt l. Decreta ff. de re iudica.
c l. Inter omnes minores & fere per totum C. de praedi.
& alijs reb. minorum & c.
d l. Prima §. Fuit quaesitum iuncta ibi gloss. in verbo, ne
cessari a non est ff. ad S. C. Trebel. Late Tiraquel. du retraict
linager. §. 1. in verb. ou aultres choses. gloss. 7.
num. 104. 105.106.
e Luc. 2.
f vt pulchrè annotat Magnus Erasinus Roterodamus in
2. a. cap.5. Luca. Idem comprobat l. Quis duos ff. de reb. dub.
Et c. Ioseph. extra de verbor. signific.

g Vide Speculatorem.
h in c. Quoniam frequenter §. In alijs verò, in glos. verbi
Constituetur. extra. vt lite non contesta. Vide & bonam
glos. in l. Si finita §. Si plures, in ver. Prius ff. de dam. infoc.
i Andr. Alciat. fol. 110.111.112.113.114.115.116.117.
118.119.120.
CHAPITRE CXLIX.
Des Actes.
Sommaires.
1 Les actes se doiuent enregistrer au iournal.
2 Il y a troys manieres d’actes, sçauoir est
Dispositifs.
De productions.
De decisions.
3 Les actes sont communs aux deux parties.
4 Toutes choses se doiuent restablir selon les Actes, pourtant qu’ils sont
trescertains.
5 Les conclusions des parties se doiuent restituer aux registres des Actes.
6 La presentation du Greffier ne se receuoit point, s’il n’aparoissoit par actes que
lors elle seruoit.
7 Les despens se doiuent tauxer selon les registres des actes.
8 Le defaut ou deboutement ne sert a la partie, s’il n’appert par acte de son
default ou forclusion.
9 An Parlement de Malines sont requis Actes iudiciaux.
Les Actes du Demandeur.
La Conclusion du Defendeur.
Actes dispositifs.
Conclusion en droict.
10 Actes iudiciaux ne requierent aucunes tesmoins.
11 Actes d’Arbitres requierent tesmoins.
12 On se doibt plus fier aux actes que non pas au Iuge.
13 En aucuns lieux, on baille seulement vn memorial par escript au lieu de
l’Acte.
14 Nouelles presentations requierent noueaux Actes.
R 2 De

196 LA PRACTIQVE.
1 De toutes interlocutoires s’escript vne minute
ou note par le Greffier, laquelle ils ap
pellent actes: Lesquels actes sont chascun
iour mis & enregistrez au registre & papier iournal:
Car tels actes ne se doiuent escrire ou enregistrer
par nul autre que par le Greffier, ou par aultres qui
2 a ce sont peculierement deputez. Et sont iceux actes
de troys manieres. Car il y a actes qui s’appellent ac
tes dispositifs, a scauoir qui sont faicts sur la deduction
du proces. Les aultres sont actes faicts sur productions
& prolations. Et les aultres sont actes de
3 decisions de cause. Tous lesquels actes sont communs
a l’une & k’autre partie, cest a dire, elles sont
tellement redigees a la commodite des deux parties
& certitude de Iugement. & a tel euenement, que fi
par cas d’auenture ils venoyent a se perdre pour l’une
ou l’aultre, a ce di ie, qu’ils se puissent trescertaine
4 mēt redemander & recouurer du registre. Ou bien si
les copies dicelles parties venoyēt a estre gastez, effa
cez, ou dechirez, que par ces registres elles puissent
estre facilemēt restituees & approuees, toutes les an
5 notations y annexees. Et dela est aduenu que toutes
les conclusions que les parties ont prises sont tousiours
corrigees & restituees aux actes enregistrez,
lesquels sont tousiours si certains, qu’il nest a aucun
des aduocats loisible aprocher d’iceux actes pour
6 les falsifier, ou les escrire autrement qu’ils n’ont este
escripts, ou qu’ils ne contiennent. Et ainsi par l’instruction
des crimes de l’an mil quatre cens vingt &
six, Philippes duc de Bourgogne auoit ordonne aux
procureurs, qu’ils eussent tousiours leurs a actes prests
& ne voulut que les greffiers receussent la presentation
sur le roolle, s’il n’apparoissoit par les actes,
que la presentatiō offerte seruiroit au mesme temps,
7 En taxe de despens semblablement rien n’est taxé
pour les adiournements des parties, ou pour les pro
cureurs, ou pour les aduocats, si ce nestoit que par
8 actes apparust, que le tout en alloit ainsi. Dauātage,
ame ne s’acquier proufit ou vtilite quelconque pour
vn default, ou deboutement de delaiz de sa partie,
si ce n’est que premierement il apparoisse par actes,
9 apertement des derniers delaiz. Mais suiuant le stile
du grand Conseil de Malines, en chasque proces est
requis de necessite qu’il y ait quatre actes qui soyent
produits, scauoir est les Actes du demandeur, la con

10 clusion du defendeur, les Actes dispositifs, & les actes
de conclusion en droict, ou, comme ils dient
communement en cause. Mais notez qu’en nuls actes
iudiciaux ne se prennent tesmoins presens, cōme
toutesfoys on les prent es instruments, par ce que
les actes prennent leur auctorité, force & puissance
11 de la presence du Iuge ordinaire. Mais toutes foys
es actes qui se font pardeuant arbitres, la presence
des tesmoins y est du tout necessaire. Voire & si
fault encores dire quant a la certitude des actes, que
12 es Cours, ou consistoires, ou les greffiers sont iurez.

plus de foy est adioustée aux actes, que non pas au
Iuge mesme, de maniere que s’il venoit en questiō
comme la sentence eust este donnée, & proferée, ou
si on doutoit comme les parties auroyent este accor
dées par le Iuge, alors les parties se regleroyent tou
talement, & gonuerneroyent selon les actes, encores
que le Iuge doutast d’iceux, ou biē qu’il voulust
maintenir chose qui fust contraire ausdicts actes.
13 Mais il fault aussi noter ce point quant aux actes,
cest que la coustume en plusieurs Consistoires porte,
que au lieu des actes ils prennent vne cedulle ou
14 breuet legal & memorial. En second lieu est a noter,
que sur nouelles presentations sont requis nouueaux actes.
CHAPITRE CL.
De Style.
Sommaires.
1 Le Style de Court, se doibt par tout obseruer.
2 Qu’est Style premierement.
3 Le Style n’est point de droict.
4 Qu’est Style en second & tiers lieu.
5 En quelles choses tient lieu le Style.
6 L’Affinité de Style & Coustume.
7 Difference de Style & Coustume.
8 Instruction pour le
Principal, apertient au Style de la Court dont elle vient.
L’appellation, apertient au Style de la Court a laquelle elle vient.
9 Diuersité de la Court spirituelle ne doibt estre obserue en la Court seculiere.
1 Le Iuge en ses sentences interlocutoires se
doibt regler selon le stile de la Court, comme
aussi il se doibt regler en la deduction
du proces selon le style, pourtant que le stile a force
de loy, & pourtant doibt il estre par tout consideré
2 & obserué. a Et la raison est, pour ce que le stile
est practique de la Court confirmée. Et pourtant,
quand il est question du style, le Iuge se doibt infor
mer du stile de la Court en chambre, auant qu’il
3 face adiourner aucun. b Lesquels Aucteurs ci
alleguez dient, qu’il n’est en droict faict mention
de ce style, combien que le texte parle expressement
4 de ce terme style. c Par ou les mesmes dient
que le style est vne regle & institution, de laquelle
on vse en iugement sur les instructions & deductions
des proces, ou, (comme il plaist aux autres)
Style est droict non escript, toutesfoys souuent vsurpe

5 par la volōte d’un Iuge. d Et pourtant style a
lieu proprement es choses qui apertiennent a la ma
niere d’ordonner les actes & sentences, & au reste
de ce

CIVILE. 197
6 de ce qui sescript selon le style. e Doncques le sty
le & la Coustume ont entr’eux grande affinité, telle
mēt qu’ils semblent estre vn & mesme, a cause que
7 l’un est quelque foys mis pour l’autre. f Toutes
foys si different ils en ce que coustume est introduit
te & mise en auant par vne taisible volonte & vsage
de plusieurs, a scauoir du consentement de tout
vn peuple, ou de la plus grande & saine partie d’icelui.
Et en apres, pour autant qu’icelle sert au
principal, & a la decision & vuidange d’icelui.
Mais le style sert tant seulement a l’instruction des
proces, deduction & ordre d’iceux, ayant son ressort
& descente non point par arbitres & opinions
du peuple, mais seulement par l’approbation d’un
seul Iuge, pour produire les actes & sentences a leur
mode & maniere, & les mettre par escript, comme
nous auons dict dessus. Et qui voudra auoir declaration
plus ample & accomplie lise. g
8 Mais il fault en ce lieu noter, que tout ainsi que les
proces sont de deux sortes, a scauoir au principal &
a l’appellation ou reformation, semblablement les
instructions d’iceux proces sont doubles. Car les
instructions des proces, quant au principal, elles se
finissent & Iugent selon le style de la Court d’ou
elles sont venues & procedées. Mais les Instructions
de proces d’appellation ou reformation se
sont par le Iuge, auquel on en appelle, & selon le
style d’icelle Court. Mais il fault toutes foys ci pren
9 dre garde que diuersitê de style engendre quelque
foys ambiguité, h principalement ou clairte, &
intelligence n’apparoist par aultre. Et de la aduient
que le style de la Court Episcopalle ou spirituelle
ne se doibt obseruer en Cours seculieres. i Comme
10 aussi ne se doibt en la Court de Flandres obseruer
le style du Parlement de Paris, ne du grand
Conseil de Malines.
a Vt ntoatur l.Obseruandum ff. de iudic. Ita dicit Bart.
in l. Iurisperitis ff. de excusat. Tuto. & in l. 3.ff.de testib. di
citġ3 Bald. in prima C. quae sit long. consue. & in l. de quibus
ff. de legib.
b Ita dicit Iacobi. de S. Georgio in d.l. de quibus, in suae
repetitione colum.3.ff. de legib. Sic Petrus & Cynus in l.
2. C.que sit long. consuet.
c In l. Prima C. de sacrosanct. Eccle.

d Ita tenet D. Bart. a Chass. in proemio consuetudinum
Duca Burgund. fol.1. nume. 8.
e Vt notatur in l. 2. §. Sed si C. de veter. iur. enucle. &
d.l. Prima C. de sacrosanct. Eccle.
f vt patet in c. Graui extra de falsi ad quod facit l. finalis
C. de donat. & l. Testamenta. de testamen. & l. Veteribus
ff. de actionib. empt.
g Angel. Aretin. in §. Ex non scripto in 2. & 3. colum.
Institu, de iure natur. gent. & Ciuil.
h vt Bald. in l. vnica nu.1.C. de emend. insti.eod. fol. 5.
i teste Bald. in l. Certum est nu. 11. vers. stylus vero C.
vnde legiti.

CHAPITRE CLI.
Du Serment de Calomnie.
Sommaires.
1 Qu’est serment de Calomnie, & comme on le faict
2 Cinc points competent au serment de calomnie
Qu’il croit qu’en demandant ou defendant il q bonne cause.
Qu’il ne niera verité en ce qu’il sera interrogue.
Qu’il n’usera d’aucune faulse preuue.
Qu’il ne demandera aucun delay par fraude.
Qu’il ne corrumpt ou corrumpra le Iuge par dons ou presens.
3 Le serment de calomnie se doibt faire apres contestation en cause.
4 Serment de calomnie ayant este obmis auant litiscontestation se peut reprendre
& repeter par tous
5 On iure auant litiscontestation
Quand pour Coutumace aucun est mis en possession.
Es exceptions on iure de malice.
Es appellations
Es causes ou litiscontestation n’est necessaire.
6 On iure de calomnie pour troys causes
A fin que parties soyent dechargées de faire preuue.
A fin que la verite soit plus claire & certeine.
Pour euiter que rien ne se plaide on defende calomnieusement.
7 Decisoire, scauoir est, quand on iure qu’il est ainsi qu’on demande.
8 De malice, scauoir celui qu’on preste es exceptions.
9 Des iuremens l’un est De ne chercher calomnie, & les formes
10 De dire verité, & les formes
d’icelui
11 Causes non spirituelles.
12 Causes criminelles.
13 Causes mixtes.
14 Causes d’Appellation.
15 On iure de calomnie, en Causes de droict de patronage, douteusement toutes
foys.
16 Cause legere.
17 Proces qui ont este suspenduz oultre troys ans, on iure pour la seconde foys.
18 Mutation de Iuge dedans troys ans.
19 Non pas en mutation d’incidens.
20 Toutes exceptions.
21 Stipulations pretoriennes.
R 3 On iure

198 LA PRACTIQVE.
22 Par les parties principalles.
23 Par le Tuteur, Curateur Maistre d’hostel & c.
24 On iure de calomnie Par l’Euesque, Acheuesque, & ceux qui ont charge.
25 Non pas par Procureurs communs.
26 Auant litiscontestation le plus souuent.
27 Forme expresse de serment de calomnie par le Iuge.
28 Penes de ceux qui ne veulent prester le serment de calomnie.
29 Cours spirituelles.
30 Es lon ne faict serment de calomnie.
Conseil de Flandres.
31 Conseil de Malines.
32 En ces grands Conseils ils vsent de serment de malice.
33 Difference entre serment de malice & calomnie.
Pour autant que ci dessus es chapitres 120. &
140. nous auons faict mention de litiscontestation
apres qu’on a acoustume iurer de calomnie,
& pour ce sera maintenant bien a propos,
qu’en cest endroict nous disions du iurement, ou
1 serment de calomnie. Or le serment de calomnie
est, quād aucun iure qu’il procede ou respond, a procede
ou respondu a la bonne foy, & non en intētion
& propos de calomnier, & que le proces que le Demandeur
intente alencontre du Defendeur, semble
audict Demandeur estre iuste & fonde en droict.
Et au contraire, dira le Defendeur, que la demande
du Demādeur lui semble iniuste, & qu’il n’est point
2 oblige a icelle. a En ce iurement de calomnie donc
ques cinq points sont toutalement necessaires.
Premierement que la Partie croit qu’elle a & sou
stient bonne cause & iuste. Secondement qu’estāt
interrogé il ne niera point ce qu’il croit estre verité.
Tiercemēt, qu’il n’usera d’aucunes faulses preuues.
En quatriesme lieu, qu’il ne demandera aucun delay
par fraude. Cinquiesmement, que pour & en fa
ueur de sa cause il ne corrompra ame par dons, cest
a dire, qu’il n’a donne, ni donnera, n’a promis ne
promettra, directement, ou indirectement aucune
chose pour sa cause, si ce n’est aux personnes, ausquelles
3 les loix permettent donner. b Mais ce serment
de calomnie se doibt prester incontinent &
4 generallement apres litiscontestation. c Et si taisiblement,
ou par nonchalance ce serment eust de cōmencement
este obmis, icelui iurement pourra
par apres estre repeté en quelque part ou endroict

du proces que ce soit, & estre exhibé, a ce qu’on iure.
5 Toutesfoys il aduient quelque foys des cas, es
quels mesme deuant litiscontestation on pourra iurer
de calomnie, a scauoir, quand a cause de la contumace
du Defendeur il fault faire mise en possession,
comme ci dessus a este dict, du 1. & 2. decret
cap. Dauantage es exceptions on iure auant litis
contestation, non pas de calomnie, mais de malice.
Item. En cause d’appellation, Et pour abreger,

par tout ou litiscontestation n’est necessaire, la auant
litiscontestation peult on iurer de calomnie.
6 Et pour plus claire cognoissance de ce iurement est
a noter, qu’on iure en plusieurs manieres de calomnie,
principalement pour troys causes. Premierement,
a ce que les parties soyent dechargées de
faire preuues, a fin que la verité de la cause soit
plus certainement manifestée,& pour euiter qu’on
ne procede on defende la cause calomnieusement.
d En second lieu, est a noter qu’il y a quatre manieres
7 de iurement ou serment. Le premier serment
est decisoire, a scauoir, quand sur le principal negoce
in iure que la chose est ainsi comme on l’auoit
demandee. Duquel serment nous ne dirons
rien ce cest endroict, pourtant que d’icelui est tresamplement
8 traicte. e Le second est appelle iurement
de malice, lequel on preste le plus souuent
sur les exceptions, ou bien quand quelque chose se
propose & faict au lieu de l’exception, ou deuant li
tiscontestation ou apres. Voire en quelconque
partie du proces que ce soit, quand il y a presomption
contr’aucun, qu’il a propose quelque chose
malicieusement. f Et peult le Iuge tirer tel sermet,
ce non obstant qu’au parauant on eust iure de
9 calomnie, & de dire verité. Le troisiesme iurement,
est de calomnie, laquelle interpretation a aussi
lieu en ceste sentence de sainct Paul. Or pour
cause de fornication (c’est a dire) pour euiter fornication,
vn chascun ait sa femme, & vne chascune
femme son mari. g Or c’est le serment duquel
nous traictons en ce chapitre, la forme duquel se
peult exprimer par ces paroles solennelles, ou autres
semblables. Ie N.iure, que ce que ie demande ie
ne le demanderoy point calomnieusement: mais ie
croy & estime que ie le demande iustement, &
pour iuste cause, ainsi Dieu m’ayde & ces saincts
Euangiles. Le quart iurement est de dire verité, la
10 forme duquel sera telle. Ie N. iure que ie respondray,
& diray verité sur ce que ie seray interrogué,
& que ie ne nieray rien contre ma conscience, &
qu’a mon escient ie ne produiray aucune preuue,
aucun tesmoignage, nul instrument qui soit faux,
ainsi m’ay de Dieu. De ce serment vous auez. h
Au surplus, s’il trouue quelques aultres iuremēs
en droict, ils se reduisent facilement a ces quatres.

11 Mais on pour roit en ce lieu demander, En quelles
causes on doibt iurer de calomnie, & en quelles
non? A quoy il faudra respondre, qu’en toutes
causes, (excepte les causes spirituelles) on iurera de
12 calomnie. Mais es causes spirituelles on ne iure
point de calomnie, ains seulement de verité. i
13 Item en causes criminelles, on iure de calomnie. k
14 Dauantage en causes mixtes. l Semblablement,
en cause d’appellation on iure de calomnie s’il est
15 demande. m Mais en cause de droict de patronage,
aucuns dient qu’on ne iure point de calomnie, mais
de vertite, pourautant que cest cause est annexée

16 aux causes spirituelles. n Pareillement en cause lege
re aucuns dient qu’on ne iure point de calomnie,
d’autant que la sentence donnee en icelle tient sans
escriptures, & pour ce que les solemnitez y sont
obmises, a raison de la petitesse de la cause. o
17 Item on iure de calomnie es proces qui sont suspens
oultre troys ans, & lesquels lors on reprēt de rechef.
18 Item si au milieu de troys ans aduenoit qu’il y eust
19 changement de Iuge, ou qu’il fust depose. Mais es
questions qui escheent, ou qui sourdent par cas dauenture,
il ne semble point qu’on doiue iurer de calomnie

CIVILE. 199
lomnie, veu qu’on a premierement iuré du pricipal.
Car iurer au principal & iurer es acessoires sont
de mesme droict. p Mais cela est seulement vray
20 en la mesme cause. Item en toutes exceptions, voi
21 re, en celles aussi qui sont declinatoires fault iurer de
calomnie. q Item es stipulations pretoriennes on iurera
de calomnie r . En second lieu, peult on demander
qui sont ceux qui doiuent iurer de calomnie?
22 quoy fault respondre que les personnes principalles
doyuent ainsi iurer. & premierement le demandeur,
23 puis a pres le defendeur. s Secondemēt, au lieu
des principaux iurerōt le Tuteur & Curateur, le Mai
stre d’hostel, le Sindic, le demandeur & procureur de
24 vne vniuersité. t Item les Euesques & Archeuesques
ceux qui ont charge & gouuernemēt des orphelins,
& tous autres qui ont legitime administration d’autres,
ou par le magistrats, ou de lauctorité du Iuge. v
25 I’ay tout maintenāt parle du procureur d’une vniuersite,
pourtāt qu’un aultre procureur ne iure point
26 de calomnie. x Tiercement on peult demander com
ment & quand il fault iuter de calomnie? A quoy on
respond que incontinent apres contestation en cau
se, le Iuge a acoustume de proposer & tirer le serment
27 en cest maniere, Tu. Ne iures ici, que te me
demandes point faulsemēt & par calomnie, ains que
tu croys & penses demander ce qui est iuste. A quoy
le demandeur respond incontinent: Ie le iure ainsi.
Et adonc le Iuge lui dict: Iurez vous aussi que vous
respondrez verité ce dōt serez interrogue, & que
vous ne nierez rien contre vostre cōscience: A quoy
le demandeur respondra: Ie le iure ainsi. Alors le Iuge
dira pour la troisiesme foys: Iurez vous aussi que
a vostre escient & de vostre gre vous ne vous seruirez
daucunes faulses preuues, de faulx tesmoins, faux
instrumens, ou de quelque aultre faulse espece de
preuue? A quoy le demandeur respondra: Ie le iure
ainsi. Quartement, le Iuge dira: Iurez vous que vous
nauez point corrompu le Iuge, & ne le corromprez
ou le greffier, ou tabellion, & que nauez donne, ni
ne donnerez, n’auez promis ni ne promettrez, direc
tement ou indirectement, aulcune chose par vous
ou par personne interposee, ou moyēneur. pour ces
te vostre cause, a fin que sentence soit donnee pour
vous, si ce n’est aux personnes ausquelles les droicts

permettent donner, a scauoir, au notaire a l’aduocat
& autres semblables. A quoy le demandeur respondra.
Ie le Iure ainsi. En cinqiesme lieu, il dira: Iurez
vous que ne demanderez point de delay pour differer
la cause? A quoy le demādeur respōdra, Ie le Iure
ainsi. Et ce que nous auons ici dict du serment du de
mandeur, autant en faudra il faire faire au defendeur
en changeant seulement bien peu de paroles y . Le
premier est proue par. y Le second par lautētique. z le
troisiesme doibt plustost estre entendu se faire par
coustume que de droict: Car de droict on doibt di
ainsi. Vous iurez que ne tirerez aucune preuue, sinō

celle que vous trouuerez estre necessaire pour la verite.
28 aa Or les peines des parties qui ne voudront iurer
& faire ce serment de calomnie seront cestes, Le
demandeur qui ne voudra iurer de calomnie, ou de
dire verite, dechet de son action instituee par sentence.
Semblablement, le defendeur qui ne voudra
iurer de calomnie, ou de verite, deura estre condanne:
car en ce cas les demandes du demandeur sont
tenues pour confessees. b Mais il fault ici noter qu’ē
diuerses cours il y a diuerse pratique: Car es cours
29 spirituelles comme aussi en quelques autres cours,
on n’use point de serment de calomnie, ains pour icelui
ils vsent de litiscontestation, par laquelle ils
font que les parties iurent de calomnie, cest a dire,
(comme souuent nous auons dict) les parties affermeront
en leur cōscience quelles pensent auoir bon
droict, quelles menent & soustiennent vne iuste cau
se, laquelle ils ne maintiennent point pour calomnier.
30 Mais au conseil prouincial de Flandres & au
grand Conseil de Malines on n’use point de ce serment,
peult estre pourtant qu’il est a craindre que
les parties en faisant le susdict serment, ne viennent
a souuent se pariurer & pechans contre le comman
dement de Dieu, elles perdent leur ame plustost que
leur cause, Ou peult estre qu’ils ne reçoiuent point
vn tel serment par coustume ni es iugemens ordinai
31 res ni es souuereins. Si est ce toutesfoys qu’es lieux
ci alleguez, ils vsent bien du serment de malice durant
le proces, a scauoir par lequel ils iurent qu’ils
ne demanderont point de delaiz extraordinaires
par calomnie, ou qu’ils n’en receuerōt point, ni mesme
exceptions & productions impertinentes pour
le proces ou iugement differer, ou qu’ils n’en vserōt
ou les allegueront pour trauailler leurs parties. Et
pour mieux entendre ce que dict est, ceste difference
doibt estre notee, comme aussi nous auons dict
vn peu au parauant entre le serment de calomnie, &
le serment de malice, & est que le serment de calōnie
se donne & octroye vne foys seulement, & incontinent
apres litiscontestation. Mais quant au ser
mēt de malice, il se dōne & octroye toutes & quātes
foys qu’il semblera au Iuge estre equitable, iuste
& expedient, aussi bien deuant, comme apres litiscontestation.
a c. Primo extra. de iurament. calum. & ibi bona gloss.

in verbo. Criminali.
b l. 2. C. eod. titu. & Autentica Principales, & in Auten
tic. vt litigant. iurent in princ. colla. 9. §. 1.
c c. Cum causam in fine extra eod. titu. & c. 1. & 2. &
c. Dudum 2. ibilite vero coram nobis legitime contesta. praestitoque
iuramento, & l. 2. C. eod. & l. Rem non nouam in
medio l. C. de iudic.
d l. Prima C. eod. & in Authen. de his qui ingred. ad
appell. §. fin. colum. 5.
e in c. fin. est. de iureiur an. & l. Generaliter C. de reb.
credit.
f l. Thesaurus ff. ad exhibend. & c. Dilecti. extr. de elect.
g 1. Corinth. 7. vti etiam c. Ner si testiculorum 3. distict.
ad finem.

h l. Iusiur andum C, de testib.
I c, literas ext. eodem. vide hic bonam glossam, in verbo.
Rebus spiritualibus.
k vt notatur, extr. eodem. c. & ibi vide gloss. in verbo
Criminali.
l vt c. Tuae ext. de procurato. & c. Super his extr. de accusat
m l. 2. in princip. C. eodem & in Autent. De his qui ingred.
ad appell. §. Illud l. Qui bona §. final. ff. de dam. infect.
c. Primo extra. eod.
n c. Ad aures extra de Iure patrona.
o Autentica. Nisi C. de sentent. ex bre. recit.
p c. Prudentiam in fin. extr. de offic. delegati. Et quia semel
tantum. Autentica. In isto. C. eodem.
q l. Prima C. eodem, & probatur l. de die §. final. ff.
Qui satisda. cogantur.
r l. Prima C. de iurament. calum. l. Praetor. in principio
ff. de dam. infect. & d. l. Qui bona §. finali.
s l. 2. §. 1. & e. C. eodem & c. 2. Caeterā extr. eod.
R 4 t l. 2. C.

200 LA PRACTIQVE.
t l. 2. C. eodem & Autentica principales & §. finali
institut. de curato.
y l. Orphanotrophos C. de Episcop. & Cleri.
x l. 2. §. Sin ante C. eodem.
y Primum probatur per l. 2. in primo versic. & Actor.
C. eodem, & Autentic hoc Sacramentum & §. Item actoris.
Institut. de poena temer. litigant. Secūdum probatur per
z Autenticam. In isto Sacramento C. eodem.
aa vt in d. Autentica. In isto sacramento C. eodem &
Autentica principales. Quintum habetur etiam l. 2. in
princip. versic. Reus C. eodem.
bb l. 2. §. Quod si astor, & §. Si autem Reus C. eodem.
c. fin. ext. eodem in Autentic. vt litig. iur. §.1.
CHAPITRE CLII.
Des Positions.
Sommaires.
1 Suiuent le serment de calomnie, qui sera suiui de litiscontestation.
2 Qui elles sont dictes, & qui elles sont.
3 Elles sont de la substance du proces.
De lusage des hommes
4 Positions Ont leur origine Du droict ancien.
Du nouueau droict.
5 Elles deliurent celui qui les pose, de la charge de prouer.
6 Sont aussi appellees articles.
7 En quoy elles different des interrogations.
8 Se font apres litiscontestation
9 Positions Par toutes les deux parties.
Les Patrons d l’aduersaire.
Les Aduocats, Assesseurs.
10 Par Notaires. elles se forment.
Conseillers
11 Se doiuent former auant litiscontestation.
12 Se sont sur le principal, apres litiscontestation.
Et interrogations se font sur choses douteuses iusques a conclusion.
14 Positions Ne se fonr point sur attestations.
15 Se doiuent former a l’intention des probations.
16 Ne sont point receues en plusieurs Cours.
17 En court de Rome elles se font sur exception d’excommunication.
18 Forme de position sur l’exception d’excommunication.
19 Forme de position sur matiere reele.
20 Claire instruction pour former positions.
21 Positions seruent quelque foys pour deceuoir le Defendeur qui est trompeur.
Du libelle du Demandeur, pour establissement de l’intentiun d’icelui.

22 Positions se sont &
Du libelle du Defendeur, pour subuertir l’intention d’icelui.
23 Positions se doiuent exhiber par
escriptures, a fin que
Le Iuge ait matiere certaine Pour interroguer.
Examiner.
Les parties cognoissent plus clairement, ce qu’elles auront a respondre.
24 A scauoir si positions exhibées doiuent estre redigees en actes.
25 Comme le Iuge interrogue sur positions exhibees.
26 A celui qui met positions suffit, qu’il croit les interrogations estre vrayes.
27 Les positions se doiuent former selon la nature de l’action proposée.
28 Les positions se doibt seulement escrire ce qui qui a este narré au proces.
29 Il apertient au Iuge de reietter des libelles ce qui n’a point este allegué.
Les parties escriuent ce qu’elles veulent.

30 Au Parlement de Malines &
Les libelles sont soubsignez par l’Aduocat.
Les libelles se soubsignent par le Greffier.
31 Au Conseil de Gand &
Vsent de solutions auecques consentement des parties.
32 Escrire choses impertinentes.
33 Proposer
Faux actes.
Style inusité.
Coustume non receue.
34 Aux Aduocats est desendu Alleguer ce qui a vne foys este allegué.
35 D’un faict en deduire plusieurs.
36 Alleguer faicts en ses reproches.
37 Alleguer raisons de droict.
38 Alleguer ou escrire iniures.
Aux

CIVILE. 201
39 Quils escriuent par raisons de droict.
40 Aux Aduocats est commande Qui seulement ils mettent les fins a quoy leurs
escriptures seruent.
41 Qu’es appellation ils deduisent les griefs.
42 Positions ne se reçoiuent és proces qui se font sur le champ.
43 L’office d’un Aduocat prudent
S’il dict en ses escrips que toutes ses allegations sont vrayes.
S’il dict le commun bruit estre.
S’il nie les faict de la partie.
S’il promet probation de tout son dire.
S’il requiert pour soy l’office du Iuge.
S’il offre prouer ses articles non point ensemblement.
1 Apres litiscontestation, comme nous auons
dict au chapitre. 120. 140. 150. il fault
prester le serment de calomnie or de veri
te Et apres ce serment sont incontinent receues les
positions, ou faicts, ou ces dicts la, que les parties af
2 ferment qu’elles proueront pour vrays faicts. Car
positiōs sont quelques certains dicts ou escripts, ou
articles mis au lieu dinterrogations, ou autrement,
Positiōs sont dict, ou escriptures, ou articles que les
parties exhibent en iugement, pour verification diceux
leurs dicts, escripts ou articles, pour plus certai
nement former lordonnance dispositiue . Ou aultre
mēt, Positions sont breues manieres de paroles, qui
contiennent lintention de ceux qui les proposent
3 formees & composees pour tirer la verite. Et de la
aduient qu’on dict les positions estre des substantiaux
des proces & leur membre ordinaire. Or ces positions
de causes ont pris leur origine non seulemēt
de l’usage des homes, mais aussi de la loy ancienne,
voire encores du droict nouueau. Et quant a la loy
4 ancienne, il appert par. a Et que ces positions soyent
5 du droict noueau, il appert. b Aussi ont les positions
este introduittes a ceste fin, (cōme nous auons faict
mention au commencement de ce chapitre) que ce
lui qui les propose soit releue & deliure de la charge
de faire preuue, principalement quand l’aduerse par
6 tie confesse les positions du demandeur. c Et fault
noter en ce lieu qu’article & positiō sont le plus sou
uent mis pour vne mesme chose. Car l’article est par
tie de lintention, contenant ce que le demandeur ou
7 defendeur entend prouer. d I’ay ci dessus dict, que

positions sont dicts mis au lieu d’interrogatoires:
Car tels dicts de parties se mettoyent iadis soubs
formes d’interrogations, Mais au iourdhuy elles se
proposent simplement & sur le champs, comme pour
exemple, Si e’eusse iadis voulu conuenir le Iuge en
matiere d’heritages heredance, ie reclamoye le Iuge
par telles paroles, Monsieur le Iuge, demandez a
mon aduersaire s’il est vray heritier de tel defunct, &
de quel coste ou de quelle part il est heritier de lui.
Mais ou iourdhui on dict en ceste maniere Ie mets
que tel N.est heritier de tel. Item en second lieu, ie
mets qu’il est seul heritier de l’heritage total. c Mais
les positions sont differents des interrogations ou
demandes. Premierement, de forme seulement &
non selō l’essence, car positiōs se font en forme simple

& affirmatiue, Mais non pas les interrogations
mais sur forme d’interroguer ou demander. En second
lieu, elles different en ce, que les interrogations
se font especiallement auant contestation en cause,
& ce quelque foys par le Iuge, & quelque foys par
la partie. f Toutesfoys elles se peuuent aussi faire ge
nerallement, en quelque part du Iugement que ce
8 soit, & quand les parties ne peuuent poser. g Mais
les positions se font proprement apres litiscontesta
tion, & apres le serment de calomnie, comme nous
auons ci dict au commencement.Mais en cest endroict
9 sourd vne question. Qui est celui qui doibt
former icelles positions? A quoy on respondra, que
positions se font de par l’une & l’autre partie. h Et
la raison est, par ce que tout ainsi comme il compette
a lune & lautre partie prouer, ainsi les positions
qui succedent au lieu des probations competent a
l’une & l’autre des parties. Toutesfoys le defendeur
est quelques foys oblige a prouer, cest a scauoir es
exceptions: Car en icelles exceptions, le defendeur
deuient aucunes foys Demandeur. i Item le patron
de laduersaire peult former positions ou demandes.
10 En oultre, L’Aduocats, Item l’Assesseur aussi peult
interroguer Item le notaire peult interroguer, ou
aussi vn autre quel quil soit auquel le Iuge auroit ce
commis. Mais selon la commune coustume le seul
Aduocat, ou quelqu’un qui est son conseiller, forme
ra les positions ou interrogatiōs, tout ainsi quil peult
former ou dicter de libelle, Et la raison est, par ce
que former positions & dicter libelle, & lescrire tou
chent le droict, & toute ce qui touche le droict se
11 doibt despescher par laduocat k . Il sourd en cest en
droict encores vne autre question, c’est a scauoir en
quel temps se doiuent faire les positions? A laquelle
on respondra, premieremēt, par ce que les positions
succedent (cōme nous auons dict) au lieu des preuues
ou probations, & pourtant quelles les doiuent
imiter, pourtant est il que generallement par tout
ou on admet vne preuue, la fault il aussi faire
positions, & consequemment par ce que probations
le doiuent faire auant litiscontestation, ainsi doibt
on former les positions quant litiscontestation, sur
les exceptions dilatoires, & lors se doiuent prouer. l
12 I’ay dict sur les exceptions dilatoires, par ce que les
positions sur le principal ne se font point regulierement

auant litiscontestation, comme nous auons
dict ci dessus, mais sur le principal se doiuent regulierement
faire apres litiscontestatiō, & deuant, tout
ainsi qu’icelles preuues se doiuent faire apres litiscontestation.
m Et par ce que les positions & respon
ses ce font par iurement, pourtant dict on que les po
sitions se font aussi apres le serment preste en la cause.
13 Ce neantmoins positions se peuuent aussi faire,
& interrogations aussi, sur tous doutes quels qu’ils
soyent, iusques a ce que tout soit conclud en droit
14 ou en cause. Mais elles ne se font es publiques attes
tations, iasoit quelles se facent es productions d’ins
truments, n Et la raison de la diuersite est ceste: Car
es instruments & positions, on ne rraint point subornation,

laquelle on craint bien quelque foys es
tesmoins. Toutesfoys si deuant la cōclusion eust
este donne terme peremptoire pour exhiber toutes
les preuues, en ce cas aucuns veulent qu’apres tel
terme ne se peussent faire positions, pourtant qu’ils
dient, qu’elles succedent au lieu des preuues. D’icel
15 les doncq ils mettent ceste regle. Toutes & quant es foys

202 LA PRACTIQVE
foys que tu entends prouer quelque chose, auant
que recoiues le terme pour faire ceste preuue, fay alors
tes positions, car par respōses d’icelles tu seroys
peult estre deliure de la charge de former aultre preu
16 eu, Laquelle regle doibt bien estre retenue en memoire.
Or la maniere par laquelle les positions se
font en droict est telle. En plusieurs lieux on ne
reçoit aucunes positions, mais apres auoir conteste
en cause, & que le serment est faict, le Iuge interroge
incontinent le Defendeur sur chascun point &
17 article. Mais en la Court Romaine & presque en
touts cours spirituelles on forme positions, principalement,
quand elles se font auant litiscontestation
sur exception d’excommunication, laquelle se proposera
18 ainsi par le Defendeur. Pardeuant vous mon
sieur le Iuge, ie di N.estre excomunie, pourtant quil
a frappe. N clerc, & pourtant ie di qu’en la cause en
en laquelle il procede contre moy il ne doibt estre
ouy. Alors si le demandeur replique, & nie qu’il soit
excommunie, ou s’il nie qu’il ait frappe vn tel, ou sil
nie qu’il ait este clerc, alors le Defendeur duplicant
contre l’exception & replique responsiue d’icelui
Demandeur, formera ses positions en ceste maniere
Ie pose & ordonne pour prouer mes faicts, & di que
tu as battu vn tel, N. en telle partie ou membre de
son corps, d’un baston ou de poin, a tel iour, en tel
lieu, tels estans resmoins presens N. & N. Ce que
tu es faicts, non point par ieu, ains a bon essient, de
vn tourage furieux, & tresdesireux du nuire & porter
domage, ainsi qu’il fut biē manifeste par vne fort
grande perturbation du battu & naure par ses cris
& larmes, voire & si l’as frappe, non point comme
homme lay, par ce que tu cognoissois lors trescertai
nement qu’il estoit clerc. Car si le Demandeur confesse
ces choses, l’excommunication sera prouee par
la bouche & confession du Demandeur mesme. o
Mais pour plus ample declaration de ceste matiere.
retient pour toy ceste forme generalle de toutes posi
tions d’action reelle, & feins que le proces est inten
té en cause de possession iniuste, en laquelle soyent
les personages qui sensuiuent.
Iean du Boys Vendeur & Demandeur.
Pierre Moron Achepteur.

Charles Barbarin Defendeur & Possesseur iniuste.
Maintenant soyent exhibées les positions du Demandeur en ceste forme.
19 Pardeuant vous honorables SS. N. Official & c. donne,
faict exhibe et ces positions & articles ci dessoub escrips
le Procureur & au nom de procureur de Ieā du Boys Demā
deur en ce proces, auec son serment presté en ause & c. Par
& suiuaent tous lesquels il demande que Charles Barbarin
Defendeur responde clairement, distinctement & suffisam
ment par son serment, & par la parole credit ou non credit,
s’offrant ledict Demandeur a quant & quant prouer
ce que par le Defendeur est & sera nie. sans ce pendant s’a
streindre ou obliger a vne preuue superflue. En premier lieu
doncques met, article & entend prouer ledict lean du Boys
Demandeur , que l’an mil cinq cens soixante & six au territoire
& en la campaigne de Bruges, pres des murailles
de la cité, il eut vn champ a soy apertenant, les tenans et

aboutissans duquel seront ci dessoubz specifiez, Semblablement
ledict Demandeur Ieā pose qu’en l’an susdict & iour
sixiesme de Nouembre & c. il auroit vendu ledict champ et
heritage a Pierre Moron achepteur la somme de cent liures
monoye de Flandres. Item il pose & met que ledict Pierre
Moron achepteur auroit paye audict Iean du Boys Vendeur
la somme susdicte. En oultre il pose que Charles Barbarin
depuis ce temps auroit violemment & fraudulentement osté
iceluy champ legitimement achepté & paye, & qu’il
l’auroit depuis icelui temps possede, & encores possederoit
iniustement l’occuperoit, & qu’il refuseroit icelui rendre et
restituer audict Pierre Moron, au grand peril de son ame,
& au grand domage & interest dudist Moron achepteur.
Item il met que de tout ce que dict est, le bruit & renommee
en est par tout commune, & pourtant il baille aussi
ce libelle ici offert & presenté pour sa part, pour positions
& articles, offrant quant & quant ces productions, en tant
qu’elles suffisent pour sa part, & autres a produire en ceste
cause si elles semblent necessaires, de seings & seux No
toires, & non plus oultre, sauf tousiours son droict d’adiouster,
diminuer, declarer, suppleer, comme est de coustume.
Sviuant ceste forme & maniere on pourra former
toutes aultres positions en quelque matie
20 re que ce soit. Mais pour ce que nous auons vn
peu au parauant dict que positions sur le principal
se font regulierement apres litiscontestation. pour
tant, a fin que plus certainement on paruiennt a
icelles deuemēt former, on pourra vser de ceste nostre
21 precedente admonition. Au reste, quicōque vou
dra former positions, qu’il ait tout prest & deuant
ses yeux tant son libelle, que celui du Defendeur, &
que diligemmeot il considere les teneurs d’iceux, a
fin qu’il puisse a plein cognoistre ce qui lui conuien
dra approuer & alouer d’iceux, car par la probation
d’iceux, il doibt former ses positions, par lesquelles
il se parforcera d’attirer le trompeur Defendeur a sa
sentence & opinion, en toutes les manieres qu’il
pourra, mesme par diuers tours & ruelles, (comme
lon dict) voire encores par cauillatiō (s’il puense que
ce soit son proufit). p. Mais en escriuant ceci nostre
intention nest point de vouloit dōner a aucun mauuais
enseignement, ni de l’instruire a faire ou commettre
fraude, mais a fin que nous efforcions d’ob
uier aux fraudes & fallaces du Defendeur par aultres

trousses & ruses, ainsi qu’a rude asne on cherche ruasnier,
22 & a trōpeur trōpeur & demy. Aussi les posittiōs
se doiuent premieremēt faire sur le cōtenu en sō
libelle, ou sur les choses qui sembleront apertenir a
icelui contenu de la part du Demandeur, a fin que
sur icelle il fonde son intention. Mais quant a la part
du Defendeur & son libelle, il en formera ses positions,
non pas pour fonder son intention, ains pour
diminuer ou du tout amortir l’intention du Defendeur.
q Les positions du Demandeur se peuuēt donc
faire, (comme i’ay dict) sur les faicts de l’aduersaire,
car si cela estoit loisible, le Demandeur ne seroit
aussi contraint respōdre aux faicts de l’aduersaire. r
23 Apres doncques que le Demandeur aura legitimement
recueilli & assemble & formé ses positions se

lon ceste forme & maniere, alors il les exhibera au
Iuge par escript, s afin que le Iuge ait sur quoy il
puisse certainement interroguer les parties, & aussi
que les parties puissent plus seurement respondre a
ce qu’il leur sera demande. t Item a ce que tant
les parties que le Iuge voyent si telles positions doiuent

CIVILE. 203
doiuent estre ou’deboutees. Car le Iuge doibt
examiner icelles positions, pour cognoistre se elles
font & seruent a la cause, & s’elles sont receuables
& non point captieuses & non negatiues, & ainsi
24 des autres, & ce les parties presentes. Et si le Iuge
void quelles soyent receuables, il les fera rediger par
actes auant qu’il soit respondu, a fin que en icelles
ne soit faict aucun changement ou faulsere: v Donc
25 ques les positions estans offertes par le demandeur,
le Iuge enqueste le Demandeur posant en ceste ma
niere. Poses tu, ou croys tu N.par le serment que tu
as faict, ce qui est contenu en ces positions? Et s’il
respond en afermant qu’ouy: adonc il sadressera au
Defendeur contre lequel se font telles positions, &
l’enhortera qu’ayant esgard au salut de son ame, il
ne nie chose aucun en icelles positions, laquelle il sa
26 che estre vray & c. Et quant au Demādeur qui est
posant, il n’est pas tousiours tenu dire tout ce qu’il
cognoist de la cause & positions, ains suffist qu’il
die qu’il croit les demandes estre vrayes, quand a
27 este iuré de calomnie. Or toutes positions se doiuent
former tellement & de maniere quelles fondent
l’intention du posant selon la nature de laction
proposee: Comme pour exemple, Sil est question
d’une Seigneurie, on doibt considerer les choses qui
sont necessaires a la probation d’icelle Seigneurie. x
28 En Flandres lusage, est que les parties escriuent tāt
seulement les choses qui ont este produites au proces,
& non dauantage. Car si lune des parties escriuoit
ou annotoit plus quil nauroit este narre ou pro
duit au proces, adonc, iceux articles ou paroles, qui
nont est mentionnees au proces, se notent d’une
croix ou estoilette, ou de quelque autre signe semblable,
& par partie aduerse se doiuent annoter en
marge, afin que le Iuge deboute telles choses qui ne
auroyent este alleguees, ou les efface d’une raye, si
cee n’estoit que dauenture l’aduocat affermast, icelles
choses auoir este alleguees ou produittes au proces,
ou bien que le Prince l’eust releue de l’obmission de
30 telles narrations. Mais au grand Conseil les parties
escriuent tout ce quelles veulent par addition & en
cores quelques foys par superaddition, mais cela
se faict seulemēt en certaines causes & proces, Quant
au surplus, toutes positions, ou libelles de positions

se doiuent soubsigner par vn aduocat, ce qui a tousiours
este diligemment garde & obserue au susdict
grand Conseil de Malines. Mais au Cōseil prouincial
de Flandres, les positions ou escriptures ne se
signent par un aduocat, ains seulemēt par le Greffier
du mesme Cōseil, qui au doz d’icelles escript iour
que les articles des positions ont este cloz & exhibez,
en escriuant quant & quāt les noms & surnoms
de procureur & aduocat qui ont serui en la mesme
cause. Semblablement, on vse de solutions audict
conseil prouincial de Flandres, & ce auecques consentement
des parties & autrement non, si ce n’est

par requeste ciuile. Il est pareillement defendu en
32 France, par edicts & ordonnance du Roy aux aduo
cats sur peine de perpetuelle infamie, & d’amande ar
bitraire, quen plaidant ils n’alleguent ou escriuent
chose qui soit impertinente, & qui ne seure a la cause.
33 Voire plus est defendu proposer aucūs faicts qui
soyent faux & non probables, ou par style ou coustume
34 non receue. Aussi est il defend aux aduocats
escrire & alleguer choses qui auroyent este vne foys
35 escriptes ou alleguees. Item aussi de faire & adiouster
d’un faict, deux, troys, quatre ou plusieurs articles
ou bien nouer & mesler ensemble plusieurs reprises
36 & redittes tout en vn tas. Il est pareillement defendu
aux susdicts Aduocats mettre aucuns faicts en leurs
contredicts, ou saluations, lesquels faicts seruēt
a la cause principalle, ou bien de repeter (cōme a
dict este (ce qui desia a este vne foys escrips ou allegue.
37 Aussi est il defendu aux susdicts Aduocats de
mettre & alleguer aucunes raisons de droict, ou les
escrire en leurs inuentaires qu’ils font de leurs escri
38 ptures, & les exhibent pour clorre le proces. Semblablement
est aux Aduocats defendu de plaider ou
escrire iniure contre aucun, quiconque qu’il soit, ou
de proposer chose aucune, ou mettre rien en auant
qui ne serue ou conuienne a la matiere, comme dict
39 est. Et par contraire, est commande aux Aduocats,
premierement qu’ils escriuēt par raisons de droict,
quand par le Iuge est aux parties ordonné, qu’elles
escriuent par faicts contraires. Mais s’il leur auoit
este ordonné qu’ils escriuissent leurs faicts seulemēt
dispositiuement & distinctement vn chascun faict
a part soy, & qu’i iceux faicts ils voulussent adiouster
quelque chose de droict, ils feroyent cela separement
& a part, par quelque motif de droict.
40 En second lieu est aux Aduocats enioint, que seulement
ils posent les fins, ausquels ils veulent que
leurs escriptures seruent & exploitent en escriuant,
41 & ce sur peme de cent sols parasis. Tiercement, en
matiere d’apellatiō leur est enioint & ordōné qu’ils
deduisent leurs griefs, sans aucune repetition de ce
qui est du principal, mesmement quand le proces est
42 receu par escript. Mais quant aux positions, elles ne
sont point admises en causes esquelles le Iuge proce
de simplement, & sur champ, cōme ci dessus nous auons
43 dict. Au surplus cest le faict, d’vn Aduocat pru

dent & sage, de mettre & adiouster a la fin de ses escriptures,
que tous les faict qu’il a inseré, couche,
& exhibe par ses escriptures sont vrais, & que le
bruit & renommée d’iceux est toute comune, com
me nous auons touché cì dessus, & si au contraire il
nie les faicts de partie aduerse, combien qu’a iceux
il n’ait encores donnè pleine & suffisante solution,
& si encores il s’offre & presente a iceux prouer ou
preuue seruira & besoin sera, & si d’auantage a tout
ces points & chascun deux il implore l’office du Iuge,
& qu’entretant il ne faille a demander despens
& c. comme ci dessus a este dict, Car c’est vne gran

de prudence a vn Aduocat ou Demandeur, si icelui
Demandeur ou Aduocat n’article ni conioinct ensemblement
ses positions, car si partie aduerse venoit
a les nier, le Demandeur se mettroit au danger
de perdre le proces, a cause que par telles positions
ainsi cōiointes il deuroit prouer tous les articles ensemblement
& aduenant qu’il n’en peust prouuer
quelqu’une d’icelles, il seroit dict qu’il ne pourroit
prouer les positions conioinctiues. Et pourtant ballera
il ses positions separément pour estre prouées.
Car pour verification d’icelles, suffit que tant seulement
l’une soit vraye. yy .
a l. Offidius §. Ex diuerso ibi pone inquit in credito. ff.
de legat. 3.
b c. Statuimus de confess. lib. 6. c. Vnico. ibi, cum non per
positiones, extra de litisdontestat. & c. Dudum & ibi factie
positionibus extra de elect.
c Vt patet per dictum. c. Statuimus & l. Eum qui respōs.
1. ff. de iureiuran.
d Sicuti habetur in c. Veniens & in c. 1. de testib. lib. 6.
e Argumen. c. vnici extra. de litiscontestat.
f l. Si sine

204 LA PRACTIQVE
F L. Sisine. ff. de interrogat. actio.
g c. Cum Iohannes, propare finem extr. de fide instru.
h c. Prout, ext. de dol & contuma. c. vnice de litiscontesta
c. Dudum & c. e. circa medium.
i l. prima & l. in exeptionib. ff. de except.
k l. Aduocatos C. de Aduocat. diuer soriudic.
l c. vnico extr. de litiscontest.
m c. Quoniam frequenter in principio extra. de litiscontestas.
n vt notatur. c. Cum dilect us 1. responso. extr. de fide instrumente
o Vt notatur in c. Prudentiam ext . de ossicio delega.
p l. Natura cauillationsis ff. de verbo. fignigicat. & l. Ea
est naturae ff. de Regu. iur.
q c. 1. q. 4.
r l. finali in fine ff. pro socio l vsufructus ff. si vsufruct. peta.
& l. Prima ff. Si phar hoered.peta.
s Iuxtac c. Quomam contra extr. de probat.
t Vti notatur in l. Certum ff. de confess.
v l. Acta ff. de re iudica.
x l. Cum res C. de probat. c. licet ext. eod. & l. In rem
actio. ff de rei vendica.
y vt docent Dialectici, & vt notatur in c. Inter cateras
extr. de rescript. cum similib.
CHAPITRE CLIII.
Du Positions par Serment.
Sommaires.
De malines
1 Au Conseil & On iure des faicts par deuant Commissaires.
Flandres
2 Les Commissaires commandent aux parties quelles respondent par le terme
credit, ou, non credit.
3 Procureurs peuuent iurer pour leurs maistres.
Ainsi qu’es chapitres precedans a este demons
tre comme on iure de calomnie, & que
cest position, & quelles choses concernēt
position, il fault aussi en ce chapitre mōstrer, en quel
le maniere on iure sur la verificatiō des positiōs, qui
es proces s’alleguent pour faict, & sont exhibees par
1 escript. Pour l’intelligēce de quoy fault noter qu’au
Cōseil prouincial de Flandres & aussi au grād Con
seil de Malines, la practique vsitee porte, que quand
la cause du proces consiste en faict, ou en faicts qui
sont a prouer (qui ont acoustume d’estre deposez
& affermez par serment pardeuant commissaires)
que adonc les deux parties vsent du serment ordinaire

selon le style de la Court, par lequel ils iurent
en afferment, qu’ils pensent & croyent fermement
que leurs escriptures, lesquelles ils ont deposees
2 sont vrayes & certaines. Et pourtant les mesmes
Commissaires mandent aux parties, que sur icelui
ou iceux faicts deposez, ils respondent par le parol
3 le, Credit ou non credit. Et quand lune des parties
n’est presente, mais absente, adonc le procureur de
l’absent iure au lieu de son maitre.
CHAPITRE CLIIII.
D’affermer Responses aux Positions.
Sommaires.
1 Ce que doibt obseruer celui qui a a respondre.

2 Responses se doiuent bailler par escript.
3 A ce qui auroit vne foys este demande & respondu.
4 Qui est deux foys interrogue sur vn mesme article, on lui faict tort.
5 Que celui qui respond tende pour le plus a nier.
6 Aus choses qui ne s’entendent point au serment.
7 On doibt seulement respondre a la question pricipalle.
8 A ce qui est incertain.
9 Aux positions superflues.
10 A vne position impertinente.
11 A vne position obscure, si ce n’est & c.
13 A vne position preiudiciable.
14 A position a la quelle le Defendeur n’est tenu respondre.
15 A vne position negatiue.
16 A vne position generalle.
17 A vne position captieuse.
18 A vne position qui contient p’usieurs articles ensemble.
19 A position qui est fondés en droict.
20 A position calomnieuse.
21 A position impossible.
22 A position de propre crime.
On doib

CIVILE. 205
23 A crimes manifestes & c.
24 On doibt respondre A positions claires & irrefragables.
25 Qui ne veut respondre est tenu pour cognoissant.
26 De former exception contre positions.
27 Forme De respondre negatiuement aux positions deues.
28 L’effect des positions est croire la chose estre ainsi qu’elle est posée.
De qui ne respond.
De qui ne faulsement.
De qui se taist.
29 Pene De qui ne respond pertinemment . A la position.
De qui respond obscurement.
De qui commet dol.
30 Vous verrez les doutes de positions au Speculateur.
31 Vous en verrez le confession ci apres au dhao. 173.
32 Response aux positions se faict au Conseil de Flandres Pardeuant les
Commssaires.
Conseil de Malines.
33 Pour respondre aux positions faut faire adiourner les parties.
34 Quand partie confesse il nest point besoin de plus ample preuue.
35 Responses aux positions se font par (credit ou non credit.)
36 Iadis au lieu de response nioit le contenu es positions.
Conseille le plus souuent sa partie qu’elle tende plus a nier.
38 Le Procureur Sachant le faict de partie aduerse estre vray, ne le doibt nier.
39 Qui conseille de respondre faulsement, est tenu a restitution & c.
Reiterez
Contraires
40 Aux articles Obscurs Il ne fault respondre.
Obscurs
Captieus
41 Aux articles qui sont en partie vraiz, & pour partie faux, on respondra
auecques distinction.
Tout ainsi qu’au chapitre premier precedant
nous auons assez bien instruit celui qui vou
dra deuement former ses positions, ainsi
en ce chapitre nous parforcerons d’enseigner son
aduersaire, comme il sopposera contre lesdictes positions,
1 & comme il y respondra cautement. Donc
quiconque aura a respondre aux propositions exhibees,
icelui deura diligemment obseruer & prendre
garde si telles positions sont pertinentes, ou impertinentes,
legitimes ou superflues & c. desquelles tantost
nous traicterons. Et quant a moy, iestime celui
auoir vn iugement diuin, qui pourra bien obseruer,
& noter les positions de son aduersaire, & legitime

ment respondre a icelles. Car aussi pour former
responses & reprocher positions il fault obseruer
2 plusieurs cautelles. Et en premier lieu fault auoir le
soin & mettre peine que toutes les responses soyent
exhibees par escript, tout ainsi quicelles positions ōt
premieremēt este exhibees par escript, pourueu s’il
y a tel iugement auquel tous actes s’escriuent. Car
cest chose fort vtile & commode d’escrire toutes le
3 responses. Premierement afin que certainement il
puisse appaoristre d’icelle response faicte, que certainemēt
elle a este faicte, & que celui qui respond sur
vn article ne soit de rechef interrogue sur le mesme,
ce qui ne se doibt aucunemēt faire, soit quil eust pre
mierement nie ou confesse. a Si ce n’estoit que dauenture
suruint quelque chose de noueau, comme

si les premiers actes estoyent perduz, ou que quelque
altre chose semblable fust suruenue, auquel
cas le respondant peult estre sur icelui interrogue. b
4 Car si le Iuge interroguoit de rechef le respondant
sur vn mesme article, il le greueroit & lui feroit iniure,
voire qui plus est, il attireroit icelui respondant
(s’il n’estoit bien recors de sa premiere response, ou
s’il vouloit changer sa dicte premiere response a la
secōde) a vn douteux periuremēt, & par consequent
a vne infamie publique, Car si a la seconde response
il respondoit de la cause choses contraires a la pre
miere, il se rendroit periure. Car il ne pourroit faillir
qu’il n’i eust periure en la premiere ou seconde response.
Pour ceste cause le Iuge ne doibt point con
traindre le respondant a vne seconde response, pour
le peril que nous auons dict, ni le respondant interrogue
5 nest tenu d’y respondre. Dauantage, celui qui
a a respondre, & contre qui se font les positions,
doibt estre caut, de maniere que son serment sauf, il
soit tousiours plus enclin a nier qu’a confesser, principalement
quand les positions, dependent du faict
du respondant, car alors il pourra nier ou affermer
plus certainement, ce qu’il cognoist estre de soy &
de ce qui lui touche, & qu’il cognoist certainement
estre ainsi ou n’estre ainsi. Car apres telle negation
du Defendeur, c’est au Demandeur a prouer les cho
6 ses qui sont niees, ce qui sera le plus dificile. c Or le
Defendeur n’est tenu respondre aux choses desquel
les n’a este faict expresse mention au serment, ou des
quelles na este opinié, comme de celles qui ne suffisent
7 a la cause d Car la response se doibt seulement
rapporter a ce que principalement on demande, &
non a ce qui se peult aucunement augmenter ou ac
8 croistre. Semblablement aucun n’est tenu respondre
aux choses qui plainement sont incertaines, e
9 Aussi ne doibt on respōdre a vne position superflue.
cōme qui est la mesme que celle qui est ia faicte, ou
quand elle est ia accordee ou ia niee, ou quelle soit
cōtraire a celle qui est ia faicte, ou aux choses qui ia
sont niees ou publiees, tellement quil semble qu’il
n’ait position faicte contre position, esquels cas on
10 ne doibt respondre. f Pareillement il ne fault respon
dre a vne Position qui est impertinente au negoce,
comme on peult voir par le Speculateur, qui a ce
allegue plusieurs droicts. Mais s’il y auoit doute que

ceste position fust impertinente, alors faudroit a icelle
respondre, mais auecques vne accoustumee
protestation premise en ceste maniere. Le droict de
S positions

206 LA PRACTIQVE
positions impertinētes & non receuables tousiours
11 sauf, & c. Quant au surplus, ame n’est tenu respondre
a vne position obscure, Et toutesfoys, si ne doibt
on incontinent reiecter vne position laquelle est ob
scure, ains se doibt expliquer plus clairemēt & alors
12 il y conuiendra respondre. A la position qui pose
quelque chose , a quoy tu ne doibs respondre mais
13 vn aultre, tu n’es aussi contraint respondre. Au reste
tu n’es aussi force de respondre a la position, respondant
a laquelle seroit faict preiudice a toy qui
respondroys a icelle comme par quelque precipitation.
14 g Aussi n’est on point contraint de respondre
a vne position qui est tellement qualifiee qu’il
n’y fault point respondre, comme si le fils qui volontairement
s’est deporté & retire de l’heritage
de son pere, & s’est priue dicelui estoit tire en iugement
comme heritier, & que celui qui le tireroit
dist ainsi: Ie pose que tu es heritier: Pour vray tel
15 fils ne seroit tenu respondre a icelle position. h Il
ne fault point aussi respondre a vne position laquel est
negatiue: apr ce que celui qui nie ne pose riens,
ains oste plustost, soit que sa positiō soit negatiue ou
uerte, ou obscure. Aussi ne doibt on respondre a vne
16 ne position generalle, au degré tresgeneral: Comme
pour exemple, Ie pose quon me doibt donner vn
champ ou tresfond. Ou ainsi: Ie pose que. N. me
doibt quelque chose. Car telles positions sont par
trop generalles, & pourtant sont elles obscures &
indignes qu’on y responde, ains se doiuent du tout
refuser auecques celles qui sont obscures, Car si
quelqu’un me donnoit seulement autant de terre
ou heritage que monte vn doigt, ou vn festu, ou vn
floquet ou toupillon, celui contre qui se feroit la po
sition se deliureroit soymesme de deu pose. Car vne
generalité qui est trop grande engendre obscurite,
& ne doibt on respondre a vne position qui est
obscure, comme nous auons veu ce dessus. Pareillement
on ne doibt respondre a vne position laquelle
17 est captieuse comme pour exemple. Faignons qu’il
y ait vn pere qui ait encores son fils en sa puissance,
qui en negociant s’est acquis certain bercail, & qui
doibt a Pierre de Solis marchant la somme de trente
liures lesquelles le fils n’a paye au temps & terme
presix a cause de quoy le susdict Pierre de Solis mar

chant conuient le pere du compaignon qui lui est
redeuable, & le faict venir en iugement pour le
payement de sondict fils, non point pour ce qu’il
soit son pere, ou a raison de lheritage du pere, mais
pour cause du bercail que le fils s’est acquis & lequel
il a depose chez son pere. Si doncques le pere qui
ainsi est conuenu faisoit son exception contre ledict
marchant, niant que son fils eust chez soy quelque
chose ou bercail, & quil l’affermast par serment, le
pere moyennant tel serment seroit libre & exempt
de faire ledict payement. Mais s’il aduenoit que apres
cela on trouuast quelque chose se ce que dict

est chez le pere, mesme au temps du serment faict,
& que le marchant aduersaire en replicant formast
vne telle position: Ie pose que ceste chose ci au
temps que tu as iu auoit este du bercail de ton fils,
doncques as tu mal iure en disant qu’il n’i auoit rien
en bercail, & par consequent, tu me doibs le payement
pour ton fils a cause dudict bercail. Le pere
n’est point tenu de respondre a ladicte position,
a cause qu’il y a de la piperie & deception en icelle,
& pour l’inconuenient qui en ensuiuroit, car s’il con
fessoit cela, il se rendroit periure, pourautant qu’il au
roit iure n’estre, ce qui toutesfoys estoit. Et s’il venoit
a nier ceste position, il se periureroit semblablement,
veu qu’a la verite cela auroit este au bercail de
son fils. Et pourtant le serment seroit en ce cas tresseur,
si le pere iuroit ainsi: I’afferme par mon serment,
que mon fils n’a rien de bercail chez moy que
ie sache, & ou il en auroit, ie vous payeroys d’icelui,
& s’il aduient que desormais il acquiere quelque
chose, vous en serez par moy satisfaict. Mais tel serment
se deuroit faire a la bonne foy, & auecques
vrays intention d’acomplir le contenu en icelui,
car autrement ce seroit vn vray periurement: mais
si puis este il se trouuoit quelle chose delaquelle
il auroit este ignorant, cela ne seroit estime pariure,
pourtant qu’il neust este faict contre son intention
& conscience, & seroyent lesdicts inconueniens excusez.
Ce neantmoins, pour icelle chose la quelle auroit
este trouuee au bercail du fils contre se serment,
du pere, ou pour autres choses, lesquelles ledict fil
acquerroit & deposeroit de la en auant riere son pere,
pour icelles choses di-ie, ledict marchant
pourroit conuenir le pere, pourtant que son
action ne seroit point esteincte pour le premier
18 serment de pere. A vne position qui est de plusieurs
parties, ou qui est enbrouillee & emmeslee, embrassant
& mestant en soy plusieurs articles ou plusieurs
dicts, on n’i doibt respondre. i Comme pour exēple.
Ie pose que Thibault doit au fils de Michau & a moy
doibt cent escuz. Ceste position embrasse deux cho
ses. L’une desquelles peult estre vraye & l’autre faul
se. & ce (comme on parle) ensemble & a vne foys. Item
a vne position qui est de droict, on ni doibt res
pondre, comme pour exemple. Le pose que celui qui
n’est encores en laage de puberté, & n’a quattorze

19 ans passez ne pourroit faire testamēt. Ou ie pose que tel
a procede legitimemēt, droictemēt & suiuāt l’ordre
du droict. Ou ie pose, que leā a parfaict & acōpli ceste
chose en iugemēt sainctement, droictement, cōuenablement
& iustement. Certainemēt, ame n’est cō
traint de respondre a telles & semblables positions,
pour cause qu’ame n’est tenu prouer le droict escrit,
20 mais seulemēt le faict duquel le droict vient. Item a
vne position calōnieuse ne doibt on respōdre simple
mēt ains cautemēt & auecques bon aduis diligente
obseruatiō & meure deliberatiō. Or la positiō calōnieuse
est celle qui par certaine finesse & subtile interrogatiō
induit a cōceder ce qui est desia nié, com
me si en premiere positiō mon aduersaire eust nie que

Lucius fust son procureur & moy pour rōpre & eneruer
vne telle negatiō ie viens a assaillir mon aduersaire
par dessous terre, & par ambages, formant
positiōs contraires, mais de bihay & de coste, & en
ceste maniere. Ie pose que le procureur ia nōmé, ia soit
qu’il ait par toy este denie, a vēdu tes vins. Item qu’il
auoit faict laboureur tes vignes. Itē ie pose que tu
lui as māde qu’il eust le soin de ce que dict est, ou de
partie, & qu’il le fist & accōplist en ton nō & c. Car
s’il venoit a cōceder cela, manifestemēt le cōclud le
21 cōtraire de ce qu’il auoit premieremēt nie. Dauātage
a vne pofitiō qui est impossible, ou qui pose quel
que chose cōtre nature, il ni fault print respōde, &
ne se doibt telle positiō admettre, ni receuoir, cōme
si quelqu’un posoit que quelque vierge eust enfanté
22 hors mis la vierge Marie. Itē a la position qui est sur
& touchant quelque crime, cōtre lequel on pose, ame
n’est tenu d’u respōdre, par ce qu’ame n’est contrain
de respōdre qu’il est criminel, ce qu’il fault entendre
sainemēt, scauoir de crimes occultes, & qui ne
touchēt le detrimēt ou ruine d’une Repub. Toutes
foys s’ll respōdoit a iceux, en niāt & protestāt d’iniu
re, & demandant reparatiō, ie ne voy point en quoy
il mesu

CIVILE. 207
il mesusast ou faillist, veu qu’un chascun doibt porter
porter
soin de sa fame & bonne renommee. Et a bien dire,
il y a des crimes ausquels on doibt toutalement res
pondre, a scauoir manifestes publiez par sentence.
Item & a ceux qui empeschent l’execution d’office,
ou retention de benefice, ou qui menassent de plus
grief peril estans dissimulez, ou qui engendrent vne
propre infamie, ou qui par confession ou condennation
sont notoires k. Voila quant aux positions ausquelles
24 nest loisible respondre. Voyons maintenant
commēt on doibt respondre aux positions qui sont
deues & pertinentes. Apres doncques que les positions
sont formees & presentees, & qu’elles ont este
trouuees pertinentes, claires & certaines, & cōtre les
quelles n’eschet exception aucune, alors doibt on a
25 icelles respondre. l Car si celui qui est interrogue sur
icelles positions legitimes, & auquels on a cōmande
respondre, ne vouloit aucunement respondre, les
positions seroyent adonc tenues pour cōfessées, sui
uant ceste regle: Qui se taist semble consentir, si ce
n’estoit qu’il y eust cause legitime qui excusast icelui
refusant . m Et quant a la peine ordonnee a icelui
qui ne voudroit respondre, vous en verrez tantost
ci apres ensuiuant. Mais il est a noter qu’il y a quelques
des exceptions contre les positions: Mais il est
vray que telles exceptions qui sont pour contredire
aux positions, ou respondre a icelles, se doiuent faire
auant que le temps du delay qui precede soit expire,
26 & soubz ceste forme ou semblable. Contre les posi
tions & articles presentez par tel Thibault Demandeur,
ou par tel. N. son procureur, en la cause de tel
le piece de terre ou heritage, le procureur & au nom
de sa procure de tel Defendeur. N. & c. propose
& dict par maniere d’exception, que telles positions
pretendues & articles sont generaux, trop obscurs,
incertains, sans forme, indeterminez, douteux, diuers
indefiniz, fondez en droict, captieux de faict
d’autrui & impertinents, & tels, qu’ils ne releueroyent
pas beaucoup le demandeur de faire ses preu
ues. Et pourtant ne doibt estre respondu a icelles de
la part du Defendeur, en tant qu’elles sont donnees
pour positions, mais en tāt qu’elles sont presentees
pour articles, elles ne doiuent estre aucunement admises,

comme clairement apparoistra par l’inspection
d’icelles, & se monstrera plus amplement par
productions, s’il en est mestier. Et partant le susdict
procureur du defendeur, demāde que par vous Mon
sieur le Iuge, soit prononce, decreté & declare, icelles
positions & articles deuant nommez & exhibez
ne deuoir estre admis, ains toutalemēt reiettez,
& que quant & quant ils soyent reiettez, sans estre
en aucune maniere admis, en absoluant la partie defenderesse
a l’instance du Iugement, & condannant
de Demandeur es despens legitimes: sauf le droict
d’adiouster diminuer, & c. Or voyons au semblable
maintenant la forme d’une response aux positions

deues qui auroyent este exhibees. Le procureur, au
27 nom & comme procureur de Ioffe Defendeur, sauf
le droict de positions impertinentes & non receuables,
& articles pretenduz de Iean Demandeur, telle
mēt que les responses, lesquelles peut estre viendrēt
a estre par lui faicts a telles positiōs impertinētes &
indiuisibles, soyent tenues pour nō faictes, respond,
donne, faict & exhibe, moyennant serment par lui
faict, les responses ci dessus escriptes.
Car en premier lieu le procureur du susdict Iosse
respondant a la seconde position, dict qu’il ne croit
point qu’elle soit vraye & c. La troisiesme depend de
la secōde niée, cōme aussi fait la quatriesme. Et quāt
a la cinquiesme, il croit quil possede la piece de terre,
& que iustemēt il cōtredict a la restitutiō d’icelle & assi
gnatiō de Iean. Finalemēt il croit des cōfessez ce qui
est confesse, & nie ce qui est nié. Et touchāt leffect di
celles positiōs vous entēdez en si peu que i’en toucheray
28 en cest endroict. L’effect des positiōs est, que celui
qui pose quelque chose, par cela mesme qu’il pose
semble confesser ce qu’il pose. Car nul de doibt en
posant afferment, sinon ce qu’il scait ou croit certaine
ment. Au demeurant, il y a quelques certaines peines
establies contre ceux qui ne voudroyent respon
dre aux deues & vrayes positions, ou bien qui y respōdroyent
faulsemēt & c. desquels cōsiderez ce qui
sensuit, & premieremēt de la pene de celui qui ne re
spōdroit, ou qui respōdroit faulsemēt, ou qui cōfesse
29 roit ce’que est est faulx. n Dela peine de celui qui nie
faulsemēt. o Et de la peine de celui qui se taist. p Mais
la peine de celui qui ne respond a ce qu’on lui dedemande.
q Et quant est de la peine de celui qui respond
obscurement vous la verrez. r Et de la peine
de celui qui commet dol a l’endroict de la chose
qui est en debat & question. s Il fault aussi noter
30 en cest endroict, qu’il y a plusieurs doutes occurrants,
quant a ceste matiere de positions, lesquels
ie n’ay point entrepris reciter en ce lieu, lesquels ie
vous laisseray voit riere le Speculateur: car il nous
suffist auoir ci declare, ce qui est le plus vsité, & auoir
aux nouices monstre a Practique & chemin,
pour auoir la cognoissance de ce qui reste. Dauantage,
31 nous pouions en ce lieu pertinemmēt traicter
des pourtant que nous en traicterons ci apres sur
le chap. 173. qui est de la preuue faicte par confession

de parties, nous n’en ferons autrement mention
en ce lieu ci, ains nous poursuiurons quant a
32 former les responses. Les responses donc se font
communement tant au Conseil prouincial de Flan
dres, comme aussi au grand Conseil de Malines par
deuant le Commissaire ordōne & deputé a faire l’in
formation, & pardeuant son adioinct, a fin que le
Commissaire, l’Adioinct, auecques les parties se
reglent en icelui. Et que les incidents, si aucuns
escheoyent ou sourdoyent fussent par eux vuidez
& terminez, ou qu’ils rapportassent au Conseil la
relation & rapport, s’il sy trouuoit de la difficulte.
33 Doncques pour faire lesdictes responses, la partie

aduerse doibt premierement estre adiournée, car
ou elle ne seroit adiournée, elle ne seroit tenue faire
aucunes responses. Or les responses (comme
souuent nous auons dict) on este introduites a ce
que le produisant fust releué de la charge de faire
preuue par confession de l’aduersaire, t par ce que
34 si les parties ou partie croit ou confesse, alors n’est
il plus besoin de passer oultre a faire preuues.
35 Et se font ces responses par ce terme credit, ou non
credit, lequel procede de l’occasion du serment
de calomnie, par ce que s’il eust preste serment de verité,
il seroiot tenu & obligé de respondre par ce
terme scio, ie sçay, ou ie ne sçay. Car l’usage
commun, quant aux responses, est que la partie soit
contrainte a respondre par ce terme, credit ou non,
mais cela est vne faure comme quelque foys changer
S a

208 LA PRACTIQVE
changer ses escriptures, & se les entrebailler & communicquer,
36 l’un a l’autre. Mais depuis plusieurs
annees on a vse au grand Conseil de Malines,
que le procureur au lieu de toutes responses nie
le faict, ou faicts contenuz es escriptures de partie
aduerse, sans aucune plus ample response faire par
la parole Credit, ou non credit, Mais depuis quelques
ans en ça, cela mesme a este defendu aux procureurs
desdictes parties par ordonnance d’icelui Conseil,
par lequel leur a este commande que desormais ils
respondent tousiours par ces paroles, Credit, ou,
non credit, autant que le commissaire se parte de Mali
37 nes. Aucuns conseillent a ceuz qui ont a repondre
qu’ils soyent tousiours plus prests a nier, que non
par a cōfesser, mesmemēt quant les positions depen
dent de causes d’autres (comme nous auons dict ci
dessus) leur serment & consciences tousiours sauues.
Mais quand le procureur scait certainement, que le
38 faict en soy est veritable, alors il le doibt croire, par
aultrement il se greueroit & soy & la partie qu’il de
39 fend, & blesseroit grandement sa conscience. Car
l’aduocat ou procureur qui commande a sa patrie
ou son maistre qu’il responde faulsement est tenu
du domage & interest d’icelle partie. Mais la practique
gastee & corrompue est au contraire de ceci.
Car il y a plusieurs Aduocats & Procureurs qui par
foys conseillent a leurs maitres, qu’ils nient cest article
ci, ou cestui la, & qui’ils ne les confessent, pourtant
que par telle confession, encores qu’elle fust
vraye, ils viendroyent a perdre leur cause Mais ils
ne considerent a’autre part que niant, par faintise
& a faulses enseignes la verite ils menent leurs ames
a dannation, & en niant ce qui est vray descendent
40 au lieu ou est le pere de toute mensonge. Mais il
fault que ceuz qui ont a former responses sachent,
qu’il y a plusieurs articles ausquels on ne peut respondre,
tels que sont les articles reiterez, car on y a
desia respondu vne foys. Item aux articles qui sont
contraires & non releuans, combien que les mesmes
articles fussent prouez, Item aux articles qui sōt
mis & couches malicieusement ou captieusement,
ou qui sont a deuz ententes, ou qui consistent purerement
en droict, ou qui purement sont illatifs, ou
alternatifs, ou qui sont generaux, sans specification

ou declaration, ou qui sont impossibles, & autres
semblables desquels nous venons de faire mention
41 en ce chapitre. Et sur les articles en partie croiables,
& en partie non, poura le respondant separer sa responsiue,
& croire ce qu’est croiable, & la reste non
croire, comme il est escript & couche.
a l. Licet ff. naut. caupo. & stabula & c. At si, in fine
ibi, cum suo sit sunctus officio. extra de iudic.
b Vti notatur in c. Caeterum extra, de iurament.
calumn.
c Trita ac vulgata l. Ei qui dicit ff. de probat.
d l. Quotiens §. finali ff. de noxalib. & l. Qui iurasse

§. penult. ff. de iureiurand.
e Per d. C. Qui iurasse §. 2. ff. de iureiuraen.
f c. Cum tu extr. de testibus & c. Veniens in fine extr.
de iureiur and. l. final. C. Si aduer sus vendit & l. Siquis libertatis
§. fin. ff. de petit. haeredit.
g l. Qui interrogatur, & l. seq. ff. de interrogat. actio.
h l. Si filius ff. de interrog. actio.
i l. Ita fidei ff. de iure fisci.
k Vide Speculatorem libr. 2. partic. 2. de positioni.
§. 40.
l c. Praesentium de testib. libr. 6.
m c. 2. de confess. lib. 6. & libi. gloss.
n De qua vied l. Si quis in iure interrogatus, & l. de
aetate §. 1. & 2. ff de interroga. actio.
o Vide l. Non alienum eodem titu.
p Vide d. l. De aetate. Sed limita vt Specu. hic.
q Vide candem l. §. Quod autem & l. Si defensor §.
2. in fine.
r d. l . De aetate §. nibil.
CHAPITRE CLV.
Des Commissaires.
Sommaires.
Referendaires, & qui?
1 Des Commissaires les vns sont les autres
Aux decisions des causes, qui?
2 R’apportent les depositions de tesmoins a la Court.
Commissaires referendaires mais
Ils ne peuuent surroguer.
4 Sont Iuges deleguez.
5 Commissaire pour decider Prononcent la sentence, & en surroguent d’autres.
Ils renuoyent les appellations d’eux a la Court.
7 On n’appelle point des Commissaires referendaires.
8 En France les referendaires ne sont par appellation empeschez de proceder.
9 Au Conseil de Flandres y a quattre Commissaires ordinaires.
10 Combien de commissions ont le President & Conseiller de Flandres.
11 Tous les Commissaires au Conseil de Flandres sont referendaires.
12 Quel est l’office des Commissaires au Conseil de Flandres.
Au con

CIVILE. 209
13 Se commettent par le seul President.
14 Sont quelques soys referendaires, & quelque soys aussi pour determiner.
15 Au Conseil de Malines les Commissaires Instruisent le proces iusques a de
finitiue.
17 Ne peuuent sans noueau mandement informer de rechef sur faicts contenuz
es reprobations.
17 Commissions en Conseil de Flandres se despeschent soubz la signature.
de Malines se despeschent soubz les seings des conseillers.
18 La puissance des commissaires se peult prolonger auec consentement des
parties & du Commissairee.
Ayant a traicter en ce lieu des Commissaires,
I ay premierement voulu mettre la diuersite
d’iceux Commissaires. Dōcques il
1 y a deux manieres de commissaires. Car les aucuns
sont Cōmissaires referendaires, desquels loffice est
ouir les informations, & fidellement rapporter au
Conseil ce quils en ont peu cognoistre. Les autres
sont Commissaires plus forts, a scauoir, qui sont establis
pour decider les causes, les vuider & iuger, lof
fice desquels, lusage & practique selon la diuersite
des cours vous pourrez ici cognoistre par ce qui sen
2 suit. Commissaires referendaires donc, (comme ia
nous auons dict) rapportēt seulement ce qu’ils ont
oui & les depositions des tesmoins, & pourtant ne
dōnent ou prononcent aucunes sentēces, ains sont
seulement cōmis pour receuoir tesmoins pour leur
faire faire serment, pour les ouir, pour instruire la
cause on proces, pour faire le proces verbal, sur tous
differens & incidens qui viennent pardeuant eux,
& pour de toutes ces choses faire seulement leur re
lation & rapport, sans rien en determiner ni decider.
3 Il fault aussi noter ce point quant aux referendaires
c’est qu’ils ne peuuent subroger ni substituer ou
commettre aucun en leurs places ou lieux, si ce n’es
toit que telle puissance fust expressement mise &
4 apposee en leurs commissions par article expres. Et
quant aux autres Commissaires, ascauoir qui sont
ordinaires ordonnez pour determiner, & sont com
me Iuges deleguez & donnent sentence, & ordonnent
5 sur les differents des parties, toutesfoys soubz
condition de faire renuoy a la court, delaquelle ils
ont recu commission, pourueu que les parties vou
6 lussent appeller a icelle. Car il est aux parties loisible

d’appeller d’iceux commissaires a la court des dicts
Commissaires. Lesquels Cōmissaires peuuent deux
mesmes en subroguer d’autres, pour determiner,
mesme aussi suiuant le stile du Parlement de Paris,
Mais selon stile de ces pais Bas, ce le leur est aucunemet
licite, si ce n’estoit que telle puissance leur
eust expressement este dōnee & octroyee par leurs
superieurs, & par articles inseree en leurs commissions.
7 Quant au surplus, i’ay dict qu’on peult appeller
des Commissaires qui sont commis pour determiner,
a cause des referendaires, desquels on ne peut
appeller, comme aussi il n’est point besoin quils bail
lent les sentences, ains que seulement ils oyent les in
formations desquelles informations faire n’est aussi
loisible d’appeller, & combien qu’on appellast d’iceux,

si est ce neantmoins qu’iceux referendaires pas
seroyent oultre en procedant, iusques a ce que par la
Court leur seroit defendu de proceder plus auant,
& alors ils inserent icelle appellation au proces verbal,
si ce nestoit qu’il leur semblast que ladicte appel
lation fust aucunement fondee, auquel cas ils deferent
& cedent a ladicte appellation, & lui permettent
8 auoir son Cours. Mais en France les deuant nōmez
commissaires referendaires nonobstant appellation
quelconque procedent tousiours en auant, &
recueillent par escript, ce que les parties on dict par
leurs depositions, & ordonnent qu’icelles depositiōs
9 soyent mises au sac. Mais au Conseil prouincial de
Flandres, afin que cognoissez comme les commissi
ons s’acomplissent, obseruez ces points, En ce Conseil
y a contre commissaires ordinaires, qui sont enuoyez
par rout pour ouir informations, cōme ceux
ausquels ceste chatge compette, suiuant leur office
ordinaire, toutesfoys restrictiuement, de maniere
qu’ils ne peuuent prendre ne receuoit toutes icelles
commissions, ains seulement celles que le President
10 ou conseillers refusent prendre Car le President du
Cōseil peut chascun an prendre deux commissions,
& les conseillers vne, telles qu’ils les veulent estire,
& quand ils veulent, les autres competent ausdicts
quatre commissaires ordinaires, lesquels a fin que
le choix soit laisse au President & cōseillers de pren
dre ou ne prendre, toutes & quantesfoys qu’il suruient
commissions pour faire enquestes, ils les defe
rent & commettent incontinent a la Court afin que
le President, ou quelqu’un des Cōseillers, (qui pour
lors nen auroyent nulle) la prinssent. Mais ou elles ne
seroyent par iceux receues,telles commissions sont
prises par l’un de ces quatre commissaires, a qui le
tour & ordre esscher pour lors, lesquels peuuent aus
si prendre auec eux vn adioinct (si bon leur semble)
ce que toutesfoys est defendu au Cōseil de Malines
11 pour cause de souspeçon. Doncques ces commissaires
de Flandres sont tous referendaires. & nuls aultres,
si n’estoit que le Prince ou son Conseil leur eust
baille & commis plus grande & ample puissance.
12 Pourquoy les mesmes Commissaires du conseil en
Flandres, font enquestes, reçoiuent productions,
lesquelles enquestes ils portent a la Court closes &

seellees, ainsi qu’il apertient, & alors la Court donne
ordre & commande qu’aux parties soyent donnez
les nōs & surnoms des tesmoins, afin que (s’ils veulent)
ils y cōtredisent, & qu’ils les reprochēt & confutent,
s’ils cognoissent quelque cause par ou ils le
13 puissent faire. Mais au grand conseil de Malines, les
commissions ne se prennent ainsi par tour, ou selon
larbitre des commissaires, ains la toutes commissiōs
se distribuent selon le plaisir & prudence dicelui Pre
sident, lequel doibt cōsiderer l’industrie & dexterité
des persones, & qualite ou nature des causes qui sōt
d’icelle commission. Parquoy tous les conseillers de
ce grand Conseil de Malines sont quelque foys refe
rendaires, & quelque foys commissaires ordinaires,

pour determiner & iuger, a scauoit iouxte & suiuant
la puissance qui leur est donnee & commise
par le Prince, ou par son conseil priué ou par le Parlement.
Mais en general l’office d’iceux est que non
seulemēt ils oyent les informatiōs, mais aussi qu’ils
instruisent les proces iusques a definitiue exclusiuement,
receuans toutes actions de proces, comme
reproches, cōtredicts, saluations & conclusions,
en droict, ou en cause. Toutes lesquelles choses acomplies,
ils concluent la cause, & tout ce qui s’y est
S 3 traicte

210 LA PRACTIQVE.
traicté & plaidoyé, & la portent entourt pour y estre
definie & terminée, en laquelle on ne peult adonc
plus transmettre aucunes plus ampres responses,
allegations, ou aultres actions iuridiques, a cause
que tout est ia conclud en droict. Mais toutes
foys, alors est il aux parties loisible enuoyer en court
certains motifs de droict, par lesquels ils inciteront
& admonesteront le Iuge, & instruerōt pour plus
16 certainement donner sentence. Toutes foys ces
Commissaires qui sont commis pour instruire le
proces iusques a definitiue exclusiuement, ne peuuent
sans noueau mandement faire vne enqueste
de rechef & pour la seconde foys sur les faicts contenuz
es reproches ou contredicts, & saluations, &
sur iceux vne foys ouiz, ēcores que par apres se presentassent
& escheussent quelques point que partie
aduerse pensast grandement seruir & conuenir a fai
17 re ses reproches, contredicts, ou saluations. Au Con
seil prouincial de Flandres, toutes commissions de
ouir tsmoins apres qu’elles sont ordōnees en court
s’escriuent, notent & se despeschent par le greffier
sur son seint manuel. Mais au grand Conseil de Malines
les mesmes commissaires despeschent leurs
cōmissions sur leur mesmes seaux & seing manuels
18 tout ainsi qu’ils font au Parlement de Paris. An surplus.
Quant au commissaire est la puissance & permission
& licence octroyée & despeschee pour faire
sont enqueste, les parties peuuent estendre & pro
longuer ladicte puissance, auec le consentement d’i
ceux commissaire & mesme des parties. Mais de
telle prolongation & consentement se doiuent des
pescher certains actes par la cour, & nullement par
vn cōmissaire, pourautant qu’on ne le croiroit point
quant aladicte prolongation faicte, & permise auec
le consentement des parties.
CHAPITRE CLVI.
Des Commissaires & Adioints.
Sommaires.
1 Commissaires de Flandres prenent adioints tels que les parties permettent.
2 Ne peuuent prendre adioints.
Le President
3 Commissaires de Malines Prenent vn autre Conseilles, si ou permettent.

Parties, le
4 Doiuent d’euxmesme ouir l’information & s’escrire.
5 Si les Commissaires sont deux, ils doiuent par ensemble ouir l’enqueste.
6 Commissaires doiuent recueillir ensemble les articles d’vn mesme faict.
7 Les Adioints doiuent iurer qu’ils ne decouuriront rien de l’information.
1 I’ay au chapitre precedent dict, qu’il est permis
aux conseillers du Conseil de Flādres qu’en faisant
& executant leurs commissions, ils puissēt
auec eux prendre vn clerc, lequel nous appellons ad
ioint, qui en presence du Commissaire note fidelement
& couche par escript les depositions des tesmoins.
Mais il ne prennent pas tels adioincts a leur

plaisir, & fantasie tels quils les veulent pour le souspeçon
qu’il ni ait faueur, ou de la hainne, ains seulement
on leur adioint telles personnes, que les parties
permettent a iceux commissaires estre adioints.
Et pourtant, il ne reste plus rien a dire aux parties,
pour reprocher ou debouter lesdicts adioincts, sinon
qu’ils ne reçoiuent point tel adioinct, mais quils
veulent auoir cestui ci ou cestui la, sans autrement
2 declarer la cause pourquoy. Toutesfoys, au grand
Conseil de Malines il a toutalement este interdict
aux commissaires qu’ils ne prenent pour leurs adioints
leurs clercs, qui les seruent ordinairement, encores
que les parties consentissent qu’ils les prinssent.
3 Et qui plus est, il n’est aussi permis aux susdicts
conseillers qu’ils prennent auec eux autre commissai
re a leur voulonte, si ce n’estoit qu’ils fissent ce auec
consentement du President & des parties. Et pourtant
4 a este au susdict grand Conseil de Malines esta
bli & ordonne aux commissaires, qu’ils facent eux
mesmes personellement information & enqueste,
& facent iurer les tesmoins, prennent le serment de
eux, qu’ils les interroguent, & que de leur main pro
pre ils escriuent fidellement leur deposition, pourueu
qu’ils puissent endurer le trauail, & qu’en ce cas
ils ne les facent escrire par leurs adioints ou clercs.
Mais ou ils ne pourroyent escrire, aumoins de leur
propre bouche ils noment & prononcent a leurs
clers les depositions ci deuant mētionnées, & apres
qu’ils les auront escriptes, qu’ils les relisent deuant
les mesmes tesmoins, & qu’apres icelle lecture faicte
ils les interrogent de rechef, si la chose va ainsi
5 qu’ils ont escript qu leu. Item a aussi este commande
& ordonne a iceux commissaires & adioints (s’ils se
trouuent, ou quand ils se trouuerōt auec eux, quils)
facent par ensemble leurs informations & enquestes,
& que l’un ne face lesdictes enquestes en absen
ce de l’autre, pourtant que deux ensemble voyent
plus clair que ne ne faict vn seul, & (comme on
dict communement) les yeux voyent plus clair que
6 l’oeil. Au surplus a este commande & ordonne aux
Commissaires, qu’en examināt les tesmoins, ils met
tent ensemble les articles qui contiennent vn mesme faict,
ou qui parlent d’un faict, & desquels l’un
semblera dependre de l’autre, a fin d’euiter confusion
& prolixite de paroles. Et quand aux clercs des

Commissaires qui premierement escriuent la minute
des informations ou en questes, & qui puis mettent
lesdictes escritures au net, & les grossent
sont tenuz prester le serment es mains de leurs mai
7 stres, iurer qu’il ne reueleront le secret de l’information,
informations ou enquestes, ou qu’ils ne decouuriront
riē aux parties, ni de ce qui aura este deposé,
ni de ce qui aura, est proue, ou non proué.
CHAPITRE CLVII.

CIVILE. 211
CHAPITRE CLVII.
Du Preuue ou Probation.
Sommaires.
1 Preuue est La force, & puissance du iugement.
L’ame du proces.
Au seul Demandeur.
2 Preuue compete quelque foys Au seul Defendeur.
A l’un & l autre ensemblement.
3 Proue
Le Demandeur seul, quand le Defendeur
Nie le demande du Demandeur.
ou
Ne pose point faicts contraires.
Le seul Defendeur, en plusieurs cas, voyez le chap. ensuiuant.
L’une l’autre partie
Quand on ne pose poinct faicts contraires.
ou
Es matieres possessoires.
1 En prouant, ou bien en formant preuues
consiste toute le force & puissance du Iuge
ment
ou du proces, par ce que qui ne peut
prouer, il n’obtiēt rien, il nacquiert, il n’impetre riē.
Et pourtant dient plusieurs que preuue est lame du
2 proces. Or ceste preuue compete quelque foys a lac
teur ou demandeur seulement, & quelque foys le
seul Defendeur proue, & par foys faict l’une & l’au
3 tre sa preuue. Or le seul Demandeur proue quand
le defendant nie sa demande ou libelle sans plus, ne
posant faict contraire ou faicts contraires & diuers
cas, comme ci apres nous declarerons au chapitre en
suiuant. Lun & lautre doibt prouer quant il sont ap
pointez par faicts contraires. Dauantage il appertient
a l’une & l’autre partie de prouer en matieres
possessoires. Car en icelles les deux parties sont De
mandeurs & Defendeurs.
CHAPITRE CLVIII.
Quand le Defendeur est tenu prouer.
Sommaires.
1 Quand il propose faict qui enerue & destruit la demande.
2 Quand le droict commun combat & faict pour le Demandeur.
3 Quand la cause est priuilegiée pour le Demandeur.
4 Le Defendeur ou Defenderesse est tenu prouer Quand le Demander pretend
faulseté.

5 Le Defendeur est tenu iustifier sa rasure.
6 Quand en niant il afferme obscurement.
7 Quand il presente sa preuue.
8 Quand le serment est deferé a la partie.
1 Le Defendeur ou Defendetesse est tenu de
faire ses preuues, Quand en faisant exception
il propose vn faict peremptoire & destructif
de la demande ou libelle du Demandeur, cō
me sont payement, quitance transaction, paction
de ne demander, innouation, prescription & semblables.
2 Dauantage le Defendeur ou Defenderesse
est tenu prouer, quand le droict commun ou presumption
est fauorable pour le Demandeur ou Demanderesse,
comme pour exemple. Moy qui suis
Demādeur, demande mō droict a mon frere, lequel

a cause de succession, m’est deu en certain fond ou
piece de terre ou est estime estre deu, lequel heritage
apertenoit a nostre pere en son viuant. Mon fre
re nie qu’il me compete aucun droict en icelui fond
ou heritage: En ce cas mondict frere deura mōstrer
& prouer cōme i’auroye este debouté & proué du
droict d’icelui fond ou heritage. Car la prescription
& le droict commun, combat pour moy qui suis
Acteur & Demandeur en ladicte instance, & iuge
que portion de l’heritage me compete auec mō frere,
pour autant que moy & mon frere sommes enfans
d’un mesme pere. Item le Defendeur on Defenderesse
doibt prouer quand la cause de la conten
tion est priuilegiée pour le Demandeur ou Demanderesse,
comme pour exemple. Si vn pupille, ou vne
femme, ou autre personne priuilegiée, eust trop
paye au creancier qu’elle ne lui deuoit, & qu’elle
vint a demander le trop & surplus de iuste payement,
3 alors le creancier doibt monstrer par articles,
qu’il n’a receu que ce que lui estoit deu, ou s’il ne po
uoit ce faire, il lui conuiendra prouer ce qui auroit
premierement est deu, & quels payemens en auroient
este faicts. Et s’il apparoist par quitances
& autres moyens, que par le Demādeur ou la Demāderesse
ait este plus paye que le deu, alors le creā
cier ou creācier deura prouer pour quelle cause il ou
elle auroit receu ce plus ou trop, pourautant que le pu
4 pille, ou la fēme ou autre persone priuilegie ne peut
estre deceue. Le Defendeur ou Defenderesse doibt
aussi prouer en crime de faulx, comme pour exemple.
S 4 Quand

212 LA PRACTIQVE.
Quand le Demandeur ou Demanderesse demande
ou veut retirer vne debte, si le Defendeur ou Defen
5 deresse nie telle debte, & qu’au contraire le Deman
deur ou Demanderesse viennent a prouer ladicte
debte par instrument, & que le Defendeur ou Defenderesse
niast tels instruments, & les volust reietter
comme faulx, alors iceluy Defendeur ou Defen
deresse deura faire apparoistre de la fausete de tel instrument,
principalemēt quand il n’apparoit aucun
souspeçon de faulx par la rasure, ou effaceure du fait,
car si tels signes apparoissoyent manifestement ce se
roit au Demandeur a prouer & iustifier son instrument
pour bon & non corrompu,, a sçauoir par le re
gistre & minute, sur la quelle il auroit este grossoyé.
6 Aussi doibt le Defendeur ou Defenderesse prouer,
quand il pose vne negatiue, laquelle obscurement
contient vne affirmatiue, laquelle on appelle communement
vne negacion pregnante, comme pour
exemple. Si le Demandeur ou Demanderesse a vne
donation testamentaire, & qu’il la demande, & que
le Defendeur ou Defenderesse vienne a nier icelle
& la reprouer, disant que le testateur faisant telle do
nation n’estoit pas en son bon sens, alors ledict Defendeur
ou Defenderesse doibt prouer sa negatiue,
car niant ainsi il afferme taisiblement & obscurement
que le testateur au temps qu’il faisoit son testa
ment, estoit aliené de son bon sens. Semblablemēt
si le Demandeur ou la Demanderesse vient a mettre
au deuant & obiecter en disant, Tu as renoncé a la
succession ou maison mortuaire, & que le Defendeur
ou defenderesse en niant responde, Ie n’ay
point faict ceste renonciation de ma franche & libe
ralle volonté: alors le Defendeur ou Defenderesse
deura prouer ladicte negatiue, car lui ou elle niant
ainsi, afferme obscurement qu’il auroit faict icelle
renonciation, par quelque crainte ou estant contraint
7 par force. Aussi doibt le Defendeur ou Defenderes
se prouer ou monstrer, quand lui ou elle presente &
offre telle probation, car par telle presentation & of
fre lui ou elle se lie & oblige a la preuue presentée,
8 Finalement, quand la partie ou le Iuge pose la cause
& la commet au serment de l’aduersaire, alors icelui

aduersaire est tenu accepter le serment ou iurement
offert, lequel serment ou iurement doibt estre tenu
& estimé au lieu de preuue
CHAPITRE CLIX.
Ce qui se doibt prouer.
Sommaires.
1 Les faictes se doiuent prouer qui ont este exhibez en iugement.
2 Faicts impertinens ou superfluz.
3 Que le Iuge sçait comme Iuge.
4 Prouer ne se doiuent Faicts qui ne profitent ne nuisent.
5 Faicts qui ont estez confessez par l’aduerse partie.

1 En premier lieu se doiuent monstrer & prouer
les faicts, & ce qui est conceu ou precogite
pour faicts, & ce qui est conceu ou precogite
pour faicts, principalement qui ont este
seruiz & exhibez en iugement, & lesquels chascun
pensera seruir & proufiter a sa cause & a ses droicts,
2 ce que i’adiouste ici, pourautant qu’ame n’est tenu
prouer choses impertinentes, inualides ou superflues.
3 Consequemment, ce que le Iuge sçait comme
Iuge, c’est a dire, ce qui lui est notoire comme a Iuge,
ne se doibt prouer, & n’a mestier de probation,
comme ci apres sera monstre plus amplement.
Car toute preuue ses requise & sert a ce que le Iuge
soit acertenè des choses, la certitude desquelles quād
le Iuge vient a auoir vne foys, toute autre preuue d’i
celles sera superflue. Mais ce qu’il ne sçait point, ou
qu’il sçait non comme Iuge, cela lui deura du tout
estre proué, iasoit qu’il le cognust en aultres manieres,
comme Iehan ou Pierre. Car de telle cognoissance
le Iuge pourroit dire: Ce que ie sçay, ie ne le
4 sçay. Et quant aux faicts qui ne peuuent ni profiter
ni nuite a qui les produit, ils n’ont que faire d’estre
prouez, pourtant que la preuue d’iceux seroit
5 du tout superflue & inutille. Aussi ne se doiuent
prouer les faicts, lesquels partie aduerse a creu en ses
responsiues. Car a quoy seruiroit vouloir prouer
cela que l’aduersaire confesse de son gré, & a laisse
pour confessé, & qui est permis & concedé en faueur
du produisant?
CHAPITRE CLX.
Quel ordre on doibt tenir es Productions.
Sommaires.
1 La premiere preuue touche au Demandeur.
2 Le Defendeur ne doibts estre contraint produire auant que le Demandeur ait
produit.
3 Le Defendeur pourra deuant le Demandeur, s’il desire se haster.
Quand

CIVILE. 213
1 Qvand les deux parties sont prestes a produire,
le Demandeur ou Demanderesse doibt estre
le premier a produire s’il veult, comme nous auons
2 dict ci dessus au chap. 141. voire qui plus est, ils veu
lent que cest ordre soit ainsi obserué, tellemēt, qu’au
Conseil prouincial de Flandres, comme aussi au
grand Conseil de Malines, ils ont toutalement defendu,
& ne veulent aucunement permettre que le
Defendeur ou Defenderesse soit en aucune maniere
contraint faire la production, auāt que le Deman
deur ou Demanderesse faict le sienne, ou qu’il
eust en iugement refuse de la faire. Toutesfoys, si le
Defendeur ou Defenderesse desiroit se haster & auancer,
il pourroit adonc proceder auec sa production
quand il voudroit, par ce que le temps qui est
prefix pour les productious est commū a toutes les
deux parties.
CHAPITRE CLXI.
De diuerses especes de Probations.
Sommaires.
1 Tesmoins,
2 Confession de partie aduerse.
3 Cognoissance euidente & veue de la chose.
4 Lettres, Instruments, Cedulles.
5 Preuues se sont par Liures, Epitaphes.
6 Bruit public.
7 Le seul bruit n’a poins de lieu es cas criminels.
8 Delay de serment.
9 Comuune opinion de tous.
10 Preuues
De faicts se font par les manieres deuant dictes.
mais
de Droict, se font par
Loix.
Canons.
Coustumes.
11 Qui sont faictes en vn iugement, valent aussi en l’autre iugement.
12 Preuues Faictes deuant vn arbitre, valent aussi deuant le Iuge.
1 Il y a plusieurs & diuerses manieres de preuues:
Et tout premierement, preuues se font par tesmoins.
2 a Et quelque foys se font par confession
3 des parties ou des aduersaires. b Item elles se font par

certaine cognoissance & euidence du faict, a scauoir
par le mesme veue de la chose. c Et ainsi se font elles
de quelque iniure cruelle, qui a este descouuerte a
4 la veue de plusieurs, Pareillement elles se font par
5 lettres ou par instruments. d Item par liures anciens
par roolle ou par escriptures, soyent nouelles ou an
ciens iouxte la qualite des choses, ou par sepultures,
ou par vieux Epitaphes grauez en pierre, en marbre,
en murs, ou en colomnes. e Item se font lesdictes
probations par lettres seellees du seel de l’Euesque.
6 f Item par bruit & renommee, auecques autres

presomptions. g Car le bruit qui est seme entre plusieurs
voisins faict probatiō. h Ou bien elles se font
par renommee auecques vn seul tesmoin. I Mais tel
le renommee opere seulement es choses ciuiles: Car
vn bruit ou renommee n’est choses suffisante pour
condanner quelqu’un de crime, par ce qu’en crime
doiuent estre preuues tresapertes & aussi claires que
le iour, mais il en est autrement quant aux ciuiles. k
7 Item elles se font par vn souspeçon vehemente, de
la quelle preuue nous parlerons ci apres plus ample
ment. cha. 178. Itē par rapport de serment faict a l’ad
uersaire, l Ou bien faicte par le Iuge a l’une ou l’autre
des parties plaidoyantes, par ce que ce rapport de
8 serment a vne probation demipleine. m Item par
denonciation de personnes publiques. En oultre, par
commune opinion de tous, & presque par sentences
de tous, & iugemens indubitables. n Et ont lieu
les choses susdictes en preuue de faict. Mais conuiēt
scauoir que les especes ce prouer que iusques ici no
auons narrees, se doiuent entendre des preuues ou
probations de faicts, & non pas de probations de
9 droict. Car ceste preuue de droict se doibt faire ou
par loix, ou par canons, ou par coustumes, quelques
foys directement & par foys par argumens. Et fault
semblablement noter ces choses quant aux probations,
& auant que mettions fin a ce present chapitre,
nous vous recommanderons ce petit notable es
10 tre diligemment imprimé en voz memoires, Premierement,
que les preuues faictes en vn iugemēt
telles que sont attestations, confessions & semblables,
11 font aussi foy en vn aultre iugement. En secōd
lieu, que les probations qui sont faictes par deuant
vn arbitre, font semblablemēt foy deuant le Iuge. o
Et neantmoins nous traicterons ci apres, d’aucunes
d’icelles par chapitres distinguez, selon nostre portée
& capacite.
s. c. 2. &

214 LA PRACTIQVE
a c. 2. & c. Ex literis estr. de probat.
b c. Cum ad sedem, extr, de restitu. spolia. & l. Si fine
ff. de interrog. actio.
c c. Euidentia extra de accusat. c. Ad nostram extra. de
iureiuran. l. Prima ff. de vent. imspicien.
d Vt per totum extr. de sid. instrument.
e c. Cum causam extr. de probat. & l. Census ff. eod. tit.
de probat.
f c. Possessionem ext. de probat. Vide Speculatorem de
sigillis late tractantem.
g c. Tertio loco extra de prasumpti.
h c. Vltimo extra de frigid. & malefic.
i c. Sicut extra de probat.
k l. vltima C. de probat.
l l. 1. & 2. & l. Manifeste ff. de iureiurand. & c. final.
extr. eodem.
m l. In bonae fidei C. de reb. credit. c. Ex insinuatione extra
de procurat. & c. extra de probat.
n c. Excommunicamus in fine 1. extra de haeretic. l. ludicia
C. de rei vendicatio. d. c. Sciant 2. q. 7.
CHAPITRE CLXII.

CIVILE. 215
CHAPITRE CLXII.
De Preuues par tesmoins Et premierement de
produire tesmoins auant Litiscontestation.
Sommaires.
1 Preuue de tesmoins Est la plus ferme & forte.
Se faict ordinairement apres litiscontestation.
3 Quand on craint de la mort d’un tesmoin.
4 Quand le tesmoin doibt estre long temps absent.
5 Quand est question de confirmer l’election d’aucun, ou l’eneruer.
6 Prouue de tesmoins se faict auant litiscontestation Quand en cas de mariage, le
tesmoin seroit long temps absent.
7 Quand es choses criminelles on faicts enqueste du cas par information
precedente.
8 Quand on demande tesmoignages vne perpetuelle ou longuememoire.
9 Tesmoins qui ont este ouiz auant litiscontestation, doiuent estre ouiz de reches.
si apres litiscontestation ils sont suruiuans.
Item.
10 Quand quelque accessoir s’oppose auant litiscontestation.
11 Preuue de tesmoins se faict auant litiscontestation En exceptions
Dilatoires.
Declinatoires.
Peremptoires.
12 Es cas declarez par le Speculateur.
Apres que nous auons au chapitre precedēt
monstre la diuersité des probations, il est
conuenable que nous traictions plus amplement
& par ordre, icelles especes de prouer, &
premierement nous dirons de la preuue qui se faict
1 par deposition de tesmoins. Car ceste ci entre toutes
aultres especes de preuues est tenue pour la plus
forte & de plus grande efficace, principalement
2 quand elle se faict par viue voix. a Mais il est a
scauoir quāt a ceste preuue qui se faict par tesmoins
que ordinairemēt on ne produist point les tesmoins
auant litiscontestation. b I’ay dict ordinairemēt, par
ce que quelque foys pour cause tesmoins peuuent estre
produits auant litiscontestation, voire encores
3 auant qu’il y ait proces commence, a scauoir quand
on craint de la mort d’un tesmoin,ou tesmoin que
on veult produire, en tāt qu’ils sont malades, foibles
ou debilitez par viellesse, ou, qu’ils sont prests de
4 partir pour aller a la guerre. Ou quand on craint d’u
ne longue absence d’un tesmoin ou tesmoins, pour

ce qu’iceux tesmoins veulent passer la met, faire vn
voyage aux Indes, aller a Rome, ou a Sainct Iaques
ou en Ierusalem, ou en aultres estranges contrees
5 Item on pourra de lelection, reprobation ou de
boutement de quelqu’un. c Item, quād est question
6 de mariage temporel ou charnel, & que celui qui
est conuenu s’absente par malice, & est contumace.
7 En oultre, S’il est question du crime d’aucun par ma
niere denqueste precedente. d Item. Quand on demande
que tesmoins soyent ouiz, produits ou publiez,
8 ou a perpetuelle memoire d’vne chose, ou pour
se seruir par le tesmoignage de tels tesmoins, ou a
pouruoir au temps futur, a scauoir quand on craint
de leur mort, ou leur longue absence, comme dict

est. Et ces six cas dessus nommez se trouuent expres
sement, e esquels cas seulement se deuroyent les tes
9 moins ouir auant litiscontestation. Ce neantmoins,
si les susdicts tesmoins suruiuoyent encores apres litiscontestation,
& qu’ils fussent encores au pais, ils
deuroyent estre ouiz de rechef, autrement leurs pre
miers tesmoignages seroyent inualides & nuls, encores
qu’ls eussent este faicts en presence de la partie.
10 Mais si iceux tesmoins estoyent decedez de ceste
vie, ou quils ne fussent a trouuer pour deposer, en ce
cas le premier tesmoignage desdicts tesmoins malades
ou valetudinaires seroit tenu bon & valable.
Il y a ce pendant encores plusieurs autres cas & cau
ses, esquels production de tesmoins se peult faire auant
litiscontestation, a scauoir quand il y a quelque
chose qui est opposee ou prouee accessoirement ou
11 incidemment uant alitiscontestation. f Item es exceptions
dilatoires & declinatoires de court ou iugement,
pareillement en aucunes peremptoires,
scauoir est, quand on prent exception d’une chose
12 iugée, ou qui est transigée & accordée. g Et
quant aux aultres cas esquels tesmoins sont receuz
auant contestation en cause, ie les laisse ici a dire,
pour cause de brieueté, & pourtant aussi qu’on les
pourra suffisamment voir au Speculateur. h
a c. Cum Ioannes, & quae ibi not antur extr. de fide instrument.
b c. Quoniam srequenter extr. vt lite non contesta. non
proces. ad testrum receptionem.
c c. Cum qui. extr. de eo qui mitti in possess. caus. res
seruand.
d c. Veritatis extr. de dolo. & contu. & c. Nonit extra
de iudic.
e in d. Decretali. Quoniam srequenter extr. vt lite
non contesta.
f Vt c. veniens extr. de teslib.
g c. Inter monascerium extr. de re iudica. & c. exceptiones
de litiscontesta.lib. 6.
bh Spenulator. titu. aut rubric. de testi. Et apud D. Andr.
Alciat. in suo indiciarij processus compendio eod. titu. de testibus.
CHAPITRE CLXIII.

216 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CLXIII.
De Produire tesmoins.
Sommaires.
1 Tesmoins qu’on doibt produire
Les faut premierement excogiter.
Puis les faire adiourner par commission du Iuge.
Tiercement, apres qu’ils seront adiournez on les presentera au Iuge, ou a son
lieutenāt
& deputé.
2 Fault demander delaiz pour les produire.
3 Ne se peuuens presenter eux mesmes.
4 Doiuent estre contraints malgré eux.
5 Doiuent estre produits par les parties, non par le Iuge.
6 Se doiuent produire aux despens de qui les produis.
7 Tesmoins Doiuent auoir seureté du Iuge.
8 Peuuent estre produits par diuerses villes.
9 Ne se peuuent excuser de dire verité, ains doiuent estre contraincts porter
tesmoignage.
10 S’excusans par ignorance doiuent encores estre contraints.
11 Le Iuge qui ne voudroit contraindre vn tesmoin a tesmoigner contre sa
volonte, est tenu des fraiz & domages.
12 Le Seigneur feodal qui ne contraint son Preuost a ouir tesmoignage perd sa
iurisdiction.
13 Ceux ci ne doiuent estre contraints a faire information
Clercs.
Personnes spirituelles.
Ceux desquels faict mention de Speculateur.
1 Qviconque voudra produire tesmoins, doibt pre
mierement reduire en memoire & penser diligemmēt
a ceux qu’il cognoistra fauoriser a sa cause,
puis les fera tous adiourner par commissiō du Iuge.
Estans adiournez (apres qu’ils auront comparu) les
produira incontinent, ou les presentera au Iuge, ou
2 au Greffier de la Court. Mais ou cas qu’il ne peust
trouuer assez de tesmoins, il sera bon pour faire
icelle production demander quelques delaiz ou
Iuge. Et apres qu’iceux delaiz auront este octroyez
par le Iuge, fera qu’a son premier delay il produise
ceux qu’il aura prests. Et au second delay il produi
ra ceux qu’il aura peu recouurer. Semblablement
au tiets delay il produira aussi ceux, lesquels ils aura
peu trouuer. Pour lesquels dilations & productions

faire lui doibt estre consenti & accorde a tout, le
moins vn iour ou plus a l’arbitre & discretion du
Iuge, qui assignera a la partie certain & competant
delay & terme, pour la production de ses tesmoins.
3 a Iay dict que les tesmoins doiuent estre
adiournez de par le Iuge, par ce que les tesmoins ne
se peuuent presenter eux mesmes, ou eux ingerer
de porter tesmoignage, ains doiuent pour ce faire
estre adiournez iudiciairement, & s’il est necessaire.
estre par le Iuge contraincts auec peines & menasses.
Car autrement ils seroyent tenuz comme suspects,
4 & pourroyent estre reiettez. b Parquoy aduient
bien souuent que tesmoins sont produits cōtre leur
propre volonte, e’est a sçauoir estans contraints par
5 le Iuge. Aussi fault il noter ce point, quant a la production
des tesmoins, qu’ils doiuent estre produits
par les parties, & non aucunement par le Iuge ou de
l’office du Iuge, car le Iuge, de son office ne peut
en causes ciuiles, ou en causes criminelles ciuilement

6 intentées enquerir en aucune maniere, ia soit
qu’il ait pouoir de ce faire es causes criminelles criminellement
intentées enquerir en aucune maniere, ia soit
qu’il ait pouoir de ce faire es causes criminelles criminellement
intentées. Quant au reste, il fault
que les tesmoins se produisent tousiours aux despens
7 de celui qui les produit. c Oultre ce, si les tesmoins
estoyent tels qu’ils ne peussent seurement
venir au lieu du Iugement pour porter tesmoignage,
en ce cas le Iuge leur deura permettre & octroyer
franche allêee, & franc retour, & comme
nous parlons, bon & seur saufconduit. d Aussi
se doiuent presenter & recepuoir les tesmoins, estant
l’autre partie presente, si ce n’estoit qu’elle fusse
8 absente par coutumace. e Ou bien se peuuent
produire certains tesmoins de prouince en prouince,
ou de ville en aultre, si le Iuge void que cela
soit expedient, mais auecques seurete donnee com
me iay dict. Mais s’il lui sembloit que cela ne fust ni
bon ni expedient. il escrira au Iuge soubz lequel
sont les tesmoins, qu’il les reçoiue & oye selon &
suiuant le breuet de l’information qu’il lui aura tran
smise, & selon la forme & stile du lieu. Et quant a
ceste matiere vous en pourrez plus amplemēt voir
& lire au Speculateur, lequel met & pose la forme
d’vne commission & reception de tesmoins.
9 Au reste, il n’y a tesmoin qui se puisse excuser ni sou
straire de porter tesmoignage, ou dire le veritè qu’il
10 sçait & cognoist. Ains doibt estre a ce forcé & contraint,
mesmes es causes ciuiles, par amandes & peine,
lesquelles peines doiuent estre ad ce ordonnées
11 par le Iuge. f Voire peult estre a ce contraint par
adiournement reel, que nous appellons prinse. Et
s’il aduenoit que le tesmoin adiourné respondoit
au sergent ou huissier, ie ne viēdray point, par ce que
ie ne scay rien de ceste cause, toutesfoys si deuroit
il venir & comparoir, & a ce estre contraint afin que
au moins il declarast & affermast par son serment,
qu’il seroit ignorant de la cause ou faict.
12 Et ou le Iuge ne voudroit contraindre les tesmoins
a comparoistre & porter tesmoignage, & que
la partie fust a ceste occasion aucunement interressee,
le Iuge mesme deuroit & seroit oblige amender
& par payer le dict interest auecques tous despens

nui en dependroyent En cours de fiefs, si le Signeur
ne vouloit contraindre son bailly a ouir tesmoins
& leur faire le serment il (selon les droicts feo
daux perdroit sa principaute, Seigneurie ou dition
13auecques la proprieté du fief. Mais de telle compulsion
doiuent estre exceptez les clercs, & personnes
spirituelles

CIVILE. 217
spirituelles, qui ne peuuent estre a ce constraints par
le Iuge seculier, sans consentement de leurs prelats.
En oultre sont encores exceptez plusieurs aultres
qui se peuuēt eusmesmes excuser de porter tesmoina
ge, desquels pourrez ci apres voir es chapitres de reproches
de tesmoins, & de Saluations de tesmoins.
a vti doceture cl. Inducia §. Spacium 3. q. 3.
B l. Que omnia §. Sed & si aduer sarius ff. de Procuras.
& Autentica. Rogati. C. de testib.
c l. Quoniam C. de testibus.
d argumento c. hortamur 3. q. 9. & c Ex parte. extr. de
appellat. & c. Sine 33. q. 2.
e c. 2. extr. de testib & l. Si quoniam C. eodem.
f vt sere per totum ext. de tescibus cogendis.
CHAPITRE CLXIIII.
De produire multitude de Tesmoins, ou de
produire tesmoins pas Troupe.
Sommaires.
1 En quelles causes on doibt produire multitude ou trouppe de tesmoins.
2 De la multitude ou trouppe on doibt produire dix tesmoins pour le moins.
3 Au dessoub de dix n’est estime multitude au trouppe de tesmoin.
4 Quand de la multitude ils en trouue dix qui parlent & tesmoignent le mesme,
ils approuent la cause.
5 De la trouppe se peuuent les tesmoins produire
Ensemblement.
ou
Separement.
6 Coustumes
Notoires n’ont en Parlement mestier de preuues.
ou
Non Notoires se doiuent prouer par dix tesmoins.
Il aduient quelques foys que pour auoir cognoissance
de cause, & pour establir la verite des causes
il conuiendroit produire non seulemet vn tesmoin
on deux, ains qu’il faict produire vne troupe entiere
Voire presque toute vne ville, ou tout vn village, ou
la plus grande & saine partie d’icelle ou d’icelui,
1 qui sont tenuz les plus anciens & sages. Mais este
production ne se faict pour controuerses & debats
de personnes priuees, ou en choses particulieres
ains seulement pour causes publiques, & sur articles
qui sont de droict public, d’une coustume inueterée

& de lōgue possession, de l’usage & stile de quelque
iurisdicti, ou deō priuileges long tēps vsurpez, & de
2 semblables. Pour toutes lesquelles choses verifier
ou pourra d’icelle troppe ou multitude produire
autant de tesmoins que le producteur mesme voudra,
mais au dessus de dix iusques a soixante. si ainsi
3 le veult. Car au dessous du nombre de dix, n’est estimee
la production du nombre ou multitude qui
est esdicts cas requise, ains fault quelle passe de nōbre
4 de dix. Et si de ceste multitude ou trouppe il
se trouue dix, douze, vingt, trente, quarante, cinquan
te, ou so xante tesmoins, qui parlent d’une mesme
chose, ce nombre de tesmoins estans ainsi
d’accord, suffira pour la confirmation des droicts
5 coustumes, styles & priuileges. Mais il fault en ce
lieu noter, qu’il n’est point necessaire produire tant

de tesmoins ensemble, si ce n’est qu’on le vueille ain
si faire, ains suffist quant a prouer les droicts dessusdits,
ou coustumes stile & priuileges, qu’ils se produi
sent, & soyent ouiz separement en tel nombre que
le producteur voudra, pourueu qu’il produise iusques
& oultre le nombre de dix. Et ceste maniere
de les ouir chascun a part, suiuant l’opinion de plusieurs
est la plus commode, la meilleure & plus seure,
comme sont toutes informations ou enquestes
particulieres, qui ne concernent point les droicts ou
lesdictes coustumes, qui ont acoustume de se faire
particulierement & home apres home. Et certes il se
pourroit bien aussi faire qu’en faisant l’enqueste de
ceste multitude ou trouppe il y ait aussi encores aul
tres faicts particulieres, pour lesquels seroit aussi
plus seure vne enqueste particuliere. Il s’use au Par
lement de Paris qu’ils ne font point faire les preuues
sur coustumes Notoires, & principalemēt, quad
parties s’informent elles mesmes sur & quant a icelle
notoireté.Mais les coustumes qui ne sont notoires
doiuent la estre prouees par dix tesmoins qui d’u
ne mesme bouche dient & afferment vne mesme
chose.
CHAPITRE CLXV.
Du nombre des Tesmoins.
Sommaires.
1 Vne cause particuliere de droict ne requiert que dix tesmoins
2 Le Iuge peult restaindre pluralite de tesmoins.
3 On doibt regarder la foy & loy aute des deposans plustost que leur
tesmoignages.
4 Deux loy aux tesmoins suffisent pour faire vne preuue.
5 Plusieurs tesmoins preuuent auecques plus d esficace.
6 Es testaments solennels, sçauoir est 7. ou 8.
7 Es simples test amens.
8 Es testamens de piete.
9 Plus grand nombre de tesmoins est requis Es testamens des soldats d’une
republique.
10 Pour reuoquer vn testament solennel.
11 Pour interpreter vn testament obscur.
12 Es codicille s de testamens.
13 Vn tesmoin, nul tesmoin.
T 14 Q♣

ciules.
218 LA PRACTIQVE
14 Qui est executeur de la commission acceptée.
15 Le Greffier en son registre.
16 Par preuue demipleine.
17 Auecques son ferment.
18 Vn tesmoins proue, a scauoir Auecq bruit public consonant, mais es choses
19 A celui a qui este despouille par force, & auec son serment.
20 Pour reuoquer vne Procuration.
21 Le Messager en la presentation de ses lettres.
22 Qoi declare quelques entreprises faictes contre le Pape.
Pour prouer droicts, priuileges & coustumes
de lieux, nous auōs dict qu’on peult produire
tesmoins iusques a soixāte. Mais en causes
particulieres, ceste troupe & multitude est reiettée, a
fin que de ce ne s’appareille plustost vne confusiō qu’v
1 ne certaineté de la chose. Et pourtāt est ordonné de
droict, que sur vn faict particulier on ne peust produire
plus de tesmoins particulieres que dix, ce qui
est encores auiourdhuy en vsage & practique au
Parlement de Paris, de maniere que lesdict tesmoins
surabōdans, & qui excedent le susdict nombre, sont
2 toutalement deboutez & reiettez. a Mais en ces pais
Bas il n’i a point de certain nombre prefix. Toutes
foys il apertient au Iuge dēpescher & defendre vne
trop grande multitude de tesmoins, b au quel lieu ci
allegué, le texte dict elegamment: Combien que par
quelques loix il y ait vn nombre bien ample de tesmoins
defini, toutes foys par cōstitutions & ordonnances
des Princes, ceste licence est estraincte a vn
nōbre suffisant, a fin que les Iuges moderent icelui
nōbre, & le restreignēt, & n’en souffrent appeller si
nō tel nōbre qu’ils pēserōt estre necessaire, a ce que par
puissāce debordée vne multitude de tesmoins super
flue ne soit attiree pour vexer & trauailler les homes
3 Car aussi ne fault il regarder au grand nōbre, ains a
la foy sincere des tesmoignages, & aux tesmoignages
esquels se trouue plus grande apparēce & lumie
4 re de verité. c Doncques il suffist ordinairement que
sur chasque faict & article, il y ait deux tesmoins nō
suspects qui deposent vne mesme chose, d duquel
texte ci allegué le sens est: Quand plus grand nōbre
de tesmoins ne peult estre obtenu, alors deux tesmoins

suffisent, car le terme de plutier adōc se contente
du nōbre de deux. e Et suiuāt ceste sentēce de
nostre Seigneur. En la bouche de deux ou trois tesmoings,
toutte parolle consiste.
5 Toutesfois si on peult auoir plus de tesmoins qui ne
fusset suspects, leurs tesmoignages doiuēt aussi estre
receuz, a fin que l’attestatiō en soit plus forte & plus
approuée. Qui plus est, il y a des cas, esquels ou les
droicts, ou les canōs, ou les costumes ne requierent
toutalemēt plus de tesmoins nō suspects que deux, &
esquels deux tesmoins ne suffisēt, lesquels cas le Spe
culateur a clairement exprimez. f Et pourtāt ie ren
uoye le lecteur a ce lieu, me contentāt d’auoir ici recite
aucūs d’iceux cas, esquels suffisēt deux tesmoins

6 ou esquels est plus grand nōbre requis. Et premiere
ment, ês testaments & dernieres volontez, ou bien
en ordōnant tiltres & establissemens solennels, ou
le testateur dispose de ses biens, & establit heritier ou
heritiers, la sont de necessite requis sept tesmoins se
lon le droict ciuil. g Que si le testateur ne sçait les lettres,
ou qu’il ne sache ou ne puisse escrire, la mesme
loy. Hac consultissima ordonne, que le huitiesme y
soit encores pris & adioint pour escriuain, laquelle
vous pourrez voir au lieu allegué. Et en ce cas est de
necessite qu’il y ait huit tesmoins. Itē si le testateur
estoit aueugle, il est de besoin qu’il y ait aussi huit tes
7 moins. h En second lieu es simples testamens, & qui
sont moins solennels, esquels on pouruoit aux nepueux
ou niepces & fils, deux, trois, ou quatre tesmoins
suffisent. I Tiercemēt, es testaments ou laiz, ou bien
es choses delaissées pour aumosnes, ou pour causes
8 de piete & deuotiō, en ce cas suffisent deux tesmonis
auec le prestre ou notaire, soit que tels laiz soyēt declarez
par testament ou par codicilles. k Ce qui est
aussi au iourdhui receu & en vsage, nō seulement es
causes de piete, mais aussi a & en toutes causes voire
9 & en toutes persones, par coustume approuée. Quar
tement, es testaments faicts par souldats qui sont a
la soulde & seruice d’une Repub. qui marchēt a la
guerre ou sont en camp, aucunes foys deux tesmoins
suffisent, aucunes foys vn seul tesmoin, mais par ce
qu’auiourdhuy, l nous n’auons point tels souldt,
pourtant est il certain que tel cas cesse, ainsi qu’il est
10 apertement monstré. m Consequemment pour reuoquer
vn testamēt solēnel sont requis par le droict
11 ciuil cinq tesmoins. n Pour le sixiesme point, a interpreter
& declarer l’obscurité & ambiguité d’un
testamēt solēnel, de droict & de necessite sōt requis
12 troys tesmoins. Septiesmemēt, es codicilles sont ne
cessairemēt requis cinq tesmoins: o si ce n’est es laiz
faicts pour cause de pieté & deuotion, ou deux tesmoins
suffisent, comme nous auons dict vn peu au
precedent. Nous auons ia souuent dict, que pour la
preuue des causes, il est requis qu’il y ait deux tesmoins
pour le moins: Car il n’i a cause qui se puisse
tesminatiuemēt prouer par le tesmonage d’un seul par
13 ce que (cōme on dict cōmunement) la voix d’ū seul.
est nulle. p Toutesfoys ceste reigle faut aussi encores

en quelques cas, esquels on croit au dict d’un seul.
Or ces cas sont quasi au nōbre de trente, lesquels tu
verras au Speculateur. q Ce pēdant toutes foys nous
aiōs delibere d’inserer & coucher ici par escrit aucūs
des susdicts cas plus principaux, en faueur & pour la
14 commodité des nouueaux Practiciēs. Premieremēt
dōcques, on croit a vn & seul executeur en son executiō
ou exploict, quād il dict qu’il a adiourné & de
15 nōce. r Item au Greffier seul en ses actes, ou en son re
16 gistre on lui croit, & at on foy a lui. Autrement vn
seul tesmoin ne faict qu’une preuue demipleine, s dōc
17 ques vn seul tesmoin faict la preuue demipleine. Itē
vn seul tesmoin suffist auecques le serment de la per
18 sonne principalle. t Pareillemēt vn seul tesmoin suf

fist, & croit on son dire, quād on se rapporte a sō ser
19 mēt. v Aussi vn seul tesmoin empesche le progres de
mariage, cest a dire vn tesmoin empesche de contracter
mariage. x En oultre on croit a vn seul tesmoin
quād auecques son tesmoignage la voix & bruit cō
mun cōsone & se cōforme, mais cela pripalemēt es
causes ciuiles, & nō es criminelles. y Mais es causes
criminelles, cōme i’ay dict, la preuue d’un seul tesmoin
ne suffist pas auecques le bruit cōmun, ains y
doit auoir preuues trespatētes & plus claires que le Soleil.
z Semblablement

CIVILE. 219
20 Semblablement on croit aussi a vn seul qui a este
despouille, scauoir est, on croit au serment de celui
qui dict qu’il a perdu le sien par la violence que lui
a faict vn aultre, pourueu que premierement il prou
ue ceste violēce lui auoir este faicte. aa Laquelle loy
est iournellement practiquee es iugemens. Au surplus,
le dict d’un seul tesmoin faict & indu t presomption.
21 bb Aussi croit on a vn seul tesmoin i en la
reuocation d’une charge ou commission qu’il auroit
vne foys donnee, ou en la reuocation de la puis
sance qu’il auroit baillee a aucun, & ce auecques son
22 serment. cc On croit aussi au seul messager en la pre
sentation de ses lettres, & de la response qui lui auroit
23 est donnée. Semblablement on croit a vn seul
qui auroyt reuele quelques aguet ou conspiration
faicte contre le Pape. Pareillement a quelqu’un qui
decouureroit aultres crimes de lese maieste. dd On
croit aussi a quelqu’un, cōme recitateur, a cause que
on ne doute point de sa foy & loyauté. ee
a Sicut citat Mansuerius in suo aureo & perutili tractatu
de iudicorum praxi, sub rubrica de testib. colum. 6.
b d. l. prima §. Quanquam ff. de teslibus.
c l. Ob carmen §. final. in fine ff. de testib.
d Text. est in l. Vbi ff. de testib.
e c. In omni. & c. Licet vniuersis extr. de testibus.
f in titu. de teste §. de numero testium lib.1. §. 4.
g l. hac consultissima in princip. & l. final. C. de testament.
ordinand. & §. finali. iustitu. eod. titu.
h vt predist a l. Hac. consultissima. §. finali.
i vt in praedicta l. Hac consultissima §. Ex imperfecto et
§. final. C. de testa. & l. fin. familiae herc.
k c. Cum esses & c. Relatum extr. de testament.
l teste Speculatore lib.1. particul. 4. titu. de teste §. de
numer testium numer 4. ad medium.
m in institut. de testamento milit. in princip. & §. Plane
& l. milites C. eodem de testament. milit. vbi de hoc.
n d.l. Hac consultissima §. Si quis autem, versicul. in
in qua voluntate quique testium iuratorum depositiones
sufficient. C. de testament. & quemadmodum testament.
ordinen.
o l. finali in fine C. de codicillis.
p Vt habetur c. Admonere 33.q. 2. & l. iurisiurandi C.

de testibus & ibi Bald.
q titu. de teste. supra allegato.
r c. Cum parati extra de appellat. & l. Magis §. Illud
versicul. Nec tamen ff. de reb. eorum qui sub tutel. vel cur.
sunt.
s l. Theopompus ff. de dot. praeleg. l. prima §. finali. ff.
quemadmodum testament. apert. l. Si duo ff. de iureiuran.
Si enim duo faciunt plenam, vt 4.q.3. ver. Vbi numerus &
c. in omni extra. de testibus.
t l. In bonae fidei C. de reb. credi & c. Sicut, extra de pro
bationibus,
v e. finali extra de iureiurand.
x c. Super eod. 2. extra de testib. & l. Testium §. Ideoque,
ini, Alias veluti consentiens fama, confirmat rei de qua
quaeritur fidem ff. de testibus.

y Io. Andr. in c. Praeterea 1. & Panor. in c. Tam literis.
extra de testibus.
z l. Vltima C. de probatio. & c. Sciant cuncti 2. q. vltima
aa c. finali extra quod met. caus. & l. Si quando C. vnde
vi.
bb l. 2. in fin. ff. Quemadmod. testament. aperi & l. Thep
pompus alias Pomponius ff. de dote prelega.
cc c. Ex infinuatione extra de procurato. vbi de hoc.
dd capitulo Si quis Papa. §. Propter occultas fraudes
lxxix. distict. c. Quaero §. Verum 6.q. 1. notatur in l. Quisquis
C. Al Iul. Maiesta.
ee c. talia 8.q.3. & c. De Syracusanae 28. distinctio.
CHAPITRE CLXVI.
Du Serment des Tesmoins.
Sommaires.
1 Les paroles des Chrestiens se doiuent tenir pour tesmoignage affermé & iuré.
2 Tesmoin qui ne iure ne proue rien.
3 Tesmoin qui iure proue mieux son dire, que celui qui ne iure.
4 Forme de serment se doibt requerir des tesmoins.
5 Forme de serment vsurpee par l’Autheur
6 Iuremens de tesmoins se doiuent faire en presence de partie aduerse.
7 Quand le procureur comparoist pour receuoir le serment, ce que doibt faire le
Commissaire.
8 Celui qui a a produire tesmoins, doibt faire adiourner sa partie pour ouir le
serment d’iceux.
9 Si celui qui produit, & celui qui est adiourné ne comparoissent, le
Commissaire se deportera de proceder en auant.
10 Sermens de tesmoins sont des substantiaux du proces.
11 Simple affirmation approuuee puis apres par serment, doibt estre tenue pour
iurement.
12 On ne doibt prester le serment es iours de festes.
13 Tesmoins peuuent estre examinez es iours de festes, ou ils auroyent faict le
serment le iour precedent.
14 Tesmoins qui ont iure durant le temps de la commission, peuuent estre
examinez apres que la commission est esteincte.
15 Le Prestre ne doibt point iurer deuant vn Iuge lay.
16 Si les officiers des Princes doiuent prester serment deuant le Iuge.
17 Tesmoins doiuent estre examinez chascun a part.
18 Vn tesmoin peut tout a l’heure qu’il a iure corriger son tesmoignage.
19 Tesmoin qui est lettré, auec consentement peut bailler sa deposition par
escript.
20 Le tesmoignage d’une chose qui est aduenue depuis dix ans, se doibt mesurer
des le temps de tesmoignage.

T 2 Combien

220 LA PRACTIQVE.
1 Combien qu’au iugement de la conscience
& deuant Dieu, vne simple & pure affirma
tion & le serment ou iurement doiuent estre
estimez tout vn, a raison de quoy, il commande
2 aux Chrestiens, que seulement ils affermēt par il est,
il est & qu’ils nient par non, nō. Toutesfoys es Iugemens
on ne croit point vn tesmoin s’il na iure,
quelque grand qu’il soit, ou en quelque hault estat
& dignite qu’il ait este cōstitue, ou de quelque exce
lent honeur ou degre qu’il soit constitue en la court
a. ou le texte au commencement contient en sens.
Nous auons commande il y a desia long temps, q’ua
uant que les tesmoins portassent & rendissent leur
tesmoignage, ils fussent astraincts & liez par leur ser
ment, & aussi qu’on eust foy a ceux qui seroyent les
3 plus honestes & c. b Et combien que (comme i’ay
dict) vne simple affirmation doiue estre & suffire
aux Chrestiens pour sermēt, si est ce toutesfoys que
les droicts y mettent difference, qui attribuent plus
de foy a vn tesmoin qui a iure qua celui qui na iure.
e. Et pourtat ils adiugent plus grande punition a
celui qui en iurant se pariure, que non a celui qui af
4 ferme simplement. Le Iuge donc proposera au tesmoin
qui aura a deposer le serment sur ceste forme:
Vous iurerez’que direz a moy, ou au Greffier verite,
ou au notaire, ou a celui auquel ie donneray
charge de faire ceste enqueste, toute la pleine & pure
verite, laquelle vous croyez & scauez, qui est entre.
N. & . N. Et pourtant que ceste forme a plusieurs ar
ticles, ie ne la traicteray point ici plus prolixement.
Toutesfoys ie conseille le lecteur qu’il voye le Spe
culateur au tiltre du iurement des tesmoins liure 1.
part. 4. Dauantage vous auez la clairement la forme
5 du Iurement & serment des tesmoins. d Encores
verrez vous vne aultre forme de Iurement. e
l’adiousteray aussi ici la forme de serment de laquelle
moy estant conseiller a Bruges, i’ay par plusieurs
annees vse auant faire lexamen des tesmoins, laquel
le n’est point trop differente de la precedente, c’est
a scauoir, ie iure & promets dire verite de & sur tou
tes & chascunes les choses qui ne seront par vous
demandees, entant quelles concernent le negoce &

la cause sur laquelle ie suis produit, tant pour l’une
que pour l’aultre partie ou parties, & que ni par amour,
ni par haine, ne par crainte ne par loyer, ne
pour chose du monde qui se puisse imaginer, ou desi
rer ou haire, ou dire & declarer par langue, ie ne celeray
la verite de ce que ie cognoys, ainsi m’aide Dieu
& c. f Et quils diront verite pour l’une & l’aultre par
6 tie. g Et doibt le tesmoin estant adiuré prester icelui
serment en presence de partie aduerse, ou bien estāt
absente par contumace, comme apertient faire en
tel cas, si ce n’estoit qu’entre parties fust conuenu de
ouir autrement les tesmoins. h Car aultrement cest
examen de tesmoins seroit nul. i Mais s’il y auoit pro
7 cureur qui comparust pour voir iurer les tesmoins,

en ce cas, le Comissaire doibt diligemment prendre
garde & examiner sa commission & procuration,
que son information ou enqueste laquelle il deura
faire, ne soit en aucune maniere illusoire & frustratoire.
8 k Mais quand parties ne conuiennent point
ensemble & ne sont d’accord quant a ouir tesmoins,
adonc celui qui produit est tenu faire adiourner par
tie aduerse peremptoirement, afin qu’a ce iour &
aultres iours ensuiuans, il voye faire la productions
9 de ses tesmoins. l Au surplus, Si parties estoyent adiournees,
& elles ne comparussent, & que celui qui
produist ne comparust pareillement pour requerir
ou demander contumace, le Commissaire ne proce
deroit point a ouir les tesmoins, sans qu’il eust no
uel adiournement, pourautant qu’en ce cas le Cōmissaire
ne peult declarer on decreter contumace
10 sans estre requis m. Mais il fault scauoir en ce lieu,
que ce serment que le tesmoin faict & preste, est ne
cessaire & des substantiaux des productiōs, & pour
tant tel iurement ou serment ne peult estre obmis
ou delaisse par le tesmoin, si ce nest auec consentement
11 des parties n. par ainsi si le tesmoin ne voulut
iurer, le commissaire le contraindra par detention
de sa persone. o Mais si le tesmoin disoit & deposoit
son tesmoignage sans iurer, on sans auoir premierement
preste le serment, & que toutes foys il prestat
puis apres ledict serment, afferment ce qu’il auoit
dict & depose, auant qu’il eust iure estre veritable,
telle affirmation auecques le serment suiuant ne se
roit daucune efficace, comme veulent aucuns. Mais
les autres veulent & maintiennent le contraire,
quand le tesmoin est de bon nom & fame, que la
premiere affirmation est de valeur & efficace par le
12 serment qui sensuit apres. p Item conuient scauoir
quon ne prent point le serment d’un tesmoin aux
iours de Dimenche ou de feste, esquels iours aux
13 ne doibt iurer. Toutesfoys on peult bien faire l’examen
au iour de feste, scauoir est pour auoir Iustice,
ou cas que le iour precedant, cest a dire iour qui ne
fust feste, eust este par les tesmoins preste le serment
de dire verite. q Ou est dict. Et s’ils viennent a renō
cer, pourtant que le tesmoin est tenu pour receu apres
quil a iuré a vn iour ouurier, alleguāt pour l’une
& l’autre part plusieurs opinions que le lecteur pour

14 ra voir audict lieu allegue. Et pourtant la coustume
est que les Commissaires oyent & examinent bien
les tesmoins, mesme apres que leur puissance est finie
& esteincte, quand les tesmoins qui ont premie
rement iure ont este du temps que leur commission
duroit, comme tesmoigne le Speculateur au lieu
ia ci deuant allegue. Quant au surplus, les prestres ne
prestent point le serment, ou ne iurent point pardeuant
Iuges laiz, ains seulement mettent la main au
poictrine, laquelle mise de mains sur la poitrine est
tenue & reputee pour serment. Ou bien on faict
qu’iceux prestres facent & prestent le serment es
mains de lEuesque ou aultre ordinaire. r Pareilleles

16 officiers du Prince ne prestent point le serment,
ains sont examinez sur le serment quils ont faict a
leur Prince, lors qu'ils vindrent a leur office, ce qui
desplaist a aucuns, disans que cela ne suffist point, a
cause que le premier serment auroit este faict, &
presté a autre fin, a scauoir, Qu’ils serōt loyaux & fidelles
a leur Prince, & qu’ils se porteront & gouuer
neront bien en leurs estats & offices, & seront bons
seruiteurs. Lequel serment ne sert point pour dire
17 verite en ce negoce, ou en ceste cause. f Au demourant
les tesmoins se doiuent examiner non point
ensemblement, ains separement, & a part, autremēt
18 leurs tesmoignages ne seroyent valables. t Et doiuēt
estre ouiz en iugemēt & produits, & faire le serment
du consentement des parties, si c’est en causes
legeres, mais en causes d’importance par adiournement
des parties, encores qu’elles ne le voulussent.
Finalement vn tesmoin peult tout contant & incontinent
qu’il aura iure corriger sa deposition, y ad
iouster

CIVILE. 221
iouster ou diminuer, & telle correction, addition
ou diminution doibt par le Commissaire estre receue
& escripte sur la premiere deposition, disant,
que le tesmoin se r’aduisant seroit venu a plus certaine
memoire, & qu’en corrigeant son dire & depo
sitiō, il deposoit ce qui s’ensuit & c. Mais si apres quel
que espace, il vouloit corriger, changer ou diminuer
la premiere deposition, adonc il ne doibt estre receu
19 ni oui. v Consequēment le tesmoin qui est lettré,
auec le consentement du Iuge ou Cōmissaire, peult
rediger son dict par escript en vn breuet ou billet, &
ainsi couche l’exhiber, & est valable tel tesmoignage.
x Mais si l’attestation d’une telle Cedulle, ne se
faict du consentement du Iuge ou Cōmissaire, elle
20 n’est d’aucune valeur. y Mais quand le tesmoin dict
vne chose, de laquelle fault porter tesmoignage, laquelle
est auenue auant dix ans, alors on le prent du
temps du tesmoignage porté, & doibt on regarder
le temps de contestation en cause. z
a vulgaeta l. Iurisiurandi C. de testib.
b Cui concordat. c. Nuper, ext. eo. tit. de testi. & text. sin
gularis & quotidianus in c. Tuis questionibus ext. de testib.
c d. l. Iurisiur andi, inprincip. C. de testibus.
d l. vltima glossa. Incipiente Iuramentis, in c. fraternitatis
extr. de testibus.
e apud Cynum in l. Testium in 1.q. C. de testibus.
f §. Primo in Autentico de testibus colla. 7. c. Hortamur
3.q.9.c. de Parentela. 35. q.6.c. Cum dilectus & c. Qualiter.
extr. de accusat. c. Pure 3.q.9.
g Autentica sed Iudex C. de Episcop. & cleric. c. veniens
2. extra de testibus. Mansuerius in sua Praxi, Rubrica de
testibus.
h c. 2. extra de testibus Autantica. Sed & si quis C. de
testibus c. Charte 3.q. 9.
i Argumento c.2. cum seq.3.q.9. & l. Nam ita diuus
ff. de adoptionibus & l. De vnoquoque ff. de re iudica.
k d.c.2. extra de testibus.
l d.c.2. extra de testibus.
m vt notatur in d.c. in versic. Si vero, & ibidem Doctores
extr. de testib.
n Textus est notabilis & quotidianus in c. Tuis questionibus,
cum ibi notatis, & iuncta bona glossa. in verbo. Remittatur
extr. de testibus. Et Speculatur titu. de teste §. Sequitur

de testium iur amento in fine. Et Massuerius in fua Praxi
titul. de testib.
o l. Iurisiuraudi C. eodem tit. de testib. iuxta glossa ibid.
argu. l. Primae ff. de ferijs & l. finali in fine C. de tempor.
appellat.
p Vide Speculatorem in titu. de teste §. Sequitur de testium
iuramento in fine.
q Ita tenet d. Massuerius in sua Praxi, titul. de testibus,
per notata in Clementina vnica in prima glossa de offic. iudic.
delegat. Et Specul. tit. de ferijs §. 2. versic. Quid si tunc
& §. 3. versicu. Quid si renunciant & c.
r Speculator titu. de teste. §. Sequitur de testium iuramento
versic. Quid de presbytero, & Autentica. Sed Iudex
C. de Episcop. & cleri.

s Docto. in d. Autentic. Sed Iudex C. de episcop. & cleri.
t Vt c. Venerabili ext. de testib. & l. Nullum C. eodem
titu. de testib.
v Vt notatur c. cum causam extr. de testib. Et Cyn. in
Autentica. Qui semel C. de probat. Bartol. tangit in l. Si po
stulauerit §. Qui si negauerit ff. de Adult.
x Iuxta l. Discretis C. Qui testament. facer. possunt.
y Argumant. l♣de minore §. Tormenta. ff. de Questioni.
z vt notat Bart. in l. Celsus circa finem ff. de vsucap.
CHAPITRE CLXVII.
De former Articles & les exhiber.
Sommaires.
1 Qui a a produire tesmoins, recueille les articles de sa demande.
2 Mesmes choses sont Articles.
Chapitres.
Intention, Intendit.
Interrogatoire.
3 Position d’Articles imite position de faicts.
4 Articles se peuuent exhiber auecques la position.
5 Articles specifient plus restrinctement, Positions plus amplement.
6 On ne doibt donner copie d’articles a la partie.
7 Articles se doiuent former par termes affirmatifs.
8 Articles ne se doiuent exhiber conditionallement ou separement.
9 N’exhiber articles, n’apporte vice au proces:
1 Celui qui a produire tesmoins, doibt premierement
prendre & tirer l’intention de faire
son examen de sa demande mesme, la mettre
par escript, & la bailler au Iuge, afin qu’il ordonne
2 l’examen futur sur le contenu en icelle. Et est
ceste escripture appellée Cedulle, quelques foys Ar
ticles. a aucunes foys sont appellez Chapitres. b
Et par le plus grand nombre des Practiciens tout
cest escript est appellé Intendit ou Intētion. Et quel
que foys est appelle Interrogatoire, ou Assertions. c
3 Or les articles se font tout en la mesme maniere
que les positions, excepte seulement, qu’on dict es
positions: Item tel ou tel pose. Et ici est dict au lieu
4 d’articles, Tel ou tel entēd prouer. Mais ceux qui se
veulent despescher plus breuemēt font les positions
& articles tout ensemble, disans & escriuans en ceste
maniere: Pose tel & tel, & entēd prouer. Et ainsi dō
nent positions niées pour articles, comme on peult
voir riere le Speculateur.

5 Secondement, par articles sont les choses specifiées,
lesquelles par positions auoyent este generalement
posées.
T 3 Estans

222 LA PRACTIQVE.
Estans doncques les articles formez de la part du de
mandeur & defendeur, on ne deura donner copie
d’iceux aux parties, si ce n’est que la coustume du
lieu l’air ainsi en vsage, ains conuiendra bailler lesdicts
articles au Iuge ou Greffier, ou au Notaire.
Et toutes foys & quantes qu’on mue ou change la
maniere ou forme des articles, autāt de foys se doibt
7 repeter ce mot: Item cutend prouer. Pareillemēt, les
articles se doiuent faire par paroles affirmatiues &
nō negatiues. Et par iceux articles peult celui qui les
forme & pose, declarer, colorer, specifier, & amplifier
ce qui est contenu en la demande, mais nō pas la
substāce d’iceux. Au surplus, les articles ne se doiuēt
8 former disionctement ou conditionallement, si ce
n’estoit qu’il fust question du faict d’autruy, & de
quoy l’ignorance est prouable, d car alors se peuuent
9 articles former soubz condition. e Toutes
foys, s’il aduient qu’on ne donne point articles ou
la coustume n’est point de ce faire, tel default d’exhiber
ne corrompt point le proces. Voyez le Speculateur,
traictant prolixement de ces choses, & proposant
apertement la forme des articles. Ou & c.
a c. final. extr. de testib. cogend. & c. Praesentium §. testa.
extr. de testib. lib. 6.
b c. Causa quae 2. & c. Fraternitatis & c. Per tuas extr.
eodem titul. de testib.
c c. Accusator. 6. q. vltima.
d l. Regula ff. de iur. & fact. ignorantia.
e c. Constitutus extr. de in integ. restitut.
CHAPITRE CLXVIII.
De Interrogatoires.
Sommaires.
1 Qu’est Interrogatoire?
2 Copie d’interrogatoire ne se baille a la Partie.
Interrogatoires sont dicts questions, cedulles,
ou libelles d’articles, lesquels la partie faict faire
sur les circonstaces du negoce pour sur iceux
produire tesmoins & les examiner. a Or on ne
donne point copie de tel interrogatoire a la partie,
contre laquelle se produisent les tesmoins, pour le
danger qu’il auroit de subornation, ou qu’il ni eust

vne hainne perpetuelle conceue a lencontre d’eux.
Car par les articles de l’interrogatoire, & par les tesmoins
qui seroyent produits la partie cognoistroit
aisement, ce que chascun d’eux auroit a tesmoigner
a lencontre d’elle, ce qui n’est point expedient qu’il
se sache: Car on ne pourroit facilement entendre,
combien de peril il en pourroit sourdre.
a c. Praesentium §. Testes. de testibus. lib. 6.

CHAPITRE CLXIX.
En quelle maniere, & a qui on doibt donner
Interrogatoires.
Sommaires.
1 Qui doibt exhiber l’interrogatoire.
2 Pour faire Interrogatoire on demande temps de delay.
3 On exhibe premierement l’interrogatoire au Iuge.
4 Forme d’exhiber l’interrogatoire.
5 L’interrogatoire est baille par le Iuge au Commissaire.
6 On doibt prendre garde aux personnes des tesmoins, a leurs meurs & affections.
1 Interrogatoires ou libelles d’articles se doiuent
exhiber par celui qui voudra produire tesmoins
sur quelques choses. Et si celui qui a a
produire n’a son interrogatoire preste, il demandera
au Iuge terme de delay, afin qu’il la puisse deuemēt
exhiber en temps & heure. Et ne lui deura tel delay
estre denie, lequel on a acoustume bailler par longue
& ancienne coustume, laquelle coustume est
3 tresbōne interprete des loix. a Apres donc qu’il au
recueilli tout ses articles & que son interrogatoire est
deuement faict, celui qui a a faire ceste production
dinterrogatoire, premierement & secretement il l’ex
hibera au Iuge, a ce que par soy oy par son assesseur
il le corrige, & en retrenche les articles qui seront su
perflus, & si aucuns y defaillent, quil les supplee par
4 son office. b Or il exhibera ces articles, quasi soubz
ceste forme: Les interrogatoires ci dessoubz escripts
donne & exhibe le procureur au nom de tels. N. selon
tous lesquels & chascun d’iceux a part, il deman
de que chascuns tesmoins de partie aduerse soyent
interroguez, & telles interrogations auecques responses
de tesmoins, estre enregistrees & mises par
escripts, ou autrement & a faute de ce faire, il proteste
de l’inualidation des depositions, & quelles ne
lui porteront preiudice, comme est de coustume.
Parapres le Iuge baille cest interrogatoire ainsi basti
& forme aux Commissaires examinateurs, afin
qu’ils ayent certaine forme & certains articles sur
lesquels ils doiuent examiner les tesmoins. Neantmoins,
si ce pendant ils font autres interrogations
que

CIVILE. 223
que sur les articles qui sont couchez & exprimez en
leur Interrogatoire, il ne sourdra aux parties preiudice
aucun de telle enqueste. c Apres doncques que
les articles auront este baillez & exhibez au Commissaire,
sur lesquels articles les tesmoins deuront
estre examinez, & des circonstāces desquels ils deuront
estre diligemment garde aux personnes des tesmoins
comme ils deposeront si hardiment asseurement,
froidement, douteusement, & c. afin que de
tant plus il reçoiue tesmoignages certains. d
a l. Si de interpretatione ff. de legib. de qua re, vide Spe
culatorem.
b Argumento l. vnica C. qui defint aduoca. partic. iud.
supple.
c Argumento l. finalis ff. de interroga. actio.
d De his omnibus vide Speculatorem.
CHAPITRE CLXX.
De l’Examen des Tesmoins.
Sommaires.
1 Tesmoins doiuent estre examinez separement, & a part.
2 Examen de tesmoins faict ensemblement, est suspect de collusion.
3 Tesmoins doiuent estre auant coup admonestez qu’ils ne se periurent.
4 Information se faict
Es causes ciuiles par le Iuge, Greffier, Notaire ou Commissaire.
&
5 Es criminelles par le Iuge seulement.
6 C’est abus es matieres criminelles ouir les tesmoins par Commissaire.
7 Voye quel est le Commissaire.
8 Iuge qui doibt commettre l’enqueste a vn autre
Voye quels sont les tesmoins.
9 De la vocation, office & aage des tesmoins.
10 S’ils ne deposent point par affections.
11 Non par Commissaires ou tesmoins qui soyent yures.
12 En la maison du Commissaire si ce n’est que la dignite,
quist autrement sur les faicts & circonstances.
13 On doibt faire Information
Quelles sont les circonstances.
14 Suiuant l’interrogatoire exhibe, mais seulement en quelques lieux.
15 Apres auoir veu les faicts contraire & ce sagement.
16 Es Conseils de Malines & Flandres en toute maniere.
17 Doiuent deposer en termes & paroles claires.
18 Doiuent declarer les causes de leur deposition.

19 Ne rendent point raison de ce qu’ils ont veu.
20 Tesmoins Ne peut tesmoigner ainsi, ie scay par le bruit commun, ou comme
tout le monde.
21 Doiuent dire, Ie lay veu, ou ouy.
22 Peuuent estre instruits par les Commissaires affin de respondre pertinemment.
23 De l’aage de dix ans & demi peuuent tesmoigner es matieres ciuiles.
24 Tesmoins Exhibent quelques foys leurs deposition par escript.
25 Se souuenans auoir erre peuuent corriger leurs depositions.
26 Correction du tesmoin doibt estre escripte pres la premiere deposition.
27 Qui vacillent, doiuent estre contraints par torture a plus certaine deposition.
28 Qui deposent faulsement, peuuent estre emprisonnez.
29 Tesmoins
Qui ont parle obscurement, doiuent declarer l’obscurité.

30 Doiuent estre examinez en leur langue vulgaire.
31 Depositions des tesmoins doiuent estre escriptes par les Commissaires.
32 Depositions de tesmoins se doiuent escrire separement, & chascun a part.
On ne doibt auoir petit esgard comme on
doibt proceder a l’examinations de tesmoins.
1 Or est il qu’on y procede ceste fa
çon, apres que les tesmoins ont iuré, le Iuge orra, interroguera
& examinera secretement les tesmoins
chascun a part par soymesme ou par le Commissaire
sur les articles luy donnez secretement, de
sorte que l’un ne sache ce que l’autre aura dict &
2 depose. Car si cela ne se faisoit ainsi, l’un viendroit a
emboucher l’autre & l’instruire, & de ce aduiēdroit
que l’vn suiuroit le dire de l’autre, par ou l’entente
& faulsete d’iceux se trouueroit facilement.a
3 Daniel imitta ceste forme d’examiner, ayant preallablement
admoneste les tesmoins. b Car il cognossoit
combien c’est chose dangereuse dire & porter faulx tesmoignage.
Et pourtant, il examina secretement
& a part les vieillarts qui accusoyent Susanne,
pour euiter ceste collusion & entente de tesmoins,
& que la mechancete d’iceux fust surprise &
descouuerte, comme aussi le Speculateur escript assez
amplement de ceste matiere. I’ay dict par soy
ou par son Commissaire, par ce que le Iuge peult
aussi pour faire l’examē de tesmoins prendre Commissaire,
4 Notaire, Greffier, ou semblable personne
publique, qui diligemment & prudemment examine
les tesmoins, & plus diligemment notte leurs res
5 poses, & les couche par escript. Toutesfoys, ce ne se
doibt faire en cause criminelle, par ce qu’en icelle le
T 4 Iuge ne

224 LA PRACTIQVE.
Iuge ne peult commettre l’office d’examiner a vn
autre, ains examinera par soy les tesmoins, & fault
que prudemment il mette par escripr toutes &
chascunes choses. Mais quant aux negoces Ciuiles
(ainsi que le monde se gouuerne maintenant) il aduient
bien peu souuent que le Iuges examinent les
tesmoins eux mesmes, ains commettent cest office
aux notaires, greffiers, & semblables personnes pu
bliques, duquel abus se complaint Hostiens. c De ce
se complaint en oultre le Speculateur. d Car les Iuges
deuroyent plustost commettre quelque aultre
choses aux Commissaires, que leur donner la charge
de cest examen de tesmoins: Car en la preuue qui
se faict par les tesmoins tout le droict de la cause de
7 pend. Et s’il vouloit toutalement commettre cest
examen de tesmoins a vn aultre, il doibt ce faire auecques
vne double consideration. Premierement,
quil commist ladicte charge a gens de bien & idoines,
comme a Notaires ou Greffiers ou Commissai
saires qui fussent doctes, & non pas au premier lour
dault, ou home sans doctrine, scauoir, ni experience.
8 En second lieu, qu’il considere la qualite des tesmoins,
car quand tesmoins sont priuilegiez, ou personnes
honestes, ou anciens, ou debilles, ou qui ne
voudroyent ou ne pourroyēt comparoir pardeuant
le Iuge, ains tels que le Iuge les deuroit pour ceste
cause suiure, alors le Iuge pour ce regard pourra cōmettre
ou deleguer icelle charge a vn Notaire, Gref
fier, ou Commissaire, comme les droicts susdicts le
9 monstrent assez. Et pour retourner d’ou nous sommes
vn peu destournez, il est a scauoir que tesmoins
doiuent premierement estre interroguez & exami
nez de & sur leur vocation, office, aage, habitation
ou residence, & s’ils sont point parens de l’une ou
l’autre des parties, & en quel degre de lignage ils
leurs touchent, & si en la cause dont est question ils
pourroyent directement ou indirectement perdre
ou gangner quelque chose. Car la cognoissance de
tous ces points, haulse ou abbaisse de beaucoup l’auc
10 torite de leurs tesmoignages Tesmoins se doiuent
aussi examiner voire & contraindre par serment a
ce qu’ils tesmoignent apertement, si ce qu’ils ont de
pose, a par eux este depose & respondu par hainne,

ou par enuie, par amour ou amitie, ou par induction
ou corruption ou par persuasion d’aucun homme. f
11 Aussi se doiuent bien les susdicts Notaires, Greffiers
& Commissaires diligemmēt garder, qu’ils ne vien
nent a ouir & examiner tesmoins qui soyent yures,
ou qui soyent troublez de leur sens entēdement,
non obstant le commun prouerbe qui dict mesmes
comme dict le prouerbe, grec, En vin verité. Car
combien que ceux qui sont yures soyent le plus sou
uent plus prompts & enclins a porter tesmoignage
de verite. Ce neantmoins, yuresse baille aussi bien
souuent occasion d’inconsideration, de mesgarde,
de hainne, d’amour, de faueur, & autres affections,
lesquelles doiuent estre du tout eslongnees de la pu
rete & sincerite de tesmoingnages, & d’autant qu’il

y est requis vn Iugement vray sincere & incorrompu,
qui est la seule cause pourquoy les enfans, les fols
& ceux qui sont insensez sont deboutez de porter
tesmoignage, pourautant qu’ils sont priuez de sens
commun, & d’une vraye purete de iugemēt. Quant
12 au reste, vn Commissaire peut & doibt commander
que les tesmoins viennent a soy cest a scauoir, a
son logis ou domicille, a ce que par lui ils soyent la
examinez, quelques personnes exceptees seulemēt,
ausquelles le Commissaire mesme lors par vne honestete
& courtoisie doibt aller, c’est a scauoir, aux
Princes, Ducs, Comtes, Marquis & c. Item aux Archeuesques,
Euesques, Suffragans, Preuosts, Abbez
& semblables personnes insignes, & de grande noblesse,
recommandees pour leur grande noblesse &
ornement de dignité. Ils doiuent pareillement aller
chez les malades, personnes anciennes, debiles, &
semblablement aux honestes & anciennes matrones.
Item a vn Parlement, au Magistrat, au college
ou assemblee des Escheuins & a telles ou semblables
personnes publiques. Ce sera aussi courtoisie que le
Commissaire voise & se transporte es logis de ses pa
rens cousins ou affins, toutes lesquelles choses consistent
en la discretion dicelui Commissaire, tellement
toutesfoys qu’en office de son examination
il garde vne integrité de sa propre conscience, & auec
ce l’honeur & commandement de son maistre
13 ou de sa court. Item le Commissaire est tenu & obli
ge de diligemment interroger & examiner les tesmoins,
non seulemēt sur le faict principal, mais aussi
14 sur les circonstances la cause. Or les circōstances sont
le temps, lheure, le iour, le lieu, la maniere, l’instrument,
de quel courage, qui y estoit, combien de foys
15 la cause, & autres semblables. g Et afin que ces circonstances
soyent plus certainement gardees en l’ex
amen, & que les Commissaire ne demandent &
interroguent choses impertinentes, la practique por
te en aucunes Cours qu’on baille au Commissaire
certaines interrogatoires pour mieux & plus certai
nement examiner & interroguer les tesmoins. Et
pourtant aucuns Commissaires pour plus sincerement
& mieux faire leur examen, ils sont si discrets,
qu’ils ne voudroyent examiner les parties auant
qu’ils les ont veuz ils pourront faire, leurs interrogatoires.

16 Mais au Parlemēt de Paris le Cōmissaire n’in
terrogue ne examine plus oultre que les articles ou
choses articulees, mais bien il interrogue de & sur
les circonstances, car circonstances qui sont hors les
articles ou hors les choses articulées, doiuent estre
17 estimees nulles. Au grand Conseil de Malines & au
Conseil prouincial de Flandres le Commissaire forme
ses interrogatoires en toutes les choses qui lui sēbleront
aucunement apertenir a linquisition de ve
18 rite. Pareillemēt le Cōmissaire doibt faire que les tes
moins parlēt clairemēt & entēdiblemēt, & qu’ils deposēt

du faict, duquel ils sont interroguez & exami
nez, & nō pas de droict. h Itē doit le Cōmissaire faire
que les tesmoins ameinēt raisōs viues & suffisātes de
leurs tesmoignages, & qu’ils attestēt & tesmoignent
certaine raison de ce qu’ils scauent, si clairemēt & en
tēdiblement, qu’il semble que cincq tesmoins ayent
19 quasi parle d’une mesme bouche. Car la plus grande
& principalle difficulte quil y a a examiner les tesmoins,
est de faire que le tesmoin conclue biē, & reci
te les raisons de sa depositiō, en tant qu’il appertiēt au
Iuge de plus considerer & estre attentif aux raisons
des tesmoins que non a leur deposition principalle.
20 Au reste quant aux affaires & negoces ou on doibt
tesmoigner de veue, vn aueugle ne peult porter tesmoignage
de chose quil ail veue de ses yeux, cōme
aussi il ne pourra donner certaine cause de ce qu’il au
roit sceu. Toutf autāt en doit ou iugé des sours, muets
qui ne peuuent donner tesmoignage des choses ob
iectees aux sens dōt ils sont priuez. Dauantage, si le
tesmoin dict, Ie scay que ceste chose vraye, & que le
Cōmissaire lui demāde incōtinēt, d’ou & cōmēt
scais tu ceste chose estre vraye, & le tesmoin respōde
par ce

CIVILE. 223
par ce que ie le sçay par le bruit cōmun, & ainsi que
tout le monde le sçait, ou ie sçay ce qui m’a este dit
par persones qui le sçauoyent biē, ou pourtant que
ma creance est telle, ou qu’il me semble qu’ainsi soit
toutes telles raisons n’ont rien de ferme & n’afermēt
rien, par ce qu’elles ne peuuent bailler nulle co
gnoissance certaine par confirmation d’aucun sens
22 exterieur. Semblablement, quand le tesmoin dict,
Ie le sçay certainemēt, pourtāt que i’ay ay este present
ceste raison la ne suffist pas, si ce n’est qu’il die aussi
quand & quand, qu’il l’a aussi veu ou ouy, car il se
peult bien faire, qu’aucuns ayent este presens a vne
chose, qui quand elle se faisoit auroyent dormi, ou
23 auroyent este occupez a autres choses. Subsequem
ment, le Commissaire qui a a faire vn examen peut
admonester & instruire les tesmoins qu’il aura pris
a ce que bien & pertinemment ils tesmoignēt verite,
mais il ne peult pas les suborner ou instruire a ce qu’ils
deposent autrement que selon la verité. Car
ce seroit chose criminelle & qui meriteroit estre punie
2 grieuement. En oultre, vn tesmoin peut estre
interrogue sur ce qu’il a veu & sceu estant en l’aage
de dix ans & demi, par ce que les droicts presument
qu’il estoit lors capable d’entendemēt & iugemēt.
Mais cela semble estre dur, & pourtāt n’en doibt on
faire cas en matieres criminelles, esquelles les preuues
des tesmoins douent estre plus claires que la lumiere
& trescertaines, i telles que ne peuuent estre
testifications d’enfans, qui a cause de leur aage bas &
tendre, ne peuuent encores tesmoigner de certaine
science, & auecques iugement prudent & discretiō.
25 Au surplus, le Commissaire peult bien consentir que
le tesmoin (comme nous auons ci deuant dict au
chap.166.) mette sa deposition par escript, quand la
cause est ciuille, si ce tesmoin est practicien ou autre
ment home qui soit docte, mais ce faisant il doibt
puis apres lire sa deposition au Commissaire, pour
scauoir s’il y a rien a corriger en icelle, ou s’il deura
point estre plus amplement examine sur icelle.
26 Pareillement, Si le tesmoin apres sa depositiō se sou
uenoit qu’en deposant il eust failli ou errê, il se pour
ra corriger soymesme & sa deposition, & puis deposer
choses plus certaines, & le doibt le Commissaire

ceuoir a ce faire, pourueu qu’il le face incontinent,
& auant au’il se departe du lieu, ou au moins auant
qu’il ait parle a la partie: car faisant autrement, il
deuiendroit en suspicion d’auoir este subornè ou
corrompu par la partie, & par icelle induit a telle reuocation,
comme aussi il a este note ci dessus, chap.
27 166. Et combien que le tesmoin (comme nous auōs
dict) peult corriger ses depositiūs, toutes foys le Cō
missaire ne corrigera ni changera la deposition premierement
faicte par icelui. Mais gardera icelle premiere
deposition escripte, & pres icelle escrira la cor
rection y faicte, en y adioustant le temps quand le
tesmoin auroit faict icelle correction, & la cause
28 pourquoy il l’auroit faicte. Subsequemment,
Quand le tesmoin vacille ou varie, cest a sçauoir,
quand il doute, ou parle douteusemēt ou craintiuement,

disant tantost l’un puis apres l’autre, sans certaine
asseurance ni affirmation, & duquel ne se peut
auoir certaine science ou resolution, alors le Iuge,
mais non pas le Commissaire pourra mettre tel cau
teleux renard a la gehenne, (pourueu que ce soit
personne vile) & lui baillera le torture, a fin que
par ce moyen il en tire la verité, laquelle il n’a sceu
29 tirer par douceur. Comme aussi, si les tesmoins venoyent
a parler faulsemēt demaniere que les Commissaires
entendissent clairement & apertement.
qu’il y auroit de la tromperie, corruption ou subornement,
alors le Iuge pourra apprehender lesdicts
tesmoins, les ayans faict saisir, les mettre en prison,
puis apres les enuoyer a la Court, a ce que la ils soyent
30 puniz comme faulsaires. Mais si vn tesmoin auoit
parle obscurement, ce sera a lui seul, & lui apertiendra
interpreter telle obscurité en la declarant, & ren
dra sa deposition plus entendible & claire, ce que
nul autre ne pourra faire. Et pourtant a fin d’euiter
toute obscurité, le Commissaire doibt diligēment
soigner & preuoir que les tesmoins faisans leur nar
31 ré ne parlent obscurement. En second lieu, pour
euiter obscuritè, le tesmoin doibt estre examine &
interroge en la langue, laquelle principalement il
sçait, & en laquelle il est le plus exercite, soit Alemāde,
Latine, soit Espaignolle, soit Françoise & c. Et
pourtant est il bon que les Cōmissaires sachent diuers
langages. Car en quelconque langue que le tes
moin prononce sa deposition elle ne doibt estre reiettèe,
33 pourueu qu’elle soit cognue & certaine. Au
reste, les depositions des tous les tesmoins doiuent
estre mises & couchees par escript, car autrement la
Court ou le Iuge, ne pourroit aucune chose legitimemēt
iuger par les depositiōs & seroit le proces tenu
vicieux & deffectueux. Aussi doibt le Commissaire
estre fort prudent, & diligent a escrire telles depositions
de tesmoins, a ce qu’en escriuant il imitte
tout au plus pres qu’il pourra le langage, & la maniere
de parler des tesmoins, & qu’il vse de mesmes
33 termes que le tesmoin a vse en deposant. Pareillement
les depositions de chasques tesmoins doiuent
estre couchées & escriptes separement, & chascune
a part, & bien au long, & non pas ainsi: Maistre Paul
dict & depose le mesme qu’a dict & depose Maistre

I osse, car cela seroit vn grād vice en oyant les in
formations, esquelles vn tesmoin ne peult commu
nement sçauoir ce que l’autre aura dict. Pareillement
aussi ne doibt on ouir ne receuoir le tesmoin
qui voudroit deposer en ceste maniere: Ie Pierre tesmoigne
& depose, ce que Iean a deposé, car Pierre
ne sçait, ce que Iean a deposé, & dauātage, il ne sçait
encores que le Commissaire lui demandera.
a Hostiens. in c. venerabili extr. de testibus. Archid. in c.
Praesentium §. Testes eodem titu. libr. 6.
b Cap. 13.
c Hostiens. vt scribit Ioan. Andr. in c. Praesentium de testib.
lib. 6. super gloss. Interrogatoria quam vide.
d Titu. de testific. §. Nunc tractandum. versicul. Licet
autem dixerim, libr. 1. particula 4.

e c. Si qui testium extr. de testib. c. Primo extr. de testibus
cegend. & c. primo extr. de consanguin. & affinit.
f c. & per totum extra de testib. cogend. l. Si quando C.
de testib. & l. Prima. ff. eo. titu. de testib.
g c. Cum causam extr. de testib. & l. Tertia ff. eodem
titu. de testib.
h l. Testium C. de testib.
i l. Sciant cuncti C. de probat. c. Sciant cunctl 2.q.8.
& c. Epiphanium. 5.q.6.
CHA-

224 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CXXI.
De la foy Diuerse, & authorite des tesmoins.
Sommaires.
1 La foy & authorité n’est a tous tesmoins egalle.
2 Tesmoin qui nie, ne proue rien.
3 Simple ne proue rien.
4 Negatiue mais
Restrictiue proue indirectement.
5 Negatiue restrictiue est quelque foys plus forte que l’affirmatiue.
6 Negatiues d’homes laiz qui prouent indirectement, sont plus fortes pour le
Defendeur, que ne sont les affirmatiues des clercs
7 La cause du Defendeur est tousiours plus fauorable.
8 Negatiue de credulité & purgation son valables pour prouer.
9 Ceux qui sont constituez en dignité ont plus de foy que ceux qui n’i sont point.
10 Il semble qu’on doibt auoir plus de foy a vn riche, qu’a vn pouure.
11 On doibt croire a chascun en son art & mestier.
12 Tesmoins qui dient mesme chose comme premeditez, sont suspects d’auoir
esté subornez.
13 Tesmoin qui ment en vn point, est estimé mentir en tous autres.
14 Tesmoin qui afferme choses contraires, est debouté.
15 On ne doibt croire a vn seul tesmoin.
16 Si deux tesmoins deposent choses contraires, on ne doibt croire l’un ni l’autre.
17 Vn seul tesmoin qui contredict a plusieurs est nul.
18 S’accordent, & que le motif du Iuge s’y adioigne, ils prouent.
19 Discordent en pareil nombre, on croit aux plus apparans.
20 On doibt auoir plus desgard a caux qui gardent leur foy que non pas au grand
nombre des tesmoins.
21 Si les tesmoins de l’une partie
Ceux qui sont egaux en prud’hommie s’accordent, on les doibt croire.
22 Ceux qui sont allement gens de bien discordent, il conuiendra les accorder.
23 Tesmoignages d’instrumens sont moins valides que ne sont ceux des
tesmoins deuant les Commissaires.
24 On croit aux attestations d’instrumens au Conseil de Malines.
25 Malades au lict
&
26 A tesmoins on croit apres leur trespas.
Qui sont ouiz deuant arbitres
1 Il apertient au Iuge de diligemment considerer
le qualitez des tesmoins, car on ne doibt
adiouster a tous egalle foy & auctorite, Voire
y en a aucuns ausquels on ne doibt doibt adiouster
2 aucune foy, comme a tesmoins qui nient. Car on
donne plus de foy a deux tesmoins qui afferment,

que non pas a dix ou a cent, voire a mille, qui nient.
Et de la procede ceste maxime des Dialecticiēs, Tes
moin niāt ou, Tesmoin qui nie, ne proue riē. A quoy
s’accordent a La distinction duquel vous verrez au
mesme lieu & la tiendrez en memoire, pourtant
qu’elle est fort vtile & ordinaire en practique, principalement
3 en matiere de tesmoins. b Mais il fault
scauoir en ce lieu, que les susdictes maximes suiuant
les sentences des autheurs escriuans, se doiuent seu
lement entendre de la negatiue vague, nue, & simple,
a scauoir qui n’est restrincte ou limitee par aucu
ne declaration de certain temps, lieu, ou personnes.
Car telle negatiue ne peult par tesmoins prouer aucune

chose directement ou indirectement, Et de la
aduient que lors & en tel cas la charge de prouer est
transferee s l’aduersaire, & ce pourtant que les causes
& circonstances de telles negations ne sont point
adioustees. Car si iauoye dict simplement & general
lement, Ie nie que i’aye contracte mariage auecque
Guillemette, il n’est point necessaire que ie proue
ceste negatiue par tesmoins, laquelle est assez prouee
estant niee par vne simple negation, mais si ma
negatiue auoit restriction de temps, lieu, ou person
ne: alors telle negatiue se peut prouer indirectemēt
ou obliquement, ou par quelque cause concurrente,
comme si quelqu’un estoit accuse, d’auoir tue Gau
tier, a deux heures de nuit en la rue neuue, l’accuse
peult nier le faict, a scauoit qu’il na point mis Gautier
a mort, & quand & quand niera les circonstances,
& prouera obliquemēt, & qu’a l’heure susdicte il
nauroit point este en la rue neuue, ains qu’a deux
heures de nuit deuant nōmees, il auroit este en quel
que autre lieu auecques certains siens amis, de maniere
qu’il neust este possible, qu’estāt en telle place
il eust aucune maniere peu tuer ledict Gautier
en ladicte rue neuue. Et pourtant, les tesmoins qui
deposent des circonstances de la susdicte negatiue, a
scauoir, qu’icelui Defendeur niant auoit este auec
eux en aultre lieu ia recitê, ne tesmoignent point apertemēt
qu’il n’a pas tue Gautier, mais neāt moins
leurs tesmoignages sont tels, que vertueusement &
obliquement ils preuuent & gaingnent qu’il n’a
point mis a mort Gautier, par ce qu’ils monstrent
& font foy qu’en ce temps il nestoit au lieu allegue,
quand & ou Gautier est dict auoir este tué, ains que
au mesme temps il auroit este auec eux en aultre
5 mis. Et est ceste preuue oblique de la negatiue de
tant defficace, qu’elle est preferee a la preuue qui est
faicte de l’affirmatiue. e Auquel lieu ci allegue est
6 dict en ceste maniere. Si deux tesmoins clercs disoyent,
que Iean clers auroit commis homicide a
Bruges & en telle nuit, & que l’accuse prouast par
deux aultres tesmoins hōmes laiz, qu’icelle mesme
nuit

CIVILE. 259
nuit il auroit este a Gād auecques lesdicts tesmoins,
& qu’il ne pouoit commettre tel homicides a Bruges,
ou il n’auroit point este, & dauantage qu’il ne
pouoit commettre ledict meurre sans qu’ils le vissent,
attendn quau mesme temps, & au mesme lieu
il n’auroit este vne seule foys de deuant leurs yeux.
7 Et doibt ceste preuue, estre preferee a la premiere,
par ce quelle est, & faict pour le Defendeur, la cause
duquel est tousiours plus fauorable, pourautant que
les droicts sont tousiours plus prompts & enclins a
absoudre qu’a condanner. d Et autant en faudra di
re des autre exemples qui sont semblables, si quelque
8 foys d’auentures elles aduiennent., e Quand dōc
il se dict qu’on donne plus de foy & credit, a deux
tesmoins qui afferment, qu’a cent, voire qu’a mille
qui nient, f ce n’a point lieu en la negatiue qui est
ainsi restraincte, ains tant seulement en la negatiue
simple, & en la negatiue de credulite ou purgation.
g Ausquels lieux ci dessus alleguez conuiendra recourir,
pour euiter prolixité, ou aussi les lecteurs
trouueront de la distinction des negatiues, scauoir
est de triple negatiue, de faict, de droict, & de qualitè.
& c. Mais nous auōs iusques ici assez traicte quāt
aux tesmoins affermans & nians, poursuiuons les au
9 tres points de ceste matiere. Il y a dauantage que
les tesmoins qui sont constituez en quelque estat &
dignite ont plus de foy que ceux qui n’y sont point. h
Car d’autant que le tesmoin est de plus grande dignité,
d’autāt plus lui adiouste onde foy, a scauoir,
pour la reuerence de la dignité, mais cela se doibt
entendre sainement, a scauoir ou il auroit beaucoup
de bonnes parties respondantes a sa dignite, Car s’il
aduenoit que quelque lourdauts, ou qui mesme ne
fust pourueu de sens commun, estoit constitué en
quelque degre de sens commun, estoit constitué en
quelque degre de dignite, (ce qui aduient quelque
foys) plus grandefoy ne lui deuroit estre adioustee,
qu’a vn personage sage & accort qui n’auroit aucune
dignite, voire ni au Prince mesme, Autrement,
10 le sage eust pour neant dict. Malheur au pais auquel
le Prince est enfant, le di enfant, non pas daage mais
de sagesse, Doncques on adioustera plus de foy a vn
Empereur qu’a vn Roy, au Roy qu’au Chancelier a
11 Larcheuesque ou Euesque qu’a l’official ou a son

vicaire, au noble qu’a vn home commun. En oultre
il semble qu’on doiue adiouster plus de foy a l’home
riche & opulent qu’a vn pouure ou souffreteux
le reste de ses conditions pareilles & respondantes,
(comme nous auons dict), pourtant que le pouure
souffreteux & indigent est plus facile a corrompre
comme lon pense, ou il semble estre suspect de corruption
& subornation. I’ay dict lon pense, & il
semble, & le reste de ses conditions pareilles. & c. car
s’ils estoyēt tous deux egaux en bonte religion foy
& honesteté, ils deuront ausi estre estimez pareils &
egaux en loyauté. Mais on adiouste plus de foy a vn
pouure bien renomme, qui est de bonne vie & sans

eproche, qu’a vn riche qui a mauuaise fame & est
de vie coulpable & mauuaise. i . Item, (pour parler
en general) on doibt croire a vn chascun en son art
& mestier, comme a vn medecin en sa medecine,
a vn sage femme en son regard & inspection, a vn
Iuriste de son droict a vn clerc, de ses liures qu’il
manie, a vn aduocat de sa practique, a vn forgeron
de la façon de ses ferailles, & de forger le fer, a vn
charpentier ou menusier de tailler le boys & le met
tre en oeuure, & ainsi de semblables suiuāt ce dict. k
Les Forgerons manient leurs ouurages &
Croy en Robert
Qui est expert
C’est a dire, qu’un chascun traicte & volontiers dispute
des choses esquelles il est versé, vsité, & practiqué,
pourtant qu’il pense les entendre, & pourtant
le doibt on croire en ce ou il est bien vsite & verse.
12 Or quand il se trouue plusieurs tesmoins qui sur vn
faict & matiere dient & parlent vne mesme parole
premeditée, ils sont suspects d’auoir este subornez,
& y a presumption qu’ils ont premierement parle
ensemble pour deposer vng mesme dire, & conforme
13 l’un a l’aultre. Mais quand vn tesmoin est surpris
auoir menti en vn article, il pert entierement
toute foy & credit en sa deposition, de maniere que
on ne lui croit plus en tout ce qu’il deposera ou aura
depose, combien qu’il eust dict & depose verite
14 en tous les aultres articles. Mais si vn tesmoin venoit
a contredire soymesme, comme s’il disoit choses
repugnentes & toutes contraires ou diuerses, ou
bien qu’il dist verite en l’un, & mensonge en lautre,
15 tel tesmoignage est deboute l Aussi ne doibt on croi
16 re a vn seul tesmoin en sa deposition. Et s’il y a deux
tesmoins l’un desquels contredise a l’autre, on ne de
ura s’arrester au tesmoignage d’aucun d’eux, Car il
faudra croire a l’un & l’autre en sa depositiō singulie
17 re m. Mais si vn seul viēt a cōtredire a plusieurs, alors
la voix d’un est de nul, cōe nous auons dict ci dessus
Car le dire d’un seul na point defficace pour reietter
18 le dire & les depositions de tous les aultres, ou a
ce qu’il les puisse cōdanner, si ce n’estoit que ce seul
fult escript auecques les aultres en quelque instrument.
n Et quand il y a plusieurs tesmoins qui se con
trarient eux mesmes, alors les droicts baillent au Iuge
ceste certaine regle & consideration, selon laquel

le il aura a proceder en ceste diuersité. Car si beaucoup
de tesmoins contredisent a beaucoup, ils se pro
duisent on d’une partie seulement ou par toutes les
deux ensemble. Et si par l’une des parties il y a plusi
eurs tesmoins produits les tesmoignages desquels
saccordent assez bien, & que la qualite de l’affaire auec
l’inclination du Iuge s’accorde auec eux, il faul
dra suiure le dire de ceux ci, de maniere quil conuien
dra prononcer la sentence selon lattestation d’iceux
19 & non selon les dicts des partie aduerse. o Mais si
les tesmoins d’une partie s’entrecontredisoyent, &
qu’ils fussent en nombre egal, il se fauldra arrester
aux dicts de ceux qui selō la nature & proprieté de
la cause conuiennent principalement en leurs depo

sitions & qui sont estimez estre de meilleure foy &
sont exēpts de toute souspeçō. Or le Iuge formera
& establira le motif de son courage & affection par
ouir parler les tesmoins qui seront plus dignes de
foy, & par les argumens & Iugemens qu’il cognois
tra estre plus propres a la cause.
20 Car il ne doibt tant auoir esgard au nombre,
a la multitude des tesmoins, qu’a leur pure foy &
vraye loyauté.
21 Or si tels tesmoins de bonne foy se trouuēt d’ac
cord ensemble, il se faudra tenir & arrester a leurs
22 tesmoignages & depositions. Mais s’ils se contrarient
aussi, le Iuge deura faire tant qu’il les accorde en
quelque

226 LA PRACTIQVE.
quelque maniere qu’il pourra s’il le peult faire, a ce
que leurs depositions consistent & soyent valables.
q Et si le Iuge ne peult aucunement accorder lesdicts
tesmoins, alors de son propre motif & Iugement
aduisera & prendra garde ausquels il deura
plus adiouster foy, & ce par grande discretion, laquelle
23 pourrez voir riere le Speculateur. Consequemmēt,
il est ainsi que les tesmoignages produits
par attestations, ou par par instruments faicts, escripts
& passez par main de Notaire, ou tabellion,
ou par quelque autre iusticier, ou Magistrat, ont
moins de force & efficace que ceux qui sont faicts
par tesmoins priuez pardeuant commissaires, ou par
deuant le Magistrat, ou l’information ou enqueste
pēd, & pourtant on n’adiouste point de foy a telles
lettres testimonialles, & ne sy arreste on point, si
ce n’estoit que que telles testimonialles fussent
faictes & ouies par lettres requisitoires & partie
24 ouie, ainsi qu’il apertient, & est necessaire. Toutesfoys
on vse au grand Conseil de Malines, & recoiuent
telles attestations instrumentales, & c. produit
tes par lune des parties, quand partie aduerse se veut
ayder desdictes attestations, pour ce quelle n’a nulles
aultres preuues plus promptes, ou pourtant que
25 la partie ne les reproue ou confute. Item a peine adiouste
on foy a tesmoins qui sont maladifs, cest a dire
a ceux qui sont en langueur & allitez, di ce n’estoit
qu’iceux tesmoins qui auroyent este ouiz & examinez
en leur maladie ne fussent partiz de ce siecle, &
de maniere que le producteur n eust point aultres
tesmoins a main apres litiscontestation, & qu’il n’en
peust trouuer d’autres que lesdicts tesmoins malades,
26 aux tesmoignages desquels on deura lors adious
ter foy. Pareillement, vn tesmoignage oui par arbitres
faict preuue pardeuant le Iuge ordinaire, en tāt
que les tesmoins fussent decedez, mais s’ils estoyent
encores suruiuās, alors sera au frac choix de la partie
les admettre ou ne les admettre, sinon qu’il eust este
autrement dict. Et pourtant le tesmoignage qui est
oui pardeuant arbitres ne peult faire aucune preuue,
pourtant qu’il peult estre reiette par l’aduersaire.
a Panormitanus & Felinus in c. In nostra, extr. de testi.

Idem Panorm. in c. Bonae memoriae primo nu. 13. extra de
elect.
b Et Imola. in c. Super hoc extra de renunciat.
c de quo vide gloss. notabilem in verbo Aliqui in c. Cle
rici 8 1. distinct.
d vt in c. Ex literis extra de probat. & in l. Absentem ff.
de poenis.
e Prout notatur in c. Bonae memoriae primo cum singula
ri glossa ibidem in verbo, Per rerum naturam.
f vt in c. Super hoc. extr. de renunciat.
g Argu. c. Ad nostram extra de probat.
h Panormitanus in c. In nostra. nu .6 extra de testib. &
c. Si testes §. Item in testib fides. 4. q. 3.
i c. Si testes §. Testium fides 4.q. 3. & l. Testium fides,

in principio ff. de testibus.
k l. Prima in principio & ibi Bartol. & alij scribentes
ff. devent inspiciend & Speculator. in §. finali ver. hoc quoque
no. de probat. & suiuant ce vers. Tractant fabrilia fabri,
& experto crede Roberto.
l c. Sitestes versic. Qui falso vel variè 4.q.3. & l. Vbi
pugnantia ff. de regul. iur. & c. licet circa sinem. extra de
probat. & l. Cum precium C. de liber. caus.
m c. licet extra de prabat.
o l. prima C. si quis ff. quamadmod. testament. aperiaentur.
n l. Ob carnem §. final. ff. de testib. & c. Sitestes §. Si
testes 4.q.3.
p c. In nostra. & c. veniens extra eodem titu. de test ibus
vide Speculatorem eodem titu. de est.
q c. Cum tu. extra eodem de testib.
CHAPITRE CLXXII.
De Faulx Tesmoins.
Sommaires.
1 Le tesmoin vne foys faulx, doibt estre pepetuellement tenu tel.
2 Faulx tesmoignage est prohibe par la loy diuine.
3 Vn faulx tesmoin porte preiudice a troys personnes.
4 Qui cele verue, doibt estre comparé a celui qui depose faulsement.
5 Punition d’un faulx tesmoin.
6 Tesmoin qui cele verité doibt estre puni.
7 Tesmoin qui au parauant a dict vne chose, puis dict & depose l’autre, est
trompeur.
8 Le faux tesmoin doibt estre puni par le Iuge deuant lequel il s’est perture.
9 Tesmoin qui est au Commissaire suspect de faulseté peult estre pris.
10 Tesmoin qui est adiourne pour deposer & ne comparoist peut estre contraint
& puni de contumace.
11 On ne doibt pas croire au tesmoin, mais aux escripts du Commissaire, si
d’iceux sourd question.
12 Anne ne peut arguer de faulseté, celui qui est tesmoin en sa cause.
13 Simple. ou hors de Iugement, a scauoir toute mensonge.
14 Diuerses causes de mensonges.
15 Faulx tesmoignage est de deux manieres
Diuers inconueniens de mauuais mensonges.
16 Mensonges domageables sont puniz de Dieu.
17 Se faict en iugement auecques serment.
18 Diuers inconueniens & domages procedans de faux sement faict en iugement.

CIVILE. 229
19 Diuine
Occulte, sans iugement humain.
Expresse, c’est a sçauoir par la loy de talion.
20 Faulx tesmoignage fe punist par loy
Quelle auoit este la loy de talion.
Humaine diuersement.
A vn tesmoin qui vne foy sauroit este trouué
& conuaincu d’auoir depose faulsement
on ne doibt iamais auoir aucune foy, & ne
deura en aucune maniere estre receu ou admis en iu
gement qui soit pour porter tesmoignage. a Et pour
rant tout tesmoin face tant, qu’il ne commette ou
brouille aucune faulsete en sa deposition: car si vne
foys il commet faulsete, iamais en chose qui soit on
1 n’aura en lui fiance. b Combien ce faux tesmoigna
ge soit chose indigne, il appert par ce que Dieu l’ha
voulu si soigneusement defendre au peuple Israelite
en son decalogue, disant au neufiesme commandement.
Tu ne parleras point faux tesmoignage contre
2 ton prochain. c Ou il fault bien noter ce point cō
tre aucuns, qui sont par trop miserablemēt craintifs
de tesmoigner chose aucune contre leur prochain,
Que Dieu n’a point simplement defendu aux hommes
qu’ils ne portassent tesmoignage contre leur
prochain, par ce que cela est toutalement necessaire,
pour entretenir l’usage de Iustice legitime entre les
hommes, afin que la verite apparoisse, qui ne se doit
pas musser ains estre mise en lumiere & euidence,
& a ce que par iustice on rende a chascun ce qui est
sien. Mais il a sans plus defendu qu’ame ne portast
faulx tesmoignage contre son prochain: par ce que
tel pariurement ne se peult commettre que ce ne
soit contre Dieu, contre verite, contre son propre sa
lut, & cōtre le salut de son prochain. Car vn faux
tesmoin nuist & porte domage a troys personnes,
3 & les offense. Car premierement il offence Dieu, la
maieste duquel il contemne en ne lui obeissant. En
second lieu, il offense le Iuge mesme, lequel il offen
se par son mensonge, & l’empesche de faire vray iugement
Tiercement il offense l’innocent & lui por
te domage par son faulx tesmoignage. Et sont coulpables
de ces maux non seulement ceux qui dient
& portent faux tesmoignage, mais aussi ceux qui estans
interpellez & adiurez par leur serment, celent

4 & cachent la verite. Car de mesme crime sont coul
pables ēuers Dieu, ceux qui cachēt la verite & ceux
qui dient mensonge: Car ceux la ne veulent point
profiter & ceux ci sestudient a nuire & endomager.
5 d Et par ce que dict est s’ensuit que qui offense en
troys est aussi puni de triple peine & premierement,
pourtāt qu’il offense Dieu, on lui enioint vne penitē
ce de sept ans, a cause de son periuremēt. e Pourtāt
qu’il a abuse le Iuge il sera diffamé. f Et aura encores
le fouet. g ou sera puni extraordinairement. Et pour
ce qu’il a lese & offense son prochain, il sera puni sui

6 uāt le domage qu’il aura faict, sans la restitution dudict
domage a quoy il sera condanne. h Semblablement
le tesmoin qui estant adiure & appelle par ser
mēt a dire verite, & ne la dict, ains sen taist & la cel
le est repute pour faulsaire, & doibt aussi estre puni. i
7 Au reste, le tesmoin qui en la tauerne ou cabaret ou
en la rue auroit autrement parle sans serment qu’il
n’a depose deuant le Commissaire auecques iurement
sera repute pour trompeur & pour trompeur
deura estre puni, mesmement s’il auoir premieremēt
pris quelque salaire pour ainsi deposer, ou pour
8 porter tel tesmoignage, Le faulx tesmoin doibt dōc
estre puni, mais non pas par tout Iuge, ains seulement
par le Iuge deuāt lequel il a depose faulx, mais
ce n’a point de lieu es remissions. Vous aurez la forme
9 de la punition incontinent ci apres. Consequem
ment, quand le Commissaire en lexamen de son information
trouue apertement & expressement que
le tesmoin a parle faulsement, il le pourra lors, voire
le deura prendre & mettre prisonnier, a ce quil soit
10 puni par le Conseil ou par les gens de Iustice. Celui
qui estant adiourne ne cōparoist, pour ce quil refuse
dire verite, icelui ne sera puni comme faulsaire pour
ce qu’il n’a encores preste le serment, mais le Iuge le
fera appeller a soy, & le contraindra a dire & deposer
verite & lors le punira de sa contumace, & le
condānera es despens domages & interests, esquels
le produisant est tombe a cause de sa contumace.k
Car pourautāt que la charge de tesmoigner est char
ge publique & qui est necessaire, pourtant est il que
nul ne se doibt obstinement soustraire de porter tes
11 moignage. l Au demourant, S’il suruenoit contention
contre le tesmoin & le commissaire, ascauoir
quant a la deposition du tesmoin, & sur lescripture
& note du Cōmissaire, de sorte que le tesmoin dist
qu’il auroit autrement depose, qu’il ne trouueroit
estre couche par escript, alors en tel debat ne sera
adiouste foy au tesmoin, principalement si le Commissaire
auoit vn adioint ou clerc, qui en ce defferent
affermast comme lui, ains dependra toute la foy, du
Commissaire en son adioint. Au demourant, ame
ne peult arguer de faulx son tesmoin en sa propre
12 cause, ou lui imposer faulsete. Et ou il aduiendroit
qu’icelui tesmoin fust interrogue de quelque chose
par celui qui auroit a le produire, & icelui tesmoin a

telle demande priuee respondist quelque chose qu’i
celui produisant penseroit seruir & competer en faueur
de sa cause: telle reponse deura estre tenue
pour vn simple dict, & non pour deposition. Et
pourtant que i’ay estime estre chose non indigne de
vn Docteur en droict, ains chose licite vser de Theo
logie ou il sert & vient a propos, pourtant ay ie vou
en ce lieu adiouster quelques points & raisons, qui
me sembloyent estre grandement vtilles pour la
13 consideration de faulsete. Et pour le commencement
est a scauoir que faulx tesmoignage se cōsidere
en deux manieres. Car il y a faulx tesmoignage
qui est simple ou qui se faict hors iugement, & aultre
qui se commet en Iugement. Au premier faulx
tesmoingnage apertient tout mensonge, lequel est

double. Car l’un se commet par ignorance, qui sem
14 ble n’auoir coulpe en soy Et l’autre qui se faict a
escient, lequel est de diuerses manieres: Car l’un
V ment

230 LA PRACTIQVE.
ment pour la crainte qu’il a de Dieu & par vne hor
reur qu’il a naturellement, comme les sages femmes
Egiptiennes, Laultre de crainte ou par imbecilite de
la chair & de foy, comme S. Pierre en niant Christ.
L’aultre par charite & loyaute deue, cōme Michol
en mentant deliura Dauid son mari. L’aultre pour
desir & affection qu’il a d’ayder son prochain, & de
ceste sorte Ionathas fils de Saul deliura Dauid des
mains de Saul son pere. L’aultre par foy, comme
Raab, l’aultre par crainte & honte tout ensemble.
comme Sarra, qui dist, que son mari estoit son frere,
Et quand elle disoit aux Anges qu’elle n’auoit ri.
L’autre ment pour son profit particulier, comme
Ananias & Saphira. m L’aultre pour flatter, l’autre
pour nuire & detracter son prochain Et laultre
finalement, non tant par ieu que par vne legerete
de courage & par vne mauuaise coustume de men
15 tir. Or combien soit ce faulx tesmoignage mau
uais & desplaisant deuant Dieu, & principalement
quand il se faict dun desir de porter domage, pour
detracter ou pour flatter, cela apparoist en plusieurs
manieres. Premierement tels mensongers sont forclos
du ciel, suiuant le pseaume.5. Secondement, ils
sont separez de Dieu, & cōioints auecques le diable,
pourtāt que le diable est menteur & pere de mēson
ge, En troisiesme lieu, ils souillēt & ordissent leurs lā
ges, lesquelles sont dediees & consacrees a la verite,
& louanges diuines, pour lamour & seruice du pere
de mensonges tresmēsonger. Quartemēt, ils esbranlent
ou ostent du tout la foy qui est tant necessaire
aux negociations & trafiques. Cinqiesmement
ils font deshoneur a la religion Chrestienne, mentent
a Dieu, & bien souuent destournent & empeschent
les profits & commoditez de leurs prochains,
ce que ie pense estre assez & trop commun
par exemples ordinaires & quotidiennes, sans que
ie le monstre plus amplement par les passez. Et
combien que les loix ne punissent ces mensonges
qui causent tant de maux, si est ce que Dieu les pu
nira vn iour bien asprement, s’ils ne s’amendent de
la punition duquel ie ne veux ici rien dire temerairement,
attendu qu’elle consiste toute en son
diuin arbitre, & pour ce se doibt elle toute attribuer

a lui, plustost qu’a la vengence ou iustice hu
maine. Mais il suffire d’auoir dict & traicte en
passant ce que dessus, quant au tesmoignage ou
17 mensonge qui se dict hors iugement. Au surplus,
faulx tesmoignage est & se faict en Iugement quād
aucun estant adiuré ou a son escient depose vn tesmoignage
feinct & controuue, tel que fut le faux
tesmoignage dict contre le prophete Naboth.
Ou bien quād on interprete & detourne quelque
paroles peruersement & en mauuais sens, lesquelles
auroyent este dictes & proferees a bonne intention,
ainsi portoyent les Iuifs faulx tesmoignage
des paroles de Christ. Deffaictes ce temple & c. &
les tesmoins qui deposoyent contre sainct Estienne.

n Ou bien quand quelqu’un est adiure & il cele
la verite, ou par malice, ou par vne vaine crainte
que tesmoignant contre son prochain il ne semble
violer la charite fraternelle, attendu toutesfoys
qu’en mentant il ne craint point Dieu. lequel il offense,
par ce mesme qu’il ment, ni sa propre ame laquelle
il macule, ni a faire le domage de l’autre pro
chain, le profit duquel il empesche & retarde celant
18 la verite. Combien grand mal est aussi ce faulx tesmoignage,
personne ne le scauroit assez poiser ni
considerer. Car premierement (comme ie vien de
dire) celui qui le porte & dict faulx tesmoignage, il
prēt Dieu pour patron de sa mensonge ou pariurement,
lequel est patron de verité.
Secondement il polue le commandement de
Dieu & le viole.
Tiercement, il corrompt le serment, lequel est
du tout necessaire a la trafique & vsage commun
des hommes. En quatriesme lieu, il se mocque
du iuge & le corrompt, tellement qu’il aduient
souuent que par tel faulx tesmoignage, les
biens sont adiugez a ceux ausquels ils n’appertiennent,
& sont ostez aux vraiz possesseurs ou
heritiers, par ou il porte aussi tresgrand domage,
comme nous auons dict ci dessus. Et qui plus
est, il aduient souuent, que par faulx tesmoignage
les innocens sont punis, & les coulpables
sont absoults, voire que ceux qui sont sans coulpe,
sont quelque foys mis a la gehenne & torture,
par laquelle ils ayment mieux dire & confesser
a l’encontre d’eux ce qui est toutalement
faulx, qu’endurer plus longuemens tels tormens.
Et combien que les loix humaines ne puissent incontinent
telle malice & mechancete de ceux qui
portent faulx tesmoignage, pourautant que telle
faulsete ne vient tousiours a estre descouuerte, tou
tesfoys les faulx tesmoins ne sont pour cela rien
plus heureux, ains de beaucoup plus malheureux,
pourtant que c’est chose par trop grieue que d’enchoir
& tomber en la main de Dieu, la cognoissan
ce duquel ne peult estre deceue par cognoissance
humaine. Aussi doncques les faulx tesmoignages
se punissent en deux manieres, sçauoir est par
la loy diuine, & par la loy humaine.
19 Cest e loy diuine est quelque foys occulte, &

quelque foys proferêe par mandement expres. Ceste
loy occulte est, par laquelle Dieu punist tout
mal oultre tout humain entendement, par ce que
deuant Dieu n’i a nul mal impuni. Quant a ceste
punition qui est occulte, il n’i a pourquoy i’en prononce
ici aucune chose temerairement.
20 Mais touchant le punition diuine, de laquelle on
lit expressement quant a ce mal, en Deuteronome
19. est establi & ordonné que le faux tesmoin soit
puni de la loy de talion, qui requeroit vie pour
vie, oeil pour oeil, dent pour dent, pied pour
pied, main pour main. Ceste loy la fut grandement
iuste. pourtant que par icelle le faulx
tesmoin patissoit & enduroit ce qu’il auoit pense

faire a son frere, & ce que son frere eust pati &
souffert, si la mensonge & faulsete du tesmoignage
n’eust este decouuerte & surprise. Si ceste loy de
Talion duroit encores & estoit en vigueur riere les
Chrestiens, & qu’elle fust mise a execution, il ne
se commettroit point par tout tant de pariure
mens & plusieurs ne seroyent point tant faciles
a dire & porter faulx tesmoignages contre leur
prochain si aucuns auoyent ainsi tesmoigne faulsement
contre leur prochain, tels faulsaires viendroyent
a perdre la vie: a quoy le Seigneur a establi
ceste loy de Talion. o
Au

CIVILE. 231
Au reste, comme la loy humaine punisse le faulx tes
moignage, nous l’auons ci dessus mōstre en ce chap.
& en nostre Practique criminelle. p Qui plus est, les
droicts monstrent par tout clairement & font mention
d’icelle punition, tellement qu’il nest ia besoin
assembler en ce lieu & amasser les allegations qui se
pourroyent amener a ce propos, attendu que nostre
intention est de bastir ici & façonner vne practique
ciuile, & non pas criminelle ou telle peine est plus
a point practiquee.
a Vti notatur in l. Lucius ff. de his qui notan. infam. &
facit.l. Si quis maior C. de transact.
b c. Testes & c. Pura & c. Hortamur. 3.q.9.
c Deut. 4. & 10.
d c. primo extre de crimine fals.
e c. quicunque. 6.q.1.
f c. Quisquis conuictus.
g 22.q.5. & c. illi qui 5.q.5.
h c. Nihilominus. 3.q.9. ita gloss. in d. c. Primo in verbo
laedit.
i Vt est casus egregius in l. Prima in princip. ff. ad l. Cor
nel. de fals. & d. c. Primo.
k Vt pulchrè annotat. Speculator. in titu. de Teste §.
Sequitur versic. vltimo per l. Quidam in fine & l. Tutor.
ff. de administra. tuto.
l Vt l. Eum. & l. Sed siquis in primo ff. quemadmodum
testa. aper. & c. primo. extr. de crimine fals.
m Actuum 6.
n Act. 5.
o Vide Deuter.19.
p Capitib. cxix. de falsis cxx. de salsitate per consensum
cxxi. De falsitate in verbis. cxxii. de falsitate scriptorum.
cxxiii. De falsitate per abusum. & cxxiiii. De falsitate per
silentium.
CHAPITRE CLXXIII.
De Preuue faicte par confession des Parties.
Sommaires.
1 Confession se faict
1
en iugement
hors iugement

2
la partie presente
Partie absente
3
Auec cause
sans cause
2 Le Defendeur qui confesse en iugement, la demande du Demandeur est tenu
pour conuaincu.
3 Le Defendeur qui confesse est stubmis a condamnation:
4 Confession forclost toute preuue.
5 Confession qui se faict hors iugement porte preiudice, s’il appert d’icelle.

6 Confession faicte auecques cause, porte aussi preiudice.
7 Confession faicte deuant arbitres porte preiudice.
8 Quand confession deuant arbitres faict foy.
9 Sans cause, ne porte preiudice a s’obliger.
10 Confession
ou
Sans cause, porte preiudice pour se decharger.
11 D’un malade alitté, porte preiudice.
12 Faicte par erreur, ne porte preiudice a personne.
13 Faicte deuant Iuge incompetant, ne porte preiudice.
14 Obscure, ne porte preiudice.
15 Faicte en preiudice de son Seigneur ou Superieur, ne vaut.
16 Faicte par procureur, porte preiudice.
17 Confession
Faicte par le procureur en preiudice du client ou sa partie, ne porte preiudice.
18 Faicte par l’Aduocat porte preiudice.
19 Faicte par Tuteurs ou Curateur, ne porte point preiudice.
20 Du Mineur qui est mineur de 25. ans, ne lie point.
21 Du Tuteur au domage du pupille, ne porte preiudice.
22 Par personne principalle, porte preiudice.
23 Erreur de faict sans domage ne porte preiudice a personne.
V 2 Auant

232 LA PRACTIQVE.
1 Avant que monstrer comme par confession
de la partie la preuue naist, il fault premierement
considerer la verite qui procede de
ceste confession: Car ces confessions sont de deux
manieres, par ce que les vnes d’icelles sont & se font
en Iugement, & les aultres hors Iugement. De rechef,
les vnes se font en presence de partie, & les au
tres en absence d’icelle partie, ou des parties. Item
les vnes se font auecques cause, & les autres sans cau
2 se. Apres doncques que nous aurons ainsi trie & distinguê
ces confessions, il est a scauoir que quand le
Defendeur confesse en iugemēt la demande du De
mandeur ou le libelle exhibé, alors il est estime conuaincu,
& toutes autres preuues a faire cessent adōc
pourtant que la confession qui est faicte en iugement,
3 faict & rend vne pleine probation. a Et pour
tent ne reste lors aultre chose a faire au Iuge que con
danner celui qui confesse. b Et ainsi confession n’in
duist point obligation a faire aucunes preuues, ains
porte auec elle toutes autres preuues qui pourroyēt
4 estre, ou plustost releue & deliure de toute charge
de prouer, & les esteint toutalement. c Ce qui est
vray, si ce n’estoit en prest par cedule & en dote. d
tesmoin Balde en ladicte loy ci alleguee, ou aussi il
5 dict, qu’adonc tous priuileges doiuent cesser. e Au
demourant, la confession qui se faict hors iugement
oste aussi toutes preuues, pourueu que la partie puisse
verifier ceste confession par tesmoin dignes de
foy, ou par serment de celui qui confesse. Pareillement
la confession qui est faicte, ou qui se faict en
absence ou presence de la partie, sera valable & serui
ra pour faire aultres preuues, par tel si que ceste confession
soit prouue ou par tesmoins, ou par serment.
6 Mais quant a la question qui se faict auecques cause,
elle se faict quand celui qui confesse declare expressement
la cause du proces, a scauoir de quelle cause
est procedee la debte, a scauoir ou de prest, ou de
marchandises, ou pour eschange, ou pour louage
de maison, ou par paction, ou par quelque contract.
Et se peult ceste confession faire en iugement, ou
hors de Iugement. Et en quelque lieu qu’elle se face
elle porte preiudice au cōfessant, & oste toutes preu
ues, pourueu qu’il appere d’icelle confession. Et ainsi

7 beaucoup plus la confession faicte auecques cause
pardeuant arbitres porte preiudice en iugement par
deuant le Iuge ordinaire, & pouons d’icelle vser ce
8 iugemens ordinaires. f Mais comment il sentent que
confession faicte pardeuant arbitres face foy deuant
le Iuge a ce quelle soit valable, ou comme extraiudi
cialle ou comme iudicialle, vous le pourrez voir par
les Docteurs es lieux ci alleguez, Ou l’Abbé entend
de la confession extraiudicialle, c’est a dire qui se fait
hors iugement, selon Cynus. g Mais Iean de Imola
soustient quelle vault comme confession indicialle.
9 h Mais la confession qui est faicte en iugement ou

hors iugement sans cause, item qui se faict en l’absence
de la partie, ne porte incontinent preiudice a
celui qui confesse, a ce que par telle confession il s’oblige
ou charge, comme on peult voir. i Les allegations
duquel nous laissons ici pour euiter prolixite,
10 & y renuoyons le lecteur. Mais confessiōs qui sont
faictes en iugement ou hors iugement, pour dechar
ger quelqu’un ou le quitter, portent toutalement
preiudice, encores qu’elles fussent faictes sans cause
& en absence de la partie ou des parties, pourueu
qu’elle ayt este legitimement faicte. k Semblablement,
11 toute confession qui se faict au lict, par ce
lui qui seroit detenu d’une grieue maladie, ou qui se
roit a larticle de la mort, ou faicte par celui qui au
lict de mort auroit faict testament de derniere volonte,
telle confession porte toutalement preiudice,
soit quelle tende a s’obliger, soit que par icelle il pre
tende a se deliurer & decharger. Ce qu’il fault ainsi
entendre, si ce n’estoit qu’icelle confession fust par
lui reuoquee auant son trespas. Car on presume que
telle confession qui est ainsi faicte au peril & danger
de la vie, soit pure, vraye, & non corrompue daucune
12 affection humaine. Mais vne confession qui est
erronee, c’est a dire qui est faicte par erreur, ne peult
a aucun porter preiudice. l Et entend on vne confession
estre faicte par erreur, quand la chose a este autrement,
& s’est autrement portee que le confessant
13 cuidoit ou iugeoit. Consequemment, la confession
qui est faicte pardeuant iuge incompetant, c’est a scauoir
qui n’est le Iuge de celui qui confesse, ne porte
14 preiudice ne nuisance. m En oultre, la confession
qui est douteuse, incertaine, & non assez claire, ne
porte point de preiudice, car a ce que vne confession
soit valable, elle doibt estre claire & certaine, aultrement,
telle confession qui auroit este faicte sans cau
se, seroit vne preuue incertaine, qui en droict est
15 estimee nulle, & de nulle force & effect. n Pareille
ment, la confession qui est faicte au preiudice de
son maistre ou Seigneur, ou de son Superieur nest
de valeur. o Comme aussi ne vault la confession qui
16 est faicte par vn insense, lunatique ou furieux. p Sem
blablement la confession qui est faicte par le procureur
porte preiudice, si ce n’est qu’il la reuoque, ce
qu’il peult faire en tout temps auant la sentence don
nee, en prouant son erreur & le detriment qui en se

oit ensuiui. q. Or que la cōfession du procureur por
te quelque nuisance a son maistre, il se proue. r Et
quant a ceste reuocation de confession par le procureur,
il est a noter qu’il y a aucuns practiciens qui
dient que le procureur ne peult reuoquer icelle con
fession sans relief. Item la confession qui est faicte
17 par le procureur en preiudice de sō maistre ou Seig
neur qu’il sert, ne vault aucunemēt, si ce n’estoit quil
eust eu mādemēt especial ou procuratiō pour ce faire.
18 La confessiō qui se faict par l’aduocat, en presen
ce de sa partie ou elle absente, pourueu toutesfoys
quelle le sache ou le permette, est tout ainsi que si
elle se faisoit par le client ou partie. s Parquoy s’il se
taist, il porte preiudice a soymesme, si ce n’estoit quil
19 reucast icelle confession de son aduocat. t Laquelle
reuocation selon aucuns, se doibt faire dedans troys

iours. Comme aussi la confession qui se faict par les
tuteurs en l’absence du pupille ou pupilles, ou la cōfession
faicte par les curateurs en l’absence du mineur
ou mineurs, ou qui auroyent passe l’aage de minorite,
ne porte preiudice ni nuist. v Aussi ne vault
la confession faicte par le pupille, pourtant qu’icelui
pupille est de droict seur & exēpt de tout preiudice.
20 x Mais celui qui est en aage de puberté, toutesfois
mineur de vingt cincq ans, est oblige par sa confessiō,
mais au cas qu’il soit lesé ou endomage il en est
releue. y Toutesfoys, quant aux matieres spirituelles.
21 la sentēce qui est donnee contre le mineur, tiēt. z
Item la confession qui se faict par le Tuteur ou Curateur
ne porte point de preiudice aumoins si telle
confession de Tuteur ou Curateur venoit a porter
preiudice au pupille ou qui seroit hors de pupillage.
22 aa Mais la confession qui est faicte par persone prin
cipalle, si elle se faict legitimement, comme a este
dict ci

CIVILE. 233
dict ci dessus, porte preiudice, & nuist au confessant,
pourtant, que le Iuge se fonde sur telle confession. b
Et ne peult telle confession estre reuoquee, sinon
apres que l’erreur est proué, Voyez le Speculateur.
Mais il est icy a scauoir, que erreur de faict, si le domage
de l’erreur n’est encores ensuiui, ne porte nuisancé
a personne. c Mais il en fault autrement Iuger
quand il y a erreur au droict, car lors la confessiō est
incontinent tenue pour adiuge. d.
a l. Post rem, in fine sui ff. de re iudica. & l. Prima ff. de
confess & l. vnica C. eodem tit. de confess.
b l. Proinde 2. in fine ff. ad l. Aquil.
c Teste Ioanne Andraea in c. Bonae extra. de elect. Bald.
in l. Si ex cautione 10. q. C. de non num. pec.
d Secundum eundem Baldum in l. Generaliter 1.q. eodem
titu.
e l. Assiduis C. Qui potio. in pigno. habe.
f l. Penult. in fine C. de recept. arbit. Abbas in c. Praesen
tate. in 1. colum. de testib. & Ioannes de Imol. eodem c. Prae
sentata.
g In l.1.C. de confess. & Ioan. Andr. & Anto. de Butrio.
in d. c. Praesentata, & eundem Anto. in c. Quintauallis
ver.14. differentia extra de iure iuran.
h d. c. Praesentata.
i In tractatu D. Lanfranci Ariadno. de confessionib.
numero 40.
k c.2. & 3. extra de confess. & l. vnica C. eodem titu. de
confess.
l l. Non fatetur ff. de confess. & l. Error. C. de iur. &
fact. ignor. & l. prima C. de fals. caus. adiect. lega.
m c. At si extra iudic.
n c. in praesentia. extra de confess.
o c. Cum tempore, extra de arbitr.
p l. In negotijs ff. de regu. iur. & c. fin. extr. de successio.
ab intesta.
q c. Cum olim. prope finem extra de offic. delega. & c.
final. extra. de confess.
r c. Primo ad finem §. verum extra de postulan.
s l. Prima C. de erro. aduoca.
t c. Olim extr. de censib.
v l. Certum §. Si quis absente, versic. Sed an ipsos ff. de
confess.
x Paruuli 22.q.5.
x d. l. Certum §. vlitmo ff. de confess. & l. Si ex causa in

dicati §.2. ff. de minorib.
z Vt c. Ex parte extra de restitut. spolia.
aa Notatur in d.l. Certum §. 2. ff. de confess. vt supra.
Hoc capite 173. meminimus.
bb d.l. vnica C. de confess. & c. 2. extr. ecdem titu.
cc l. Error. C. de iuris & fact. ignor.
dd l. prima C. eodem titu. de confess. concordat. text. in
l. Post rem, in fine sui ff. de re iudic. & l. vnica C. eodem tit.
de confess.
CHAPITRE CLXXIIII.

De Preuue par lettres, escriptures ou instruments.
Sommaires.
1 Des lettres, escriptures, & instrumens les vns sont
Publiques.
Les autres.
Priuez.
2 Qui se signent par personnes publiques.
3 Qui sont muniz de seaux autentiques.
4 Instruments publiques sont
Registres, Protocolles & actes iudiciaux.
5 Contes ou raisons priuilegiez.
6 Lettres originales, ausquelles on a acoustume adiouster foy.
7 Quand on adiouste foy es copies prises sur les originaux.
8 Comme on pourra auoir copie de l’original, quand on craint
Qu’il ne soit permis prendre le double sur l’original.
ou
Trop gransfraiz.
9 On doibt voir s’il n’y a point de vices es originaux ou de clauses ou lieux
suspects.
10 On doibt restablir & rescrire les instruments qui sont gastez par vieillesse ou
autre accident.
11 Plusieurs originaux d’un mesme contract portent mesme soy.
12 Copies autentiques prises sur l’original ont foy d’original.
13 Escriptures anciennes, armoiries, inscriptions & c.
14 Escriptures anciennes de liures d’Eglise.
font preuue.
15 Tous instrumens publiques, armes, graueures.
16 Si on doute si le Notaire a signe les lettres ou non, ou en doibt demander au
Notaire.
17 Les lettres de Notaires & c. Actes iudiciaux sont instruments publiques.
18 La coustume donne foy aux lettres.
19 Lettres d’hommes priuez escrites de leurs propres mains, font preuue.
20 Lettres de negociations, de contracts, de louages & c. qui sont autentiques,
sont tenues pour instruments publiques.
21 Tesmoins ne sont instrumens publiques.
22 Diuerses questions touchant la foy des instruments.
V 3 Nous

234 LA PRACTIQVE.
Nous auons dict au chapitre precedent que
preuues qui se font par instruments ont
moins de poids, dauctorite & efficace, que
n’ont les affirmations de tesmoins pardeuant Commissaires,
toutes foys si ont elles quelque foys pleine
foy, de maniere qu’on y croit cōme a tesmoins,
1 comme apparoistra par ce qui sensuit. Mais il fault
premierement noter, que tout ainsi que toutes lettres
ou escriptures ou seingmanuels sont de deux
manieres, cest a scauoir publiques & priuez: aussi
sont tous instrumens de deux manieres, car les vns
sont publiques & les aultres sont priuez, desquels
nous traicterōs en ce chapitre, & es autres suiuans
2 Escriptures doncques ou lettres publiques sont cel
les qui sont escriptes, ou aumoins soubsignees par ta
bellion, notaire, greffier, & par semblables personnes
3 publiques. Ou bien qui sont recognues, munies
& seellees auec sceaux autentiques de Princes, Ducs
4 Comtes, Citez, Escheuins, ou autres Iusticiers. Ou
sont registres, protocolles, ou lettres, ou escriptures
ou actes iudiciaux, qui sont communs aux deux par
ties, lesquels protocolles, registres & actes iudiciaux
font pleine foy, a pourueu que tels registres, protocolles
& actes iudiciaux soyent faicts par ceux qui
ont auctorite de faire escripture autentique, autrement
tels registres, protocolles & actes ne font aucune
5 foy. b Ou ce sont raisons priuilegiées, chirographes
ou seingmanuels, ou autres escriptures qui
6 sont gardees aux coffres publiques, ou qui reposent
es thesoreries des Princes ou citez. c Et generallemēt
toutes escriptures & lettres ausquelles de droit
& coustume on adiouste foy sont appellees lettres
publiques, les originaux desquelles exhiber & produits
font pleine preuue, principalement, quand par
tie aduerse ne les peult reprouer pour aucune rasure
ou autre vice notable, ou de quelque suspicion de
7 lieu ou personne. I’ay dict des lettres originalles, par
ce que les copies ou doubles pris sur lesdicts originaux,
n’ont pas pareille foy, & n’i donne on pas tant
de credit, comme lon faict aux originaux, si ce n’estoit
qu’icelles copies eussent este par le Commissaire
collationees aux originaux, & ce en presence de

la partie, ou bien en absence d’icelle, si elle auoit este
appellee pour voir faire ladicte collation, & qu’obstinement
icelle partie se fust retiree & destournee
de voir faire ladicte collation, & que pour ceste cau
se elle eust este mise en contumace, Quand au surplus,
8 Si la partie craignoit quon ne lui permist copie
de l’original, & qu’il ne lui fust communiqué, a ce
que collation en fust faicte par le Commissaire, ou
bien selle craignoit trop grands ftaiz, a scauoir qu’il
cousteroit trop a amener le Commissaire, ou l’enuoyer
au lieu ou seroit l’original, en ce cas le Iuge
pourroit ordonner & commettre au Magistrat ou
Iuge du lieu que la il fist icelle collation en presence

de partie appellée, ou bien en son absence, si y estant
adiournee elle ne vouloit par obstination comparoir:
Car adonc on aura autant de foy a la collation
de ce Iuge, que s’elle auoit este faicte deuant le com
missaire. Mais en tel cas icelui Iuge deura bien subti
lement aduiser & prendre garde si en celui original
il n’i auroit point quelques vices, ou si le lieu ou les
susdictes lettres originalles on este passees ne lui est
9 point suspect. Car sil y trouue quelques vices ou
suspicions, tels vices suspects, comme les lieux, le
nom, la somme, la datte & semblables deura il noter
diligemment, & les ayant ainsi notez les enuoyera
au Commissaire, auecques la copie collationnee, ou
10 bien au premier Iuge. Au reste, si quelques lettres, es
criptures, ou instruments auoyent este nonchalamment
gardez, ou s’ils estoyent tombez en l’eaue, ou
qu’ils fussent rongez par les souriz ou tignes, ou que
par quelque moiteur ils se fussent pourriz, ou que
par trop grāde vieillesse ils fussent deuenuz obscurs,
tenebreux & non plus lisasables, Alors le Iuge les
pourra en presence de partie appellee restablir & renoueller,
11 de maniere qu’ils soyent lisables: Consequemment,
il aduient quelque foys que les lettres
originalles soyent escrittes vne, deux troys, ou
quatre foys, pour danger du feu ou de quelque
autre perte casuelle, toutes lesquelles lettres sont
dictes originaux, & font pareille foy autant l’un
comme l’autre & sont appellees, doubles, triples. & c
12 Pareillement, aussi les lettres, escriptures, ou instruments
qui puis apres sont legitimmement pris &
extraits desdicts originaux, & diligemment grossoyez
& mis au net. Ou si pour la seconde foys ils
sont extraicts & copiez sur le registre ou minute du
notaire, tabelliō, greffier, ou aultre semblable, pour
tāt que la partie auroit perdu ses lettres ou premiers
instruments, toutes ces lettres ou instruments, ainsi
legitimement extraicts & escripts (comme dict est).
sont aussi bons comme caux qui auroyent este perduz,
pourueu que ce double ait este faict partie appellee,
& muniz du seingmanuel autētique du greffier
13 ou notaire. Item les vieilles & anciennes escrip
tures, anciennes armes armories, ou aultres enseignes
& escuz peincts, ou graueures en pierre, en sepulchres
ou tombes, ou contre murailles ou pilliers
toutes telles marques & enseignes sont aussi probations

publiques, & pourtant elles esmeuuent grandement
le Iuge pour y mettre & adiouster foy, &
principalement si elles sont fort anciennes, ou quelles
eussent este si long temps en estre, qu’il n’i eust
memoire du commencement d’icelles, & pourtant
elles font preuue de bien grand efficace, & font
dautant plus de foy, quand elles sont soustenues de
14 quelque ayde. Ainsi peult on aussi dire de ces preuues
de lettres ou escriptures qu’on trouue aux anciens
liures des Eglises, es martirologues ou sembla
bles, du commencement desquelles il n’est plus me
moire aucune, car toutes ces choses font vne bien
15 grande preuue. Voire toutes les escriptures susdictes
ou instruments publiques exhibez en iugement, &
produits deuant le Iuge. d font pleine foy, sans aucune
autre ay de ou soustien, tellemēt qu’il n’est besoin

de plus ample production de tesmoins ou deposition,
ou que le notaire ou greffier ou autre depo
se son dict, car iasoit que tous tesmoins & notaires
& greffiers fussent morts ces seules escriptures ou
instruments publiques, ou armes ou epitaphes ou
inscriptions de sepulchres ou anciennes escriptures.
16 susnommees feroyent pleine foy. e Toutesfoys, si on
doutoit si le tabellion, notaire, ou greffier eust escrit
telle escripture ou tel instrument, alors on pourroit
appeller le tabellion notaire ou greffier, a ce qu’il de
posast & affermast par serment, a scauoir s’il auoit es
cript tel instrument, ou s’il l’auroit soubsigne, & alors
on sarrestra a son dire, & y aura on plus de foy. f
17 Aussi pour plus grande confirmation de ce qui a es
te dict ci dessus, le mesme Innocent adiouste, g & dict
que lesdicts instruments faicts & passez par tabel-
lions

CIVILE. 235
lions, notaires, greffiers & semblables sont dicts actes
iudiciaux & qu’ils sont instruments publiques.
Mais quant aux autres escriptures, elles sont estimées
escriptures priuées, mais ceci est seulement selon
18 Innocent, au lieu preallegue. Mais si la coustume
estoit qu’on n’adioustast point pleine foy a tous instrume
nts publiques, en ce cas, a eux seuls deuroit
on attribuer foy. Mais si la coustume & practique
portoit, qu’on d’eust adiouster foy a toutes escriptures,
toutes telles escriptures feroyēt aussi pleine foy
suiuant ladicte coustume encores quelles ne fussent
faictes & passees par main de notaire ou greffier. h.
19 Et pourtant, la coustume commune, toutes escriptures,
cedulles, & telles lettres obligatoires que personnes
priuees font & escriuent de leurs propres
mains pardeuāt le Iuge, sont tenuz & estimez instrumēts
publiques, & font pleine foy, mesme sans tesmoins.
20 i Mais on pourroit en cest endroict deman
der assez pertinēment, a scauoir si les papiers esquels
les negociations ou contracts ou Baux & c. qui s’escriuent
par notaires, ou greffiers ou semblables, s’ils
ont aussi la force & efficace d’instrumēts publiques?
21 Vous verrez la response a ceste demande. k ou est cō
tenu que tels papiers, ausquels les negociations contracts
& c. sont escripts & faicts par tabellions, notaires,
greffiers & semblables personnes publiques,
meritent aussi le nom d’instruments publiques.
22 Mais tesmoins ne sont propremēt dicts instrumēts
publiques. l On pourroit en ce passage amener plusieurs
questions quant a la foy des instruments, a scauoir,
Si vn instrument publicq faict tousiours pleine
foy? Si vn exemple faict foy en quelque temps &
quand non? Si vn protocolle faict quelque foys foys
& quand non? Si on croit a la minute, s’il sourd diuersite
entre icelle & l’instrument, & ainsi de plusieurs
autres points concernans ceste matiere, mais
pourautant que le susdicts C. Lanfrancus faict d’iceux
mention, m a cause de breuete nous laissons a
reciter ces questions, & renuoyons le Lecteur, pout
poursuiure nostre matiere.
a Secundum Inno. in c. Primo ext. de procura.
b vti tenet Bald. referens Innoc. in Autentic. Si quis in
aliquo C. de edend.
c Vt in Autent. Ad haec C. de fide instru. & ibi hoc tenet

Bald. Itam tenet Bart. in Autentic. Si quis C. qui pot. in
pig. hab.
d secundum Innoc. in c. Primo extr. de fid. instru.
e Vt in c. 2. extra de fid. instru. & voluit gloss. in l. 2. in
Primò ff. quemadmod. testa. aperian.
f Vt l. Si quis Decurio.C. de fals.
g In d. c. primo.
h Casus est in c. Cum dilectus extra de fide instru.
i Casus est singularis in l. e in arbitris C. de arbit.in
primo, & ibi tenet hoc singulariter Baldus.
k ingloss. in l. notationem. §. instrumentorum ff. de verbo.
fignific.
l Vti latius disputat D. Lanfrancus ab Ariadno. numero

primo, in suo tractatu de instrumentorum fide & productione.
m In d. allegato tractatu de instrumentorum fide &
productione, numeru 10.11.17.18. & c.
CHAPITRE CLXXV.
De Preuue par escriptures priuées.
Sommaires.
1 Quelle escripture est dicte escripture priuée.
2 Escripture priuée regarde quelque foys
Le profit propre.
Le profit d’autruy.
Le profit propre, & celui d’autruy.
3 Ne proue rien, pour le profit propre.
4 Escripture priuée Pour s’obliger, elle faict preuue.
5 Tant pour soy comme pour autruy, elle proue quelque foys, quelque foys non.
6 Liure de contes des marchans font seulement preuue enuers leurs marchans,
auec lesquels ils trafiquent.
7 Liures des marchans de bonne foy sont creuz de tous.
8 Liures de rentes de trente ans sont preuue.
9 Qui confesse son escripture, est soubmis a iugement.
10 Celui qui nie son escripture, doibt estre condanne de calomnie.
11 La confession propre est plus forte qu’un ayde reclame.
12 Par seules escriptures se prouent
Compromis contre arbitres.
commissions d’officiers.
Priuileges.
Appellations d’Interlocutoire.
13 Priuez, est de petite efficace.
14 Obligation non causée, enuers
Marchans est valide & lie.
15 Exemple d’obligation non causée.
16 Contre non causation.
17 Exception
Contre cedulle, se doibt proposer au commencement.
18 Friuole, requiert nantissement.
19 Escripture priuée, missiue & liure de comptes font preuue.
20 Escripture priuée est de troys sortes
Cedulle.
Liure de comptes.
Lettre missiue.
qui quelques foys font preuue
Plene.
Demipleine.
Nulle.

V 4 21 Quand

236 LA PRACTIQVE.
21 Quand la cedulle faict pleine preuue.
22 Liure de comptes faict preuue contre soy.
23 Lettre de comptes faict preuue contre soy.
24 Escripture niée requiert estre confrontée auec autre.
25 Quand & en quelles choses les lettres se doiuent conferer.
26 Ne requierent iour & lieu quant a la substance d’eux.
27 Escriptures obligatoires
28 Requierent iour & lieu
Quant au deuancement de temps.
En legitimation.
Nous auons au chapitre precedent veu de
l’escripture qui est publique, & de linstru
ment publique, reste maintenant a declarer
1 quelques points des escriptures priuees. Escriptures
doncques sont celles lesquelles aucun a escrit
de sa propre main, ou a signees de son seingmanuel
2 acoustumé, ou qu’il distinguees en troys manieres.
Car d’icelles les aucunes en y a qui sont escriptes
pour le profit particulier d’aucun a scauoir, pour
ceux mesmes qui les escriuent, aultres sont escriptes
tant pour ceux mesmes qui les escriuent, comme
3 pour aultres aussi semblablement. Or ceste escripture
la, que quelqu’un a escript pour soymesme
ne faict nulle preuue en la cause propre ou profit
particulier d’icelui, ou prouue aucune chose
pour ce lui qui la escripte si ce n’estoit qu’icelle escri
pture fust corroboree par deux ou troys tesmoins,
4 Mais lescripture qu’aucun escript pour vn aultre,
c’est a scauoir, pour le profit d’aultruy en sobligeāt
soymesme, ou bien en se dechargeant, telle escript
ture faict preuue contre lescriuain, soit que cela ce
face pour sobliger, ou bien pour s’acquiter & deliurer.
5 Mais quant a lescripture laquelle aucun escrit
ou a escript, partie pour soy, & partie pour autre,
vne escripture ne faict quelque foys preuue. &
quelque foys non, selon la qualitè ou condition de
6 lescriuant. Car les liures de comptes des marchans,
lesquels iceux marchans escriuent & gardēt
pour eux & pour autres, tels liures font bien preu
ue entre les marchans auecques lesquels ils contrac
tent & font leur trafique & marchandise, mais nō
pas auecq aultres qui ne contractent rien auec eux

Ce neant moins si le marchant estoit estimé person
7 ne honeste & veritable, & qui seroit acoustume
descrire a la verité & qu’il eust tousiours este tenu
loyal & droicturier: dauantage qu’il eust escript le
liure & la derniere clausure de sa propre main, ou
qu’il eust escript la cause & pourquoy il est ainsi, alors
on adiouste foy a son liure & est creu de tous.
8 Pareillement liures de rentes roolles, papiers brouillarts,
sont aussi escriptures priuées & toutesfoys
quād le Seigneur a receu ses rentes sur iceux liures
par lespace de trente ans sans contredict daucun, ils
font preuue, & sont tenuz pour autentiques. Il est
9 ainsi que lescripture priuee porte beaucoup de preiudice
a celui qui lescript, car s’il venoit a recognoitre
son escripture en iugement, il seroit lors conden
nable a payer, ou bien s’il vouloit dire quelque cho

se contre icelle, il seroit condanne a nantir ou consigner
la somme contenue en sadicte escripture, cō
me tantost nous monstrerons ci apres en ce mesme
10 chapitre. Que s’il aduenoit qu’aucun vint a mescog
noistre & denier sa telle escripture & cedulle, &
que puis apres il apparust manifestement & verita
blement, quelle auroit este & seroit sienne, alors il
seroit incontinent de droict condennable & punis
11 sable de calomnie a la discretion du Iuge. Consequemment
les preuues qui se font par lettres (comme
nous auons dict ailleurs) ont tousiours moins
de force, que les depositions de tesmoins, qui les sur
passent de beaucoup. Et aussi les coustumiers qui
sont es consistoires & cours des fiefs maintiennent
& afferment, vne propre & iudicialle confession
preceder vn ayde allegue, & estre plus forte que
12 toutes preuues. Il y a toutes foys plusieurs choses
qui ne se peuuēt autremēt prouer sinon par lettres,
comme sont compromis, contre arbitres, commissions
dofficiers, choses debatues, priuileges, appella
tions dinterlocutoires, & plusieurs autres actes
13 semblables. Escriptures priuees, cedulles, ou seings
qui contiennent obligation sans cause, de droict
sont ou de nulle importance, ou de bien petite efficace,
& pourtant elles n’obligent point. a Or on en
tend que escriptures obligatoires ou obligations ne
font causées ou biō sont sans cause, quād la cause do
l’obligatiō n’est en icelles exprimèe, a sçauoir si c’est
pour prest, ou pour achapt de vin, ou autre marchan
14 dise, ou pour autres causes semblables. ce que toutes
foys i’estime se entendre sainement, a sçauoir , si
n’estoit que l’ordonnance ou coustume du lieu en
disposast & ordonnast autrement, comme a Bruges
en Anuers, & es autres villes esquelles y a multitude
de marchans. Car en icelles est estable & ordonné,
que sur vne escripture priuée, cedulle, chirographe,
ou obligation non causée, ou qui ne contient aucune
15 cause de l’obligation droict se face. Comme pour
exemple. Soit Pierre Songecreux marchant qui ou
a Bruges ou en Anuers ait vne escripture priuée,
comme vne cedulle, chirographe, ou obligation de
Iean le Noir, contenant que ce Iean le Noir doibt
audict Pierre Songe creux, & est oblige lui payer
la somme de mille liures de gros monnoye de Flan
dres, sans faire plus ample specification des causes

dont telle debte est procedée: Pour vray telle obligation,
combien qu’elle soit simple & non causée,
vault audict lieu.
6 Et pourtant ne deuroit estre oui le debteur oblige,
si estant appelle en iugement, pour confesser
ou nier son seingmanuel, il venoit a proposer ceste
exception contre telle cedulle obligatoire, en disant
quelle ne contiendroit nulle cause, & que
pource elle seroit inualide sans effect & nulle, suiuant
ce chapitre trescommun, Si cautio: & que
pour ceste raison le creancier Demandeur doibt estre
declaré non receuable, a sçauoir en vertu de

ceste escripture, cedulle, seingmanuel, ou obligation
non causee. En ceste exception di – je,
le debteur Iean le Noir ne deuroit estre oui, ains
deuroit estre incontinent contraint a confesser
ou nier son escripture, seingmanuel, obligation,
ou signature.
Et

CIVILE. 237
Et s’il la confesse, & qu’il ne die autre chose, ou sache
dire que l’obmission de ladicte causation, sans
qu’il puisse alleguer aultres exceptions contre selle
cedulle obligatoire, alors l’acteur demandera que le
Defendeur confessant soit condanné a payer icelle
somme contenue en ladicte cedulle ou escripture.
Et lors suiuant sa confession incontinent & sur le
champ il est par le Iuge condanné au payemēt de ladicte
somme, sans aucune consideration, si la cause
du deu est exprimee esdictes lettres ou non. Toutesfoys
17 si ledict Defendeur vouloit pretendre & op
poser ladicte exception, ou quelque autre que ce fust
contre ladicte cedulle, ou mesme cōtre toute la dedemande
du Demandeur, ce la lui seroit licite, a scauoir
de la proposer au cōmencement, pourueu qu’il
l’aye toute preste, mais s’il n’estoit appareillé, il demandera
au Iuge iour pour proposer ladicte exception,
lequel le Iuge ne lui deniera point, ains lui assignera
pour ce faire, selon la coustume, le temps de
troys iours, ou plus brief ou plus long, selon sa discre
tion, & selon l’exigence de l’affaire. Et si lors le
Defendeur dedans ledict temps prefix ne produist
son exception, il n’i a doute qu’il sera condanne a la
somme contenue ne son seingmanuel, ou escripture
18 & es despēs. Ou bien si le Defendeur propose quelque
exception qui ne releue, vaine & friuole, il sera
nonobstant sa defense condanné par le Iuge, a consignation
& nantissement, & seront les despens reseruez
a la definitiue. Puis la consignation faicte &
fournie, sera au Defendeur loisible, proceder & plaidoyer,
tant qu’il lui plaira, & qu’il verra lui estre vtile,
& iusques a la sentence definitiue inclusiuement.
Et entre tant le Demandeur leuera ladicte consignation
d’argent, en baillant caution deue. Laquelle
ordonance puis plusieurs années en ça a este publiée
a Bruges, puis en Anuers, & fermement & constam
ment obseruee & gardee iusques a huy, en faueur
19 des marchans. Ainsi doncques, toute escripture prouee,
laquelle est escripte ou signee de la main d’aucun,
& principalement qui est causee. Item lettres
missiues, & mesmes les liures de cōptes, font foy &
preuue en iugement, comme vous pourrez voir, b
lez Panormitain, ou plusieurs points sont amplemēt

expliquez & declarez quant aux preuues de tels instrumēts
obligatoires auecques diuerses distinctiōs.
Et telles distinctions met aussi Lanfranc c en son
traicte traicte ci allegué, ou il dict qu’il y a de troys
20 manieres d’escripture priuée. La premiere est vne
preuue euidente qui est par la partie baillee a l’autre
partie. La seconde escripture est appelle le liure de
comptes. La tierce est vne lettre missiue enuoyee
de l’absent a l’absent, de laquelle nous auons dict ci
dessus. De toutes lesquelles & chascunes d’icelles,
nous auons a traicter & expliquer en cest endroict.
21 Et premierement de l’apodixe ou la demōstratiue.

Demande donc Lanfrancus. Si la demonstratiue
faict pleine preuue. Il respond distinctement ainsi.
Ou le debteur confesse qu’elle a este escripte par sa
main, & alors elle faict pleine preuue, ou bien il nie
qu’elle ait este escripte de sa main, & quāt & quāt il
nie le cōtenu en icelle. Et est aussi en cest endroit ve
soing de distinctiō, car telle escripture a ou soubscriptiō
de la partie, ou des parties, ou biē auecques la soub
scriptiō du Defendeur, il a aussi la soubscription de
troys tesmoins, qui cognoissent & tesmoignēt icelle
escripture ou soubscription estre du Defendeur: oi
biē il n’a soubscriptiō d’aucun tesmoin, mais toutes
foys iceux tesmoins se trouuerēt presens a la soubscri
ptiō ou signature du debteur, ou ils lōt veu ainsi quil
escriuoit telle cedulle, ou ils l’ont veu soubscrire, & a
lors telle demōstratiō ou preuue euidēte preuue cer
tainemēt. d Ou telle escripture a la seule soubsriptiō
de tesmoins qui ont soubscript au non du debteur,
ou qui ont este presens & ont assiste au debteur quād
il subsignoit, & ou cas qu’ils en eussent este troys, tel
le escripture feroit la preuue demipleine, auecques
l’exhibition & collation des autres lettres. e Ou bien
telle escripture n’a aucune soubscriptiō de tesmoins
& n’en peult on faire la collation ou comparaison
auecques nulle aultre escripture siēne, & qu’il ne s’y
est trouue aucūs tesmoins a voir escrire ou soubsigner
ladicte demonstration ou preuue par le debteur
alors elle ne faict preuue aucune, ains seulement on
22 en pourra recueillir vn tel quel iugement. f Et de
la seconde escripture, a sçauoir du liure des comptes
il dict. Ou le liure s’escript par le debteur escriuant,
& alors il faict contre soy pleine preuue, & pour soy
ne prouue rien. g Mais ce dernier vient a faillir es
choses qui dependent de la franche volonte de celui
qui escript, par ce que lors elles font aussi foy
pour soy. h On en peult mettre exemple en la protestation
qui depend d’une pure & simple volonté
du protestant. Item il confirme cela par escripture
pour soy, qui se faict en prenant la possession d’un
heritage. Et quant aux aultres points qui trespropre
ment conuiennent a ceste matieae, & lesquels Ange
met en, i pour euiter prolixite nous les laissons en
23 ce lieu, & renuoyons la le curieux Lecteur. Et quāt
a la troisiesme espece d’escripture, a sçauoir, de la let
tre missiue, laquelle l’absent escript a l’absent, ceci

est a noter, ou qu’elle auroit este escripte par le debteur
ou par vn autre. Si lescripture de ceste lettre auoit
este faicte par le debteur, elle proueroit tresplai
nement. Mais s’elle n’estoit point escripte par icelui
debteur, ains par quelque autre qui auroit escripte
ladicte missiue pour & au nom dudict debteur, &
que neantmoins elle eust vn tel quel signe ou marque
d’icelui debteur soubscripte, ou le signe du deb
teur y appose & imprimé en son nom & requeste,
ceste lettre missiue ainsi escripte & soubsignée, feroit
vne vraye preuue, k Car le signet ou cachet est
de grande vertu & efficace pour faire qu’on ne doi
ue douter de l’escripture, comme le tesmoigne Balde,
qui ainsi le note. l. Mais si icelle missiue n’estoit
signee ou cachete d’aucū signet ou cachet, ni munie
de son seingmanuel, & que debteur niast quelle fust

escripte de sa main, ou qu’il l’eust enuoyee, donc
doibt on auoir recours aux comparations ou
collations de lettres, laquelle comparation si elle se
trouue conforme, elle faict pleine preuue. m Au reste
pourtāt que nous auons ici touche quelques points
de la collation & confrontation qu’on faict des lettres,
il ne sera point hors de propos d’adiouster enco
res ici en brief, comment & quand, & en quelles escriptures
de lettres comparation se doibt faire, mais
& le temps & les affaires publiques nous appellent
ailleurs. & pourtant nous renuoyons le benin lecteur
a M. Alexandre de Imo. n En quelle maniere
il se proue par tesmoins qu’aucun ait escript telle es
cripture, voyez par lui mesme. o Auquel lieu il decla
re bien a plein, a scauoir quand comparation de
lettres a lieu. p Item, quand aux escriptures priuees,
on peult demander si en telles escriptures priuees
est requis qu’en icelles soit note le iour, le lieu, quant
& ou

238 LA PRACTIQVE.
et ou elles auroyent este escriptes, a quoy fault respō
dre en peu de paroles, & dire, qu’en tant que cōcerne
la nature du contract, il nest point necessaire, que le
iour ou le lieu y soit apposé, q. Car pour faire la preuue
d’une debte, il nest requis ne iour ne lieu. r Mais
pour prouer vne priorite ou posterite de temps, declaration
expresse du iour y est du tout requise, par
ce que sans telle declaration, la certainete du temps
requise ne peult venir en euidence, s Auquel lieu ci
allegué Ange adiouste qu’il y a vn cas singulier, auquel
le iour & lieu de l’escripture priuee sont substance,
cest a scauoir en la legitimation des enfans na
turels. Et pourtant en lescripture de ceste legitimation,
le iour & lieu y sont requis. Aussi allegue il la vn
aultre cas. t
a Iuxta vulgatissimum ac tritissimum c. Si cautio extra
de fid. instru. cum similibus iuribus.
b apud Panormitanum in c. Secundo extra de fid. insiru.
c Lanfrancus ab Ariadno in d. suo tractatu de fide instru.
d Vt in Autentica.Si quis C. Qui potio in pig. hab.
e Vt in Autentica. Et si contractus C. de fid. instru.
f Ita sustinet Bald. in l. Nuda ff. de donat. & in l. Admo
nendi ff. de iureiurand. Et Iason Maynus in sua aureo.
repetitione d.l. Admonendi ff. de iureiuran. in columna 75.
cum 7. sequent. vbi summarie & notabiliter tractat apodixae
priuatae materiam.
g Probat gloss. in l. Quaedam in §. nummularios ff. de edent.
& sacit text. in l. Exempl. & in l. Rationes C. de pro
bat. & in l. Cum de indebito § fina ff. de probat.
h vt in l. Nesennius Apollinarius ff. de nego. gest.
i Angel. in d. l. Quaedam in §. nummularios ff. de eden.
k vt in l. Si contra per calumniam C. de Epifco. & cleri
l In l. in bonae fidei C. de reb. credit.
m Secundum Bartol. in d. l. admonendi, & in d. l. Nuda:
n D. Alexand. de Imo. in suis consiliis, consilio 76. per to
tum, maxime in 2. & 3. columnis. in 3. parte & in Consil.
84. in 1. colum. in 3. parte. & in Consili 12.2. eadem parte.
o In d. consilio 74. in 2. columna in verbo. 7. declaratur
extr. de fide instru.
p Et D. Lanfrancus in d. suo tractatu. de instrum.fid. &
productione, folio in libro meo 212. num. 59 & 60.
q Et hoc pacto intelligitur l. Cum tabernam §. Idem
quaefiit. ff. de pignorib. Ita entelligit Cynus illum text. in l.

Optimam C. de contrahend. stipula.
r Vt in l. Publia in fine ff. depo.
s Et ista est distinctio notabilis Angeli in §. Si quis in
Auten. de insteument.
t in l. Quantum verò in Auten. Quib. mod. natura efficit.
legit. Vide quoque de his D. Alexan.de Imo. in fuis consiliis
consilio 70. in 5. colum. in 3. parte, & in consilio 76. in
4. colum. cadem parte, & in consilio 132. in 2. colum. in 4.
parte.
CHAPITRS CLXXVI.
De Productions de Lettres.
Sommaires.

1 Lettres de preuues se doiuent exhiber en presence de tesmoins.
2 On doibt permettre aux parties la copie des lettres exhibées.
3 On doibt permettre a la partie copie de la clausule extraicte auec la veue de
tout l’original.
4 On doibt permettre a la partie copie d’une clausule du testament, auec la veue
de tout le testament.
5 Le Greffier qui denie copie a la partie doibt estre a ce contraint par vn
compulsoire.
6 Quand les lettres originalles ont este vne foys exhibées, le producteur les peut
retirer a soy.
7 Qui ne sont escriptes par soy est puni de faulx.
8 l’Exhibant lettres faulses
Qui sont escriptes par soy, ou faict escrire, est puni plus asprement.
1 Nous auons dict que lettres & escriptures
priuees & publiques ont grande force de
faire preuue es iugemēs, Mais telles lettres
ne se doiuent exhiber & bailler simplement, ains cō
petemment. Car telles lettres lesquelles nous voulons
exhiber pour faire preuues, se doiuent seulemēt
exhiber en iugement deuant la partie adiournee, &
en presence d’icelle estant adiournee & presente,
ou pour le moins appellée & declarée & mise en
contumace. Et en telles productions de lettres, la
partie (si elle y est premierement, ou par procureur)
requerra copie de lescripture originalle exhibee, laquelle
ne lui pourra estre deniee. Car il doibt par icelles
cognoistre ce qu’elles contieunent. si le conte
ne en icelles est vray, si elles ne contiennent, point
de vices ou faulsetez, & afin qu’apres icelles entendues
& cognues, il voye ce quil veult respondre. Et
2 pour ces raisons la partie doibt anssi auoir copie entiere
des lettres exhibées, mais a ses despens, principalement
quand le produisant les produit toutes en
3 tieres. Ce que i’ay ci adiouste, non sans cōsideration,
par ce que quand la partie ne produit sinon vn extraict
seul, ascauoir vne seule clausule des lettres ori
ginalles, en ce cas, partie aduerse doibt seulement auoir
la veue des lettre & sceaux d’icelles, auec la lecture,
4 & la copie de cest extraict exhibe sans plus. Pareillement,
es matieres de testaments, suffist produire
article ou articles competents de la donation ou
lay, sans qu’il soit necessaire produire tout le testament
ou codicilles entierement. Toutesfoys, si partie
aduerse desiroit & vouloit voir tout le testamēt
ou codicilles entierement, il lui doibt estre monstre,

& lecture lui en doibt estre faicte entierement, toutesfoys
on ne lui deura donner copie de tout le testament.
Es quand les Iusticiers, Greffiers, clercs, ou
semblables refusent monstrer & bailler copie des tes
taments ou originaux ou leurs protocolles ou registres,
a ce que la partie en prenne les extraicts ou copies,
alors doiuent ils estre contraincts a ce faire, par
lettres de compulsoire, pourtant que tous actes sont
& doiuent estre communs a l’une & l’autre partie,
de maniere qu’ō ne doibt nier copie a nulle dicelles.
Apres.

CIVILE. 239
Apres doncques que la production des originaux
est vne foys faicte en iugement, icelui mesme producteur
pourra de rechef demander lesdictes lettres
originalles, les retirer a soy & garder, & sera toutes
foys tenu en laisser au proces la copie autētique denement
collationnée & signee par le Commissaire,
en presence de partie aduerse comm’il apertient.
7 Au reste, s’il aduenoit qu’aucun en ses productions
se voulust ayder de faulx instruments ou autres escriptures,
cedulles chirographes, ou obligations que
le Defendeur n’eust faict ni soubsigné, icelui est puni
de peine de faulx, principalement s’il sçauoir que
telles lettres fussent faulses. Mais non pas si asprement,
ni si rigoreusement, que s’il les auoit faictes
ou falsifiées. Si est ce neātmoins qu’oultre ceste punition
8 il perd encores sa cause. Mais si le mesme
producteur tout a essient & calomnieusemēt auoit
de sa main cōtrefaict, escript, ou soubsigné lesdictes
lettres, ou qu’il les eust faict fraudulentement escrire
& soubsigner par vn homme incognu, tel producteur
deuroit estre plus rigoureusement puni de pei
ne de faulx.
CHAP.

240 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CLXXVII.
De la Preuue qui se faict par euidence de Faict
& par Veue.
Sommaires.
1 Es choses Notoires l’ordre de droict n’y est requis pour faire preuue.
2 Le crime qui est notoire au Iuge, n’a besoin de l’accusation de celui qui est
offense.
3 Crimes
4 Ciuils
Viennent en cognoissance du Iuge par la veue.
Il aduient quelques foys, que le faict est si euident,
& manifeste, qu’il n’eschet point qu’il s’ē
face quelque preuue au Iuge, a sçauoir, quand
le Iuge mesme de ses yeux propres a veu le faict,
car alors la cause lui est toute euidente & notoire,
de maniere qu’il n’en requiert ni demande autre
preuue pour en auoir plus ample cognoissance du
faict. a Aussi semblablement, l’euidence d’un crime
commis n’a besoin du cri de l’accusateur pardeuant
le Iuge, ains pourra icelui Iuge proceder sur ce qui
lui est notoire, sans accusation de personne. b
3 Et tour ainsi que ceste cognoissance vient par le re
gard au crime, aussi est elle cognue certaine par la
veue es choses ciuilles. Car tout ainsi qu’un oultrage
ou grand ou leger se faict certain par la presence
du Iuge, & regard d’icelui, de maniere qu’il n’a besoin
d’autre preuue de tesmoins. Et tout ainsi qu’une
blessure grieue ou legere faicte par quelqu’un en
son corps, est rendue plus certaine & plus euidente
4 par le regard d’icelle playe, pareillement, par le regard
de la personne, sa vieillesse, sa ieunesse, sa debilite
sa maladie est a la verite notoire au Iuge & apparāte,
de sorte que pour la preuue d’icelles il n’a des
ormais mestier de plus ample preuue. Et ainsi doibt
on iuger de toutes autres choses qui viennent a estre
au Iuge manifestes par le propre regard, & desquelles
pour ce il ne requiert preuue plus ample, cōme aussi
sont differents de limites qui se terminent & decident
par la seule veue de lieu. Item de telle qualité
sont lettres, ou seingmanuels, ou signatures, sepulchres,
epitaphes, & toutes aultres choses cognues
& certifiees la veue & regard du Iuge.
a c. Euidentia extra de accusat.

c. Ad nostram 3. extra de iureiuran. & l. Prima ff. de
vent. inspicien.
CHAPITRE CLXXVIII.
De Preuue qui se faict par Presomption.
Sommaires.

1 Presomption faict quelque foys preuut.
2 Qu’est presomption.
3 Qu’est de presomption selon Goffrede.
4 Exemple de presomption d’un bon enfant & d’un preudhome pour l’aduenir.
5 Des presomptions, l’une est
Temeraire.
Probable.
Vehemente.
Necessaire.
6 Qu’est presomption temeraire?
7 Charite Chrestienne n’est point souspeçonneuse.
8 Exemple de presomption temeraire.
9 Quelle est la presomption temeraire.
10 Exemples de presomption probable.
11 Presomption probable faict vne preuue demipleine.
12 Quelle est la presompcion violente.
13 Par cohabitation auec celle qui est suspecte.
14 Par deuis & manieres lasciues & s’affres.
15 D’Ignorance, quand n’apparoist de science.
16 Que le mari vict, s’il n’apparoist de sa mort.
17 Il se presume violentement
Que l’obligation a este faicte auec consentement, iusques a ce qu’il apparoisse
du contraire.
18 Qu’aucun est home de bien, tant qu’il apparoisse de sa mechanceté.
19 Qu’aucun est bon ayant este engendre de bons parens.
20 Qui a vne foys este mauuais.
21 Qu’aucun est mauuais
Qui hante auec les mauuais.
22 Qui porte armes defendues.
23 Vn enfant masle estre nay auant la fille.
24 Il

CIVILE. 241
24 Que l'enfant a este esteint auant la mere en vn naufrage.
25 De fraude, quand aucun vend le sien sans necessité.
26 Que le voisin sçait la puissance de son voisin.
27 Que la femme sçait les faicts de son mari.
28 Que la femme est femme de celui auec qui elle habite.
29 Il se preuue violentement
Qu’aucun est idoine, tant qu’il apparoisse du contraire.
30 La femme estre trespassee deuant son mari, tant qu’il appere du contraire.
31 Que quelqu’un est frenetique qui la este quelque foys.
32 Que la femme a conceu d’un autre home, quand elle enfante l’onziesme moys
puis le trespaz de son mari.
33 Aucun estre faulsaire, qui vne foys a vse de faulx instrumens.
34 Que le tiltre est s’il n’appert du contraire.
35 La presomption violente esmeut grandement le Iuge.
36 Qui est la presomption de droict ou necessaire.
37 Qu’il y a mariage es paroles de futur quād la copulation est ensuiuie.
38 L’espoux auoir consenti au mariage conditional, la copulation ensuiuant.
39 Qu’il a consenti au mariage, quand il habite auec la femme.
40 Le droict presume
Qu’un Prestre est fornicateur s’il habite auec celle qui est suspecte.
41 Que les enfans sont a l’home & a la femme, auecques lesquels ils demeurent.
42 Celui estre heretique qui se sent des heresies.
43 Qu’il s’est rendu volontairement proses, tant qu’il appere du contraire.
44 Presomption de cinq manieres en la loy. Is quifidem.
45 Le Iuge ne se doibt trop appuyer sur les presomptions.
46 Des presomptions l’une est
A laquelle on s’arreste simplement.
A laquelle ou s’arreste tant que le contraire soit proue.
A laquelle on ne se peut aucunement arrester.
1 Pourtant qu’es chapitres precedents nous auons
succinctement traicte des vrayes &
pleines probations, lesquelles nous auons
monstre se faire par tesmoins & instruments, reste
que nous traictiōs quelque peu de la presomption,
laquelle faict quelque foys pleine preuue, & aucunesfoys
demipreuue. Et afin que ces choses soyent
mieux esclaircies, il fault premierement mettre ici
2 la definition de presomption, & monstrer d’ou pro
cede icelle de laquelle nous parlons, & combien il y
a d’especes d’icelle. Presomption est doncques tout
argument que ce soit & iugement pour croire quel

ques chose par preuue d’autre. baillant foy ou opi
nion de foy. Comme pour exemple. Quand person
nes qui sont suspectes habitent ensemble, il se presu
3 me qu’il y a copulation charnelle. a Mais telle presomption
a peu d’efficace pour incertaine. Et pour
tant elle est generallement definie par Godefroy en
ceste maniere, presōptiō est preuue pleine ou demipleine
d’aucū faict douteux par quelque Iugemēt. Ou
c’est vne maniere dōt on recueille ou cōpirēt la ver
te par les circonstāces, & est ceste apprehensiō quel
quelque foys certaine & aucunesfoys incertaine, &
pourtant faict elle quelque probation certaine &
4 telle foys incertaine. On en peult prendre l’exēple. b

Auquel lieu on allegue, l’exēple de presōption d’un
bon enfant qui est pour estre home de bien a l’aduenir:
Lequel est de ceste maniere. C’est enfant oit
volontiers les sainctes predications, il est studieux
& amateur de l’escripture saincte, obeissant a ses pa
rens, facile a tous, debonnaire, de bonne meurs, il
n’est point hautain ni opiniastre, il hante volontier
les bons & doctes personages, fuit la compagnie
des mauuais comme vne peste, desprise toute manie
de ieux, & suit tous exemples de vertuz & bonnes
meurs, donc par ces signes & indices on comprent
& presume certainement. que c’est enfant est d’une
bonne nature, & qu’il sera a l’aduenir homme de
bien. Mais toutes presomptions ne sont pas tant cer
5 taines & euidentes que ceste ci est, Et pourtant est
a noter qu’il y a quatre especes de presomptions car
il y a presomption temeraire, presomption lui est
probable, autre qui est violente, & autre laquelle est
necessaire, desquelles nous dirons par ordre. Doncques
la presomption temeraire ou legere, est celle
qui sourd de causes legeres, a scauoir de mauuais
6 hommes ou volages, ou autrement de causes legeres
& de nulle importance, comme si on auoit veu
vn home hanter ou deuiser vne foys ou deux auecques
vne femme, & que par cela on vint a en conce
uoir mauuaise & sinistre opinion de mal, ceste presomptiō
seroit temeraire & indigne, car il a y doute,
a quelle cause il auroit conuerse auec elle. Et pourtant,
en choses douteuses vn bon coeur prent tousiours
bon pied & faict bō iugement, c suiuant ceste
7 sentence de sainct Paul. Charite Chrestienne est be
nigne, elle n’est point enuieuse, elle ne pense mal
& c. Et pourtāt fault il tousiours interpreter les cho
ses en la meisleure part, d comme aussi est contenu
en plusieurs aultres textes, qui mōstrēt qu’on doibt
tousiours prendre & interpreter les choses douteuses
8 a bien, tellemēt que si quelqu’un voyoit vn Prestre
qui embrassast quelque bourgeoisette, on tient
qu’il fault presumer qu’il faict ce pour cause bonne
& de vertu, a scauoir, pour lui donner sa benediction,
ou bien pour l’enhorter a s’amāder & prēdre
meilleurs meurs par vn baiser de vertu qu’il lui bail
le. e Mais comme sont les manieres de viure de ce
temps, f on n’adiouste pas au iourd hui tant de foy
aux Prestres, & est ceste excuse chauue notee,

comme celle qui est bien souuent trompeuse.
Voyez ci encores autres exemples de presomption
temeraire, Si quelqu’un void vn ieune fils & vne
ieune fille deuisans & se iouans ensemble quelque
part, il presumera follement, si pour cela
il vient a auoir quelque souspeçon de paillardise.
Ou s’il void vne belle & excellente dame estre
vestue plus honorablement que de coustume,
& estre plus braue & miste quelle ne souloit, ou
X qu’elle

242 LA PRACTIQVE.
qu’elle soit ornee d’āneaux, de perles ou chaines d’ or
& semblables, & que de la il vienne a recueillir ou
presumer, quelle auroit acquis tels ornemens & parures,
ou par larcin, ou par auoir abandōne son corps
ou par quelque autre gain deshoneste, de vray telle
presomption & suspition indue sera temeraire & in
consideree, & trop legere & debille, pourtant est el
le a bon droict deboutee, comme celle qui ne deuroit
esmouoir le coeur du Iuge. g Car aussi le iuge
qui est sage & prudent, mesprise & deboute toutes
9 semblables presomptions. Touchant la presomptiō
qui est probable on vniuerselle, cest celle la qui est
du Iuge, & laquelle le Iuge recueille par indices. Or
10 ceste presomption sourd & se produit de plusieurs
causes & snspitions, & se fault tenir & arrester a icel
le, iusques a ce que le contraire soit proue, comme
quand le defendeur apres exceptions peremptoires
propose les dilatoires, le Iuge presume lors qu’il fait
cela pour calomnier, & pour harceller & trauailler
son aduerse partie. Item. Si ce bien fut quelque foys
au pere, il se presume qu’il est maintenāt a l’heritier
Ou a rebours. Pierre que voici possede maintenant
ceste chose qui premierement fut a Iean, donc il se
presume que Pierre est fils ou heritier de Iean, Et
ceste preuue auant que la preuue du contraire, faict
vne probation demipleine. Dauantage, elle induit
aussi purgation, mesme quand le bruit croist & saug
11 mente. h Presomption violente est celle qui sourd
12 d’une preuue qui est vray semblable & d’efficace. Et
pourtant elle s’apelle presomption de droict, a scauoir
que le droict par presomption violente presume
13 la chose estre ainsi, comme s’il appert que la signature
soit cancellee, ou qu’elle fust rayee d’un trait
de plume, cela presume que le debteur est quitte. i
14 Item, il se presume violemment, que quelqu’un a
cognu ou sa femme ou celle d’autruy. s’il a habite
long temps auec elle, combiēn que persone, ne les
eust veu couchez ensemble, & qu’il n’i eust nuls en
fans d’eux. Item, c’est vne forte presomption & violente,
si qu’elqu’un est trouué tout nud auecques
vne feme nue, couchās seul a seul en vn lict, car lors
on presume violentement qu’il y a paillardise com
15 mise, ou adultere, & c. k Item si quelqu’un auoit par
troys foys admoneste vn aultre, qu’il ne parlast auec

ques sa femme, & que par apres il le trouast parlant
auec elle, il y a vne violente suspition de mal, tellement
que par icelle, il le peult liurer au Iuge pour estre
16 puni. l Ainsi le droict presume tousiours ignorance
ou il n’appert point de science & celui est tou
siours presume ignorer, qui ne peult prouer de sa
science, m Item le droict presume que le mari de
17 quelque femme vict, tant que sa mort soit notoire,
voire quand ores il y auroit doute, & ce iusques a cêt
18 ans. n Item le droict presume quelque obligation
estre faicte auec consentement & franche volonté,
s’il n’appert de la contraincte & violence faicte.
19 Item vn chascun est de droict presume bon & hom

me de bien, s’il nappert de sa malice, ou qu’il soit pro
20 ue mauuais. o Aussi est celui presume bon qui est ys
21 su de tousiours mauuais, qui vne foys a este mauuais
22 en mesme espece de mal & delict. q Item. Qui
conuerse auecque, les mauuais, on presume qu’il est
mauuais, car il suffist a ce qu’aucun soit presume
mauuais, & qu’il soit comme suspect deboute, s’il
est proue conuerser auecques les mauuais. r Itē celui
23 qui porte armes suspectes, est presume auoir mauuaise
intention. s Auquel lieu ci allegue voyez le tex
te ou est traicte de ceux auquels est defendu porter
armes, & de quelle peine ils sont puniz: De ceste ma
tiere & du port d’armes, & de quelle peine ils sont
punizyoyez. t Item, Quand deux enfans masse & fe
24 melle naissent d’une vētree, le droict presume que le
masle soit n’ay le premier, s’il n’appert du contraire,
Ou ainsi. Si du ventre de la mere naissent ensemble
fils & fille, & il n’apparoisse lequel soit nay le premier,
on presume que le masle est premier nay. v
Et la raison est, pourtant que le masle est presume
25 plus fort. Item, Au naufrage de la mere auecques
l’enfant ō presume que l’ēfant a este premier mort. x
Auquel dieu ci allegue le texte dict, Si la femme auec
ques son sils encores enfant est perie par naufrage,
on croit que le fils a este premier noye, a cause de
son aage plus imbecille, car si le fils estoit la grand
& parcru en l’aage de puberte, & qu’ainsi il eust este
noye auec sa mere, adonc on presumeroit que la
mere auroit este la premiere morte, pour ce que son
fils ia grand seroit tenu le plus fort. y Ceste distinction
ci doibt aussi estre gardee quant au pere & au
fils qui seroyent morts par ensemble. z . Mais si le pere
& le fils sont egaux quant a la force, aussi sont ils
26 presumez estre morts par ensemble. aa Item. Quand
quelque debteur donne ou vend tous ses biens sans
necessite ou contrainte, le droict presume qu’il le
27 faict pour defrauder ses creanciers. bb Item ou presu
me que les voisins sachent la puissance, secrets, faits
& vie de leurs autre voisin. cc Item on presume que
28 la femme scait les faicts de son mari. Et semblablement
les parens & cousins sont presumez cognoistre
les faicts de ceux qui leur sont conioints & alliez.
29 dd Item lez ceux qui sont incognuz, la femme
est presumee femme de celui qui la traicte comme
s’elle estoit sa femme, cest a dire, si quelqu’un a vne

femme en sa maison, & qu’il la traicte & entretienne
tout aisi que si c’estoit sa vraye femme, pour vray
30 elle doibt aussi estre presumee sa femme, ee Item vn
chascun est presume idoine si n’est qu’il soit monstre
de son insuffisance ou inidoneite. ff Pareillement,
on presume de quelqu’un qu’il soit digne, s’il n’est
proue estre indigne. gg Item. Il se presume que la
femme est premieremēt trespassee que le mari, quād
on est en doute lequel des deux est premier decedà.
31 hh Item Quelqu’un est presume maieur, si ce n’est
32 qu’il soit proue mineur, Item. Aucun est presume a
tousiours. ii frenetique, lequel l’a autrefoys este. kk
33 On presume aussi qu’une femme a conceu d’un autre,
laquelle a enfante onze moys apres le trespas

34 de son mari. ll Cousequemment. Quelqu’un est pre
sune estre faulsaire qui vne foys s’est seruy en iuge
35 men d’une escripture suspecte. mm Aussi d’un tiltre
putatif on presume bonne foy, si ce nest qu’il apparoisse
quelque autre presomption au contraire. nn Et
36 ne se presume point bonne foy, si elle n’est alleguee
en iugement par la partie. oo Pource que probation
de bonne foy est du faict & de courage, pourtant
doibt elle estre alleguee auāt qu’il y puisse auoir pre
somption. pp Item le droict presume par tout bōne
foy s’il n’appert du contraire. Et pourtant ceste
presomption, peult esmouoir le Iuge & le faire flechir
es cas ci dessus recitez, a ce que par ces choses
considerees, il soit incline a deliurer & a prononcer
choses iustes & equitables. qq
37 Quant a la quarte espece de presomption, nous auons
dict quelle est presomption necessaire, qui est
celle

CIVILE. 243
celle que communement ils appellent presumption
de droict. Ceste ci a telle efficace quelle induist vne
pleine preuue, & quelle esmeut le Iuge a prononcer,
& qu’elle ne reçoit point de preuue au contraire
Or elle est dicte presomption de droict, pour autant
que le droict, par les circonstances d’icelles pre
sume grandement que la chose est necessairement
ainsi ou qu’elle n’est pas ainsi tellement que pour
vne telle presomption, le Iuge ordonne droict sur
38 icelle & prononce la sentence: Comme pour exemple:
Si quelqu’un a contracte auec aucune mariage
de futur, & qu’apres ceste promesse & contract il
l’ait cognue, en ce cas, le droict ordonne presumptiuement
qu’il y a vray mariage contracte, & que
pour ce faict ne fault receuoir ou admettre aucune
autre probation. Car puis qu’ainsi est qu’il l’a cognue,
& qu’il y a en paroles de futur au precedent, il
sentend presumptiuement quelle a consenti a cest
acte. comme par l’effect du mariage futur, combien
qu’il n’ait plainement contracte auec icelle par paro
39 les de present. r Item le droict presume que l’espoux
consent au mariage, qui a pris femme en mariage auec
condition qu’il la cognoistroit charnellement.
Car adonc le droict presume que le consentement
des deux y est, & pourtant est ordonne que tel mariage
30 se garde. s Item le droict presume que la fille
qui est mariee contre sa volonte, a toutesfoys consenti
au mariage. quād elle a permis quelle fusse cog
nue de l’home, & qu’elle commence d’entretenir sa
41 famille auecques lui. Dauantage, le droict presume
que le prestre est fornicateur & concubinaire, quand
il tient en sa maison vne femme laquelle est suspecte,
car par l’habitatiō des personnes qui sont suspect
tes ensemble, on presume qu’il y ait cōpagnie charnelle,
42 comme nous auons dict ci dessus. t En oultre,
le droict presume que les enfans apertiennēt a l’ho- &
a la femme quand icelui & sa femme nourissans
43 par en ensemble leur famille habitent ensemble. Item
le droict, Canon principallement, presume icelui es
tre heretique, ou bien amateur de heresie ou d’opinions
heretiques, qui garde riere soy & en sa mai
son liures dheretiques, & que d’iceux il se vante &

glorifie publiquemēt, ou recite le contenu en iceux
en louāt & fauorisant, ou celui qui se sent d’heresie.
Ce que i’adiouste ci, a cause de ceux qui mettent
peine de les auoir, ou afin descrire contre iceux, ou
bien pour les lire, afin que seulement ils cognoissent
ce que lesdicts liures contiennent, sur quels ar
guments & escriptures ils sont fondez, non pas
pour les imiter, ou se laisser seduire, mais a celle fin
44 qu’ils les confutent. Suiuant propos, Quand quelque
moyne qui est rendu profez, se complaint de la
force & violence que lui ont faict ses parens, disant,
que contre son gre & volonte il est entre au monastere,
il y a grande & vehemente presomption au
contraire: Car par ce mesme qu’il se confesse estre
profez, le droict presume que tout s’est faict & celebré

par le cōsentemēt d’icelui, iusques a tāt q’on
profere quelque preuue au contraire. v Laquelle
glose met en auant cincq manieres de presumptions,
comme le lecteur studieux pourra voir audict
45 lieu. Vous trouuerez pareillemēt plusieurs & diuers
exemples de ces presomptions, & en plus grand nōbre
que ceux que nous auons ci deduit, par tout lez
les Docteurs, & par especial, vers le Speculateur au
46 mesme tiltre. Mais auant que ie face fin de ce chapitre,
ie veux que le Iuge soit diligemment admoneste
de ne se trop fonder sur icelles presomptions, ains
qu’il considere diligemment quant au reste tous les
autres points & circonstances, auant que descendre
a definitiue, & afin qu’auec meure deliberation il sen
queste premierement de tout, auant que par suspitions
presomptiues il prononce aucune sentence, &
que tousiours il soit plus fauorable a la cause du De
fendeur que non a celle du Demandeur. x Et afin
que par imprudence en n’erre en ces presomptions,
il fault noter ceste triple distinctiō de presomption.
47 y Car il y a presomption qui est telle & si certaine
& vehemente, qu’il s’y faudroit du tout tenir & arrester,
encores qu’aucun prouast le contraire contre
icelle, comme si vne femme auoit faict paction de
son dot. z L’autre est telle qu’on s’arreste sur elle,
iusques a ce que le contraire soit proue: comme si
quelque chose auoit este au pere, on presume aussi
qu’elle est a l’heritier d’icelui. a L’autre est telle
qu’on ne doibt aucunement s’arrester a elle, si ce
n’est qu’elle n’ait aydes qui soyent adioints, telle
qu’est la preuue qui se faict par instrument priué. b
a c. literis extr. de presumpt.
b Ex c. Ex studijs extr. de presumptionib.
c c.1. Corint. 13. d Secundo extr. de reg. iur.
e c. Absit 11.q.3. & c. Inscripturis 96. distinct.
f teste D. Alci. in suo iudic. processus compen. ti. de. presū.
g c. Primum 2.q. & c. licet, Heli extra de simonia.
h vt c. Si quis de gradu ext de purga. cano. vide lat. Spe.
i l. Si chirographum ff. de probat.
k c. literis extr. de presump. l In Autent. vt lic. mat.
vel auiae. § his quoque colla. 8. Facit ad hunc §. c. Si quisquam
ext. de cohabit. cleri. & mulier. vbi tract. latè de hac
mate. suspicionis. Et Auten. Si quis ei C. ad l. Iul. de adul.
m l. verus ff. de probat. & §. Quod autem institu. de lega.
n l. fin. C. de sacrosanct. Eccle. o Guido Papae in suo

tract. de presump. nu. 37. & Laurent. de Rodol. in suo tractatu
de vsur. nu. 4. p l. Si seruus communis §. Qui
mancipia ff. d. aedil edict. q c. Semel malus, de reg. iur. li.
6. iuncta ibi. gloss. in verbo. Semel malus. vbi huius exemplae
varia ponuntur, & l. Si cui §. 21. hisdem. ff. de accusat. &
plene de hoc per Bart. in l. Non solum §. Si plures ff. de no.
oper, nunciat. & in c. Scribat extra de presumptio.
r l. Si plures §. Si pares ff. de administrat. tutor.
s vt notat. Bald. in feudis, in titu. de pace tenend. & eius
violatorib. in §. Si quis Rusticus. & ibi vide text.
t vide quae plene dixit & conscripsit D. Guid. Pap. in deci.
curiae Parlamenti. q. cccc.xxiii. v l. Si fuerit §.
fin.ff. de reb. dub. x l. Inter socerum ad principium ff. de
pact. dotalib & l. Si mulier. ff. de reb. dub. y l. Cum pubere

ff. de reb. dub. z l. Qui duos. §. Cum in libello &
§. Si Lucius ff. de reb. dub. aa l. Si hi qui inuicem ff. de
donat. cau. mort. Ita decidit gloss. in verb. infantem & in d.
l. Inter socerum ff. de pact. dotal. bb l. Omnes §. Lucius
& §. Qui omnia ff. Quae in fraud. credit. cc c. Quofdā
& ibi per Doct. ext. de praesumpt. & l. Si vicinis C. de nupt.
& c. Paraius versic. Princip.23.q.1. dd vt dicit Andr.
de Isernia in libro seudorum in titu. de natur. success. feud.
circa finem. ee vt pronatur in c. Illud extr. de presumpt.
ff c. finali ext. de presump. gg Seruus ff. de manu testa.
hh Per gloss. in l. Si possessor. ff. de relig. & sump. funer.
ii Not. glossa in c. In presentia extra de probat.
kk vt probatur l. Ambiguitatis C. de vfufruct. ll vt in
Auten. de restit. & ea quae parit. §. Mulier & vide. probari
in l Galles, in primo ff. de liber. & posthu. mm l. Iubemus
C. de probat. nn In l penult C. de praescript. long.
tēp. et point D. Ioā. à Grassis in c. Si diligēti ext. de praescri.
oo vti notatur in §. Aliae institut. de actionib.
X 2 pp secun-

244 LA PRACTIQVE.
P Secundum Bald. in feudis. in titu. Si de feud. contro.
fuer. In c. Si quis per xxx.
q c. Dixit Dominus 32.q.1. & l. Filium ff. de his qui sui
vel alie. iur. sunt & c. literis extra de presumpt. nisi probetur
contrarium.
r c. Is qui, & ibi in exemplis notatis extra. de sponsalib.
s in c. de illis extr. de desponsat. impuber. & c. Per tuas
extr. de condit. apposit. not Speculator. in titu. de praesumpt.
in c. vnic.
t c. literis extr. de praefumptio.
v vide notabilem glossam pro hac praesumptionis materis
in l. Is qui fidem in verbo, contra presumptionem, extr.
de sponsalib. & matrimonio.
x De his itaque vide Speculatorem, & signanter D. Fui
donem Papae in suo tractatu. De presumptionibus iuris tan
tum, & de iure.
y Cuius meminit glossa super rubr. C. de probationib. &
presumpt.
z vt l. prima in principio C. de rei vxo. act.
aa vt l. Siue possidetis C. eod.
bb vt l. Instrumenta C. eodem.
CHAPITRE CLXXIX.
De la Preuue qui se faict par Serment.
Sommaires.
1 Serment a grand efficace pour faire preuue.
2 Volontaire.
3 Troys manieres de Serment
Necessaire.
4 Iudicial.
5 Serment faict en Iugement se peut recuser.
6 Serment necessaire, se faict
Par default de meilleure preuue.
Pour se purger.
Pour examiner le proces.
7 Serment
Ne se defere a personne, quand la preuue est nulle ou pleine.
Se defere au Demandeur, ou Defendeur en preuue demipleine,
Se defere au Defendeur, quand parties ont semblables preuues.
8 Si la preuue est pleine ou demipleine.
9 En deferant le Serment le Iuge doibt obseruer
Si la demie preuue est
Fameuse.

Non fameuse.
10 Quelle des parties prouue plus certainement.
11 Les qualitez des personnes.
12 Le Demandeur qui craint qu’on ne defere au Defendeur le serment, alleguer a
que le Defendeur lui est a ce suspect.
13 Le Serment se defere par la personne principalle, & non par le procureur, si
ce nestoit & c.
14 Le Demandeur peut deferer le serment au Defendeur sur tout le libelle.
15 Le Demandeur peut deferer le serment pour vne partie du libelle, & pour
l’autre preuue.
16 Le Iuge defere le serment au Demandeur qui preuue demi pleinement.
17 Si le Demandeur ne prouue rien, ou qu’il ne prouue demipleinement, le
Defendeur est absout.
18 On se rapporte au Serment du Defendeur, quand les deux parties prouent
egallemeut.

19 On se rapporte au serment de celui qui a este despouille, quant au domage.
20 A quelles choses le Iuge doibt auoir esgard auant qu’il defere le serment.
21 Quel est l’effect du serment.
1 Il ni a celui qui ne confesse que le sermēt a gran
de force & efficace pour prouer quelque chose.
Car la religion Chrestienne faict de tous vn tel
iugement que nul home ne iurera autre chose que
ce qu’il pensera contenir verite, si ce n’est qu’il soit
peruers & mechant, ou qui du tout n’a soin ne cure
aucune d’obseruer les commandemens de Dieu,
comme celui qui est contempteur de son propre salut,
attendu qu’il iure dire verite sur peine de per
dre la gloire celeste. Dōcques pour plus ample decla
ration de ce sermēt ou iuremēt, il conuient scauoir,
qu’il y a troys manieres de sermēt, il conuient scauoir,
qu’il y a troys manieres de sermēt, c’est a scauoir, V o
2 lontaire, Necessaire, & Iudicial Iuremēt volōtaire est
celui que la partie defere a sa partie volontairemēt,
3 soit en Iugement ou hors Iugemēt. a Iurement necessaire
est celui que le Iuge mesme defere a aucū,
& mesme le contraint a tel serment faire. Et pourtant
ame ne peult recuser tel iurement, s’il n’i a iuste
4 cause d’excusation. b Iugement iudicial est celui que
la partie defere a sa partie en iugement, & par l’appro
5 bation du Iuge. Ce iurement ne’est point necessaire
a ce quon le face veu qu’il peult librement estre refu
se. c Et ne faict rien a ce que iadis on ne le pouoit
refuser, ains le failloit faire. d pourtant que ceste coustume
la est ores abolie, & & est a chascun permis refuser
faire le serment. Mais celui qui ainsi le refuse esbranle
grandement sa cause, & semble qu’il recognoisse
6 la verite. Quant au reste, le serment necessaire
se faict coustumierement pour troys causes.
Premierement, quand il s’offre a quelqu’un par
default de meilleure preuue. Secondement,
quand on le defere a quelqu’un pour se purger.
Tiercement, quand on le defere pour examiner
le proces. e
Mais

CIVILE. 245
Mais il fault noter en ce lieu. qu’on ne peult pas
tousiours deferer le serment, ni en toutes choses
ni en toute cause que ce soit. Car quand il n’i a du
tout rien qui soit prouè, ou quand il est toutalemēt
ou pleinement proue, alors ne doibt on se raporter
au serment d’aucun. Mais quand on a proue demiplainement,
alors auecques ceste demie preuue on
se rapporte pareillement au serment du defendeur
ou Demandeur a la discretion du Iuge, afin que ce
serment accomplisse, & rende certaine & pleine ceste
demie preuue. Mais quand le Demandeur a vne
probation pour soy, & que le Defendeur en a aussi
vne pour soy, alors on se doibt rapporter au sermēt
du Defendeur, & non pas du Demandeur pour ce
que le Iuge doibt tousiours estre plus enclin a absoudre
& deliurer qu’a condanner. f Quand donc
est question que le Iuge defere le serment a quelqu’un,
8 il doibt auoir esgard a quarte choses. Premie
rement, si le Demandeur proue quelque chose plai
nement, ou demiplainement, ou rien, comme desia
9 nous auons dict. Secondemēt, scauoir si la ques
tion & cause de la preuue demipleine est ou crimi
nelle ou ciuile, ou puremēt spirituelle. Car si la cause
est criminelle, le Iuge ne doibt deferer le serment
au defendeur. g Pourtant qu’es causes criminelles
toutes préuues doiuent estre tresclaires &
ouuertes. h Et si la cause est ciuile, ou elle est fameu
se ou non fameuse. Fameuse, comme est action de
dol, de larrecin, d’iniures, cause de crainte, & cause
pour laquelle aucun est de droict infame, ou par
sentence dōnee, quoy qu’on ait en icelle agi & pro
cede ciuilement. i Et pourtant en ceste cause ciuile
fameuse, le sermēt ne se defere point au Defendeur
quoy que parties le requierent, a ce quau Defendeur
ne soit donne occasion de se periurer, pensant
& voulant euiter l’infamie par tel serment &
pariurement. k Car la cause est fameuse & de grand
poids & importance on ne defere facilement le
serment. l Ou bien elle est petite & legere, & lors
on laisse a l’arbitre & discretion du Iuge de deferer
le serment ou ne le deferer, a ce que par la considera
tion des choses & persones il decrete & ordonne
ce qui lui semblera iuste. Mais si la cause est purement

spirituelle, comme cause de moinerie ou mariage,
adonc le Iuge ne peult deferer le serment par
faure de preuue. Mais si elle n’est purement spirituelle,
10 alors le peult il bien deferer. m Pour le troisiesme
point, le Iuge doibt bien diligemment aduiser
& prendre garde quelle des parties semble plus cer
tainement & clairement cognoistre & prouer la ve
rite: Et de la vient qu’on doibt principalement deferer
le serment a celui du faict duquel est question
n Car au faict d’autrui ou en la cause des aultres on
ne doibt point deferer iurement a ce qu’occasion
11 douteuse ne soit donnee de se pariurer. o En quatriesme
lieu, doibt le Iuge considerer la qualite des
personnes, scauoir est, laquelle est meilleure, laquelle

est plus digne, & celle qui semblera estre plus certaine
& de meilleure foy pour confesser verite, pour
12 a icelle deferer le serment. p En oultre de Demādeur
doibt en faisant serment bien prendre garde a ce
point, c’est a scauoir s’il void ou craint que le sermēt
(suiuant l’office du Iuge) ne soit defere au Defendeur,
q que lors il lui pourra fermer & clorre le chemin
de faire le serment, disant ledict Defendeur lui
13 estre suspect quant a ce iurement. r Dauantage est
a noter que celui mesme auquel apertient le negoce
en propre nom peut deferer le serment. Mais non
pas le procureur d’icelui, sinon en troys cas Le procureur
di – ie peult seulement deferer le serment en
troys cas, scauoir est s’il a charge ou mandement especial
pour ce faire, s’il est donne comme en son
propre faict & chose, & s’il a libre & generalle com
14 mission ou administration. s Voire qui plus est, le
Demandeur peult deferer le serment a sa partie sur
tout le libelle entierement, & aucunement l’establir
19 Iuge sur icelui, Et si le libelle du Demandeur est tel
qu’il contienne diuerses parties, & faicts diuers, alors
& en ce cas pourra le Demandeur pour vne par
tie se rapporter au serment de sa partie aduerse, &
pour lautre partie offrir preuue, & lors est la partie
16 obligee de iurer de la partie lui offerte. Mais si le De
mandeur peut prouer sa demande demipleinemēt,
scauoir est auec vn seul tesmoin, ou qu’il la prouue
auec vne autre demi preuue tant seulement, & que
le Defendeur ne prouue rien de son coste, alors le
Iuge defere le serment au Demandeur pour le supplement
& ayde de la preuue demipleine, de sorte
que ceste demie preuue soit confirmee & rendue
17 pleine par serment. Et au contraire, Quand le Demandeur
ne prouue rien, ou ne prouue point demi
plainement, alors le Defendeur est absoult encores
qu’il neust rien proue ou rien faict, & n’ est le Demā
deur admis a prester aucun serment: Car quand l’acteur
ne proue rien, pleinement ou demipleinement
le Defendeur est absoult, combien qu’il n’enst rien
baille ou fourni de sa part, & est ledict acteur ou De
mandeur condanne es despens. t Mais quand l’vn
18 & laultre, tant Demandeur que Defendeur prouuent
auec vn seul tesmoin ou auec autre demi preu
ue tant seulement, alors le serment est rapporte au
Defendeur, pourtant que le Iuge doibt estre plus

prompt a deliurer ou absoudre, que non a condanner,
19 comme nous auons ia souuent dict. Et quand
le Demandeur a este volle ou pille en vne forest ou
en la mer, & qu’il a proue de la force & violence qui
lui auroit este faicte, le Iuge lui fera estimer son do
mage & ce qu’il a perdu par son serment, cest ascauoir
il iurera en la cause ou au proces. En toutes ces
20 matieres & autres semblables, le Iuge doibt obseruer
plusieurs points, comme nous auons ci deuant
dict, a scauoir la nature de la cause, de quelle importance
elle sera grande ou petite, Item de quelle foy
& loyaute sont les tesmoins, a quelle des paries on
deura adiouster plus de foy. Ou laquelle partie prouera
plus fermement, & approchera plus pres de la

21 verite, & plusieurs autres choses semblables. v Or
quel est le propre effect de ce serment, duquel nous
auons traicte iusques ici vous le pourrez voir. v
a de quo in l. Iusiur andum ff: de Iureiur and.
b l. Generaliter C. de iureiuran. & l. Mandante ff. eod
titu.
c l. Delata. C. de iureiur.
d Vnde vide gloss. in c. fin. extr. de iureiuran.
e Argu. §. Item si quis. Institut. de actionib.
f vulgata l. Arrianus ff. de actionib. & obligat. concordat
c. Veniam nunc & ibi gloss. in verbo. Si faciendum
35.q.9.
g l. finali. C. de probat. & c. finali extra de iureiuraend.
h l. Dolum C. de delo. c. Sciant cuncti. 2.q.8.
I vt l. prima ff. de his qui not. infamia.
k Sed de his vide Speculatorem libr.2. partic.2. Rubrica
de iura. dilatione.
X 3 l l. Le-

246 LA PRACTIQVE
l l. Legitimos ff. de legit. tutorib.
m Vide hic latius Speculatorem.
n c. Videtur ibi. Qui enim melius, extr. qui matri. accu.
poss.
o Vt ibi & l. Vide amus in primo ff. de in lit. iurand. &
l. Iurisiurand. §.2. de iureiurand.
p d. l. Legitimos ff. de legit. tutorib. Vide Specul. Rubr.
de iura. delat.
q Vt c. finali. extra. de iureiuran.
r l. Non omnes §. de a barbaris ff. de re milita.
s c. Qui ad agendum in fine de procura. lib 6.
t tritissima l. Qui accusare C. de eden. & vulgata. l. Se
cunda quam frequenter all gant Aduocati, tam in iudicijs
quam extra iudicia. ff. de probatio. cui concordat gloss. in c.
Bonae primo, extr. de elect. Facit k. frustra & l. Actor. C. eodem
titu. de probat.
v Vt notatur in gloss. in verb. Decidi oportet, in l. In bonae
fidei C. de reb. credit. & iureiur. ad finem.
x Apud D. Iasonem §. Item si quis instit. de actio.
CHAPITRE CLXXX.
De la Preuue Demipleine.
Sommaires.
1 Par vn seul tesmoin irrefutable.
2 Deux tesmoins preud hommes font pleine preuue.
3 Par bruit ou renommee publique.
4 Par escripture priuee.
5 Preuue Demipleine se faict
Par fuitte.
6 Par affirmation de contrainte.
7 Par collation d’escriptures.
8 Par iugemens, qui ainsi apparoissent au Iuge.
Pourtant que iusques ici nous auōs faict men
tion de la preuue pleine & demipleine, com
me nous auons monstre ce qui faict la preuue
pleine au. 178. chapitre, reste que traictions aussi
quelque chose de la preuue demipleine, pour la cognoissance
de quoy est a scauoir qu’il y a plusieurs ma
1 nieres de preuues demipleines, Et premierement
la preuue demipleine se faict par vn tesmoin non
reprochable, a Et qu’un tesmoin non confutable fa
ce la preuue demipleine, il appert par ce que deux

tesmoins non reprochables & surpassans toute ex
2 ception, font la probation toute pleine. Et pourtāt
par semblable raison ledict seul tesmoin peut seulement
faire la preuue demipleine. b Secondement,
elle se faict par vn bruit & renommee commune,
principalement quand & ladicte renommee procede
de personnes honestes, & par indices apparants &
non pas par vn oui dire & bruit de ville, lequel est
3 le plus souuent faulx. c Tiercement elle se faict par
escripture priuee ou domestique, laquelle non seule
mais auecques aultres aydes est valable & faict preu

4 ue demipleine. d Quartemēt par fuitte. e Cincquies
5 mement, quand aucun dict qu’il est contrainct en
6 la Ville, & pourtant que ce n’est vray semblable, il
7 ne fait seulement que la preuue demipleine. Sixiesmemēt,
par collation d’autre escripture, delaquel
le ne se prent pleinemēt la preuue, ains le Iuge prēt
aussi souuent preuue demipleine par presomptions
& indices, comme a este dict ci dessus. g
a l. Theopompus ff. de dote praeleg. l. 1. §. finali. ff.
Quemadmodum testa. aperi. & l. Si duo ff. de iureiurand.
b Atque ita tent glossa in verbo decidi oportet versus
medium C. de reb. credit.
c l. In bonae fidei C. de reb. credi. concordat. c.2. circa
finem extra de probat. cum glossa prima.
d l. Instrumenta C. de probat.
e In Autentic. de collato. & de alijs capitulis collat. 9.
§. Super hoc, & §. Si quis autem & c. Nullus, extra de
praesumpt. & c. Decernimus 3.q.9.
f In Authent. de Instrumento. caut. & fide. §. Si verò
moriantur & §. sequicolla. 6.
g Sed vide hic Speculatorem qui optime tractat. Et
gloss. in verbo Decidi oportet, in d.l. In bonae fidei C. de reb. cerdit.
CHAP.

CIVILE. 247
CHAPITRE CLXXXI.
De Conclurre sur les Faicts principaux.
Sommaires.
1 Qu’est Conclurre sur les faicts principaux.
2 On conclud quelque foys sur le principal
Sur productions de tesmoins seulement.
&
Sur productions de tesmoins & tiltres tout ensemble.
Qvand l’une des parties ou toutes deux ensem
ble deliberēt sursoir les preuues de leurs faicts
& qu’elles n’ont desormais plus que prouer, alors
l’une des parties, ou toutes deux ensemble concluēt
tout le negoce traicte en la cause, & aussi sur les faicts
1 principaux. Car conclurre sur les faicts principaux
est renoncer a toutes aultres productions, ou prendre
iour pour reprocher les productions, & ce en diuerses
2 manieres. Car les parties concluent quelques
foys seulement sur les productiōs des tesmoins sans
pluralite, & puis ils font les productions des tiltres.
Et quelque foys aussi ils concluent sur tout par ensemble
tant sur les productions des tiltres que tesmoins,
& apres ne produisent rien dauantage.
CHAPITRE CLXXXII.
De la Publication des Attestations.
Sommaires.
1 A scauoir si on doibt publier aux parties les attestations des tesmoins.
2 Attestations se publient aux parties ou le droict escript a lieu.
3 Pour faire vne attestation il fault faire adiourner les parties.
4 On doibt permettre aux parties, auoir la copie des attestations.
5 Parties qui n’opposent rien aux attestations sont deboutees.
6 Attestations ne se publient pour le iourd’huy
Ou on Iuge selon la coustume.
Au Conseil de Maelines.
Au Conseil de Flandres.
Au Parlement de Paris.
7 Attestations se publient en aucuns lieux en causes reelles.
8 Ceux de Hollande & de Brabant ont faict requeste que les attestations se
publiassent a l’auenir.
9 Qui font les Estats de Hollande & Brabant?
10 Requeste des Hollandoys & Brabançons pour impetrer la publication des
attestations.
11 Sert pour auancer la iustice, & decide plustost les proces.
12 Publication d’attestations
Incite plus facilement les parties a accorder.

13 Ne porte point de domage mais beaucoup de proufit.
14 Le Roy consulte les requestes auecques diuers Conseils.
15 Les causes narrées ne sont certaines.
16 Les allegations ne font prouees.
17 Il en pourroit sortir grand inconuenient.
18 Que pour cause de ce peu se deporteroyent de proceder.
19 Les Conseils deconseillent la publication pourtant que

Que pour cause de ce les proces se finiroyent plus tard.
20 Que pour icelle les tesmoins se corromproyent plus tost.
21 Que les informations se facent deuement.
22 Que pour l’aduenir qui est incertain on ne doibt laisser le stile
qui est en vsage.
X 4 Les

248 LA PRACTIQVE
23 Qu’il permette le priuilege soubz forme d’experience.
24 Qu’il permette le priuilege iusques a reuocation.
25 Les conseils conseillent au Roy
Qu’apres les publications on ne permette plus autres informations .
26 Que les informations soyent impetrées auant litiscontestation, & soyent ouies
par les conseillers.
27 Le Roy delibere ce qui a este consulte auec ses gens.
28 Response du Roy aux requestes de ceulx d’Hollande.
29 Response du Roy aux requestes de ceulx de Brabant.
1 I’ay dict au chapitre precedent que les depositiōs
de tesmoins ne se doiuent publier ou communiquer
aux parties, a cause des perils qui en pourroyēt
sourdre, mais cela a seulement lieu en quelques endroicts,
& pareillement en quelques causes priuées.
2 Car es pais ou on se gouuerne & que iustice s’administre
par Droict escript, ils ont vsage du publier
les information ou attestations, & aux deux parties
est communique la copie de toutes les attestations,
de maniere que exceptions ne se donnet d’une &
d’autre part moins contre les tesmoignages, que cō
3 tre les tesmoins mesmes. Mais quand le Iuge voudra
publier telles attestations, il fera premierement
appeller les parties par edict & commission d’adiournement:
Car parties n’estants appellées, le Iune
doibt decouurir ou publier aucune chose de ce
qui a este depose par les tesmoins. a Mais apres qu’il
aura fait adiourner les parties a cest effect, il leur bail
lera terme pour retirer sa copie des attestatiōs, instru
mēts, munimēs, obligatiōs, & de tous actes & productiōs,
a fin que s’ils sçauent quelque chose qu’ils
cōtredisent, baillēt exceptiōs, tant contre les deposi
tiōs & productions des tesmoins que cōtre les tesmoins
4 mesmes, & proposent les causes d’exceptiōs. Laquel
le copie d’attestations & productiōs le Iuge est tenu
communiquer aux parties, b a ce que sur iceux on
dispute. Mais quant aux originaux, ils demourerōt
par deuers le Iuge, Greffier ou Notaire, a ce qu’ils ne
fussent falsifiez, ou bien fussent corrompuz par quel
5 qu’un. c Au reste, si les parties apres telle publication
a eux faicte, & dedās le terme qui leur aura par
le Iuge este octroye pour cōtredire n’ont riē qu’op
poser, ils sont deboutez & le Iuge poursuit en la cau
6 se. Mais en plusieurs contrées qui se gouuernent seu
lement par coustumes, les attestations ne se publiēt

en aucune maniere, cōme aussi elles ne font au con
seil prouincial de Flandres, ni au grand Conseil de
Malines, (comme nous auons dict au chapitre precedent)
ils n’usent point de ceste publication d’at
testations, ce qui semble estre decoulé & procede
du Parlement de Paris, ou aussi on n’use point de
faire telles publications, combien que hors Paris es
contrees & regions qui se gouuernent par coustume
ils vsent de ceste publication, & mesmement es cau
ses ciuilles, car es causes criminelles iamais n’ē vsent
7 & n’a aucun lieu ceste publication. Il y a aussi encores

aultres lieux ou attestations se publient, & principalement
es actions reelles, quand il est question
de quelque tresfond d’heritage, car alors lon baille
& octroys e la copie & publication, mais ce ne se faict
8 es actions personelles. Toutes foys, non obstant les
sentences, vsages, & coustumes de ces Conseils de
Flandres, Malines, & du Parlement de Paris, quant
a ne faire publication d’attestations, neantmoins il
s’en est trouue en ces pais Bas plusieurs, ausquels l’o
pinion contraire a sembla le meilleure, a sçauoir que
toutalement non seulement les noms des tesmoins
mais aussi les depositiōs de tesmoignages fussent pu
bliees aux parties, a fin qu’en ceste maniere les proces
finissent plustost, & plus heureusement. Dont
9 aduint que puis peu dannees en ça, deux estats de
la Comté de Hollande (qui sont la noblesse de Hol
lande & six villes metropolitaines, scauoir est, Dordrect,
Harlem, Delft, Leide, Amsterdam & Gouda)
& pareillement, les troys estats de la duche de Brabant
(qui sont les prelats Ecclesiastiques, les Nobles,
& quatre Villes metropolitaines Louuain, Bruxelles
10 Anuers & Bosleduc) voulurent a nostre Roy Catho
lique & Prince tresclement respectiuement exhiber
requestes, par lesquelles, ils supplioyent humblement
11 sa Maieste quen faueur & pour l’abregement
de Iustice, pour le soulagement & proufis des parties
plaidoyantes, ascauoir pour abreger ces proces pleins
de riottes, & du tout immortels, il lui pleust leur oc
troyer de noueau vn gratieux priuilege en leurs Cō
te & Duche dessusdicts, de faire aux parties publica
tion des attestations, nonobstant que iusques alors,
selon le stile & coustume on eust vse au contraire.
En apres, que ce priuilege eust sa force du temps de
l’octroy en tous proces lors commencez, & en ceux
qui par apres se commenceroyent, encores qu’ils
fussent, tels que reproches & saluations y eussent es
12 este faictes, pour & a ce que ces tesmoignages veuz
& bien consultez partie aduerse vint incontinent a
comprendre l estat de sa cause, vist aussi tost tout a
clair en quels termes seroyent ses affaires, & s’il lui
conuiendroit proceder plus oultre (car es attestations
est l’ame du proces attachee & fichee) ou bien
s’ils feroyent plustost vne bonne & fraternelle trans
action & accord entre eux touchant de leur cause

& proces, auecques vn repos & tranquilite de leurs
esprits, & aussi pour euiter despens innombrables,
lesquels la longueur du proces tire quant & soy,
tous lesquels inconueniens ils affermoyēt se pouoir
fort bien euirer en la maniere susdicte, & que par
le mesme moyen seroit fort bien pourueu a labreuiation
13 de iustice. Adioustās dauantage que tel priui
lege qu’ils requeroyent leur estre octroye, oultre les
commoditez ci dessus declarees nauoit aucun incon
uenient ou preiudice auec soy, ni pour les Iuges, ni
quand aux parties plaidoyantes, ains plustost beaucoup
de proufict pour toute la Republique, & pour
tous ceux qui auroyent a plaider, tellement que si
telle publication ne se permettoit aux parties, ains
que plustost elle vint a estre du tout celee, il sensuiuroit
de la plusieurs incommoditez & preiudices. Ad

ioustans encores dauantage, que ceste publication
estoit plainement conforme auec le droict escript.
Toutes lesquelles choses monstrees, veues & considerees,
ils prierent sa Maieste que son bon plaisir
fust, leur octroyer, & munir de ses lettres & seau vn
priuilege en forme deue de faire aux parties la susdicte
publication d’attestations. Les requestes desquels
14 receues & veues, sa Maieste afin d’en ordonner
plus certainement, auecques grande & prudente
deliberation voulut premierement consulter de
toute

CIVILE. 249
toute l’affaire auecques diuers siens Conseils, a fin
qu’elle ne fust veue legerement & sans consideration
accorder ou denier ladicte supplication. Ayant
donc enuoye lesdictes supplications & requestes a
la Chancellerie de Brabant, au Conseil de Malines,
au Conseil de Flandres, & au Conseil d’Hollande,
& a tous aultres Conseils de ses pais, il leur en demanda
vne prudente & sage sentence resolutiue, &
ce qu’ils determinoyent qu’il deust respondre a telle
requeste. Lesquels Conseils, apres auoir diligem
ment veu lesdictes requestes, & qu’ils eurent par
grande prudence bien considere & examine l’affaire,
enuoyerēt a sa Maiesté, chasque Cōseil apart soy
& tous d’un accord leurs sentences en lettres closes
respondans tous d’un accord, que la cause ne leur
sembloit point telle, que pour les causes qu’ils auoyent
recitées & alleguees sadicte. Maieste y deust
acquiescer, attēdu principalemēt que les causes recitees
en leurs requestes ne sont incontinent telles
15 quelles leur sembloyent pour lors estre, ains que plustost
elles dependoyent d’un futur euenement des
choses, que de l’apparance qu’elles monstroyent de
prime face. Lequel euenement futur on doibt tousiours
tenir pour incertain quel qu’il pourra estre.
16 En partie dependoyent du faict, a sçauoir, si
les choses par eux alleguees sont telles qu’ils les pro
posent, & si ils les prouer ont vrayes. Et pourtant
que leurs allegations ne sont point prouees ni aussi
certaines, ne telles qu’on se peust sur elles appuyer
17 comme sur quelque ferme fondement, ni telles
aussi, qu’il se peust rien monstrer par effect & de cer
tain des incommoditez qu’ils afferment pouoir auenir
par default de la publication d’icelles attestations.
Et pourtant conseillerent a sa Maiesté qu’elle
n’obtemperast a leur requeste, d’autant principalement,
qu’il leur sembloit qu’il n’auoyent propose &
remonstre. C’est a sçauoir, que de la publication des
attestations, il n’aduenoit seulement aucune cōmodité,
ains plustost au contraire plusieurs incommodi
rez & detriments abominables en sourdroyent.
Qui plus est, ils craignoyent que les proces en deuinssent
plus longs, tant a ouir les informatiōs, com
me a faite les reproches, & par especial es lieux, ou

telles abreuiations s’esperoyent pat la publications
des attestations deuant nommées. Car ils disoyent,
que de ceste publication, il ni auroit moins de repro
ches, il ne auroit moins d’informations pour informer
les depositions pour la seconde foys, ou pour
les confuter, qu’a debouter les mesmes tesmoins,
comme par experience ordinaire on void aduenir
18 es Cours spirituelles, esquelles il en y a bien peu qui
apres publication a eux faicte, se vueillent deporter
de proceder plus oultre. Ce qu’ils dient aduenir, ou
par l’obstination des parties, ou du coeur malin de
l’une des parties qui met son estude & effort a esbranler
& ruiner sa partie, par la longueur du temps

& par vne infinite de fraiz & despens par ou elle la
pense principalement enfondree, ce qu’elle ne feroit
si tost, si elle ne sçauoit rien des depositions. Qui
plus est, nous voyōs aussi aduenir en quelques cours
seculieres, & principalement d’Hollande, que cest a
grand peine & contre leur gré, que les parties se de
partent, combien que leurs causes soyent toutes ma
nifestes, & que les informations de tous les articles
auroyent este tresclaires, & que presque ils cognoissent
des tesmoins ce qu’ils auroyent tesmoigne con
tre eux ou pour eux, & qu’ayans este recolez pour
la seconde foys par information ordinaire, ils n’auroyent
autre chose tesmoigne que ce qu’ils auoyent
testifie contre eux en la precedente information.
19 Dauantage que es contrees, esquelles publication
d’attestations a lieu, les proces s’y despeschent beau
coup plus tard, que non es lieux ou ladicte publication
n’est permise. Et quant a ce que les supplians
presumēt, que par ladicte publicatiō il aduiēdra incontinent,
& bien souuent que parties s’accorderōt,
comme ils maintiennent qu’il se faict en quelques
lieux, cela peult estre, se peult faire, es lieux deuant
nommez, ou ne s’intentent point tant de proces, &
par consequent, se definit moins de proces.
Certes, il n’est pas vray semblable, (disent ils) que
cela se face & aduienne par ceste publication la. Et
ne faudroit presumer que les tesmoins laissassent a
tesmoigner librement & franchement la chose ainsi
quelle iroit encores qu’on ne fist publicatiō, qu’il tes
moigneroyent, si la publication de leurs attestations
20 auoir a se diuulguer. Mais au contraire, il faudroit
plustost craindre qu’ayant ceste publication a se faire,
ils se laisseroyent plustost corrompre pour falsifier
leur attestatiō ou la colorer, a scauoir qu’ils coi
ureroyent la nue & simple verite en faueur & pour
lamour des personnes, laquelle palliation & colorement
on ne presumera pas facilement auoir lieu en
vne libre deposition & qui n’aura a estre reuelee, a
raison de la qualite des personnes, ou pour acquerir
21 leur grace & faueur. Mettans finalement ce point en
auant, qu’il n’i a nuls magistrats qui soyent a coustumez
auoir aucun respect aux depositions, s’elles
ne sont preferees par personnes dignes de foy, &
munies de causes deues & de certaine cognoissance
par maniere, que combien que les depositions fussent

publiees a la partie, elles fussent pourtant tant
conformes a la raison & equite que la partie n’auroit
22 qu’elle peust reprocher. Pour les causes ci deuāt reci
tees & aultres que ie laisse ici pour cause de brieueté
& principalement aussi pour les euenemens futurs
voire & incertains, il ne falloit legerement laisser &
se departir de la coustume qui estoit en vsage desia
par plusieurs annees, du stile & practique receue &
approuee, non seulement en Braband & Hollande,
mais aussi quasi en toutes les regions de ceste basse
23 Allemaigne. Les susdicts conseils furent d’aduis, &
conseillerent a la maieste Royalle qu’il ne seroit ne
bon ni vtile, qu’il accordast ausdicts, supplians leurs
requestes pour les causes par eux alleguees, en leur

donnant & octroyāt le priuilege par eux demādee.
Adioustans neantmoins a leur dire, que s’il plaisoit
toutalement a la Royalle Maieste consentir ausdict
estats leur requeste pour certaines causes a ce mouuātes
sa Maieste, que ausdicts Conseils sembloit bō
qu’il leur fist grace de telle permission, auecques res
triction, limitation, & soubz certaines conditions,
scauoir est soub vne certaine forme d’en faire vne
preuue & essay si de la en auant telle permission ser
uiroit de quelque chose, & quel profit elle sembleroit
24 apporter. Ou bien qu’il la leur permette sans
rien definir iusques a reuocation, scauoir est que si
par apres il trouuoit que tel octroy apportast bien
peu de profit, mais plustost beaucoup de domages
& de maux, qu’en ce cas il peust libremēt reuoquer
ledict octroy de priuilege & de rechef restablir le
25 tout en son premier estat. Par tel si toutesfoys, que
dedans le temps de faire ceste experience, sadicte
Maieste defendroit bien estroictement a tous Ma-
gistrats,

250 LA PRACTIQVE.
gistrats, Notaires, & personnes publiques, qu’a requeste
des parties ils ne permissent faire autres certifications
26 ou attestations. Mais si ce pendant les par
ties auant litiscontestation vouloyent faire aucunes
informations precedētes pour memoire du faict a
l’aduenir, que alors ils les fissent en forme de droict,
impetrans a ce commission especialle apertenāt particulierement
a ceste cause, & que ceste inquisition
fusse ouye par les Commissaires, & fusse gardee &
tenue secrette, en lettres closes & signees, iusques a
la future publication qui s’en feroit, ou iusques a ce
que le Iuge pardeuant lequel le proces deura estre
intenté & mené, decreté & decerné qu’il est du tout
27 expedient qu’ainsi se face. Ces lettres & resolutions
des Conseils receues, la Maiesté Royalle les exhiba
en ces Conseils des Estats & finances, & ensemblement
communica auecques ses gens, de ce qu’il seroit
expedient de respondre aux supplians en ceste
affaire. Et comme ainsi fust que lesdicts Estats &
supplians fissent grande instance pour impetrer l’octroy
de leur priuilege requis, & que tous deux,
(cōbien qu’en diuers tems) demandassent le mesme
octroy quasi en mesme teneur de paroles, la Maieste
Royalle respondit aux Estats d’Hollande comme
aux premiers supplians, & leur octroya le priuilege
qu’ils demandoyent quasi en ceste forme.
a l. In causae prima §. Causa autem cognita ff. de minorib.
124. annis & c. Tenor literarum extra de senten. &
re iudica.
b c. Quoniam contra. extra de probat. l. 2.C. vt lit.
penden.
c c. finali ff. de tabu. exhibend. & c. vide ad hanc mateteriam
Speculatorem.
Response du Roy aux requestes des Estats
de Hollande.
Scauoir faisons, que nous veues & considerees les causes
susdictes nous estant enclins aux desirs & requestes des
dicts suppliants, tellement que pour le regard des bons &
loyaux seruices quil nous faicts, amplifians nostre dict
priuilege, lequel a este declare en leur requeste, nous leur
auons permis & octroye, & par ces presentes leur permettons
& octroyons de grace especialle la declaration & publication
de toutes attestations, mesme en toutes causes inde
cises, & en tous & quelconques Estats, tant en nostre susdict

Conseil & aultres Cours, Magistrats & Iusticiers de
Hollande, comme en nostre grand Conseil, & en quelque
maniere que lesdictes causes fussent la deuolues, ou seroyent
deuolues ou par ressort ou par nouelle action. Ordonnans a
a nostre bien ayme & fidelle President & Conseillers de
nostre grand Conseil & a leurs Lieutenans & autres qui
sont de nostre Conseil en Hollande. Item a tous autres Ma
gistrats de Villes & Cours de Hollande, qu’ils s’accordent
& conforment a nostre susdict octroy. Et tout ce soubz les
conditions & reseruatiōs narrees et cōtenues en nos premie

es lettres. Denōçans & mādans en oultre a nostre biē ayme
& loyal Presidēt, & a ceux qui sont de nostre Cōseil d’Estat
& Secret. Itē a nostre grand Cōseil, et outre a nostre Cōseil
d’Hollāde, & a tous autres noz Iuges, & Officiers, a qui apertiendra
que aux susdicts Estats de Hollande supplians
ils laissent & permettent tranquilement & paisiblement
posseder & vser de ceste nostre presente grace, octroy & cō
sentement, accordant soubz conditions, reseruations, formes
& manieres, permettent librement & paisiblement iouyr
& posseder, cessans tous empeschemens & contredicts au con
traire. Car ainsi nous plaist il. En tesmoignage de quoy nous
auons faict seeller ces presentes noz lettres de nostre seel.
Donne en nostre ville de Bruxelles, L’an mil cinq cens
cinquante six, le vingt troisiesme iour de Mars auant Pasques.
Responses du Roy aux Requestes des Estats
de Brabant.
29 Scauoir faisons, que nous meurement considerans
consultans la susdicte supplication des Estats
auecques les causes d’icelle, nous aurions este inclinez a
benignement accorder la requeste desdicts supplians Es
tats de Brabant, & principalement pour la consideration
& regard du loyal & deu seruice par iceux faict
tant a l’Empereur nostre Seigneur & Pere cōme a nous
ayās eu sur ce l’aduis & cōseil, premierement, de nostre
Chancelier et du reste de nostre Conseil de Brabant,
puis des Chefs, President & Conseillers Estats, & Cō
seil priue, & finallement, par la deliberation de nostre
bien ayme et c. le Duc de Sauoye & c. nous interpretant
ladicte requeste, ou amplifiant nostre dict octroy,
demeurāt toutesfoys en sa pleine puissance & vigueur
auons accorde et octroye, et ensemble de grace especialle
par cestes octroyons a iceux, b ouuerture publica
tion et copie de toutes depositions & attestations, voire
en toutes causes decises, & en quelque estat qu’elles
fussent tant en nostre Conseil et Chancelerie comme es
cours feodalles de Brabāt, et aussi en toutes autres Cours
Consistoires, et Magistrats de nostre dition & Duche
de Brabant susdicte, soit quicelles causes eussent seulement
este intentees par nouelle action en premiere instance,
ou quelles fussent a intenter. Et soit quelles fussent
la deuolues, ou par appel, reformation, ou en quelque
autre maniere, ou qui seroyent pour estre deuolues.
En oultre soit quelles fussent es proces non encores deciz,
& seulement concluz en cause & que dicelles on
eust requis droict, ou non. Et dauantage en tous lieux

esquels suiuant la deposition des communs droicts escripts
lesdictes publications & ouuertures seront requises,
& seront trouuees apertenir. Reseruant toutesfoys
& bien entendu que es susdicts proces ia deciz, &
qui toutefoys ne font encores proferez & diuulguez
par sentence, telles publicatiōs requises se permettront
seulement pour sursoir lesdicts proces ou a fin de pacifier
amiablement auecques & entre parties. Par tel si quil
ne leur sera loisible ni par maniere extraordinaire, adiouster
quelque chose dauantage aux attestations publi
ees. Dauantage, que parties demanderont par requeste
icelle mesme publication, aux Magistrats et Iuges par
deuant lesquels les proces sont produits. Lesquels Iuges
octroyans

CIVILE 251
octroyans lors ausdictes parties la publication demandee,
ils leur ordonneront aussi certain temps, dedans lequel ils
pourront ceder la cause, ou accorder auecques leur partie, a
fin que celui temps expire, le Iuge puisse proceder en la cau
se du proces conclud a definitiue & a prononcer la sentence,
comme il sera iuste, & ainsi qu’il apertiendra, mandans &
ordonnans a nostre aymé & fidelle Chancelier & aux Con
seillers de nostre dict Conseil de Brabant, Item au Vicuire
ou moniteur de nostre Court feodalle. Et a toutes autres
Cours Consistoires, & a tous Iusticiers de nostre dict Duche
de Brabant, quils s’accomodent, reglent, & conforment
a nostre dict octroy. Commettans & mandans a nostre dict
Chancelier & Conseillers de nostre Conseil en Brabant.
Item a nostre Vicaire ou Moniteur de nostre court de fiefs,
Maire de Louain, Amman de Bruxelles, Escoutettes d’Anuers
& Bosleduc, & a tous noz autres Vassaux & Magistrats
inferieurs, Iuges, Iusticiers, & officiers de nostre Duche
de Brabant, & a leurs Vicaires & Lieutenants, & a
chascun d’eux en particulier a qu’il apertiendra qu’aux
susdicts Estats de Brabant supplians de l’octroy de ce priuilege,
ils permettent paisiblement posseder & vsurper nostre
presente grace, interpretation, ampliation & consentemēt,
soubz les conditions, formes & manieres susdictes, de maniere
que des lors cessent tous empeschemens & contradictions
au contraire: Car ainsi nous plait il. En tesmoignage
de quoy noua auons a ces presentes faict mettre nostre seel.
Donne en nostre ville de Bruxelles, le vingt sixiesme iour
de Mars, l’an mil cinq cens cinquante & sept.
CHAPITRE CLXXXIII.
De Reproche en General.
Sommaires.
1 Qu’est Reprocher?
2 On reproche
Productions indues.
Tesmoins.
Cedulles ou tiltres.
1 Reprocher en droict, est proposer quelque exception,
ou contre les faicts, ou contre les per
sonnes, ou contre quelques choses, a sçauoir,
alleguer qu’ils ne sont ni deuement ni legitimemēt
faicts, ou que les personnes ne doiuent estre ouies,
ou que les choses sont indignes d’estre admises. Et
pourtant que tout ce doibt estre reietté, & ne doibt

estre receu a faire preuue contre soy. Il y a donc
2 troys manieres de reproches. Premierement, on
reproche les productions, on reproche les tesmoins,
on reproche les tiltres & lettres produittes contre
soy. Et tout ce en deux manieres, a scauoir, par reproches
& contredicts de droict, & par reproche de
faict. Maintenant nous traicterons quelque peu par
ordre de ces troys reproches.

CHAPITRE CLXXXIIII.
De Reprocher Productions.
Sommaires.
1 Qu’est reprocher production.
2 On reproche les production
Qui ne sont faictes en presence de la partie ou procureur.
Non faictes deuant Commissaire establi.
Esquelles tesmoins s’entremettent d’eux mesmes n’ayans este adiournez.
Esquelles tesmoins ne iurent deuant la parties.
Esquelles les tesmoins ne sont examinez a part & separement.
1 Reprocher production, a scauoir de tesmoins
ou tiltres, est quand laduersaire oppose contre
soy telle production, & dict icelle nestre
legitimement faicte & pourtant quelle doibt estre
deboutee & reiettee, ascauoir, pourtant qu’en icelle
deffaillēt ces cinq points ou l’un d’iceux cinq points
qui necessairement sont requis a vne deue & legitime
2 production. Lesquels nous auons dict ci dessus,
au chap. 170, estre ceux ci, ascauoir que toute
productiō se face en presence de la partie ou de son
procureur appelle & a ce adiourne. Itē qu’elle se face
pardeuant les commissaires qui ont a ce mandement
especial & puissance. Item que lesdicts tesmoins
ne comparent deux mesmes, ains seulement
apres auoir este adiournez. Item que les tesmoins ad
iournez & produits iurent en presence de la partie
ou procureur pour icelle de dire verite. Finalemēt,
que les mesmes tesmoins soyent ouiz & exeminez
separement & nullement ensemble. S’il y a faulte
de l’un de ces cinq points, telle production est e bō
droict reiettee par l’aduersaire: Car il alleguera qu’elle
a este faicte, ou partie non appellèe, ou par com
missaires qui nont eu commission ni puissance, ou
que les tesmoins sont venuz d’eux mesmes, & se seroyent
auancez de tesmoigner, & qu’ils auroyent
depose leurs tesmoignages, sans auoir este adiournez,
ou que les tesmoins naurroyēt iure en presence
de la partie, ni est ouiz secretemēt, ni examinez a part
ou l’un apres l’autre separement & choses semblables,
lesquelles productions nous auons ci dessus de
monstre estre non valables & vicieuses es chapitres
163.166,170.
CHAP.

252 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CLXXXV.
De Reprocher tesmoins par reproches de Droict.
Sommaires.
1 On reproche tesmoins
Vacillans.
Qui deposent choses contraires.
Singuliers.
Qui ne donnent causes a leurs depositions.
Qui parlent seulement par ouir dire.
Qui tesmoignent choses impertinentes.
2 Reproche de tesmoins pour depositions illegitimes n’a lieu es Conseils de
Flandres & de Malines.
3 En France on reproche les tesmoins qui sont suspects auant qu’ils ayent faict le
Serment.
Par reproche de la production est ai se a cog
noistre, cōme il fault reprocher les tesmoins
& depositions d’iceux. Car tesmoins de reprochent
par reproches de droict, a scauoir, quand
l’aduersaire dict, que les tesmoins en leurs depositions
vacillent en partie, & qu’en partie els varient
& discordent entr’eux, ou qu’ils deposent choses cō
traires, ou qu’ils sont singuliers, ou quils ne conferment
leurs tpar aucune cause euidente,
ains que seulement ils parlent a la vollee, de ce qu’ils
ont oui dire, & non de choses veues ou certaines, ou
qui seulement ils deposent choses impertinētes, ou
qui ne seruent a propos, ou choses semblables. Car
tels tesmoins auecques leurs tesmoignages sont
tous tenuz suspects, comme ci dessus nous auons
dict es chapitres 163.166.170. Mais il conuient en ce
lieu, scauoir qu’on vse bien peu de ses reproches de
droict au Conseil de Flandres, & encores plus rare
ment an grand Conseil de Malines, ains les parties
se rapportent de ce a la discretion du Iuge, car telles
attestations de tesmoins ne se publient la ni ailleurs,
& ne se comuniquent aux parties, a cause des dangers
qui en pourroyent proceder, & par consequent
les parties ignorent, & ne peuuent scauoir quoy ou
3 comme iceux tesmoins ont deposé. Mais en France
l’usage est de reprocher les tesmoins deuant Commissaires,
auant qu’ils iurent, en tant quils les cognoissent,
& s’ils ne les cognoissent point, alors ils escriuent
leurs noms & surnoms, demandent & obtiennent

iour, a ce que ce pendant ils se puissent informer
s’ils peuuent trouuer quelques choses qui
leur seruent pour faire reproches de tels tesmoins.
Car ou ils ne feroyent cela, ils seroyent deboutez
de faire lesdictes reproches.
CHAPITRE CLXXXVI.
De Reproches de tesmoins par Reproches
de Faict.

Sommaires.
1 Ennemis & partials.
2 Amis, Parens, Cousins, & affins.
3 Les Seruiteurs & familiers de mon aduersaire.
4 Le Preuost ou Receueur de celui qui produit.
5 Rapineur, larron, concubinaire.
6 Coniurateur, Homfemin ou Hermaphrodite.
7 Iuif, infidelle, heretique.
8 Accuse criminellement, condanne d’extorsions.
9 Qui est encore en enfance, muet, sourd, fol, pupille.
10 Personne ecclesiatique.
11 Corrompu par argent, suborné, faulsaire.
12 Tesmoins se reprochent Pouure, leger en foy.
13 Qui a proces en semblable cause.
14 Qu’il a quelque soys tesmoigne contre la partie.
15 Qui a eu querelle contre la partie.
16 Qui a este Iuge en la mesme cause, Assesseur, Procureur, Aduocat.
17 Qui depose par faueur, par hainne, ou par crainte.
18 Qui est deposé de sa dignite, consort du mesme crime, affranchi.
19 Deposans obscurement, negatiuement, ou impertinemment.
20 Ne declarant la cause de son tesmoignage.
21 Tesmoins vacillans, varians, chancellans babillarts.
22 Receuz apres renonciation de production ou auant litiscontestation.
23 Flateur, qui carbine la bonne grace. Personne ville.
24 Tesmoins qui deposent le mesme, & quasi parlent par vne mesme bouche.
25 Qui

CIVILE. 253
25 Qui ne cognoissent les personnes n’aucune chose de l’affaire.
26 Qui discordent du lieu, du temps, & des personnes.
27 De la cause desquels est aussi question.
28 Qui n’ont este examinez a part, & habitent auec les ennemis.
29 Tesmoin lay contre vn clerc, & au contraire.
30 Homicide, infame, & de mechante vie.
31 Tesmoins se reprochent Tesmoin yure, ou depose estant yure.
32 Furieux, ou qui depose en sa propre cause.
33 Qui a cause & veut ensemble tesmoigner.
34 Condanne a faire amande publique ou honorable.
35 Qui depose choses faulses, & recite a l’une & l’autre partie ce qu’il a depose.
36 Qui a vne foys este deliure par le producteur.
37 Qui n’a este prie ou appelle par celui qui produit.
38 Qui reproche vn tesmoin criminel, doibt protester de ne l’iniurier.
39 Nul ne doibt estre reproche de crime si on ne depose le lieu su crime commis,
& de la condemnation.
40 Tesmoins qui excedent le nombre de dix se reprochent comme superfluz.
41 Ame ne peut reprocher le tesmoin qui aura vne foys este produit pour soy,
aduenant qu’il vienne a estre ptoduit contre soy.
42 Tesmoin qui est reproche (quoy qu’il fust vtille, a qui le reproche) si ne lui
adioustera on nulle foy.
43 Tesmoins ouiz ne se reprochent.
Par information precedente
Es proces qui se font sommairement
Es compromis
Es recreances & accessoires
Suiuant l’office du Iuge
1 Tesmoins se reprouent aussi par reproche ou
contradiction de faict. Cest a scauoir, quād
la partie dict que ce tesmoin la qui a porte
tesmoignage contre elle, est son ennemi capital, desi
2 reux de lui porter domage & nuisance. a Ou, qu’il est
grand & singulier ami a celui pour qui il a porte tes
moignage. b. Ou bien qu’il est pere, qui ne peut tesmoigner
contre ni pour son fils, comme aussi ne fait
le fils contre ni pour son pere, combien que l’un &
l’autre le desirast. c Mais en quels cas ces choses nont
lieu, vous le pourrez voir vers le Speculateur, au
tiltre, De teste. Ou, quand il dict que ce tesmoin la
est frere germain ou affin, ou parant de son aduersaire,
ou qu’il est son compagnon ou confedere, &
3 participant en la cause a gain ou a perte. Ou qu’il est
seruiteur de son aduersaire. d Ou qu’il est familier de
son aduersaire, ou domestique, & pourtant doibt il

4 estre debouté. e Ou qu’il est bailli ou receueur du pro
duisant ou mesme son vassal, si ce n’est en matiere
feodalle, qui pour ce est tenu suspect a porter tesmoignage.
Ou qu’il est excommunie, qui en ce cas
ne peut tesmoigner. f Ou qu’il est personne infame
5 ou de legere opinion. g Ou qu’il est larron, repineur
adultere manifeste & aultres charges semblables. h
6 Ou qu’il est concubinaire manifeste, ou incestueux
qui n’est point oui tesmoignant contre l’accuse. i
On qu’il est conspirateur on coniurateur. k Ou quil
7 est hermaphrodite, Ou qu’il est Iuif ou Sarrazin ou
infidelle, ou heretique, qui ne peuuent deposer con
8 tre vn Chrestien. l Ou qu’il est accuse de crime, qui

n’est admis a porter tesmoignage contre aultre en
cause criminelle, si ce n’est es causes criminelles exceptees,
& durant son accusation. m Ou qui par la loy
9 Iulia est condanne dextorsion ou cōcussion. n Ou
qu’il est tel qu’il ne peult tesmoigner, comme femme,
enfant au dessoubz de quattorze ās, muet, sourd
insense, a qui on a defendu l’administration de ses
10 biens, ou qui est intestable, & en puissance du testateur,
ouinstitue heritier au mesme testament. Ou
bien qu’il est moine, ou chanoine regulier, ou conuers,
ou autre religieux soubz obeissāce, qui ce peult
11 tesmoigner sans licence de son superieur, o Ou bien
qu’il est corrompu embouche, ou suborne, cest a dire,
qu’il auroit receu argent, ou en deuroit receuoir,
pour ainsi dire & porter son tesmoignage ou pour
taire la verite. p Ou qu’il auroit este conuaincu &
12 condanne de faulsete. Ou qu’il est pouure, & na
cinquante escuz vaillant, & qui est du cōmun estimé
mechant, home legere, double, car souspeçon de cor
ruption se presume aisement contre vn tel home.
q Mais d’un pouure qui est home de bien & de bon
ne vie on ne doibt auoir telle suspition. Ou aussi
que le tesmoin parle en tout ce qu’il dict, sans enten
13 dement sens ne raison. Ou que le tesmoin a vn pro
ces en semblable matiere, pour faueur duquel est a
craindre qu’il ne tesmoigne pour la defense de sa
cause, & qu’en tesmoignāt ainsi il ne nuise a l’autre.
r Et pourtant ledict est commun, que ceux qui sont
touchez de mesme mal, sont deboutez d’un mesme
tesmoignage, c’est a dire, ceux qui ont vne cause
semblable, ne doiuent estre tesmoins en semblable
cause. Car les tesmoins doiuent estre libre de la cau
14 se, & non compaignons ou participans d’icelle. Ou
qu’icelui tesmoin quelque foys en autre cause crimi
nelle auroit porte tesmoignage cōtre moy, parquoy
il ne doit maintenant este admis en ceste ci, par
ce quil se presume quil m’est ennemi. s Laquelle
15 loy ci alleguee dict cela clairement. Ou quil
a cause & querelle contre celui, contre lequel il est
16 produit. t Ou qu’il auroit este iuge en la mesme cau
se, ou aduocat, ou procureur, ou autrement conseil
ler de la partie, ou assesseur, ou executeur, ou acteur
17 ou arbitre. v Ou qu’il auroit depose par amour, par
hainne, ou pour proufit, ou par crainte. x Ou qu’il a
este deboute de quelque dignite pour cause de sa vileinie.

y Ou qu’il est complice ou compagnon du cri
18 me, ou enlace en icelui crime. z Ou bien qu’il est ho
me afranchi, qui ne de son gre ne doibt estre oui tes
19 moignant cōtre son patron. aa Qui plus est, tesmoig
nant il est puni. Ou d’autant quil auroit depose obscurement
& confusement, parquoy il ne vaut s’il
ne depose de rechef, & qu’il ne declare & interpreson
dict ce qu’il peut faire. bb
Qu’il baille point tesmoignage de ce quil a
Y veu

254 LA PRACTIQVE.
veu ou oui, ou de certaine science, ains seulement
de credulite, c’est a scauoir qu’il le croit ainsi, c Ou
qu’il auroit depose negatiuement. d Ou qu’il auroit
depose impertinemment, & sur autre chose que sur
ce qu’il auroit este interrogue & produit. Ou (comme
aucuns dient) qu’il auroit depose oultre les choses
20 articulees. Ou bien qu’estant interrogue, il n’a
rendu cause de son dire. e Ou qu’il y a plusieurs tesmoins
qui varient en leurs dicts & depostions. f Ou
21 qu’il auroit depose douteusement, & qu’il auroit va
cille en son dire, car celui qui vacille est tenu pour ig
norant. g Et se presume cōtre le tesmoin s’il ne depo
se point auec cōstance, ains auec vne crainte & tremenr.
h Et peur le Iuge en voyant vn tel tesmoin es
tre en doute blesme & palle, le mettre a la torture,
& lui donner terreur, a ce qu’il depose assurement
& sans trembler. i Par ce que comme dict Cicero
en ses Topiques, souuent la palleur, la rougeur du
visage, le begayement font qu’on adiouste moins de
foy. Et suiuant ce vers d’Ouide.
O que c’est chose a l’homme difficile.
Que par semblant ne descouure son crime. k
Ou qu’il a trop de babil, car on presume contre
vn tel iouxte ceste sentence. En beau coup de
22 langage ne defaudra le peche. Ou qu’il auroit este
receu apres plus ample renonciation faicte, ou apres
publication & suffisante production faicte, ou qu’il
auroit este receu auant litiscontestation, car adoncq
ne lui estoit loisible tesmoigner, l combien, que ceci
faille en certains cas, lesquels ie passe ici pour cause
23 de brieuete. l Ou bien qu’il est flateur qui corbine la
bonne grace de mon aduersaire. m Ou quil est bastelleur
ou personne ville, qui ne doibt estre admise
24 sans torture. n Ou que tous les tesmoins parlent
par vne mesme bouche, & dient vne mesme
chose, car par cela on presume qu’ils ont tous este su
25 bornez. o Ou qu’il ne cognoist les persones plaidoy
antes & n’a sceu dire les noms d’iceux. p Ou bien
qu’il est ignorant de laffaire, & qu’il n’en a cognoissance
aucune, ou pour le moins qu’il y a suspition
violente contre lui qu’il ne cognoist rien de ceste

26 chose. q Ou que les tesmoins discordent du lieu
27 du tēps & des personnes. c Ou que le crime qui est
mis sur le tesmoin touche la cause dōt est question. s
28 Ou que les tesmoins nont est examinez secretment
& a part. Ou que le tesmoin demeure auecques les
ennemis de celui contre lequel il est produit. t Ou
29 bien qu’il est home lay qui n’est point admis contre
vn clerc en cause criminelle. v Ou qu’il est clerc,
lequel n’est admis a deposer contre vn lay. x Mais
entens en cause criminelle, ou pardeuant Iuge seculier,
30 Ou qu’il est homicide, y Mais selon les loix, la
femme peult estre tesmoin en cause ciuille & crimi
nelle. z Ou qu’il est infame, ou qu’il meine mauuaise
vie & a mauuais bruit. aa Ou qu’il auroit quelque
foys faict penitence publique, a cause de quoy il est
aucunement rendu infame, & par consequent doit

31 este deboute de tesmoignage. bb Qu’il n’auroit dict
& porte son tesmoignage a ieun, mais apres auoir
bien beu. cc Mais cela se doibt entendre a cause de
l’honesteté, & non point par necessite, comme diēt
plusieurs. Et pourtant a grand peine cest article s’ob
serue nulle part, qui est toutesfoys bien necessaire
d’estre garde. Car si ceux la qui sont estourdiz & les
insensez sont deboutez de porter tesmoignage,
pourquoy ne le seront aussi ceux qui sont embuz,
lesquels estants surpris & entestez de ceste bestialle
fureur Bacchique, sachās a grād peine que cest qu’ils
dient & deposent, apeine scauent il le lendemain ou
ils ont este ni ce qu’ils ont faict. Ou bien qu’en
adioustant quelque chose du sien, il auroit par mensonge
23 colore son tesmoignage. dd Ou que de
nature il est frenetique, ou (comme i’ay dict qu’il
auoit bien beu & estoit hors de son bon sens. Car
tel homme est tenu pour absent & ignorant. ee
Ou, qu’il est tesmoin en son faict & en sa cause
33 ff Ou qu’il est tesmoin & accusateur tout ensemble,
ce qui ne peult estre. gg
34 Ou, qu’il auroit este condanne pour quelques
carmes ou vers fameux qu’il auroit faict. hh
Ou qu’il a este publiquement condanne de calomnie.
ii Ou quil auroit iadis este charge de
crime, & se presume quil lui en tient encores. kk
35 Ou quil auroit dict & depose son tesmoignage
faulsement & diuersement, ou que son dire & deposition
profite a l’une & l’autre partie. ll
36 Ou, qu’il auroit quelque foys este deliure par
celui pour lequel il est produit, ou quil seroit son
parent, ou que le tesmoin est detenu en prison publique,
ou qu’il se seroit loue pour combattre
contre vne beste fiere & dangereuse, ou quil auroit
prins argent pour dire son tesmoignage. mm
37 Ou qu’il n’auroit este prie ou requis par le produisant.
nn Et toutesfoys le cas est tel qu’il
deuoit estre requis. Au reste.
38 Quiconque en ces reproches voudra proposer
vn crime, par lequel il se parforcera de reprocher
le tesmoin, icelui deura specifier ledict crime, &
ce pendant protester qu’il ne le dict ou met en
auant auec intention de faire iniure au tesmoin,
ains qu’il le dict & depose pour fauoriser

a sa cause, & comme grandement seruant a son
39 propos. Mais selon le stile de Parlement, personne
ne peult reprocher aucun de crime ou d’infamie,
quil ne depose le lieu ou le tesmoin auroit este
conuaincu & condanne, ou bien que le tesmoin
reproché confessast son crime sur le mesme lieu,
40 Et selon le mesme stile, tous les tesmoins qui
sont ouiz & examinez oultre le nombre de dix,
ou au dessus le nombre de dix sur vn article sont reprochez.
Car les Conseillers de Parlement dient
& administrent droict sur les dix premiers tesmoins,
ainsi qu’ils sont escriptz par ordre, sans
auoir esgard aux autres suiuans, combien que ces
autres prouassent mieux que les dix precedents.
41 Quant au suplus, le producteur ne peut reprocher
vn tesmoin, lequel il auroit de sa part premierement
produit, & qui est puis apres produit

par sa partie. Car le tesmoin qui est produit par
l’une & l’autre partie tes exempt & surpasse toute
exception, & n’est aucunement reprochable.
42 Consequemment, il aduient quelque foys que la
partie reproche quelque tesmoin, qui toutes foys
auroit depose au proufit de celui qui le reproche, &
combien que telle deposition fust proufitable pour
ledict reprochant, toutes foys elle n’a nulle foy ou
credit, pourautant que ce tesmoin auroit este repro
chè auecques tesmoignage, si ce n’estoit que d’auen
ture il l’eust reproche conditionellement, c’est a sca
uoir, en tant qu’il auroit depose quelque chose a
son preiudice, & non plus oultre.
Finale.

CIVILE. 255
43 Finalement contre tesmoins qui sont ouiz par
information precedente, ou es proces sommaires,
ou es compromis, ou es recreances, ou en aultres
accessoires, ne valent aucunes reproches, tout ainsi
que reproches ne seruent contre le tesmoin ou tesmoins
que le Iuge oit ou faict ouir de son office-
Et voila quāt aux tesmoins & depositions d’iceux,
lesquels & lesquelles on peut & est loisible reprocher,
pour les causes ci alleguees. Quant au reste, &
a ce que lui resemble nous l’auons declare es chapitres
precedents, cest a scauoir, 170.171.172.178.179.
a l. Teslium in principio ff. de testib. & l. si quis. C. eo.
titu. & c. Repellantur extra. de accusat.
b d. l. Testium.
c l. Parentes C. de testibus.
d c. Nullus 3.q.6. §. Testes. Institut. de testa. ordinand.
& l. Quoniam & l. Si testis productus C. de testib.
e l.2.C. de testibus & l. penult. ff. eod. titu. & c. In literis
extra eodem titulo.
f c. Veniens 2. extr. de testibus. & l. penult. C. de haeretic.
g c. Ex parte & c. Testimonium extr. de testib. & l. 3. §
l. Iulia. ff. eod. de testib.
h c. Ex parte & c. Super extr. eodem de testib. & l. Non
potest ff. de fruct.
i Consanguineorum 3.q.4.
k c. Conspiratores 3.q.4. & c. Cum oporteat extra de
accusat.
l c. Si testes versic. Hermaphroditus 4.q.3.
m c. Iudaei & c. licet extr. de testibus & l. Quoniam C.
de haeretic.
n c. finali extra de testib. & l. Testium ff. eod.
o c. Non magnopere extra ne cleri.vel monachi l. Tertia
§. In bello. ff. de re militari & l. Deo nobis. C. de Episco. &
cleri. & in Authentico de monachis §. Illud & §. si quis
autem.
p l. Si quis in fine C. de testib.
q vt in Authentico de testibus §. Primo versicul. Sanciam.
usvide Speculatorem.
r c. Personas extra de testib. & l. Quoniam C. eodem.
s c. Cum P. extra de accusat. l. Produci ff. de testi.
t c. Cum in Iuuentute prope finem extra de purgat. canoni.
v c. Romana de teslib. lib 6.l. finali ff. eod.
x c. Quotiens extr. de testib. c. Cum contra & c. seq. ext.

de testib. cog. & l. Eos C. de testib.
y l. 2. ff. de Senatorib.
z c. Veniens ext. de testib. & l. Sicuti C. de quaest.
aa l. Libertorum ff. C. tde estib.
bb c. Cum clamor.extr. de testib.
cc Sed vide latius Spec. titu. de testib.
dd c. Cum eccles. §. Nosigitur extr. de caus. posse. &
proprie.
ee c. Cum causam quae extr. de testib.
ff d. c. Cum Eccle. extr. de caus. poss. & proprie.
gg l. fina. C. de condict. indebit. & l. non debet. 2. §. In
re. obscur. ff. de quest.
hh l. De minore §. Tormenta, ibi plurimum quoque ff.
de quaest.
ii l. Nullum, in fin. C. de testib. quia vt ait Cicero in

Top.
kk Vide Speculatorem titu. de test. libro primo part. 4.
ll c. 1. & 2. & c. Quoniam extr. vt lite non contesta.
mm c. Similiter & c. Accusatores.
nn l. Ob crimen §. Si ea rei ff. de testib.
oo l. Testium §. Ideoque ff, de test. l. Qui sententiam.
C. de poenis & c. Si testes versic. in testib. 4.q.3.
pp c. licet ex quadam in fin. extr. de testib. & l. Scimus §
Sin autem dubius in fin. C. de iure deliberandi.
qq l. Alij ff. de accusat.
rr c. Licet extr. de testib.
ss c. Primo in fine ext. de except.
tt c. Repellantur & c. Cum oporteat extra. de accusat.
& in fin. extr. de testib.
vv c. Veniens primo extr. de testib. c. laicos & c. sequent.
per totum 2.q.7.
xx c. Nullus 11.q.1.
yy c. Constituimus 3.q.5. Quod mulier c. Forus extr. de
verborum significat.
zz l. Ex eo. ff. de testibus, vnde Speculat.
aaa c. Testimonium extr. de testib.
bbb Vide latius Speculatorem titu. de teste.
ccc c. Primo extr. de testib.
ddd c. Pura 3.q.9. vide tamen Speculat. tit de teste qui
hunc modum moderatur.
eee l. prima §. Sed furiosus ff. de acquir. possess.
fff l. Omnibus C. de testib. c. Si testes §. Item omnibus
4.q.3.l. Nullus ff. de testib.
ggg c. Forus §. In omni. extra. de verb. significat.
hhh c. Si test. §. Ob crimē 4.q. 3. l. ob carmen ff. detest.
iii l. Quaesitum l. Scio & l. Repetundarum. ff. de testib.
kkk l. Quisquis C. ad l. Iuli. maies. & c. 3. in fin. extra
de pigno.
lll d.c. Si testes §. Qui falso vel variè 4.q.3.l. Nullum
C. de testib. l. qui falso ff. eod. l. Eos ff. Ad l. Cornel. de fals.
mmm c. Si testes §. l. Iulia. de vi. & §. In testimonium
4. q .3.
nnn vt in Autentico. de testib. §. Et licet & c. Quan.
quam 14.q.2.
CHAPITRE CLXXXVII.
De Reproches des Tiltres ou Escriptures.
Sommaires.
1 Escriptures font preuue, comme tesmoins.
2 Pour reprocher escriptures, on doibt diligemment examiner la copie d’icelle.

lire.
3 Pour la faulsete quelles contiennent.
4 Pour les vices de la rasure ou effaceure.
5 On reproue lettre A cause de leur viellesse, pour laquelle on ne les peut quasi
6 A cause du datte, ou cause non exprimée, ou quelles contiennent choses
contraires.
Y 2 Es fub-

256 LA PRACTIQVE.
7 Es substantiaulx, scauoir Ainsi tout l’instrument est tenu faulx.
d’Indiction
ou de
l’An de nostre Seigneur
8 Rasure
Es nō substantiaux
Esclairciz par lieu non rase, & ainsi la rasure ne nuit, ains la foy demeure.
Non declarez par lieu non rase, toutes foys
En lieu suspect, & lors tout l’instrument est tenu suspect.
En lieu non suspect, & lors l’instrumēt n’est tenu corrompu.
9 La faulseté est ou de
Par vice de l’article
Principal, & ainsi sont corrompues toutes les choses y adiointes.
ou
Non principal, & ainsi les autres articles y ioints ne sont point corrompuz.
10 Tesmoin qui depose Faulx
Touchant la substance de la cause, falsifie toutes ses depositions.
Non touchant la substance de la cause, ains seulement touchant les circonstances,
ne falsifie la reste.
11 Par cancellation y faicte
En cause seculiere, la cancellation vaut.
Es causes de piee ne vaut cancellation.
12 On reproche lettres de priuileges pour ce que
Elles contiennent le droict commun.
Celuy qui les baille n’auoit pouoir de les bailler.
L’impetration d’icelle seroit aduenue deuant & pendant le proces.
L’octroy auroit este obtenu soubz main.
13 On reproche lettres de priuilege, pource
Que le temps de l’octroy seroit amorti.
Que les conditions contenues en icelles ne sont purgées.
Que le contraire auroit este iuge,
Qu’on auroit abuse d’iceluy priuilege.
Qu’on auroit renonce a iceluy priuilege.
Que ledict priuilege auroit este reuoque par le Prince.
14 On reproche les copies
S’elles sont faictes en absence de la partie.
ou
S’elles sont faictes par autre que par le Commissaire.
15 On reproche toutes Escriptes par non
Attestations
ou Copies de letttes
du lieu des proces

Notaire
Greffier
Iusticier
1 Tout ainsi qu’on reproche les tesmoins &
depositions d’iceux, aussi se reprochent ou
reprouent les tiltres, instruments, escriptures
obligatiōs, cedulles & cirographes, pourtant que
telles escriptures & instruments font aussi es iugemens
grandes preuues non autrement que les tesmoins
mesmes, desquels ils semblent tenir l’office
& lieu. Et pourtant, quiconque se voudra opposer
contre tiltres ou escriptures & icelles reprocher il
doibt tout premieremēt faire qu’il en ait la copie fi
2 dellemēt extraicte. Puis apres il la doibt diligemēt &
souuent lire & relire, & prēdra soigneusemēt garde a

toutes les parties d’icelle, pour scauoir s’elle ne contiēt
quelque chose de faux de suspect ou reprehensi
ble, qu’il puisse en aucune maniere reprocher, car es
tāt vne partie reprocher tout le reste se reproche faci
lemēt. Dōcques on reproche les escriptures en plusi
3 eurs & diuerses manieres. Premieremēt quelles sont
faulses, laquele faulsete se comprent & cognoist par
la mesme signature, quand elle faulse & cōtrefai
cte, ou par le seel qui est faulx & cōtrefaict & imité.
ou que la chose est autrement adulterine, quelle auroit
autremēt este passee & traictee que les escriptu
4 res ne chantent. Item, qu’icelles escriptures ou lettres
sont vicieuses & corrompues, a cause des rasures
ou effaceures, & principalement en lieu suspect,
comme es noms, en la datte, es sommes, au lieu, ou
au point ou le noeud de la matiere se deuoit principalement
5 considerer, Item que l’escripture est presque du
tout effacee & amortie de fine force d’estre
vieille, & telle qu’a peine la peult on lire, ou quel le
seel en est incognu, sans preuue, & non autantique.
6 Item, qu’en iceux escripts n’est contenue vne deue
declaration de la datte, ni la cause des choses, ou que
telle escripture se contredict a soymesme. Toutes
lesquelles choses se peuuent aussi recueillir du chapi
tre. 147. Mais pour bien cognoistre ces quatre manieres
de faulsete, est besoin de plus ample consideration
& distinction plus certaine. Et pour ce fault
noter quelques questions. Et en premier lieu la que
tion est, si toute faulsete qui se trouue en l’instrument
rent tout l’instrument vicieux & faulx. Pour
a quoy respondre fault mettre ceste distinction en a
7 uant. Ceste suspition de faulsere doncques, naist &
procede ou de la rasure, ou de quelque autre vice, ou
par cancellation. Si la faulsete apparoist a cause de la
rasute, adonc icelle rasure est touchant les substantiaux
de l’instrument, ou en autres parts d’icelui instrument,
dōcques si la rasure est trouuee faicte pres
le substantial de l’instrument, comme en l’indiction
ou quant a la datte ou semblable, alors tout l’instru
est rendu faulx. a Mais si la rasure est faicte es choses
non substantielles de linstrument ains en aultre
part, ou autres endroicts de l’instrument, alors aussi
8 est il besoin de double distinctiō. Car telle rasure
estant faicte en aultres lieux est telle, que le lieu qui
n’est rase declare celui qui l’est & l’explique, & lors

on donne foy au lieu & a tout l’instrumēt, de manie
re que tout l’instrument est tenu entier & non cor
rōpu: Ou bien le lieu non rase n’explique ni declare
le lieu rase. Mais ici se presente aussi double distinctiō:
Car ou ceste rasure est ē lieu suspect, ou en lieu
nō suspect. Si elle est en lieu suspect ascauoir, ou est
le point & noeud de la question, lors tout l’instrument
est tenu vitie & corrōpu entierement. b Mais
si la rasure est en lieu non suspect, combien que le
lieu

CIVILE. 257
lieu non rase ne declare ni donne foy d’icelui, il est
toutes foys tel, qu’il ne derogue point ni n’oste la
foy de l’instrumet, ains laisse plustost toute foy &
9 iustification. Mais si en l’instrument se trouue autre
vice par ou on iugeroit souspeçon de faulsete, lors en
cas semblable, si ce vice estoit en vn chapitre ou arti
cle seulement, & qu’il fust le principal, toutes les cho
ses y adiointes seroyent corrompues. Mais si ces plu
sieurs chapitres ci mentionnez estoyent separez, alors
pour vn chapitre corrompu, les autres chapitres
ne seroyent tenuz corrompuz. c Autant en aduiēt
10 il es depositions des tesmoins. Car si les tesmoins
dient & deposent faulx touchant la substāce du negoce
principal, ou touchant ce qui qualifie toute la
preuue, tout leur dire & deposition est corrompue
& tenue faulse. Comme son demandoit au tesmoin
s’il seroit afin de la partie, pour laquelle il depose,
& il respondist que non, veu que toutes foys il le se
roit a la verite, tout son dire & deposition seroit vicieuse,
car en niant faulsement ce, en quoy toute la
preuue ou reprobation de la chose consiste, toute
sa deposition viendroit a estre tenue entieremēt vicieuse:
car on lui adiouste moins de foy estant allie
par affinite que s’il ne l’estoit point. d Mais il en faul
droit autrement iuger, si le tesmoin deposoit faulse
ment quant aux circonstances qui ne rendent point
le negoce principal suspect, par ce que lors pour tel
le faulsete tout son dict ne seroit rendu vicieux. e
Cōme si quelqu’ū disoit le cōtractant estre prochain
d’autre affinite qu’a la verite il ne seroit. & c. Mais il
11 fault ici noter quāt au vice de cauillatiō, que quand on
trouue en quelque instrumēt quelque parole cācellee,
alors il se presume quelle a este cācelle de gre & a es
ciēt, par celui qui a eu puissance de ce faire. Et pourtāt,
ce qui seroit cācelle, seroit tenu pour vice & ne lie
roit. Cōme si le testateur laissoit par son testamēt cēt
florins a Gautier, & qu’en linstrument eust vne pa
rolle qui dist deux cens, & que telle parolle fust can
celle, de vray ces deux cens ne seroyent deux a
cause de la cancellation, si ce nestoit que puis apres
12 le contraire se prouast. f Mais quant aux lettres de
priuileges, il y a particuliere maniere de les reprocher.
Car aussi elles se reprochent en plusieurs & diuerses

sortes. Premierement, disant que le contenu
es lettres est droit commun, & par consequent, que
ce n’est point priuilege. Item, Que celui qui a octroye
tel priuilege n’estoit point tel ni de telle quali
té qu’il eusse lors la puissance d’octroyer tel priuilege:
ou aussi peut on alleguer qu’il auroit este impe
tre & acquis pendant le proces, ou, qu’il a este impetré
par subrepion & soubz main, ou que le temps
concede & limiee en l’octroy seroit ia expire & pas
sé, ou, que les conditions y seroyent incertaines, qui ne
seroyent encores purgees, ou que le contraire auroit
este iuge, ou, qu’on auroit abusé d’iceux, ou que
on y auroit renonce, on qu’ils auroyent este reuoquez

par le Prince, comme contrariant au profit cō
13 mun. Et quāt aux doubles & copies des instrumēts,
ils se reprochent & cōfutēt en ceste maniere, quand
on dict, qu’ils auroyent este faicts en absence de la
partie, on qu’ils sont faicts par autre que par le cōmissaire.
Dauantage, toutes attestations faictes & es
criptes par Notaire, Official, ou par autres Iusticiers,
que par les Iusticiers du lieu ou le proces se traicte
& meine sont reprochables.
a vt tenet Bald. in l. Si ex falsis C. de transact. vbi vide
D. Iason. Mayn. & D. Alexandr. & Sal. & Francisc.
Aret. & Felinum in c. Fraternitatis de haeretic. & D. Alexand.
de Imola. in Consilio 43.q.4. parte in 2. colum.
b Ita tenet Bald. in l. fin. C. de edicto Diui Adria. toll.
vide tu plene per Feli. in c. Ex literis ext. de fid. instrum. &
plene in c. Inter dilectos in 3. colum. verb. ibi. Sed contra.
de fide instru.
c Sicut tenet Innoc. in c. Fraternitatis de bartet. Et idem
tenet Baeld in d. l. Si ex falsis C. de transactionib.
d Atque ita determine. Innoc. in d. c. Fraternitatis quod
sequitur Bald. in d. l. Si ex falsis.
e vt notat Innoc. in d. c. fraternitatis.
f ita notat Bartolus in l. Proxime in fin ff. de his quae in
testa. delent.
CHAPITRE CLXXXVIII.
Des Saluations.
Sommaires.
1 Qu’est Saluation.
2 A quoy tend Saluation.
3 Ni reproche, ni Saluation sont de la substance du proces.
4 Reproches sont odieuses a ceux qui sont reprochez.
5 Saluation est plus agreable que Reproche.
6 Ni Reproche ni Saluations se permettent auant l’examen du proces.
7 Reproches & Saluations se doiuent proposer auant que conclurre en droict.
8 Reproches, Saluations & c. apres conclusion en cause se deboutent.
9 En France Reproches & Saluations ne se permettent auant l’examen du proces.
1 Apres reproches des depositiōs de tesmoins
attestations & escriptures, de droict fil sen
suiuent les saluations d’icelles depositions
par lesquelles le producteur sauue & iustifie sa deposition
1 contre la reproche. Car saluations sont les
defenses & solutions contre les reproches & contre
dicts produits par la partie, & par lesquelles elle iustifie
& verifie sa production auecques les attestations

3 de ses tesmoins. Mais il fault toutalement no
ter ce point quant aux reproches & saluations, que
nulle d’icelles est des subtantiaux du proces &
pourtant ame n’est contrainct de reprocher les
productions ou les sauuer s’il ne veult, mais l’une &
l’autre partie peult acquiescer a toutes les deposi-
Y 3 tions,

258 LA PRACTIQVE.
tiōs, & sursoir & ceder a tous aultres actes, & acqui
escer aux depositiōs & preuues des parties, & se rap
porter & soubmettre aux probatiōs & saluations de
4 droict. Et pourtāt que reproches sont tousiours d’el
les mesmes odieuses a ceux qui sont reprochez, pour
ce que la piete & religion Chrestiēne ne doibt autre
chose presumer des tesmoins & de leurs depositions,
sinon qu’ils sont personnes de bien & preudhommes,
& qui ne voudroyent autre chose tesmoigner
que ce que porte la verité. Pourtant est il grief aux
tesmoins, & a ceux qui les produisent, que eux, leurs
tesmoins ou tesmoignages soyent induement &
sans raison reprochez, car charite presume tousiours
que chascun veut garder son serment, sauuer sa con
science & son ame en vray disant, & qu’en leurs depositions
il ne voudroyent rien affermer contre la
5 verité, qui est Christ. Et pour ces raisons, saluation
est plus iuste, plus agreable & plus courtoise & humaine
que reproche, car ceste ci engendre hainne
le plus souuent, & ceste grace, tout ainsi qu’il est plus
iuste se defendre d’un qui assault, que d’assaillir.
6 Et pourtant, afin que toutes choses voisent droicte
ment, le Iuge ne permet ni ordonne qu’il se face au
cune reproche ou saluation sur depositions ou reproches
auant qu’il ait veu & examine tout le proces,
& qu’il ait trouue toute la matiere principale cōsister
en re proches, ou que la partie qui reproche
ait insere aucuns faicts ou aucun faict, lequel doibt
necessairement estre proue par reproche, & qu’icelui
mesme soit puis apres sauue par la partie deposante.
7 Au Conseil prouincial de Flandres on a commence
puis quelques annees a practiquer, que preu
ue ou saluation sur contredicts & solutions, reproches
& saluations se doiuent faire auāt que conclur
re en droict, principalement, si larticle de reproche
8 est trouue pertinent. Car apres que le proces est
conclud en droict, ou en cause, alors ame n’est ad
mis a verifier ses reproches ou saluations, ou a faire
aucunes preuues, cōme ci dessus a este dict au chapitre.
6 181. Comme aussi en France, il est a tous iuges
defendu & interdict de faire informatiō ou la faire
faire sur les reproches, sinon apres que le proces seroit
tout veu & diligēment examine, & s’il n’a este trou

ue que le faict ou faicts mis es reproches concluent
pertinement, de maniere que ceste reproche soit
seulement faicte contre les tesmoins, sans lesquels
le proces ne se pourroit aucunement vuider.
CHAPITRE CLXXXIX.
D’Interruption de Proces.
Sommaires.
1 Le proces s’interrompent par
Defaut de presentation.
&

Trespas de l’une ou l’autre partie.
2 Interruption de proces ne se purge point, sinon par
Le Prince.
ou Consentement de partie.
3 L’interrupteur est condanne auecques despens, & partie absoute.
4 Au Conseil de Malines ne se faict interruption, sinon apres an & iour.
5 Quand le proces se sursoye pour cause de submission, ou composition des
parties ensemble, il ni echet aucune interruption.
6 Es Consistoires & Cours de fiefs, escet interruption
Par non presentation.
&
Par le deces de la partie.
7 Le Prince relieue d’interruption auant trente ans.
8 Auant conclusion en cause, il se faict interruption & l’autre partie prent
(comparuit)
9 Quan l’une des parties decde Apres conclusion en cause, n’eschet aucune
interruption & ne prent on point (comparuit)
10 En matiere de maitenue, l’autre partie est mise en possession, sans accepter
(comparuit)
1 Il aduient quelque foys que le proces ne tient
pas son ordre deu & reglé, ains que son ordre
legitime soit retarde & interrompu par quelques
incidens, Vn proces doncq est interrompu en
deux manieres, ascauoir par default de presentation
& par default de poursuitte, qui se faict coustumierement
2 par le deces de l’une des parties. Ainsi au
Conseil prouincial de Flandres le proces est tenu in
terrompu, quand le Demandeur est nonchalant de
presenter la cause au bureau, en quelque estat que
soit la cause. Et ne peult lors l’acteur purger ceste
sienne interruption, si ce n’est par relief du Prince
3 ou consentement de la partie. Mais ce pendant fault
noter ce point quant a ceste interruption, c’est quel
le ne porte aucun plus grand preiudice, sinon que
l’interrupteur est pour cause de sa nōchalance seule
ment condanne de l’instance auecques despens, si ce
n’est que ceste interruption se face en matiere d’appellation,
de nouellete, ou maintenue, esquelles ma
4 tieres il succomberoit aussi du principal. Au grand
Conseil de Malines nul proces ne tombe interrom
pu, sans qu’il ait repose an & iour sans aucune presentation.
5 Mais quand les parties s’arrestent &
ne procedent point en la cause, ains sont ou a se
soubmettre, ou qu’elles ont commandement ou

adiournement de comparoir deuant les Commissai
res, pour composer & accorder amiablement parties
ensemble, & que pour ce la cause proces de
meure arreste, cessant & a repos, alors telle soub mis
mission ou ordonnance durant, n’eschet nulle interruption.
6 Mais es Consistoires qu’ils nomment
en flamen Vierscharen, & aussi es cours de fiefs,
quand le Demandeur ne se presente, alors en quelque
estat que la cause & matiere soit, le proces
tombe interrompu, tout ainsi qu’il s’interrompt
aussi, quand l’une des parties trespasse de ce siecle.
7 Mais facilement le Prince par son auctorité relieue
de toutes interruptions de proce, quelque long
temps

CIVILE. 259
temps qu'il y eust qu'elles fussent passées, pourueu
toutesfoys que l'action ne fust assoupie esteinte
8 par prescription de trente ans. Pareillement, quand
l'une ou l'autre des parties vient a trespasser auant
conclurre en cause, le proces tombe interrompu, &
la partie aduerse prent son (comparuit) a scauoir, par
ou elle tesmoigne quelle a comparu, & que le proces
n'a este interrompu par sa coulpe, ains par le deces
& trespas de la partie. Mais cela se faict en ma
tiere ciuile. Parce qu'en matiere criminelle, on ne
prent tel (comparuit) car par la mort du delinquant
9 la cause est esteinte & assoupie. Mais quand l'une
des parties vient a deceder apres conclusion en
cause, alors la cause ne tombe interrompue, ains demeure
en estat, tant que sur icelle soit donnee la
sentence. Et pourtant n'est il point adonc necessaire
de prendre ceste note, (comparuit.)
10 Et quant a la matiere de maintenue sur benefice,
quand l'une des parties meurt, alors celle qui est
suruiuante est mise en possession, pourueu qu'il apparoisse
de son tiltre & de son institution canonique,
& n'est tenu prendre (comparuit.) Mais il se fait
au contraire es matieres de complaintes & causes
prophanes, pourtant qu'en icelles on prent (comparuit.)
CHAPITRE CXC.
De prendre Arraments, ou les laisser.
Sommaires.
Le Defendeur n'est tenu a Arraments.
1 Le Demandeur decedant auant conclusion mais
Les heritiers sont tenuz aux arraments dedans l'an.
2 Mourant le Defendeur auant la conclusion, ses heretiers doiuent estre
adiournez auant l'an, pour prendre ou laisser les
Arraments.
3 L'une des parties decedant apres conclusion en droict, l'acceptation des
Arraments cesse.
4 Decedant la partie auant contestation en cause, le proces meurt pareillement.
ES chapitres precedents nous auōs en passant
faict quelque peu mention des arraments, ascauoir
qui sont dicts Arraments, & comme
les heritiers doiuēt faire nouelles procurations pour
acepter iceux Arraments, comme il se peult voir au
chapitre. 90. Et en cest endroict ou est question de

ce qu'on doibt faire apres que la matiere est cōclue
on cause, il fault aussi conuenablement declarer ce
qu'il est de faire es arraments, auant ou apres que
1 toutes choses seroyent conclues en cause. Pour cog
noissance de quoy est a scauoir, que quand le Demandeur
trespasse auant conclusion en cause, le De
fendeur n'est point tenu adiourner ou faire appeller
en droict la vefue ou les heritiers du deffunct, pour
prendre les arraments si bon ne lui semble. Mais la
vefue & les heritiers doiuent & sont tenuz prendre
lesdicts Arraments, & les continuer dedans l'an &
iour. Car a faulte de ce faire, ils decheent de l'instāce,
& sont tenuz a payer es despens. Mais quand
2 le Defendeur meurt auāt conclusion en cause, alors
sa vefue & ses heritiers ou successeurs doiuent estre
adiournez & appellez en iugement par le Demandeur
dans l'an & iour, pour prendre les arraments

du Defendeur defunct, ou les delaisser & y renoncer.
3 Mais quād l'une ou l'aultre des parties se meurt
apres conclusion en cause, alors n'est point necessaire
que la vefue d'icelui mort ou ses heritiers soyent
appellez en droict pour prendre les arraments, car
alors la cause est prouee & preste a iuger. Et ne fault
plus autre chose attendre sinon que la sentence soit
prononcèe. Mais il suffist quand aux arraments deuant
ou apres conclusion en cause. Au surplus, si l'une
des parties venoit a deceder auant litiscontestation,
alors n'est il besoin d'aucune acceptation d'arraments,
ains auecques son trespas toute la cause
tombe hors de Iugement, de sorte, que tout ce qui
iusques alors auroit este faict & traicte seroit nul, &
le proces mesme deuroit estre commēce de rechef.
CHAPITRE CXCI.
De Conclurre en Droict, ou en Cause.
Sommaires.
1 Qu'est conclurre vn proces en droict, ou en cause?
2 Apres conclusion en droict, il n'est aux parties loisible produire aucune chose.
3 Les parties renoncent, le Iuge conclud en Droict.
4 De Malines on conclud pardeuant le Commissaire.
Au Conseil
5 De Flandres les parties concluent eu cause sur le bureau.
Y4 Apres

260 LA PRACTIQVE.
6 Le Iuge peut interroguer les parties.
Apres conclusion
7 Parties peuuent bailler au Iuge les motifs du droict.
8 Conclusion en cause est des substantiaux du proces.
9 De faicts, requierent conclusion en cause.
Proces Mais
10 De droict, ne requierent conclusion, par ce qu'il suffit qu'il soit satis faict a
l'ordonnance dispositiue.
1 PRoces se conclud en Droict ou en Cause, quād
l'une des parties & toutes deux ont veu les pro
ductions, escriptures, & entierement toutes les four
nitures l'une de l'autre auecques leurs Inuentaires
seruiz & exhibez en iugement ou au proces, renonçant
a plus ample production ou demonstration,
& demandans, que sur toutes ces choses Droict leur
soit rendu par le Iuge ou Iuges: Ou plus breuemēt
Le proces est dict estre conclud en cause, quand d'v
ne part & dautre on renōce aux allegations de droit
2 & de faict. a Doncques, apres ceste conclusion faicte
en cause, la partie ne peult plus autre chose faire ni
demander es iugemens ordinaires. b Et ainsi conclusion
en cause faict qu'on ne peult plus rien produire
3 dauantage. c Or telle conclusion en cause se re
çoit & est confirmée, & se doibt par les parties faire
renonciation d'autres productions plus amples,
& apres que les parties ont ainsi renoncé a faire autre
propositions ou productions, tout le proces de
4 la cause se conclud en droict. Ce neātmoins au grād
Cōseil de Malines a practique porte que tel proces
se conclue en droict, pardeuant le Commissaire qui
a eu la charge & commission pour instruire le proces
iusques a sentence definitiue inclusiuement. Mais au
5 Conseil prouincial de Flandres, les parties mesmes
concluent le proces en cause sur bureau ou registre,
present le Iuge & Grefier de la Court. Et combien
qu'aus parties ne soit (comme nous auons dict
6 loisible de produire chose quelconque en droict, si
est ce toutesfoys qu'il est au iuge loisible qu'apres
la conclusion en droict, suiuant son office, interroguer
les parties sur les points qu'il pensera seruir &
apertenir a la decision matiere. d
Parce que la verite souuent examinee se mons

tre plus clairement en lumiere. e Par ce que l'office
du Iuge s'estent fort largement. f Quant au surplus,
7 il est loisible & permis a l'une & lautre partie,
apres qu'ils ont conclud en cause, qu'ils exhibent au
Iuge autant & tels motifs de droict comme il leur
semblera estre expedient, iusques a la sentence exclusiuement,
mais (comme dict est) il ne leur est per
mis exhiber aucuns faict noueaux. Mais on pourroit
ici demander, s'il est du tout necessaire que les
8 proces se concluent ainsi en Droict. A quoy il fault
respondre, que conclusion en cause est du tout necessaire,
a scauoir, dautant quelle est des choses essen
tielles ou substantielles du Iugement & proces. g
9 De la procede qu'au susdict grand Conseil de Ma
liens nuls proces qui consistent en faicts se iugent,
sinon que premierement il soit au Conseil notifie
10 par acte le proces estre conclud en droict. Mais es

proces de droict, a scauoir qui consistent en droict,
il suffist accomplir ou satisfaire a lordonnance ou
appointemēt dispositif, de maniere qu'il n'est aucunement
necessaire qu'il y ait conclusion en cause.
a gloss. in §. Quia vero in verbo Concluserunt. in Autentico
de testib. collat. 7. Et Augel. & Innoc. in c. Pastoralis,
ib. renunciatum sit an conclusum extr. de caus. possess.
& proprietat.
b c. Cum dilectus extr. de fide instrument. & l. Postquā
C. de pact.
c Nisi in casibus notat. per Speculator. de renunciat. &
conclu. vers. & scias & de instrumento. edit. §. Nunc dica
mus in principio.
d vt in c. Indicantem 30. q. 6. l. vbicunque ff. de interrog.
actio. quae l. Concordat cum gloss. prima ln verbo Iudicis offi
cium in c. 2. extr. de offic. Iudic. in versicu. Item interrogare
debet & habetur in c. Cum Ioannes Heremita circa finem
extra de fid. instru. & in c. Cum clamor. extra de testib.
Sicuti ettam latius videre poteris per D. Ioannem a Grassis
in suo tractatu in arborem Iudiciorum, folio verso. numeris
11. 12. 13. 14. 15. 16. sub rubrica seu titulo de offici. Iudicis.
e c. Graue. 35. q. 9.
f l. Prima ff. de iurisdictio. omnium iudic.
g vide bonam glossam in Clement. Saepe de verbo significatio.
in verbo conclusione & Panorm. in c. Cum l. & A
extra de senten. & re iudica.
CHAPITRE CXCII.
De prendre Retraicte, pour visiter le Proces.
Sommaires.
1 Apres conclusion en cause on prend temps a determiner.
De Malines
2 Au Conseil & Les proces s'examinent en temps commode.
Flandres
Incidens, se terminent si tost que faire se peut.
3 En France, les proces sur
Troys moys.
Le principal, dedans
Demi an.
4 Pour vuider & definir vn proces, se prouuent quelque foys plusieurs
examinateurs.
5 Proces ciuils se doiuent terminer dedans troys ans.
Inferieurs qui ne determinent dedans troys ans sont en l'amande de dix liures.
6 Iuges
Maieurs qui ne determinent dedans troys ans, sont punis de trente liures.

7 Le

CIVILE. 261
Iadis dedans six semaines.
7 Le proces se termine
A present en temps commode.
Premierement est admonesté par la Court.
8 Le Iuge inferieur qui ne vuide Secondement, on luy mande par la Court sur
certaine peine.
Tiercement, il est condanne en la peine ordonnee.
1 APres doncques que le proces aura este con
clud en droict, ou en cause, alors on ordon
ne quelqu'uns des magistrat sou cōseillers
qui se departent du, Conseil pour a certain temps
limite, a ce qu'ils puissent plus librement vaquer a
lire entierement & examiner tel proces, & rechercher
plus diligemment, de quelle partie les preuues
sont plus equitables, a ce que le Iuge puisse plus certainement
iuger selō les propositiōs & allegations.
Pour faire ceste examination, les autres iuges pren
nent temps establi & prefix. Et les aultres temps nō
prefix, ains le temps tel qu'il leur semble estre propre
2 & commode. Car au grand Conseil de Malines
& aussi au Conseil prouincial de Flandres, on vi
site, on recherche & examine les proces en temps
qui principallement leur est commode & oportun.
3 Mais en France (afin que les proces ne soyent long
temps en surseance) est establi que tous proces soyēt
visitez & examinez, ascauoir sur les incidents, si tost
que faire se pourra, & sur le principal dedans troys
moys, & vn peu plus longuement, selon l'exigence
des causes, pourueu que cela se face au moins dedās
4 le demain. En la chābre legale de Flandres, es cours
des fiefs & es Consistoires qu'ils appellent vierscha
res, les Escheuins, quand la matiere est difficille &
graue, de sorte qu'ils ne se fiēt en eux mesmes quāt
a prononcer la sentence, ils prennent auec eux plusieurs
qui seront deputez & qui auront a cōsulter auec
eux, a fin que par la plus grande part & nōbre des
examinateurs, & par la pluralite des Conseillers &
hōmes lettrez apparoisse plus certaine & plus vraye
cognoissance des causes, laquelle na premierement
este assez cognue a petit nombre. Mais ceste prise &
election, redonde bien souuent a vne grieue charge
des parties & bien grand retardement des proces.

5 Mais de droict ciuil toutes causes & proces ciuils
se doiuent terminer & vuider dedans troys ans a
prendre du temps de contestation en cause, autrement
leur instance se perd. Mais ici fault il excepter
les causes fiscales, & les causes des offices publiques
6 a Et si dedās ledict terme de troys ans le Iuges sont
trouuez trop lents & tardifs a faire ladicte termina
tion & vuidange, ils seront grieuement puniz, mais
en diuerses manieres. Car les Iuges inferieurs & subalternes
seront puniz en troys liures d'or. Mais les
7 grands Iuges en dix liures d'or. b Mais d'autant que le
temps de troys ans sembloit a plusieurs plus long
que de raison, pourtant est il que l'an. 1526. a le requeste
de plusieurs, par instruction de la Chambre fut esta
bli & mande en Conseil, que sentence fust donnee
& droict faict & rendu dedans six semaines, mais
par ce que cela ne se pouoit faire en si peu de temps
a cause d'une trop grande abondance & presque in
finitie d'autres causes a terminer & decider lesquelles

on ne pouoit fournir & satisfaire en si brief temps
pourtant fut ceste ordonnance de rechef puis apres
reuoquee, & ordonne que toutes causes se terminassent
non a certain temps & prefix, mais le plustost
que faire se pourroit, pour la plus grande commodite
de tous, tant des parties que des conseillers
8 & de toute la court entierement. Et quand les Magistrats
inferieurs different a iuger plus quil n'est de
raison, adoncques la court leur escript & leur mande
qu'il facent droict, & qu'ils prononcent la sentence
dedans six semaines, ou bien en autre temps par eux
prefix. Et s'ils n'obeissent a ce premier mandement,
alors on leur mande le mesme pour la seconde foys
sur peine bien estroicte. Auquel mandement s'ils
nobeissent pour la seconde foys, & qui'ls ne facent
iustice & droict, alors le Prince euoque la cause a
sondict Conseil, & ces rebelles & non obeissans
sont adiournez a celle fin qu'ils voyent & oyent pro
noncer contre eux la peine a laquelle ils viendront
a estre condannez par leur propre faute & coulpe,
& pour auoir este desobeissans au commandement
de leur superieur.
a Vulgata l. Properandum in principio C. de Iudic.
b d. l Properandum §. Sin autem vtraque parte C. de
iudic.
CHAPITRE CXCIII.
D'Euocation de Proces.
Sommaires.
1 Qu'est Euoquer le Proces.
2 Le Iuge suspect.
3 Le Iuge non chalant a faire droict.
4 La cause priuilegiée.
Causes d'Euocation sont
5 Cause dont depend vn autre proces.
6 Causes de marchans estrangers.
7 Causes de iurisdictions de quelques forains.
8 Le Duc Philippes euoqua les causes du Parlement de Paris a Malines.
Le Conte

262 LA PRACTIQVE
9 Du Conseil de Flandres par lettres patentes & Huissier.
Le Conte de Flandres euoque &
10 Du Conseil de Malines par ses lettres closes.
11 C'est au Prince seulement d'euoquer les proces.
12 Les quatre membres de Flandres se sont plaints de l'Euocation du Prince.
1 EVoquer vne cause ou proces, est la rappeller
du Iuge pardeuant lequel il se meine &
traicte, au Prince ou a son Conseil. Ou, Euocations
sont lettres patentes, par lesquelles le Prin
ce pour causes de poids & vrgentes rappelle a soy
ou a son Conseil vne cause qui a este menee en aultres
sieges ou consistoires, comme estimant la cause
se estre de poids & importance, qu'il ne veult point
quelle se traicte ou meine pardeuant vn tel Iuge,
ains il pense que la cognoissance d'icelle apertient
principalement a soy ou a son Conseil. Et pourtāt
il rappelle de la tout le proces & cognoissance de
cause d'icelui, il le retire a soy & l'enuoye a son Cō
seil. Or les causes pourquoy le Prince rappelle a soy
telles causes & proces & la cognoissāce d'iceux sont
2 diuerses. Et tout premierement, Ie Prince rappelle
a soy vn proces, pour ce que le Iuge pardeuant lequel
la cause ou proces est pendant est au Prince sus
pect, ou qu'il s'est rendu suspect pour certaines cau
3 ses. En second lieu, pourtant qu'icelui iuge est par
trop tardif & nonchalant a faire droict & iustice,
& que mesme il auroit este defaillant, combien quil
eust souuent este admoneste par lettres du grand
Conseil a ce qu'il fisse droict & Iustice.
4 Tiercement, pourautāt que telles causes seroyēt
priuilegiees, & telles que le Iuge ordinaire nē doibt
cognoistre, ou de telle qualite & si grande importāce,
que le Prince les reserue a sa seule cognoissance,
& nentend qu'elles paruiennent a la cognoissance
ou Iugemēt d'aucū aultre. Pour le quatriesme poīt.
Que les causes sont telles que de la cognoissance di
celles depend vn autre proces produit pardeuant au
5 tre Iuge, De sorte & maniere que ce proces du plus
grand poids ne se pourroit deueuement vuider ne
decider sans certaine cognoissance de l'autre, pource
6 que l'un depend ainsi du tout de l'autre. Et pour
tant le Iuge appelle l'un proces au siege & lieu iudicial

de l'aultre. Pareillement, par instruction de la
7 Chambre, le Conte de Flandres se reserue specialement
l'euocatiō, parlaquelle il euoque deuant sa per
sonne. on deuant son priue ou grand Conseil toutes
causes de marchans estrangers, ou aussi les causes
de tous autres estrangers, lesquelles causes apertiennent
principalement aux ditiōs, Seigneuries & prin
cipautez d'iceux quelques que fussent telles ditions
8 ou de quelque estat & dignite quelles peussent estre.
9 Telle reseruation print & vsurpa iadis a soy Char
les Duc de Bourgogne, quand il establit le grand
Conseil a Malines l'an. 1473. Au surplus, Quand le
Conte de Flandres veult euoque quelque proces
ou causes du Conseil de Flandres a soy ou a son Cōseil
priue, il le faict par lettres patentes & mandatoires,
10 & par exploicts & executions d'huissiers. Mais
quand il veult euoquer les causes pendētes au grād

Conseil de Malines, adonc il ne faict telles euocations
par lettres patentes, ou par exploicts ou exeeu
11 tions d'huissiers. Mais il escript par lettres closes a
la Court, ou il mande que tout le proces lui soit enuoye.
Et pourtant, il n'apertient a aucun d'euoquer
le proces, sinon au Prince seulement qui par telle euocation
sienne soigne & faict que la premiere instance
ne soit prise ou empeschee. Delaquelle chose
les quatre membres de Flandres se sont iadis grieue
ment complaincts.
CHAPITRE CXCIIII.
Des Referendaires des Proces.
Sommaires.
1 Referendaires qui sont?
2 Referendaires au Conseil de Malines establi par le President.
3 Office de Referendaire.
4 Referendaire rapporte la simple substance du proces.
5 Referendaires ne doiuent estre cognuz des parties.
6 Referendaires qui est cognu de la partie est debouté, & en prent on vn autre
incognu.
7 La coustume de rapporter n'estoit point iadis en vsage au Conseil de Flandres-
1 Referendaires des proces sont ceux, ausquels
apres que le proces est conclud en cause sont
cōmis pour l'examiner, & qui apres l'examen
d'icelui faict doiuent fidellement rapporter au Senat
ou en Court toute la substance d'icelui proces,
& les articles, sur quoy les proces sont fondez & ap
2 puyez comme sur gonds. Ils vsent donc au grand
Conseil de Malines que les proces se rapportent par
vn qui soit Conseiller, lequel le President establit &
commet a ce faire. Et afin que cestui ci rapporte plus
fidellement & plus certainemēt la verite & substance
des proces, au Conseil, premierement visite tout
le proces entierement, & note les inuentaires, &
void incontinent si tels inuentaires sont cōplets d'u
ne & d'autre part, ou a plain fourniz. Par apres il recueille
3 des escriptures certains extraicts des faicts
qui ont este produits par les parties, prouez & nō pro
uez, de quelque maniere que ce soit. En apres, par
les verifications & preuues d'iceux faicts, il recueille
en ordre cōuenable toutes les difficultez qui sont
4 au proces, ou qu'il trouue audict proces. Lesquelles
choses paracheuées, finalement, il rapporte en court
tout

gr♣sse.
CIVILE. 263
tout ce qu'il a trouue cognu & desmeslé au proces,
tous les cas, toutes les productions & merites des
proces, il les recite sommairement. Qui plus est il re
cite & narre quand & quand les points esquels le
proces consiste selon son aduis, a celle fin qu'un chas
cun des cōseillers puisse mieux & plus diligemmēt
aduiser a iceux points, esuise son entendement com
5 prenne & cognoisse mieux toutes choses, Suiuant
ceste ci escripte, la practique porte au Parlemēt, que
tels referendaires soyent secretement celez & cachez.
Car ils ne veulent point qu'il soit declare qui
est raporteur ou referendaire, tellement que s'il ad
uient que la partie sapercoiue qui est establi referen
daire, ou qui seroit celui qui auroit eu la charge d'ex
aminer & rapporter le proces, tout aussi tost ceste
6 commission de rapporter, est par la court commise
a vn aultre incertain pour examiner & rapporter ce
proces. Et ce faict cela pour euiter tout souspeçon
de mal. I'ay pareillement entendu que ces choses se
sont & ont autre foys este faictes au grand Conseil
7 de Malines. Mais quant au Conseil de Flandres, ils
vsoyent iadis fort peu de tel rapport de proces ou extraicts
qui en estoyēt faicts, combien qu'il eust este
ordonne & enioint par ordonnance de l'an. 1426.
comme nous auons dict au chapitre precedant que
les conseillers par ordre & chascun a son tour prinssent
chascun son proces, & le visitassent, & rapportassent,
pour seurete des parties & pour plus brieue
expedition des proces.
CHAPITRE CXCV.
Des Escriptures perdues.
Sommaires.
1 Si quelques pieces du proces se perdoyent, le referendaire renuoye le tout au
2 Par la faute du Greffier, il est tenu de tout le domage.
3 Par fraude de la partie, elle est tenue a faire nouelle information & a l'amande
Si les informations estoyent perdues arbitraire.
4 Par la faute du producteur, il perd sa cause, & sera empesché de faire nouelle
enqueste.
De Flandres
5 Au Conseil & Informations perdues se recouurent sur la minute du Greffier.
De Malines
6 En France les tesmoins soubsignent leurs depositions chez le Greffier.
1 SI le referendaire ou rapporteur du proces trou

ue que les causes ne soyent deuement complet
tes & fournies, ains que plustost il y ait quelques
proces d'escriptures pendues, il renuoye incontinent
le sac & toute la cause au greffe, a ce que le
greffier supplee repare rabille, & adiouste tout ce
qui y est obmis, & qu'il restitue, & restablisse conuenablement
ce que par nonchaloir ou par oubliance
n'auroit este serui. Et si d'auenture les informa
tions ou enquestes estoyent perdues, & que ce fust
aduenu par la negligence des greffiers, alors & en
ce cas le greffier auroit a respondre de telle perte, lequel
sera tenu soustenir & reparer tous domages &
interests que la partie pour ce endureroit. Et oultre
ce, a cause d'une si grosse & lourde nonchalance
sienne indigne de son estat & office, il deuroit estre

3 grieuement & arbitrairement puni. Mais si icelles
informations fussent perdues par vne fraude occulte
& malice de la partie aduerse, & que de ce il apparust
euidemment ou par presomption, alors, pour v
ne telle fraude commise il deura & sera tenu payer
les despens de la nouelle enqueste, qui deura estre
faicte, & oultre ce, grieuement puni de sa malice.
4 Mais si elles auoyent este perdues par la nonchalance
ou coulpe du producteur, en ce cas icelui producteur
ne pourra faire autre information ou enqueste,
pour le souspeçon qu'il y auroit, qu'il n'eust
suborne les tesmoins, car on presumeroit lors qu'il
auroit perdu ou faict aueugler ladicte enqueste
tout a essient & de son gre, afin quil eust moyen de
produire autres tesmoins qu'il auroit subornez. Et
pourtant la partie aduerse obtiendra lors sa conclusion,
5 & la cause lui sera adiugée. Au Conseil prouincial
de Flandres & aussi au grand Conseil de Malines,
afin deuiter nouelles informations on comman
de que les informations ou enquestes perdues s'escriuent
de rechef & soyent mises au net, sur le regis
tre ou minute que le Cōmissaire a gardees iusques
a ce que sentence ait este prononcée sur le proces.
6 Or pour commodement remedier a ces dangers de
perdre les informations, ils ont en vsage en France,
que le Commissaire commande que chascun des
tesmoins soubsigne sa deposition en la fin de sa minute,
a fin que sa minute soit autant autētique com
me les extraicts & grosses qui auroyent este prins
sur icelle & grossoyez, afin que en defaut & pour
la perte de la grosse, le Iuge puisse tousiours auoir
son recours & refuge a la minute cōme au premier
principal original.
CHAPI-

du pais.
264 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CXCVI.
Des prendre Conseillers.
Sommaires.
Le souspeçon des Conseillers L'auctorité du Prince.
1 Les Conseils s'augmentent, pour & Par L'auctorité du Conseil.
Poids des causes La requeste de parties.
2 Au lieu d'iceux qui sont suspects ou impuissans il en fault mettre d'autre.
3 Exemple du Conseil de Flandres augmenté.
4 Les Conseils se doiuent augmenter pour l'abondance & importance des causes
5 Exemple du Conseil augmente en la cause du tol d'Ise kenhoirt.
6 Le Prince augmente le Conseil a la requeste d'iceluy mesme Conseil.
7 Exemple du Conseil augmenté en la cause de Monsseur de Nassau & de M. de
Bergues.
8 Exemple du Conseil augmente en la cause des Tuteurs de M. De Cruningue.
Reçoit augmentation, s'il ne fie assez en soymesme.
9 Le Conseil a la requeste de l'une des parties
Refuse d'estre augmenté, s'il se cognoist assez suffisant.
10 Exemple d'augmentation de Conseil refusée.
ILz escheent quelque foys des causes qui sont si
graues & de tel poids & importance, qu'on adioint
aux Conseils priuez plusieurs autres Con
1 seillers prins d'ailleurs, ce qui se faict cōmunement
en deux manieres, c'est a scauoir ou a cause de quelques
Conseillers suspects, & qu'on doibt debouter,
ou bien pour la grauité des causes. Et cela se faict en
troys manieres, scauoir est, par l'auctorité du Prince
ce mandant, ou de l'auctorité d'icelui Conseil, ou a
2 la requeste de la partie. Pour plus claire cognoissance
de ces choses, est a scauoir que quand aucun des
Conseillers, ou plusieurs Conseillers sont tenuz sus
pects, ou si pour quelques causes ils ne se peuuent
nullement trouuer a la visitation & examen de proces,
alors le Prince a acoustume d'augmēter ce Con
seil de quelque nombre & le renforcer, & de substi
tuer plusieurs autres Conseillers au lieu de ceux qui
sont suspects, & ne peuuent comparoir, qui (comme
loyaux ouuriers) soyent prests & assistent a visiter
le proces, & aydent a le iustement & legitimement
3 determiner & decider. Car aussi cela fut quelque
foys faict (afin que i'en ameine des exēples) en
Flandres, en la cause & proces de Ieā vander Grancht
contre Anne Craye. Car en ceste cause le Procureur

General s'adioignoit a l'une des parties, & pour ce
qu'ē ce Conseil il auoit eu suspects, Mōsieur le Presi
dent & plusieurs aultres Cōseillers du Cōseil de Flā
dres pour tāt fit il tant enuers le Prince que lesdicts pre
sident & conseillers suspects seroyent deboutez de
prendre la cognoissance de ceste cause, & qu'au lieu
d'iceux seroyent substituez deux autres conseillers
du grand Conseil de Malines, qui pour ceste cause
furent enuoyez a Gand, aux despens du Prince, afin
4 que ce Conseil fust augmente de nombre, &
renforce de Conseil. De ceste maniere, quād les ma
tieres sont de grande importance & cōcernent tout
vn pais & region, comme sont Brabant, Flandres,
Hollande, Zelande & semblables, alors & en ce cas,
le Prince de son auctorite a acoustume d'accroistre
& fortifier tel Conseil, combien que nul des Consellers
fust suspect en la cause. Et de ceci se peult
5 monstrer exemple quasi tout fraiz en la cause & pro
ces de payer ou ne payer tol a Iserkenhoirt en Zelande,

lequel tol apertenoit au Prince. Et pourtant
que la cause de ce tol estoit fort difficille, ardue, &
de grande importance, comme qui concernoit &
touchoit plusieurs regions, les subiectz desquelles
deuoyent en nauigāt passer par la, pourtāt est il que
le prince destinoit a ce Conseil plusieurs conseillers,
prins de Brabant, Flandres, Hollande, & d'Artoys,
6 & ce a ces fraiz & despens propres. Par ces semblable,
quand les matieres sont de grand poids & importance
& entre parties qui sont puissantes, de sorque
le Conseil demandast estre fortifie & augmente,
alors le Prince a acoustume d'augmenter, accroistre
& fortifier le Conseil, non pas a ses fraiz, mais au
despens de toutes deux parties, qui lors doiuent par
ensemble contribuer a payer lesdicts fraiz & despēs
7 Et ainsi en fust faict au grand Conseil de Malines
en la cause de Monsieur le Conte de Nassau contre
Monsieur de Bergues, sans plusieurs aultres exemples
de ce, qui sont aduenues en aultres causes &
8 proces. Voire & aduint encores, le mesme l'an de
nostre Seigneur. 1564. en la cause des tuteurs de. M.
de Cruningue Demādeurs par requeste d'une part,
& le Curateur de la maison mortuaire du feu Marquis
de la Vere, Defendeur daultre, pour la cause
d'une prise de possession & mise en saisine qui estoit
pretendue auoir este faicte par le iadis Seigneur de
Cruninghe & sa femme en ladicte maison mortuaire
dudict feu Marquis de la Vere: car en ceste cause
furent par lesdicts Tuteurs, c'est a scauoir le Marquis
de Bergues & Conte de Hornes suspectez &
reprouez, le Presidēt de Malines Monsieur de VVa
terdijck. M. de Masnui & M. d'Euerard, qui selō l'or
donance de la Duchesse de Parme pour lors Gouuernante
de ces Pais bas furent appellez au Conseil
priue, & en leur place furent substituez & enuoyez
audict grand Conseil de Malines. M. de Bruxelle,
9 M. de Indeuelde, & M. Cobel. Mais s'il aduenoit
que le Prince voulust augmenter & fortifier quelque
Conseil a la requeste d'une des parties, cela se fe
ra aux despens d'icelle partie, & ou cas qu'ils ne se
fiassent en eux ni en leurs forces, & qu'ils pēsassent
ne pouoir suffre a telle cause. Ce que ie n'ay adiouste
ici sans cause. Car si le Conseil se trouoit & cognoissoit
assez fort & suffisant pour visiter & iuger

vn tel proces, alors icelui Conseil ne seroit tenu obeir
a l'augmentation & fortification de soy, ains
peult renuoyer tel renfort de crainte qu'ilz nayent
este subornez, ou qu'il n'i ait de la faueur, qu'iceux
Conseillers enuoyez ou pour enuoyer pourroyent
porter

CIVILE. 265
10 porter a la partie qui les payeroit, ou a la cause par
eux vuidee & decise. Et ainsi fut nagueres faict au
grand Conseil de Malines, es causes des nations d'Italie,
contre les nations de Castille & Biscaye, ou les
Italiens seuls demandoyent & requeroyent que le
Conseil fust augmente & fortifie a leurs despens
seulement laquelle augmentation demandee fust
pour la cause susdicte deniee & refusee a la partie Ita
lienne.
CHAPITRE CXCVII.
De Visiter vn Proces.
Sommaires.
En droict.
1 Vn proces se doibt diligemment examiner, a scauoir s'il consiste ou
En faict.
2 En droict, il fault visiter les liures,
Si la matiere du proces consiste
3 En faict, il fault considerer les tesmoins.
4 Quand tesmoins sont egaux en credit & nombre, on doibt plus fauoriser au
Defendeur.
AV chapitre. 194 nous auons quelque peu
touche des Referendaires & des offices,
d'iceux, & entre autres nous disions qu'il
1 leur apertient examiner diligemment le proces & c.
Or en cest endroict fault il vn peu plus amplement
mōstrer comme on doibt examiner le proces, pour
cognoissance de quoy fault scauoir qu'il apertient a
l'examinateur & eu iuge qu'en la visitatiō du proces
il considere diligemment & aduise prudemment en
quoy toute la matiere du proces cōsiste, si en droict,
2 ou en faict, Car sil trouue que la cause consiste en
droict, & quelle soit tresdificile a vuider alors l'exa
minateur ou le iuge prendra & recueillera de tout le
proces toutes le difficultez qui y sont & les rappor
3 tera pour en cōsulter auecques les liures. Mais sil trou
ue la matiere estre en faict, a scauoir quelle cōsiste en
preuues, & qu'il trouue que les tesmoins soient entre
eux contraires, le iuge se parforcera & mettra peine
d'accorder iceux tesmoins ou leurs depositions, aumoins
s'il peult, & s'il ne le peult faire commodement,
il cherchera neantmoins & poursuiura toute
voye & moyen pour paruenir le plus pres qu'il pour
ra a la cognoissance de veritè, & oultre ce il prendra

ce qui lui semblera plus vray & moins suspect, non
tant considerant le nombre des tesmoins qu'a la
meilleure & plus saine partie d'iceux, & a ceux ausquels
il doit donner plus de foy & credit a cause de
leur aage & dignité. Car on donne plus de foy a vn
ancien qu'a vn ieune, a celui qui est prest qu'a celui
4 qui n'est prest, au mari qu'a la femme & c. Mais si
tous les tesmoins estoyēt de mesme qualité, de mesme
conditiō, egaux en foy & credit, par maniere que
l'vn ne semblast non plus suspect que l'autre, en ce
cas il faudroit prendre garde au plus grand nombre
des tesmoins, & le suiure. Ou bien s'ils estoyent en
nombre egal, de maniere que par ce il y eust doute,
la cause duquel seroit plus fermement establie, alors
conuiendroit il fauoriser au Defendeur, de maniere

que pour la douteuse apparence le Defendeur doibt
estre absoult. Il y a toutes foys des causes esquelles
on fauorise quelque foys plus de droict au Deman
deur, a scauoir pour la consideration des personnes
ou qualité des choses, comme es matieres de testaments,
donations, contracts de mariages & c. Mais
si cela se faict de droict & de raison (attendu qu'il
conuient que la iustice soit aueugle, & nullement
acceptrice des personnes) les aultres en iugent.
CHAPITRE CXCXVIII.
De dire son opinion en l'Examen du Proces.
Sommaires.
1 Es Conciles generaux est requis vne modestie.
2 A vuider & terminer les proces, est requis que ceux qui y opinent soyent
modestes.
3 Ame n'opine s'il n'est interrogué.
4 Apres que le proces est rendu par le referendaire, que doibt faire le President?
5 Le referendaire est premier interrogue, puis les aultres.
6 Es causes qui sont ardues & difficiles, le President suspend la definition, &
enhorte tous a consulter.
7 Les opinions qui sont discordantes se doiuent accorder par le President.
8 Es causes qui sont embrouillées, on comment quelque foys gens pour accorder
les parties.
9 En France, le moindre nombre d'opinans suit le plus grand.
10 Opinions qui sont donnees hors iugement sont nulles.
Z Es

266 LA PRACTIQVE
1 ES Conciles generaux, tout ainsi que principalemēt
& sur tout est requise vne modestie
des peres, voire tout ainsi qu'icelle modestie
est la cōmandee a estre gardee en l'examen & discus
sions des escriptures, & pour auoir cognoissance de
la verité, tant aux parties cōme aux estats qui la sont
presens, a fin qu'ils soyent toutalemēt eslongnez de
toute aigreur, cris, hautaineté, petulance de langue, &
opiniastreté, car ou la chaleur & l'obstination domi
nēt, la verite est en danger de se perdre, requis qu'a
establir la veritè & les ordonnances ils soyent courtoys,
modestes & benings. Qu'ils oyent les aultres
paisiblement, cognoissent, & entendent, qu'ils
n'attribuent moins au sens & ingement d'aultrui
qu'au leur propre, qu'ils facent conferēt & definient
tout auecq vne modestie & ensuiuant la regle de ve
rité. Pareillemēt ceste mesme modestie requiert que
le mesme se face es cōseils priues & particuliers, secu
liers, & aux declaration s & explications des causes
priuees. Et a fin que ce la se fist plus fermemēt & auecques
plus d'auctorité, le Duc Philippe ordonna &
2 manda l'an 1426. par instructiō de la chambre que
le President & conseillers, en examinant le proces,
voire qu'en deliberāt, en opinant, & en determināt,
ils ne fussent point criarts, opiniastres, hautains, ains
modestes, faciles benings, & que si les aultres monstroyent
plus clairemēt la verité, ils fussent prompts
a leur ceder, de maniere qu'en argumentant & disputant
ils sentreentedissent facilement les vns les
aultres, & qu'ils s'entre ouissent paciemment, ils ne
rompissent point le dire & les propos les vns des aul
tres, qu'ils ne rabrouassent personne, qu'ls ne se cou
3 rouçassent legerement. Subsequemment, qu'en opināt
aucun ne parlast sinon qu'il eust este interrogue
par mōsieur le Presidēt, & commande dire son opiniō.
Et qu'en prononçant sa sentence il die son opinion
& ce qu'il en sent breuement & en peu de paroles,
modestement, & auec vne maniere & ordre
conuenable a fin que de rechef il ne vint a tomber en
raisons qu'ils auroit desia dictes, & que souuent il
ne repetast mesmes & mesmes choses, qui par les au
tres auroyent vne foys este pertinemment resolues,
Car, a fin que cela s'euite, & s fin que toutes choses

4 se facent auecques conseil & raison, on tient pour
vsage au grand Conseil de Malines, que apres que
tout le proces aura este visite & diligemment examine
par le referendaire, & que l'inuentaire de l'une
& l'autre partie aura par lui este verifié, que le
President reprent & resume sommairement tout le
proces entieremēt & le relise, assemble toutes les dif
ficultez d'icelui, il les esclaircisse & rende plus claires
5 & facilles. Ces choses faictes le President demande
tout premierement du referendaire sa sentēce & opinion.
Et si la matiere est de petite consequence, le
Iuge ou le President procede plus oultre en icelle,
interrogue & demande l'aduis des aultres Conseillers,
& conclud selon le plus grand nombre des opi
6 nants. Mais si la matiere est difficile & de grande im

portance, en ce cas il n'interrogue point plus oultre,
ains il suspend la cause & proces iusques a vn iour
ou deux, mandant aux autres conseillers, que meurement
ils deliberent sur les difficultez qu'ils ont
aperceues, qu'ils les reuoluent & en consultent diligemment.
7 Le President faict faire aussi le mesme
quand les conseiller se diuisent en diuerses opiniōs.
Quand donc vn iour ou deux sont passez ou bien
troys, quand le President pensera que les conseillers
ayent bien diligēment discuté & examiné toute la
chose en leurs maisons, & qu'ils auront soigneusement
consulte & visité les liures des Docteurs, alors
il produit de rechef ladicte matiere, & de rechef repete
& propose toutes les choses difficiles & ardues
desquelles ils n'auoyent premierement peu conuenir,
& ce parforce en toutes manieres & par tous
moyens d'accorder ces opinions differentes. Et s'il
trouue quils persistent fermement en leur premiere
opinion, en ce cas il se prepare, & accōmode pour de
finir & iuger, recueille les voix & sentences des opi
nants, conclud & diffinie suiuāt le plus grand nombre
8 des opinants. Mais si la matiere est si embrouillee
& perplexe & en faict tant obscure que facilement
elle ne se puisse resouldre & expliquer par les
dicts conseillers, alors en ce cas, la Court depute de
legue & ordonne quelques conseillers qui amiablement
accorderont les parties, en tant qu'ils scauront
& pourront auant que la sentence definitiue se prononce.
Mais s'ils ne les peuuent en aucune maniere
accorder, on mande aux mesmes Commissaires que
suiuant leur office, ils s'informent plus amplement
sur les difficultez & en demandent conseil aux plus
doctes. Ceste information veue & regardee, le Presi
dent ordonne le tout comme il apertient, & en rien
9 ne haste ou precipite la cause. Mais en France, es dis
sensions d'opinions est ordonné, que quand en deliberant
il aduient que les opiniōs ne sont d'accords
le moindre nombre doibt suiure la plus grande &
saine partie, & qui par cause plus certaine proue &
10 establit ses dicts. Et quant aux opinions qui sont
donnees separement, dehors, & hors l'assemblee du
Conseil & les opinions des aultres conseillers non
ouies au grand Conseil de Malines elles sont tenues
& reputees pour nulles, pour ce que si l'opinant auoit

oui les autres opinans & leurs raisons, peult estre
qu'il eust eu autre iugement, & eust opine autrement.
CHAPITRE CXCIX.
D'accorder Parties amiablement.
Sommaires.
1 Es choses qui sont douteuses il est bon que parties s'accordent par le Iuge.
2 Au Parlement de Malines es choses qui sont difficiles les Parties s'accordent
par Commissaires.
3 Quand la matiere est claire on ne doibt induire les parties a concorde.
4 Il est a souhaiter que les parties s'appointent au commencement du proces.
5 Serment superstitieux ne lie point, ains se doibt violer.
Iay

CIVILE. 267
1 Iay dict au chapitre precedant, que l'office du
President & Iuge est, d'accorder quelque foys
les parties amiablement ensemble, & singulierement
quand il trouue la matiere obscure & douteuse.
2 Mais au grand Conseil de Malines ils vsent &
practiquent souent que les parties enuoyent aux
Commissaires a ce que par eux elles soyent ouies,
qu'ils dechifrent & disputent les causes d'icelles en
presence, & qu'amiablement il les mettent d'accord
si faire se peult. Et s'ils ne les peuuent aucunement
accorder que au moins ils declarent & des
couurent a l'une & l'autre partie separement & a
part toutes les difficultez des causes, a ce qu'icelles
flottantes entre esperāce & crainte, ils les puissent
par bonnes raisons plus facilement induire a vne
bonne paix & concorde. Mais si obstinement el
les refusent d'acquiescer a bons & sains conseils,
qu'elles attendēt la fortune & euenemēt de la sentēce.
Et peult tout Iuge faire & executer cest office
d'un bon & chrestien Iuge, a fin que ie ne die qu'il
y est tenu, en quelque estat que la matiere & cause
consistent, ou cas que la matiere ait beaucoup de dif
3 ficulté, & que la sentence qui doibt estre prononcée
soit douteuse. Ce que i'adiouste ici, par ce que si
le proces estoit conclud en droict, visite & diligemment
examiné, & que par cest examen le Iuge cognust
clairement qu'elle cause seroit la meilleure &
plus iuste, en ce cas il ne doibt induire les parties a
cōcorde, car s'il faisoit cela, il sembleroit t plus fauo
riser a l'une ou l'autre des parties, ce qui doibt estre
fort eslongne du courage du Iuge, ains en ce cas il
doibt faire droict, & sentencier au proufit de la par
tie qui seroit mieux qualifiee & la cause de laquelle
seroit plus iuste, sans aucune faueur, & n'ouurir pas
seulement vne foys sa bouche de faire accord entre
4 elles. Mais ie voudroye que ce point fust a tous Iu
ges familier par vne charite Chrestienne, que toutes
& quantes foys qu'on intenteroit aucun proces
par deuant eux, ils se missent en effect d'accorder
les parties, deux mesmes ou par aultres auant quelles
vinssent a tomber en ces proces odieux rongearts
& engloutissans. Car ce faisans ils representent
& font l'office d'un bon Iuge, & aussi d'un vray &
sincere Chrestien, & suiuent la doctrine des Apostres,

& se conforment a l'exemple de Christ nostre
Sauueur pacifique, & se parforcent de l'exprimer
5 par imitation. Et combien ce soing du Iuge a mettre
les parties d'accord soit en droict fauorise & agreable,
& non seulement a Christ, il appert assez
par cela, que si l'une des parties auoit iuré que iamais
elle ne feroit transaction ni accord auecques
sa partie, tel serment n'obligeroit celui qui iure, ni
enuers Dieu, ni in foro fori, tout ainsi que le serment
superstitieux d'Herodes n'obligeoit, car il lui eust
mieux valu l'auoir vertueusement enfraint & rom
pu, que l'auoir acompli auec impieté. a
a Marci 6.
CHAPITRE CC.

Des Transactions & Acords.
Sommaires.
1 Qu'est transaction.
2 Transaction a tout tel pouoir que la sentence.
3 Que la cause soit douteuse.
4 Pour faire vne transaction est requis Que la cause soit en proces, ou qu'elle soit
pour estre mise en proces.
5 Que parties acquierent de ce quelque proufit.
6 Pour ce qu'elle est faicte sur vne chose douteuse.
7 Pource qu'elle produit & engendre exception generalle.
Transaction ne se peut rescinder
8 Par ce quelle est pareille a la sentence.
9 Pourtant que par icelle on se deporte du proces, & on cherche son prousit.
10 Quel amas d'incommoditez produisent les proces.
11 Transaction qui est fraudulente se peut bien rescinder.
Et de laquelle on n'a appelle, il est trop tard de transiger.
12 Apres la sentence donnee mais
Quand il y a appel, on peult bien faire transaction.
13 Transaction en matiere beneficielle n'a point de lieu.
14 Vne amiable composition quant a choses spirituelles a bien lieu,
15 Transaction qui se faict pour paisiblement retenir vn benefice est licite.
16 En cause de mariage transaction est exclose.
17 Se peut faire de crime, de peine corporelle, ou de sang.
Transaction mais
18 Elle ne se peut faire de crime, de peine non corporelle.
19 Qui sont peines non corporelles?
20 Impunité de crime non corporel seroit aux riches a scandalle, si, & c.
Se peut faire des aliments passez.
21 Transaction
Ne se peut faire des futurs.
Laissez par testament on peut intenter action.
22 Des aliments futurs
Par contract, on ne peut intenter action.
Esteinct tous droicts Lettres du Prince.
Ne peut estre rescindée, ni par
23 Transaction
ni par Nouuelles lettres trouuées.
Ne peult estre reformée.
Z2 Par

268 LA PRACTIQVE
1 Par ce que nous auōs ci deuant dict que c'est
oeuure bonne & Chrestienne, que ceux qui
ont a entrer en proces soyent par le Iuge ou
par aultres reconciliez, & soyent amiablement con
seillez & persuadez a faire vne bonne & profitable
transaction & accord, ce ne sera chose sans proufit
de cognoistre que cest que transaction, & quand &
en quelles choses elle doibt auoir lieu. Transaction
est doncques est vne paction gratuite d'une chose
douteuse, & d'un proces incertain qui n'a point este
2 vuide ou decis. a Or toutes transactions que les par
ties font & accordēt quant aux choses qui sont dou
teuses, & es proces qui sont indeciz & encores pendans
ont pareille facultez & efficace que les senten
3 ces, ou que la chose iugee. b Mais il fault noter ceci,
que pour faire toutes transactions pour cause de
droict il y doibt principalement auoir troys points.
Premieremēt, que la causes soit douteuse, par ce
que des choses & causes qui sont claires on ne transige
point. comme nous auons dict au chapitre precedent.
4 En second lieu, que par effect, ou au moins
par apparance il semble qu'il y aura proces. Car la
crainte du proces meu ou a mouoir, de faict, nō
pas de droict. est cause assez forte & suffisante, pour
laquelle on puisse faire une transaction qui soit ferme
5 & valable. c Tiercement. Que par telle transaction,
les parties ayent & percoiuent quelque pro
fit, combien que l'une & l'autre partie cedast quelque
chose de son droict. d Et pourtant en la trans
6 action ne peut estre alleguee par l'une ou l'autre des
parties, deception d'outre la moitie de iuste pris, par
ce qu'elle a este faicte sur chose douteuse & proces
incertain, ou pour vn proces incertain: Car si long
temps que le proces pend, pour le regard de leuenement
il est incertain & douteux. Car tout ainsi que
leuenemēt de toutes choses est incertain, aussi est le
uenemēt des proces & Iugemēs tousiours douteux &
incertain, e Laquelle loy s'allegue tousiours a ce pro
pos, Et pourtāt en transactiō neschet point rescission
pour cause de deception d'oultre la moitie de ius
7 te pris. f Secondement, par ce que generalle transaction
engendre generalle exception, & laquelle es

tant lors mise & proposee soub l'action se pouoit
enclorre auec icelle, & pourtant faict elle aussi
cesser toute rescisson. g Car apresque restitution
est faicte de l'heritage en la plus petite partie,
& que le fidei Commissaire est deceu d'outre
la moitie, dict le Legistateur que le fidei commissaire
ou depositaire pourroit adonc agir pour le reste,
si premierement n'en auoit este transigé. Et pour
ceste cause transaction faict cesser le benefice de la.
8 L. 2. C. de rescind vendit. Tiercement, Que trans
actions ne se puissent rescinder, il appert par la, que
transaction est comparee a vne sentence, comme a
este dict ci dessus. h Et pourtant, tout ainsi que la
sentence ne se peut ni rescinder, ni retracter, aussi
ne faict vne transaction, i Quartement, Pourtāt que
9 par transaction on se depart & deporte du proces,
pourtant est il que la transaction qui est deuement

& legitimemēt faicte ne se peult rescinder pour au
cune deception, & ce pour la cause des proces qui
est trop odieuse, a ce qu'en quelque maniere que ce
soit les proces se terminent & prennent fin. k L'Euesque
a remis tous droicts, ayant seulement reserhuit
deniers de pension. Et le confirme par bonne
raison, car par ce qu'aucun se depart d'un proces il
est dict acquerir grand profit, & nest point estime es
tre deceu. Et pourtant, ceste transaction & departement
de proces ne se doibt en aucune maniere rescinder,
par ce que pour ce departement du proces
10 telle deception est estimee nulle. l Car combien de
proufit apporte auecques soy vn depart & deportemēt
de ces fascheux proces? Cela est par trop cognu
de ceux qui par n'auoir iamais faict aultre chose que
plaider se sont perduz & ruinez leur corps, ont vuide
leurs bourses, ont abrege leurs vies, ont mis &
reduit a pouurete extreme leurs femmes & chers en
fans, ausquels ils deuoyent de tout droict pouruoir
a ce qu'ils peussent viure honestement & commodemēt.
A telles miserables personnes eust este beau
coup meilleur des le commencement se deporter
de proces & abandonner leur cause a l'aduersaire opiniastre
& puissant, commettāt leur droict a Dieu
qui est iuste Iuge, plustost, que se perdre eux & les
leurs par proces sans queue, & par lesquels ils font
bien souuent plus de fraiz & despens que ne montoit
11 pas le principal, Car par vne telle cession & delaissement
de proces, il gaigne tous ces despens la, afin
que ie me taise d'une perpetuelle tranquillite des
prit en laquelle il se met, se deschargeant d'un faiz si
lourd & pesant, Ce que plusieurs cognoissans bien
& sagemēt, ont acoustume dedire, Si quelqu'un me
demandoit mon manteau & mon sayon, ie lui laisseroye
le manteau & retiendroy le sayon, c'est a scauoir,
auant que me mettre cōtre lui en proces, & en
Françoys on dict. Il gaigne assez qui se met hors de
proces. m Iay vn peu au parauant dict de la transaction
qui est deuement & legitimement faicte parce
que sil y auoit transaction qui fust faicte par dol,
fraude, ou par mauuaise & sinistre induction, celui
qui se sentiroit greue se pourroit lors a bon droict
12 complaindre d'icelle & sen faire releuer, Quant au
surplus, ame ne peult transiger apres la condennation,

ou apres sentence donnee, car alors la cause ou
proces est rendu clair & liquide, & toute doute en
est oste, ce que nous auons ci dessus dict estre le sub
stantial de la transaction, Mais si par apres la partie
appelloit de ceste sentence, ou l'euoquoit a vn autre
consistoire ou auditoire, alors la cause est encores fichee
en debat & doute, & pourtant lors tant que
lappel dure, les parties peuuent transiger entre elles.
13 Mais quant aux choses sainctes, ou causes ecclesiastiques
qui sont litigieuses, transaction ni a aucun
lieu, & ne se peult icelle transaction iamais trouuer
es choses beneficialles, mesmemēt si on prent ce terme
de transaction en sa propre signification. Car
toute transaction de benefice sent ne scay quoy de
Simonie, pourautant qu'es transactions on a tousiours

acoustume de demander, donner, ou adiouster,
ou retenir ou promettre, n car on ne peult transi
ger sur vne chose religieuse & saincte, Car si les cho
ses sainctes se possedent en donnant, retenant,
ou prometant quelque chose, nous croyons que ce
14 la a espece de simonie. Mais si les parties s'accordoyent
entre elles gratuitement & amiablement,
& que sans esperance & sans aucun profit elles tran
sigent de leurs differents, nous ne croyōs point que
15 cela contreuient aux saincts canons. I'ay dict, a pren
dre le terme en sa propre signification, parlaquelle
on desire quelque chose, par ce que nous auons dict
transaction nestre licite quant a cela. Mais si on faisoit
transaction pour retenir quelque chose laquelle
aucun possede a bon droict & iuste tiltre, seu
lement pour se deliurer & rachepter de proces, en
ce

CIVILE. 269
ce cas transaction se peult faire licitement en choses
ou causes ecclesiastiques, & qui sont litigiueses. o
16 Mais quant aux causes de mariage, il ne s’y peult faire
transaction, par ce que marriage est vn lien indissoluble
& indiuisible. p A quoy conuient aussi ceste
sentence: ce que Dieu a conioint que l’home ne le
17 separe. q Mais en tous crimes publiques qui apportent
peine coporelle ou peine de sang, en iceux
est du tout loisible transiger & accorder auecques
le Preuost, r & la raison est, par ce qu’il est a chascun
loisible de rachepter son sang en quelque maniere
18 ce soit. s Mais en crimes publiques qui
n’ingerent point & napportent peine corporelle ou
peine de sang, telles que sont bannissement, estre
monstre en public, port de torche aller en chemise
19 ou vestu d’un Sanbenito, la teste nue, agenouillement
deuant les portes du temple, ou deuant le Conseil
& semblables peines penitentialles, de telles peines
ne peult on transiger de droict, car toute pactiō
ou transaction quant a icelles est illicite & la raison
est, selon Cyn. Bartol. Angel. & communement
tous les Docteurs, la faueur de l’utilite & vengeance
publique, pourtant qu’il touché a la Republique
que les crimes ne demeurent impuniz. t
20 Car si on pouoit transiger & accorder de tels crimes
on seroit beau chemin aux riches pour plus legerement
commettre peche & crime. Car après
que le forfaict seroit perpetré, ceux qui se sentiroyēt
forfaicteurs seroyent esseurez de ne souffrir peine
aucune, qui scauroyent qu’ils pourroyent aisement
battre & corrompre leur aduersaire par pecune.
Ausquels afin que telle planche ne fust faicte, il a este
establi de droict qu’on n’accordast point quant
ausdicts crimes, v mais l’usage est au contraire.
21 On pourroit demander sur ce passage, si en matiere
d’aliments on pourroit faire trāsaction sur alimēts:
A quoy que sur les aliments passez on trāsigez librement,
mais quant a accorder sur les futurs l’auctorité
du Preuost ou President est requise pour ce faire.
Et la raison est que des aliments futurs depend la
22 vie de l’home & non pas des passez. x On peut
aussi mouoir vne autre question, c’est a scauoir, si on
peult agir pour les aliments auenir? A quoy il fault
dire, que ouy. y Car quant aux debtes qui sourdent

& precedent par contract, ceste loy ne se peut
entendre, par ce qu’on peult indistinctement transiger
23 d’icelles. z Au reste, l’effect de routes transactions
est, qu’auec la transactiō le droict qui auoit
est douteux est tellement esclairci que tous, les
droicts precedēts, depositiōs, preuues & tiltres sont
toutalement esteincts & anichilez, tout ainsi qu’ils
s’amortissent par sentence difinitiue, par maniere
qu’on dict rien ne demeurer, des actes ou de ce qui
est oublié, qu’une seule transaction, laquelle est lors
telle qu’elle ne se peult rescinder par lettres du Prince.
Voire qui ne se peuuent reformer en aucune
maniere, par couuerture de lettres ou instruments
qui de nouueau fussent en aucune maniere trouuez.

Et ne se doibt le proces remettre sus pour cause d’iceux,
pour autant que transaction faict cesser & terminer
toutes choses. aa
a vt in c. Super eo.extra. de transactio.
b l. Non minorem, in principio C.de transact.
c l. Cum te proponas C. do transact.
d l. Transactio C. de trāsactionib.
e l. Quod debetur ff.de peculio.
f l. Sub pretexta specierum C.de transactio.
g vt est express.text. in l. Lucius Tit. §. fin. ff. ad Trebell.
h & ostenditur argu.l.Post rem. ff. de transact. & l. minorem
C. illo titu.
i l. Prima C. de condic. indeb.
k l. Fratris C.de transactio. tenet glossa in c. Cum causa
extr. de empt. & vendit. & allegat. in argumentum optimum
text. in c. Constitutus extra de religio. domib. ibi.
l l. Secunda C. de transact. & l. in summa ff. de condic.
indebit. quoe ad hoc allegatur.
m Ita tenent Dy. Iacob de Are. Bart. & Bald. in d. l. Secunda
C. de rescind. Vendit.
n c. Super eo. De transactionib.ibi.
o Iuxta glossam in verb. Super re sacra in d.c.Super eo.
p c.Primo 17.q.2. & c.Gaudemus extr. de diuort. in
verbo. Non illam dimittat & in verbo, Cum per sacramen
tum baptismi non soluantur coniugia.
q c. de Infidelibus extra de consang. & affinit. Tenet Pet.
de Ancho. Consilio suo 409. & probatur per text. in c.
Quanto extr. de diuort.
r l. Transigere C. de transactionib.
s l. Prima in fine ff. de bo. eorum qui ante senten.mort.
sibi consciuer.
t l. Ita vulneratus ff. ad l. Aquiliam. & l. Si a reo. § finali
ff. de fideiussorib.
v argu.l. Conuenire ff. de pact. Dotalib.
x expressa l. de alimentis C. de transact. & ibi Bald. &
eius sequaces & l. Cum hi ff.eo.titu.glodd. in verbo Praside.
in d. l. De alimentis.
y l. Prima § Primo ff. de vsur. secundum Azo. Inl. Prima
C. de fideu commiss. & ad finem dictae glossae ait Accursper
additionis modum d. l. de alimentis intelligendam esse
de alimentis relictis tantum in vltima voluntate.
z iuxta d.l.Cum hi §. Plane ff. de transact.
aa l. Sub textu prima. C. de transact. c. primo cum gloss.
prima extra de transactionib. & c. Inter monasteriū extr.

de senten. & re iudic.
CHAPITRE CCI.
Du Congé d’accorder.
Sommaires.
1 Quand on doibt impetrer Conge d’accorder du Prince.
2 Le Prince permet transaction sans preiudice d’aucun.
3 On ne permet transaction es causes qui precedent de crime.
4 Transaction s’octroye sans preiudice de l’amande.
5 Ceux qui ont a faire transaction doiuent monstrer leurs lettres de permissions a
la Court.
6 Transaction est defendue par le Duc Iean es causes esquelles le fiscq est
adioint.
7 Le Duc Philippes interpict le pouoir de transiger au Conseil de Flandres.
Z 3 8 Conge

270 LA PRACTIQVE.
8 Conge de transiger s’octroye, par Le Prince.
Conge de transiger s’octroye, par &
Conge de transiger s’octroye, par Le Conseil de Malines.
9 On n’octroye point pouoir de transiger, s’il n’appert que les parties y
consentent.
10 On ne requiert point conge de transiger, quand on establit Commissaires pour
accorder.
Quoy que ce soit chose saincte & fort desirable
que les parties s’accordassent entre elles amiablement
de leurs differents, plustost qu’eux entretor
1 menter & trauailler de proces & plaids perpetuels, si
est ce toutes foys, qu’ils ne peuuent pas faire & contracter
ceste transaction amiable toutes & quantes
foys que bon leur semble, ains toutes foys & quātes
que la partie ou parties veulent accorder de causes
obscures, & qui pendent en proces, ils doiuent preallablement
impetrer licence du Prince, & obtenir
ses lettres pour ce faire, lesquelles nous appellons en
Françoys. Congé d’accorder, principalemēt si les causes
d’accorder sont telles, que le fiscq soit entremis
en icelles, & que par telle transaction il soit aucunemēt
2 interessé. Et pourtant, tout ainsi qu’il a agi & traicté
en iugement auecques la partie, aussi doibt il accorder
auecques les parties, & non les parties sans lui.
Or quant a ces lettres de cōgé, le Prince les octroye
bien facilement a ceux qui les demandent, quand
la cause est telle qu’elle ne touché point le Prince,
mesme plus oultre que de l’amande, laquelle reste
3 encores a estre iugée par le Iuge. Car si la cause estoit
telle qu’elle procedast de delict, il ne bailleroit si facilement
licence de transiger d’icelle, ains elle demoureroit
stable & inaccordable, si ce n’estoit que
le Prince fist quant & quant remission du delict, &
quil le pardonast, pourquoy on deuroit lors implorer
4 sa grace. Au reste, quand le Prince faict octroy
desdictes lettres pour transiger, il n’entend point
qu’auec icelle grace pour lui faicte, ou que par ces lettres
de grace il remette les amendes, lesquelles ont
au precedent este en la mesme cause adiugees par le
Iuge (ā quo) soit que telles amendes fussent procedees
d’appellations ou d’abus de Iustice, soit de delict
ou crime commis, ou de quelque autre que ce
fust. Car tout ainsi que le Prince ne pretend iamais

porter preiudice a personne, aussi n’entend il porter
domage ne preiudice a soymesme. Et pourtant a fin
5 qu’aucun n’endure ou souffre aucun domage par le
consentement du Prince, il a este ordonne que toutes
compositions ou transactions lesquelles les parties
sont entre elles, ou qu’elles se determinant faire
par ledict consentement & licence de transiger du
Prince, doiuent exhiber au grand Conseil icelles lettres
de congé dedans six semaines a conter depuis
le tēps de l’octroy d’icelles, & les monstrer au procureur
General, si d’auenture il auoit quelque chose a
cōtredire, a ceste promesse ou transactiō des parties,
a ce que lui ou le Prince ne souffre de ce aucū domage
6 ou preiudice. Et pourtant, par l’ordōnāce de la Chābre
de Flandres en l’An M. iiijc. l. le Duc Iean par edict
interdict aux parties & a leurs procureurs, qu’ils
ne presumassent en aucune maniere de transiger ou
accorder de la cause du proces, es causes, esquelles le

procureur General seroit adioint, sinon que premierement
ils eussent exhibe icelle cause, & communiqué
a la Court, sur peine arbitraire. Laquelle Court
decretera lors & deliberera s’il est expedient que
telle transaction se face, & sans preiudice d’aucun.
Pareillemēt, par ladicte instruction de l’An 1463. le
7 Duc Philippe interdict au Cōseil de Flandres qu’ils
n’octroyassent aucun conge a la partie pour transiger
es causes dappellation, ni es causes desquelles depend
aucune amende. Car a iceux apertient bailer
& octroyer licence de transiger, comme porte l’instruction.
Pourtant qu’il voulut que ce conge d’accorder
& transiger fust & demourast vers lui, & nō
8 pas proprement vers ledict Cōseil. Aussi est il vray
que nul ne peult de sa propre auctorite depescher &
octroyer ladicte licence & conge que le Prince seulement
en ces Conseils prouinciaux, ou au nom du
Prince le grand Conseil de Malines en son audience.
9 Mais en cedict grand Conseil on n’octroye aucun
conge pour transiger, si ce n’est que premierement
ils cognoissent certainement ou par apparance
que les parties veulent accorder, & que l’autre
partie consente en ceste transaction future. Et pourtant
on exhibe premieremēt au Conseil & a la partie
la requeste, auant qu’on octroye conge de transiger,
& ce pour les cautelles & subtilitez que les appellans
Cerchent souuent, a scauoir que soubz le pretexte
& couuerture d’icelui octroy, ils empeschent les
Instructions & progres du proces, & retardent la sentence.
10 Mais quand la mesme Court ordonne Commissaires
pour accorder les parties, alors n’est il point
necessaire impetrer aucun conge de transiger ou
accorder: par ce que tel accord & transaction se faict
de l’auctorite de la Court. Et pourtant en ce cas, la
Court annichile & amortist l’appellation sans amende.
CHAPITRE CCII.
De Renoncer au Proces & Instance, Ou de reculer
du Proces ou de l’Instance.
Sommaires.
1 Quelle difference il y a entre Instance, Proces, & Cause.
2 Qu’est Renoncer D l’Instance.
Qu’est Renoncer Du Proces.
Qu’est Renoncer De la Cause.

3 On renonce a l’Instance, Proces & Cause en causes ciuiles, excepte en cause
d’appel.
4 En

CIVILE. 271
4 En France, ou il y a appellation, on ne se depart du proces sans consentement
du Roy.
5 Conge de se deporter de l’appel se doibt impetrer en temps.
6 Au Conseil de Malines on ne despesche point lettres d’acquiescer.
1 Il ne fault point qu’aucun pense que ce soit
mesme chose, ceder de l’instance, ceder du proces,
& ceder a la cause. Cōme aussi n’est mesme
chose es iugements Instance, proces, & cause. Car instance
est toute action qui se meine & parfaict iusques
vne action reelle, on personelle, qui se commence
des & depuis litiscontestation. Touchant la cause,
elle embrasse l’un & lautre, & sestend a toute action,
tant deuant comme apres litiscontestation. a
Par ces choses apperr ores clairement, que c’est renoncer
2 a l’instance, est proprement renoncer aux
actes, & a tout ce qui a este commence iusques a litiscontestation.
Renoncer ou ceder au proces, est
proprement renoncer a toutes actions depuis litiscontestation:
quand le proces prend pied & fondement,
iusques a definitiue, Renoncer a la cause est
consentir & admettre routes choses faictes en la
cause, voire consentir & admettre la mesme cause
ou demande de l’aduersaire. Mais ceste difference
n’est pas tousiours si estroictemēt gardee alendroit
des Iurisconsultes, par ce que proces est d’eux pris
pour Instance & pour la Cause, & est ladicte differēce
confondue & meslee, & est bien souuent l’un
3 pris pour l’autre. Mais entendez maintenant cōme
se depart de l’Instance, Proces ou Cause. Dōcques
es causes ciuiles est a chascune des partiers loisible
se departir de l’Instance, Proces, ou Cause, & y renōcer
simplement & sans conge de Court. Excepte es
causes qui sont en matiere d’appellatiō, & celles ou
que le procureur general pour l’interest de la iustice
s’est adioìnct. Car en icelles est requis cōge de Court.
4 Mais en France, en matiere d’appellatiō, les appellans
doiuēt auoir lettres d’acquiescer, ou de permission,
comme par lesquelles le Roy ou la Court
leur permet ledict deportement & departement de
proceder. Car sans icelles lettres, il n’est a l’une ni a
l’autre des parties loisible se departir du proces.
Doncques ils sont tenuz presenter ces lettres a la
Court apres qu’il les auront impetrees, & les signifier

a partie dedans six iours, a compter du iour &
date de l’impetration, autrement l’impetration seroit
de nulle valeur ou importance. Aussi sont ils tenuz
5 impetrer & obtenir lesdictes lettres en temps, a
scauoir auant que le proces ait este veu & examine.
Car si le proces estoit visite, ou pour le moins commence
a visiter, adoncq la partie ne seroit aucunement
admise a obtenir les dictes lettres, ains le Iuge
procederoit a definer en icelle appellation. Et pourtant
a il este ordonne es Chancelleries de France que
on n’expediast aucunes telles lettres d’acquiescence,
sinon auec ceste clausule. Sauf que le proces n’ait
6 este veu, consulté, ne iugé. Mais au grand Conseil
de Malines on n’a point acoustume de despescher
telles lettres d’acquiescence.

a vti notatur in Autentica. Qui semel C. quando &
quomodo Index.
CHAPITRE CCIII.
De tomber en Soubmissions & Arbitrages.
Sommaires.
1 Comme on a acoustume faire soubmissions.
2 Soubmissions terminent tout le proces.
3 Soubmission se faict quelque foys deuant Arbitre.
Soubmission se faict quelque foys deuant &
Soubmission se faict quelque foys deuant Arbitrateur.
4 Difference Arbitre procede iuridiquement, comme le Iuge.
Difference L’Arbitrateur procede amiablement.
5 L’Arbitre conuient auecq le Iuge Au commencement, il reçoit libelle.
6 L’Arbitre conuient auecq le Iuge Au milieu il reçoit les tesmoins & autres
preuues.
7 L’Arbitre conuient auecq le Iuge A la fin Il iuge du total. Comme le Iuge.
8 L’Arbitre conuient auecq le Iuge A la fin Il iuge par escript. Comme le Iuge.
9 L’Arbitre conuient auecq le Iuge A la fin Ne prononce la sentence de nuit
Comme le Iuge.
10 L’Arbitre conuient auecq le Iuge A la fin Au mesme iour il iuge quant aux
accessoires. Comme le Iuge.
11 L’Arbitre conuient auecq le Iuge A la fin Condanne celui qui perd la cause es
despens. Comme le Iuge.
12 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge En premier lieu, car l’arbitre ne faict
rien coutre le gré d’aucun.
13 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge Au milieu Par ce que deuant
l’arbitre ne se contracte point Hermoditium,
14 c’est a dire. Desertion du proces.
15 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge Au milieu Par ce que de la sentence
de l’arbitre ne naist point l’action.
16 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge En la fin Par ce que l’arbitre
procede & prononce a iour de feste. Non ainsi le Iuge.
17 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge En la fin Par ce que de l’arbitre on
ne peult appeller. Non ainsi le Iuge.
18 Il y a difference entre l’arbitre & le Iuge En la fin Car l’arbitre n’a point
iurisdiction qui lui soit propre, comme recite Angel. Non ainsi le Iuge.
19 On ne procede point iuridiquement deuant l’arbitrateur.
20 Arbitrage est reconciliation amiable.
Z 4 21 L’arbitre

CIVILE. 273
Maintenant nous dirons de l’arbitrateur, or est il
que l’arbitrateur pourtant qu’il nest qu’un amiable
compositeur procede nō pas selon l’ordre de droict,
ains selon la volonte conscience & bonne foy.
19 Et qu’il ne soit tenu garder l’ordre iudiciaire en
Procedant, il appert bien par ce que deuant l’arbitrateur
ni a point de iugement. ee Item, par ce qu’on
ne procede point pardeuant lui ordinairemēt, pourtant
est il qu’on ne propose point d’action deuant
20 icelui arbitrateur. ff Et pourtant que l’arbitrateur
procede par vne reconciliation amiable, pourtant
n’est arbitrage autre chose qu’une certaine transaction
& accord amiable. gg Ainsi doncques, par ce
qui a este ici deduit la difference qui est entre l’arbitre
21 & l’arbitrateur, est Claire. Premierement, par ce
que l’arbitre forme son proces comme le Iuge. Et
l’arbitrateur procede sans solennite de proces.
Secondement, l’arbitre est tenu prononcer sa sentence.
22 Et l’arbitrateur non s’il ne vault, car l’arbitrage
comme nous auons dict, n’est aultre chose qu’une
transaction ou composition amiable ou bien reconciliation.
Et pourtant, si vn tel arbitrateur vient
a mal iuger, cela ne se faict par ordre ni par cognoissance
de droict, par ce qu’il ne suit les façons & ordres
de iugemens, ni ne les garde, a raison de quoy
aussi il nest tenu faire bon l’adiugé ou respondre de
l’adiugé, on (cōme en parle en practique) il ne doibt
faire le proces sien, combine qu’il donne & adiuge
plus ou moins a l’un qua l’autre que peult estre il ne
23 deuroit donner & adiuger. hh Tiercement, les attestations
qui auront este faictes deuāt l’arbitrateur
ne vaudront deuant l’arbitre ou deuant le Iuge ordinaire,
par ce qu’il n’y a loy qui die cela, ni la raison
du droict ne le monstre point aussi, a scauoir que ce
qui auroit este dict & depose deuant lui amiablement
& sans serment, eust & obtint sa force & vigueur
pardeuāt le Iuge ordinaire, cōe s’il auoit este
24 depose par serment. Mais ils conuiēnent en cela que
tout ainsi que l’arbitre peult proceder en la cause &
pronōcer sa sentēce es iours de feste, aussi faict l’arbitrateur,
combine qu’aucuns dient & croyent le contraire:
mais mal, & sans propos selon mon iugemēt,

par ce qu’une reconciliation fraternelle qui est vertu,
ne vicle point le sabbat, ains plustost le sanctifie.
25 Item, de tel arbitrage (s’il semble estre iniuste & desraisonable)
on peult appeller & recourir non au iuge
ordinaire, ains a l’arbitre ou arbitrage d’un homme
de bien, ii & est l’home de bien dict iuge. kk
Et se doibt ledict recours faire par moyen d’exception
ou de replique, comme appert manifestement.
26 ll D♣u il aduient qu’on dict, Vn arbitrage iniuste
Se corrige par l’arbitre, ou par le iugement de bonne
foy, ce qui se doibt ainsi entendre (comme i’ay dict)
par maniere d’exception ou de replique pour son
compaignon en iugement d’action, a fin que la il face
& se conforme au tiltre, & que rapport se face a
ce qui est proche, par ce qu’en la loy prochaine est
faict mention de l’accusation pour son compaignō,
par maniere que si le Defendeur s’estime greue de

l’arbitrage ou du dire & iugement des arbitrateurs
qu’il s’en taise, puis quand on viendra a l’actionner,
en faisant son exception il se pourra complaindre du
tort & iniustice a lui faicte par les arbitres, & ainsi se
27 corrige l’iniustice du premier arbitrage. De ces
deux, c’est a scauoir de l’arbitre & arbitrateur faict
plus ample mention. mm Et parellement M. Nicolas
Heems de Bruxelles, personne de singuliere
doctrine & prudence, on declarāt bien amplement
auecques bon succes ceste matiere l’An de nostre
Seigneur 1527. ou 1528. si iay bonne memoire, quād
iournellement a sept heures du matin il lisoit a ses
escoliers estudians en droict. le tiltr. de Recept. arbi.
a l. Prima ff.C.de recept.arbit.
b §. Actonum autem Institut. de actionib.
c l. Cum antea §. Licet circa finem. C.de recept.arbitr.
d §.Primo in principio.
e Autentica. Offeratur C.de litiscontesta.
f l. Generaliter C. de Episc. & cleri. In medio.
g l. penultima C.de recept. arbit.
h l. Qui tamen ff. de recept. arbit.
i l. Prima C. de sententiis ex periculo, vel rectius authorib.
Alciato & Budao ex scripto recitandis & c. vltimo de
senten. & re iudica. libr. 6.
k d. l. Prima & c. Cum ab vno de senten. & re iudic eodem
libr. 6.
l In Autentico. de iudic. §. Sedebunt, colla. 6. & c.
Consoluit extra de office. deleg.
m d.l. Prima ff. de recept. arbit. & l. A Titio ff. de verb.
obligat. deinde huc pertinet l. Paulus prima ff. de sentent.
& re iudic.
n Docet gloss. in l. Quia arbiter ff. de recept.arbit. quam
gloss. dicit Ange. Aret. in §. Omnium institute. de actionib.
esse fingularem.
o l. Eum quem temere ff. de Iu. l. Properandum §. Siue
autem alterutra C. eodem & c, Calumniam ext. de poenis.
p vt notat Iason in d. §. Siue autem alterutra, in 2.ampliatione,
vli ad hoc non pauca allegantur vtilia.
q l. Inter stipulantem §. Prima ff. de verb. Obligat.
r l. 2. C. de recept. arbit.
s l. Properandum §. Sin autem reus C. de iudic.
t l. Actori. C. de iureiurand.
v l. Prima, C. de recept.arbit.
x In l Diem proserre. §. Stari ff. de recept. arbitr. & in l.

Societatem §. Arbitrorum ff. pro socio.
y c. A iudicibus 2.q.6.
z l. Non distinguemius §.1.ff. de recept. arbit. & l. Prima
C. eodem & c. Dilecti extr. eodem.
aa c.2. & c. Per tuas exta eo. C. Omne quod licet 22.q.1.
bb Autenttc. Dccernimus C. eod. & §, quia vero, in Auten.
de iudic. collat.
cc l.1.ff.de recept.arbit.
dd apud Ange.in §.Omnium institute. de actionib.
ee vt notat Innoc. in c. Quintauallisde iureurand. &
Bart.in d. §.arbitrorum & Bald.in l fin.C. de contrahne.
empt.
ff vt notat Specu.in tit.de libel.concept.§. Restat videre
& Bart.in l.Societatem §. Arbitrorum ff pro socio.
gg vt not. Gloss.in Auten.vt different.iud.§.1.

hh vt notatur in l. Sed & si in serum §. si quis Iudex
ff.de recept.arbit.
ii l. Vnde & l.Irruere ff.pro socio.
kk l. Continuus §.ita cum ff. de verbo obligat.
ll l. vnde si nerue ff.pro socio.
mm Hostien.in summa de arbit.§.qualiter ad effectum
& Panormitanus in c. Quintauallis de iureiuran. Ange.in
§.primo institute.de actionib. Et copiosius Ican. Bapt. Perusinus
in suo tractatu de arbit. & Petrus Iacolim suo tractatu
de arbi. & arbitrato. D. Baptis.a sancto Blasio in suo tracta.
de arbit. & arbitrato.centum questiones continete & D.
Claudius Cantiuncula in suo libro Topicorum, sub loco a
iudice ad arbitrum & ante eum D. Nicolaus Euerardi a
Middelburgo in suo Topicorum libro, sub loco a simili.
CHAPITRE

CIVILE. 273
Maintenant nous dirons de l’arbitrateur, or est il
que l’arbitrateur pourtant qu’il nest qu’un amiable
compositeur procede nō pas selon l’ordre de droict,
ains selon la volonte conscience & bonne foy.
19 Et qu’il ne soit tenu garder l’ordre iudiciaire en
procedant, il appert bien par ce que deuant l’arbitrateur
ni a point de iugement. ee Item, par ce qu’on
ne procede point pardeuant lui ordinairemēt, pourtant
est il qu’on ne propose point d’action deuant
20 icelui arbitrateur. ff Et pourtant que l’arbitrateur
procede par vne reconciliation amiable, pourtant
n’est arbitrage autre chose qu’une certaine transaction
& accord amiable. gg Ainsi doncques, par ce
qui a este ici deduit la difference qui est entre l’arbitre
21 & l’arbitrateur, est Claire. Premierement, par ce
que l’arbitre forme son proces comme le Iuge. Et
l’arbitrateur procede sans solennite de proces.
Secondement, l’arbitre est tenu prononcer sa sentence.
22 Et l’arbitrateur non s’il ne vault, car l’arbitrage
comme nous auons dict, n’est aultre chose qu’une
transaction ou composition amiable ou bien reconciliation.
Et pourtant, si vn tel arbitrateur vient
a mal iuger, cela ne se faict par ordre ni par cognoissance
de droict, par ce qu’il ne suit les façons & ordres
de iugemens, ni ne les garde, a raison de quoy
aussi il nest tenu faire bon l’adiugé ou respondre de
l’adiuge, on (cōme en parle en practique) il ne doibt
faire le proces sien, combine qu’il donne & adiuge
plus ou moins a l’un qua l’autre que peult estre il ne
23 deuroit donner & aiuger. hh Tiercement, les attestations
qui auront este faictes deuāt l’arbitrateur
ne vaudront deuant l’arbitre ou deuant le Iuge ordinaire,
par ce qu’il n’y a loy qui die cela, ni la raison
du droict ne le monstre point aussi, a scauoir que ce
qui auroit este dict & depose deuant lui amiablement
& sans serment, eust & obtint sa force & vigueur
pardeuāt le Iuge ordinaire, cōe s’il auoit este
14 depose par serment. Mais ils conuiēnent en cela que
tout ainsi que l’arbitre peult proceder en la cause &
pronōcer sa sentēce es iours de feste, aussi faict l’arbitrateur,
combine qu’aucuns dient & croyent le contraire:
mais mal, & sans propos selon mon iugemēt,

par ce qu’une reconciliation fraternelle qui est vertu,
ne viole point le sabbat, ains plustost le sanctifie.
25 Item, de tel arbitrage (s’il semble estre iniuste & desraisonable)
on peult appeller & recourir non au iuge
ordinaire, ains a l’arbitre ou arbitrage d’un home
de bien, ii & est l’home de bien dict iuge. kk
Et se doibt ledict recours faire par moyen d’exception
ou de replique, comme appert manifestement.
26 ll D♣u il aduient qu’on dict, Vn arbitrage iniuste
se corrige par l’arbitre, ou par le iugement de bonne
foy, ce qui se doibt ainsi entendre (comme i’ay dict)
par maniere d’exception ou de replique pour son
compaignon en iugement d’action, a fin que la il face
& se conforme au tiltre, & que rapport se face a
ce qui est proche, par ce qu’en la loy prochaine est
faict mention de l’accusation pour son compaignō,
par maniere que si le Defendeur s’estime greue de
l’arbitrage ou du dire & iugement des arbitrateurs

qu’il s’en taise, puis quand on viendra a l’actionner,
en faisant son exception il se pourra complaindre du
tort & iniustice a lui faicte par les arbitres, & ainsi se
27 corrige l’iniustice du premier arbitrage. De ces
deux, c’est a scauoir de l’arbitre & arbitrateur faict
plus ample mention. mm Et parellement M. Nicolas
Heems de Bruxelles, personne de singuliere
doctrine & prudence, on declarāt bien amplement
auecques bon succes ceste matiere l’An de nostre
Seigneur 1527. ou 1528. si iay bonne memoire, quād
iournellement a sept heures du matin il lisoit a ses
escoliers estudians en droict. le tiltr. de Recept. arbi.
a l. Prima ff.C.de recept.arbit.
b §. Actonum autem Institut. de actionib.
c l. Cum antea §. Licet circa finem. C.de recept.arbitr.
d §.Primo in principio.
e Autentica. Offeratur C.de litiscontesta.
f l. Generaliter C. de Episc. & cleri. In medio.
g l. penultima C.de recept. arbit.
h l. Qui tamen ff. de recept. arbit.
i l. Prima C. de sententiis ex periculo, vel rectius authorib.
Alciato & Budao ex scripto recitandis & c. vltimo de
senten. & re iudica. libr. 6.
k d. l. Prima & c. Cum ab vno de senten. & re iudic eodem
libr. 6.
l In Autentico. de iudic. §. Sedebunt, colla. 6. & c.
Consoluit extra de office. deleg.
m d.l. Prima ff. de recept. arbit. & l. A Titio ff. de verb.
obligat. deinde huc pertinet l. Paulus prima ff. de sentent.
& re iudic.
n Docet gloss. in l. Quia arbiter ff. de recept.arbit. quam
gloss. dicit Ange. Aret. in §. Omnium institute. de actionib.
esse fingularem.
o l. Eum quem temere ff. de Iu. l. Properandum §. Siue
autem alterutra C. eodem & c, Calumniam ext. de poenis.
p vt notat Iason in d. §. Siue autem alterutra, in 2.ampliatione,
vli ad hoc non pauca allegantur vtilia.
q l. Inter stipulantem §. Prima ff. de verb. Obligat.
r l. 2. C. de recept. arbit.
s l. Properandum §. Sin autem reus C. de iudic.
t l. Actori. C. de iureiurand.
v l. Prima, C. de recept.arbit.
x In l Diem proserre. §. Stari ff. de recept. arbitr. & in l.
Societatem §. Arbitrorum ff. pro socio.
y c. A iudicibus 2.q.6.

z l. Non distinguemius §.1.ff. de recept. arbit. & l. Prima
C. eodem & c. Dilecti extr. eodem.
aa c.2. & c. Per tuas exta eo. C. Omne quod licet 22.q.1.
bb Autenttc. Dccernimus C. eod. & §, quia vero, in Auten.
de iudic. collat.
cc l.1.ff.de recept.arbit.
dd apud Ange.in §.Omnium institute. de actionib.
ee vt notat Innoc. in c. Quintauallisde iureurand. &
Bart.in d. §.arbitrorum & Bald.in l fin.C. de contrahne.
empt.

ff vt notat Specu.in tit.de libel.concept.§. Restat videre
& Bart.in l.Societatem §. Arbitrorum ff pro socio.
gg vt not. Gloss.in Auten.vt different.iud.§.1.
hh vt notatur in l. Sed & si in serum §. si quis Iudex
ff.de recept.arbit.
ii l. Vnde & l.Irruere ff.pro socio.
kk l. Continuus §.ita cum ff. de verbo obligat.
ll l. vnde si nerue ff.pro socio.
mm Hostien.in summa de arbit.§.qualiter ad effectum
& Panormitanus in c. Quintauallis de iureiuran. Ange.in
§.primo institute.de actionib. Et copiosius Ican. Bapt. Perusinus
in suo tractatu de arbit. & Petrus Iacolim suo tractatu
de arbi. & arbitrato. D. Baptis.a sancto Blasio in suo tracta.
de arbit. & arbitrato.centum questiones continete & D.
Claudius Cantiuncula in suo libro Topicorum, sub loco a
iudice ad arbitrum & ante eum D. Nicolaus Euerardi a
Middelburgo in suo Topicorum libro, sub loco a simili.
CHAPITRE

274 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CCIIII.
Des Compromis ou Soubmises.
Sommaires.
1 Compromis, en
Arbitres requierent
Temps pour determiner.
&
Peine d’inobedience.
2 Arbitrateurs ne requierent
Temps pour determiner.
ni
Peine d’inobedience.
3 Les droicts Canons en compromis obligent quelques foys
A peine.
A Serment au lieu de peine.
4 Arbitres est couche par escript & est autentique.
5 Compromis, en En arbitrateurs n’est point couche par escript.
6 En arbitres au grand Cons. de Malines est receu & escript par le Notaire.
7 Soubsarbitres ne se doiuent prendre, si cela n’eust este accorde enla
soubmission.
8 Vn mesme home peut prendre la personne d’arbitrateur & arbitre.
1 Es compromis & soubmissions qui se font
aux arbitres, deux points y sont necessairement
requis, a scauoir le Temps & la Peine.
Le temps dedans lequel ils doiuent former, instrui
re, & iuger le proces. Et quant a la peine, elle est telle
que par l’arbitre est establie aux compromettans
ou soubmettans, & a laquelle les parties se soubmet
tent, & a laquelle ils promettent estre condannez, si
puis apres ils ne veulent garder la sentence arbitrai
2 re. Mais es compromis qui se font aux arbitrateurs,
il n’est point requis quil y ait peine ou iour, car les
arbitrateurs procedent non par ordre de droict ou
de proces, ains suiuant leur propre arbitre & volon
te. & pourtant, leurs arbitrages peuuent estre reglez
& corrigez par arbitre ou par l’ordinaire, si la partie
se complaint qu’elle a este par trop greuée & interessée,
comme nous auons dict au chapit. precedent
nombre 26. Et quant aux droicts ecclesiastiques ou
3 Canons, ils lient les compromettans en main de l’ar
bitre, quelque foys de peine, a scauoir arbitraire, cōme
dessus, & quelque foys elles obligent a prester
le serment au lieu de la peine, lequel sermēt on a ac
coustume faire, ou en touchant les saincts Euangiles,

ou la croix, ou en leuant la main, & par paroles
solennelles. Mais les droicts ciuils ne reçoiuent aucun
serment au compromis & ne l’establissent, mais
4 bien ordonnent peine. Et quant au compromis ou
soubmission en arbitres, il se doibt escrite, & estant
escript se doibt autentiquer par quelque Iuge, Notaire,
Tabellion, Greffier, ou par aultre semblable
personne publique, & ce en presence de tesmoins,
car l’arbitre selon ce fondement doibt instituer &
produire son proces, suiuant ceste auctorite escripte
& receue, & aucunement n’exceder sa puissance
5 escripte & limitée. Mais cela n’est point requis
quand aucun se submet aux arbitrateurs, car il n’est

point lors necessaire de faire aucune escripture pour
establir & confirmer le pouoir d’icelui arbitrateur
selon l’ordre du proces, par ce que l’arbitrateur, com
me souuent a este dict, ne suit aucun ordre de proces.
6 Quant au surplus, les Conseillers du grand Con
seil de Malines ne udeux mesmes aucunes
soubmissions des parties, ains remettent icelles parties
aux Notaires, ou aux aultres a celle fin que deuant
eux telles soubmissions ou compromis soyēt
premierement parfaicts autentiquemēt. Par apres,
s’ils ont pris & receu tel arbitrage, ils retirent du Notaire
icelle compromission mise par escript, pui pro
cedent en la cause selon l’ordre de droict. Mais il
fault en ce lieu noter, que quelque foys on establit
sousarbitres, ou vicaires d’arbitres, qui auecques
l’arbitre parfont le negoce & affaire, ou en l’absence,
ou pour l’impuissance de l’arbitre, seuls examinent
7 la cause au lieu du vray arbitre. Ceux ci sont
appellez sous arbitres. Mais tels ne peuuent auoir
lieu ni auctorite, si ce n’estoit qu’en la mesme submissiō
ils eussent aussi quant & quāt este pris pour
arbitres, & que lors on eust auance & dict la parolle
& qu’on eust accorde que l’arbitre pourroit auec lui
prendre vn sous arbitre tel qu’il voudroit, ou bien
qui fust lors expressement nommé. Car si cela n’auoit
au precedent este octroye, on ne pourroit auec
le sous arbitre proceder en l’affaire, car ce la faisant
on ne procederoit selon la forme de la submission,
ains selon son vouloir & appetit, ce qui ne se peult
faire. Il fault aussi noter pour le second point, qu’vn
& mesme home peult ensemblemēt estre arbitre &
arbitrateur, encores qu’en iceux la forme de proceder
soit diuerse: Car l’un & l’autre sont pris pour
auoir plus brieue expedition de iustice, & pour
mieux euiter les grands & excessifs fraiz & despēs,
& finablement, pour plus grande r’accointance &
reconciliation d’amitie, & detestatiō de hainne futu
re. Et pourtant il aduiēt communemēt que les parties
se soubmettent a l’un & l’autre, a scauoir, qu’es
causes qui sont en cōtrouerse & different vn & mes
8 me home s’accoustre & vest de l’une & l’aultre per
sonne, a scauoir qu’il faict l’office d’arbitre & arbitrateur:
de sorte que si parties se peuuent accorder
par conseils, raisons, & amiables pacifications, cest

le soin qu’il doibt auoir & a quoy il se doibt employer.
Mais sil ne peult ce faire, qu’il ioue le persona
ge d’arbitre, face & expedie toute la chose par ordre
de iugement Et ce double office d’arbitrateur & ar
bitre me semble estre en vne personne fort louable
& desirable.
CHAPITRE

dignité.
CIVILE. 275
CHAPITRE CCV.
Qui ne peuuent estre Arbitres.
Sommaires.
1 Le Sourde, muet, aueugle, serf, pupille & c.
2 L’home excommunie, mais bien arbitrateur.
3 Vne femme, si ce n’est qu’elle ait pouoir & auctorité par iurisdiction &
4 Toutesfoys la femme peut estre arbitresse.
5 Toute vne compaignie de gens de Iustice.
6 Qui est mineur de vingt ans.
7 L’home affranchi, s’il a pris la cause quand il estoit encore en seruitude & serf.
8 Ne peuuent Arbitres L’Abbe, Prieur, Preuost, si ce n’estoit qu’il eussent
iugement ou iurisdiction.
9 L’Euesque peult estre arbitre.
10 Le Moyne ne peult, sans consentement de son Superieur.
11 Le Moyne doibt vaquer a ses prieres & son menu seruice.
12 Vn Moyne Euesque peult bien estre arbitre.
13 Vn home lay en causes spirituelles.
14 Toutesfoys l’home lay & le clerc arbitrent bien ensemble par consentement
du Superieur.
15 L’home lay en causes purement spirituelles, ni principalement, ni
incidemment.
Nous auons dict que c’est se soubmettre en
arbitres & arbitrateurs, reste maintenant a
voir s’il est loisible se soubmettre a tous
arbitres indifferemment, ou bien, si toutes persones
1 peuuent estre arbitres. Pour quoy est scauoir qu’il
en y a plusieurs esquels n’est licite compromettre,
car il n’est licite compromettre en muets, sourds, aueugles,
insensez, en serfs, pupilles sans Tuteur, &
2 en plusieurs autres semblables. a En apres, il n’est
loisible compromettre en excommuniez, comme
ceux qui ne peuuent estre arbitres. Toutesfoys il se
faict autrement par coustume. b Ou Bartole dict,
que le texte ensemble dire que l’home excommunie
peult estre arbitrateur, qu’il est capable de droict ciuil,
& qu’il n’est nullement exclos du droict ciuil,
comme celui qui peult faire tous contracts. c Toutes
foys la glose en ladicte loy Pedius faict ceste
question, a scauoir si l’homme excommunie peut estre
arbitre? & est au mesme lieu respondu negatiuement,
a scauoir que non, & ce a cause de la loy de
Christ par laquelle est dict. S’il n’oit l’Eglise, qu’il te

soit comme ethnique & publicain. d Et pourtāt les
parties ne peuuent communiquer chose aucune auecques
lui. e Mais bien se peult faire entre les heretiques.
f Item que l’home excommunie ne puisse
estre arbitre, g la loy si alleguée argumēte en ceste
maniere. Nul seruiteur peult estre arbitre, l’home
excommunie est seruiteur, a scauoir du diable, dōcq
& c. Quant a la mineur, a scauoir que l’excommunie
(ie parle de celui qui est legitimement & deuement
excōmunie) soit seruiteur du diable, il se preu
ue par ceste sentence. Hors l’Eglise ni a salut, & , Qui
faict peche est seruiteur de peche, & par consequēt
du diable qui est pere de peché. h Toutesfoys,
comme tesmoignent Barto. & Balde il pourra estre
arbitrateur combien que non arbitre, suiuant les

3 passages ci dessus alleguez. i Pareillement, ni
les femmes demibarbues ne peuuent estre arbitres,
ou receuoir a soy compromis ou soubmission. k
Si ce n’estoit que ces femmes fussent telles, & tellement
qualifiées quelles eussent quelque iurisdiction
de droict commun, ou par coustume, ou
qu’aumoins elles fussent telles que leur preeminence
leur baillast & fournist auctorite pour ce faire.
Car lors & en cc cas on peult auec efficace compromettre
en icelles, mesmes es choses de l’Eglise. l
Toutes foys, toutes honestes femmes ou matrones
peuuent estre arbitratrices, c’est a dire amiable pacificatrices,
pour humainement & amiablement
pacifier & accorder les parties, lesquelles on compromis
en icelles de bonne foy & equite, mais non
pas pas de droict. m
4 Et ce prouue ce que dict est par plusieurs exemples,
par lesquels se void que les Princesses ont bien
souuent par amiables transactions, compose & accordè
les controuerses & differents des Roys: Com
me Madame Margarite Duchesse de Sauoye, &
Madame Louise, Duchesse d’Angoulesme, mere
du Roy de France Françoys premier de son nom,
pacifierent & accorderent les coeurs de L’Empereur
Charles. V. & de Françoys Roy de France en la
cité de Cambray l’An 1529. & est compris le date
d’icelle paix en ce dicton.
Ecce veterata pax Cameraci reuiuiscit.
Voici l’ancienne paix, des peuples tant aymée.
Est cest an a Cambray en vigueur retournée.
En laquelle paix le ressort au Parlement de Paris
fut par icelles auecques nouelle confirmation du
tout oste & amorti, suiuant le dernier contract faict
entre ledict Charles. V. Empereur & le Roy de
France Françoys premier du nom faict a Madril
en Espaigne, qui iadis fut nommée Mantua, &
puis apres Viseria.
5 Item ne se peult compromettre au College d’un
Magistrat, principalement en la cause & proces qui
est meu & pendant pardeuant eux. Car nul ne peut
estre & iuge & arbittre en vne mesme cause. n
Et pourtant tout vn college qui obtient les parties
& place du Iuge ne peult pas estre arbitre. Mais
bien vn, chascun de ce College prins a part peuuent
estre arbitres en ceste cause la.

Et

276 LA PRACTIQVE.
Et combien que iaye ici dict que tout vn College
du magistrat ne peult estre arbitre, ou receuoir a soy
l’arbitrage, toutes foys le mesme dict College peult
estre arbitratoire, ou receuoir a soy les arbitrages.
6 Item celui qui est mineur de vingt ans ne peult estre
arbitre. o Et ne vaudroit aussi soubmission, si
quelqu’un se soubmettoit a quelqu’un qui fust de
dixneuf ans, & par vertu de ceste soubmission il vou
lust estre arbitre apres qu’il auroit passe l’an vingtiesme,
& qu’il voulust prolonger la cause aussi long
temps, parce qu’il y a regle de droict qui dict. Tout
ce qui en son commencement est vicieux, & de
droict ne tient, ne se peult faire valoir par traict de
tems. p Laquelle regle dict ainsi, Ce que de droict
nest au commencemēt stable, ne se conferme point
par traict de tēps. Mais cela se doibt limiter ainsi, si
ce n’est que cela se face du consentemēt des parties.
7 q Comme aussi ne peult l’home afranchi estre arbi
tre en la cause, laquelle il a prise au temps de sa serui
tude. r en laquelle loy ci alleguee est dict qu’au serf
& libertin est ensemble defendu d’estre arbitres,
voire que s’il se trouuoit seruiteur tant temeraire &
outrecuide, qu’au temps de sa seruitude il receust a
soy l’arbitre, & qu’en icelle cause il procedast iusques
a definitiue exclusiuement, & que ce pendant
il receust sa liberté, & qu’en icelui temps de sa liberte
il pronōçast la sentence par les productions, telle
sentence ne vaudroit, pour autant que l’edifice est
ruineux, lequel est assis sur fondement qui est mauuais
& vicieux. Toutes foys si est ce que cest sentē
ce pronōcee vaudroit, si toutes les deux parties con
sentoyent en la prononciation d’icelle. s Et toutes
8 foys les serfs peuuent estre arbitrateurs. t En oultre,
les Abbez, Prieurs, Preuosts, Reguliers & c. ne peuuent
estre arbitres, mesmement es choses ou causes
seculieres & profanes, car, ceux ci selon leur profession
particuliere, veulent estre tenuz comme morts
au monde, & a fin de s’abstraire des choses mondaines
ilz ont quais commēce vne nouelle profession.
desquels S. Paul dict. v Nul home qui guerroye pour
l’amour de Dieu s’empesche des negoces du monde,
a fin qu’il complaise a celui auquel il s’est proué.

Mais i’ay dict ceci en touchant le droict de leur
profession seulement, & nō selon les droicts & cou
stumes, ou touchant aucune iurisdiction qu’ils auroyent
prise ou receue d’ailleurs. Car si les Abbez,
les Euesques & c. auoyent puissance & iurisdiction,
par laquelle ils peussent iuger ou donner sentence,
ou bien prononcer des causes seculieres, & qu’ils
l’eussent prise ou par priuilege ou par coustume, la
soubmission faicte a iceux auroit lieu, & en ce cas
pourront estre arbitres des causes seculieres.
9 Toutesfoys les Euesques peuuent estre arbitres,
10 pource qu’ils ont puissance & iurisdiction. A l’imitation
des deuant dicts les Moynes peuuent aussi
estre arbitres, & principalement es causes vtiles &
concernantes leur monastere, toutes foys cela ne se
peult faire sinon par le commandement de leur Abbê
ou Superieur, sans consentement duquel, nul

moyne peult estre arbitre. Mesme ne pourra pas estre
seulement arbitrateur, sans consentemēt de son
Superieur, pourautant que le moyne, (comme i’ay
dict) se declare quasi mort au mōde, & comme serf,
11 quant aux actes ciuilles. x Et pourtant ne doibt il
vaquer aux choses seculieres, ains estre continuellement
occupe a dire ses pseaumes & son seruice, y
ausquels exercices spirituels il s’est peculierement
12 consacré. z Mais s’il aduient que le Moyne deuienne
apres Euesque, il pourra estre arbitre es choses seculieres,
non pas comme Moyne, mais comme Euesque,
ou pour raison de sa dignite & preeminence,
pour cause de sa iurisdictiō seculiere s’aucune en a. a
Car s’il est besoin de Iuge il est aussi par la loy esleu
comme Iuge, parquoy d’autāt mieux pourra il estre
13 arbitre. bb Et par contraire, tout ainsi qu’un home
d’eglise ne peult estre arbitre ou arbitrateur es choses
ou causes spirituelles, aussi seroit il du tout indigne
& inconuenient qu’un home lay fust arbitre
de choses spirituelles. cc Qui plus est ils ne se doiuent
aucunement mesler ni empescher de negoces
spirituelles, i’enten de celles qui sont purement spirituelles,
ni en iuger, dd Ains se doiuent telles nego
ces disposer par les iugemens des Euesques, Abbez
& autres Prelats. Mais cela se doibt entendre, si ce
n’estoit que tels hommes laiz eussent vne personne
spirituelle adiointe auec eux, car en ce cas ils peuuēt
arbitrer es choses spirituelles. Les aultres distinguēt
en cest maniere, Des choses purement ciuiles, esquelles
n’i a rien de spirituel adioint, on peult compromettre
a vn home lay. ee Car pourtant qu’au
chapitre ci allegue est seulemēt faict defense de cho
ses spirituelles, il semble qu’arbitres se peuuent faire
des temporelles, suiuant l’argument & raison
commune, car ce qui est defendu d’une chose est
permis de l’autre. ff Et pourtant, si quelqu’un com
promettoit alendroict d’une home lay, & qu icelui
lay prononçast quelque chose par maniere d’arbitra
ge, i’enten quant aux choses spirituelles, tel arbitrage
ne seroit de tenue, ni ce qu’il auroit prononce ou
14 iuge. gg Mais si le compromis estoict faict a vn
clerc & lay tout ensemble, & ce auec auctorite dun
Superieur, il semble que tel compromis seroit de
valeur. Premierement, d’autant que le compromis
n’est point faict a vn simple lay, car il y a aussi vn

clerc. Secondement pource qu’il a receu & admis
ledict compromis non pas par soy, c’est a dire de sa
propre auctorité, de laquelle il ne peult rien, ains
qu’il l’auroit faict par l’auctorite de son Superieur,
moyennant & auec laquelle il peult arbitrer cōme
clerc, ainsi que nous auons ci deuant dict. hh Et
suiuant ceste permission de son Superieur, le plus di
gne attraict a soy le moins digne, a ce que de ceste
sorte la chose soit tenue en estre & valeur plustost
qu’elle perisse. ii Mais compromettre de choses spi
rituelles a celui qui est seulement lay, cela ne se peult
faire, ni mesme par consentemēt de l’Euesque, mais
pour ce faire est requise l’auctorite du Pape. kk
15 Par totes lesquelles raisons se conclud que l’home
lay ne peult aucunement iuger de choses spirituelles,

ni principalement ni incidemment, ll ains que
toutes causes spirituelles. mm En oultre, ame
ne peult estre arbitre en sa cause propre, ni en tout
ni en partie. nn Mais vn chascun peult bien estre arbitrateur
en sa chose, ou en sa cause propre, ou en
cause de sa propre offense, oo sauf & a condition
qu’il arbitrera iustement: Car autrement son dire
ou sa sentence arbitratoire seroit reduitte a l’arbitre
de gens de bien.
a l. Diem proferre §. Coram & l, Sed si in seruum ff. de
recept. arbit. & argu. l. Primae ff. de recept. arbitr. & notae
in l. Caecus ff. de iudic.
b vt notat l. Illa verba & ibi Barto. ff. de verbor. & re
signifi. vbt Bart. dicit quod textus videtur dicere.
c Teste

CIVILE. 277
c Teste eodem Bart. in l Cum pater §. haereditatem 1.
ff de leg. 2. & a in l. Ex facto §. Si quis rogatus ff. ad Trebel.
♣ Pedius ff. de recept. arb. & l. Si quis C. de Epis. audien. &
♣ Cy. & Mansuerius in sua iudiciorum praxi, titu. de arb.
♣ fine: Sed gloss. tamen in verbo Ignominiosus in d. l. Pedius
hanc quaerit quaestionem.
d Matt. 18. cap.
e vt in Auten. de priui dot. haeret. mulierib, non praestan.
in fin.
f vt l. Omnium C. de haeret.
g Not. c. Ad probandum ext. de senten. & re iudic. & ar
gu. d. l. Pedius, ad hunc modum.
h Idem quoque proba. in eod. titu. c. Noua, & seruus est
peccati vt l. fin. C. de senten. pass.
i Quibus adde Panor. in c. Quintauallis exs. de iureiur.
vide Specu.
k l. fin. & ibi Bald. & Sali. C. de recept. arbit. & c. Dilecti
extra eod. de arbit.
l d. c. dilecti.
m Vide Specu.
n Iuxta vulgatam l. Sed & si in seruum §. Si quis Iudex
sit ff. de recept. arbit. Concord. text. in c. Infames 3. q. 7.
o l. Cum lege ff. de recept. arb. & c. vigesimum extr. de
offic. & potesta. iudic. de ♣ega.
p l. Quod in initio & l. Quae ab initio ff. de regu. iur. in
regu. siue C. Non firmatur eod. titu. de regu. iur. lib. 6.
q vt notat. l. Sed & si seruum in princ. ff. de recept. arb.
Sed de his vide Philippum Decium et Dynum super ijsdem
titulis & regulis praeallegatis.
r Iuxta l. Pedius ff. de recept. arbitr.
s d. l. Pedius.
t Vt ibidem.
v 2. ad Tim. 2.
x l. Si quis ex consensu C. de Epis. audien. & ibi Cy. &
l. Deo nobis C. de Epis. & cleri. & l. Quod attinet ff. de regul.
iur.
y l. Decernimus C. de Epis. audien.
z l. vltima C. de recept. arbit.
aa Iuxta d. l. Si quis ex consensis.
bb l. Quidam ff. de re iud. de hoc vide D. Cynum in d. l.
Si qui ex consensu, num. 4. 5. C. de Episc. audien,
cc c. Contingit extr. de arbit.
dd c Decernimus extr. de iudic.

ee Argumento d. c. Contingit.
ff c. Qualis 25. distinct.
gg vt d. c. Contingit.
hh per c. Per tuas extra de arbit.
ii c. Quod in dubijs extr. de conse. Eccle. vel altar. & c.
Abbate extr. de verb. significat.
kk §. Verum 32. distinct. c. Mennam 2. q. 5. & c. Nos si
eadem caus. q. 7.
ll Secundum Baldum in l. Non distinguemus §. de libe
rali ff. de recept. arbit.
mm Argumento c. Cum te consulente & c. super quaest.
vers. Quod si in fine, extr. de offi. & potestat. iudic. delegat.
nn l. Si de re sua ff. de recept. arbit.
oo l. In re manda. C. mandati.

CHAPITRE CCVI.
Qui ne peuuent compromettre.
Sommaires.
1 Le Pupille, le Mineur d’ans, le Muet, le Sourd, l’Insensé.
2 Le fils qui n’est emancipé.
3 La femme sans consentement de son mari.
4 Le Vassal au preiudice du Seigneur feodal.
5 Mais bien toutes foys en son preiudice propre.
6 Compromettre ne peut Qui ne peut transiger.
7 Le Moyne sans consentement de son Superieur.
8 Le clerc au preiudice de son Eglise.
9 L’home excommunie.
10 Le Procureur ad lites ou pour proceder, ayant entrepris la cause.
11 Aucun contre son gré.
Toute ainsi qu’il n’est pas loisible cōpromettre
en vn chascun, aussi ne peult pas tout
1 chascun compromettre. Car il en y a plusieurs
qui ne peuuent cōpromettre ou se soubmettre,
cōme Pupilles sans auctorité de leurs Tuteurs,
les mineurs, ou mineurs d’ās, les insensez, les muets
sourds, & autres semblables sans auctorité de leurs
2 Curateurs. a Item le fils qui n’est emācipe ne peult
3 cōpromettre sans l’auctorité de son pere. b En oultre
la femme ne peult cōpromettre, sans consentemēt
4 de son mari. c Item le Vassal ne peult compromettre
de son fief en preiudice de son Seigneur feodal.
5 d Mais il peult bien ce faire en preiudice de soymesme.
6 Consequemment, Quiconque ne peult transiger,
7 aussi ne peult il compromettre. Au surplus, vn
Moyne ou Religieux qui n’a administration aucune
ne peut cōpromettre sans licence de son Superieur.
8 e Finalement, vn clerc seculier ne peult compromettre
de ce qui porte oit vn preiudice perpetuel a
son Eglise, f mais bien le peult il faire de ce que pro
9 prement lui apertient. g Pareillement, celui qui est
excōmunié pour le peril de communion illicite ne
peult compromettre, & ne se peult compromettre
10 auecques lui. h Aussi celui qui est procureur ad lites,
ou pour proceder, ne peult compromettre de la
cause de laquelle il est procureur, mais deuroit premierement
auoir commission ou procuration specialle
pour ce faire. i Aussi ne peult aucun estre con
traint a compromettre, ou a se soubmettre sil ne le
veult faire de soymesme. Comme ne peult aucun

estre contraint de receuoir soubmission sil ne veult.
Mais apres que la soubmission est faicte ainsi qu’il
apertient, les arbitres & parties peuuent estre contraincts,
a ce que suiuant icelle soubmission faicte,
ils procedent plus oultre. k
Aa a l. Dic

278 LA PRACTIQVE
a l. Diem proferre §. Coram ff. de recept. arbit.
b d. l. Diem proferre §. Coram ff. de recept. arbitr.
c Chassa. in consuet. Burg. tit. des droicts & appart. a
gens mariez §. 1. in verb. en puissance de son mari.
fol. cxxvi. numero 19.
d Speculat. in titu. de arbitris §. Restat versicul. sed
nunquid vasallus.
c Argument. c. Cum ad monasterium ext. de stat. monach.
& c. Non dicatis 12. q. 1. & c. Placuit 2. 16. q. 1.
f c. Ex multiplici extr. de dec.
g c. Super eo. ext. de transact. & c. Si quando extra. de
ossic. delega. c. gratia. 1. q. 1.
h c. Dilecti extr. de excep. & c. Solet ext. de senten. excommu.
lib. 6. vide latius Speculat.
i c. Per tuas extra de arbit.
k l. 3. §. 1. ff. de recept. arbit.
CHAPITRE CCVII.
De quelles causes nest licite compromettre.
Sommaires.
Choses criminelles criminellement intentees.
1 Il n’est licite compromettre de Causes matrimonialles.
Causes spirituelles.
Causes qui concernent le peril de l’ame.
2 Criminelles.
3 De causes
4 Ciuiles
Particulieres, est licite compromettre.
Confession de crime faicte deuant l’arbitre ne diffame.
5 Publiques, n’est licite compromettre sans consentement.
Et tout ainsi que nous auōs monstre n’estre
licite compromettre en toutes personnes in
differemment, pareillement qu’il n’est a tou
tes personnes permis de compromettre, aussi n’est
il pas loisible ni permis de compromettre de toutes
1 causes sans choix. Car il n’est iamais permis compro
mettre de causes criminelles criminellement intentees.
a Ni des causes matrimonialles. b Des cau
ses spirituelles, au moins a vn home lay ne se compromet
point. c Ni des causes qui aucunement
concernent le peril des ames est loisible cōpromet
tre. d Pareillement des causes feodalles n’est loisible
compromettre en preiudice du Seigneur feodal,
mais bien quāt au preiudice propre de celui qui

2 compromet. e I’ay dict des causes criminelles criminellement
intentées. Car quant aux causes crimi
nelles ciuillement instituees, il est toutalement licite
3 compromettre, comme aussi est bien licite faire
4 en toutes causes qui sont ciuilles. f Mais on peult
ici demander, Si quelqu’un auoit deuant l’arbitre
confesse qu’il auroit commis larrecin, a scauoir, si
pour telle confession il est rendu infame? A quoy
fault respondre, que non, veu mesme que la senten
ce de l’arbitre ne diffame personne. g Et dict Balde
que la glosse ci alleg. est singuliere, a ce, Que la confession
faicte par aucun deuant l’arbitre ne diffame
point, mesme en vne cause fameuse. Et en rend aus
si la cause, cest a scauoir, pourautāt que la confessiō

5 faict pardeuāt lui ne diffame point. Mais d’ici con
uient excepter toutes actions & causes publiques
& populaires desquelles nest licite compromettre,
h principallement si de la pouoit venir quelque pre
iudice a la Repub. Ou bien, si on ne craignoit aucun
preiudice, si deuroyent au moins pour faire tel com
promis auoir licence & pouoir du Prince, ceux qui
au nom de la communaute voudroyent aussi compromettre.
a l. Non distinguemus §. Iulia. ff. de recept. arbit.
b c. Causa iuncta gloss. in verb. matrimoniali extra de
in integ. restitut. & c. final. extra de transactionib.
c c. Contingit; & c. per tuas extra de arbit. in fine & ibi
notatur nisi clerico & authoritate Episcopi vel Officialis vt
nota. d. c. Pertuas.
d Specul. lib. 1. part. 1. §. Restat nu. 2. titu. de arbitro &
arbitratore.
e Specu. lib. 1. particu. 1. nu. 6. §. Restat. titulo de arbitro
& arbiiratore & de similibus.
f l. Quid ergo §. Ex compromisso ff. de his qui notan.
infam.
g Et Bald. dicit gloss. in verb. Non facit in d. §. Ex compromisso
esse singularem ad hoc.
h l. Non distinguemus §. Iulian. ff. de recept. arbit.
CHAPITRE CCVIII.
De la maniere de proceder deuant Arbitre
& Arbitrateurs.
Sommaires.
1 L’Arbitre doibt prendre par escript la forme du compromis.
2 L’Arbitre en cause de compromis procede comme le Iuge.
3 L’Arbitrateur procede en la cause, non pas comme Iuge, mais comme
moyenneur & reconciliateur.
Tout

CIVILE. 279
1 Tout ainsi, comme nous auons mentionné
ci deuant, l’arbitre couche par escript le cōpromis
auecques les causes qui sont en con
trouerse, & faict que ceste escripture est autentiquée
& ratifiée, a fin que suiuant icelui compromis il se
regle en procedant, il fonde le proces futur, & qu’il
n’outrepasse les limites d’iceluy. Par ce que deuant
les arbitres fault seulement proceder iouxte & suiuant
la teneur de la compromission faicte, & selon
l’ordre & faculte que les parties auront a iceux arbi
tres concede & baille pour proceder, & non autrement.
Car ils ne peuuent aucunement oultre passer
ni exceder les bornes du compromis, ordre, & pouoir
2 eux baille. a Les arbitres doncques s’eslisent
a ce qu’ils cognoissent, iuridiquement decident, &
definient les causes douteuses & litigieuses, ou qui
sont en proces. Pourquoy faire & parfournir, l’arbitre
doibt toutalement former & instruire son proces
iuridiquement, & en toute la mesme maniere
& ordre que le Iuge faict & exerce es iugemens or
dinaires. b Mais quant aux arbitrateurs, ils sont es
leuz par les parties & pris, non pas a fin que iuridiquement
ils cognoissent des causes litigieuses &
qu’ils procedent en icelles, ains que seulement cōme
sequestres & moyenneurs entre les parties ils
amortissent le debat & different, accordent & recon
ceillent les parties ensemble, determinent definient
& iugent le tout selon equite & raison. Pour lequel
office faire, nest mestier former aucun proces, ou
garder aucun ordre ou forme de proces.
a l. Non distinguemus §. de officio ff. de recept. Concord.
text. in c. Peruenit ad nos & c. Cum dilectus extr. eod. titu.
de arbitr.
b l. Prima ff. de recept. arbit. cum alijs iurib. similibus.
CHAPITRE CCIX.
En quoy different les Arbitres des Iuges.
Sommaires.
1 L’Arbitre ne decrete point default ou contumace.
2 L’Arbitre ne punist les tesmoins qui se periurent.
3 L’Arbitre a sa puissance limitée.
4 L’Arbitre n’admet point reconuention.

5 L’Arbitre & le Iuge different, en ce que
L’Arbitre ne met sa sentence a execution.
6 L’Arbitre ne contraint les tesmoins a deposer.
7 L’Arbitre prent dons pour plus certaine expedition.
8 L’Arbitre prononce sa sentence sans appel
9 La sentence de l’Arbitre nest point suiuie par autre action.
10 Le Iuge ne iuge point pour dons, aussi ne faict l’Arbitre.
11 Le Iuge & Arbitre, conuiennent en ce que comme
Le Iuge doibt garder lordre de iugement, aussi faict l’Arbitre.
Ovltre des differences susdictes, lesquelles ci

dessus au chapi. 203. iay declare estre entre
l’Arbitre & le Iuge, en cest endroict se pre
1 sentēt encores aultres differences a declarer. Car en
premier lieu l’arbitre ne peut decreter default ou cō
tumace. Ce que toutes foys est permis & competre
2 an Iuge. a Secondemēt, l’arbitre ne peult punir les
tesmoins produits deuant lui lesquels se pariurent,
ce qui est toutes foys permis au Iuge: car l’arbitre
3 n’a point de iurisdiction. b Tiercemēt l’arbitre n’a
non plus de pouoir en la cause, quil en reçoit par
les perties. c Mais quāt a la puissance du Iuge elle est
4 beaucoup plus ample, & non si restrainte. d Pour le
quatriesme point, reconuention na point de lieu de
uant les arbitres, laquelle toutes foys de droict a son
5 lieu enuers le Iuge. e En cinquiesme lieu, les Arbitres
ne peuuent mettre leur sentence a execution,
6 mais bien la peuuēt les Iuges. f Pour le sixiesme, les
arbitres ne peuuent contraindre les tesmoins a depo
ser, ce que peuuent les Iuges. Qui plus est, les Iuges
mesmes mettēt les sentences des arbitres a executiō
par ce que le Iuge a iurisdiction, ce que l’Arbitre
n’a pas, qui n’a seulement que la cognoissance. g
7 Septiesmement, les Arbitres sans reprehension per
uēt prendre argēt des parties, ou quelques honestes
dons & presens, a fin que plus hastiuement ils procedent
en l’affaire, & que plus a tēps ils pronōcent
la sentence, ce qui nest aucunemēt licite au Iuge. h
8 Pour le huitiesme article, il n’est point licite d’appel
ler de la sentence de l’arbitre, cōme nous auōs dict
au chap. 203. cōme toutes foys il est licite d’appeller
9 de sentence du Iuge. Neufiesmement, de la sentence
de l’arbitre ne n’aist aucune actiō plus oultre
ni exception, telles que naissent & precedēt bien de
10 la sentence du Iuge. Quant au dixiesme, il semble
qu’ils conuiennēt en ce, que tout ainsi que l’arbitre
ne peult prendre argent, a ce que pour ceste cause il
prononce la sentence plus en faueur du donāt, que
de celui qui ne donne, aussi ne faict pas le Iuge. k
11 Pour l’onziesme & dernier point, ils conuiennent
aussi en ce que toutes choses qui sont ordonnées &
establies pour estre obseruées es Iugemens, les mes
mes doiuent aussi estre obseruèes es arbitrages.
a l.2. §. ff. vltimo de iudic.
b l. Ait Praetor. ff. de re iudi.
c l. 3. ff. de reeept, arbit. & l. Non distinguemus §. de officio

ff. eod.
d Vt in c. P. & G. ext. de offic. delega. & notatur in c.
final. ext. de rescript.
e c. Cum dilectus ext. de arbit. & l. Non distinguemus
§. de officio extr. de recept. arbit.
f l. 3. ff. de recept. arbit. & notatur in l. A Diuo Pio, in
principio ff. de re iud. & ibi Bart.
g l. Ait Praetor ff. de re iudie.
h c. Primo de sentent, & re iudica. lib. 6. & c. Non licet
11. q.3. cum alijs similibus iurib.
I l. Prima C. de arbitr.
k l. Item si vnus & l. Qualem & l. Sed & si in seruum
§. Sunt & alij ff. de recept. arbit.
A2 2 CHAPI-

280 LA PRACTIQVE.
CHAPITRE CCX.
En quelles choses l’Arbitre & le Iuge conuiennent.
Sommaires.
1 Procede ordinairement, & iuridiquement.
2 Prononce sa sentence par escript.
3 Tient agreables les depositions qui font deuant lui.
4 L’Arbitre Condanne la partie au principal & despens Comme le Iuge.
5 Declare ce qui est obscur en sa sentence.
6 Il adiouste, il diminue, il corrige ce qu’il a prononce.
1 L’Arbitre procede ordinairement, & baille
les membres au iugemēs qui sont produits
deuant lui, ne plus ne moins que faict le Iu
2 ge mesme en ses iugemens, a L’arbitre prononce sa
sentence par escript, cōme le Iuge. b Il semble qu’on
3 ne peult compromettre a vn idiot. Au reste, les depositions
qui sont produittes par deuant l’arbitre,
obtiennent mesme force & vigueur qu’ont celles
qui sont produittes pardeuant le Iuge. c consequemment,
4 l’arbitre condanne la partie qui succombe
au principal & es despens, qui suiuent le principal,
& accessoirement sont attachez au principal.
5 Et le mesme faict le Iuge. L’arbitre interprete & ex
plique plus clairement tous les points & choses ob
scures qui sembleroyent estre en sa sentence, le Iuge
donne ordre que le mesme se face aussi en sa sentence.
6 d Mais aussi le iour mesme que l’arbitre a
prononce sa sentence, il y adiouste, il y change, &
corrige la mesme sentence qu’il a prononcé par autres
termes de Grammaire, ou par aultres manieres,
locutions & phrases, & nō pas par paroles qui muēt
& corrigent la substance de la sentence, ce qui est
aussi permis au Iuge faire.
a Specula. lib. 1. particu. 1. § differt num. 12. titu. de arbitro
& arbitratore.
b l. Penult. §. 1. C. de recept. arb. lib. 1. C. de senten. ex
periculo (vel vt Alciat. libr. dispunct. primo c. 21. placet breuiculo)
recitandis, & c. Statutis 2.q.1. & teste Specul. loco
statim supra allegato.
c c. Praesentata. extr. de testib. l. finali C. eod.
d Speculator. lib. 1. particula. §. Sequitur numer. 64.
titu. de arbitro & arbitrator.
CHAPITRE CCXI.

Quand Submission est estimée esteinte.
Sommaires.
1 Quand la sentence de l’arbitre est prononcée.
2 Quand le temps de la soubmission se fine.
3 Apres troys ans s’il ni auoit aucun temps determiné.
4 Quand l’une ou l’autre des parties se meurt.

5 Quand vn arbitre meurt.
6 Submission de l’arbitre s’amortist
Quand vn arbitre ne peut vaquer a la cause, pour les choses qui lui suruiennent.
7 Quand l’arbitre fe peut excuser de la cause entreprise.
8 Quant les parties d’un accord reuoquent la cause compromise.
9 Quand les parties prēnent vn autre arbitre, ou bien accordent entre elles.
10 Par acceptilation, paction, iugement, & c.
11 Auecq le temps, par mort
1 Soubmission des parties est estimée d’estre ter
minee & amortie quand l’arbitre a dōc son
iugement & faict son arbitrage, ou a donné
& prononcé sa sentēce arbitraire, sur toutes les productions.
2 Item, la soubmission des parties est estimee
esteinte & amortie, quand le tēps estable pour
determiner est expirê. Car l’arbitre ne peult estre
contraint, a ce qu’en aucune maniere il prolonge le
temps & terme qui est establi pour la determination
3 & vuidāge de la cause s’il ne veult. a Item les
Soubmissiōs s’amortissent & esteignēt, apres troys
ans, quand en la soubmission il ni a eu aucū temps
4 prefix pour determiner. Dauātage, les Soubmissiōs
s’esteignent quand l’une ou l’autre des parties trespasse.
Car les heritiers du deffunct ne sont point tenuz,
& ne peuuent estre contraincts a ce qu’ils pren
5 nēt les arraments s’ils ne veulent. Pareillement, les
Soubmissiōs s’esteignēt, quand l’arbitre mesme ou
vn des arbitres decedēt, c car les aultre arbitres qui
lors sont suruiuās ne peuuent estre cōtraints de pro
ceder plus oultre au negoce ou cause encommencée
sans prēdre des parties nouelle forme de cōpromissiō,
parce que la premiere cōmission s’esteinct par le
deces & trespas de l’un d’eux. Mais cela se doibt entendre,
si ce n’estoit qu’en la premiere cōpromission
il eust este distinctemēt & expressement dict quelle
seroit valable & tiēdroit, encores que l’un des arbitres
6 vint a morir. En oultre, les Soubmissiōs s’esteignēt
quād a l’arbitre aduiēnent aucuns accidens pour cau
se desquels il ne peult vaquer a l’arbitrage, & qui du
tout l’ēpeschent de proceder, cōme sont grieues ma
ladies, seruitude, ou occupatiōs es negoces des Prin
ces, des pais ou cōtrées des Republiques, ou aultre
semblables occupatiōs de grand poids & importāce
qui sont preferées aux negoces arbitraires & priuées
& se doiuēt procurer & despescher auant icelles.

7 Subsequēment, Soubmissiōs s’esteignēt, quād elles
sont telles, ou qui l’arbitre est reduit a tel point, qu’il
s’en peult par causes raisonables excuser & purger
8 deuant le Prince, le Iuge ou Preuost. Item Soubmis
sions s’esteignent, quand l’arbitre mesme est faict &
deuenu infame, ou ennemi de l’une des parties, ou
bien

CIVILE. 281
biē qu’il soit esleue a quelque dignité ou magistrat.
9 Aussi s’amortissent les Soubmissiōs, quand le deux
parties d’un accord renoncent l’arbitre, reuoquent
les Soubmissions faictes, & s’en departant les prouent
10 estre anichilées. Oultre ce Soubmissions s’esteignent,
quand les parties toutes deux delaissent
icelui arbitre, & commenttent la cause litigieuse a vn
arbitre auquel ils cōpromettent. Ou quand ils plaide
d’icelle mesme cause pardeuant quelque Iuge.
Ou quand l’une des parties cede a l’aultre la cause
qui est en different soub certaines pactions & conditions.
Ou quand l’une ou l’aultre des parties par
11 pouurete a faict cession de biens. Et en general,
toutes soubmissions s’esteignent, par le temps expi
re, par le trespas & deces de la partie, ou arbitre, par
acceptilation, iugement, paction de ne demander,
& transaction.
l. Diem proserre §. Si plures ff. de recept. arbit. lib. 6.
& c. primo lib. 6. & ibi Pet. Ancha.
h d. l. Dien proferee §. Si plures & d. c. primp, & ibi. Pe
trus de Anchara.
CHAPITRE CCXII.
De prononcer l’Arbitrage, ou, de Publier la
sentence de l’Arbitre.
Sommaires.
1 Deux arbitres qui sont discordans d’opinion, doiuent prendre vn tiers opinateur.
2 Troys arbitres qui sont discordans chascun en vne somme doiuent suiure la
somme plus petito.
3 De troys arbitres deux qui sont d’accord concluent.
4 Troys arbitres pris doiuent conclurre tous par ensemble.
5 Le tiers arbitre qui est absent doibt estre adiourne a comparoistre auec les deux
par l’ordinaire.
6 La prononciation de deux arbitres ne vault sans la presence du tiers.
7 Approbation n’a point de lieu, ou la presence de la personne est requise.
8 De troys arbitres les opinions des deux sont tenues valables.
9 Au lieu establi, ou au lieu de la compromission.
10 La sentence des arbitres se doibt prononcer
& En tout temps que ce soit, excepte les festes.
11 L’Arbitrateur n’a nul temps excepté pour prononcer sa sentence.
12 Reconciliation de freres se peut faire en tout temps & lieu.
13 L’Arbitre condanne au principal, despens, & non aux interests.

14 L’Arbitre en condannant ne peult exceder la somme limitée.
1 Si soubmissions estoyent faictes deuant deux
arbitres & non plus, & encores que ces deux
fussent discordants a determiner l’affaire ou
negoce, de maniere qu’en iugeant l’vn volust absouldre
vne Partie, & l’autre la voulust condanner,
en ce cas le Iuge ordinaire peult contraindre iceux
arbitres a prendre vn tiers, ou tierce personne. Laquelle
tierce personne estant prise pour esplucher

l’affaire, procedera auec iceux arbitres, non pas com
me arbitre (par ce qu’il n’a premierement este pris
& esleu pour tel arbitrage) ains comme conseiller
& assesseur a donner sa voix en la cause, a quoy son
opiniō sera nombree & aura son efficace & valeur.
2 Mais si on auoit pris troys arbitres, l’un desquels
voulust condanner la partie a quinze liures, & l’autre
a dix liures, & le tiers en cincq liures, pour vray,
l’opinion & arbitrage de ce dernier vaudra & deura
estre pris & receue, comme qui enclost en soy
les deux premieres, & en laquelle les troys consentent
auec efficace par ensemble. Et la sentence
de troys ensemble est preferee a la sentence de quin
ze & de dix, qui toutes deux conuiennent en dix. a
Et pourtant s’il y auoit deux arbitres seulement,
& qu’ils fussent en discord, de maniere que l’un vou
lust condanner la partie en dix liures, & l’autre en six
adonc la sentence de six seroit ferme & stable, pourtāt
3 qu’elle enclost dix en soy. Mais si de ces troys arbitres
l’un vouloit condāner la partie en cinq liures
& les aultres deux en dix liures, en ce cas les sentences
de deux tiendroyent & seroyent receues, pour
autant que les deux parties comme plus grandes en
4 nombres consentoyent & estoyent daccord. b Es
soubmissions qui sont de troys arbitres, les deux arbitres
ne peuuent prononcer la sentence sans la tiers
lequel s’il refusoit de iuger auecques les aultres, il
deuroit estre adiourne & contraint a donner sa sentence,
si ce n’estoit qu’il eust este premier dict & deuise
en la soubmission qu’il pourroit ce faire ou que
les parties eussent a ce consenti: Mais cest appel ou
adiournement se deuroit faire & decreter par le Iu
ge ordinaire, & non par les mesmes arbitres, pourtāt
5 qu’ils nauroyent nulle puissance pour tel adiournement
faire. Aussi ne sera la sentēce valable ainsi prononcée
par deux arbitres en l’absence du tiers arbitre,
combien que par apres il vint pour aprouer con
firmer & dire qu’ils auroyent prononce selō equite
& raison.
6 Car consentement, approbation, & ratification
n’ont point de lieu es causes, esquelles tant
le faict que la presence de celui qui faict est requise,
aumoins si ce n’estoit qu’en la premiere submission
7 il eust ainsi este deuise. Toutes foys qu’il y a troys ar
bitres pour prononcer vne sentence, & que ladicte

sentence soit decretee & prononcee par l’opinion
de deux qui seroyent d’un accord, & ce present
le tiers arbitre, telle sentence est d’efficace & de valeur,
combien que l’opinion du tiers ne consentist
auecque les deux arbitres.
8 Quant au surplus, la sentence de l’arbitre, ou des
arbitres se deura prononcer au lieu qui aura este exprimé
& declaré en la premiere submission au
moins, s’il y auoit aucun lieu declaré. Mais si es
Aa 3 compro

282 LA PRACTIQVE.
compromis ni auoit lieu aucun certain establi pour
faire publication de la sentence, alors icelle sentence
se deuroit prononcer au lieu du compromis fait,
au moins s’il n’en auoit autrement este ordonnê,
mais ceci se doibt entendre en general, c’est a scauoir
en mesme ville ou village. et non specialement
en mesme maison, ou en mesme sale.
10 Consequēment la sentence des arbitres prononcee
en temps de moissons, ou en temps de vacances
ou es aultres temps d’empeschemēs est vallable ferme
& de tenue. Mais la sentence qui seroit par eux
prononcee au iour de dimenche, ou es iour de feste,
n’est aucunement vallable, combien qu’il eust
este dict & deuise en la premiere compromission
11 que cela se pourroit faire. Mais quant aux sentences
des arbitrateurs, il en va autrement. Car elles sont
12 vallables en tout lieu & temps. Et la raison est,
pour ce qu’une reconciliation fraternelle ne se peut
prescrire par aucun lieu ou temps, ains en tout lieu
13 & temps elle est a Dieu tresagreable. Consequemment,
les arbitres peuuent condanner es despens,
comme accessoires du principal. Mais es fruits domages
& interests, qui s’intentent par action, il n’est
aucunement licite d’en prononcer si ce n’estoit que
cela eust aussi este exprimé au compromis.
14 Pareillement, les arbitres ne peuuent establir plus
grieue peine, ou par apres l’augmenter, qu’elle auoit
este au premier compromis ordonnée par consentement
des parties.
a l. Diem proserre §. Si plures ff. de recept. arbit. & c.
Primo lib. 6. & ibi Pet. de Ancha.
b d. l. Diem proferre §. Si plures & d. c. primo, & ibi
Petrus de Ancharano.
CHAPITRE CCXIII.
De garder l’Arbitrage par Parties.
Sommaires.
1 Il fault garder les arbitrages par parties, ou payer la peine.
2 Celui qui est interesse par arbitrage, n’en peut appeller, si ce n’est & c.
3 La sentence de l’arbitrateur se peut reduire a l’ordinaire.
4 La reduction se doibt faire dedans dix iours.

5 Qui differe la reduction oultre dix iours approue la sentence.
6 Celui qui reduit la sentence, se doibt plandre du tort a lui faict, & de
l’enormite de la lesion.
7 Celle lesion est estimée enorme
Qui est oultre moitie.
ou
8 Qui par l’ordinaire est iugée telle.
9 Serment de ne reduire n’oblige point.
10 En France on appelle de l’arbitre & arbitrage.
1 Il fault necessairement que les parties gardent
& tiennent les arbitrages, soyent iustes on iniustes,

ou bien leur conuiendra encourir la peine
constituée & entr’eux accordée suiuant le compro
mis. Et si par apres ils se complaignent d’estre en au
cune maniere interessez de ladicte sentence, qu’ils
s’en prenent a eux mesmes, qui ont esleuz & choisiz
2 les arbitres. a Mais celui qui se plaindra d’estre
fort greue & interesse par icelle sentence, ne pourra
aussi appeller d’icelle, suiuant les droicts deuant alle
guez, si ce n’estoit qu’il volust toutalemēt soustenir
que l’arbitre auroit directement prononce telle sen
tence contre iustice. Mais quant a la sentēce de l’arbitrateur,
elle peult estre reduitte, (comme nous auons
3 ci dessus dict au chap. 203) a l’arbitre d’un home
de bien, c’est a scauoir quelle se peult reformer
par l’ordinaire, si l’une des parties le requiert, &
qu’elle se deulle dauoir este grieuement lesée & interessee
par tel arbitrage. b Et la raison d diuersite
entre l’arbitre & l’arbitrateur est, parce que l’arbitre
n’est pas esleu a ce qu’il vuide & decide le different
selon son sens & iugement, ains a fin qu’il procede
selon le droict. c Mais il est autrement de l’arbitrateur
qui iuge & decide selon son sens & discretion,
4 & est pris de droict & de faict. d Et se doibt ceste
reduction a l’ordinaire faire dedans dix iours aptes
l’arbitrage prononcé. e Auquel lieu allegue le tex
te chante. Que ceste reduction al’arbitre d’home
de bien ait lieu, il appert par cela, qu’elle est comme
vne espece & semblance d’appellation. Et pourtant
toutainsi que la vraye appellation se doibt interposer
dedans dix iours, aussi faict la reduction qui a
semblance d’appellation. f Mais on peult demander
quant a ceci sur quel droict est fondée ladicte re
duction a l’arbitre d’un home de bien ? A quoy Panorme
& les Docteurs g tiennet que telle reduction
a son fondement sur l’office du Iuge. h Toutes
foys Bartole distingue autrement. i Doncques
quant a ceste matiere d’arbitres le proces en pend
encore indecis, & tout autant qui en ont traicté,
autant en ont ils prononce de sentences diuerses.
5 Au demourant, quand celui qui est enormemēt gre
ué ou interessé differe ou prolonge sa reduction oul
tre le temps & terme de dix iours, alors s’ented
qu’il aura emologué ou approué la sentence de l’arbitrage.
6 En apres, la partie qui se plaint de lesion, &

qui veult & pretēd que l’arbitrage soit reduit, doibt
soustenir que tel arbitrage est iniuste & nul. Item
que par & moyēnant icelui arbitrage elle seroit non
legerement ains grieuement & enormement lesée
7 & interessée. Or il s’entend que la personne est enormemēt
lesée, quand il se trouue quelle est interessée
oultre la sixiesme partie, ou, (come les aultres
dient) quant elle se trouue interessée oultre la moitie
8 de la chose litigieuse. Il en y a qui veulent ceste
enormite de lesion deuoir cōsister au seul ordinaire,
auquel

CIVILE. 283
auquel est commise vne telle maniere de reduction.
9 Ce neantmoins si les parties s’estoyent pardeuant
l’arbitrateur par serment obligez que loyaument ils
garderoyent & entretiendroyent la sentēce qui par
lui seroit prononcée, & qu’ils ne la reduiroyent a lor
dinaire pareillement, qu’ils ne soustiendroyent icelle
sentence estre, ou nulle, ou inique, pour vray vn
serment n’astraindroit celui ou ceux qui lauroyent
faict a ce que la reduction susdicte ne se peust licitement
faire. Car vn tel iurement seroit faict contre
droict & equite, voire contre les bonnes meurs, &
pourtant n’est il d’aucune importance, & par consequēt
ne se doibt obseruer. k. Et que l’arbitrage d’une
lesion enorme ne soit confirme par serment il appert,
par ce que tout serment se doibt entendre ciui
lement. Et ne se trouuent au serment les choses esquelles
on n’a preallablemēt pensé, or est il vray que
ceux qui elisent arbitres n’ont precogité ni voulu
que par l’arbitre leur fust faict lesion enorme, par ou
pouons conclurre que non obstant le serment se
peult faire reduction a l’arbitrage d’home de bien,
sans scrupule de periure ou de la peine y apposée.
A quoy sert que le iurement ne doibt estre vn lien
de desraison ou iniustice. l Et se doibt le serment
reigler selon la nature de ce a quoy il est apposé. m
Mais l’arbitrage a en soy ceste condition soubenten
due, c’est scauoir (s’il est raisonable) parquoy est il
que nonobstant la paction faicte, la peine, ou le serment
se peult faire reduction a l’arbitrage d’un home
de bien, auenant que l’arbitrage premier fust iniuste
& hors de raison, ou qu’il y eust lesiō enorme,
ou bien qu’il y eust faute quant a la part de l’arbitra
teur. n I’ay iusques ici dict de la lesion qui est enor
me, car ou la lesion seroit de petite consequence, il
n’en seroit faict reduction selo le droict commun,
mais ou elle seroit grande elle se pourroit bien faire
par ledict droict commun (comme dict est.)
Mais a cause de la pactiō ou du sermēt qui auroit
este faict, alors se feroit point telle reduction, si
ce n’estoit qu’il y eust lesion enorme ou tresenorme
par ce que la paction faicte & le serment doiuēt be
soigner quelque chose. o Or quelle soit la grande

ou petite quantite de la lesion, ce la nest determine
en droict, tant s’en fault qu’il le soit en ce cas. Et
pourtant elle est laissee a l’arbitre du Iuge, comme
ci deuant nous auons touche en ce chapitre. p En
10 France ils ont cest vsage par ordonnance, qu’il leur
est loisible appeller tant de la sentēce arbitraire, que
que de l’arbitrage au Iuge ordinaire. Et s’il approue
la premiere sentence, & la conferme alors la partie
qui aura este vaincue ne pourra puis apres appel
ler d’icelle sentence, si premierement elle n’a payé la
peine establie au compromis, mais apres qu’elle sera
payée l’appellation sera aussi receue, de maniere
qu’a l’appellant sera loisible repeter ladicte peine ou
amande auecq le principal. Et me semble cest vsage
& practique de France estre conforme a equité &
raison & quelle doibt estre tenue & suiuie, quoy
que les droicts repugnent a icelle comme ci dessus

nous auons demonstré. Car s’il est loisible appeller
de la sentence de l’ordinaire, il semble qu’a plus for
te raison on peult bien appeller de la sentence de
l’arbitre.
a Vt in l. Qualem & in l. Celsus §. Idem ait & in l.
Diem §. Stari ff. de recept. arbitr. & in l. Societatem §. Abitrerum ff. pro socio.
b Per textum praeallegatum in l. societatem §. Arbitre
rum secundo responso & ibi per legistas ff. pro Socio & c.
Quintauallis & ibi Canonistae extra de iureiurand. & in
c. Nisi extra de praebend.
c l. Idem Pomponius scribit. Si de meis §. Recepisse ff. de
recept. arbit.
d d. l. Societatem §. Arbitrorum.
e l. Non distinguemus §. Cum quidam ff. de recep. arbi.
f Itatenet Specu. in titu. de arbitr.§. Sequitur versicu.
Sed intra quod tempus & resert Bart. in d. §. Arbitrorum.
Aliter tamen distinguit ibi Bart. vt ibi per eun.
g Panor. & Docto. in d. c. Quintauallis, & in c. 2. extr.
de arbit.
h Idem & tenet Specul. in tit. de arbitra. § . Sequitur
versiculo. Sed quo iure.
i In d. §. Arbitrorum & dicit Panor. in d. c. Qnintauellis 13. colum.
k Per text. express. & ad literam in c. Quitaullis iuncta
ibi gloss in verbo iuramentum, & c. Veniens iuncta ibi
gloss. in verbo Praesciuisset extr. de iureiur and. ibi expressue
text. cum suis glossis.
l c. Quanto ext. de iureiurando
m l. fin. C. de non numerat. pecu.
n Ita tenent communiter Canonistae in d.c. quintauallis
& Barto. & Doct. in. d. §. Arbitrorum.
o l. Si quando ff. de lega. 1. c. Si papa. de priuileg. lib. 6.
secundum Panor. in d. c. Quintauallis licet contra sentiat
Bart. in d. §. Arbitrorum.
p Continuus §. Cum ita ff. de verbo. obligat. & l. Quicunque
C. de seruis fugit, & l. Quod dicimus ff. de solut.
CHAPITRE CXCXIIII.
De payer la peine ou Amande.
Sommaires.
1 La Partie qui ne consent a la sentence arbitraire encourt la peine establie.
2 La Partie qui gaigne par la sentence arbitraire attribue & retient a soy la peine
ou amande establie.
3 La peine de la sentence arbitraire se demande auecq le principal.

4 Apres dix iours expirez.
&
5 Ame ne chet en peine arbitraire Quand on a iure d’auoir pour agreable.
&
6 Quand la faculté de sa personne ne le permet.
Aa 4 Celle

284 LA PRACTIQVE.
1 Celle des parties qui n’aura obei ains aura cō
treuenu a l’arbitrage ge l’arbitre, icelle par in
obedience chet en la peine establie par l’arbitre
en cōpromettāt, & laquelle aura estre accordee
& admise par lu’ne & l’autre partie, a la quelle peine
nō l’arbitre mesme ains le Iuge ordinaire aura a con
2 daner la partie non abtéperante: Que si l’une ou l’au
tre des parties veult appeller d’icelle poine, adōc l’au
tre partie qui a l’arbitrage agreable, prent & s’attribue
ladicte peine ou amande, & ce en bōne & saine
3 conscience tant selō le droict canon, come le droict
ciuil. Et se peult icelle peine arbitraire demāde auec
l’execution de la sentence, quād ainsi auoit este establi
4 en la compromissiō. Toutes foys il y a deux cas
esquels la peine arbitraire ne peult auoir lieu Premierement,
quand icelle sentence d l’arbitre est par
l’une des partie tenue emologuée & approuée par
5 l’expiration de dix iours. Secondement quād au cō
promis l’une & l’autre partie s’est librement obligée
par serment de tenir la sentence arbitraire pour agrea
6 ble ferme, & stable: & la garder fidelement. Pareillement
celui ne tombe en peine, & ne peult commet
tre peine qui en compromettant ne s’est point soub
mis a la peine, que sa faculte & puissance ne pourroit
sup porter.
CHAPITRE CCXV.
Des Sentences Metropolitiques.
Sommaires.
1 Le Iuge subalterne en choses ardues & difficiles demande l’aduis & opinion
de son ches.
2 Le Iuge subalterne exhibe le proces produit pour impetrer vne sentence
criminelle.
3 Le Iuge subalterne qui veult & requiert auoir sentence, iure que le proces par
lui exhibé est entier.
4 La partie qui succombe de la sentence subalterne appelle au Conseil prouincial.
5 Le Conseil condanne le Iuge subalterne appelle au Conseil prouincial.
6 La condannation du Iuge subalterne repugne a la raison.
7 Au Conseil de Flandre reformations se font.
8 Es Cours
Du Francq
De VVaes
De Cassel Se font les reformations non au Conseil de Flandres.
De S. Pierre

de Gand
Nous auons ci dessus traicte des Magistrats
subalternes & superieurs ou bien Metropolitiques,
& pourātt ie pense qu’il viēdra
bien a propos si en ce lieu ou nous traictons des sen
tences, nous declarons aucuns points qui semblerōt
1 toucher la sentēce Metropolitique, pour laquelle im
petrer les Magistrats subalternes sont souuent contraints
eux employer, & faire prieres & requestes.
Ainsi doncques en Flādres les magistrats subalternes
demandent & impetrent leurs sentences capitalles
de leurs Cours capitalles en deux manieres, quelques
foys mediatemēt & par foys aussi sans moyē.
2 Cela se faict mediatement, quand ils portent tout
le proces qui a este produit pardeuant eux au Magistrat
superieur, & d’icelui requierent iuste & droicte

sentence, laquelle puis apres ils puissent pronon
cer d’icelui proces. Doncques la Court superieure
veu icelui proces & apres l’auoir diligēment pese &
examiné faict & dōne la sentence a icelui Magistrat
subalterne, & la lui liure en forme deue, a ce qu’il se
regle selon icelle, qu’il la garde, & qu’il la prononce
3 en son auditoire on consistoire. Et quant aux Com
missaires qu portēt le recors & tout le proces pour
estre visite par le Magistrat leur chef, doiuent affermer
par serment icelui recors & tout le proces estre
mis au net & entier. & que leur Chambre ou Colle
ge nest suffisant pour vuider ou decider ledict proces,
& qu’ils nont assez de scauoir pour le iuger, ou
donner d’icelui la sentence. Quoy faisant seront aus
si tenuz declarer les raisons & difficultez qui les mo
uant a ce faire. Et ainsi pourront les parties tenir &
auoir pour agreable ferme & stable icelle sentence
4 si bon leur iemble. Sinon auenant que l’une d’icelles
parties n s’accorde & ne la reçoiue, icelle pourra
de rechef reformer & appeller au souuerain Con
seil Prouincial que nous appellons les grands iours,
ce qui lui est adōc permis, scauoir est, afin qu’audict
lieu il intente & agisse quasi comme de nouueau, &
qu’il il produise tout ce qu’il voudra, & qu’il pensera
apertenir a ladicte recognoissance du proces & aux
productions d’icelui. Ainçoys qu’il forme & fonde
vn noueau proces sur la reformatiō ou appellation
au principal de sort toutes foys qu’il ne forclose
point d’icelui le Magistrat adiourné combien qu’a
icelui ne touche aucunement, ainçoys qu’il procede
5 principalement contre icelui. Or en ceste reformation
ou appel, si icelui Cōseil prouincial trouue que
ladicte sentence subalterne auroit este iniustement
prononcée, alors est tout le proces auec toutes ses
productions & records par iceux rassemblé recueilli
& recognu & en est la sentence capitalle corrigée, &
la partie adiournée, c’est a scauoir le Magistrat subalterne
a cause de l’abus de iustice est condanné a la
somme de soixante liures Parisis, & en deux parties
6 des despens. Mais ceste condannation a a plusieurs
semble estre plus rigoureuse, que de raison, principlement
d’autant qu’icelui Magistrat subalterne ne se
soit en prononçant icelle sentence receue telle de son
chef & Magistrat superieur pour estre prononcee,
qu’il l’auroit ainsi prononcee par commandement,

puis que le Conseil prouincial n’a point de loy pour
prononcer

CIVILE. 285
prononcer vne condennation tant rigoreuse, qui a
ce le peusse fauoriser ains seulement vne coustume
7 maintenue. Quant au surplus, immediatement (c’est
a dire sans moyen) se doiuent toutes reformations
de Magistrats superieurs ou chefs tirer au Conseil
prouincial de Flandres, & la se traicter & parfaire, re
8 seure les sentences capitalles, qui sont baillées, aux Iu
ges subalternes par les Cours du Franc, dition de
VVaestene, Territoire de Cassel, Teritoire de S.
pierre de Gand. Car tout Magistrat subalterne qui
auroit pris & receu son iugement capital & sentence
definitiue de l’une de ces quatre Chambres, &
que par ainsi il le prononçast, icelui ne pourra par la
partie appellante estre tire a reformation a Gand au
Conseil prouincial, ains le deura icelle partie tirer a
son Magistrat, scauoir est a sa Court capitalle ou sou
uereine de laquelle icelui Magistrat a receu sa sentence.
Pourtant qu’icelle seule par ressort prendra
la premiere cognoissance & examination de la cause
que l’appellant voudra reformer, & elle seule iugera
de ladicte reformation comme celle a laquelle
seule deura ressortir ceste reformation.
CHAPITRE CCXVI.
De diuerses Sentences.
Sommaires.
1 Des sentences l’une est
Interlocutoire.
Definitiue.
Mandatoire.
Mulctatirce qui condanne en l’amande.
2 De la sentence Interlocutoire a esté ci dessus dict.
3 Quelle est la sentence definitiue.
4 Quelle est la sentence Mandatoire.
5 Quelle est la sentence mulctatrice.
1 Ily a quatre especes ou manieres de sentences
c’est a scauoir la sentence Interlocutoire, la defi
nitiue, & celle qui se faict par commandement
du superieur. Item & celle aussi qui se faict par amande.
2 Sentence Interlocutoire est sentence demipleine,
laquelle se profere entre le commencemēt &
fin de la cause, non pas sur le principal, ains sur les
questions qu pourroyēt sourdre & eschoir, comme
sur offrir ou former le libelle, bailler dilay ou le denier

& refuser & semblables durant la cause principalle:
Ou bien quand le Iuge non resident ne seant
en son siege iudicial, entreparlant entre les parties,
sans solennité d’escripture prononce quelque chose
sur le champ ou sur quelque incident ou sourdant
hors l’intention principalle, & peult le Iuge soit ordinaire
foit delegue ou arbitre reuoquer icelle sentence,
toutes foys elle se doibt bailler auec cognoissance
de cause, & par octroy du Iuge, & nō pas procedant
par icelui, a de laquelle sentence Interlocutoire
a este dict amplement ci dessus au chap. 144.
3 La sentence definitiue est celle que nous appellons
iudicialle, aini dicte, pourtant qu’elle diffinist &
termine le proces. Ou se peult autrement ainsi d’escrire.

Sentence definitiue est definition iudicialle
mettant fin au proces, contenant condannation ou
absolution par la prononciation du Iuge. b Et con
tient ceste condannation, absolution, confirmation
& information, & apres icelle prononcée en ce proces
la cesse l’office du Iuge, excepte qu’il pourra
4 mettre ladicte sentence a execution. c Consequem
ment, la sentēce mandatoire est quand le Iuge pour
vne nue & simple confession du Defendeur faicte,
sans aucune exception ou contredict mande audict
Defendeur ainsi confessant que selon & suiuāt sa propre
confession il paye la chose demandée & confessée.
Car nulle telle condēnation mandatoire se pour
roit faire s’il y auoit quelque icelui Defendeur, ains est
icelle sentēce decretée par la seule confession du De
5 fendeur. Et quāt a la sentēce mulctatoire elle est ain
si dicte, de ce que le Iuge condanne la partie en quel
que amande arbitraire pour aucun crime ou delict
par elle commis, ou pour contumace, ou calomnie
receue qui n’est declarée en droict ni receue par la
coustume.
a §. Spacium 3. q. 3. secundum Gof.
b l. Prima ff. de re iudica.
c c. In literis extr. de offic. deleg. d. l. Prima concordat tex
tus in §. Definitiua 2. q. 6. addo gloss. videndam in c. Primo
in principio super verbo, non habente de friuol. appel. in
Pragma sanctio.
CHAPITRE CCXVII.
De la difference entre Amende & Peine.
Sommaires.
L’Amande

286 LA PRACTIQVE.
1 L’Amande se decerne de l’arbitre du Iuge.
La Peine est introduitte par constitution de droict.
2 Item.
l’Amande est pecuniere.
3 L’Amande & Peine sont differentes La Peine est quelque foys
Corporelle.
Capitalle.
Pecuniere.
Item.
4 Amande admet appellation de soy.
Peine n’admet aucune appellation de soy.
La Peine diffame, l’Amande non.
Pvis que iusques ici nous auons souuent faict
mention des peines & amandes, il est en ce
lieu a scauoir, que les peines ou amandes ont
coustumes d’estre appellées profits de iurisdictiōs. a
Er pourtant telles amandes sont aussi en toutes iustices
iusticiables, de sorte que le Seigneur a pleine
puissance d’exiger & tirer vne telle amande, & con
traindre ceux qui y sont mis & condannez. Par apres,
i’espere que ie ne feray point chose vaine en
cest endroict, si ie declare ici la difference de ces termes.
1 Car amande & peine sont entre elles en ce dif
ferentes, que l’amande consiste au seul arbitre du Iu
ge, cest a scauoir, a ce que seulemēt il la prononce pour
causes & occasions qui le mouueroyent a ainsi con
danner en amande. Mais quant a la peine elle ne
consiste point en la prudēce & arbitre du Iuge, ains
fault qu’elle soit exprimée es droicts ou statuts, par
maniere que les droicts eussent establi & taxé telle
2 peine. Item l’amande s’entend seulement de peine
pecuniaire, Mais la peine simplement proferée, s’estend
& a la peine corporelle & a la peine capitalle,
& a la peine pecuniaire, iouxte diuerses constitutiōs
3 des droicts. Dauantage on peult bien appeller des
amandes, mais il n’est aucunement licite d’appeller
4 des peines. Finalement la peine est de telle nature
qu’elle rend infame celui qui y est condané, Tou
chant l’Amande elle ne peult diffamer aucun.
a Testib. Barilo in l. finali ff. solu. matri. & Ludo. Roma.
in Consil. suo 70. incip. Visis Themate & quaestione in
4. colum. in vltimo dubio.
CHAPITRE CCXVIII.
De la maniere de Iuger.

Sommaires.
1 En donnant sentence fault regarder l’equité.
2 Le Prince
&
3 Le grand Conseil
Iugent selon la conscience.
4 L’arbitrage du Prince en iugeant doibt estre fonde en droict.

5 Le Conseil prouincial & toutes gens de iustice iugent selon les allegations &
probations.
6 Il conuient plus au Iuge d’estre doux que rigoureux.
7 Souuerain Iuge selon le stile de sa Court.
8 Tous Iuge iuge selon la coustume ou est faict le contract.
9 En reformation il iuge selon le stile du lieu duquel l’appel a este ♣interistté.
10 Le Iuge Ne iuge point a l’exemple d’une aultre sentence.
11 Tout Iuge iuge suiuant l’opinion des Docteurs communs.
12 Iuge selon l’equité de la cause, & suiuant diuerses circonstantes.
13 Iuge selon le consentement das parties.
14 Le Iuge peut supplier a ce qui est obmis de droict & non de faict.
15 Interpretation du droict
Se prent de la coustume du lieu.
Se prent de la signification de termes de droict.
Il se fault tousiours incliner a ce qui est le plus doulx.
Se tire de droicts conformes.
Se prent du Iuge interpretant.
1 Combien qu’en la prononciation des senten
ces tous & en tous lieux doiuēt auoir esgard
a l’equitè, & raison, & a droictement admi
nistrer iustice, sans quelque acception de personne,
ains seulement suiuant la consideration de la cause:
Si est ce toutes foys qu’a tous ni en tous lieux on ne
garde pas vne & mesme maniere a prononcer ladicte
2 sentence. Car les Princes (comme ceux qui ne
sont soubmis a aucuns Magistrats, & n’obeissent a
personne) prononcent leurs sentences, non pas selon
les allegations & preuues des parties ains selon
3 leur propre arbitre & conscience. Le mesme font
aussi les Conseillers du Parlement de Malines, qui
comme souuerains iurisconsultes & Iuges, voire
comme en ce prochains Vicaires & Lieutenans du
Prince, Maistres & Recteurs de l’audience, ne doiuent
en iugeant s’accommoder aux conclusiōs des
parties, ains seulemēt cōsiderer la verité de la cause.
& ainsi

CIVILE. 287
& ainsi iuger selon droict & raison par tout ou la
chose le semblera requerir, sans aucunement estre
diligemmēt attentif a ce que les subtilitez de droict
demonstrent & ordonnent, ou a ce que l’estat &
production des causes requiert. Et quant a ce que
4 iay en cest endroict dict, que tant le Prince comme
son grand ou priue Conseil peuuent iuger selon
leur propre arbitre & conscience, il ne fault ainsi esti
mer cela, quils iugent absoluemēt selon leur propre
arbitre & iugement de leur pensée qui est fonde en
droict & equité, & non par tel iugement qui peult
a vn chascun suruenir par vne soudaine legerete de
5 pensée. Et quant aux Conseils prouinciaux, & touts
Magistrats tant superieurs comme inferieurs tous
iceux doiuent seulement iuger selon les allegations
6 & preuues & nullemēt extrauaguer oultre les conclusions
6 des parties. a Mais a donner toutes sentences,
il fault qu’on ait tousiours deuant les yeux
l’equité de la cause, par maniere que le Iuge soit tou
iours plus enclin de prononcer selon icelle que non
pas selon la rigueur. Mais aussi se doibt bien ce Iuge
garder que soubz ce tiltre & conuerture d’equité
& clemence il n’erre plus pernicieusement, auecq
vn indigne tort & iniure de l’autre partie. De rechef
qu’il se distraye & reduise tellement de toute
rigueur, que voulant peser & balancer ce souuerain
& dernier droict trop au rie, ne lui conuiēne ce qui
est dict en Terence. Extreme rigueur est souuēt exme
7 iniustice. Pareillement en donnant iugement le
Iuge Souuerain doibt suiure le stile de sa Court, apres
que les causes auront este commencées & intentées
8 pardeuant lui. Ou bien pour le moins doibt
il iuger & prononcer sa sentence selon la coustume
du lieu, auquel le contract fut faict, si ce n’estoit que
9 les parties fussent de diuerses iurisdictions. Mais si
la cause estoit intentée pardeuant lui par reformation
ou appellation, ce cas auenant il doibt en iugeant
suiure le stile de la Court, de laquelle le proces
10 auroit este euoqué. Aussi doibt le Iuge obseruer
ce point, c’est qu’il ne doibt prononcer sa sentence
a l’exemple d’une aultre sentence ainsi prononcée,
ains selon la regle de droict. Toutes foys ceci n’a
lieu es causes feodales esquelles, le Iuge peult iuger

a l’exemple d’une autre sentence premierement
donnée, excepte qu’il ne se proposera en ce les exēples
des Princes, qui en iugeant establissent loy.
11 Consequemment, le Iuge en decidāt les causes qui
consistent es opinions de droict, doibt suiure non
l’opinion d’un Docteur ou deux, ains les opinions
de plusieurs, & qui cōmunement ont vn & mesme
12 aduis & opiniō. Quant au surplus, le Iuge en iugeāt
suit quelque foys la rigueur du droict & quelque
foys aussi la douceur de l’equitè, & telle foys est il
qu’il mesle & confond l’equité auec la rigueur.
Pareillement il iuge quelque foys par prouision, &

quelque foys definitiuement, & tout ce en conside
ration de certaines causes ausquelles il a esgard, selon
13 la nature des choses, condition des personnes,
qualite des choses, disposition des temps, & aussi
14 selon la production du proces. Dauantage, c’est au
iuge de suiure & prononcer iouxte ce en quoy les
parties conuiennent & consentent. En oultre, le Iu
ge pourra suppleer ce que les parties par quelque oc
casion n’auroyent redige par escript, mais les choses
qui sont de droict, & nō celles qui sont de faict,
si ce nestoit que ce faict lui fust cognu comme au Iu
15 ge. Mais si la cause auroit este telle qu’elle requist in
terpretation de droict, adonc le Iuge doibt prendre
icelle interpretation de la coustume du lieu mesme
s’aucune en y a. Mais s’il n’y a en ce lieu la coustume
aucune, il tirera & prendra ladicte interpretation de
la signification des termes & paroles du droict. Et
s’il ne peult mesme interpretation tirer aucune
d’icelle signification des termes & paroles, alors il
deura accommoder son iugemēt & incliner a la par
tie plus doulce. Mais s’il ni auoit partie aucune plus
doulce & humaine laquelle il peust embrasser, adonc
il s’aydera de droicts cōformes & semblables
qu’il pourra trouuer a ce propices & conuenables.
Et auenant qu’il n’en trouuast point, il aura son recours
au Prince seulement de s’attribuer & reser
seruer l’interpretation des loix & droicts, ou les cau
ses sont douteuses.
a l. Illtcitas §. veritas que semper ad hoc allegatur ff. de
officio praesid. & ibi Bartol.
CHAPITRE CCXIX.
De Prononcer les Sentences.
Sommaires.
1 La sentences definitiue se doibt prononcer
Par le iuge estant assis
En iugement.
Au siege iudicial.
Au lieu acoustumê.
En plain iour.
En lieu ouuert.
La partie adiournée.
2 La sentence se doibt prononcer par vn seul au nom de tous.

3 De Paris, la sentence se prononce par la bouche du President.
4 Au Conseil De Flandres, la sentence se prononce par le Greffier.
5 De droict toutes sentences se deuront prononcer par escript, si c e n’est & c.
6 La sentence interlocutoire se prononce de bouche ou par actes.
7 Les proces imperiaux se prononcent en Flandre en lieu Imperial.
8 La sentence se doibt en Flandre prononcer en la langue en laquelle le proces a
este produit.
9 Au Conseil de Flandre la sentence se prononce tousiours en Françoys.
10 Pourquoy au Conseil de Flandre on a accoustumé prononcer la sentence en
Françoys.
11 En tous les grands Conseils la sentence se prononce en langue dont vse le
Prince.

288 LA PRACTIQVE.
1 Toute sentence definitiue se doibt pronon
cer de la bouche du Iuge estant assis en iugement,
en son siege indicial, au lieu ordinaire,
& ou on a coustume tenir les plaids, en plein
iour, en lieu ouuert & patent, la partie presente, ou
pour le moins appellée & declarée contumace.
Mais ou il en y a plusieurs qui sont Iuges ensemble,
(ce qui aduiēt en plusieurs Magistrats) la n’est point
necessaire que tous prononcent vne mesme senten
ce, mais suffist qu’un la prononce au nom de tous
qui aura de ce este preallablement admonesté, qui
est le plus souuent le mesme Bourgmaistre, & que
tous les aultre consentans a icelle l’approuent. De
la aduient qu’au Parlement de Paris, & es autres
grands Conseils, la sentence se prononce par la bou
che du President, chose qui a plusieurs semble plus
tost estre faicte par vne pompeuse monstre que de
4 necessité qu’il en soit. Au Conseil prouincial de
Flandre l’usage porte que le Greffier par cōmande
ment du Conseil lise & prononce la sentence par
escript au banc accoustumé, en presence des conseil
lers estants assis au Consistoire, tout en la maniere
& temps que ci deuant a este dict. Et apres qu’il au
ra ainsi prononce la sentence par escript, le President
au nom de tous prononce ces parolles solennellemēt.
5 Ainsi iuge la Court, & ce pour le droict.
Aussi de droict toutes sentences se doiuent pronōcer
par escript, a fin que cela se face plus certainement
& plus sans empeschement, excepté es causes
esquelles on procede sommairement, ou bien es-
quelles

CIVILE. 289
quelles n’est le libelle necessaire. Mais pour pronon
cer vne sentence interlocutoire, suffist qu’elle se pro
nonce de bouche, ou bien qu’elle soit baillee par actes.
7 Consequemment, en Flandre, tous les proces
qui naissent de l’ancien Empire ou de causes imperialles,
ne se prononcent pas es lieux ordinaires &
accoustumez, ainçoys en la iurisdictiō de S. Bauon,
ou de C. Claire hors de la ville de Gand, ou bien en
aultres lieux imperiaux, & ce suiuāt certaine ordon
nance faicte l’an mil quatre cens soixante & troys.
8 Et quant au langage auquel la sentence se doibt pro
nōcer, il est a scauoir quelle se doibt en Flandre tous
iours prononcer en la langue, en laquelle de proces
auroit este produit, c’est a scauoir en langue Frāçoy
9 se ou Thioise. Mais cela ne s’obserue au Conseil de
9 Flādre, car en icelui toutes sentēces se prononcēt en
Frāçoys quoy que le proces eust este produit en lāgue
Flamāgue, laquelle coustume on estime auoir prins
son cōmencemēt a lisle, ou la lāgue Frāçoyse est en
10 vsage. En apres, pourtant qu’on tient que la langue
Frāçoyse auroit de tout temps este la lāgue cōmune
familiere, & domestique du Cōte de Flandres, & de
laquelle icelui Conte auroit acoustume vser auecques
sa famille, comme pour lors subiect & Vassal
de la cou rone de France. Or est il que ledict Cōseil
11 a pris son origine de ceste Court du Conte. Qui
plus est l’usage & stile est en tous Pretoires & Cours
souueraines que es consistoires iudiciaux, telz que
sont Paris & aultres, ils vsent du langage qui est cōmun
& receu en la court du Prince.
CHAPITRE CCXX.
De Corriger vne Sentence donnée.
Sommaires.
1 Les substantiaux d’une sentence definitiue ne se peuuent corriger.
2 A la sentence donnée se peuuent adiouster les choses qui acompaignent la
sentence.
3 Le Iuge peult interpreter ce qui est obscur en sa sentence.
4 Le Iuge peult corriger toutes sentences hors mis la definitiue.
1 Nous auons dict que l’office du Iuge est au
proces esteinct, incontinent que la defini
tiue est par lui prononcee, de sorte qu’apres
la pronōciation d’icelle (ie ne parle point quāt

a l’execution) il ne lui reste plus rien a faire, c’est a
scauoir pour y changer ou adiouster chose aucune,
diminuer ou corriger, de ce qui concerue la substan
ce d’icelle, mais bien de ce qu’il pensera seruir a l’artifice
de grammaire, ou a lusage de termes plus elegans
& poliz, comme pour mettre au lieu d’une dic
tion barbare, vn aultre mot & terme plus elegāt &
poli, cōme ci dessus nous auons mōstre au chap. 210.
2 a Toutesfoys le Iuge pourra le mesme iour de la

sentence prononcee, & auant qu’il en ait baille copie
y suppleer & adiouster les accidents qu’il pensera
estre propres conuenables, & accessoires a
la sentence, comme sont des fruits leuez, ou a
leuer apres litiscontestation, des despens du proces
3 & semblables. Aussi pourra ledict Iuge esclaircir
sa sentence, ou elle contiendroit quelque
chose de douteux & obscur, la declarer & interpreter
plus appertement mais cela se deura faire auecques
cognoissance des causes, & partie a ce appellee
comme il apertiendra. I’ay dict que le Iuge ne peut
4 seulement corriger la substance de la sentence definitiue,
par ce qu’en toutes sentences (la seule defini
tiue exceptee) le Iuge ordinaire pourra corriger son
dict, & se changer & amander soymesme. b ainsi
comme nous auons dict ci dessus.
a l. Iudex ff. de re iudica. c. In literis & c. Vener abili
ext. de offic. & potesta. indic. deleg. & c. Si compromissarius.
§. SI vero de elect. lib. 6.
b l Quod iusit ff. de re iudic. & c. Cum cesante extra
de appellat.
CHAPITRE CCXXI.
De Inserer la cause en la Sentence.
Sommaires.
1 Es matieres ciuiles la sentence ne doibt necessairement estre causée.
2 Es matieres ciuiles ce n’est prudence inserer la cause a la sentence.
3 Es matieres ciuiles requierent que la sentence soit causée.
La sentence interlocutoire.
Conge de Court.
Demandes de despens.
4 Es criminelles, la cause du delict s’insere necessairement a la sentence.
Bb Il sem-

290 LA PRACTIQVE.
1 Il semble que ce soit chose equitable que es sen
tences soyent les causes inserees pour lesquelles
le Iuge prononce lesdictes sentences, mais
il fault que cela ait seulement lieu quant aux criminelles.
Car quant aux matieres ciuiles, il n’est point
necessaire que le Iuge prononçant la sentence vien
ne a prononcer aussi la cause quand & quand, cōbien
que cela se peult aussi faire pour le regard &
consideration des personnes, & de la qualite de
la cause, ains suffist que le Iuge condanne seulemēt
2 qu’il absolue, conferme ou enerue. Car aussi ne sem
ble il pas que ce soit chose vtile, ou bien que ce soit
l’office d’un Iuge prudent & sage, que venir a decla
rer es sentences les causes d’icelles, ains plustost le
faict d’un Iuge plain de folie & outrecuidance, de
declarer en iugement les causes de la sentence par
lui donnee, d’autant que cela pourroit plus nuire
que proufiter. Et combien que i’aye dict cela n’estre
necessaire es causes ciuiles, scauoir est que les cau
ses d’icelles sentences y fussent declarees, si est
ce toutes foys qu’il y a aucunes causes ciuiles, es sentences
desquelles est requis l’expresse declaration
des causes d’icelle, telles que sont sentences interlocutoires
par maniere d’appel, congez de Court, &
demandes de despens, & plusieurs aultres semblables.
4 Mais en causes qui font criminelles, (comme
nous auons desia dict) est tousiours requis, que les
causes soyent declarees es sentences definitiues.
CHAPITRE CCXXII.
De Condemnation es Despens.
Sommaires.
1 Es despens est quelque soys condanne
Celui qui perd sa cause, bien souuent.
Le gaignant, peu souuent.
L’un & l’autre assez souuent.
2 Du Pere contre son fils, Frere contre Frere, ou Soeur contre Soeur.
3 Compensation de despens se faict au proces
Esquels la cause du vaincu semble n’estre gueres inferieure a celle du vainqueur
Quand les causes sont douteuses d’une part & d’autre .
Quand celui qui est vaincu a diligemment consulté sa cause.

Quand la partie a offert le serment a sa partie.
Quand ies despens demandez par la partie ne sont adiugez.
4 Demie preuue ne deliure de despens.
5 En la sentence interlocutoire les despens ou
Sont adiugez.
ou
Sont tous reseruez iusques a la definitiue.
6 Ou les despens ne sont point iugez, ne s’entend que le vaincu les doibt porter.
7 Le Procureur General ne vient point a estre condanné es despens.

1 Apres que la sentence definitiue est baillée,
condennations es despens l’accōpaigne or
dinairement, ce qui a accoustume se faire
diuersement. Car quelque foys celui seulement qui
perd & est vaincu, quelque foys celui qui le gangne
seulement, & aucune foys l’une & l’autre parties par
ensemble sont condannez es despens. Mais toutes
ces choses, c’est a sçauoir condennation, compensation
& reseruation de despens, consistent le plus sou
uent en la prudence, aduis, ou arbitre du Iuge. Tou
tes foys il aduient le plus souuent que la partie vain
cue est auecques le principal condannee es despens.
2 a Or les despens se compensent, c’est a dire, s’adiugent
a l’une & l’aultre des parties, quand les proces
se meinent entre le Pere & le Fils, entre le Frere &
la Soeur, ou entre ceux qui sont conioints de parentage
3 ou affinite. Ou bien quād la partie qui succombe
semble auoir eu cause assez digne & legitime de
soustenir la cause de son proces, ce qui peult aduenir
pour plusieurs causes & occasions. Premierement
quand la matiere est en droict ou stile de coustume
si ardue & difficile, que les Docteurs en droict & practiciēs
en sont entre eux en grāde dispute & conten
4 tiō. Dauantage quand la cause auant le proces intēte
a este diligemment consultee auec plusieurs practiciēs
& doctes personages, & que le Iuge soit a plein
informe d’icelles consultations faictes tant de l’une
que de l’autre part. Tiercement quand pour supple
ment de preuue l’un epartie a presente le serment a
l’aultre. Quartement, quand les despens se demandent
par la partie, & que le Iuge ne donne aucun iu
gement quant a iceux, il sentend ♣raisiblement (selon
l’opinion de plusieurs) qu’il y aura compensatiō de
despens. Toutes foys il y en a d’autres qui estiment
que toutes & quātes foys que le Iuge ne iuge point
sur les despens demandez que alors ledict Iuge se
met au peril de payer lesdicts despens. Car en ces
cas & plusieurs aultres, les despens se compenseront
5 a la discretion du Iuge. Et quant a la demie preuue
elle n’excuse point des despens, a ce que celui qui ne
6 prouue qu’a demi ni puisse estre condanné. Touchant
la sentence interlocutoire, les despens s’adiugent
quelque foys a l’une des parties, & aultre foys
7 les despens sont reseruez iusques a definitiue. En

plusieurs auditoires on ne condanne iamais en despens,
mais on entend tousiours que celui perd aussi
8 les despens qui succombe au principal. Et quant au
Procureur general de Flandres, c’est a scauoir, celui
qui est commis aux confiscations, il ne dōne iamais
aucuns despens a la partie ni aussi ne prent despens
d’elles, & pourtant n’est il iamais condāne es despēs,
si ce n’estoit qu’il apparust clairemēt qu’il procedast
a la male foy & par faulsete, auquel cas il deuroit aus
si estre condanné es despens.
a l. Properandum §. Siue autem alterutra C. de iudic.
& l. Cum quem temere ff. eod. tit. & c. Calumniam ext. de
poenis & c. finem litibus, ext. de dol. & contumac.
CHA-

CIVILE. 291
CHAPITRE CCXXIII.
De adiuger ou abiuger les fruicts.
Sommaires.
1 Les fruicts qui sont escheuz, ou ne se iugent point.
Auant le Proces
ou
Auant litiscontestation
2 Les fruicts perceuz ou qui pourroyent auoir este perceuz apres litiscontestation
se peuuent iuger par le Iuge.
3 Le Possesseur de bonne foy ne peult estre condanne a restitutions des fruits.
4 Le possesseur de bonne foy en matiere de maintenue ne restitue point les
fruicts perceuz auant litiscontestation
5 Les fruicts ne se restituent point qui ont este auant l’interdiction on complainte.
6 Celui qui est possesseur violent est condanne a restitution de tous fruicts.
Touchant les choses qui apertiennent a diuerse
consideration des fruicts, nous les auons
amplement declarées au chap. 104.
1 Maintenant retenez en cest endroict ce qui concerne
l’adiudication ou abiudication d’iceux en peu de
paroles. Doncques le Iuge ne pourra iuger ne prononcer
aucune chose d’aucuns fruits qui fussent escheuz
deuant le proces intente ou auant litiscontestation,
si ce n’estoit que iceux fruicts fussent deman
dez par vne demonstration ou demande ouuerte &
2 apparante. Mais quant aux fruicts qui font escheuz
ou ont este perceuz ou qui se sont peu perceuoir apres
litiscontestation & durant tout le proces, le Iuge
3 en pourra tresbiē iuger & suppleer. Et pour le regard
de celui qui est possesseur de bonne foy, il faict
touts les fruicts siens, a pourueu qu’il les ait mene &
conduit en sa maison ou grange. b Et pourtant lui
deuront ils estre adiugez, comme ci dessus au chapi.
4 140. est amplement apparu. En oultre, celui qui
est possesseur de bonne foy, en matiere de maintenue
ne doibt estre condanné a restitutiō des fruicts
qui ont este auant litiscontestation. Mais bien doibt
estre condanné a restitution de tous fruicts qui sont
auenuz apres litiscontestation: Car en contestant en
5 cause il deuient possesseur de mauuaise foy. En ma
tiere d’interdict ou de complainte, tous fruicts perceuz
se doiuent rendre & restituer seulemēt depuis
le iouf de l’interdict ou complainte executée, si ce
n’estoit qu’il fust tout clair & notoire, qu’il y auroit

premierement eu quelque crainte ou violence faicte
au cause desdicts fruicts. Car en ce cas tous les
fruicts se doiuent restituer par celui qui en est possesseur
des & depuis le temps de la violence faicte.
6 Et quant a celui qui est possesseur violent il doibt
estre condanné a restitution de tous les fruicts tant
receuz comme estans en estre, & de ceux lesquels il
eust peu perceuoir.
a Vulgari ac notabili §. Si quis a non domino Iustitut.
de rer. diuis.
b Aureo & quotidiano §. Is vero Institut. eo. tit. de rer.
diuis.

CHAPITRE CCXXIIII.
De Condanner au Domage & Interest.
Sommaires.
1 Gain acoustume perdu.
2 Interest, ou de
S’adiuge a la partie.
Domage souffert.
3 Non faict, qui se deuoit faire a certain temps, est adiugé.
4 On ne iuge point interest de chose non donnée qui se deuoit donner a certain
temps si ce n’est & c.
5 L’interest du plus hault pris ou quanti plurimi s’adiuge quand la deliurance
estoit requise en
Poids.
Mesure.
Nombre.
6 Quest’interest de plus hault pris, ou quanti plurimi.
1 Le Iuge condanne quelque foys la partie suc
combante non seulement au principal &
despēs, mais aussi au domage & interest de
laultre partie, cest a scauoir a ce quelle paye toute la
perte du gain destourbe, lequel gain l’aultre partie
eust faict & perceu selō sa maniere accoustumee de
faire n’eust este que par tel proces il lui a este retarde
& empesché & lequel gain elle auoit acoustume
faire, & laquelle perte est dicte interest ou domage
2 de gain cessant. Pareillement le Iuge adiuge interest
a celui qui a souffert vn tel domage & interest par
la nonchalance & vne longue trainnee & retardement
de sa partie aduerse, & en tant que par tel de
layement & telle production calomnieuse la partie
a donne empeschement a sa partie. Ie di que cest
interest sort & procede d’vn domage qui se monstre
& apparoist estre faict. Mais quant a linterest qui
a precede, iay dict que cest de gain cessant. Item
3 l’interest se iuge souuent contre celui qui estoit obli
ge a faire & parfournir quelque chose, & ne l’a faicte
4 en tēps deu. Mais on ne iuge pas interest contre
celui, qui auroit este oblige a donner quelque chose
& ne lauroit donne a tēps, si ce nestoit dauenture es
contracts de negoces esquels est la deliurance necessaire.
Mais quant auz choses ou causes esquelles
est la deliurāce requise en poids, nōbre & mesure
Bb 2 en icel-

292 LA PRACTIQVE.
en icelles le Iuge selon son office condanne pour
l’interest quanti plurimi, depuis le temps qu’il auroit
6 este en default de faire deliurance. Au regard de ceste
plus haulte eualuation ou quanti plurimi, c’est ce
plus hault pris auquel les bleds ont este venduz depuis
le default de la deliurāce, ou qu’ils eussent peu
estre venduz au plus cher temps. Et quant au domage
& Interest, nous en auons traicte plus amplement
ci dessus au chap. 105.
CHAPITRE CCXXV.
En quelle peine sont condannez ceux qui
soustiennet mauuaise cause.
Sommaires.
1 La malice d’aucuns qui hallettent apres les proces est taxée.
2 L’opiniastrete d’aucuns a desobeir a la Iustice.
3 Celui qui a son escient soustient vne mauuaise cause, doibt estre publiquement
notê d’infamie.
4 Le fils qui tire son pere en proces est condanne
A cinquante escuz.
ou
A estre asprement fouetté.
5 Celui qui soustient vne mauuaise cause est quelque foys puni au double.
6 On peult chercher les bien d’autruy en la maison de celuy qui les denie.
7 La sentence qui de soy est nulle ne peult estre confermee par le Iuge deuant
lequel l’appellation est interiettée.
8 Sentence sur sentence est nulle.
1 La malice des homes est aucunes foys si grā
de, qu’ils ne peuuent viure a repos, ains ne
cherchent aultre chose que troubler & tabutter
tant euxmesmes que les aultres, & contre
tout droict & raison, & a tous coups prennent leur
esbat & passetemps a calomnier & faulsement accuser
leurs proches leur forgeant meschans & malheureux
proces sur le doz, lesquel ils ne peuuent
appuyer d’aucune raison ou equité, & leur suffist
d’auoir ce leur semble vne telle quelle matiere pour
troubler & harceller les aultres, & vn vain tiltre de
se complaindre, par lequel soub certaine espece &
couleur d’apparance ils mettent sus vn meschant
proces, portent & soustiennent vne mauuaise cause
quelque mechante quelle puisse estre.

2 Il en y a d’autres qui ne sont de rien meilleurs
qu’eux ains sont muniz d’un courage & naturel tres
opiniastre, lesquels estans a bon droict & iuste cause
appellez en iugement, & sont recherchez pour
faire telle restitution qu’il apertient faire, toutes
foys ils cherchent mille deffaictes & autant de destours
pour aubser la iustice, pour aueugler le tort
qu’ils font a leur prochain, pour tirer en longueur
le vray Possesseur, a ce qu’il ne puisse iouir & vser du
droict & equite qu’il a de son costé. Et vrayement
telle race d’homes malicieux sont bien dignes d’estre
par la iustice chastiez fort seuerement, & d’estre

a la rigueur puniz pour l’incurable demangeison de
3 tricher & harceller qui les tient. Et pourtant, c’est a
tresbon droict que les droicts ordonnent que ceux
qui de leur propre malice & tout a leur essient soustiennent
vne mauuaise cause en iugement soyent
par sentēce declarez infames, ne plus ne moins que
si es causes ils estoyent conuaincuz de larrecin de
4 faulsete ou iniure. Pareillement, le fils qui sans permission
du Iuge tire son pere en iugement, & le
met en proces, selon les loix doibt estre condanne a
cinquante escuz, & ou il ne seroit suffisant pour
payer le somme, il doibt estre bien asprement fouet
te & battu de verges, suiuant ceste regle de droict.
Qui non habet in aere, luat incorpore. a c’est a dire, Qui
n’a pour amander sa forfaicture, il fault que le corps
5 en endure. Consequemment, il y a plusieurs causes
esquelle le Demandeur ou Complaigant iniuste
oultrecuide & mensonger & qui soustient vne mau
uaise cause, doibt estre puni au double, desquelles
ie me passe ici pour cause de ♣breucte.
6 Au surplus, quād quelqu’un vient a nier qu’il ait
quelque chose pres de soy ou qu’elle lui ait este bail
lée en garde, & qu’il s’en trouuast vn aultre, qui n’ad
ioustant point foy a son dire voulust esprouer a faire
vne rechet par iustice, on lui doibt permettre
7 faire ladicte recherche. Subsequemment, la
sentence qui de soy est nulle icelle ne peult estre cō
firmee par le Iuge de l’appellation. Car ce qui
est nul ou rien, ce ne peult estre compromis ni ener
8 ue. b Car sentence sur sentēce en vne mesme chose
& pour vne mesme cause est nulle.
a l. Prima §. Generaliter ff. de poenis & l. fin. ff. de in ius
vocan. & l. Quicunque §. Quod si C. de seruis fugi.
b l. Nam etsi sub conditione in princip. ff. de iniust. rup.
testa. cum vulgarib.
CHAP-

CIVILE. 293
CHAPITRE CCXXVI.
De Annuller les Sentences, ou les rappeller.
Sommaires.
1 Les Sentences qui sont iustes se doiuent garder & non rappeller.
2 Cause de rappeller vne sentence.
3 La sentence se rappelle, ou par
Reformation.
Appellation.
Restitution.
Requeste.
Propostion simple.
Reuision d’erreurs.
Reuision.
1 Sentences qui sont vrayes, iustes & dignes, il
fault quelles sortissent leur effect, & ne se doi
uent enfreindre inconsiderement, ou estre
pour aucune raison retractees, ains doiuent estre sta
blement & fermement maintenues en leur dignite,
de maniere que celui viendra a estre ciuilement
puni, qui ou pour vne opiniastrete malicieuse, ou
pour vne outrecuidāce inconsideree aura presume
attenter aucune cauillation ou reformation contre
2 vne iuste sentence. Mais pourtant qu’il aduient assez
souuent, que les causes des parties soyent tellement
en doute quāt au droit que la cause de l’un n’est
gueres meilleure que celle de l’autre, & que lors & en
tel cas on pense le Iuge de son propre motif & arbi
tre auoir beaucoup faict pour l’une des parties, adonc
la partie qui succōbe se confiāt a la iustice &
equite de la cause, & n’ayant point trop de fiance
au Iuge faict deuoir & se met en effect d’appeller d’i
celui Iuge a vn aultre, lequel elle pense estre plus sa
ge, & lequel elle espere deuoir estre plus fauorable
& equitable a sa cause, laquelle appellation iuridique
est licite, tant a fin que la partie appellante soit
rendue & faicte plus seure & certaine quant a son
droict, & que ce pendant & par mesme moyen le
Iuge soit resueille a cognoistre plus diligemmēt de
la cause & a iuger plus iustement, ou soit admonesté
ou restrainct. Et pourtant, s’il aduient que le Iuge
erre en iugeant, de sorte que se sentence soir ou iniu
ste ou malicieuse ou prononcèe contre tout droict
& equité erronée & pleine d’abus, alors icelle sentence

erronee se pourra retracter en sept manieres,
3 c’est a scauoir par reformation, par appellation, par
restitution ou relief, par supplication ou requeste,
par vne simple petitiō, par proposition derreurs ou
abus commis, & par reuis on ou recognoissance des
quelles manieres a este dict en particulier es chapitres
precedents, & assez suffisamment selon la qualite
de la matiere, & en traicterons aussi chapitres
suiuans ou il escherra.

CHAPITRE CCXXVII.
De la maniere de retracter vne Sentence.
Sommaires.
1 Difference entre appellation & reformation.
2 L’usage de Reformation a este peculiere en Flandre.
3 La Reformation se doibt ordonner dedans l’an & iour.
4 Reformation ne suspend point la sentence donnee des quatre membres de
Flandres.
5 Reformation en Flandres s’extend a
Sentence donnee.
Recusation de droict.
Arrests.
Captiuations & c.
6 Les sentences se reforment seulement au Parlement de Malines.
7 Qui mal appelle est mis en l’amande de 60. liur. Parisis.
8 Quand celui qui mal reforme ne chet en aucune amande.
9 Par les edicts du Duc Philippe de Bourgoigne auant celui qui reforme comme
celui qui appelle
estoit mis en l’amande.
10 Aux Gantoys.
11 Pene de Reformation octroyée
Aux Brugeoys.
12 Aux autres villes.
1 Il fault en cest endroict noter, premierement
la difference qu’il y a entre reformation & appellation,
qui a coustume d estre telle, c’est que
quant aux reformations des sentences, il n’i auoit
nulle amande pour la reformation intentée. Mais
quant aux appellations, la partie vaincue ayant per
du le principal estoit aussi condannée aux despēs &
en amande pecuniare de soixante liures, de la quelle
Bb 3 nous

294 LA PRACTIQVE.
nous dirons incontinent ci apres, & au chap. 228.
2 Reformation doncques est vn stile de iusticel, duquel
on vse principalemēt de Flādres & a peine ail
leurs, tellemēt que si on trouue quelle soit en vsage &
receue en quelque aultre pais que ce soit, on peult
croire qu’elle est venue & descēdue de la practique
de Flandres. Reformation est doncques vn acte iudicial,
par lequel la partie desire que la sentence con
3 tresoy donnée soit reformee & retractee. Dōcques
la partie qui succombe & a sentence contre soy don
nee par les Magistrats, ou Cours feodales, par laquel
le sentence elle se sent greuée, peult prouoquer a re
formation, & ce au Conseil prouincial dedans l’an
& iour, en mettant caution de troys cens liures Parisis,
suiuant le stile acoustumé de Flandres. Lequel
stile de reformation fust establi a l’Isle en la
cour du Conseil par Philippes le Hardi l’an 1385. &
ce en plus grande faueur de iustice des droicts, coustumes,
& priuileges qui se souloyent obseruer en
tous Magistrats, Auditoires & Cours feodales de
4 Flandres. Mais quant a ceste reformation dōt nous
parlons, elle ne suspend point l’execution de la sentence
donnee es quatre membres de Flandres, par
ce qu’ils ont l’execution toute preste, tellement que
qui voudra d’iceux apeller ou reformer, icelui incon
tinent nonobstant son appellation ou reformation
sera tenu consign♣ & nantir. Ce qui ne s’obserue
point es sentences qui se dōnent par Magistrats sub
♣aloenes, car celui qui est appellant ou reformant d’iceux,
n’est point tenu a consigner, ains sans plus est
oblige a bailler caution, en tant que telles sentences
5 sont reparables en leurs definitiues. Or c’est vsage
de reformation s’estend fort amplement en Flādres
par maniere qu’il ne s’estend point seulement aux
sentences prononcees, ains aussi a tout refus de faire
iustice, aux arrests, aux prinses & emprisonnemens,
& consequemment a toutes causes, ausquelles les
Officiers & Iusticiers semblent faire quelque domage,
6 grief, ou preiudice aux parties. Mais au grand
Conseil de Malines, ceste generalitê est restraincte
a vne cause seulement, comme en celui auquel est
san plus receue la reformation des sentences données

7 & non d’autres choses. Au surplus, quand la
partie appelle de la sentēce donnee par quelque Ma
gistrat, & qu’elle releue ceste appellation & l’affiche
en la Chambre, icelle partie se met lors au danger
de payer l’amande de soixante liures Parisis, auenant
qu’il perdist le proces dont il seroit appellāt.
8 Mais s’il faisoit recognoistre par le Prince, ou qu’il
l’eust permise recognoistre au grand Conseil d’icelui
Prince soubs tiltre de reformation (ce qui lui est
permis faire suiuant le stile escript) alors il est asseure
& libre du danger de payer ladicte amande. Car en
ce cas il ne sera point estime appellant, mais reformant,
de laquelle difference nous auons ia parle ci
9 deuant. Suiuāt nostre matieres le Duc Philippes de

Bourgoigne fils de Iean l’an 1426. par nouelle ordonnance
establit que aussi bien les reformans que
les appellans encourussent ladicte amāde de soixan
te liures Parisis toutes foys & quautes qu’ils auroyent
mal basti leur reformation, ce neantmoins
10 ceste ordonnance ne fut point ainsi obseruée. Toutes
foys a la paix qui fut faict a Casant, & a la ioyeuse
entrée de Philippes Roy d’Espaigne ceux de
Gand impetrerent dudict Prince, que quiconque
mal & a tort essayeroit la reformation des sentences
par eux dōnees seroit mis en l’amāde de soixante
liures Parisis tout ainsi que ceux qui mal appelleroyent.
11 Ce que mesme ceux de Bruges ont imité,
qui bien tost apres impetrerent icelui mesme priuilege
dudict Prince, c’est a scauoir que les sentences
donnees par iceux ne pourroyent estre tirees a refor
mation, sinon soubz peril de perdre soixante liures
Parisis ou la reformation seroit mal fondee. Conse
quemment, apres cela, plusieurs villes de Flandres
ont obtenu ledict priuilege, demaniere q’ua present
par tout & sans difference ils tombent tous en ceste
peine tant reformans comme appellans, cest a scauoir
afin qu’aux magistrats soit garde & maintenu
l’honeur qui leur est deu, & que la licence oultrecui
dee d’attenter reformation soit aux opiniastres retrenchée.
CHAPITRE CCXXVIII.
De Iuger soubz peril d’Amande.
Sommaires.
1 Magistrat inferieur & la Court feodale qui iugent mal porte la peine de
soixante liures Parisis.
2 L’usance de la peine establie pour auoir mal iuge procede de France.
3 Les Magistrats qui soubz la courone de France iugent mal, n’encourent peine
aucune.
4 Les Cours spirituelles, & qui sont soub l’Empire, ne portent peine aucune.
5 Le Parlement de Paris a iadis condanné le Conseil de Flandres, a l’Amande de
soixante liures Parisis.
6 Ne portent peine pour mal iuger
Qui sont soubz l’Empire.
Les Brahançons.
Hollandoys.
Zelandoys.
Hannuiers.
7 Pourtent peine pour mal iuger ceux
Qui ont este soubz. Les Françoys.

D’Alost.
De Tenremonde.
Les quatre Ambacts.

CIVILE. 295
1 Tous magistrats inferieurs ou subalternes
en Flandres, Item & aussi les homes de fief
iugent soubz le peril destre mis & condan
nez en l’amande de soixante liures Parisis, aduenāt
qu’ils iugēt mal, tellement que les sentences par eux
prononcees, estans reueues par le Conseil de Flandres
soyent corrigees & reformees. Mais si la partie
est par opiniastrete poussee a de rechef impetrer reformation
du Conseil de Gand au Parlement de
Malines, & qu’icelle partie succombe la de rechef,
ou bien que l’aultre partie succombe, alors celui qui
est vaincu audict Parlement & vient a succomber
est puni au double, c’est a scauoir il est mis en l’amande
2 de. 120. liures Parisis. Et est cest vsage de por
ter la peine ou amande procede de France, ce qui
est assez clair & notoire, par ce que tous Magistrats
des contrees & quelconques lieus que ce soit qui
quelque foys ont este soubz la courone de France,
tels que sont Flandres, Artoys, voire toutes Iurisdic
tions, qui ont este, & pour le iourdhuy ne sont plus
subiectes a la corone de Frāce, iugēt encores iusques
a present, soubz ladicte peine de soixante liures Parisis
toutes & quantesfoys que leurs sentences sont
3 corrigees par appellation on reformation. Car es
lieux qui soubz la courone se gouuernēt par droict
escript.comme en Bourgogne & ē plusieurs autres
lieux, telle amande de soixante liures n’a point de
lieu, quand en iceux les sentences mal prononcees
par les Magistrats se reforment & corrigent a cause
4 de l’erreur commis en icelles. Pareillemēt les cours
spirituelles ne portent point ladicte peine, ni aussi
les lieux qui se gouuernēt par droict escript, ou qui
ont acoustume destre soubz l’Empire, comme il ap
5 paroistra ci apres. Qui plus est, les Françoys pour
la mesme cause estiment la Chambre de Flandres
deuoir estre obligee a iuger soubz le dangier de
ladicte peine ou amāde, apres quils ont cesse destre
soubz la courone de Frāce, tellement que pour ces
te mesme cause le Parlement de Paris auroit pour ces
te mesme cause le Parlement de Paris auroit par plu
sieurs foys condanne les Conseillers de ladicte amande
de 60 liures parisis, c’est a scauoir quand la
sentence donnee & prononcee par iceux venoit a
estre reformee par ledict Parlement.

Mais cōbien que ladicte peine fust ainsi par eux
adiugee, si est ce toutesfoys quelle ne fut oncques
mise a execution, sinō puis quelques annees passees
que le ressort de Flandres Artoys & c, estoit encores
soubz le Parlement de Paris. Aussi les Flamens
n’obeirent oncques a vne telle sentence, ains ont
tenu bon & resiste alencontre par plusieurs annees,
pour ce que ni en la mesme Chambre des comptes
ni aillieurs n’auoit este trouue que lexecution de ces
te peine eust este en vsage, ou que iamais elle eust
este payee auant le temps du Roy Louis douziesme
qui establit & confirma vne telle peine & executiō
6 dicelle, Mais en Brabant Hollande, Zelande, Haynaut

& aultres lieux hors de Flandre, les Magistrats
ne sont point subiects a telles peines. Ie di hors de
Flandre, pourautant qu’en la Conte d’Alost, es ditions
de Tenremonde, & des quatre mestiers & aul
tres lieux Imperiaux en Flandres a este introduit
que les Magistrats de ces lieux soyent en ladicte pei
ne faicts conformes aux Magistrats des aultres villes
de Flandres qui souloyēt estre soubz la courone
de France c’est a scauoir en ce que ceux ci & ces aultres
soyent & subiects a ladicte peine sil leur aduient
de Iuger a tort, & que leurs sentences soyent reformees
par le Conseil de Flandres, cōme des aultres.
CHAPITRE CCXXIX.
Retractation des Sentences par Appellation
& Prouocation.
Sommaires.
1 A tout home qui est greué, est licite appeller en sa cause propre, ou celle qu’il
aura entreprise.
2 En quoy different Appellation & Prouocation.
3 Appellation est permise en droict
Pour brider & refreindre l’ignorance du Magistrat inferieur.
En faueur des simples & innocens.
4 A qui il aduient le plus souuent d’appeller.
5 Celui qui est prisonier peult iournellement appeller.
6 On peut appeller mesme es iours de festes.
7 Ceux ci appellent
Le pleige ou respondant.
& Le Vendeur, condannez a garantir.
8 Le Procureur qui n’appelle point apres litiscontestation est tenu de l’interest.
9 Quand le Procureur qui n’appelle point est tenu excuse de l’interest.
10 L’Appellation qui bien cede a l’un, cede aussi bien a ces consorts.
11 Vn tiers qui est interesse pour la sentence des autres en pourra appeller.
Nous auons ci deuant premis la difference
qu’il y a entre la reformatiō & appellation
de sorte toutes foys qu’elles conuiennent
grandement l’une auecques l’autre, & que l’une est
bien souuent prinse pour l’autre. Dont ce que nous
auons dict au chapitre precedant de la reformation
donne vne grande cognoissance pour entendre l’appellation.
1 Donc quicōque s’estimera estre foule, ou
a tort greué, interesse ou endomage par le sentence
d’aucun Iuge ou Commissaire ou Executeur, icelui
pourra appeller de ladicte sentence, pourueu que

l’affaire lui touche, ou qu’il en ait charge ou commission,
ou si a cause d’icelle sentence il reçoit
domage ou interest, ou sa partie: ou si l’apellation ne
lui a este defendue. a Laquelle loy ci alleguee les escri
uās reputēt singuliere a ce principalemēt que un chascū
Bb 4 peut

296 LA PRACTIQVE.
peult appeller de la sentence, combien qu’elle ne
fust prononcee contre lui, pourueu qu’elle lui
2 touchast. Toutes foys si y a il telle difference entre
appellation & prouocation, pource que celle la se
faict en iugement, & celle ci hors iugement. Mais la
practique confond ceste difference, tellement que
pour le iourdhui indifferemment on en vse tant en
iugement comme hors iugement, ainsi cōme bon
3 semble. Appellation doncques est vne maniere de
defense fondee & establie en droict de nature. car
aussi l’appellation a este introduitte de droict ciuil,
prinse & mise en vsage pour deux causes, scauoir
est afin que par icelle l’ignorance le non scauoir &
malice des Magistrats subalternes fust corrigee, cōbien
qu’il aduienne quelque foys que celui ne iuge
du tout le mieux, lequel Iuge le dernier. En apres
elle este mise en auant pour subuenir & secourir
4 aux innocens & non coulpables. Au demeurant
tous ceux peuuēt appeller qui a l’occasion de la sen
tence donnee souffrent ou domage ou interest en
leur propre cause, ou bien qui ont entreprins a soliciter
6 & procurer les causes d’autruy. Et de la vient
qu’a celui qui est emprisonne est loisible d’appeller
par chascun iour, pourtant que son domage & interest
6 continue iournellement. Il fault aussi noter
ce point quant a l’appellation, c’est que le iour de fe
ste ne l’empesche point, ains elle se peult faire a tous
7 iours de feste. b Consequemment, le pleige peult
appeller pour celui pour lequel il s’est faict caution,
car ce faict lui touche apertement. Pareillement le
vendeur & celui qui a respondu pour le vendeur,
pourra appeller du domage faict au marchant quād
8 il est tenu de garentir & asseurer. Aussi le procureur
qui au proces par lui entrepris aura conteste en cause,
oyant aucune chose estre iugee auecques domage
& preiudice de sa partie est tenu d’appeller d’un
tel iugement, toutes foys il n’est pour cela tenu a
9 poursuiure vn tel appel. Mais si par sa nonchalance
il differe d’appeller d’un tel iugemēt, il deuient coul
pable & tenu de payer l’interest qui pourroit suruenir
par faute d’auoir appelle, car apres litiscontestation
il s’est faict Seigneur & maistre de la cause: Si
ce n’estoit que peut estre il eust laisse a appeller pour
certaines causes & euidentes, lesquelles toutes foys

il seroit tenu preallablement signifier a sa partie.
10 Au surplus, quand de plusieurs compaignons l’un
seulement appelle se taisans & dissimulans les aultres,
alors si celui qui est seul appellant gangne le pro
ces, telle victoire sera aussi au profit des aultres qui
n’auront point appellé, pourueu que leurs causes &
droicts soyent semblables, tellement qu’ils dependent
11 aussi de la mesme victoire. Suiuant propos.
vn tiers qui par sentence, ou par prouisiō octroyée
aux aultres parties se cōplaindroit d’estre greué, icelui
pourra appeller pour son interest, encores que la
dicte prouision contint en elle ceste clausule. (Non
obstant appellation quelconque.)

a c. Omnis oppressus & c. Ideo 2.q. 6. & c. vt debitus
extr. de appellat. & c. Non solent. 2. q. 6. & c. Cum inter
extra de elect & c. Cum super extr. de senten. & re iudic.
& l. a sententia ff. de appella.
b Hostiens. But. & Imola. in c. Praeterea ext. de dilat. &
l. 1. & ibi Bald. & doct. C. de fer.
CHAPITRE CCXXX.
A qui n’est loisible d’Appeller.
Sommaires.
1 Qui par sa propre confession a este condanné.
2 Qui a este condanne auecques pleine contumace.
3 A celui n’est loisible d’Appeller
Qui a este condanne pour cause de l’abus commis en son office.
4 Qui a emo’ogue la sentence.
5 Qui a demande terme pour acomplir la sentence.
6 Qui a differe l’appel oultre dix iours.
7 Qui s’est oblige a ne point appeller ou a cede a l’appel.
8 A celui n’est permis appeller
Qui a este condanne par troys definitiues.
9 Qui n’a accompli l’exhibition iugee.
10 Qui a recommande la cause a la conscience du Iuge.
1 Celui qui aura este condanné par sa propre cō
fession ne peult appeller, si ce n’estoit que de
faict il voulust prouer qu’il auroit faict icelle
2 confession on par erreur ou ignorāce. a Pareillemēt
n’est a celui loisible appeller, lequel a este cōuaincu
3 & condanné auec pleine contumace. b Et n’est aus
si licite d’appeller a l’officier de la peine de correction
qui lui auroit este ordonnee a cause de l’exces
ou abus commis en son office, si ce n’estoit qu’icelle
4 correction excedast les limites d’equité. c En apres
celui qui a aproué sa condannation en l’emologant
& en y obeissant l’a acomplie ou bien a commence
a l’acomplir, icelui ne peult appeller de ladicte sentēce,
si ce n’estoit qu’il se fist releuer par le Prince de
5 ladicte emologation, En oultre, celui ne peult aussi
appeller qui apres la condennation ou ordonnance,
a demande au Iuge temps de proceder, d’accomplit
la sentence, de payer ou faire chose semblable. d
6 Pareillement n’est permis d’appeller a celui qui a
differe oultre dix iours d’appeller de la condennation
7 ou sentence donnée. e Et par consequent ne
peult celui appeller, lequel s’est ♣ie & oblige a ne
point appeller, ou qui a renonce a toute appellatiō.

8 Consequemment, celui qui a este condenné par
troys sentences definitiues, & ce en diuers pretoires
ou auditoires, icelui ne pourra appeller de la troysiesme
definitiue. f Pareillement, quiconque aura
este condanne a exhiber quelque chose il ne pour-
ra ap-

CIVILE. 297
ra appeller de la sentence, pourueu que l’exhibition
10 de telle chose eust este en son pouoir. Et aussi ne
peult celui appeller lequel a remis la decision & vui
dange de la cause en la conscience & arbitre du Iuge,
principalement si ledict Iuge faict serment qu’il
aura iuge & donne icelle sentence selon ce que lui
dictoit sa propre conscience.
a l. Obseruare & ibi Bald. & eius sequaces C. Quorum
appella. non recipiuntur.
b l. Ex consensu §. Eum qui ff. de appellat. cui concordat
text. in l. Et post edictum §. Sciendum est ff. de iudicijs &
ibi Bartol.
c l. Ab executore C. Quorum appella. non recipiunt, &
c. Nouit extr. de Appellat.
d c. Gratum, extr, de osfic. deleg. & l. Ad solutionem C.
de re iudica.
e c. Anteriorum 2.q.6. & c. Quod ad consultatione m
extr. de re iudica.
f c. Directe extr. de appel. l. vnica C. ne liceat in vna eademģ3 tertio prouo.
CHAPITRE CCXXXI.
Desquelz lon peult Appeller.
Sommaires.
1 En Flandre on appelle des
Magistrats.
Officiers.
Cours feodales.
3 Au Conseil de Flandre
On appelloit iadis au Parlement de Paris.
On appelle maintenant au Parlement de Malines.
3 On appelle de l’Officier, ou
Quand l’Officier mesme est suspect.
Quand l’Officier excede sa commission.
Quand l’Officier procede trop iniurieusement.
Quand l’Officier n’admet point les exceptions qui sont deues
4 Le Iuge qui refusoit l’appellation deuoit estre puni en trente liures d’or.
1 En Flādre (comme nous auons dict ailleurs)
on appelle des Baillifs, des executions ou ex
ploicts de tous sergens & officiers, & des sen
tences de Magistrats peculiers & finalement des
2 Cours feodales. Item iadis on appelloit du Conseil
de Flandre au Parlement de Paris auquel alors icelui
ressort auoit apertenu par plusieurs annees. Mais

icelui ressort fut par Charles Duc de Bourgoigne,
puis apres oste en l’an 1473. & transporte a Malines
comme ci deuant nous auons monstre au chapit. 5.
Et pourtant on appelle maintenant dudict Conseil
3 de Flandre a Malines. Mais on appelle diuersement
d’un executeur, ou quand il est lui mesme tenu suspect,
ou bien quand il procede mal, ou qu’il excede
sa commission, ou quand il n’admet les exceptions

qui sont pertinētes & lesquelles l’executé exhibe
& propose au mesme executeur pour retarder
ou empescher son execution. a Comme s’il monstroit
audict executeur les contracts accords & trāsactions
que les parties auroyent faict par ensemble
apres la sentence donnee, ou aultre semblables
exceptions qui fussent idoines & suffisantes, & que
l’executeur ne les volust accepter, alors celui qui auroit
este executé par vn tel executeur, & si outrageux
pourra appeller d’icelui ou de son execution.
Ce n’est sans cause que iay dict qu’il est loisible appeller
de l’executeur qui procede mal. Pourtant
que regulierement & de droict on ne peult aucune
ment appeller d’un bon executeur d’aucune senten
4 ce, & qui bien & deuement faict son office. b Au
surplus tous iuges appellables, ou ausquels la partie
veult appeller, doiuent reueremment prendre & ac
cepter ladicte appellation, autrement ils deuroyent
estre corrigez de peine suiuant les droicts ciuils &
mis en l’amande de trente liures dor. c Mais quant a
ceste amande la on ne l’a pas ♣souutē mise en vsage.
a l. Ab executione C. Quor. appell. non recipi. & l. Executorem
C. de except. rei iudica. & c. Nouit extr. de appel.
b Iuxta expressum textum in l. Ab executore in princip:
ff. de appel. & l. Quoniam iudices C. eod. tit. de appel. & d.
l. Ad executione C. Quor. appel. non reci. & d. c. Nouit
extr. de appella.
c l. Quoniam iudices C. de appellat.
CHAPITRE CCXXXII.
Du Ressort qui procede de la coustume.
Sommaires.
1 Des Ressort s
L’un est naturel, qui a este donne auecques telle seruitude.
L’autre consuetudinaire lequel procede seulement de coustume.
2 Le Ressort de Flandre au Parlement de Paris fut seulement consuetudinaire.
3 La nature du fief requiert declaration expresse de seruitude.
4 Quelle est l’origine du Ressort de Flandre & dont elle est procedée.
5 Quelles causes apertiennent a la superiorité du Conte de Flandre.
6 Le Ressort de Paris transporte a Malines.

298 LA PRACTIQVE.
1 Av Ressort y a double consideration, car
l’vn ressort est naturel, lequel suiuant la na
ture du fief & dition a son regard a quelque
Court souueraine, & est trouue apertenir a icelle,
tels sont les ressorts des pais & contrees lesquelles
ont este legitimement conquises, & cognoissent
& embrassent leur superiorite par la nature de
l’establissement ou de la conqueste. Il y a vn aultre
Ressort consuetudinaire lequel on dict auoir son o
rigine non point de la nature du fief, ains seulemēt
2 de la coustume. Et tel ressort soloit iadis auoir la Flā
dre, en ce quelle respectoit le Parlement de Paris,
& soloit appeller a icellui. Et ce fut cause d’une con
tention perpetuelle, parlaquelle le Conte de Flandre
asseuroit fermement que le Roy de France n’auoit
non plus de ressort en son pais de Flandre que
autant qu’il en auoit peu obtenir par coustume. Et
a ceste cause fut tousiours ce ressort appelle consue
tudinaire. Car combien que la Conte de Flandre
auoit este tenu en fief du Roy de France, & le
Conte subiect a en faire les foy & homage, toutesfoys
ceste subiection feodalle ne s’estendoit point
a vn naturel ressort, comme si ceste feote tirast necessairement
auec soy vn tel ressort, attendu que ledict
Conte disoit cela consister plustost en coustume,
3 qu’en la nature du fief. Car la nature du fief. Car la nature du fief requiert
qu’il soit au vassal baille soub ce tiltre de ser
uitude, ce que le Conte de Flandre maintenoit n’a
uoir este faict. Car si la Flandre eust este deliuree au
Conte auecques ceste charge & seruitude expresse,
iamais ni eust eu de dissentiō a cause dudict ressort.
Mais le Conte de Flādre a estime icelui ressort que
le Roy de France a par plusieurs annees vsurpe sur
les Flamans, qu’il la obtenue non point par nature
de fief, ains seulement par coustume, laquelle coustu
n’est procedee sinō des appellations des definitiues
ou des interlocutoires qui sentent la definitiue yssues
de leurs propres Cours qui sont soub la courone
4 de France. Et n’a ceste coustume donne au fief sa
nature, & n’euerue ou n’oste point la maieste, ou su
5 periorite substantialle du Conte. Et pourtant est il
qu’il maintient sa souuerainete ou domination supreme

en Flandre ne deuoir estre subiecte a ressort
a ce Parlement de France, ains estre toutalement ex
emple & franche d’icelui, principalement es causes
subiectes, c’est a scauoir es matieres criminelles criminellement
intētees, Causes de son domeine, Cau
ses de requestes & subuentions, Ordonnances de
monoyes, Decrets & statuts politiques, telles que
sont dicages, c’est a scauoir quāt a la reparatiō des du
nes. Item des riuieres ou conduits d’eaue d’une grā
de diuersite de tissuz, & de semblables priuileges de
mestiers & marchans. Item & aussi quant aux priuileges
octroyez par leurs ancestres aux Eglises, villes
Iurisdictions, marchans estrangers & semblables. Item
es interpretations de leurs priuileges & mande

mens. Dauantage es amādes & corrections de leurs
domestiques. Princes & subiects rebelles, es remis
sions abolitions, reuocations de banissement, pardons
& graces lesquels il octroye a qui & quād bon
lui semblera. Item es interinemens, Sauuegardes, legitimations,
libertez, annoblissemēs, dons d’offices,
collations de benefices, amortissements, delaiz, reliefs.
Et finalement en toutes aultres lettres de graces,
lesquelles il a accoustume expedier & faire despescher
en sa Chancellerie. Et en general, le Conte
de Flandre entend & tient apertenir a sa Maieste &
superiorite & sans ressort toutes les causes qui sont
en Flandre, desquelles ses ancestres les Contes de
Flandre ont puis sept ans acoustume auoir cognoissance
en leurs Chambres de loy, Chambres de
Comtes ou priuees, & ce qui apertient a icelles, de
quoy nous auons traicte en ce liure es chap. 5. & 6.
6 Et combien que par la coustume plusieurs d’icelles
causes, & presque toutes les autres fussent portees
au Parlement de Paris pour y estre reformees, toutes
foys cela n’a point tāt eu son cours par la nature,
cōme de la coustume (comme desia nous auōs dict
Et tant a este crie & resiste par plusieurs contre ceste
coustume, que finalement ceste coustume de refor
mation & ressort auroit par Charles duc de Bourgogne
este du tout abolie, & ce droict d’appeller
transporte au Parlement de Malines comme nous
auons ci dessus monstre au chap. 5.
CHAPITRE CCXXXIII.
De qui n’est licite d’Appeller.
Sommaires.
1 Souuerain Iuge sçauoir est Empereur, Roy, Roy, Prince.
2 Parlement de Paris.
3 Parlement de Malines.
4 On n’appelle point du Chambre de la loy & des comptes.
5 De l’Executeur qui deument faict son execution.
6 De L’Arbitre.
7 De L’Arbitrateur, mais de lui ou a son recours.
1 Tout ainsi qu’il y a des personnes & causes
desquelles n’est loisible d’appeller, comme
est apparu ci deuant au chap. 230. & apparoistra
ci dessoubz au chap. 334. pareillement il y a

Iuge desquels n’est loisible dappeller. Premieremēt
n’est loisible d’appeller du Prince souuerain qui en
sa dition ne cognoist aucun superieur, tels que sont
le Pape, l’Empereur. Item les Roys & princes qui
sont superieurs sur ce qui est a eux, mais ce leur est
attribue plustost par vsage que de deu, d’autant quil
conuient que touts Roys Chrestiens selon la raison
soyent soubz vn Empereur, quoy qu’il en y ait bien
peu qui

CIVILE. 299
1 peu qui cognoissent cela. a Pareillement on n’ap
pelle point du Parlement de Paris, car les Conseillers
d’icelui Parlement exercent l’office de Maire du
Palais, pourtant aussi que le Roy de France ne recog
noist aucun superieur en son Royaume. Mais cela
n’est aussi de nature, mais bien d’usage, & retient ce
droict de force, comme aussi font les aultres Roys,
qui selon & ensuiuant la nature des royaumes deuroyent
a bon droict obeir a vn seul Empereur, com
me desia nous auons dict. Mais voyez vne bien am
ple matiere de ceste disputation lez Iehan Igneus,
en son traicte. An Rex Franciae in temporalibus recognoscat
3 aut Pontificem aut Imperatorem. Item n’est
loisible d’appeller du grand Conseil de Malines, car
4 en ces troys se iuge par arrest. Dauantage n’est loisible
d’appeller de la Court ou Pretoire de la loy, ni
mesmes aussi de la Chambre comptes dōt a este
5 traicte es chapitres cinq & sixiesme. En oultre, on
n’appelle point de l’executeur qui n’excede point
sa commission, & qui ne procede iniurieusemēt ou
plus rigoureusement que de raison, voyez au chapi.
6 231. Pareillement n’est licite appeller de l’arbitre, selon
les droicts, comme a este declare au chap. 203. b
7 Item n’est aussi loisible appeller de l’arbitrateur.
Toutes foys si par l’arbitrage d’icelui la partie succombante
auoit este enormement lesée ou interessée,
& iusques a la sixiesme partie, alors tel arbitrage
se pourroit reduire a l’arbitre d’un home de bien, &
ainsi estre corrige, comme ci deuant nous auons aus
si dict au chap. 203.
a l. Prima ff. quib appella. non licet.
b l. 1. C. de arbit. & c. a Iudicib. 2. q. 6.
CHAPITRE CCXXXIIII.
De quelles causes nest licite d Appeller.
Sommaires.
1 Des sentences interlocutoires.
2 De la sentence ou execution des deniers du Prince.
3 Des causes qui requierent prompte execution.
4 Des causes qu’aucun a lui mesme faict faire.
5 Des causes vniuerselles.
6 Des causes desquelles ou a faict paction de n’appeller.

7 Des prouisions auecques la clausule (nonobstant appellation quelconque.
8 De la sentence de l’arbitrateur.
9 De la sentence qui passe en la chose iugée.
10 On n’appelle point De la sentence qui de soy est nulle.
11 De quelque preiudice iudicial futur.
12 Mais est bien licite d’appeller de l’extraiudicial futur.
13 Des interlocutoires qui ne sentent rien de la definitiue.
14 Des interlocutoires reuoquées & corrigées.
15 De nulles interlocutoires qui auroyent este faictes au plaisir du Duc Philippes.

16 Des interlocutoires qui par la definitiue ne peuuent estre restituēes.
17 Des causes criminelles.
18 Des graces des Princes deniees.
19 Des contracts pacifiques du Conte.
1 Selon les droicts ciuils il n’est licite d’appeller
des sentences interlocutoires. a Mais si est ce
que cela est bien licite selon les droicts Canons
qui pour quelconque domage, preiudice, ou
incommodite, soit qu’il fust faict en iugement, ou
hors iugement, permettent a vn chascun vser
& se seruir de l’appellation, b Voire encores la
susdicte regle fault aussi quelque foys quant au
droict ciuil, car on peult bien quelque foys appeller
de l’interlocutoire, c’est a scauoir, toutes & quātesfoys
que par l’obtenu en la sentence definitiue
n’est repare le grief qui est faict en la sentence interlocutoire,
car en telle interlocutoire peult on tou
2 siours appeller. c Aussi n’appelle on point de la sentence
ou execution des deniers du Prince, si ce n’estoit
que parties eussent preallablement consigne lesdicts
deniers, car tels deniers sont estimez estre priui
legiez. Pareillement on n’appelle point des causes
3 qui necessairement requierent vne bien prompte
execution, & ne peuuent endurer nul delay, telles
que sont, enseuelir vn corps mort, & mener victu
ailles au camp ou a l’armée, mettre les bleds qui se
peuuent gaster hors de la pluie & a couuert, & plusieurs
4 aultres choses semblables. Item on n’appelle
point aussi des causes lesquelles quelqu’ū a soymesme
5 faictes, ou procure qu’elles se fissent. d Consequemment
vne appellation generalle ne se doibt
admettre ne receuoir, c’est a dire, a nul n’est licite de
appeller de toutes causes en general qui se pourroyent
mouoir alencontre d’aucun, ains est requis
significatiō expresse des choses, des dicts ou faicts. e
6 En cas pareil on n’appelle point es causes esquelles
on a par paction promis & accorde de non appeller.
7 f Et comme ci dessus nous auons faict mention
on n’appelle point des prouisions ou mandemens
des Princes, esquelles ceste clausule est inseree (nōobstant
aucune appellation) mais ceste clausule se
doibt aucune appellation) mais ceste clausule se
doibt sainement entendre, cest a scauoir des parties
seulement qui sont expressement declarees &
nommees en ladicte prouision, & nō point de quel

que tiers, qui pour son preiudice & interest, lequel
il souffre a cause de dadite sentence, prouision, ou
mandement

300 LA PRACTIQVE.
mandement, pourra appeller d’icelle. Consequemment,
8 on n’appelle point de la sentence de l’arbitre
laquelle se peult & doibt seulement reduire a l’arbitre
9 d’un home de bien. g Aussi n’appelle on point
de ces sentences la, qui ont este donnees il y a
10 plus d’an & iour, Car qu’est il besoin d’appeller ou
chercher reformation en vne chose qui de soy est
11 nulle? h Pourtant que lappellation doibt esteindre ce
qui a este prononce. i Mais ce qui est nul ne peult
estre esteinct. k Cōsequemment, on n’appelle point
du domage ou preiudice aucun lequel est a faire ou
a venir, si ce n’estoit qu’il y eust preallablement aucunes
menasses de porter domage, ou bien qu’il y
eust desia quelque commencement de domage fait,
a raison duquel aucun pourroit a bon droict craindre
& souspecōner que plus grand domage n’aduint,
12 & d’icelui non sans raison appeller. Mais quant au
domage ou grief a venir hors iugement on en peult
13 du tout appeller. l Aussi n’appelle on point des inter
locutoires qui point ne sentent leurs vraye sentence
definitiue, car le Iuge les peult reuoquer, corriger
14 & appeller. m Aussi semblablement, on n’appelle
point de la sentence du Iuge, apres qu’celui Iuge au
ra reuoque l’incommodite ou grief faict par sa ♣sententence
15 interlocutoire. n Ainçoys par l’ordonnance
du duc Philippes, qui fut faicte l’an. 1455. fut au
grand Conseil ordōne & estable que plus ne seroit
appelle d’aucunes interlocutoire, ains seulement
16 des sentences definitiues. Pareillement en Flandre,
on n’appelle point des sentences, lesquelles en la de
finitiue se peuuent reparer & restablir en leur entier,
17 & estre restituees en leur premier estat, comme
aussi audict pais de Flandre l’on n’appelle point des
causes criminelles qui sont criminellement intentees.
Et la raison est, pourtant que la nul ne peult estre
criminellement puni, qui n’aura confesse son crime
18 par sa propre bouche. Semblablement, on n’appelle
point en Flandre des enterinemens, graces, remissions,
reuocations de ban non octroyees, ou aul
tres semblables graces deniees. En oultre on n’appel
le point des contracts pacifiques, par lesquels le Cō
te transige auecques ses subiects rebelles, ni aussi
des corrections & peines qu’il leur faict porter, &

dont il les punist.
a l. Secunda C, de Epis. audiend. & in l. Ante C. quor.
appell. non recip.
b Vt in c. Super eo. ext. de appellat.
c Vt in l. Secundum ff. de appella. recip. vel non.
d l. Generaliter §. primp versic. Quia enim C. de reb.
cerd. & iureiurand.
e c. Inter caetera & c. Consuluit extra de appellat.
f vt in l. finali §. finali. C. de temp. appell
g Ita tenet Bartol. & est communis opinio in Societatem
in §. Arbitrorum ff. pro socio.
h Vt in l. Si constat & l. Si expressum ff. de appellat. &
in l. 2. C. Quando prouoc. non est necess.

i Vt in l. Prima infine ff. ad Tertul.
k Vt in d. l. Prima in fine.
l c. Bonae memoriae. extra. de appellat.
m l. Quod iussit ff. de reiudica. c. Cum cessante extra de
appellat.
n d. c Cum cessante extra de appellat.
CHAPITRE CCXXXV.
A qui il couuient Appeller.
Sommaires.
1 On appelle par degrez des inferieurs aux superieurs.
2 On appelle des
Exploicts des Huissiers.
Refuz d’Officiers.
Sentences erronees des Iuges.
Cours feodales.
3 On appelle du Conseil de Flandre.
4 On appelle des causes de l’Empire.
Au Parlement de Malines.
5 Appellation d’une Commission du Conseil de Flandre est nulle.
6 On appelle de l’execution d’une commission.
7 On appelle de la commission d’un exploict, s’il contient clausule qui soit
preiudicialle.
1 Apres que peu au parauant nous auons mōs
tre de quelles persones, iuges, & causes, est
loisible d’appeller, reste que nous declarions
en brief a quels iuges il conuient appeller selon
la diuersite des causes, a ce que l’appellation ne soit
ou irreguliere ou illicite. Doncques toute appellation
se doibt faire par degrez, si que du Iuge inferieur
on appelle tousiours en montant au superieur.
Mais cela fault quāt au droict Canon, suiuant lequel
on peult immediatement appeller de tout Iuge au
Pape de Rome, ou au metropolitain a la discretion
2 de celui qui appelle. a Car quāt aux appellatiōs des
executions ou exploicts des huissiers, Item & des
refus ou reiettemens des autres officiers de Flandre,
Item des abuz ou erreurs de Iustice administree
par les magistrats particuliers, ou es Cours feodales,
toutes ces appellations (di-ie) se doiuent immediatement
produire & tirer au Conseil prouincial
3 de Flandre. Mais quant aux appellations qui sont
tirees de ce Conseil, elles se doiuent proferer au Par
lement de Malines, comme ci deuant nous auons

souuentesfoys dict es chap. 5. 6. 232. & c. Et au regard
4 des appellations qui en Flandre se releuēt des
causes de l’ancien Empire, elles ressortissent audict
Parlement de Malines, ou au priue Conseil du Prin
ce, ou bien ou il plaira audict Prince establir que icelles
5 causes soyent cognues. Au demourant, s’il ad
uient quelque foys qu’en Flandre on appelle des
Com-

CIVILE. 301
Commissions despeschees au Conseil de Flandre,
telle appellation est friuole. Car il est a vn chascun
notoire que le Conseil de Flandre peult expedier
6 toutes commissions. Mais quand on appelle de
l’execution commise par le mesme Conseil, alors
telle appellation est receue & est prinse deuant ledict
Conseil, pourtant qu’il a faict expedier l’exploict.
7 Item l’appel qui se faict contre la commission
d’un exploict (selon le vouloir du Conte) est
recue quand en icelle commission est inseree quelque
clausule preiudiciable, comme de consigner ou
de relaxation ou d’arrest de personnes ou de choses
ou semblables, a ce que par appel droict se face
de ladicte clausule preiudiciable, partie (comme il apertient)
a ce appellée & que ainsi ladicte clausule
soit ou confirmée, ou retractée ou reformée.
CHAPITRE CCXXXVI.
De le maniere d’ Appeller.
Sommaires.
1 On appelle ou de parole ou par escript.
2 On appelle verballement quand la partie greuée se trouue presente ou la
sentence se pronounce.
3 On appelle par escript, quand la sentence a este donnée celui qui est greue
estant absent.
4 Celui qui appelle d’une interlocutoire fault qu’il declare la cause de son griefs.
5 Celui qui en France appelle d’une interlocutoire doibt aussi declarer ses grief.
6 Celui qui appelle d’une definitiue n’est point tenu declarer la cause de son
gries.
1 Apres que nous auons en brief parle des ap
peaux, des personnes, & causes d’inceux, sui
uant l’ordre competent, nous declarerons
en cest endroict la maniere d’appeller, qui est de
deux sortes. Car on appelle quelque foys verballement,
& quelque foys par escriptures.
2 On appelle verballement quand la partie greuèe
incontinent & sur le champ après la sentence prononcée,
appelle presentement & en presence du Iu
ge, de l’Officier, Commissaire ou Executeur. a
3 Mais on appelle par escripture, quand la sentence
de grief est donnée en absence de la partie greuée,
car adonc pour son absence ne peult il appeller verballement,
ains, faict coucher son appel par escript

par vn Notaire & en presence de tesmoins. b
4 Aussi semblablemet quand la partie greuee pretéd
& vault appeller d’une interlocutoire, alors l’appel
lant est tenu de par escript expliquer les causes de
son grief souffert, ou a souffrir auec les nombres, a
ce que par son scripture le Iuge ou l’executeur cognoisse
5 ce qui lui reste a faire. En cas pareil est au
Chancellier de France defend qu’il ne despeche
aucuns reliefs d’appellations de l’interlocutoire ou
grief faict hors iugement, si ce n’est que l’appellant
particulierement & expressement declare le grief
duquel il se complaint. Car après la declaration expresse
de ce grief, ne sera a icelui appellant puis apres
licite produire plusieurs ou aultres griefs, que ceux
que premierement il a particulierement exprime &
declare en son relief ou instrument d’appellation.

6 Mais quant aux appeaux de sentences definitiues,
il n’est point necessaire d’y coucher par escript les
causes des griefs, ou mesme en l’instrument de l’appellation
l’exprimer.
a l. Litigatoribus C. de appella & C.et qui.§ . litigatoribus
in fine 2.q.6
b l. Litigatoribus C. de appellat & l. Prima . dies ff.
quando appell. sit.
CHAPITRE CCXXXVII.
Du temps d’Appeller, Insinuer, & Releuer.
Sommaires
1 Tout sur le champ, quand celui qui est greue est present
2 Dedans dix iours si le greué est absent.
3 On appelle de la sentence On appelloit iadis dedans l’espace de deux ou
troysiours.
4 Condicionelle, incontinent apres la pronunciation d’icelle.
5 Verballement, sans aultre insinuation de Iuge ou partie.
6 Par escript auecques insinuation dedans dix iours.
7 Ceux qui adherent a l’appellation se deuront insinuer dedans dix iours.
8 Appellation Se doibt releuer dedans six semaines.
Se doibt executer dedans six aultres semaines.
Cc Qui

302 LA PRACTIQVE.
1 Qvi plus est, ceux qui veulent appeller doiuent
obseruer la temps. Car si (comme dict est) la
partie qui est greuee se trouue a la pronunciation de
la sentence, alors icelle partie greuee & presente in-
continent apres la sentence prononcee doibt appel-
ler d’icelle, pendant que les Iuges sont encores as-
2 semblez. Mais si la partie greuee ne se trouue point
a la sentence, alors icelle partie doibt appeller par es-
cript dedans le terme de dix iours, esquels il aura
este acertene de ladicte sentence. Par maniere que le
premier iour soit compte du iour du grief, ou de la
sentence prononcee, ou du iour de l’insinuation, &
le dixiesme iour celui qui inclusiuement ensuit le
3 premier. Iadis suiuant le droict ciuil on soloit appel
ler dedans deux ou troys iours. a Mais ce temps la a
este corrige & prolonge iusques a dix iours. b Lequel
4 texte se trouue pareillement au droict canon. c Mais
quant aux sentences qui sont prononcees condition-
nellement on en doibt appeller incontinent, & ne
fault point attendre le iour de la condition establie,
par ce que combine que telles sentences condicio-
nalles ne soyent point effectuellement vne chose iu
gee, & ne passent point en chose iugee auant qu’icel-
le condition soit accomplie, toutesfoys pour autant
que le Iuge pronounce ceste sentence qui me greue,
ie doy incontinent appeller d’icelle, & des le iour
5 quelle est prononcee. d Au reste, l’appellation qui se
faict incontinent en Iugement, laquelle nous auons
dict estre verballe, ne se doibt pas insinuer au Iuge
ou parties, pourtant qu’ils y ont este presens & lors
6 qu’on appelloit. Mais ou l’appel se feroit par escript
& hors iugement, alors telle appellation se dura in
sinuer au Iuge & partie par le notaire & en presence
de tesmoins, dedans le temps de dix iours a conter
7 du iour de l’appellation faicte. Au reste s’il sen trouue
plusieurs qui veullent appeller ensemble ou s’ad
ioindre a l’appellation, ils le deuront pareillement
faire dedans le temps de dix iours. e Oultre ce, toutes
appellations se doiuent releuer dedans six semaines,
a conter du iour de la sentence donnee, aultrement
vn tel appel est tenu pour nul & desert.
a l. Prima §. Biduum vel triduum ff. Quanddo appellandum

sit & intra quae tempo. & . c. Biduum vel triddum
2. q. 6.
b Vt in Autentico, De appella. & insr. quo tempore appel.
debe. in princip. colum. 4.
c c. Anteriorum 2. q. 9.
d d. l. Prima §. Biduum vel triduum ff. Quando appelandum
sit & intra que tempora & d. c. Biduum vel triduum 2. q. 6.
e Anteriorum 2. q. 6. c. Quod ad consultationem extr.
de re iudicata.
CHAPITRE CCXXXVIII.
De l’Anticipation, de l’Appellation, & Desertion.
Sommaires.
1 Le temps de relief s’abrege par lettres d’anticipation.
2 Lettres anticipatoires S’impetrēt Dedans le temps de releuation.
Desertoires Apres
3 Le Iuge qui desere a l’appellation, s’il entend icelle estre deserte procede a
l’execution de la sentence.

4 Le Iuge prononce point la desertion, s’il lui appert de l’appellation.
5 Le Iuge declare l’appellation qui ne lui a este monstrée nulle, & punist
l’anticipe.
6 Celui qui releue vn appel non monstre doibt estre puni.
7 Au Parlement de Malines vn appel n’est tost declare desert.
8 Le Iuge qui procede en l’appel qui est desert sans prononciation de la desertion
d’icelui procede en vain.
1 Combien que ci deuant iaye dict que la partie
qui est greuee doibt releuer son appel de
dans le terme de six semaines, toutesfoys si
ce temps semble a la partie aduerse estre trop long
il pourra (si bon lui semble) anticiper ce temps de re
lief ou releuemēt, & contraindre sa partie a plustost
releuer & ce moyennant lettres d’anticipation ou
compulsoires, lesquelles a ces fins il deura impetrer
2 dn Prince. Car lettres d’anticipation se doiuent impetrer
du Prince dedans le temps de releuemēt, tout
ainsi que lettres desertoires s’impertrent le temps de
3 relief expire. Combien que si le Iuge duquel il auroit
appelle, ou qui auroit consenti a son appel, entēdoit
toutesfoys ledict appel estre desert, alors neāt
moins nonobstant sa permission, procederoit plus
4 oultre en l’execution de la sentence. Toutesfoys le
Iuge a quo, ne prononce point l’appellation estre de
serte, si ce n’est que l’impetrant en matiere de desertion
demonstrast clairement de l’appel faict & interiette
par instrument, ou par actes demonstrans la
5 relation, ou par autres moyens deuz & legitimes.
Et ou l’anticipe se viendroit a vanter de l’appellation
faicte & que toutesfoys il ne monstrast par instrument
public icelle appellation auoir este faicte
dedans dix iours, le Iuge ad quem iugeroit icelle ap
pellation estre deserte & tardiue, & en oultre condanneroit
icelui anticipe a quelque peine ou amande
pecuniaire, & es despens, nonobstant qu’il fust
encores en temps legitime de ♣releuet son appel.
6 Ainsi pareillement se puniroit cest anticipe, encores
que dedans le tēps de releuer il eust releue son ap
pel non monstre ni exhibe, par ce que ce qui n’est
point ne peult estre releue Car on doibt tenir pour
vain & nul le relief d’appel, quād icelui appel, par nō
exhibition ou par non legitime mōstre a premiere
mēt este nul. Mais cela se faict de rigueur de droict. Et

CIVILE. 303
7 Et pourtant au grand Conseil ou l’equite & raison
sont plus en vsage, on dissimule bien souuent auecques
l’appellant, & ne prononce on point si tost
son appel desert, combien qu’il n’eust monstre l’instrument
de son appellation, pourueu toutes foys
qu’il eust releue sadicte appellation dedans les six
sepmaines, & executee dedans autres six semaines,
principalement quand il appert, que tant le grief cō
me l’appellation semble estre aucunement fondée
8 en equité. Toutes foys si le Iuge de l’appellation
trouuoit legitimemēt icelle appellation estre vrayment
deserte, & que neantmoins entre tant il procedast
plus oultre au pricipal fust bien, fust mal,
n’administrant point iustice sur icelle desertion, son
proces production & sentence, a scauoir pour de
fault de iurisdiction seroyent nuls, cōbien que tant
l’appellant comme l’intimé que droict leur fust faict quant
au principal.
CHAPITRE CCXXXIX.
Qui doibt soustenir la Sentence donnée, le
Iuge ou la Partie.
Sommaires.
1 En Flandre
Les Iuges sont adiournez & soustiennent leurs sentences.
La partie qui est victorieuse est seulement intimée.
Mais elle ne soustient point la sentence.
2 Pour releuer vn Appel
Hors de Flandres
Les Iuges sont adiournez, mais il ne soustiennent leurs sentences.
Partie est intimée, & soustient la sentence.
3 Au Par. de Paris
Les Iuges sont adiournez mais il ne soustiennent leurs sentences.
Partie est intimée, & soustient la sentence.
1 En Flandre, quand on releue vn appel, l’Offi
cier mesme est adiourne, le Iuge ou Cōmissaire
qui a faict le grief, & la partie en faueur
de la quelle icelle sentence a este prononcée ne s’adiourne
point, ains seulement on lui intime le relief
d’icelle appellation. Et quand a l’Officier Iuge ou
Commissaire, il doibt soustenir sa sentence ou exploict.
Mais cestui est le stile & practique des villes
2 de Flandres. Car au Parlement de Malines les Iuge
des autres contrées sont biē adiournez pour le relief

de l’intimation, & est la partie intimée, mais ils ne
doiuent point soustenir leurs sentences, ains fault que
celui qui est intimé & victorieux soustienne seul la
dicte sentence ou qu’il laisse la cause de l’appellatiō.
3 Ce qui s’obserue pareillement en France & es pais
qui se gouuernent par droict escript. En cas sembla
ble, les Conseillers du Conseil de Flandres, iadis au
Parlement de Paris ne soustenoyent point leurs sen
tences, ains les laissoyent maintenir & soustenir a la partie intimée.
CHAPITRE CCXL.
De Renoncer a l’Appel.
Sommaires.
1 On ♣renouce a l’appel dedans dix iours, auec peine
De troys liures.
&

Des despens.
2 Au Parlement de Malines on releue sans aucune amande.
3 Reformation d’appel vne foys faicte ne se peult reprendre.
1 Toutes appellans apres intimation faicte, se
peuuent retirer d’icelle, & a icelle renoncer
dedans dix iours, prenant du iour de l’appellation
prinse, en payant l’amande de troys liures
au profit du Prince & aussi en payant les despens.
2 Mais au grand Conseil de Malines, il est ♣absolutetement
loisible a vn chascun appellant renoncer a
son appel, & sans aucune amande, sinon qu’il differassent
leur renonciation si long temps, que pour
l’auoir lors licitement ils eussent besoin de la grace
de la Court, car alors & pour leur delay, & pour
l’impetration de la grace ils seroyent mis en l’aman
3 de de troys liure. Mais si l’appellant auoit dedans
dix iours renonce a l’appellation, & que par apres
il se repentist de sa renonciation ainsi faicte, alors il
ne lui sera loisible se desdire ou amander sa repentance
& de rechef reprendre sa premiere appellation
dedans dix iours, suiuant ceste regle. Ce qui a
vne foys pleu ne peut plus desplaire.a
a C. Quod semel de Reg. iuris lib. 6.
Cc 2 CHAP.

304 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CCXLI.
Des Amandes des Appeaux.
Sommaires.
I Appel qui est en partie en partie bon & en partie mauuais ne porte aulcune amande.
2 Qui mal appelle Au Parlement de Paris est puni ou Au double.
3 Qui mal appelle Au Parlement de Malines est puni ou Au simple.
4 Qui mal appelle En France es lieux qui se gouuernent par droict escript, ne porte point
d’amande.
5 Qui mal appelle Au Parlement de Malines il ne porte nulle amande.
6 Qui mal appelle En France il doibt porter l’amande & payer les despens.
7 Qui mal appelle Selon le droict ciuil, il est mis amande de cinquante liures d’argent &
note dinfamie?
8 Qui mal appelle Selon le droict Canon il n’est point mis en l’amande, mais est renuoye
& paye les despens.
9 Qui mal appelle De la chambre de Flandre au Parlement de Paris, il estoit condanné en
double amande.
I0 Qui est appellant d’une sentence laquelle est nulle n’encourt aucune peine.
II L’appellant de la nullité d’une sentence qui se trouue temeraire ou folle est amandable.
I2 La cause pourquoy on ordonne amande contre ceux qui mal appellent.
I Combien qu’un peu au parauant nous ayons
en passant faict mention des amandes des ap
pellations, toutes foys nous auōs trouue bon
I d’en traicter par especial en ce chapitre. Et quant a
ce, fault en premier lieu noter que quand le Iuge de
l’appellation dict que la sentence de l’appellation a
este en partie bien & en partie mal prononcée. Ou
ainsi, Pour l’une part bien iuge, & pour l’autre mal
Iuge, alors l’appellant ne paye nulle amande ne despens.
2 Au Parlement de Paris, celui qui mal appelle
est quelque foys condanne en double amande, &
quelque foys aussi ils declarent l’appellant punissable
de simple peine seulement, sans aucune amande
plus ample, & ce selon les causes & circonstāces des
3 choses qui mouent le Iuge a ainsi iuger. Le mesme
aussi imitent les Conseillers du Parlement du pays
Bas a Malines, cest a scauoir qu’en establissant icelles
amandes, ils regardent toutes les circonstances
4 des choses. En France, des appellations qui viennent
des lieux qui se gouuernent par droict escript,
5 l’appellant n’encourt nulle amande. Pareillement,
au Parlement de Malines l’appellation s’esteinct sans
aucune amande, mesme si on trouue que l’appel est
aucunement fonde en equite, ou quand par nouelle
6 recognoissance la sentence est confirmée. Mais en
France il est defendu que l’appel ne s’amortisse en

Aucune maniere sans amande & payement de despens,
& oultre ce est enioint a tous Magistrats qu’ils
iugent & facent droict du proces don’t est question
scauoir s’il est bien ou mal appellé, si ce n’estoit que
par nouelle production icelle sentence fust confirmée.
7 Selon les droicts ciuils l’amande de celui qui
mal appelle, est qu’il soit condanné en cinquante liures
d’argent, & qu’il soit en oultre note d’infamie
8 publique, mais cela n’a point este obserue. Mais selon
les droicts Canons, celui qui mal appelle n’est
mis en aucune amande, ains est renuoyé au premier
9 iuge duquel il a appellé & paye les despens. A Consequemment
quand l’appellant de la Chambre de
Flandre estoit condanné au Parlement de Paris en
quelque amande au profit du Roy, alors le Conte de
Flandre prenoit aussi d’icelui appellant condanné
I0 soixante liures Parisis pour son amande. Mais quad
le Iuge trouue que la sentence de l’appel est nulle,
l’appellant n’encourt nulle amande. Car la cause
pourquoy celui qui mal appelle tombe en l’amande
est fondée en droict, c’est a scauoir, pour ce qu’en
appellant il taxe d’iniustice vn iuge lequel est iuste,
& soustient qu’il n’a iugé selon la raison & c. & non
II pour ce qu’il auroit dict la sentence estre nulle. Mais
si l’appel qui est formè sur nullite estoit puis après
trouue temeraire ou fol, l’appellāt ne seroit pour ce
I2 excusable contre les mauuais appeaux, la cause est, a
fin que la legerete & oultrecuidance, & aussi la malice
de ceux qui fretillent de grand desir qu’ils ont
d’appeller soit refrenée qui par leurs appellations ap
portent bien souuent grand domage a leur partie
aduerse, & leur donnent beaucoup de fascherie.
a Vt per Panormitanum, Philippum Perusinum. Car d.
Alex. And. & Feli. in c. 2. de appellat.
CHAPITRE CCXLII.
Des effects des Appellations.
Sommaires.
I Appellation Suspend la sentence donnée & Defend au Iuge la pouoir executer.
2 Celui qui appelle d’un article sera tenu comme appellant de to♣.
3 L’appel de La sentence donnée en la Flandre Flamingante & Cours feodales en la
Flandre Flamingante Ne suspend la sentence.
4 L’Appel

CIVILE. 305
4 L’Appel des Magistrats maieurs suspend la sentence.
5 Qui appelle en la Flandre Flamingante porte la peine.
6 Celui qui en France appelle de la sentence definitiue.est exempté de la iustice du Iuge
(a quo) en toutes
causes.
7 Qui est appellant en Flandres est libre du Iuge en la cause d’appellation seulement.
8 En France celui qui obtient du deffault du droict, est a tousiours exempté d’icelui Iuge.
I Appellation a deux effects, Premierement,
elle arreste & suspend la sentence qui est
donnée qu’elle ne soit executee. Par apres
elle refrene la faculte & pouoir du Iuge a ce qu’il ne
passé sa main est close, & la faculte de passer plus oul
2 tre est bridée. a Car l’appellation a & obtient cest
efficace, que mesme par l’appel d’un seul article tou
te la iurisdiction du Iuge (a quo) est suspendue. ne
plus ne moins que s’il auoit appelle de tous les articles,
encores qu’icelui article duquel on appelle nait
3 rien de commun auecques ceux desquels on n’appelle.
En Flandres ou on parle Flamen toutes appel
lations qui sont procedentes des magistrats subalternes
ou des Cours feodales ont bien peu defficace,
car elles ne suspendent point la sentence qui
est prononcee, ni ne restreignent le pouoir & faculte
du Iuge, mais nonobstant icelle appellation on
4 passe tousiours oultre. Mais les appellations qui pro
cedent & sont interiettees de sentences, prouisions
& iugemens de magistrats maieurs, suspendent tou
talement la faculte d’iceux Magistrats. Comme aus
si font le mesme toutes appellations deriuees des
5 Magistrats de Flandres, qui parle Francoys. Et com
bien qu’en la Flandre Flamingante l’appel ne suspē
de point la faculte & puissance du Iuge, toutesfoys
celui qui y appelle mal, est cōdanne a lamande pour
6 ce establie. En France ils estiment que celui qui a appelle
de quelque sentence definitiue de la Chambre
soit du tout exempt de toute iurisdiction d’icelle
chambre, & en toutes causes, tant en demandant
comme en defendant, & au contraire, tant que ce
proces durera, Si ce n’estoit qu’icelui appellant inten
tast quelque aultre nouueau proces en ladicte Chābre,
pour lequel il deuroit du tout renoncer a sa
7 premiere exemption. Mais le Conte de Flandre
soustient le contraire, & veult que l’appellant doiue
estre seulement exempt d’icelle Chambre es causes
des quelles il aura appellé, ou qui concernent le mes

me proces de l’appellation, & non d’autres proces
8 intentez ou a intenter. Item ils ont en France enco
res vne autre practique, c’est a scauoir que celui qui
appelle du deffault ou refus de faire droict & iustice,
& il obtienne en icelle appellation, que perpetuellement
il soit exempt & libre du Iuge duquel il
aura appellé.
a c. Bonae extr. de. appellat. l. vnica ff. nihil noua appell.
interpo. & l. 3. C. de appella.
CHAPITRE CCXLIII.
Des Attentat♣.
Sommaires
I Que c’est qu’Attenter.
2 Attentations Apres appellation de la definitiue, se doiuent incontinent reparer.
3 Attentations Apres l’appellation de l’interlocutoire, ne sont point hastées.
4 Attentations Auant l’inhibition, se reparent seulement par definitiue.
5 Attentations Apres la defense, ne se doiuent si tost reparer.
6 Attentations Au preiudice de litispendence ou de la sentence, se doiuent incontinent
reparer.
7 Attenttation n’a lieu en matiere de possession.
I ATenter est faire par la partie quelque chose
se au preiudice de l’appellation. Or quant
a ceste attētation le Iuge ad quem la doibt
auant toutes choses reparer, & le tout restablir en
estat premier. Car quand on appelle de la definitiue,
le Iuge ad quem doibt incontinent faire & don
ner ordre, que les attentats soyent reparez, pourueu
qu’il lui appare de l’appellation faicte.
3 Mais quand on appelle d’une interlocutoire, alors
le Iuge ne se doibt si rost entremettre de faire
ceste reparation: s’il ne lui apparoist de ces troys
points, c’est a scauoir que l’appellant a appelle dedans
dix iours, qu’il auroit eu certaine cause d’appeller,
& que ceste cause auroyt este vraye.
Et quant aux attentatz qui sont faicts auant l’inhibition
ou deffense celles ne se doiuent reuoquer,
sinon par sentence definitiue. Mais les attentatz qui
sont faicts apres la defense se doiuent incontinent
reparer. Pareillement, les attentats qui se font en
preiudice de la litispendence, ou de la sentence du
Iuge se deuront aussi auant toutes choses reparer.
En matiere possessoire, en laquelle l’une & l’autre
partie pretend la possession, on ne doibt estimer cela
estre attentat, lequel chascun peut vsurper de sa
possession sans aucun attentat.

Cc 3 CHAPITRE

306 LA PRACTIQVE
CHAPITRE CCXLIIII.
De retracter vne Sentence par Requeste.
Sommaires.
I On supplie pour retractatiō Au Iuge qui greue la partie auant definitiue &
2 On supplie pour retractatiō Au Pape A l’Empereur Maire du Palays de squels n’est
licite appeller.
3 La requeste pour retracter se doibt exhiber dedans dix iours.
I Vne sentence se retracte quelque foys non
point de droict ni de style, mais par vne
supplication de grace a ces fins. Or se faict ceste reques
te en deux manieres, & pour deux causes. Premierement
quand le Iuge greue la partie auant la definitiue,
de maniere qu’a celui qui est greué ne soit
loisible appeller par le style, statuts, ou par quelque
aultre moyens, & toutesfoys pour ce que par telle
sentence (de laquelle ne lui est loisible appeller) il se
sent greué, il se parforce d’appeller d’icelle, a quoy
faire lui est besoin auoir requeste conuenable pour
impetrer telle auctorite de retracter. Or aduient il
quelque foys que les sentences des Papes des Empereurs
& Princes se retractent, mais pour acquerir
cest effect de retractation, ils doiuent premieremēt
supplier a ce qu’ils obtiennent conge de retracter
la sentence du Pape, ou de l’Empereur, ou du Maire
du Palais, desquels n’est loisible appeller. a Et se
doibt ceste supplication exhiber au Prince dedans
dix iours a prendre du temps du grief faict, autrement
telle requeste ne seroit admise admise & ne seroit
valuable.
a l. Vica C. de senten. praefec. praetor. & l. A proconsulib.
C. de appellat.
CHAPITRE CCXLV.
De retracter vne Sentence par Relief.
Sommaires.
I Que c’est que releuer en droict.
2 Les pupilles absens se releuent contre la sentence qui les greue.
3 Les mineurs d’ans sont restabliz contre la sentence qui les greue.
4 Le mineur se releue pour la confession ou concession qui les greue.
5 Forains ou estrangers qui sont absens sont releuez de la sentence prononcée contre eux.
6 L’Eglise est releuée & restituée contre la sentence qui la greue.
7 Celui qui est greué par faux tesmoins ou par faux instruments excipe & est releué.
8 Le Iuge releue de sa sentence.
9 Le Prince releue de toute sentence.

I La sentence se retracte pareillemēt quelque
foys par relief. Or releuer ou restituer est re
stablir la cause en son premier estat par le
Prince ou le Iuge: ou bien, releuer est reduire celui
qui est greué en l’estat auquel il estoit auāt la lesion. a
Les pupilles qui n’ont este presens aupres de leurs
Tuteurs, iceux sont restituez contre la sentence donnée
en preiudice d’iceux. b Pareillement, les mineurs
d’ans qui sont au dessoubz de vingt & cinq
ans sont releuez, quand la sentence a este donnée &
prononcee cōtre eux iniustement & enormemēt.
4 c Item le Mineur qui en presence de son Curateur a
confesse chose aucune a son propre preiudice don’t
sentence seroit emanée, icelui est releue de ladicte
confession ou concession faicte, par maniere que de
rechef il niera ce qu’il a confesse cōme mineur d’ans,
& comparoistra en iugement contre sa partie. Mais
ou il auoit descouuert icelle sienne confession a
quelqu’un en l’absence de son Curateur, alors par
le mesme droict il est releué & restabli sur le siē. Pareillement,
ceux qui sont absens qui qu’ils soyent
sont releuez de la sentence qui aura este donnee contre
eux en leur absence. d Item la cause de l’Eglise
est tousiours releuee cōtre la sentēce, par laquelle elle
est greuee & lesee, tout ainsi quil a este dict du mineur.
Car toute l’Eglise ou Republique vse de mes
me droict & priuilege qu’use le mineur d’ans. Consequemment
celui contre qui la sentence a este donnee
par faux tesmoins, ou par instruments faux &
supposez, icelui di-ie pourra exciper contre iceux, &
requerir d’estre releue, combien que les dix iours
fussent passez. Et ou il auroit paye quelque chose
quant a ce, il le pourra repeter. Or quant a restitution,
tout Iuge la pourra faire de sa sentence, cest a
scauoir que lui ou ses predecesseurs estants en l’office
auroyent prononcee. Mais quant au Prince, il
peult de sa propre faculte & pouoir releuer des iuge
mens de tous Magistrats.
a gloss. in verbo Contrareliquam in c. Auditis, ext. de in
integ. restitu. & c. Primo super eodem titu. & l. Quod si mi
nor ♣. Restitutio ff. de minorib.
b. l. Prima

CIVILE. 307
b l. Prima C. de senten. passis & d. l. Quod si minor ♣.
Restitution.
c l. Cum & minores & l. sequenti C. Si aduers. rem iu
dica. & l. Acta ♣. finaliff. de re iudic.
d c. Cum Bertoldus extr. de sentient. & re iudica. & ibi
D. Abbas in io. colum. in verb. Oppo. contra text. videte
Barto. inl. fin♣ff. de in integ. restitut.
CHAPITRE CCXLVI.
De Retraction de la Sentence par vne simple Requeste.
Sommaires.
I La Sentence de deffects se retracte par vne simple requeste.
2 La sentence donnée contre celui qui n’est soluable, se retracte par vne simple requeste.
I La sentēce se retracte quelque foys par vne
simple demande ou requeste, cest a scauoir
quand le Iuge peult reuoquer telle maniere
des sentences de son office, ainsi qu’il aduient es def
faults ou defects, ou es sentences qui sont prononcees
pas cōtumace ou absence de la partie, esquelles
l’essonie ou cause du deffault, & la necessite est demonstree.
Dauantage, les amandes pour lesquelles
payer le cōdanné est si pouure que auec tout ce qu’il
a ne les pourroit payer telles amandes se peuuent re
mettre ou moderer par le Iuge moyennant vne sim
ple requeste.
CHAPITRE CCXLVII.
De Retractation des Sentences par proposition
d’Erreurs.
Sommaires.
I Au Parlement de Malines est licite proposer erreurs de faicts.
2 Lettres pour proposer erreurs de proces se doiuent exhiber dedans deux ans.
3 Propositions d’erreurs ne suspendent la sentence.
4 Pour examiner les erreurs le Prince assemble plusieurs Conseillers.
5 Qui propose erreurs, & vient a ester conuaincu, est condanné au double & es despens.
I Av grand Conseil de Malines comme aussi
es aultres Cours ou on Iuge par arrest, est
loisible a celui qui est greue proposer erreurs
de faicts en monstrant seulement lettres de
2 graces du Prince a ces fins. Mais iadis tel qui estoit
greue, deuoit monstrer ces lettres & les faicts
des erreurs dedans dix ans, iouxte le stile & ordonnance
dudict grand Conseil, mais maintenant par
nouelle ordonnance faicte l’an. I559. cela se doibt
faire dedans deux ans en consignant double amāde
es mains du greffier, c’est a scauoir la somme de cent

& vingt liures de la valeurs de quarante gros monoye
de Flandre pour chascune liure, lesquelles il
deura payer pour amande s’il vient a succomber.
3 Toutesfoys il conuient noter ce point, que propositions
d’erreurs ne suspendent point la sentence.
c’est a dire, ils n’empeschent point qu’icelle sentence
ne soit mise a execution. Or pour visiter ce proces
d’erreurs est a scauoir que le Prince y establit &
commet, cincq ou six Conseillers ou plus grand nōbre,
ou moindre aussi, de ceux qui ne se sont trouuez
a donner la sentence, & les adioint a ceux qui
ont donne ladicte sentence, a celle fin qu’iceux estant ioints
& assemblez auecques les aultres ils iugent
tous, s’il y a apparance de quelque erreur de
faicts commis. Et s’ils n’i en trouuent point, oultre
ce qu’ils conferment la premiere sentence, condan
nent d’auantage celui qui a pretendu & propose erreurs
en double amande, & en tous despens.
CHAPITRE CCXLVIII.
De Retracter vn proces par Reuision.
Sommaires.
I En la Chancellerie de Brabant Reuision de proces est premise.
2 Difference entre reuision & proposition d’erreurs.
Deux choses conuenantes entre Reuision & proposition derreurs.
Cc 4 En

308 LA PRACTIQVE.
I En la Chancellerie de Brabant en laquelle
aussi on iuge par arrest, la practique porte
qu’apres la sentence donnee le proces soit re
2 uisite & recognu. Et ni a aultre difference entre reui
sion & proposition d’erreur sinon que pour faire la
reuise des proces les parties peuuent prendre tels
conseillers de reuision & toutes telles autres preuues
qu’ils voudront, ce que toutesfoys es propositions
d’erreur ne se peult faire licitement. Vray est
qu’ils conuiennent tous deux en ce, que tout ainsi
que propositions d’erreurs ne suspendent point les
sentences qui sont prononcées, aussi ne font les Reuisiōs.
Secondemēt, ainsi que celui qui propose vne
sentence erronée & ne proue rien, ains dechet de sa
proposition, est condanné a double amande, cest a
scauoir de cent vingt liures de quarante groz monoye
de Flandre, ainsi en aduient il a celui qui proferant
& mettant en auant vne Reuision, dechet de
la cause de sa Reuision.
CHAPITRE CCXLIX.
De tauxer Cousts & Despens.
Sommaires.
I Pour tauxer les despens fault appeller les parties.
2 Despens ne se taxent S’il n’appert de la condennation d’iceux.
3 Despens ne se taxent Sinon ceux qui sont iudiciaux.
4 Despens ne se taxent Iouxte les quitances exhibees.
5 Despens ne se taxent Des mandemens, ou actes & c.
6 Tauxation de despens apres l’appellation se garde iusques a la decision.
7 La Court de Flandre tauxe les despens de son iugement & de la premiere sentence aussi.
8 Le Parlement de Malines taxe les despens de tous iugemens.
9 Au Parlement de Malines, le rapporteur auecques le Greffier taxe les despens.
I0 Les especes A Malines se moderent par le Conseil.
II Les especes A Paris se taxent selon la grandeur du labeur.
I2 Les especes Au Conseil de Flandres iadis se taxoyent par le Conseil.
I3 Les especes Au Conseil de Flandres elles sont maintenant changees au denier vingt.
I4 Despens qui font faicts auant litiscontestation ne se condennent point par le Iuge.
I5 Celui qui est en contumace peult estre condanne es despens auant litiscontestation.
I6 Despens qui se font apres litiscontestation apertiennent a l’office du Iuge.
I7 Le Iuge qui negligee la demande de la condannation es despens, est tenu du domage.
I8 Les despens ne peuuent estre condennez apres la definitiue.
I9 Comme les despens se preuuent & se taxent?
I Pour autant que iusques ici nous auōs en plu
sieurs passages faict mention des despens, res

te maintenant que venions a dire en quelle
maniere iceux despens se taxent, Doncques a faire
la taxation des despens, & a faire diminution contre
iceux, est necessaire que la partie soit adiournée
& appellee pour voir ce faire, afin que si elle a que
2 contredire qu’elle le face. Au reste, iamais les despēs
ne se taxēt si ce n’est que premierement il apparois
se clairement d’iceux, & que la partie adiournee
nait donné diminution alencontre, ou bien que par
contumace elle eust este de ce deboutée pour ne l’a
3 uoir faicte a temps. Car il ne fault pas penser que
tous les fraiz ou despens qu’on fraye a tous proces
se doiuent taxer: Car nuls aultres despens se taxent
que ceux qui sont iuridiques, comme le salaire qui
aura este donné aux aduocats, procureurs, tesmoins,
messagers, executeurs, ou semblables, ie di qui leur
auront este baillez pour leur loyer, & non pas donnez
4 par liberalite. Aussi ne se taxent les despens selon
les rolles ou cedules exhibens, ou suiuant les re
cits des Commissaires, aduocats, procureurs ou sem
blables, mais se taxent seulement selon les relations
des proces, requestes verballes, escriptures, ou selon
semblables pieces de proces, par lesquelles vient en
lumiere & euidence tout ce qui s’est faict, & ce qui
5 s’est procure au proces. Aussi ne se taxent les despens
pens des sentences, mandemens ou a actes, ou les des
pens de choses semblables qui sont cottez au greffe,
si ce n’estoit qu’ils fussent este exhibez en iugemēt
pour la verification de la declaration des despens,
encores qu’il fust du tout notoire que toutes icelles
6 pieces eussent este exhibees au proces. En Flandre,
les despens des sentences qui se prouoquent par ap
7 pellation ou reformatiō se dissimulent, on sen taist,
& ne se taxent point, iusques a ce que la cause de l’appellation
ou reformatiō soit decise. Et s’il estoit dict
par la Cour: Bien Iugé, mal appellé, & que auec ce
l’appellant ou reformant estoit condenne es despens,
alors la Cour ne taxe pas moins les despens de
la premiere sentence, que ceux qui ont este faicts en
8 icelle Cour. Le mesme aissi se faict au Parlement
de Malines, quant aux despēs des proces qui la sont
euoquez par appellation du Conseil prouincial de
Flandre, de sorte que ledict Parlement taxe quant
& quant les despens de tous les premiers iugemens
scauoir est, ceux qui ont este faicts au premier iugement,
& au Conseil de Flandre & au Parlement de

Malines. En ce mesme grand Conseil de Malines
l’auctorite de taxer les despens est lez le mesme raporteur,
a ce qu’il taxe lesdicts despens prenant le
greffier auecques lui qui pour leur loyer soloyent
prendre certaines espices a leur discretion, & selon
la propre estimation d’icelles. Mais si le raporteur
& greffier en ceste estimation d’espices exedoyent
l’equite & raison, de sorte que pour ceste cause les
parties

CIVILE. 309
parties s’en complaignissent par appellation, alors
& en ce cas leur estimation se moderera par la Cour.
Car alors est a chascun loisible d’appeller de ceste enorme
taxation d’espices, quand les parties scauent
pour certain qu’elles sont greuees par vne telle taxation.
Mais au Parlement de Malines, on ne baille
plus despices mais certaine somme de deniers au
lieu d’icelles espices, laquelle somme aussi ne se taxe
plus par le rapporteur, & greffier, mais par le Conseil,
par lequel ne se taxe aussi aucune certaine somme
pour les espices, mais cela est commis a la discretion
du Conseil, lequel taxe lesdictes espices selon
la grandeur ou petitesse des despens, & suiuant la
consideration du temps, c’est a scauoir qu’ils voyēt
combien de temps, long ou brief ils este empes
chez & occupez en ce proces auecques toutes ces
dependences, & n’est licite d’appeller d’icelle taxe.
I2 Et ainsi, afin que les parties fussent deliurees de ceste
fascherie d’appeller, & que tout souspeçon d’auarice
fust oste, a aussi este ordonne au Conseil de Flandre
que la Cour mesme taxeroit les despens des proces
auecques leurs certaines espices, lesquelles espices
estoyent puis apres distribuees entre les conseillers
ordinaires. Mais par apres par l’instruction ou ordō
nance de la Chambre de Flandre de l’an. I463. fut
ordonne qu’a icelle Chambre ne fust plus loisible
taxer ou prendre aucunes espices, si ce n’estoit que
les despens excedassent cent liures Parisis. Et alors
leur permettoyent prendre honestes presens d’espices,
iouxte la qualité des persōnes & causes. Mais
afin qu’il y eust en cela quelque chose de certain,
pour icelle taxation d’espices, ils prennent a present
le vingtiesme denier desdicts despēs, c’est a scauoir
cent liures Parisis. Mais ici sur la fin du Chapitre
m’est venu au deuant ce qui deuoit estre escript &
I4 obserue tout au commencement. Scauoir est que
les despens qui sont faicts auant litiscontestation ne
se peuuent par droict d’apertiennent point a l’office
I5 du Iuge. a Toutesfoys le Iuge peult de son office &
sans demande de la partie condenner es despens la
partie qui seroit contumace, & n’auroit comparu auant
I6 litiscontestation. b Mais tous despens qui sont
faicts apres litiscontestation, se decretent de l’office
du Iuge, de maniere que condennation d’iceux se

peult faire par le Iuge, mesme la partie ce non requerant.
17 c A plus sorte raison pourra il donc condan
ner es despens, alors que la partie requerra condennation
de despens, tellement que si le Iuge estoit
nonchalant de condanner l’une partie es despens a
pres que l’autre l’auroit de ce requis, il seroit tenu a
reparation de domage. d Et pourtant est bon que
tels despens soyēt tousiours demādez par la partie,
Aussi conuient noter ce point, Que si le Iuge en sa
definitiue n’auoit condanne la partie es despens, il
ne pourroit puis apres faire ladicte condennation
de despens, & ne pourroit aussi lors la partie faire
demande au Iuge desdicts despens. e Car le Iuge apres
la definition ne s’est peu reseruer aucune condēnation
de despens, mais sans plus la taxe d’iceux.
Et pourtant a il acoustume de dire, Nous condennons
es despens la taxation & comprobation de despens
a acoustume de ce faire en ceste maniere, Celui qui
gangne le proces exhibe par escript au Iuge tout ce
qu’il a despendu en vn rollet, & a voir telle exhibition
le Defendeur qui a perdu est adiourne, afin
qu’il mette en auant (comme nous auons dict) s’il a
quelque chose a dire alencontre Et si l’adiourne ne
comparoist, ou que, comparoissant il ne respōde chose
qui soit idoine ou a propos, ou ne demande diminution,
le Iuge reçoit lesdicts despens exhibez & les taxe
a sa discretion. Par apres il faict adiourner celui
qui a gangne le proces, il tire le serment de lui, a ce
quil iure s’il a faict lesdicts despens & s’il afferme par
serment quil les ait faicts, le Iuge commande icelle
taxation de despens estre ratifiée. f
a l. Aediles ♣. Item sciendum ff. de adilit. edict.
b Teste Panor. in c. Cum dilecti in fine de dol. & contuma.
c l. Terminato C. de fructib & liti. expens. Huc facit c.
Cum appellationibus de appel. lib. 6. & Bart. in. l. 4. ♣.
Hoc autem iudicium ff. de damno infect.
d Vt habet gloss. vltima, in versic. Dummodo petitum
fuerit ab eis, in c. vltimo de rescript.
e d. l. Terminato C. de fruct. & lit. expens.
f Autentica post iusiurandum C. de iudic. & 3. q. 3. ♣.
Quod fieri non debet. Et in Autentico de Iudici ♣. oportec
colla. 6. & c. Olim & ibigloss. super verbo Taxatione, de
iniurijs & damno dato.
CHAPITRE CCL.
Des Remunerations des Iuges.

Sommaires.
I Le Iuge ne doibt estre corrompu par dons.
2 Le Iuge ne doibt prendre aucuns presens des parties.
3 Le Iuge se doibt contenter de ses gages ordinaires.
4 Les Conseillers de Flandre se contentent des gages de leur Prince.
5 Quiconque prent pension de l’une des parties doibt estre definis de son office.
6 Les Magistrats maieurs, ne peuuent prendre dons des parties.
7 Les Magistrats des villages prennent dons pour leur interest.
8 Les Preuosts & Escheuins prennent presens des parties.
9 Les Commissaires & deputez reçoiuent les salaires qui leur sont taxez.
I0 Les arbitres reçoiuent leurs gages, pour le loyer qui leur est taxe.
II Le Iuge peult prendre quelques petits dons.
I2 Es dons gratuits on doibt auoir esgard a la qualite de celui qui les offre.
I3 En France n’est a aucun Iuge permis prendre dons.

3I0 LA PRACTIQVE.
I Ayant ici a traicter dela remuneratiō des Iuges,
ie ne veux point qu’aucun soit d’un si peruers
iugement, que de penser que le Magistrat en faisant
iustice doiue regarder plustost aux presens, que
non a l’equite du droict, tellemēt que pour l’amour
des presens il puisse faire gauchir l’equite du droict
& droicture de iustice plustost en vne part qu’en
l’autre. Mais pense plustost qu’il fault qu’il soit aueu
gle en ladministration de la Iustice, sans auoir respect
non plus a l’une part qu’a l’aultre, de maniere
qu’il ne soit corrōpu ni pour faueur qu’il porte aux
parties ne par aucuns presens qu’il recoiue. si bien
qu’il ne se permette desuoyer de la voye droicturie
re, se contētant d’un honeste loyer ordinaire, & qui
2 lui est establi. Car les Iuges ordinaires ne peuuent
prendre aucuns dons ni mesmes promesses de dons
ou presens qui peussent aucunement sembler tendre
a leur faire iuger ou prononcer sentence qui fut
3 au grief & preiudice de l’une des parties. Ains qui
plus est, les Iuges ordinaires selon les droicts ne peu
uent prendre ne repeter les despens lesquels il employent
pour la prinse des malfaicteurs, ou les despens
des cheuaux lesquels ils defrayent pour faire
quelques voyages sur leurs iurisdictions, ains conuient
qu’ils se contentēt de leurs salaires ordinaires.
4 Et pourtant, les Conseillers du grand Conseil &
ceux du Conseil de Flandre, n’admettent nulles pro
messes, nuls dons, nulles pensions des parties pour
leur administrer Iustice, ains estāts cōtents des seuls
gages de leur Prince, font & administrent en toute
diligence bonne Iustice & equitable a vn chacun,
5 Tellement que s’il estoit trouue asseurement qu’au
cun d’eux fust tellement attache aux promesse quil
n’eust quelque pension d’aucun aultre que de son
Prince, il seroit incontinent priue de son office.
6 Par cas semblable nuls Magistrats ou Iuges des villes
de Flandre, ou d’aucuns territoires ou chastelle
nies, comme des Cātoys, Brugeoys, Hyproys, ceux
du France, ceux d’Alost, ceux de Courtray, d’Audenar
de & c. ne peuuent receuoir promesses ou dons aucuns
pour greuer les parties, ains fault qu’ils se contentent
7 de leur ordinaire & gages ānuels. Mais quāt
aux Magistrats de villages esquels villages le plus cō
munement, quelques hommes ruraux ou mecaniques

administrent Iustice, ce n’est pas sans raison
que pour faire droict, ils prennent le plus souuent
& par coustume remuneration des parties, mais ils
ne le prennent point tant pour l’administration de
la Iustice, que pour le domage & interest de leur gain
cessant, & du temps qui se perd pour eux tandis
qu’ils sont sont aux plaids, durant lesquels ils ne peu
8 uent vacquer a leurs affaires. Pareillement les Preuosts,
item les Escheuins de la Cour feodalle, prennent
des parties certains loyers establiz par toute la
Flandre: Ce qui est semblablement permis a tous
Preuosts, Conseillers & Officiers de la Chambre le
9 galle. Consequemment, les Commissaires & tous
Iuges deleguez prenent leurs gages & salaires tels
qu’ils leur sont ordonnez & taxez par l’ordinaire.
I0 Autant en font les arbitres & arbitrateurs, ausquels
sont aussi establiz certains salaires pour leur peine,
II selon la qualite des choses & personnes. Ce neantmoins
les Iuges ordinaires peuuent prendre des par
tiens quelques honestes presens gratuits, comme lieures,
conins, perdriz, faisans, paons, chapons, & tels
petits presens legers qui viennent sur table & seruēt
au manger & au boire, & ne sont choses qui enflent
la bourse, ou qui seruent a lauarice, ou baillent souspeçon
de corruption. Et pourtant en prenant tels
12 dons, & presens honestes, il fault auoir esgard aux
personnes qui les offrent, de maniere que des personnes
plus basses ils prenent les petits dons autant
agreablement, qu’ils font les plus grands des plus ri
13 ches. Mais en France est defendu par edict du Roy,
que pas vn des Iuges ou de messieurs du Parlement
ou de quelque autre magistrat, par soy ou par autre
directement ou indirectement prennent des Parties
aucuns dons ou presens promis qui ayent appa
rance d’aucune espece de corruption, & par lesquels
les coeurs des Iuges peussent estre abbatuz de la fer
mete de droicture & equite, ou fussent corrompuz
& induits auger peu sincerement, de sorte que pour
cause des dons ils vinssent a iuger ou plus hastiuement
ou plus tard, ou qu’ils ne vinssent a peruertir
ou deprauer la sentence, sur peine de perdre leur office,
& en apres de correction arbitraire, iouxte & se
lon les qualitez des choses & personnes, a celle fin
de donner crainte aux aultres a ce qu’il ne fussent
si hardiz d’attenter chose semblable, & qu’estants
ainsi corrigez ils fussent exemple a tous.

CHAPITRE CCLVI.
De la taxe des despens iudiciaux en Flandre.
Sommaires.
I Les gages des Iuges se doiuent changer selon lemps.
2 Les gages Des Conseillers, Presidents, adioints, quels ils ont estez par ci deuant.
3 Les gages Des Conseillers & c. quels ils sont maintenant.
4 Les gages Des Clercs ou Notaires quels ils sont.
5 Les gages Des Greffiers quels ils sont.
6 Les gages Aduocats quels ils sont.
7 Les gages Procureurs quels ils sont.
8 Les gages Tesmeins adiournez quel ils sont.
9 Les gages Huissiers quels ils sont.
I0 Les gages Nonces ou Messagers quel ils sont.

CIVILE. 3II
I Les gages ordonnez aux Commissaire & ad
ioints pour faire leurs informations ont sou
uentesfoys este diuers en Flandre, & ont
este changez par l’ordonnance de la Chambre, & nō
sans raison. Car tout ainsi que les saisons & le temps
de l’annone ou cherte se change, ainsi est il raisonnable
que changement de salaire se face, non autremēt
que toutes autres choses. En cas pareil les choses ecclesiastiques
selon la qualite des temps se changent
2 ne plus ne moins que celles de la iustice. Et quant au
changement penultiesme des gages, il fut faict en la
Chambre de Flandre l’an. I463. par lequel changement
furent ces gaiges audicts commissaires ordon
nez pour ouir leurs informations, cest a scauoir au
President troys francs. Aux Conseillers a chascun
d’eux deux francs, si les informations se faisoyent
hors du lieu de leur residēce, lesquels noms de Frācs
ont este en vsage lez nous, au temps qué nostre ressort
regardoit encores la Frāce, Mais si ceste enques
te s’eust due faire en la ville mesme & lieu de leur
residence, il estoit ordonne que le President auroit
deux francs & les Conseillers. 28. gros chascun iour
Aux Adioints estoit ordonne pour chasque iournée
trente deux gros quand l’enqueste se faisoit hors la
ville. mais en la ville ils n’auoyent que douze quattorze
ou seize gros seulement. Lesquelles ordonnances
ont dure des ce tēps la, & ont este gardees ius
ques a bien peu d’annees en ça. Mais, comme i’ay
desia dict, par les mutations enormes des temps &
saisons telles constitutions ont este a bon droict chā
gees, de maniere qu’en cest an. I566. on cognoist,
que les gages sont establiz a tous & chascuns de ceux
que i’ay nommez en ceste maniere Le President du
Conseil de Flandre reçoit du Conte de Flandre qui
est a present le Roy d’Espaigne Philippe pour son
traictement ordinaire ou gages annuels tant absent
que present, huit cens florins. Et oultre ce vne pen
sion annuelle de quatre cens florins. Et toutesfoys
& quantes qu’il emprēt quelque commission hors
de la ville, soit aux affaires du Prince ou d’aultres
personnes priuees, alors pour son salaire iournal, sās
decision ou preiudice du salaire ci deuant dict, reçoit
par chascun iour troys Florins. Et s’il vaque a telles
affaires en la ville, alors il reçoit pour ses gages iournellement.

40. pattarts. Et quant aux autres proufits
& emoluments de la, Cour le President iouist
en tout & par tout du double. Au reste huit conseillers
ordinaires reçoiuent du Conte chascun pour sō
salaire ordinaire pour chasque iour vn florin, ce qui
se doibt entendre, s’ils ont este presens & residents
ce iour la, ou s’ils vaquent aux negoces du Conseil
troys heures deuant midi & deux heures apres midy.
Car s’ils sont enouyez quelque part hors de la ville
pour faire enquestes ou informatiōs, ou bien que
dedans la ville ils ayent vaque tant es causes ou negoces
du Prince, que d’aultres personnes priuees,
alors ils reçoiuent pour leurs labeurs chascun iour
quarante pattars & en la ville vingt pattars. Mais alors
il perdēt le gain iournel du Prince, si ce nestoit
qu’ils vacassent de maniere a telles causes, que le
mesme iour ils peussent aussi conuenir & assister au
Conseil, auquel cas ils pourront iouir de l’un & l’aul
tre gain, a cause de leur diligence, pourueu qu’ils satisfacent
a l’un & l’autre. Oultre ceux ci li y a enco
res d’autres Conseillers, Commissaires, ainsi appellez
pourtant qu’a peine vacquent ils a aultres choses
qu’a faire informatiōs & enquestes. Ceux ci n’ōt au
cuns certains gages annuels, ains seulement les prou
fist qui leur viennent de leurs Commissions, information,
& enquestes, en quoy ils sont toutalement
egaux aux Conseillers ordinaires. Mais il fault dauā
tage noter en ce lieu que nul Conseiller peult entre
prendre deux Commissions en vn mesme iour,
sur peine de restitution, & sur peine arbitraire.
Item que nul pour causes publiques ou priuees
ne se peult absenter du Conseil sans le consentement
du President sur peine d’estre suspendu
de son office a l’arbitre de tout le Conseil. Oultre
les emoluments susdicts le President & conseillers
tant ordinaires, que Commissaires, le Procureur
general & laduocat fiscal reçoiuent encores vne petite
gratuite & loyer de vingt & quatre florins par
an, qui leur est aussi annuellement payee par le rece
4 ueur des exploicts. Et encores oultre ce ils ont dauantage
tous les reuenus & proufits qui procedent
des visitations & rapports des proces, desquels le
raporteur mesme pour son labeur particulier en reçoit
& prent la moitie. Et l’autre moite vient a estre
partie entre ceux qui ont este continuellement presens
a vuider & terminer le proces. Et encores oultre

tout cela vn chascun d’eux a ses espices, ou au
lieu d’icelles de l’argent, lesquels deux proufits mon
tent ēsemble a la somme de troys mille florins chascun
an. Desquels vn chascun d’eux reçoit ses proufits,
les vns plus grands, les autres moindres, & vn
chascun selon la grande ou petite diligence qu’il aura
faicte. Lesquels proufits de rapports, auec les emoluments
des espices, ont acoustume destre payez
par le greffier ou son commis aux susdicts Presidēt,
Conseillers, Commissaires, & aultres. Semblablement
le President, tous les Conseillers, le procureur
general & l’aduocat fiscal voire tous ceux qui apertiennent
au corps du Conseil en la ville de Gand
sont francs d’assisses de vin & de biere. Et quant a
l’Adioint tant du President que du Conseiller, (qui
par tout se doit prendre auec consentement de la
Cour, non suspect) a en la ville de Gand vingt gros Et
quant a l’adioint lequel le Conseiller ou President
prent auec soy de la ville de Gand, ou d’aultre
lieu que de celui ou l’information se doibt faire
& le mene auec soy au lieu de l’information ou
enqueste, icelui reçoit pour son salaire chascun
5 iour. 40. gros Mais s’il prent l’adioint du lieu ou
l’information se deura faire, icelui aura pour son
labeur trente deux gros par chascun iour. Au cas
pareil, le Greffier a aussi ses salaires ordinaires en ces
te maniere, c’est que pour chascun apostile il reçoit
deux gros. Puis de toutes les Commissions qui
s’apportent au Conseil, ou qui se paracheuent au
Conseil il en recoit. 8. gros. Pour vne procuration.
4. gros. Es causes de la ville, Chapitre, Conuent,
pour chasque procuration il reçoit. 8. gros.
Es presentations de nouelles causes, pour chascune.
2. gros. Pour Villes, Colleges, Couuents, Communautez
& c. 4, gros Pour chascun acte & response, 8.
gros. Pour chascun acte de repliques, dupliques,
tripliques, quadrupliques. & c. 4. gros. Pour les actes
de demandes auecques renuoy de cause a quelques
Magistrats. 8. gros. Pour actes de demandes, responses,
repliques, dupliques, auecques sentence interlocutoire
ou definitiue, il reçoit son salaire selon
l’ordonnance du Conseil.
Pour

3I2 LA PRACTIQVE.
Pour les actes d’enterinement pour vne requeste
Ciuile a laquelle on ne s’est oppose ou on n’a contredict
I2. gros, & quand on y a contredict, il reçoit
son salaire selon la taxe du Conseil. Pour l’acte d’ū
interinement d’absolution, rappel de ban 24. gros.
Pour les actes de demande ou response par lesquels
les sentences des Iuges subalternes sont mises a exexution
8. gros. Pour l’acte d’un default note 8. gros.
Pour l’acte contenant l’estat & complainte de la
partie, au taux de la Court. Pour la sentence en matiere
de maintenue ou complainte partie absente,
au taux de la Court. Pour la sentence donnee en matiere
de maintenue ou complainte, partie oyante &
presente au taux de la Court. Pour la sentence pro
noncee par consentement de la partie & qui contient
condennation, ou compensation de despens
an matiere de cent escuz pour vne foys ou au dessus,
ou plus hault indifferemment, au taux de la
Court. Pour toutes les sentéces interlocutoires par
actes, & quand le proces est de cinquante escuz ou
au dessus, au taux de la Court. Pour toutes les sentences
des causes contenantes cent liures de gros a
vne foys & au dessoubz 50. gros. Pour les sentēces
des proces qui sont de la cause d’outre cēt liures de
gros 60. patt. Pour lettres de decrets I6. gros. Pour
lettres de condennatiōs en faueur & consideration
des parties, en quelque matiere quelles fussent, fussent
en traicte de mariage, ou d’obligation, ou de
composition ou aultres semblables, au taux de la
Court. Pour lettres que la Court escript aux Magi
strats ou Officiers a requeste de la partie 8. gros
Pour lettres clauses qui contiennent sentences ou
opinions au Prince ou a son Conseil priue, ou au
grand Bailly de Flandres ou a aultres officiers, a la
requeste des parties 8. gros. ou au taux de la Court.
Pour chasque liure de groz consignee en ses mains
2. groz. Pour toutes aultres lettres closes qui doiuent
estre enuoyees hors du pays a requeste de la
partie I2. groz. Pour le droict du seel & pour le prou
fit d’icelui, il aura 8. groz, & en oultre pour le
droict du seel, deux groz. Et voila quāt aux droicts
6 du Greffier. Sensuit des Aduocats ausquels sont assignez
gaiges iudiciaires selon leur cottes, diettes &
pages d’escriptures. Les Aduocats ont donc pour

leurs notes & retentions, pour chascune I6. groz.
Pour vn fueillet de deux pages, desquelles l’une &
l’aultre contiendra vingt lignes, & chasque ligne
7 fix paroles, 8. gros. Les procureurs semblablement
reçoiuent presque semblables salaires. Mais pour
ce quils vaquent a plus d’actes pourtant prennent
ils plus de proufits. Car premierement les procureurs
reçoiuent pour leurs notes & chascunes reten
tions I6. groz, & pour chascune diette iuridique des
parties I6. groz. Pour la copie de partie aduerse,
pour chascun fueillet (comme dessus) 4. groz. Pour
chascunes confutations, saluations, contredicts &
solutions quils feront 4. groz. Item pour les requestes
de taxations de despens, pour chascun fueil
let, comme dessus, 4. groz. Pource quils escriuent la
sentence interlocutoire en leur iournal, 6. groz.
Pour ce quils inserent la sentence definitiue en leur
iournal 6 groz. Pour chascune foys que le Iuge ou
Commissaire prononce quelque chose en leurs causes
ou es causes de leurs aduersaires a faicts contrai
res, 6. groz. A chascune prononciation de despens,
6. groz. Pour les inuentaires quils font des escriptu
res exhibees par partie aduerse, pour acōplir le proces,
au taux de la Court, Quand ils font quelque information,
& la produisent hors de la ville, ils reçoiuient
pour chascun iour 48. groz. Et en la ville ou
8 le Conseil est I6. groz. Pareillement les tesmoins
qui a requeste ou du Procureur general ou de la
partie seront appellez, ou que la Cour aura faict venir
pour estre examinez & pour deposer leurs tesmoignages
sur les escriptures & faicts des parties, si
tels tesmoins sont venuz a cheual, ils auront pour
chasque cheual 20. groz par iour. Et s’ils sont venuz
a pied, ils auront chascun I2. groz par iour. Et
s’ils sont venuz a chariot, ils auront I6. groz.
9 Mais il est ici besoin d’une prudēte consideration,
des personnes, lieux, temps & chemins. Consequement
il y a gages & salaires legitimes ordōnez pour
les Huissiers. Car pour chascune vacations iournelles
quils font & esquelles ils seront occupez a l’instance
de la partie en executant leurs commissions,
ils receuront 24. gros. Et pour la copie de leur com
missiō executée I2. groz. Item les courriers ou mes
sagers ou porte-lettres a pied qui a requeste de la
partie porteront les lettres du Conseil a pied dedās
les limites de Flandre, receuront pour chasque iournée

I4. groz. Et s’ils les transportent hors de limites
de Flandre, ils receuront pour chascune iournée I6.
groz. Mais si c’est pour les negoces ou affaires du
Prince, ou celles, de son Conseil tant dans les limites
de Flandre comme dehors, ils auront dix groz
pour chascun iour. Mais cela semble estre trop retranche,
& pourtant semble il gesir en la prudente
consideration du Iuge. Et qui voudra cognoistre
plus certainement de ces choses, voye l’Edict de
Charles 5e. nostre Empereur mis en lumiere a Bru
ges l’An I522. duquel nous auōs recueilli ceste ordō
nāce des salaires. Toutes lesquelles ordōnāces, pour
ce qu’elles n’ont point propremēt leur respect aux
droicts ie n’ay faict estime de les rechercher & mettre
par escript plus diligemment, pourtant principalement
que les choses qui sont de trauail ou despēs,
ne consistent point tant en certaine taxation
comme en la prudente consideration du Conseiller
ou du Iuge, auquel apertient auoir esgard aux
personnes, lieux, temps, iournées, chemins, cherte,
vilete de viures, commoditez ou incommoditez.
CHAPITRE CCLII.
De taxer les despens des prisonniers en la
Cour de Flandre.
Sommaires.
I On doint seulement fournir aux prisonniers ce qui leur est necessaire.
2 Combien

CIVILE. 3I3
2 Combien les prisonniers qui auoyent iadis mespris contre le fiscq souloyent payer en la
prison.
3 Combien les prisoniers contre la partie souloyent payer pour leurs necessitez.
4 Il n’estoit iadis loisible aux prisoniers de despendre plus de huit gros par iour.
I Afin qu’il ne sourdist quelque enormite en
faisant la taxe des despēs des persones em
prisonees, noz ancestres ont sagemēt dōne
ordre qu’ō ne leur dōneroit sinō ce qui seroit neces
saire pour substāter leur vie, & non pour gourmāder
ou yuroigner, & pour le founissemēt de telles necessi
tez ont este establi certains & ordinaires pris qui sēbleroyēt
estre correspōdants a l’egalite des despēs &
2 labeurs des geoliers. Dōcques par la prudence & sagesse
de Philippes le hardi duc de Bourgogne en l’an
I40I . & par la cōfirmatiō de son fils Ieā duc de Bourgogne
en lan. I407. fut ordūne que tous personiers
contre le Fiscq, pour quelque cause que ce fust payas
sent seulement six sols Parisis monoye de Flandres
pour lesquels le geolier leur fourniroit iournellemēt
pain, biere, pitance, linceux, & raisonable couuertu
re selon leur estat. Mais quant aux aultres prisonniers
3 contre parties, ils deuoyent par la mesme ordonnance
payer six pros, pour lesquels les geoliers
leur bailloyent pain, souppe, biere, chair, harencs,
4 lumiere lict, linceulx & aultres apertenances. Et ou
ils n’eussent voulu estre contents de telles honestes
necessitez, ains qu’ils eussent voulu auoir du vin &
viandes plus delicates alors le geolier les en deuoit
seruir, sās toutesfoys que cela excedast plus de deux
groz par dessus de lesdicts six groz, tellement qu’il ne
leur estoit licite de despendre iournellement plus de
huit groz quelque bonne chere qu’ils voulussent fai
re, & ce tout au plus hault, a ce que la prison ne semblast
plustost vne tauerne ou cabaret que non pas
vne garde. Et a ceste maniere & esgard de despens
este puis souuentesfoys confirmée & gardee par plu
sieurs annees, iusques a ce que la qualite des temps
requist vn autre changement.
CHAPITRE CCLIII.
De la taxe au Conseil de Malines.
Sommaires.
I Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux President.
2 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Conseillers.

3 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Adioints.
4 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Clercs.
5 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Greffiers.
6 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Huissiers.
7 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Aduocats.
8 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Procureurs.
9 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Tesmoins.
I0 Quels gages sont taxez en la Cour de Malines, aux Couriers a pied.
Av parlement de Malines la taxe n’a point
este establie fort dissemblable a celle du
Conseil de Flandre, car celle ci dont ie par
le est assez differente de la taxe qui iadis fut ordonnée,
car tout ainsi que par tout les gages ordinaires
non moins iudiciaux que tous aultres sont de beau
coup changez & accruz a cause de la cherte des viures
trop excessiue, aussi semblablement en est il
auenu en ce Conseil. Car l’an I559. le Roy Philippes
d’Espaigne heritier paternel de tout le pais Bas
& nostre Seigneur tresclement establit & fit publier
ceste constitution & ordonnāce des salaires des
officiers de ce grand Conseil en la maniere quelle
1 est. Par laquelle il a voulu que le President du Conseil
receus pour honeste salaire chascun iour soixan
te pattarts. Et chascun des Conseillers par chascun
iour 40. pattarts. Et quand ces Conseillers dudict
Conseil seroyēt quelque part enuoyez dehors pour
executer leurs Commissions, ou pour faire leurs informations
ou enquestes pour les affaires du Prince,
il a ordonne que en ce cas oultre leur salaire ordi
naire leur fussent payez 40. pattarts par chascū iour
Et toutes foys & quantes qu’ilz vaqueroyent audicts
negoces en la Ville de leur residence, que pardessus
leur salaire ordinnaire ils receussent I5. partars
Mais si les mesmes Conseillers vaquoyēt a ouit les
commissions ou informations des parties en la Ville
de Malines, alors ils receuroyent 48. pattarts, par
tel si toutes foys qu’ils ne iouiroyent de leur salaire
ordinaire de 40. pattarts. Toutes foys s’ils faisoyent
tant de diligence que tous les iours ils vacas
sent en la Ville aux causes des parties deux ou troys
heures, tellement que nonobstant leurdicte vacation,
ils se trouuassent au Conseil a l’heure ordonnèe,
c’est a scauoir troys heures deuāt & deux heures
apres midi, alors & en ce cas il ne receuroyent
des parties que vingt pattars par iour seulemēt oultre
leur salaire ordinaire de quarante pattars. Toutes

foys s’ils frequentoyent deuement le Conseil
(comme dict a este) & que ce pendant ils peussent
vaquer en la Ville es causes des parties oultre quatre
heures, alors pour icelle vacatiō ils receuroyent
des parties quarante pattarts. I’ay dict en la Ville
par ce que si ces Conseillers vacquoyent hors la ville
aux causes des parties, alors pourtant quils ne
pourroyent estre & se trouuer au Conseil, receuroyēt
d’icelles parties 27. pattars par iour, mais alors
ils ne iouiroyēt du salaire ordinaire du prince.
3 Mais en ce lieu fault en passant noter quant aux
Conseillers, qu’il ne leur est point licite se retirer du
Conseil pour vaquer aux causes des parties, sans auoir
impetre le consentement du President.
Dd Et pour

3I4 LA PRACTIQVE
3 Et pour le regard des Adioints des Conseiller es ne
goces du Prince, ils receuront chascun iour en la ville.
I6. pattars mais hors de la ville ils auront. 28. pattars.
Mais tandis qu’ils vaqueront en la ville aux negoces
des parties, ils auront iournellement. 20. pattars,
& hors la ville. 32. pattars. Mais quant aux clercs
Ou porte-sacz des Conseillers, ils n’ont aucun salaire
ordinaire ou iournal, ains recueillent leur salaire des
fueillets de l’information ouye, non pas de fueilles
de la premiere minute, ains des fueilles qui sōt deue
ment escriptes & grossoyees, lesquelles contiennēt
chascune. 36. lignes, & contient chasque ligne cinq
paroles ou plus. Et doiuent iceux clercz estre contraincts
a prester & faire serment de ne reueler les
secrets des enquestes ou examen, ou depositions de
tesmoins, ou chose aucune de ce qui leur semblera
concerner la Cour du Conseil. Mais les Conseillers
referendaires, l’office desquels est deuement rap
porter la matiere des proces, estat, & production au
Conseil, a ce qu’ils soyent quelque peu plus diligēts
a examiner, cognoistre, & rapporter lesdicts proces,
& l’aduis des droicts & Docteurs quant a iceux,
les Conseillers di-je pour leurs rapports & espices
auront ce que par Conseil leur sera taxe, selon le regard
& consideration de leur labeur, & non plus.
Laquelle taxe a acoustume se farie en la Chambre,
incontinent apres que le proces est rapporte & con
clud. Et quant aux espices ci deuant mentionnees, le
Greffier les receura de l’une des parties qui apres la
sentence prononcee, requerra vn tel dict formal lui
estre deliure, lequel dictō formal le Greffier ne sera
tenu deliurer auant qu’il ait receu lesdictes espices.
Ainçoys, si la partie qui requiert le dicton de la sentence
estoit trop negligente a payer le droict de la
relation ou rapport, alors la Cour pourra decreter
ses lettres executoires, par lesquelles elle compelle
ladicte partie, a ce que deuement elle paye le droict
de la relation ou rapport. Mais s’il aduient que les
despens soyent compensez, alors celle des partie qui
aura a receuoir plus de proufit ou gain par la sentē
ce payera lesdictes espices de rapport. Et aduenant
que les deux parties reçoiuent de la sentence le prou
fit egal on presque egal, alors icelles parties payerōt
par ensemble icelles espices egallement, ou au moīs

selon l’ordonnance de la Court, & pourront estre
par vn compulsoire (si besoin est) contraicts a faire
ledict payemēt. Mais il est a scauoir en cest endroit,
que combien que le Greffier eust receu lesdictes es
pices de l’une ou l’autre partie, toutesfoys si ne lui
est il loisible de declarer ou manifester a l’une des
parties ou bien a toutes deux en payāt, qui est celui
5 lequel est rapporteur. Et au regard des Greffiers, ils
prēdront pour leur salaire la taxe ensuiuante, Pour
vne simple presentation la premiere foys par eux ex
hibee vn pattart seulement, Pour vne double deux
pattarts. Pour les actes communs exhibez au proces
quatre pattarts. Pour les sentēces importantes prouisions
ou quelques ordonnances auecques effect
de sentence mise sur requeste par apostile. 4 pattars.
Pour vn acte depositif. 8. pattarts. Mais pour les pre
sentations ou expeditions sur le bureau, les a actes
desquelles n’auroyent este exhibez au proces, ains
seulement extraictes pour taxer les despens, pour
chascune d’icelles, en tant quelles viennent en taxe
ils reçoiuent deux groz. Pour les actes qui importēt
prouision ou apointement sur le champ. I2. pattarts
Pour les interlocutoires rendues & proferees sur le
proces veu, Pour les adiournemens reiterez, commissions
de commissaires executoires, & pour toutes
aultres prouisions & mandemens qu’on a’acous
tume despescher au greffe, 8. pattarts. Et quand ces
prouisions s’expedient pour plusieurs, ou pour villes
Colleges, Conuents, Communautez & semblables
I2. pattarts. Pour les sentences desquelles la matiere
excedera cincq cens Florins, cinq liures. Desquelles
la matiere excedera troys cens Florins. ils aurōt quatre
liures Si la somme de la sentence est au dessoubz
de troys cens florins, ils receuront troys liures, laquelle
somme de troys liures ils auront aussi pour
les sentences qui ne consistent point en somme precise
ou estimation pecuniaire. Ce neantmoins si la
matiere est de grande importance ou entre Colleges
Communautez ou grosses & puissantes parties
que alors ils puissent requerir que leurs salaires soyēt
taxez par la Court, oultre laquelle taxe, ils ne pourront
plus rien tirer ou demander. Et quant ausdicts
Greffiers, Secretaires, & Recepueurs des exploicts,
ils sont tenuz leuer du Greffier du cōseil toutes leur
commissions & mandemens, lesquels puis apres
quand ils seront seellez, ils feront porter a l’audience

de Malines, & payeront le seel a l’Audiencier, ou
a son commis. Et au regard d’eux tant pour leurs vacations,
que pour lexpedition des mandats & prouisions
qu’ils despescheront audict Conseil, ils auront
tel salaire qu’ll sensuit, & nō plus: c’est a scauoir
quand ils seront enuoyez quelque part hors la ville
a faire leurs commissions es affaires du Prince, alors
ils receuront pour leur salaire iournal. 28. pattarts.
Aux negoces des parties. 26. pattars. Mais si cieux va
quoyent es affaires du Prince en la ville de Malines
comme principaux commissaires, ils aurōt seize pat
tarts. Et és negoces des parties. 24. pattarts. Pour la
despesche des requestes ciuiles, lettres closes, & appointemens
sut requestes, importances & contenan
tes prouision aucune six pattarts. Pour tous autres
mandats & prouisions de Iustice qui se despescheront
audict Conseil I2. pattars. Sil y a plusieurs impetrans,
ou que les affaires concernent Villes, communautez,
Eglises, ou Colleges, ils auront pour lesdicts
mandats & prouisions de Iustice. I8. pattarts,
Et pour les requestes ciuilles. 9. pattarts. Mais alors
les parties ne sont point tenues payer le vin a leurs
clercs pour la grosse desdictes prouisions ou mandats.
Ains qui plus est, tant s’en fault qu’ils puissent
faire payer le vin aux parties ou quelque chose au
lieu du vin que mesme ils ne pourront riē prēdre sur
peine d’amande arbitraire, sinon vn double pattart,
encores qu’il y eust plusieurs particuliers comprins
en vne mesme impetration ou prouision. Et touchant
les huissiers, tant ordinaires comme extraordinaires
ils prendront pour leur salaire la taxe suiuante,
c’est a scauoir, Quand ils vaqueront aux, negoces
du Prince a requeste du procureur general &
hors le lieu de leur residence, ils receuront chascun
iour. I2. pattarts. Et quant ils vōt hors du lieu de leur
residence a l’instance & requeste & pour les negoces
de la partie ou des parties, ils auront. I6. pattarts.
Et ou ils vaqueroyent au lieu de leur residēce, pour
chascunes insinuations d’appointemens sur requestes
desquels ils seront ils seront requis, non contenans disposition,
ils receuront deuz pattars. Pour ceux qui con
tiendront disposition & ordonnance absolute, & pareillement

CIVILE. 3I5
pareillement pour toutes insinuations pour satisfaire
aux sentences, deux pattarts. Pour executions de mā
demens en la ville. tant es causes du Prince que de
la partie, ils receuront huit pattarts. Lesquels salaires
iournaux quand les huissiers les auront receuz, ils
n’en pourront demander dauātage ni receuoir pour
leurs principalles relations lesquelles ils sont tenuz
faire. Mais pour la copie de leurs commissions & relations,
laquelle ils sont tenuz deliurer a la partie adiournee,
s’elle la leur demande, ils receuront pour
chascū fueillet contenāt trente six lignes & en chasque
ligne six ou septs paroles vn pattart & non plus
Et seront ces huissiers indifferemment tenuz seruir
diligemment tāt au prince comme aux parties pour
les salaires susdicts incontinent qu’ils en seront requis.
7 Et au regard des Aduocats, ils auront & prendront
pour leurs salaires & vacations, la taxe ordinaire
qui montent a cent & cinquante florins pour vne
foys ou au dessus, pour la retention & consultation.
I8. pattarts. Item pour mener la cause la premie
re foys, & la produire a faict d’exploicts, ou la defen
dre quant & quant. I8. pattarts. Pour repliquer dupliquer.
& c. chasque foys. 9 pattarts. Mais es causes
qui seront au dessoubz de cent & cinquante florins
ils prendront pour la retention & consultation seulement.
I2. pattarts. De ceste maniere prendront ils
autant quand ceste cause la se deura mener la premiere
foys, reduire au faict & duplique & c. 8. pattarts.
Ils auront en oultre pour chascun fueillet escript cō
tenāt vingt & huit lignes. 8. paro les a chasque ligne,
cinq patarts. Et si l’affaire ou negoce requiert plus
grand salaire, a scauoir que la matiere soit haulte, de
grand poids & importance, & difficile en droict,
alors iceux Aduocats pourront faire apparoir a la
Court de la grandeur & difficulte de telles affaires
a ce qu’en consideration d’iceux, ils impetrent de la
dicte Court plus grande taxe. Mais quand ils seront
par leurs Maistres enuoyez deuant les Commissaires
ou aultres a Malines, ils auront huit pattarts.
Quant au surplus, de tous contredicts refutations
& saluations soubsignees par eux & non par le pro
cureur, iceux Aduocats auront pour chasque fueillet
contenant 28. linges & huit parolcs en chascune
8 4. pattarts. Semblablement les Procureurs pour

leurs salaires & vacations receuront la taxe suiuante.
Es matieres qui montent a cent & cinquante
florins pour vne foys & pour la premiere foys & au
dessus, pour la retention & consultation I2. pattars,
& au dessous de ladicte somme 9. pattars. Et seront
tenuz iceux procureurs demonstrer par vne euiden
te declaration de despens si le Iuge aura excede ladicte
somme. Car si cela auoit este faict, les despens
ou salaires se taxeroyent par moindre somme. Et
pour chascun des iours esquels ils seront occupez,
& qu’ils i’insinueront par acte 4. pattars. Mais
pour les continuations ne receuront aucun salaire,
sinon pour vne seule, mais pour les aultres ensuiuātes
rien. Et pour produire tesmoins, ou pour exhiber
aultres enseignemens soit au Greffe ou deuant
le Commissaire audict lieu de Malines 4. pattars.
Et toutes foys & quantes que lesdicts Aduocats &
Procureurs vont hors la Ville a requeste de leurs
parties, ils auront, les Aduocats pour chasque iournée
40. pattars, & les procureurs 32. pattars. Pour
lesquels salaires les Aduocats sont tenuz & les Procureurs
pareillement seruir leurs parties en toute di
ligence incontinent qu’ils en seront requis. Et si les
Aduocats ou Procureurs se monstrent en ce & pour
ladicte taxe difficiles, en ce cas la partie pourra presenter
vne requeste a la Court, afin qu’elle prouoye
sagement en ce faict ainsi qu’il apertient.
9 Item les tesmoins qui a la requeste ou par l’office
du Procureur general, ou a requeste de la partie,
ou de la Court mesme, auroyent este appellez
pour dire & deposer leur tesmoignages sur escriptures
& faicts des parties, ceux ci (c’ils viennent a
cheual) pour chasque cheual auront tous les iours
24. pattarts. Mais s’ils sont a pied, ils auront douze
pattars pour home. S’ils viennent a chariot, ils auront
I8. pattarts. Mais il est ici mestier d’une sage
consideration des personnes, lieux, temps, & chemins.
I0 Item les Courriers a pied qui a requeste de
la partie porteront lettres du Cōseil dedās les limites
du territoire de Malines, receuront pour leurs
iournées dix pattars, Mais s’ils les portent oultre les
limites dudict territoire, ils auront pour chascune
iournée douze pattars. Mais es negoces du Prince
ou du Conseil (tant dedans comme hors les limites
du territoire de Malines) Ils receuront pour chascune
iournée dix pattars. Mais pourautant que ce salaire

semble estre vn peu retrenche & assez petit,
pourtant doibt cela consister en la prudente consideration
du Iuge.
CHAPITRE CCLIIII.
Demettre les sentences a Execution.
Premierement.
Qui sont les sentences Executables.
Sommaires.
Dd 2
I Quelles

3I6 LA PRACTIQVE.
I Quelles sentences se doiuent mettre a execution.
2 Sentences qui sont suspendues par requeste se doiuent executer auecques caution.
3 Les sentences des Iuge subalternes se doiuent executer auecques caution.
4 Les sentences qui se donnent par le Conseil, ne s’executent point soubz caustion.
5 Les sentences qui sont annalles ne se peuuent mettre a execution.
6 La sentence qui est vne foys executable demeure a tousiours executable.
7 Les sentences se mettent a execution Quand elles sont passees en la chose iugée.
Quand les contracts sont passez iuridiquement.
Quand la debte est priuilegiée.
Quand le marche est sans terme.
I Nous appellons la sentence executoire. laquelle
se peult incontinent mettre en execution.
Toutes sentences doncques qui
sont bonnes & legitimes & sont prononcees, &
qui par leur efficace & effect sont passees en chose
iugee, & lesquelles aussi ne sont point suspendues, ni
par appellation, ni par reformation ni par demande
de relief ou reuision: toutes telles sentēces de doiuēt
mettre a execution. Mais si lesdictes sentences ou
autres quelles qu’elles soyent, estoyēt interrompues
ou suspendues par lesdictes actions iuridiques, cest
a scauoir par appellation, reformation, restitution,
ou par reuision, telles sentences ne se peuuent aucunement
mettre a execution. Mais quant aux sentences
qui par vne seule requeste ont este suspendues,
elles sont toutalement executables, mais toutesfoys
en baillant caution. Mais, (comme i’ay dict) des sentences
qui se suspendent par demande de relief ne
se doiuent executer tant qu’il a este decis & determi
ne de ladicte demande de relief ou restitution. De
3 ceste maniere, toutes sentences des Magistrats subalternes
(lesquelles en practique on appelle pedanes,)
sont en Flandres executables en baillant caution.
pourueu qu’elles soyent telles quelles se puissent
reparer & restablir par la definitiue, nonobstant
appellation quelconque, par nouelle ordonnance
4 faicte l’an. I458. Mais quant aux sentences qui sont
donnees par le Conseil, elles ne sont point executables
soubz caution ou en autres manieres, s’ainsi est
qu’on en ait appelle. Pareillement, les sentences qui
auroyent este prononcees passe vn an, ne se peuuēt
mettre a execution, si ce n’estoit qu’elles eussent este
de rechef prononcees executables, ou si on n’auoit
6 commence a les executer dedans l’an. Mais il fault

noter ce point quant a l’execution des sentēces, cest
que toute sentence laquelle vne foys prononcee a
este executables ne se prescrist iamais par le terme
& espace d’un an, ains demeure a tousiours executable,
si ce n’estoit que celui contre lequel elle se prononçoit
executable fust preuenu de mort. Car en
ce cas, les heritiers du d’effunct seroyent adiournez
auecques intimatiō, a celle fin qu’ils vissent & ouis
sent de rechef prononcer la sentence executoire. Da
uantage est a noter, qu’on procede a l’execution des
causes ou sentences en quatre manieres. Premierement
sur les sentences donnees qui sont passees en
chose iugee. Item sur les contracts qui sont passez
iuridiquement sur les deniers du Prince. Item, pour
vne debte priuilegiee, telles que sont les rentes annuelles
des treffonds, vne debte de louage de maison,
vne debte de biens de pupilles. Finalement les
trafiques faictes a la foire ou au marche sans aucun
terme ou condition, car quand au marche ou contract
on ne met point de cōdition ou de terme pour
payer, alors l’achapt s’entend estre faict d’argent
comptant.
CHAPITRE CCLV.
A qui il compette faire l’Execution.
Sommaires.
I Les sentences se mettent a execution par le mesme Iuge.
2 Les sentences des Iuge de villages Es choses reelles se mettent axecution par le Iuge.
3 Les sentences des Iuge de villages En personelles se mettent a execution par le Preuost.
4 Le Iuge de l’appellation execute la sentence confirmée.
5 Le Parlement execute aucunement la sentence du Iuge subalterne.
6 Les sentences s’executent au Conseil par b Huissier.
7 Huissiers extraordinaires n’executent En reeles, oultre deux liures de groz par an.
En personelles, oultre 200. lib. de France.
8 Le Iuge seculier, & ecclesiastique s’entreaident a faire l’execution.
9 Vn Iuge peut receuoir vne sentence de l’autre Iuge pour la mettre a execution.
I Toutes sentences se mettent a execution
par le Iuge ordinaire de la sentence mesme,
soit qu’icelui mesme Iuge eust prononce
ladicte sentence, ou son lieutenant delegue, ou bien
l’arbitre son subiect, principalement ou icelle sentēce
auroit este emologuee & approuee par la partie. a
2 Aussi les sentences des Magistrats plus bas en Flandre,
& en matiere reelle se mettent a execution par
l’admonitiō, cōmandement, ou par sentēce de celui
3 qui a pronōce la premiere sentēce. Mais en matiere

personelle par la requeste du Preuost, Bailly, Escoutette
4 ou aultre officier & Preuost des Princes. Et cōbiē
que par le Iuge la sentēce d’appel du Iuge subalter
ne soit ratifiée & confirmée, si est ce toutes foys par ladicte
sentēce ne se met point a l’executiō par ledict Iuge
subalterne, ains par le Iuge de lappellatiō qui a cōfirme
icelle sentēce. Et ainsi a lon coustume en vser
en Flādre, & pareillemēt au grād Cōseil de Malines
Conse

CIVILE. 3I7
5 Consequemmēt, les Conseillers de la Cour de Malines
mettent a execution les sentences des Iuges
subalternes, non pas realement & de leur propre office,
mais par mandement, sur peine d’oppositiō ou
contradiction, & auecques cognoissance de cause.
6 Or les sentences tant du Cōseil prouincial de Flandre
que du Parlement de Malines se mettēt toutes
a execution par l’Huissier, & par commission especialle
7 de l’Huissier. Mais audict grand Conseil y a
grāde difference entre les Huissiers ou executeurs.
Car les Huissiers extraordinaires ne peuuent executer
en matiere reelle qui puisse exceder ka somme
de deux liures de groz de reuenu par an. Ni aussi
en matiere personelle, qui excede deux cens liures
8 a vne foys, estimant la liure a I5. gros. Suiuant matiere
le Iuge seculier met a tous coups la sentēce du
Iuge ecclesiastique a execution, mais cela faict il seu
lement en quelques crimes. Comme aussi au contraire,
le Iuge ecclesiastique en quelques causes, met
a execution la sentence du Iuge profane ou laye, &
ce par inuocation du bras seculier, b Pareillement
vn Iuge seculier prent & met a execution la senten
ce d’un aultre Iuge seculier & ce par lettres requisitoires.
Car en telle sorte l’un Iuge peult assister &
tenir la main a Baultre a executer telles sentēces en
faueur de Iustice. c
a c. Si quis extra de for. compet. & l. A Diuo Pio ff. de
re iudica.
b Vt notat Inno. in c. Primo iuncta ibidem gloss. in verbo
Publicum conuocent auxilium extr de offic. ordinarij.
c l. A diuo Pio ♣. Primo ff. de re iudicat. c. Postulasli. extra
de foro competenti.
CHAPITRE CCLVI.
Quand on doibt faire l’Execution.
Sommaires.
I L’execution de la sentence En matiere personelle Ne se faict auant quatre moys.
2 L’execution de la sentence En matiere personelle Au Conseil De Flandre De Malienes
elle se saict selon la qualite de La personne.
Du lieu.
Du temps.
3 L’execution de la sentence En matiere reelle ou l’appellation n’accede elle se faict
apres le I0. iours.
4 L’execution qui est faicte es iours de dimenche & feste n’est valable.

5 Criées ne se doiuent faire es iours de dimench. s ou festes.
I Selon les droicts en matiere personelle est defendu
que la sentence ne soit mise a executiō
auant le quatriesme moys expire. a Mais au
Conseil de Flandre au grand Conseil de Malines,
l’execution de la sentence ne se differe point autant
ni si longuement, si ce v’estoit que le Iuge pour certaine
& raisonable cause voulust disserer autant ou
encores plus longuemēt l’execution de ladicte sentence,
ce qui lui est toutalement loisible faire. Car
ce temps de quatre moys se peult prolonger au accourcir
par le Iuge iouxte la qualité & quantité de
3 la sentence, cause personne; & lieu . b Mais en matiere
reelle, la sentence de laquelle on n’a appellé,
se met a execution incontinent apres le dixiesme
iour, pourtant que lors elle est libre & ratifiée, & est
passée en chose iugée, tellement que lors le Deman
deur vient a estre mis en possession de la chose par
lui demandée & laquelle lui auroit este adiugée. c
4 Consequemmēt, les executions qui se font es iours
des dimenches ou festes ne sont valables, selon l’opiniō
de plusieurs, si ce n’estoit qu’on craignist qu’il
y eust danger a les differer iusques a vn aultre iour,
auquel cas est conuenable que tout iour serue a la
5 Iustice. d Mais il se fault bien garder de chose qui
est indigne selon les droicts, qu’il ne se facent aucunes
criées iudicielles ou aucuns edicts publicqs es
iours de dimenches ou festes, ni auant ni apres le di
uin seruice faict. Mais la practique a violentement
enfraint ceste loy. e
a c. Querent ext. de offic. delega.
b Vt notatur c. Quod ad consultationem extra de senten.
& re iuddica.
c c. Cum Bertoldus extra de senten. & re iudica.
d l finali C. de ferijs.
e l. De quibus ff de legib.
CHAPITRE CCLVII.
Contre qui se faict l’Execution.
Sommaires
I Execution de la sentence se faict Contre le principal qui est condanne, & non contre le
procureur si ce n’est & c.
2 Execution de la sentence se faict Contre le principal condanne, & non pas contre celui
qui l’ha cautiōne, si ce n’est & c.
3 Execution de la sentence se faict Contre le mari, pour toutes les debtes de sa semme.

4 Execution de la sentence se faict Contre le Curateur des biens, quand les heritiers ne se
mettent poins dans les biens.
Dd 3 L’execution

3I8 LA PRACTIQVE
I L’Execution de la sentence se despesche &
se faict tousiours contre le principal condanné,
ou ses biens, & non contre son procureur
qui a plaide & defendu sa cause, Si ce nestoit
qu’icelui procureur eust preoccupé en icelle cause
sans charge sans commission ou procuration. Car
en ce cas, l’executiō de la sentence se darderoit contre
2 tel procurent temeraire, & non contre celui qui
seroit condanne. a Pareillement l’execution de la
sentence se doibt faire cōtre le principal qui est condanné
& non pas contre son pleige. b Si ce n’estoit
peult estre au cas que le principal condāne fust
absent, ou qu’il fust examine & recherche par le Iuge,
ou bien qu’il ne fist cōte de lui pour ce qu’il fust
d’une nature si rude & reuesche, si estrāge, si rioteux,
si grād harcelleur, & tāt biē entēdu es proces & plaiderie,
tāt ruse & cautelleurs, qu’on ne peust rien faire
ou traicter auecques lieu, auec equite & raison. Car
en ce cas l’executeur auecques conuenable pruden
ce pourroit expedier son execution contre le pleige
ou cautionaire, sans faire cas du principal, ains le
laissant la en sa peruersite, encores qu’icelui principal
fust trop plus puissant & riche que son pleige.
Ains qui plus est, selon plusieurs il nest point necessaire
3 faire d’executiō cōtre le principal. Pareillemēt
l’execution de la sentence se doibt expedier contre
le mari pour toutes les debtes de sa femme auāt que
le mariage fust faict, ou qu’icelle femme a puis apres
faict durāt & constant ledict mariage, car par le mariage
contracte le mari est obligé a toutes les debtes
de sa femme, tant presentes que futures & constitue
4 principal. Au reste, Quand le principal qui est
condanné, & par sentence oblige vient a faire cessiō
de tous ses biens, ou bien qu’il vient a morir auant
l’execution de la sentence, & que ses heritiers ne se
mettent point en possession de la maison mortuaire
ni des aultres, tellement que par telle maniere n’apparoist
aucun qui soit possesseur desdicts biēs, alors
le crediteur faict par le Iuge ordinaire establir Cura
teur ausdicts biens ainsi vacans, & alors icelui credi
teur se met a preceder cōtre tel Curateur ainsi establi.
a Sicuti notatur in l. Si se non obtulit in principio & ♣.
primo & secundo ff. de re iudica.
b Autentica Praesente C. de fideiussorib.
c Iuxta Bartol. inl. Cum satis in I. Colum. C de agri.

& censi. lib. II. per Iaso. in ♣. Item si quis in fraudem. Institut.
de actionib.
CHAPITRE CCLVIII.
De la maniere de faire l’Execution.
Sommaires.
I L’executeur de la sentence Reele, met le Demandeur en possession reelle & actuelle.
2 L’executeur de la sentence Personelle, vend Biens immeubles Heritages Fiefs Credites
& cedules Puis apprehende icelui condanné Du condanne.
3 Deteslation de ceulx qui sont emprisonner leurs freres.
4 Celui qui est condanne peult bailler a l’executeur tels biens qu’il veuls.
5 A vendre biens meubles & immeubles fault garder ordre.
6 Sentence personelle Se prent diuersement.
7 Sentence personelle Comme elle se prent a Bruges.
8 Sentence personelle Comme elle se prent ailleurs.
9 A l’execution de la sentēce Reele, n’est point besoin de denonciation.
I0 A l’execution de la sentēce Reele, n’est point besoin de denonciation
Personelle, est besoin de denonciation & d’attendre huit iours.
II Le condanne peult recouurer son mesnage vendu dedans huit iours.
I2 Vente de choses Non feodales, se faict Au lieu accoustumé.
& Par troys denonciations faictes en l’Eglise par troys semaines.
I3 Vente de choses De choses feodales, dedans quatre quinzaines.
I4 L’executeur Procede tousiours en ses denonciations ecclesiastiques non obstant
appellation.
I5 L’executeur Doibt signifier au condanné chascunes denonciations.
I6 L’executeur Ne peult vendre plus que ce qui lui suffist.
I7 L’executeur Vendant plus ju♣’l ne conuient est tenu en rendre compte.
I8 L’executeur Au Conseil de Malines met & escrit son salaire, auec Les aultres despens
qui sont a executer.
I9 L’executeur Au Conseil de Malines met & escrit son salaire, auec Les deniers du
Prince qui sont a executer.
20 L’executeur Au Conseil de Malines met & escrit son salaire, auec En executant le pris
du decret.
2I L’executeur Au Conseil de Flandre il excute son salaire auecques le principal.
22 Les salaires des executeurs sont appellez sportules.
23 L’executeur Doibt premierement dire & declarer le pris de la chose qui se doibt
vendre.
24 L’executeur Admet celui qui est appellant en consignant.
25 L’executeur Admet l’appellant qui n’est condanne sans consignation.
26 L’executeur Admet tout marchandeur ou encherisseur & le note.
27 Feodal contre la vendition du fief appeller ici ne doibt.
28 Foncier contre la vendition du fond appeller ici doibt il toutalement.
29 On s’oppose contre la vendition de l’execution iusques a la chandelle esteinte.
30 L’Executeur apres la chandelle esteinte cesse de passer oultre.
Apres

CIVILE. 3I9
Apres que nous auons traicte de l’execution
des sentences, qui c’est qui les doit executer,
quand l’execution se doibt faire,
& contre qui elle se doibt faire, reste maintenant
qu’en peu de paroles nous declarions en brief la ma
niere & forme de l’executer, laquelle’est a considerer
I diuersement. Car quand il y a quelque sentence a
executer en matiere reele adonc l’huissier ou quelque
autre executeur met & maintient le Demandeur
2 en possession reele & actuelle. Pareillement, es
actions personelles, l’executeur procede aux biens
de celui qui est condanné par subhastation & vente
publique, mais il fait cela de degre en degre & en ceste
maniere. Premierement il procede contre les biēs
tages, puis aux fiefs, consequemmēt aux credites &
obligations actiues & finalement sur la mesme per
sonne du condanné. a & ceste derniere affliction
est ainsi establie par les droicts ciuils. Mais les
3 loix chrestiennes ont du tout en horreur vne telle
cruaute & tirannie si inique, & toutalement conseillent
aux homes qui font profession destre Chrestiens
de se monstrer plus doulx enuers leurs freres.
Car si Christ commande aux sient qu’ils ayment
leur prochain ainsi qu’eux mesmes, ceux la ne traictent
ils pas leur prochain assez & plus qu’assez dure
ment & rigoreusement qui sans pitie ne compassiō
aucune vendent ses biens, autant presens qu’auenir,
sans qu’ils se monstrent si despiteusement cruels cōtre
le poure condanné, qui est leur frere en Christ &
selon le monde est du tout perdu & ruine, que
apres auoir tout vendu ils mettent le pouure misera
ble en la prison. Or aduisent donc ceux qui ont le
coeur si ferre & diamantin comme au dernier iugement
ils se pourront purger d’une telle cruaute deuant
le Iuge tresiuste, & comme ils euiteront ceste
aspre parole prononcee en leuangile. Meschant serui
teur,ie t’ay quitte toute la debte, pourtant que tu
m’en as prié. Ne falloit il pas que tu eusses aussi pitie
de ton compagnon, comme i’ay eu pitie de toy? & le
Seigneur estat courrouce le liura aux bourreaux & c.
4 b Mais ie reuien a mon propos. Doncques, c’est ordre
d’execution ci mentionné se doibt si estroictement
garder, qu’il ne soit a lexecuteur aucunement
licite l’enfreindre ou peruertir, si ce n’estoit que le

condanne eust deliure ou monstre aultres biens a le
executeur lesquels il aimeroit mieux estre venduz
5 en criee & a l’anquant ou sonhastation. Car encores
que le debteur n’eust monstre quels biens il aimoit
mieux estre premierement venduz, toutesfoys l’executeur
se doibt porter & maintenir tellement en
son office, qu’il vende tousiours premiere ment les
biens qui apporteront au debreur moins de domage
& detriment, tant en meubles que biēs immeubles
de sorte que quant aux meubles il vende tousiours
les plus menuz, & ceux qui moins endomageront
le debteur (comme desia i’ay dict) premier que toucher
aux plus grands, la vendition desquels porte
plus de nuisance. Et fera aussi le semblable quant
aux biens immeubles, c’est a scauoir qu’il vēdra pre
mieremēt les plus legers & moins bōs & qui moins
porteront de domage auāt que venir aux meilleurs
& plus grands, & qui porteroyent plus de domage
& ce a fin qu’amour de iustice soit en tous cas garde
& que tout souspeçon de hainne ou malice soit du
tout dechasse, lequel souspecon se monstreroit facilement,
si pour peu de cas l’executeur tant es meubles
comme deritages, se mettoit’a vendre quelque
& precieux meuble, ou quelque belle & bonne pie
ce de terre ou aultres biens & heritages d’importan
ce, & que iniquement il attentast faire telle venditiō
ce qui ne lui est loisible. c Si doncques l’executeur
vient a enfreindre cest ordre & distinction, le debteur
pourra appeller de son execution, comme de
celui qui aura excede l’ordre iudicial. d En combien
6 de manieres l’executeur excede en son office. e Mais
ici fault noter, Que les sentences ciuiles personelles
selon la diuersite des lieux se prononcent & executent
diuersement. Car a Bruges en Flandre es sentēces
ciuiles chascun y est condanne personellement,
aussi y est on pareillement condanné reelement, c’est
a scauoir la personne y est condannee en corps &
biens de manière que telle sentence est donnee pour
l’un & l’autre, scauoir est pour comprendre la personne
du debteur, & ses biens quant & quant, pour
estre executez & vendus en temps & lieu tant en
sponsions que biēs propres, de maniere que audict
lieu est permis prendre le debteur & apres sa prinse,
faire arester & vendre ses biens, tant qu’il soit satisfaict
a la somme du creancier & es despens pareillement
Mais si auant cest arrest il aduenoit que le

debteur mourust en prison, alors ō estime bien que
la debte est amortie & esteincte, & alors le corps
mort est mis en vne biere, & est mis deuāt la prison
par l’espace d’une heure ou deux, & ainsi est a tous
monstre publiquement, qu’auec son corps & sa vie
il paye ses creanciers. Et ainsi le debteur estant dece
de de ceste maniere est toutalemēt quitte & absoult
de la debte, Mais si auant son trespas ses biens eussent
aussi este arrestez par le creancier alors icelui
creancier aptes la mort du debteur faict par decret
vendre sesdicts biēs meubles & immeubles esquels
8 aussi lui competoit action. Mais en aultres lieux la
maniere & nature de la sentence personelle est quelle
baille au creancier action ou contre sa personne
ou contre son bien, de maniere que quand le creancier
faict executer le debteur, alors il dechet du tout
de l’action qu’autrement il auroit sur ses biens. Et
par aultre part, s’il faict vendre ses biens, il ne lui res
te plus droict aucun contre la personne du debteur
Car par la sentence il a obtenu droict d’action sur
l’un ou l’autre lequel bon lui semblera, mais il na eu droict
de faire execution sur tous deux, ains seulement
sur l’un ou l’aultre, tellement qu’en voulant
essayer lautre remede d’estre paye il viendroit a les
perdre tous deux. Il y a en oultre vne aultre differen
9 ce a noter sur ce passage entre l’execution de la sentence
reele & personelle, qui est que pour faire
execution de sentēces reeles n’est point besoin que
l’executeur procede par aucune denonciation, ains
pourra en icelles incontinent proceder reelement,
e’est a scauoir es choses mesmes & par faicts. Mais
I0 pour faire execurion des sentences personelles, i’execution
preallable, & au cōdanne doibt estre per
mis le temps & espace de deliberer iusques a huitaine
ou dauantage, car autrement sans ceste denonciation
& permission de huit iours pour le moins, l’execution
seroit nulle & de nulle valeur. Mais apres l’execution
II & vendition faicte des biens meubles ou
vtensiles, on octroye encores huit iours au condanne,
a ce que dedans ledict temps il deliure & rachate
lesdicts vtensilles ou meubles. Mais ce temps la consiste
& gist en larbitre & bon plaisir du Iuge, iouxte
D d 4 la quala

320 LA PRACTIQVE
la qualité des personnes, des choses & causes. f Mais
I2 quantes executions reeles de maisons, de champs
de rentes ou semblables, elles se doiuēt faire es lieux
acoustumez & par troys denonciations ecclesiastiques,
de huitaine en huitaine sans aucune interruption.
I3 Et pour le regard des executions reeles qui aussi
sont feodales, elles se doiuēt faire par quatre quin
zaines & proclamations ecclesiastiques sans aucune
I4 interruption. Et si quelqun veult appeller de ceste
execution ou s’y opposer, neantmoins icelui executeur
procedera tousiours a continuer & accomplir
ses prononciations ecclesiastiques nonobstant oppo
sirion ou appellation quelconque, & sera ferme en
I5 poursuiuant son affaire. Et a chascune des susdictes
proclamations ecclesiastiques doibt tousiour l’executeur
denoncer au debteur ce qu’il aura faict ou ex
ploicte, & iusques ou il aura procede au negoce, &
dauantage lui signifier de nouueau qu’il satisface au
principal & despens, & que lors il est tout prest de
I6 sursoir l’affaire, & de ne passer oultre. Il fault en oultre
noter ce point, c’est que lexecuteur ne peult non
plus vendre de biens, & ne peult en la denonciation
ecclesiastique mettre plus de biens qu’il lui suffira a
faire son execution. c’est a scauoir a payer le principal
I7 & les despens. g Et si l’executeur n’a pas assez de
biens meubles pour satisfaire & qu’il soit contraint
proceder par la vendition de quelque champ ou he
ritage, & qu’icelui champ vendu lequel ne se peult
diuiser monte a plus d’argent qu’il n’en fault a lexe
cuteur sera tenu rendre conte au possesseur du chāp
de ladicte vendition & du surplus de l’argent qu’il
I8 lui resteroit entre mains. Mais suiuāt le stile du grād
conseil de Malines, es executions de despens tauxez
lexecuteur y couche les despens qu’il a faict, & son
I9 salaire. Le mesme met aussi son salaire en conte, quād
il monstre qu’il a vaque aux negoces & deniers du
20 Prince. Mais quant aux executiōs des sentences qui
sont donnees & prononcees par decret, lexecuteur
faict taxer son salaire suiuant sa mesme relation, &
puis faict executer & receuoir sadicte taxe par vn
2I aultre huissier. Mais en Flandre les salaires des executeurs
s’incorporent & sont mis a executiō auec le
22 principal. Et fault en ce lieu noter qu’iceux cousts
ou despens qui se doiuent aux executeurs, sont en

droict proprement appellez sportules. h Et la quantite
d’icelles n’est point definitiue, sinon en deux cas.
23 i Au reste quand l’executeur procede par denonciations
ecclesiastiques a la vendition des biens du con
danne, alors le pris de la chose qui sera a vendre se
deura dire & signifier premieremēt dedans les troys
ou quatre denonciatiōs susdictes, auecques les charges
& reuenuz du dict heritage. Et si dedās icelui tēps
il ne se trouue aucū pour mettre a pris ledict champ
ou heritage, en ce cas icelui executeur sera lui mesme
tenu aprecier ladicte chose ou heritage, suiuant
la bonne information & cognoissance qu’il pourra
tirer d’aultres touchant la valeur & pris d’icelle chose,
& alors il ordōnera quelque certain gain & profit
aux apreciateurs & qui offrerōt plus qu’elle ne mōte
a cause qu’il l’auront mise a lenchere & haulsee
de pris, quasi en ceste maniere. lestime ceste heritage
ou ceste maison & l’aprecie a cent liures, quiconque
mettra dix liures au dessus, il aura six liures pour son
enchere. Et qui l’augmentera de vingt liures, pour
son enchere il aura huit ou dix liures. & c. Car telles
choses sont arbitraires, & se peuuent establir & aug
menter selon la volonte & arbitrage de l’executeur
& des encherisseurs ou offrans. Que si celui qui est
24 condanne se vouloit opposer a l’apreciation ou vente
d’icelle chose apreciee, l’executeur sera toutalement
tenu admettre &receuoir l’opposition du cōdanné,
pourueu qu’icelui condanne opposant consigne
deniers, autāt que monte icelui pris aultremēt
25 non. Voire & qui plus est il admettra aussi aultres
apres le condanne opposans a leur opposition, enco
res qu’ils ne consignent, mais il leur donnera iour
d’assignation pardeuant le Conseil ou aultre Iuge,
a ce que la apertement ils declarēt les causes de leur
26 oppositiō. Aincoys il receura tous ceux qui se voudront
presenter, & ce pendant aussi il receura tous
ceux qui voudrōt mettre a l’enchere, & notera leur
27 haulse & auction en son papier & registre. Et ne
fault point que le Seigneur feodal, ou le maistre de
l’heritage s’oppose a icelle apreciation de fief ou heritage,
a ce que par ce moyen il defende & garde les
droicts quil a annuellement sur ledict sief, ou heritage,
& qu’ils ne lui sont encores payez, ou biē quelques
autres droicts, pourautant qu’iceux droicts se
conseruent par le droict mesme, & demeurent asseu
28 rez sans opposition quelconque. Mais tous les aultres

qui ont rentes sur icelui heritage ou fief ou bien
ausquels il est engage, ou hypotheque, tous ceux la
se doiuēt opposer contre icelle vendition, au moins
s’ils veulēt garder le droict qu’il y ont. Et sont tous
cens ci admetables deuant l’executeur pour faire telles
oppositions & aultres, iusques a ce que la chandelle
ardente soit esteinte selon la coistume, & en cores
puis apres deuant le Iuge, iusques a ce qu’on des
tache le seel de cire qui auroit este pendu aux lettres
29 de decret. Dauantage doiuent estre admis deuant
icelui executeur, & a icelle chandelle ardente tous
achepteurs qui voudront mettre la chose proposee
30 a lenchere. Et apres la derniere criee ou denonciation,
& apres que la chandelle est esteincte, l’executeur
cesse de son action & procedure, sans passer oultre,
pourtant qu’il ne peult pas encores ratifier ou
decteter icelle vendition, ains alors il faict comme
vn forme pour le bailler au Iuge qui aura a decreter
ladicte vente de biens. Et quant & quant insere en
icelle sienne relation le nom du sergent, officier lequel
il a pris pour adioint a faire & executer sa commission
Car autrement on ne se doibt fier au seul
executeur en faisant son execution.
a l. A diuo Pio ♣. In venditione & ibi Bartol. & alij scri
ben. ff. de re iudic.
b Matth. I8.
c Vide Bartol. in l. A diuo Pio ♣. In venditione iuncta
ibi gloss. in verb. Animalia alias animal. s. ff. de re iudicat
& l.monentium ff. de ve bor significat. & l. Quandiu C.
de distract pigno. Bartol. Alexand. & scribent. in d. l. A diuo
Pio ♣. In venditione.
d vt l. Ab executione C. quorum appel. non recipiunt. &
l. Executorem C de execu. rei iudica.
e Notatur in gloss verb. Excedat in d. l. Ab executione.
f ♣ Penultimo titu. de execut. sentent.
g gloss in verb. Ex edat in l. Ab executione. C. quorum
appella non recip vide Specula. in. ♣. Sequitur videre, ver
sic. 2. cum sequent. in tit. de execut sentent.
h C. de sportulis per totum titu.
i Qui habentur in l.Omnes qui ♣. Executoribus C. de
Epis. & cleri.
CHAPITRE

CIVILE. 32I
CHAPITRE CCLIX.
De parfaire Decrets.
Sommaires.
I C’est au Iuge a decreter, aprez les solennitez parfaites.
2 L’heritage ne s’adiuge point par decret, que toutes les oppositions ne soyent decises.
3 L’achepteur de l’heritage qui est en decret recognoist seulement les reuenuz qui sont
declarez.
4 L’achepteur decretal peult deliurer a vn aultre l’heritage par lui achepte.
PRECO.
SVBHASTATOR.
PRECO.
Iay vn peu au parauant dict que l’executeur ne
peult de soymesme decreter sa vendition, pour
tāt pre tel decret se doibt faire par le Iuge, & non
I par l’executeur. Car apres que le Iuge a receu la relation
de l’executeur, il la viēt a examiner, & aduise
diligemment si l’executeur a bien faict son office,
c’est a scauoir s’il a bien & deuemēt faict les denonciations,
tant du condāne que de l’Eglise, & si auecques

322 LA PRACTIQVE.
auecques deue solemnite de chandelle ardente, il a bien
tout parfaict, & continue sans interruption. Car apres
qu’il aura par la relation de l’executeur cognu
toutes choses auoir este deuement faictes, alors il
permettra sans differer au demandeur & adiugera
2 le decret de la commission faicte & accomplie. Si
est ce neantmoins quon n’adiuge decret aucun a qui
le demande, auant que toutes les oppositions (s’aucunes en
y a) soyent vuidees & decises, auant aussi
que le pris de la derniere vendition offert par le der
nier encherisseur soit enregistre au greffe, car le Iuge
procede es decrets meurement & tardiuement,
a ce que par trop grande hastiuete ne soit faicte aucune
iniure a l’une ou l’autre des parties, ains qu’a l’une
& l’autre soit par ce moyen son droict garde.
3 Et apres prele decret est adiuge l’achepteur est cer
tain & asseure de son achapt, tellement qu’apres ce
decret passe, nul n’a loy ne droict de demander sur
icelui fond & maison ainsi decretee aucuns reuenuz
ou hypothecations, ou aultres charges que celles
qui ont par especial este declarees es lettres de decret.
4 Et ainsi l’achepteur decretal apres le decret ad
iuge pourra garder & retenir pour soy icelui heritage
ou maison par lui acheptee, ou la ceder a vn aultre.
Ou bien il pourra icelui fond ou maison vendre
a l’enheriter, c’est a dire iusques a ce qu’il en ait pris
plein domaine, par lequel il est constitue & establi
en reele possession ou incorporation, car parapres ne
lui sera loisible ce faire pour le mesme droict d’inhe
redation, car si apres ceste inheredation & reele possession
prinse il vouloit vendre le dict fond ou heritage,
cela lui seroit bien loisible, mais auecques nouelle
deliurance de seigneurie & auecques nouueau
pris iudicial.
CHAPITRE CCLX.
Comme les Deniers qui sont executez par
Decret se distribuent.
Sommaires
I Argent decrete, paye Les despens de L’execution, & salaire l’executeur.
2 Argent decrete, paye Les Rentes Seigneuries & droicts feodaux.
3 Argent decrete, paye Les crediteurs qualifiez, ausquels le tresfond d’heritage auroit este
affecte.
4 Argent decrete, paye Les crediteurs realisez premiers en la datte.

5 Argent decrete, paye Tous creanciers, quels quils soyent.
Apres done que par l’executeur toutes choses
auront droictement & deuement este
paracheuees, & que le decret aura este adiuge
a l’achepteur, alors le pris d’icelle vendition de
cretalle, c’est a dire l’argēt contāt qui en auroit este
tire, est distribue selon la maniere & ordre qui s’ensuit.
I Premierement & auant toutes choses on
deduit d’icelle somme les despens de l’execution auec
le salaire de l’executeur qui aura execute la commission
de la sentence, & a cela se paye tout le premier.
2 En second lieu se payent d’icelui argēt toutes
rentes, tant rentes a vies, comme rentes annuelles,
& aussi les domaines & droicts du Prince ou
patron ou Seigneur feodal, parlequel, iceux biens
feodaux comme beneficiaires ont este gardez. Et
quant au reste de l’argent, il se distribue aux parties
opposantes, & se faict cela en ceste maniere & ordre.
3 Les creanciers rentiers qui ont leurs rentes
annuelles assignées & hypothequées, prenent leurs
payements auant les aultres crediteurs, qui n’ont
en celui fond aucun hypotheque ou realisation.
4 Et s’il aduenoit que plusieurs ensemble eussent rentes
hypothequées ou realisées sur ce fond & heritage,
en ce cas celui duquel les rentes & tiltres sont
plus anciens de temps est prefere aux aultres, excepte
toutes foys le crediteur executeur, s’il estoit aussi
affecte & realise sur ledict heritage, car il doibt estre
prefere a tuos quant au payement, encores que la
constitution de sa rente fust toute la derniere, & ce
pour la digence qu’il auroit faicte a faire faire ceste
executiō. Car les droicts subuiennēt a ceux qui veillent
& non a ceux qui dorment. a Sceuola, Mais
i’ay veille, i’ay faict ma condition meilleure. Le
droict ciuil est escript pour ceux qui veillent, &
pourtāt ne se reuoque point ce que i’ay perceu, suiuant
ce qui est escript en Varro. b Dieu (dict il)
ayde a ceux qui oeuurent, & le prouerbe Françoys,
5 Ayde toy & Dieu t’aydera, Mais quant au Crediteur,
la constitution & establissement duquel est tenu
le dernier, si icelui se deffie qu’il ne lui restera chose
aucune du residu pour estre paye, il pourra en ce
cas prendre & apprehēder ladicte execution, pourueu
qu’il eust paye tous les aultres crediteurs premiers
en datte de leurs credites.
a l. Pupillus in fine ff. Quae in fraudem creditor.

Libr. I. de le Rustica.
CHAPITRE

CIVILE. 323
CHAPITRE CCLXI.
Des L’Execution en laquelle les biens ne suffisent.
I En insuffisance Des meubles, on paye Premierement a l’executeur pleinemens.
Puis la debte priuilegiée, plainement.
Tiercement, aux aultres Crediteurs par distribution.
En insuffisance D’immeubles, on paye Premierement a l’executeur plainement.
Puis au Seigneur, auec le reuenu d’un an.
A chascun des rentiers vn an.
Quartement, aux aultres creanciers distributiuemens.
Il aduient bien souuent que les biens de celui
qui est condanne ne suffisent tant aux fraiz du
proces, comme a la demande principalle, & aultres
crediteurs. Or toutes & quantes foys que cela
aduient, on y doibt tenir & garder ceste maniere.
I Es executions ou venditions esquelles on trouue
estre insuffisance, cest a scauoir ou on ne trouue pas
tant de biens meubles ou mesnages qu’ils puissent
suffire a tous & contenter vn chascun, en iceux l’executeur
prent son droict entier plein & toutal salaire.
Puis de ce qui reste on satisfaict au louagers
des maisons, & aux rentes foncieres, pourtant que
telles debtes sont tenues pour priuilegiées. Et ce
qui restera d’argent se payera aux aultres creanciers
mais par egalle portion seulemēt, de sorte que chascun
selon la grandeur de sa debte ait pareille & egalle
portion, secundum aus & libram, comme on a accoustume
2 de parler. Aussi semblablement, quand insuffisance
naist quant a la vendition des tresfonds d’he
ritages, icelui mesme executeur prent tout le premier
son salaire & gage. Puis le Seigneur feodal, si
ce fond est feodal prent du reste le droict de son domeine,
& quant & quant le reuenu d’une annee.
Puis apres on paye aux aultres crediteurs ausquels
les reuenuz sont assignez & hypothequez sur icelui
fond, ce qui se faict par ordre du pris de la vendition,
mais a chascun vne année sans plus. Et si lors il
reste quelque chose dauātage, tout cela se distribue
egallement & a la liure aux aultres opposans & crediteurs,
a chascun selon la rate & somme de sa credite,
& secundum as & libram. Mais en tous ces cas
doibt on obseruer la coustume du pais & le stile re
ceu de la Court.
CHAPITRE CCLXII.

Quelles choses empeschent l’Execution &
quelles non.
Sommaires.
I Empeschent L’Execution L’appellation legitime.
Nouelle transaction des parties.
Nullite de sentence.
Demande de relief.
Laps de temps, scauoir est d’un an.
La suruenue d’un tiers, qui dict la chose estre sienne.
Quand la debte est subiette a la volonte des Crediteurs.
Lettres Stataires.
2 N’empeschent point l’execution Quinquennelles ni lettres de suspension.
3 N’empeschent point l’execution Il ny a point de lettres suspensoires pour debte qui est
priuilegée.
4 N’empeschent point l’execution Quelle debte est priuilegée.
5 N’empeschent point l’execution Complaintes & cauillations inutiles de la partie.
6 N’empeschent point l’execution La partie qui allegue faulsete instrument est ouye, mais
execution ne s’arreste pourtant.
I Il y a plusieurs cas qui empeschent l’execution
commise ou a commettre de l’executeur. Et
premierement suspend l’execution vne appellation
legitime. En apres vne nouation ou nouelle
transaction faicte entre les parties apres & sur la sentence
donnée. Tiercement, nullité de la sentence,
de laquelle appert tout contant & incontinēt apres
la sentence prononcée. Quartement, vne demande
par laquelle aucun requiert estre releué & restabli
contre la sentence. Cinquiesmement, le laps de tēps
c’est a scauoir toutes foys & quantes qu’il y a plus
d’an & iour que la sentence a este prononcée, car il
c’est pas licite appeller d’une sentence annalle, comme
nous auons dict au chap. 254. Pour le sixiesme
point, quand interuient vne tierce persone, qui dict
& pied ferme mōstre la mesme chose dont est question
estre sienne, & qu’on auroit agi en la possessiō
d’icelle chose. Quant au septiesme cas, quād la debte
est telle

324 LA PRACTIQVE.
est telle qu’elle est subiecte a la volonte & admone
tement du crediteur: Car telle debte n’est point sub
iecte a execution auant que le crediteur ait declare
sa volonte, & que le debteur ait de rechef releue &
recognu icelle debre, si ce n’estoit que pour payer la
dicte debte y eust certain temps exprime & establi,
& qu’icelui temps ne fust encores expire. Pour le
huitiesme point, lettres stataires empeschent l’execution
de la sentence, comme celles qui arrestent lexecution
d’icelle sentence, mais cest empeschement
dure seulement au tāt de temps qu’on trouue estre
2 exprime esdictes lertres stataires.Mais quant aux lettres
de quinquennelles & suspension. sub quinquen
nelles, elles ne peuuent empescher l’execution des
3 sentence. Et quant aux lettres de suspensions elles
sont de deux manieres, c’est ascauoir generales, ascauoir
qui seruent aux causes, lesquelles nous auons o
res nommees stataires, & les especialles qui seulement
s’octroyent pour auoir le payement d’une debte.
Mais il nest pas question de toute debte, ains sans
plus d’une debte simple. Au reste, lettres suspensoires
en cause de debte ne comprennent point. & ne
se doiuent entendre de debte priuilegiee, & pourtāt
aussi n’empeschent elles point au’icelles debtes priuilegiees
ne se payent, si ce n’estoit qu’icelles debtes
priuilegiees fussent d’auenture exprimees esdictes
4 lettres. Or quant a telles debtes priuilegiees, elles se
doiuent entendre estre celles qui se doiuent au Prince,
a la Republique, aux pupilles, Eglises, loueurs de
maisons, marchandise faicte au marche sans terme
declare de faire payement, comme ci deuant a este
dict, au chap. 254. Consequemment l’executeur ne
cesse point de proceder en l’execution entreprinse,
5 & renōcee pour quelques cōplaintes ou allegations
que puisse faire partie aduerse, & lesquelles peult estre
elle obiectera contre la sentence, comme estant
iniuste, ou abusiue ou illusoire & c. Car ce n’est a
l’executeur a entendre ou prendre garde a ce que partie
aduerse pourra dire on aura dict, ains seulement
d’executer fidellement ce qu’il a en charge, & rien ne
vouloir cognoistre de l’estat & qualité de l’affaire.
a Ce neantmoins, si partie aduerse disoit, la sentēce
auoir ainsi este donnee & prononcee par faulx
instruments, en ce cas l’executeur pourroit prester
audience a la partie, & cognoistre de plus pres ce

qu’il proposeroit & allegueroit quant a icelle faulsete
d’instruments, pour l’annoter sur son papier & la
rapporter fidellement a la Court, toutesfoys nonobstant
cela il n’admettroit point son exception, ni
pour cela suspendroit ce pendant son execution
commencee ou a commencer.
a c. Pastoralis ♣. Quiae vero versic. Attendentes, extr. de
offic. delegat.
CHAPITRE CCLXIII.
De Proceder a l’Execution, nonbstant
Opposition, ou Appellation.
Sommaires.
3 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation
Quand la cause d’appellation n’est fondée en droict.
En matiere de repeter dote.
En matiere d’establissement de Tuteurs & c.
4 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation En Confection d’Inuentaire.
5 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation En defense d’administr
ation de biens.
6 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation En payement de loyer de
seruiteurs.
7 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation En causes de recreance.
8 L’executeur procede en l’execution nonobstant appellation En prouisions iugées.
I Tous Iuges ordinaires en mandāt & enchar
geant faire executions peuuent vser de ceste
clausule. Nonobstant opposition ou appellation
quelconque, principalement es causes esquelles
les droicts n’admettent appellation ou opposition
2 aulcune. Ainçoys qui plus est en France est
a lexecuteur permis executer la sentence qui est prononcee,
nonobstant opposition ou appellation quelconque,
mais principalement es cas ci dessoubz declarez.
Et premierement en matiere de dote ou
3 douaire, & pour icelui repeter, Secondement en matiere
4 d’establir tuteurs ou curateurs. Item a faire Inuentaires
5 ou roolles de biens, Item en defendāt aux
prodIuges, ou dissipateurs ou Insensez l’administration
6 de leurs biens, Item en salaire de seruiteurs pro
mis & accorde ou de seruātes iusques a trois ans & au
dessoubz. Car si le maistre & maistresse auoyent este
obligez de payer a leurs seruiteurs le salaire de troys
ans, & au dessoubz, & ils ne l’eussent paye, de sorte
pre pour cause d’icelui ils vinssent a estre executez, alors
ils ne pourront appeller d’icelle execution, ains
incontinent, nonobstant opposition ou appellation

quelconque, ils doiuent consigner icelle somme es
mains du seruiteur ou de l’executeur, pourtant qu’icelle
debte debte est le loyer de labeurs, & adonc ledict
seruiteur prendra & emportera icelle somme consignee,
apres qu’il aura baille caution deue, cest a scauoir
telle qu’il aura peu bailler. Mais en ce cas est
bien besoin de la prudente discretion du Iuge, a ce
qu’il vise & aduise bien s’il y a point quelque malice
du coste du maistre ou de la part du seruiteur, &
certainement la faueur se doibt incliner a ce que le
7 loyer du trauail se paye. Item & aussi en toutes causes
de recreance ou de possession fiduciaire. Item en
toutes prouisiōs iugees, qui ne surpassēt point vingt
cinq liures a vne foys, en baillant caution deue. Il y a
plusieurs des cas susdicts qui aussi sont en vsage au
grand Conseil de Malines, & aussi au Cōseil de Flandres,
ou esdicts cas & en plusieurs aultres, ils commettent
qu’execution se face nonobstant opposition
ouappellation quelconque.
CHAPITRE

CIVILE. 325
CHAPITRE CCLXIIII.
De Euiction.
Sommaires
I Ou & quand se faict euiction.
2 Que c’est euiction.
3 Euiction par coustume est de deux manieres Perpetuelle ou propre. &
4 Euiction par coustume est de deux manieres Temporelle pour les fruicts seulement.
5 On gagne vn fief Auecques le temps, a faulte de payement ou de satisfaire a a la debte.
&
6 On gagne vn fief Perpetuellement, pour felonnie commise contre le patron.
7 Le Seigneur censuel euinct & gangne son tresfond censuel d’euiction perpetuelle.
8 Le rentier actif euinct l’hypotheque par temporelle euiction.
9 Le Rentier auquel les fruits sont adiugez. perçoit iceux fruits sans rendre aucun conte.
I0 En quelques endroicts le Rentier euinct l’hypotheque a perpetuité.
I Les patrons qui ont leurs subiects & vassaux,
les quels nous appellons Seigneurs de Superieurs
en leurs Cours feodalles & auditoires ont oultre
ce vne aultre maniere d’executer, laquelle nous
pourrons assez proprement appeller euiction, ou
vne saisie censuaire, c’est a scauoir quand aulcun vēdique
& attribue a soy & faict saisir pour soy, par le
magistrat la telle quelle seigneurie ou possession de
2 quelque fief ou censuel ou rentier. Car euiction
n’est aultre chose qu’un transport ou perte d’une
chose acheptée ou receue pour quelque cause hone
ste, moyennant le decret du Iuge y interposé. a
Et par ainsi euincre est attribuer a soy mesme cequi
lui apertient. Celssus. Ce qu’on euinct & gangne
n’est point es biens, c’est a scauoir du premier posses
seur. Mais pourautāt que la vendication iuridique se
trouue de deux manieres perpetuelle & temporelle,
aussi disons nous euiction (en tant que les coustumes
de diuers lieux & contrées sont a considerer) estre
ici double ou de deux sortes. Car il y a vne aultre
euiction qui est perpetuelle & icelle propre, &
3 l’aultre qui est a temps & impropre. Euiction perperuelle
est celle laquelle nous auons ci dessus monstre
aduenir par decret du Iuge, laquelle baille la Seigneurie
& possession perpetuelle de la chose par maniere
qu’a celui qui est dessaisi d’icelle chose n’est
delaisse aucun retour ou retraict. Par ceste euiction
de decret & qui est perpetuelle sont euaincuz tant
fiefs comme champs ou aultres fonds & heritages,
& maisons, auecques propre & plain decret, & celui

qui euainct & gangne telle chose, en deuiēt maistre
& seigneur perpetuel, & celui contre qui elle est euaincue,
cesse d’en estre plus seigneur ou maistre,
suiuant ceste regle de Celsus. Ce qui est gangne n’est
plus es biens, il s’entend de celui du quel ou contre
4 lequel est gangne ou euaincu. Mais quant a l’euiction
qui est a temps, ou qui est dicte impropre, par
laquelle les fiefs, les fonds, maisons, ou reuenuz se
gangnent ou euain quent, non pas a ce que celui qui
ainsi les euainq ou gangne en soit seigneur perpetuel,
ains seulement pour vn vsage temporel, lequel
on dict en Flameng, yemant ten bladen doen, c’est a
scauoir bailler vn fief ou tresfond d’heritage pour
seulement en receuoir les fruicts par le Iuge, iusques
a ce que celui qui ainsi le gangne soit a plein satisfait
de sa rente. Car apres que ce plain payement est receu,
le fond de l’heritage retourne a son propre maistre,
& est l’euicteur delaisse & desert. Or retien
doncq ce qui censuit quant a l’une & l’aultre euictiō:
5 Le Seigneur feodal ne procede iamais a faulte
de payement, ou pour n’auoir par fourni la debte a
vne euiction ou desheritemēt perpetuel, de ce qu’il
6 aura vne foys baille & liure a son vassal. Mais quād
le vassal ne faict son deuoir, ou que le Seigneur a affaire
d’homes, alors il vse de ceste euiction qui est
temporaire ou a temps, saisit & possede le fief pour
quelque temps, & faict tous les fruicts d’icelui siens
iusques a ce que le vassal liure homes, le Seigneur lais
sant entre tant icelui fief vuide pour son vassal, voire
iusques a soixante ans. Mais toutes & quantes foys
que le Vassal cōmet felonnie, vilennie ou desloyaute
contre son bien faicteur & patron, par maniere
qu’il le deshonore ou lui porte domage ou nuisance,
alors le seigneur de fief se faict adiuger icelui fief,
non par decret iudicial, mais par euiction perpetuelle,
& ce par les escheuins de la Cour feodalle & auec
que cognoissance de cause le faict remettre, de rechef
en ses mains, par laquelle adiudication il faict
icelui fief sien, & se l’approprie a iamais. Mais quant
7 au fond censual il fault noter ce point: Que si le Seigneur
& possesseur censuel n’est chascū an paye de
ses censiues, ou de la rente fonciere, ou de quelque
aultre reuenu de noblesse, alors icelui Seigneur censuaire
saisit icelui fond ou heritage, cest a scauoir, il
approprie a soy par sa iustice la seigneurie propre et
perpetuelle d’icelui, & se l’attribue auecques perpe

tuelle euiction, & se le faict restituer a perpetuiré, &
par ainsi icelui fond a faulte de payement conuenable,
ou pour l’auoir denié, retourne de rechef en sa
premiere possession & propriete, lequel auoit par
le Seigneur censuaire este baille a telle condition,
que iamais icelui fond ne seroit recouurable par celui
dequel il auroit este euaincu, ains qu’il seroit
d’icelui du tout desherite & despouillé a iamais.
Et telle euictiō iuridique ou vendication perpetuel
8 le est fondée en droict. b Par semblable maniere,
quand quelque rentier actif, cest a scauoir auquel est
deu, ne reçoit de son rentier passif, cest a dire, qui
lui doibt, sa pentiō annuelle, ou reuenu hypotheque
sur quelque maison, fond, reuenu, annuel, ou bien
sur quelque fief, alors il agist par euiction tēporelle
E e contre

326 PRACTIQVE
contre l’hy’ otheque de son reuenu, & procede contre icelle
par denōciations ecclesiastiques, & aultres
solennitez accoustumees, pour en auoir le reuenu
temporaire, cest a dire iusques a certain temps (comme
dessus au chap. 258. a ce que l’hypotheque d’icelui
fond lui soit adiugee, pour y labourer, semer &
moissonner, tāt qu’il lui soit satisfait des arrierages.
9 Et ainsi faict tous iceux fruicts siēs iusques a plein
payement, & sans en rendre aucun conte. Toutes
foys il en y a aucuns qui sont d’aduis (ce qui est plus
conforme a raison) qui celui que ainsi se vient entre
mettre de labourer le champ d’aultrui en vient de
la sentence donnée en sa faueur, doit rendre bon &
loyal cōpte, & des fruits par lui parceuz, & des fraiz
& despēs qu’il y auroit faict, a ce qu’il n’use des biēs
d’autrui plus longuemēt que iusques a son payemēt.
Toutes foys en quelque endroicts de la Flandre la
Practique porte que le rentier actif se vendique &
attribue a soy le mesme fond ou la vraye propriete
d’icelui par euiction iuridique perpetuelle, par decret
pour les arrierages, & a faulte de payement des
rentes ou reuenuz, de sorte que par icelle euiction
perpetuelle, celui qui est en default de payer est a
tousiours priue & despouille de la seigneurie de son
fond & propriete d’icelui, & l’euicteur en est impatronisé
& faict heritier. Mais quant a telle euiction
il y a grand different & diuersité entre les coustumiers
ou consuetudinaires, & principalement en
Flandre.
a l. Euicta ♣. primo ff. de euict.
b l. Prima & secunda C. de iure emphiteo. & C. de
euictio.
CHAPITRE CCLXV.
De la Proximite, ou Retraicte.
Sommaires.
I Que cest que Retraict & de combien de sortes il en a.
2 Retraict est permis de droict diuin.
3 Retraict en droict Ciuil est odieux.
4 Vsage Retraict en Flandre.
5 Retraict de fonds ou maisons comme il se faict a Bruges.
6 Retraict de Rentes vendues comme il se faict a Bruges.
7 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que les biens soyent fieft, fond, &
immeubles.

8 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que les biens soyent patrimoniaux.
9 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le retrayeur soit hors de la
famille.
I0 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le retrayeur soit du parentage
du vendeur.
II Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Qui est inhabile a succeder, est
aussi inhabile a retraire.
I2 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le retraict se face en temps
deu & conuenable.
I3 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Le temps de retraict est d’an &
iour.
I4 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le retrayeur retire la chose
pour soy.
I5 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le retrayeur baille argent
contant auceques le fraiz & despens dedans vingt
& quatre heures.
I6 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Qu’il contracte auec son propre
argent.
I7 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Ascauoir si l’argent prins a prest
est propre.
I8 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que le Retraict se face de toute la
vendition.
I9 Estant vne partie du fond vendue icelle se peult retirer.
20 Plusieurs choses requises a faire vn retraict legitime Que l’on contracte auecques les
conditions & deuises declarées au contract.
2I Biens retirez prenent la nature des biens patrimoniaux.
22 Biens venduz par les testamentaires sont subiects a retraict.
23 Reuenuz patrimoniaux se retirent.
24 Fieft, fonds, champs & maisons se retirent.
25 L’achepteur deniant retraict, l’argent du retraict se consigne & c.
26 Comme doibt est e puni celui qui denie le retraict.
27 Le faulsaire qui refuse le retraict comme il doibt estre puni.
28 Celui qui demande plus grande somme du retrayeur Doibt estre puni arbitrairement.
ou
29 Celui qui demande plus grande somme du retrayeur Il est puni de la perte De l’argent
baillé.
Du principal.
Des fraiz & despens.
30 Quant aux retraicts on doibt voir Tiraquellus.
I Retraict est vne proximite ou approche, par
laquelle vne chose vendue ou contractée ou
decretée par quelque prochain ou affin est
ostée a l’achepteur, & est a soymesme attribuée & appropriée.
Ou par laquelle proximite le cousin ou parent
retire & rappelle a soy & a sa famille ou parentage

CIVILE. 327
parentage la chose d’icelle alienée. Et est ceste proximite
de deux manieres, c’est a scauoir municipalle, ou qui
est de prochaineté, scauoir est qui compette proprement
aux parents ou affins: & conuentionalle, qui
aussi compette aux compaignons des contracts.
Mais Bartholome Chasseneus a met troys manieres
de retraict, c’est a scauoir, retraict legal, consuetudinaire,
2 conuentional. Le premier, ou les deux
premiers, c’est a scauoir proximite ou retraict tant
legal comme consuetudinaire, est aussi bien permis
de droict diuin que humain pour la conseruation
des familles, c’est a scauoir a fin que les familles,
les maisons, les noms & tiltres des familles par telles
retentions de biens durassent en estre, sans laquelle
ils viendroyent tost en decadence & seroyent mis
hors de toute memoire. b Combien qu’il en y a qui
veulent maintenir que telles legalitez n’obligent
3 point. Et est aussi vray que tel retraict de biens par
proximite, est vn peu odieux en droict Ciuil, & a sēble
estre desraisonable, pour ce qu’il rompt & trouble
tout contract lequel les parties ont amiablemēt
entre elles transige & accorde. c Quand en Flādre
4 vn fief patrimonial, ou fond patrimonial vient par
vendition ou aultre contract en main estrange, qui a
desbourse quelque argent ou quelque pris au lieu
d’argent pour icelle vendition ou contract, alors
les prochains lignagers, ou qui seront habilles a
ce faire se pourront vendiquer & attribuer icelle
chose, c’est a scauoir ce fief patrimonial, ou fond, qui
aura este vendu ou aliené, & approprier a eux icelui
contract, a fin qu’iceux biens demeurent seurement
en la famille, & n’en soyent point alienez ni estrāgez
en satisfaisant toutes foys a la vendition & au contract,
& remboursant tous fraiz & despēs legitimes.
Et telle maniere de faire se garde encores auiourdhuy.
5 En quelques lieux, & principalement a Bruges
la coustume est, que quand aucun auroit seulement
la trentiesme partie a vne maison ou fond, &
qu’icelle maison ou fond vint a estre vendue ou
vendu, que celui qui a la moindre propriete en tel bien,
se pourra vēdiquer & attribuer a soy icelle maison
ou fond par retraict, s’il ne se trouue aucun des
prochains qui vueille estre prefere en icelui retraict.

Et pourtant, quand il aduient qu’aucun achepte au
lieu dessus dict, soit maison ou fond, il doibt dedans
deux iours ou troys, denoncer le pris de son achapt
a tous ceux qui sont participās, ou a qui il peult toucher,
a fin que s’il y a aucun d’entre eux qui vueille
retirer ledict achapt, il le face dedans quarante iours,
car apres ce temps il n’est a aucun permis de plus retirer.
Tout autant en aduient il quant aux achapts
des rētes sur quelque maison ou fond, car si quelque
aultre auoit sur icelle maison ou fond quelque autre
rente, soit qu’elle fust plus grande ou moindre a soy
7 & retirer ladicte rente par retraict. Mais conuient
noter en ce lieu, que pour paruenir a telle vendication
de prochainete est requis qu’il y ait cinc points.
Premierement est requis qu’iceux biens soyent venduz,
ou fiefs, ou fonds, ou le propre domeine & seig
neurie de la chose immeuble, car quant a quelque
mesnage ou meubles, il n’i a lieu ni moyen de les retirer.
8 d Secondement, que la chose laquelle est vendue
soit bien patrimonial, & non acquis: car quant
aux biens qui sont acquis, on n’en doibt admettre
aucun retraict, pourautant qu’on permet plus facile
ment a vn chascun la disposition volontaire des choses
qu’il a acquises, que de celles qui lui sont adue
9 nues & escheues par succession hereditaire. e Tiercement,
est requis qu’icelui achepteur soit estranger
& qui n’attouche au vendeur d’aucun degré de paré
tage ou affinite. Car vn coheritier ou parēt ne peult
obtenir droict de retraict cōtre l’aultre, cōbien que
celui qui voudroit retirer fust plus proche que l’aultre
I0 tre en quelque degré. En quatriesme lieu, que le retrayeur,
& celui qui se veult approprier lheritage soit
du parentage ou affinite du vendeur, & non indiffe
remment de toute ligne de parentage, ains seulemēt
de la ligne de parētage ou affinité de laquelle ledict
fief ou fond est deriué, tellement que s’il eschoit d’auenture,
tel fief ou fond peusse par droict d’heritage
& successiō paruenir a lui, car ceux qui sont bastards
& illegitimes, quoy qu’ils soyent proches de sang, si
est ce toutes foys que cōme ils ne peuuent succeder,
aussi ne peuuēt ils retirer vn heritage ou aultre chose
II se Car quiconque n’est habille a prendre & receuoir
succession hereditaire, aussi n’est il habille a retirer. f
I2 Cinquiesmement est requis que ce retraict se face
en tēps deu & establi, cest a scauoir, dedās les denon
ciations ecclesiastiques, ou dedans l’an & iour, ou

dedans quelque aultre tēps suiuant le stile & coustu
I3 me du lieu a ce establi. Toutes foys selon les droicts
le taire vn an tout entier, par lequel aucun differe, &
delaye le droict de son retraict, & ne parle poīt de re
traire dedās c’est an, icelui est deboute de son droict
de retraire, & principalement en matiere de fiefs. g
Or que le silence d’un an obtienne en cest endroict
force de refus, cela se doibt sainemēt entendre. h Et au re
ste cōme vn fief se pouoit iadis aliener. i Pour le si
xiesme & dernier point est requis que le retrayent re
tire icelui fond ou fief vēdu pour soymesme & a son
I4 propre proufit, & nō pas qu’il le retire & vendique
pour vn aultre, ce qu’il sera tenu affermer par sermēt
(au moins si le vendeur le veult.) Toutes foys si l’achepteur
trouue puis apres qu’icelui retrayeur parent
du vendeur eust vse de fraude en ce retraict, &
qu’il eust retire ledict fond, non pas pour soy, mais
pour vn aultre auquel il en feroit puis cession,en ce
cas le premier achepteur pourra reuoquer & rescinder
I5 sa cessiō. k D’auantage, ce retraict se doibt faire
de son propre argēt. Mais argēt emprunté est ici aus
si dict propre, tellemēt qu’auec cest argēt contāt em
prūté il peult tout aussi bien retraire vn heritage ou
aultre fond, cōme il pourroit achepter quelque aultre
heritage, combien qu’il soit tenu a le rendre vne
I6 foys & quand le presteur le voudra redemander. Pa
reillemēt aussi, qui n’a point d’argēt, ou biē qui l’ayant
ne l’exhibe point contant & prest dedās les. 2. 4.
heures, auecques payemēt de despens, icelui est aussi
reiecte du droict de son retraict. I Et s’il point
d’argēt cōme chaines d’argent, anneaux carquāts
& c. Car recōpense a efficace de payement. m
Et ni a point de differéce si quelqu’un a paye. ou s’il
a faict recōpense. Mais aucuns veulent que ceste recompense
ait seulemēt lieu au cōtract cōuentional
qui est beaucoup plus fauorable que le retraict lignager,
& dient que recōpense est sans plus vn payement
feinct, & non vray, & que pourtant elle ne se
doibt admettre en cest endroict, tout ainsi qu’on
ne reçoit point aussi de pleige ou caution, laquelle
quelque bonne qu’elle soit, si n’est elle pas toutes
foys payement.
I7 Semblablement ne vault vne simple presentation
d’argent a faire retract.
E e 2 Et

328 LA PRACTIQVE
Et toutesfois il en y a ausquels semble le contraire,
c’est a scauoir que l’argent pris a prest n’est propre a
personne, se fondans sur ceste raison, qu’icelui argēt
est a aultrui & a autrui est deu, & que qui l’a emprūte
est tenu a restitution d’icelui, disans ainsi: Ce que
nous deuons a aultrui nous ne pouons dire qu’il est
nostre. Mais toutesfoys l’opinion premiere me sem
ble estre plus conforme a verite, car premierement il
est miē quand l’aultre le redemādera, puis ie ne suis
tenu a rendre ledict argent en la mesme espece quil
ma este baille, tiercement, il se peult faire que le presteur
ne me le redemandera iamais, finalement tout
achapt est ferme & stable, lequel se faict argent contant,
soit qu’il fust sorti de ma bourse propre, ou que
ie l’eusse emprunte d’autruy. Et pourtant doibt on
tenir vn retraict pour bon & valable encores quil
se face d’argent emprunte. Et est vray que l’argent
I8 que iay est a moy quand par iustice ie viendray a ice
lui payer. En oultre il s’en trouue plusieurs qui iour
nellement acheptent argent contant, ausquels pas
vn de leurs creanciers dira, Tu aschepte ceste piece
de terre de mon argent. Consequemmēt le retraict
se doibt faire plein & entier, tellement que le retray
eur prenne & reçoiue la venditiō toute pleine & en
tiere, & non pas demie, ou la part de celui qu’il voudra
prendre & choisir de toute la vendition du fond
ou piece de terre, mesme si la vendition est telle qu’el
I9 le ne se puisse diuiser en parties. Mais il pourra faire
aultrement, si l’executeur auoit separement vendu
plusieur maison, ou diuerses pieces de terre, ou a
vn ou a plusieurs, car alors le retrayeur pourra retirer
& prendre telle piece de terre que bon lui semblera.
20 Quant au surplus, le retrayeur faisant son retraict
des biens venduz, ne peult retirer a soy lesdits
biens mieux conditionez & plus asseurez & francs
2I qu’ils n’ont este venduz. ains deura & sera tenu receuoir
auec ques le retraict toutes les charges, & cō
ditions declarées & exprimées en la vendition.
Subsequemment, les biens retirez prennent & vestent
la nature des bien patrimoniaux, tellemēt que
celui qui les aura retirez en vse & les possede, tout
ainsi que sil les auoit acquis par droict hereditaire et
paternel. Et pourtant si icelui retrayeur venoit a vēdre
derechef iceux biens. ils seroyent encores subiects

a noueau retraict, par maniere qu’ils se pourroyent
vne aultre foys retraire par vn aultre prochain.
23 Et tout ainsi que les biens patrimoniaux ven
duz par decrets du Iuge sont subiects a retraict, aussi
sont les biēs patrimoniaux qui par les executeurs
des testaments sont venduz pour l’accomplissemēt
23 du testament. Pareillement retraict a lieu en toutes
rentes patrimonialles annuelles, cōstituées sur fiefs,
pieces de terres, ou sur quelque aultre propriete patrimonialle,
quelle qu’elle soit, ou mesme eschoitte.
24 Aussi a retraict lieu es mesmes fiefs, ou pieces de terre,
ou maisons que peres & meres ont laissées a leurs
enfans, s’il aduient qu’iceux enfans vendent puis apres
lesdicts fiefs terres ou maisons. Voire mesme
vn fief se peult aliener & estre retire par les plus prochains
25 lignagers. n Et en cas qu’aucun deniast ce
retraict a qui le voudroit faire & retirer, le retrayeur
consigne legitimement es mains du Iuge tout l’argent
du retraict entierement auecques les fraiz &
despens, & ce faisant il faict des lors siens tous les
fruicts du fond retire. pourueu que puis apres tel
26 retraict lui soit adiuge. o Aussi quand l’achepteur
par fraude & cauillation denie le retraict, & que tou
tesfoys il vient par apres a dechoir d’icelui, alors le
retrayeur hereditaire garde par soy icelui retraict, en
payant le principal, & sans aucus despens, comme
27 veulent plusieurs Practiciens. Voire il s’en trouue
encores d’autres qui disent, qu’icelui faulsaire & ca
lomniateur qui denie le retraict perd le principal auecques
les despens, a cause de la calomnie indigne
quil auroit faicte au retraict, tellement que le retray
euriouiroit du principal & despens. Mais ceste opinion
semble dure, & a peine quelle soit a supporter.
car aussi est il plus facile dire son opiniō de quelque
chose, que rien maintenir auecques raison deue.
28 Suiuāt propos. Si l’achepteur apres la piece de terre
retirée declaroit par serment, escriuoit ou mettoit
au contract plus grande somme qu’il n’auroit despendu
pour le principal & despens, alors tel faulsaire
viendroit a estre puni arbitrairement pour sa faul
29 sete. Voire suiuant l’aduis d’aucuns, icelui tel perdroit
l’argent qu’il auroit despendu, lequel viēdroit
a estre confisque au preuost ou Seigneur tēporel. Et
oultre ce le retrayeur obtiēdroit gratis & sans payer
30 aucuns fraiz l’heritage par lui retire. Et qui desirera
voir plus amplement quant a ceste matiere de retraicts,

voye le traicte exellent qu’en a escript le S.
And. Tiraquellus intitulé De vtroque retractu, ou il
trouuera pour cōtenter son desir, a scauoir si retraict
a lieu en vendition conditionalle faicte par consen
tement, ou en cesté sorte, a scauoir si le retraict est
valable ou la vendition seroit faicte a ceste condition
que le parent ne pourroit retirer la chose vendue,
& aussi s’il y a voye & ouuerture pour retirer
les fiefs, ou a la venditiō de decimes, en la vendition
des fruicts qui sont pendants auecques le champ
ou heritage. A scauoir si le temps du retraict se
peult prolonger auecques consentement des parties,
& quel droict il y a si le retrayeur office l’argent
& l’achepteur le refuse, s’il a lieu en vn long louage,
en permutations de biens immeubles & semblables.
De moy ie me suis contente d’auoir touche en
ce chapitre ceste matiere en general.
a Commenta. Consuet. duca. Burgund. titu. des retraicts
fol. 325.
b Vide Biblia, Leuit. 25. Et Ruth. 4. Hiere. 32. Num. 36.
& C. de impo. lucra. descrip. lib. I0.
c Vide Tiraquellum in prafat. sucrum commentatiorum
de vtroque retractu, municipali & conuentionali num.
33. & Angel. in l. Dudum C. de contrahend. empt.
d Tiraquellus tit. du Retraict lignag. ♣. I. in verb. ou. aultres
choses & c. gloss. 7. num. 86.
e Argu. l. Lex qua Tutores C. de administra. tuto.
f De quo vide Franc. Mingon in consuetudines Andegauen
ses articul. 368. nu. I.
g Vide Iaso. in. l. Prator ait, ♣. vltimo ad finem ff. de. no. oper.
nunciat.
h Vt habet text. ♣. Porro.
i Reliqua late per Barth. Chasse. in titu des Retraicts in
suis commentarij in consuet. Ducatus Burgundiae.
k l. Eleganter in princip. ff. de. dol. mal. cum similibus.
l Per tex. in l. vltina & ibi. Bald. coll. 2. versic. Et nota
quod debitor, C. de condi. inser. & c. Significante extra.
de pigno.
m l. Si debitor ff.Qui potior in pigno. habeant.
n c. Primo ♣. Sed etiam & ibi gloss. in verb. Proximioti
titu per quos fiat inuestitura, in vsibus feudo. Tiraquellus,
in praefatione sui tractatus de vtroque retractu, numero
52.
o Argu. l. Acceptam in princip. C. de. vsur. CHA.

CIVILE.
CHAPITRE CCLXVI.
En quelles choses Retraict n’a lieu.
Sommaires
I Retraict n’a a point de lieu Es meubles & c. comme au chap. precedent.
2 Retraict n’a a point de lieu En simple permutation.
3 Retraict n’a a point de lieu Es fiefs donnez par donation entre vifs.
4 Retraict n’a a point de lieu Es recompenses sans contract precedent.
5 Retraict n’a a point de lieu En aucunes diuisions.
Nous auons dict au chapitre precedent sommairement
en quelles choses le retraict
doibt auoir lieu, & les choses qui principalement
sont requises a vn retraict municipal legiti
me: & maintenant vous entēdrez en ce chapitre des
choses qui forclosent & empeschent le retraict ordi
I naire. Et combien qu’icelles choses se peuuent facilemēt
tirer & cognoistre par celles qui leur sont con
traires au chapitre precedant, ascauoir, qui ne s’accordent
point auecques ces cōditions la exprimées
ains y repugnent, toutes foys il est bon de scauoir en
2 ce lieu qu’en nulle permutatiō absolute par
laquelle l’un se permute & change simplement a
l’aultre, & sans ouurir la bourse ou bailler argent,
n’ont les retraicta lieu, pourtant que permutation
3 n’estachapt. a. Et ainsi aussi na le retraict
lieu quant aux fiefs, pieces de terres, ou aultres
proprietez, qui ont este donnees par donation
entre vifs, purement, simplement, librement & de
singuliere faueur, sans aucune recompense prise ou
a prendre, ou a attendre, mais ces choses se doiuent
entendre quant aux donations entre vifs, ou
4 pour cause de mort, dote, ou nopces. b Aussi n’a
le retraict lieu es recompenses esquelles nul cōtract
n’a precede, car recompenser de ceste sorte est donner.
5 c. Mais a scauoir s’il a lieu es partages, transactions
& donatiōs pour payemēt, voyez de ce le mesme
Tiraquellus & Chasseneus & Boerius qui ont
traicte bien amplement ceste matiere de retraict.
a Iuxta lohannem de Platea in l. final. in. 2. colum. C.
de praed. decurio. lib. I0.
b Vide Bartholo Chasseneum titu. des retraicts♣. 9. nu.
I2. solio 336.
c Vt in l. Iulianus ff. de condit. & demonstrat.
CHAPITRE CCLXVII.
De la Retention d’un fief, ou fond vendu.

Sommaires.
I Le fief vendu & qui n’a este retire par aucun des parens se peult retenir par le Seigneur
d’iceluy fief.
2 Vn fief vendu a vn parent ou Cousin na’dmet aulcune retention.
3 Le fief vendu a vn estranger, & qui a este retire par le parent du vendeur forclost la
retention du Seigneur feodal.
4 Retention de fief n’a lieu Es terres de l’Eglise vendues.
5 Retention de fief n’a lieu Es permutations.
6 Retention de fief n’a lieu Es donations.
I Qvand quelque fief ou piece de terre est vēdue
& alienée a quelqu’un, soit par decret, ou en
quelque aultre maniere, & qu’il ne se trouue aucun
des parens qui par droict de retraict lignager se ven
dique & attribue icelui fief ou piece de terre, en ce
cas le Seigneur feodal ou cēsier de qui icelui fief ou
fond d’heritage est tenu, pourra le retenir a soy, &
l’appliquer a son propre par le droict de son domei
ne (ce qu’ils nomment puissance feodalle( en payāt
le pris de la principalle vendition auecques les despens
de Iustice, Mais il peult reseruer & retenir ce
droict de retention pour soymesme seulement, &
non pas le ceder ou communiquer a d’autres. a
Mais en ce cas le Seigneur feodal perd ses reuenuz
honoraires, lesquels il eust deu receuoir de la vendition
2 de ce fief. Iay dict nagueres du fief & fond ven
du a quelque estranger, par ce que si affin hereditaire
& qui descend de la part ou coste sont le fond patrimonial
est procede, en ce cas ne competeroit aucun
droict de retention au Seigneur feodal ou censier
3 sur icelle vendition. I’ay pareillement dict quād
il ne suruient aucū des parens ou cousins & c. pource
que droict de retention n’a lieu quand il se trouue
aucun des parens, qui par retraict lignager s’attribue
icelui fief ou tresfond, combien que lason & Alberic
estiment que le Seigneur feodal doibt estre prefere
au parent quant au droict de detention. Car
leur opinion a seulement lieu en Emphyteose, non
en fief. Et n’aprouent point la coustume qu’ils alleguent.
4 Aussi n’a lieu droict de retention es fiefs ou
terres d’Eglises: car tout aissi que telles choses se
vendēt par l’Eglise aussi retournēt elles de rechef a
5 l’Eglise. Comme aussi ils n’ont point de lieu es permutations
de fiefs ou pieces de terre, esquelles le fief
se change au fief, & vne piece de terre a vne aultre, &
6 ce sans commettre fraude aulcune. Item retention
n’a aussi point de lieu es donations. b Et quant aux

aultres cas esquels droict de retention n’a point de
lieu, voyez les en Boerius au liure des coustumes de
retention des choses feodales.
a Vt vult Guido Papae q. sua 4II.
b Iuxta Guido. Papae in decis. sua 47.
F f CHAPITRE

330 PRACTIQVE
CHAPITRE CCLXVIII.
Des droicts Honoraires des fiefs ou Domeines.
Sommaires.
I De la vendition d’un fief, le vendeur le dixiesme denier. au Patron du fief.
2 Du fief vendu pour franc & libre l’achepteur paye le droict feodal. au Patron du fief.
3 Droict feodal compette contre le mesme fiet. au Patron du fief.
4 En la vendition du fief ne compette droict aucun, sinon apres l’inuesture de l’achepteur.
au Patron du fief.
5 En la vendition d’un fief laquelle est necessaire, l’achepteur paye le droict feodanl. au
Patron du fief.
6 En vendition de fief volontaire, le vendeur paye par contract. au Patron du fief.
7 En vendition de fief volontaire, le vendeur a son regres. au Patron du fief.
I En Flandre quand aucun fief ou terre feodal
le se vend, les Seigneurs feodaux pour le
droict noble honorable & patronal suiuant
la coustume reçoiuent la dixiesme partie, c’est
scauoir le dixiesme denier de la vendition du fief, ce
qu’il prent du vendeur si ce n’estoit qu’il eust este
2 autrement contracté. Et quand la vente est faicte
pour certain & expres pris pecuniaire franc & libre,
c’est a scauoir que le vendeur reçoiue entierement
& sans decision, & qu’icelui fief soit tenu du Conte
sans moyen, alors & en ce cas l’achepteur, outtre
3 ledict dixiesme denier, paye encores le dixiesme du
dict dixiesme denier. Et pour auoir i ceux droicts
feodeaux, & les receuoir, le Seigneur du fief n’appelle
aucune des perties, c’est scauoir, ni l’achepteur ni
le vendeur. ni ne procede cōtre l’aultre, ains
contre le fond tant qu’il lui soit satisfaict de son
4 droict. Mais il ne pourra tirer ni demander lesdicts
droicts feodaux iusque a ce qu’on cognoisse le despouillemēt
& desheritement estre faict, ou premier
que le decret soit adiuge a l’acheteur. Car tant que
e vendeur demeure en sa propriete & vray domeine,
aussi long temps a il home ou vassal sur le nom
de qui il se fonde & appuye, & ne s’estime qu’il y ait
rien changé au fief, & par consequent nul droict feo
5 dal ne naist au Patron ou Seigneur feodal. Mais es
venditions necessaires de fiefs, scauoir est qui se sont
par executions & decrets, en icelles tousiours l’ache
pteur, c’est a scauoir le dernier apreciateur & encherisseur
paye lui seul tous les droicts feodaux.
6 Mais es vendition des fiefs qui sont volontaires, &
qui se font par contracts, le vendeur paye tosiours

les droicts de fief, si ce n’estoit qu’autrement & conditionallement
eust este contracte, a scauoir que la
vendition seroit ferme & stable argent, pleinement
franc & libre. Car en ce cas non le vendeur ains l’achepteur
7 doibt payer les droicts de fief. Et quant
aux venditions volontaires esquelles n’ont este faictes
nulles denonciations Ecclesiastiques , en icelles
le Vendeur d’il se repent du marchè faict, se pourra
deporter & desdire d’icelle vendition par lui faicte,
& renoncer a icelle sans encourir aucune amāde, en
payant seulement les fraiz & l’interest, & non plus.
Mais s’il y auoit quelques denonciations Ecclesiasti
ques faictes, alors pourra il encores renoncera a la vēdition,
mais en ce cas, oultre les despens qu’il lui cōuiendra
payer auecques l’interest. il sera encores oul
tre ce condanne a l’amande de troys liures, suiuant la
coustume de certaines Cours.
CHAPITRE CCLXIX.
En quelles venditions ne se payent les droicts
des fiefs.
Sommaires.
I Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand le feudataire transporte le fief a
laisne heritier.
2 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand le pere donne le fief a son enfant
plus ieune.
3 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand layeul baille le fief a son neueu ou
petit fils en droicte ligne.
4Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand le filz baille le fief a son pere ayeul
& c.
5 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand le fief se change a vn tressond, ou
au coniraire.
6 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand au partage des biens vn coheritier
baille a l’autre quelque fief
auecques sa portion.
7 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal En assignation de Douaire.
8 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal En assignation d’vsufruict.
9 Le Seigneur du fief ne reçoit le droict feodal Quand le fief est vne foys charge de
somme de deniers.
I0 Le Seigneur feodal en chargeant le fief, reçoit son droict feodal.
Mais

CIVILE. 33I
I Mais en ce lieu pour le payement des
droicts de fief, fault noter ceste distinction
par laquelle aucuns fief uenduz payeront
les droicts feodaux, & les autres non. Car des fiefs
que le feudataire donne & transporte a son heritier
aisne en mesme ligne & coste dont le fief est procede,
soit en droicte ligne, ou en ligne oblique, de ces
fiefs di-ie ainsi transportez, le Seigneur feodal n’a
aucun droict de fief, & n’en doibt aussi receuoir,
2 pour cause du susdict transport. Aussi pareillement
le patron & Seigneur feodal ne reçoit aucun droict
transpositif des fiefs, que le pere ou la mere transpor
te & donnent leur enfant le plus ieune en forme
de dot, ou pour l’ayder a marier, ou pour quelque
3 aultre semblable. Semblablement ne reçoit le Seigneur
aucun droict de fief du transport d’icelui fief,
lequel l’ayeul donne & baille a ses Neueuz, i’enten
petits fils, ou a ces Nieces ou petites filles en droicte
ligne, a ses fils, ou filles procreez se soy. Pourtant
qu’il a & tient tels Neueuz & Nieces pour ses enfans,
4 & sont estimez estre a lui. Consequemment
ne reçoit aucun droict feodal pour le transport &
de fief que le fils ou fille transporte & baille a
son Pere, Mere, Ayeul ou Ayeule, ou a quelque
5 aultre montant en droicte ligne. En cas pareil
ne perçoit icelui Seigneur de fief droict aulcun feo
dal es commutations & changes qui se font, par les
quelles vn fief est eschange a vn fond ou piece de
terre, ou au contraire la piece de terre changée au fief
6 simplement, absolutement & sans fraude. Aussi ne
lui compette il droict aucun es partages des heritages,
c’est a scauoir quand l’un des partageurs ou aucun
d’iceux partage faisant, cede & quitte a l’aultres
biens pour plus commodement faire leurs partages.
7 Comme pareillement ne lui compette droict aucū
en vn transport de fiefs, quand on assigne le douaire
8 ordinaire. Subsequemment en la reseruation d’usufruit
a vie, le Seigneur feodal n’i reçoit aucun droict
9 de fief. Et ainsi ne peult il tirer aucun droict de fief,
quand aucun charge son fief ou sa terre feodalle de
quelque some de deniers a vne foys. Mais aussi n’est
icelui Seigneur tenu consentir telle charge estre faicte
si bon ne lui semble. Et pourtant quicōque vou
droit mettre telle charge sur vn fief, conuiendroit

chercher & requerir la bonne grace & bienueillan
I0 ce du Seigneur. Mais si quelqu’un vouloit charger
son fief ou tresfond feodal de quelque rēte annuel
le ou a vie, racheptable ou non racheptable, en ce
cas le Seigneur feodal peult receuoir ses droicts
qui sont establiz en telle charge, c’est a scauoir le dixiesme
denier de la somme rentalle. Mais si icelui
feudataire vendoit puis apres la propriete dudict
fief, alors en tel transport sont au Seigneur feodal
decidez, & rabatuz les droicts que premier il auoir
perceux quand icelui fief fut charge de rente.
Cy fine heureusement la Practique Ciuile du S. Iosse de Damhoudere
Iurisconsulte, par laquelle chascun estant conduit & guidé comme
par le fil de Theseus, se pourra tresfacilement desueloper & sortir du
Labyrinte des Loys & Canons.
Fideliter translatus est liber iste èlingua Latina in Gallicam, & cùm tractet Praxim
Ciuilem, cum
fructu poterit imprimi. Actum Bruxellis 25. May I57.
Gislenus de Vroede, Theologiae Licentiatus.
Suffraganeus Archiepiscopi Mecbliniensis.
E e 4 INDICE

INDICE OV REPERTOIRE
DES MATIERES PRINCIPALES, TRAICTEES AVLX
COMMENTAIRES DE MESSIRE IOSSE DE DAMHOVDERE,
NATIF DE BRVGES, CHEVALIER, DO CTEVR EN
droict Canon & Ciuil, Conseiller & Commissaire des Domaines &
Finances iadis de feu de treshaulte memoire l’Empereur
Charles V. & maintenant du Roy Catholicque
son Fils, Roy d’Espaigne & c. sur la
Practique Ciuile.
Le premier cifre demonstre la page, le second denote le chapitre, le troisiesme le nombre
designé au
marge soubz lequel chascune matiere se declare.
A
Absens & vagabons sadiournent par criees. pag.
68. chap. 59. nume. 7.
Accord des parties au commencement du proces est a
souhaiter. pag. 267. chap. I99. nume. 4.
pour Accorder lon ne doibt induire les parties la matiere estant
claire. pag. 267. chap. I99. nume. 3.
l’Accusé ou ses biens peuuent estre arrestez es villes preuilegees.
pag. 59. chap. 53. nume. 20.
Accusé qui est soubz plusieurs Iurisdictions peult estre conuenu en
lune dicelles quon vouldra. pag. 59. chap. 53. nume. 8.
En Achapt sont requis quattre choses, & quelles elles sont. pag.
49. chap. 48. nume. 5.
Achapteur adiourné par aduersaire quelle chose il doibt faire.
pag. I69. chap. I34. nume. 5. & 6.
Achapteur decretal peult deliurer a vng aultre lheritage par luy
achapte. 322. chap. 259. nume. 4.
Achapteur d’heritaige qui est en Decret recognoist seullement les
reuenuz qui sont declarez. 322. chap. 259. nume. 3.
Achapteur de vin quand il encourt le dommaige suruenant audit
vin achapte. pag. I5. chap. I4. nume. I7.
Achapteur qui perd son proces, a sa reuenge contre son vendeur.
pag. I69. chap. I34. nume. I2.
Achapteur doibt nommer le vendeur qui est tenu de garantir.
pag. I69. chap. I34. nume. 7.
d’Acquiescer les lettres ne se depeschent au Conseil de Malines.
pag. 27I. chap. 202. nume. 6.
Actes sont de trois sortes. pag. I96. chap. I49. nume. 2.
Actes de la premiere partie des proces preparent le proces. pag.
28. chap. 25. nume. 4.
Actes de la seconde partie du proces l’instruisent. pag.
28. chap. 25. nume. 5.

Actes de la troisiesme partie tendent a execution du proces. pag.
28. chap. 25. nume. 6.
par Acte doibt apparoir que la cause sert, ou aultremēt seroit nulle
la presentation du greffier. pag. I96. chap. I49. nume. 6.
pour Acte se donne quelques fois vng memorial par escript. pag.
I96. chap. I49. nume. I3.
quelles Actes sont requises au parlement de Malines. pag.
I96. chap. I49. nume. 9.
Actes d’arbitres requierent tesmoings. pag. I96. cha. I49. num. II.
Actes Iudiciaulx ne requierēt tesmoings. pag. I96. cha. I49. nu. Io.
Actes Iudiciaulx sont instrumēs publicques. p. 234. cha. I74. nu. I7.
Actes se doibuent registrer au iournel. pag. I96. cha. I49. neme. 2.
Actes sont trescertains, & pource fault il restablir toutes choses selon
icelles. pag. I96. chap. I49. nume. 4.
Actes sont communs a l’une & l’aultre des parties. pag.
I33. chap. II3. nume. 4. & pag. I96. chap. I49. nume. I2.
Acteur peult deliberer longuement pour former sa demande. pag.
I33. chap. II4. nume. I.
Action des biens corporelles comme est instituee. pag.
36. chap. 32. nume. 3.
Action des biens Incorporels comme est instituee. pag.
36. chap. 32. nume. 4. 5. & 6.
Action certaine se pretend en tous proces. pag. 33. cha. 28. nume. I.
Action comme est accumulee. pag. I30. chap. III. nume. I. &. 3.
Action est de diuerses especes en droict, & en praticque. pag.
33 chap. 28. nume. 9.
Action familiae herciscundae a scauoir si elle a lieu es causes feuda
les. pag. 33. chap. 28. nume. 6.
Action n’est accumulee par ladionction de choses qui ne sont conformes
a l’action premiere. pag. I30. chap. III. nume. 2.
Action personnele comme se faict. pag. 35. chap. 30. nume. I.
Action personele doibt estre demandee au lieu Iudiciare du defendeur.
pag. 59. cha. 53. nume. 2.
Action personnele presuppose obligation de la personne. pag.
34. chap. 29. nume. I.
Action quelle se naist personnele. pag. 34. chap. 29. nu. 3. 4. 5. & 6.
Action se peult intenter pour les alimens futurs laissez par testament;
non per contract. pag. 269. chap. 200. nume. 22.
Actions des hommes se doibuent attremper par repos. pag.
I39. chap. II9. nume. I.
Actions personneles sont de quatre sortes . pag. 34. chap. 29. nu. 2.
Actions sont de trois sortes, personneles, reelles & mixtes. pag.
33. chap. 28. nume. 3. 4. & 5.
Adiuge payer sentend seullement de la chose dont est question.
pag. 80. chap. 67. nume. 4.
Adioinct ne sexprime le nom au proces. pag. II2. chap. 98. nume. 3.

d’Adioinct quand il produict le proces. pag. II2. cha. 98. nu. 5.
Adioict quand il produict le proces. pag. II2. chap. 98. nume. 4.
Adioinct qui est dict. pag. II2. chap. 98. nume. I.
Adioinnct admet pour soy ce que la partie a laquelle il adhere a ser
uy. pag. II2. chap. 98. nume. 2.
Adioinct sera participant le gaing & perte auecq sa partie. pag.
II3. chap. 98. nune. 6.
Adionction se peult faire apres deux sentences donnees si dauenture
elles sont suspendues par appellation. pa .II3. chap. 98. nume. 8.
Adionction vient trop tard apres la sentence donnee. pag.
II3. chap. 98. nume. 7.
Adioinctz des commissaires doibuent iurer quilz ne decouureront
rien de l’information. pag. 2I0. chap. I56. nume. 7.
Adiourne a Acte non conforme a l’adiournement n’est tenu pour
adiouerne. pag. 73. chap. 63. nume. 7.
Adiourne a iour presix, & ne comparant peult estre contumace.
pag. 97. chap. 80. nume. 2.
Adiourne a tour prins d’impetrer vne prouision par partie aduerse
ne comparant, la prouision est octroyee. pag.
96. chap. 79. nume. I0.
Adiourne aulx a actions personneles ou reeles petitoires non comparant
quelle chose il encourt oultre le default. pag.
92. chap. 78. nume. 4.
Adiourne ciuilement ou peremptoirement, peult attendre le troisiesme
adiournement. pag. 70. chap. 60. nume. 9.
Adiourne doibt comparoistre pour la premiere fois au iour & lieu
assigne, quoy que l’adiournement fut de nulle valeur, & y
Adiourne deuant le Commissaire pour sermens des tesmoings ne
comparant, est deboute de la confutation. pa. 96. cha. 79. nu. 7.
Adiourne doibt comparoir deuant son Iuge ordinaire.
pag.

pag. 87. chap. 74. nume. I. & 5.
Adiourne en aultres cours ne comparant est debute de toutes exceptions.
pag. 92. chap. 78. nume. 6.
Adiourne en court de parlement y doibt comparoir. pag.
87. chap. 74. nume. 4.
Adiourne en euocations ne comparant, l’euocation est interinee.
pag. 94. chap. 78. nume. 37.
Adiourne ne comparant en France aulx articles responsifs sont tenuz
pour niez. pag. 95. chap. 79. nume. 4.
Adiourne en flandres aux articles responsifs ne comparant, le
Cōmissaire procede auecq Information. pag. 96. cha. 79. nu. 5.
Adiourne ne comparant deuant le Commissaire iasoit que par
presence, est decrete defaut. pag. 96. chap. 79. nume. 6.
Adiourne en reformations ou appellations ne comparant encourt
ce qui est decrete. pag. 94. chap. 78. nume. 8. & c.
Adiourne n’est mis en contumace sil n’apert que l’adiournement
a este faict. pag. 92. chap. 78. nume. I.
Adiourne par deuant le Cōmissaire, court, ou parlement pour confesser
ou nier les articles ne comparant de quoy est tenu. pag.
95. chap. 79. nume. I. 2. 3.
Adiourne personelement ne comparant doibt payer les despens auant
qu’estre ouy. pag. 92. chap. 78. nume. 7.
Adiourne personnelement qui dict quil nobeira point, est declare
en tout contumax. pag. 93. chap. 78. nu. 24.
Adiourne pour conclure en cause ne comparant, le proces est tenu
pour conclus. pag. 96. cha. 79. nume. 9.
Adiourne pour confesser ou nier sa cedulle ne comparant en quoy
& comme est adiourne en Flandres & au Parlement. pag.
94. cha. 78. nume. 34.
Adiourne pour cognoistre la cedulle de son pere, ne comparant encourt
defaut, & est condamne es despēs. pag. 94. cha. 78. nu. 35.
Adiourne pour Iurer de verite ne comparant, le serment est defere
au demandeur. pag. 94. cha. 78. nume. 26.
Adiourne pour voire faire productions de tiltres ne comparant
il est deboute de refuter. pag. 96. cha. 79. nume. 8.
Adiourne pour voire relaxer ne comparant le prisonnier est relaxe
saulf, & c. pag. 96. cha. 79. nume. II.
Adiourne qui est a son domicille, ou a son procureur iasoit quil cōpare
les despens se reseruent a la diffinitiue. pag.
92. cha. 78. nume, 7.
Adiourne qui est au parlement & comparoist, paye seulement les
despens. pag. 92. cha. 78. nume. 5.
Aiournement en matiere de nouuellete se faict deux fois. pag.
69. cha. 59. nume. 27.
Adiournement en matiere reele, proprietaire, & possessoire comme

& par qui se faict. pag. 68. cha. 59. nume. I4.
Adiournement es appellations comme se faict. pag.
69. cha. 59. nume. I6. I7. & c.
Adiournement doibt assigner a la partie certain iour & competent.
pag. 70. cha. 60. nume. I.
Adiournement es choses ciuiles comme il se doibt faire. pag.
67. cha. 59. nume. I. 2. 3. & c.
Adiournement & lettres dicelluy sont leues en Flandres par le greffier.
pag. 92. cha. 78. nume. 2.
Adiourement & les lettres dicelluy estan veues au parlement
de Malines, lon decrete deux Iours apres la contumace. pag.
92. cha. 78. nume. 3.
Adiournement general est quelquefois vsurpe pour le special.
pag. 65. cha. 57. nume. I4.
Adiournement quand il est de nulle valeur. pag.
70. cha. 60. nume. & 8.
Adiournement quand n’est necessaire. pag. 7I. cha. 6I. nu. 6. & 7.
Adiournement se doibt faire en presence de tesmoin, si en parlement
la cause se pouuoit perdre par vng seul defaut. pag.
68. cha. 59. nume. I3.
Adiournement se peult faire en la personne du procureur apres
contestation en cause. pag. 68. cha. 59. nume. II.
en Adiournement collusoire le procureur general procede a de
faut de iustice. pag. 87. cha, 74. nume. 9.
Adiournement ne se doibuent faire au cemetiere. pag.
68. cha. 59. nume. 8.
Adiourner qui faict, peult confuter les probations de celluy qui
faict lexoniation. pag. 88. cha. 75. nume. I2.
Adiournez se presentēt soubz la mesme qualite qu’ilz sont adiournez.
pag. 98. cha. 83. nume. 2.
Adiourneurs comme sont appellez. pag. 66. cha. 58. nume. 2.
Adiourneurs qui & quelz par tout. pag. 66. cha. 58. nu. 3. & c.
Adiourne se peult excuser de nauoir comparu par qui bon luy semblera.
pag. 88. cha. 75. nume. i.
Adiourneurs sont particuliers en chascune cours. pag.
66. cha. 58. nume. I.
Adultere ou paillard quand il peult estre prins & mis a mort.
pag. I6. cha. I4. nume. 22. & 23.
Aduocat que il doibt estre. pag. I62. cha. I29. nume. 28.
d’Aduocat prudent qu’est loffice. pag. 203 cha. I52. nume. 43.
Aduocat bon est necessaire a celluy qui se veult mettre a ployder. pag. 30. cha. 27. nume.
6.
Aduocat contractant de cession auecq l’une ou l’aultre des parties
doint est priue de son office. pag. 53. cha. 49. nu. I2.
Aduocat qui ne peult estre. pag. II0. cha. 96. nu. 6. 7. & c.
Aduocat sans degre ne peult Aduocasser en parlement. pag.

II0. cha. 96. nume. 4.
Aduocat du defendeur quelle chose il doibt aduiser. pag.
I43. cha. I20. nume. 8.
Aduocats doibuent obseruer neuf poinctz & quelz. pag
II0. cha. 96. nume. I2. & c.
Aduocats practiciens sans degre peuuent bien Aduocasser au Conseil
de Flandres. pag. II0. cha. 96. nume. 5.
Aduocats n’acquierent leur practique par estude. pag.
II0. cha. 96. nume. 3.
Aduocats sont en droict appellez postulans. pag. II0. cha. 96. nu. I.
aulx Aduocats quelle chose est commande. pag.
203. cha. I52. nu. 39. 40. 4I.
aulx Aduocatz quelle chose est defendue. pag.
203. cha. I52. nume. 32. 33. & e.
Aduocats selon Bartole & Balde doibuēt auoir estudie cincq ans.
pag. I62. cha. I29. nume. 29.
Aduocats sont en quelques lieux mieux examinez en leurs bourse,
qu’en leurs estudes. pag. I52. cha. I29. nume. 30.
contre Aduocats vne plainte. pag. III. cha. 96. nume. 22.
pour serment. pag. 220. cha. I66. nume. II.
Allegations quand sont confondues par les parties lon mande aulx
Conseil quilz les declairent deuant commissaires. pag.
I87. cha. I43. nume. 6.
Amande & paine comme ils different. 286. cha. 2I7. par tout.
Amende pourquoy est or donnee contre ceulx qui mal appellent.
304. cha. 24I. nume. I2.
Amiable communication auecq sa partie auant entrer en proces,
est le meilleur. pag. 3I. cha. 27. nume. 8.
Anticipatoires lettres s’impetrent dedans le temps de releuation.
302. cha. 328. nume. 2.
Appel au parlement de Paris suspens pour neuf ans, & par qui
pag. 6. cha. 5. nume. I2.
Appel des magistrats maieurs suspend la sentence.
305. cha. 242, nume. 4.
Appel qui veult releuer au parlement de Paris, quil doibt faire.
303. cha. 239. nume. 3.
Appel qui veult releuer en flandres quil doibt faire. 303. c. 239. n. I
Appel qui veult releuer hors de flandres quil doibt faire.
303. cha. 239. nume. 2.
d’Appel comme lon peult renoncer. 303. cha. 240. nume. I.
lon Appelle en Flandres des magistratz, officiers, & cours feodales.
297. cha. 23I. nume. I.
Appellāt dune sentence comme & en combien de tāps se doibt
faire. 302. cha. 237. nu. I. 2. 3. 4. 5. &. 6.
Appellant dune sentence definitiue ne doibt declarer la cause de
son grief. 30I. cha. 236. nume. 6.

Appellant dune sentence laquelle est nulle n’encourt aucune paine

paine 304. cha. 24I. nume. I0.
Appellant dun article sera reuu comme appellant de tout.
305. cha. 242. nume. 2.
Appellant en Flandres est libre du Iuge en la cause d’appel seulement.
Appellant en Flandres flamingante porte la peine.
305. cha. 242. nume. 5.
Appellant en France du defaut de droict, & obtenant, est a tousiour
exempte dicelluy iuge. 305. cha. 242. nume. 8.
Appellant en France de la sentence definitiue est exepté de la
iustice de iuge (a quo) en toutes causes. 305. cha. 242. nume. 6.
Appellant & reformāt selon les adictz du Duc Phelippe de Bourgoigne
estoient en semblable amende condannez. 294. cha.
227. nume. 9.
Appellant mal en quelle paine il encourt . 304. cha. 24I. nu. I. 2. 3.
& aulieur suyuans.
Appellant mal est mis en l’amende de 60. liur. parisis. 94. cha.
2227. nume. 7.
Appellation & reformation comme different. 293. cha. 227.
nume. I.
Appellation de lofficier quand se faict. 297. cha. 32I. nume. 3.
Appellation de la commission exploictee se peult faire si elle contient
clausule preiudicialle. 30I. cha. 235. nume. 7.
Appellation dune commission du Conseil de flandre est nulle.
300. cha. 235. nume. 5.
Appellation & prouocation en quoy differens. 296. cha. 229.
nume. 2.
Appellation pourquoy est permise en droict. 296. cha. 229. nu. 3.
Appellation quand se faict par escript. 30I. cha. 236. nume. 3.
Appellation qui bien cede a lun, cede aussy bien a ses consorts.
296. 229. nume. I0.
Appellation se doibt releuer dedans six semaines & executer dedans
six aultres semaines. 302. cha. 237. nume. 8.
Appellation se faict des causes de lempire au conseil de Malines.
300. cha. 235. nume. 4.
Appellation se faict de conseil de Flandres, au parlement de Malines.
300. cha. 235. nume. 3.
Appellation se faict par degrez des inferieurs aux superieurs.
300. cha. 235. nume. I.
Appellation se faisoit iadis en flandres au parlement de Paris.
297. cha. 23I. nume. 2.
Appellation se faict verbalement, quand la partie greuee se trouue
presente ou la sentence est donnee. 30I. cha. 236. nume. 2.
Appellation se peult faire dune execution de commission.
300. cha. 235. nume. 6.
Appellation suspend la sentence donnee & deffend au iuge de la

pouuoir executer. 305. cha. 242. nume. I.
de l’Appellation les adherens se dehuront insinuer dedans dix
Iours. 202. cha. 237. nume. 7.
es Appellations lon conclud a toutes fins. pag. I83. cha. I39. nu. 5.
es Appellations, quand les parties doibuent rapporter en actes les
causes d’appellation. pag. I88. cha. I43. nu. I0.
es Appellations, quand l’appellant peult propofer nouuelles allega
tions & prouuer ce qui n’estoit prouue. pag.
I88. cha. I43. nume. II.
Appeller a comparoir par lettres choses est plustost admonester
que adiourner. pag. 63. cha. 55. nume. II.
Appeller de qui, ou duquel iuge lon ne peult. 298. cha. 233. par tout.
Item. 300. cha. 235. nume. 2.
Appeller des quelles causes ou sentences lon ne peut. 299. cha. 234.
par tout.
Appeller lon peult es iours des festes. 296. cha. 229. nume. 6.
Appeller peult tout homme qui est graue en sa cause propre, ou
celle quil a entreprise. 295. cha. 229. nume. I.
Appeller peult vng tiers qui est interesse de la sentence des aultres
206. cha. 229. nume. II..
Appeller peuuent le pleige ou respondant, & le vendeur condamne
a garantir. 296. cha. 229. nume. 7.
Appeller qui ne peult. 296. cha. 230. par tout.
Approbation n’a point de lieu, ou la presence de la personne est re
quise. pag. 28I. cha. 2I2. nume. 7.
Arbitraige est reconciliation amiable. 273. cha. 203. nu. 20.
Arbitraige du prince en iugeant doibt estre fonde en droict.
287. cha. 2I8. nume. 4.
Arbitraige non ♣♣♣ par vn arbitre de bonne
foy 273. cha. 203. nume. 26.
Arbitraige & iugement sont differens. pag. I0. cha. 8. nu. 3.
Arbitraige se reduict a la façon de iugement. pag. I0. cha. 8. nu. 7.
par Arbitrage interesse quand on peult appeller. 282. cha. 2I3.
nume. 2.
Arbitraige se doibuent payer par les parties, ou doibuent payer
la peine. 282. cha. 2I3. nume. I.
Arbitrateur n’a nul temps sinon pour prononcer sa sentence.
282. cha. 2I2. nume. II.
d’Arbitrateur la sentence se peult reduire a lordinaire, ibi. nu. 3.
deuant l’Arbitrateur lon ne procede iuridiquement. 273. cha.
203. nume. I9.
Arbitre adiouste, diminue & corrige, ce quil a prononce comme
le iuge. 280. cha. 2I0. nume. 6.
Arbitre condanne au principal, despens, & non aulx interests.
282. cha. 2I2. nume. I3.
Arbitre condamme la partie au principal & despens comme le inge.

pag. 280. cha. 2I0. nume 4.
Arbitrateur comme il procede en la cause. 279. cha. 208. nume. 3.
Arbitre en condannant ne peult exceder la somme timitee.
282. cha. 2I2. nume. I4.
Arbitre declare ce qui est obscur en sa sentence comme le iuge.
280. cha. 2I0. nume. 5.
Arbitre doibt prendre par escript la forme du compromis.
279. cha. 208. nume. I.
Arbitre en cause de compromis procede comme le iuge ibidem.
nume. 2.
Arbitre & arbitrateur enquoy different. 272. cha. 203.
nume. 4. Item. 272. cha. cha. 203. nu. 2I. 22. 23.
Arbitre & arbitrateur en quoy conuiennet. ibi. no. 24.
& 25.
Arbitre & iuge comme different ibi. no. I2.I3.I4.I5. I6. I7. & I8.
Item. 279. cha. 209. nu. I. & aultres sumans. I0.
d’Arbitre & Arbitraige lon appelle en France. 283. cha. 2I3.
nume. I0.
Arbitre & arbitrateur peult estre vne mesme personne.
274. cha. 204. nume. 8.
Arbitre procede ordinairement & iuridiquement comme le iuge. 280. cha. 2I0. nume. I.
Arbitre prononce sa sentence par escript comme le Iuge ibi. no. 2.
de l’Arbirte & arbitrateurs quelz docteurs vous deuez consulter.
273. cha. 203. nume. 27.
Arbitre tient agreables les depositions qui sont deuant luy comme
le iuge. 208. cha. 2I0. nume. 3.
Arbitre tiers qui est absent, doibt estre adiourne a comparoistre
auecq les deux par lordinaire. 28I. cha. 2I2. nume. 5.
Arbitres comme ilz iugent. pag. I0. cha. 8. nume. 2.
Arbitres quelz ilz sont. pag. I0. cha. 8. nume. I.
Arbitres estans en nombre de trois, & les deux saccordent ilz concludent.
28I. cha. 2I2. nume. 3.
Arbitres qui ne peuuent estre. 275. cha. 205. par tout.
Arbitres reçoiuent leurs gaiges pour le loyer qui leur est tauxe.
3I0. cha. 250. nume. I0.
Arbitres sont de trois sortes. pag. I0. cha. 8. nume. 4.
d’Arbitres la sentence ou & quand elle se doibt prononcer.
282. cha. 2I2. nume. 9. & I0.
deux Arbitres qui sont discordans d’opinion, doibuent prendre
vn tiers opinateur. 28I. chap. 2I2. nume. I.
de deux Arbitres la prononciation est valide sans la presence du
tiers. 28I. cha. 2I2. nume. 6.
trois Arbitres pris doibuent conclure par ensemble. 28I. cha.
2I2. nume. 4.
de trois Arbitres les deux opinions concordantes sont tenues vaillables.
28I. cha. 2I2. nume. 8.

Arbitres qui sont discordans chascun en vne somme, doibuent sui
ure la somme plus petite. 28I. cha. 2I2. nu. 2.
Arraments qui doibuent prendre. pag. 259. cha. I90. nu. I.
d’Arraments lacceptation cesse, quand lune des parties decede apres
conclusion en droict. pag. 259. cha. I90. nume. 3.
Articles ne se doibuent exhiber conditionellement ou separemēt.
pag. 222. cha. I67. nume. 8.
Articles n’exhiber, n’apporte vice au proces. pag.
222. cha. I67. nume. 9.
des Articles lon ne doibt donner copie a la pariie. pag.
222. cha. I67. nume. 6.
Articles

Articles se doibuent former par termes affirmatifz. pag.
222. cha. I67. nume. 7.
Articles se peuuent exhiber auec la position. pag.
22I. cha. I67. nume. 4.
Articles specifient plus restrictement, positions plus amplement.
pag. 22I. che. I67. nume. 5.
Argent decrete quelle chose il paye. 322. cha. 260. par tout.
Arrest des personnes quand il se faict en flandres. pag.
75. cha. 64. nume. I7.
Arrest ne se faict auant la sentence es proces qui se font pour cause
des terres & fiefz. pag. 86. cha. 73. nume. 2.
Arrest se faict es proces qui se font touchant meubles, iusques a
establissement de caution. pag. 86. cha. 73. nume. 3.
Arreste pour donner caution, peut engaiger son anneau. pag.
8I. cha. 68. nume. 5.
Arrester que cest. pag. 86. cha. 73. nume. I.
Assesseurs quelz ilz sont. pag. 9. cha. 7. nume. 6.
Attentation au preiudice de litispendence ou de la sentence se doibuent
incontinent reparer. 305. cha. 242. nume. 6.
Attentation apres la defense ne doibt si tost reparer. 305. cha.
243. nume. 5.
Arrester que cest. pag. 86. cha. 73. nume. I.
Assesseurs quelz ilz sont. pag. 9. cha. 7. nume. 6.
Attentation au preiudice de litispendence de la sentence se doi
buent incontiment reparer. 305. cha. 242. nume. 6.
Attentation apres la defense ne se doibt si tost reparer. 305. cha.
243. nume. 5.
Attentation auant l’inhibition, se repare seullement pat definitiue.
305. cha. 243. nume. 4.
Attentation n’a lieu en matiere de possession. 305. cha. 242.
nume. 7.
Attentations apres appellation de la definitiue, se doibuent incontinent
reparer. 305. cha. 243. nume. 2.
Attentations apres appellation de l’interlocutoire, ne soit point
hastees. 305. cha. 243. nume. 3.
Attenter que cest. 305. cha. 243. nume. I.
Attestations se publient aulx parties ou le droict escript a lieu.
pag. 248. cha. I82. nume. 2.
Attestations se publient en aulcuns lieux en causes reeles. pag.
248. cha. I82. nume. 7.
aulx Attestations quand partie n’oppose rien, ellle est deboutee.
pag. 248. cha. I82. nume. 5.
Attestations ou ne se publient presentement. pag.
248. cha. I82. nume. 5.
Attestations ou ne se publient presentement. pag.

248. cha. I82. nume. 6.
Attestations des tesmoings si elles doibuent estre publiees aulx parties.
pag. 248. cha. I82. nume. I.
Aulx attestations & instrumens lon adiouste foy au conseil de Malines.
pag. 222. cha. I67. nu. 24.
Attestation qui veult faire doibt faire adiourner les parties.
pag. 248. cha. I82. nume. 3.
d’Attestation doibt estre la copie permise aulx parties. pag.
248. cha. I82. nume. 4.
d’Attestation a quoy sert la publication. pag.
248. cha. I82. nume. II. I2. I3.
B.
Baillif est tousiours hors du proces si ainsi il luy plait. pag.
95. cha. 68. nume. 40.
Banqueroutiers ne doibuent nulle part estre en seurete. pag.
76. cha. 64. nume. 29.
Bestial paissant mes bledz, comme & quand ie le puis prendre.
pag. I5. cha. I4. nume. I6.
Biens dautruy peuuent estre cerche en la maison de celluy qui les
dente. 292. cha. 225. nume. 6.
Boutefeu, ou estant occasion de quelque bruslement des maisons,
quand il peult estre iecte au feu. pag. I6. cha. I4. nume. 2I.
la ville de Bruges combien des villes elle a soubz soy. pag.
I70. cha. I34. nume. I7.
C
Cassation & election sont aussy bien es contractz de bonne foy que
de droict estroict. pag. 50. cha. 48. nume. I8.
Cassation ou elle n’a lieu. pag. 50. cha. 48. nume. I9.
Cause male soustenant est quelquefois condamne au double.
292. cha. 225. nume. 5.
Cause malle soustenant a bon escient doibt estre publiquement note
d’infamie. 292. cha. 225. nume. 3.
Cause mesme presentee deux fois la presentation superflue est reiectee.
98. cha. 82. nume. 8.
Cause quand & par qui se presente sur le rolle, es parlement de
Flandres & aultres cours. 98. cha. 82. nu. I. 2. 3. 4.
Cause se doibt chascune presenter separeement. 98. cha. 82. nu. 5.
Causes comme elles sont appellees chascune par leur ordre.
98. cha. 83. nume. I.
Causes priuilegees suiuent le Conseil du Prince. pag.
60. cha. 53. nume. I9.
es Causes qui sont difficiles au parlement de Malines les parties
saccordent par commissaires. 267. cha. I99. nume. 2.
es Causes qui sont doubteuses, il est bon que parties saccordēt par
le iuge. 267. cha. I99. nume. I.
es Causes qui sont embrouillees lon commet souuentesfois que lc’un

pour accorder les parties. 266. cha. I99. nu. 8.
quelles Causes appartiennēt a la superiorite du conte de Flādres.
298. cha. 232. nume. 5.
Caution comme doibt estre mise par l’acteur. II3. cha. 99.
nume. I. & . 2.
Caution comme & pourquoy se donne. 8o. cha. 67. nume. 2.
Caution donner de payer ladiugé est entendu de la somme sur laquelle
on procede. 80. cha. 67. nume. 3.
Caution doibt estre donnee es cours feodales auāt qu’on puisse riē
agir. II4. cha. 99. nume. I2.
Caution est de diuerses sortes. 80. cha. 68. nume. I.
Caution fideiussoire qui ne peult donner satisfait en baillant caution
iuratoire. II4. cha. 99. nume. 8.
Caution ne se donne point de droict par personnaiges riches, mais
bien se lon la practique. 80. cha. 67. nume. 5.
Caution ne se donne plus par lacteur. II3. cha. 99. nume. 5.
Caution par quelz marchans ne se donne. II4. cha. 99. nume. 9.
Caution quand doibt estre mise. II4. cha. 99. nume. II.
Caution quand n’est necessaire. II4. cha. 99. nume. I0.
Caution que ne peult trouuer, doibt es cas d’importance estre relaxe
soubz serment. 80. cha. 67. nume. 7.
Caution se doibt donner par le defendeur estranger si n’est, & c.
pag. II3. cha. 99. nume. 7.
Caution se donne par lacteur estranger nayant domicille. pag.
II3. cha. 99. nume. 6.
Caution simple, pignoratoire, & en chose propre comme se faict.
80. cha. 68. nume. 2. 3. 4.
Ceder action & transporter action comme ilz differens. pag.
52. cha. 49. nume. I.
Cedulle quand elle faict plaine preuue. 237. cha. 75. nume. 2I.
Cession daction crue n’a lieu sinon apres le deces du testateur.
Cession des biens contre qui na lieu. 83. cha. 70. nume . 9.
& aux aultres suyuans.
Cession des biens est acceptee des loix pour payement. 82. cha. 70.
nume. 3.
Cession des biens est remede pour ne demourer en prinson perpetuelle.
82. cha. 70. nume. 2. & 8.
Cession des biēs est vaillable encores qu’on eust iure de n’en faire.
82. cha. 79. nume. 4.
Cession des biens faisant quelles choses il doibt faire. 82. cha. 70.
nume. 5.
Cession faicte entre vifz entant que lune des parties est plus puissante,
n’est vaillable. 52. cha. 49. nume. 4.
Cession faicte entre vifz qui est plus puissant n’est de valeur sinon.
& c. pag. 53. cha. 49. nu. 6.
Cession faicte entre vifz sans proces est ferme & stable pourueu,

& c. pag. 53. cha. 49. nume. 7.
Cession faicte par le pere a son filz estudiant en vniuersite, est illicite
si elle est grande. pag. 53. cha. 49. nume. I0.
Cession faicte par vng plus puissant quelle elle est. pa 53. c. 49. n. 5.
Cession simulee comme elle aduient. pag. 53. cha. 49. nume. 9.
Cession vraye quelle elle est. pag. 53. cha. 49. nume. 8.
Chambre des comptes quelle chose soloit traicter. pag.
5. cha. 5. nume. 6.
Chambre legalle quelle chose soloit traicte. pag.
5. cha. 5. nume. 7.
Chambre legale pourquoy fut anichilee. pag. 6. cha. 5. nu. I4.
Chambres metropolitaines combien il en y a en Flandres. pag.
6. cha. 5. nume. I7.
Chambre reningaire quelle elle est. pag. 6. cha. 5. nu. I9.
Chambres principales combien il en y a en Flandres & qui elles
sont. pag. 5. cha 5. nume. I. & 2. Chambres

Chambres souueraines combien il en y a en Flandres. pag.
6. cha. 5. nume. I6.
Chambres subalternes & bancqz iuridicques combien il en y a
en Flandres. pag. 6. cha. 5. nume. I8.
Changer, adiouster & corriger en quoy different. I29 cha.
II0. nume. 3.
Chapitre ou conuent nestant assemble la citatiō faict au doein
ou a l’abbe. 69. cha. 59. nume. 22.
Choses qui ne peuuent estre vendues qui elles sont. pag.
45. cha. 48. nume. 4.
Citation a vne compaignie se faict aulx gouuerneurt dicelle. pa.
69. cha. 59. nume. 25.
Citation de combien de sortes elle est. pag. 62. cha. 54. nume. 6. 7.
& 8.
Citation en quoy est fondee. pag. 6I. cha. 54. nu. 3. 4. & 5.
Citation est de deux façons, simple & peremptoire, & c. pag.
64. cha. 57. nume. I.
Citation est enuoyee des magistratz verbalement & du prince
par escrit pag. 62. cha. 54. nume. I0.
Citation est generaille & specialle. 65. 57. nume. 9.
Citation est lentree & commencement de tous iugemens. pag.
6I. cha. 54. nume. 2.
Citation & inumation comme ilz different. 69. cha. 59. nu. 28.
Citation peremptoire comme & quand se faict. 64 cha. 57. nu.
3. 4. 5. & c.
Citation personnele se faict quand la cause n’est encores cognue
en iugement. pag. 35. cha. 30. nume. 2.
Citation quand elle se faict par mandement du iuge. 63. 55.
nume. 9.
Citation que c’ist, & diuerses appellations d’icelle. pag.
6I. cha. 54. nume. I.
Cité par appostille que il est. pag. 63. cha. 55. nume. 3.
Cité qui peult estre en matiere ciuile ou pecuniaire. pag.
62. cha. 54. nume. 9.
Ciuil arreste se faisant quelles personnes doibuēt estre obseruees.
74. cha. 64. nume. 4.
Ciuile prinse executant doibt noter quattre poincts. 74. cha.
64. nume. I.
Ciuiles choses viennent a la cognoissance iuge par la veue.
240. cha. I77. nume. 4.
Ciuilement qui ne peult estre arreste. 64. cha. nu. 5. & aultres.
Ciuilement sarrestent en Flandres les biens ou les personnes.
75. cha. 64. nume. I6.
Clercqz se peuuent soubmetre a tous iuges. pag.
60. cha. 53. nume. I5.

Clerq refusant seurete est condanne a icelle par la court. 253. cha.
I24. nume. 4I.
Clercqz ou notaires quelz gaiges ilz ont. 3II. cha. 25I. nume. 4.
Clercqz en quoy doibuent obeir au iuge seculier. I52. cha. I24.
numo. I6. & aultres.
Comissaire qu’il doibt faire quand le procureur comparoist pour
recepuoir le serment. pag. 220. cha. I66. nume. 7.
Commissaire se deporte de proceder a ouyr les tesmoings, si celluy
qui est adiourne ne comparoit. pag. 220. cha. I66. nume. 9.
Commissaire au conseil de Flandres quel office ilz ont. pag.
209. cha. I55. nume. I2.
Commissaires au conseil de Flandres sont tous referendaires.
pag. 209. cha. I55. nume. II.
Commissaires au conseil de Malines se cōmettent par le seul Pre
sident. pag. 209. cha. I55. nume. I3.
Comissaires au Conseil de Malines sont quelquesfois referendaires
& quelquefois pour determiner. pag. 206. cha. I55. no. I4.
Commissaires commandent aulx parties de respondre par le terme
de credit ou non credit.
Commissaires au conseil de Malines instruisent le proces iusques
a la definitiue.
Commissaires de Flandres prennent adiounctz telz que les parties
permettent. pag. 2I0. c. I56. no. I.
Commissaires de Malines ne peuuent prendre adioinctz, ains doi
buent eulx mesmes ouyr & escrire les informations. pag.
2I0. cha. I56. nume. 2. & 4.
Commissaires de Malines ne se peuuent sans nouueau mandement
informer de rechef sur faictz contenuz es reprobatiōs.
pag. 2I0. cha. I55. nume. I6.
Commissaires & deputez reçoiuent les salaires qui leur sont
tauxez. 3I0. cha. 250. nume. 9.
Commissaires doibuent recueillir ensamble les articles dung mesme
faict. pag. 2I0. cha. I56. nume. 6.
Commissaires ordinaires a combien ilz sont en Flandres. pag.
209. cha. I55. nume. 9.
Commissaires pour deceder qui ilz sont & quelle puissance ilz
ont. 209. I55. nume. 4. 5. & 6.
Commissaires ordinares a combien ilz sont en Flandres. pag.
209. cha. I55. nume. 9.
Commissaires pour deceder qui ilz sont & quelle puissance ilz
ont. 209. I55. nume. 4. 5. & 6.
Commissaires sont de deux sortes, & qui ilz sont. 209. chap.
I55. nume. I.
des Commissaires referendaires loffice. 209.. I55. nu. 2. & 3.
Commissaires referendaires ne sont en France empeschez de
proceder par appellation. pag. 209. cha. I55. nume. 8.

Commissaires silz sont a deux doibuent par ensamble ouir les enquestes.
pag. 2I0. cha. I56. nume. 5.
des Commissaires la puissance se peult prolonger auec consentement
des parties & du commissaire. pag.
2I0. cha. I55. nume. I8.
des Commissaires referendaires lon nappelle point. pag.
209. cha. I55. nume. 7.
Commission d’adiourner comme se donne. pag. 63. cha. 55. nu. z.
Commission ne doibt estre depechee sans y inserer la cause de l’ad
iournement. pag. 63. cha. 55. nume. 6.
Commission quelle n’est mise a execution. 7I. cha. 6I. nu. 3. 4. 5.
Commission se donne suyuant la requeste exhibee. pag.
63. cha. 55. nume. I.
Commissions combien en ont les President & conseillers de Flandres.
pag. 209. cha. I55. nume. I0.
Commissions des iuges sont disposees selon le narre de la requeste.
63. cha. 35. nume. 7.
Commissions sont differentes mais auecq limitation selon la diuersite
des iurisdictions. pag. 63. cha. 55. nume. 5.
des Commissions lesquelles vont deuant. pag. 63. cha. 55. nume. 4.
Communaute se cite parlant au magistrat d’icelle. 69. cha.
59. nume. 24.
de non Comparition qui se peuuent excuser. 88. cha. 75. nume.
3. 4. & aultres.
Comparoir ou se presenter que c’est. 98. cha. 82. nume. 6.
Compellation se faict quand l’ouurage est parfaict. pag.
pag. I8. cha. I5. nume. 6.
Complaignant qui succombe doibt estre condamne en la peine
de dix liures. pag. 43. cha. 40. nume. I6.
Complainte que cest. pag. 40. cha. 38. nume. I.
Complainte contre qui ne peult estre expediee & ne vault. pag.
42. cha. 40. nume. I & c.
Complainte & maintenue different par six manieres. pag.
40. cha. 38. nume. 2.
Complainte litigieuse est sequestree pur le Prince. pag.
40. cha. 37. nume. 3.
Complainte mal impetrant est condamne en amende arbitraire.
pag. 43 cha. 40. nume. I8.
Complainte oste nouuelle turbation, racointe la paix & resceint
les combatz. pag. 40. cha. 38. nume. 5.
Complainte peult estre expediee contre celluy qui a incite vng
aultre a faire trouble, ou luy a commande. pag.
42. cha. 40. nume. I4.
en Complainte les tiltres plus anciens & derniers sont a lexecution
les meilleurs. pag. 40. cha. 37. nu. 5. &. 4.
Composition amiable quant aulx choses spiritueles a bien lieu.

268. cha. 200. nume. I4.
Compromettre de quelles choses lon n’e peult. 278. cha. 207.
nume. I.
Compromettre lon peult des causes crimineles ciuilement inten
tees. 278. cha. 207. nume 2.
Compromettre lon ne peult es causes ciuiles publicques sans consentement.
278. cha. 207. nu. 5.
Compromettre qui ne peult. 277. cha. 206. par tout.
Compromis en arbitr♣teurs n’est point couche par escript.
274.

274. cha. 204. nom. 5.
Compromis en arbitres & arbitrateurs quelles choses requierent
274. cha. 204. nom. I. & 2.
Compromu en arbitres est couche par escript & est autentique
274. cha. 204. nom. 4.
Compromis en arbitres au Grand Conseil de Malines est reeeu
& escript par le glotaire. 274. cha. 204. n. 6.
en Compromis les droictz & canons obligent quelquefois a peine
ou serment en lieu de peine. 274. cha. 204. nom. 3.
Concludant impertinemment doibt attendre sentence impertinēte.
II7. cha. I02. nom. 3.
Conclure a toutes fins que cest. I83. 3 ha. I38. nom. 2.
Conclure ne doibt le defendeur selon les droictz. II7. cha. I02. n. 4.
Conclure sur les faictz principaulx que cest. 247. cha. I8I. nom. I.
Conclure vng proces en droict ou en cause que cest. 260. cha I9I.
nom. I.
Conclusion a qui appartient. II7. cha. I02. no. I. & 2.
Conclusion au principal se saict que quelquesfois sur productions des
tesmoins seullement & quelquesfois sur productions & tiltres
par ensamble. 247. cha. I8I. nonm. I.
Conclusion changee se doibt ainsi changer l’intendit. I29. cha. II0.
nom. 2.
Conclusion comme se doibt former. II7. cha. I02. nom. 8.
Conclusion contient toutte la force du iugement. II7. c. I02. no. I0.
Conclusion des parties se doibt restituer au registre des actes. I96.
cha. I49. nom. 5.
Conclusion encore quelle est faicte a rebours, pourueue quelle soit
pertinente & claire, est vaillable. II7. cha. I02. nom. II.
Conclusion en cause est requise es proces de faicts. 260. cha. I9I.
nom. 9.
Conclusion en cause est des substantiaulx du proces. 260. cha. I9I.
nom. 8.
Conclusion en cause n’est requise es proces de droict. 260. cha. I9I.
nom. I0.
Conclusion en cause faicte, lon prend temps pour determiner.
26I. cha. I92. nom. I.
Conclusion en droict faicte n’est loisible aulx parties produire aulcune
chose. 260. cha. I9I. nom. 2.
Conclusion en droict par qui se faict. 260. cha. I9I. nom. 3.
Conclusion en quelles matieres n’est de besoing. II7. c. I02. n. 5. 6. 7.
Conclusion & sa forme au conseil de Flandres. II7. cha. I02. n. 9.
Conclusion faicte le iuge peult interroguer les parties. 260. ch. I9I.
nom. 6.
Conclusion faicte parties peuuent bailler au iuge motif de droict.
260. cha. I9I. nom. 7.
Conclusion ou se faict au Conseil de Malines. 260. cha. I9I. no. 4.

Conclusion ou se faict en Flandres. 260. chap. I9I. no. 5.
Conclusion peult estre changee dun chascun auant litiscontestation
I30. cha. II0. nom. 6.
Conclusion quelle chose peult preceder. II7. ch. I02. no. I2.
Conclusion qui est obscure se peult en tout temps declarer, non
pas changer. I30. cha. II0. nom. 7.
Conclusion se doibt escrire au rolle & au registre. I29. cha. II0.
nom. t.
si Conclusion se peult faire par gerundifz. II7. cha. I02. nom. I3.
Conclusion demandant peu auant litiscōtestation la peult muer.
I29. cha. II0. nom. 5.
en Conclusion demandant plus qu’il ne doibt en y estant peult cor
riger sa conclusion. I29. cha. II0. nom. 4.
es Conclusions les clauses vtilement inserres. I29. c. I09. par tous.
Condemnation du iuge subalterne repugne a la raison. 284. cha.
25I. nom. 6.
Confession de la personne principale porte preiudice. 232. chap. I73.
nom. 22.
Confession du Tuteur au dommaige du pupille ne porte preiudice.
232. cha. I73. nom. 2I.
Condamne peult bailler telz biens a lexecuteur quil veult. 3I9.
cha. 258. nom. 4.
Condamne peult recouurer son mesnage vēdu dedans huict iours
3I9. cha. 258. nom. II.
Confession de crime faicte deuant arbitre ne diffame. 278. c. 207.
nom. 4.
Confession faicte deuant iuge incompetent ne porte preiudice. p.
232. cha. I73. nom. I3.
Confession d’ung malade alytte porte preiudice. pag.
232. cha. I73. nom. I3.
Confession faicte auecq cause porte aussy preiudice. pag.
232. cha. I73. nom. 6.
Confession faicte deuant arbitres quand elle faict foy. pag.
232. cha. I73. nom. 8.
Confession faicte deuant arbitres porte preiudice. pag.
232. cha. I73. nom. 7.
Confession faicte en preiudice de son Seigneur ou superieur ne
vanlt. 232. cha. I73. nom. I5.
Confession faicte par erreur ne porte preiudice a personne. pag.
232. cha. I73. I2.
Confession faicte par l’Aduocat porte preiudice. 232. ch.
I73. nom. I8.
Confession faicte par mineur de xxv. ans ne lie pas. pag.
232. cha. I73. nom. 20.
Confession faicte par le procureur en preiudice du client on sa
partie, ne porte preiudice. 232. cha. I73. nom. I7.

Confession faicte par procureur porte preiudice. pag.
232. cha. I73. nom. I6.
Confession faicte par Tuteurs ou Curateurs, ne porte pas preiudi
ce. 232. cha. I73. nom. I9.
Confession forclost toute preuue. pa. 232. c. I73. nom. 4.
Confession obscure ne porte preiudice. pag. 232. cha. I73. nom. I4.
Confession propre est plus forte d’un ayde reclamé. 236. cha. I75.
nom. II.
Confession qui se faict hors iugement porte preiudice s’il apert di
celle. pag. 232. cha. I73. nom. 5.
Confession sans cause porte preiudice pour se decharger. pag.
232. cha. I73. nom. I0.
Confession sans cause ne porte preiudice pour sobliger. pag.
232. cha. I73. nom. 9.
Confession se faict trois façons. pa. 232. cha. I73. nom. I.
Conge comme se demande quand on veult appeller son superieur
en droict. pag. 3I. cha. 27. nom. I4.
Conge d’accorder quand lon doibt inpetrer du Prince . 270.
cha. 202. nom. I.
Conge de fe deporter de l’appel se doibt impetrer en temps. 27I.
cha. 202. nom. 5.
Conseil augmente en la cause des Tuteurs de Monsieur de Cruningue.
264. cha. I96. nom. 8.
Conseil augmente pour la cause de Monsieur de Nassau & du
Marquis de Bergues. 264. chap. I96. no. 7.
Conseil comme il se demande au magistrat principal. I70. c. I34.
nom. I8.
du Conseil de Flandres augmente vng exemple. 264. c. I96. no. 3.
Conseil priue quel il est. pag. 8. cha. 6. nom. 2.
Conseil priue quil traicte. pa. 8. cha. 6. nom. 3.
Conseil prouincial & toutes gens de iustice iugent selon les allega
tions & probations. 287. cha. 2I8. nom. 5.
Conseil quand fut transporte a Gand. pag. 5. cha. nom. I0.
Conseil quand reçoit augmentation a la requeste de l’une des
parties. 264. cha. I96. nom. 9.
Conseil saugmente par le prince a la requeste dicelluy mesme conseil.
264. cha. I96. nom. 6.
de Conseil l’augmentation se refuse. 265. c. I96. no. I0.
du Conseil augmente en la cause de tollieud’ Iserken hoort. 264.
cha. I96. nom. 5.
Conseiller estant absent pour son impuissance ou pour estre suspect,
lon doit metre vng aultre en son lieu. 264. c. I96. nom. 2.
Conseiller & President & c. quels gaiges il a. 3II. cha.
25I. nom. 3.
Conseillers de Gand & de Lille s’appellent freres. pag.
5. cha. 5. nom. II.

Conseillers de Flandres se contentent de leurs gaiges du Prince.
3I0. cha. 250. nom. 4.
Conseils conseillent a sa maieste comme & par quel moien doibt
il accorder la publication des attestations. 249. cha. I82. no. 23.
24. 25. & 26.
Conseils pourquoy & par qui saugmentent. 264. cha. I96. nom. I.
Conseils pourquoy dissuadent a sa Maieste la publication des attestations.
249. cha. I82. nom. I5. & aultres suyuans.
Conseils souuerains combien il en ya au pays Bas. p. 8. c. 6. n.I.
Conseils se doibuent augmenter pour l’abondance & importance
des causes du pais. 264. cha. I96. nom. 4.
Consignation n’est de droict, ains de coustume contre les defloriaulx.
84. cha. 7I. nom. 2.
Consignation comme se doibt faire. 84. ch. 7I. nom. 3. & 4.
F f Consignation

Consignation faicte es mains du Iuge n’est de tenue sans offre de
payement preallable. pag. I9. cha. I6. nom. 9.
de Contestation en cause, formule. I44. cha. I20. nom. I0.
pour Contester en cause quelle chose est requise. I44. c. I20. II.
Contract comme se faict, & les substances dicelluy. pag.
47. cha. 47. nom. 2 & 3.
Contract de cession ne se peult faire par les aduocatz auecq leurs
parties. 35. cha. 49. nom. II.
Contract iuré comme il peult estre casse. pag.
5I. cha. 48. nom. 28. & 30.
violant Contract qu’il a iure est pariure. pag.
5I. cha. 48. nom. 27.
Cōtract qui est faict par fraude, & ou il y a deceptiō du iuste pris,
se casse, on est reduict au iuste pris. pag.
49. cha. 48. nom. 3.
Contractant doibt aduiser quattre choses. 49. ch. 48. nom. I.
Contracter qui ne peult. pag. 47. c. 47. nom. 6. 7. & 9.
Contractz appartiennent a action reele. pag.
47. cha. 47. nom. I.
Contractz enfreinent les coustumes. I3I. ch. II2. nom. 4.
quelz Contractz ne sont vaillables & les choses illicites dicelluy.
pag. 47. cha. 47. nom. 4. &. 5.
Conuention non vsuraire & son exemple. I27. c. I07. nom. I.
Conuentionneles peines esquelles vsure est presumee, ne se peuuēt
de mander. I27. chap. I07. nom. 3.
Conuentionnele paine doibt estre payee par celluy qui n’est solita
ble oultre l’interest. I28. cha. I07. nom. 7.
Conuentionneles peines esquelles vsure n’est presumee se peuuent
demander. I27. cha. I07. nom. I.
Conuetionneles peines lesquelles ne sont point tenues pour vsuraires.
I28. chh. I07. nom. 6.
Contumacé apres auoir par fois este adiourne, est deboute de
tous actes. 93. cha. 78. nom. 3I.
Contumacé apres contestation en cause n’est reuocque sinon par
relief. 97. cha. 8I. nom. 3.
Contumace comme elle se punist. 89. cha. 76. nom. 2.
Contumace du demandeur est plusgrieue que celle du defendeur.
90. cha. 77. nom. 2.
Contumace en trois façons comme se faict. 93. cha. 78. nom. 26. 27.
& 28.
par Contumace ou deffault lon procede contre celluy qui ne com
paroit. 87. cha. 74. nom. 7.
Contumace faintement, doibt estre ouy en ses appellations. 93. c.
78. nom. 3I.
Contumace pour quelles raisons elle est decretée. 89. c, 76. nom. I.

quand Contumace doibt estre reuocquee. 97. cha. 8I. nom. 2.
Contumace quand se purge. 97. cha. 8I. nom. I.
Contumace qui est procedee par la coulpe du procureur redonde
contre icelluy procureur. 97. cha. 8I. nom. 4.
Contumace qui oste gain de cause, est difficilement a reuocquer.
97. cha. 8I. nom. 5.
Contumace se faict par trois façons. 93. cha. 78. no. 25.
Contumacé vrayement doibt estre ouy en ses appellations. 94. c.
78. nom. 30.
pour Coulpable est tenu celluy qui se sert des meschans. pag.
34. cha. 29. nom. 8.
Copie de loriginal comme sera recouuerte, quand on craint q’uil n’est permis la prendre,
ou les grans frais. 237. cha. I34. no. 8.
Copies autentiques prises sur loriginal ont foy doriginal. 233. cha.
I74. nom. I2.
Court nouuelle comme succedoit. pag. 5. cha. 5. nom. 9.
Court nouuelle establie a Lille par Phelippe le hardi. pag.
5. cha. 5. nom. 5.
Court nouuelle quand & par qui fut diuisee. pag.
5. cha. 5. nom. I0.
Court nouuelle que traictoit. pag. 5. cha. 5. nom. 8.
Cours spirituelles qui sont soubz Lempire, ne portent peine de mal
iuger. 295. cha. 228. nom. 4.
Coustume donne foy aulx lettres. 235. cha. I74. nom. I8.
Coustumes enfreinent les droictz escriptz. 3I3. cha. II2. nom. I3.
Coustumes notoires n’ont en Parlement mestier de preuues, mais
bien celles qui ne sont notoires. pag.
2I7. cha. I64. nom. 6.
Coustumes sont allegations des faictz, & consistent en preuue.
I3I. cha. II2. nom. I2.
Creancier combien longuement il peult tenir en prison son deb
teur. 76. cha. 64. nom. 24.
Creancier peult apprehender son debteur fuyant. pag.
I5. cha. I4. nom. 2.
Creancier peult a son debteur oster les biens qu’il luy emporte.
pag. I5. cha. I4. nom. 3.
Crediteur peult apprehender le debteur qui senfuit. 76. cha. 64.
nom. 27.
Criees ne se doibuent faire es tours des festes ou dimenche. 3I7. ch.
256. nom. 5.
Crimes viennent a la cognoissance du iuge par la veue. 240. cha.
I77. nom. 3.
Croire lon doibt vng chascun en son ♣aut ou mestier. pag.
227. cha. I7I. nom. II.
le Curateur des ens & de la portee, a ladminislration de petites
choses. I67. cha. I32. nom. 20.

Curateur du prodIuge & insense, a l’administration de tous les
biens. I67. cha. I32. nom. 20.
Curateurs a qui sont donnez. I67. c. I32. no. I7. I6. I8. & I9.
D
Debte certaine se doint faire totallement sur la peine establie. pa.
I9. cha. I6. nom. 5.
Debte qui n’est claire quand elle doibt estre payee. pag.
I9. cha. I6. nom. 6.
Debte qui est mixte comme elle se doibt payer. pag.
I9. cha. I6. nom. 7.
Debtes sont de trois sortes. pa. I9. c. I6. no. 4.
le Debteur voulant payer, quelle chose il doibt faire. pag.
I9. cha. I6. nom. 8.
Deception es droictz est dissimulee qui est au dessoubz la moictie
su iuste pris. pag. 49. cha. 48. nom. I0.
Deception oultre la moictie du iuste pris comme elle sentend. pa.
49. cha. 48. nom. 8.
Deception es doictz est dissimulee qui est au dessoubz la moictie
du iuste pris. pag. 49. cha. 48. nom. I0.
Deception oultre la moictie du iuste pris comme elle sentend. pa.
49. cha. 48. nom. 8.
Deception n’excuse quant au ingement de conscience. pag.
49. cha. 48. nom. II.
Deceu oultre la moictie du iuste pris peult rescinder le contract.
pag. 49. cha. 48. nom. 6.
Declinant de son iuge doibt estre puni de contumace & despens.
I50. cha. I24. nom. 7.
Declination se faict de la part du iuge si le defendeur dict & c.
nom. 2.
Decliner du iuge que c’est. I49. cha. I32. nom. I.
Decliner lon peult du iuge estant incompetent, ou bien indigne
pour quelques vices qui sont en luy. pag. 30. cha. 27. nom. I6.
de Decliner les exceptions, ne se doibuent prouuer par parolles,
ains par effect. I49. cha. I32. nom. 4.
pour Decliner du iuge quelle chose appartient. I54. cha. I25. no. I.
Decret du iuge ou il s’interpose. pag.
I94. cha. I48. nom. 3. & 4.
Decret est de deux sortes. pa. 94. c. I48. n. 6.
Decret faisant doibt considerer le temps & la saison. I9I. ch. I46.
nom. 4.
Decret n’est necessaire pour vendre choses qui tost porissent. I94.
cha. I48. nom. 5.
Decret premier pourquoy est dict, quand ne suit point le second.
pag. I95. I48. nom. 9.
Decret premier quel il est. I95. cha. I48. nom. 7.
Decret second quel il est. pag. I95. cha. I48. nom. I0.

Decrets du Conseil de Malines & Flandres ou ilz valent. p.
I95. cha. I48. nom. II.
Decrets par qui ont este parfaictement declarez. I95. c. I47. n. I2.
Decretz se changent par les Papes ou Empereurs, ou s’abolissent.
I9I. cha. I46. nom. 3.
Decrets se doibuent interposer sagement & auecq cognoissance
de cause. I94. cha. I48. nom. 2.
Decrets sont quelquesfois sentences interlocutoires, & quelquesfois
definitiues. I94. cha. I48. nom. I.
Decreter doibt le iuge apres les solemnitez parfaictes. 32I.
cha. 259. nom. I.
Defaut & l’adiudication d’icelluy, peult estre differè par le iuge
iusques au troifiesme iour. 97. cha. 80. nom. I.
Defaut ne sert a la partie, s’il n’appert par acte. nom. 8.
pag.

pag. I96. cha. I49.
Defaut qui perd, & le proufit dicelluy. 96. cha. 79. no. I2. I3. & I4.
Default que cest, tant en Parlement, Conseil de Flandres, Courz
soubalternes, ou Vierschares. I8I. nom. 2. 4. 5. 6.
Defaut second oste la defense a celluy qui est adiourne en matiere
personnele. pag. 9I. cha. 77. nom. 33.
du Defaut de droict qui appelle, & obtient en France, est tousiours
exempté dicelluy iuge. 305. cha. 242. nom. 8.
Defendeur comparant, de comparition est est notee. 98. c. 82. no. 9.
Defendeur confessant en iugement le demandeur, est tenu pour
conuaincu. 232. cha. I73. non. 2.
Defendeur demāde delaiz pour former sa respōse. p. I33. c. I44. n. 3.
Defendeur destitue de fin de non recepuoir, a quoy il conclud en
Flandres. I83. cha. I29. nom. 3.
Defendeur doibt estre le plus fauorise, quand les tesmoings sont
egaulx en nombre & credit. 265. cha. I97. nom. 4.
Defendeur est tenu de respondre deuant l’arbitre en matiere de
compromis. pag. 60. cha. 53. nom. 20.
Defendeur mourant auant la conclusion, ses heritiers doibuent
estre adiournez auant lan pour prendre les arremens. 259. c.
I90. nom. 2.
Defendeur n’a pas incontinent a la main dequoy respondre a la
demande du demandeur. I33. cha. II4. nom. 2.
Defendeur peult estre iuge deuant le iuge auquel il s’est soubmis.
pag. 60. c. 53. nom. I4.
Defendeur proteste contre le vendeur qui refuse garentir de dommaiges
& interests. I69. cha. I34. nom. II.
Defendeur quand il est tenu de prouuer. 2II. c. I58. par tout.
Defendeur quand il peult estre conuenu deuant vn iuge estrange.
pag. 59. ch. 53. nom. 4. 5. 6. &. 7.
Defendeur qui confesse est soubmis a condānation. 232. c. I73. n. 3.
Defendeur qui est seul & vniuersel heritier, doibt estre conuenu
deuant le iuge du lieu de la maison mortuaire. pag.
60. ch. 53. nom. I3.
du Defendeur la cause est tousiours plus fauorable. 227. cha. I7I.
nom. 7.
Delay citatoire quel est permis par l’huissier a la partie adiournee.
pag. I34. cha. II5. nom. 2.
Delay consultoire ou ne conuient. pag. I35. c. II5. nom. 8.
Delay de garand a qui n’est permis. pag. I35. c. II5. no. I2.
Delay de garand de donne en Flandres au Defendeur par trois
fois. pag. I35. c. II5. nom. I0.
Delay de garand ne se donne pour appeller aultre a garand. pag.
I35. cha. II5. nom. II.
Delay deliberatoire quand & pourquoy est donne au Defendeur

pag. I34. c.II5. nom. 4. 5. & 6.
Delay est permis aulx parties pour iurer de verite. pag.
I37. cha. II6. nom. I3.
Delay estant demande par la partie suspecte de calomnie, laultre
presse le iuge de constraindre sa partie de iurer. pag.
I38. cha. II8. nom. I2.
du Delay extraordinaire es cours de fief la cause est quelquesfois
retectee ailleurs. pag. I38. c. II8. nom. I0.
Delay extraordinaire est de deux sortes. pag.
I38. c. II8. nom. I. 2. & 3.
Delay extraordinaire estant le Conseil absent ou il est octroye. p.
I38. cha. II8. nom. 9.
Delay extraordinaire se donne en vn cas seullement. pag.
I38. cha. II8. nom. 6.
Delay extraordinaire second tiers & quart quelle chose il requiert.
pa. I38. c. II8. no. 7. & 8.
Delay impeditoire est consenty en Flandres pour reprendre les ar
remens. pag. I35. cha. II5. nom. 7.
Delay ne peult estre prins par la partie calomnieusement. I7I. ch.
I35. nom. II.
Delay ne se donne pour faire enqueste touchant la maladie. pag.
I36. cha. II6. uom. 5.
Delay n’est donne pour iurer de calomnie ou affermer ses escritu
res. pag. I37. cha. II6. nom. I3.
Delay peremptoire a son lieu, si la partie meurt apres l’expitatiō
dicelluy. pag. I38. cha. II8. nom. 5.
Delay peremptoire est renouuelle, si la partie meurt ce pendant.
pag. I38. cha. II8. nom. 4.
Delay pour prendre inspection de lieu, ou il se donne, & ou il est
denie. pag. I35. cha. II5. nom. I3.
Delay qui est permis pour faire information sur paine que droict.
sera faict, s’il est mis a nonchaloir il conclud la cause en iugement.
pag. I36. cha. II6. nom. 9.
Delay restitutoire a qui il se donne. pag. I35. cha. II5. no. 9.
Delay reuocatoire est permis par le iuge pour deux causes. pag.
I34. cha. II5. nom. 3.
Delay se doibt demander a la bonne foy, que le serment doibt con
fermer. pa. 238. cha. II8. nom. II.
Delay se donne trois fois pour faire information ordinaire. pag.
I36. cha. II6. nom. 6.
Delay seul & peremptoire pourquoy ul est donne. pag.
I37. cha. II6. nom. I2.
Delay la procuration & l’ottroy d’ung nouueau delay comme
ilz different. pag. I26. cha. II6. nom. I0.
Delays apres la sentence donnee sont arbitraires. pag.
I37. cha. II7. nom. 6.

Delays apres la sentence quelz ilz sont. pag. I37. c. II7. nom. I. 2.
3. 4. 5.
Delays apres litiscontestation a quoy ils seruent. I36. c. II6. nom. I.
Delays diuers, se permettent bien, mais en diuerses causes. pag.
I36. cha. II6. nom. II.
Delays extraordinaires ne doibuent estre legierement permis par
le iuge. pag. I33. cha. II4. nom. 6.
Delays ordinaires sont de trois sortes. pa. I34. cha. II5. nom. I.
Delays ordinaires pour combien de temps on les ottroye au parlement
de Malines pag. I36. ch. II6. nom. 8.
Delays se donnoyent tadis trois fois en Flandres a l’une & l’aultre
des parties. pag. I36. cha. II6. nom. 7.
Delays sont de deux sortes. I33. c. II4. n. 4. & 5.
Demandant plus grande somme du Retrayeur, comment il doit
estre puny. 326. cha. 265. no. 28. 29.
Demande alternaitiue generalle & conditionele s’est de valeur.
II6. cha. I0I. nom. 3.
Demande claire contient cincq poinctz. II6. cha. I0I. nom. 2.
Demande comme se doibt former. II6. cha. I0I. nom. I.
Demande comme se doibt fonder I3I. cha. II2. nom. I.
Demande quand est estimee insuffisante. I64. cha. I30.
nom. 7. & aultres.
Demande du libelle pourquoy elle sexhibe. I63. cha. I30. nom. 3.
Demande qui sestend plus auant quelle ne doit quelle chose elle
encourt. II6. cha. I0I. no. 4. & 5.
Demandeur defaillant en quelque acte apres contestation en cau
se il en est deboute. 9I. cha. 77. nom. 20.
Demandeur doibt incontinent exhiber ses pretenses lettres, preuilege,
ou tiltre. I32. cha. II3. nom. I.
Demandeur doibt monstrer la copie des actes passez. I33. cha. II3.
nom. 5.
Demandeur & Defendeur en matiere de fief doibuent suyure la
court des Pairs.
Demandeur peult conuenir l’accuse par deuant son superieur, si
le iuge soubz qui est l’accuse refuse faire droict. 60.
cha. 53. nom. 20.
Demandeur peult deferer le serment au Defendeur sur tout le libelle.
245. cha. I79. no. I4.
Demandeur peult deferer le serment au Defendeur pour vne par
tie du libelle, & pour l’aultre preuue. pag.
245. cha. I79. nom. I5.
Demandeur qui craint qu’on ne desere au Defendeur se serment,
alleguera que le Defendeur luy est a ce suspect. 245. c. I79. n. I2.
Demandeur qui doibt conclure en cause, s’il ne cōparoist, ne pour
ra plus rien prouuer. 9I. c. 77. nom. 2I.
Demandeur qui faict faire l’adiournement ne comparant, quelle

chose luy peult aduenir. 90. c. 77. par. tout.
Demandeur qui gaigne son proces, reserue l’action de recouurer
l’adiuge contre l’une ou l’aultre des parties. I69. cha.
I34. nom. I4.
Demandeur s’il ne prouue bien, ou quil ne prouue demipleinement,
le defendeur est absoult. pag. 245. c. I79. no. I7.
Denonciateur doibt rendre raison de sa denonciation dedās trois
iours. I8. cha. I5. nom. 9.
Denonciation combien elle a de vertu. pa. I7. cha. I5. nom. 3.
Denonciation de nouuel ouurage n’a lieu en cas de reparation.
pag. I8. cha. I8. nom. 8.
Denonciation empesche douurer plus auāt sur le fond d’aultruy.
F f 2 I7. chap.

I7. cha. I5. nom. 2.
Denonciation & ses edictz de nouuel ouurage de trois sortes.
pag. I8. c. I5. nom. 7.
Denonciation n’a lieu en ouurage parfaict. pag. I8. c. I5. nom. 5.
apres Denonciation tout qui se faict peult estre demoly. pag.
I8. c. I5. nom. 4.
Demandes sont de trois sortes. pa. II6. c. I0I. n. 6. &. 7.
Deposition en Frace est soubsignee des tesmoings chez le greffier.
263. c. I65. nom. 6.
Depositions des tesmoings se doibuent escrire separemēt & chascune
a part. pag. 225. cha. I70. no. 32.
Depositions des tesmoings doibuent estre escriptes par les Commissaires,
225. c. I70. nom. 3I.
Despens comme & quand ilz se demandent. I28. c. I08. nom. 7.
Despens comme se prennent & se taxent. 309. c. 249. nom. I9.
Despens en la sentence interlocutoire ou sont adiugez, ou reseruez
iusques a la definitiue. 290. c. 222. nom. 5.
Despens ne peuuent estre condamnez apres la definitiue. 309. c.
249. nom. I8.
Despens ne sont deliurez par demie preuue. 290. c. 222. nom. 4.
Despens n’estans adiugez ne doibuent estre payez par le vaincu.
290. c. 222. nom. 6.
Despens quelz ilz sont. I28. c . I08. nom. I. 2. 3.
es Despens qui lon condamne. 290. c. 222. nom. I.
Despens qui se sont apres litiscontestation appartienent a l’office
du iuge. 309. c. 249. nom. I6.
Despens qui sont faictz auant liticontestation ne se condamnent
point par le iuge. 309. c. 249. nom. I4.
Despens se demandent en deux façons. I28. c. I08. nom. 4.
Despens se demandent pour plusieurs causes. p. I28. c. I08. nom. 6.
Despens se demandent selon la practique expressement. I28. c. I08.
nom. 5.
Despens se doibuent tauxer selon les registres des actes. I96. cha.
I49. nom. 7.
des Despens la compensation en quelles causes se faict. 290. chap.
222. nom. 2. 3.
es Despens ne se condamne le procureur general. 290. c. 222. n. 7.
es Despens peult estre condamne auant litiscontestation celluy qui
est contumacé. 309. c. 249. nom. I5.
Despouille ne peult despouiller sinon par egalle portion. pag.
I5. c. I4. nom. 6.
quand Despouille ne peult despouiller celluy qui la despouille. pag.
I5. c. I4. nom. 4. & 5.
Detestation contre la durete des hommes n’estans touchez de nul
le commiseration fraternele. 82. chap. 70. nom. I.

Detestation de ceulx qui font emprisonner leurs freres. 3I9. chap.
258. nom. 3.
Detestation de ceulx qui prennent plaisir a plaider. 30. cha. 27.
nom. 5.
Diffamateur estant cité, & ne comparant, on luy doibt imposer si
lence perpetuel. pag. 20. c. I7. nom. 8.
Diffamation se faict en deux manieres. 20. c. I7. nom. 3.
du Diffameur la detestation. 20. c. I7. nom. 2.
des Diffamations laquelle est la plus legiere, la criminele ou ciuile.
pag. 20. c. I7. nom. 4. & 5.
le Diffame qu’il doibt faire en proces. pag. 20. cha. I7. nom. 7.
le Diffame ayant crainte du iuge ou proces, peult preuenir le diffamateur,
le faisant adiourner. pag. 20. cha. I7. nom. 6.
Diffamez doubtans l’estre a tort, quelle chose ilz doibuent faire.
pag. 20. c. I7. nom. 9.
Dilatoires exceptions pourquoy & quand elles vaquent & sont
exemptes de scrupule de conscience. I56. c. I26. nom. 2.
ou Dilatoires exceptions ne conuiennent. I56. c. I26. nom. 3.
a Dialatoire exception quelle chose compete. I56. I26. nom. 5.
Dilatoires exceptions peuuent estre ordonnees par le tuge, afin
quelles soient proposees toutes ensamble. I7I. c. I35. nom. I0.
Dilatoires exceptions qui elles sont. I56. cha. I26. nom. I.
Dilatoires exceptions se doibuent proposer toutes ♣essamble. I7I. c.
I35. nom. I0.
Dilatoires exceptions sont de diuer ses formes. I56. c. I26. nom. 4.
Dismes ne peuuent estre possedees par gens lays. I76. c. I37. no. 23.
Dismes par qui peuuent estre prescriptes. I76. c. I37. no. 2I.
Dommaige difficile a restablir, se repare par signes. pag.
45. cha. 44. nom. 5
n’aiant certain Domicille peuuent estre conuenuz par tout.
pag. 60. cha. 53. nom. I7.
Donner qui ne peuuent. pag. 49. cho. 48. nom. 2.
es Dons gratuiz lon doibt auoir esgard a la qualite de celluy qui
les offre. 3I0. cha. 250. nom. I3.
Droict ciuil est diuise en deux. I3I. ch. II2. nom. 8.
Droict ciuil quel il est. I3I. cha. II2. nom. 7.
Droict de combien des sortes il est. I3I. cha. II2. nom. 2.
Droict diuin quel il est. I3I. cha. II2. nom. 3.
Droict diuin & naturel sont peusouuent alleguez en practique.
I3I. cha. II2. nom. 5.
Droict d’ung tiers comme il est allegue. I86. cha. I42. nom. 5.
Droict d’ung tiers ne se peult alleguer sans procuration. I86. cha.
I42. nom. 6.
Droict en son ordre ne faict tort a personne. pag.
I3. cha. II. nom. 5.
Droict est diuise en trois. pag. I3. cha. I2. nom. I. & c.

Droict escript que cest. I3I. cha. II2. nom. 9.
Droict non escript que cest. I3I. c. II2. no. I0.
Droict feodal compette contre le mesme fief. 327. cha.
268. nom. 3.
Droict introduict en faueur s’il peult estre renonce. I5I. cha. I24.
nom. I4. &. I5.
Droict naturel quel il est. I3I. cha. II2. nom. 4.
Droict presume celluy estre heretique, qui se sent des heresief.
243. cha. I78. nom. 42.
Droict presume que les enfans sont a lhomme & a la femme auec
lesquelz ils habitent. 243. cha. I78. nom. 4I.
Droict presume que l’espoux a consenti au mariage conditionel la
copulation ensuyuante. 243. cha. I78. nom. 38.
Droict presume que l’espoux a consenti au mariage, quand il habite
auec la femme. pag. 243. cha. I78. nom. 39.
Droict presume qu’il y a mariage au paroles du futur, quand la
copule est ensuiuie. 242. cha. I78. nom. 37.
Droict presume q’ung prestre est fornicateur, s’il habite auec celle
qui est suspecte. pag. 243. cha. I78. nom. 40.
Droict presume que vng profes s’est rendu voluntairement iusques
a ce quil appert du contraire.
243. cha. I78. nom. 43.
Droict se faict au Conseil de Malines, sur chascuns fins ou membres.
I83. cha. 239. nom. 4.
Droict se faist au Conseil de Malines sur fin de non recepuoir, fins
de malle cause, & sur la preuue du defendeur preparee. pag.
I83. cha. I93. nom. 4.
de Droict interpretation ou elle se prend. 287. cha. 2I8. nom. I5.
Droict honoraires des fiefs ou domaines. 329. cha. 268.
Droict necessaires en la vendition dun fief tant pour le vendeur
comme pour l’acheteur. 329. cha. 268. nom. 5. 6. 7.
Droictz sont diuersement nommez. pag. I3. cha. I2. nom. 5.
E
Edifices faictz par aultres sur mon heritaige ie le puis demolir.
pag. I7. cha. I5. nom. I.
Election de Cassation compette au Defendeur deceu. pag.
50. cha. 48. nom. I7.
Enterinement se faict en Flandres au Conseil de Gand. pag.
58. cha. 52. nom. 5.
Enterinement se renuoye quelquefois au iuge inferieur. pag.
58. cha. 52. nom. 6.
Enterinement sont obligez aulx despens propres & de partie.
pag. 58. cha. 52. nom. 7.
Erreur commis en la forme de conclusion doibt estre restitue, &
non change. pag. I30. cha. II0. nom. 8.
Erreur de faict sans dommaige ne porte preiudice a personne.

233. cha. I73. nom. 23.
Erreur des faicts se peuuent proposer a Malines. 307. c. 247. no. I.
Erreur en adiournement est purge a cause de l’ignorance du coin
parant. pag. 70. cha. 60. nom. I0.
Erreurs qui propose & vient a estre conuaincu, est condamne au
double & es despens. 307. cha. 247. nom. 5.
d’Erreurs la proposition ne suspend la sentence. 307. c. 248. nu. 3.
pour Erreurs examiner le Prince assemble plusieus Conseillers.
307. cha. 247. nom. 4.
pour Erreurs de proposer les lettres se doibuent exhiber de
dens deux ans. 307. cha. 247. nom. 2.
Escheuins

Escheuins estans suspectz en nombre de trois ou quattre, quelle
chose lon doibt faire. I55. cha. I25. nom. I0.
Escripture niee requiert estre confrontee auecq aultre. 237. c. I75.
nom. 24.
Escripture ou piece du proces estant perdue le rapporteur enuoye
le tout au Greffier. 263. cha. I95. nom. I.
EScripture priuee ne prouue rien, pour le proufit propre. 236. ch.
I75. nom. 3.
Escripture priuee pour sobliger faict preuue. 236. cha. I75.
nom. 4.
Escripture priuee quelle est dicte. 236. cha. I75.
nom. I.
Escripture priuee tant pour foy, que pour aultruy prouue quelques
fois & quelques fois non. 236. c. I75. no. 5. & 237. c. I75.
nom. I9.
par Escripture seulle quelles choses se prouuent. pag.
236. cha. I75. nom. I2.
son Escripture qui nie doibt estre condanne de calomnie. 236. c.
I75. nom. I0.
son Escripture qui confesse est soubmis a iugement. 236. cha.
I75. nom. 9.
Escriptures anciennes, armoiries, inscriptions & c. font preuue.
234. cha. I74. nom. I3.
Escriptures du proces quelle chose doibuent contenir en Flandres
203. cha. I52. nom. 28.
Escriptures font preuues comme tesmoings. 256. cha. I87.
uom. I.
Escriptures obligatoires ne requirent iour ne lieu quant a la sub
stance dicelles. 237. cha. I75. nom. 26.
Escriptutes obligatoires requierent oiur & lieu quant au deuan
cement du temps. 237. cha. I75. nom. 27.
Escriptures obligatoires requierent iour & lieu en legitimation
237. cha. I75. nom. 28.
Escriptures anciennes des liures d’Eglise font preuue. 234. cha.
I74. nom. I4.
Escriptures ou lettrages sont de deux sortes. 234. cha. I74.
nom. I.
quand Escriptures sont examinez a la paine d’une lamproye.
I88. cha. I43. nom. 9.
Espices a Malines se moderent par le Conseil. 308. c. 249.
nom. I0.
Espices au Conseil de Flandres iadis se taxoyent par le Conseil.
209. cha. 240. nom. I2.
Espices au Conseil de Flandres sont maintenant changees au denier
vingt. 309. cha. 249. nom. I3.

Espices a Paris se taxent selon la grandeur du labeur. 309. cha.
249. nom. II.
Estatz d’Hollande & Brabant qui ils sont. 248. nom. 8.
Estatz d’Hollande & de Brabant ont faict requeste que les attestations
se publiassent pour laduenir. 248. nom. 8.
Estranger n’estant soubz la iurisdiction de celluy qui l’adiourne,
n’est tenu de comparoir. pag. 87. cha. 74.
nom. 3.
Estudians es vniuersitez sont seullement citez ou ilz veullent.
pag. 59. cha. 53. nom. 9.
Estudier si lon peult es iours de feste. I4I. cha. II9.
nom. I0.
Euiction, quand & ou elle se fait. 325. cha. 264. nom. I.
Euiction que c’est. 325. cha. 264. nom. 2.
Euocation de Conseil de Malines se faict du conte de Flandres
par ses lettres closes. 262. cha. I93. nom. I0.
Euocation du Conseil de Flandres se faict du Conte par lettres pa
tentes & huissier. 262. cha. I93. nom. 9.
Euocation de proces que c’est. 262. cha. I93. nom. 2.
Euocation du proces a qui appertiens. 262. cha. I93. no. II.
d’Euocation Prince so sont ♣plamis les quattre membres de
Flandres. 262. cha. I93. nom. I2.
d’Euocation qui sont les causes. 262. cha. I93. no. 2. 3. 4. 5. 6. & 7.
Examen du proces se faict au Conseil de Malines & Flandres
auecq commodite. 26I. cha. I92. no. 2.
Exception comme elle se faict contre le Tuteur. I66. cha. I32. no. I.
& aultres.
Exception comme & quand elle se faict contre le Tuteur. I66.
chap. I32. nom . I0.
Exception comme se faict contre l’Aduocas & pourquoy. I6I. cha.
I29. nom. I. & aultre.
Exception comme se faict contre le porteur de cedulle. I68. chap.
I33. nom. 3.
Exception cōme se faict contre le procureur. I58. cha. I28. par tout.
Exception comme se forme contre position. 207. chap. I54.
no. 26.
Exception contre le libelle quand elle se faict. I63. c. I30.
nom. 5. & 6.
Exception contre le libelle presuppose exhibition du libelle. I63.
cha. I30. nom. I.
Exception contre le procureur se peult faire en tous temps. I60.
cha. I28. nom. 4. 5.
Exception contre vne commission comme elle se faict. I57. cha.
I27. nom. 2. & aultres.
Exception de chose iugee auant contestation en cause a quoy sert.
I73. cha. I36. nom. 7.

Exception de chose iugee apres litis contestation a quoy sert. I73.
cha. I36. nom. 7.
Exception contre cedulle se doibt proposer au commencement.
237. cha. I75. nom. I7.
Exception dilatoire contre la commission se doibt proposer au com
mencement. I57. cha. I27. nom. 8.
Exception est forclusion d’action. I79. cha. I77. nom. 69.
Exception forclost action ou vrayement, ou putatiuement. I79.
cha. I73. nom. 73.
Exception friuole requiert nantissemens. 237. cha.
I75. nom. I7.
Exception personnele quand & pourquoy se faict. pag.
35. cha. 30. nom. 3.
Exception preiudiciable comme & ou se faict. I82. cha. I38. no. 2.
& aultres.
Exception preiudiciable qui elle est. I92. cha. I38.
nom. I.
Escripture priuee est de trois sortes & comme elle faict preuue.
237. cha. I75. nom. 20.
Exception quand elle se faict contre lacteur. I65. cha. I3I.
nom. I.
Exception quand & pourquoy se faict contre commissions. I57.
cha. I27. nom. I.
Exception qui donne contre vne debte confesse facilement la mesme
debte. I73. cha. I36. nom. 8.
Exception se faict contre commissions qui contiennēt double cas.
I57. cha. I27. nom. 9.
Exception se faict en matiere d’arremens contre celluy qui adiourne
simplement. pag. I57. cha. I27. no. I0.
Exception se propose contre le porteur d’une cedulle. I68. cha.
I33. nom. 2.
d’Exception decline l’aduocat du defendeur qui est bien fonde.
pag. I43. cha. I20. nom. 6.
sur Exception de dilatoire est requis serment de calomnie. pag.
I44. c. I20. nom. I5.
Exceptions doiuent garder leur ordre. pag.
I43. cha. I20. nom. 4.
Exceptions requerantes vne plus profonde recherche quelles elles
sont. pag. 25. cha. 23. nom. 8.
des Exceptions dechet celluy qui respond a la demande de l’acteur
pag. I43. c. I20. nom. 5.
des Exceptions non preiudiciables lon procede oultre, & lon conclud
a toutes fins. I82. c. I38. nom. I2.
Excommunié publiquement doibt estre deboute par la partie le
iuge se taisant. I65. c. I3I. nom. 4.
Excommunication ou parlement de France ne sert pour exciper

I65. c. I3I. nom. 2.
Excommunication ou elle a lieu pour exciper. I65. c. I3I.
nom.3.
Executeur admet celluy qui est appellant, en ♣confignane. 320. c.
258. nom. 25.
Executeur admet tous marchand ou encherisseur & le note.
320. cha. 258. nom. 26.
Executeur apres la chandelle estainte, cesse de passer plus oultre.
320. c. 258. nom. 30.
Executeur au Conseil de Malines, comme il met & escript son
salaire. 320. c. 258. n. I8. I9. & 20.
Executeur au Conseil de Flandres, execute son salaire auec le
principal. 320. c. 258. nom. 2I.
F f 3 Executeur.

Executeur de la sentence personnele quelle chose il peult vendre
du condamne. 3I9. cha. 259. nume. 2.
Executeur de la sentence relee met le demandeur en possession re
ele & actuele. 3I9. cha. 258. nume. I.
Executeur doibt premierement dire & declarer le pris de la chose
qui se doibt vendre. 320. cha. 258. nu. 23.
Executeur doibt prendre pleige souffisant. pag. 72. cha. 63. nu. 5.
Executeur doibt signifier au condamme chascunes denonciations.
320. cha. 258. nume. I5.
Executeur procede tousiours en ses denonciations eclesiastiques,
nonobstant appellation. 320. cha. 258. nume. I4.
Executeur quelle chose il doibt faire. pag. 72. cha. 62. nume. 2.
Executeur quand il peult executer sa commission. pag.
72. cha. 62. nume. I.
Executeur vendant plus quil ne conuient, est tenu den rendre
compte. 320. cha. 258. nume. I7.
l’Executeur ne peult vendre plus que ce quil luy fault. 320. cha.
258. nume. I6.
quād l’Executeur procede en lexecution non obstant appellation.
324. cha. 263. par tout.
des Executeurs les salaires sont appellez sportules. 320. cha. 258.
nume. 22.
Execution de la sentence contre qui elle se faict. 3I8. cha. 257. nu.
I.2. 3. 4.
Execution de la sentence en matiere personnele, quād elle se faict.
3I7. cha. 256. nume. I. & 2.
Execution de la sentence en matiere reele, ou l’appellation n’acce
de se faict apres dix tours. 3I7. cha. 256. nume. 3.
Execution de mandement ne se fait par l’huissier sans opposition
ou contradiction. pag. 7I. cha. 6I. nume. I.
Execution des iusticiers inferieurs auecq preiudice fait perturbation.
pag. 45. cha. 43. nume. 4.
Execution par quelle choses n’est empeschee. 323. cha. 262. nume.
2. 3. 4. 5. & 6.
Execution par qui & comme est empeschee. 323. cha. 262. nume. I.
Execution quand elle faict n’y ayant apposition. pag.
7I. cha. 6I. nume. 2.
Executiō qui est faicte es Iours de dimēche & feste n’est vaillable.
3I7. cha. 256. nume. 4.
a l’Execution de la sentence personnele est besoing de denonciation
& d’attendre huict iours. 3I9. cha. 258. nume. I0.
a l’Execution de la sentence reele n’est point besoing de denonciation.
3I9. cha. 258. nu. 9.
en Execution, doit le foncier appeller contre la vendition du
fond. 320. cha. 258. nume. 28.
en Execution ou les biens meubles & immeubles ne suffisent, qui

doibt estre le premier paye. 323. cha. 26I. par tout.
Exhibition des actes iudiciaulx ne doibt estre faicte par le deman
deur apres sa demande. pag. I33. cha. II3. nume. 3.
Exhibition des presenses lettres, preuilege, ou tiltre, doibt estre incontinent
exhibe par le demandeur. I32. cha. II3. nume. I.
Exhibition de preuilege, tiltre ou presenses lettres ne se faict par le
defendeur, sinon au fifque. pag. I32. cha. II3. nume. 2.
Exhibition se doibt faire incontinent des testamens & raisons
par lesquelles quelque chose est pretendue. pag.
I33. cha. II3. nume. 6.
Exoniateur quelle chose il doibt feire. pag. 88. cha. 75. nume. I0.
& II.
Exoniation a qui compete. pag. 88. cha. 75. nume. 2.
d’Exoniation ou adiournement ou il n’est besoing. pag.
89. cha. 75. nume. I7.
Exoniation qui faict probation peult estre refutee par celluy qui
faict adiourner. pag. 88. cha. 75. uume. I2.
Exoniation sans lettres de probation est en France nulle. pag.
88. cha. 75. nume. I3.
Exonier qui doibi le Iuge, & pourquoy. pag.
88. cha. 75. nume. I4. I5. I6.
F.
Faict du Demandeur non nie, doibt estre enregistre es actes d’icel
luy iour. pag. I87. cha. I43. nume. 3.
quand Faictz contraires sont alleguez alors les parties les doiuent
coucher par escript, & les verifier. pag.
I87. cha. I43. nume. 4.
Fardeau prenant en garde, s’il le perd, ou le laisse gaster, il en est
tenu coulpable. 34. cha. 29. nume. 7.
Faulsete des escriptures aduient par vice de l’article & commēt.
pag. 257. cha. I87. nume. 9.
Faulsete des escriptures est de rasure ec subtantiaux, scauoir
256. cha. I87. nume. 7.
Faulsete es escriptures aduient par cancellation y faicte & comment.
pag. 257. cha. I87. nume. II.
Faulsete es escriptures aduient par tesmoing qui depose faulx &
comment. pag. 257. cha. I87. nume. I0.
Faulsete des escriptures est de rasure es non substantiaulx &
quelz. pag. 256. cha. I87. nume. 8.
de Faulsete ne peult personne estre argue de celluy pour qui il tesmongne.
229. cha. I72. nume. I2.
Faulx tesmongnaige est de deux sortes. pag.
229. cha. I72. nume. I3.
Faulx tesmoignaige se faict en iugement auecq serment. pag.
230. cha. I72. nume. I7.
Faulx tesmongnaige se punist par la loy diuine occultement & a

veue d’oeil. pag. 230. cha. I72. nume. I9.
Faulx tesmoignaige se punist par la loy humaine diuersement.
pag. 230. cha. I72. nume. 20.
Femme en quelles causes peult procurer. pag. I08. cha. 94. nu. 7.
8. & c. I58. cha. I28. raine. 4. & c.
Femme es quelles choses est plus excellente que lhomme. pag.
I58. cha. I28. nume. 9.
Femme honneste prinse pour chose ciuile doibt estre incontinēt relaxee.
78. cha. 66. nume. 3.
Femme mareile est en saisine de tous les biens acquis durāt se ma
riage. 39. cha. 36. nume. 9.
Femmes & pupilles & c. se presentent par procureur. 99. cha.
84. nume. 3.
quelles Femmes peuuent estre prinses ciuilement. 75. cha.
64. nume. I4. & I5.
Feodal droict est indiusible. 33. cha. 28. nume. 7.
Feries des Chrestiens pourquoy ont este ordonnees. I40. chap.
II9. nume. 5.
abus des Feries des Christiens. I40. cha. II9. nume. 6.
Feries dé payens annullees. I40. cha. II9. nume. 4.
Feries dou elles sont dictes. I40. cha. II9. nume. 3.
Feries quand elles sont sainctes ou prophanes. pag.
I4I. cha. II9. nume. I4.
Feries rusticques ne sont sainstes, ny de l’Eglise, ains sons vacances
pour plaidoier. pag. I4I. cha. II9. nume. I5.
Feries sainctes & subites ne peuuent estre renoncees, ains bien les
rusticques. pag. I4I. cha. II9. nu. I8. I9. 20.
Feries sons de trois sortes. I40. cha. II9. nume. 9.
Feries sont dictes congratulations pour choses ioyeuses & bonnes
de Dieu octroyees. I40. cha. II9. nume. 7.
Feries sont dictes Vacances des plaidz. I04. cha. II9. nume. 8.
Feries soubdaines quelles sont dictet. I40. cha. II9. nu. I2.
Feries soubdaines se commandent seullement par le Prince. I4I.
cha. II9. nume. I3.
des Feries rustiques ou vacances la sentence de Iustinian. pag.
I4I. cha. II9. nume. I6.
Fief comment il se gagine. 325. cha. 264. nume. 5. & 6.
Fief ou fond de terre qui oblige, peult permetre a son crediteur la
peine de vendre icelluy fief, sil ne paye. I28. chap. I07.
nume. 5.
Fief se faict quand vng fond ou heritaige a este tenu par trente
ans pour fief & reçoit seruitude. I76. cha. I37. nume. 20.
Fief vendu a vn parent ou coufin n’admet aucune retention.
329. cha. 267. nume. 2.
Fief vendu a vn estranger, qui a este retire par le parent du ven
deur, forclost la retention du Seigneur feodal. 329. ch. 267. n. 3.

Fief vendu, qui n’a est retire par aucuns de parens, fi peut retenir
par le Seigneur du lieu. 329. cha. 267. nume. 3.
des Fiefz le seul filz aisne doibt faire l’homaige. pag. 33. ch. 28. n. 8.
du Fief la nature requiert expresse declaration de seruitude.
298. cha. 232. nume. 3.
du Fief vendu pour franc & libre l’acheteur paye le droit feodal.
298. cha. 268. nume. 2. le Filz

Le Fils qui tire son pere en proces. on quoy il est condanne
292. c. 225. n. 4.
Fin de proces est tousiours douteux 3I. chap. 27. n. 9.
Fin ou but du proces quel il est pag. 283. c. I39. n. I.
Fiscal quel office il a es Iugemens I2. chap. I0. nom. 4.
Fiscal peult emprisonner vne personne pour l’amende 80.
chap. 67. nom. 6.
Foy quand est adioustee es copies prises sur les originaux
pag. 234. c. I74. no. 7.
Foy bonne conferme le contract de malle foy ou l’enerue 48.
c. 47. nom. I2.
Fruict prouenant de chose incorporelle est corporel. 35. cha.
3I. nom. 5.
Fruictz comme & quelz ilz sont I20. c. I04. n. 2. 3. 4. & 5.
Fruictz estants en estre consumez, & qu’on a peu perceuoir,
quel possesseur les doibt rend re I2I. chap. I04. no. I7. I8.
Fruictz generalement qui ils sont: dictz I20. cha. I04. n. I.
Fruictz naturelz & industriaulx sont de deux sortes I20.
chap. I04. nom. 6.
Fruictz naturelz & industriaulx quel possesseur les faict
siens I00. c. I04. no. I2. I3. ♣ aultres.
Fruictz naturelz, ne peult le possesseur faire siens I20. c.
I24. no. 9 I0. & II.
Fruictz ne se restituent point qui ont este auant l’interdictiō
ou complainte. 29I. c. 222. no. 5.
Fruictz non meurs sont delaissez par le prelat d’Eglise a
son successeur. I22. c. I04 no. 26.
Fruictz perceus & a perceuoir quels ilz sont I20. c. I04.
no. 7. & 8.
Fruictz perceus, ou qui pourroint auoir este perceus apres
litiscontestatiō se peuuēt iuger par le Iuge 29I. c. 223. n. 2.
Fruictz quand ilz doibuent estre restituez pae le possesseur
de mauuaise foy, encores quil a tiltre d’achapt I22. chap.
I04. no. 20. & aultre.
Fruictz qui sont a perceuoir n’est tienu restituer le possesseur
de mauuaise foy auecq tiltre I22. chap. I04. no. I9.
Fruictz qui sont escheuz auant les proces ou auant litiscon♣station
ne se iugent point 29I. c. 223. no. I.
G
Gaiges des Aduocats. Procureurs, tesmoings adiournez,
Hussiers, Nonces ou messagiers quels ils sont 3I2. c. 2. 25I.
no. 6. 7. 8. 9. & I0.
Gaiges des Conseillers. Presidentz, Adioinctz, quelz ils ont
estez par ci deuant 3II. c. 25I. II0. 2.
Gaiges des Conseillers & c. quelz ils sont 3II. c. 25I. no.
Gaiges des iuges se doibuent changer selon le temps 3II. c.

25I. no. 2.
Gaiges qui sont tauxez en la Cour le Maline. au President
& aultres appartenans audict Conseil 3I3. c. 253. par
tout.
Gain d’argent par quelles personnes peult librement estre
demande I25. chap. I06. no. I. 2. 3. 4.
Garand comme se faict en matiere d’achapt I69.c. I34. n. 4.
Garand neschet point en matiere d’exces I70. c. I34. n. 22.
Garand promettant pour son faict, enclost le faict d’aultruy,
I70. c. I34. no. 26.
Garand s’il doibt estre demande par commandement du supe
rieur I70. c. I34. no. 20.
a Garand appeller que c’est pa. I69. c. I24. no. 2.
de Garand la demande se doibt faire auant litiscontestation.
I69. c. I34. no. 8.
en matiere de Garand le Demandeur peult garder son actiō
contre le Defendeur ou garandeur I69. chap. I34. nom. 9.
pour Garand comme on doibt adiourner le magistrat I69.
c. I34. no. I5.
Garandeur sassocie auecques le Defendeur contre le Demandeur
69. c. I34. no. I0.
Garandir que cest I09. c. I34. no. I0.
Garandir ne doibt personne sinon de son gre I70. c. I34.
nom. 23.
Garantir ne peuuent les procureurs I70. c. I34. no. 25.
Garantir peult vng chascun en matiere ciuile I70. c. I34.
nom. 24.
de Gatantir comme en Flādres les magistrats qui sont chefz
& principaulx s’excusent I70. chap. I34. no. I6.
Greffiers quelz gaiges ils ont 3II. c, 25I. no. 5.
Greffier qui denie copie a la partie, doibt estre a ce contrainct
par vn compulsoire I70. c. I34. no. 5.
Geolier qui laisse eschapper vn debteur, est tenu de la debte
78. chap. 65. no. 3.
H
Hault iusticier est mis en saisine des biens du malfaicteur apres
son trespas pour cause de ses malfaictz 39. chap.
36. nom. 3.
Heritaige en France ne peult estre refuse ou reiette 22.
chap. I8. no. 20.
Heritaige ne s’adiuge point par decret, que toutes les oppositions
ne soient decises 32I. c. 259. nom. 2.
eu Heritaige se mect librement celluy qui a obtenu lettres
d’inuentaire 2I. c. I8. no. 3.
Heritier a Gand ne se peult excuser 22. c.I8. n. I9.
Heritier ayant crainte des debtes & charges d’une succession,

ne la doibt incontinent accepter, ains a vng an de deliberation
2I. chap. I8. no. I.
Heritier n’osant accepter la possession dedans l’an, peult obtenir
benefice d’inuentaire pag. 2I. c. I8. no. 2.
Homme lay doibt conuenir deuant le Iuge ecclesiastique es
causes de serment 59. chap. 53. no. 5.
Homme ny a au monde sans auoir des enuieulx 20. c. I7. n. I.
Hussier cite celluy qui ne comparoist au Conseil de Flandres
40. c. 39. no. 7.
Huissier cite les parties en Conseil a certain iour 40. cha.
38. nom. 3.
Huissier citera la partie a comparoistre au lieu contentieux
4I. c. 39. nom. 3.
Huissier commectant erreur en sa commission la partie peult
faire contre lui complainte pag. 4I. c. 39. no. II.
Huissier de quoy il doibt estre informe p. 40. c. 38. n. 4.
Huissier doibt obseruer trois choses 4I. c. 39. nom. I.
Huissier doibt ordonner terme competent a la partie 4.
c. 39. no. 4.
Huissier donne maintenue au Demandeur 4I. c. 39. n. 6.
& 9.
Huissier ne peult entrer en la maison de celluy quil adiourmaugre
luy 68. chap. 59. n. I0.
Huissier note le deffault au Demandeur quand la partie ne comparoist
4I. c. 39. no. 5.
Huissier procede tousiours en son execution, quoy que la par
tie en appelle pag. 4I. c. 39. no. I2.
Huissier tient la partie qui ne restablit pour n’auoir comparue
4I. c. 39. nu. I0.
d’Huissier quel est l’office 4I. chap. 39. no. 2. & 8.
Huissiers quelz ilz sont 9. chap. 7. no. 5.
Huissiers faisans leur execution de quoy ils doibuent estre
munis 66. chap. 58. no. 9.
I
Iean Duc de Bourgoigne deffend les transactions ou le fisque
est adioinct pag. 270. c. 20I. n. 6.
Iean duc de Bourgoigne diuise la court nouuelle page. 5.
c. 5. no. I0.
Iean François dit le Beggue diligent recollecteur des prescriptions
pag. I74. c. I37. no. I.
Impunite de crime non corporel seroit aulx riches a scandale
269. chap. 200. no. 20.
Incertain est ce qui depend de la bouche d’aultruy pag. 30.
chap. 27. no. 4.
d’Incompetence quelles sont les causes pag. I54. c. I25. n. 4.
Information cōme elle se doibt faire pag. 72. c. 62. n. 3. & 4.

Information doibt estre faicte de la vocation office & iuge
des tesmoings 224. chap. I70. no. 9.
Information doibt estre faicte si les tesmoings ne deposent
par affection 224. c. I70. no. I0.
Information es causes ciuiles par qui elle se faict 223. c.
I70. no. 4.
Gg 4 Informations

Information es causes crimineles se faict par le seul Iuge
pag. 223. c. I70. n. 5.
Information ne se doibt faire par Commissaires ou tesmoins
qui sont yures 224. c. I70. n. II.
Information ou doibt estre faicte 224. c. I70. n. I2.
Information se faict au Conseil de Flandres & Malines en
toutte matiere 224. c. I70. n. I6.
d’Information aduenant question lon ne doibt croire aulx tesmoings,
ains a l’escript du Commissaire page. 229. chap.
I72. no. II.
si les Informations se perdent par la faulte du Greffier il est
tenu de tout le dommage 263. chap. I95. no. 2.
Informations perdues au Conseil de Flandres & Malines se
recouurent sur la minute du Greffier pa. 263. c. I95. n. 5.
si les Informations se perdent par fraude de partie, elle est tenue
a faire nouuelle information, & a l’amende arbitraire
pag. 263. c. I95. no. 3.
si les Informations se perdent par la faute du producteur, il
perd sa cause & sera empesche de faire nouuelle enqueste
pag. 263. c. I95. no. 4.
Informer l’on se doibt apres auoir veu les faictz contraires
224. c. I70. no. I5.
Informer lon se doibt circonstances 224. c. I70. no. I3.
Informer lon se doibt suiuant l’interrogatoire exhibé page.
224. c. I70. n. I4.
Inhabiles qui sont dictz pag. 47. c. 47. 8.
Inspection du lieu de qui se peult demander pa. I7I. c. I35.
nom. 7.
Inspection du lieu ne conuient en matiere de nouuellete
pag. I7I. c. I35. no. 8.
Instrumens diuers d’un mesme contract portent mesme foy
234. c. I74. no. II.
Instrumens gastez par viellesse ou aultre accident, doibuent
estre renouuellez 234. c. I74. no. I0.
Instrumens, lettrages, ou escriptures sont de deux sortes
234. chap. I74. no. I.
Instrumens ou lettrages originaulx doibuent bien estre regardez,
sil n’y a vice ou clauses suspectes 234. c I74. n. 9.
Instrumens publiques qui ils sont 234. I74. no. 2. 3. 4.
5. & 6.
Instrumens publiques, armes, graueures font preuue pag.
234. c. I74. no. I5.
Intendit que cest pag. I82. c. I43. no. 2.
Intendit quand se faict par le Demandeur p. I82. c. I43. no. 3.
par Intendit quand lon escript pa. I88. c. I43. no. 7.

Intentant proces doibt aduiser si le iuge est competent pag.
59. c. 53. n. I.
Interpretation de droict ou se prend 287. c. 2I8. n. I5.
Interest que s’est page. I24. c. I05. no. I.
Interest accessoire n’a besoing d’estimation expresse pag.
I24. c. I05. n. 9.
Interest aduient en diuerses manieres pag. I24. c. I05. n. 8.
Interest de combien des sortes il est, & comme il naist pag.
I24. c. I05. no. 2 & c.
Interest est adiuge a la partie en trois façons 29I. chap.
224. no. I. 2. 3.
Interest nay & prouenu par mandement du iuge se doibt
payer pag. I25. c, I05. n. II.
Interest ne se demande par le Defendeur sinon en deux causes
pag. I25. c. I05. no. I2.
Interest se peult demander a bon droict p. I24. c. I05. n. 7.
Interestz es iugemens ont mestier de certaine specification
du mesme interest p. I25. c. I05. n. I0.
Interlocutoire comme & pourquoy est reuoque du iuge
pa. I9I. c.I76. no. 7. 8. 9. I0.
Interlocutoire estant bonne auec grief de la partie, quelle chose
le iuge doibt faire I9I. c. I46. n. 6.
Interlocutoire ne se doibt donner sinon auec cognoissance de
cause pa. I90. c. I46. no. 8.
Interlocutoire pourquoy se donne pa. I9I. c. I46. no. I3.
& aultres suyuans.
Interlocutoire quand se donne par escript a la partie pag. I9I.
c. I46. no. II.
Interlocutoire qui est bonne ne se doibt reuoquer pa. I9I.
I46. no. 5.
Interlocutoire retrenche la cause d’appellation & baille la
matiere d’exception pa. I9I. c. I46. no. II.
Inter locutoire se donne contre celuy qui est contumax pa.
I9I. c. I46. no. 9.
Interlocutoire se peult reuoquer par le iuge ibidem nomb. 7.
Item. cha. I46. no. I.
Interlocutoire sentence quelle elle est I89. chap. I44. no. I.
2. 3. 4. 5. & 6.
de quelle Interlocutoire lon peult appeller pa. I92. c. I46.
no. I2. I5. I6.
d’Interlocutoire comme lon appelle au Conseil d’Hollande
I92. c. I46. n. I4.
d’Interlocutoire les choses emergentes, & les incidens pag.
I9I. c. I46. no. I8 & I9.
Interlocutoires sont simples & diffinitiues I90. c. I45. n. I.
quelz Interlocutoires le iuge ne peult reuoquer I92. cha.

I46. no. II. I2. & I3.
Interlocutoire comme s’exhibe pag. 222. c. I69. no. 4.
Interlocutoire que cest pag. 222. c. I68. no. I.
Interlocutoire par qui doibt estre exhibee 222. c. I69. no. I.
Interlocutoire qui doibt faire peult demander temps de delay
222. c. I69. n. 2.
Interrogatoire s’exhibe premierement au iuge pag. 222.
chap. I69. no. 2.
d’Interrogatoire ne se donne la copie a la partie page. 222.
c. I68. no. 2.
l’Interrogatoire est baille par le iuge au Commissaire 222.
c. I69. no. 5.
Interrupteur de proces est condanne auec les despens & par
tie absoulte 258. c. I89. no. 3.
Interruption comme elle eschet es consistoires & cours de
fief 258. c. I89. no. 6.
Interruption de cause quand elle se faict p. 98. c. 82. no. 7.
Interruption du proces comme il se faict 258. c. c. I89. n. I.
Interruption du proces par qui se purge 258. c. I89. no. 2.
Interruption de proces quand il se faict au Conseil de Malines
pag. 258. c. I89. no. 4.
Interruption naturelle & ciuille a quoy proufitent I78.
chap. I37. no. 64.
Interruption neschet quand le proces se sur seoit pour cause
de submission ou composition des parties ensemble pag.
258. c. I89. nom. 5.
Interruption se faict quād l’une des parties decede auant con
clusion en cause 259. c. I89. no. 8.
d’Interruption relieue le Prince auant trente ans pa. 258.
c. I89. nom. 7.
Inuectiue contre les curez, qui ne veullent qu’en temps de
moisson quelques petites festes soient violees pag. I42.
chap. II9. no. I7.
Iuor competent es actions quel il est pag. 70. c. 60. nom.
2. 3. & c.
Iuge a double office p. II. c. 9. no. I.
Iuge a quoy doibt auoir regard auant que deferer le serment
pag. 245. c. I79. no. 20.
Iuge bon & l’office d’iceluy I.c. 2. n. I. Item. II. c. 9. n. 3.
Iuge comme ne se corrompt par affection p. II. c. 9. no. I2.
Iuge de quelles vertuz il doibt estre doue pag. I. c. 2. no. 3.
Iuge declare l’appellation qui ne luy a este monstree nulle. II.
punist l’anticipe 302. c. 238. no. 5.
Iuge delegue, & la diuision pag. 9. c. 7.
Iuge doibt baller aux parties Procureur et Aduocat pag. 99.
chap. 84. no. 2.

Iuge doibt estre plus doulx, que rigoureulx 287. c. 2I8. n. 6.
Iuge doibt estre scauant es droictz, par soy, ou par ses assesseurs
pag. I62. c. I29. no. 3I.
Iuge doibt reietter des libellis ce qui n’a pas este allegue
203. chap. I52. no. 29.
Iuge en Frāce ne peult prendre aucuns sons 30I. c. 250. n. I2.
Iuge en reformation iuge selon le stile du lieu auquel l’appel
a este interiecte pag. 287. c. 2I8. nom. 9.
Iuges, & diuersite d’iceux pag. 2. chap. 3. no. I.
Iuge

Iuge faisant son office represente la personne de Dieu pag.
II. c. 9. no. II.
Iuge fut escorche par le commandement de Cambises, pour
auoir este corrompu par dons p. II. c. 9. no. I4.
Iuge inferant aultre acte que celle qui sert, faict mal. 96.
chap. 79. no. I5.
Iuge inferieur qui ne vuide les proces, quelle chose il encourt
pag. 2I6. c. I92. no. 8.
Iuge n’ayant crainte de Dieu, la doibt auoir des hommes
pa II. c. 9. no. I3.
Iuge ne doibt estre corrompu par dons. 2I0. c. 250. n. I.
Iuge ne doibt prendre aulcuns presens parties 3I0. c.
250. no. 2.
Iuge ne iuge point selon l’exemple d’une aultre sentence,
pag. 287. c. 2I8. no. I0.
Iuge ne prononce point la desertion, sil luy appert de l’appellation
302. c. 238. no. 4.
Iuge ne se foibt trop appuyer sur les presomptions 243. c.
I78. no. 45.
Iuge ordinaire peult indifferement adiourner ceulx qui sont
en sa iurisdiction 87. c. 74. no. 2.
Iuge par combien des poincts peult estre corrompu, page.
II. c. 9. no. 4.
Iuge par tout iuge selon la coustume ou le contract est faict
cha. 2I8. no. 8.
Iuge par tout iuge selon le consentement des parties pag.
287. c. 2I8. no. I3.
Iuge par tout iuge selon l’equite de la cause & suiuant diuerses
circonstances 287 c. 2I8. n. I2.
Iuge par tout iuge suiuant l’opinion des Docteurs communs
287. c. 2I8. n. II.
Iuge peut abreger le terme qui est trop long 70. cha. 60.
no. II.
Iuge peult prendre quelques petitz dons 2I0.c. 250. n. II.
Iuge peult prendre quelques petitz dons 2I0. c. 250. n. II.
Iuge peult receuoir vne sentence de l’aultre iuge pour la met
tre a execution 3I7. cha. 255. n. 9.
Iuge peult suppler a ce qui est obmis de droict, non de faict
287. c. 2I8. n. I4.
Iuge pourquoy peu souuent est recuse en Flandres page.
I54. c. I25. no. 9.
Iuge prend la personne de iustice & de Dieu p. I. c. 2. n. I.
Iuge qui a donne faulse sentence est a iamais tenu pour suspect
pag. I54. c. I25. no. 6.
Iuge qui defere l’appellation sil entend icelle estre deserte pro

cede a l’execution de la sentence 302. c. 238. no. 3.
Iuge qui doibt commettre l’equeste a vn aultre, doibt regarder
quel est le Commissaire & tesmoins 224. cha. 70.
no. 7. & 8.
Iuge qui ne voudroit contraindre vn tesmoing contre sa volonte,
est tenu des frais & dommaiges 2I6. c. I63. no. II.
Iuge qui neglige la demande de la condemnation es despens,
est tenu du dommage 309. c. 249. n. 7
Iuge qui procede en l’appel qui est desert sans prononciation
de la desertion d’iceluy, procede en vain 303. c. 238. n. 8.
Iuge refusant appellation doibt estre puni en trente liures
dor 297. c. 23I. n. 4.
Iuge se doibt contenter de ses gaiges ordinaires, 3I0. c. 350.
nom. 3.
Iuge se doibt despouiller de toute affection humaine
pag. II. c. 9. no. I0.
Iuge seculier & ecclesiastique sentr’aident a faire l’execution
3I7. c. 255. n. 8.
Iuge souuerain iuge selon le stile de la Cour p.287. c. 2I8.
nom. 7.
Iuge subalterne en choses ardues & difficiles demande l’adun
& opinion de son chef 284. c. 2I5. no. I.
Iuge subalterne exhibe le proces produict pour impetrer vne
sentence criminele 284. c. 2I5. no. 2.
Iuge subalterne qui veult & requiert auoir sentence, iure
que le proces par luy exhibe est entier p. 284. c. 2I5. n. 3.
Iuge subalterne se condanne par le Conseil a l’amende soixante
liures 284. c. 2. 5. nom. 5.
du Iuge quel est l’ornement p. I62. c. I29. n. 5.
Iugement ne se peult faire sans trois personnes p. I. c. I. no. I.
Iugement ne se peult faire es cours des fiefs & aultres consistoires
de Flandres, sans quatre personnes p. I. c. I. n. 2.
Iugemens sont tous produitz & ensaisinez en parlement
37. c. 33. no. 6.
Iuger chascun peult contre soy en faueur de sa partie I0.
chap. I4. no. I9.
de Iuger mal qui ne portent paine 295. c. 228. no. 6.
de Iuger mal qui portent paine 295. c. 228. no. 7.
Iuges adiournent les parties a l’auditoire on pretoire pour
ouir droict 66. cha. 58. no. I0.
Iuges de combien des sortes il en y a p. 2. c. 3. no. I.
Iuges deleguez qui ils sont pa. 3. c. 3. no. 7.
Iuges deleguez ayans plaine puissance pa. 3. c. 3. n. 8.
Iuges deleguez ayans puissance limitee pag.3. c. 3. no. 9.
Iuges inferieurs ayans plaine iurisdiction pag. 3. c. 3. u. 5.
Iuges inferieurs ayans puissance limitee pag.3. c. 3. no. 6.

Iuges inferieurs qui ne determinent dedans trois ans, sont en
l’amende de dix liures 26I. c. I92. no. 6.
Iuges maieurs qui ne determinent dedans trois ans, sont puniz
de trente liures pa. 26I. cha. I92. no. 6.
Iuges ordinaires qui ilz sont pag. 2. c. 3. no. 2.
Iuges ordinaires souuerains qui ilz sont pag. 2. c. 3. no. 3.
Iuges subalternes qui ilz sont pag. 3. c. 3. n. 4.
Iurisdiction que c’est p. 3. c. 4. n. I.
Iurisdiction quelle elle est p. 4. c. 4. n. 4.
Iurisdiction en combien des sortes elle compete a vne person
ne p.4. c. 4. n. I2.
Iurisdiction est ordinaire & deleguee p. 4. c. 4. n. 2.
Iurisdiction estoit signifiee par cy deuant lors que vne espee
estoit mise sur vn lict p. 6. c. 5. n. 4.
Iurisdiction en combien des sortes elle compete a vne person
ne p. 4. c. 4. n. I2.
Iurisdiction est ordinaire & deleguee p. 4. c. 4. n. 2.
Iurisdiction estoit signifiee par cy deuant lors que vne espee p. 6. c. 5. n. 2.
Iurisdiction mixte quelle elle est p.4. c. 4. n. 6.
Iurisdiction ordinaire quelle elle est p. 4. c. 4. n. 7.
Iurisdiction ou iustice haulte, quelle elle est, & quelle chose luy
appartient p. 4. c. 4. n. 9.
Iurisdiction plaine quelle elle est p. 4. c. 4. n. 5.
Iurisdiction se diuise en deux façons p. 4. c. 4. n. 2.
de Iurisdiction la seconde diuision, & quelle elle est pa. 4.
c. 4. no. 8.
Iustice attribue a vn chascun la dignite a luy competente
pag. I3. c. II. n. 3.
Iustice basse quelle est, & que luy appartient pag. 4. c.
4. no. II.
Iustice cessant vn chascun se peult faire droict p. I6. c. I4.
nomn. I8.
Iustice donne a vn chascun ce que luy appartient page. I. c.
2. nom. 2.
Iustice & ses preceptes ou mandemens p. I3. c. II. no. z.
Iustice moyenne en quoy elle s’exerce & quelle elle est p.
4. c. no. I0.
Iustice que cest pa. I3. c. II. no. I.
Iustice s’estend a toutes vertuz pag. I3. c. 2I. no. 4.
L
Larron quand il peult estre apprehende d’un chascun I5.
cha. I4. no. I4.
quelle Lesion est estimee estre enorme pag. 282. c. 2I3. no.
7. & 8.
Lettres beneficiales d’inuentaire de quelles & cōbien de char
ges elles chargent l’impetrant 22. c. I8. n. II.

Lettres beneficiales d’inuentaire font vtiles a tout heritier
22. c. I8. n. I0.
Lettres beneficiales d’inuentaire quelz & combien des priuileges
elles ont 2I. c. I8. no. 4. & aultres
Lettres de benefice d’inuentaire a quoy elles seruent pag.
22. c. I8. no. 28.
Lettres du benefice d’inuentaire, n’ont lieu a Gand pa. 22.
cha. I8. no. I9.
Lettres de negotiation, de contractz, de louaiges & c. qui sont
autentiques, sont tenus pour instrumens publicques pa.
255. c. I54. no. 20.
Lettres de preuue se doiuēt exhiber en presence de tesmoins
pag. 238. c. I76. no. I.
Lettres d’inuentaire se perdent lors quon n’obserue les condi
tions y contenues 22. c. I8. no. I7.
Lettres d’un homme priue, escriptes de sa main font preuue
pag. 253. c. I54. no. I9.
Lettres

Lettres missiues font preuue contre le debteur qui les escript
pa. 237. c. I75. no. 23.
Lettres originales ayans este vnefois exhibees, le producteur
les peult retirer a soy p. 239. c. I76. no. 6.
Lettres faulses exhibeāt, qui sont escriptes par soy, ou faict es
cripre est puni plus asprement pa. 239. c. I76. n. 8.
Lettres faulses qui exhibe b’estans escriptes par soy. est puni
de faulx pag. 239. c. I76. n. 7.
des Lettres exhibees on doibt permettre la copie a la partie,
pag. 2. 8. c. I76. n. 2.
des Lettres quand & en quelles choses elles se doiuent confe
rer p. 237. c. I75. n. 25.
Libelle doibt contenir trois choses pa. I64. I30. n. 25. 26.
& 27.
Libelle doibt estre communique a l’adiourne aulx despens de
l’Acteur p. 2I4. c. I00. n. 4.
Libelle & son contenu au parlement est expose a la partie
par les Procureurs 2I4. c. I00. n. 5.
Libelle quand il est iuge destre general ou obscur indistincte
ment I64. c. I30. n. I7.
Libelles au Conseil de Gand sont soubsignez par le Greffier
203. c. I52. n. 3I.
Libelles au Parlement de Malines sont soubsignez par les Aduocats
203. c. I52. no. 30.
Libelles doiuent estre es iugemens & proces ordinaires
II4. chap. I00. no. 3.
Liberte de contractor ou ne contracter n’affanchit point du
droict de rescission ou cassation 50. c. 48. no. I4.
Liure de comptes faict preuue contre soy 237. c. I75. n. 22.
Liures de comptes des marchans font seulement preuue contre
les marchans auec lesquels ils trafiquent pag. 236.
chap. I75. no. 6.
Liures des marchans de bonne foy sont creuz de tous pag.
230. c. I75. n. 7.
Liures des Rentes de trente ans font preuue pag. 236. c.
I75. no. 8.
Litiscontestation que c’est, & la qualite d’icelle 284. cha.
I40. no. I. & pag I43. c. I20. no. I.
Litiscontestation comme est faicte p. I43. c. I20. no. 2.
Litiscontestation cōme & quand se faict p. I84. c .I40. no. 9.
Item I85. chap. I4I. no. I8.
Litiscontestation & litispendence de la part de qui ils naissent
pa. I84. c. I04. no. 3.
Litiscontestation et sa maniere ou forme p. I43. c. I20. n. 7.
Litiscontestation n’a lieu quand lon procede simplement I84.

chap. I40. no,. I2.
Litiscontestatiō ne se faict lors que l’adiourne cognoist la debte
auant que le libelle soit exhibe p.I84. c. I40. no. 6.
Litiscontestation n’est requise es causes qui sont breues I44.
c. I20. no. I6.
ou Litiscontestation est en vsaige p. I84. c. I40. n. 4. & 5.
Litiscontestation quand se faict p. I84. c. I40. no. 2.
Litiscontestation quel effect elle a pag. I84. c. I40. no. I4.
& aultres.
de Litiscontestation comme le Defendeur excipe pag. I43.
chap. I20. no.
de Litiscontestation quels sont les effectz p. I44. c. I20. n. I7.
de Litiscontestation l’office du Iuge pa. I43. c. I20. n. I3.
en Litiscontestation l’office du Iuge pa. I43. c. I02. n. 9.
Loy ciuille n’oste point le domeine qui est du droict des hommes
p. I79. c. I37. n. 76.
Loy de la cite est commune auec la Loy vniuerselle 47. c.
47. nom. II.
Loy de Talion quelle elle a este 230. c. I72. no. 20.
Loyx & Canons en matiere de presciption quelle chose ils
requierent I79. chap. I37. no. 68.
M.
Magistrat inferieur & court feodale qui iuge mal, porte la
peine de soixante liures parisis 295. c. 228. no. I.
Magistrat ne prononce de soy mesmes sentence, ains par la
bouche de iustice I4. c. I3. n. 3.
Magistrat vituperans quelle chose leur doibt estre respondue
I4. c. I2. no. 5.
Magistratz des villages prennent dons pour leur interest
3I0. cha. 250. no. 7.
Magistratz maieurs ne peuuent prendre dons des parties
3I0. c. 250. n. 6.
Magistratz qui soubz la couronne de France iugent mal,
n’encourent peine aulcune 295. c. 228. n. 3.
Maintenue concerne le possessoire temporel, non l’office spirituel
pag. 43. c. 4I. n. 5.
Maintenue differe de complainte par six manieres 44. ch.
42. par tout.
Maintenue est bien permise au Iuge seculier, quoy quelle samble
estre spirituelle p. 43. c. 4I. n. 4.
Maintenue pourquoy est dicte p. 43. c. 4I. n. 2.
Maintenue que c’est 43. c. 4I. n. I.
Maintenue se doibt expedier au lieu contentieux & de benefice
4I. e. 39. n. I3.
Maintenue se donne au comblaignant p. 4I c. 39. n. 7. & 9.
Maintenue se donne le plus souuent es choses spirituelles

43. c. 4I. no. 3.
Maison de mon voisin quand ie la puis demolir I6. cha.
I4. no. 20.
Malice des hommes qui halletent apres les proces est tauxee
292. c. 225. n. I.
Mandement d’adiourner est de deux sortes 63. c. 55. no. I0.
Martin Pape cincquiesme conferma au R oy de France Charles
V.la concession des prouisions de benefice 44. chap.
4. no. 6.
Mary est en saisine de tous les biens de sa femme durant le ma riage
p. 39. c. 36. no. 8.
en Matiere de Maintenue quand l’une partie decede, l’aultre
est mise en possession sans accepter comparuit 259. chap.
I89. no. I0.
es matieres ciuiles la sentence interlocutoire, cōge de court,
demande des despens requierent que la sentence soit casse
200. c. 22I. no. 3.
es Matieres criminelles la cause du delict s’insere necessairement
en la sentence 200. c. 22I. no. 4.
par Memoire quand lon escript I87. c. I43. no. 5.
si les Menestriers ne violent les festes I4I. c. II9. nom. II.
Mensonges domageables sont punis de Dieu p. 200. chap.
I72. no. I6.
de Mensonges diuerses causes 230. c. I72. no. I4.
des Mensonges mauuaises diuers inconueniens page. 220.
chap. I72. no. I5.
le Mineur se releue pour la consession ou concession qui le
greue 306. c. 245. no. 4.
Mineurs d’ans sont restabliz contre la sentence qui les greue
306. c. 245. no. 3.
Modestie est requise pour vuyder & terminer les proces
266. c. I42. no. 2.
Modestie quelle est requise es Consaulx generaux 266. c.
I98. no. I.
Mort saisit la personne viue, mais ne luy dōne possession sans
apprehension 39. chap. 36. no. 2.
N.
Nantir doibt son gaige celluy qui ne veult estre apprehende
ciuilement 84. chap. 7I. nom. I.
Negatiue de credulite & purgatiō sont vaillables pour prouuer
227. chap. I7I. no. 8.
Negatiue d’hommes laiz qui prouuent indirectement, sont
plus fortes pour le defendeur, que ne sont les affirmatiues
des clercz p. 226. I7I. n. 6.
Negatiue restrictiue est quelques fois plus forte que l’affirmatiue
p.226. c. I7I. no. 5.

Negatiue restrictiue prouue indirectement p. 226. c. I7I. n. 4.
Negatiue simple ne prouue riens 226. c. I7I. no. 4.
Notaire doibt estre consulté, quand on doubte s’il a signe les
lettres 234. chap. I74. no. I6.
de Notaire les lettres & actes iudiciaulx sont instrumens
publiques p. 234. chap. I74. no. I7.
Nouation que cest I73. chap.I36. n. 6.
Nouellete naist de saisine 39. c. 35. n. 3.
Nouellete que cest 37. chap. 33. n. 2.
Nouellete se commet lors quon trouble la saisine page. 37.
chap. 33. no. 6.
sur Nullite lon ne procede au Conseil de Flandres & Parlement
I92. chap. I46. no. I7.
Obiection

O
Obiection contre la cassation des contractz 50. c. 48. n. I5.
Obligation non causee enuers priuez est de petite efficace
& enuers marchans est valide & lie 236. c. I75. no. I3.
& I4.
d’Obligation non causee vne exception p. 236. c. I75. n. I7.
d’Obligation non causee vn exemple p. 236. c. I75. n. I5.
Obliger ne se peult personne d’aller en prison 80. ch. 67.
nomb. 9.
Offence en quelz car nous la pouuōs nous mesmes punir I5.
chap. I4. no. I.
Offense ne se venge par la pareille I4. c. I3. no. I.
l’Offense ne doibt accuser au iuge vn crime qui luy est notoire
p. 240. c. I77. no. 2.
l’Offence doibt implorer l’ayde du Iuge p. I4. c. I3. nom. 4.
Offenser lon ne peult pour se venger pa. I4. c. I3. no. 2.
Office ou Magistrat desirant, desire bon oeuure pag. I. cha.
2. nom. 8.
d’Office ou magistrat digne le demandat, quand il y doibt
estre aduance p.I. c. 2. n. 6.
Offices se demandent le plus souent, par sonnes qui en
sont indignes I. cha. 2. no. 5.
l’Officier est efface du proces, quand le superieur ♣mand ap
prouue lexploict p.95. c. 78. n. 42.
Officier laissant par faintise eschapper celuy quil tient prisonnier
doibt respondre pour la debte. 67. c. 64. n. 26.
Officier ne peult tousiours prendre chascun 74. c. 64. n. I.
Officiers des Princes silz doibuent iurer deuant le Iuge,
220. c. I66. no. I6.
d’Opinans le moindre nombre suit en France le plus grand
pr. 266. c. I98. no. 9.
Opiniastrete d’aulcuns a desobeir a la iustice pag. 292. ch.
225. no. 2.
Opinion ne se donne si elle n’est demandee es Conseils 266.
chap. I98. no. 3.
Opinions qui sont discordantes se doibuent accorder par le
President p. 266. c. I98. n. 7.
Opinions qui sont donnees hors iugement sont nulles pa.
266. c. I98. no. I0.
Opposans de decret silz ne comparent en iudication d’iceluy
ilz sont premierement condannez es despens, & depuis
sont deboutez 95. c. 78. nom. 42.
Ordre de droict n’est requis pour faire preuue es choses notoires
240. c. I77. nom. I.
quel Ordre on tient en procedant I86. c. I42. no. I.

Ordures d’un esgout daultruy peult lon defendre passer par
son heritage I5. c. I4. nom. I5.
Ouuraige estant parfaict lon vse de compellation I8. chap.
I5. nom. 6.
P.
Paix & les negoces d’icelle ou ils se souloient traicter
pag. 5. c. 5. no. 3.
Parlement que cest, & ou il est assis p. 8. c. 6. n. 4.
Parlement par qui a este institue, quand, & pourquoy pag.
8. c. 6. no. 5. no. 3.
Parlement que cest, & ou il est assis p.8. c. 6. n. 4.
Parlement par qui a este institue, quand, & pourquoy pag.
8. c. 6. no. 5.
Parlement par qui a este institue, quand, & pourquoy pag.
8. c. 6. no. 5.
Parlement a Mailens des pais Bas quand il fut estably, &
par qui pa. 6. c. 5. no. I5.
Parlement de Paris condannoit iadis le Conseil de Flandres
a l’amende de soixante liures parisis 295. c. 228. nom. 5.
au Parlement quelle chose s’y despeche ou traicte page. 9.
chap. 6. no. 6.
au Parlement de Malines comme lon y procede I83. chap.
I39. no. 3. & 4.
en Parlement tous iugemens sont produitz & ensaisinez
37. chap. 33. II0. 6.
Partie compare par soy ou par procureur p. 99. c. 84. no. I.
Partie doibt estre adiournee pour veoir tauxer les despens
pag. 65. c. 57. no. I3.
Partie du gaignant ou victorieux est citee en reduction arbitraire
pag. 66. c. 58. n. 26.
Partie n’est tenue d’exhiber les lettres de l’autre, par lesquel
les il pretend faire ses preuues pa. I33. c. II2. no. 7.
Partie n’est tenue croire sa partie qui l’adiourne par la bouche
du Iuge p. 66. c. 58. no. I2.
Partie peult appeller de l’abreuiation ou prolongation du
temps p. 70. cha. 60. no. I2.
Partie qui gaigne par la sentence arbitraire, attribue & retient
a soy la peine ou amende establie p. 284. c. 2I4. n. 2.
Partie qui ne consent a la sentence arbitraire, encourt la peine
establie pa. 284. cha. 2I4. nom. I.
Partie qui n’est adiournee, n’est tenue de comparoir page.
7I. chap. 6I. nom. 9.
Partie qui succombe de la sentence subalterne, appelle au Cōseil
prouincial p. 284. cha. 2I5. no. 4.
Parties comparantes deuant le Iuge, le iugement est ordonne.
& vient on a proceder 87. c. 74. no. 6.

depuis quand Parties ont peu constituer & se presenter par
procureur p. 99. c. 84. no. 5.
Parties es iugemens comme ils comparent p. I2. c. 9. nom. 2.
Parties es iugemens comme ilz sont I2. c. 9. no. I.
Parties iadis au Parlement de France debuoient comparoir
en personne p. 99. c. 84. no. 4.
Parties non comparantes, ne se procede p. 87. c. 74. n. 8.
quand Parties s’accordent a consentir les allegations I88.
c. I43. no. 8.
Parties s’entredonnent quelques fois iour iudiciable pag.
66. cha. 58. no. II.
Payement de rente & debte comme ils different page. I9.
chap. I6. no. I0.
Peine de la sentence arbitraire se demande auec le principal
pag. 284. chap. 2I4. no. 3.
Peine de ceulx qui appellent leur pere ou mere en proces
3I. cha. 27. n. I3.
en Peine arbitraire quand lon n’eschet pag. 284. cha. 2I4.
no. 4. 5. & 6.
Peines corporelles qui elles sont pag. 269. c. 200. n. I9.
Pension qui prend de l’une des parties, doibt estre demis de son
office 30I. c. 250. no. 5.
Peremptoire exception de quelle efficace elle est, & pourquoy
elle est ainsi nommee I72. cha. I56. no. I.
Peremptoire exception pour annuller le libelle auec la conclu
sion se fait deuant & apres litiscontestation I73. chap.
I36. no. 5.
Peremptoire exception pour annuller l’instance, precede litis
contestation I72. c. I36. no. 4.
Peremptoires en matiere de dilation sont quelques fois repu
tees pour dilatoires I7I.c. I35. no. 9.
Peremptoires exceptions, sont perpetuelles & defensoires
I72. cha. I36. no. 2. 3.
Periure n’est fauorise de loy, ny de Prince p. 5I. c. 48. n. 29.
Personne ne doibt estre tiree de sa maison, ny de lieu faict
pour debte pag. 76. cha. 64. no. 28.
Personnes qui comparent en iugement, qui elles sont pag.
I2. chap. 9. no. 3.
Perturbateur est tenu en tout le dommaige faict, & de celuy
qui en est ensuiuy 45. c. 44. no. 3.
Perturbateur, & qui commande troubler, doiuent estre mis
en l’amende de deux liures 43. chap. 40. nom. I5.
Perturbation de faict comme elle se commette 44. c. 43. no. I.
Perturbation de faict ne se comme par meneces ne par execution
de Prince ou Conseil 45. c. 43. n. 2. & 3.
Perturbation doibt estre sur tout restablie 45. c. 43. n. 5.

Petitoire sert pour celluy qui est deboute du possessoire pa.
46. chap. 46. no. I.
Phelippe Duc de Bourgoigne euoqua les causes du Parlement
de Paris a Malines p. 262. cha. I93. n. 8.
Philippe Duc de Bourgoigne interdit de pouuoir transiger
au Conseil de Flandres p. 270. c. 20I. n. 7.
Plaidoier desirant doibt estre pourueu de sagesse 30. chap.
27. nom. 2.
Porteur ayant exhibe ses lettres les mettra es mains du Greffier
p. II2. c. 97. no. 4.
Porteur de lettres est seigneur de toute la cause pag. II2.
chap. 97. nom. 3.
Porteur des lettres n’a mestier de procuration pag. II2.
chap. 97. nom. I.
Porteur des lettres par qui peut estre accuse p. II2. c. 97. n. 2.
Lettres

Lettres du Porteur demeurent en leur vertu, mesmes le prin
cipal estant decede p. II2. c. 97. no. 5.
Porteurs des cedulles sont diuers I68. c. I33. nom. I.
Position darticles imite position des faictz 22I. c. I67. no. 3.
Position niant faultsemment quelle pene il encourt pag. 207.
chap. I54. no. 29.
a Position qui commet de la pene p. 207. c. I54. n. 29.
a Position qui respond obscurement la pene 207. c. I54. n. 20.
a Position qui ne respond pertinement la pene 207. c. I54.
nomb. 29.
a Position qui se taist la pene p. 207. c. I54. n. 29
de Position l’effect est de croire la chose estre ainsi qu’elle est
posee 207. c. I54. no. 28.
de Position sur exception d’excommunication la forme pag.
20I. cha. I52. no. I8.
de Position sur matiere reele la forme pa. 20I. c. I52. no. I9.
Pour position former claire instruction p. 20I. c. I52. n. 20.
Positions deliurent celuy qui les pose de la charge de prouuer
p. 202. c. I52. no. 5.
d’ou Positions ont leur origine p. 202. c. I52. n. 4.
Positions en court de Romme se font sur exception d’excom
munication 20I. c. I52. uo. I7.
Positions en quoy ils different des interrogations pa. 20I.
chap. I52. no. 6.
Positions & interrogations se font sur choses douteuses iusques
a conclusion p. 20I. c. I52. n. I3.
si Positions exhibees doibuent estre registrees es actes pag.
203. c. I52. no. 24.
Positions ne se font sur attestations p. 20I. c. I52. no. I4.
Positions ne sont receues en plusieurs Cours 202. cha. I52.
no. I6.
Positions par qui sont formees pag. 20I. c. I52. n. I0.
Positions quand se doibuent former p. 20I. c. I52. n. II.
Positions qui sont dictes p. 20I. c. I52. no. 2.
Positions se doibuent exhiber par escriptures, & pourquoy
20I. c. I52. n. 23.
Positions se doibuent former a l’intention des probations
20I. c. I52. no. I5.
Positions se doiuent former selon la nature de l’action propo
see pa. 20I. c. I52. no. 27.
Positions se font apres litiscontestation pa. 20I. c. I52. no. 8.
Positions se font du libelle du Demandeur pour establisse.
ment de l’intention d’iceluy. & du libelle du Defendeur,
pour subuertir l’intention diceluy p. 2I0. c. I52. n. 22.
Positions se font sur le principal apres litiscontestation 20I.

chap. I52. no. I2.
Positions ne se reçoiuent es proces qui se font sur le camp
20I. c. I52. n. 42.
Positions seruent quelques fois pour deceuoir le Defendeur
qui est trompeur p. 20I. c. I52. n. 2I.
Positions sont de la substance du proces p. 20I. c. I52. no. 3.
Positions souuent le serment de calomnie p. 20I. c. I52. n. I.
des Positions les doubtes sont declarees par le Speculateur
207. c. I54. 4. no. 30.
mettant Positions luy suffit de croire que les interrogations
sont vrayes p. 20I. c. I53. n. 26.
sur Positions exhibees comme le Iuge interrogue 20I. ch.
I52. no. 25.
Posseder & tenir comme ilz different 39. c. 35. no. 6.
Possesseur de bonne soy en matiere de Maintenue ne restitue
point les fruictz perceuz auant litiscontestation 2I9.
chap. 223. no. 4.
Possesseur de bonne soy ne peult estre condanne a restitution
des fruictz perceuz auant litiscontestation 2I9.
chap. 223. no. 4.
Possesseur de bonne soy ne peult estre condanne a restitution
des fruictz 29I. c. 223. no. 3.
Possesseur de mauuaise foy s’attribue la chose quil possede,
non par action, mais par exception p.I78. c. I37. n. 67.
Possessoire doibt estre renonce, quand lon veult intenter par
petitoire p. 46. c. 46. no. 2.
Possesseur nayant iouy vn an, procedera par calange & requeste
28. c. 34. n. 7.
Possesseur teult instituer son possessoire, sinon apres l’an
de sa iouissance p. 38. c. 34. no. 3.
Possesseur paisible vn an durant a le meilleur droict 83. c.
34. nom. 6.
Possesseur violent est condanne restitution de tous fruictz
29I. c. 223. no. 6.
la Possessiō estant vuyde, le proprietaire y peult de droict entier
pa. I5. cha. I4. no. 7.
Possession peult estre ostee au fermier par le proprietaire.
quand il est en faulte de peyer pa. I5. c. I4. n. 9.
Possession se prend de sa propre authorite, quand ainsi est conuenu
p. I5. c. I4. no. 8.
Possessoire doibt estre demonstre par le Prince ou son Conseil
pa. 60. c. 53. no. I2.
Possessoire est institue pour trois cause 38. c. 34. no. 2.
meste par ensemble p. 46. c. 45. n. 3.
quand le Possessoire est meste du Petitoire p. 46. c. 45. n. I.
Possessoire s’institue en trois manieres 83. c. 34. nom. I.

Pouures sont excusez des peines de droict & de coustume
pag. I28. c. I07. n. 8.
Prescription a domeine vtille, & vendication de la chose, que
cest I70. c. I27. no. 70.
Prescription acquiert choses immeubles auec seigneuric vtile
I75. chap. I37. no. 7I.
Prescription alleguer, est vne exception peremptoire I75.
chap. I37. no. 2.
Prescription amortit le domeine d’une chose pour le bien publique
I8. c. I37. no. 78.
Prescription aueq malle foy n’est vaillable I79. c. I37. n. 4.
Prescription baille action & vendication de chose corporele
a tout possesseur reserue au seigneur pa. I78. c. I37. n. 66.
Prescription comme s’interrompt naturellement & ciuilement
I76. c. I27. n. 45. & aultres suyuans.
Prescription contre Eglise priuilegiee du terne de cent ans
n’est vaillable pa. I80. c. I37. no. 70.
Prescription contre Eglise particuliere requiert seullement
possession de 40. ans p. I76. c. I37. nom. I0.
Prescription contre l’Eglise Romaine quelle chose requiert
pag. I76. a. I37. no. II.
Prescription contre qui ne court I77. chap. I37. no. 32. &
aultres.
Prescription de dix ans deliure l’hypotheque charge pag.
I76. c. I37. no. I3.
Prescription de tēps pourquoy a estre ordōnee p. 55. c. 5I. n. 2.
Prescription de temps quelle elle est p. 55. c. 5I. n. I.
Prescription de trente ans quelle chose elle requiert I75.
cha, I37. no. 8.
Prescription de quarante ans contre qui se faict, & quelle
chose y est requis I76. c. I37. n. 9.
Prescription d’usucapion nest interrompue par litiscontestation
I78. c. I37. no. 62.
Prescription en quelles actions, & en combien de temps elle
se faict p. 55. c. 5I. n. 4. & c.
Prescription esteint l’action personelle auecq le tēps de trente
ans I78. c. I37. no. 65.
Prescription, & le catalogue de toutes prescriptions page.
56. cha. 5I. n. 3I.
Prescription infinie en quoy se fait & quelle chose elle requiert
p. I73. c. I37. no. I2.
Prescription n’oste l’hypotheque pa. I79. c. I37. no. 72.
Prescription par qui a este introduicte & par qui I79. c.
I37. no. 75.
Prescription selon la diuersite des causes est aussi diuersemēt
permise. p. 55. c. 5I. n. 3.

si Prescription a lieu es fiefs I79. c. I37. n. I5. I6.
ou Prescriptions ont lieu p. I75. c. I37. n. 4. & c.
Prescriptions sont odieuses & pource doiuent estre restrain
tes p. I76. c. I37. no. 44.
Prescriptions sont diuerses p. I75. c. I37. n. 3.
Prescripte qui ne peult p. I76. c. I37. n. I4.
pour prescripre vne chose corporelle, contre presens ou absens,
quelle chose est requise p. I75. c. I37. n. 6. & 7.
Presentatiō de la cause faite par le Greffier ne se reçoit point
sil n’appert par acte p. I96. c. I49. n. 6.
Presentation d’une cause nouuelle requiert nouuel acte
96. c. I49. n. I4.
President es causes qui sont ardues & difficiles suspend la de
finition, & enhorte tous a consulter p. 266. c. I98. n. 6.
President quil doibt faire apres que le proces est rendu par
le rapporteur p. 266. c. I98. no. 4.
Prestre ne doibt iurer deuant vn Iuge lay 220. c. I66. n. I5.
Presomption

Presomption de droict en quelles choses elle se faict.
Regardez la diction Droict.
ou Presomption de droict est necessaire pa. 242.
cha. I78. no 36.
Presomption est de cincq manieres p. 243. c. I78. n. 44.
Presomption faict quelques fois preuue p. 24I. c. I78. n. I.
Presomption probable faict vne preuue demi pleine page.
242. c. I78. n. II.
Presomption probable quelle elle est pa. 242. c. I78. n. 9.
Presomption que cest p. 2I4. c. I78. n. 2. & 3.
Presomption temeraire quelle elle est p. 24I. c. I78. n. 6.
Presomption violente de quelles choses elle se fait pa. 242.
cha. I78. no. I3. & c.
Presomption violente esmeut grandement le Iuge pa. 242.
cha. I78.no. 35.
Presomption violente quelle elle est p. 242. c. I78. no. I2.
de Presomption probable vn exemple pa. 242. c. I78. n. I0.
de Presomption temeraire vn exemple p. 24I. c. I78. n. 8.
de Presomption vn exemple dun bon enfant, & preudhomme
a l’aduenir p. 24I. c. I78. nom. 4.
Presomptions sont diuerses, & qui elles sont page. 24I. c.
I78. no. 5.
des Presomptions l’une est, a laquelle lon s’arreste simplemēt,
a laquelle lon s’arreste tant que le cōtraire soit prouue, &
a laquelle on ne se peult arrester pa. 243. c. I78. n. 46.
Preuostz & Escheuins prennent presens des parties 3I0.
cha. 250. no. 8.
Preuue que cest 2II. c. I57. II. I.
Preuue a qui compete p. 2II. c. I57. n.2.
Preuue demipleine comme elle se faict pag. 246. chap. I80.
par tout.
Preuue ne se doibt faire par le Defendeur auant que le Demandeur
ait prouue p. 2I3. c. I60. nom. 3.
Preuue premiere a qui elle touche p. 2I3. c. I60. n. I.
Preuue quand doibt estre faite par le Defendeur page. 2II.
cha. I58. par tout.
Preuue quand elle se faict par le Demandeur ou Defendeur
seul, & par lune ou lautre des parties p. 2II. c. I57. n. 3.
Preuues se font en diuerses manieres, & comment page.
2I3. c. I60. no. I. & aultre.
Preuues des faits comme se font p. 2I3. c. I60. n. I0.
Preuue des tesmoings est la plus ferme & forte, & se faict
ordinairement apres litiscontestation pag. 2I5. c. I62.
no. I & 2.
Preuue des tesmoings quand de faict auant aussi deuant le Iuge

p. 2I3. c. I60. n. I2.
Preuues faictes en vn iugement valent aussi en l’aultre
pag. 2I3. c. I60. n.II.
Prisonnier arreste faisant payement doibt garder a vn chascun
son ordre pa. 8I. c. 69. n. 2.
Par qui le prisonnier peult estre aggraue p. 8I. c. 69. n. I.
Prisonnier peult iournelement appeller 296. c. 229. n. 5.
quand le Prisonnier pour chose adiugee est relaxe page.
78. c. 66. n. 2.
Prisonnier pour vne debte non confessee doibt estre relaxe
soubz caution p. 78. c. 66. n.I.
combien Prisonniers souloiēt a payer leurs parties pour leur
necessitez 3I3. c. 252. n. 3.
Prisonniers comme ils se relaxent pa. 80. cha. 67. n. I.
Prisonniers ne pouuoient par ci deuant despendre plus de
huict solz par iour 3I3. c. 252. n. n. 4.
Prisonniers qui auoient iadis mespris contre le fiscq, combien
ils souloyent par ci deuant despendre plus de
huict solz par iour 3I3. c. 252. n.n. 4.
Prisonniers qui auoient iadis mespris contre le fiscq, combien
ils souloyent payer en la prison 3I3. c. 252. n. 2.
aulx Prisonniers doibt seulement estre fourny ce qui est necessaire
3I3. c. 252. no. I.
Priuilege de cēt ans par quelle clause il doit estre restrainct
pa. I80. c. I37. no. 80.
Probations qui consistent en faict doibuent bien estre posees
32. cha. 27. no. 22.
Procedant apres auoir prins Conseil, peult estre plus legiere
ment puni qu’aultrement p. 32. c. 27. no. 2I.
Proceder lon ne peult contre la vefue, heritiers ou parens,
pour la debte dun defunct, sinon apres certains iours pag.
3I. c. 27. n. I5.
Proceder qui veult doibt bien regarder par quelle action il
commencera 3I. c. 27. n. I7.
Proceder qui veult de qui il doibt prendre Conseil pag. 32.
cha. 27. n. I8. 20.
Proceder qui veult doibt aduiser contre qui il veult intenter
proces p. 3I. c. 27. n. I2.
Proceder sans forme ni figure de iugement que cest 26. c.
24. no. I.
Proceder sans forme & figure de iugement ou il est loisible
26. c. 24. no. 2.
Pour proceder inhabile, se doint faire habile p. 3I. c. 27. no. II.
Proces a deux membres ordinaires p. 24. c. 2I. n. 2.
Proces ciuil comme il se commence p. 24. c. 20. no. I.
Proces ciuilz sont de deux sortes p. 23. c. I9. n. 3. & 4.

Proces combien il a des parties ordinaires 27. c. 25. n. I. 2. 3.
Proces comme se faict sans forme ou sigure de iugement 26.
cha. 24. n. 3. 4. 5. 6. 7. 8.
Proces criminelz deuiennent ciuils, & au contraire pag.
23. chap. I9. n. 5.
Proces criminelz qui ils sont pa. 23. c. I9. no. 2.
Proces de combien de sortes il en y a p. 23. c. I9. n. I.
Proces de Plain, se fait sans Aduocats ou Procureurs pag.
26. c. 23. n. 5.
Proces doibt diligemment estre examine en quoy il consiste
pa. 265. c. I97. no. I.
Proces en quelles causes il se faict sommairement pag. 25.
cha. 22. no. 3.
Proces & sa regle de iugement est approuuee de Dieu pa.
24. cha. 20. no. 4.
Proces, Instance & Cause, comme ils different pag. 27I.
cha. 202. n. 2.
Proces meurt quand la partie decede auant contestation en
cause pa. 259. c. I90. n. 4.
Proces ou iugement ordinaire en combien de parties ou
temps est diuise 28. c. 26. n. I. 2. & aultres.
Proces Plain pour quelles choses il se fait a Bruges deuant le
Bourgmaistre du commun p. 26. c. 23. n. 4.
Proces Plain se fait sans litiscontestation p. 26. c. 23. no. 3.
quand le Proces est tenu d’auoir este exhibe par escript I88.
cha. I43. no. I4.
quand le Proces se fait ordinairement p. 24. c. 2I. n. I.
Proces quand il se faict sommairement p. 25. c. 22. n. I.
les Proces quelz amas d’incommoditez produisent page.
268. c. 200. no. I0.
Proces qui ne peuuent intenter p. 3I. c. 27. no. I0.
Proces se faisant sans forme ou figure de iugement, quelles
choses y sont requis p. 27. c. 24. n. 9. I0. II. 23. I3.
es Proces se faisans sommairement ne sont admises les longues
exceptions p.25. c. 22. no. 6.
es Proces se faisans sommairemēt quelle chose y est requise ne
cessairement pag. 23. c. 22. n. 4.
es Proces de faisans sommairemen suffit vne probation demipleine
p.25. c. 23. n. 5.
Proces se faict de Plain en causes legieres p. 26. c. 24. no. I.
Proces se perdent souuentefois par la negligence des procureurs
305. chap. 25. no. 5.
Proces se prepare par les actes de la premiere partie 28.
cha. 25. nom. 4.
si les Proces consiste en droict, il fault visiter les liures pag.
265. ch. I97. nom. 3.

Proces sont legers, ou de soy mesmes, ou pour les personnes
p.26. c. 23. no. 2.
Proces n’instruit par les actes de la seconde partie 28. chap.
25. nom. 5.
des Proces les choses substantielles p. 24. c. 2I. no. 4.
des Proces les membres procedans de nature p. 24. c. 2I. n. 3.
des Proces les membres procedans du droict ciuil pag. 24.
chap. 2I. no. 5.
des Proces les membres non substantiaulx p. 24. c. 2I. no. 6.
du Proces faict a Plain, le iuge peult prononcer la sentence
G g la o

la ou il luy plait 26. c. 23. no. 6.
du Proces sa fin est tousiours doubteuse p. 3I. c. 27. n. 9.
du proces se peult mestre qui en recoit interest page. II2.
cha. 98. no. 2.
es Proces comme lon procede p. 24. c. 20. no. 3.
es Proces de la chambre de Flandres quelz membres sont exceptez
p. 24. c. 2I. no. 8.
es Proces depuis quand lon a vse de citation, petition, & response
pa. 24. c. 20. no. 2.
es Proces ordinaires ne peult estre omis ou postpose l’ordre
28. c. 26. no. II.
es Proce sommaires le Iuge peult retrencher toute retardation
p. 25. c. 22. no. 9.
es Proces sommaires les exceptions plus haultes se reseruent
iusques a la definitiue p. 25. c. 22. no. 7.
Procurations aulx negoces sont dictes speciales page. I0I.
cha. 87. no. 5.
Procurations au parlement de Malines sont establies soubz
vn seul secretaire I06. c. 90. no. 8.
Procuration baillee par l’Abbe & Conuent, valent au Parlement
I06. c. 90. no. II.
Procuration comme est ordonnee en matiere des fiefs pag.
I06. cha. 90. no. 5.
Procuration de gens lais faire en court spirituelle n’est admise
au Parlement de Paris p. I06. c. 90. no. I0.
Procuration douteuse doibt estre ratifiee p. I06. c. 90. n. 2.
Procuration en son fait en quelles choses nest vaillable I00.
cha. 86. nom. 3. & aultres.
Procuration faicte par tesmoins est verifiee par serment de
calomnie I06. c. 90. no. 9.
Procuration generalle en forme p. I0. c. 87. no. 6.
Procuration generalle est tant des choses futures que des pre
sentes pa. I0I. c. 87. no. 3.
Procuration generalle n’estend pas sa generalite a choses cri
mineles p.I0I. cha. 87. no. 4.
Procuration nouuelle en arramentz on n’est necessaire I06.
cha. 90. n. I4.
Procuration passee deuant Notaire n’est vaillable I06. c.
90. no. 7.
Procuratiōs pour proces sont generalles a tous aultres actes
I0. cha. 87. no. 2.
quand Procuration doibt estre exhibee I80. c. 93. par tout
quand Procuration se doibt reuoquer p. I07. c. 9I. nom. I.
quand Procuration peult estre rappelle p. I07. c. 9I. n. 2.
Procuration quelle est legitime ou illegitime I60. c. I28.

nom. 42.
Procuration quelle chose contiens I0I. c. 87. n. I.
Procuration quelle est requise en iugement I06. c. 90. n. I.
Procuration speciale a quoy est requise pa. 02. c. 88. n.2.
3. & aultres.
Procuration specialle en forme deuant Notaire pag. I04.
Procuration specialle en forme souz le seel aux causes I03.
Procuration specialle quelle elle est dicte I02. c. 88. no. I.
sans procuration qui se peult presenter ponr aultres page.
I09. c. 95. par. tout.
Procureur qui est dict p. 99. c. 85. n. I.
Procureur aulx negoces & proces, quil doibt & peult faire
p. I00. c. 85. no. 3. 4. & 6.
Procureur est necessaire a celluy qui se veult mettre a plaider
p. 30. c. 27. no. 6.
comment Procureur est constitue par les Princes, Prelatz,
ou Nobles I86. c. 90. n. 4.
le Procureur conseille le plus souuent sa partie, qu’elle tende
plus a nier pa. 208. c. I54. n. 37.
Procureur constitue en l’affaire dun aultre peult estre oppug
ne par trois choses & c. p. I0I. c. 87. no. 6.
Procureur constitue pour agir & demander semble estre cou
stitue aussi pour defendre, mais non au contraire page.
I00. c. 85. n. 7.
Procureur de quel aage il doibt estre page. I00. cha. 85.
nom. 5.
Procureur doibt bien auiser par tout ou sa procuration sert,
a ce que son maistre aye le tout aggreable I03. c. 88. n. I2.
Procureur doibt bien estre instruit des causes quil entreprend
pag. I07. c. 92. no. 7.
Procureur en son propre affaire qui est d.ct pag. I00. cha.
86. no. I.
Procureur en son propre affaire en quel cas il a lieu pag.
I00. cha. 86. n. 2.
Procureur en son propre affaire peult faire tout ce quil veut
I00. c. 86. n. I0.
Procureur en son propre affaire sil est proprement dict procureur
I00. c. 86. n. II.
Procureur & administrateur cōme ils different pag. 99.
cha. 85. n. 2.
Procureur & les faictz d’icellui peuuent estre approuuez,
iusques a conclusion en iugement par son maistre page.
I07. cha. 92. no. 2.
Procureur & principal en Flandres sont citez apres litiscon
testation po. 66. cha. 58. no. I3.
Procureur general se peult adioindre ou bon luy samble

pag. II3. cha. 98. n. 9.
procureur n’ayant appelle quand il est excuse de l’interest
296. c. 229. n. 9.
Procureur qui conseille de respondre faulsement est tenu de
restitution pa. 208. c. I54. n. 39.
Procureur qui est sans procuration doibt bailler caution de
Ratification & de payer l’adiuge pa. I07. c. 92. no. 6.
Procureur qui na procuration suffisante. doibt estre tenu
pour faulx procureur I07. c. 92. no. I.
Procureur qui nappelle point apres litiscontestation est tenu
de l’interest 296. c. I29. no.8.
procureur qui ne peult estre I08. c. 94. n. I. & aultres.
Procureur sachāt le faict de sa partie aduerse estre vray, ne la
doibt nier p. 208. c. I54. n. 38.
reuocation de Procureur a qui, ou quelz doibt paruenir
pa. I07. c. 9I. no. 3.
Procureurs estans constituez a deux en vne mesme cause,
lun ne peut rien faire sans l’autre I03. c. 88. no. I3.
ProdIuges & folz peuuēt aliener leurs biens selon le droict
pag. I6. c. I3I. no. 6.
ProdIuges & folz doibuent estre deboutez I65. c. I3I. no. 5.
Prolongement de proces combien il apporte de maulx I33.
cha. II4. no. 7.
Proposition d’erreurs ne suspendent la sentence 307. cha.
247. no 3.
Propositions d’erreurs de faictz est licite au Conseil de Malines
307. cha. 247. no. I.
Protestation que cest p. I45. c. I2I. n. I.
Protestation, a qui quand ou & commet elle se doibt faire
I45. c. I2I. n. 8. & aultres.
si Protestation de concubinage excuse paillardise pa. I47.
cha. I22. no. I0.
Protestation de l’Acteur se fait es possessoires pag. I64.
cha. I22. no. 2.
Protestation du Defendeur se faict en deux manieres page.
I47. c. I22. n. 3. & 4.
Protestation faicte par les deux parties, se faict pour les dommaiges
& interestz pa. I47. c. I22. nom. 5.
Protestation ne garde point le droict qui est illicite & impossible
p. I45. c. I2I. no. I5.
Protestation nest vaillable pour adiouster, diminuer & muer le
libelle p. I46. c. I2I. no,. I6.
Protestation quand elle se faict par Aduocatz ou Procureurs pa.
I47. cha. I22. no. 6.
Protestation se doibt faire auant l’acte celebre pag. I47.
I22. no. 7.

Protestation se doibt renouueller en toutes actes pa. I47.
cha. I22. no. 8.
de Protestation quel est l’effect p. I45. cha. I2I. no. I4.
de Protestation vn exemple contre la substance du mariage
& profession de Religion p. I45. c. I2I. n.6. & 7.
Protestations

Protestations es iugement par qui se font. 46. chap. I22.
nom. I.
si Protestatiōs faites en disant, sauue vostre grace, soubz correctiō,
sauf vostre honneur, & aultres, excusent d’iniure. pag.
I47. cha. I22. nom. 9.
Protestations quelles choses concernent pag.
I45. cha. I22. nom. 3. 4. & 5.
Protestations quelles elles sont. pag. I45. cha. I2I. nom. 2.
Protestations par qui & pourquoy peult estre demandee. pag.
II8. cha. I03. par tout.
es Prouisions doibt l’acteur proceder sommairement. pag.
II8. cha. I03. nom. I3.
Prouuer quelles choses on ne doibt. pag.
2I2. cha. 259. nom. 2. 3. 4 & 5.
c’est Prudēce daccorder auec sa partie auant qu’entrer en proces.
3I. cha. 27. nom. 7.
quelle est la Prudence premiere que l’homme doibt auoir pour pro
ceder. pa. 30. cha. 27. nom. 3.
Punition de ceulx qui violent la seurete de court. I53. cha. I24.
nom. 40.
Q
Quattre membres de Flandres quand ils furent assubiectiz au
Conseil de Gand, & par qui. page.
6. cha. 5. nom. I3.
Questions diuerses, touchant la foy des instrumens. page.
235. cha. I75. nom. 22.
R
Racheter voulāt rentes au refuz du vēdeur quelle chose il doibt
faire. pag. I8. cha. I6. nom. 2.
au Rachapt de rentes l’offre ou consignation auec deffaut n’est ra
tifiee. pag. I8. cha. I6. nom. 3.
Rachaptant rentes lon doibt payer le principal auec le crois. pag.
I8. cha. I6. nom. I.
Raison pourquoy Dieu apres six iours reposa & ordonna le Sabat.
pag. I39. cha. II9. nom. 2.
le Rapporteur est premier interrogue d’un proces, puis les aultres
266. cha. I98. nom. 5.
de Rapporter nestoit iadis la coustume vsee en Flandres. pag.
263. cha. I94. nom. 7.
Ratification s’est defficace si le iuge declare que le procureur n’est
suffissant. pag. 78. cha. 65. nom. 5.
Ratification n’a lieu quand la chose est faite. pag.
78. cha. 65. nom. 4.
Reconciliation de freres se peult faire en tout temps & lieux. 282.
chap. 2I2. nom. I2.

Reconciliation, conuenir, ou reconuenir que cest. I85. chap.
I4I. nom. I.
Reconuention doibt estre demandee par le vassal deuant le Seigneur
du fief. pag. 285. cha. I4I. nom. 6.
ou Reconuention en Flandres est admise. pag.
I85. cha. I4I. nom. 5.
ou Reconuention n’a lieu. pag. I85. chap. I4I. nom. 7. & c.
ou Reconuention se doibt demander. pag.
I85. cha. I4I. nom. 4.
quand Reconuention se doibt proposer. pag.
I85. cha. I4I. nom. 2. &. 3.
Reconuentionele cause sont estimees estre dung mesme droict. p.
I86. cha. I4I. nom. 20.
en Reconuention comme lon doit proceder. pag.
I83. cha. I4I. nom. I7.
a qui Recreance es benefices se donne. pag.
I92. cha. I47. nom. 3. 4. & 5.
a qui Recreance es choses prophanes se donne. pag.
a qui Recreance es choses prophanes se donne. pag.
I92. cha. I47. nom. 6. 7. 8. & 9.
Recreance monstre le meilleur droict. page.
I92. cha. I47. nom. 2.
quand Recreance se donne a personne. pag.
I93. cha. I47. nom. I2. I3. I4. I5 & I6.
Recreance que cest. pag. I92. cha. I47. nom. I.
auant Recreance se doibuent exhiber les tiltres & exploictz. pa.
I93. cha. I47. nom. I0.
en Recreance les tiltres plus nouueaux sont preferez. pag.
I93. cha. I47. nom. II.
Recreances se mettent a execution reelement sans opposision ou
apellation d’aucun. p. I93. c. I47. n. I7. & I8.
Recusation a deux fruictz. p. I55. c. I25. nom. 20.
Recusation comme se doibt faire. pa. I54. ch. I25. no. 7.
Recusation pour quelles causes elle se faict. I54. cha. I25.
nom. 2. &. 3.
quand & comme causes Recusatoires doibuent estre proposees.
I55. cha. I25. II. I5. I6. I7.
Recuse ne peult estre le simple executeur. pag.
I55. cha. I25. nom. I4.
Recuser qui se peult. I55. cha. I25. no. I2. & I3.
Rederobber quand lon peult. pag. I5. cha. I4. nom. I3.
Reduction qui differe oultre dix iours aprouue la sentence. pag.
282. cha. 2I3. nom. 5.
Reduction se doibt faire dedans dix iours. 282. cha. 2I3. nom. 4.
qui Reduict la sentence se doibt plaindre du tort a luy faict &
de l’enormite de la sesion. pag. 282. chap. 2I3. nom. 6.

Reele action de possessoire comme & pourquoy est instituee. pag.
36. cha. 32. nom. 2.
ou Reele action doibt estre demandee. pag. 59. cha. 53. nom. 3.
Reele action s’institue possessoirement & petitoirement. pag.
36. cha. 32. nom. I.
Reele action suit la mesme chose. pa. 35. cha. 3I. nom. I.
Referendaires qui il sont. 262. cha. I94. nom. I.
Referendaire au Conseil de Malines establi par le President. 262.
cha. 194. nom. 2.
Referendaire quel office il a. p. 26. cha. I94. no. 3.
Referendaire qui est cogneu de la partie est deboute, & en prend t
on vn aultre. pag. 263. cha. I94. nom. 6.
Referendaire rapporte la simple substance du proces. 262. ch. I94.
nom. 4.
Referendaires ne doibuent estre cogneuz des parties. 263. ch. I94.
nom. 5.
Reformant mal quand il ne tombe en l’amende. 294. cha. 227.
nom. 8.
Reformation d’appel vne fois faire ne se peult reprendre. 303.
cha. 240. nom. 3.
ou Reformation en Flandres s’estend. 294. cha. 227. nom. 5.
Reformation ne suspend point la sentence donnee des quattre mēbres
de Flandres. 294. cha. 227. nom.. 4.
Refor mation se doibt ordonner dedans an & tour. 294. cha. 227.
nom. 2.
de Reformation la peine octroyee aulx Gantoys, Brugeois & aul
tres villes. 294.. cha. 227. I0. II. I2.
de Reformation l’usage a este peculiere en Flandres. 294. ch. 227.
nom. 3.
ou Reformations se font en Flandres. 285. cha. 2I5. no. 7. & 8.
Relation doibt contenir les noms & surnoms des adiournez. pa.
72. cha. 63. nom. 6.
Relation de l’information doibt estre specifiee par le menu. pag.
72. cha. 63. nom. 4.
comme Relation & commission se doibt prononcer. pa. 72. cha. 63.
nom. I.
la Relation narree doibt estre permise la partie le requerant. pa.
72. cha. 63. nom. 2.
Releuant vng appel non monstré doibt estre puni. 302. c. 238. n. 6.
celuy est Releue qui excipe des faux tesmoings ou instrumens. par.
lesquelz est il greue. 306. cha. 245. nom. 7.
Releuee & restituee est l’Eglise contre la sentence qui les greue.
306. cha. 245. nom. 6.
Releuer que c’est en droict. 306. cha. 245. nom. I.
Releuez sont se la sentence prononcee contre eulx les forains ou
estrangers absens. 306. cha. 245. nom. 5.

Relief de toute sentence se faict par le Prince. 306. cha. 245.
nom. 9.
Relief de fief, ou qu’elle ne prend lieu. 329. cha. 267. nom. 4. 5. 6.
Relief par qui est octroye. p. 54. c. 50. no. 3.
quand Reliefz sont demandez. pa. 54. cha. 50. nom. I.
Relief qui veult impetrer quelle chose il doibt faire. page.
54. cha. 50. nom. 2.
Relief se donne pour les pupilles, absens, contre la sentence qui les
greue. 306. cha. 245. nom. I.
Relief se faict au Parlement de Malines sans aulcune amende.
303. cha. 240. nom. 2.
G g 2 Relief

Relief se faict par le iuge de sa sentence. 306. cha. 245. nom. 8.
de Relief le tēps sabbrege par lettres d’āticipation. 302. c. 238. n. I.
Reningues chambre quelle elle est. pa. 7. cha. 5. nom. I9.
Reningues qui ilz sont, auecq leurs tiltres. pag. 7. cha. 5. nom. 22.
Reningues sont iuges des arrestz. pag. 7. cha. 5. nom. 2I.
des Reningues les chefz ou Hoofiredenaers, & leurs nom. pa. 7.
es Reningues quelz offices ont les chefz. pag. 7. cha. 5. nom. 20.
Renoncer du proces, instance ou cause, que c’est. 27I. chap. 202. n. 2.
Renonciation a l’instance, proces ou cause, se faict es causes ciuiles,
excepte en cause d’appel. p. 27I. cha. 202. nom. 3.
Renonciation du proces, ne se peult faire en France ou il y a appel
sans conge du Roy. p. 27I. cha. 202. nom. 4.
Rentes ou cens qui sont dictz. I77. cha. I37. no. 28.
Rentes ou cens comme ilz sont differens. pag. I77. cha. I37. no. 30.
Rētier actif euinct l’hypoteque par euictiō tēporelle. 325. c. 264. n. 8.
Rentier auquel les fruicts sont adiugez, perçoit iceux fruicts, sans
rendre aucun compte. 325. cha. 264. nom. 9.
Rentier en quelques endroicts, il euinct l’hypoteque a perpetuite.
325. cha. 264. nom. I0.
Renuoy au iuge du lieu se peult demander par le defendeur apres
sommation de garand. I7I. cha. I35. nom. 3.
Renouy au lieu estant faict de la cause, le defendeur procede contre
celluy qui promet garand, sur le tout, ou contre le Demandeur.
pag. I7I. cha. I35. nom. 4. & 5.
Renuoy de la cause estant faict au lieu, le Defendeur proiette con
tre celluy qui nie le garand des dommaiges. I7I. cha. I35. no. 6.
Renuoy en matiere de compromis se faict deuant arbitres. pag.
I50. cha. I24. nom. 5.
Renouy en matiere de debtes compete tousiours a l’ordinnaire. p.
I50. cha. I24. nom. 2.
Renouy en matiere vsuraire est garde pardeuant le premier iuge.
pag. 50. cha. I24. nom. 4.
Renuoy estant demande par la partie, & que cependant le iuge
procede toutesfois auant, doibt estre constraint par la prouision
su Prince. pa. I53. cha. I24. nom. 42.
Renuoy ne compete pas aulx clercqs qui ne peuuent renoncer a
leur for & iurisdiction. pag. I5I. cha. I24. nom. 39.
Renuoy ne se donne point a hommes lais qui sont personnelemēt
obligez a tout iuge. p. I5I. c. I24. nom. I0.
Renuoy ou rappela qui ne soitroie. p. I5I. cha. I24. no. 24. 25. 26.
Renuoy personel n’est en vsaige par tout Flādres sinō en la court
principale de Flandres. pag. I50. cha. I24. nom. 8.
Renuoy quand il est demande par plusieurs iuges , ilz se faict ou la
partie comparoist. pag. I50. cha. I24. nom. 6.
Renuoy que c’est. pag. I50. cha. I24. nom. I.
Renuoy reel, se demande au iuge, soubz lequel se fond est assis. I5I.

cha. I24. nom. 9.
Renuoy se donne a lordinaire, si la partie nauoit premierement
este adiournee deuant luy. I50. cha. I24. nom. 3.
Renuoy s’il peult estre empesche par vne obligation generalle. p.
I5I. cha. I24. nom. II.
Replique se peult opposer en quelque endroict du proces iusques a
la sentence. pag. I87. cha. I42. nom. I.
a Replicque ou Duplicque & c. se peult alleguer le droict d’ung
tiers. pa. I86. cha. I42. nom. 4.
de Replicque & Duplicque vn exemple. pag. I86. cha. I42. nom. 2.
pour Replicquer se peult demander terme. pa. I86. caa. I42. no. 3.
Reprochant vng tesmoing criminel lon doibt protester de ne l’iniurier.
256. cha. I86. nom. 38.
Reproche contre lettres de preuilege, pour quelle occasion se fait.
257. cha. I87. nom. I2. & I3.
Reproche contre lettres pour quelle occasion se fait. pag. 256. chap.
I87. nom. 3. 4. 5. & 6.
Reproche cōtre quelles attestatiōs & copies se fait. 257. c. I87. n. I. 4.
Reproche contre quelles productions elle se faict. 25I. c. I84. nom. 2.
Reproche contre quelz tesmoings elle se faict. 252. chap. I85. nom. I.
Item p. 253. cha.. I86. nom. I. & aultres suiuans iusques au. 37.
Reproche de crime ne doibt estre faicte sinon ne depose le lieu du crime
commis & de la condemnation. pag. 265. cha. I83. nom. 39.
Reproche des tesmoins pour depositions illegitimes n’a lieu es conseil
de Flandres & malines. 282. cha. I85. nom. 2.
Reproche des tesmoins qui sont suspects se fait en France auant
quilz ont faict le serment. pag. 252. cha. I85. nom. 3.
Reproche ne se peult faire contre vng tesmoing qui aura tesmoing
ne vnefois pour la partie. pag. 256. cha. I86. nom. 4I.
Reproche pour quelles occasions se faict contre les copies. pag.
257. cha. I87. nom. I4.
Reproche se faict contre tesmoings qui excedent le nombre de dix
comme superfluz. pag. 256. cha. I86. no. 40.
Reproches sont odieuses a ceulx qui sont reprochez. 258. c. I88. n. 4.
des Reproches regardez le mot Saluation en ceste table.
Reprocher production que c’est. 25I. cha. I84. nom. I.
Reprocher qui veult escriptures doibt diligement examiner la copie
dicelle. 256. cha. I87. nom. 2.
ou Requeste ciuile est octroyee. pag. 58. cha. 52. no. 2.
Requeste ciuile se peult impetrer par l’une l’aultre des parties
pag. 58. cha. 52. nom. 8.
Requeste des Hollandois & Brabançons presentee pour la publication
des attestations est consulteé auec plusieurs Conseils.
pag. 248. cha. I82. n. I0.
Re queste & commission comme ils different. pag. cha. 56. nom. 2.
Requisitoires lettres quelle chose elles demandent. p. 64. c. 56. n. 2.

Rescindre s’il peult qui a iure. pag. 5I. cha. 48. no. 25.
Rescission a quelquesfois lieu contre vendition auecq decret du iuge.
pag. 50. cha. 48. nom. I6.
Ressort de Flandres au Parlement de Paris fut seullement consue
tudinaire. 298. cha. 232. nom. 2.
Ressort de Paris transporte a Malines. 298. c. 222. no. 6.
Ressortz sont de deux sortes & quelz. 298. c .232. nom. I.
du Ressort de Flandres soubz France s’ou est procede l’origine.
298. cha. 232. nom. 4.
Response aulx positions se faict au Conseils de Flandres & Malines
deuant commissaires. pa. 207. cha. I54. nom. 32.
Response comme se faict negatiuement aulx positions deues. pag.
207. cha. I54. nom. 27.
Response du Roy aulx estatz de Brabant sur la publication des at
testations par eux pretendue. pa. 250. cha. I82. nom. 28.
pour Response souloit le procureur nier le contenu des positions. p.
208. cha. I54. nom. 36.
Responses aulx positions se font par credit ou non credit. pag.
207. cha. I54. nom. 35.
Responses des parties au Parlement de Paris sont tenues pour
litiscontestation. I84. cha. I40. nom. 8.
Responses se doibuent bailler par escript. pag.
205. cha. I54. nom. 2.
ne Respondant a la position, quelle peine il encours. pag.
207. cha. I54. nom. 29.
Respondre a quelz articles on ne doibt. page.
208. cha. I54. nom. 40.
Respondre on doibt a crimes manifestes. pag. 207. cha. I54. no. 23.
Respondre on doibt a positions claires & irrefragables. pa.
207. cha. I54. nom. 24.
Respondre ou lon ne doibt. pag. 205. c. I34. nom. 3. & c.
Respondre lon doibt auec distinction aulx articles qui sont en partie
vrays, & en partie faulx. pa. 208. cha. I54. no. 4I.
Respondre aulx positions , fault faire adiourner les parties.
pag. 207. cha. I54. nom. 33.
qui doibt Respondre quelle chose il doibt obseruer. pag.
205. c. I54. nom. I.
Restablissement comme il se faict. p. 45. c. 44. nom. 4.
Restablissement que c’est. pag. 45. c. 44. nom. I.
Restablissement se faict suyuant le dommaige faict. pa.
45. cha. 44. nom. 2.
Retractation de la sentence des deffectz comme elle se faict. 307. c.
246. nom. I.
Retractation de la sentence donnee contre celluy qui n’est soluable
comme se faict. 307. cha. 246. nom. 2.
Retractation de qui est demandee. 306. cha. 246. nom. 2.

Retracter se peult par loy vne chose definie par serment. pag.
5I. c. 48. nom. 32.
pour Retracter se doibt exhiber la Requeste dedans dix tours.
306. cha. 244. nom. 3.
Retrait

Retrait de rentes vendues comme il se fait a Bruges 326.
cha. 265. n. 6.
Retrait de fons & maisons comme il se fait a Bruges 326.
cha. 265. n. 4.
Retrait en droit Ciuil est odieux 326. c. 265. no. 3.
Retrait en quelles choses il n’a lieu 328. c. 266. n. I. 2. 3. 4. 5.
Retrait est permis de droit diuin 326. c. 265. no. 2.
Retrait que cest, & de combien de sortes il en’y a 320. cha.
265. no. I.
a faire vn Retrait legitime plusieurs choses sont requises
326. c. 265. no. 7. 8. 9. I0. II. I2. I3. I4. I5. I6. I7. I8. I9. 20.
2I. 22. 23. 24. 25. 26. 27.
comme lon vse de Retraict en Flandres 236. cha. 265. n. 4.
en quelles choses Retrait n’a lieu 238. c. 266. n. 2. 3. 4. 5.
quant aux Retraits, on doit voir Tiraquellus 326. c. 265.nom. 30.
Reuision de proces est permise en la chancellerie de Brabant
308. c. 248. n. I.
comme Reuision & Proposition d’erreurs concordent 308.
cha. 248. no. 2.
Reuocation de procureur doibt estre notoire a l’aduersaire
& au iuge apres litiscontestation I59. c. I28. no. 2I.
Reuocatiō ou Remissiō en quelles matieres elle n’est octroyee
I52. c. I24. n. 27. & aultres suyuans.
Reuocquer se doibt le proces au premier lieu ou il a este intente
p. I5I. c. I24. n. 23.
Rompant la prison est en l’amende de dix liures parisis pag.
78. cha. 65. no. I.
S.
Saisine que c’est p. 37. c. 33. n. I. Item p. 39. c. 36. n. I.
Saisine a la femme de son souaire, par les solennitez de mariage
p. 39. c. 35. n. 6.
Saisine a le Prince & quelques Seigneurs des biens des personnes
illegitimes mortes p. 39. c. 35. n. 5.
Saisine a le Seigneur du fief apres la mort du vassal feudatai
re du fief delaisse p. 39. c. 35. n. 4.
Saisine de deliurance compete & est donnee aux achepteurs
p. 37. cha. 33. no. I0.
Saisine d’occupation est donnee & compete au possesseur paci
ficque p. 37. c. 33. n. II.
Saisine de succession compete aux heritiers successeurs pa.
37. cha. 33. no. 9.
Saisine est possession comm’ils different p. 39. c. 35. n. I. et 2.
Saisine & prouffitable a celui qui est trouble en la possesiō
p. 37. c. 33. n. 3.
Saisine & possession estant prouuee, demonstre le chemin

pour paruenir a la recredence p. 39. cha. 35. no. 5.
Saisine ou possessoire es choses prophanes se retirent par la
possession d’un an p. 38. cha. 34. nom. 5.
Saisine pourquoy est dicte nouuellete p. 37. c. 33. no. 4.
Saisine premierement inuentee par maistre Simon Bussin
37. cha. 33. no. 7.
Saisine quand elle ne procede de possession p. 39. c. 35. no. 4.
Saisine se donne en trois manieres pa. 37. cha. 33. no. 8.
de Saisine le vocable est vsite en Parlement p. 37. c. 33. no. 5.
en Saisine le dernier trouue possesseur doibt estre continue,
& est son droict le meilleur p. 40. c. 37. n. I.
pour Saisine acquerir, recouurer, & retenir fault alleguer le
tiltre pa. 38. c. 34. no. 4.
Salaire par qui se peult retenir p. I5. c. I4. n. I0. II. & I2.
Saluation a quoy tend p. 257. c. I88. no. 2.
Saluation est plus aggreable, que Reproche p. 258. c. I88. n. 5
Saluation Reproche & c. apres conclusion en cause se deboutent
p. 258. cha. I88. n. 8.
Saluation & Reproches se doibuent proposer auant que con
clure en droict. p. 258. c. I88. no. 7.
Saluation & Reproche ne se permettent en Frāce auant l’exa
men du proces pa. 258. c. I88. n. 6. & 9.
Saluation ny Reproche ne sont des substances du proces pag.
257. c. I88. no. 3.
Saluation que cest pag. 257. c. I88. n. I.
Seigneur censuel euinct & gaigne son tresfond censuel d’euiction
perpetuelle 325. c. 264. n. 7.
Seigneur feodal qui ne contraint son preuost a ouir tesmoing
nage perd sa iurisdiction p. 2I6. c. I93. n. I2.
le Seigneur feodal en chargeant le fief reçoit son droit feodal
330. c. 230. no. I8.
quand le Seigneur du fiel ne reçoit droit feodal 330. cha.
230. par tout.
Seigneurie d’une chose par qui & pourquoy elle s’oste I80.
cha. I37. no. 77.
Sentence au Parlement de Paris se prononce par le President
288. cha. 2I9. no. 3.
Sentence comme se rappelle 293. cha. 226. n. 3.
Sentence criminele comme est deliuree aulx villes subalternes
I70. cha. I34. no. I9.
Sentence s’appellation confirmee s’execute par le Iuge 3I6.
cha. 255. no. 4.
Sentence definitiue quelle elle est p. 285. c. 2I6. no. 3.
Sentence definitiue par qui, ou, & quand se doibt prononcer
288. cha. 2I9. no. I.
Sentence donnee en petitoire n’empesche de prouuer par com

plainte, pour acquerir, retenir, & recouurir possession
pa. 43. cha. 40. no. 3.
a Sentence donnee se peuuent adiouster les choses qui accompaignent
la sentence p. 289. cha. 220. no. 2.
Sentence du Iuge subalterne s’execute aucunement par le Par
lement 3I7. c. 255. no. 5.
Sentence en Flandres se prononce par le Greffier 288. c.
cha. 2I9. no. 4.
Sentence es matieres ciuiles ne doibt necessairemēt estre causee
289. cha. 22I. no. I.
Sentence Interlocutoire quelle elle est I87. cha. I43. no. I.
Sentence Interlocutoire, se prononce de bouche, ou par acte
289. cha. 2I9. no. 6.
Sentence mandataire, quelle elle est p. 285. c.. 2I6. no. 4.
Sentence mulctatrice, quelle elle est pa. 295. c. 2I6. no. 5.
Sentence s’est soustenue au grand Conseil par les appellez
95. cha. 98. no. 40.
Sentence personele comme elle se prend a Bruges 3I9. cha.
258. no. 7. 8.
Sentence personele se prend diuer sement 3I9. c. 258. n. 6.
pourquoy la Sentence est tousiours prononcee en François au
Conseil de Flandres p. 289. c. 29I. no. I0.
Sentence qui de soy est nulle, ne peult estre confermee par le
Iuge, deuant lequel l’appellation est interiettee pag. 292.
cha. 225. no. 7.
Sentence qui est vne fois executable, demeure a tousiours execut
able. 3I6. c. 254. no. 6.
qui Sentence donne, doibt regarder l’quite 286. c. 2I8. n. I.
Sentence reuoquer pour cause, n’est chose ignominieuse
I90. c. 46. no. 2.
Sentence se doibt en Flandres prononcer en la langue, en laquelle
le proces a este produict pa. 289. c. 2I9. no. 8.
Sentence se doibt prononcer par vn seul au nom de tous 288.
cha. 2I9. no. 2.
Sentence se donne selon conscience par le Prince & grand
Conseil pa. 286. c. 2I8. no. 2. 3.
Sentence se prononce en tous les grans Conseils en la langue
dont vse le Prince p. 289. c. 2I9. nom. II.
Sentence se prononce tousiours au Conseil de Flandres en Frāçois
289. c. 2I9. no. 9.
Sentence sur sentence est nulle 292. c. 225. no. 8.
de Sentence rappeller quelle est la cause 293. c. 226. no. 2.
en la Sentence ce qui est obscur peult estre interpreté par le
iuge 289. c. 220. no. 3.
en Sentence inserer la cause ne preiudice es matieres ciuiles
290. c. 22I. no. 2.

Sentences des Iuges du villaige, par qui se mettent a execution
3I6. c. 255. no. 2.& 3.
Sentence des Iuges subalternes se doibuent executer auecq
caution 3I6. c. 254. no. 3.
Sentences des proces Imperiaulx se prononcent en Flandres
en lieu Imperial pa. 289. c. 2I9. no. 7.
Sentences des quattre membres de Flandres sont au Conseil
tenuz pour proces escript I88. c. I43. n. I2.
Sentences des villes subalternes ne sont au Conseil de Flandres
tenues pour proces escript pa. I88. c. I43. no. I3.
Sentences Interlocutoires qui elles sont I89. chap. I44. no.
no. I. 2. 3. 4. 5 & 6.
G g 3

quand Sentences se mettent a execution 3I6. c. 254. no. 7.
Sentences quelconques peuuent estre corriges par le Iuge,
hors mis la definitiue pa. 289. c. 220. no. 4.
quelles sentence se doibuent mettre a executiō 3I6. c. 254. n. I.
Sentences qui se donnent par le Conseil, ne s’executent point
soubz caution 3I6. c. 254. no. 4.
Sentences qui sont annales, ne se peuuent mettre a execution
3I6. cha. 354. n. 5.
Sentences qui sont iustes se doibuent garder sans rappel 293.
cha. 226. no. I.
Sentences qui sont suspendues par requeste, se doibuent executer
auec caution 3I. c. 254. no. 2.
Sentences se doiuent de droict toutes prononcer par escript
288. c. 2I9. no. 5.
Sentences se mettent a execution par le mesme iuge 3I6.
cha. 255. no. I.
Sentences s’executēt au Cōseil par l’Huissier 3I7. c. 255. n. 6
Sentences se resorment seulement au Parlement de Malines
294. c. 227. no. 6.
des Sentences la variete 285. c. 2I6. no. I.
Sequestration que cest p. 84. c. 72. n. I.
Sequestration casuele en quelz cas est permise page. 85.
c. 72. n. 6. & c.
Sequestration comme se faict p. 84. c. 72. n. 2.
Sequestratiō des biens, encore qu’elle soit defendue, n’est pour
ce defendu d’en faire l’inuentaire 86. c. 72. no. 23.
Sequestration es biens qui sont perissables, les biens se vendent,
& l’argent qui en prouient est sequestre. pa. 85.
cha. 72. nom. I9.
Sequestration est de trois manieres pa. 85. c. 72. no. 5.
Sequestration est en droict defendue pag. 84. c. 72. no. 3.
Sequestration ne se doibt faire auant la sentence donnee pa.
84. cha. 72. no. 4.
Sequestration necessaire comme & par qui se faict page.
85. cha. 72. no. 20.
Sequestratiō volontaire par qui elle se faict p. 86. c. 72. n. 22.
Serment a grande efficace pour faire preuue pag. 244. c.
I79. no. I.
Serment de calomnie ayant este omis auant litiscontestation
se peult reprendre & repeter par tout p. I98. c. I5I. n. 4.
Serment compare le mineur a’aus au maieur p. 5I. c. 48. n. 3I.
Serment de calomnie en quelz lieux ne se faict page. I99.
cha. I5I. no. 3I.
Serment de calomnie en quelles choses il se faict pag. I98.

cha. I5I. no. II. & c.
Serment de calomnie quel il est, & comme on le faict I98.
cha. I5I. no. I.
Serment de calomnie qui ne veullent prester, quelle peine ils
encourent p. I99. c. I5I. n. 28.
Serment de calomnie requiert cinc poinctz, & quelz I98.
cha. I5I. no. 2.
Serment de calomnie se doibt faire apres contestation en cause
I98. cha. I5I. no. 3.
Serment de calomnie se faict pour trois causes pag. I98. c.
I5I. nom. o.
Serment de celluy qui a este pille, est creu quant a son dommage.
Serment de malice est vse es grans Consaux. pag. I99. c. I5I.
nom. 32.
Serment de malice & calomnie comme ilz different pag.
I99. c. I5I. no. 33.
Serment de ne reduire vne sentence, n’oblige point 283. c.
3I2. no. 9.
Serment des faictz se faict au Conseil de Malines & de Flādres
dauant Commissaires p.. 204. c. I57. no. I.
Serment du Defendeur est accepte, lors que les deux parties
preuuent egallement p.245. c. I79. no. I8.
Serment est de trois manieres p. 244. c. I79. n. 2. 3. & 4.
Serment est requis es choses qui ont este possedees au nom de
fief 30. ans pares le proces meu I76. c. I37. n. I8.
Serment faict de retourner en prison ne doibt necessairement
estre tenu pag. 80. c. 67. nom. 8.
Serment faict en iugement se peult excuser pag. 244. cha.
I79. no. 5.
Serment ne doibt estre preste es iours des festes pag. 220.
cha. I66. no. I2.
Serment necessaire pourquoy se faict pa. 244. c. I79. no. 6.
Serment n’est besoing es choses qui ont este possedees a tiltre
de gaige, trete ans apres le proces meu p. I76. c. I37, n. I8.
Serment ou & quand il se faict auant litiscontestation pag.
I98. c. I5I. n. 5.
Serment peult estre defere par le Demandeur au Defendeur
sur tout le libelle pag 245. c. I79. n. I4.
Serment quand, a qui, & pourquoy de defere pag. 245. ch.
I79. no. 7.
Serment qu’on a faict, ne peult estre rombu cōtre sa conscien
ce pag. 5I. cha. 48. no. 26.
Serment se defere au Demādeur qui a preuue demipleine par
le Iuge pag. 245. cha. I79. nom. I6.
Serment se defere par la personne principale, & non par le
procureur, si ce n’estoit & c. p. 245. c. I79. no. I3.

Serment se deferant, quelle chose doibt obseruer le Iuge pag.
245. c. I79. n. 8. 9. I0. & II.
Serment se peult faire par le procureur au nom de son maistre
p. 204. c. I53. n. 3.
Serment superstitieux ne lie point, ains se doibt violet 267.
cha. I99. no. 5.
de Serment la diuersite pa. I98. c. I5I. n. 7. 8. 9. &. I0.
de Serment la forme vsurpee par l’Auteur pag. 220. chap.
I66. no 5.
du Serment quel est l’effect pa. 245. c. I79. no. 2I.
forme de Serment se calomnie pat le Iuge pag. I99. chap.
I5I. no. 27.
Sortant doucement de la prison, n’est tenu coulpable pag.
78. cha. 65. no. 2.
Soubz arbitres ne se doibuent prendre si cela n’eust este accorde
en la soubmission 274. c. 204. no. 7.
Soubmissions comme lon est accoustume faire 272. c. 203. n. I.
quand Soubmmision de l’arbitre s’amortist 280. c. 2II. par tout
Soubmission se faict quelques fois deuant l’arbitre & arbitrateur
p. 272. 203. no. 3.
Soubmissions terminent tout le proces p. 272. c. 203. no. 2.
afin que Soupcon apparoisse plis clairement, on doibt premierement
commettre la cause aulx arbitres pour l’examiner
I54. cha. I25. no. 8.
de soupçon qui sont les causes I54. c. I25. no. 5.
si causes soupçonneuses se doiuent toutes declairer page.
I25. cha. I55. no. I8. I9.
Stile de Court, se doibt par tout obseruer I96. c. I50. no. I.
Stile de Court spirituelle ne doibt estre obserue en Court se
culiere p. I97. c. I50. no. I0.
Stile en quelles choses a lieu p. I96. c. I50. no. 5.
Stile est de trois sotes & quel il est I96. c. I50. n. 2. &. 4.
Stile & coustume comme ils sont affins I97, chap. I50. n. 6.
Stile & Coustume comme different pag. I97. c. I50. n. 7.
Stile n’est point de droict pag. I96. c. I50. no. 3.
de Stile la diuer site engendre souuent ambiguite pag.
p. I97. cha. I50. n. 9.
Substantiaulx d’une sentence definitiue ne se peuuent corriger
289. cha. 220. no. I.
Substitution faicte ne peult estre reuoquee p. I05. c. 89. n. 5.
iusques ou Substitution s’est end p. I05. c. 89. n. 3.
ou substitution doibt estre escrtite p. I05. c. 89. no. 4.
ou Substitution ne peult estre faitte p. I05. c. 89. nom. I.
ou Substitution peult estre faitte p. I05. c. 89. nom. 2.
Succombant en matiere de nouuellete en France, est condanne
es despens & interestz p. 43. c. 40. n. I7.

Suspectz conseillers en nombre de quattre ou cincq. furent
vne fois deboutez en vne cause I55. cha. I25. no. II.
T
Talens du Seigneur doiuent estre emploiez au prouffit public
pag. I. c. 2. n. 7.
pour Tauxer les despens apres l’appellation 308. C.
249. no. I.
Taxation de despens apres l’appellation, se garde iusques a la
decision 308. c. 249. no. 6.
Taxation des despens par qui se fait au Conseil de Malines
308. cha. 249. no. 9.
Taxation de despens quant & de quoy ne se faict 308. c.
249. nom. 2. 3. 4. & 5.
Taxation

Taxation des desspens se saict au Conseil de Maline de tous iugemens.
308. cha. 249. nom. 8.
Taxation des despens se faict en Flandres selon le iugement de la
Court. 308. c. 249. nom. 7.
Termination des proces ciuilz se doibt faire dedans trois ans. pag.
26I. cha. I92. nom. 5.
Termination d’un proces est souuentesfois commencee & tastee
par plusieurs examinateurs. pag. 26I. c. I92. nom. 4.
Termination de proces se faisoit iadis dedans six semaines, a present
se faict en temps commode. pag.
26I. cha. I92. nom. 7.
on France Termination se faict des proces sur incidens si tost que
faire se peult, & sur le principal dedans trois mois, ou demy
an. 26I. cha. I92. nom. 3.
Tesmongnage dune chose aduenue depuis dix ans, se doibt mesurer
des le temps du tesmongnage. p. 22I. cha. I66. nom. 20.
Tesmongnage faux est defendu par la loy doibuent tenir les parolles
des Chrestiens. 220. cha. I66. nom. I.
Tesmongnages dinstruments sont moins valides, que ne sont ceux
des tesmoings deuant les commissaires. p. 228. cha. I7I. nom. 23.
Tesmoing ayant dict vne chose & depuis dict & depose vne aultre,
est trompeur. p. 229. cha. I72. nom. 7.
Tesmoing comme doibt tesmoigner. 224. c. I20. n. 20. 2I.
Tesmoing fault comme il doibt estre puny. p. 229. c. I72. nom. 5.
Tesmoing fault deuant qui doibt estre puni. pa. 229. c. I72. nom. 8.
Tesmoing fault porte preiudice a trois personnes. 229. c. I72. no. 3.
Tesmoing feult tout a lheure quil a iuré corriger son tesmoignage
pag. 220. cha. I66. nom. I8.
Tesmoing qui afferme choses contraires est deboute.. 227. cha. I7I.
nom. I4.
Tesmoings qui celle verite doibt estre compare a celluy qui depose
faulsement. p. 229. ch. I72. no. 4.
Tesmoing qui celle verite doibt estre puni. p. 229. c. I72. nom. 6.
Tesmoing qui est adiourne pour deposer, & ne comparoist, peult
estre constraict, & quni de contumace. pa. 229. c. I72. nom. I0.
Tesmoing qui est au cōmissaire suspect de faulfere, peult estre pris.
pag. 229. cha. I72. nom. 9.
Tesmoing qui est lettré, auecq consentement peult bailler sa depo
sition par escrit. 22I. chap. I66. nom. I9.
Tesmoing qui est reproche, quoy quil fut vtile a qui le reproche,
si ne luy adioustera on aucune foy. 254. cha. I86. nom. 42.
Tesmoing qui iure prouue mieulx son dire que celluy qui ne iuré.
220. cha. I66. nom. 3.
Tesmoing qui ment en vng point, est estime menteur en tous aultres.
pag. 227. cha. I7I. no. I3.

Tesmoing qui ne iure, ne prouue riens. pag. 220. cha. I66. nom. 2.
Tesmoing riche doibt auoir plus de foy, que le pouure. 227. c. I7I.
nom. I0.
Tesmoing seul contredisant a plusieurs, est nul. p. 227. cha. I7I. n. I7.
Tesmoing seul es quelz lieux il prouue. pag.
2I8. cha. I65. nom. I4. & c.
Tesmoing seul, est nul. pa. I28. cha. I65. nom. I3.
Tesmoing vne fois faulx, doibt estre tousiours tenu tel. 229. chap.
I72. nom. I.
du Tesmoing la correction doibt estre escripte pres la premiere de
position. pa. 225. c. I70. nom. 26.
Tesmoigner qui ne doibuent par contraincte. pag.
2I6. cha. I63. nom. I3.
Tesmoings combien sont requis de droict en vne chose particuliere.
pag. 2I8. cha. I65. nom. I.
Tesmoings de l’aage de dix aus & demy peuuēt tesmoigner es ma
tieres ciuiles. pag. 225. cha. I70. nom. 23.
quand Tesmoings de lune partie s’accordent, & que le motif du
iuge si adioint, ils prouuent. pa. 227. cha. I7I. nom. I8.
Tesmoings deposans choses contraires ne doibuent estre creuz. pa.
227. cha. I70. nom. I6.
Tesmoings doibuent declarer les causes de leur deposition. 224. ch.
I70. nom. I8.
Tesmoings doibuent deposer en termes & parolles claires. pag.
224. cho. I70. nom. I7.
Tesmoings doibuent estre auant coup admonestez quilz ne se pariurent.
pag. 223. cha. I70. nom. 3.
Tesmoings doibuent estre ♣conssraictz maugre eulx. pag.
2I6. cha. I63. nom. 4.
Tesmoings doibuent estre examinez chascun a part. 220. ch. I66.
nom. I7. Item 223. nom. I.
Tesmoings doibuent estre examinez en leur langue vulgaire. pa.
225. cha. I70. nom. 30.
Tesmoings doibuent estre produicts aulx despens de celluy qui les
produict. pag. 2I6. cha. I63. nom. 6.
Tesmoings doibuent estre produictz par les parties, non par le iuge.
pag. 2I6. cha. I63. nom. 3.
Tesmoings doibuent estre regardez, & leurs meurs & affections.
223. cha. I69. nom. 6.
Tesmoings d’une multitude en nombre de dix, disans le mesme, ap
prouuent la cause. pag. 2I7. cha. I67. no. 4.
si Tesmoings d’une partie, discordent en pareil uombre, lon croit
aulx plus apparens. pag. 227. cha. I7I. nom. I9.
si Tesmoings egaulx en prudhommie discordent, il ♣conuutent les ac
corde. 228. cha. I7I. nom. 22.
Tesmoings en grand nombre preuuent auec plus d’efficace. pag.

2I8. cha. I65. nom. 3.
en quelles causes Tesmoings doibuent estre produictz auecq multitude.
pag. 2I7. cha. I64. no. I.
en quelles causes Tesmoing sont requis d’estre en grand nombre.
ascauoir sept ou huict. pag.
2I8. cha. I65. nom. 6. 7. 8. 9. I0. II. & I2.
Tesmoings estans dessoubz le nombre de dix, ne doibuent estre tenuz
pour multitude, ou trouppe. pa. 27I. cha. I64. nom. 3.
Tesmoings estans en grande multitude doibuent pour le moins
estre produictz en nombre nombre de dix. pa. 27I. c. I64. no. 2.
Tesmoings exhibent quelques fois leur deposition par escript.pag.
225. cha. I70. nom. 24.
quelz Tesmoins ne se reprochent. 255. cha. I87. nom. 43.
Tesmoings malades au lict sont creuz apres leur trespas. 227. cha.
I7I. nom. 25.
Tesmoings ne doibuent estre ouys es matieres crimineles par les
commissaires. 224. cha. I70. nom. 6.
Tesmoins ne doibuent estre ouys es matieres crimineles par les
commissaires. 224. cha. I70. nom. 6.
Tesmoins ne doibuent rendre raison de ce quilz ont veu. 224. ch.
I70. nom. I9.
Tesmoings ne se peuuent excuser de dire verite. pag.
2I6. cha. I63. nom. 9.
Tesmoings ne se peuuent presenter eulx mesmes. pag.
2I6. cha. I63. nom. 3.
Tesmoings ne sont instrumens publiques. 235. cha. I74. nom. 2I.
Tesmoings ne sont tousiours trop a fier. pag. 32. cha. 27. nom. 23.
Tesmoings nont tous egalle foy & authorite. 226. chap. I7I. no. I.
Tesmoings peuuēt estre examine ex iours de festes quād ils ont faict
le serment le iour precedent. pa. 220. cha. I66. no. I3.
Tesmoings peuuent estre instruictz par les commissaires, affin de
respondre pertinemment. 225. cha. I70. nom. 22.
Tesmoings peuuent estre produicts par diuerses villes. page.
2I6. cha. I63. nom. 8.
Tesmoings qui deposent fausement peuuent estre emprisonnez. p.
225. cha. I70. no. 28.
Tesmoings qui disent vne mesme chose, comme premeditez, sone
suspectz d’auoir este subornez. pag. 227. cha. I7I. n. I2.
Tesmoings qui doibt produire quelles choses luy conuient faire. pa.
2I6. cha. I63. no. I.
Tesmoings qui doibt produire doibt faire adiourner sa partie pour
ouyr leur serment. pag. 220. cha. I66. nom. 8.
Tesmoings qui doibt ♣produne doibt premieremēt recueiller les ar
ticles de sa demande. 22I. chap. I67. nom. I.
Tesmoings qui nient, ne prouuent rien. pa. 226. cha. I7I. nom. 2.
Tesmoings qui ont este ouys auant litiscontestation, doibuēt estre

ouys de rechef apres litiscontestation. pag. 2I5. cha. I62. nom. 9.
Tesmoins qui ont ture durant la commission peuuent estre exami
nez icelle esteinte. pa. 220. cha. I66. n. I4.
Tesmoings qui ont parle obscuremēt, doibuāt declarer l’obscurite.
pag. 225. cha. I70. nom. 29.
Tesmoings qui sont constituez en dignite, ont plus de foy que ceulx
qui n’y sont point. pa. 227. cha. I7I. nom. 9.
Tesmoings qui sont egaulx en prudhommie silz accordent on les
doibt croire. p. 227. cha. I7I. no. 2I.
a Tesmoings qui sont ouiz deuant arbitres, on croit apres leur tres
pas. pag. 228. cha. I7I. nom. 26.
Tesmoings qui vacilent doibuent estre contrainctz par torture
a seurs deposition. pag. 225. ch. I70. nom. 27.
G g 4 Tesmoings

Tesmoings qui veult produire doibt demander dylays pour ce faire.
pag. 2I6. cha. I63. nom. 2.
Tesmoings se peuuent produire de la trouppe par ensemble ou separement.
pa. 2I7. chap. I64. no. 5.
Tesmoings se souuenans dauoir erré peuuent corriger leur deposition.
pa. 225. cha. I70. nom. 25.
Tesmoings sexcusans par ignorance doibuent encores estre constrainctz.
pag. 2I6. c. I63. nom. I0.
des Tesmoings la foy & loyauté doibt plus estre respectee que leur
tesmoignaige pag. 2I8. cha. I65. nom. 3.
des Tesmoings la pluralite, peult estre refrainte par le iuge. pag.
2I8. cha. I65. nom. 2.
des Tesmoings les sermens se doibuent faire en presence de partie
aduerse. pag. 220. cha. I66. nom. 6.
des Tesmoings les sermens sont des substances des proces. 220. c.
I66. nom. 9.
des tesmoings l’examen faict par ensemble, est suspect de collusion
223. cha. I70. nom. 2.
des Tesmoings se doibt requerir la forme du serment. 220. chap.
I66. nom. 4.
deux Tesmoings loyaulx suffisent pour faire vne preuue. pag.
2I8. cha. I65. nom. 4.
es Tesmoings lon doibt plus regarder la foy des personnes, que le
grand nombre. pag. 227. chap. I7I. nom. 20.
Testamentaires sont en saisine des biens denommez par le testateur.
pa. 39. cha. 36. nom. 7.
Tiltre de possession ne peult estre change. pag. I76. cha. I37. nom. I9.
Transaction que cest. pag. 268. cha. 200. nom.I.
Transaction comme se faict apres sentence donnee. pag.
268. cha. 200. nom. I2.
Transaction en matiere beneficiele n’a point de lieu. pag.
268. cha. 200. nom. I3.
Transaction est comparee a la sentence du iuge. pa. 5I. c. 48. no. 23.
Transaction est defendue par le Duc es causes esquelles le fisque
est adioinct. pag. 270. cha. 20I. nom. 6.
Transaction est exclose en cause de mariage. pa. 269. c. 200. no. I6.
Transaction est interdite au Conseil de Flandres par le Duc Phelippe.
pag. 270. chap. 20I. nom. 7.
Transaction ne se permet es causes qui procedent de crime. pag.
270. cha. 20I. nom. 3.
Transaction ou elle est cassee. pag. 5I. cha. 48. nom. 24.
Transaction pour qoy ne se peult rescindre. pag.
268. cha. 200. nom. 6. 7. 8. & 9.
Transaction quel pouuoir il a. p. 268. c. 200. Item. pag.
269. cha. 200. nom. 23.

Transaction qui est fraudulente se peult rescindre. page.
268. cha. 200. nom. II.
Transaction qui se faict pour paisiblement retenir vng benefice, a
lieu. pag. 268. cha. 200. nom. I5.
Transaction qui veult faire, doibt monstrer ses lettres de permission
a la Court. pag. 270. cha. 20I. n. 5.
Transaction se permet du Prince sans preiudice d’alcun. pag.
270. c. 20I. nom. 2.
Transaction se peult faire de crime de peine corporele, on de sang,
mais non au contraire. p. 269. cha. 200. nom. I7. & I8.
Transaction se peult faire des aliments passez, non des futurs.
pag. 269. cha. 200. nom. 2I.
Transaction sottroye sans preiudice de lamende. pag.
270. cha. 20I. n. 4.
de Transiger le conge par qui il sottroye. page. 270. cha. 20I. nom. 8.
de Transiger lon ne requiert point conge, quand lon establit commissaires
pour accorder. pag. 270. cha. 20I. nom. I0.
de Transiger quand lon accorde le conge. pag. 270. cha. 20I. no. 9.
Tuteur & Curateur comme ils different. p . I66. c. I32. nom. II.
V
Vacances pour qui seruent. I4I. c. II9. nom. 2I.
quelles Vacances sont a Malines en Flandres & a Paris. ibi. nom.
22. 23. & 24.
es Vacances en quelles causes est requis faire iugement. I42. chap.
II9. nom. 25.
Vefues & personnes miserables peuuent conuenir les debteurs en
tous lieux. 60. cha. 53. nom. I8.
Vendant biens meubles & immeubles doibt garder l’ordre. 3I9.
cha. 258. nom. 5.
Vendeur garantissant l’achapteur en Flandres, l’chapteur est efface
du proces. I69. cha. I34. nom.I3.
contre Vendition lon se peult opposer la chandelle estainte. 320.
cha. 258. nom. 29.
de la Vendition du fief le vendeur paye le dixiesme denier. 329.
cha. 268. nom. I.
en la Vendition d’un fief, quelles choses sont necessaires, tant au vēdeur
comme a lachepteur. 327. cha. 268. nom. 4. 5. 6. 7.
Vente des choses feodales cōme elle se faict. 320. c. 258. no. I2. & I3.
Verbalement se demene le proces es iugemens de practique. II4.
cha. I00. nom. 2.
Verite se doibt decouurir a trois sortes des gens. 32. chap. 27. no. I9.
Veue de loriginal auecq la copie de la clause extraite doibt estre
permise a la partie. 238. cha. I76. nom.3.
ou Veue du lieu se demande par le Defendeur. I7I. cha. I35. nom. I.
Veue du lieu se doibt demander deuant cōmissaires. I7I. c. I35. n. 2.
Veue du Testament auec la copie dune clausule doibt estre permi

se a la partie. pa. 238. cha. I76. nom. 4.
l’Vsance de peine establie pour auoir mal iuge procede de France.
295. cha. 228. nom. 2.
Vsucapion acquiers choses meubles auec domeine direct. I79. cha.
I37. nom. 7I.
Vsucapion n’oste l’hypoteque. pag. I79. cha. I37. nom. 72.
Vsucapion quand est interrompue par la seulle presentation du libelle.
I78. cha. I37. nom. 63.
Vsuraire contract & son exemple. pa. I26. c. I06. nom. 4.
Vsure de gain se demande quelcquesfois pour cause de bonne foy.
& non pas a cause des fruictz. p. I26. ch. I06. no. I2.
Vsure se peult demander librement de celluy qui ne paye point, au
lieu d’interest. I26. cha. I06. nom. 6.
Vsures aulcunes viennent plustost selon equite, que non par delay
de payement. I27. cha. I06. nom. I3.
Vsures se demandent librement comme linterest. pag.
I26. cha. I06. nom. 6.
Vsures sont de trois façons. I26. cha. I06. nom. 8. 9. & I0.
Vsufructuaire qui decede auant que les fruictz soient meurs, il les
pred. I22. cha. I04. no. 24.
Vsufruitier & fermier ne font point leur les fruictz quilz ont per
ceuz, auant leur deces. pag. I22. cha. I04. nom. 25.
FIN DE L’INDICE.
De l’Jmprimerie de Gerard Smits, aux despens de Iean
Bellere, Imprimeur & Libraire iuré, l’An
I572.

EXTRAIT DV PRIVILEGE,
Sver la remonstrance faite au Conseil du Roy nostre Sire, de la part de Messire Iosse
de Damhoudere, Cheualier, Docteur Droits, Conseiller, & Commis des Finances
de sa Maieste Royalle, contenant comme iceluy Remonstrant, pour l’aduancement
du Bien commū, a iadis compose en Latin certaine oeuure intitulee, Praxis rerum
Ciuilium,
& c. qu’il a fait imprimer par Iean Bellere inprimeur & libraire iuré de la ville d’Anuers.
Laquelle oeuure ledit Seigneur Remonstrant, a puis naguieres a la requeste d’aucuns
amateurs
de la Practique traduit en Fransois, pour fauoriser le bien publique, & l’ayant fait
visiter par Monsieur le Reuerendissime Guillain de Vroede, Suffragan de Malines,
licencié
en Theologie, & c. la voudroit faire imprimer par ledit Iean Bellere, requerant a celle
fin luy accorder acte de Priuilege a ce pertinent. Sa Maieste Royalle, apres luy auoir este
apparu
de la visitation & approbation & approbation dudit liure traduit en langue Fransoise, &
qu’icelluy ne
contient fors choses vtilles & prouffitables au Commun, a consenti & permis, consent &
permet par cestes audit Remonstrant, que durant le terme de dix ans prochainement ensui
uans, il face imprimer, vendre, & distribuer en ses pays & seigneuries, ou bon luy
semblera,
ledit oeuure intitule Practique iudiciaire es choses Ciuiles, & c. par ledit Ieā Bellere: sans
pource
aucunement forfaire ni mesprendre enuers sadite Maieste Royalle, ou les Ordonnances cō
cernantes le fait des imprimer, ou cōcernantes
le fait des imprimeurs & libraires. Interdisant & defendant a tous autres imprimeurs
& libraires, de n’imprimer, ou cōtrefaire, vendre, ou distribuer ledit Oeuure sus nōmé,
esdicts liures ailleurs imprimez & contrefaits, & forfaire pour chascun liure ainsi
contrefait la somme de six florins Carolus, applicables au proufit de sa Maieste, dudit
Iean Bellere, & du Denonciateur. Donne en la ville de Brusselles le I7. Iuillet, I’an. I507.
Signé.
de Zoete.

[tout image]
DAMHOVDERE. SONDER. VALLEN. STAET.