L'intégration des femmes et les forces militaires modernes : Une ...
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www.army<strong>forces</strong>.gc.ca/caj<br />
ARTICLES<br />
plus grande résistance. Le sénateur John McCain, un <strong>des</strong> opposants à l’abolition <strong>des</strong> restrictions quant à<br />
la responsabilité <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> <strong>militaires</strong>, proposa plutôt de créer une commission responsable d’examiner<br />
en détail l’enjeu <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>les</strong> unités de combat. En 1992, on forma la Presidential Commission on<br />
the Assignment of Women in the Armed Forces (ci-après dénommée « la Commission ») en réponse<br />
à c<strong>et</strong>te proposition.<br />
La loi habilitante de la Commission exigeait « l’examen <strong>des</strong> lois <strong>et</strong> <strong>des</strong> politiques restreignant l’affectation<br />
<strong>des</strong> <strong>militaires</strong> féminines » 37 . La Commission était composée d’officiers supérieurs, d’ex-<strong>militaires</strong>, de<br />
<strong>militaires</strong> actifs, d’experts <strong>et</strong> de civils jouissant d’une expérience pertinente, soit au total 15 membres.<br />
Six commissaires étaient <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> <strong>et</strong> huit étaient <strong>des</strong> <strong>militaires</strong> actifs ou r<strong>et</strong>raités <strong>des</strong> <strong>forces</strong> armées<br />
américaines. Ces individus avaient pour tâche de réaliser <strong>des</strong> entrevues sur le terrain auprès de <strong>militaires</strong><br />
<strong>et</strong> d’intervenants pertinents. La liste <strong>des</strong> entrevues s’avéra très longue, celle-ci comprenant <strong>des</strong> <strong>militaires</strong><br />
r<strong>et</strong>raités ou actifs, <strong>des</strong> experts en affaires <strong>militaires</strong> <strong>et</strong> en sociologie, <strong>des</strong> organismes communautaires, <strong>des</strong><br />
organismes religieux <strong>et</strong> même de simp<strong>les</strong> citoyens américains intéressés. Bien qu’aucun paramètre lié à<br />
la qualité, à la pertinence ou à la source de la preuve n’ait été défini explicitement, on dressa une liste de<br />
17 enjeux qui feraient l’obj<strong>et</strong> d’un vote <strong>et</strong> de recommandations de la part <strong>des</strong> commissaires 38 .<br />
Les enjeux prioritaires portaient (communément) sur le risque de capture, <strong>les</strong> normes occidenta<strong>les</strong><br />
propres au traitement <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> par <strong>les</strong> hommes, <strong>les</strong> capacités physiques <strong>des</strong> <strong>femmes</strong>, <strong>les</strong> relations<br />
dysfonctionnel<strong>les</strong> (sexuel<strong>les</strong>) <strong>et</strong>, évidemment, le problème récurrent du maintien de la cohésion au<br />
sein de l’unité. Curieusement, dans le processus décisionnel, on accorda la plus grande importance<br />
aux témoignages recueillis par la Commission. Aucun essai structuré ne fut organisé pour évaluer <strong>les</strong><br />
répercussions possib<strong>les</strong>. D’entrée de jeu, on jugea c<strong>et</strong>te approche acceptable, l’expérience de plus de<br />
40 000 <strong>femmes</strong> <strong>militaires</strong> à la guerre du Golfe étant mentionnée au tout début du rapport. Il se peut<br />
que la Commission ait laissé tomber <strong>les</strong> essais en raison <strong>des</strong> expériences en temps réel — nul besoin<br />
d’élaborer <strong>des</strong> essais liés au combat quand on jouit de données organiques réel<strong>les</strong> sur le rendement<br />
professionnel <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> <strong>militaires</strong> américaines. La Commission se concentra donc sur la collecte de<br />
données supplémentaires.<br />
La Commission dit du rendement <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> tout au long de la première guerre du Golfe qu’il avait<br />
respecté « <strong>les</strong> plus hautes normes de professionnalisme militaire, <strong>et</strong> ce, dans un grand tournant de<br />
l’histoire de la nation » 39 . Plus loin dans le rapport, toutefois, l’enthousiasme de c<strong>et</strong> énoncé semblait<br />
s’affaiblir. <strong>Une</strong> section intitulée « The Case Against Women in Combat » (le dossier contre <strong>les</strong> <strong>femmes</strong><br />
au combat), par exemple, tentait de minimiser l’importance <strong>des</strong> expériences vécues par <strong>des</strong> <strong>femmes</strong><br />
au combat pendant la guerre du Golfe <strong>et</strong> par <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> au combat au cours de l’histoire. La section<br />
présentait l’argument voulant que l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> soit totalement différente de l’intégration<br />
raciale ayant eu lieu en 1948 — contrairement aux <strong>militaires</strong> masculins de différentes races, « <strong>les</strong> <strong>femmes</strong><br />
ne présentent aucune lignée de guerriers accomplis comme le font [ces] hommes » 40 . Historiquement<br />
parlant, c<strong>et</strong> énoncé était totalement faux <strong>et</strong> ne pouvait jouir d’un semblant de poids que dans son sens<br />
le plus strict <strong>et</strong> formel. Comme le présent texte le mentionne plus haut, <strong>les</strong> <strong>militaires</strong> américaines ont<br />
souvent revêtu <strong>les</strong> uniformes masculins pour s’enrôler — <strong>et</strong> même certaines avec prouesses au combat.<br />
C<strong>et</strong> énoncé ne tenait nullement compte <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> qui ont trouvé un moyen de participer à divers<br />
combats <strong>militaires</strong> partout dans le monde, à différents moments de l’histoire. Dans un contexte plus<br />
moderne, <strong>les</strong> organismes <strong>militaires</strong> officiels ne fournirent qu’un p<strong>et</strong>it nombre d’exemp<strong>les</strong> de guerrières.<br />
Toutefois, l’utilisation de c<strong>et</strong>te restriction imposée en tant que justification solide de l’exclusion continue<br />
<strong>des</strong> <strong>femmes</strong> était une erreur de logique : Post hoc ergo propter hoc (avant le fait, donc après le fait). Tout<br />
professeur de logique aurait réfuté c<strong>et</strong> énoncé; toutefois, étonnamment, la commission l’enregistra en tant<br />
que preuve valable pour appuyer la ségrégation axée sur <strong>les</strong> sexes.<br />
La Commission affirma que <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> ne s’étaient pas acquittées du fardeau de la preuve requis pour<br />
justifier la déclaration concernant leur capacité à participer aux unités de combat <strong>des</strong> <strong>forces</strong> terrestres, <strong>et</strong><br />
ce, malgré leur rendement militaire de grande qualité pendant la guerre du Golfe. Les commissaires <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
témoins affirmèrent que <strong>des</strong> sièc<strong>les</strong> d’expérience militaire (exclusivement masculine) ne pouvaient être<br />
ignorés dans le simple but de satisfaire l’ambition de quelques <strong>femmes</strong>. Les commissaires ayant avancé<br />
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