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L'intégration des femmes et les forces militaires modernes : Une ...

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www.army<strong>forces</strong>.gc.ca/caj<br />

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au service conjoint <strong>des</strong> deux sexes 14 . En 1971, la Commission royale sur la situation de la femme émit<br />

une liste de recommandations sur la politique dont de nombreuses furent adoptées graduellement par<br />

la suite. Le gouvernement canadien annula <strong>les</strong> politiques empêchant <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> mariées de s’enrôler<br />

ainsi que la politique exigeant la libération obligatoire <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> enceintes. De plus, on abolit <strong>les</strong><br />

plafonnements de grade <strong>et</strong> de service pour <strong>les</strong> <strong>femmes</strong>. On normalisa <strong>les</strong> critères d’enrôlement (on<br />

supprima l’exigence relative au « bon caractère », celle-ci ne s’étant jamais appliquée aux hommes).<br />

On rej<strong>et</strong>a toutefois une seule recommandation, soit celle suggérant l’annulation <strong>des</strong> restrictions propres<br />

aux <strong>femmes</strong> pour toutes <strong>les</strong> professions.<br />

Les États-Unis emboîtèrent le pas au Canada, m<strong>et</strong>tant en place <strong>des</strong> initiatives d’intégration similaires<br />

pratiquement en même temps. L’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans ce pays repose en grande partie sur<br />

l’abolition du service obligatoire en 1973, ce qui donna lieu à <strong>des</strong> <strong>forces</strong> entièrement composées de<br />

volontaires <strong>et</strong> multiplia <strong>les</strong> occasions d’emploi pour <strong>les</strong> <strong>femmes</strong>. En 1976 <strong>et</strong> en 1980 respectivement,<br />

West Point <strong>et</strong> le Collège militaire royal du Canada commencèrent à accepter <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> au sein de leurs<br />

corps d’élèves officiers. Avant c<strong>et</strong>te étape, l’intégration se limitait aux professions de soutien, <strong>les</strong> deux pays<br />

interdisant toujours <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>les</strong> postes de combat <strong>et</strong> d’appui tactique. Les <strong>femmes</strong> ne pouvaient<br />

qu’occuper <strong>des</strong> emplois plus traditionnels. Les réalités propres aux opérations ainsi que l’évolution<br />

<strong>des</strong> normes sociéta<strong>les</strong> déclenchèrent le débat au suj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te interdiction, actualisant ainsi l’enjeu de<br />

l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>les</strong> <strong>forces</strong> <strong>militaires</strong>.<br />

Au Canada, on franchit une nouvelle étape en vue de l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>les</strong> professions<br />

d’appui tactique grâce à l’entrée en vigueur de la Loi canadienne sur <strong>les</strong> droits de la personne en 1978.<br />

Le Chef d’état-major de la Défense, le Général Robert Hilborn Falls, affirma que <strong>les</strong> raisons antérieures<br />

expliquant l’interdiction <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> au sein de ces professions devaient faire l’obj<strong>et</strong> d’un nouvel<br />

examen, la pratique étant dorénavant illégale en l’absence d’une véritable exigence professionnelle 15 .<br />

La controverse suscitée par la définition <strong>des</strong> véritab<strong>les</strong> exigences professionnel<strong>les</strong> empêchant <strong>les</strong> <strong>femmes</strong><br />

d’occuper <strong>des</strong> postes de combat ou d’appui tactique souleva <strong>les</strong> mêmes préoccupations que cel<strong>les</strong> relatives<br />

à l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans le passé au Canada <strong>et</strong> aux États-Unis. Le suj<strong>et</strong> d’inquiétude était la<br />

capacité physique, <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> étant plus p<strong>et</strong>ites que <strong>les</strong> hommes <strong>et</strong> ayant une masse musculaire <strong>et</strong> une<br />

capacité aérobique moindres. Ces caractéristiques physiques jugées inférieures semblaient d’autant<br />

plus alarmantes dans le cadre de situations de combat intensives. Les préoccupations se multipliaient<br />

quant à la capacité <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> à évoluer au sein de milieux agressifs, y compris quant à leur « aptitude<br />

émotionnelle ». On mentionnait également <strong>les</strong> normes occidenta<strong>les</strong> relatives à l’ordre social selon<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> hommes devaient protéger <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> devaient veiller sur leur famille.<br />

L’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> de combat aurait ainsi bouleversé <strong>les</strong> principes fondamentaux<br />

<strong>des</strong> sociétés canadienne <strong>et</strong> américaine. Non seulement <strong>les</strong> hommes auraient tenté de se rassembler pour<br />

protéger <strong>les</strong> <strong>femmes</strong> de leur unité, mais ils auraient peut-être été incapab<strong>les</strong> de le faire dans une situation<br />

de capture par l’ennemi, entachant davantage <strong>et</strong> sans raison valable <strong>les</strong> valeurs mora<strong>les</strong>.<br />

De nombreuses préoccupations touchaient la menace liée à la sexualité inhérente à la venue <strong>des</strong> <strong>femmes</strong><br />

au sein d’unités de combat composées seulement d’hommes. On croyait que l’activité sexuelle entre <strong>les</strong><br />

membres d’une unité engendrait <strong>des</strong> relations dysfonctionnel<strong>les</strong> qui mineraient la cohésion du groupe.<br />

On voyait également la présence <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> au sein <strong>des</strong> unités de combat comme une menace pour <strong>les</strong><br />

liens fraternels entre <strong>les</strong> <strong>militaires</strong>. Selon <strong>les</strong> croyances, <strong>les</strong> liens fraternels asexués entre <strong>les</strong> membres<br />

masculins d’une unité étaient l’ingrédient essentiel de la cohésion au sein d’un groupe. La cohésion<br />

devint synonyme d’efficacité au combat, bien que personne n’ait pu expliquer avec précision comment<br />

assurer c<strong>et</strong>te cohésion ni même comment la présence <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> pouvait la miner. L’efficacité au combat,<br />

pour sa part, était l’élément décisif de la réussite ou de l’échec militaire. Ainsi, <strong>les</strong> préoccupations liées à<br />

l’efficacité au combat conférèrent une légitimité aux individus utilisant le concept douteux de la cohésion<br />

pour justifier leur opposition à l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong>, toute menace contre l’efficacité au combat étant<br />

perçue comme une menace contre <strong>les</strong> opérations <strong>et</strong> le personnel <strong>militaires</strong>.<br />

Au début <strong>des</strong> années 1980, la question concernant l’intégration <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> dans <strong>des</strong> rô<strong>les</strong> de combat prit<br />

de plus en plus d’importance, pour <strong>des</strong> raisons principalement politiques au Canada <strong>et</strong> principalement<br />

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