2 Dhammapala Bulletin 2010
2 Dhammapala Bulletin 2010
2 Dhammapala Bulletin 2010
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<strong>Dhammapala</strong><br />
DHAMMAPALA<br />
HAMMAPALA<br />
Monastère Bouddhiste<br />
2200111<br />
<strong>Dhammapala</strong>, Am Waldrand, CH-3718 Kandersteg, Suisse
Visiteurs/-ses<br />
Vous êtes les bienvenu-e-s au monastère <strong>Dhammapala</strong> pour participer aux activités<br />
journalières pendant la plus grande partie de l’année. Durant les mois de janvier, février<br />
et 1ère moitié de mars, <strong>Dhammapala</strong> est fermé au public. L’accueil des visiteurs se fait<br />
uniquement sur réservation et en dehors des retraites de méditation, où les chambres<br />
d‘hôtes sont réservées aux participants. Les visiteur/euses sont prié-e-s de suivre l’horaire<br />
quotidien du monastère (ou celui de la retraite) et d’observer les huit préceptes monastiques.<br />
(Il est demandé aux visiteurs de commencer par un week-end de méditation -<br />
prière de s’adresser au moine responsable – merci).<br />
Ecrivez-nous si vous désirez des renseignements, des conseils ou recevoir notre bulletin<br />
annuel (il est disponible en anglais, en allemand, en français et en thailandais).<br />
Tel. ++41 (0)33 675 21 00 Fax (0)33 675 22 41<br />
A l’exception des mois de janvier et de février, Margit reponds<br />
au téléphone du mercredi au samedi inclus, de 9h à 11h. En dehors<br />
de ces horaires, nous vous invitons à laisser un message sur<br />
notre répondeur et nous vous recontacterons dans les meilleurs<br />
délais en fonction de nos possiblités. Merci!<br />
Horaire 05.30 Méditation 11.15 Repas<br />
quotidien: 06.30 Ménage 17.00 Thé<br />
07.00 Petit-déjeuner 19.30 Méditation<br />
08.15 Période de travail<br />
www.dhammapala.ch<br />
info@dhammapala.ch<br />
Tous les soirs à 19h30 vous pouvez participer à une récitation chantée et pratiquer<br />
la méditation. Le samedi soir, la méditation est suivie d’un exposé sur le Dhamma ou un<br />
Dhamma-dialogue.<br />
La communauté de <strong>Dhammapala</strong> fonctionne exclusivement sur la base de dons volontaires.<br />
Nous vous rappelons toutefois que la communauté monastique dépend de<br />
votre générosité pour son existence. Les dons peuvent être faits directement au monastère<br />
ou versés sur le compte suivant:<br />
En Suisse: Spar + Leihkasse, 3714 Frutigen, 30-38188-9<br />
Rubrique: Verein <strong>Dhammapala</strong> IBAN CH65 0878 4016 2208 3700 7<br />
En Allemagne: Deutsche Bank Lörrach,<br />
Rubrique: Verein <strong>Dhammapala</strong>, Kt.-Nr. 065 377 4; BLZ 683 700 34<br />
par virement électronique (ou virement d’un autre pays) au compte de la Deutsche Bank<br />
Lörrach: IBAN DE27 6837 0034 0065 3774 00 BIC/SWIFT DEUTDE6F683
AActualités ctualités<br />
du mona stère de <strong>Dhammapala</strong><br />
Au milieu des vertes prairies alpines<br />
pâlissant sous le brûlant soleil de septembre,<br />
avec des températures avoisinant<br />
zéro au petit matin, et tandis que<br />
les derniers brins d'herbe appétissants<br />
disparaissent dans l’estomac des imposantes<br />
vaches suisses, le monastère de<br />
<strong>Dhammapala</strong> présente une image nouvelle<br />
et insolite.<br />
Le Bouddha Bouddha, Altels et Rinderhorn<br />
L’arrivée du Bouddha<br />
Début juin, une statue du Bouddha,<br />
spécialement sculptée pour le monastère,<br />
est arrivée à Kandersteg en provenance<br />
de la Thaïlande. Cette statue,<br />
livrée dans une banale caisse en bois,<br />
était protégée par de longues bandes<br />
de tissu, comme si l’artiste Christo<br />
lui-même y avait pris part. Tous les<br />
membres de notre communauté de<br />
<strong>Dhammapala</strong> se sont affairés à la libérer<br />
de ses bandages et notre premier<br />
coup d’œil sur Phra Bouddha Vajira<br />
Trilokanat Satsada (son nom officiel)<br />
a révélé une superbe 'uvre d'art très<br />
inspirante. Nous l’avons tout de suite<br />
transportée à l'endroit réservé à son<br />
intention, sachant qu'il y aurait encore<br />
des préparatifs à réaliser avant qu’elle<br />
ne puisse être définitivement érigée en<br />
ce lieu.<br />
Quelques semaines plus tard, la terrasse<br />
du monastère a été agrandie et<br />
un socle en pierre d’environ 50 cm de<br />
hauteur a été placé côté sud-est. C'est<br />
là que la statue du Bouddha, dont le<br />
geste de la main symbolise l’absence<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 11
22<br />
de peur, a pris place. Elle fait face au<br />
chemin bordé d'érables qui mène au<br />
monastère. Sans que nous l'ayons planifié,<br />
il se trouve que les pierres de la<br />
terrasse viennent d’Inde, la statue du<br />
Bouddha vient de Thaïlande, et les<br />
pierres du socle sont de la région. Cette<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
Jeune fille dessinant le Bouddha<br />
association symbolise parfaitement le<br />
lien existant entre le pays d’origine du<br />
Dhamma, son nouvel environnement<br />
en Asie, et enfin, au début du 21ème<br />
siècle, cette petite vallée d’Europe centrale.<br />
Il est à la fois surprenant et réjouissant<br />
de voir comment cette présence<br />
esthétiquement impressionnante<br />
d'une figure symbolique étrangère<br />
peut susciter autant d’acceptation<br />
et d’admiration. Les commentaires<br />
enthousiastes proviennent non seulement<br />
des résidents et des hôtes du<br />
monastère mais aussi des voisins, des<br />
ouvriers et des passants. Peut-être estce<br />
la marque d’une belle œuvre d’art<br />
dans un contexte spirituel : elle permet<br />
aux gens, quelles que soient leurs<br />
croyances et leurs expériences, de ressentir<br />
une résonance intuitive qui n'est<br />
pas forcément liée à une foi spécifique<br />
ni même à un enseignement spirituel.<br />
Lorsque ce qui est bon, vrai et beau est<br />
représenté de façon si exquise, le c'ur<br />
humain a tendance à le reconnaître<br />
spontanément.<br />
Ajahn Sumedho livre ses réflexions<br />
sur cette question dans son livre L’esprit<br />
et la voie : « Quand on observe<br />
une statue du Bouddha, on constate<br />
qu'elle représente un être humain qui<br />
est à la fois posé, alerte et serein. Il est<br />
face au monde, il regarde les choses.<br />
Il est conscient du monde sans se laisser<br />
tromper ou piéger par lui. Il n'est ni<br />
extatique ni déprimé. Il représente la
capacité d'un être humain à être complètement<br />
calme et à voir les choses<br />
telles qu'elles sont, et cela en fait un<br />
parfait objet d'observation pour l'esprit.<br />
Quand on regarde une statue<br />
du Bouddha, on se sent plus calme,<br />
c'est pourquoi vivre entouré de représentations<br />
du Bouddha est agréable<br />
ce sont des objets très paisibles qu'il<br />
fait bon avoir autour de soi. Bien<br />
entendu, quand on s'entoure de sculptures<br />
qui représentent de grandes passions<br />
comme la colère, l'extase et tout<br />
ce qui peut attirer et attiser les passions<br />
en nous, nous devenons passionnés<br />
et enflammés. Nous devenons ce que<br />
nous regardons. Ce qui nous entoure<br />
agit sur notre esprit. Donc, plus on<br />
médite, plus on choisit de s'entourer de<br />
choses qui incitent à la paix plutôt qu à<br />
'excitation. » [Cf. L’Esprit et la Voie, éd.<br />
SULLY]<br />
La raison d'être des statues et des<br />
images religieuses n’est pas seulement<br />
de nous procurer un plaisir esthétique<br />
mais, avant tout, de nous connecter<br />
à toutes les vertuslatentes ou révélées<br />
de l'esprit éveillé, de nous connecter<br />
à ce quelque chose qui existe potentiellement<br />
en chacun de nous. La résonance<br />
que nous sentons face à une<br />
représentation expressive du Bouddha<br />
peut nous mener instantanément à<br />
un état contemplatif et ainsi accroître<br />
notre compréhension de la réalité<br />
qu’elle exprime. Dans ce sens, il s’agit<br />
encore du fameux doigt qui pointe en<br />
Circumambulation<br />
direction de la lune plutôt que de la<br />
lune elle-même. Il est tout à fait légitime<br />
que nous ayons parfois envie de<br />
nous arrêter pour contempler, dans le<br />
silence et la joie intérieure, une œuvre<br />
d’art religieuse ; cela prépare le c'ur,<br />
sans aucun effort, à l'expérience de<br />
sa propre paix intérieure, à la vision<br />
pénétrante et à la sérénité.<br />
La statue du Bouddha dans la pos-<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 33
44<br />
ture de marche, au cœur du jardin du<br />
monastère, a un regard à la fois ouvert,<br />
vigilant et concentré. Il n'est pas complètement<br />
absorbé en lui-même mais<br />
tourné vers l'extérieur, en direction de<br />
la vallée. Le maintien de la statue est<br />
d'une élégance raffinée et fluide qui<br />
combine harmonieusement les aspects<br />
masculins et féminins dans un tout<br />
androgyne. La main ouverte tournée<br />
vers l'extérieur représente l’absence<br />
de peur mais, à première vue, ce geste<br />
peut être interprété comme un signe<br />
de rejet. En réalité, il n'est pas sensé<br />
empêcher les gens de s’approcher du<br />
monastère, des moines ni même des<br />
enseignements bouddhistes. Ce geste<br />
qui signifie « Arrêtez ! » s'adresse à<br />
toutes nos réactions impulsives gouvernées<br />
par la peur qui contractent<br />
et oppressent le cœur. Avant tout, ce<br />
geste veut exprimer que le c'ur éveillé,<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
Créative méditation en marche<br />
aautrement<br />
dit<br />
le<br />
cœur pleine-<br />
mment<br />
conscient,<br />
ppeut<br />
rester com-<br />
pplètement<br />
présent<br />
fa face à la peur. En<br />
eeffet,<br />
les rayons<br />
lu lumineux de la<br />
ppleine<br />
conscience<br />
ppeuvent<br />
des-<br />
ccendre<br />
jusque<br />
ddans<br />
les racines<br />
Le mudra de la non-peur<br />
le les plus fines de<br />
tous ces états émotionnels<br />
où l'ignorance et l’aveuglement<br />
mental nous incitent continuellement<br />
à nous identifier aux processus<br />
du corps et de l’esprit. Dans la représentation<br />
du Bouddha faisant ce geste<br />
(abhaya), la réalisation spirituelle va<br />
au-delà de toute forme de peur et audelà<br />
même des racines de la peur.<br />
Signes extérieurs<br />
Depuis cet été, il est plus facile<br />
de reconnaître en <strong>Dhammapala</strong> un<br />
monastère bouddhiste ou, plus généralement,<br />
un lieu spirituel. Auparavant,<br />
le chalet à la lisière de la forêt<br />
était à peine différent des autres<br />
constructions du même style dans<br />
la région. Abstraction faite de la statue<br />
du Bouddha, d’autres œuvres d’art<br />
nous sont parvenues de Thaïlande au<br />
printemps dernier, œuvres pouvant<br />
envoyer des messages non verbaux aux<br />
passants ou aux hôtes du monastère.<br />
Il s’agit d’impressionnantes sculptures
sur bois ornementales<br />
très élaborées.Directement<br />
situés de<br />
part et d'autre de<br />
la porte d'entrée,<br />
deux deva (êtres<br />
célestes) en bois<br />
sculpté accueillent<br />
dorénavant les<br />
visiteurs, leurs<br />
mains jointes en<br />
anjali. Ce geste<br />
exprime à la fois<br />
la bienvenue et le<br />
Etre céleste respect. La partie<br />
« bienvenue » s'explique d'elle-même.<br />
Quant à la partie « respect », exprimée<br />
de manière si gracieuse dans les pays<br />
asiatiques, elle s’adresse spécifiquement<br />
aux personnes qui sont disposées<br />
à s'engager dans une aventure d'exploration<br />
intérieure de manière ouverte,<br />
La Roue du Dhamma<br />
honnête et authentique. En ce sens, ce<br />
geste s'adresse à celles et ceux qui sont<br />
vraiment motivés, quelle que soit leur<br />
propre perception du monde, leur état<br />
d'esprit du moment, voire même tout<br />
jugement qu’ils pourraient porter sur<br />
leur « compétence » en matière de spiritualité.<br />
A présent, grâce à une autre sculpture<br />
en bois, lorsqu’on lève le regard<br />
vers le toit du porche, on peut évoquer<br />
le premier enseignement du<br />
Bouddha donné dans le parc des cerfs<br />
de Sarnath. C’est dans ce parc que le<br />
Bouddha présenta l'essence de ses<br />
enseignements, les quatre Nobles Vérités<br />
té incluant le<br />
Noble N Octuple<br />
Sentier S qui permet<br />
m de surmonter<br />
m toute<br />
souffrance. s<br />
Par P la suite, cet<br />
enseignement<br />
e<br />
fondamental fo<br />
a<br />
été é symbolisé<br />
par p une roue à<br />
huit h rayons – et<br />
c’est c cette roue<br />
qui q a trouvé<br />
sa s place sur le<br />
Le Sangha au Vesakh à <strong>Dhammapala</strong><br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 55
66<br />
pignon du porche de <strong>Dhammapala</strong>.<br />
Il est intéressant de noter que la roue<br />
constitue l'une des premières représentations<br />
symboliques de l'Eveillé, avec<br />
la fleur du lotus, l'arbre de la Bodhi,<br />
l'empreinte du pied et le trône vide.<br />
Au cours des premiers siècles qui suivirent<br />
la réalisation du nibbanā par<br />
le Bouddha, il paraissait impensable<br />
de créer une représentation figurative<br />
de l’Eveillé, bien qu’il n’y ait jamais eu<br />
d’interdiction en la matière. Un verset<br />
datant de la période précédant l’ère<br />
chrétienne exprime cette attitude de<br />
façon éloquente : « Parce que vous,<br />
l'Eveillé, êtes insaisissable par la pensée,<br />
incommensurable, inimaginable et<br />
au-delà de tout calcul, vous êtes le seul<br />
à pouvoir vous reconnaître. » En raison<br />
de l'immense respect pour ce que<br />
le Bouddha avait découvert, on a longtemps<br />
hésité à en faire une représentation<br />
matérielle. Ce n'est qu'après plusieurs<br />
siècles dans l'ère chrétienne que<br />
l’on commença à surmonter cette hésitation<br />
et à dépeindre le Bouddha sous<br />
forme humaine.<br />
Depuis septembre dernier un nouveau<br />
panneau majestueux a été érigé à<br />
l'entrée de la propriété du monastère.<br />
En grandes lettres de l'alphabet romain<br />
et thaï, cette inscription attire l’attention<br />
sur le lieu. Bien entendu, tous ces<br />
changements sont « seulement » extérieurs<br />
mais, après avoir terminé le<br />
chantier initial du monastère incluant<br />
des travaux indispensables comme la<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
création de la salle de méditation, la<br />
construction de la digue contre les avalanches,<br />
l'aménagement de la cave et<br />
des systèmes de drainage de l'eau, la<br />
rénovation des chambres, l’installation<br />
des nouvelles salles-de-bains …<br />
sans oublier le remboursement des<br />
dernières hypothèques nous pouvons<br />
maintenant nous pencher sur les<br />
détails de l'aspect extérieur. A présent<br />
que <strong>Dhammapala</strong> est installé à Kandersteg<br />
depuis vingt ans et qu'il est de<br />
plus en plus accepté par la population<br />
locale, nous n’essayons plus de rendre<br />
notre présence aussi discrète que possible<br />
pour ne pas paraître trop envahissants.<br />
Il y a maintenant une impression<br />
générale de simplicité naturelle :<br />
« Nous sommes ici. Voilà ce que nous<br />
faisons – et que nous vous proposons.<br />
Approchez, si cela vous intéresse. »<br />
Le nouveau signe de bienvenue
Sœur Kovida et Anagarika Maria en visite<br />
Activités et personnes<br />
Cette année, comme par le passé,<br />
des personnes seules ou en groupe,<br />
ont profité de l'invitation à utiliser le<br />
monastère comme espace contemplatif<br />
pour être en paix et méditer. En avril<br />
dernier, lors de son voyage annuel en<br />
Europe, Ajahn Tiradhammo a dirigé<br />
un weekend de retraite en thaï. En<br />
août, Sœur Kovida a animé un autre<br />
weekend de retraite en anglais, tandis<br />
qu’Ashin Ottama et Ajahn Khemasiri<br />
ont donné une série de retraites plus<br />
ou moins longues tout au long de l'année.<br />
Plusieurs groupes d'étudiants sont<br />
venus nous voir – soit dans le cadre<br />
de leurs études religieuses, soit moti-<br />
vés v par un intérêt personnel –<br />
pour p entendre des réflexions sur<br />
des d thèmes de société très actuels<br />
et, e en particulier, sur la tolérance<br />
religieuse. r Par ailleurs, des représentants<br />
s de l'université populaire<br />
de d la région ont participé à une<br />
série s de conférences du soir et ont<br />
pu p recevoir des instructions pratiques<br />
pour méditer. A souligner<br />
enfin que les membres de la communauté<br />
thaïlandaise de Suisse ont non<br />
seulement été très nombreux lors de<br />
nos festivités biannuelles Vesakha et<br />
Kathinamais qu’ils nous ont enchantés,<br />
à plusieurs reprises dans l'année,<br />
par leur présence pleine d'enthousiasme<br />
et de bonne humeur. Même si<br />
l'inauguration officielle de la statue<br />
du Bouddha dans le jardin du monastère<br />
était prévue pour fin octobre, nous<br />
en avions déjà célébrée une « spontanément<br />
» en septembre dernier. Environ<br />
150 Thaïlandais, sept moines et un<br />
Anagarika ont participé à cette belle<br />
cérémonie en plein air par une superbe<br />
journée. j Cette<br />
manifestation<br />
m<br />
comportait c des<br />
réflexions r sur<br />
le l Dhamma,<br />
une u méditation<br />
t guidée, la<br />
récitation r de<br />
bénédictions,<br />
b<br />
et e surtout une<br />
cérémonie c de<br />
Randonnée avec Bhikkuni Visuddhi & Ashin Ottama<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 77
88<br />
dons pour le monastère,<br />
motif initial de<br />
la visite. L'arbre paré<br />
d'argent, offert à la<br />
communauté monastique<br />
en fin de journée,<br />
avait peine à porter<br />
dignement le poids<br />
des feuilles et des<br />
parures.<br />
L’inauguration<br />
officielle de la statue du<br />
Bouddha a eu lieu le 27 octobre sous<br />
les auspices de Luang Por Sumedho.<br />
Quelques jours auparavant, il nous<br />
avait déjà honorés de sa présence lors<br />
de la cérémonie de Kathina, accompagné<br />
du moine japonais, Ajahn Nyanarato,<br />
et du moine cambodgien, Bhante<br />
Ty Buntha, de Péry.<br />
Comme les années précédentes,<br />
l'année <strong>2010</strong> a également apporté des<br />
changements au sein de la commu-<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
Cérémonie d’offrandes au monastère<br />
nauté de <strong>Dhammapala</strong>. La retraite d’hiver<br />
s'est déroulée dans un calme exceptionnel.<br />
Ashin Ottama et Anagarika<br />
Jivan étaient présents tout le temps.<br />
Ils ont été soutenus par Tan Gavesako,<br />
notre ami russe Dmitry – qui a même<br />
prolongé son séjour de six mois ainsi<br />
qu'une petite équipe d'aides. Vers la fin<br />
mai, May Tan Nandiyo et Samanera<br />
Sunnyato sont revenus d'Angleterre<br />
où ils avaient passé l'hiver. De plus, en<br />
sa qualité de nouveau membre temporaire,<br />
le moine portugais Tan Dhammiko<br />
m est venu<br />
passer p deux<br />
mois. m Avec l'arrivée<br />
r du printemps<br />
te dans les<br />
montagnes,<br />
m<br />
nous n avons<br />
également é reçu<br />
la visite plus<br />
brève b d’autres<br />
membres m du<br />
Sangha S de<br />
par p le monde.<br />
Cérémonie d’inauguration du Bouddha
Durant la période du Vesakh, vers<br />
la fin mai, Ajahn Preecha et Anagarika<br />
Sebastiano sont venus du monastère<br />
italien Santacittarama, et le suisse<br />
romand Tan Asoko est arrivé de Wat<br />
Pah Nanachat, en Thaïlande. Au mois<br />
de juin, notre vieille amie Bikkhuni<br />
Visuddhi, un groupe d'amis tchèques<br />
et le moine hollandais Tan Jhaniko, ont<br />
passé quelques semaines parmi nous.<br />
Le mois de juillet a été, tout comme<br />
en 2009, un temps d'adieux. Ashin<br />
Ottama a dit au revoir à <strong>Dhammapala</strong><br />
où il avait vécu, de manière plus ou<br />
moins continue, durant 14 ans. Il a établi<br />
son nouveau domicile monastique à<br />
Santacittarama. Il souhaitait vivement<br />
mener une vie plus calme et plus retirée<br />
dans l’une des huttes de méditation<br />
du monastère italien. Nous savons<br />
aujourd’hui que son vœu est exaucé, et<br />
c’est une bonne raison pour nous d'être<br />
avec lui par le cœur et de lui envoyer<br />
nos meilleurs vœux pour la suite.<br />
Ajoutons que Tan Dhammiko est parti<br />
pour Amaravati, en Angleterre, avant<br />
le début de la traditionnelle « saison<br />
des pluies ».<br />
Un commentaire personnel<br />
Au début de la saison des fleurs<br />
sauvages, je suis revenu à <strong>Dhammapala</strong><br />
après 7 mois bénéfiques de période<br />
sabbatique. De novembre 2009 jusqu'à<br />
fin mai <strong>2010</strong>, j'ai eu l'occasion de<br />
vivre de manière plus retirée dans des<br />
monastères situés à différents endroits<br />
du globe. Une grande partie de ce<br />
temps s’est déroulée sur l'île Nord de<br />
la Nouvelle Zélande – un long séjour à<br />
Vimutti, un autre plus court au monastère<br />
Bodhinyanarama, et enfin un mois<br />
de « voyage dans l'inconnu » tout au<br />
nord de l'île. Mon ami Ajahn Chandako<br />
avait suggéré l'idée ingénieuse<br />
de nous déplacer au moyen de kayaks<br />
– au lieu de dépendre uniquement<br />
de d nos chaussures<br />
s de marche<br />
– pour rechercher<br />
c des lieux<br />
isolés i comme des<br />
plages p désertes ou<br />
des d îles inhabitées.<br />
t En théorie,<br />
ce c n'était pas une<br />
mauvaise m idée,<br />
compte c tenu de<br />
l'étendue l du paysage<br />
s désertique,<br />
de d l’omnipré-<br />
Au pied de l’arbre à Auckland – Nouvelle Zélande<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 99
10 10<br />
sence de l'océan et de la a<br />
population clairsemée.<br />
Mais vouloir pagayer<br />
dans l’Océan Pacifique<br />
comme le feraient t<br />
des experts en kayak,<br />
alors que nous n'avions<br />
aucune expérience,<br />
semblait un peu trop<br />
risqué. Après quelques<br />
modestes tentatives,<br />
nous avons décidé<br />
d'utiliser un moyen de<br />
transport plus conventionnel<br />
: l’auto-stop.<br />
Une part essentielle du voyage vers<br />
l’inconnu consiste à ne pas obtenir<br />
ce à quoi l’on s’attend ou ce que l'on<br />
espère. Cependant, après avoir accepté<br />
d'abandonner notre projet de trouver<br />
des lieux idylliques dans un environnement<br />
naturel et isolé, nous avons<br />
été largement récompensés au niveau<br />
humain – car nous étions totalement<br />
dépendants d’autrui pour notre nourriture<br />
journalière. Le fait d'être à la<br />
merci d'autres personnes, au quotidien,<br />
de personnes que nous ne connaissions<br />
pas encore, nous a rappelé l'un des<br />
aspects fondamentaux de la vie d’un<br />
Bhikkhu : vivre dans un état de dépendance<br />
– même si la vie dans les monastères<br />
risque de nous le faire oublier,<br />
tant on s’occupe bien de nous. Bizarrement,<br />
après une légère hésitation au<br />
départ, cette dépendance a engendré<br />
en nous une sensation de légèreté de<br />
c'ur, l’impression de déployer des ailes.<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
Au Café Utopia – N. Zélande<br />
Un sentiment de confiance dans la<br />
bonté fondamentale des êtres humains<br />
et dans notre situation existentielle<br />
incertaine a grandi de jour en jour. En<br />
repensant aujourd'hui à cette période<br />
particulière d’ouverture du cœur dans<br />
la confiance, lors de mon congé sabbatique,<br />
il me revient à l'esprit cette<br />
réflexion d'un auteur inconnu:<br />
« La vie est bonne en ce moment. Il<br />
est possible qu’il demeure toujours un<br />
léger goût déstabilisant d'insécurité<br />
et notre vie va forcément nous inviter<br />
à une plus grande humilité mais,<br />
au lieu de nous faire peur, cela commence<br />
à nous remplir d'émerveillement.<br />
Le sentiment d’aimer notre univers<br />
prend de l’ampleur jusqu'à ce que,<br />
finalement, nous ayons pleinement<br />
conscience d'évoluer en harmonie avec<br />
la vie et d'être toujours soutenus et<br />
portés par un grand courant de compassion.<br />
» Ajahn Khemasiri
Ajahn Jayasaro<br />
Le Le Bouddhisme Bouddhisme es es t t un un app app rentiss rentiss age age<br />
Extrait des enseignements donnés en France, au Refuge, en juin <strong>2010</strong><br />
L’arbre dans un parc à Auckland<br />
Pour commencer, je vous propose de considérer que le bouddhisme appartient à une<br />
« famille » de religion autre que les religions que nous connaissons en Occident dans<br />
la mesure où, au lieu d’être un système de croyance, il est essentiellement un système<br />
d’éducation.<br />
L’Eveil du Bouddha a démontré le plus haut degré d’évolution d’un être vivant. Le<br />
Bouddha a ensuite expliqué dans le moindre détail, pendant quarante-cinq ans, tout<br />
ce que nous devons savoir pour suivre ses traces et réaliser le même Eveil. La somme<br />
de ses enseignements est ce que j’appelle « le système éducatif bouddhiste ». Dans les<br />
textes, on parle de ce système d’éducation sous différents termes mais le plus essentiel<br />
est « bhāvanā ». Il est assez dommage que ce terme ait été traduit simplement par le mot<br />
« méditation », ce qui donne une vision réductrice et étroite de l’ensemble du système<br />
d’éducation que le Bouddha nous a donné. Si on les sort de leur contexte, les techniques<br />
de méditation bouddhistes pourront diminuer le stress et être une forme sophistiquée<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 11 11
12 12<br />
de d psychothérapie, mais elles n’auront<br />
pas p pour effet d’apporter la Libération<br />
t comme le souhaitait le Bouddha.<br />
Dans ce système d’éducation, le<br />
Bouddha B a parlé de quatre domaines<br />
dans d lesquels nous devons faire<br />
des d efforts : deux externes et deux<br />
domaines d internes.<br />
Le premier domaine externe<br />
consiste c à développer une relation<br />
sage s avec le monde matériel dans lequel<br />
nous n vivons. Cela commence par l’aspect<br />
p du monde matériel qui nous est le<br />
plus p proche, à savoir notre corps physique.<br />
s Il s’agit de développer une attitude<br />
t sage par rapport au temps qu’il<br />
faut f consacrer au travail, au repos, à<br />
l’exercice l et à la nutrition, par exemple.<br />
Et E puis on étend cela à notre relation<br />
à nos possessions, à l’argent, à la technologie,<br />
n aux media – à tout notre environnement<br />
r<br />
matériel – et enfin à notre<br />
relation à l’environnement naturel dans lequel nous vivons en tant qu’êtres humains.<br />
Le second domaine externe concerne notre relation au monde social : comment<br />
nous communiquons avec les membres de notre famille, avec nos amis, avec nos collègues<br />
et avec la société dans laquelle nous vivons.<br />
Le premier domaine interne consiste à abandonner ce qu’il y a de mauvais ou de<br />
malsain en nous et à développer ce qu’il y a de bon. Ce qui est mauvais, ce sont les pollutions<br />
mentales et tout ce qui peut être négatif en nous ; tandis que ce qui est bon, ce<br />
sont les qualités comme la patience, la gentillesse, la compassion, l’attention, la paix<br />
intérieure, etc.<br />
Le dernier domaine est celui de la sagesse, le joyau de la couronne de toutes les traditions<br />
bouddhistes. Cela commence avec l’entraînement du processus de la pensée.<br />
Apprendre à penser de manière plus systématique et profonde pour arriver à la vision<br />
pénétrante qui transcende la pensée discursive – il s’agit du développement de vipassanā.<br />
Bien entendu, en parlant de ses enseignements, le Bouddha n’a jamais employé le<br />
terme « bouddhisme ». En général il parlait du « Dhamma-Vinaya ». Le mot « Dhamma »<br />
fait référence aux enseignements relatifs au développement intérieur du cœur et de la<br />
sagesse, tandis que le mot « Vinaya » fait référence aux enseignements relatifs à notre<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong>
pratique dans le monde extérieur. Ces deux aspects doivent être en harmonie pour que<br />
le processus éducatif atteigne son but.<br />
J’espère que ces quelques mots de présentation vous montrent bien que l’image que<br />
l’on a parfois du bouddhisme – ne s’intéressant pas au monde extérieur, uniquement<br />
tourné vers l’intérieur en espérant que le reste se fera tout seul – est une image erronée<br />
des enseignements du Bouddha.<br />
Pour aborder chacun des domaines évoqués, il faut des outils différents. On dit qu’il<br />
y a quatre-vingt-quatre-mille enseignements donnés par le Bouddha mais il a dit luimême<br />
qu’il y a un facteur qui les relie tous, un aspect qui ressort toujours : la saveur<br />
caractéristique de la Libération. A ce propos, le Bouddha a donné une image qui est<br />
restée célèbre : « Tout comme l’eau de tous les océans du monde a un goût salé, tous<br />
les enseignements authentiques du Bouddha, quel que soit leur niveau, ont le goût de<br />
la Libération ».<br />
Pour donner un exemple à propos du premier domaine d’éducation, celui qui concerne<br />
notre relation au monde physique, l’une des qualités transformatrices – en particulier au<br />
début de la pratique – est le développement de la générosité. On considère que « donner<br />
» est un des meilleurs moyens de développer du mérite – puñña, en pāli. La raison<br />
en est que le but du développement de la générosité est de nous libérer de l’avarice, de<br />
l’égoïsme, de l’attachement et de la saisie de nos possessions matérielles. Nous pouvons<br />
observer nos sentiments de près et voir comment nous nous sentons quand nous donnons<br />
quelque chose – qu’il s’agisse d’offrir son pardon, d’offrir du temps ou un talent –<br />
sans rien attendre en retour, aucune récompense, et comparer cela à ce que nous ressentons<br />
quand nous désirons ou attendons un remerciement ou une forme de récom-<br />
ppense.<br />
Psychologiquement, je pense que le<br />
ssentiment<br />
est très différent. Je suis sûr que<br />
vous v avez tous eu l’occasion de vivre ces deux<br />
types ty d’expériences et vous avez pu observer<br />
que, q quand on donne sans rien attendre, l’esprit<br />
p est joyeux et purifié. Par contre, quand<br />
on o attend une forme de récompense, quelle<br />
qu’elle q soit, on ne ressent pas ce plaisir qui<br />
réjouit ré le cœur.<br />
L’une des techniques de méditation que<br />
peu p de gens connaissent bien consiste à se<br />
remémorer re les actes de bonté et de générosité<br />
ro que l’on a pu faire dans le passé. Il ne<br />
s’agit s’ pas, là non plus, d’un enseignement<br />
basé b uniquement sur la foi ; c’est une chose<br />
que q<br />
vous pouvez observer. Si vous vous<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 13 13
14 14<br />
sentez très triste, déprimé, que vous avez le sentiment de n’être bon à rien, si vous vous<br />
remémorez de belles vacances ou des plaisirs sensoriels vécus dans le passé, vous risquez<br />
de vous sentir encore plus malheureux parce que toutes ces choses se sont enfuies.<br />
Par contre, si vous évoquez des gestes de générosité, de bonté que vous avez eus même<br />
cinq, dix ou vingt ans plus tôt, l’esprit est instantanément élevé, il se sent clair et lumineux.<br />
C’est la raison pour laquelle on dit que la générosité est l’un des « nobles trésors<br />
de l’esprit ». Quand nous avons agi de manière bonne et généreuse, plus tard le souvenir<br />
de cet acte sera toujours pour nous un refuge et une source de joie, quel que soit le<br />
temps écoulé depuis.<br />
Evoquer la bonté et la gentillesse des autres est aussi une pratique merveilleuse. Il<br />
y a trois ans, j’étais en tudong [marche dans la nature, parfois en pèlerinage, seul ou<br />
accompagné de quelques amis ou disciples] dans l’ouest de l’Inde. Je suis allé d’Aurangabad<br />
jusqu’aux grottes bouddhistes d’Ellora et ensuite à Ajanta et j’ai refermé la boucle<br />
en retournant à Aurangabad. Chaque soir, je quittais la route et grimpais sur une colline<br />
pour passer la nuit dans un endroit tranquille. Un soir, en grimpant sur une colline,<br />
j’ai rencontré deux gardiens de chèvres. Eux aussi m’ont vu et je craignais un peu<br />
qu’ils ne viennent me déranger mais ils ne m’ont pas suivi. Plus tard, à la nuit tombée –<br />
il faisait très noir, c’était une nuit sans lune – tandis que je méditais assis sur un rocher,<br />
j’ai entendu quelqu’un grimper le versant de la colline. Cette personne n’avait pas de<br />
lampe et je l’entendais qui trébuchait dans l’obscurité. Et puis la haute silhouette d’un<br />
homme s’est profilée dans le ciel. Il tenait quelque chose à la main et il avançait vers<br />
moi ... Quand il s’est approché davantage, j’ai réalisé qu’il tenait un régime de bananes !<br />
J’imagine qu’après une longue journée de travail dans les champs, il était rentré à<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong>
son village deux ou trois kilomètres plus loin, et<br />
avait entendu dire par les jeunes chevriers qu’il<br />
y avait un moine en haut de la colline. Il a dû<br />
craindre que j’aie faim de sorte qu’après sa longue<br />
journée, il avait grimpé la colline dans l’obscurité<br />
totale pour m’offrir ces bananes. La situation<br />
était délicate pour moi car j’ai dû lui expliquer<br />
que ma règle m’interdit de manger après<br />
midi. Je ne parlais pas sa langue et il ne comprenait<br />
pas mais finalement il a redescendu la colline<br />
avec ses bananes. Plus tard, vers onze heures<br />
du soir, j’étais toujours en train de méditer sur<br />
mon rocher quand à nouveau j’ai entendu des pas<br />
qui trébuchaient sur le versant de la colline et le<br />
même homme est apparu devant moi. Dans sa<br />
main, cette fois, il y avait une très vieille couverture<br />
usée jusqu’à la corde. J’ai réalisé qu’il était<br />
redescendu jusque chez lui, en bas de la colline,<br />
dans le noir, et qu’il voulait tellement m’offrir<br />
quelque chose qu’il était remonté à onze heures<br />
du soir m’offrir ce qui était peut-être sa seule couverture,<br />
pour m’éviter d’avoir froid la nuit.<br />
Je suis sûr que, parmi toutes les personnes que j’ai rencontrées en Inde, je n’oublierai<br />
jamais cet homme à cause de sa générosité. Le simple fait de penser à lui et à sa gentillesse<br />
me rend heureux. Nous avons donc le pouvoir de rendre les gens heureux, même<br />
avec de petits gestes de gentillesse. Nous y gagnons parce que ce souvenir est un trésor<br />
dans notre cœur, une chose vers laquelle nous pouvons nous tourner quand nous<br />
sommes tristes ou quand nous avons mal physiquement. Mais celui qui reçoit y gagne<br />
aussi quand il se souvient de notre gentillesse. Il peut en être touché, et cela peut lui<br />
donner envie de se comporter de manière plus généreuse.<br />
Ce que je voudrais souligner aujourd’hui, c’est que je ne vois pas de différence essentielle<br />
entre des actes de bonté et de générosité qui ont pour but de se libérer de l’égoïsme<br />
et appliquer une technique de méditation jambes croisées et yeux fermés.<br />
En ce qui concerne le second domaine d’« éducation », que l’on pourrait appeler, de<br />
manière générale, « moralité » ou « développement de la vertu », je crois que la différence<br />
est très claire entre l’attitude envers la moralité dans un système de croyances et<br />
dans un système d’éducation. Dans la plupart des systèmes de croyance, la moralité est<br />
basée sur les « paroles » d’un dieu, retranscrites dans un livre et cette croyance implique<br />
un système de récompense et de punition.<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 15 15
16 16<br />
Dans le bouddhisme, nous commençons par une question très simple : comment<br />
aimerions-nous vivre en tant que communauté d’êtres humains ? Dans quel genre de<br />
famille, de communauté, aimerions-nous vivre ? Quels principes aimerions-nous voir<br />
exprimer dans notre famille ou notre communauté ? Je pense que nous serons tous d’accord<br />
pour dire que nous aimerions vivre dans une communauté où nous nous sentirions<br />
en confiance, en sécurité, entourés de chaleur humaine et de gentillesse. Si nous sommes<br />
d’accord sur ces points, la question suivante est : quelles mesures concrètes pouvons-nous<br />
prendre pour que notre famille soit, autant que possible, l’expression de ces qualités ?<br />
Là encore, le Bouddha commence avec une simple vérité psychologique. Il fait observer<br />
que, bien que par la seule volonté, nous ne puissions pas nous empêcher d’avoir des<br />
pensées ou des émotions négatives ou égoïstes, nous pouvons tout de même nous retenir<br />
d’agir sur l’impulsion de ces pensées ou de ces émotions. Si, par exemple, vous décidez<br />
qu’à partir d’aujourd’hui vous ne vous mettrez plus jamais en colère, vous serez gentil<br />
et plein de compassion envers tous les êtres vivants, soit vous deviendrez fou soit vous<br />
vous sentirez affreusement coupable et vous vous détesterez parce que vous ne pourrez<br />
pas tenir cet engagement. Par contre, vous pouvez vous dire : « Même si je suis très<br />
en colère contre quelqu’un, je m’engage à ne pas le frapper, ne pas le tuer, ne pas l’insulter<br />
ni être méchant avec lui » – car chacun d’entre nous est capable de tenir cet engagement-là.<br />
Nous utilisons donc cette<br />
capacité que nous avons de<br />
prendre du recul par rapport<br />
à nos instincts naturels<br />
« animaux » et décidons qu’à<br />
certaines occasions nous<br />
n’allons pas suivre ces instincts<br />
et ces désirs. Vous<br />
avez peut-être participé à<br />
une cérémonie au cours de<br />
laquelle les bouddhistes laïcs<br />
demandent à recevoir les<br />
Préceptes. Les mots pālis utilisés<br />
à ce moment-là signifient<br />
très précisément (par<br />
exemple, pour le 1er Précepte)<br />
: « Je m’engage à la<br />
pratique consistant à m’abstenir<br />
de prendre la vie en<br />
tant que moyen pour<br />
Ajahn Jayasaro devant Le Cabanon au Refuge<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong>
entraîner ou éduquer mon comportement. »<br />
Un trait important des préceptes – ou de la moralité en tant qu’éducation formelle<br />
– est que tout engagement doit être pris de plein gré. Si on s’abstient de certains comportements<br />
à cause de la pression sociale ou par peur de représailles, il y a un comportement<br />
qui semble moral mais, dans le système d’entraînement ou d’éducation bouddhiste,<br />
on dit qu’à ce stade la moralité, silā, n’est pas encore présente.<br />
Il y a un terme qui est très employé de nos jours en Occident : l’estime de soi, la<br />
bonne image que l’on a de soi. Dans quelle mesure le Bouddha nous encourage-t-il à<br />
développer cette estime, ce respect de soi ? Tout d’abord, il y a la pratique de la générosité<br />
qui permet de nous prouver constamment que nous pouvons avoir une influence<br />
positive sur la vie des autres, sur le monde dans lequel nous vivons. Deuxièmement, le<br />
fait d’accepter volontairement de restreindre nos actions et nos paroles et de respecter<br />
ces limites que nous avons choisi d’adopter.<br />
De manière générale, il est convenu de considérer que l’observation des Préceptes<br />
est le fondement de la pratique de la méditation. Il est certain que c’est l’une de leurs<br />
fonctions, notamment dans le sens qu’ils nous libèrent du sentiment de culpabilité et<br />
d’une mauvaise image de nous-mêmes. Mais je voudrais vous montrer aussi qu’observer<br />
les Préceptes est, en soi, une forme de pratique de méditation.<br />
Pour le texte entier des enseignements d’Ajahn Jayasaro au Refuge, consulter le site du Refuge :<br />
www.refugebouddhique.com.<br />
Ajahn Cha<br />
Vertu et Meditation<br />
Editions Sully<br />
Vient de paraître<br />
Fêt e de Ves akh<br />
Lundi, Lu Lund nd ndi, i, 15. 5. 5 Mai ai 201 2011 01 011 1 10 1 10.00h .0 .00h 0h<br />
Fêt e de Kathina<br />
Dimanche, Di Dima Di Dima ma m ma manc nc nche nc n he h he h , 16. 16 16. 16 1 . Octobre Oc Octo Oc Octo to t to t br bre br bree 2011 20 2 20 2011 11 1 11 1 10.00h 10. 100. 0.00 00 00h 00 0 h<br />
an Kip Kipferhaus ip ipfe fe ferh rh rhau au aus s à Hi HHinterkappelen nt n er erka ka kapp pp p el e en e<br />
(près (p (prè rè r s de dde Ber Berne) er erne ne ne)<br />
Soy SSSSSSSSoyoyoyoyoyoyoyoy eeeeeeezzzzzzzz ez lllllllleseseseseseses les bbbbbbbbiiiiiiinnnnnnnnvvvvvvvveeeeeeeennnnnnuuuuuuuueseseseseseseses binvenues ! !!!!!!<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 17 17
18 18<br />
Calendrier 2011 de <strong>Dhammapala</strong><br />
Les événements écrits en gras auront lieu au monastère <strong>Dhammapala</strong>, les autres dans les villes mentionnées.<br />
Janvier<br />
Retraite monastique<br />
jusqu’au 25 mars<br />
Mars<br />
26/27 Week-end de méditation<br />
(– en thaï) avec Aj. Thiradhammo<br />
Avril<br />
27 Genève<br />
Mai<br />
11 Berne<br />
15 FÊTE DE VESAKH<br />
20-22 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
23-29 Semaine de retraite au<br />
Monastère *<br />
Juin<br />
06 Zurich<br />
18-20 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
Juillet<br />
08-10 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
20 Genève<br />
Août<br />
12-14 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong><br />
Septembre<br />
11-25 Semaines de retraite au<br />
monastère *<br />
28 Genève<br />
Octobre<br />
07-09 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
16 FÊTE DE KATHINA<br />
19 Berne<br />
Novembre<br />
11-13 Week-end de méditation<br />
(– en allemand) avec Aj. Khemasiri<br />
14-20 Semaine de retraite au<br />
monastère *<br />
21 Zurich<br />
Décembre<br />
14 Genève<br />
Janvier-Mars 2012<br />
Retraite monastique des 3 mois<br />
* durant ces périodes, la communauté réduit au maximum son activité tout en appréciant le soutien<br />
d’un nombre limité d’hôtes.
Week-ends de méditation<br />
2011<br />
(al) = allemand (a) = anglais (t) = = thaï<br />
26/27 mars (t) (Aj. Thiradhammo)<br />
20-22 mai (al) (Aj. Khemasiri)<br />
08-10 juillet (al) (Aj. Khemasiri)<br />
12-14 août (al) (Aj. Khemasiri)<br />
07-09 octobre (al) (Aj. Khemasiri)<br />
L11-13 novembre (al) (Aj. Khemasiri)<br />
es<br />
week-ends de méditation commencent normalement le vendredi soir à 19h30. Ce-<br />
pendant, d nous demandons aux méditants d’arriver au monastère entre 17h et 18h, pour<br />
qu’ils aient le temps de s’acclimater au lieu ainsi qu’à l’atmosphère monastique. Il est recommandé<br />
de considérer les Huit Préceptes qui régissent la vie au monastère comme<br />
un engagement formel, y compris le respect du «noble silence». Les instructions pratiques<br />
et les enseignements sont généralement donnés en allemand, sauf mention différente.<br />
Pour pouvoir participer à ces week-ends, il est indispensable de s’inscrire au préalable<br />
par fax, e-mail ou téléphone (du mercredi au samedi de 9h à 11h). Comme ces cours<br />
sont le plus souvent complets, nous vous demandons de ne vous inscrire que si vous<br />
souhaitez participer à l’ensemble du week-end.<br />
Le monastère vit grâce aux dons (“Dana” = générosité) et ne demande pour cela pas<br />
de montant fi xe pour les cours. Une contribution sous forme de nourriture au début et<br />
un don fi nancier vers la fi n de la retraite sont cependant hautement appréciés. Veuillez<br />
aussi vous munir d’un sac de couchage et d’une taie d’oreiller ou bien de l’ensemble de<br />
votre literie.<br />
Les Mots de Gratitude<br />
Nous N remercions tous ceux et celles qui ont contribué à la création de<br />
ce c bulletin : Patricia Rollier et Jeanne Schut ont traduit et corrigé les<br />
textes. te Ron Lumsden et Tavaro a effectué la mise en page. Les photos<br />
ont o été prises par Ajahn Khemasiri, Berti Buffy, Betty Picheloup et Thitirat<br />
Winteler.<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong> 19 19
Ret raites longues ou à l'ext érieur 2011<br />
20 20<br />
Pour toute retraite: l’enseignement est donné en allemand à moins d’une indication<br />
contraire.<br />
Des bénévoles sont bienvenus pour aider en cuisine durant toutes ces retraites!<br />
21-25 avril Retraite de Pâques avec Ajahn Khemasiri<br />
Cours de méditation avec Noble Silence, ouvert à tous<br />
21-24 mai Retraite de Pentecôte avec la nonne Ajahn Kovida (en anglais)<br />
Cours de méditation avec Noble Silence, ouvert à tous<br />
03-10 septembre „Achtsamkeit in Stille und im Dialog“ avec Ajahn Khemasiri<br />
Dans ce cours, la méditation formelle sera enrichie par un<br />
dialogue quotidien sur le Dhamma<br />
(réservé aux personnes ayant une expérience préalable d’une<br />
retraite de méditation).<br />
Les inscriptions sont enregistrées dès mars 2011.<br />
09-11 décembre Retraite de méditation avec Ajahn Khemasiri<br />
en Provence (France). Les enseignements seront<br />
donnés en anglais avec traduction en français.<br />
Contact : Le Refuge, Tél. : +33 (0)4 4292 4528<br />
26 décembre-01 janvier 2012 Retraite du Nouvel An<br />
(réservé aux personnes ayant une expérience préalable d’une<br />
retraite de méditation).<br />
Le nom de l’enseignant sera connu en juin 2011 et ensuite les<br />
inscriptions seront enregistrées.<br />
<strong>Dhammapala</strong> <strong>Bulletin</strong> <strong>2010</strong>
Groupes de Méditation<br />
Suisse<br />
Avegno Martin Züllig 091 796 27 24<br />
Baden Maria Sarah Bratschi 056 406 39 59<br />
Basel Robert Szalies 061 554 92 49; 079 360 43 64<br />
Rainer Künzi – www.kalyanamitta.ch 061 331 13 04<br />
Beatenberg Meditationszentrum - www.karuna.ch 033 841 21 31<br />
Bern Evelyne Wittwer 031 534 03 50<br />
Irene Bumbacher 031 331 91 06<br />
www.zentrumfuerbuddhismus.ch<br />
Biel Andreas Bachmann 032 322 57 65<br />
Genf Chongcharoen Sornkaew 022 757 54 04<br />
Lausanne Laurence McKenzie 021 711 26 92<br />
Luzern Yvonne Bühlmann 041 497 01 31<br />
Pontresina Alain & Ursula Gayet 081 842 76 05<br />
Weinfelden TG Roger Stalder 071 558 83 43<br />
Winterthur Stéphanie Mosimann 052 238 12 31<br />
Zürich Maya Küchler 044 391 68 72<br />
Allemagne<br />
Rolf Hafner - www.theravada.ch 079 358 90 77<br />
Freiburg Sonja Welker 0761 456 22 47<br />
Susanne Steinhusen 0761 384 270 52<br />
Hamburg Axel Wasmann 040 399 069 97<br />
Heidelberg Robert Eckermann 06221 27 447<br />
Hildesheim Johannes Dombrowski 05121 8090 580; 0151 1703 2799<br />
Karlsruhe Hans-Peter Fettig 0721 9483 636; 0160 8351 187<br />
Köln Akiñcano M. Weber 0221 139 64 45<br />
München Buddhistische Gesellschaft München 089 388 499 09<br />
Nürnberg Wolfgang Kaiser 0911 660 42 42<br />
Ulm/Dürmentingen Dobrina Frank<br />
Italie<br />
07371 96 15 05<br />
Vihara Via Delle Prata 22, Localita ”Le Brulla”,<br />
Santacittarama I-02030 Frasso Sabino RT<br />
Fax +39 (0)6233 238 629 Tel. +39 (0)765 87 21 86<br />
France<br />
Aix-en-Provence Le Refuge, 370 Ch. Fontaine de Fabrègues,<br />
F-13510 Eguilles Tel. +33 (0)4 42 92 45 28<br />
Autriche<br />
Wien Christoph Köck, Gfrornergasse 3/1/39,<br />
A-1060 Wien Tel. +43 (0)1 595 50 18
Il Il faut rajouter rajouter 15 à 20 minutes à pied pour aller de la la gare gare de de Kandersteg Kandersteg au monastère monastère <strong>Dhammapala</strong>.<br />
Les correspondances correspondances en train depuis depuis Berne: Berne:<br />
Les Les trains en en direction direction de Brigue partent de Berne toutes toutes les les heures heures +35 ou 40 minutes. minutes. Ils Ils arrivent à<br />
Kandersteg Kandersteg environ environ une une heure plus tard. Certaines Certaines correspondances correspondances demandent un changement changement à Spiez.