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concours prix george sand de la nouvelle - Académie d'Orléans-Tours

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CONCOURS<br />

organisé par le Lycée George Sand <strong>de</strong> La Châtre<br />

PRIX GEORGE SAND<br />

DE LA NOUVELLE<br />

2004 / 2005<br />

Recueil <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s<br />

écrites et mises en forme par les élèves <strong>de</strong><br />

Terminale Bacca<strong>la</strong>uréat Professionnel Secrétariat<br />

Lycée Jean Mermoz – BOURGES<br />

Projet pédagogique conduit par Stéphane BESSOU<br />

avec le soutien technique <strong>de</strong>s enseignants du secteur tertiaire<br />

LP Mermoz - Bourges


Pages<br />

3<br />

7<br />

10<br />

…<br />

17<br />

21<br />

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91<br />

SOMMAIRE<br />

TITRES <strong>de</strong>s Nouvelles<br />

Insoupçonnable coupable<br />

Le renard et le coq <strong>de</strong> ferme<br />

Le racisme<br />

La fatalité<br />

Un long voyage vers le bonheur<br />

A toi<br />

Le piano<br />

Un amour impossible<br />

Une enfance bouleversée<br />

Le voyage sans retour<br />

Nostalgie<br />

Ames meurtries<br />

L’orphelin<br />

Marabout ?<br />

La transformation inattendue<br />

Le grand amour existe-t-il vraiment ?<br />

Apprenez à dire stop<br />

La jeunesse <strong>de</strong> Pau<strong>la</strong><br />

Ma vie<br />

Pru<strong>de</strong>nce au vo<strong>la</strong>nt<br />

Rencontre sur le net<br />

AUTEURS<br />

Nathalie Aucler<br />

Laétitia Ausseur<br />

Alexandra Bar<strong>de</strong>au<br />

Leï<strong>la</strong> Bensizerara<br />

Idalie Brouard<br />

Angélique Coudreau<br />

Betty Gigot<br />

Emile Kouperschmidt<br />

Shkurta Krasniqi<br />

Séverine Lafond<br />

Stéphanie Lakomy<br />

Gwendoline Le Hervé<br />

Aurore Legond<br />

C<strong>la</strong>risse Lutreau<br />

Aurore Marboeuf<br />

Sandrine marchaud<br />

Céline Moussé<br />

Fanny Petit<br />

Sandrine Renault<br />

Valérie Stihlé<br />

Dorine Tournier<br />

Une <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s référencées dans le sommaire n’a pas<br />

pu être publiée dans ce recueil car l’auteur n’a pas<br />

rendu son travail achevé au webmaster.


Dans <strong>la</strong> ville où je <strong>de</strong>meure il n’y a aucun fait étrange et tous les évènements<br />

hors du commun qui pouvaient s’y produire, trouvent une explication rationnelle.<br />

Mais il s’avèra que <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s évènements al<strong>la</strong>it me donner tort.<br />

Mon vil<strong>la</strong>ge était tranquille et calme, tout le mon<strong>de</strong> se connaissait et souvent lors<br />

<strong>de</strong>s longues soirées d’été tout le voisinage se réunissait autour d’une gran<strong>de</strong><br />

table afin <strong>de</strong> partager un repas. Chacun contribuait au bon déroulement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

soirée. Je résidais à Aix-En-Provence et jamais personne n’aurait pu penser qu’un<br />

jour ce petit vil<strong>la</strong>ge basculerait dans l’horreur.<br />

Un soir d’été alors que nous étions tous ensemble un hurlement déchira le silence<br />

et nous <strong>la</strong>issa sans voix. Ce fut un hurlement si fort et si intense qu’aujourd’hui<br />

quand j’y repense <strong>de</strong>s frissons d’angoisse me parcourt le corps. Nous étions<br />

paralysés par <strong>la</strong> peur, que faire ? Rester assis en ce <strong>de</strong>mandant ce qui se passait<br />

ou prendre notre courage et essayer <strong>de</strong> découvrir d’où ce hurlement venait ?<br />

Je décidais <strong>de</strong> partir à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> ce cri même si <strong>la</strong> peur m’envahissait, <strong>la</strong><br />

curiosité était plus forte ce qui me poussa à entrer dans <strong>la</strong> forêt. Plus je<br />

m’enfonçais dans cette forêt plus <strong>la</strong> peur m’envahissait, elle me g<strong>la</strong>çait le sang<br />

mais il fal<strong>la</strong>it que je découvre ce qui se passait. Je ne voyais pas grand-chose, <strong>la</strong><br />

nuit commençait à tomber quand tout d’un coup je trébuchais sur ce qui me parut<br />

au premier abord un tronc d’arbre. A tâtons, j’essayais <strong>de</strong> me relever quand ma<br />

main se posa sur une chose étrange. Je me relevais quand je m’aperçus que ce qui<br />

m’avait servi d’appui n’était pas une branche, ni un tronc d’arbre, mais un bras<br />

humain. De peur je m’écartais, ma respiration se bloquait, puis mon pied percuta<br />

un objet qui s’avéra être une jambe, quand mon regard se posa je vis tout autour<br />

<strong>de</strong> moi les membres d’un corps humain éparpillés un peu partout sur le sol. Prise<br />

<strong>de</strong> panique, je me mis à courir <strong>de</strong> toute mes forces pour sortir au plus vite <strong>de</strong><br />

cette forêt maudite.<br />

1


Arrivée au vil<strong>la</strong>ge, je vis tous mes amis m’attendant autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> table. Les<br />

questions qui se brouil<strong>la</strong>ient <strong>de</strong> partout, j’essayais <strong>de</strong> reprendre mes esprits mais<br />

<strong>la</strong> vision <strong>de</strong> ce corps en morceau ne quittait plus ma tête.<br />

Une fois mes esprits repris, je commençais mon récit afin <strong>de</strong> raconter l’horreur<br />

que j’avais découverte. Mon amie qui se prénommait Pauline me proposa d’y<br />

retourner le len<strong>de</strong>main j’acceptais sans discuter et partit me coucher. Le<br />

len<strong>de</strong>main matin Pauline venait me chercher et toutes les <strong>de</strong>ux nous partions<br />

dans <strong>la</strong> forêt. Une fois arrivées à l’endroit où j’avais fait cette horrible<br />

découverte, une chose incroyable s’était produite. Il n’y avait plus <strong>de</strong> corps, plus<br />

<strong>de</strong> jambes, plus <strong>de</strong> bras, tout avait disparu…tout était si propre…<br />

Pauline me regarda d’un air surpris et je voyais dans ces yeux qu’elle commençait<br />

à douter <strong>de</strong> moi. Je n’y comprenais rien pourtant ils avaient tous entendu un<br />

hurlement et le corps je l’avais bel et bien vu <strong>la</strong> veille, étendu sur ce sol. Avais-je<br />

rêvé ? Étais-je en train <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir folle ?<br />

Pauline décida <strong>de</strong> partir, je <strong>la</strong> suivis sans discuter mais les questions fusaient<br />

dans ma tête, que se passait-il ? Une fois revenus au vil<strong>la</strong>ge, Pauline expliqua que<br />

j’avais dû rêver, que le hurlement venait sûrement d’un animal et qu’il n’y avait<br />

aucun corps. Mais je savais bien que je n’avais pas rêvé, c’est pour ce<strong>la</strong> que je<br />

décidais d’y retourner. Je trouvais une excuse pour partir et je retournais dans<br />

<strong>la</strong> forêt et là, à ma gran<strong>de</strong> surprise je retrouvais l’abominable spectacle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

veille, le corps était là éparpillé au même emp<strong>la</strong>cement, plus rien n’avait bouger.<br />

Je me mis à pleurer quand je sentis une main sur mon épaule, je n’osais plus<br />

bouger ni me retourner, c’était peut-être le tueur qui m’avait suivi…que faire ?<br />

J’étais tétanisée par <strong>la</strong> peur puis soudain j’entendis <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> Pauline qui<br />

m’appe<strong>la</strong>it, <strong>la</strong> main <strong>de</strong>sserra mon épaule puis sans me retourner j’entendis <strong>la</strong><br />

présence partir et Pauline arrivée, elle savait que j’étais retournée dans <strong>la</strong> forêt,<br />

elle arriva <strong>de</strong>rrière moi et se mit à pleurer à <strong>la</strong> vue du corps. Pauline me prit dans<br />

ses bras, m’aida à me relever et nous partions directement en informer <strong>la</strong><br />

2


iga<strong>de</strong> charger <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> ce genre. Deux jours plus tard, une chasse à<br />

l’homme avait été <strong>la</strong>ncée afin <strong>de</strong> retrouver l’assassin. Nous vivions dans une<br />

certaine angoisse qu’il nous arrive <strong>la</strong> même chose que ce corps qui……<br />

Une question me taraudait l’esprit, pourquoi ce corps n’était-il plus là quand<br />

Pauline était venue avec moi <strong>de</strong>ux jours auparavant ?? Les jours passaient et<br />

l’enquête <strong>de</strong>s policiers n’avançait pas, aucune empreinte, aucune preuve n’avait<br />

été <strong>la</strong>issée, <strong>la</strong> seule chose que l’on savait c’est que le cadavre était celui d’un<br />

homme.<br />

L’angoisse ne nous quittait plus, elle nous hantait les esprits et toutes nos<br />

discussions tournaient autour <strong>de</strong> cette horrible histoire. Un soir, je sortis me<br />

promener au lieu <strong>de</strong> rester renfermée chez moi, il fal<strong>la</strong>it continuer à vivre même<br />

si <strong>la</strong> peur était présente en moi. Je marchais quand soudain une ombre apparut<br />

<strong>de</strong>vant moi, je voulu reculer mais cette ombre m’agrippa le bras et m’attira avec<br />

elle dans <strong>la</strong> forêt, je pensais que ma <strong>de</strong>rnière heure était arrivée, je n’arrivais<br />

pas à crier, j’étais totalement paralysé. Une fois arrivée, <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> <strong>la</strong> main<br />

sur mon bras se relâcha et une voix à peine audible se mit à me parler, je peinais<br />

à entendre, tout ce dont j’étais sûr, c’est que cette voix était celle d’une femme.<br />

Elle commença à ma raconter pourquoi elle m’avait entraîné ici.<br />

Ce qu’elle vou<strong>la</strong>it, c’était me parler, m’expliquer l’histoire <strong>de</strong> ce cadavre, puisque<br />

par <strong>la</strong> suite, elle m’avoua que c’était elle <strong>la</strong> meurtrière….je ne savais pas qui était<br />

cette personne, je l’interrompis pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi le corps n’était plus<br />

là quand j’étais revenue avec mon amie et qu’après ce corps avait réapparu. Elle<br />

m’expliqua qu’elle avait bien tué cet homme mais qu’elle ne l’avait jamais dép<strong>la</strong>cée.<br />

Elle continua son récit et me dit que le cadavre était son frère. Interloquée, je<br />

restais sans voix, comment pouvait-on tuer son propre frère ? Son sang, sa<br />

chair ? Je ne comprenais rien.<br />

Après quelques minutes <strong>de</strong> silence, elle reprit son récit. Si elle avait tué son<br />

frère c’était qu’il était dangereux, il avait déjà commis <strong>de</strong>s meurtres dans le<br />

3


passé et elle ne vou<strong>la</strong>it pas que celui-ci continue, si elle l’avait tué c’était pour le<br />

bien <strong>de</strong> tous, même si cette personne, ce frère en question n’était connu <strong>de</strong><br />

personne. Elle m’expliqua aussi qu’il vivait reclus dans sa maison et ne sortait<br />

jamais sauf pour commettre <strong>de</strong>s meurtres, mais il ne tuait que <strong>de</strong>s personnes ne<br />

<strong>de</strong>meurent pas à Aix-En-Provence. Je l’interrompis encore une fois lui disant<br />

qu’elle risquait <strong>la</strong> prison à perpétuité et qu’au lieu <strong>de</strong> le tuer elle aurait dû le<br />

dénoncer à <strong>la</strong> police. Elle m’expliqua qu’il n’aurait jamais supporté <strong>la</strong> prison alors<br />

pour lui éviter cette souffrance, le tuer était <strong>la</strong> meilleure solution. Elle avait<br />

découpé ce corps pour ne pas que l’on retrouve ses empreintes.<br />

J’écoutais cette femme avec beaucoup d’intérêt quand soudain une question me<br />

traversa l’esprit, qu’al<strong>la</strong>is-je faire ? Il fal<strong>la</strong>it absolument que j’en parle à <strong>la</strong><br />

police. C’est là qu’elle m’annonça qu’il ne fal<strong>la</strong>it surtout pas que j’ébruite ce sujet,<br />

il fal<strong>la</strong>it que j’en gar<strong>de</strong> le secret. Après quelques minutes <strong>de</strong> réflexion, elle me<br />

proposa <strong>de</strong> me raccompagner, nous étions encore dans <strong>de</strong>s endroits obscurs, je<br />

ne voyais toujours pas qui était cette personne qui me confia ce secret. Nous<br />

commencions à sortir <strong>de</strong> cette forêt et sous <strong>la</strong> lumière je reconnus l’incroyable<br />

visage <strong>de</strong> mon amie Pauline…je me <strong>de</strong>mandais vraiment ce qui se passait et<br />

pourquoi elle.<br />

Je stoppais mes pas et me mis à pleurer, elle me fixait sans rien me dire et là je<br />

compris qu’il fal<strong>la</strong>it vraiment que je l’ai<strong>de</strong> à surmonter cette épreuve en gardant<br />

le secret.<br />

Je n’avais toujours pas eu <strong>de</strong> réponse à une <strong>de</strong> mes questions qui resteraient en<br />

suspense, qui avait dép<strong>la</strong>cé ce corps ?<br />

Le <strong>de</strong>stin en avait décidé ainsi, Pauline avait décidé <strong>de</strong> partager ce secret avec<br />

moi et moi j’avais décidé <strong>de</strong> ne jamais <strong>la</strong> trahir…quand au corps plus personne n’en<br />

par<strong>la</strong> et l’affaire avait été étouffée par les briga<strong>de</strong>s anti-criminalité.<br />

4


LE RENARD ET LE COQ DE LA FERME<br />

Dans une vieille fermette éloignée du vil<strong>la</strong>ge et<br />

entourée <strong>de</strong> forêts, vivait un couple <strong>de</strong> fermiers qui<br />

tous les jours travail<strong>la</strong>ient durs. Comme leur ferme<br />

était assez loin du vil<strong>la</strong>ge et qu’ils ne pouvaient guère se<br />

dép<strong>la</strong>cer, ils élevaient et gavaient leurs animaux pour<br />

pouvoir se nourrir quand ils étaient à point.<br />

Mais, dans cette ferme, il y avait <strong>de</strong>ux animaux<br />

qui n’étaient pas comme les autres. Ces <strong>de</strong>ux-là,<br />

communiquaient comme vous et moi et se comprenaient.<br />

Un jour, le renard affamé, cherche à tromper le<br />

coq. Il lui proposa <strong>de</strong> quitter <strong>la</strong> basse-cour et lui fit<br />

miroiter les avantages <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté. Le coq l’écoutait en<br />

se frottant <strong>la</strong> tête contre le tronc <strong>de</strong> l’arbre et il était<br />

embarrassé. Dans toute sa vie, il n’avait jamais réfléchi<br />

avant à cette idée.<br />

- “Il est certain que ça doit être agréable”, dit le<br />

coq, mais je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si vraiment je suis fait pour<br />

mener cette vie là. Les maîtres ont bien <strong>de</strong>s défauts<br />

mais maintenant que j’y pense, je leur en veux <strong>de</strong> faire<br />

cuire les coqs ! Oh ! Oui, je leur en veux. Mais enfin,<br />

durant le peu <strong>de</strong> vie qu’ils nous accor<strong>de</strong>nt, je dois<br />

reconnaître qu’ils ne nous ont jamais <strong>la</strong>issé mourir <strong>de</strong><br />

faim : bonne pâtée, bon grains. Est ce que tu me vois<br />

errant par les forêts à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> ma nourriture ?<br />

Je n’aurais jamais cette belle gamelle pleine que tu vois<br />

aujourd’hui sans compter que je m’ennuierais dans cette<br />

gran<strong>de</strong> forêt, tout seul <strong>de</strong> mon espèce.<br />

Mon dieu, que le souci <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourriture ne t’en<br />

préoccupe pas, il suffit <strong>de</strong> se baisser pour attraper les<br />

plus délicieux vers <strong>de</strong> terre, et sans parler <strong>de</strong>s baies<br />

1


qui sont en gran<strong>de</strong> quantité dans les buissons <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

forêt, je connais <strong>de</strong>s coins d’avoines où tu feras ton<br />

affaire. Et pour <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>, il y a un remè<strong>de</strong> à ça. Il<br />

faut déci<strong>de</strong>r tous les coqs, toutes les poules du vil<strong>la</strong>ge à<br />

suivre ton exemple. Tu y réussiras facilement. Une fois<br />

le résultat acquis, quelle satisfaction pour toi d’avoir<br />

guidé ton espèce vers une autre existence meilleure. Et<br />

quelle délivrance aussi pour vous tous <strong>de</strong> mener une vie<br />

sans fin, dans <strong>la</strong> forêt et le soleil !<br />

Le renard se mit à vanter les p<strong>la</strong>isirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté<br />

et le charme <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt. Il raconta aussi quelques unes<br />

<strong>de</strong> ces bonnes histoires, bien connues <strong>de</strong> tous les<br />

habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt, mais qui n’étaient pas encore<br />

parvenues jusqu’aux pou<strong>la</strong>illers <strong>de</strong> <strong>la</strong> ferme. Le coq en<br />

riait aux éc<strong>la</strong>ts et d’un mouvement pour tenir sa<br />

gamelle avec l’une <strong>de</strong> ses pattes, il perdit l’équilibre et<br />

tomba au pied <strong>de</strong> l’arbre. Le renard avait bien envie <strong>de</strong><br />

le manger, sa <strong>la</strong>ngue en était toute baignée <strong>de</strong> salive,<br />

mais préféra rester sur son appétit et aida le coq à se<br />

relever sans lui faire <strong>de</strong> mal.<br />

- Tu ne me manges donc pas ? <strong>de</strong>manda le coq d’une voix<br />

tremb<strong>la</strong>nte.<br />

- Te manger ? Mais tu n’y penses pas ! Je n’en ai pas le<br />

moindre envie.<br />

- Pourtant....<br />

- Certes, il m’est arrivé trop souvent <strong>de</strong> croquer<br />

quelqu’un d’entre vous, mais c’était par amitié, pour le<br />

préserver d’une mort indigne dans <strong>la</strong> casserole, et je<br />

t’assure que ce n’était jamais <strong>de</strong> bon cœur.<br />

- Comme on peut se tromper, tout <strong>de</strong> même, c’est<br />

incroyable !<br />

- Même si tu m’en priais, je ne pourrais pas te manger,<br />

tu me resterais sur l’estomac. C’est que, plus j’y songe,<br />

plus je me persua<strong>de</strong> que tu es désigné pour accomplir<br />

2


une gran<strong>de</strong> mission auprès <strong>de</strong>s tiens. Toutes les qualités<br />

qu’il faut, je les aperçois dans le regard <strong>de</strong> tes beaux<br />

yeux d’or.<br />

- Haï, haï, fit le coq en se ba<strong>la</strong>nçant doucement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tête.<br />

- Naturellement, tu ne me dis pas tout ce que tu<br />

penses, mais je serais bien étonné si tu n’avais pas déjà<br />

fait ton p<strong>la</strong>n.<br />

- Bien sûr que j’ai un p<strong>la</strong>n, bien sûr ! Pourtant, il me<br />

reste une inquiétu<strong>de</strong> : <strong>la</strong> vie dans <strong>la</strong> forêt comporte<br />

bien <strong>de</strong>s périls, car je n’ose pas penser que <strong>la</strong> fouine et<br />

<strong>la</strong> belette soient dans les mêmes sentiments d’amitié<br />

que tu montres à notre égard. Oh ! Je suis courageux,<br />

mais enfin, nous n’avons pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts pour nous<br />

défendre, ni d’ailes pour nous sauver.<br />

Alors, le renard hocha <strong>la</strong> tête et poussa un grand<br />

soupir, comme s’il eût été triste <strong>de</strong> voir son meilleur<br />

ami dans une si profon<strong>de</strong> ignorance.<br />

C’est incroyable ce que <strong>la</strong> vie domestique peut<br />

faire d’un coq intelligent... Vos maîtres sont encore plus<br />

coupables qu’on ne pense. Mon pauvre ami, tu te p<strong>la</strong>ins<br />

<strong>de</strong> n’avoir ni <strong>de</strong>nts, ni ailes, mais comment veux tu qu’il<br />

en soit autrement ? Les maîtres vous tuent bien avant<br />

qu’elles aient poussé ! Ah ! Ils savent bien ce qu’ils font,<br />

les monstres...<br />

Mais sois tranquille, les <strong>de</strong>nts vous viendront<br />

bientôt, et si durs que vous n’aurez à craindre, ni <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

belette, ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouine. En attendant, je vous prendrais<br />

sous ma protection. Il y aura quelques précautions à<br />

observer dans les premiers temps, mais vous n’aurez<br />

plus rien à craindre quand les poules et les coqs auront<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts.<br />

3


Le racisme<br />

Il y a <strong>de</strong>ux ans, Sarah O’Neil, sous le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lieutenant dans <strong>la</strong> base du bureau <strong>de</strong>s<br />

transmissions et <strong>de</strong> topographie, fut appelée par Madame le sénateur Kelly. Cette <strong>de</strong>rnière,<br />

pour <strong>de</strong>s raisons politiques, veut intégrer une femme dans un camp d’entraînement<br />

militaire qui n’est encore qu’un service réservé uniquement aux hommes, et pas <strong>de</strong>s<br />

moindres, dans les Commandos <strong>de</strong> Reconnaissance Tactile, autrement dit, les SEALS.<br />

Ceux sont ces hommes que l’on envoie pour <strong>de</strong>s missions spéciales et très dangereuses dans<br />

<strong>de</strong>s zones telles l’Iran ou l’Irak, et d’autres zones occupées par <strong>de</strong>s rebelles et <strong>de</strong>s terroristes.<br />

Le sénateur accepta le dossier du Lieutenant O’Neil pour ces critères <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s sportives,<br />

intellectuelles, tout en restant féminine. Elle disait même que c’était une main <strong>de</strong> fer dans<br />

un gant <strong>de</strong> velours.<br />

Le sénateur Kelly expliqua donc au Lieutenant O’Neil <strong>de</strong> quoi il en retournait. Lorsque<br />

cette <strong>de</strong>rnière apprit qu’elle avait été sélectionnée parmi d’autres candidates par le<br />

Pentagone pour intégrer ce programme, elle fut surprise. Le sénateur poursuivit :<br />

- Lieutenant, l’année <strong>de</strong>rnière vous avez postulé pour être à bord du sous-marin le<br />

Navy II, et votre candidature a été refusée, pourquoi ?<br />

- Madame, on m’a répondu qu’il n’y avait pas <strong>de</strong> toilettes privés pour les dames.<br />

- Ce<strong>la</strong> vous a-t-il énervé, ou donné <strong>la</strong> rage ?<br />

- Oui madame.<br />

- Bien. J’aime qu’on ait <strong>la</strong> rage.<br />

Cette petite entrevue avec le sénateur se termina tard dans <strong>la</strong> nuit. Sarah rentra chez elle,<br />

fatiguée mais soucieuse. Son ami l’attendait à <strong>la</strong> maison. Lui aussi est militaire, dans le<br />

même service que Sarah mais à rang un peu plus élevé. Elle le mit alors au parfum <strong>de</strong><br />

l’opportunité qui se présentait à elle, mais il ne répondit pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon qu’elle le<br />

souhaitait :<br />

- Ne me dis pas que tu veux intégrer ce programme ?<br />

- Et pourquoi pas ? Je suis aussi capable qu’un homme, tu le sais très bien.<br />

- Mais là-bas ce sont <strong>de</strong>s tarés, <strong>de</strong>s obsédés sexuels, et ils finiront par manger leur<br />

corn f<strong>la</strong>kes dans ton crâne !<br />

1


- Et tu crois que je vais me dégonfler. Dis-moi John, à ton avis, comment ça se fait<br />

qu’on a le même âge, qu’on est entré et sorti en même temps <strong>de</strong> l’école, et moi avec<br />

une moyenne plus élevée, et que tu portes un gra<strong>de</strong> plus élevé que moi ! Qu’est-ce<br />

qui cloche ? Est-ce que parce qu’on porte <strong>de</strong>s mamelles on est pas aussi fort qu’un<br />

homme ?<br />

- De toute façon tu as pris ta décision.<br />

- C’est exact, et avec ton accord ou non, j’irai.<br />

Le jour J arriva. Sarah referma ses sacs <strong>de</strong> voyages et se rendit à <strong>la</strong> base d’entraînement.<br />

Elle fut ensuite conduite auprès du général, le commandant <strong>de</strong> cette unité. Celui-ci fut<br />

bref, il vou<strong>la</strong>it que cette formation se déroule le mieux possible, que si elle se sentait<br />

agressée par ses camara<strong>de</strong>s ou ses instructeurs, elle <strong>de</strong>vait s’en remettre à lui. Aussi, il lui<br />

précisa qu’elle serait dans un quartier séparé <strong>de</strong>s hommes. La seule chose qu’il lui<br />

<strong>de</strong>mandait également, comme elle avait les cheveux longs, il ne lui suggéra pas <strong>de</strong> les<br />

couper, mais seulement <strong>de</strong> bien avoir <strong>de</strong> dégager le front et <strong>la</strong> nuque. Avant <strong>de</strong> partir,<br />

Sarah <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> parler librement et informa le général qu’elle était là car pour elle c’est<br />

un défi à relever et qu’elle vou<strong>la</strong>it suivre le même traitement que ses camara<strong>de</strong>s. Sur ces<br />

<strong>de</strong>rniers mots, elle quitta <strong>la</strong> pièce et se dirigea dans ses appartements.<br />

C’était une chambrée ressemb<strong>la</strong>nt à toutes celles qui existent dans toutes les bases<br />

militaires. Elle poussa <strong>la</strong> porte et entra. Elle posa ses sacs et observa une immense pièce<br />

vi<strong>de</strong>. Elle rangea toutes ses affaires, et se changea pour se rendre au mess, ce que l’on peut<br />

considéré comme une cantine. Elle se tenait <strong>de</strong>vant les portes et entendait les grosses voix<br />

<strong>de</strong> tous ces hommes. En une fraction <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> elle se décida enfin à entrer et d’affronter<br />

les premiers sarcasmes auxquels elle aura droit. Elle prit son p<strong>la</strong>teau afin <strong>de</strong> se servir son<br />

dîner, et elle entendait les premiers reproches à son égard. Lorsqu’elle s’assit à une table,<br />

les <strong>de</strong>ux hommes qui s’y tenaient quittèrent les lieux. Cette fois, tout se passait exactement<br />

comme elle se doutait. Après s’être rapi<strong>de</strong>ment restaurée, elle se dirigeait dans ses<br />

logements. Elle passait sa première nuit dans ses appartements, et se préparait<br />

mentalement à ce qu’elle <strong>de</strong>vra affronter dès le len<strong>de</strong>main matin.<br />

2


Son réveil sonna. Il fal<strong>la</strong>it faire vite car le rassemblement était prévu pour 8h00 sur <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce d’arme en treillis. Elle arrivait alors sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, en tenue, et fin prête à affronter<br />

tous les défis. Toute <strong>la</strong> troupe était réunie et attendait le rassemblement. Des hommes vêtus<br />

<strong>de</strong> noirs pénétrèrent à leur tour sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, et un homme <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie mit tout le<br />

mon<strong>de</strong> aux gar<strong>de</strong>s à vous. Le général était venu lui aussi pour encourager tous ces<br />

nouveaux arrivants et leur souhaiter à tous bon courage. Il salua <strong>la</strong> compagnie et passa<br />

alors le comman<strong>de</strong>ment au chef <strong>de</strong>s instructeurs, l’adjudant-chef Shepard. Celui-ci passa<br />

en revue sa troupe tout en récitant les vers d’un poème que personne ne connaissait :<br />

- Je n’ai jamais vu un animal sauvage s’apitoyer sur son sort. Un oiseau préfèrerait<br />

mourir <strong>de</strong> froid et <strong>de</strong> faim sur sa branche, plutôt que <strong>de</strong> s’apitoyer sur son sort.<br />

Ce qui vou<strong>la</strong>it dire en quelques sortes que même si sa troupe souffrait le martyr, il ne<br />

vou<strong>la</strong>it pas les entendre se p<strong>la</strong>indre. Alors qu’il se tenait <strong>de</strong>vant Sarah à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> son vers,<br />

il entendit les ricanements d’un <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe. Il se dirigea vers lui en<br />

bouscu<strong>la</strong>nt ceux qui se trouvaient sur son passage et se p<strong>la</strong>nta face à lui :<br />

- Le volume, le flux <strong>de</strong> l’océan At<strong>la</strong>ntique, <strong>la</strong> dérive permanente <strong>de</strong>s continents, <strong>la</strong><br />

position exacte du soleil dans le ciel, tout ceci n’est qu’un exemple <strong>de</strong> ce que je<br />

contrôle dans mon mon<strong>de</strong>. Suis-je assez c<strong>la</strong>ir ?<br />

- Oui mon adjudant-chef !<br />

L’entraînement commençait. La troupe se dirigeait vers <strong>de</strong>s canots pneumatiques, plus<br />

exactement <strong>de</strong>s zodiacs, qu’il fal<strong>la</strong>it soulever au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> leur tête, à bout <strong>de</strong> bras, et les<br />

mener vers <strong>la</strong> mer. Ils firent un long parcours avant <strong>de</strong> pouvoir les poser. Ils continuèrent<br />

avec un parcours dans les dunes où il fal<strong>la</strong>it pousser à plusieurs <strong>de</strong>s rouleaux géants dans<br />

le sable, se diriger vers <strong>la</strong> mer, et revenir dans ces dunes. Là, les acci<strong>de</strong>nts commençaient,<br />

mais heureusement sans trop <strong>de</strong> dommage corporel. Notre héroïne s’en sortait très bien, et<br />

ne montrait aucun signe <strong>de</strong> faiblesse. L’entraînement se poursuivit jusqu’à <strong>la</strong> nuit, où ils<br />

étaient tous, se tenant les uns aux autres, dans <strong>la</strong> mer, et où il faisait un vent très froid.<br />

Les instructeurs les firent alors sortir <strong>de</strong> l’eau, où sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge un léger examen médical les<br />

attendait. Etant donné que le midi, ils ne mangèrent pas grand-chose, lorsqu’ils furent<br />

examinés rapi<strong>de</strong>ment par les infirmiers, ils avaient à leur disposition les poubelles, dans<br />

lesquelles ils avaient jeté leurs p<strong>la</strong>teaux du midi. Ces poubelles servaient exprès à ce genre<br />

3


<strong>de</strong> manœuvre, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’adjudant-chef. Ils se ruèrent tous vers ses aliments et<br />

certains en mettaient même dans les poches. Après ce petit festin, il fal<strong>la</strong>it reprendre les<br />

activités. Il était alors 21h00.<br />

Pendant près d’une heure, ils reportaient à bout <strong>de</strong> bras les canots, mais cette fois, avec <strong>de</strong><br />

l’eau <strong>de</strong>dans, ce qui était plus difficile, sachant qu’il fal<strong>la</strong>it rester sur p<strong>la</strong>ce. Devant eux,<br />

quatre hommes portaient non pas un canot mais une cloche, que les instructeurs<br />

mettaient à disposition pour ceux qui vou<strong>la</strong>ient partir et abandonner le stage. Un homme<br />

craquait déjà et se dirigeait vers <strong>la</strong> cloche, <strong>la</strong> fit tinter trois fois, ce qui était pour lui <strong>la</strong> fin<br />

du stage. Après cette exercice, les instructeurs menèrent <strong>la</strong> troupe dans une salle où<br />

l’adjudant-chef leur <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> rédiger une synthèse, avec pour thème : « pourquoi j’ai<br />

choisi les SEALS <strong>de</strong>s Etats-Unis ? » le nombre <strong>de</strong> page lui était égal. Avant <strong>de</strong> partir, il dit<br />

juste qu’il comptera le nombre d’yeux qu’il trouvera ouvert. Il sortit <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle en éteignant<br />

les lumières, montant le chauffage <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, et en ajoutant un morceau <strong>de</strong> musique<br />

c<strong>la</strong>ssique, digne d’une berceuse. Un certain nombre <strong>de</strong> temps s’écou<strong>la</strong>. L’adjudant-chef se<br />

faisait une petite coupe en lisant un livre quant un instructeurs vint à lui, tout trempé.<br />

Sans faire <strong>de</strong> bruit, après avoir fait un tour lui aussi <strong>de</strong>hors, il entra dans <strong>la</strong> salle où seule<br />

Sarah continuait d’écrire. Il les fit réveiller en sursaut et les dirigea <strong>de</strong>hors pour un<br />

parcours du combattant plus que viril. Quatre groupes étaient formés et Sarah faisait<br />

partie du <strong>de</strong>uxième. L’instructeur qui montait les groupes précisa qu’un marchepied était<br />

mis en p<strong>la</strong>ce pour <strong>la</strong> gente féminine, mais Sarah ne l’entendait pas comme ce<strong>la</strong> et<br />

<strong>de</strong>manda le même que traitement que les autres. Elle ne reçut que l’ordre <strong>de</strong> se taire et <strong>de</strong><br />

faire ce qu’on lui disait <strong>de</strong> faire.<br />

Le coup d’envoi était donné et les groupes se <strong>la</strong>nçaient dans ce parcours. Tout se passait<br />

bien pour Sarah et elle s’en tirait aussi bien que ses camara<strong>de</strong>s. Dans les <strong>de</strong>rniers mètres,<br />

un immense mur était à franchir. Etant <strong>la</strong> première <strong>de</strong> son groupe à arriver, et voyant le<br />

marchepied, elle le jeta sur le côté et appe<strong>la</strong> l’un <strong>de</strong> son groupe pour ai<strong>de</strong>r les autres <strong>de</strong><br />

franchir le mur. Ils passèrent l’un après l’autre bril<strong>la</strong>mment. Elle fit alors <strong>la</strong> courte échelle<br />

pour ai<strong>de</strong>r son partenaire à monter. Mais quand fut venu son tour, alors qu’il <strong>la</strong> tenait<br />

pour franchir le mur, il <strong>la</strong> <strong>la</strong>issa tomber en lui disant d’abandonner tout <strong>de</strong> suite. N’étant<br />

4


plus que toute seule, elle reprit le marchepied et franchit le mur, et arriva <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> tous<br />

les groupes.<br />

Lorsque ce parcours fut terminé, l’unité fut rassemblée sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d’arme, où un<br />

instructeur donnait le temps effectué du parcours à chacun. Alors qu’ils étaient prêts à<br />

rompre les rangs, Shepard, qui avait observé Sarah sur le parcours avec son arme à lunette<br />

et ayant visionné l’acte du sergent Cortez lorsqu’il l’abandonna à l’épreuve du mur, entra<br />

dans les rangs et lui jeta à sa figure une pelle. Sa punition était <strong>de</strong> creuser un trou,<br />

jusqu’à ce qu’on lui donne l’ordre <strong>de</strong> cesser. Il était alors plus <strong>de</strong> quatre heures du matin, et<br />

ils <strong>de</strong>vaient tous profiter du reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit pour se reposer et se refaire.<br />

Sarah, déçu <strong>de</strong> ce qu’il s’était produit, décida <strong>de</strong> prendre les choses en mains pour qu’elles<br />

se sentent moins à l’écart <strong>de</strong> ses partenaires. Elle se rendit chez les coiffeurs mais il n’y<br />

avait personne. Elle retira sa veste, pris une ton<strong>de</strong>use électrique, et se rasa entièrement <strong>la</strong><br />

tête. Une fois son œuvre faite, elle se dirigea vers sa chambre, rassemb<strong>la</strong> toutes ses affaires,<br />

et se dirigea vers <strong>la</strong> chambrée <strong>de</strong>s garçons. Elle prit un <strong>de</strong>s premiers lits qui était libre, car<br />

<strong>de</strong>puis le début du stage, plusieurs hommes ont déjà abandonné. Elle s’était dit que si elle<br />

avait <strong>la</strong> même coupe que les garçons, il y aurai moins <strong>de</strong> différences et qu’elle serait<br />

moins à l’écart si elle était dans <strong>la</strong> même chambre qu’eux, même si ce<strong>la</strong> en dérangeait<br />

certains. Elle eut à peine le temps <strong>de</strong> se reposer une <strong>de</strong>mi-heure que le c<strong>la</strong>iron retentit dans<br />

le camp. Tout le mon<strong>de</strong> se dépêcha <strong>de</strong> se préparer lorsque son voisin <strong>de</strong> lit, Slovnik, <strong>la</strong> vit et<br />

se mit à brailler. Wickwire, le petit chef <strong>de</strong> l’unité, lui dit <strong>de</strong> se <strong>la</strong> fermer et <strong>de</strong> se dépêcher<br />

s’il ne vou<strong>la</strong>it pas arriver en retard. Flea, un <strong>de</strong>s hommes qui accepta Sarah, montra sa<br />

coupe <strong>de</strong> cheveux en <strong>la</strong> félicitant. Même si pour lui, elle reste toujours une femme il <strong>la</strong><br />

considère comme une adversaire redoutable.<br />

Ce<strong>la</strong> fait maintenant <strong>de</strong>ux mois qu’elle suit ce stage et sur les cinquante militaires qui<br />

étaient inscrit, il n’en reste seulement une quinzaine. Sarah est maintenant tout à fait<br />

accepté par les garçons qu’il reste, et forment une équipe soudée, même si Cortez et Slovnik<br />

sont toujours aussi macho. L’exercice <strong>de</strong> ce jour se passait en mer. Il y avait quatre équipes<br />

et un membre <strong>de</strong> chaque équipe se tenait dans un zodiac. L’exercice consistait à repêcher<br />

son équipe un par un sans arrêter le zodiac.<br />

5


L’opération se dérou<strong>la</strong>it bien, mais quand vint le tour <strong>de</strong> repêcher Sarah, Cortez fit exprès<br />

<strong>de</strong> ne pas approcher l’anneau le plus possible pour qu’elle échoue, et c’est ce qu’il se passa.<br />

Une fois toute l’équipe dans le canot, mis à part Sarah, Shepard, mécontent <strong>de</strong> ce qu’avait<br />

fait Cortez, jeta par-<strong>de</strong>ssus bord toute l’équipe et leur donna l’ordre <strong>de</strong> rentrer à <strong>la</strong> nage.<br />

Alors Cortez et Slovnik s’en prirent à Sarah disant que c’était <strong>de</strong> sa faute s’ils <strong>de</strong>vaient<br />

tous rentrer à <strong>la</strong> nage. Mais Wickwire les remit à leur p<strong>la</strong>ce en leur faisant comprendre que<br />

si l’adjudant-chef avait agi <strong>de</strong> cette façon, c’était parce que dans une mission on<br />

n’abandonne aucun membre <strong>de</strong> son équipe. Newberry, un afro-américain dit à Sarah qu’il<br />

<strong>la</strong> comprenait. Il se mit à raconter que quand son grand-père vou<strong>la</strong>it entrer dans l’armée,<br />

il avait été refusé parce qu’il était noir et qu’on ne le verrait pas dans <strong>la</strong> nuit. Il continua<br />

en disant que rien a changé et dit à Sarah qu’en fait, elle n’est que le négro <strong>de</strong> service.<br />

Il fallut que Newberry porte cette remarque pour que les réticents comprennent ce qu’ils<br />

font endurer à Sarah et que malgré ce<strong>la</strong>, même si ce n’est qu’une femme, elle est parvenue<br />

à surmonter les obstacles là où d’autres ont échoué.<br />

La fin du stage approche avant <strong>de</strong> savoir quelles recrues feront partie <strong>de</strong>s SEALS. Leur<br />

<strong>de</strong>rnier exercice à tous, est une mission à bord d’un porte-avion, où ils <strong>de</strong>vront poursuivre<br />

leur chemin jusqu’à une p<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> l’Arabie Saoudite. Mais voilà qu’une alerte à bord du<br />

porte-avion retentit. Des rebelles avaient intercepté un satellite, où se trouve du plutonium<br />

et qu’il faut le leur reprendre le plus vite possible. Cette mission est périlleuse mais<br />

l’adjudant-chef Shepard qui accompagne son unité sait qu’ils seront capables d’assumer<br />

cette <strong>de</strong>rnière épreuve.<br />

Toute l’unité débarquait sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge et chacun savait ce qu’il avait à faire. Deux groupes<br />

étaient formés. L’un était dirigé par Sarah, et l’autre par Wickwire. Celui <strong>de</strong> Sarah <strong>de</strong>vait<br />

aller en reconnaissance alors que celui <strong>de</strong> Wickwire <strong>de</strong>vait rester à l’abri avec les canots.<br />

Shepard accompagnait le groupe <strong>de</strong> reconnaissance jusqu’à ce qu’il parte <strong>de</strong> son côté pour<br />

les couvrir. Alors qu’ils <strong>de</strong>vaient juste observer avant d’agir, un coup <strong>de</strong> feu retentit. A<br />

partir <strong>de</strong> ce moment tout s’est bousculé et s’est enchaîné.<br />

6


La troupe <strong>de</strong> reconnaissance fut repéré, du coup, leur seule chance était <strong>de</strong> se séparer en<br />

binôme ou trinôme, tout en gardant un signal radio, et <strong>de</strong> se rassembler en un point<br />

précis. L’adjudant-chef, surpris par les rebelles alors qu’il prenait <strong>la</strong> fuite, donnait sa<br />

position. Après une rapi<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> du terrain, Sarah ordonna à son groupe <strong>de</strong> le miner à <strong>de</strong>s<br />

points stratégiques et <strong>de</strong> faire exploser à son signal. Pendant ce temps, alors que les<br />

rebelles étaient occupés, une section du groupe à Wickwire en profita pour s’aventurer en<br />

zone ennemie et parvint à récupérer le plutonium et prirent les canots afin <strong>de</strong> retrouver le<br />

groupe <strong>de</strong> reconnaissance. Alors que l’équipe <strong>de</strong> Sarah attendait l’arrivée <strong>de</strong> l’adjudant-<br />

chef, celui-ci se montrait enfin, poursuivit par une jeep <strong>de</strong> rebelles arme au poing. Il se fit<br />

alors blesser <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong> suite à <strong>la</strong> jambe avant qu’une mine ne puisse faire exploser <strong>la</strong><br />

jeep. Sarah et Flea se précipitèrent sur l’adjudant-chef qui avait perdu connaissance. Flea<br />

le prit sur l’épaule et se dépêcha à son tour <strong>de</strong> rejoindre le point <strong>de</strong> rassemblement. Alors que<br />

tout espoir semb<strong>la</strong>it disparaître à l’approche d’autres rebelles, <strong>de</strong>s hélicoptères arrivèrent<br />

après l’appel <strong>de</strong> détresse émis par Sarah. Ils furent ensuite rapatriés sur le porte-avion, <strong>la</strong><br />

mission ayant été réussite, malgré un homme blessé.<br />

Le jour <strong>de</strong>s récompenses est arrivé. Toute <strong>la</strong> troupe qui était partie au front en Arabie<br />

Saoudite était au grand complet. L’adjudant-chef, avec une attelle qui lui prenait toute <strong>la</strong><br />

jambe, était à <strong>la</strong> cérémonie et avait le privilège <strong>de</strong> médailler sa petite troupe en les félicitant.<br />

Juste après <strong>la</strong> cérémonie, il profita que Sarah fut seule un instant pour lui donner sa croix<br />

<strong>de</strong> guerre. Pour lui, elle <strong>la</strong> méritait car c’était grâce à elle et s’il était toujours en vie.<br />

7


UN LONG VOYAGE VERS LE BONHEUR<br />

Je me souviens, il y a encore <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, nous étions<br />

encore une belle famille avec mes parents, Célia, ma petite sœur <strong>de</strong> 8<br />

ans, Stan, mon petit frère <strong>de</strong> 5 ans et moi, Sophia, 14 ans. Tout al<strong>la</strong>it si<br />

bien. Il a fallu que le malheur s’abatte sur nous, peut être étions nous<br />

trop heureux à son goût. Ce malheur, c’était <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> ma mère le 27<br />

novembre 2000. Ce jour fut le pire <strong>de</strong> ma vie. Mes petits frères et sœurs<br />

faisaient <strong>de</strong>s cauchemars toutes les nuits, mon père était tombé dans<br />

l’alcool, et moi, j’étais seule, personne n’était là pour moi sauf mon petit<br />

ours en peluche. Mon père était <strong>de</strong> moins en moins présent à <strong>la</strong> maison.<br />

Tous les soirs, je <strong>de</strong>vais faire réciter les leçons à Célia, occuper Stan,<br />

faire mes <strong>de</strong>voirs, faire le ménage, <strong>la</strong> cuisine…. Je pense ne pas avoir à<br />

vous dire que mes notes étaient <strong>de</strong>venues catastrophiques. De temps en<br />

temps, mon père revenait. Il revenait mais jamais seul, nous avons déjà<br />

vu une blon<strong>de</strong>, une brune, une petite, une grosse…. Jusqu’au jour où on<br />

ne le vit pas pendant une semaine. J’essayais bien <strong>de</strong> le joindre, mais<br />

comme tout le mon<strong>de</strong> le sait, les portables ne fonctionnent jamais dans<br />

les moments importants. Je ne savais plus quoi faire, heureusement, il y<br />

avait un peu d’argent dans <strong>la</strong> tirelire commune mais l’argent ne fait pas<br />

tout. Ma plus gran<strong>de</strong> crainte était que d’autres personnes sachent que<br />

nous étions seules. Déjà ma mère nous abandonnait alors pourquoi<br />

notre père nous abandonnait il aussi ? Qu’avions-nous fait ? Étionsnous<br />

<strong>de</strong>s monstres ? Est-ce que c’était <strong>de</strong> notre faute qu’ils étaient<br />

partis ? Je ne sais plus quoi faire. A qui parler ? Les factures arrivaient<br />

sans arrêt, il n’y avait qu’une solution, partir d’ici. Mais où aller ?<br />

Je suis allée chercher dans les papiers qu’il reste. Ah oui, je<br />

ne vous ai pas dit, pendant que nous étions à l’école, papa en a profité<br />

pour récupérer toutes ses affaires, c’est tellement plus simple <strong>de</strong> le faire<br />

quand nous ne sommes pas là. Donc une fois mon enquête finie, nous<br />

étions prêt à partir chez une gran<strong>de</strong> cousine, elle s’appe<strong>la</strong>it Huguette.<br />

Papa et maman ne nous emmenaient jamais voir notre famille,<br />

conclusion, nous ne connaissions personne. Je ne vais pas vous cacher<br />

que j’avais une gran<strong>de</strong> peur <strong>de</strong> partir, surtout avec <strong>de</strong>s enfants si petits.<br />

C’était le grand jour, nous avions tous nos sac à dos remplis <strong>de</strong><br />

quelques vêtements, reste <strong>de</strong> biscuit et <strong>de</strong> bouteille d’eau. La seule<br />

chose que j’avais en plus d’eux, c’était notre restant d’argent, c'est-àdire<br />

63 €. Nous avions à peu prêt une soixantaine <strong>de</strong> kilomètres à<br />

parcourir pour aller chez notre gran<strong>de</strong> cousine Huguette. Tout d’abord,<br />

1


nous avons pris le train qui nous a emmené jusqu’à Baugy, puis un bus<br />

pour aller à Menetou et enfin, il <strong>de</strong>vait nous rester environ 8 kilomètres<br />

avant d’arriver dans <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> notre cousine. La marche fut difficile,<br />

nous avions faim, nos réserves étaient épuisées et il ne nous restait<br />

déjà plus que 45 €, c’est dans ses moments là qu’on se rend compte que<br />

l’argent part vite. Nous avons dû passer une nuit dans un petit hôtel<br />

sombre, sale….<br />

Pendant toute cette nuit là, je n’ai fait que <strong>de</strong> penser.<br />

Huguette al<strong>la</strong>it-elle nous reconnaître ? La seule fois où nous l’avions<br />

vu, Célia <strong>de</strong>vait avoir environ un an je crois. Comment al<strong>la</strong>it-elle nous<br />

accueillir ? Le matin est arrivé vite, il ne nous restait environ que quatre<br />

kilomètres à marcher. Nous avions pu nous débarbouiller <strong>la</strong> figure<br />

avant <strong>de</strong> partir, nous <strong>de</strong>vions être quand même à peu près présentables.<br />

Ca y est, après une heure et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> marche, nous étions enfin arrivés,<br />

<strong>la</strong> maison était gran<strong>de</strong>, simple et luxueuse en même temps. Tout était<br />

droit, <strong>la</strong> tonte était fraîche, les vitres étaient propres. Nous avons monté<br />

cinq marches puis frappé à <strong>la</strong> porte, personne n’a répondu. Nous avons<br />

attendu quelques heures, tous les trois, assis en haut <strong>de</strong>s quelques<br />

marches. Quand soudain une dame d’une cinquantaine d’année est<br />

arrivée vêtue d’une jupe plissée grise, d’un chemisier b<strong>la</strong>nc, d’un gilet<br />

noir, <strong>de</strong> bottines noires, un chignon et <strong>de</strong>s lunettes. Elle avait un air<br />

strict et froid. Nous nous sommes levés et avons fait notre plus beau<br />

sourire, sa bouche à elle resta coincée.<br />

« - Bonjour, êtes-vous bien Huguette Fareneli ?<br />

- Pourquoi ?<br />

- Voilà, nous sommes les enfants <strong>de</strong> Angé<strong>la</strong> et Luc Sinka, voici Célia,<br />

ma petite sœur, Stan, mon petit frère et moi, je suis Sophia. Notre père<br />

est parti en voyage et il nous a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> venir quelque temps chez<br />

vous.<br />

- Bon, entrez, il fait pas si chaud que ce<strong>la</strong>. Moi je suis Clémence, <strong>la</strong> fille<br />

d’Huguette. Ma pauvre mère nous a quittés il y a environ quatre ans.<br />

Avez-vous goûté ?<br />

- Non madame.<br />

- Bon, nous allons tout reprendre <strong>de</strong>puis le début en buvant un bon<br />

choco<strong>la</strong>t chaud. »<br />

2


Le restant <strong>de</strong> l’après-midi se dérou<strong>la</strong> très bien, j’étais assez<br />

contente d’être arrivée jusqu’ici. Je lui avais dit toute <strong>la</strong> vérité sur nous.<br />

Nous avons aussi parlé <strong>de</strong> notre famille, nos cousines, nos cousins,<br />

notre grand-mère….Mais avant <strong>de</strong> me coucher, Clémence m’a pris à part<br />

et m’a dit :<br />

« - Je ne peux pas vous gar<strong>de</strong>r, <strong>de</strong>main, nous irons voir tous ensemble<br />

l’assistante sociale et nous vous trouverons <strong>de</strong>s familles d’accueil dans<br />

lesquels vous serez très bien. Allez, va te coucher maintenant ! »<br />

Ses paroles m’ont fait froid dans le dos, nous ne voulions<br />

pas être séparés. Je pris donc <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> partir pendant <strong>la</strong> nuit avec<br />

Célia et Stan. Nous irons chez notre grand-mère.<br />

Vers 5 heures du matin, nous voilà sur <strong>la</strong> route. Avec trente<br />

euros, j’espère que nous allons pouvoir arriver chez notre grand-mère.<br />

La veille, Clémence nous avait parlé <strong>de</strong> lieu où habitait Ma<strong>de</strong>leine<br />

Brillou, notre mamie. Elle habitait à environ cinquante six kilomètres<br />

d’ici. Nous allions donc prendre le train et marcher. Arrivés dans <strong>la</strong> ville<br />

<strong>de</strong> notre grand-mère, j’ai <strong>de</strong>mandé à <strong>la</strong> marchan<strong>de</strong> <strong>de</strong> légumes si elle<br />

connaissait Ma<strong>de</strong>leine Brillou. Après un acquiescement <strong>de</strong> sa part, elle<br />

m’a donné l’adresse mais m’a surtout répétée que Ma<strong>de</strong>leine était une<br />

gran<strong>de</strong> folle, une méchante, une ronchonneuse….Bref, elle m’a<br />

déconseillée d’aller <strong>la</strong> voir. Je n’avais pas le choix, il fal<strong>la</strong>it que j’y aille.<br />

J’ai donc dit à ma sœur et à mon frère <strong>de</strong> m’attendre dans le parc <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville pendant que j’irai voir notre grand-mère. Me voilà sur <strong>la</strong> route, il<br />

m’a fallu environ une <strong>de</strong>mi heure pour arriver chez mamie. Elle habitait<br />

dans une gran<strong>de</strong> ferme, dommage que celle-ci ait été en friche, sinon,<br />

elle aurait été très belle. Je suis allée frapper à <strong>la</strong> porte mais personne<br />

ne m’a répondu. J’ai donc fait le tour <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison quand une vieille voix<br />

me dit :<br />

« - Qui t’a dit d’entrer ?<br />

- Bonjour, j’ai frappé mais personne ne m’a répondu donc je me suis<br />

permise <strong>de</strong> faire le tour.<br />

- Eh bien tu peux repartir !<br />

- Je vou<strong>la</strong>is juste savoir si vous aviez un peu <strong>de</strong> travail à me<br />

proposer ?<br />

- Non, alors va-t-en !<br />

3


- C’est bien ce que <strong>la</strong> marchan<strong>de</strong> m’a dit, vous êtes méchante.<br />

- Qui es tu pour me parler comme ça ?<br />

- Votre petite fille.<br />

Ma grand-mère a eu <strong>la</strong> bouche bée. Elle n’a plus su quoi dire.<br />

« - Je suppose que tu n’es pas venu seule ?<br />

- Non, il y a mon petit frère et ma petite sœur qui sont au parc.<br />

- Va les chercher. »<br />

J’ai couru pour aller les chercher. Célia et Stan m’ont posé<br />

plein <strong>de</strong> questions sur mamie. Comment était-elle ? Comment était <strong>la</strong><br />

maison ? Je leur ai dit qu’elle était froi<strong>de</strong> mais qu’il ne fal<strong>la</strong>it pas avoir<br />

peur, je pense que sa méchanceté était sa carapace. Quand nous<br />

sommes arrivés, nous n’osions pas parler, bouger et peut être même<br />

tousser. Mamie était distante avec nous, c’était à peine si elle nous<br />

regardait. Nous n’aurions pas été là ça serait revenu au même. Le soir<br />

au souper, elle nous a dit que le len<strong>de</strong>main après le petit-déjeuner nous<br />

<strong>de</strong>vrions partir, elle nous remettrait dans le prochain car pour<br />

retourner chez nous. Donc <strong>la</strong> nuit, j’ai monté un p<strong>la</strong>n. Nous nous<br />

lèverons plus tôt que mamie et nous débroussaillerons le jardin, comme<br />

ce<strong>la</strong>, elle sera obligée <strong>de</strong> nous gar<strong>de</strong>r pour <strong>la</strong> journée et après <strong>de</strong>main<br />

matin, nous remettrons en état <strong>la</strong> grange etc.…. Notre p<strong>la</strong>n avait marché.<br />

Le temps aidant, notre mamie <strong>de</strong>venait plus gentille. Mais le troisième<br />

jour, après le petit-déjeuner, mamie nous a emmenés au car pour partir.<br />

Nous, nous ne voulions pas. Nous voulions rester avec notre mamie.<br />

Nous savions très bien que si nous retournions chez nous l’assistante<br />

sociale nous séparera et nous p<strong>la</strong>cera dans <strong>de</strong>s familles d’accueil. Nous<br />

attendions donc le car à l’arrêt <strong>de</strong> Brécy, nous étions triste, nous ne<br />

disions rien. On en vou<strong>la</strong>it à notre grand-mère. Une fois le car passé,<br />

nous étions toujours là, assis sur le banc, avec notre mamie. Nous<br />

avions réussi à <strong>la</strong> faire changer d’avis. Notre <strong>nouvelle</strong> vie était là, avec<br />

notre mamie. Nous avions enfin une maison. Ce<strong>la</strong> fait trois ans que nous<br />

habitons chez mamie et que nous vivons un grand bonheur.<br />

4


¤ À TOI ¤<br />

Mardi 19 avril 2005<br />

Hier quand tu as définitivement fermé les yeux dans mes bras, les vingt<br />

années <strong>de</strong> ma vie se sont envolées en même temps que ton âme.<br />

Depuis ces quelques heures, qui me semble une éternité, je me sens si seule, si<br />

vi<strong>de</strong> et si triste que je n’ai pu fermer l’œil et cesser <strong>de</strong> pleurer.<br />

Tu me manques tellement…<br />

Hier juste avant <strong>de</strong> partir, tu as émis le souhait (en tant que <strong>de</strong>rnière volonté)<br />

que je lise ton journal et j’ai refusé car c’était toute l’intimité <strong>de</strong> ton passé. Mais<br />

quand tu es partie j’étais tellement mal que je n’avais plus qu’une pensée : te<br />

rejoindre. Je savais que ce n’était pas possible, je ne pouvais pas moi aussi<br />

abandonner les parents. Ils venaient <strong>de</strong> perdre une <strong>de</strong> leurs jumelles et je savais que<br />

<strong>la</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième leur serait fatale. Alors pour essayer d’être <strong>de</strong> nouveau avec<br />

toi, j’ai décidé <strong>de</strong> lire ton journal.<br />

C’est ainsi que <strong>de</strong>puis hier je revis notre vie. La remémorer jour après jour à<br />

travers ton journal me permet d’être sûre <strong>de</strong> ne rien oublier <strong>de</strong> nos moments passés<br />

ensemble <strong>de</strong>puis nos 12 ans.<br />

Pendant ces longues heures où je lisais, c’était comme si nos esprits étaient <strong>de</strong><br />

nouveaux liés. J’avais l’impression <strong>de</strong> sentir ta présence, <strong>de</strong> t’écouter me murmurer<br />

<strong>de</strong>s commentaires au fur et à mesure que je lisais et j’ai ressenti d’autres choses si<br />

étranges que je ne peux te les définir. Mais je sais que tu étais là avec moi et que nous<br />

avons partagé toute les <strong>de</strong>ux tes pensées antérieures. Plus je parcourais ton journal et<br />

plus ma mémoire réalisait <strong>de</strong>s f<strong>la</strong>sh-back.<br />

Certains m’ont fait sourire…<br />

Dimanche 3 septembre 2000 :<br />

Cher journal,<br />

Demain, c’est <strong>la</strong> rentrée ! J’ai trop hâte mais aussi trop peur.<br />

Fini <strong>la</strong> maternelle, <strong>la</strong> primaire, le collège, là je vais au LYCÉE.<br />

1


Au LYCÉE, c’est trop bien parce que tu peux faire tout ce que tu veux !<br />

Clément, un copain <strong>de</strong> ma c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière m’a dit qu’au LYCÉE je serai plus obliger <strong>de</strong> faire<br />

mes <strong>de</strong>voirs, que je pourrais sécher autant que je vou<strong>la</strong>is parce qu’au LYCÉE, ils n’envoyent plus <strong>de</strong> lettres aux<br />

parents et il m’a même dit que je pourrais avoir mon portable et surtout que j’aurais le droit <strong>de</strong> fumer dans <strong>la</strong> cour.<br />

T’as vu, ça va être vraiment trop cool le LYCÉE !<br />

Tu as bien changé d’opinion <strong>de</strong>puis !<br />

Clément t’avait vraiment donné une bonne image du lycée, et tu as beaucoup<br />

été déçue face à <strong>la</strong> réalité.<br />

Heureusement que personne ne t’a parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> fac avant que tu y ailles, comme<br />

ça tu as pu t’en faire ta propre image.<br />

Dommage que tu n’ais pu aller au bout <strong>de</strong> ta <strong>de</strong>uxième année <strong>de</strong> droit et<br />

surtout au bout <strong>de</strong> ton ambition. Je suis convaincue que tu aurais fait une excellente<br />

avocate.<br />

D’autres souvenirs, plus forts, m’ont fait éc<strong>la</strong>ter <strong>de</strong> rire…<br />

Lundi 27 janvier 2003 :<br />

Cher journal,<br />

Aujourd’hui j’ai eu 18 ans ! Enfin ! Depuis le temps que je les attendais.<br />

Tu me connais pour marquer le coup, il fal<strong>la</strong>it que j’en fasse une bonne. Je te raconte…<br />

Alors comme tous les matins j’étais à <strong>la</strong> bourre. Émeline n’arrêtait pas <strong>de</strong> me répéter <strong>de</strong> me dépêcher<br />

parce que sinon on al<strong>la</strong>it encore louper le car. Elle avait beau hurler mais je pouvais pas sortir sans être maquillée.<br />

Elle comprend pas que si je passe une heure <strong>de</strong>vant l’armoire pour choisir ce que je vais mettre et une heure <strong>de</strong>vant<br />

le miroir à me faire belle c’est juste parce qu’il faut absolument que je p<strong>la</strong>ise à Thibault.<br />

Il était 7h43 à mon réveil et le car nous prenait à 7h45 <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> maison.<br />

Alors pour éviter <strong>de</strong> le rater encore une fois je me suis mise à courir partout même dans l’escalier.<br />

Seulement j’avais oublié que Maman l’avait ciré <strong>la</strong> veille ! Résultat : j’ai <strong>de</strong>scendu l’escalier en rou<strong>la</strong>nt.<br />

Tu vois, pour une fois j’ai voulu vraiment me dépêcher et maintenant je me retrouve avec un plâtre à <strong>la</strong><br />

cheville et <strong>de</strong>s béquilles pendant un mois. SUPER LES 18 ANS…<br />

En tout cas j’oublierais jamais <strong>la</strong> tête d’Émeline quand elle m’a vu arriver en bas sur les fesses.<br />

Elle était morte <strong>de</strong> rire et à mon avis elle a pas fini <strong>de</strong> se fiche <strong>de</strong> moi !!<br />

2


Je suis toujours morte <strong>de</strong> rire.<br />

Je n’avais jamais oublié mais le fait <strong>de</strong> le relire me fait du bien même si je sais<br />

que je ne t’attendrais plus tous les matins, que tu ne <strong>de</strong>scendras plus les escaliers…<br />

Ou au contraire éc<strong>la</strong>ter en sanglots…<br />

Jeudi 19 août 2004 :<br />

Cher journal,<br />

Aujourd’hui c’est le jour le plus noir <strong>de</strong> ma vie.<br />

À 15h30, j’avais ren<strong>de</strong>z-vous avec le docteur Keller pour avoir les résultats <strong>de</strong> mes examens.<br />

Je t’avais dis que <strong>de</strong>puis quelques temps je ne me sentais vraiment pas bien. J’étais toujours très fatiguée, je<br />

maigrissais à vue d’œil…<br />

Le verdict est tombé ! J’ai <strong>la</strong> leucémie.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin m’a affirmé que je pourrais guérir car le cancer est peu développé.<br />

Mais j’ai peur… Je ne veux pas mourir…<br />

Et que va <strong>de</strong>venir Émeline, ma jumelle, si je pars ? On ne peut pas vivre l’une sans l’autre.<br />

Et mes parents ?<br />

S’il vous p<strong>la</strong>ît mon Dieu, guérissez moi. J’ai 19 ans et encore toute <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>vant moi. Acceptez <strong>de</strong> me<br />

sauver et je vous jure que je ne vous décevrais pas.<br />

Tu vois, ton Dieu n’a pas exaucé ta prière. Je t’avais bien dis qu’il n’existait<br />

pas ! Avant je n’y croyais pas mais je doutais quand même. Maintenant je n’en ais<br />

plus aucun, il n’existe pas. Sinon il t’aurait guérie et pas arrachée à moi.<br />

Depuis que tu m’as annoncé ta ma<strong>la</strong>die, nous en avons bien traversé <strong>de</strong>s<br />

épreuves. Les plus douloureuses resteront toujours sur mon cœur. Je pense<br />

notamment à ta souffrance quotidienne, à <strong>la</strong> transfusion sanguine, à ta rechute, à tes<br />

séances <strong>de</strong> chimiothérapie et surtout à ton suici<strong>de</strong>.<br />

Le fait <strong>de</strong> lire ton journal m’a aussi démontré à quel point nous étions liées<br />

mentalement. Nous avons toujours cru aux liens qui pouvaient unir <strong>de</strong>ux sœurs<br />

jumelles et nos journaux respectifs en sont <strong>la</strong> preuve.<br />

3


En lisant certains <strong>de</strong>s moments passés ensemble que tu racontais, j’avais l’impression<br />

que mes pensées s’inscrivaient au fur et à mesure que je me souvenais et en<br />

comparant ces évènements à travers nos journaux, je me suis aperçue que nous les<br />

avons raconté <strong>de</strong> manière simi<strong>la</strong>ire.<br />

bien qu’une !<br />

Tu vois les parents n’ont jamais voulu l’admettre, mais toi et moi nous faisions<br />

La lecture <strong>de</strong> ton journal m’a envahit <strong>de</strong> souvenirs. D’ailleurs, je l’ai arrêté au<br />

dimanche 10 avril 2005 car pour moi les meilleurs resteront <strong>la</strong> semaine que l’on vient<br />

<strong>de</strong> passer ensemble.<br />

Je n’oublierais jamais ces <strong>de</strong>rniers jours et je crois qu’ils <strong>de</strong>meureront les plus<br />

beaux <strong>de</strong> notre vie ensemble. En lisant ton journal j’ai eu envie <strong>de</strong> revivre tes ultimes<br />

jours avec toi par cette lettre et à travers ton journal.<br />

Dimanche 10 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Aujourd’hui, j’ai pris une gran<strong>de</strong> décision, j’ai décidé d’arrêter mon traitement dès <strong>de</strong>main. Je me souviens<br />

qu’un jour <strong>de</strong> Dr Keller m’avait dit que si j’arrêtais <strong>de</strong> le prendre, je mourrais en quelques jours et c’est ce que je<br />

veux : partir doucement.<br />

Demain je pars avec Émeline faire le tour <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.<br />

Les parents nous ont autorisés à partir toute les <strong>de</strong>ux en voiture. On partira très tôt <strong>de</strong>main matin et on<br />

rentrera sûrement samedi.<br />

Je suis trop contente. J’espère que tout va bien se passer et surtout que cette fichue ma<strong>la</strong>die saura se faire<br />

oublier quelques jours afin que je profite à fond <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>rniers instants avec ma jumelle.<br />

Lundi 11 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Comme convenu Émeline et moi sommes parties quelques jours en vacances.<br />

Là on est dans une chambre d’hôtel près du Mont St Michel.<br />

On est partie ce matin à 6h, ce qui nous a permis <strong>de</strong> manger sur <strong>la</strong> côte bretonne, à Brest exactement, le<br />

midi. Ensuite on a repris <strong>la</strong> voiture pour longer <strong>la</strong> côte <strong>de</strong> Brest au Mont St Michel. On a fait plusieurs escales<br />

4


notamment à <strong>la</strong> pointe <strong>de</strong> Roscoff, à St Brieuc et à St Malo Les paysages sont vraiment magnifiques. J’ai pris<br />

beaucoup <strong>de</strong> photos. J’ai adoré cette journée !<br />

Je suis très fatiguée mais je ne le montre pas à Émeline car sinon elle va m’obliger à rentrer. Alors je vais<br />

tenter <strong>de</strong> passer une bonne nuit afin d’aller mieux <strong>de</strong>main.<br />

Normalement <strong>de</strong>main on fini <strong>la</strong> côte jusqu’à <strong>la</strong> frontière belge.<br />

Mardi 12 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Là je suis aux Sables d’Olonne. Finalement il y a eu un changement <strong>de</strong> programme. On a trouvé plus<br />

intéressant <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre sur <strong>la</strong> côte vendéenne plutôt que <strong>de</strong> monter vers <strong>la</strong> Belgique.<br />

Là aussi les vues sont vraiment belles. J’ai pris le temps <strong>de</strong> les admirer pendant les trajets en voiture mais<br />

surtout quand on s’est arrêtée faire quelques promena<strong>de</strong>s.<br />

Moi ça me fait du bien <strong>de</strong> prendre un air nouveau et ça permet à Émeline <strong>de</strong> se dégourdir les jambes car<br />

elle en fait <strong>de</strong>s kilomètres pour me changer d’air.<br />

Aujourd’hui j’ai l’impression que je vais mieux (alors que je prends plus mes médocs <strong>de</strong>puis hier). Je suis<br />

toujours fatiguée mais au moins je n’ais pas vomis tripes et boyaux comme les autres jours. Je l’ai dit à Émeline,<br />

elle était si contente…<br />

Mercredi 13 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Je t’écris d’Arcachon. c’est toujours sur <strong>la</strong> côte et près <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Aujourd’hui on a passé <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’après midi sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Il y avait un peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>. On s’est baignée<br />

même si <strong>la</strong> mer était encore un peu fraîche et j’ai tenté <strong>de</strong> bronzer un petit peu mais c’est sans grands résultats.<br />

Émeline ne vou<strong>la</strong>it pas que je me baigne, elle m’a dit qu’il ne fal<strong>la</strong>it pas trop que je me découvre et que<br />

j’évite d’aller dans l’eau pour ne pas choper <strong>de</strong>s microbes. Mais j’ai tellement insisté, sur le fait que c’était mes<br />

<strong>de</strong>rniers jours et que je vou<strong>la</strong>is donc en profiter à fond, qu’elle a fini par cé<strong>de</strong>r (à contre cœur bien sûr).<br />

J’ai passé une excellente journée ! Je suis très heureuse.<br />

De l’hôtel où on est on peut voir <strong>la</strong> mer à travers <strong>la</strong> fenêtre et là Émeline et moi assistons en direct à un<br />

coucher <strong>de</strong> soleil sur <strong>la</strong> mer, c’est superbe !<br />

Je me sens calme, apaisée, sereine… je souhaiterais partir dans un état d’esprit proche <strong>de</strong> celui là.<br />

5


Jeudi 14 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Aujourd’hui on a pas bougé <strong>de</strong> l’hôtel. Émeline m’a veillé toute <strong>la</strong> nuit parce que j’étais grave ma<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

Elle s’en veut beaucoup <strong>de</strong> m’avoir <strong>la</strong>issé me baigner hier, elle dit que c’est <strong>de</strong> sa faute si je suis ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, qu’elle<br />

aurait du m’empêcher d’aller me baigner et pas seulement me prévenir.<br />

J’ai beau lui dire qu’elle n’a rien à se reprocher, que tout est du à cette fichue ma<strong>la</strong>die et que j’étais déjà ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

bien avant d’aller me baigner.<br />

Je crois que j’arrive à <strong>la</strong> fin. J’en peux plus. J’en ai trop marre.<br />

Après avoir subie <strong>la</strong> transfusion sanguine, endurée <strong>la</strong> chimio,… je pense que je me suis déjà bien battue et<br />

<strong>de</strong> toute façon je sais que c’est elle qui me vaincra.<br />

Vendredi 15 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Malheureusement aujourd’hui je ne me sens pas mieux.<br />

J’ai décidé <strong>de</strong> faire part à Émeline <strong>de</strong> mon abandon du combat. Je sais qu’elle me comprendra mais elle ne<br />

m’approuvera pas pour autant. Elle va me dire que j’ai toujours été une battante, que je peux pas baisser les<br />

bras… mais moi je ne veux plus me battre, qu’elle m’emporte et que je sois enfin débarrassée ! Ça fait maintenant<br />

8 mois que je lutte, il est temps que cet acharnement se termine.<br />

Samedi 16 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Émeline et moi sommes <strong>de</strong> retour à <strong>la</strong> maison.<br />

Je suis encore plus mal que ces <strong>de</strong>rniers jours, je te jure j’en peux plus !<br />

Je n’ai pas encore osé lui parler mais il faut que je le fasse, sûrement tout à l’heure et je parlerais aux<br />

parents <strong>de</strong>main. De toute façon ma décision est prise, je veux en finir. Quoi qu’ils disent, je ne changerais pas<br />

d’avis, pour moi il est temps d’aller rejoindre les anges au Paradis. Je sais qu’ils ne m’approuveront pas et je peux<br />

le comprendre mais j’espère qu’ils respecteront mon choix.<br />

Dimanche 17 avril 2005 :<br />

Cher journal,<br />

Hier comme prévu, j’ai parlé à Émeline. Évi<strong>de</strong>mment elle l’a très mal pris.<br />

Elle m’a dit que je ne pouvais pas lui faire çà, que je n’avais pas le droit <strong>de</strong> l’abandonner…<br />

Elle m’a dit <strong>de</strong>s choses qui m’ont beaucoup blessée, mais je <strong>la</strong> comprends. Je suis sa moitié, c’est normal qu’elle ne<br />

veuille pas me perdre, je penserais pareil dans le cas inverse.<br />

6


J’ai aussi parlé aux parents. Eux, ils se sont effondrés. Ils m’ont répétés que je ne pouvais pas leur faire<br />

çà, qu’il fal<strong>la</strong>it que je continue <strong>de</strong> me battre…<br />

Mais il n’y a plus d’espoir, leur ais-je dis. C’est <strong>la</strong> fin pour moi, je le sens. Et je les ais supplié <strong>de</strong> me<br />

<strong>la</strong>isser partir et que <strong>de</strong> toute façon ce n’était plus qu’une question d’heures.<br />

Là, ils ont pas compris. Émeline, Papa et Maman me regardaient avec <strong>de</strong>s yeux écarquillés. Je<br />

n’oublierais jamais leurs regards. Je leur ais alors expliqué que j’avais arrêté <strong>de</strong> prendre mon traitement <strong>de</strong>puis une<br />

semaine et donc que c’était pour çà que j’étais si ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>puis jeudi. J’ai lu dans le regard d’Émeline qu’elle avait<br />

alors compris que ce n’était pas <strong>la</strong> baigna<strong>de</strong> qui m’avait rendu ma<strong>la</strong><strong>de</strong> mais tout simplement moi.<br />

Je leur ais rappelé une phrase que nous avait dit le Dr Keller lors d’une <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>rnières visites. Je ne l’ais<br />

jamais oublié, il a dit : surtout prends bien ton traitement tous les jours car l’arrêt total <strong>de</strong> celui-ci te serais fatal au<br />

bout <strong>de</strong> quelques jours.<br />

Leurs yeux étaient fixés sur moi et je pouvais lire <strong>de</strong> l’incompréhension, <strong>de</strong> <strong>la</strong> tristesse, et encore pleins<br />

d’autres choses dans leurs regards.<br />

Après une longue, très longue discussion, ils ont décidés <strong>de</strong> me <strong>la</strong>isser partir car ils avaient compris qu’il<br />

était trop tard pour moi et que mon choix était déjà fait.<br />

Alors j’ai pleuré, je les ais tous serré dans mes bras, je les ais remercié, je leur ais surtout dit que je les<br />

aimais et je suis allée me coucher dans mon lit et attendre que les anges <strong>de</strong> Dieu viennent me chercher.<br />

Je sens que <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> mon calvaire est très proche. Même si je suis très très mal, je suis dans un excellent<br />

état d’esprit pour partir, exactement comme je le souhaitais.<br />

Alors peut-être à <strong>de</strong>main, cher journal, sinon Adieu.<br />

Voilà, je viens <strong>de</strong> partager tes <strong>de</strong>rnières pensées. Ça m’a bouleversée.<br />

Dimanche, après avoir écrit ton journal, tu nous as appelé Papa, Maman et<br />

moi pour qu’on te fasse l’ultime adieu. Tu savais que ton départ n’était plus qu’une<br />

question <strong>de</strong> quelques heures et tu ne pensais pas passer <strong>la</strong> nuit. Alors nous t’avons<br />

veillé toute <strong>la</strong> nuit tout les trois afin d’être près <strong>de</strong> toi quand tu partirais. Mais lundi<br />

matin, hier, tu t’es réveillé. Tu nous as dit que les anges arrivaient. Tu as <strong>de</strong>mandé<br />

une <strong>de</strong>rnière volonté à chacun <strong>de</strong> nous et tu t’es mise à pleurer.<br />

Je t’ai prise dans mes bras et serré très fort.<br />

Alors tu nous a dit « je vous aime » en émettant ton <strong>de</strong>rnier souffle et tu as fermé tes<br />

beaux yeux verts.<br />

Papa, Maman et moi avons éc<strong>la</strong>té en sanglots.<br />

Le lundi 18 avril sera un jour <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil pour nous.<br />

7


Demain lors <strong>de</strong> ton enterrement je déposerais cette lettre avec toi. Elle<br />

représente tout ce que je pense et ce que je ressens.<br />

Sache que hier j’ai perdu à <strong>la</strong> fois ma sœur jumelle, ma meilleure amie et <strong>la</strong><br />

moitié <strong>de</strong> mon cœur qui s’est envolée en même temps que ton âme.<br />

Rien ne t’effacera, même pas le temps,<br />

Tu <strong>de</strong>meureras en moi,<br />

Je ne t’oublierais jamais,<br />

Tu me manqueras éternellement,<br />

Amandine et Émeline forever…<br />

Je t’aime.<br />

Ta sœur, ta moitié,<br />

*ÉMELINE*<br />

8


Le piano<br />

Un jour, une sans domicile fixe (Charlotte) se promenait dans <strong>la</strong> rue et<br />

trouve un porte-monnaie. Dans celui-ci, il y avait un billet <strong>de</strong> cinq cent<br />

euros. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle était très contente <strong>de</strong> sa trouvaille.<br />

Elle se disait qu’elle achèterait bien un peu <strong>de</strong> nourriture ainsi qu’un billet <strong>de</strong><br />

loto vu <strong>la</strong> chance qu’elle avait aujourd’hui.<br />

Elle rentrait donc dans un bar qui faisait tabac et prenait son billet. Elle<br />

rencontrait en chemin un ami <strong>de</strong> longue date, Norbert, lui aussi sans<br />

domicile fixe. Elle lui rembourserait ce qu’elle lui <strong>de</strong>vait.<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, Charlotte achetait le journal pour savoir si elle<br />

avait gagné (Charlotte ne savait pas encore car elle n’avait pas <strong>de</strong> télé). Elle<br />

remarquait alors en première page qu’il y avait un gagnant, encore inconnu.<br />

Elle se dépêchait d’ouvrir <strong>la</strong> page où les numéros y étaient inscrits. Elle<br />

comparait ses numéros et ceux du journal et constatait que ce n’étaient pas<br />

les bons. Manque <strong>de</strong> chance, ce n’était pas elle qui avait gagné. Mais elle<br />

voyait alors une personne sauter <strong>de</strong> joie et apercevait son ami Norbert qui<br />

était très heureux. C’était lui le gagnant. Celui-ci était <strong>de</strong>venu riche en<br />

quelques minutes grâce à Charlotte qui lui avait donné un peu d’argent pour<br />

qu’il puisse se nourrir. Celui-ci était <strong>de</strong>venu célèbre alors que <strong>la</strong> veille<br />

personne ne le remarquait ou ne lui disait pas bonjour.<br />

Il <strong>la</strong> remercia et al<strong>la</strong> à <strong>la</strong> Française <strong>de</strong>s Jeux pour empocher son gain.<br />

Quatre millions d’euros !<br />

1


Avec cet argent, il s’acheta une maison « cash » qu’il partagerait avec<br />

son amie Charlotte. Ils s’achetaient <strong>de</strong>s habits tous les <strong>de</strong>ux et faisaient <strong>de</strong>s<br />

courses en prenant <strong>de</strong>s choses qu’ils n’avaient jamais mangé. Mais une fois par<br />

semaine, il <strong>de</strong>vait aller chez un psychologue car <strong>la</strong> Française <strong>de</strong>s Jeux lui avait<br />

conseillé et même un peu obligé pour ne pas qu’il gaspille son argent ou qu’il<br />

ne <strong>de</strong>vienne fou. C’était grâce à elle s’il était riche et lui était très<br />

reconnaissant. Et puis à chaque fois qu’elle avait un peu d’argent ou <strong>de</strong><br />

nourriture, elle lui en donnait <strong>de</strong> bon cœur.<br />

Un jour, elle lui avait même sauvé <strong>la</strong> vie. C’était un soir où il neigeait.<br />

Norbert était tout gelé, b<strong>la</strong>nc et il <strong>de</strong>venait tout violet à cause du froid. Elle<br />

avait parcourut cinq kilomètres à pied, dans le froid, avec Norbert dans les<br />

bras pour trouver un hôpital. Grâce à elle, aujourd’hui, il était bon vivant car<br />

à l’hôpital il leur avait offert un lit (même pour Charlotte qui était <strong>de</strong>venue<br />

comme Norbert), <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne nourriture pendant vingt quatre heures. Et<br />

<strong>de</strong>puis ce temps-là, ils étaient inséparables et tous les SDF les surnommait les<br />

inséparables.<br />

Alors Norbert avait acheté une maison qu’il partageait avec Charlotte.<br />

Ils vivaient comme <strong>de</strong>s rois. Ils avaient pour eux tous seuls une femme <strong>de</strong><br />

ménage, une cuisinière, une infirmière à domicile, un chauffeur (car ils<br />

n’avaient pas le permis).<br />

Charlotte avait trente cinq ans et Norbert trente sept. Norbert et<br />

Charlotte finissaient par dormir dans <strong>la</strong> même chambre et surtout dans le<br />

même lit. Ils sortaient ensemble et étaient très amoureux l’un <strong>de</strong> l’autre.<br />

2


Deux ans plus tard, alors que tout se passait bien entre eux, Charlotte<br />

voulut un enfant <strong>de</strong> Norbert. Elle lui <strong>de</strong>manda s’il était d’accord et se justifia<br />

en lui disant qu’après quarante ans se serait trop tard. Elle lui rappe<strong>la</strong> que<br />

maintenant qu’elle avait ses trente sept ans et que lui en avait trente neuf,<br />

qu’il serait temps et que maintenant ils avaient les moyens pour nourrir leurs<br />

enfants ainsi que d’embaucher une nourrice. Il lui sauta au coup ce qui<br />

vou<strong>la</strong>it dire oui !<br />

Neuf mois après, Charlotte accouchait d’une petite fille, Sandra. Elle<br />

ressemb<strong>la</strong>it fort à Norbert qui était comblé et très heureux. Elle fut baptisée<br />

le jour <strong>de</strong> leur mariage qui se fit pour le premier anniversaire <strong>de</strong> Sandra.<br />

Ils étaient heureux tous les trois et bientôt tous les cinq car Charlotte<br />

était <strong>de</strong> nouveau enceinte mais pas seulement d’un seul bébé mais <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux.<br />

Tout ceci s’est passé quinze mois après <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> Sandra. Quand Norbert<br />

apprit ce<strong>la</strong>, il fit un ma<strong>la</strong>ise qui se définissait par un infarctus. Il s’en remit le<br />

jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong>s jumeaux, Marcus et Mario.<br />

Une semaine après l’accouchement, Charlotte et Norbert rentraient à <strong>la</strong><br />

maison avec leurs trois enfants. Tout le mon<strong>de</strong> était heureux et Norbert al<strong>la</strong>it<br />

beaucoup mieux. Elle savait que bientôt c’était son anniversaire et que peu<br />

<strong>de</strong> temps après c’était celui <strong>de</strong> Norbert. Elle aurait donc trente huit ans et<br />

Norbert quarante ans. Elle vou<strong>la</strong>it organiser une fête pour Norbert. Elle<br />

organisait alors une gran<strong>de</strong> soirée en invitant <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> Norbert qu’il avait<br />

perdu <strong>de</strong> vue. Elle les contacta par téléphone, par lettre. Elle avait fait<br />

plusieurs recherches auprès <strong>de</strong> leur mairie <strong>de</strong> leur vil<strong>la</strong>ge. Après quelques<br />

semaines, elle avait trouvé tout le mon<strong>de</strong> sans que Norbert ne se doutât <strong>de</strong><br />

3


quelque chose. Elle avait fait ça bien discrètement. Elle lui offrira un ca<strong>de</strong>au<br />

que Norbert avait toujours souhaité.<br />

Soixante dix personnes étaient invitées et tous étaient <strong>de</strong>s SDF sauf le<br />

personnel <strong>de</strong> Charlotte et Norbert.<br />

Le soir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fête, Charlotte expliquait à Norbert qu’elle avait une<br />

surprise pour lui mais qu’il <strong>de</strong>vait mettre un ban<strong>de</strong>au sur ses yeux sans rien lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en échange. Il accepta. Tout le personnel était au courant et<br />

charlotte leur avait <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne rien dire à Norbert.<br />

Quand ils arrivaient à <strong>de</strong>stination, Charlotte lui <strong>de</strong>mandait d’attendre<br />

<strong>de</strong>ux minutes dans <strong>la</strong> voiture. Pendant ce temps, elle rentrait dans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s<br />

fêtes et tous les invités étaient présents. Elle leur <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> ne faire aucun<br />

bruit quand ils entendraient que Charlotte et Norbert arriveraient.<br />

Elle retournait dans <strong>la</strong> voiture et disait à Norbert qu’il pouvait enlever<br />

son ban<strong>de</strong>au. Il voyait qu’il était <strong>de</strong>vant une salle <strong>de</strong>s fêtes mais ne<br />

comprenait pas sur le coup. Ils rentraient donc dans <strong>la</strong> salle et, tout le mon<strong>de</strong><br />

en cœur, souhaitait un heureux et joyeux anniversaire à Norbert qui était très<br />

surpris et surtout très joyeux <strong>de</strong> revoir <strong>de</strong>s personnes qu’il aimait beaucoup et<br />

qu’il avait perdues <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>puis qu’il avait gagné au loto.<br />

La soirée se dérou<strong>la</strong>it bien, sans alcool et tout le mon<strong>de</strong> était heureux.<br />

Arriver au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> soirée, charlotte <strong>de</strong>mandait à tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> se taire<br />

afin qu’elle puisse offrir le ca<strong>de</strong>au à son mari. Le ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Norbert était dans<br />

4


un énorme carton, mais celui-ci n’avait aucune image ni écriture donc<br />

personne et surtout Norbert ne pouvait <strong>de</strong>viner ce que c’était.<br />

Norbert, pressé <strong>de</strong> savoir, déchira le carton et découvrit un ordinateur<br />

portable <strong>de</strong>rnier cri avec lecteur <strong>de</strong> graveur <strong>de</strong> DVD intégré, Internet et tout<br />

ce qu’un ordinateur tout récent possédait.<br />

Vers trois heures du matin, Charlotte inquiète, al<strong>la</strong> vérifier si les enfants<br />

al<strong>la</strong>ient bien. Elle entrait dans <strong>la</strong> pièce où se trouvaient les enfants et entendit<br />

un drôle <strong>de</strong> bruit qui se terminait par un tic tac, tic tac. Elle <strong>de</strong>manda donc à<br />

Norbert s’il savait ce qu’était ce bruit étrange. Celui-ci ne sachant pas, ils se<br />

disaient que ce pouvait être un radio réveil ou une montre. Ils commençaient<br />

à chercher mais ne trouvaient rien. Ils commençaient à s’inquiéter.<br />

Norbert fit sortir tout le mon<strong>de</strong> par précaution, Charlotte et les enfants<br />

y compris. Il cherchait ce que ce<strong>la</strong> pouvait être. Il entendit un bruit <strong>de</strong> porte<br />

se fermer. Il prit peur et comptait tout le mon<strong>de</strong>. Le compte y était. Il pensait<br />

alors à une bombe !<br />

Au bout d’une heure et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> recherche, il trouvait un piano pour<br />

enfant avec une montre intégrée. Il montrait sa trouvaille et tout le mon<strong>de</strong><br />

était rassuré. Mais ce que personne ne savait, c’est qu’à l’intérieur <strong>de</strong> celui-ci<br />

avait une bombe minuscule qui ne pouvait être vu que si l’on démontait le<br />

piano.<br />

Norbert, rassuré, joua du piano <strong>de</strong>bout pour tout le mon<strong>de</strong>. Mais<br />

seulement, il n’y avait qu’une seule touche sur lequel il ne fal<strong>la</strong>it pas appuyer.<br />

5


Mais ceci, même un <strong>de</strong>vin ne pouvait le savoir à part <strong>la</strong> personne qui avait mit<br />

<strong>la</strong> bombe <strong>de</strong>dans. Après quelques éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> rire, Norbert appuya<br />

innocemment sur <strong>la</strong> fameuse touche en question et <strong>la</strong> bombe explosa.<br />

Les voisins qui n’habitaient pas loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s fêtes, avaient entendu<br />

un gros boum et avaient senti <strong>la</strong> terre tremblée ce qui réveil<strong>la</strong> tout le vil<strong>la</strong>ge<br />

en sursaut. Ils virent qu’il y avait le feu dans les ruines <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s fêtes et<br />

appelèrent les pompiers qui arrivaient trente minutes après. Les pompiers<br />

cherchaient mais ils ne retrouvaient rien à part <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s fêtes.<br />

Personne n’en n’était ressortit vivant à part une seule chose… La bombe<br />

intégrée dans le piano…<br />

6


Toute l’histoire a commencé au mois <strong>de</strong> juin <strong>de</strong> l’année 2002.<br />

Eléonore était une jeune fille <strong>de</strong> 17 ans, pleine <strong>de</strong> vie, qui vivait chez ses<br />

parents dans une petite ville en région parisienne. Elle en était à sa<br />

<strong>de</strong>uxième année <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> générale mais ses résultats étaient assez<br />

médiocres. Le jour du conseil <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse approchait et Eléonore, qui avait<br />

<strong>de</strong>mandé à passer en première STT, n’avait pas l’air <strong>de</strong> prendre<br />

conscience que son choix serait difficile à accepter, étant donné ses<br />

mauvais résultats et sa passivité pendant les cours. Mais ce n’est pas pour<br />

autant qu’elle s’en inquiétait, elle avait tendance à vivre au jour le jour et<br />

à ne pas penser à son avenir. De plus, elle n’avait aucune idée <strong>de</strong> ce<br />

qu’elle vou<strong>la</strong>it faire <strong>de</strong> sa vie.<br />

Dans sa c<strong>la</strong>sse, il y avait un jeune homme, Jo, d’un an <strong>de</strong> plus son<br />

aîné, qui était dans le même cas qu’elle. Eléonore avait toujours trouvé Jo<br />

un peu bizarre. Tout d’abord, physiquement, il ne l’attirait pas du tout. Il<br />

était petit, trapu mais assez costaud. En c<strong>la</strong>sse, il n’écoutait rien mais<br />

restait discret <strong>la</strong> plupart du temps. Il arrivait souvent en retard alors qu’il<br />

vivait juste en face du lycée. Eléonore et Jo ne s’étaient quasiment pas<br />

parlés <strong>de</strong> toute l’année sco<strong>la</strong>ire. Puis arriva le jour du conseil <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse.<br />

Nous étions à <strong>la</strong> mi-juin et les beaux jours étaient déjà bien présents. Le<br />

conseil se dérou<strong>la</strong>it <strong>de</strong> 15 h à 17 h. Les élèves attendaient leur tour. Dans<br />

ce lycée, lors d’un conseil <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, les élèves défi<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>vant<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s professeurs qui faisaient le point sur l’année sco<strong>la</strong>ire et<br />

donnaient ainsi leur avis sur les orientations. Ce jour là, Eléonore et Jo ont<br />

commencé à sympathiser en échangeant quelques paroles sur leur<br />

situation sco<strong>la</strong>ire. Le stress commençait à monter pour Eléonore car elle<br />

était <strong>la</strong> prochaine à passer au conseil.<br />

La porte s’ouvrit et le délégué <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>la</strong> fit entrer. Ce fut les dix<br />

minutes les plus longues <strong>de</strong> sa vie.<br />

1


Seulement <strong>de</strong>ux professeurs étaient d’accord avec son souhait. Le<br />

proviseur n’a donc pas accepté sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et lui a conseillé <strong>de</strong> s‘orienter<br />

vers un BEP, donc <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> lycée. Eléonore venait <strong>de</strong> prendre<br />

conscience que si elle avait travaillé un minimum, elle n’en serait pas là.<br />

Elle sortit <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle en pleurant et se dirigea vers le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour. Ses<br />

amis <strong>la</strong> suivirent et lui par<strong>la</strong>ient pour lui remonter le moral. Puis Jo arriva<br />

à son tour. Sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> n’avait pas été acceptée non plus mais ce<strong>la</strong><br />

n’avait pas l’air <strong>de</strong> le préoccuper. Il l’entraîna <strong>de</strong>rrière les préfabriqués du<br />

lycée en lui disant qu’il avait quelque chose qui pourrait intéresser<br />

Eléonore. Il sortit un cône en papier <strong>de</strong> sa poche. C’était un pétard, <strong>de</strong><br />

l’herbe ou du cannabis, elle ne s’y connaissait pas très bien mais savait<br />

que ça n’était pas une cigarette. Eléonore était au courant que Jo<br />

s’adonnait à ce genre <strong>de</strong> « passe-temps » et ne fut pas tellement surprise.<br />

Elle aussi avait déjà essayé une fois mais ce<strong>la</strong> ne lui avait fait aucun<br />

effet. Elle décida <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser tenter. Après tout, ce n’était pas si grave.<br />

Et ils se mirent à fumer tous les <strong>de</strong>ux. Eléonore retrouva vite sa « joie <strong>de</strong><br />

vivre » et ils commencèrent à bien s’entendre et à se trouver beaucoup <strong>de</strong><br />

points communs. La fin d’après-midi approchait et <strong>la</strong> jeune fille, qui<br />

retrouvait ses esprits petit à petit, avait peur d’affronter ses parents. Jo<br />

proposa <strong>de</strong> <strong>la</strong> raccompagner jusque chez elle, en bus. Puis ils<br />

s’échangèrent leurs numéros <strong>de</strong> portable et décidèrent <strong>de</strong> se revoir au<br />

lycée le len<strong>de</strong>main, les cours n’étant pas encore tout à fait terminés.<br />

Le len<strong>de</strong>main ils se retrouvèrent au même endroit que <strong>la</strong> veille,<br />

<strong>de</strong>rrière les préfabriqués, avec <strong>de</strong>ux autres camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse. Ils<br />

avaient décidé <strong>de</strong> ne pas aller en cours, étant donné que le conseil <strong>de</strong><br />

c<strong>la</strong>sse était passé et que, <strong>de</strong> toutes manières, ils n’y revenaient pas l’an<br />

prochain. Jo sortit <strong>de</strong> son sac à dos, avec un grand sourire, non pas <strong>de</strong>s<br />

cours mais une bouteille en p<strong>la</strong>stique qui ne contenait visiblement pas du<br />

jus d’orange, ni <strong>de</strong> l’eau. C’était <strong>de</strong> l’alcool. Tout le mon<strong>de</strong> l’avait <strong>de</strong>viné,<br />

au sourire <strong>de</strong> Jo.<br />

2


Eléonore avait déjà goûté plusieurs fois à toutes sortes d’alcools,<br />

avec d’anciennes fréquentations et ce<strong>la</strong> ne lui faisait pas peur, mais <strong>de</strong>puis<br />

qu’elle avait déménagé, elle n’y avait pas retouché.<br />

Démoralisée par ce qui s’était passé <strong>la</strong> veille et par <strong>la</strong> déception <strong>de</strong><br />

ses parents face à cette situation, elle décida <strong>de</strong> succomber à <strong>la</strong> tentation<br />

afin d’oublier tout ce<strong>la</strong>. Elle prit <strong>la</strong> bouteille et commença à boire. Jo suivit<br />

le mouvement, accompagné d’un petit joint évi<strong>de</strong>mment, et au bout d’une<br />

<strong>de</strong>mi-heure l’alcool faisait son effet. Sous cette emprise, ils décidèrent<br />

ensemble d’entrer dans le lycée et <strong>de</strong> rendre visite à quelques professeurs<br />

pour « s’amuser un peu ». Ils ouvraient les salles <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, peu importe<br />

s’il y avait cours à l’intérieur, et partaient en courant, ou en titubant, tout<br />

dépend comment on voit les choses.<br />

Puis arriva l’heure <strong>de</strong> rentrer à <strong>la</strong> maison. Les effets <strong>de</strong> l’alcool<br />

étaient retombés et l’ambiance n’était plus tellement à <strong>la</strong> fête. Eléonore ne<br />

vou<strong>la</strong>it pas rentrer chez elle, encore une fois, et affronter ses parents qui<br />

lui posaient constamment les mêmes questions sur son avenir. Jo lui<br />

proposa <strong>de</strong> venir <strong>la</strong> voir chez elle le soir pour lui changer les idées. Et c’est<br />

ce qu’il fit, tous les jours suivants. Ils se voyaient l’après-midi au lycée, ou<br />

dans le parc juste <strong>de</strong>rrière, et faisaient tous les jours les mêmes activités :<br />

boire, fumer et faire <strong>de</strong>s conneries par <strong>la</strong> même occasion. Eléonore aimait<br />

l’effet que lui procurait l’alcool. Ce<strong>la</strong> <strong>la</strong> rendait euphorique, elle se sentait<br />

libre, heureuse, sans aucun souci. Le soir, ils ne buvaient pas, ne fumaient<br />

pas et passaient <strong>la</strong> soirée à discuter, <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong> rien, jusqu’à 3 h, 4 h<br />

du matin.<br />

Tout ce<strong>la</strong> a duré un mois et <strong>de</strong>mi puis Eléonore et Jo sont finalement<br />

sortis ensemble. Les six premiers mois, tout s’est très bien déroulé. Ils<br />

sont tombés amoureux l’un <strong>de</strong> l’autre et continuaient <strong>de</strong> se voir tous les<br />

jours mais avaient décidé <strong>de</strong> freiner <strong>la</strong> drogue et l’alcool, <strong>de</strong> n’en<br />

consommer qu’à l’occasion. Eléonore avait trouvé un lycée et était en<br />

première année <strong>de</strong> BEP. Jo, lui, a tenté d’entrer dans <strong>la</strong> gendarmerie mais<br />

3


ce<strong>la</strong> n’a pas fonctionné. Alors il se <strong>la</strong>issait aller et ne cherchait pas<br />

d’autres solutions. Ses parents en avaient marre <strong>de</strong> le voir « traîner »<br />

toute <strong>la</strong> journée et ce<strong>la</strong> a commencé à entraîner <strong>de</strong>s conflits entre eux. Jo<br />

ne s’entendait déjà pas très bien avec sa mère, il n’a pas connu son père<br />

et n’avait pas tellement d’affinités avec son beau-père, mais là c’était<br />

<strong>de</strong>venu un conflit permanent.<br />

Suite à ce<strong>la</strong>, Jo, qui avait totalement arrêté le cannabis, et même <strong>la</strong><br />

cigarette, s’est remis à fumer, et en plus gran<strong>de</strong> quantité qu’avant. Il<br />

passait ses journées à fumer, traîner avec ses potes et entretenir son<br />

« bisness ». Eléonore n’acceptait pas cette situation mais Jo ne vou<strong>la</strong>it<br />

rien entendre. Leurs conversations finissaient toujours par une<br />

engueu<strong>la</strong><strong>de</strong>. Eléonore remarqua aussi qu’il <strong>de</strong>venait très jaloux et<br />

possessif. Lui, vou<strong>la</strong>it qu’ils se voient tous les jours, ne supportait pas<br />

qu’elle puisse sortir sans lui mais elle avait besoin <strong>de</strong> prendre l’air et <strong>de</strong><br />

voir un peu ses amies, qu’ elle ne voyait plus <strong>de</strong>puis qu’ils étaient<br />

ensemble. A chaque fois, Jo lui faisait une crise en lui reprochant <strong>de</strong> ne<br />

pas faire assez attention à lui. Eléonore, qui l’aimait, <strong>la</strong>issait passer tous<br />

ces caprices et finissait toujours par cé<strong>de</strong>r. Puis elle se remit à boire <strong>de</strong><br />

l’alcool, petit à petit.<br />

Au bout du compte, ils étaient ensemble, mais vivaient chacun dans<br />

un mon<strong>de</strong> différent, l’un avec <strong>la</strong> drogue, l’autre avec l’alcool. Et malgré<br />

que ce soit <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s qui se rapprochent, ils ne trouvaient pas <strong>de</strong><br />

terrain d’entente là-<strong>de</strong>ssus. Eléonore commençait à se rendre compte que<br />

ce<strong>la</strong> ne marchait plus entre eux. Mais Jo <strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus possessif<br />

et même quelquefois agressif. Un jour, alors qu’ils venaient <strong>de</strong> se crier<br />

<strong>de</strong>ssus encore une fois, Eléonore voulut rentrer chez elle et Jo l’en<br />

empêcha en fermant toutes les portes <strong>de</strong> chez lui à clé et <strong>la</strong> retenant pour<br />

ne pas qu’elle sorte par une fenêtre.<br />

Après ce<strong>la</strong>, Eléonore buvait <strong>de</strong> plus en plus. Elle ne savait plus quoi<br />

faire. Elle aimait Jo et malgré tous ses excès <strong>de</strong> rage il avait aussi<br />

4


quelques moments <strong>de</strong> tendresse. Chaque jour où ils se voyaient, Eléonore<br />

se débrouil<strong>la</strong>it pour avoir une bouteille d’alcool, que ce soit du vin ou du<br />

whisky, elle s’en fichait. Ses amis commençaient à s’inquiéter pour elle.<br />

Elle ne sortait jamais sans sa bouteille. Arriva le mois <strong>de</strong> juillet 2003. Ils<br />

sortaient ensemble <strong>de</strong>puis un an et les choses ne s’arrangeaient toujours<br />

pas, au contraire elles empiraient. Puis au mois d’août, Eléonore est partie<br />

en Espagne, comme tous les ans, et sans Jo. Elle pouvait enfin respirer.<br />

Enfin presque car, étant loin, il <strong>la</strong> harce<strong>la</strong>it au téléphone pour connaître<br />

tous ses faits et gestes et lui faisait une scène à chaque fois qu’elle ne<br />

pouvait pas l’appeler. Au bout <strong>de</strong> trois semaines, ne supportant plus <strong>la</strong><br />

séparation, Jo a décidé <strong>de</strong> <strong>la</strong> rejoindre. Eléonore n’était pas tellement<br />

d’accord mais elle s’est dit que c’était peut être un bon moyen <strong>de</strong> savoir si<br />

leur re<strong>la</strong>tion pouvait se poursuivre ou non.<br />

Finalement, cette semaine <strong>de</strong> vacances a été <strong>la</strong> pire <strong>de</strong> toutes. Ils<br />

continuaient à se crier <strong>de</strong>ssus sans arrêt, n’étaient jamais d’accord sur ce<br />

qu’ils vou<strong>la</strong>ient faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée. Ils en arrivaient même à se disputer,<br />

et presque à se taper <strong>de</strong>ssus pour un simple jeu <strong>de</strong> cartes. Eléonore, qui<br />

avait été loin <strong>de</strong> Jo pendant <strong>de</strong>ux semaines, avait réduit sa consommation<br />

d’alcool et à partir <strong>de</strong> ce moment elle prit conscience que ça ne pouvait<br />

plus durer entre eux. Avant qu’il ne rentre en France (car il rentrait avant<br />

elle), ils ont eu une conversation. Eléonore lui a annoncé qu’elle vou<strong>la</strong>it<br />

rompre avec lui. Cette <strong>nouvelle</strong> a rendu Jo fou furieux mais il ne pouvait<br />

rien faire.<br />

Le len<strong>de</strong>main il prit l’avion pour <strong>la</strong> France. Eléonore est rentrée à<br />

Paris une semaine plus tard. Elle était vraiment décidée à mettre fin à<br />

cette histoire qui n’al<strong>la</strong>it certainement pas s’arranger. A son arrivée, ils<br />

ont eu une autre conversation, mouvementée, et Eléonore n’a pas pu<br />

résister. Il a tellement insisté pour qu’elle lui <strong>la</strong>isse une <strong>de</strong>uxième chance,<br />

il lui a dit que c’était <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> sa vie et qu’il l’aimait. Eléonore était<br />

sûre <strong>de</strong> ne plus l’aimer mais ne vou<strong>la</strong>it pas lui faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine. Elle eut<br />

pitié et décida <strong>de</strong> lui <strong>la</strong>isser une chance.<br />

5


Elle a tenu encore trois mois, avec <strong>de</strong>s hauts et <strong>de</strong>s bas, et entre<br />

temps elle a rencontré un garçon, qui connaissait Jo et lui a conseillé <strong>de</strong><br />

ne pas rester avec car il était instable.<br />

Eléonore a finalement pris <strong>la</strong> décision difficile <strong>de</strong> ne pas rester avec<br />

Jo. Elle vou<strong>la</strong>it être heureuse et était sûre qu’avec lui, ça ne serait pas<br />

possible. Ayant été à <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> l’alcoolisme, elle eut peur que sa vie ne<br />

rime qu’avec alcool et violences conjugales. La jeune fille a donc tiré un<br />

trait sur sa re<strong>la</strong>tion avec Jo, définitivement, et vit maintenant très<br />

heureuse avec un homme qui prend soin d’elle et <strong>la</strong> traite comme elle le<br />

méritait.<br />

Un peu plus tard, elle appris que Jo avait eu beaucoup <strong>de</strong> mal à<br />

oublier leur histoire car, malgré tout ce qu’il a fait, il était très amoureux.<br />

Suite à ce<strong>la</strong> il a fait une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> en mé<strong>la</strong>ngeant alcool et<br />

médicaments. Ses amis ont tout fait pour l’ai<strong>de</strong>r à s’en sortir et à oublier<br />

Eléonore. Mais il a pris un mauvais chemin sur lequel il n’y a que drogue,<br />

alcool et délinquance et a fini par mourir d’une overdose d’héroïne.<br />

6


Une enfance bouleversée<br />

Laura était une petite fille très heureuse et très aimée par ses<br />

parents comme d’autres petites filles. Elle était si belle, et si gentille,<br />

que tout le vil<strong>la</strong>ge l’aimait. Les années passaient et Laura grandissait<br />

<strong>de</strong> plus en plus, et <strong>de</strong>vint une très jolie fille. Alors que Laura al<strong>la</strong>it<br />

finir le collège, elle ne savait encore pas que dans peu <strong>de</strong> temps, sa<br />

vie et <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> tous les habitants <strong>de</strong> son pays al<strong>la</strong>ient changer, car <strong>la</strong><br />

guerre al<strong>la</strong>it commencer.<br />

Un matin, Laura se leva comme d’habitu<strong>de</strong> pour aller à l’école,<br />

accompagnée <strong>de</strong> sa meilleure copine et son meilleur copain. Sur le<br />

chemin <strong>de</strong> l’école, ils aperçurent trois policiers qui avaient bloqué <strong>la</strong><br />

rue. Ils avaient peur mais ils ne vou<strong>la</strong>ient pas faire <strong>de</strong>mi-tour, alors<br />

ils continuèrent <strong>de</strong> marcher et arrivés à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s policiers, ils se<br />

firent arrêter.<br />

- Ou allez-vous comme ça ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> voyou ? dit l’un <strong>de</strong>s<br />

policiers.<br />

- A l’école, répondit Laura<br />

- Quelle école ? Il n’y a plus d’école à partir d’aujourd’hui,<br />

répondit le policier, d’un air très méchant. Vous ne pouvez pas<br />

passer, retournez chez vous encore pour quelque jours, dirent<br />

les policiers en rigo<strong>la</strong>nt.<br />

Laura et ses amis décidèrent <strong>de</strong> prendre un autre chemin pour aller à<br />

l’école. Arrivant sur les lieux, ils voient sur <strong>la</strong> porte un mot qui<br />

disait : « l’école sera fermée jusqu’à nouvel ordre, veuillez retourner<br />

chez vous le plus vite possible ». A partir <strong>de</strong> ce moment-là, Laura et<br />

ses amis comprirent que <strong>la</strong> guerre avait vraiment commencé, et ils<br />

décidèrent <strong>de</strong> rentrer chez eux. Sur le chemin <strong>de</strong> retour, ils virent<br />

<strong>de</strong>s gens en train <strong>de</strong> courir dans tous les sens, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fumée, <strong>de</strong>s<br />

enfants qui crient car les militaires avaient <strong>la</strong>ncé <strong>de</strong>s bombes<br />

<strong>la</strong>crymogènes pour infecter <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Laura avait les <strong>la</strong>rmes aux<br />

yeux car elle avait respiré cette fumée. Ils se dépêchèrent pour<br />

rentrer chez eux et ils se dirent adieu car ils ne savaient pas s’ils<br />

Nora<br />

1


al<strong>la</strong>ient se voir encore une fois. En pleurant, Laura rentrait chez elle,<br />

et ses parents étaient très inquiets.<br />

- Pourquoi pleures-tu ma chérie, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Laura ?<br />

- Je ne pleure pas mère. Je suis fatiguée un peu, c’est tout.<br />

Pourquoi il y a tout ce mon<strong>de</strong> à <strong>la</strong> maison, mère ? Je ne<br />

comprends pas.<br />

Il y avait une centaine <strong>de</strong> personnes dont <strong>la</strong> moitié que Laura ne<br />

connaissait pas.<br />

- Ils sont venus chez nous pour quelques jours car dans leurs<br />

vil<strong>la</strong>ges <strong>la</strong> guerre avait commencé, donc ils ont dû partir,<br />

répondit <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Laura.<br />

- Et chez nous <strong>la</strong> guerre va commencer aussi ?<br />

- Je ne sais pas, répondit <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Laura en pleurant.<br />

Le soir, il y avait du mon<strong>de</strong> partout dans <strong>la</strong> maison, dans les couloirs,<br />

dans <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> Laura, dans les escaliers, bref toute <strong>la</strong> maison<br />

était occupée. Toute <strong>la</strong> nuit, les gran<strong>de</strong>s personnes n’ont pas dormi.<br />

Ils ont réveillé les enfants, qui <strong>de</strong>vaient dormir habillés, car ils ne<br />

savaient pas quand ils <strong>de</strong>vaient partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison.<br />

Pendant trois jours, <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> venait dans ce vil<strong>la</strong>ge<br />

pour s’abriter. L’école et <strong>la</strong> bibliothèque étaient transformées en halle<br />

d’accueil pour abriter les nouveaux arrivant. Un jour, Laura décida<br />

d’aller apporter <strong>de</strong> l’eau et un peu <strong>de</strong> pain aux gens. En arrivant à<br />

l’école elle vit sa meilleure amie qu’elle n’avait pas vu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois.<br />

Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle courut vers elle pour <strong>la</strong> prendre<br />

dans ses bras. Elle était avec sa famille, ce<strong>la</strong> faisait trois jours<br />

qu’elle était arrivée. Laura lui proposa <strong>de</strong> venir chez elle pour manger<br />

et se changer, car ce<strong>la</strong> faisait <strong>de</strong>ux jours qu’elle n’avait rien avalé. En<br />

arrivant chez Laura, Mimosa était très intimidée car il y avait<br />

beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>. Elle <strong>de</strong>manda à sa mère <strong>de</strong> leur apporter à<br />

manger <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong> maison dans le jardin, ensuite Laura lui donna <strong>de</strong>s<br />

vêtements <strong>de</strong> rechange pour elle et son petit frère. Elles ont passé<br />

trois heures ensemble, puis Mimosa partit rejoindre sa famille, car ils<br />

se dirigeaient vers une autre ville. Le len<strong>de</strong>main matin, à <strong>de</strong>ux heures,<br />

Nora<br />

2


toute ceux qui se trouvaient dans <strong>la</strong> maison entendirent <strong>de</strong>s voix qui<br />

criaient :<br />

- Levez-vous ! Levez-vous ! Sortez par l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison !<br />

Ils durent se lever au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit, et marcher en silence tous<br />

ensemble. Laura ne savait pas si toute sa famille était à ses côtés. Ils<br />

marchèrent pendant trois heures. Laura avait très peur, car il faisait<br />

très froid et très sombre. Après ces trois heures <strong>de</strong> marche, ils se<br />

sont arrêtés, et chacun al<strong>la</strong>it regrouper les membres <strong>de</strong> sa famille. Au<br />

lever du jour, ils ont continué à marcher sans manger ni boire. Vers<br />

midi, ils parvinrent dans <strong>la</strong> ville où vivaient les oncles <strong>de</strong> Laura.<br />

Alors, sa mère décida d’aller voir s’ils étaient encore chez eux, ou s’ils<br />

étaient déjà en route vers <strong>la</strong> frontière. En arrivant <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> maison,<br />

toute <strong>la</strong> famille constata que les portes étaient ouvertes, mais que <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>meure ne présentait aucun signe <strong>de</strong> vie à l’intérieur. La maison était<br />

vi<strong>de</strong>, mais ils décidèrent tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> s’installer quelques jours<br />

pour se reposer un peu. Ils refusaient tous <strong>de</strong> faire du bruit, et <strong>de</strong><br />

s’éc<strong>la</strong>irer le soir, car ils avaient peur <strong>de</strong> se faire remarquer par les<br />

militaires et d’être expulsé dans <strong>de</strong>s lieux inconnus. Lorsqu’ils avaient<br />

faim, et qu’ils ne savaient pas combien <strong>de</strong> temps cette situation al<strong>la</strong>it<br />

durer, ils mangeaient très peu chaque jour, afin qu’ils puissent<br />

survivre, et que <strong>la</strong> nourriture dure le plus longtemps possible. Laura se<br />

souvient qu’un jour, sa tante avait préparé du cassoulet, et qu’il y<br />

avait finalement plus d’eau dans son assiette que <strong>de</strong> haricots et <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong>. Mais ce<strong>la</strong> n’avait pas beaucoup d’importance, car elle était<br />

entourée <strong>de</strong> sa famille.<br />

Les jours passaient et <strong>la</strong> sécurité s’aggravait <strong>de</strong> plus en plus, et il<br />

fal<strong>la</strong>it donc choisir <strong>de</strong> partir, quitter le pays. Mais son père ne vou<strong>la</strong>it<br />

pas qu’ils quittent tous ensemble le pays et en même temps, car très<br />

souvent à <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong>s familles entières se faisaient tuer ou<br />

massacrer par les militaires. Ils ont donc décidé <strong>de</strong> se séparer, pour<br />

que chacun dans <strong>la</strong> famille ait le plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> survivre. Laura et<br />

sa sœur, Lina, décidèrent <strong>de</strong> partir avec leur tante accompagnée <strong>de</strong><br />

son fils Gjeni. Ce fut le plus mouvais jour <strong>de</strong> sa vie. Elles ne vou<strong>la</strong>ient<br />

pas quitter leurs parents mais elles n’avaient pas le choix.<br />

Nora<br />

3


Après trois heures <strong>de</strong> train, ils arrivèrent à <strong>la</strong> frontière. Le train<br />

était plein, et tout le mon<strong>de</strong> attendait avec impatience <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong>s<br />

militaires pour savoir s’ils al<strong>la</strong>ient <strong>la</strong>isser passer le train ou pas. Ils<br />

eurent beaucoup <strong>de</strong> chance car le train put passer. Des leur arrivé<br />

dans <strong>la</strong> pays d’accueil, ils furent pris en charge par <strong>de</strong>s organismes<br />

humanitaires. Ensuite, ils les transportaient dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong><br />

réfugiés. Ils étaient treize personnes dans <strong>la</strong> même tente avec <strong>de</strong>s<br />

personnes venant <strong>de</strong> tous les coins <strong>de</strong> son pays. Elle était tellement<br />

fatiguée que dés <strong>la</strong> nuit tomber, elle al<strong>la</strong> se coucher dans un coin,<br />

couverte <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête au pied avec une couverture, car elle ne vou<strong>la</strong>it<br />

pas que les autres ne <strong>la</strong> voient en train <strong>de</strong> pleurer. Elle pleurait en<br />

silence et n’arrivait pas à s’imaginer que ses parents étaient encore au<br />

pays. Elle avait si peur pour eux, et ne savait pas si elle al<strong>la</strong>it les voir<br />

encore une fois.<br />

Après quelques heures sa tante remarqua son absence. Elle vint <strong>la</strong> voir<br />

et lui <strong>de</strong>manda si elle al<strong>la</strong>it bien, et elle lui répondit :<br />

- Oui, oui je vais bien, mais je suis fatigué.<br />

Toute <strong>la</strong> nuit elle pleura en silence, ce fut <strong>la</strong> nuit <strong>la</strong> plus longue <strong>de</strong> sa<br />

vie. Le len<strong>de</strong>main, elle se leva <strong>de</strong>s le lever du jour car elle vou<strong>la</strong>it<br />

absolument avoir <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> ses parents. Il n y avait aucun<br />

moyen <strong>de</strong> communication, car les lignes téléphoniques étaient coupées<br />

dans le camps, mais ils avaient installé une télévision pour suivre les<br />

informations.<br />

Trois jours passèrent. Elle se tenait <strong>de</strong>vant sa tente, vit son père se<br />

diriger dans sa direction, les bras ouvert. Elle n’en croyait pas ses<br />

yeux. Elle était très contente et ce jour <strong>de</strong>vint le plus beau <strong>de</strong> sa vie.<br />

Aussitôt, elle lui <strong>de</strong>manda où étaient les autres membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille.<br />

Il lui expliqua qu’ils étaient partis du pays le len<strong>de</strong>main matin, car les<br />

militaires étaient rentrés dans <strong>la</strong> maison où elle vivait. Il lui dit que<br />

toute <strong>la</strong> famille al<strong>la</strong>it bien et qu’ils étaient arrivés dans un camp à<br />

soixante kilomètres <strong>de</strong> chez eux.<br />

Toute <strong>la</strong> famille passa trois semaines dans ce pays d’accueil qui se<br />

trouvait à <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong> leur pays. Ensuite, ils décidèrent <strong>de</strong> prendre<br />

<strong>la</strong> route vers les pays <strong>de</strong> l’Union Européenne.<br />

Nora<br />

4


Aujourd’hui, Laura et sa famille se sont installés et intégrés dans un<br />

pays faisant partie <strong>de</strong> l’Union Européenne. Mais son pays leur manque<br />

<strong>de</strong> plus en plus.<br />

Ce<strong>la</strong> lui permit <strong>de</strong> grandir plus vite que les autres enfants <strong>de</strong> son âge,<br />

et <strong>de</strong> comprendre que <strong>la</strong> vie peut changer du jour au len<strong>de</strong>main.<br />

Aujourd’hui, je souhaite dire aux dirigeants <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> réfléchir<br />

avant <strong>de</strong> déclencher <strong>la</strong> guerre dans n’importe quel pays du mon<strong>de</strong> car<br />

ceux qui souffrent, ce ne sont pas eux, mais les enfants et <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion civile. Communiquer plus et s’approcher en mettant nos<br />

forces en commun, et non en regardant les différences car les<br />

différences font <strong>la</strong> richesse d’un pays…<br />

Nora<br />

5


Le voyage sans retour<br />

Un mercredi après-midi, je décidai d’aller rendre visite à ma grand-mère. Comme<br />

à son habitu<strong>de</strong>, elle m’offrit <strong>de</strong>s gâteaux, un choco<strong>la</strong>t chaud et un verre <strong>de</strong> jus d’orange.<br />

Elle me <strong>de</strong>manda :<br />

- Alors, Marie, ça se passe bien à l’école ?<br />

- Oui mamie, ce matin j’ai eu maths, on a fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> géométrie ; musique, interro,<br />

j’ai eu seize, six sur dix sur les questions et dix à <strong>la</strong> flûte, il fal<strong>la</strong>it jouer l’hymne à <strong>la</strong> joie et<br />

après histoire, le prof nous a parlé d’un sujet affreux, horrible et choquant. Je lui<br />

murmura le sujet à l’oreille. Je <strong>la</strong> vis blêmir. Je savais qu’elle aussi avait connu ce drame,<br />

mais elle ne m’en avait parlé.<br />

- …<br />

Elle ne prononça aucun mot et mangea un autre gâteau.<br />

- Marie, il faut que je te parle d’une chose qui m’est arrivée quand j’étais jeune.<br />

C’était un beau matin d’hiver, où il faisait un soleil radieux, mais assez froid, je<br />

jouais <strong>de</strong>hors, <strong>de</strong>vant les fenêtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine d’où se dissipait une o<strong>de</strong>ur alléchante, avec<br />

mon chien Pilou. C’était mon meilleur ami, il était très beau, il avait un pe<strong>la</strong>ge somptueux<br />

brun et sable, l’œil droit marron et le gauche gris sous les rayons du soleil et vert<br />

habituellement, un corps robuste, il m’arrivait <strong>de</strong> monter sur son dos <strong>de</strong> temps en temps,<br />

c’était un magnifique Berger Allemand. Le plus beau que je n’aie jamais connu.<br />

Tous les <strong>de</strong>ux nous jouions avec un ballon, je lui <strong>la</strong>nçais avec le pied et lui me le<br />

renvoyais avec son museau. Lorsque je <strong>la</strong>nçais <strong>de</strong>s regards vers <strong>la</strong> fenêtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine, je<br />

voyais ma mère qui me surveil<strong>la</strong>it. D’un coup, elle ouvrit <strong>la</strong> fenêtre et me dit :<br />

- Viens vite Marinette, il est l’heure <strong>de</strong> déjeuner, et après ton gâteau !<br />

- Oui maman j’arrive tout <strong>de</strong> suite.<br />

Maman était une femme assez gran<strong>de</strong>, mince, toujours très élégante. Elle était<br />

généralement vêtue d’une jupe ou d’une robe ainsi que <strong>de</strong> jolis chemisiers ou cardigans.<br />

Ses longs cheveux noirs <strong>de</strong> geai avaient <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’avoir une mèche b<strong>la</strong>nche sur <strong>la</strong><br />

droite <strong>de</strong> sa chevelure, <strong>de</strong>s yeux d’un bleu océan légèrement foncés. Le teint très c<strong>la</strong>ir,<br />

papa, <strong>la</strong> surnommait quelque fois B<strong>la</strong>nche Neige. Papa, était légèrement plus grand que<br />

maman, mince, mais son corps paraissait comme un roc, les troncs d’arbres qu’il portait<br />

étaient énormes. Papa était bûcheron, non loin <strong>de</strong> notre maison se trouvait <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rivière magique. Le mythe disait que tous ceux qui buvaient son eau étaient guéris <strong>de</strong>s<br />

soucis quotidiens.<br />

A l’époque je ne savais pas trop ce que ce<strong>la</strong> signifiait. Mais en grandissant j’ai<br />

compris, en effet tous nos voisins et nous mêmes, avions eu à manger tous les jours, je<br />

veux parler <strong>de</strong> mes parents et <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>ux frères, c’étaient <strong>de</strong>s jumeaux, ils ressemb<strong>la</strong>ient<br />

à <strong>de</strong>ux gouttes d’eau à mon père, ils avaient simplement les cheveux bruns <strong>de</strong> ma mère.<br />

Ils avaient les yeux marrons en aman<strong>de</strong>s, le nez aquilin, cette fine bouche avec <strong>la</strong>quelle<br />

tous les trois adoraient embrasser mes petites joues. Ils avaient quatre ans <strong>de</strong> plus que<br />

moi.<br />

J’ai eu une pensée pour eux trois après avoir vu ma mère blêmir en m’appe<strong>la</strong>nt, je<br />

me retournai subitement et vis <strong>de</strong>ux hommes vêtus d’habits kaki avec un brassard rouge<br />

sur lequel était imprimé en noir une croix, une croix gammée. Ceux sont ces mêmes<br />

hommes qui étaient venus six mois plus tôt jour pour jour. Nous étions ce jour là, le 22<br />

janvier 1943, le jour <strong>de</strong> mes quinze ans. Ils étaient venus chercher mon père et mes frères<br />

pour les interroger, mais ils n’étaient toujours pas revenus ; Ma mère m’avait expliquée<br />

qu’ils participaient à <strong>de</strong>s manifestations résistantes et que nous en renseignant <strong>la</strong><br />

- 1 -


<strong>de</strong>stination et le contenu <strong>de</strong>s bons <strong>de</strong> transports pour l’Allemagne, nous en risquions<br />

autant. Un membre du réseau résistant nous avait recrutées pour espionner quand il a su<br />

que nous travaillions au ravitaillement général. Quand j’ai vu ces <strong>de</strong>ux hommes franchir<br />

le portail, je savais que nous allions partir tout comme mon père et mes frères six mois<br />

auparavant.<br />

Effectivement, les <strong>de</strong>ux hommes, <strong>de</strong>s SS nous ont emmenées à <strong>la</strong> prison <strong>la</strong> plus<br />

proche <strong>de</strong> chez nous, qui se trouvait à <strong>de</strong>ux kilomètres. Huit jours d’interrogatoires<br />

incessants ont suivis notre arrestation, sans violence. Pendant ces jours nous n’avions pu<br />

que reconnaître les papiers et nos écritures, que nous présentaient les agents <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gestapo. Le chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gestapo qui nous interrogeait, nous murmura : « il est triste <strong>de</strong><br />

mourir si tôt ».<br />

Nous avons ensuite été transférées à Orléans pour un procès sans interprète<br />

<strong>de</strong>vant un tribunal militaire. On nous a remis <strong>de</strong>s papiers écrit en allemand, dont on ne<br />

comprenait rien tout comme ce qui avait été dit lors <strong>de</strong> notre procès. Nous avons juste<br />

reconnu nos noms et le mot « espionnage ». Dans notre cellule se trouvait une juive<br />

alleman<strong>de</strong>, elle non plus ne comprenait rien à ce qu’il y avait d’écrit.<br />

D’Orléans, nous avons été transportées en car jusqu’à Fresnes, puis Drancy dans<br />

<strong>la</strong> Seine Saint Denis. D’ici, nous étions <strong>de</strong>s dizaines et <strong>de</strong>s dizaines à monter dans un<br />

train qui al<strong>la</strong>it nous emmener nous ne savions où…<br />

Mon inquiétu<strong>de</strong> était immense, je <strong>de</strong>mandai à ma mère :<br />

- On va où ? Qu’est ce qu’ils vont nous faire ? Nous aussi on va jamais revenir<br />

comme papa et les jumeaux ?<br />

- Arrête <strong>de</strong> te poser tant <strong>de</strong> questions, moi aussi j’ai peur. Me répondit-elle<br />

sèchement.<br />

Le voyage se passa sans dire un mot, pendant <strong>de</strong>s heures. Nous étions tous<br />

entassés dans <strong>de</strong>s wagons. Dans celui où je me trouvais, <strong>la</strong> peur régnait, elle s’affichait sur<br />

tous les visages. Plus nous avancions plus ma peur grandissait.<br />

- Mamie, toi… toi aussi, tu as été dans un camp <strong>de</strong> concentration. Je n’arrive<br />

pas à y croire. Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé avant ?<br />

- Tu sais, c’est une blessure atroce gravée à jamais au plus profond <strong>de</strong> moi.<br />

Ensuite, le train se mit à ralentir, nous étions en Pologne, dans une ville nommée<br />

« Oświęcim », Auschwitz-Birkenau. Des hommes semb<strong>la</strong>bles à ceux qui étaient venus<br />

nous chercher à <strong>la</strong> maison, nous ont fait <strong>de</strong>scendre du train. En <strong>de</strong>scendant, j’étais encore<br />

plus effrayée, en voyant où les autres se dirigeaient, se trouvait <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s rails <strong>de</strong> chemin<br />

<strong>de</strong> fer et au bout une gran<strong>de</strong> bâtisse entourée d’un gril<strong>la</strong>ge mesurant environ quatre ou<br />

cinq mètres <strong>de</strong> hauteur. A bout <strong>de</strong> ces rails, <strong>de</strong>ux rangs se formaient.<br />

Ma mère et moi, avancions <strong>la</strong> peur au ventre, se serrant <strong>la</strong> main à s’écraser les<br />

doigts. Un homme semb<strong>la</strong>ble aux autres, un SS, se posta <strong>de</strong>vant moi, et me fit stopper<br />

mon avancée quelques secon<strong>de</strong>s vers cette gran<strong>de</strong> bâtisse, et me dit d’un accent grave et<br />

sec <strong>de</strong>s mots en allemand, sûrement <strong>de</strong> nous dépêcher. Ma mère me tira vers elle. D’un<br />

coup, je me suis mis à repenser à ces <strong>de</strong>ux files et à me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il y avait une<br />

différence à prendre une file ou l’autre tout le long du chemin <strong>de</strong> fer. Arrivée <strong>de</strong>vant ces<br />

<strong>de</strong>ux files, je me décida d’aller à gauche et entraîna ma mère avec moi.<br />

En effet une sélection avait lieu au bout du chemin <strong>de</strong> fer entre <strong>la</strong> file gauche et<br />

droite, dirigée par les SS. D’autres SS, nous firent rentrer dans cette gran<strong>de</strong> clôture<br />

comme <strong>de</strong>s poules. Ils nous entraînèrent dans une pièce pleine <strong>de</strong> tuyaux, non pas pour<br />

nous faire prendre <strong>de</strong>s douches, mais pour prendre nos affaires, nous raser <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête aux<br />

pieds, les hommes comme les femmes et les enfants. Je me souviens d’une chevalière en<br />

or que m’avait offert ma mère et que j’ai perdu à jamais. Ensuite ils ont donné aux<br />

femmes <strong>de</strong>s sortes <strong>de</strong> robes et aux hommes une veste et un pantalon à rayures b<strong>la</strong>nches<br />

- 2 -


et bleues, avec notamment un manteau avec peint en b<strong>la</strong>nc dans le dos <strong>de</strong>ux lettres<br />

« KL » (Koncentration Läger).<br />

Les journées se passèrent toute aussi harassantes les unes que les autres,<br />

choquantes, marquantes. Le soir on al<strong>la</strong>it dans une gran<strong>de</strong> pièce qui servait <strong>de</strong> « dortoir »,<br />

une allée d’un mètre et <strong>de</strong>mi, <strong>de</strong>ux mètres d’un bout à l’autre au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce. A<br />

gauche et à droite se trouvait les « lits ». sur <strong>de</strong>ux étages séparés en carré sur l’horizontale<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres où l’on dormait à trois.<br />

Certains jours on voyait <strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> vingt ou trente personnes rentrer dans une<br />

pièce où au sommet se trouvait une cheminée. Sans jamais les voir sortir sauf par <strong>la</strong><br />

fumée et à l’o<strong>de</strong>ur nauséabon<strong>de</strong> qui s’y dégageait.<br />

C’était <strong>de</strong>s chambres à gaz où se trouvaient <strong>de</strong>s fours crématoires. Les SS disaient<br />

aux pauvres gens d’aller prendre <strong>de</strong>s douches mais à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’eau, c’était du gaz qui<br />

sortait <strong>de</strong>s tuyaux pour les asphixier.<br />

Je me souvins d’une journée où <strong>de</strong>ux femmes ont trouvé <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre à canon et<br />

en on volé. Elles ont remplis <strong>la</strong> doublure <strong>de</strong> leur robe <strong>de</strong> poudre et on mit un p<strong>la</strong>n à<br />

exécution , elles ont fait sauter une pièce avec quatre fours crématoires et trois SS. Tout<br />

le mon<strong>de</strong> était ravis <strong>de</strong> voir une telle rebellion contre tous ces SS qui se servaient <strong>de</strong> ces<br />

fours pour exterminer <strong>de</strong>s familles. Mais malheureusement les <strong>de</strong>ux femmes ont été<br />

emmenées dans un camps disciplinaire, elles ont été torturées pendant une semaine.<br />

Lorsqu’elles sont rentrées une potence était p<strong>la</strong>cée sur une sorte <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

d’armes. Les <strong>de</strong>ux femmes ont été pendues <strong>de</strong>vant nos yeux, c’était horrible.<br />

En octobre 1944, les SS nous ont dit <strong>de</strong> partir, nous avons marché, marché<br />

pendant plus <strong>de</strong> vingt heures avec <strong>de</strong>s chaussures en bois qui faisaient mal aux pieds, <strong>de</strong>s<br />

sortes <strong>de</strong> sabots. Les personnes qui ralentissaient ou s’arrêtaient, étaient fusillés sur le<br />

champ.<br />

Nous nous sommes arrêtés dormir et manger une seule fois dans, un bois trois ou<br />

quatre heures durant <strong>la</strong> nuit, mais chaque matin en se réveil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s amas <strong>de</strong> corps<br />

gisaient par terre, mort <strong>de</strong> froid, <strong>de</strong> fatigue.<br />

Enfin, nous sommes arrivés dans un autre camp « Buchenwald » mais là sévissait<br />

une épidémie <strong>de</strong> Typhus, que ma mère attrapa, elle avait <strong>de</strong> très fortes fièvres. Une nuit,<br />

elle me réveil<strong>la</strong> et me <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> lui faire cuire du Cachas ; c’est <strong>de</strong> l’orge en Pologne.<br />

Mais je lui répondit « Demain matin ».<br />

Le len<strong>de</strong>main matin maman ne s’est plus réveillée, j’ai versé toutes les <strong>la</strong>rmes <strong>de</strong><br />

mon corps et je me suis dit « C’est fini, maman n’est plus là ». Mais j’ai repris sur moi,<br />

voilà cinq mois que j’étais là, et je perdais maman.<br />

Tout comme dans l’autre camp, je voyais et faisais <strong>de</strong>s choses horribles. Je portais<br />

<strong>de</strong>s corps sans arrêt ou faisais <strong>de</strong>s savons ou <strong>de</strong>s vêtements avec les cheveux, les os <strong>de</strong>s<br />

corps. Des images horribles qui me saisissent toujours en y pensant.<br />

Enfin, le jour tant attendu <strong>de</strong> tous, qu’un jour <strong>de</strong>s hommes viennent nous libérer.<br />

Le 15 Avril 1945, les Ang<strong>la</strong>is se saisissaient <strong>de</strong>s lieux, on voyait <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> veille <strong>de</strong>s SS<br />

partir sans vraiment savoir pourquoi, on ne pensait plus s’en sortir.<br />

Nous sommes restés <strong>de</strong>ux semaines dans le camp après <strong>la</strong> libération, plusieurs<br />

personnes succombèrent, une overdose <strong>de</strong> mets. Nous étions habitués à un morceau <strong>de</strong><br />

pain et un litre <strong>de</strong> soupe tous les jours et si quelqu’un perdait sa gamelle et sa cuillère, il<br />

ne mangeait plus.<br />

Ensuite, le train nous a ramené chacun dans <strong>la</strong> ville ou vers <strong>la</strong> ville où l’on<br />

habitait. En arrivant <strong>de</strong>vant ma maison. Je me souvins du jour où mon père et mes frères,<br />

ma mère et moi furent emmenés.<br />

A cet instant je vis mes frères sortirent <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison. Dès lors, nous nous sommes<br />

racontés nos histoires horribles mais quasiment simi<strong>la</strong>ires.<br />

- 3 -


Tant <strong>de</strong> souvenirs horribles, marqués, gravés à jamais dans nos vies et nos<br />

mémoires. Comme ce numéro <strong>de</strong> matricule « 85007 » gravé dans <strong>la</strong> peau à jamais.<br />

Il t’es arrivée toutes ces atrocités, je n’imaginais pas et tes frères je les ai jamais<br />

connus, que sont-ils <strong>de</strong>venus ?<br />

- Ils sont morts trois ou quatre ans après. Morts <strong>de</strong> toutes ces sévisses endurés,<br />

l’un avait perdu l’utilisation <strong>de</strong> ces mains en les lui coupant, et l’autre ils l’ont tué, usé<br />

mentalement, il ne s’en est jamais remis pendant les dix années suivantes. Il a vécu<br />

comme un fantôme sans montrer aucun intérêt à quoi que ce soit.<br />

- Mamie, j’aimerais que tu viennes dans ma c<strong>la</strong>sse pour raconter tout ce<strong>la</strong>.<br />

Elle me serra dans ses bras à m’étouffer et me glissa un « oui », un oui joyeux, je<br />

sais qu’elle faisait çà pour me faire p<strong>la</strong>isir.<br />

Le jour du témoignage, <strong>de</strong>ux autres grands-parents étaient présents, chacun a<br />

raconté son témoignage tout aussi poignant.<br />

- 4 -<br />

Mémoire à toutes ces victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Shoah.


C’est l’histoire d’une petite fille <strong>de</strong> sept ans, insouciante, avec <strong>de</strong> grands<br />

cheveux châtains, entourée <strong>de</strong> l’amour <strong>de</strong> ses proches, <strong>de</strong> ses amis à qui je<br />

ne donnerai pas <strong>de</strong> nom.<br />

Une petite fille choyée par sa famille, ne manquant <strong>de</strong> rien dans un pays où<br />

<strong>la</strong> chaleur humaine est omniprésente : le Portugal, pays verdoyant où il fait<br />

bon vivre.<br />

Son environnement calfeutré et aimant, lui a évité <strong>de</strong> se rendre compte<br />

d’une mésentente existante entre son père et son grand-père, qui pourtant<br />

al<strong>la</strong>it bouleverser sa vie.<br />

Son père désabusé par <strong>la</strong> situation, après maintes discutions avec <strong>de</strong>s<br />

personnes résidantes à l’étranger, lui ayant fait mention d’un besoin <strong>de</strong><br />

mains d’œuvres notamment en France et en Allemagne hésite à partir.<br />

Il se trouve qu’il a <strong>de</strong>s amis dans ces pays et qui pourraient lui trouver un<br />

contrat <strong>de</strong> travail.<br />

Après <strong>de</strong> nombreuses réflexions, il déci<strong>de</strong> d’accepter. Un <strong>de</strong> ces amis lui<br />

fait parvenir un accord pour aller en France.<br />

Ce père aimant et protecteur, explique à ses enfants avec beaucoup <strong>de</strong><br />

patience et très simplement, qu’il va les <strong>la</strong>isser quelque temps. Mais qu’il va<br />

préparer leurs retrouvailles avec une maison pour vivre <strong>de</strong> nouveau<br />

ensemble dans le confort.<br />

La petite fille se sent si triste <strong>de</strong> voir ce père tant aimé partir, mais elle<br />

sait que cette peine n’est que provisoire et que son père tiendra parole et<br />

donc malgré cette absence, elle poursuit sa vie insouciante dans son cocon<br />

aimant et protecteur.<br />

Le jour vint où en pleine nuit, sa mère <strong>la</strong> réveille, elle et ses frères en leur<br />

disant simplement qu’ils al<strong>la</strong>ient retrouver leur père.<br />

Soudain, le mon<strong>de</strong> s’écroule autour d’elle : elle comprend qu’elle va se<br />

retrouver loin <strong>de</strong>s siens, <strong>de</strong> ses amis ; elle a peur et écoute bien sa mère<br />

en se raccrochant à elle.<br />

1


Cette mère, qui a toujours veillé à ce qu’il ne leur manque <strong>de</strong> rien, leur<br />

explique qu’ils vont partir en voiture avec un monsieur, pour aller retrouver<br />

leur papa et qu’elle sera toujours là auprès d’eux.<br />

Dans cette voiture, qui l’emmène vers son père, elle se serre bien contre<br />

ses frères, comme pour se rassurer, se réconforter.<br />

Toutefois, en arrivant près <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière, toujours en pleine nuit, <strong>la</strong><br />

voiture s’arrête et <strong>la</strong> maman leur explique qu’ils vont <strong>de</strong>voir aller avec <strong>de</strong>s<br />

personnes qu’ils ne connaissent pas car ils n’ont pas eu assez <strong>de</strong> temps pour<br />

récupérer leurs passeports.<br />

La petite fille ne comprend pas que sa mère lui a menti quelques heures<br />

plutôt elle lui avait dit « je serais toujours là auprès <strong>de</strong> vous mes enfants »<br />

et là elle les <strong>la</strong>isse partir avec <strong>de</strong>s étrangers et « si on ne se revoyait<br />

jamais ? » pense – t – elle<br />

Elle se retrouve avec ses frères en pleine nuit, ainsi que <strong>de</strong>ux hommes, au<br />

regard bienveil<strong>la</strong>nt, en pleine forêt, puis sur un petit ra<strong>de</strong>au pour<br />

traverser une rivière et se retrouver enfin en Espagne. De l’autre coté, ils<br />

retrouvent leur mère, sou<strong>la</strong>gée <strong>de</strong> les voir arriver comme prévu, ils sont<br />

hébergés par une famille charmante chez qui ils dorment.<br />

Le len<strong>de</strong>main, après un petit déjeuner réparateur chez leurs hôtes qui les<br />

ont accueillis avec chaleur et fraternité, ils repartent en compagnie <strong>de</strong> ce<br />

passeur jusqu’à <strong>la</strong> frontière française où ils peuvent passer grâce au<br />

document fourni par l’état français pour permettre le regroupement<br />

familial.<br />

Quand ils arrivent à Bor<strong>de</strong>aux, le passeur ne veut pas aller plus loin sans<br />

une certaine somme d’argent, <strong>la</strong> mère doit appeler son mari pour qu’il<br />

vienne les ai<strong>de</strong>r et éventuellement les chercher.<br />

Enfin <strong>la</strong> famille est réunie et se retrouve au Centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dans une<br />

maison prête à les accueillir. Comme le père l’avait promis.<br />

La petite fille grandit très vite dans ce pays d’adoption qui lui a montré<br />

que <strong>la</strong> vie n’est pas faite, que d’insouciance et d’amour dans <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s<br />

jouets les attendaient, c’était <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> noël.<br />

2


Une <strong>nouvelle</strong> vie commence donc pour cette famille portugaise qui a du<br />

s’habituer aux coutumes, à <strong>la</strong> culture et surtout à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue car aucun<br />

d’entre eux ne par<strong>la</strong>it le français mis à part le père qui était arrivé <strong>de</strong>puis<br />

un an.<br />

Toutefois pour cette petite fille, qui d’un coup n’était plus une petite fille<br />

mais une gran<strong>de</strong> fille : déracinée, elle était <strong>de</strong>venue adulte sans prévenir<br />

et sans s’en rendre compte et malgré <strong>la</strong> joie d’être avec ses parents et ses<br />

frères elle se sentait seule, dans son coeur :<br />

Nostalgie<br />

Les jours se succè<strong>de</strong>nt, les jours se ressemblent,<br />

Depuis que je t’ai <strong>la</strong>issé,<br />

Je suis restée seule, abandonnée,<br />

Ma vie, elle s’est modifiée,<br />

Je ne me suis doutée <strong>de</strong> rien,<br />

Tu as fait avec moi, un bout <strong>de</strong> chemin,<br />

Et un jour, sans prévenir,<br />

J’ai du partir dans un cri <strong>de</strong> détresse,<br />

Je n’est rien entendu, même pas les SOS,<br />

J’aurais pu l’ai<strong>de</strong>r à s’en sortir,<br />

A ses yeux, j’étais une lueur d’espoir,<br />

A cause <strong>de</strong> mon insouciance et ma veine,<br />

Je l’ai <strong>la</strong>issée seul à son choix,<br />

Il m’a si bien caché sa peine,<br />

Je suis restée seule, abandonnée,<br />

Que vais-je faire sans toi ?<br />

J’ai longtemps réfléchi, et d’une seule solution<br />

J’ai décidé,<br />

Pour te revoir, il me suffit <strong>de</strong> venir te voir.<br />

3


Malgré cette tristesse, <strong>la</strong> fillette a beaucoup <strong>de</strong> chance, car très vite elle<br />

a été très entourée par <strong>de</strong>s amis charmants, très à l’écoute et prêts à<br />

l’ai<strong>de</strong>r, certains ayant vécu une histoire simi<strong>la</strong>ire.<br />

Elle a suivi l’école comme tous les enfants <strong>de</strong> son âge à force <strong>de</strong> travail et<br />

<strong>de</strong> volonté pour intégrer sa <strong>nouvelle</strong> vie française et en parallèle elle est<br />

allée avec ses frères, à l’école portugaise.<br />

Plus tard, elle a rencontré l’être aimé qui n’est pas <strong>de</strong> même nationalité, et<br />

qui a beaucoup <strong>de</strong> mal à comprendre sa « dépendance » à ce pays qui est<br />

son origine son histoire ; le Portugal.<br />

La petite fille aux yeux noisette et aux cheveux châtains, souvent pense :<br />

Aujourd’hui<br />

Aujourd’hui<br />

J’ai <strong>la</strong> nostalgie,<br />

De mon petit pays,<br />

A le Portugal,<br />

Avec son paysage royal,<br />

Je rêve dit retourner,<br />

Même si ce n’est que pour une journée,<br />

Ce petit vil<strong>la</strong>ge,<br />

Avec tous ces visages,<br />

Et ces images,<br />

Si seulement mon être aimé,<br />

Vou<strong>la</strong>it bien accepter,<br />

Que tous ce<strong>la</strong> fait parti <strong>de</strong> moi,<br />

C’est ça qui me fait vivre,<br />

Sourire, Aimé,<br />

Pour moi,<br />

Là je suis enfermée,<br />

S’il vou<strong>la</strong>it bien m’accompagner,<br />

Il comprendrait.<br />

4


Tous ces nouveaux amis qui ont toujours été présents à son arrivée et<br />

grâce à qui elle a évolué et est <strong>de</strong>venue une femme épanouie qui a le cœur<br />

partagé entre les <strong>de</strong>ux pays : <strong>la</strong> France et le Portugal.<br />

5


ÂMES MEURTRIES<br />

C’était hier, pour <strong>la</strong> première fois <strong>de</strong> ma vie, j’ai vu mon grand<br />

oncle pleurer. Ce fut un grand choc pour moi <strong>de</strong> voir une <strong>la</strong>rme rouler<br />

en silence sur les traits d’un visage aussi dur, aussi renfermé…<br />

C’est un homme <strong>de</strong> caractère <strong>de</strong> quatre vingt trois ans, ayant<br />

subi toutes les horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, le froid, <strong>la</strong> faim, les massacres…<br />

J’étais consciente <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong> mais quelque part au fond <strong>de</strong> moi,<br />

je pensais que <strong>la</strong> douleur s’était atténuée avec le temps.<br />

Bien au contraire, là est mon erreur, j’ai maintenant compris<br />

qu’on oublie jamais <strong>de</strong> telles horreurs. Ce sont <strong>de</strong> perpétuelles<br />

souffrances qui se cachent dans un coin du cœur et qui ressurgissent à<br />

tous moments. Un geste, une image, une parole suffisent à raviver <strong>la</strong><br />

douleur.<br />

Nous regardions les informations au journal <strong>de</strong> vingt heures. Il<br />

était question d’un f<strong>la</strong>sh spécial consacré aux milliers <strong>de</strong> déportés juifs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre Mondiale, quand tout à coup, je vis mon grandoncle<br />

blêmir, puis une grosse <strong>la</strong>rme rou<strong>la</strong> sur sa joue. Je restais dans<br />

mon coin, n’osant lui parler, ni même le consoler.<br />

Je pris une revue sur <strong>la</strong> petite table <strong>de</strong> chêne, et fis semb<strong>la</strong>nt <strong>de</strong><br />

lire. Il éteignit <strong>la</strong> télévision et resta quinze bonnes minutes dans le<br />

silence le plus complet. J’osais à peine respirer, puis d’un coup, il brisa<br />

le silence et me raconta :<br />

« C’était en 1942, dans un petit vil<strong>la</strong>ge où je gagnais ma vie tant<br />

bien que mal, à 5 kilomètres <strong>de</strong> Mérignac. J’avais vingt ans à cette<br />

époque. Tous les jours, j’achetais mon pain dans <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngerie du<br />

vil<strong>la</strong>ge située à quelques mètres <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> couture <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle<br />

GOLDSTEIN.<br />

Tous les jours je regardais par <strong>la</strong> vitre pour entrevoir <strong>la</strong><br />

magnifique vue qui s’offrait à moi : une petite tête brune <strong>la</strong>issant<br />

découvrir, parmi ses longs cheveux, le coin d’une épaule dénudée. Elle<br />

me tournait le dos, mais j’apercevais son visage dans le reflet du<br />

miroir <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite commo<strong>de</strong> <strong>de</strong> bois b<strong>la</strong>nc sur <strong>la</strong>quelle elle oeuvrait.<br />

Un visage fin , plei n <strong>de</strong> grâce, une peau extrêmement b<strong>la</strong>nche, <strong>de</strong><br />

grands yeux noirs… Elle était splendi<strong>de</strong> à mes yeux. »<br />

Il s’arrêta quelques minutes et j’aperçus un léger sourire au coin<br />

<strong>de</strong> ses lèvres. Il reprit :<br />

1


ÂMES MEURTRIES<br />

« Elle ne semb<strong>la</strong>it pas me prêter attention mais moi j’étais fou<br />

d’elle. Je ne <strong>la</strong> connaissais pourtant pas mais j’avais cette petite<br />

excitation quotidienne <strong>de</strong> pouvoir <strong>la</strong> contempler quelques minutes<br />

chaque jour. Elle était mon rayon <strong>de</strong> soleil, ma raison <strong>de</strong> me lever le<br />

matin pour aller travailler. Elle était si pure !<br />

Ce petit manège quotidien dura trois bons mois, puis un beau<br />

matin, alors que je passais <strong>de</strong>vant le petit atelier <strong>de</strong> couture, le miroir<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> commo<strong>de</strong> <strong>de</strong> bois b<strong>la</strong>nc était vi<strong>de</strong>, pas <strong>de</strong> reflet. Mon sang ne fit<br />

qu’un tour, je restais quelques minutes <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> vitrine dans l’espoir<br />

<strong>de</strong> voir <strong>la</strong> beauté réapparaître. Rien ni personne à contempler. Le<br />

cœur retourné je continuais ma route jusqu’à <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngerie. »<br />

Il reprit son souffle et continua :<br />

« Quelle ne fut pas ma surprise, quand en ouvrant <strong>la</strong> porte je <strong>la</strong><br />

vis, plus belle que jamais, <strong>de</strong>bout au comptoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngerie, un<br />

sourire d’ange s’affichait sur ses fines lèvres, elle papotait avec <strong>la</strong><br />

bou<strong>la</strong>ngère. Je ne prêtais pas attention à leur conversation et pourtant<br />

je buvais chacun <strong>de</strong> ses mots sans me <strong>la</strong>sser <strong>de</strong> <strong>la</strong> regar<strong>de</strong>r et d’écouter<br />

<strong>la</strong> douce mélodie <strong>de</strong> sa voix.<br />

J’étais tellement fasciné par cette jeune femme que je n’entendis<br />

même pas <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngère me dire que mon pain était servi. Cette scène<br />

n’avait duré que quelques minutes mais j’avais l’impression d’avoir<br />

passé une éternité à savourer ce bon moment. Je ne re<strong>de</strong>scendis <strong>de</strong><br />

mon nuage qu’une fois <strong>la</strong> beauté envolée, avec un petit au revoir furtif<br />

qui m’était adressé et qui remplit mon cœur <strong>de</strong> bonheur.<br />

Cet inci<strong>de</strong>nt changea ma vie à jamais. Les autres matins qui<br />

suivirent furent i<strong>de</strong>ntiques aux trois <strong>de</strong>rniers mois passés, à quelques<br />

détails près : Maintenant elle me regardait dans le miroir et esquissait<br />

son magnifique sourire qui me remplissait chaque jour le cœur d’un<br />

bonheur inestimable. Elle avait ajouté aux oeuvres <strong>de</strong> sa vitrine d’exposition, un peti t<br />

mouchoir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelle où il était brodé le prénom SARAH.<br />

Le <strong>de</strong>rnier matin où je pus <strong>la</strong> contempler, je <strong>la</strong> vis embuer le<br />

miroir avec sa délicate bouche, puis avec son doigt <strong>de</strong> fée, elle écrivit :<br />

POUR VOUS.<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, comme j’étais en avance, je décidais<br />

d’entrer dans son atelier et <strong>de</strong> lui parler. Mais en arrivant <strong>de</strong>vant <strong>la</strong><br />

2


ÂMES MEURTRIES<br />

boutique, je constatais que le ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fer était tiré. Il y avait un<br />

écriteau indiquant : A VENDRE SAUF POUR LES JUIFS. Je ne<br />

comprenais pas. Je pris mes jambes à mon cou et entra en furie dans <strong>la</strong><br />

bou<strong>la</strong>ngerie pour voir si elle y était.<br />

Personne.<br />

La bou<strong>la</strong>ngère, qui avait remarqué mon affection pour cette<br />

jeune femme me dit avec une voix grave :<br />

-« Ils sont venus <strong>la</strong> chercher cette nuit ».<br />

Je balbutiais : « Mais qui « ils » ? »<br />

Elle me répondit avec <strong>la</strong> voix légèrement cassée : « Les<br />

Allemands »<br />

C’est à ce moment-là que je compris qu’elle était juive… Je restais<br />

sans voix, incapable <strong>de</strong> sortir un son. La bou<strong>la</strong>ngère me tendit le petit<br />

mouchoir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelle que j’avais remarqué dans <strong>la</strong> vitrine et me dit :<br />

« Elle l’a jeté par terre quand les miliciens l’ont emmené et m’a crié <strong>de</strong><br />

vous le donner.»<br />

Une <strong>la</strong>rme rou<strong>la</strong> sur ma joue. Mon existence toute entière<br />

s’effondra par le simple fait qu’une inconnue avait remplit mon cœur<br />

<strong>de</strong> bonheur et d’amour.<br />

Elle avait été déportée au camp <strong>de</strong> RAVENSBRÜCK, camp <strong>de</strong><br />

concentration pour les femmes, en Allemagne, mais elle n’avait pas été<br />

tuée. On lui avait brisé les doigts et les poignets <strong>de</strong> façon à ce qu’elle ne<br />

puisse reprendre son activité, puis elle servit <strong>de</strong> fille <strong>de</strong> joie pour les<br />

miliciens allemands.<br />

J’appris ces informations 20 ans après, en lisant un livre intitulé<br />

« S.G.102245 », qui racontait le témoignage d’une peti te couturière d’un<br />

vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> campagne, à 5 kilomètres <strong>de</strong> Mérignac…<br />

S.G, c’était ses initiales, SARAH GOLDSTEIN et 102245, le<br />

numéro <strong>de</strong> déporté, tatoué sur son bras droit.<br />

Je venais <strong>de</strong> réaliser qu’elle n’était pas morte. Je retournais ciel<br />

et terre pour <strong>la</strong> retrouver, quand enfin je crus y parvenir. »<br />

« Tu aurais dû me voir ma fille », me dit-il. « Mon excitation<br />

était telle que je tremb<strong>la</strong>is comme une vieille feuille ».<br />

« Ma joie ne dura pas longtemps quand en frappant à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />

l’auteur, un homme <strong>de</strong> mon âge environ, le visage marqué par <strong>la</strong><br />

souffrance et <strong>la</strong> haine, m’ouvrit <strong>la</strong> porte.<br />

3


ÂMES MEURTRIES<br />

Surpris je balbutiais : « Pourrait-je parler à SARAH<br />

GOLDSTEIN s’il vous p<strong>la</strong>ît ? » ».<br />

Le bonhomme me regarda d’un air décomposé et me répondit : « -<br />

Elle est morte il y a 16 ans !» Un long silence suivit cette phrase puis il<br />

continua « nous nous sommes connus en 1946, juste après <strong>la</strong> guerre,<br />

nous nous sommes liés d’amitié et elle m’a raconté sa tragédie… Ils ne<br />

l’ont pas tué directement, mais ils sont responsables <strong>de</strong> sa mort. Ils l’ont<br />

usée physiquement et psychologiquement. Ils ont abusé d’elle par<br />

dizaine pendant plus <strong>de</strong> 3 ans… Ils l’ont sacrément abîmé. Elle s’est<br />

<strong>la</strong>issée aller. Ils l’ont tuuuuuuuuer !!!<br />

Le pauvre homme sanglotait et je faisais <strong>de</strong> même.<br />

« Le 25 mars 1946, elle mourut en me suppliant d’écrire son<br />

histoire quand je serais prêt » me dit-il.<br />

« Nous avons pris un café, il m’a montré <strong>de</strong>s photographies et <strong>de</strong>s<br />

lettres d’elle où elle par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> moi. Nous avons écumé notre chagrin<br />

ensemble puis j’ai pris le chemin du retour, plus bouleversé que<br />

jamais.»<br />

Il ne l’oublia pas avec les années, et en son hommage, il écrivit ce<br />

livre.<br />

« Moi non plus je n’ai jamais oublié ! Ni ce magnifique sourire, ni<br />

ce regard d’ange qui m’a fait chavirer le cœur.<br />

Elle a été <strong>la</strong> seule à pénétrer mon coeur, et le restera jusqu’à <strong>la</strong><br />

fin <strong>de</strong> mes jours, même si je passe pour un fou d’aimer à jamais un<br />

reflet <strong>de</strong> miroir… »<br />

« Voilà ma petite, tu sais le grand secret <strong>de</strong> ton vieil oncle à<br />

présent.»<br />

Il se leva, tout retourné par cet émouvant récit et m’embrassa<br />

sur les <strong>de</strong>ux joues comme il ne l’avait jamais fait auparavant.<br />

Son histoire était finie et maintenant je comprenais beaucoup<br />

mieux pourquoi il ne s’était jamais intéressé à aucune femme et<br />

pourquoi on pouvait lire dans son regard l’amertume <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<br />

4


L’ORPHELIN<br />

Un petit garçon orphelin <strong>de</strong> sept ans qui se prénommait David, vit dans<br />

un orphelinat <strong>de</strong>puis l’âge <strong>de</strong> quatre ans ses parents l’ont abandonnés car il<br />

n’avait plus les moyens <strong>de</strong> le nourrir, <strong>de</strong> le loger. Ils se sont retrouvés à <strong>la</strong> rue et<br />

ils disaient que ce n’était pas un endroit pour un enfant <strong>de</strong> quatre ans, ils ont<br />

préféré alors l’abandonner.<br />

<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

C’est à ce moment-là que le petit David c’est retrouvé dans l’orphelinat<br />

David était le petit rayon <strong>de</strong> soleil <strong>de</strong> l’orphelinat il était toujours<br />

souriant, il s’amusait tout le temps, il s’entendait bien avec tous le mon<strong>de</strong> sans<br />

exception. Ce<strong>la</strong> fait trois ans qu’il était parmi eux et jamais un problème<br />

jusqu’au jour ou une famille venait pour le rencontrer, d’habitu<strong>de</strong> personne ne<br />

venait le voir c’était toujours pour les autres enfants mais quand il réalisait que<br />

cette fois-ci c’est pour lui, il n’était pas content car il disais que sa famille était a<br />

l’orphelinat et qu’il était bien où il est, il ne vou<strong>la</strong>it pas partir alors il décidait <strong>de</strong><br />

faire tout et n’importe quoi pour que cette famille parte sans lui, mais ce<strong>la</strong> ne<br />

suffisait pas, les parents sont tombés sous le charme <strong>de</strong> David et ne vou<strong>la</strong>ient<br />

pas d’autres enfants, c’est lui qu’ils vou<strong>la</strong>ient. Rien à faire pour David il était<br />

obligé <strong>de</strong> les suivre.<br />

David a compris que ce qu’il faisait ne servait à rien alors il décida <strong>de</strong> les<br />

suivre avec tristesse. Les adieux était très difficile avec le reste <strong>de</strong> l’orphelinat<br />

surtout avec une animatrice qui l’aimait tant, qui se prénomma Valérie, il <strong>la</strong><br />

considérait comme sa mère car elle était toujours <strong>la</strong> quand il avait besoin <strong>de</strong><br />

quelque chose.<br />

Après ces adieux déchirants David partait avec sa <strong>nouvelle</strong> famille,<br />

quand il était arrivé dans sa <strong>nouvelle</strong> maison, sa famille lui faisait visiter mais il<br />

n’avait pas <strong>la</strong> tête à ce<strong>la</strong> et resta dans sa <strong>nouvelle</strong> chambre seul pour pleurer. Sa<br />

Gongon 1


<strong>nouvelle</strong> maman essaya <strong>de</strong> le réconforter mais il n’y avait rien à faire il lui disait<br />

qu’il ne vou<strong>la</strong>it pas rester ici et qu’il ne se sentait pas à l’aise avec eux.<br />

Une semaine plus tard, David partait pour l’école où sa mère l’avait<br />

inscrit mais ce<strong>la</strong> ne se passe pas très bien, au bout d’un jour David était renvoyé<br />

car il frappait ces camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, perturbait <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, en c<strong>la</strong>ir David était<br />

insupportable. Un jour sa <strong>nouvelle</strong> mère était convoquée par <strong>la</strong> directrice et<br />

apprenait que David était renvoyé <strong>de</strong> l’école, ce<strong>la</strong> a été pour elle un choc et<br />

décida d’appeler l’orphelinat pour dire que David était <strong>de</strong>venu méchant envers<br />

tout le mon<strong>de</strong>, à l’école et à <strong>la</strong> maison, il n’écoutait rien. Elle <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />

auprès <strong>de</strong> Valérie car elle savait qu’il n’y a qu’elle qui le comprenait. Valérie et<br />

le reste <strong>de</strong> l’orphelinat resta sous le choc ils n’avaient pas l’habitu<strong>de</strong> d’entendre<br />

ses propos sur David, lui qui était si calme, gentil, Valérie n’y croyait pas.<br />

Le len<strong>de</strong>main matin Valérie passa voir David chez lui et lui <strong>de</strong>manda<br />

comment sa al<strong>la</strong>it, et il répondait que sa n’al<strong>la</strong>it pas du tout et qu’il vou<strong>la</strong>it<br />

retourner à l’orphelinat pour revoir tous ses copains, et lui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> rester<br />

là-bas pour toujours car c’était sa maison. Valérie, inquiète, lui <strong>de</strong>manda si sa<br />

<strong>nouvelle</strong> famille lui avait fait du mal mais David réponds que non et que ce<br />

n’était pas <strong>la</strong> faute <strong>de</strong> sa famille mais <strong>de</strong> lui, il confia à Valérie qu’il ne se sentait<br />

pas bien avec eux et qu’il vou<strong>la</strong>it retourner à l’orphelinat et que c’était pour ce<strong>la</strong><br />

qu’il faisait <strong>de</strong>s bêtises.<br />

Valérie décida d’aller voir <strong>la</strong> famille pour leur expliquer que David ne<br />

vou<strong>la</strong>it plus rester avec eux et qu’il préférait partir. La famille adoptive ne<br />

comprenne pas pourquoi, ils se <strong>de</strong>mandaient s’ils avait fait quelque chose <strong>de</strong> mal<br />

mais Valérie leur expliqua que c’était pas <strong>de</strong> leur faute, c’est David qui vou<strong>la</strong>it<br />

partir car il avait été habitué à vivre à l’orphelinat et qu’il vou<strong>la</strong>it y rester car il<br />

se sentait chez lui. La famille très compréhensive était d’accord pour qu’il<br />

retourne là-bas, même si ce<strong>la</strong> lui faisait mal au cœur, elle disait que se serait<br />

beaucoup mieux pour lui.<br />

Gongon 2


David faisait sa valise tout content, et repartait avec Valérie à<br />

l’orphelinat, et il retrouva tous ses copains. Le directeur al<strong>la</strong> le voir et lui disait<br />

qu’il ne pouvait pas rester ici à vie et qu’il fal<strong>la</strong>it qu’il trouve une famille<br />

rapi<strong>de</strong>ment et que ce<strong>la</strong> était pour son bien, le directeur lui posa une question qui<br />

lui trottait dans <strong>la</strong> tête <strong>de</strong>puis longtemps, il <strong>de</strong>manda à David s’il n’avait pas<br />

envie <strong>de</strong> retrouver ses parents d’origine et après un moment d’hésitation il<br />

répondit pourquoi pas. Suite à cette réponse plutôt positive <strong>de</strong> David, le<br />

directeur décida <strong>de</strong> commencer les recherches, il <strong>de</strong>manda <strong>de</strong>s renseignements<br />

un peu partout mais sans réponse jusqu’au jour une femme vennait à l’orphelinat<br />

elle se présente et disait que c’était <strong>la</strong> maman <strong>de</strong> David, surprit le directeur lui<br />

<strong>de</strong>manda si elle pouvait prouver que c’était bien <strong>la</strong> vrai mère <strong>de</strong> David, il décida<br />

<strong>de</strong> faire un test <strong>de</strong> maternité. La mère très contente d’avoir retrouvé son fils<br />

accepta sans hésiter car elle ferait tout pour le récupérer. Elle expliqua au<br />

directeur quelle était jeune et quelle ne pouvait pas assumer un enfant sans<br />

argent et sans logement, c’était pour ce<strong>la</strong> quelle l’avait abandonner. Le<br />

len<strong>de</strong>main elle prit ren<strong>de</strong>z-vous à l’hôpital avec David et furent le test ensemble,<br />

David était très surpris <strong>de</strong> voir sa vrai mère à côté <strong>de</strong> lui il était quand même un<br />

peu content car il se disait qu’il <strong>de</strong>vait partir <strong>de</strong> l’orphelinat car il ne pouvait pas<br />

rester là bas toute sa vie, il disait autant partir avec sa vrai mère que <strong>de</strong> partir<br />

avec <strong>de</strong>s inconnus même si elle était inconnu à ses yeux.<br />

Une semaine plus tard les résultats du test était arrivés, le directeur ouvra<br />

l’enveloppe accompagné <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère et <strong>de</strong> David, les résultats était positifs <strong>la</strong><br />

femme qui était venue en prétendant être <strong>la</strong> vraie mère <strong>de</strong> David se trouvait être<br />

<strong>la</strong> bonne.<br />

Le directeur convoqua David pour lui expliquer ce qui al<strong>la</strong>it lui arriver,<br />

David ne comprenait pas trop alors le directeur lui disait qu’il al<strong>la</strong>it vivre avec sa<br />

vraie mère, David n’en revenait pas il était déçu car il savait qu’il <strong>de</strong>vait partir et<br />

Gongon 3


quitter tous ses amis mais il était content car il retrouvait sa mère même s’il<br />

savait qu’elle l’avait abandonné.<br />

Une semaine plus tard <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> David venait le chercher pour<br />

l’emmener chez elle. David disait au revoir à tout le mon<strong>de</strong> et il était très triste<br />

<strong>de</strong> les quitter surtout Valérie avec qui il s’entendait bien, il leur disait avant <strong>de</strong><br />

partir qu’il penserait très fort à eux et qu’il viendrait souvent leur rendre visite.<br />

Ces adieux étaient très difficiles pour tout le mon<strong>de</strong>.<br />

Trois semaines était passées et le directeur reçut une lettre <strong>de</strong> David, il<br />

s’empressa <strong>de</strong> l’ouvrir pour découvrir ce qu’il y avait d’écrit, David racontait<br />

que tout al<strong>la</strong>i bien pour lui et qu’il était très bien installé dans sa <strong>nouvelle</strong><br />

famille avec son frère et sa sœur, il était très heureux avec sa mère qu’il n’avait<br />

pas vu <strong>de</strong>puis trois ans. Le directeur était ravi pour David ainsi que tout le reste<br />

<strong>de</strong> l’orphelinat, surtout Valérie qui était très proche <strong>de</strong> David ils se voyait une<br />

fois par semaine et se téléphona tous les jours.<br />

David <strong>la</strong>issa un grand vi<strong>de</strong> dans l’orphelinat, et manque à tout le mon<strong>de</strong><br />

ce petit méritait <strong>de</strong> retrouver sa mère naturelle car il débordait d’amour et il était<br />

très attachant.<br />

Gongon 4


Z<br />

ac, un homme <strong>de</strong> vingt cinq ans vit une vie paisible avec Noée qui elle, a<br />

vingt trois ans. Tous les <strong>de</strong>ux se connaissent <strong>de</strong>puis dix ans et sont très<br />

amoureux, ils vivent à dans <strong>la</strong> banlieue <strong>de</strong> Berne. Noée est en fac <strong>de</strong> droit et Zac<br />

poursuit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures <strong>de</strong> publicité.<br />

Tout se passe pour le mieux, ils envisagent leur avenir ensemble, rempli<br />

d’enfants, d’argent et <strong>de</strong> bonheur jusqu’au jour ou, Zac apprend que son école va fer-<br />

mer et qui va être transféré à l’autre bout du pays, en Australie qui offre à ses étudiants<br />

<strong>de</strong> nombreuses opportunités pour leur emploi futur.<br />

Zac est très heureux <strong>de</strong> cette information, lui qui a toujours rêvé d’une gran<strong>de</strong><br />

carrière dans <strong>la</strong> publicité, le voilà conquis. Seulement comment annoncer cette<br />

<strong>nouvelle</strong> à Noée qui ne voit que par Zac et qui refuse d’arrêter ses étu<strong>de</strong>s.<br />

Comme tous les soirs, il rentre dans leur merveilleux appartement et commence à<br />

raconter sa journée quand soudain le téléphone sonne, Noée décroche et se met dans<br />

tous ses états :<br />

« C’est papa ! Il est à l’hôpital car maman s’est coupé le doigt profondément ».<br />

Noée est trop perturbée et en oublie <strong>la</strong> journée <strong>de</strong> Zac qui ne pourra donc pas lui<br />

annoncer cette magnifique <strong>nouvelle</strong> pour lui car pour Noée, ce<strong>la</strong> ne va pas être <strong>la</strong><br />

même histoire.<br />

Les jours passent et Zac n’arrive pas à lui annoncer <strong>la</strong> <strong>nouvelle</strong>, seulement le dé-<br />

part est prévu dans <strong>de</strong>ux jours et il traîne ce poids <strong>de</strong> vérité <strong>de</strong>puis trois semaines et le<br />

départ est prévu dans <strong>de</strong>ux jours…<br />

Il prépare un bon dîner en tête-à-tête avec Noée, elle arrive, Zac toujours aux pe-<br />

tits soins, lui enlève son manteau, lui ban<strong>de</strong> les yeux et l’installe à table dans un climat<br />

très romantique, chan<strong>de</strong>lles sur <strong>la</strong> nappe et bougies dans <strong>la</strong> maison. Il commence à lui<br />

annoncer le départ et Noée se met à pleurer à n’en plus finir et le dissua<strong>de</strong> <strong>de</strong> partir,<br />

pour eux, pour leurs futurs enfants, leur avenir mais <strong>la</strong> décision est prise, Zac s’en va<br />

1


définitivement, après maintes réflexions pour être épanouie dans sa vie professionnelle<br />

mais <strong>la</strong>isse Noée, seule dans ce grand appartement, dans cette ville.<br />

Je ne vais pas vous cacher que Noée est dans le désarroi le plus complet mais le<br />

départ approche et elle ne veut pas gâcher ces <strong>de</strong>rniers instants avec lui, même s’il lui<br />

a caché <strong>la</strong> vérité, elle continue <strong>de</strong> croire qu’il restera pour leur couple mais le jour J est<br />

arrivé, il est dix heures, Zac finit <strong>de</strong> préparer ses affaires, l’avion décolle dans trois<br />

heures.<br />

Ils arrivent tous les <strong>de</strong>ux à l’aéroport, l’au revoir est très difficile, surtout pour<br />

Noée, qui ne cesse <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> rester mais Zac commence à s’en aller et pro-<br />

met à Noée <strong>de</strong> rester fidèle car il l’aime et l’aimera toujours.<br />

Huit ans se sont écoulés, Zac est un grand directeur <strong>de</strong> publicité en Australie, à<br />

Sydney précisément, épanouit dans sa vie professionnelle mais dans sa vie amoureuse,<br />

ce n’est pas <strong>la</strong> même réussite ! Il n’a jamais pris <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Noée, son éternel<br />

amour <strong>de</strong> jeunesse mais il ne l’a pas oublié pour autant.<br />

Un jour, en se promenant dans un quartier pauvre, il rencontre un homme noir,<br />

qu’il regar<strong>de</strong> <strong>de</strong> haut en bas, le dévisage presque, seulement l’homme noir ne tolère<br />

pas les regards ainsi alors il se met à insulter Zac <strong>de</strong> riche, <strong>de</strong> bourgeois, d’homme<br />

riche qui n’a pas à traîner dans un quartier comme celui-ci. Tous les <strong>de</strong>ux commencent<br />

à parler violemment puis le ton est baissé, ils sympathiseraient presque ! Ils discutent<br />

<strong>de</strong> leur vie après maintes insultes et Zac trop fier <strong>de</strong> sa réussite se vente <strong>de</strong> sa vie mais<br />

il y a un hic, il n’a pas <strong>de</strong> femmes ni d’enfants et <strong>de</strong>s fois se dit qu’il aimerait changer<br />

<strong>de</strong> vie.<br />

Les <strong>de</strong>ux hommes se quittent calmement et l’homme noir dit à Zac que sa vie doit<br />

changer. Il se couche tourmenté par ce <strong>de</strong>rnier terme employé et s’endort. Seulement<br />

ce ne fut pas une nuit comme les autres…<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, <strong>de</strong>s enfants viennent le réveiller, lui, qui croit rêver quand il<br />

aperçoit Noée sortant <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> bain. Il se précipite dans sa luxueuse rési<strong>de</strong>nce du<br />

centre ville <strong>de</strong> Sydney mais son majordome ne le reconnaît pas quand il voit cet<br />

2


homme noir rencontré <strong>la</strong> veille dans <strong>la</strong> voiture <strong>de</strong> Zac, richissime garçon, il lui <strong>de</strong>-<br />

man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s explications, ce que veut dire ce cinéma, l’homme noir lui dit qu’à part être<br />

fortuné, il ne connaît pas le bonheur et que temps qu’il ne se rendra pas compte du ris-<br />

que encouru quand il est parti, ce « rêve réel » ne cessera pas. Une belle famille et un<br />

travail à sa<strong>la</strong>ire « normal », Zac n’a jamais connu ce<strong>la</strong>.<br />

Peu à peu il apprend à connaître « sa <strong>nouvelle</strong> vie » avec ses enfants, Julia dix ans<br />

et Thomas huit ans, ses amis, sa merveilleuse femme, Noée enfin tout ce qui concerne<br />

sa vie personnelle.<br />

Au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours, Zac est conquis, <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> famille commence à lui p<strong>la</strong>ire !<br />

En fait, il se rend compte <strong>de</strong> ce que serait <strong>de</strong>venue sa vie s’il n’avait pas quitté Noée le<br />

soir <strong>de</strong> son départ pour l’Australie.<br />

Le soir, il est l’heure <strong>de</strong> se coucher mais il a comme un mauvais pressentiment, il<br />

sent que ça peut être sa <strong>de</strong>rnière nuit dans ce rêve réel car il a compris <strong>la</strong> leçon <strong>de</strong> vie,<br />

et il est encore plus amoureux <strong>de</strong> Noée qu’il ne l’a jamais été.<br />

Bon pressentiment, il se réveille le len<strong>de</strong>main matin dans sa luxueuse maison mais<br />

sans ce magnifique entourage mais très vite il va comprendre qu’il ne peut pas vivre<br />

sans Noée et qu’il faut absolument qu’il l’a retrouve. Il va chercher pendant une se-<br />

maine ses coordonnées. Elle habite toujours à Berne, est une bril<strong>la</strong>nte avocate et tou-<br />

jours à <strong>la</strong> recherche ou plutôt dans l’attente <strong>de</strong> son amour perdu.<br />

Le len<strong>de</strong>main il prend le premier avion et s’apprête à retrouver sa belle et tendre<br />

mais aussitôt l’angoisse monte :<br />

« Peut être qu’elle ne veut plus me voir ? Peut être m’a-t-elle oublié ? »<br />

Toutes ses questions restent sans réponse, il ne reste plus qu’à chercher <strong>la</strong> ré-<br />

ponse… Il arrive <strong>de</strong>vant son immeuble, elle aussi a l’air d’avoir eu une vie profession-<br />

nelle épanouie car ce n’est pas un logement <strong>de</strong> troisième c<strong>la</strong>sse !<br />

Il sonne à <strong>la</strong> porte mais elle est ouverte, <strong>de</strong>s gens du déménagement emportent les<br />

meubles, et lui disent <strong>de</strong> rentrer. Il fait un pas et il voit Noée, toujours aussi belle et<br />

même encore plus ! Pour elle s’est une surprise, elle qui l’a attendu pendant huit ans,<br />

un simple bonjour, ils parlent vaguement <strong>de</strong> leur vie et elle explique qu’elle part pour<br />

3


l’Afrique où <strong>de</strong>s gens l’atten<strong>de</strong>nt. Son vol part à vingt trois heures. Pour lui c’est une<br />

catastrophe, c’est un mur, il est impossible <strong>de</strong> lui avouer ses sentiments. Alors il part<br />

avec un au revoir déçu…<br />

Pendant trois heures il tourne dans sa limousine puis déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> partir à l’aéroport<br />

pour essayer <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissua<strong>de</strong>r <strong>de</strong> partir. Noée arrive avec tous ses bagages et voit Zac<br />

qui l’attend au loin. Elle avance d’un pas décidé et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’il fait ici et il lui<br />

explique qu’il a vu leur avenir et que si elle part tout est fichu. Elle sourit et se dirige<br />

vers l’embarquement. Zac hurle dans <strong>la</strong> salle, qu’il a vu qu’ils auraient <strong>de</strong>ux superbes<br />

enfants, Julia et Thomas, un chien et une belle maison et surtout qu’il regrettait et lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pardon d’être parti et <strong>de</strong> l’avoir <strong>la</strong>isser seule.<br />

Elle revient vers lui et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> boire un café. Pendant <strong>de</strong>s heures ils parlent<br />

et s’avouent qu’ils s’aiment toujours autant et qu’elle veut bien lui pardonner.<br />

Deux années plus tard est venue Julia…<br />

4


Je m’appelle Caroline Welsh, j’ai 16 ans et j’habite une petite ville dans le sud <strong>de</strong>s États-Unis,<br />

il m’est arrivé, il y a environ <strong>de</strong>ux mois, une histoire étrange que je vais vous raconter :<br />

Ma gran<strong>de</strong> passion, c’est les animaux et en particulier les chevaux. J’aime les bichonner et les<br />

cajoler alors je leur consacre beaucoup <strong>de</strong> mon temps. Mes parents possè<strong>de</strong>nt un haras au<br />

Texas, nous y allons tous les étés. Cette année, au mois <strong>de</strong> juillet, nous avions décidé <strong>de</strong><br />

rendre visite à ma grand-mère. Il y a cinq heures <strong>de</strong> route <strong>de</strong> Greenville, notre vil<strong>la</strong>ge à Dal<strong>la</strong>s<br />

chez ma grand-mère.<br />

- Caroline, monte dans <strong>la</strong> voiture nous allons y aller, ronchonna ma mère.<br />

- Attends maman, j’ai oublié mon ba<strong>la</strong><strong>de</strong>ur.<br />

Nous étions prêts à pendre <strong>la</strong> route. Au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> trajet, mon père décidait <strong>de</strong><br />

faire une pause pour acheter <strong>de</strong> quoi grignoter et faire marcher <strong>la</strong> chienne Lo<strong>la</strong>.<br />

- Maman, je peux m’acheter <strong>de</strong>s chips<br />

- Non, Caroline ça donne soif et puis ce<strong>la</strong> ne remplit pas l’estomac, prends plutôt <strong>de</strong>s biscuits.<br />

Pour ne pas décevoir ma mère, je prenais <strong>de</strong>s biscuits avec regrets. Après une trentaine <strong>de</strong><br />

minutes nous reprenions <strong>la</strong> route. Vers dix-huit heures, nous arrivions à <strong>de</strong>stination.<br />

- Bonjour Grand-mère, ça fait p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> te voir<br />

- Moi aussi je suis contente <strong>de</strong> te voir, ta chambre est prête, elle n’attend plus que toi.<br />

- Merci grand-mère, <strong>de</strong> me prêter <strong>la</strong> plus belle <strong>de</strong> tes chambres<br />

- Qu’est-ce que je ne ferais pas pour ma petite fille ?<br />

Je montais les escaliers quatre à quatre et débal<strong>la</strong>is mes affaires.<br />

- Bonjour maman, répondit ma mère<br />

Je n’avais plus <strong>de</strong> grands-parents paternels, ils étaient décédés suite à un incendie dans <strong>la</strong><br />

ferme, le feu avait pris au beau milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit et les pompiers n’avaient rien pu faire.<br />

J’étais à peine installée que j’al<strong>la</strong>is rendre visite à mon amie qui habitait une rue plus bas que<br />

celle <strong>de</strong> ma grand-mère.<br />

- Papa, je vais chercher Angé<strong>la</strong>, pour aller au haras voir les chevaux<br />

- On vous rejoint avec ta mère dans <strong>de</strong>ux heures, on va décharger <strong>la</strong> voiture.<br />

- Bonjour Monsieur Colley, est-ce qu’Angé<strong>la</strong> est là s’il vous p<strong>la</strong>ît ?<br />

- Bonjour Caroline, je suis content <strong>de</strong> te voir, Angé<strong>la</strong> est dans le jardin elle lit un livre.<br />

- Salut Angé<strong>la</strong>, lui criai-je en courant vers elle<br />

1


- Caroline, je suis contente <strong>de</strong> te revoir ça fait si longtemps, combien <strong>de</strong> temps restes-tu à<br />

Dal<strong>la</strong>s.<br />

- Oui, ça fait dix mois que l’on n’était pas venu à Dal<strong>la</strong>s. Je suis ici pour trois semaines<br />

- Peux-tu venir avec moi au haras, je vais aller voir Pouline qui attend un pou<strong>la</strong>in.<br />

Pouline était une jeune jument, qui n’avait encore jamais mis au mon<strong>de</strong> un pou<strong>la</strong>in, nous<br />

étions obligés à tour <strong>de</strong> rôle <strong>de</strong> surveiller <strong>la</strong> naissance du pou<strong>la</strong>in.<br />

- J’aimerais bien, je vais <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à mon père.<br />

- Papa, je peux aller au haras avec Caro, on doit aller surveiller <strong>la</strong> jument qui va mettre bas.<br />

Le père d’Angé<strong>la</strong> n’avait pas le temps <strong>de</strong> finir sa phrase que je lui coupais <strong>la</strong> parole.<br />

- Oui, tu…<br />

- Je vous préviens, on passe <strong>la</strong> nuit au haras à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> jument<br />

- Va préparer tes affaires pour <strong>la</strong> nuit et pas <strong>de</strong> bêtises, répondit le père<br />

Une fois les affaires <strong>de</strong> mon amie préparée, nous prenions le chemin caillouteux du haras,<br />

après une bonne heure <strong>de</strong> marche, nous arrivions à <strong>de</strong>stination.<br />

- Allons poser les affaires dans le cabanon, ensuite j’irais voir Pouline et toi tu iras donner à<br />

boire aux autres chevaux.<br />

La voiture <strong>de</strong> mes parents arrivait au haras et Lo<strong>la</strong> <strong>la</strong> chienne courait déjà vers ses amis les<br />

chevaux pour leur dire bonjour.<br />

Pendant que mes parents veil<strong>la</strong>ient sur Pouline, je préparais avec l’ai<strong>de</strong> d’Angé<strong>la</strong> nos <strong>de</strong>ux<br />

baluchons et un gros sac à dos qui al<strong>la</strong>it contenir notre toile <strong>de</strong> tente, nous avions décidé <strong>de</strong><br />

faire une randonnée à chevaux dans les bois et <strong>de</strong> dormir sur p<strong>la</strong>ce.<br />

Quand tout était près, je sel<strong>la</strong>is Grispoil et Prunelle les <strong>de</strong>ux chevaux les plus affectueux.<br />

Tout avait bien commencé au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> randonnée, mais après avoir effectué quelques<br />

kilomètres, je me rendais compte que je m’étais trompée <strong>de</strong> route.<br />

-Nous nous sommes perdues Angé<strong>la</strong>, nous allons nous arrêter quelques instants pour faire<br />

boire les chevaux.<br />

Nous tournions en rond <strong>de</strong>puis une quinzaine <strong>de</strong> minutes quand Angé<strong>la</strong> retrouvait le chemin à<br />

suivre. Nous arrivions à l’endroit où nous voulions installer <strong>la</strong> tente. Je me mis au travail tout<br />

<strong>de</strong> suite, pendant qu’Angé<strong>la</strong> cherchait un coin pour attacher les <strong>de</strong>ux chevaux.<br />

- Je leur ai donné du foin et je leur ai mis leurs couvertures<br />

- Très bien, tu es une bonne cavalière, ai<strong>de</strong>-moi à préparer le feu <strong>de</strong> camp, il nous faut <strong>de</strong>s<br />

brindilles et <strong>de</strong>s feuilles mortes.<br />

Deux longues heures s’étaient écoulées, le camp était fini <strong>de</strong> monter, nous passions à table,<br />

emmitouflées dans nos sacs <strong>de</strong> couchage, nous faisions cuire <strong>de</strong>s sardines que nous avions<br />

préparées juste avant <strong>de</strong> partir en randonnée. Notre estomac bien rempli, nous décidions <strong>de</strong> ne<br />

2


pas nous coucher maintenant et <strong>de</strong> faire une veillée <strong>de</strong> l’horreur, nous nous racontions <strong>de</strong>s<br />

histoires d’horreur. Angé<strong>la</strong> commençait par une histoire vraie qui s’était déroulée juste dans<br />

les bois où nous étions en ce moment. Je sentais <strong>de</strong>s frissons qui me parcouraient tout le corps<br />

et le bruit du vent dans les arbres me f<strong>la</strong>nquait <strong>la</strong> chair <strong>de</strong> poule.<br />

- Super, Angé<strong>la</strong>, celle-ci je ne <strong>la</strong> connaissais pas, mais elle donne les pétoches, à mon tour<br />

j’en connais une aussi bien.<br />

- Attend avant <strong>de</strong> <strong>la</strong> raconter, j’ai encore un petit creux, j’ai envie <strong>de</strong> me faire griller <strong>de</strong>s<br />

marshmallows<br />

- Ok, pour les marshmallows<br />

Je commençais mon histoire, elle par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> sorcière et <strong>de</strong> potions magiques. Je récitais une<br />

formule <strong>de</strong> potion magique qui était essentielle dans l’histoire.<br />

- Caroline, on va se coucher, je tombe <strong>de</strong> sommeil il doit être très tard.<br />

- En effet, il est minuit va te coucher, je te rejoins tout <strong>de</strong> suite, j’éteins le feu<br />

Je commençais à sentir <strong>de</strong>s douleurs dans tout mon corps, j’al<strong>la</strong>is rejoindre Angé<strong>la</strong> qui s’était<br />

déjà endormie.<br />

Pendant <strong>la</strong> nuit, quelque chose d’horrible se dérou<strong>la</strong>, j’étais en train <strong>de</strong> me transformer en<br />

cheval, à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> formule magique que j’avais récitée.<br />

La nuit était courte, car dormir avec les bruits <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature et les insectes piqueurs ce n’est pas<br />

facile. Angé<strong>la</strong> se réveil<strong>la</strong>it <strong>la</strong> première, elle rallumait le feu pour notre petit déjeuner, et al<strong>la</strong>it<br />

promener les chevaux à <strong>la</strong> rivière.<br />

Je me réveil<strong>la</strong>is doucement, je bail<strong>la</strong>is, je vou<strong>la</strong>is me gratter à <strong>la</strong> cuisse car <strong>de</strong>s moustiques<br />

nous avaient piqués toute <strong>la</strong> nuit, d’un seul coup, je poussais un cri <strong>de</strong> frayeur quand je<br />

découvrais à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mes mains et <strong>de</strong> mes pieds, <strong>de</strong>s sabots. Angé<strong>la</strong> courait à toute vitesse<br />

pour me rejoindre et restait en stupéfaction <strong>de</strong>vant l’animal que j’étais <strong>de</strong>venu.<br />

- Mais qu’est-ce qui s’est passé, bégaya Angé<strong>la</strong><br />

- Je ne sais pas, ai<strong>de</strong>-moi à me mettre sur mes quatre pattes.<br />

Caroline avait du mal à tenir sur ses pattes, elle se ba<strong>la</strong>nça comme un pou<strong>la</strong>in qui venait <strong>de</strong><br />

naître et qui essaya <strong>de</strong> se mettre <strong>de</strong>bout.<br />

- Qu’est-ce que vont dire tes parents ?<br />

- Je sais, ça doit être <strong>la</strong> formule magique que j’ai récitée hier, elle m’a transformée en cheval.<br />

- Tu ne connais pas un antidote pour te faire re<strong>de</strong>venir en humain<br />

- L’envoûtement dure une journée entière et jusqu'à ce soir vers minuit, à l’heure où j’ai récité<br />

cette formule, ses effets disparaîtront<br />

Angé<strong>la</strong> m’aidait à manger et elle rangeait toute seule le camp puisque je ne pouvais l’ai<strong>de</strong>r,<br />

elle attachait les <strong>de</strong>ux chevaux <strong>de</strong>rrière moi et montait sur mon dos. Nous reprenions en sens<br />

inverse le chemin d’hier. Arrivé à l’orée du bois, Angé<strong>la</strong> <strong>de</strong>scendait, prenait les <strong>de</strong>ux chevaux<br />

et se dirigeait en direction du haras.<br />

3


- Tu racontes tout à mes parents, et surtout dis-leur <strong>de</strong> ne pas s’inquiéter, je re<strong>de</strong>viendrais leur<br />

fille ce soir.<br />

- Bonjour, Monsieur et Madame Welsh, comment va <strong>la</strong> jument ce matin.<br />

- Elle va très bien, elle est un peu fatiguée, le pou<strong>la</strong>in est né cette nuit, nous l’avons<br />

surnommé Blizzard, comment s’est passer votre nuit dans les bois.<br />

- Tout s’est bien déroulé<br />

- Caroline n’est pas avec toi c’est bizarre, elle aurait aimé être <strong>la</strong> première à voir le pou<strong>la</strong>in.<br />

- J’ai quelque chose d’important à vous dire à propos <strong>de</strong> votre fille<br />

- Il lui est arrivé quelque chose <strong>de</strong> grave, elle s’est blessée, répondit ma mère en pleurant<br />

- Ne vous inquiétez pas, elle est en pleine forme, hier avant <strong>de</strong> se coucher, on s’est raconter<br />

<strong>de</strong>s histoires d’horreurs, Caroline en a raconté une avec <strong>de</strong>s sorcières et <strong>de</strong>s potions magiques,<br />

pendant <strong>la</strong> nuit, cette formule s’est réalisée et ce matin au réveil, Caroline était transformée en<br />

cheval.<br />

- Oh ! Mon dieu…Madame Welsh tomba dans les pommes.<br />

- Mais elle ne va pas rester toute sa vie comme ça<br />

- Non ce soir, <strong>la</strong> magie disparaîtra et elle re<strong>de</strong>viendra normale.<br />

Angé<strong>la</strong> me rejoignait à l’orée du bois<br />

- Alors comment ont-ils réagi ? Demandais-je à mon amie<br />

- Ton père à bien réagi, mais ta mère est tombée dans les pommes.<br />

- Oh ! Zut.<br />

- Le petit <strong>de</strong> Pouline est né cette nuit<br />

- Chouette, comment l’ont-ils appelé<br />

- Ils l’ont appelé Blizzard<br />

- Maintenant que je suis dans <strong>la</strong> peau d’un cheval autant en profiter, al<strong>la</strong>it grimpe sur mon<br />

dos, je t’emmène en bal<strong>la</strong><strong>de</strong>. Je démarrais en flèche avec un beau galop, je sautais <strong>de</strong>s<br />

obstacles, mais ce que je préférais c’était d’avoir <strong>la</strong> crinière dans le vent.<br />

- C’est génial d’être dans <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> mon animal préféré, maintenant je ne regrette plus cette<br />

formule magique <strong>de</strong> m’avoir donné ce bonheur.<br />

- Caroline, tu ne veux pas t’arrêter dans cette magnifique rivière pour te reposer et <strong>de</strong><br />

désaltérer.<br />

- Si tu as raison, ce<strong>la</strong> me fera le plus grand bien.<br />

Je commençais à mettre les pieds dans l’eau quand Angé<strong>la</strong> me prenait par surprise et<br />

m’éc<strong>la</strong>boussait, je faisais <strong>de</strong>s rua<strong>de</strong>s dans l’eau ce qui <strong>la</strong> mouil<strong>la</strong>it <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête aux pieds. Je<br />

repartais <strong>de</strong> nouveau au galop, après avoir parcouru pas mal <strong>de</strong> kilomètres, je ralentissais le<br />

pas car <strong>la</strong> fatigue se faisait ressentir. On arrivait dans un grand champ <strong>de</strong> coquelicots, Angé<strong>la</strong><br />

4


était allergique aux coquelicots quand elle les renif<strong>la</strong>it <strong>de</strong> près. Pour me venger d’Angé<strong>la</strong><br />

quand elle m’avait arrosée, je m’allongeais dans le champ et me rou<strong>la</strong>is.<br />

- Atchoum, atchoum, tu vas me le payer ma vieille, attends si je t’attrape, tu va passer un<br />

mauvais quart d’heure.<br />

- Tu ne pourras pas m’attraper, j’irais trop vite pour toi<br />

- Tu ne courras pas vite longtemps, tu te fatigueras<br />

- C’est ce que l’on verra ?<br />

Angé<strong>la</strong> commençait à me courir après. Nous nous étions amusés pendant trois longues heures,<br />

fatigués, nous décidions <strong>de</strong> nous reposer pour récupérer nos forces. On s’allongeait dans<br />

l’herbe, fermait les yeux, et s’endormait doucement. Je me réveil<strong>la</strong>is <strong>la</strong> première et<br />

m’apercevais qu’il faisait presque nuit, je réveil<strong>la</strong>is Angé<strong>la</strong> qui sursautait.<br />

- Angé<strong>la</strong>, réveille-toi, on a dormi trop longtemps, il faut que l’on rentre, il fait presque nuit.<br />

- Hein ! Qu’est-ce qu’il y a pourquoi me réveilles-tu ?<br />

- Il faut que l’on rentre, mes parents vont s’inquiéter, il fait nuit dans une heure.<br />

-C’est parti, criai-je à tue-tête<br />

Caroline sentait ses membres trembler quand elle arrivait <strong>de</strong>vant le haras ses parents étaient là<br />

pour l’accueillir.<br />

- Caroline, que tu es belle, tu as un joli pe<strong>la</strong>ge, tu es toute douce, répondit ma mère<br />

- Bon, si on passait à table, je meurs <strong>de</strong> faim, cria mon père.<br />

La discussion pendant le repas tournait autour du pou<strong>la</strong>in et moi. Je <strong>de</strong>mandais à Angé<strong>la</strong><br />

quelle heure il était.<br />

- Maintenant que le pou<strong>la</strong>in est né, il sera pour toi, Caroline, ce sera ton cheval, tu en feras ce<br />

que tu veux, et le prochain pou<strong>la</strong>in que Pouline fera sera pour Angé<strong>la</strong>.<br />

- Super, je vous remercie Papa et Maman, Angé<strong>la</strong> quelle heure est-il s’il te p<strong>la</strong>it ?<br />

- Monsieur et Madame Welsh, je vous remercie pour ce superbe ca<strong>de</strong>au, il est vingt-trois<br />

heures trente, tu n’as plus que trente minutes à tenir.<br />

Mes parents tenaient tant à être là quand je re<strong>de</strong>viendrais moi-même. Ma mère qui avait <strong>la</strong><br />

phobie du vi<strong>de</strong> n’était jamais montée sur un cheval, elle se proposait pour monter sur mon<br />

dos.<br />

- Caroline,<br />

- Oui, maman<br />

- Je peux monter sur ton dos, mais tu n’avances pas trop vite<br />

- Ne t’inquiètes pas j’avancerais doucement, c’est <strong>la</strong> première fois que tu en fais<br />

Au même moment, où ma mère vou<strong>la</strong>it <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> mon dos, je re<strong>de</strong>venais normale, et ma<br />

mère faisait une chute sur les fesses.<br />

5


- Désolé maman<br />

Je courais voir mon pou<strong>la</strong>in à l’écurie<br />

- Regar<strong>de</strong> Angé<strong>la</strong>, comme il est beau, il est marron avec une tâche b<strong>la</strong>nche sur le dos, il<br />

ressemble exactement à sa mère.<br />

Angé<strong>la</strong> et moi nous étions tellement fatiguées <strong>de</strong> notre journée, que nous nous endormions à<br />

côté <strong>de</strong> Blizzard. Au petit jour, le coq du voisin nous réveil<strong>la</strong>it, je courais embrasser mes<br />

parents, l’heure du départ se faisait proche, nous allions retourner dans notre petite ville<br />

Greenville. Je déjeunais à toute allure, nous étions les premières dans <strong>la</strong> voiture, nous<br />

prenions <strong>la</strong> route pour Dal<strong>la</strong>s. J’accompagnais Angé<strong>la</strong> chez elle.<br />

- Au revoir, à l’année prochaine<br />

- Ok, tu vas beaucoup me manquer<br />

- Toi aussi tu vas me manquer, tu gar<strong>de</strong>s cette histoire pour toi, tu ne <strong>la</strong> répètes à personne<br />

- Promis, tu peux compter sur moi<br />

Je remontais dans <strong>la</strong> voiture, je prenais ma chienne dans mes bras pour me consoler, à chaque<br />

départ je pleurais souvent. Voilà l’histoire étrange qui m’est arrivée, cette journée a été <strong>la</strong> plus<br />

belle <strong>de</strong> ma vie, elle restera gravée à jamais dans ma mémoire.<br />

6


Le GRAND AMOUR existe-t-il vraiment ?<br />

Le GRAND AMOUR existe-t-il vraiment ?<br />

Sophie est une jolie jeune fille, dans un mois c’est son anniversaire, elle va avoir<br />

16 ans. Elle est venue pour les vacances d’été dans sa <strong>de</strong>uxième maison dans les Alpes.<br />

Elle ne connaît pas beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, mais elle aime bien <strong>la</strong> montagne, elle fait<br />

souvent <strong>de</strong>s ba<strong>la</strong><strong>de</strong>s en forêt. En se promenant dans le petit vil<strong>la</strong>ge où elle habite, elle a<br />

croisé un <strong>de</strong> ses voisins, c’est plutôt un bel homme mais il a l’air beaucoup plus âgé<br />

qu’elle, <strong>de</strong> plus il a déjà une femme dans sa vie.<br />

Elle le croise régulièrement il rentre du travail et elle se promène, elle a appris<br />

qu’il s’appe<strong>la</strong>it Sylvain, il <strong>de</strong>vient l’homme <strong>de</strong> ses rêves. La mère <strong>de</strong> cet homme propose<br />

à Sophie <strong>de</strong> travailler avec elle pour l’été, elle a <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> fraises et il faut les<br />

ramasser et aller les vendre. La mère <strong>de</strong> cet homme a un emploi à mi-temps et elle ne<br />

peut pas toujours emmener Sophie ramasser les fraises, c’est donc Sylvain qui<br />

l’emmenait. Et là commença <strong>la</strong> belle histoire, ils se mirent à parler tous les <strong>de</strong>ux, à<br />

discuter pendant <strong>de</strong>s heures.<br />

Un soir, alors que Sophie se promenait dans son vil<strong>la</strong>ge, elle croisa Sylvain, il<br />

discutèrent un moment et ils décidèrent <strong>de</strong> partir faire un tour, le seul souci était : quelle<br />

histoire al<strong>la</strong>it-elle inventer à ses parents pour ne pas leur dire où elle partait car ses<br />

parents n’auraient pas été très rassurés <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser partir avec un homme dont ils ne<br />

connaissaient rien. Sophie dit à son père qu’elle partait faire du 4 x 4. Après avoir discuté<br />

un moment, Sylvain embrassa Sophie avec beaucoup <strong>de</strong> tendresse et <strong>de</strong> douceur. Sophie<br />

pensa à <strong>la</strong> copine <strong>de</strong> Sylvain, elle lui dit « tu ne peux pas faire ce<strong>la</strong> à ta copine ». Sylvain<br />

lui répondit juste qu’il ne ressentait plus rien pour sa copine. Au bout d’une heure, une<br />

heure et <strong>de</strong>mi, Sophie rentra chez elle, son père lui dit : « Ben, elle a duré longtemps ta<br />

promena<strong>de</strong> en 4 x4, t’es sûre que tu as fais que du 4 x 4 ». Sophie répondit : « Bien sur<br />

que oui, tu veux qu’on est fait quoi d’autre ».<br />

Sophie et Sylvain entretenaient maintenant une re<strong>la</strong>tion régulière mais personne<br />

n’était au courant à part un ami ou <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> Sylvain, et lorsque Sophie rentra chez elle<br />

une ou <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses amies. La fin <strong>de</strong>s vacances arriva et Sophie <strong>de</strong>vait rentrer chez elle.<br />

Elle et Sylvain étaient tristes mais Sophie rentra. Elle monta dans <strong>la</strong> voiture avec sa mère,<br />

et elle pleura pendant une bonne <strong>de</strong>mi-heure, ce<strong>la</strong> faisait rire sa mère qui n’était pas au<br />

courant <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation et elle lui dit : « Tu n’as pas fini <strong>de</strong> pleurer ? ».<br />

Elle retournait au moins une fois par mois dans les Alpes et revoyait à chaque<br />

fois Sylvain, ils aimaient bien être ensemble.<br />

Un an, <strong>de</strong>ux ans passèrent et ils étaient encore tous les <strong>de</strong>ux et toujours aussi<br />

heureux. Mais Sophie vou<strong>la</strong>it arrêter cette re<strong>la</strong>tion car ils étaient loin l’un <strong>de</strong> l’autre et<br />

elle pensait à <strong>la</strong> véritable copine <strong>de</strong> Sylvain, ce ne n’était vraiment pas sympathique pour<br />

elle. Pour les vacances <strong>de</strong> Noël Sophie était aller dans les Alpes et Sylvain était venu <strong>la</strong><br />

voir pour lui dire qu’il était célibataire, du coup il passèrent <strong>de</strong>ux semaines tous les <strong>de</strong>ux<br />

et Sophie n’avait plus envie <strong>de</strong> dire à Sylvain qu’il fal<strong>la</strong>it arrêter leur re<strong>la</strong>tion. Les<br />

vacances se terminèrent comme toutes les vacances et Sophie rentra chez elle.<br />

Quelques temps après Sophie revint passer un week-end près <strong>de</strong> Sylvain. Il lui<br />

dit qu’il avait rencontré une fille en discothèque mais que pour l’instant il n’y avait rien<br />

<strong>de</strong> sérieux.<br />

- 1 -


Le GRAND AMOUR existe-t-il vraiment ?<br />

De temps en temps, Sylvain passait à côté <strong>de</strong> Sophie avec sa <strong>nouvelle</strong> copine ;<br />

mais il regardait Sophie avec <strong>de</strong>s yeux tellement amoureux (à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> sa copine je<br />

n’aurais pas vraiment était contente, pensait Sophie).<br />

Un <strong>de</strong>s soit disant ami <strong>de</strong> Sylvain faisait tout pour les séparer, il venait souvent<br />

voir Sophie et n’arrêter pas <strong>de</strong> lui répéter que Sylvain se fichait d’elle, qu’il ne ressentait<br />

rien pour elle. Il était vraiment pénible et s’arranger toujours pour venir <strong>la</strong> voir quand elle<br />

était seule.<br />

Un jour comme un autre où Sylvain et Sophie passaient un moment ensemble, il<br />

lui annonça que sa copine était enceinte. Là, elle resta bouche bé <strong>de</strong> plus il ajouta que<br />

Sophie lui p<strong>la</strong>isait, qu’elle lui avait manqué et qu’il avait envie <strong>de</strong> passer du temps avec<br />

elle.<br />

Sylvain ne vou<strong>la</strong>it pas vraiment <strong>de</strong> cet enfant mais il ne savait pas comment<br />

l’expliquer à son entourage.<br />

Le bébé arriva et Sophie et Sylvain continuaient <strong>de</strong> se voir, ils savaient que leur<br />

re<strong>la</strong>tion ne pouvait pas continuer comme ce<strong>la</strong>. Mais que faire ?<br />

Ils décidèrent d’essayer <strong>de</strong> moins se voir, mais toute <strong>la</strong> complicité et l’amour<br />

qu’il y avait entre eux les empêchaient <strong>de</strong> communiquer seulement comme <strong>de</strong>ux amies.<br />

Ils continuèrent à se voir et finirent par vivre ensemble et ils vécurent une<br />

gran<strong>de</strong> et belle histoire d’amour.<br />

La copine à Sylvain était partit avec un autre homme et elle lui avait avoué que<br />

si elle était tombée enceinte, elle l’avait fait exprès pour gar<strong>de</strong>r Sylvain près d’elle car<br />

elle avait remarqué qu’il avait l’air <strong>de</strong> beaucoup tenir à Sophie.<br />

- 2 -


Apprenez à dire STOP !<br />

J’ai sympathisé avec une <strong>de</strong> mes collègues (Marie) qui m’a très vite mise<br />

à l’aise et est <strong>de</strong>venue ma meilleure amie. J’ai fait <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> son mari<br />

(Luc) quelques mois après notre rencontre. Au début, je le trouvais très<br />

sympathique et pensais qu’ils avaient une vie tout à fait normale. Nous faisions<br />

beaucoup <strong>de</strong> dîners, <strong>de</strong> ba<strong>la</strong><strong>de</strong>s ensemble, nous nous entendions plutôt bien.<br />

Un jour Marie est venue chez moi, elle avait une <strong>nouvelle</strong> à m’apprendre et pas<br />

<strong>de</strong>s moindres car elle m’annonçait qu’elle était enceinte <strong>de</strong> jumeaux <strong>de</strong>puis un<br />

mois ! J’étais super heureuse pour elle car je savais qu’elle vou<strong>la</strong>it <strong>de</strong>s enfants<br />

et tout particulièrement <strong>de</strong>s jumeaux. Son rêve s’était enfin réalisé et pourtant<br />

je ne <strong>la</strong> trouvais pas si heureuse !<br />

En tant qu’amie, je lui ai dit qu’elle pouvait me parler si quelque chose<br />

n’al<strong>la</strong>it pas entre elle et Luc ! Elle m’assurait que tout al<strong>la</strong>it pour le mieux donc<br />

je n’ai pas insisté plus que ça car je <strong>la</strong> connaissais et je ne vou<strong>la</strong>is pas perdre<br />

son amitié. Finalement les choses avaient l’air <strong>de</strong> s’être arrangées après<br />

quelques jours, j’ai donc <strong>la</strong>issé faire en me disant que s’il y avait vraiment eu<br />

quelque chose qui n’al<strong>la</strong>it pas, elle me l’aurait dit.<br />

Nous travaillons toutes les <strong>de</strong>ux au même endroit. Un jour Marie ne s’est<br />

pas présentée au travail, mais en plus elle n’a même pas prévenu le patron, ce<br />

qui n’était pas du tout son habitu<strong>de</strong> ! Le soir en sortant du travail je suis<br />

passée chez eux afin <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> ses <strong>nouvelle</strong>s, c’est Luc qui m’a ouvert :<br />

Bonjour Luc.<br />

Je suis passé pour voir Marie !<br />

Désolé mais tu ne peux pas <strong>la</strong> voir elle est ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et ta visite risque<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fatiguée encore plus !<br />

Mais pourquoi n’a-t-elle pas prévenu le travail ?<br />

Elle a dû oublier ! Mais ne t’inquiète pas ce n’est pas grave je pense<br />

qu’elle pourra revenir dans <strong>de</strong>ux ou trois jours !<br />

1


D’accord. Alors dit lui que je lui téléphonerais <strong>de</strong>main soir pour<br />

prendre <strong>de</strong> ses <strong>nouvelle</strong>s.<br />

Pas <strong>de</strong> problème. Merci pour elle. Au revoir.<br />

Au revoir à bientôt.<br />

Je suis donc repartie sans trop insister mais il y avait quelque chose <strong>de</strong> bizarre<br />

dans cette histoire.<br />

Le len<strong>de</strong>main après-midi, j’ai téléphoné et c’est Marie qui m’a répondue.<br />

Elle avait une voix triste et enrhumée, je me suis donc dit qu’elle était<br />

réellement ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, même si au fond <strong>de</strong> moi une chose me disait qu’il y avait un<br />

vrai problème pour que Luc ne veuille pas que je <strong>la</strong> voie ! Nous avons discuté<br />

un bon moment. Elle me disait que Luc prenait bien soin d’elle et que je ne<br />

<strong>de</strong>vais pas m’inquiéter, mais à part ce<strong>la</strong>, elle ne disait rien qui puisse retenir<br />

mon attention. Elle me dit qu’elle pensait revenir au travail le len<strong>de</strong>main, mais<br />

je lui conseil<strong>la</strong>is quand même <strong>de</strong> se reposer. Le len<strong>de</strong>main matin quand<br />

j’arrivais au travail, Marie est effectivement <strong>de</strong> retour parmi nous. Lorsqu’elle<br />

se retourna pour me dire bonjour je sursautais en apercevant son visage où<br />

elle est bien marquée d’un bleu qui prend pratiquement toute <strong>la</strong> joue !<br />

Catastrophée, je lui <strong>de</strong>mandais :<br />

Qui t’a fait ça !<br />

C’est moi toute seule, j’ai trébuché et je me suis cognée sur le coin <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> table !<br />

Je lui <strong>de</strong>mandais si elle accepterait <strong>de</strong> manger avec moi le midi, comme ça si<br />

on est toutes les <strong>de</strong>ux, peut-être pourra-t-elle mieux se confier, si toutefois une<br />

chose <strong>la</strong> dérangeait. Mais malheureusement elle refusa en me disant que si je<br />

ne <strong>la</strong> croyais pas ce n’étais même plus <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> croire en notre amitié ! Je<br />

n’en revenais pas <strong>de</strong> son agressivité, ce n’est pas elle ! J’abandonnais donc<br />

cette idée afin <strong>de</strong> ne pas <strong>la</strong> contrarier <strong>de</strong> plus, car je sentais bien qu’il lui fal<strong>la</strong>is<br />

une amie et non quelqu’un qui <strong>la</strong> questionne à longueur <strong>de</strong> temps !<br />

Quelques jours plus tard, elle m’invitait à dîner chez eux comme avant,<br />

comme si rien ne s’était passé. J’acceptais bien entendu mais au fond j’ai peur<br />

<strong>de</strong> découvrir une facette <strong>de</strong> leur couple que je ne vou<strong>la</strong>is pas voir !<br />

Contrairement à toutes mes idées, <strong>la</strong> journée se passa très bien, ils avaient l’air<br />

2


très heureux tous les <strong>de</strong>ux et sa grossesse avançait tout à fait normalement.<br />

Ils par<strong>la</strong>ient même <strong>de</strong> racheter une maison plus gran<strong>de</strong> afin d’avoir plus <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>ce au cas où ils feraient d’autres enfants. A cette époque, j’étais loin <strong>de</strong> me<br />

douter que ma meilleure amie était en train <strong>de</strong> vivre les pires jours <strong>de</strong> son<br />

existence et<br />

d’enfant !<br />

qu’elle ne pourrait plus jamais avoir<br />

Quelques mois se sont passés <strong>de</strong>puis cet inci<strong>de</strong>nt et tout à l’air d’aller<br />

pour le mieux. Un soir, alors que je rentrais du travail, je reçus un coup <strong>de</strong><br />

téléphone <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Marie me disant que Marie était à l’hôpital ! Sans<br />

chercher à comprendre j’ai rassemblé mes affaires et je suis partie en direction<br />

<strong>de</strong> l’hôpital le plus vite possible. Arrivé là-bas, Luc était déjà là, en <strong>la</strong>rmes bien<br />

entendu. Je lui ai <strong>de</strong>mandé :<br />

Que s’est-il passé ?<br />

Je l’ai trouvé inconsciente, étendue dans le bas <strong>de</strong>s escaliers au retour<br />

<strong>de</strong> mon travail !<br />

Tu ne sais pas comment ce<strong>la</strong> a pu se passer ?<br />

Non aucune idée.<br />

Les mé<strong>de</strong>cins n’étaient toujours pas venus donner <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s et il était 21<br />

heures ! Tout à coup je vis l’un d’eux arriver vers nous, <strong>la</strong> tête basse et le<br />

regard vi<strong>de</strong>. A cet instant, j’ai compris que quelque chose n’al<strong>la</strong>it pas mais je<br />

préférais attendre vraiment le verdict avant <strong>de</strong> fondre en <strong>la</strong>rmes ! Et oui,<br />

comme je le pensais, les jumeaux étaient décédés et Marie était dans le coma !<br />

J’étais désemparée, je ne savais pas comment réagir. J’aurais bien <strong>de</strong>mandé<br />

au mé<strong>de</strong>cin s’il n’avait rien remarqué d’anormal sur le corps <strong>de</strong> Marie, mais je<br />

ne pouvais pas. Luc était là et je dois avouer qu’il me faisait peur !<br />

Marie resta plusieurs jours dans le coma et quand elle se réveil<strong>la</strong>, il fal<strong>la</strong>it<br />

bien lui dire qu’elle avait perdu ses bébés mais ce n’était pas facile à dire et<br />

encore moins facile à entendre !! C’est moi qui lui appris et aussi qu’elle ne<br />

pourra plus avoir d’enfant car Luc était incapable <strong>de</strong> lui dire, c’est à peine s’il<br />

pouvait <strong>la</strong> regar<strong>de</strong>r en face. Elle le vit très mal, elle ne sortait plus du tout <strong>de</strong><br />

chez elle, ne vou<strong>la</strong>it parler à personne même pas à moi ! Mais bon, au fond <strong>de</strong><br />

moi je <strong>la</strong> comprenais un peu, ce ne <strong>de</strong>vait pas être facile pour elle, elle vou<strong>la</strong>it<br />

tellement ces enfants.<br />

3


Un beau jour, je <strong>la</strong> vois revenir au travail. L’approche n’était pas facile<br />

mais elle arriva à surmonter sa peine et tout re<strong>de</strong>vient presque pareil, sauf<br />

qu’elle avait <strong>de</strong> plus en plus d’absence au travail mais je me dis qu’il lui faut<br />

sans doute du temps ! Les mois passèrent et voilà l’été qui arrivait, j’étais très<br />

heureuse car Marie et moi avions prévus <strong>de</strong> faire pleins <strong>de</strong> choses toutes les<br />

<strong>de</strong>ux ! Seulement, elle a tout annulé un beau jour en me disant qu’on ne <strong>de</strong>vait<br />

plus se voir ! J’ai cherché <strong>de</strong>s explications, mais rien à faire, elle ne vou<strong>la</strong>it<br />

plus me parler, elle ne répondait même plus à mes appels téléphoniques. Je<br />

m’inquiétais beaucoup pour elle et un jour je <strong>la</strong> croisa au supermarché,<br />

habillée <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête au pied comme en plein hiver alors qu’il y avait 30 <strong>de</strong>gré à<br />

l’ombre ! Cette fois j’ai compris que ça n’al<strong>la</strong>it pas du tout et qu’il fal<strong>la</strong>it que je<br />

fasse quelque chose, tout <strong>de</strong> suite, si je ne vou<strong>la</strong>is pas apprendre sa mort ou je<br />

ne sais quoi d’autre dans les journaux ! Je suis allée <strong>la</strong> voir et je lui ai dit <strong>de</strong> me<br />

suivre que je <strong>de</strong>vais lui parler <strong>de</strong> toute urgence. Je pensais qu’elle al<strong>la</strong>it<br />

refuser, mais pas du tout elle m’a suivie et paraissait même heureuse,<br />

sou<strong>la</strong>gée que je fasse le premier pas ! Nous sommes allées chez moi, et j’ai<br />

commencé <strong>la</strong> conversation :<br />

Pourquoi es-tu habillé <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte ?<br />

Ecoute ! Il faut absolument que tu m’ai<strong>de</strong>, Luc me frappe et je ne sais<br />

plus quoi faire pour empêcher ce<strong>la</strong> !<br />

J’étais abasourdie parce que je venais d’entendre ! C’était ce que je redoutais<br />

le plus, même si au fond <strong>de</strong> moi je m’en doutais, je ne vou<strong>la</strong>is pas y croire et à<br />

chaque fois que je vou<strong>la</strong>is lui en parler elle refusait ! Elle m’a raconté tout<br />

<strong>de</strong>puis le début :<br />

Mais <strong>de</strong>puis quand est ce qu’il fait ça ?<br />

Tu te rappelle il y a quelque mois quand je suis arrivée au travail le<br />

visage marqué d’un bleu ? Et bien c’était lui qui avait passer ses nerfs<br />

sur moi, et <strong>la</strong> fois où je me suis retrouvée à l’hôpital ? C’était lui aussi, il<br />

m’a poussé très violemment dans les escaliers car j’ai osé lui donner<br />

mon avis sur <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> ranger ses affaires !<br />

Mais pourquoi n’es-tu jamais venu m’en parler ? Tu savais bien que je<br />

t’aurai ai<strong>de</strong>r quoi qu’il arrive !<br />

Je sais mais je n’avais pas le courage, j’avais honte !<br />

4


Ne t’inquiète plus, maintenant je suis là et je vais t’ai<strong>de</strong>r afin qu’il soit<br />

mis en prison pour le reste <strong>de</strong> ces jours ! En attendant je t’emmène<br />

chez une <strong>de</strong> mes amies où tu seras vraiment en sécurité.<br />

D’accord, je te remercie et surtout je m’excuse <strong>de</strong> ne pas t’en avoir<br />

parler plus tôt et d’avoir mis notre amitié sur entre parenthèse aussi<br />

longtemps !<br />

Je n’en croyais pas mes oreilles ! Il fal<strong>la</strong>it absolument porter p<strong>la</strong>inte. Ce<strong>la</strong> n’a<br />

pas été facile car il a fallu que Marie fasse un tas d’examens pour pouvoir<br />

prouver qu’il l’avait vraiment battue ! En plus, presque tous les jours, il me<br />

harce<strong>la</strong>it pour que je lui dise où se trouvait Marie. J’ai tenu le coup pour elle,<br />

même si j’avais peur qu’il atten<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant chez moi à tout moment. Une fois<br />

tous ces examens terminés, Marie va enfin voir <strong>la</strong> police pour leur signaler ce<br />

qui se passe dans son couple <strong>de</strong>puis plusieurs mois. Je suis là pour <strong>la</strong><br />

soutenir bien entendu. Quelques jours après sa déposition, <strong>la</strong> gendarmerie<br />

prenait <strong>de</strong> nouveau contact avec Marie afin <strong>de</strong> savoir où habite Luc et si elle<br />

était toujours décidée à lui faire payer ce qu’il lui a fait subir. Elle était toujours<br />

d’accord bien entendu avec tout ce qu’elle avait vécu, elle ne pouvait pas<br />

renoncer maintenant. Après plusieurs jours, l’heure du procès était arrivée !<br />

Bien sûr, il a nié ! Mais tout se retournait contre lui, en plus ils ont fait<br />

témoigner le personnel <strong>de</strong> notre lieu <strong>de</strong> travail et tout le mon<strong>de</strong> a dit que ce<br />

n’était pas son genre <strong>de</strong> ne pas prévenir lors d’une absence et que quelques<br />

jours après, elle était revenue avec une marque sur le visage qui <strong>la</strong>issait<br />

penser qu’elle ne s’était pas cognée sur le coin d’une table ! Heureusement, le<br />

jury a été très touché par ces déc<strong>la</strong>rations et il a pris pour dix ans <strong>de</strong> prison<br />

ferme.<br />

Après toutes ses émotions, Marie ne vou<strong>la</strong>it pas rester dans <strong>la</strong> même ville,<br />

elle a donc changé <strong>de</strong> nom, <strong>de</strong> ville, elle est <strong>de</strong>venue quelqu’un d’autre. Bien<br />

sûr, ce n’était pas simple pour elle mais avec <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s amies elle a<br />

repris confiance en elle et maintenant sa vie avance doucement mais<br />

sûrement.<br />

Aujourd’hui Marie est mariée à un honnête homme qui n’a jamais levé <strong>la</strong><br />

main sur elle. Ils ont quatre beaux enfants qu’ils ont été obligés d’adopter mais<br />

au fond <strong>de</strong> leur cœur c’est comme si c’était les leurs. Maintenant quand je parle<br />

avec elle, tout ce qu’elle me dit c’est merci d’avoir été là ! Voilà, tout ça pour<br />

5


dire à toutes les femmes qui sont battues par leurs conjoints, qu’il y a toujours<br />

quelqu’un qui est prêt à vous écouter, vous comprendre, vous épauler et à<br />

vous ai<strong>de</strong>r (amis, familles…) à retrouver une vie à peu près normale ! Mais pour<br />

ce<strong>la</strong> il faut savoir dire STOP et prendre son courage à <strong>de</strong>ux mains car les<br />

hommes qui battent leur femmes sont <strong>de</strong>s lâches ! Allez courage quelqu’un<br />

sera toujours là pour vous, prêt à vous tendre <strong>la</strong> main, mais surtout ne tar<strong>de</strong>z<br />

pas, attrapez cette main et faites le chemin avec cette personne qui est là pour<br />

vous ai<strong>de</strong>r !<br />

6


Ce<strong>la</strong> commença en 1908 à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité. Elle vou<strong>la</strong>it absolument faire<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> couture, elle s’inscrivit dans une école<br />

spéciale pour passer le <strong>concours</strong>.<br />

- La première fois elle est recalée elle se dit j’ai encore une chance.<br />

- La <strong>de</strong>uxième fois elle repassa le <strong>concours</strong> et là le verdict tomba : recalé son<br />

rêve s’arrêtait brutalement.<br />

Désespéré, elle traîna dans les rues avant <strong>de</strong> rentrer chez elle. Ses parents lui<br />

<strong>de</strong>mandèrent le résultat, elle s’est mise à pleurer à ne plus en finir ses parents<br />

comprirent tout <strong>de</strong> suite le verdict qu’on lui avait annoncé.<br />

Pendant quelques temps Pau<strong>la</strong> n’avait plus goût a rien, elle traîna dans les rues<br />

avec ses copines.<br />

s’approcha.<br />

Un jour dans <strong>la</strong> rue elle aperçu une personne qui brodait au bord <strong>de</strong> l’eau, elle<br />

Cette personne lui <strong>de</strong>manda que vous voulez-vous ? Et Pau<strong>la</strong> lui répondit je<br />

suis fasciné par votre modèle.<br />

Pau<strong>la</strong> lui expliqua toutes ses mésaventures.<br />

La personne prenna peine à l’histoire <strong>de</strong> Pau<strong>la</strong> et lui dit<br />

lui en parle »<br />

- « tu sais j’ai une amie qui enseigne dans ce domaine là si tu veux je<br />

Pau<strong>la</strong> toute contente lui dit oui je voudrais bien <strong>la</strong> rencontrer.<br />

Pau<strong>la</strong> prenda contact avec cette certaine personne prénommée Martine qui lui<br />

expliqua ce qu’elle l’enseignait exactement.<br />

Pau<strong>la</strong> est toute réjouie à l’idée que son rêve n’est pas totalement perdu.<br />

Le jour J approcha, Pau<strong>la</strong> était intenable<br />

Sa première séance commença, Pau<strong>la</strong> s’évanouit <strong>de</strong>vant le modèle qu’elle doit<br />

représenter c’est une homme nue, Pau<strong>la</strong> n’était pas habituée d’en voir en fait c’est <strong>la</strong><br />

première fois.<br />

1


Elle essaya <strong>de</strong> se faire à l’idée que c’est juste un modèle à reproduire. Elle<br />

recommença plusieurs fois mais à chaque fois qu’elle vu ce modèle elle s’évanouie.<br />

Martine lui dit je ne peux pas te gar<strong>de</strong>r si a chaque fois tu t’évanouis.<br />

Pau<strong>la</strong> déçu partit d’elle-même.<br />

En rentrant chez elle, elle se disputa avec ses parents et partit.<br />

Maintenant Pau<strong>la</strong> se posa <strong>la</strong> question quand va-t-elle faire pour se loger et<br />

trouver un emploi.<br />

Elle entra dans un petit hôtel et <strong>de</strong>manda une petite chambre. La personne lui<br />

<strong>de</strong>manda avez-vous un travail ? Pau<strong>la</strong> lui répondit que non mais qu’elle était à l’école<br />

spéciale <strong>de</strong> couture et qu’à chaque fin <strong>de</strong> mois elle paierait son loyer.<br />

Une fois dans sa chambre elle réagit à ce qu’elle vient <strong>de</strong> faire elle à menti a<br />

cette personne sans scrupule.<br />

Après une bonne nuit elle décida <strong>de</strong> trouver un travail, elle se dirigea vers <strong>la</strong><br />

gare SNCF et aida une personne âgée à <strong>de</strong>scendre du train avec tous ses bagages,<br />

elle lui donna <strong>la</strong> pièce alors là un déclic lui vient et se dit :<br />

- « si je fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> bro<strong>de</strong>rie sur le quai <strong>de</strong> <strong>la</strong> gare en aidant les<br />

personnes à <strong>de</strong>scendre du train je pourrai peut-être trouver quelqu’un qui<br />

cherche une jeune bro<strong>de</strong>use. »<br />

Chose dite chose faite, le len<strong>de</strong>main Pau<strong>la</strong> emmena tout son matériel et se<br />

posa sur le quai à <strong>la</strong> vue <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong> en aidant bien sûr les personnes.<br />

Quelques jours passèrent, et un jour en fin d’après-midi une personne<br />

s’approcha d’elle en le félicitant <strong>de</strong> son travail. Il lui proposa <strong>de</strong> travailler avec lui et<br />

promet à jeune femme monts et merveilles.<br />

Pau<strong>la</strong> accepta tout <strong>de</strong> suite. Il l’emmena dans son entrepôt et lui indique le<br />

travail qu’il a faire. Pau<strong>la</strong> exécuta tout <strong>de</strong> suite. Une fois que les bro<strong>de</strong>ries sont finies,<br />

son patron les emmena dans une galerie réputée.<br />

Quelque mois passèrent est Pau<strong>la</strong> ne toucha pas un sous <strong>de</strong> ses œuvres et ne<br />

revit pas son patron. Pau<strong>la</strong> se posa <strong>de</strong>s questions où est-il passé ? Ayant <strong>de</strong>s doutes<br />

elle se rendit a cette fameuse galerie où il lui avait formellement interdit d’y aller.<br />

Et là Pau<strong>la</strong> tomba <strong>de</strong> haut son patron lui a menti sur toute <strong>la</strong> ligne il n’est pas<br />

propriétaire <strong>de</strong> cette galerie, aucun tableau d’elle n’est accroché.<br />

Elle rentra dans l’hôtel en furie, elle en vou<strong>la</strong>it à tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette arnaque<br />

Elle se ressaisit, et veut absolument retrouver cette personne qui l’a arnaquée<br />

pour pouvoir s’expliquer avec et récupérer son argent.<br />

2


Mais cette personne reste introuvable et Pau<strong>la</strong> n’a plus d’argent elle est obligée<br />

<strong>de</strong> quitter l’hôtel est <strong>de</strong> dormir dans <strong>la</strong> rue.<br />

arnaqué.<br />

Un soir en se promenant, elle tomba nez à nez avec cette personne qui l’a<br />

Ils s’expliquèrent. Pau<strong>la</strong> n’a pas récupère son argent.<br />

Elle décida <strong>de</strong> retourner à <strong>la</strong> gare pour se faire <strong>de</strong> l’argent et pouvoir prendre le<br />

train pour aller voir sa tante.<br />

Elle a assez d’argent, il prend le train, arrivé <strong>de</strong>vant chez sa tante son cœur<br />

battait à forte allure. Elle sonna et c’est sa petite sœur qui répondit, elle ne <strong>la</strong> croie pas<br />

que c’était elle <strong>de</strong>puis le temps qu’elle n’était pas venue leur rendre une visite. Sa tante<br />

arriva <strong>de</strong>rrière elle et lui <strong>de</strong>manda froi<strong>de</strong>ment que fais tu là ? Pau<strong>la</strong> lui expliqua toutes<br />

ses mésaventures. Et quand elle lui dit qu’elle veut arrêter <strong>de</strong> travail dans <strong>la</strong> bro<strong>de</strong>rie le<br />

visage <strong>de</strong> sa tante s’éc<strong>la</strong>ircit. Elle lui <strong>de</strong>manda que vas-tu faire maintenant. Elle lui<br />

répondit je veux faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s pour être architecte.<br />

- Tes étu<strong>de</strong>s dure combien <strong>de</strong> temps ?<br />

- Elles durent 3 ans.<br />

Tante je suis venue te voir pour savoir ci c’était possible que tu m’héberges<br />

pendant ces 3 ans et dès que je trouverais du travail je te rembourserais le tout.<br />

Sa tante a eu un temps <strong>de</strong> réflexion et lui dit pas <strong>de</strong> problème a condition qu’a<br />

<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> tes étu<strong>de</strong>s tu obtiennes ton diplôme.<br />

Pas <strong>de</strong> problème ma tante je vais donner le meilleur <strong>de</strong> moi-même pour réussir.<br />

Ces trois ans se passèrent très bien sans inci<strong>de</strong>nt. A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s Pau<strong>la</strong><br />

obtient son diplôme pour être architecte. Elle trouva aussi tôt du travail à <strong>la</strong> sortie.<br />

Elle quitta sa tante, et continua sa vie comme elle le vou<strong>la</strong>it en restant en<br />

contact avec toute sa famille.<br />

3<br />

NINI


Ma vie<br />

Ma vie<br />

Je m’appelle Lucien, je suis l’aîné <strong>de</strong> trois enfants et je suis né le 22 avril 1924 à<br />

Bor<strong>de</strong>aux. Mon père était pêcheur et ma mère était femme au foyer elle restait à <strong>la</strong> maison<br />

pour nous élever mes sœurs et moi. Nous avions une vie plutôt paisible, malgré <strong>de</strong>s revenus<br />

faibles, jusqu’au jour où mon père se mit à boire <strong>de</strong> plus en plus chaque jour, jusqu’à en<br />

<strong>de</strong>venir alcoolique.<br />

Tous les soirs, il rentrait ivre, ne tenant pratiquement plus <strong>de</strong>bout, sentant l’alcool à<br />

plein nez et ayant juste <strong>la</strong> force <strong>de</strong> frapper ma mère. C’était <strong>de</strong>venu un rituel. Comme tous les<br />

soirs vers 20 heures 15 mes sœurs et moi nous dressions <strong>la</strong> table toujours <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon :<br />

mon père et ma mère à chaque extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> table, mes sœurs et moi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés. Au<br />

début <strong>de</strong> tous les repas, mon père n’était jamais là toujours trop occupé à aller vi<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s verres<br />

au café <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. L’ambiance était détendue et calme, mes sœurs racontaient les péripéties<br />

<strong>de</strong> leurs poupées ou alors leur journée dans <strong>la</strong> peau d’une maîtresse d’école, tout ceci faisait<br />

sourire maman. C’était d’ailleurs les seules fois où l’on voyait maman rigoler, détendue et<br />

tout simplement heureuse. Il régnait une harmonie totale. Mais tout ce<strong>la</strong> se vo<strong>la</strong>tilisait en un<br />

éc<strong>la</strong>ir lorsque mon père arrivait. Le visage <strong>de</strong> maman et <strong>de</strong> mes sœurs <strong>de</strong>venait livi<strong>de</strong> on<br />

voyait <strong>la</strong> peur les envahir, tous les regards étaient baissés, fixés sur les assiettes et le silence<br />

régnait. Maman se pressait <strong>de</strong> lui servir son repas. Pendant ce temps nous nous dépêchions <strong>de</strong><br />

terminer notre assiette et nous filions dans <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> mes sœurs avant que mon père ne<br />

s’en prenne à ma mère. Nous étions assis par terre, <strong>de</strong>rrière le lit, j’avais une sœur <strong>de</strong> chaque<br />

côté <strong>de</strong> moi pétrifiées <strong>de</strong> peur, à l’affût du moindre bruit.<br />

Je me rappelle d’une fois où nous n’avions pas eu le temps <strong>de</strong> quitter <strong>la</strong> table avant que<br />

mon père ne batte maman. C’était un soir d’hiver où mon père rentrait une fois <strong>de</strong> plus ivre<br />

mort à <strong>la</strong> maison. Maman comme d’habitu<strong>de</strong> se pressa <strong>de</strong> lui servir son repas, je me souviens<br />

même que c’était du rôti et <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre. Tout le mon<strong>de</strong> mangeait lorsque soudain<br />

mon père se mit à hurler sous prétexte que son dîner était froid. Maman se leva pour lui<br />

débarrasser son assiette, mais au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> prendre, mon père l’empoigna et <strong>la</strong> serra très<br />

fort, ce qui fit échapper l’assiette <strong>de</strong> ses mains, et tout s’enchaîna très rapi<strong>de</strong>ment. Il lui donna<br />

plusieurs coups à <strong>la</strong> tête qui <strong>la</strong> firent tomber à terre. Elle se tordait <strong>de</strong> douleur, hur<strong>la</strong>it, le<br />

suppliait d’arrêter. Mais lui n’en avait que faire <strong>de</strong> ses suppliques, il continuait encore et<br />

encore, toujours plus fort jusqu'à temps qu’elle ne bouge plus. Une fois sa colère passée, il<br />

Némo 1


Ma vie<br />

s’en al<strong>la</strong> se coucher comme si <strong>de</strong> rien n’était, n’ayant même pas remarqué que nous venions<br />

d’assister à cette scène horrible. Mes sœurs étaient tellement choquées par ce qu’elles<br />

venaient <strong>de</strong> voir, qu’elles ne bougeaient plus comme si elles avaient été changées en statues<br />

<strong>de</strong> pierre. Lorsque mon père referma <strong>la</strong> porte <strong>de</strong>rrière lui, je me précipitai au chevet <strong>de</strong> ma<br />

mère. Elle ne bougeait plus, ses yeux étaient fermés, son visage était recouvert <strong>de</strong> sang et sur<br />

son cou on pouvait distinguer l’empreinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> main <strong>de</strong> mon père qui était toute bleue. Je<br />

sentis <strong>la</strong> peur m’envahir <strong>de</strong>vant le corps inanimé <strong>de</strong> ma mère. Je tremb<strong>la</strong>is, mes gestes étaient<br />

incertains, j’essayais <strong>de</strong> parler à maman pour qu’elle reprenne conscience, mais ce fut en vain,<br />

pas même un gémissement.<br />

Tout à coup, on frappa doucement à <strong>la</strong> porte, c’était les voisins, qui alertés par les<br />

hurlements <strong>de</strong> ma mère, avaient attendu que mon père s’en aille pour venir. La dame et son<br />

mari se sont approchés pour <strong>la</strong> soulever, mais lorsqu’ils ont vu son visage, ils poussèrent un<br />

cri <strong>de</strong> stupeur. La dame est <strong>de</strong>venue toute b<strong>la</strong>nche, ses yeux étaient tous mouillés, elle<br />

tremb<strong>la</strong>it, elle était choquée <strong>de</strong> cette vision horrible. Elle essayait <strong>de</strong> rester calme pour ne pas<br />

nous effrayer, mais sur son visage on pouvait lire l’horreur et <strong>la</strong> peur que ma mère soit morte.<br />

Ensuite, ils l’ont couchée sur le lit <strong>de</strong> ma sœur. La dame a nettoyé le visage <strong>de</strong> ma mère avec<br />

<strong>de</strong> l’eau ce qui lui fit reprendre conscience peu à peu. Lorsque qu’elle eut retrouvé tous ses<br />

esprits, les voisins sont repartis. Je suis ensuite allé coucher mes sœurs dans mon lit, mais je<br />

suppose qu’elles n’ont pas dû fermer l’œil <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit. Je suis resté toute <strong>la</strong> nuit au chevet <strong>de</strong><br />

ma mère.<br />

La suite <strong>de</strong>s évènements, j’ai sûrement dû l’oublier. Je ne sais pas combien <strong>de</strong> temps ma<br />

mère a dû rester alitée, ni même <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> mon père. Je pense qu’il a dû s’écouler<br />

quelques semaines entre cette scène et le jour où ma mère a annoncé à mon père qu’elle<br />

souhaitait divorcer. Je pense que ce qui a décidé maman a été cette fois là, cette fois <strong>de</strong> trop.<br />

Je dois avouer que je rêvais secrètement du jour où elle aurait le courage <strong>de</strong> le quitter, et <strong>de</strong><br />

nous arracher à cette vie <strong>de</strong> douleur et <strong>de</strong> peur, croyant que ce qui nous attendait serait bien<br />

meilleur que ce que nous vivions. Mais j’avais tort.<br />

Maman avait <strong>la</strong>issé un petit mot sur <strong>la</strong> table avec pour seule explication : « Je m’en<br />

vais ». Ce jour là, mes sœurs étaient à l’école et moi je travail<strong>la</strong>is chez mes voisins pour les<br />

ai<strong>de</strong>r à rénover leur toiture. Il était midi trente quand je vis mon père arriver. Il a discuté<br />

quelques minutes avec monsieur Dupond et ensuite il est venu me chercher en me disant que<br />

maman et mes sœurs nous attendaient pour déjeuner. J’ai trouvé ce<strong>la</strong> bizarre, mais je n’ai rien<br />

dit. Quand je suis monté en voiture, j’ai remarqué qu’il y avait un sac dans lequel se<br />

Némo 2


Ma vie<br />

trouvaient ses vêtements. Durant tout le trajet mon père était silencieux, préoccupé, stressé,<br />

son visage était fermé, on aurait dit qu’il était furieux. Après quelques minutes, nous sommes<br />

arrivés dans un petit chemin, au bout duquel se trouvait une petite cabane en bois. Plus nous<br />

nous rapprochions <strong>de</strong> cette mystérieuse cabane et plus je sentais <strong>la</strong> peur me submerger. Je<br />

sentais mon cœur qui s’embal<strong>la</strong>it dans ma poitrine, mon souffle <strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus<br />

rapi<strong>de</strong>. Mon père me fit <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture, et m’entraîna malgré moi à l’intérieur. Il m’a<br />

jeté violemment à terre et s’est empressé <strong>de</strong> refermer <strong>la</strong> porte sur moi. Je me rappelle avoir<br />

crier « papa ! papa ! reviens ne me <strong>la</strong>isse pas ici ! ». Les premiers instants je pensais qu’il<br />

al<strong>la</strong>it revenir, mais en fait j’étais loin <strong>de</strong> m’imaginer le calvaire que j’al<strong>la</strong>is vivre.<br />

Je faisais les cent pas, pour essayer <strong>de</strong> trouver une solution et ainsi éviter <strong>de</strong> paniquer.<br />

J’ai bien essayé d’ouvrir <strong>la</strong> porte mais elle était bloquée <strong>de</strong> l’extérieur. La pièce était<br />

minuscule, vi<strong>de</strong>, il n’y avait absolument rien, pas même une chaise pour que je puisse<br />

m’asseoir. J’étais dans l’obscurité <strong>la</strong> plus totale, les fenêtres étaient bouchées avec <strong>de</strong> grosses<br />

p<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> bois, fixées soli<strong>de</strong>ment. J’étais pris au piège. Au bout <strong>de</strong> quelques heures, je<br />

compris que mon père ne reviendrait pas, qu’il m’avait <strong>la</strong>issé pour mort. Plus les heures<br />

passaient, et plus je sentais ce froid g<strong>la</strong>cial me submerger. L’o<strong>de</strong>ur nauséabon<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes<br />

excréments envahissait toute <strong>la</strong> pièce. J’avais beau hurler <strong>de</strong> toutes mes forces, personne ne<br />

m’entendait.<br />

J’étais terrifié à l’idée <strong>de</strong> penser que j’al<strong>la</strong>is mourir. Je me raccrochais au souvenir du<br />

visage <strong>de</strong> ma mère et <strong>de</strong> mes sœurs, j’essayais <strong>de</strong> me convaincre que j’al<strong>la</strong>is les revoir, <strong>de</strong> me<br />

rappeler leurs o<strong>de</strong>urs, le son <strong>de</strong> leurs voix. Après avoir passé plusieurs jours interminables<br />

dans cette « prison », ce fut <strong>la</strong> délivrance. Je me rappelle juste m’être réveillé à l’hôpital aux<br />

soins intensifs. J’étais totalement déshydraté et je mourais <strong>de</strong> faim. Mes pieds et mes mains<br />

étaient gelés, presque morts. Je suis resté plusieurs jours à l’hôpital sans y recevoir aucune<br />

visite.<br />

Lorsque je suis sorti, tout s’est enchaîné très vite. Le divorce <strong>de</strong> mes parents fut<br />

prononcé, et mon père avait été condamné à une peine d’emprisonnement pour m’avoir<br />

séquestré. Nous nous retrouvions donc tous les quatre, heureux, croyant que toutes ces années<br />

<strong>de</strong> souffrance étaient terminées. Mais nous avions tort une fois <strong>de</strong> plus.<br />

Ma mère avait trouvé un petit travail <strong>de</strong> couturière dans un magasin <strong>de</strong> vêtements en<br />

ville, mais malheureusement elle ne gagnait pas assez pour pouvoir subvenir à nos besoins.<br />

Mes sœurs et moi avons donc étés séparés. Juliette et Marie ont été p<strong>la</strong>cées dans un couvent et<br />

moi j’ai été envoyé ai<strong>de</strong>r dans <strong>la</strong> ferme <strong>de</strong> mon oncle à cent vingt kilomètres <strong>de</strong> ma famille.<br />

Némo 3


Ma vie<br />

Les premiers mois j’écrivais <strong>de</strong>s lettres à mes sœurs toutes les semaines, mais elles ne les<br />

recevaient pas. Elles étaient coupées du mon<strong>de</strong> extérieur. Je n’avais aucune <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> ma<br />

mère non plus, que faisait-elle ? Qu’était-elle <strong>de</strong>venue ? Rien. Une épreuve <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> je<br />

<strong>de</strong>vais affronter.<br />

Les années passèrent avec ce manque d’amour qui grandissait avec moi. Lorsque j’ai<br />

atteint mes vingt et un ans, j’ai quitté <strong>la</strong> ferme, bien décidé à retrouver ma mère et mes sœurs<br />

pour fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nouveau notre famille déchirée par tous ces drames.<br />

Quand je suis rentré à Bor<strong>de</strong>aux, j’ai trouvé ma maison, enfin ce qu’il en restait, à<br />

l’abandon. Je ne comprenais pas ce qui ce passait. En repartant je sui tombé sur ma voisine<br />

qui ne m’avait pas reconnu. Je lui ai <strong>de</strong>mandé où était ma mère, c’est avec tristesse qu’elle<br />

m’a répondu qu’elle était décédée d’un cancer du sein il y avait déjà <strong>de</strong>ux ans. J’étais<br />

abasourdie, comme si je venais <strong>de</strong> recevoir un coup <strong>de</strong> massue sur <strong>la</strong> tête. Mes yeux étaient<br />

noyés par mes <strong>la</strong>rmes. Je ne comprenais pas pourquoi l’on m’avait caché <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> ma mère.<br />

Après avoir erré pendant plusieurs jours sans savoir quoi faire, ni même comment j’al<strong>la</strong>is<br />

annoncer à mes sœurs cette horrible <strong>nouvelle</strong>, je me suis enfin décidé à les retrouver. Mais<br />

quand je suis arrivé <strong>de</strong>vant ce monastère, les portes sont restées closes. Elles n’avaient pas le<br />

droit <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong> visite et surtout pas celle d’un homme. Elles ne pouvaient pas sortir du<br />

couvent avant leur majorité. Je me suis alors senti perdu, vi<strong>de</strong>, désemparé, sans aucune<br />

attache. Je ne savais pas quoi faire ni où aller, je ne trouvais plus aucun sens à ma vie. J’ai<br />

marché longuement sans aucun but précis en me <strong>de</strong>mandant ce qu’al<strong>la</strong>it <strong>de</strong>venir ma vie.<br />

C’est au croisement d’une petite ruelle que j’ai aperçu ce stand avec une ban<strong>de</strong>role où<br />

était inscrit « Armée ». Il y avait un homme en uniforme hur<strong>la</strong>nt à tu tête « Engagez vous dans<br />

l’armée, servez votre pays ». Je me suis arrêté <strong>de</strong>vant ce stand et je me suis dit que je n’avais<br />

plus rien à perdre. Je me suis donc avancé d’un pas décidé et j’ai signé. J’ai servi mon pays<br />

pendant sept années. Durant ces sept ans, j’ai rencontré ma femme, Augustine, et je me suis<br />

marié à Paris en uniforme. Ce fut le plus beau jour <strong>de</strong> ma vie. Le <strong>de</strong>stin me souriait pour <strong>la</strong><br />

première fois. Augustine a su me faire aimer <strong>la</strong> vie et m’a rendu heureux, durant soixante lon-<br />

gues et belles années.<br />

Aujourd’hui, je suis père <strong>de</strong> trois beaux enfants et grand-père <strong>de</strong> quatre petits enfants.<br />

Malgré une enfance malheureuse, j’ai pris une belle revanche sur <strong>la</strong> vie, en fondant une<br />

famille heureuse et unie, ce qui était le seul but pour moi.<br />

Némo 4


Pru<strong>de</strong>nce au vo<strong>la</strong>nt ! ! !<br />

Beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> sait que <strong>la</strong> sécurité au vo<strong>la</strong>nt est une chose primordiale,<br />

d'autres ne se sentent pas concernés. Lors d'une soirée celui qui conduit c'est celui qui<br />

ne boit pas.<br />

Virginie est une jeune étudiante <strong>de</strong> dix neuf ans, un samedi soir ses parents sortent<br />

manger au restaurant puis voir un film au cinéma, elle déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> donc <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong><br />

voiture et d'aller voir sa copine Morgane à coté <strong>de</strong> chez elle. A ce moment <strong>la</strong>, Virginie<br />

reçoit un appel <strong>de</strong> ses copains qu'elle n’a pas vus <strong>de</strong>puis le collège, Xavier, Julien et<br />

Aurélien. Ces trois jeunes garçons lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si elle est chez elle pour lui rendre une<br />

petite visite, Virginie dit qu'elle est chez sa copine Morgane qui était avec eux au<br />

collège. Les voilà donc tous partis chez leur copine qui était déjà avec <strong>de</strong>s copains,<br />

Morgane nous propose <strong>de</strong> boire un verre,Virginie déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prendre un Coca vu qu’elle<br />

conduit, Xavier le conducteur <strong>de</strong> l’autre voiture et ses copains avaient pris un Whisky.<br />

Les copains <strong>de</strong> Morgane étaient partis dans le jardin pour fumer une cigarette. La soirée<br />

continue et tout le mon<strong>de</strong> boit <strong>de</strong>s verres et <strong>de</strong>s verres d’alcool sauf Virginie qui préfère<br />

être pru<strong>de</strong>nte et qui ne boit pas d’alcool. En voyant que Morgane était fatiguée Virginie<br />

propose à ses copain <strong>de</strong> venir continuer <strong>la</strong> soirée chez elle. Les voici donc tous partis,<br />

Virginie prend sa voiture et Xavier qui a déjà beaucoup bu aussi.<br />

Arrivés chez <strong>la</strong> jeune fille elle leur propose <strong>de</strong> boire un verre, les trois garçons<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un Whisky. Virginie refuse <strong>de</strong> servir un verre d’alcool à Xavier elle lui propose<br />

<strong>de</strong> boire un Coca ou un jus d’orange. Ses copains se moquaient <strong>de</strong> lui car il <strong>de</strong>vait boire du<br />

jus <strong>de</strong> fruit et eux se vantaient <strong>de</strong> boire un verre ou il y avait <strong>de</strong> l’alcool. Plus <strong>la</strong> soirée<br />

passe et plus Xavier est en colère parce que Virginie ne <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse pas boire un verre. Ses<br />

copains voyant que Virginie n’a pas tort essaie que leur conducteur ne boit pas d’autres<br />

verres. Virginie leur propose <strong>de</strong> rester dormir pour que tout le mon<strong>de</strong> puissent boire sans<br />

- 1 -


isque, mais Xavier ne vou<strong>la</strong>it pas car il était en colère.<br />

Virginie raconta à Xavier qu’il n’y avait pas très longtemps elle avait entendu au<br />

information qu’un couple avait invité <strong>de</strong>s copains à dîner et le conducteur était ivre, le<br />

jeune couple <strong>la</strong>issa ses copains partirent en sachant qu’ils avaient trop bu. Ils aurait dû<br />

appeler <strong>la</strong> police car le conducteur vou<strong>la</strong>it à tout prit partir. Le jeune couple a été<br />

coupable <strong>de</strong> l’acci<strong>de</strong>nt qu’on eu leur amie.<br />

Après avoir raconté cette histoire, Xavier vou<strong>la</strong>it quand même que Virginie lui serve<br />

un Whisky, ses copains ne vou<strong>la</strong>ient plus que Xavier boive, Le jeune homme insistait mais<br />

Virginie commençait à en avoir assez <strong>de</strong> sa gaminerie et <strong>de</strong> ses impru<strong>de</strong>nces. Xavier pour<br />

faire le beau <strong>de</strong>vant ses copains essayait <strong>de</strong> prendre ça à <strong>la</strong> rigo<strong>la</strong><strong>de</strong> et tentait <strong>de</strong> boire<br />

dans le verre <strong>de</strong>s autres. Virginie se mit en colère et dit très fâché que s'il continuait<br />

comme ce<strong>la</strong> à boire et à être désagréable que quand il partirait elle appellerait <strong>la</strong><br />

gendarmerie pour prévenir que le conducteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture qui venait <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> chez<br />

elle avait <strong>la</strong>rgement trop bu.<br />

Après ce<strong>la</strong> Xavier était très énervé car tout le mon<strong>de</strong> était contre lui même ces<br />

copains qui d'habitu<strong>de</strong> lui donnent raison, il nous dit qu'il vou<strong>la</strong>it juste en boire un<br />

<strong>de</strong>rnier. Virginie était très catégorique et c'était NON<br />

Pendant une bonne heure Xavier ne par<strong>la</strong>it plus, aucun mot venant <strong>de</strong> lui, il était très<br />

vexé. Tout d'un coup il se mit en colère et dit que s’il n'avait pas un verre <strong>de</strong> Whisky<br />

dans les trente secon<strong>de</strong>s, il partirait et ne reviendrait jamais et que Virginie ne serait<br />

plus son amie.<br />

Très agacé et déçu <strong>de</strong> ce que son ami lui avait dit elle se leva et hur<strong>la</strong> qu'elle vou<strong>la</strong>it<br />

bien perdre un ami mais pas le tuer donc qu'il <strong>de</strong>vait choisir entre elle et partir. Xavier<br />

très fier <strong>de</strong> lui et très touché par ce que lui avait dit sa copine déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> partir quand<br />

- 2 -


même pour faire bien <strong>de</strong>vant ses copains. Voi<strong>la</strong> mes trois anciens copains parties je<br />

venait <strong>de</strong> perdre un super ami. Virginie est toute seule elle se pose beaucoup <strong>de</strong><br />

questions comme : Est-ce qu'il va me rappeler, revenir est ce que je le reverrait ? ? ?<br />

Le len<strong>de</strong>main matin Virginie reçoit un appel sur son téléphone portable, c'était<br />

Xavier, <strong>la</strong> jeune fille était très contente. Xavier l'appe<strong>la</strong>it pour <strong>la</strong> remercier car il venait<br />

d’apprendre que <strong>de</strong>s copains à lui venait d'avoir un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture car le conducteur<br />

était ivre, ils avaient heurté <strong>la</strong> voiture qui venait en face, les copains <strong>de</strong> Xavier n'avait<br />

pas <strong>de</strong> blessures importantes mais le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> conductrice <strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture d'en face était<br />

beaucoup plus grave.<br />

Le week-end d'après Xavier était revenu chez Virginie et avait pris une bonne<br />

résolution il avait décidé <strong>de</strong> ne plus boire quand il conduisait ou <strong>de</strong> rester passer <strong>la</strong> nuit<br />

sur p<strong>la</strong>ce si <strong>la</strong> personne vou<strong>la</strong>it bien, Virginie lui dit que ces bête qu'il faut qu'il arrive<br />

quelque chose pour prouver que d'être sur <strong>la</strong> route est un danger <strong>de</strong> tout les jours.<br />

Xavier et Virginie se voient tout les week-end et jamais Xavier ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un verre<br />

d'alcool.<br />

- 3 -


Rencontre sur le net<br />

Comme tous les soirs, après une journée assez fatigante, je me déchaussais et je<br />

me dirigeais vers <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> bain. Je voyais ce robinet qui m’appe<strong>la</strong>it pour faire<br />

couler son eau saine et propre sur ma peau défraîchie.<br />

Je me précipitais <strong>de</strong> monter dans cette vaste baignoire pour pouvoir sentir et<br />

apprécier cette chaleur submerger ma peau si stressée.<br />

Mais je vous avouerais très sincèrement que <strong>la</strong> chose à <strong>la</strong>quelle, je pensais en<br />

permanence c’est d’aller rejoindre ce jeune homme sur ce forum. Ce garçon était<br />

plus âgé que moi mais m’attirait ! Nous parlons <strong>de</strong> nos expériences qui étaient<br />

pratiquement i<strong>de</strong>ntiques. On se comprenait et partageait en quelques sortes les<br />

même défaites « l’Amour » avec un grand A. Ce<strong>la</strong> faisait environ un mois que<br />

nous nous connaissons par l’intermédiaire <strong>de</strong> ce forum. Il m’intriguait mais je<br />

sentais <strong>de</strong> l’excitation envahir mon corps. Je frissonnais sous l’extase.<br />

Après toutes ces heures d’attentes, je me glissais sur ma chaise vêtue <strong>de</strong><br />

vêtements très décontractés et légers. Je faisais rebondir mes doigts sur le c<strong>la</strong>vier<br />

en espérant avoir reçu quelques messages <strong>de</strong> cet intriguant inconnu.<br />

On se retrouvait tous les soirs à 21 heures sans une minute <strong>de</strong> retard. Tous <strong>de</strong>ux<br />

impatients <strong>de</strong> partager notre journée, je lui envoyais le premier message en lui<br />

<strong>de</strong>mandant comment c’était passer son après-midi. Nous avons discuté plus <strong>de</strong><br />

quatre heures sur nos passés, souvenirs et <strong>de</strong> nos vie sentimentale (nos points<br />

communs).<br />

Je lui racontais que l’amour pour moi n’avait plus aucun sens ! Pourquoi ?<br />

Il y a tellement <strong>de</strong> personnes sur terre hypocrites et cruelles.<br />

Je lui ais donc dévoilé ma mésaventure.<br />

1


Dans le courant du mois <strong>de</strong> mai, je suis arrivée dans un mon<strong>de</strong> nouveau et<br />

terrifiant. Je me retrouvais avec <strong>de</strong>s personnes qui avaient le même genre <strong>de</strong><br />

difficultés. J’étais seule et j’avais peur, j’ ne pensais qu’à m’isoler <strong>de</strong> toutes ses<br />

personnes.<br />

Une semaine passait, je commençais à me faire <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> différentes origines.<br />

J’ai rencontrée un jeune homme et nous sommes restés sept mois ensemble il était<br />

merveilleux et là j’avais fait <strong>la</strong> plus grosse erreur <strong>de</strong> ma vie. Je l’ai <strong>la</strong>issé tomber<br />

pour un minable et c’est le cas <strong>de</strong> le dire car il a joué avec mes sentiments. Il me<br />

disait qu’il m’aimait que j’étais belle, attirante. J’ai donné ma confiance à un<br />

menteur qui a su en profiter. Croyez-moi, quelqu’un qui vous dit toutes ces choses<br />

aussi jolies à vos oreilles, ne me dites pas, que vous ne tomber pas sous le charme<br />

car pour moi, c’était <strong>de</strong>s phrases que j’avais pratiquement jamais entendues, en<br />

quelque sorte, je me sentais aimée.<br />

Je l’aimais et soit disant qu’il m’aimait mais les apparences sont souvent<br />

trompeuses. Il m’a volée, frappée et quand j’ai vu son petit manège, il est venu<br />

vers moi pour faire ses excuses, il m’a dit que ce<strong>la</strong> serait différent à présent et me<br />

revoilà entrée dans un gouffre interminable. Sans <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> lui, j’ai pu faire le<br />

point, j’ai donc été porté p<strong>la</strong>inte pour les faits.<br />

Depuis, j’observe et je reste mystérieuse par rapport aux hommes. Pour moi<br />

l’amour, ça n’existe pas enfin pour l’instant.<br />

Après avoir fini <strong>de</strong> lui raconter cette mésaventure, je le bombardais <strong>de</strong> questions<br />

très indiscrètes et il me répondait sans l’ombre d’une réserve. Je vou<strong>la</strong>is le<br />

connaître davantage.<br />

Quelques mois plus tard, je m’apercevais que ce jeune homme était adorable,<br />

gentil, franc et sincère. On <strong>de</strong>venait très proche tellement proche que notre<br />

amitié, s’est transformé en un véritable amour, difficile à y croire mais là, je<br />

croyais réellement au coup <strong>de</strong> foudre !!<br />

On s’est fixé un ren<strong>de</strong>z-vous, près d’un bar <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine et là nos regards se sont<br />

croisés.<br />

2


C’était un moment inoubliable, si magnifique que je n’oublierai jamais ses yeux<br />

d’un grand bleu où les miens se noyaient. Je suis restée bloqué sous son charme.<br />

Il était grand châtain c<strong>la</strong>ir avec un visage sublime. Je me suis dit en l’espace<br />

d’un temps que je savait ce que signifier le mot amour avec un grand « A ».<br />

Après <strong>de</strong> longues heures <strong>de</strong> discussion autour d’une bière, il me prit <strong>la</strong> main et<br />

m’a <strong>de</strong>mandé si je vou<strong>la</strong>is le suivre.<br />

On se dirigeait vers le bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine, et là j’attendais ce moment <strong>de</strong>puis si<br />

longtemps. Il me regardait et faisait glisser son in<strong>de</strong>x sur mes lèvres. Et il<br />

m’avouait, qu’il était tombé sous mon charme que son amitié avait été si<br />

profon<strong>de</strong> que ce<strong>la</strong> en est <strong>de</strong>venue un amour extrême. Par ces paroles, mes yeux<br />

bleus se mettaient à briller <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> joie, une magnifique <strong>la</strong>rme cou<strong>la</strong>it le<br />

long <strong>de</strong> mon visage et se heurtait sur mes lèvres déshydratées. Il s’avancait et mit<br />

sa main sur ma joue en essuyant cette goutte si fraîche.<br />

Il m’en<strong>la</strong>cait <strong>de</strong> ses bras musclés et protecteurs, je me sentais comme une feuille<br />

livrer à elle-même frissonnant sous sa force. Il m’embrasse avec une telle passion<br />

que nos cœurs s’embrassaient comme <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> bûches.<br />

Maintenant, ce<strong>la</strong> fait, un an que nous sommes ensemble à nous soutenir et à<br />

nous aimer pour le meilleur et pour le pire.<br />

Je n’aurais jamais cru que ce<strong>la</strong> m’arriverait, je suis maintenant <strong>la</strong> femme <strong>la</strong> plus<br />

heureuse et <strong>la</strong> plus comblée!<br />

3

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