Femmes forestières au Québec - Société d'histoire forestière du ...
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L’arrivée des femmes en nombre appréciable dans les professions de la forêt à partir des<br />
années 70 et 80 correspond, justement, à l’effritement de cette vision de la forêt comme<br />
ressource à extraire. Il serait difficile de dire si c’est l’arrivée des femmes dans le domaine<br />
qui a contribué à transformer notre vision de la forêt ou si c’est l’évolution de la foresterie<br />
scientifique vers des préoccupations plus écologiques qui a attiré plus de femmes vers ces<br />
professions. Il semble clair, cependant, qu’<strong>au</strong> cours de cette période, quelque chose de majeur<br />
a changé dans nos imaginaires forestiers et dans la structure même <strong>du</strong> secteur. Les femmes<br />
ont senti qu’elles <strong>au</strong>raient dorénavant leur place, et voudraient davantage s’impliquer, dans<br />
les professions de la forêt. Un indicateur de ce changement de cap, et <strong>du</strong> rôle qu’ont joué les<br />
femmes, peut être trouvé dans les choix de carrière de ces dernières.<br />
Comme je l’ai mentionné plus h<strong>au</strong>t, depuis les années 70, le t<strong>au</strong>x de croissance des effectifs<br />
féminins dans les programmes de génie forestier a été considérablement inférieur à celui<br />
d’<strong>au</strong>tres sciences de la nature. Il est intéressant de souligner que cette tendance n’indique pas<br />
un désintérêt des femmes pour la forêt. Au contraire, elle reflète plutôt le fait que lorsque les<br />
femmes ont décidé de s’engager dans les professions de la forêt, elles l’ont souvent fait selon<br />
des trajectoires qui passaient davantage par les sciences de la vie, la biologie en particulier,<br />
que par les parcours masculins plus traditionnels, associés <strong>au</strong>x opérations <strong><strong>forestière</strong>s</strong> par<br />
plusieurs. Encore <strong>au</strong>jourd’hui, même <strong>au</strong> sein des programmes de génie forestier, l’intérêt<br />
des femmes pour les questions écologiques et sociales surpasse de be<strong>au</strong>coup leur demande<br />
en formation opérationnelle. Il est peut-être pertinent de noter que chaque fois que l’on<br />
m’a sollicité, en tant que spécialiste des sciences sociales, pour participer à l’évaluation d’un<br />
projet de mémoire de maîtrise ou de doctorat en foresterie, la candidate était une femme.<br />
Elles sont peut-être minoritaires dans l’ensemble <strong>du</strong> programme, mais elles représentent<br />
certainement la force motrice pour ce qui est de la prise en compte des questions sociales<br />
en foresterie.<br />
Le climat historique dans lequel les femmes sont arrivées à la Faculté de foresterie de<br />
l’Université Laval est <strong>au</strong>ssi révélateur de leur rapport particulier à la discipline. Comme<br />
l’écrit Cyrille Gélinas, dans les années 70, « C’était l’époque <strong>du</strong> retour à la terre, de la<br />
naissance des mouvements écologistes et des contestations étudiantes. La contre-culture<br />
proposait de nouve<strong>au</strong>x modèles de vivre ensemble et de rapport de pouvoir 8 ». C’est une<br />
8 Gélinas, Cyrille (2010) L’enseignement et la recherche en foresterie à l’Université Laval, de 1910 à nos<br />
jours. <strong>Québec</strong> : <strong>Société</strong> d’histoire <strong>forestière</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, p. 212.