Les Aventuriers de la mer-1-Le vaisseau magique
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<strong>de</strong> nom<strong>mer</strong> lui-même son lieutenant, ce qui avait encore fait<br />
<strong>de</strong>scendre Brashen d’un cran, le marin avait serré les <strong>de</strong>nts et<br />
obéi à son capitaine. Mais, malgré les années passées à bord <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Vivacia et <strong>la</strong> gratitu<strong>de</strong> qu’il éprouvait pour Ephron Vestrit, il<br />
pressentait que ce serait le <strong>de</strong>rnier voyage qu’il ferait sur le<br />
navire.<br />
<strong>Le</strong> capitaine Havre ne lui avait pas caché qu’en tant que<br />
membre d’équipage il n’était ni bienvenu ni respecté. Durant <strong>la</strong><br />
<strong>de</strong>rnière étape du voyage, rien <strong>de</strong> ce qu’il faisait ne satisfaisait le<br />
capitaine : s’il remarquait une corvée à effectuer et mettait <strong>de</strong>s<br />
hommes à l’œuvre, il outrepassait son autorité ; s’il se contentait<br />
d’exécuter les tâches que son rôle lui assignait, ce n’était qu’un<br />
imbécile doublé d’un tire-au-f<strong>la</strong>nc. Chaque jour passant,<br />
Terrilville se rapprochait, mais Havre se montrait aussi plus<br />
désagréable. Quand ils s’amarreraient au port d’attache et si<br />
Vestrit n’était pas prêt à reprendre le comman<strong>de</strong>ment, Brashen<br />
<strong>de</strong>scendrait du pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vivacia pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fois. Cette<br />
pensée lui serrait le cœur, mais il se rappe<strong>la</strong>it alors qu’il existait<br />
d’autres navires, dont certains excellents, et Brashen jouissait<br />
désormais d’une bonne réputation. <strong>Le</strong> temps était passé où,<br />
débutant, il avait dû accepter n’importe quelle p<strong>la</strong>ce à bord du<br />
premier rafiot venu ; à l’époque, survivre à un voyage était tout<br />
ce qui comptait. Cette première sortie, cette première traversée<br />
et le cauchemar étaient intimement liés dans son esprit.<br />
Il avait quatorze ans <strong>la</strong> première fois qu’il avait vu un<br />
serpent <strong>de</strong> <strong>mer</strong>. C’était dix longues années plus tôt, et il était<br />
novice dans le métier : il y avait moins <strong>de</strong> trois semaines qu’il<br />
servait à bord <strong>de</strong> son premier navire, un sabot chalcédien qui<br />
rou<strong>la</strong>it bord sur bord et se nommait l’Embrun. Même sur une<br />
<strong>mer</strong> d’huile, le bateau se dép<strong>la</strong>çait avec <strong>la</strong> grâce d’une femme<br />
enceinte en train <strong>de</strong> pousser un brouette, et, par une <strong>mer</strong> <strong>de</strong><br />
l’arrière, nul ne pouvait prédire où al<strong>la</strong>it se trouver le pont<br />
l’instant suivant. Brashen avait eu le mal <strong>de</strong> <strong>mer</strong>, et mal tout<br />
court aussi, à <strong>la</strong> fois à cause du travail auquel il n’était pas<br />
habitué et d’une raclée bien méritée que le second lui avait<br />
f<strong>la</strong>nquée <strong>la</strong> veille. Il était fâché aussi, car, dans le noir, Farsé le<br />
visqueux était venu s’accroupir près <strong>de</strong> lui pendant qu’il dormait<br />
dans le coqueron avant, pour lui offrir quelques paroles <strong>de</strong><br />
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