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René Aberlenc de 1920 à 1963

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peintre a tort d’envoyer <strong>à</strong> une exposition <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s qui ne permettent pas <strong>de</strong> juger d’une technique. Elles ne sont valables que<br />

sous l’angle sensible et <strong>à</strong> la condition d’être traitées avec une gran<strong>de</strong> maîtrise. Artiste prometteur, mais qui, dans ses envois<br />

précé<strong>de</strong>nts, nous laissait espérer un plus grand épanouissement (…) »<br />

Journal inconnu <strong>de</strong> 1944-45 :<br />

« (…) <strong>Aberlenc</strong>, qui sait agréablement faire valoir son métier <strong>de</strong> jeune peintre (…) »<br />

Dans « Le Provençal » (non daté, on ne sait pas <strong>de</strong> quel Salon il s’agit, peut-être le VIIe <strong>de</strong> 1944-45 ?), « Le Salon 1’Art<br />

Cévenol » :<br />

« Notre <strong>de</strong>uxième visite au Salon <strong>de</strong> l’Art Cévenol nous fait retrouver <strong>Aberlenc</strong> avec ses «Vieilles Maisons » aux<br />

tonalités sensibles, un « Chemin » calme et bien peint et une « Sanguine » soli<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>ssinée. (…) Carton expose une série<br />

<strong>de</strong> sanguines qui attestent une science très sûre et un juste sentiment <strong>de</strong> la forme. (…)<br />

Chaptal sait faire jouer la lumière en <strong>de</strong>s harmonies heureuses dans ses paysages. Nous citerons sa « Fenaison » qui<br />

décèle non seulement un authentique talent, mais aussi le goût, le tempérament du peintre, un excellent « Portrait », son<br />

chemin <strong>de</strong> novembre si caractéristique <strong>de</strong> nos Cévennes et <strong>de</strong> délicieuses petites « Natures mortes », qui dès le vernissage.<br />

N’ont pas échappé <strong>à</strong> un amateur avisé. Notons les essais encourageants <strong>de</strong> Lucie Mardrus. Les <strong>de</strong>ssins humoristiques <strong>de</strong> Chabrol,<br />

(…)<br />

La sculpture, toute <strong>de</strong> bonne qualité. Mérite <strong>de</strong> retenir l’attention. De Carton, citons un « Buste » très ressemblant du<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ce Salon, mo<strong>de</strong>lé avec une belle et large franchise et une « Académie » d’un bel élan. (…) »<br />

Jeudi 10 avril 1945<br />

Lettre <strong>de</strong> Jean Carton (7 rue Belleni, Paris XV e ), adressée <strong>à</strong> « Monsieur <strong>René</strong> <strong>Aberlenc</strong> – artiste peintre – 12 faubourg<br />

du Soleil - Alès (Gars) :<br />

« Paris jeudi 10 avril.<br />

Mon vieux <strong>René</strong>. J’ai reçu ta lettre hier soir et je vois que tu es encore emmerdé – Que faire ! Je vais réfléchir<br />

sérieusement <strong>à</strong> tout cela – et peut-être trouverons-nous une solution – mais je pense que tout cela va bientôt être terminé, alors<br />

ne t’inquiète nullement. Pense plutôt <strong>à</strong> venir <strong>à</strong> Paris le plus vite possible, car il serait <strong>de</strong> ton intérêt <strong>à</strong> ne pas moisir <strong>à</strong> Alès – Ta<br />

petite carte est bien courte et tu ne t’explique pas très longuement.<br />

Je te remercie d’avoir repris le <strong>de</strong>ssin d’Aaon, tu lui en donneras un autre, une tête <strong>de</strong> la petite – enfin tu verras -<br />

merci encore. Ici je travaille toujours – dans l’après midi j’ai commencé un autre buste d’un jeune copain sculpteur, garçon<br />

très gentil et du talent par surcroît – ce qui ne gâte rien – une bonne lumière en plus.<br />

Je donnerai cher pour en avoir un <strong>à</strong> moi, il y a une semaine qu’un atelier superbe nous a passé sous le nez – la<br />

malchance qui continue – enfin je ne désespère pas.<br />

Je suis invité <strong>à</strong> une exposition très importante qui groupera les meilleurs artistes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> quarante ans : peintres<br />

– sculpteurs – poètes – graveurs, une centaine en tout ou 90. J’avais <strong>de</strong>mandé <strong>à</strong> ton frère quelques-uns <strong>de</strong> ses poèmes, pour<br />

les faire lire et le faire inviter <strong>à</strong> cette exposition. Il est négligeant et ne m’a pas encore fait parvenir ses poèmes et c’est très<br />

pressé. Dommage, cela m’aurait fait plaisir d’exposer avec lui.<br />

Je vois très souvent Gimond. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>à</strong> ce que je passe le voir souvent et nous sommes assez copains, quoique <strong>de</strong><br />

temps <strong>à</strong> autres prise <strong>de</strong> bec. Il a aimé beaucoup mes <strong>de</strong>ssins et m’en a fait acheter par un <strong>de</strong> ses amis, qui possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Rodins<br />

et <strong>de</strong>s Maillols. Il a trouvé que mes <strong>de</strong>ssins sont parfaits et que dans ce sens je ne pourrai aller plus loin ! J’ai réfléchi <strong>à</strong> cela<br />

et peut-être a-t-il raison ? De toutes façons c’est un bougre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> culture et j’ai plaisir <strong>à</strong> discuter et disputer avec lui. J’ai<br />

l’impression que la sympathie qu’il a l’air <strong>de</strong> me témoigner vient <strong>de</strong> ma gran<strong>de</strong> liberté <strong>à</strong> son égard et <strong>de</strong> mon entière franchise<br />

<strong>à</strong> défendre les œuvres et les hommes que j’aime, ce qui est normal et franc <strong>de</strong> ma part.<br />

J’ai reçu confirmation <strong>de</strong> ma comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’État : une figure <strong>de</strong> 1 m 20 en terre cuite 65.000 Frs. Ce n’est pas mal.<br />

Quel dommage que je ne trouve pas d’atelier, car j’aurai du travail <strong>à</strong> faire. Pas mal <strong>de</strong> personnes sont emballées sur mes<br />

travaux et cela me rapportera certainement quelques boulots ?<br />

Tu ne m’as pas répondu sur ce que je t’ai <strong>de</strong>mandé au sujet <strong>de</strong> ta bourse. Répond-moi donc l<strong>à</strong>-<strong>de</strong>ssus au plus tôt. Je<br />

voudrais envoyer une lettre <strong>à</strong> Peironnenche pour lui rafraîchir la mémoire – ces bougres s’endorment sur leurs lauriers –<br />

c’est idiot. De ton côté tu <strong>de</strong>vrais mettre tout en branle pour avoir un résultat positif dans le sens <strong>de</strong> ta bourse – pense <strong>à</strong> cela<br />

sérieusement vieux <strong>René</strong>. Ne te laisse pas dévier par cette idée d’être rappelé. Envisage d’abord ta venue <strong>à</strong> Paris le plus tôt.<br />

Ne laisse pas ton imagination trop portée sur le futur. Je crois t’avoir dit que ton frère est du même avis que moi. Ecris-lui<br />

donc et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-lui. La question <strong>de</strong> la bourse est évi<strong>de</strong>mment indispensable. C’est tout <strong>à</strong> fait normal que tu puisses y avoir<br />

droit – ne pense pas que c’est une aumône, c’est très naturel et pour toi cela est comme la première pierre <strong>de</strong> l’édifice.<br />

D’ailleurs Maillol, Despiau et combien d’autres s’en sont servis. Je pense que dès maintenant tu vas penser <strong>à</strong> cela<br />

méthodiquement et aboutir au plus tôt.<br />

A Paris en ce moment il y a pas mal d’expositions intéressantes. J’ai vu il y a quelques jours un petit ensemble<br />

d’œuvres <strong>de</strong> Rouault – peinture très belle et <strong>de</strong> poids – profon<strong>de</strong> – on a l’impression d’être au musée. J’ai vu également <strong>de</strong>ux<br />

toiles <strong>de</strong> Dufay extraordinairement jeunes et vivantes. Une était vraiment remarquable : un paysage <strong>de</strong> moisson, lumineux,<br />

éclatant <strong>de</strong> couleurs quoique sobre, d’une vie et d’une tendresse très prenante. Un beau <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Derain, un autre <strong>de</strong><br />

Despiau, <strong>de</strong>s Seurat, <strong>de</strong>s Corot, Daumier, Rodin, La Fraisnaye, toutes ces belles choses dans une autre exposition. Comme tu<br />

vois, la nourriture est abondante et <strong>de</strong> qualité – un goût <strong>de</strong> terroir et d’hommes forts, luci<strong>de</strong>s – ce qui évi<strong>de</strong>mment ne se trouve<br />

pas ailleurs. On aime ces hommes qui sont <strong>à</strong> la pointe d’un terrain soli<strong>de</strong>. Leur diversité ne gêne en rien mais dans toutes ces<br />

œuvres on retrouve le fil conducteur.<br />

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