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Feuille-Bize-N141 - le-lien-Maarif.com

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Depuis <strong>le</strong> soir de Pentecôte nous avons repris <strong>le</strong> Temps ordinaire<br />

(cou<strong>le</strong>ur liturgique « vert »). Cependant <strong>le</strong>s deux<br />

dimanches qui suivent (Fête de la Trinité & Fête-Dieu) sont<br />

des « so<strong>le</strong>nnités », donc en « blanc » ! C’est à la fin du II° s.<br />

que Théophi<strong>le</strong> d’Antioche emploie pour la 1° fois <strong>le</strong> mot<br />

Trinité dont une messe est <strong>com</strong>posée en son honneur au<br />

VII° s.. Il faut attendre l’an 1334 pour que <strong>le</strong> pape Jean<br />

XXII adopte cette fête à Rome et l’étende à toute l’Église.<br />

1° Lecture : du Livre des Proverbes (8,22-31)<br />

Écoutez ce que déclare la Sagesse : « Le Seigneur m’a faite pour lui au <strong>com</strong>mencement de son action,<br />

avant ses œuvres <strong>le</strong>s plus anciennes. Depuis toujours, j’ai été formée, avant l’apparition de la terre.<br />

Quand <strong>le</strong>s abîmes n’existaient pas encore, qu’il n’y avait pas encore <strong>le</strong>s sources jaillissantes, avant qu’apparaissent<br />

<strong>le</strong>s collines, je fus enfantée. Alors que Dieu n’avait fait ni la terre, ni <strong>le</strong>s champs, ni l’argi<strong>le</strong> primitive<br />

du monde, lorsqu’il affermissait <strong>le</strong>s cieux, j’étais là. Lorsqu’il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,<br />

chargeait de puissance <strong>le</strong>s nuages dans <strong>le</strong>s hauteurs et maîtrisait <strong>le</strong>s sources de l’abîme, j’étais là.<br />

Quand il imposait à la mer ses limites pour que <strong>le</strong>s eaux ne franchissent pas <strong>le</strong>s rivages, quand il établissait<br />

<strong>le</strong>s fondements de la terre, j’étais à ses côtés <strong>com</strong>me un architecte. Je faisais ainsi ses délices jour<br />

après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre ; et je trouve ma joie parmi <strong>le</strong>s êtres<br />

humains. »<br />

L’Ancien Testament <strong>com</strong>porte cinq livres de sagesse. Le<br />

livre des Proverbes en fait partie avec celui de Job, de<br />

Sirac <strong>le</strong> Sage, l’Ecclésiaste et celui de la Sagesse.<br />

Comme son nom l’indique, <strong>le</strong> livre dont nous lisons aujourd’hui<br />

un extrait est <strong>com</strong>posé d’une mosaïque de sentences<br />

qui sont de dates et d’origines diverses, mais placées<br />

sous l’égide de Salomon (Proverbes de Salomon tel<br />

est son en-tête), car ce roi laissa une réputation de sagesse<br />

: <strong>le</strong> 1° livre des Rois (5,12) lui attribue ainsi pas<br />

moins de « trois mil<strong>le</strong> maximes » !<br />

Ces proverbes qui définissent un art de vivre, ne se distingueraient<br />

guère de ceux préconisés par <strong>le</strong>s sages de<br />

l’Égypte et l’Orient auxquels notre livre fait des emprunts<br />

[*], si l’ensemb<strong>le</strong> de l’ouvrage ne se situait dans la<br />

lumière de la religion de Yahvé et ne faisait de la<br />

« crainte de Dieu » (du respect et de l’amour de Dieu) <strong>le</strong><br />

test premier de toute véritab<strong>le</strong> sagesse.<br />

Les chapitres 8 et 9 du Livre des Proverbes forment une<br />

section consacrée à la sagesse divine. Pour la 1° fois,<br />

cette sagesse est personnifiée. Cette personnification sera<br />

reprise par des auteurs postérieurs dont Sirac <strong>le</strong> Sage<br />

(II° s. av. J-C.) et par l’auteur du livre de la Sagesse (I° s.<br />

av. J-C.). … / ...<br />

_________________________________________________________________________________________________________<br />

[*] <strong>le</strong>s chapitres 22-23 sont directement inspirés par <strong>le</strong>s<br />

conseils de sagesse du Pharaon Aménémopé (début du 1°<br />

millénaire avant notre ère), <strong>le</strong>s chapitres 30-31, des écrits<br />

de deux sages arabes.<br />

… / … Bien que cette personnification reste poétique<br />

et littéraire, el<strong>le</strong> ouvre des perspectives sur <strong>le</strong>s relations<br />

entre Dieu et la Sagesse, et laisse pressentir une<br />

vie intérieure en Dieu… lointaine préparation au<br />

mystère de la Trinité.<br />

Le Seigneur m’a faite pour lui au <strong>com</strong>mencement de<br />

son action... Le verbe hébreu, traduit ici par « faire »,<br />

(ail<strong>le</strong>urs par « créer »), a plus souvent <strong>le</strong> sens d’acquérir,<br />

de posséder. Il a cependant aussi <strong>le</strong> sens de<br />

créer (Gn 14,19 ; Sirac 1,4 & 24,9). Mais vint un<br />

temps où ce verset fut appliqué à la Paro<strong>le</strong>, à la 2°<br />

personne de la Trinité. Et lorsque Arius (début du<br />

IV° s.) nia la divinité du Fils, il s’appuya, notamment<br />

sur ce passage des Proverbes, pour affirmer<br />

que <strong>le</strong> Fils est une créature. C’est sans doute la raison<br />

qui a incité St Jérôme, pour sa traduction de la<br />

Bib<strong>le</strong> hébraïque en latin, d’utiliser <strong>le</strong> sens premier du<br />

verbe hébreu : posséder ! En tout cas, l’auteur note<br />

l’antériorité de la Sagesse à toute œuvre créée et sa<br />

présence au dérou<strong>le</strong>ment de la Création. Il semb<strong>le</strong><br />

vouloir signifier que c’est grâce à el<strong>le</strong> que l’univers<br />

émergea du chaos, s’organisa et reçut limites et fondements<br />

: el<strong>le</strong> était là, tel un architecte - ou un enfant<br />

chéri, car <strong>le</strong> mot hébreu est incertain. Si, enfin, la<br />

poésie paraît l’emporter sur la théologie, nous sommes<br />

aux sources de la Trinité, car la Sagesse semb<strong>le</strong><br />

être ici plus inspiratrice qu’architecte et, à ce titre,<br />

el<strong>le</strong> nous oriente sur l’action de l’Esprit Saint...


2° <strong>le</strong>cture : De la <strong>le</strong>ttre de Paul aux Romains (5,1-5) [traduction officiel<strong>le</strong> ] Frères, Dieu a donc fait de<br />

nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui<br />

nous a donné, par la foi, l'accès au monde de la grâce dans <strong>le</strong>quel nous sommes établis ; et notre orgueil<br />

à nous, c'est d'espérer avoir part à la gloire de Dieu. Mais ce n'est pas tout : la détresse el<strong>le</strong>-même fait<br />

notre orgueil, puisque la détresse, nous <strong>le</strong> savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la<br />

va<strong>le</strong>ur éprouvée ; la va<strong>le</strong>ur éprouvée produit l'espérance ; et l'espérance ne trompe pas, puisque l'amour<br />

de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné.<br />

[Traduction en français courant] Ainsi, nous avons été rendus justes devant Dieu à cause de notre foi et<br />

nous sommes maintenant en paix avec lui par notre Seigneur Jésus–Christ. Par Jésus nous avons pu,<br />

par la foi, avoir accès à la grâce de Dieu en laquel<strong>le</strong> nous demeurons fermement. Et ce qui nous réjouit<br />

c’est l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous réjouissons même dans nos détresses,<br />

car nous savons que la détresse produit la patience, la patience produit la résistance à l’épreuve et la résistance,<br />

l’espérance. Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos<br />

cœurs par <strong>le</strong> Saint–Esprit qu’il nous a donné.<br />

Le thème fondamental de la <strong>le</strong>ttre aux Romains est <strong>le</strong> salut apporté aux<br />

hommes par <strong>le</strong> Christ, salut qui n’est pas la conséquence d’actes méritoires,<br />

d’efforts, d’ascèse… mais un don gratuit (une grâce) de Dieu. Le<br />

chapitre 5 est à la charnière entre la 1° partie axée sur la foi et la 2nde<br />

qui porte sur la vie chrétienne animée par l’Esprit.<br />

Cette introduction à ce chapitre est une synthèse de l’œuvre trinitaire.<br />

St Paul fait toujours remonter <strong>le</strong> principe du salut au Père : c’est par <strong>le</strong><br />

canal de la foi que Dieu nous donne part à sa vie, nous « justifie »,<br />

c'est-à-dire nous sanctifie, fait de nous des saints. Cette grâce nous a<br />

été manifestée par <strong>le</strong> Fils qui nous ouvre, toujours par <strong>le</strong> canal de la foi,<br />

<strong>le</strong>s vannes de l’espérance : partager sa gloire.<br />

Paul emploie <strong>le</strong> mot orgueil dans <strong>le</strong> sens de fierté. Fierté de croire. Car<br />

plus notre être est faib<strong>le</strong> (et dans la détresse), plus la foi l’aide à pouvoir<br />

« porter sa croix », dans l’attente que lui promet la foi de partager la<br />

gloire du Fils, <strong>le</strong> terme de son espérance. …/ ...<br />

3° <strong>le</strong>cture : de Evangi<strong>le</strong> selon St Jean (16, 12-15)<br />

D’après D’après <strong>le</strong>s <strong>le</strong>s Pères Pères Boismard Boismard / / Lamouil<strong>le</strong>, Lamouil<strong>le</strong>, exégètes exégètes dominicains.<br />

dominicains.<br />

…/… Ce qui soutient notre espérance et<br />

stimu<strong>le</strong> notre coeur, n’est autre que l’amour<br />

pour Dieu que verse l’Esprit en nos cœurs.<br />

Nous avons ici la plus haute affirmation de<br />

tout <strong>le</strong> Nouveau Testament, du <strong>lien</strong> qui<br />

existe entre l’amour et l’Esprit Saint. Il s’agit<br />

de l’amour de Dieu pour nous, amour qui<br />

nous intègre dans la vie trinitaire. Cet<br />

amour, qui est l’essence même de Dieu, est<br />

répandu à profusion en nous. Le verbe employé<br />

par Paul évoque un débordement,<br />

<strong>com</strong>me une eau si abondante que <strong>le</strong> récipient<br />

où el<strong>le</strong> est versée ne peut la contenir.<br />

(L’image de l’eau est un des symbo<strong>le</strong>s de<br />

l’Esprit dans <strong>le</strong>s Écritures, St Jean l’utilisera<br />

dans <strong>le</strong> récit de la Samaritaine : Jn 4,14 !)<br />

Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus disait à ses discip<strong>le</strong>s : « J'aurais encore beaucoup de<br />

choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de <strong>le</strong>s porter. Quand il viendra, lui, l'Esprit<br />

de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il<br />

redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous <strong>le</strong> fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra<br />

ce qui vient de moi pour vous <strong>le</strong> faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi<br />

je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous <strong>le</strong> faire connaître. »<br />

L’évangi<strong>le</strong> de Jn contient 5 logia [prononcer loggia] (5 phrases) sur l’Esprit : 14,15-17 ; 14, 25-26 ; 15, 26-27;<br />

16, 4-11 et 16,12-15. Jn considère l’Esprit <strong>com</strong>me une personne qui doit venir prendre la place du Christ<br />

après son départ, afin de continuer son œuvre de révélation. Pour souligner cette continuité entre l’œuvre du<br />

Christ et cel<strong>le</strong> de l’Esprit, pour présenter en quelque sorte l’Esprit <strong>com</strong>me un « autre » Christ, Jn a volontairement<br />

repris, en <strong>le</strong>s appliquant à l’Esprit, des termes ou des formu<strong>le</strong>s qui expriment ail<strong>le</strong>urs dans son livre la<br />

mission de Jésus par son Père, et son œuvre de révélation. Exemp<strong>le</strong> la phrase « Lorsqu’il viendra celui-là, il<br />

nous expliquera toutes choses »,( paro<strong>le</strong>s de la Samaritaine à Jésus à propos du Christ :Jn 4,25), est reprise et<br />

appliquée à l’Esprit : « Lorsqu’il viendra celui-là, l’Esprit de vérité, il vous expliquera... » (Jn 16,13-14).<br />

D’une façon plus précise, il faut dire que <strong>le</strong> dernier rédacteur de Jn avec <strong>le</strong> recul du temps dont il a pu bénéficier,<br />

veut montrer que cet Esprit est venu (mais puisqu’il fait par<strong>le</strong>r Jésus avant son départ : viendra) ac<strong>com</strong>plir<br />

ce « retour » du Christ qu’attendait la tradition chrétienne primitive. On espérait un retour imminent de Jésus,<br />

pour Jn, ce fut l’Esprit qui vint. Exemp<strong>le</strong> : « Je pars vous préparer une place, et si je pars, je viendrai de nouveau<br />

» (Jn 14) . Ces paro<strong>le</strong>s ont été reprises et orientées vers l’Esprit : « Il vaut mieux que je m’en ail<strong>le</strong>, et si je<br />

pars je vous l’enverrai (l’Esprit) ». L’expression « je viendrai de nouveau » devient maintenant « je vous l’enverrai<br />

». On peut en conclure que ce n’est plus Jésus qui viendra chercher ses discip<strong>le</strong>s, mais l’Esprit qui viendra<br />

pour demeurer en eux !


Voyons maintenant l’origine de l’expression « Esprit de vérité ». Dans toute la Bib<strong>le</strong>, cette expression ne<br />

se lit encore que dans <strong>le</strong>s logia (loggia) sur l’Esprit de Jn et dans la 1° <strong>le</strong>ttre de Jn 4,6 où l’on reconnaît <strong>le</strong><br />

sty<strong>le</strong> du dernier rédacteur. Il semb<strong>le</strong> que ce dernier ait pris cette expression dans <strong>le</strong>s milieux qumrâniens,<br />

car el<strong>le</strong> se lit à plusieurs reprises dans <strong>le</strong>s textes de Qumrân. Dans la pensée dualiste des gens qui vivaient<br />

en ce lieu, <strong>le</strong>s hommes sont divisés en deux catégories caractérisées par l’opposition « lumière /<br />

ténèbres » et « vérité / perversion ». Voici <strong>le</strong> texte de la Règ<strong>le</strong> de cette Communauté : « Dieu a disposé<br />

pour l’homme de deux esprits… ce sont <strong>le</strong>s esprits de vérité et de perversion. D’une fontaine de lumière<br />

provient la vérité et d’une source de ténèbres provient la perversion. » La suite montre que toute vie mora<strong>le</strong><br />

parfaite vient de l’esprit de vérité et toute vie mora<strong>le</strong> dépravée de l’esprit de perversion. C’est pourquoi<br />

« <strong>le</strong> maître des novices » de la Communauté doit éprouver soigneusement l’esprit de ceux qui y désirent<br />

y entrer… [> Dans la 1° <strong>le</strong>ttre de Jn (4,6) il est question de l’esprit de vérité et de l’esprit d’erreur !)<br />

Par contre, si dans <strong>le</strong>s textes de Qumrân, l’esprit de vérité est une<br />

bonne inclinaison, chez Jn, il est une Personne divine. Le rédacteur,<br />

sous l’influence de la tradition naissante de l’Église (dont Lc<br />

se fait déjà l’écho), a personnalisé l’esprit de vérité utilisé dans la<br />

pensée de Qumrân, pour en faire l’Esprit de vérité dont <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> est<br />

de conduire <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s vers la vérité toute entière. Ce titre donné<br />

à l’Esprit est donc en relation avec sa fonction. Allant plus loin encore,<br />

l’auteur ira jusqu’à dire (1° de Jn 5,6) que l’Esprit est la vérité.<br />

Entendons : l’amour est la seu<strong>le</strong> vérité.<br />

L’Esprit est dit aussi « Parac<strong>le</strong>t », transcription française du grec<br />

paraklétos que la traduction latine avait déjà reprise « paraclitus ».<br />

Rare en grec classique, inconnu de la Bib<strong>le</strong> grecque (appelée Septante),<br />

ce mot est un adjectif dérivé d’un verbe grec qui revêt deux<br />

sens principaux : 1) « appe<strong>le</strong>r à soi » (> appe<strong>le</strong>r à l’aide, supplier<br />

<strong>le</strong>s dieux, convoquer un témoin au tribunal) ; 2) « exhorter - encourager » (de là « conso<strong>le</strong>r » et <strong>le</strong> nom<br />

« Consolateur » donné à l’Esprit par certaines traductions). En grec, <strong>le</strong> mot « parac<strong>le</strong>t » a toujours une<br />

signification juridique et désigne souvent celui qui est appelé pour défendre un accusé. Il correspond<br />

exactement au latin « advocatus » ( > avocat, en français). Or, <strong>le</strong> Satan est toujours l’Accusateur dans la<br />

Bib<strong>le</strong>. A sa fonction traditionnel<strong>le</strong> d’accuser <strong>le</strong>s hommes au tribunal divin, de dénoncer <strong>le</strong>urs péchés et<br />

d’exiger <strong>le</strong>ur châtiment, s’oppose <strong>le</strong> Parac<strong>le</strong>t qui intercède en <strong>le</strong>ur faveur pour que Dieu exerce sa miséricorde<br />

et pardonne au pécheur ! Or chez Jn, ce rô<strong>le</strong> in<strong>com</strong>be au Christ. Jn change donc <strong>le</strong> sens du mot.<br />

L’Esprit n’intercède pas pour <strong>le</strong> pardon, mais il « enseigne » la vérité, il « témoigne » avec <strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s en<br />

faveur du ressuscité, il « confond » <strong>le</strong> monde. Jn opte donc pour <strong>le</strong> 2nd sens du mot : l’Esprit exhorte, encourage…<br />

Ce choix du rédacteur est dû à l’influence des écrits de Lc et de Paul !<br />

D’après C. L’Eplattenier, exégète protestant. « j’aurai encore beaucoup de choses à vous dire mais pour<br />

l'instant vous n'avez pas la force de <strong>le</strong>s porter. » Ce constat n’est pas un découragement de la part de Jésus<br />

mais sa confiance en l’œuvre future de l’Esprit. Il sait qu’il <strong>le</strong>s amènera à recevoir progressivement et à approfondir<br />

la vérité de Dieu. « Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. »<br />

Il est ici souhaitab<strong>le</strong> de garder l’image du verbe grec et de traduire « il vous fera cheminer vers » plutôt que « il<br />

vous guidera » car il y a cette idée de mouvement progressif vers une p<strong>le</strong>ine <strong>com</strong>préhension qui n’aboutira<br />

que dans <strong>le</strong> Royaume. En effet, Jésus, <strong>le</strong> Fils, contient tout <strong>le</strong> mystère de Dieu qui, <strong>com</strong>me <strong>le</strong> veut <strong>le</strong> sens originel<br />

du mot mystère, se dévoi<strong>le</strong> petit à petit. On ne peut l’approcher par un acte de l’intelligence, mais par<br />

une démarche d’amour toujours à renouve<strong>le</strong>r….<br />

La suite du texte nous montre que l’Esprit-Saint n’a aucune révélation autonome à apporter et qu’il ne fera<br />

pas seu<strong>le</strong>ment « ressouvenir » des paro<strong>le</strong>s du Jésus historique, mais annoncera <strong>le</strong>s choses qui doivent venir.<br />

Ces paro<strong>le</strong>s étant mises avant la Passion, il ne faut pas réduire <strong>le</strong> « ce qui va venir » à l’annonce de cel<strong>le</strong>-ci.<br />

Jésus par<strong>le</strong> ici du rô<strong>le</strong> prophétique de l’Esprit (Cf. Ac 2,17) qui n’est pas à réduire à des prédictions <strong>com</strong>me <strong>le</strong><br />

montre tout <strong>le</strong> prophétisme biblique. L’Esprit fera découvrir des choses nouvel<strong>le</strong>s sur Jésus, sur ce qu’il a pu<br />

dire avant sa mort. Il ne s’agit pas d’une révélation indépendante, mais d’un dévoi<strong>le</strong>ment, d’un approfondissement<br />

de sa personne, des paro<strong>le</strong>s qu’il a dites et des gestes qu’il a posés. Pour Jn, <strong>le</strong>s choses à venir englobent<br />

sûrement ce qui concerne l’interprétation du mystère de Jésus, tel qu’il a peu à peu mûri dans sa <strong>com</strong>munauté<br />

et dont témoigne son écrit.<br />

La conception johannique du St Esprit exclut tout illuminisme spirituel. Certains mouvements chrétiens dissidents<br />

ont cru que Pentecôte ouvrait une troisième ère de la Révélation, cel<strong>le</strong> de l’Esprit, justifiant par là de<br />

nouvel<strong>le</strong>s « vérités ». Or, pour Jn, l’Esprit n’invente rien, c’est l’unique révélation incarnée en Jésus dont il a la<br />

charge de faire <strong>com</strong>prendre dans toutes ses dimensions.


Homélie pour la Fête de la Ste Trinité.<br />

La grande fête pasca<strong>le</strong> étalée sur 50 jours s’est terminée avec la so<strong>le</strong>nnité de la Pentecôte. Le Christ<br />

« est assis à la droite du Père » pour l’éternité. L’Esprit a pris la relève pour illuminer <strong>le</strong> cœur des<br />

croyants et guider vers Dieu ceux qui <strong>le</strong> cherchent ail<strong>le</strong>urs que dans l’Eglise. Le Fils a parlé, la Révélation<br />

est terminée. Mais el<strong>le</strong> reste à déployer, à approfondir. Tout désormais repose dans la Paro<strong>le</strong> que chaque<br />

génération a à lire, à accueillir, à ruminer.....à vivre grâce à la lumière et avec la force que donne l’Esprit<br />

Saint.<br />

Nous fêtons aujourd’hui <strong>le</strong> Mystère insondab<strong>le</strong> de Dieu qui fait l’originalité du Christianisme : la Trinité.<br />

Cette relation d’amour à trois que nous rappel<strong>le</strong> chaque signe de croix. La Trinité n’est pas une idée. El<strong>le</strong><br />

n’est pas une construction intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, œuvre de philosophes ou de théologiens. El<strong>le</strong> n’est pas une mathématique<br />

où « 3 éga<strong>le</strong> 1 » ! La Trinité n’a pas été élaborée par de savants conci<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> s’est imposée<br />

dès <strong>le</strong> début <strong>com</strong>me nous <strong>le</strong> signa<strong>le</strong> la <strong>le</strong>ttre de Paul aux Corinthiens écrite en l’an 56 : El<strong>le</strong> est, nous dit<br />

l’apôtre, « grâce du Seigneur Jésus-Christ, Amour de Dieu <strong>le</strong> Père, <strong>com</strong>munion de l’Esprit ! »<br />

La Trinité ? Pour certains, on <strong>le</strong>ur en a parlé lors de <strong>le</strong>ur éducation religieuse. Au fil du temps, <strong>le</strong>s explications<br />

se sont succédées aux explications. Peut-être avons-nous cherché à la <strong>com</strong>prendre en feuil<strong>le</strong>tant<br />

des livres ? Mais <strong>com</strong>me <strong>le</strong> dit <strong>le</strong> catéchisme : la Trinité est un mystère. Et ce mystère ne s’est guère<br />

éclairci aux yeux de notre cœur qui a besoin de temps, car il est <strong>le</strong>nt à croire. Un cœur à qui, parfois,<br />

toute la vie ne suffira pas pour approfondir et savourer sa foi. Mais pas la peine de se culpabiliser. A travers<br />

ses discip<strong>le</strong>s, Jésus nous a prévenus : il a beaucoup de choses à nous dire, des choses que, pour <strong>le</strong><br />

moment, nous ne sommes pas capab<strong>le</strong>s de <strong>com</strong>prendre. Peut-être à entrevoir seu<strong>le</strong>ment ici-bas !<br />

Oui, nous avons du mal avec la Trinité. Pourtant nous disons toujours <strong>le</strong> Credo dans <strong>le</strong>quel nous affirmons<br />

que nous croyons en Dieu <strong>le</strong> Père, <strong>le</strong> Fils et <strong>le</strong> St Esprit, un seul Dieu en trois Personnes. Mais<br />

nous sentons aussi que cette formu<strong>le</strong> reçue ne suffit pas, et ne suffira jamais à embrasser <strong>le</strong> mystère,<br />

tant nos concepts, nos mots et notre intelligence sont limités. Car ce n’est pas en maniant des idées si<br />

pointil<strong>le</strong>uses soient-el<strong>le</strong>s que nous sera révélé <strong>le</strong> contenu de ce que nous appelons la Trinité. On peut<br />

disserter sur un vin, mais tant qu’il n’a pas caressé notre palais <strong>le</strong>s mots sont vides !<br />

En fait, c’est dans la mesure où nous laisserons Dieu entrer dans nos vies, c’est dans la mesure où nous<br />

accueil<strong>le</strong>rons son débordement d’amour, (même sans <strong>le</strong> savoir, il suffit d’avoir un cœur ouvert) que la Trinité<br />

nous fera entrer dans sa spira<strong>le</strong> de vie et que sa douceur guérira peu à peu notre cécité intérieure.<br />

Saint Bernard écrivait que la Trinité est « infinie, in<strong>com</strong>préhensib<strong>le</strong> et absolument simp<strong>le</strong> ». El<strong>le</strong> est infinie,<br />

car on ne peut épuiser son mystère ; el<strong>le</strong> est in<strong>com</strong>préhensib<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> n’entre pas dans nos schémas,<br />

mais el<strong>le</strong> est absolument simp<strong>le</strong>, car il suffit d’aimer pour qu’el<strong>le</strong> nous ouvre ses secrets ! La Trinité<br />

n’est pas à <strong>com</strong>prendre, el<strong>le</strong> est à expérimenter. Et pour cela, c’est simp<strong>le</strong> : il suffit d’aimer ! On peut goûter<br />

un vin, l’apprécier sans y mettre forcément des mots : il aura suffit de <strong>le</strong> goûter !<br />

Ainsi pour goûter au mystère de la Trinité, <strong>le</strong>s approches sont multip<strong>le</strong>s et variées, parce que chacun est<br />

différent. Chacun a un chemin qui lui est particulier pour entrer dans la vie trinitaire. Peut-être y auronsnous<br />

accès par <strong>le</strong> visage de cette personne que nous nommons « <strong>le</strong> Père » quand, un jour, tomberont <strong>le</strong>s<br />

couches de peinture du Dieu impersonnel que nous a légué <strong>le</strong> sentiment religieux ? Peut-être lorsque<br />

nous pourrons balayer <strong>le</strong>s images reçues du « père fouettard », du « dieu cause de nos malheurs », du<br />

« chef tout puissant », pour nous ouvrir à Celui qui ne s’offusque jamais, prend patience, attend son<br />

heure et pardonne inlassab<strong>le</strong>ment ? Peut-être lorsque nous accepterons de nous en remettre à lui dans<br />

un élan d’abandon, au cœur de la tourmente, de l’épreuve, du désarroi, des abysses d’une dépression ?<br />

La Trinité peut aussi nous mener sur son chemin à travers cette autre personne que nous appelons « <strong>le</strong><br />

Fils », en lisant <strong>le</strong>s évangi<strong>le</strong>s, en rencontrant un témoin, ou (et ce n’est pas à négliger !) lorsque nous<br />

nous mettrons au service d’autrui parce que touchés à nos entrail<strong>le</strong>s par la misère ou <strong>le</strong> malheur de l’autre<br />

qui est là et en qui <strong>le</strong> Fils se révè<strong>le</strong>ra au final ! Enfin, la Trinité peut attirer à el<strong>le</strong> par <strong>le</strong> Saint Esprit.<br />

Une personne à l’œuvre dans toutes <strong>le</strong>s religions, dans tous <strong>le</strong>s cœurs en quête d’absolu, d’idéal, de paix<br />

pour créer tous ces <strong>lien</strong>s d’amour, d’amitié, d’humanité qui se tissent à travers <strong>le</strong> monde.<br />

Vous voyez : Il est vain de chercher dans <strong>le</strong>s livres ce qu’est la Trinité. Vouloir savoir ne sert à rien. La<br />

Trinité ne s’enseigne pas à l’aide de concepts ou de théories. El<strong>le</strong> s’éprouve dans <strong>le</strong> cœur qui se dilate à<br />

l’amour. El<strong>le</strong> met sa saveur dans nos relations humaines. El<strong>le</strong> donne goût à tout ce qui est vrai, fait bril<strong>le</strong>r<br />

ce qui est juste, parfume ce qui est beau, habil<strong>le</strong> la tendresse. El<strong>le</strong> est dans un sourire, dans un baiser,<br />

une caresse. Le regard d’un enfant nous en dit long sur el<strong>le</strong>. La main secourab<strong>le</strong> nous signa<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> est<br />

bien là. Toute présence si<strong>le</strong>ncieuse en est une trace. La prière nous plonge dans sa vie. El<strong>le</strong> pose son<br />

sceau sur nos amours humaines. Nous sommes dans sa main !

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