Santé mentale: - Médecins Sans Frontières Suisse
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No 96<br />
ÉTÉ 2010<br />
Le journal des actions que vous rendez possibles<br />
Un match<br />
contre le sida<br />
Tchad:<br />
Sensibiliser<br />
pour vaincre<br />
les préjugés<br />
<strong>Santé</strong> <strong>mentale</strong>:<br />
Soigner les blessures de l’âme
EN DIRECT DU TERRAIN<br />
2<br />
Haïti: Les secours continuent<br />
Q Les équipes MSF continuent à offrir<br />
des soins post-opératoires ainsi qu’un<br />
suivi psychologique aux victimes du<br />
tremblement de terre qui a frappé l’île le<br />
12 janvier 2010. Dans les trois sites gérés<br />
par la section suisse de MSF à Léogane,<br />
Lycée et Mickey, 36 000 consultations<br />
médicales ont été réalisées en trois mois.<br />
1<br />
HAÏTI<br />
W KIRGHIZSTAN:<br />
Violences à Bichkek<br />
Des centaines de blessés sont arrivés dans<br />
les hôpitaux de la capitale kirghize le<br />
7 avril, à la suite des violents affrontements<br />
entre les forces de l’ordre et des<br />
manifestants. L’équipe de MSF au Kirghizstan<br />
a immédiatement apporté un soutien<br />
aux structures de santé locales prenant<br />
en charge ces blessés, notamment en leur<br />
fournissant du matériel médical d’urgence<br />
ainsi que des médicaments.<br />
E TCHAD: Vaccination rougeole<br />
Une campagne de vaccination de masse<br />
a démarré le vendredi 26 mars, suite à<br />
l'augmentation rapide du nombre de cas<br />
de rougeole touchant les jeunes enfants<br />
et les adolescents. MSF a vacciné au total<br />
135 000 enfants dans la capitale N’Djamena.<br />
Jérémie<br />
Port-de-Paix<br />
PORT-AU-PRINCE<br />
Les Cayes<br />
Cap-Haïtien<br />
Gonaïves<br />
Jacmel<br />
CARIBBEAN SEA<br />
Fort-Liberté<br />
Hinche<br />
ATLANTIC OCEAN<br />
5<br />
3<br />
© Tristan Pfund<br />
R RDC: Déplacés à Gety<br />
A Gety, dans la province de l’Ituri, plus<br />
de 2 000 déplacés sont sortis de la jungle<br />
où ils se cachaient depuis plusieurs mois<br />
pour fuir les combats entre miliciens<br />
et armée gouverne<strong>mentale</strong>. MSF leur a<br />
apporté assistance médicale, soutien<br />
psychologique, nourriture et biens de<br />
première nécessité.<br />
T NIGER: Vaccination méningite<br />
Les équipes MSF participent à la campagne<br />
nationale de vaccination contre la<br />
méningite dans la ville de Zinder. Cette<br />
année, c’est une méningite de type W135<br />
qui affecte la région. Les personnes vaccinées<br />
l’année dernière contre la méningite<br />
de type A ne sont malheureusement<br />
pas protégées contre cette affection et<br />
doivent être à nouveau vaccinés.<br />
4<br />
7<br />
6<br />
19 structures<br />
médicales et trois cliniques<br />
mobiles gérées par MSF.<br />
4 961 interventions<br />
chirurgicales effectuées<br />
en trois mois.<br />
2<br />
Z KENYA: Test-diagnostic<br />
MSF lance une étude sur l’effi cacité<br />
d’un test rapide pour diagnostiquer le<br />
kala-azar afi n que celui-ci puisse être<br />
adopté dans le protocole national de<br />
prise en charge de la maladie. En effet,<br />
son utilisation facile permettrait une<br />
décentralisation des soins dans des<br />
régions très reculées.<br />
U SOUDAN:<br />
Combats à l'est d'Abyei<br />
De nombreux blessés sont arrivés aux<br />
structures médicales MSF, suite aux<br />
affrontements entre tribus nomades à l’est<br />
d’Abyei. De plus, près de 5 000 personnes<br />
ont été déplacées par les combats. MSF a<br />
organisé des cliniques mobiles pour leur<br />
venir en aide ainsi que des distributions<br />
de matériel de première nécessité.
IMPRESSUM<br />
Editeur responsable:<br />
Laurent Sauveur<br />
Responsable<br />
des publications:<br />
Roland Thomann<br />
Rédactrice en chef:<br />
Natacha Buhler<br />
natacha.buhler@geneva.msf.org<br />
Ont collaboré à ce numéro:<br />
Emma Amadò, Frédéric Baldini,<br />
Valérie Captier, Magali Deppen,<br />
Thanh Vi Latour, David di Lorenzo,<br />
Andreas Müntzer, Julien Rey,<br />
Elodie Schindler.<br />
Traductions:<br />
Xplanation.com<br />
Graphisme:<br />
Latitudesign.com<br />
Tirage:<br />
250 000 exemplaires –<br />
quatre fois par année, sur papier recyclé.<br />
Le journal est adressé à tous les membres et<br />
donateurs de <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong> <strong>Suisse</strong>.<br />
<strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong><br />
Bureau Genève:<br />
Rue de Lausanne 78<br />
CP 116<br />
1211 Genève 21<br />
Tél. 022/849 84 84<br />
Fax 022/849 84 88<br />
Bureau Zurich:<br />
Streulistrasse 28<br />
Postfach<br />
8032 Zurich<br />
Tél. 044/385 94 44<br />
Fax 044/385 94 45<br />
http://www.msf.ch<br />
CCP: 12-100-2<br />
Compte bancaire:<br />
UBS SA, 1211 Genève 2<br />
IBAN CH 180024024037606600Q<br />
ABIY<br />
TAMRAT<br />
Directeur<br />
médical<br />
de MSF <strong>Suisse</strong><br />
Couverture: © Javier Arcenillas<br />
Grâce à vous, <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong><br />
<strong>Suisse</strong> agit actuellement dans plus<br />
de 20 pays.<br />
Ne sous-estimez<br />
pas les problèmes<br />
de santé <strong>mentale</strong>!<br />
Chaque année, plus de 800 000 personnes se suicident et la dépression est l’une des<br />
principales causes d’invalidité dans le monde. Ce constat est d’autant plus effrayant<br />
dans les pays où les équipes de <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong> interviennent, car les contextes<br />
de violences, de crise et de maladie exacerbent la détresse morale des individus.<br />
MSF a accumulé 19 ans d’expérience dans le domaine de la santé <strong>mentale</strong> et a été une des<br />
premières organisations à démontrer que les différences culturelles, le manque de ressources<br />
et même la violence ne sont pas des barrières pour offrir des soins psychologiques ou<br />
psychiatriques aux populations vulnérables. En effet, les recherches médicales menées<br />
par nos équipes ont montré que même de brèves formes de psychothérapies de groupe ou<br />
individuelles pouvaient améliorer la vie des gens, y compris dans des régions en guerre et<br />
lorsque les moyens sont limités.<br />
Jour après jour, les volontaires MSF luttent contre les souffrances physiques et psychiques<br />
d’individus que la vie a malmené. Ils tentent, par leurs soins, de leur donner la force d’aller<br />
de l’avant. Dans ce combat, notre force à nous, nous la tenons de la confi ance que vous manifestez<br />
année après année vis-à-vis de notre action, du soutien fi nancier qui nous permet<br />
encore et encore d’améliorer la qualité de nos programmes médicaux. Et j’espère qu’ensemble,<br />
nous continuerons à secourir, tant que cela sera nécessaire, ceux qui en ont besoin. ■<br />
4-7<br />
FOCUS: SOIGNER LES BLESSURES DE L’ÂME<br />
2<br />
EN DIRECT DU<br />
TERRAIN BRÈVES<br />
DE NOS MISSIONS<br />
8<br />
UN JOUR DANS LA VIE DE<br />
PABLO MELGAR GOMEZ,<br />
PSYCHIATRE DANS LE CAMP<br />
DE RÉFUGIÉS DE DADAAB<br />
9<br />
DIAPORAMA<br />
UN MATCH<br />
CONTRE LE SIDA<br />
10-11<br />
CARNET DE ROUTE<br />
SENSIBILISER POUR<br />
VAINCRE LES PRÉJUGÉS<br />
Abiy Tamrat<br />
Directeur médical<br />
12<br />
MSF VU DE L’INTÉRIEUR<br />
ATPE: DES PRODUITS<br />
RÉVOLUTIONNAIRES<br />
13-14<br />
DE VOUS À NOUS<br />
EDITORIAL<br />
3
FOCUS<br />
4<br />
Soigner les blessures<br />
Dans les contextes de violence, de destruction, de misère, de morts et de souffrances où MSF intervient,<br />
les problèmes de santé <strong>mentale</strong> prédominent souvent sur tous les autres. © Brendan Bannon<br />
20% des patients se présentant<br />
<strong>Frontières</strong> souffrent de douleurs<br />
santé <strong>mentale</strong>. Lors de confl its<br />
soignent aussi les souffrances
de l’âme<br />
aux centres de santé de <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong><br />
non spécifi ques liées à des troubles de<br />
ou de catastrophes naturelles, nos équipes<br />
psychologiques.<br />
«<br />
Tout s’est passé si rapidement…<br />
C’était terrifi ant!» Ramon est un<br />
jeune homme timide originaire<br />
de Mindanao, aux Philippines. Comme<br />
des centaines de milliers de personnes,<br />
il a fui les combats entre les rebelles<br />
Moro et l’armée gouverne<strong>mentale</strong> qui<br />
déchirent cette île située au sud du pays.<br />
«J’étais à la maison avec mon enfant de<br />
cinq ans lorsque j’ai entendu une bombe<br />
exploser juste à côté de chez moi. Je n’ai<br />
pas eu le temps de réaliser ce qui se passait.<br />
Je me souviens avoir pratiquement<br />
jeté mon enfant au-dehors avant de<br />
sortir. Tout le monde courait. Certaines<br />
personnes me regardaient bizarrement.<br />
Je me sentais très fatigué et tout mon<br />
corps me faisait mal. J’ai dû m’allonger<br />
par terre. Après, je ne me souviens plus<br />
de rien. On m’a dit plus tard que j’étais<br />
couvert de sang et qu’on m’avait cru<br />
mort. J’avais reçu deux éclats d’obus<br />
dans le ventre. J’ai eu de la chance, car<br />
quelqu’un m’a conduit au poste de santé<br />
et j’ai pu être soigné.»<br />
Mais pour Ramon, le soin de ses plaies<br />
au ventre n’a pas été suffi sant. Guéri<br />
de ses blessures physiques, il ressentait<br />
encore des douleurs contre lesquelles<br />
les analgésiques n’avaient aucun effet.<br />
Ayant entendu parler des cliniques mobiles<br />
de <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong> et n’ayant<br />
plus de médicaments, il s’y rendit pour<br />
une consultation. Là, on lui prescrivit<br />
une nouvelle boîte de paracétamol, mais<br />
également une consultation avec un<br />
psychologue. Le bombardement de sa<br />
maison avait profondément traumatisé<br />
Ramon et engendré des souffrances psychologiques<br />
qu’un simple traitement<br />
médicamenteux ne pouvait soigner.<br />
Ramon fait partie des 20% de patients<br />
qui se présentent aux centres de santé<br />
MSF avec des douleurs non spécifi ques.<br />
Que ce soit aux Philippines ou dans<br />
d’autres pays, le personnel médical de<br />
l’organisation a appris à reconnaître<br />
l’expression corporelle des souffrances<br />
psychologiques. En effet, les palpitations<br />
cardiaques, les insomnies ou les douleurs<br />
non liées à un problème physique<br />
sont très souvent symptomatiques de<br />
troubles mentaux comme le stress posttraumatique,<br />
l’anxiété ou la dépression.<br />
Dans les contextes de violence, de destruction,<br />
de misère, de morts et de souffrances<br />
où MSF intervient, les problèmes<br />
de santé <strong>mentale</strong> prédominent souvent<br />
sur tous les autres et provoquent chez<br />
des milliers de personnes l’incapacité de<br />
fonctionner normalement au quotidien<br />
avec leur famille ou dans leur travail.<br />
La santé est un tout<br />
La santé n’est pas défi nie par l’absence<br />
de maladie, mais par un état de bien-être<br />
physique et moral. Des traitements effi -<br />
caces existent pour la plupart des troubles<br />
mentaux et les malades qui en souffrent<br />
ont le droit d’être soignés. C’est pourquoi,<br />
depuis 19 ans, <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong><br />
<strong>Frontières</strong> s’efforce d’introduire un volet<br />
><br />
L’art-thérapie est parfois utilisé dans les consultations<br />
de santé <strong>mentale</strong>. © Elisa Finocchiaro/MSF<br />
Dans les décombres du tremblement de terre<br />
en Haïti un panneau dit: «Nous sommes fâchés.»<br />
© Tristan Pfund<br />
<strong>Santé</strong> <strong>mentale</strong>, faits et chiffres:<br />
– La santé est un état de complet<br />
bien-être physique, mental et social,<br />
qui ne consiste pas seulement en une<br />
absence de maladie ou d’infi rmité.<br />
– 450 millions de personnes dans le<br />
monde souffrent de troubles mentaux,<br />
neurologiques ou du comportement.<br />
Ces problèmes sont communs à<br />
tous les pays et la cause d’immenses<br />
souffrances.<br />
– Près de 875 000 personnes se suicident<br />
chaque année, dont 86% dans les pays à<br />
faible revenu et à revenu intermédiaire.<br />
– A la suite d’une situation d’urgence,<br />
d’une guerre ou d’une autre catastrophe<br />
majeure, on relève souvent deux fois<br />
plus de cas de troubles mentaux.<br />
– Les pays à faible revenu et à revenu<br />
intermédiaire consacrent moins<br />
d’1% de leur budget santé à la<br />
santé <strong>mentale</strong>.<br />
– La dépression est considérée comme<br />
la principale cause d’incapacité au<br />
niveau mondial.<br />
– Des traitements existent pour la<br />
plupart des troubles mentaux qui<br />
permettent aux personnes qui en<br />
souffrent de réinvestir leur place<br />
dans la société.<br />
Source: OMS<br />
5
6<br />
MSF a ouvert son premier<br />
projet de santé <strong>mentale</strong><br />
en 1991.<br />
Aujourd’hui, la section<br />
suisse de MSF offre des<br />
consultations de santé<br />
<strong>mentale</strong> dans 13 pays,<br />
sur 19.<br />
Près de 12 000 consultations<br />
de santé <strong>mentale</strong> individuelles<br />
et plus de 700 consultations<br />
de groupe ont été effectuées<br />
en 2009 par les équipes de<br />
MSF <strong>Suisse</strong>.<br />
de santé <strong>mentale</strong> dans ses programmes<br />
médicaux, qu’il s’agisse par exemple de<br />
soutien psychosocial pour les personnes<br />
vivant avec le VIH/sida au Mozambique ou<br />
au Swaziland, de consultations en santé <strong>mentale</strong><br />
pour les victimes de violences sexuelles<br />
en République démocratique du Congo ou<br />
au Guatemala ou encore d’un soutien psychologique<br />
d’urgence pour calmer et réduire les<br />
souffrances psychiques des patients suite à<br />
une catastrophe naturelle.<br />
Arianna est psychologue. Elle a rejoint les<br />
équipes MSF en Haïti dix jours après le tremblement<br />
de terre du 12 janvier. «Le séisme<br />
a vraiment traumatisé la population!» dit-elle.<br />
«Les gens continuaient à ressentir des secousses<br />
même quand il n’y en avait pas. En plus ils<br />
devaient faire face au deuil d’un ou plusieurs<br />
de leurs proches et penser en même temps à<br />
trouver de la nourriture, un abri pour la nuit où<br />
ils ne risqueraient pas de se faire agresser, à la<br />
saison des pluies qui arrivait… C’était vraiment<br />
trop. Alors, tous les matins, notre petite équipe<br />
de santé <strong>mentale</strong> faisait le tour des hôpitaux de<br />
fortune établis par la section suisse de MSF<br />
dans le jardin d’enfant Mickey et dans un lycée<br />
à Port-au-Prince. Nous essayions d’avoir un<br />
entretien avec chaque patient, pour qu’il ou<br />
elle puisse raconter ce qui lui était arrivé, dans<br />
quelle situation il ou elle se trouvait maintenant.<br />
Pendant ces séances, nous essayions de<br />
normaliser leurs réactions anxieuses. Nous leur<br />
expliquions que leur réaction était tout à fait<br />
normale face à cet événement, qui lui était<br />
anormal. Nous leur expliquions aussi qu’ils<br />
pourraient souffrir de cauchemars, de manque<br />
d’appétit, d’angoisse ou de douleurs physiques<br />
dans les semaines à venir et que dans ce cas,<br />
ils devraient revenir nous voir.»<br />
Les consultations psychologiques individuelles<br />
qu’Arianna et son équipe ont effectuées quelques<br />
jours après le séisme seront suivies par<br />
Le soutien psychologique est un des éléments principaux des programmes MSF en Haïti. En trois mois,<br />
40 246 patients ont été reçus en consultations de santé <strong>mentale</strong> par MSF, toutes sections confondues.<br />
© Julie Rémy/MSF<br />
des groupes de paroles un peu plus tard,<br />
lorsque la première phase d’urgence sera<br />
passée et que les gens commenceront à<br />
reconstruire leur vie. En partageant leurs<br />
émotions, leurs diffi cultés et leurs espoirs<br />
avec d’autres personnes ayant un vécu similaire,<br />
les participants du groupe pourront<br />
plus facilement prendre du recul par rapport<br />
à l’expérience traumatisante du tremblement<br />
de terre. Ils reprendront aussi plus facilement<br />
leur fonction au sein de leur communauté<br />
grâce aux échanges et au soutien mutuel<br />
généré durant les rencontres.<br />
Adapter notre approche<br />
à la culture locale<br />
MSF est très attentif à la présentation et à la<br />
perception culturelle des problèmes de santé<br />
<strong>mentale</strong>. C’est pourquoi les équipes sont<br />
toujours composées de personnel expatrié et<br />
de personnel local ayant déjà une expérience<br />
du soutien psychologique. Ceux-ci jouent un<br />
rôle primordial dans la prise en charge<br />
des patients, non seulement en tant que<br />
traducteurs, mais aussi pour la compréhension<br />
culturelle des troubles mentaux. En effet,<br />
ce qui est anormal dans une société ne<br />
l’est pas forcément dans une autre. Avant<br />
toute intervention, il faut donc appréhender<br />
la question de la santé <strong>mentale</strong> au sein de<br />
la communauté concernée et adapter le traitement<br />
utilisé à la culture locale.<br />
Dans la plupart des pays du Sud, il n’existe<br />
pas de structures pour diagnostiquer et soigner<br />
les troubles mentaux. Ainsi, lorsque<br />
MSF ouvre une consultation psychologique,<br />
l’équipe de santé <strong>mentale</strong> est vite débordée<br />
par le nombre de patients se présentant. Les<br />
premiers arrivés souffrent généralement de<br />
troubles mentaux sévères comme des psychoses<br />
ou des dépressions. Ils souffrent aussi d’épilepsie,<br />
une maladie qui est particulièrement<br />
Petit lexique<br />
des troubles mentaux<br />
Stress post-traumatique: Il s’agit d’un trouble<br />
psychologique se manifestant suite à un événement<br />
traumatique, comme un acte de violence au<br />
cours duquel l’individu a senti sa vie menacée.<br />
Les personnes souffrent alors de cauchemars,<br />
de fl ash-back, d’anxiété et peuvent sombrer dans<br />
l’isolement en s’efforçant d’éviter toute situation<br />
qui pourrait réveiller le traumatisme.
Bassan est une petite réfugiée somalienne. Elle est épileptique et reçoit aujourd’hui un traitement pour sa maladie dans la clinique MSF. © Frédéric Baldini/MSF<br />
visible pour la communauté et qui<br />
engendre souvent rejet et stigmatisation<br />
pour les malades.<br />
Comme pour Bassan, cette petite réfugiée<br />
somalienne de six ans. «La première<br />
fois que je l’ai vue, Bassan était attachée<br />
à une corde,» explique Pablo, le psychiatre<br />
MSF. «Elle était intenable et partait<br />
en courant dès qu’elle le pouvait.<br />
Comme personne ne voulait s’occuper<br />
d’elle, son père n’avait pas trouvé<br />
d’autre solution lorsqu’il devait s’absenter.<br />
Il ne voulait pas qu’elle se blesse<br />
en mettant sa main dans le feu ou que<br />
les enfants des voisins lui lancent des<br />
Dépression: La dépression se caractérise<br />
par un état de tristesse, une morosité et<br />
un désintérêt durables qui perturbent<br />
la vie de l’individu dans son quotidien.<br />
Elle est considérée comme la principale<br />
cause d’incapacité au niveau mondial.<br />
Epilepsie: L’épilepsie est un trouble<br />
neurologique qui a un impact majeur sur la vie<br />
sociale du malade du fait de la stigmatisation<br />
et de la discrimination qui ont lieu à son égard.<br />
pierres.» Sur les radiographies, on voit<br />
clairement la partie endommagée de<br />
son cerveau. Les causes sont incertaines,<br />
peut-être un accouchement mal pris en<br />
charge ou un virus non traité. Dans un<br />
pays où le système de santé fonctionne,<br />
l’épilepsie de Bassan aurait certainement<br />
pu être évitée. Mais la Somalie est<br />
en guerre depuis 19 ans et ni Bassan ni<br />
sa mère n’ont pu bénéfi cier des soins<br />
médicaux dont elles auraient eu alors<br />
besoin. La fi llette reçoit aujourd’hui un<br />
traitement pour sa maladie et elle n’a<br />
plus de crise. Son père n’a plus besoin<br />
de l’attacher.<br />
Elle est souvent prise en charge dans le cadre de<br />
programmes de santé <strong>mentale</strong>. L’épilepsie touche<br />
près de 50 millions de personnes dans le monde<br />
dont 80% dans les pays en développement.<br />
Anxiété: L’anxiété se caractérise par un<br />
état d’alerte et de tension psychologique<br />
qui peuvent être accompagnés de<br />
manifestations physiques telles que vertiges,<br />
nausées, palpitations, diffi cultés à respirer,<br />
contrition de la poitrine, transpiration.<br />
Ramon aussi va mieux, même si ce n’est<br />
pas facile tous les jours. Il vit sans emploi,<br />
réfugié dans une ville qui n’est pas la<br />
sienne. Alors, il essaie de rester occupé,<br />
de prendre soin de son enfant ou de voir<br />
des amis pour tenir le coup. Il s’accroche<br />
de toutes ses forces à la perspective<br />
d’une vie heureuse avec sa famille.<br />
Les psychologues MSF aident chaque<br />
jour des centaines de personnes à vivre<br />
leur vie et à fonctionner au quotidien.<br />
Dans les contextes où l’organisation<br />
intervient, leur travail sera de plus en<br />
plus important. ■<br />
natacha.buhler@geneva.msf.org<br />
Psychose: La psychose est une pathologie<br />
rare qui touche 1 à 2% de la population. Les<br />
troubles psychotiques, comme la schizophrénie,<br />
sont chroniques et extrêmement invalidants.<br />
Les symptômes les plus caractéristiques sont:<br />
une pensée et un discours désorganisés, des<br />
idées fi xes de persécution, un comportement<br />
étrange, effrayant ou particulièrement impulsif,<br />
des sautes d’humeur ou un manque de<br />
réponse émotionnelle appropriée.<br />
www.msf.ch/sante-<strong>mentale</strong><br />
FOCUS<br />
7
UN JOUR DANS LA VIE DE<br />
8<br />
«Ici les troubles mentaux<br />
sont liés à la guerre»<br />
Pablo Melgar Gomez, psychiatre dans le camp de réfugiés<br />
de Dadaab.<br />
Le psychiatre Pablo Melgar Gomez en discussion avec une collègue dans une des cliniques du camp de réfugiés de Dadaab. © Frédéric Baldini/MSF<br />
«<br />
Je me souviendrai toujours de<br />
mon premier jour à Dadaab. Ce<br />
fut une journée très spéciale.<br />
Tout était nouveau et bizarre: la chaleur<br />
était insupportable, il y avait du sable<br />
partout, le volant de la voiture était du<br />
mauvais côté et je dois admettre que<br />
je n’avais jamais vu de camp de réfugiés.<br />
Je suis psychiatre et je me demandais:<br />
«Est-ce que les troubles mentaux<br />
sont les mêmes ici qu’ailleurs dans le<br />
monde?» A Dadaab, beaucoup des troubles<br />
sont directement liés à la longue<br />
guerre civile qui ravage la Somalie et au<br />
fait d’être réfugié depuis si longtemps.<br />
Certains habitent le camp depuis le<br />
début des années 90. Comment imaginer<br />
ce que cela signifi e de perdre sa<br />
famille, ses biens personnels, même son<br />
pays et dans un certain sens sa liberté?<br />
Et ceci peut-être pour toute la vie?<br />
Ce jour-là, je n’ai pas tellement eu le temps<br />
d’y réfl échir car j’ai dû prendre en charge<br />
mon premier patient presque immédiatement.<br />
L’équipe médicale m’avait dit qu’il<br />
y avait un «causeur de troubles», on me<br />
l’a décrit comme un «patient gigantesque,<br />
violent et dangereux qui se baladait avec<br />
une machette…» J’étais anxieux, je devais<br />
faire ma première consultation en tant<br />
que psychiatre pour MSF. J’ai rencontré<br />
le patient dans l’après-midi et j’ai réalisé<br />
avec soulagement que tout était exagéré.<br />
Nous pouvions parler et j’ai effectué une<br />
consultation normale. Je lui ai dit que<br />
nous devions nous voir plus souvent. Le<br />
patient souffrait de schizophrénie paranoïde,<br />
un état psychotique chronique<br />
qui lui faisait croire que tout le monde<br />
complotait contre lui et essayait d’empoisonner<br />
ses cigarettes.<br />
Avec le temps et beaucoup d’efforts,<br />
j’ai commencé à gagner sa confi ance.<br />
Nous avons fi nalement réussi à l’envoyer<br />
à l’hôpital psychiatrique de Matare<br />
à Nairobi. Il en est revenu deux mois<br />
plus tard avec une nette amélioration<br />
dans sa maladie. Nous sommes même<br />
devenus amis. C’est remarquable quand<br />
je pense qu’au début il m’accusait d’être<br />
un espion et son ennemi.<br />
Ce soir-là, j’ai réalisé que j’avais eu la<br />
réponse à ma question, et que les troubles<br />
mentaux que je rencontrais ici à<br />
Dadaab, n’étaient pas différents de ceux<br />
que j’avais vus ailleurs.» ■<br />
www.msf.ch/un-jour-a-dadaab
Un match contre le sida<br />
En Afrique australe où la pandémie de VIH/sida fait des ravages, le foot<br />
est un excellent moyen de communiquer sur la maladie. Au Swaziland<br />
comme au Zimbabwe, des équipes se sont formées dans le cadre d’activités<br />
de prévention. Mais dans le match à jouer contre le sida, nous n'en<br />
sommes qu’à la mi-temps.<br />
Zimbabwe © MSF<br />
www.thepositiveladiessoccerclub.com<br />
Zimbabwe © MSF Zimbabwe © MSF Swaziland © Lungile Dlamini/MSF<br />
Swaziland © Lungile Dlamini/MSF<br />
Zimbabwe © MSF<br />
Swaziland © Lungile Dlamini/MSF<br />
DIAPORAMA<br />
9
CARNET DE ROUTE<br />
10<br />
<strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong><br />
est présente au Tchad depuis<br />
le milieu des années 80.<br />
A Abéché, depuis le début<br />
de l’année 2008, la section<br />
suisse de MSF a entrepris<br />
de développer, dans l’hôpital<br />
régional de la ville, un service<br />
de prise en charge chirurgicale<br />
des femmes atteintes<br />
de fi stules obstétricales.<br />
Pendant l’année 2009,<br />
150 opérations réparatrices<br />
ont été effectuées par les<br />
équipes MSF.<br />
NIGÉRIA<br />
Tchad<br />
NIGER<br />
CAMEROUN<br />
LIBYE<br />
Abéché<br />
N’Djamena<br />
Sensibiliser pour<br />
SOUDAN<br />
RÉPUBLIQUE<br />
CENTRAFRICAINE<br />
Dans l’est du Tchad, les équipes MSF tentent de<br />
briser le tabou des fi stules obstétricales pour que<br />
ces femmes, blessées de l’accouchement, soient<br />
soignées et réintégrées à leur communauté.<br />
Tu sais, ces femmes peuvent être<br />
un peu capricieuses…», me dit en<br />
souriant Haroun, notre sensibilisateur.<br />
Il fait 47°C et nous sommes entourés d’un<br />
groupe de femmes et d’enfants avec qui nous<br />
discutons et rions depuis plus de 20 minutes<br />
dans le Village des femmes, à côté de l’Hôpital<br />
régional d’Abéché.<br />
Haroun réexplique patiemment à Fatime1 «<br />
,<br />
une fi lle de vingt ans et à sa mère qui l’accompagne,<br />
que le temps de quitter le Village pour<br />
rejoindre leur communauté est venu. Fatime<br />
y a passé presque deux mois après avoir subi<br />
une intervention chirurgicale pour réparer<br />
une fi stule obstétricale provoquée par un<br />
accouchement long et compliqué. Après une<br />
période de convalescence, elle a retrouvé le<br />
sourire et d’une manière polie mais ferme,<br />
elle essaie de nous convaincre qu’elle devrait<br />
rester encore un peu, le temps de mettre en<br />
ordre ses affaires et de dire au revoir à ses<br />
nouvelles amies.<br />
C’est un moment somme toute agréable: une<br />
des femmes se moque gentiment d’Haroun<br />
en lui disant que la fi lle va lui donner des<br />
cheveux blancs. Même moi, après traduction,<br />
je me joins à l’hilarité générale. Mais ce rire<br />
cache une réalité très dure à vivre au quotidien.<br />
Une patiente avec le chirurgien expert de MSF.<br />
© Emma Amadò/MSF<br />
Il n’est pas facile pour notre sensibilisateur de<br />
convaincre ces femmes que plus personne ne<br />
les pointera du doigt au marché du village<br />
parce que leur pagne est humide et sent l’urine.<br />
Fini les regards inquisiteurs et réprobateurs.<br />
Fatime se tait et regarde par terre. Sa mère<br />
s’assied près d’elle et une autre jeune patiente<br />
lui prend les mains. Comme tant des jeunes<br />
femmes venant à notre projet, elle se sent<br />
à l’aise avec les autres patientes qui ont eu<br />
(ou ont encore) une fi stule. La discrimination<br />
n’existe pas dans l’enceinte du projet, et elle se<br />
sent protégée : au-delà de l’enceinte, c’est un<br />
monde qui lui fait peur.<br />
Je me suis rendue au Tchad afi n d’aider aux activités<br />
de sensibilisation du projet pour les femmes<br />
atteintes de fi stules obstétricales. Dans ce pays<br />
aux populations si différentes les unes des autres,<br />
faire une campagne de sensibilisation prend<br />
vite les allures d’entreprise à la Don Quichotte.<br />
Pourtant, il est essentiel que nos messages soient<br />
entendus par le plus de monde possible. Notre<br />
objectif est d’atteindre les deux millions d’habitants<br />
des régions Ennedi, Wadi Fira, Ouaddai,<br />
Sila et Salamat. En expliquant ce qu’est une<br />
fi stule, en informant les gens sur les soins<br />
existants, nous voulons aussi tenter de diminuer<br />
la discrimination à l’égard de ces femmes.<br />
Des patientes dans le patio ombragé du Village<br />
des femmes. © Emma Amadò/MSF
Nous devons tout d’abord identifi er et<br />
collaborer avec les acteurs qui peuvent<br />
nous aider dans ce travail comme le<br />
ministère de la <strong>Santé</strong>, des organisations<br />
internationales ou des associations<br />
locales. Il faut ensuite regrouper les<br />
personnes médicales et paramédicales<br />
pour les former à identifi er et soigner<br />
une patiente souffrant de fi stule, pour<br />
leur expliquer que le plus souvent, une<br />
fi stule ne peut être traitée que par la<br />
chirurgie et qu’il est essentiel de référer<br />
les malades à l’Hôpital régional d’Abéché.<br />
Qu’est-ce qu’une fi stule<br />
obstétricale?<br />
Une fi stule obstétricale est une ouverture<br />
non naturelle entre le vagin et la vessie<br />
(et/ou le rectum), par lequel s'écoulent<br />
continuellement les urines (et/ou les selles).<br />
Bien que touchant beaucoup de femmes,<br />
surtout dans les pays en développement,<br />
Nous simplifi ons ensuite ces informations<br />
pour les transmettre dans les villages. Nos<br />
sensibilisateurs, comme Haroun, distribuent<br />
des tracts, des affi ches, projettent<br />
un fi lm issu d’une pièce de théâtre locale,<br />
discutent et même rient avec les gens.<br />
Les sensibilisateurs peuvent beaucoup,<br />
mais les anciennes patientes encore plus.<br />
C’est pourquoi nous essayons toujours<br />
de les convaincre qu’elles sont des exemples,<br />
des «ambassadrices» pour nommer<br />
ce qui est caché dans leur communauté<br />
et pour y apporter une solution.<br />
il s’agit d’une infi rmité peu connue et<br />
donc «négligée».<br />
Une fi stule obstétricale est la conséquence<br />
d'un accouchement long et diffi cile. Dans la<br />
majorité des cas, l'enfant meurt in utero et<br />
la femme, si elle survit, est alors rejetée de<br />
sa communauté et se retrouve seule et sans<br />
revenus. Vivant cachées et n'osant pas parler<br />
de leur mal, plus de deux millions de femmes<br />
www.msf.ch/tchad<br />
vaincre les préjugés<br />
Haroun, notre sensibilisateur essaie de convaincre Fatime que le temps est venu de quitter le Village des femmes. © Emma Amadò/MSF<br />
Ses affaires sont dans le mini-bus MSF,<br />
Fatime, sa mère, Haroun et moi, nous<br />
asseyons. Fatime a triste mine et Haroun,<br />
à côté de moi me dit, rassurant: «Le chef<br />
de village a été contacté par un de nos<br />
relais locaux: il va parler avec la communauté<br />
pour qu’ils l’accueillent comme<br />
il se doit.» ■<br />
emma.amado@geneva.msf.org<br />
1 Nom fi ctif<br />
souffrent de fi stules dans le monde et<br />
on estime chaque année entre 50 000 et<br />
100 000 nouveaux cas.<br />
La plupart des fi stules peuvent être traitées,<br />
moyennant une intervention chirurgicale<br />
de une à trois heures. 90% des fi stules sont<br />
guéries, mais dans 5 à 10% des cas il faut<br />
opérer une deuxième ou troisième fois<br />
avant fermeture totale.<br />
11
MSF VU DE L’INTÉ RIEUR<br />
12<br />
ATPE: des produits<br />
révolutionnaires<br />
Plus de 5 millions d'enfants meurent chaque année de<br />
malnutrition et pourtant une nouvelle gamme d’aliments enrichis<br />
prêts à l’emploi permettrait d’en sauver le plus grand nombre.<br />
Dans les pays en<br />
développement,<br />
60 millions<br />
d'enfants de moins de<br />
cinq ans souffrent de<br />
malnutrition aiguë, soit<br />
près d'un enfant sur dix.<br />
En 2009, la section suisse<br />
de MSF a soigné plus de<br />
50 000 enfants<br />
de malnutrition aiguë.<br />
Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ne pèsent parfois que 50 à 70% du poids idéal pour leur taille.<br />
© Philippe Chamussy/Sipa Press<br />
Aliments thérapeutiques prêts à l’emploi<br />
(ATPE)? Une appellation bien compliquée<br />
pour un produit qui a sauvé la<br />
vie de milliers de jeunes enfants malnutris.<br />
Ce que nous appelons ATPE est tout simplement<br />
une pâte à base d’arachides, de lait et d’huile,<br />
enrichie en vitamines et en minéraux dont l’emballage<br />
permet un stockage facile et à long terme,<br />
même dans des climats chauds et humides.<br />
<strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong> a généralisé l’emploi<br />
de ce «médicament» dans le traitement de la<br />
malnutrition aiguë sévère chez les enfants de<br />
moins de 5 ans depuis quelques années, car il<br />
permet une couverture optimale. En effet, il ne<br />
nécessite aucune préparation et les mères peuvent<br />
aisément le donner à leur enfant tout en<br />
restant à la maison. Dans certaines régions où<br />
MSF intervient, près de 80% des enfants malnutris<br />
sont ainsi pris en charge de façon ambulatoire.<br />
Le traitement dure 35 jours et les familles<br />
reviennent au centre de santé une fois par<br />
semaine, pour contrôler la prise de poids du<br />
petit. Elles n’y resteront que si celle-ci n’est pas<br />
satisfaisante ou si l’enfant souffre de complications<br />
médicales sévères comme des diffi cultés<br />
respiratoires, des diarrhées ou du paludisme.<br />
La malnutrition aiguë est une pathologie causée<br />
par l'absence ou une diminution importante et<br />
récente des éléments nutritifs essentiels pour<br />
l’enfant. Elle nécessite un traitement particulier<br />
et ne peut pas être uniquement résolue par<br />
l’aide alimentaire. En effet, donner de la nourriture<br />
à ces enfants n’est pas suffi sant car ils ont<br />
besoin d’aliments denses enrichis en vitamines<br />
et minéraux. Les aliments thérapeutiques prêts<br />
à l’emploi contiennent de quoi combler ces<br />
carences et sont mangés facilement par les<br />
enfants. Ils représentent aujourd’hui le traitement<br />
le plus effi cace pour soigner la malnutrition<br />
aiguë sévère. ■<br />
valerie.captier@geneva.msf.org<br />
www.msf.ch/malnutrition
Ethique et fundraising:<br />
principes<br />
Honnêteté<br />
Nous présentons nos activités et nos résultats<br />
en nous basant sur ce que voient et font<br />
nos collaborateurs sur le terrain et au siège.<br />
<strong>Sans</strong> diminuer ou exagérer les situations et<br />
diffi cultés rencontrées.<br />
Transparence<br />
Chaque année, dans notre rapport annuel,<br />
nous publions les comptes audités de MSF<br />
<strong>Suisse</strong>: provenance des fonds, répartition des<br />
dépenses, budget alloué par pays, etc. Nos<br />
publications et le site Internet www.msf.ch<br />
présentent les activités sur le terrain de<br />
manière détaillée.<br />
Volontariat<br />
Pour vous convaincre de nous soutenir, nous<br />
vous présentons honnêtement et simplement<br />
nos activités et ce que signifi e votre générosité<br />
pour nos patients. Chaque personne peut<br />
www.msf.ch/nous-soutenir<br />
Comme nos opérations sur le terrain, les activités de recherche<br />
de fonds à MSF sont guidées par des principes éthiques.<br />
En tant qu’organisation<br />
humanitaire fi nancée en<br />
majorité par des donateurs<br />
privés*, nous avons une<br />
immense responsabilité.<br />
En effet, chaque don reçu<br />
témoigne de votre confi ance<br />
dans l’effi cacité de notre action<br />
et dans la bonne utilisation<br />
de votre argent en faveur des<br />
plus démunis. Pour mériter<br />
votre confi ance, nous prenons<br />
nos décisions et basons nos<br />
activités de recherche de fonds<br />
sur un certain nombre de<br />
principes.<br />
* à hauteur de 80% en 2008<br />
** chiffre 2008<br />
© Frédéric Baldini/MSF<br />
ensuite choisir librement de nous faire un don<br />
et de rester en contact avec notre organisation.<br />
Indépendance<br />
Nous refusons les dons qui menacent notre<br />
indépendance. De plus, nous n’acceptons pas<br />
les fonds provenant de secteurs d’activités<br />
en contradiction avec notre charte. C’est par<br />
exemple le cas de l’industrie du tabac ou de<br />
l’armement.<br />
Effi cacité et rentabilité<br />
En travaillant de manière professionnelle et<br />
non bureaucratique, nous faisons en sorte que<br />
vos dons soient utilisés le plus effi cacement<br />
possible. Ainsi, 89% ** de notre budget est<br />
directement utile à nos projets sur le terrain<br />
et soulage les souffrances des populations en<br />
détresse. Votre don a un réel impact!<br />
laurent.sauveur@geneva.msf.org<br />
DE VOUS À NOUS<br />
13
DE VOUS À NOUS<br />
14<br />
MSF <strong>Suisse</strong> lance son<br />
nouveau site internet<br />
MSF <strong>Suisse</strong> a complètement revisité sa<br />
présence sur le web. L’organisation mise<br />
sur un design effi cace, un maximum de<br />
contenu informationnel, une utilisation<br />
plus aisée ainsi qu’une plus grande<br />
transparence pour ses donateurs. Avec<br />
ce nouveau site web, MSF veut développer<br />
son deuxième principe d’action<br />
de manière plus ciblée, soit la mise en<br />
lumière des crises humanitaires négligées<br />
avec pour objectif l’amélioration du<br />
destin des populations dans le besoin.<br />
En tant qu’organisation non gouverne<strong>mentale</strong>,<br />
neutre, indépendante et<br />
apolitique, MSF offre une source d’information<br />
alternative et fi able pour tous<br />
ceux qui ne se satisfont pas des nouvelles<br />
quotidiennes et qui souhaitent<br />
s’informer davantage sur les populations<br />
dont les besoins essentiels sont oubliés.<br />
MSF communique uniquement sur des<br />
événements dont elle peut elle-même<br />
témoigner et qu’elle est en mesure de<br />
documenter.<br />
De plus, le site web fait offi ce de référence<br />
dans le domaine de l’aide humanitaire<br />
d’urgence: on trouve sur<br />
www.msf.ch des publications<br />
spécifi ques aux thèmes médicaux<br />
et humanitaires ainsi<br />
qu’un agenda des manifestations<br />
en rapport avec ces<br />
problématiques.<br />
Vous trouverez en ligne des<br />
mises à jour régulières de<br />
nos activités. La palette des<br />
services offerts sera également<br />
élargie: les donateurs<br />
pourront, par exemple, effectuer<br />
en ligne leur modifi cation<br />
d’adresse et imprimer<br />
leur attestation de dons de<br />
manière simple et effi cace au<br />
moment qui leur convient.<br />
Enfi n, les personnes souhaitant<br />
s’engager avec MSF<br />
trouveront des informations<br />
mieux structurées et plus<br />
claires. Elles pourront aussi<br />
postuler directement en ligne.<br />
La vie en héritage<br />
Lancée par dix organisations suisses,<br />
dont <strong>Médecins</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Frontières</strong>, la campagne<br />
nationale «My Happy End» a<br />
débuté le lundi 22 mars 2010 par le<br />
lancement d’un site web et la diffusion<br />
d’un spot télévisé.<br />
L’association souhaite informer et encourager<br />
la population suisse à léguer une<br />
Nous attendons vos réactions<br />
avec impatience! roland.thomann@geneva.msf.org<br />
Des organisations d’utilité publique fondent l’association<br />
«My Happy End» pour promouvoir les legs et héritages.<br />
partie de son héritage à des institutions<br />
d’utilité publique basées en <strong>Suisse</strong>.<br />
De nombreuses informations relatives<br />
aux successions et aux organisations<br />
participantes se trouvent sur le site<br />
www.myhappyend.org<br />
Pour de plus amples renseignements,<br />
n’hésitez pas à commander notre<br />
brochure d’information. Vous pouvez<br />
également contacter Thérèse Rasmussen<br />
les mardis au 022 849 89 35 ou par email:<br />
therese.rasmussen@geneva.msf.org<br />
Avec un legs ou un testament, votre<br />
solidarité s’inscrit dans la durée. La plus<br />
grande valeur que vous pouvez offrir<br />
en héritage à nos patients, c’est la vie!
ROGER PFUND HAS MSF<br />
UNE BD CONTRE L’OUBLI<br />
Retrouvez l’exposition MSF sur les crises humanitaires oubliées dans un livre de photos original<br />
présenté sous la forme d’une bande dessinée lors du festival Fumetto à Lucerne. Le livre sera<br />
publié par FUJIFILM (<strong>Suisse</strong>) en allemand et en anglais. A l’achat de chaque ouvrage, une somme<br />
sera reversée à MSF pour soutenir ses activités médicales.<br />
Les commandes se feront directement sur le site<br />
www.fujifi lm.ch<br />
PARTENAIRE DU ST.GALLEN OPENAIR<br />
MSF sera le premier partenaire caritatif d’un des plus vieux festivals de <strong>Suisse</strong>. Du 24 au<br />
27 juin, l’organisation sera présente sur le site du St.Gallen Openair. Les festivaliers pourront<br />
soutenir nos activités en faisant un don au moment de l’achat de leur billet, mais diverses activités<br />
de soutien seront également proposées à notre stand. Vous pourrez notamment y personnaliser vos<br />
vêtements aux couleurs de MSF.<br />
Plus d’infos sur www.ihavemsf.ch ou sur www.openairsg.ch<br />
L’artiste Roger Pfund s'engage auprès de MSF en participant à la création d'une exposition sur le thème de l'engagement,<br />
un élément essentiel de la citoyenneté. Une série d’affi ches présentera de manière artistique le lien entre l'engagement pour une<br />
cause humanitaire en <strong>Suisse</strong> et l'engagement de MSF dans les contextes de crises. Inspirée de notre campagne I Have MSF –<br />
L'engagement c'est contagieux, l’exposition prendra place cet été sur le quai Wilson à Genève.<br />
Plus d’infos sur www.ihavemsf.ch<br />
A LA RENCONTRE DE MSF DANS LES RUES DE SUISSE ROMANDE<br />
Venez à la rencontre de MSF dans les rues et centres commerciaux de la région. Notre équipe de Face to Face se fera un plaisir<br />
de partager avec vous les enjeux de l’aide médicale d’urgence.<br />
Programme des emplacements:<br />
Lausanne: le 22 juin et le 08 juillet à la rue Haldimant/<br />
le 23 juin et le 7 juillet à St-Laurent<br />
Genève: le 25 juin et le 6 juillet à la rue du Mt-Blanc/<br />
le 29 juin et le 9 juillet à la rue du Marché<br />
Sion: le 18 juin à la Place de la Planta<br />
Sierre: le 18 juin au Centre commercial Manor<br />
Bienne: le 24 juin à la rue Nidau<br />
Yverdon-les-Bains: le 30 juin à la rue de l’Ancienne-Poste<br />
Neuchâtel: le 1 juillet à la rue de l’Hôpital<br />
La Chaux-de-Fonds: les 2 et 3 juillet à Espacité ainsi<br />
qu’à la Migros Métropole<br />
EDITION LIMITÉE DE T-SHIRT MSF<br />
En ce début d’été, MSF vous propose une édition spéciale de t-shirts réalisés par<br />
des artistes d’horizons multiples. Cette édition limitée est imprimée sur des t-shirt<br />
issus du commerce équitable.<br />
A découvrir et commander sur notre site www.ihavemsf.ch<br />
BLOC NOTES<br />
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VOTRE HÉRITAGE,<br />
C’EST L’AVENIR<br />
DE NOS PATIENTS<br />
MSF, RUE DE LAUSANNE 78, CP 116, 1211 GENÈVE 21 | WWW.MSF.CH | CCP 12-100-2<br />
OUI, je souhaite recevoir la brochure « La vie en héritage ».<br />
NOM: PRÉNOM:<br />
RUE: CODE POSTAL, LIEU:<br />
N° DE TÉLÉPHONE: E-MAIL:<br />
Pour toute information complémentaire, contactez notre service donateurs au 0848 88 80 80.