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Santé mentale: - Médecins Sans Frontières Suisse

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UN JOUR DANS LA VIE DE<br />

8<br />

«Ici les troubles mentaux<br />

sont liés à la guerre»<br />

Pablo Melgar Gomez, psychiatre dans le camp de réfugiés<br />

de Dadaab.<br />

Le psychiatre Pablo Melgar Gomez en discussion avec une collègue dans une des cliniques du camp de réfugiés de Dadaab. © Frédéric Baldini/MSF<br />

«<br />

Je me souviendrai toujours de<br />

mon premier jour à Dadaab. Ce<br />

fut une journée très spéciale.<br />

Tout était nouveau et bizarre: la chaleur<br />

était insupportable, il y avait du sable<br />

partout, le volant de la voiture était du<br />

mauvais côté et je dois admettre que<br />

je n’avais jamais vu de camp de réfugiés.<br />

Je suis psychiatre et je me demandais:<br />

«Est-ce que les troubles mentaux<br />

sont les mêmes ici qu’ailleurs dans le<br />

monde?» A Dadaab, beaucoup des troubles<br />

sont directement liés à la longue<br />

guerre civile qui ravage la Somalie et au<br />

fait d’être réfugié depuis si longtemps.<br />

Certains habitent le camp depuis le<br />

début des années 90. Comment imaginer<br />

ce que cela signifi e de perdre sa<br />

famille, ses biens personnels, même son<br />

pays et dans un certain sens sa liberté?<br />

Et ceci peut-être pour toute la vie?<br />

Ce jour-là, je n’ai pas tellement eu le temps<br />

d’y réfl échir car j’ai dû prendre en charge<br />

mon premier patient presque immédiatement.<br />

L’équipe médicale m’avait dit qu’il<br />

y avait un «causeur de troubles», on me<br />

l’a décrit comme un «patient gigantesque,<br />

violent et dangereux qui se baladait avec<br />

une machette…» J’étais anxieux, je devais<br />

faire ma première consultation en tant<br />

que psychiatre pour MSF. J’ai rencontré<br />

le patient dans l’après-midi et j’ai réalisé<br />

avec soulagement que tout était exagéré.<br />

Nous pouvions parler et j’ai effectué une<br />

consultation normale. Je lui ai dit que<br />

nous devions nous voir plus souvent. Le<br />

patient souffrait de schizophrénie paranoïde,<br />

un état psychotique chronique<br />

qui lui faisait croire que tout le monde<br />

complotait contre lui et essayait d’empoisonner<br />

ses cigarettes.<br />

Avec le temps et beaucoup d’efforts,<br />

j’ai commencé à gagner sa confi ance.<br />

Nous avons fi nalement réussi à l’envoyer<br />

à l’hôpital psychiatrique de Matare<br />

à Nairobi. Il en est revenu deux mois<br />

plus tard avec une nette amélioration<br />

dans sa maladie. Nous sommes même<br />

devenus amis. C’est remarquable quand<br />

je pense qu’au début il m’accusait d’être<br />

un espion et son ennemi.<br />

Ce soir-là, j’ai réalisé que j’avais eu la<br />

réponse à ma question, et que les troubles<br />

mentaux que je rencontrais ici à<br />

Dadaab, n’étaient pas différents de ceux<br />

que j’avais vus ailleurs.» ■<br />

www.msf.ch/un-jour-a-dadaab

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