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EN EXCLUSIVITÉ Veselin Topalov, champion du monde, commente ...

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Curiosités<br />

esthétiques<br />

Jean-Christian Galli<br />

L’analyse rétrograde (1)<br />

L’analyse rétrograde est la démarche qui<br />

vise à reconstituer totalité ou partie <strong>du</strong><br />

passé d’une position, à l’aide des indices<br />

présents dans la dite position.<br />

Examinons le diagramme suivant :<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

Rien d’exceptionnel, à première vue.<br />

Mais essayons de comprendre ce qui<br />

vient de se passer. Le trait est aux Blancs.<br />

Les Noirs viennent donc de jouer. Et c’est<br />

forcément (un adverbe que l’on retrouvera<br />

souvent dans l’exposé des solutions)<br />

leur roi qui est venu de a7, puisqu’en b7<br />

ou en b8 il aurait été au contact <strong>du</strong> roi<br />

blanc, ce qui est illégal. Bien. Mais intéressons-nous<br />

maintenant au coup blanc<br />

qui a précédé Ra7-a8. En a7, le Roi noir<br />

est sous l’échec <strong>du</strong> Fou g1. Comment cet<br />

échec a-t-il été donné ? Le Fou g1, à<br />

cause <strong>du</strong> pion h2, n’a pu venir d’une<br />

autre diagonale. Il visait donc déjà le Roi<br />

a7 avant même que les Blancs jouent, ce<br />

qui semble impossible.<br />

Alors ? Eh bien, le Roi noir était forcément<br />

en a7 sans y être en échec. C’est<br />

donc qu’une pièce blanche obstruait la<br />

diagonale <strong>du</strong> Fou. Qu’est devenue cette<br />

pièce ? Pourquoi n’est-elle pas sur l’échiquier<br />

? Elle a disparu au moment où le<br />

Roi noir jouait de a7 en a8. Le dernier<br />

coup noir a donc été Ra7xa8, capturant<br />

une pièce qui obstruait la diagonale <strong>du</strong><br />

Fou et venait obligatoirement de f2, de<br />

e3, de d4, de c5 ou de b6. Parmi toutes ces<br />

options, une seule est possible, c’est b6-a8<br />

joué par un Cavalier. C’est là la seule<br />

10<br />

a b c d e f g h<br />

a b c d e f g h<br />

Trait aux Blancs<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

manière légale de faire se dérouler l’action.<br />

Et la position précédente, la dernière<br />

scène dé<strong>du</strong>ctible, ne fait plus aucun<br />

doute.<br />

a b c d e f g h<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

a b c d e f g h<br />

Notre petite énigme est donc résolue.<br />

Au delà, on ne peut rien deviner <strong>du</strong> passé<br />

de la partie, faute d’indices suffisants.<br />

Voilà donc pour le principe : l’analyse<br />

rétrograde est un raisonnement visant à<br />

reconstituer le passé de la partie. Mais,<br />

direz-vous, à quoi cela sert-il de revenir en<br />

arrière ? Ce qui est important, en composition<br />

comme en partie, c’est le futur de la<br />

position, ce qu’elle va devenir, ce qui va se<br />

passer sur l’échiquier. Hum… pas si simple.<br />

Tout d’abord l’analyse rétrograde pure,<br />

gratuite dirons-nous, peut être, en ellemême,<br />

un exercice intellectuel passionnant.<br />

Les énoncés de certains problèmes<br />

demandent simplement au solutionniste<br />

de reconstituer quelques coups de la partie<br />

avec des formulations <strong>du</strong> type : « Sur<br />

quelle case fut capturée la dame noire ?<br />

Quelle était la position 3 coups et demi<br />

plus tôt ? etc. », sans se préoccuper <strong>du</strong><br />

futur. D’autres réclament qu’on restitue<br />

l’intégralité de la partie, qu’on bâtisse une<br />

« partie justificative » en n coups,<br />

menant, depuis le premier coup, jusqu’à la<br />

position <strong>du</strong> diagramme, étant admis qu’il<br />

existe une ligne de jeu unique, sans interversions<br />

de coups, qui con<strong>du</strong>it à la dite<br />

position. Nous reparlerons des P.J, qui<br />

constituent un genre autonome, dans une<br />

prochaine chronique, mais en voici déjà<br />

un exemple très simple, juste pour vous<br />

mettre l’eau à la bouche.<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

L’énoncé est : quelle est la partie de 4<br />

coups (les Blancs ont joué 4 coups et les<br />

Noirs aussi) qui permet d’atteindre cette<br />

position ?<br />

a b c d e f g h<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

a b c d e f g h<br />

On remarquera qu’il est aisé d’arriver à<br />

cette position en 3 coups avec la suite 1.e4<br />

c6 2.Fb5 e6 3.Fxc6 dxc6. Seulement voilà, 4<br />

coups ont été joués et non 3. Et, si on peut<br />

perdre un temps avec le Fou blanc, on ne<br />

parvient pas, avec cette suite, à jouer une<br />

quatrième coup noir qui ne laisse pas de<br />

trace. La solution est surprenante : 1.e4<br />

e6 2.Fb5 Re7 3.Fxd7 c6 4.Fe8 Rxe8.<br />

Etonnant, non, que le roi noir soit le<br />

meurtrier <strong>du</strong> Fou blanc ? Et pourtant c’est<br />

bien l’unique scénario possible pour<br />

atteindre la position <strong>du</strong> diagramme en<br />

4 coups, comme vous pourrez le vérifier.<br />

Mais revenons-en à l’utilité de l’analyse<br />

rétrograde. Hormis le type de problèmes<br />

que je viens d’évoquer et qui ne se soucient<br />

que <strong>du</strong> passé de la partie, nombre de<br />

compositions, « classiques » dans le sens<br />

où elles se préoccupent de son futur, ont<br />

elles aussi besoin que l’on remonte un peu<br />

dans le temps, que l’on revienne en<br />

arrière, pour résoudre leur énoncé. Il en va<br />

ainsi de bien des problèmes qui mettent<br />

en scène les coups si particuliers que sont<br />

la prise en passant et le roque, véritables<br />

mines d’or pour les problémistes.<br />

Commençons par le roque.<br />

Voici d’abord un célèbre problème<br />

d’Armand Lapierre, à l’énoncé tout à fait<br />

orthodoxe.<br />

Il met en œuvre un concept classique en<br />

matière d’analyse rétrograde, celui des<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1

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