EN EXCLUSIVITÉ Veselin Topalov, champion du monde, commente ...

« L’après Philidor » fut marqué par une
intense rivalité entre les capitales
européennes Londres et Paris. Du début du
XIX e jusqu’aux années 1840, plusieurs
joueurs se réclamèrent ainsi du titre
officieux de meilleur joueur européen (et
par extension… du monde !).
Du côté britannique, les porte-drapeaux
étaient Cochrane (1798-1878) et surtout
MacDonnell (1798-1835). Ce dernier
fascinait d’ailleurs par ses capacités à
compliquer les positions, puis à combiner
grâce à de puissants sacrifices.
Du côté français, Deschapelles (1780-1847)
reprit le premier le flambeau. Brillant
« joueur de café », il avait l’habitude de
jouer avec handicap et il lui arrivait de
rendre un pion et deux coups à ses
adversaires au début de la partie !
La Bourdonnais (1797-1840) se distinguait
des autres joueurs par une rapidité « hors
norme » à calculer et par sa soif quasi
insatiable du jeu d’échecs. Digne successeur
de Philidor, il fut le fondateur de la
première revue d’échecs de tous les temps,
Le Palamède, en 1836.
Enfin, Saint-Amant (1800-1872) porta haut
également les couleurs françaises. Nous
reparlerons de lui dans notre prochaine
rubrique, car il fut un adversaire de valeur
d’un certain… Howard Staunton !
Étienne Mensch
Batailles sur l’échiquier
a b c d e f g h
octobre 2005
31
Une rencontre-marathon illustre bien cette période de confrontations
entre joueurs français et anglais. Des six « batailles » qui eurent lieu en
1834 entre La Bourdonnais et MacDonnell, c’est le premier nommé qui
finalement remporta « la guerre » sur le score de +45, -27, =13.
Voici deux parties…
8
7
6
5
4
3
2
1
McDonnell, A. Labourdonnais, L.
B32 Londres, 62e du match - 1834
1.e4 c5 2.f3 c6 3.d4 cxd4 4.xd4
e5
a b c d e f g h
a b c d e f g h
Avec ce coup, nous entrons dans la
variante “La Bourdonnais” de la Défense
Sicilienne ! Il faut noter que près d’un siècle
et demi plus tard, 4...e5 fut le point de
départ d’un système d’ouverture développé
par le GM soviétique Sveshnikov !
5.xc6 [Tout le monde sait aujourd’hui
que 5.b5 doit être joué. A l’époque, des
nuances telles que “l’affaiblissement de la
case d5” ne trouvaient pas beaucoup
d’écho...]
5...bxc6 6.c4 f6 [6...a6 peut être
joué : 7.xa6 a5+ regagne le fou.]
7.g5?! Les Blancs jouent pour le
contrôle de d5, mais s’y prennent mal.
[7.0–0 est plus logique, sans craindre :
7...xe4?! 8.e1 d5?? 9.xe4! et si
9...dxe4 10.xf7+ e7 11.g5++-]
7...e7 8.e2?! [ 8.c3]
8...d5!
8
7
6
5
4
3
2
1
8
7
6
5
4
3
2
1
Joué avec énergie et bien dans l’esprit de la
variante !
9.xf6?! L’échange du Fou de cases noires
contre le f6 est une erreur positionnelle
de la part des Blancs. [9.exd5 cxd5 10.b5+
d7 11.xd7+ xd7 12.xe7 xe7
13.c3 d4 14.d5 d6 15.c4 0–0 16.0–0
b6! ]
9...xf6 10.b3 0–0 11.0–0 a5 Ce coup
menace a4 suivi de a6. 12.exd5 cxd5
13.d1 d4 14.c4?
8
7
6
5
4
3
2
1
a b c d e f g h
a b c d e f g h
+
=
a b c d e f g h
8
7
6
5
4
3
2
1
8
7
6
5
4
3
2
1
▼
▼
▼