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à l'échelle de sa fortune : Jean de Corte (Liège, 1551- Léganez, Espagne, 1628), le Crésus liégeois du XVII e siècle, plus connu sous son nom latinisé de Curtius. Jean Curtius ! Sa vie étonnante d'activité industrielle, commerciale et de mécénat a retenu l'attention des chro- niqueurs, des héraldistes et des publicistes de l'Ancien Régime. Sa famille, dont le héraut d'armes du Brabant, Pierre-Albert de Launay, a dressé la filiation, non sans complaisance, est originaire du Brabant septentrional, d'où le père de Jean Curtius, Jacques, est natif. L'empe- reur Ferdinand II octroya à Jean Curtius, en 1028, des lettres de noblesse; les armes timbrées (heaume d'argent, grillé d'or, avec pour cimier le cert naissant de l'écu) des Curtius sont : mi-parti, au 1, d'or, au cerf grimpant de gueules (Curtius) ; au 2, coupé en chef d'or, à la fasce bretessée et contre-bretessée de sable accompagnée de trois abeilles du même (de Bve) ; en pointe : d'argent à deux fasces bretessées et contre-bretessées de sable (van Loon). Wathieu de Corte ou Curtius avait épousé en 1488, à Eindhoven, Catherine de Bye, fille de Thierry et de Catherine van Loon. Sentencier de l'Officialité sous le prince-évêque Georges d'Autriche (1544-1557), fixé par ses fonctions à Liège où il meurt entre 1555 et 1558, Jacques Curtius avait épousé Helwv de Doerne, soeur de Henri de Doerne, chanoine et officiai, l'un des prélats les plus influents de l'Eglise de Liège; les époux eurent quatre fils : Jérôme (f à Bois-le-l)uc en 1571), Henry et Pierre, qui devinrent entre 1587 et 1590 chanoines de Saint-Servais de Maas- tricht, et Jean qui, élevé par sa mère dans une demeure de la Basse-Sauvenière où son père avait pris résidence, réalisa de 1595 à 1603 le principal de ses vastes acquisitions immobilières, lesquelles ne furent toutefois que la plus petite part des biens immenses réunis par le commissaire général du roi d'Espagne. En 1574, Jean Curtius était déjà marié à Pétronille, fille du marchand Noël de Braaz. Jean Curtius, dont Jean Wiricx nous a laissé un beau portrait gravé, daté de 1607, avait, en particulier, acquis plusieurs terres, seigneuries et maisons seigneuriales : ()upeye, Vivegnis, Petit et Grand-Aaz, Hermée, Fexhe- lez-Slins, Tilleur, Soumagne-Saint-Halin, Visserweerde. Grand constructeur, il fit bâtir, outre le fameux hôtel qui porte son nom, les châteaux d'Oupeve (dont la tour dite
d'Alpaïde présente encore un beau témoin) et de Grand- Aaz, une maison forte et une usine à poudre à Vaux-sous- Chèvremont, les beaux moulins liégeois dits de Curtius, le couvent et l'église des Capucins de Liège (pour plus de 75.000 florins d'après Philippe de Hurges). Le richissime munitionnaire liégeois, devenu le plus important fournisseur du gouvernement de Bruxelles, tira le salpêtre de Strasbourg à Bâle; en 1616, il se déclare capable de produire trente-cinq quintaux de poudre par jour. 11 se paye même le luxe d'armer trente mousquetaires pour protéger ses usines. Victime, comme munitionnaire, de l'approche de la paix et de la Trêve de douze ans, Curtius, dès 1613, amorce la création d'une puissante industrie métallurgique en Espagne où, à 65 ans, il s'établit et, en plein travail, meurt le 13 juillet 1628. Pendant cet éloignement à l'étranger, son fils Pierre, époux d'Anne de Lierneux en 1617, veille aux intérêts de celui qui, sans conteste, s'est affirmé le plux fameux capitaliste des temps modernes. Le premier munitionnaire de l'Europe fournit non seulement des munitions de guerre à l'archiduc Jean d'Autriche, au duc de Parme, au comte de Mansfelt, au marquis de Spinola et au comte de Bucquoi, mais il prête de fortes sommes d'argent à l'archiduc Albert, au comte de Fuentès et au marquis de Spinola. L'ancien adage «riche comme un Curtius à Liège » ne pouvait être mieux choisi. A l'exemple du Prince-Evêque de Liège et de la couronne d'Espagne, Henri IV, peu avant sa mort, pressentit Jean Curtius de passer à son service, ce qui indique à suffisance combien le personnage était devenu puissant. Jean Curtius effectue l'achat d'un terrain appartenant à la Ville de Liège, situé à peu près en face, de l'autre côté de la Meuse, de ses moulins établis en Gravioule et qui longeait trois voies : le quai, l'ancienne rue de la Syrène, devenue rue du Mont-de-Piété, et la rue Porte- Saint-Léonard incorporée à la Féronstrée. Vers 1600, après avoir habité dans la rue des Ursulines, il entreprend la construction, sur ce terrain judicieusement choisi, d'un hôtel mieux en rapport avec sa fortune grandissante : la Maison Curtius, qu'un magistrat français, Philippe de Hurges, de passage à Liège en 1(515, ne s'est pas fait faute
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