BRIEFE . GURS . LETTRES PAUL NIEDERMANN ... - Maison d'Izieu

eXtRaits
Paul Niedermann fut l’un des enfants sauvés par l’OSE : en juillet 1943, il put quitter
la colonie d’Izieu et passer en Suisse. Depuis 1947, il vit près de Paris.
Témoin au procès de Klaus Barbie en 1987, il considère comme un devoir majeur de
transmettre son témoignage aux jeunes générations.
3
Lettre de Paul Niedermann,
Palavas-les-Flots (France)
à sa famille à Baltimore (USA)
Palavas, le 3 mai 1942
Archives municipales de Karslruhe
« Mes bien chers,
Enfin je vais pouvoir vous écrire comme je le pense, car je ne crois pas que cette lettre soit censurée.
Tout d’abord recevez mes remerciements pour toutes les bontés que vous avez eues pour nous !
Vous ne pouvez absolument pas imaginer ce que signifie ce seul mot : camp ! Peux-tu imaginer, cher
Richard, ce que c’est d’être couché sur une paillasse à se tordre de douleur parce qu’une faim insatiable
vous tenaille l’estomac ? C’est impossible ! (...)
Voilà un mois et demi que je suis dans cette maison d’enfants de l’OSE, mais quand je me lève de
table j’ai toujours aussi faim qu’avant. Ça, vous ne le comprendrez jamais ! Arnold vous racontera
tout ça ! (...)
Depuis quelques jours j’ai un emploi de jardinier. Ça s’est passé comme ça. Une Madame Zlatin, qui
est déléguée de l’OSE à Montpellier, m’a proposé la chose suivante : son mari possède un grand
jardin dans lequel il y a pas mal de choses à faire. Je vais probablement déménager à Montpellier
demain. La ville est à 20 minutes d’ici en train. On m’y donne une chambre. Je prendrai là-bas le
petit-déjeuner, le goûter et le repas du soir. Mais pour le repas de midi, il faudra toujours que j’aille à
Palavas parce que les gens ne font pas la cuisine chez eux. Je suis très content de ce qui m’arrive là.
(...)
Donnez-moi de vos nouvelles bientôt et saluez de ma part tout ceux que je connais.
Je vous embrasse tous, votre Paul »