DRACULA WALTZ - Marcel Kervan
DRACULA WALTZ - Marcel Kervan
DRACULA WALTZ - Marcel Kervan
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LA GOUVERNANTE – Oui.<br />
CHARLOTTE, offusquée – Louise !<br />
LA GOUVERNANTE – Ensuite, on lui incisait l’abdomen, on sortait les tripes toutes<br />
fumantes et on le gavait… Les conversions spontanées n’étaient pas rares.<br />
SIGMUND, il s’approche du tableau pour le contempler avec un vif intérêt – Surestimation<br />
pathologique du moi, suspicion, fausseté du jugement, inadaptabilité sociale… Un<br />
paranoïaque.<br />
Le projecteur s’éteint, effaçant le portrait par la même occasion. Les visiteurs poursuivent<br />
la visite guidée. Les voici maintenant devant un autre tableau. Le projecteur qui s’allume<br />
découvre, toujours derrière un tulle, le factotum qui a maintenant le crâne dissimulé dans un<br />
passe-montagne grisâtre.<br />
LA GOUVERNANTE – Vladimir, dit l’empaleur.<br />
SIGMUND – L’attrait de la sodomie.<br />
LA GOUVERNANTE – Le roi Carol l’avait mis à la tête de nos armées. Il a résisté<br />
victorieusement à l’envahisseur turc.<br />
LOUISE – Il est chauve ?<br />
SIGMUND, qui s’est approché du tableau – Il n’est pas chauve. Il a une cotte de mailles.<br />
LOUISE – Oh toi ! ce que tu peux être agaçant avec tous tes termes médicaux.<br />
Nouveau déplacement, vers un autre tableau. Quand le projecteur dévoile le portrait, le<br />
factotum s’est affublé d’une perruque dont les tresses d’un jaune orange encadrent à présent<br />
un sourire abêti.<br />
LA GOUVERNANTE – Jeanne ! Surnommée la vierge rouge.<br />
CHARLOTTE – Pourquoi ?<br />
LA GOUVERNANTE – Elle avait coutume de se baigner dans le sang de ses amants.<br />
LOUISE – Et elle en a eu beaucoup ?<br />
LA GOUVERNANTE – Elle prenait, dit-on, deux bains par jour.<br />
LOUISE – Quand même.<br />
LA GOUVERNANTE – C’était là le secret de son exceptionnelle beauté. (Louise ne peut<br />
réprimer un rire nerveux. Comme offensé, le portrait s’éteint.) Malheureusement, les femmes<br />
sont jalouses. Je ne vous apprends rien. Un jour que Jeanne chevauchait dans la campagne,<br />
elle fut attaquée par des paysannes. Des veuves pour la plupart. Elles l’ont désarçonnée,<br />
troussée, puis elles lui ont introduit une bouteille remplie de purin dans le… le…<br />
14