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Le Centre d'Etudes Fiscales de la Faculté de Droit de Sfax

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ARGUMENTAIRE<br />

La supportabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte fait débat. L’en<strong>de</strong>ttement est d’un côté l’une <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> financement<br />

<strong>de</strong>s budgets <strong>de</strong>s Etats, <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance et <strong>de</strong>s investissements. Mais, d’un autre côté, lorsque <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte dépasse<br />

le seuil du « raisonnable », ses prolongements sociaux, économiques et politiques peuvent <strong>de</strong>venir nocifs.<br />

Jamais, sauf en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre, <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte publique <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong>s plus puissants n’a été aussi élevée. La crise<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte souveraine réduit les marges <strong>de</strong> manœuvre <strong>de</strong> l’Etat social, fait mal au pouvoir d’achat <strong>de</strong>s<br />

citoyens, détruit <strong>la</strong> consommation, accentue <strong>la</strong> vulnérabilité <strong>de</strong>s entreprises et discrédite les gouvernants.<br />

L’histoire est riche d’enseignements. Déjà au XIX ème siècle, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> suren<strong>de</strong>ttement public, elle-même<br />

liée à l’échec <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique fiscale menée par le Bey <strong>de</strong> l’époque a coûté cher à <strong>la</strong> Tunisie qui a été mise, en<br />

1869, sous tutelle financière internationale avant <strong>de</strong> perdre sa souveraineté. Aujourd’hui, plus que jamais, <strong>la</strong><br />

crise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte s’est installée partout dans le mon<strong>de</strong>, après avoir été déclenchée aux Etats-Unis. La zone Euro,<br />

<strong>la</strong>rgement éprouvée par une politique d’en<strong>de</strong>ttement excessif, a dû mettre <strong>la</strong> Grèce sous perfusion financière.<br />

La mutualisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte à travers l’émission d’«Euro-obligations » est une piste envisagée, non sans<br />

difficultés, pour éviter une éventuelle faillite ou une contagion à d’autres économies fragiles au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone<br />

Euro.<br />

<strong>Le</strong>s p<strong>la</strong>ns d’austérité annoncés dans <strong>de</strong> nombreux pays qui voient leurs <strong>de</strong>ttes et leurs déficits publics<br />

s’envoler, ont p<strong>la</strong>cé l’impôt au centre <strong>de</strong>s solutions envisagées. C’est dire qu’entre l’en<strong>de</strong>ttement et l’impôt <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion est dialectique. L’impôt, s’il est mal assis ou mal perçu, aggraverait les tentations à l’en<strong>de</strong>ttement<br />

public afin <strong>de</strong> financer les dépenses budgétaires qui sont difficilement compressibles en raison essentiellement<br />

du phénomène démographique lié au vieillissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et à <strong>la</strong> multiplication exponentielle <strong>de</strong>s<br />

services publics. En même temps, l’ampleur <strong>de</strong> l’économie souterraine et <strong>de</strong>s entreprises relevant du secteur<br />

informel dans certains pays explique en partie le suren<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong> certains Etats et pointe <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong><br />

frau<strong>de</strong> fiscale comme l’une <strong>de</strong>s solutions au désen<strong>de</strong>ttement public.<br />

D’un autre côté, le traitement fiscal préférentiel du coût <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong>s entreprises par rapport à<br />

celui du ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s fonds propres a fait <strong>de</strong> l’emprunt bancaire et dans une moindre proportion <strong>de</strong><br />

l’emprunt obligataire, <strong>la</strong> source <strong>de</strong> financement préférée par les entreprises, d’autant plus que les banques sont<br />

loin d’être exigeantes quant à <strong>la</strong> transparence <strong>de</strong>s entreprises emprunteuses. L’ingéniosité <strong>de</strong>s financiers n’a<br />

pas manqué d’apporter <strong>de</strong> <strong>la</strong> saveur au goût <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement en multipliant les habil<strong>la</strong>ges juridiques à<br />

l’en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong>s entreprises si bien que <strong>la</strong> distinction entre fonds propres et emprunts est <strong>de</strong>venue<br />

insaisissable. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> entier ne paye-t-il pas les errements <strong>de</strong>s banquiers et financiers, notamment<br />

américains ?<br />

C’est dire que l’impôt comporte en soi <strong>de</strong>s solutions potentielles à l’en<strong>de</strong>ttement qu’il soit public ou<br />

privé. Il constitue d’ailleurs l’un <strong>de</strong>s canaux les plus importants témoignant <strong>de</strong> l’interdépendance entre<br />

l’en<strong>de</strong>ttement public et l’en<strong>de</strong>ttement privé. N’oublions pas en effet, comme le pensait RICARDO, que<br />

l’en<strong>de</strong>ttement public d’aujourd’hui fait anticiper pour <strong>de</strong>main <strong>de</strong>s impôts additionnels sur les futures<br />

générations <strong>de</strong>s contribuables. La conversion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte d’aujourd’hui en un impôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>main révèle <strong>la</strong> nature<br />

profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement qui n’est en fin du compte qu’un impôt différé. Probablement, seule une croissance<br />

soutenue <strong>de</strong>s économies permettrait <strong>de</strong> contenir <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> l’en<strong>de</strong>ttement souverain et privé. Mais, toute<br />

l’équation à résoudre consiste à savoir comment financer <strong>la</strong> croissance alors que <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’austérité sont<br />

annoncés partout. La croissance ne se décrète pas.<br />

C’est dans ce cadre que le <strong>Centre</strong> d’Etu<strong>de</strong>s <strong>Fiscales</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> <strong>Droit</strong> <strong>de</strong> <strong>Sfax</strong>, l’Université Paris-<br />

Est Créteil Val-<strong>de</strong>-Marne et l’Institut Arabe <strong>de</strong>s Chefs d’Entreprises (Section <strong>de</strong> <strong>Sfax</strong>) réunissent, avec l’appui<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Alleman<strong>de</strong> Hans Sei<strong>de</strong>l, <strong>la</strong> Délégation <strong>de</strong> l’Union Européenne en Tunisie et certaines<br />

entreprises, <strong>de</strong>s experts du Maghreb et <strong>de</strong> l’Europe pour traiter du sujet <strong>de</strong> « En<strong>de</strong>ttement et Impôt» du 22 au<br />

24 novembre 2012.

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