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« parce que 100% ça faisait pas très sérieux. Ça faisait <strong>ou</strong>ya-<strong>ou</strong>ya » (KOUROUMA, 2000 :<br />

105). Ici, est dénoncée avec hum<strong>ou</strong>r la dévalorisation de la magistrature suprême en Afrique<br />

car conquise par des hommes qui n’ont pas <strong>le</strong> profil idoine. Conscients de <strong>le</strong>urs lacunes<br />

évidentes, ce sont ces dirigeants-là, dont Samuel DOE est <strong>le</strong> prototype, qui se révè<strong>le</strong>ront <strong>le</strong>s<br />

pires dictateurs p<strong>ou</strong>r <strong>le</strong>urs peup<strong>le</strong>s. En dehors des fonctions de déshumanisation et de<br />

dénonciation, on rencontre aussi dans «Allah n’est pas obligé » l’hum<strong>ou</strong>r au service de l’art,<br />

utilisé dans <strong>le</strong> but de dédramatiser <strong>ou</strong> de détendre dans un con<strong>texte</strong> éclab<strong>ou</strong>ssé par <strong>le</strong>s tueries<br />

de t<strong>ou</strong>s genres.<br />

3. L’hum<strong>ou</strong>r comme mode de dédramatisation dans un con<strong>texte</strong> de guerre<br />

Dans son récit, Birahima « fait <strong>le</strong> choix du sublime c’est-à-dire du mélange du beau et<br />

du cruel où l’expression joyeuse décrit des carnages » (CONSTANT, 2009 : 157). Cette<br />

manière de procéder, loin d’être <strong>le</strong> refus de s’incliner devant <strong>le</strong> respect que <strong>le</strong>s circonstances<br />

sont en droit d’imposer, constitue plutôt une volonté de dédramatisation, d’atténuation des<br />

proportions du tragique sans laquel<strong>le</strong> la réalité mise en scène serait réel<strong>le</strong>ment pénib<strong>le</strong> à lire.<br />

C’est la raison p<strong>ou</strong>r laquel<strong>le</strong> Jimini CRIQUET affirme, en parlant du roman que « c’est atroce<br />

bien sûr. Mais on rit aussi beauc<strong>ou</strong>p en lisant ce livre » (CRIQUET, 2001).<br />

Devenu un dérivatif par <strong>le</strong> rire <strong>ou</strong> <strong>le</strong> s<strong>ou</strong>rire, l’hum<strong>ou</strong>r dédramatise par exemp<strong>le</strong> la<br />

maladie. La mère de Birahima, infirme des jambes, on l’a vu, devient une maman qui «<br />

avance par à-c<strong>ou</strong>ps, sur <strong>le</strong>s fesses, comme une chenil<strong>le</strong> » (KOUROUMA, 2000 : 12). Privée de<br />

l’usage de ses membres inférieurs, la mère de Birahima devrait inspirer de la pitié. Mais <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>cteur n’a pas <strong>le</strong> temps de s’apitoyer devant la manière dont la concernée gère son infirmité.<br />

El<strong>le</strong> substitue son anatomie à des béquil<strong>le</strong>s p<strong>ou</strong>r ses déplacements. Avec cette description, on<br />

ressent moins la difficulté de la situation.<br />

De même, dans l’antre même de la guerre, t<strong>ou</strong>t n’est pas sordide. Des plages de<br />

respiration sont introduites avec des situations comme cel<strong>le</strong> qui est vécue par Birahima et Rita<br />

BACLAY : « El<strong>le</strong> faisait p<strong>le</strong>in de baisers à mon bangala et à la fin l’avalait comme un serpent<br />

ava<strong>le</strong> un rat. El<strong>le</strong> faisait de mon bangala un petit cure-dents » (KOUROUMA, 2000 : 108).<br />

Avec des mots bien à lui, Birahima décrit ce qu’il voit et ses comparaisons ne peuvent que<br />

faire s<strong>ou</strong>rire quand <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur comprend l’allusion qui réfère ici à la fellation dont il donne <strong>le</strong>s<br />

détails. Peut-être par pudeur <strong>ou</strong> par ignorance, l’acte n’est pas nommé. T<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs est-il que la<br />

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