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Bactériémie à Salmonella enteritidis révélant un lupus érythémateux ...

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154<br />

Revue T<strong>un</strong>isienne d’Infectiologie. Octobre 2010, Vol.4, N°4 : 154 - 156<br />

C AS C LINIQUE<br />

BACTÉRIÉMIE À SALMONELLA ENTERITIDIS RÉVÉLANT UN LUPUS<br />

ÉRYTHÉMATEUX SYSTÉMIQUE<br />

BACTEREMIA WITH SALMONELLA ENTERITIDIS REVEALING A<br />

SYSTEMIC ERYTHEMIC LUPUS<br />

Mahmoud M, Yahyaoui G, Benseddik N Laboratoire central d’analyses médicales, Laboratoire de Microbiologie,<br />

CHU Hassan II. Maroc<br />

Correspondance :<br />

Dr. Mustapha Mahmoud.<br />

Laboratoire Central d’Analyses Médicales.<br />

Laboratoire de microbiologie, CHU<br />

Hassan II.<br />

BP 1835. Atlas-Fès, Maroc.<br />

Email : mustapha144@hotmail.com<br />

Résumé :<br />

Les infections sont fréquentes au cours des poussées de <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> disséminé.<br />

Nous rapportons le cas d’<strong>un</strong>e patiente présentant <strong>un</strong>e bactériémie <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong><br />

<strong>enteritidis</strong> précédant <strong>un</strong> <strong>lupus</strong> non encore diagnostiqué.<br />

La symptomatologie a débuté par l’installation de polyarthralgies fébriles, <strong>un</strong>e atteinte<br />

cutanéo-phaneriènne (érythème des pommettes et chute des cheveux) et <strong>un</strong>e atteinte<br />

vasculaire (phénomène de Raynaud). Les hémocultures étaient positives <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong><br />

<strong>enteritidis</strong>. Le bilan a mis en évidence des anticorps anti- nucléaires positifs et des<br />

anticorps anti-DNA natifs positifs.<br />

La patiente a bénéficié d’<strong>un</strong> traitement <strong>à</strong> base de fluoroquinolones pour sa bactériémie<br />

avec <strong>un</strong>e évolution favorable.<br />

Mots clés : Lupus <strong>érythémateux</strong> disséminé, bactériémie, <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>,<br />

arthrite.<br />

Abstract:<br />

Infections are frequent during the episodes of systemic <strong>lupus</strong> erythematosis. We bring<br />

back the case of a patient presenting a bacteremia to <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong> preceding an<br />

<strong>un</strong>diagnosed <strong>lupus</strong>, yet.<br />

The symptomatology began with the installation of polyarthralgia febrile, an affect<br />

cutaneous-phanarienne, a vascular infringement (phenomenon of Raynaud).<br />

Hemocultures were positive in <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>. The balance sheet of vasculitis<br />

revealed anti-positive nuclear power and anti-DNA positive native antibodies.<br />

The patient was given fluoroquinolones for her bacteremia with a good recovery course.<br />

Key words : Systemic <strong>lupus</strong> erythematosus, bacteremia, <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>,<br />

arthritis.


INTRODUCTION<br />

Le <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> systémique (LES) est <strong>un</strong>e maladie autoimm<strong>un</strong>e<br />

qui atteint principalement la femme je<strong>un</strong>e. Il est<br />

caractérisé par <strong>un</strong>e présentation, aussi bien clinique que<br />

biologique, très hétérogène. Les infections sont des<br />

complications fréquentes au cours du LES et constituent <strong>un</strong>e<br />

des principales causes de morbidité et de mortalité de la<br />

maladie. Cependant, elles peuvent aussi être des facteurs<br />

déclenchant de la maladie par l’intermédiaire de différents<br />

mécanismes physiopathologiques [1]. Elles sont responsables<br />

de 11 <strong>à</strong> 23% des hospitalisations des patients lupiques et de 20<br />

<strong>à</strong> 55% des décès [2]. Plusieurs facteurs prédisposent aux<br />

infections, tel que la maladie lupique elle-même et les<br />

thérapeutiques utilisées, particulièrement les corticoïdes et les<br />

imm<strong>un</strong>osuppresseurs.<br />

Nous rapportons <strong>un</strong> cas de <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> disséminé chez<br />

<strong>un</strong>e femme je<strong>un</strong>e révélé par <strong>un</strong>e bactériémie <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong><br />

<strong>enteritidis</strong>.<br />

OBSERVATION<br />

Madame R âgée de 33ans est hospitalisée pour polyarthrite<br />

fébrile. C’est <strong>un</strong>e maman d’<strong>un</strong> enfant dont la grossesse et<br />

l’accouchement se sont déroulés sans incident. C’est <strong>un</strong>e<br />

patiente qui n’a pas d’antécédent. Elle présentait depuis<br />

quelques jours des polyarthralgies accompagnées d’<strong>un</strong><br />

phénomène de Raynaud et <strong>un</strong>e chute des cheveux, qui ont été<br />

traités par 10 mg de prédnisone sans amélioration. La fièvre<br />

était <strong>à</strong> 39°c, l’examen révèle <strong>un</strong>e polyarthrite des grosses et<br />

petites articulations [mains, poignets, coudes, épaules et<br />

genoux]. Il existe <strong>un</strong> érythème malaire, le reste de l’examen<br />

était sans anomalie notamment l’examen cardiovasculaire et<br />

neurologique.<br />

Les examens para cliniques ont objectivé <strong>un</strong> syndrome<br />

inflammatoire avec VS accélérée <strong>à</strong> 100 mm la 1 ère heure, <strong>un</strong>e<br />

CRP <strong>à</strong> 58 mg/l et <strong>un</strong>e hypocomplémentémie C3 <strong>à</strong> 59g/l et C4<br />

négatif, la NFS objective <strong>un</strong>e lymphopénie <strong>à</strong> 620/mm 3 et <strong>un</strong>e<br />

anémie <strong>à</strong> 7,8g/dl normochrome normocytaire. Un bilan<br />

imm<strong>un</strong>ologique positif avec AAN positif 1/ 200 moucheté et<br />

anti DNA positif.<br />

Il y a <strong>un</strong>e protéinurie <strong>à</strong> 4 g/24h, six hémocultures positives <strong>à</strong><br />

<strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>, la fonction rénale est normale. Le<br />

diagnostic retenu est celui de <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> systémique<br />

avec atteinte cutanée, imm<strong>un</strong>ologique, hématologique,<br />

articulaire et rénale révélé par <strong>un</strong>e septicémie <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong><br />

<strong>enteritidis</strong>.<br />

Le traitement initial était <strong>à</strong> base de ciprofloxacine <strong>à</strong> 400mg<br />

deux fois par jour associé <strong>à</strong> des assauts cortisoniques suivi de<br />

bolus de cyclophosphamide. L’évolution a été bonne avec<br />

apyrexie. Un traitement de fond a été maintenu <strong>à</strong> base de bolus<br />

bimensuel de cyclophosphamide et corticothérapie per os.<br />

DISCUSSION.<br />

Les infections sont la première cause d’admission des malades<br />

lupiques notamment en <strong>un</strong>ité de soins intensifs [3]. Elles sont <strong>à</strong><br />

l’origine de 50% de la morbidité et constituent la cause de<br />

décès dans 33% des cas [3]. Les germes en cause sont<br />

essentiellement les bactéries. L’observation que nous<br />

rapportons revêt plusieurs aspects particuliers. En effet, c’est<br />

<strong>un</strong>e patiente dont le <strong>lupus</strong> est révélé par <strong>un</strong>e septicémie <strong>à</strong><br />

<strong>Salmonella</strong> non typhique. Il s’agit <strong>à</strong> notre connaissance de la<br />

deuxième observation rapportée dans la littérature.<br />

En effet, la fréquence des complications infectieuses au cours<br />

du <strong>lupus</strong> est de 32,5% pour Meyer et Kahn [4], de 52% pour<br />

Carpentier [5] et de 48% pour Benamour [3]. Cette fréquence<br />

augmente avec l’ancienneté de la maladie et les traitements<br />

prescrits.<br />

Cependant, cette morbidité infectieuse observée dans le <strong>lupus</strong><br />

<strong>érythémateux</strong> disséminé est principalement liée <strong>à</strong> la maladie<br />

elle-même et non au traitement de la maladie [6].<br />

Staples et al [7] l’ont suggéré lors d’<strong>un</strong>e étude comparant la<br />

maladie lupique, polyarthrite rhumatoïde et syndrome<br />

néphrotique et montrant que pour <strong>un</strong>e dose équivalente de<br />

corticoïdes, la fréquence des infections reste toujours<br />

supérieure chez les malades lupiques.<br />

Les infections les plus graves chez les lupiques sont dues le<br />

plus souvent aux bacilles <strong>à</strong> Gram négatif, notamment les<br />

Salmonelles. Les sérotypes les plus fréquents sont Salmonelle<br />

thyphimurium et <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong> [8,9].<br />

Dans notre observation, nous étions face <strong>à</strong> <strong>un</strong>e forme<br />

septicémique <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>.<br />

Les traitements proposés sont les céphalosporines de troisième<br />

génération et les quinolones de 2 ème génération. Chez notre<br />

patiente, l’évolution a été favorable sous quinolones de 2 ème<br />

génération [10].<br />

Les formes extradigestives des infections <strong>à</strong> Salmonelle non<br />

typhiques sont variées, on peut voir des endocardites, des<br />

arthrites purulentes, ou encore des pneumopathies et des<br />

infections urinaires. Chez notre patiente, nous n’avons pas isolé<br />

de <strong>Salmonella</strong> au niveau articulaire. Les formes<br />

ostéoarticulaires sont les plus fréquentes et semblent être<br />

favorisées par la corticothérapie [10].<br />

Au cours du <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> disséminé, les infections<br />

peuvent être des facteurs déclenchants de la maladie comme<br />

c’est le cas de notre patiente [2].<br />

Ceci se fait par l’intermédiaire de différents mécanismes<br />

physiopathologiques, <strong>un</strong>e activation polyclonale des<br />

lymphocytes B et T survient alors avec <strong>un</strong> mimétisme<br />

antigénique. Une augmentation de l’imm<strong>un</strong>ogénécité des<br />

autoantigènes peut être associée, elle est en rapport avec <strong>un</strong>e<br />

inflammation engendrée par l’agent infectieux en question [1].<br />

CONCLUSION<br />

Les salmonelloses extra digestives surviennent volontiers sur<br />

<strong>un</strong> terrain prédisposé et particulièrement lors des états<br />

d’imm<strong>un</strong>odépression. La survenue d’<strong>un</strong>e salmonellose extra<br />

digestive chez <strong>un</strong>e patiente je<strong>un</strong>e doit faire rechercher <strong>un</strong>e<br />

maladie lupique sous-jacente.<br />

Références<br />

M. MAHMOUD et al.<br />

1. Jallouli M, Frigui M, Marzouk M, Mâaloul I, Kaddour N, Bahloul Z :<br />

Complications infectieuses au cours du <strong>lupus</strong> <strong>érythémateux</strong> systémique :<br />

Etude de 146 patients, Rev Med Intern 2008 ; 29 : 626-31.<br />

2. Barri J, Fessler MD: Infectious diseases in systemic <strong>lupus</strong> erythematosus: Risk<br />

factors, management and prophylaxis. Best Pract Res Clin Rheumatol 2002 ;<br />

16 : 281- 91.<br />

3. Benamour S, Fares L, El Kabli H, Belbachir M : Lupus <strong>érythémateux</strong><br />

disséminé et ostéomyélite <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong>. Rev Med Intern 1995 ; 16:<br />

684-6.<br />

4. Meyer O, Kahn MF, Piette JC: Lupus <strong>érythémateux</strong> disséminé. In: Kahn MF,<br />

Peltier AP, Meyer O, Piette JC, Eds. Les maladies systémiques. Paris:<br />

Flammarion Médecine Sciences, 1991: 239.<br />

5. Carpenter RR, Sturgill BC: The course of systemic <strong>lupus</strong> erythematosus, J<br />

Chron Dis 1966 ; 19 : 117-31.<br />

Revue T<strong>un</strong>isienne d’Infectiologie. Octobre 2010, Vol.4, N°4 : 154 - 156 155


<strong>Bactériémie</strong> <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong> <strong>enteritidis</strong><br />

6. Enereau T, Lortholary O, Sauvaget F, Cohen P, Jarrousse B, Guillevin L:<br />

Complications infectieuses des maladies systémiques. Med Mal Infect 1995 ;<br />

25 : 976-84.<br />

7. Staples PJ, Gerding DN, Decker JL et al: Incidence of infection in systemic<br />

<strong>lupus</strong> erythematosus. Arthritis Rheum 1974 ; 17: 1-9.<br />

8. Lovy MR. Ryan PFJ, Hughes GRV et al: Concurent systemic <strong>lupus</strong><br />

erythematosus and salmonellosis. J Rheumatol 1981 ; 8: 605-11.<br />

156<br />

9. Prignet JM, Chagnon A, Jaureguiberry JP, Marlier S, Carli P:Aspects cliniques<br />

des salmonelloses non typhoïdiques extradigestives, Revue de la littérature. A<br />

propos d’<strong>un</strong>e série de quarante deux observations. Sem Hop Paris 1993 ; 69 :<br />

465-74.<br />

10.Carillo P, Pallot-Prades B, Thomas T, Collet P, Fresard A, Alexandre C :<br />

Ostéomyélite diaphysaire <strong>à</strong> <strong>Salmonella</strong> typhi. Rev Rhum Mal Osteoarticul<br />

1993 ; 60 : 543.<br />

Journées Franco-T<strong>un</strong>isiennes<br />

de Parasitologies<br />

Protistes d'intérêt médical et vétérinaire :<br />

de la dispersion environnementale <strong>à</strong> la prise en charge<br />

clinique<br />

Les 11 et 12 novembre 2010<br />

<strong>à</strong> l'Institut Pasteur de T<strong>un</strong>is<br />

Revue T<strong>un</strong>isienne d’Infectiologie. Octobre 2010, Vol.4, N°4 : 154 - 156

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