Controverses à l'Université d'été - Agences régionales de Santé
Controverses à l'Université d'été - Agences régionales de Santé
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BILLET<br />
D’HUMEUR<br />
Plus c’est proche,<br />
mieux c’est !<br />
À l’heure où la promotion <strong>de</strong> la santé se<br />
pense <strong>à</strong> l’échelle européenne, nous sommes<br />
dans un engouement du “tout territoire”.<br />
Il faudrait <strong>à</strong> tout prix recueillir <strong>de</strong>s<br />
données <strong>de</strong> santé <strong>à</strong> l’échelle du quartier,<br />
du “pays”, du “bassin <strong>de</strong> vie”. Idéalement,<br />
il faudrait même être plus précis, <strong>à</strong><br />
l’échelle individuelle par exemple ! Voici<br />
comment en se rapprochant du terrain, on<br />
s’éloigne <strong>de</strong> la santé publique… Je ne suis<br />
pas persuadé <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong> tous ces<br />
“tableaux <strong>de</strong> bord” et autres machins qui<br />
dissèquent la mortalité, les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
vie et autres caractéristiques socioprofessionnelles<br />
<strong>de</strong>s z’habitants.<br />
Ne vous méprenez pas, je suis convaincu<br />
que la communauté représente le niveau<br />
optimal d’intervention (je n’ai pas été<br />
formé <strong>à</strong> Nancy pour rien !). Cependant, je<br />
doute que la notion <strong>de</strong> proximité soit utilisée<br />
<strong>à</strong> bon escient. Notamment, cela me<br />
dérange que l’on assimile proximité et<br />
participation. On a pu entendre hier dans<br />
les controverses que la Loi <strong>de</strong> santé publique<br />
était participative parce qu’il y avait eu<br />
<strong>de</strong>s réunions locales pour l’expliquer.<br />
Confondre ainsi explicitation <strong>de</strong> la loi aux<br />
professionnels <strong>de</strong> terrain et démocratie<br />
sanitaire est… confondant. Ce n’est pas<br />
l’échelle qui fait la participation mais le<br />
processus ! L’exemplarité <strong>de</strong> l’audition<br />
publique sur la levée <strong>de</strong> l’obligation vaccinale<br />
par le BCG, organisée par la Société<br />
française <strong>de</strong> santé publique en novembre<br />
<strong>de</strong>rnier, en est une éclatante illustration.<br />
En effet, les recommandations issues <strong>de</strong><br />
cette audition ont été élaborées par un jury<br />
issu <strong>de</strong> la société civile et professionnelle,<br />
en réelle situation <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r, car<br />
informé1 .<br />
On ne s’est jamais autant gargarisé <strong>de</strong><br />
proximité qu’aujourd’hui où l’on assassine<br />
tranquillement les associations qui justement<br />
œuvrent dans la proximité.<br />
François Alla<br />
1 Rapport <strong>de</strong> synthèse et <strong>de</strong>s recommandations<br />
disponible sur www.sfsp.info<br />
3 e année - n°6 vendredi 6 juillet 2007<br />
<strong>Controverses</strong> <strong>à</strong> l’Université d’été<br />
“Vous n’en avez pas encore parlé, comment<br />
ça se fait ?”, “ C’est dommage qu’il<br />
n’y ait rien sur les controverses !”… Vos<br />
réactions et vos réflexions ont été nombreuses<br />
au sujet <strong>de</strong>s <strong>Controverses</strong> <strong>de</strong><br />
l’Université, montrant que vous lisiez assidûment<br />
ce journal, mais surtout que ces<br />
temps <strong>de</strong> débats et <strong>de</strong> discussions au sein<br />
<strong>de</strong> l’Université en étaient <strong>de</strong>venus une composante<br />
essentielle.<br />
Lorsque Omar Brixi avait émis, il y a <strong>de</strong>ux<br />
ans, la proposition d’introduire davantage<br />
<strong>de</strong> polémiques et <strong>de</strong> débats dans l’organisation<br />
<strong>de</strong> cette semaine universitaire,<br />
François Baudier et le comité d’organisation<br />
l’avaient immédiatement suivi, apparemment<br />
pour le plus grand intérêt <strong>de</strong>s étudiants.<br />
Comme l’évoquait hier François Alla<br />
dans son billet d’humeur, les doutes, les<br />
débats sereins ne font pas encore partie <strong>de</strong><br />
la culture quotidienne <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> prévention,<br />
plus façonnés par le militantisme,<br />
la persuasion, la conviction.<br />
Ces controverses suscitent <strong>de</strong>s intérêts et<br />
développent <strong>de</strong>s vertus (découvrir, argu-<br />
menter, contredire, défendre, partager…)<br />
tout <strong>à</strong> fait formatrices et qui contribuent <strong>à</strong><br />
forger d’année en année un attachement<br />
autant intellectuel qu’affectif pour cette<br />
semaine universitaire si particulière. Six<br />
“tables ron<strong>de</strong>s controverses” ont ainsi eu<br />
lieu durant cette première semaine <strong>de</strong> juillet,<br />
sur <strong>de</strong>s sujets particulièrement variés :<br />
l’éducation thérapeutique, la sécurité sanitaire,<br />
le sport intensif, le dépistage du cancer<br />
du sein, la Loi <strong>de</strong> santé publique, la<br />
CMU. Les intervenants se sont succédés et<br />
chacun a consciencieusement et parfois<br />
courageusement endossé une position tranchée,<br />
afin <strong>de</strong> créer débats et réflexions<br />
contradictoires.<br />
Mais quelle logique commune trouver entre<br />
ces six polémiques ? Comment faire état en<br />
quelques mots d’une telle diversité ?<br />
Des enjeux communs ont assurément été<br />
débattus dans ces débats.<br />
Entre Desease management et éducation<br />
thérapeutique, les questions <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong><br />
choix, <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> la décision et d’autonomie<br />
sont centrales.<br />
PORTRAIT EN FRANCOPHONIE<br />
Clorin Compere et “les amis <strong>de</strong> la santé”<br />
État <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Antilles, Haïti occupe<br />
le tiers occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> l'île d'Hispaniola,<br />
en mer <strong>de</strong>s Caraïbes, l'autre partie<br />
constituant le territoire <strong>de</strong> la République<br />
dominicaine. Port-au-Prince en est<br />
la capitale. Ce pays compte environ<br />
8 500 000 habitants dont la langue officielle<br />
est le français.<br />
Technicien médical haïtien, Clorin<br />
Compere fait partie d’une organisation<br />
non gouvernementale <strong>à</strong> but non lucratif,<br />
Zanmi Lasante (“Les amis <strong>de</strong> la santé” en<br />
créole). Il nous explique que cette structure<br />
<strong>de</strong> santé travaille sur plusieurs maladies,<br />
et particulièrement le sida et la<br />
tuberculose. “Nous assurons la prise en<br />
charge <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> VIH et <strong>de</strong><br />
ceux résistant au traitement <strong>de</strong> la<br />
tuberculose. Dans notre travail, nous<br />
n’abordons pas seulement l’aspect<br />
médical mais aussi les aspects social,<br />
édu-catif…”. Il intervient également<br />
dans les cliniques mobiles, dispositif qui permet <strong>à</strong> une équipe pluridisciplinaire<br />
<strong>de</strong> se déplacer auprès <strong>de</strong> patients éloignés ou qui ne<br />
peuvent pas se rendre en ville.<br />
Le pourcentage <strong>de</strong> la population atteinte par le VIH inquiète Clorin<br />
Compere : c’est Haïti qui est le plus touché en comparaison <strong>de</strong>s<br />
autres pays <strong>de</strong>s Caraïbes. Pourquoi ? “La misère est la principale<br />
responsable <strong>de</strong> cette situation : la pauvreté, la prostitution, le<br />
chômage et la concentration <strong>de</strong>s populations qui migrent vers les<br />
gran<strong>de</strong>s villes…”.<br />
journal <strong>de</strong> l’université d’éte francophone en santé publique<br />
Certaines personnes qui souffrent <strong>de</strong><br />
tuberculose, par exemple, ne savent pas<br />
qu’elles sont atteintes <strong>de</strong> cette maladie :<br />
elles croient que quelqu’un leur veut du<br />
mal. Les croyances vaudou sont en effet<br />
très présentes, notamment dans les lieux<br />
reculés. “Les personnes qui ont un<br />
niveau d’éducation moins élevé ont<br />
tendance <strong>à</strong> croire au vaudou.<br />
Toutefois, le vaudou fait partie <strong>de</strong> notre<br />
tradition et concerne tout le mon<strong>de</strong>”.<br />
Mais Clorin Compere témoigne que les<br />
programmes <strong>de</strong> prévention progressent<br />
malgré ces croyances.<br />
C’est la première fois que ce responsable<br />
d’un laboratoire <strong>de</strong> tests immunologiques,<br />
qui suit actuellement trois mille<br />
patients séropositifs, voyage en Europe.<br />
“Je viens ici pour me former et chercher<br />
<strong>de</strong>s informations complémentaires<br />
pour combattre ces fléaux dans mon<br />
pays. C’est difficile d’accepter qu’Haïti<br />
soit le pays <strong>de</strong>s Caraïbes le plus touché par le<br />
sida. De l’Université d’été <strong>de</strong> Besançon, je<br />
retiens <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> prise en charge, <strong>de</strong><br />
prévention, <strong>de</strong> mobilisation et <strong>de</strong> dépistage<br />
vraiment intéressantes. J’ai besoin <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la France”, dit-il en conclusion. “Pour lutter<br />
contre le VIH, la tuberculose, la typhoï<strong>de</strong>,<br />
la malaria… en Haïti”.<br />
Delphine Javaux<br />
La sécurité sanitaire confiée aux seuls<br />
experts ou associant étroitement la population,<br />
pose l’alternative entre une vision<br />
scientifique et démocratique <strong>de</strong> la santé.<br />
La pratique du sport intensif et les performances<br />
recherchées chez les jeunes renvoient<br />
<strong>à</strong> <strong>de</strong>s vertus le plus souvent élitistes<br />
et individualistes.<br />
La généralisation du dépistage du cancer se<br />
justifie-t-elle par une absolue évi<strong>de</strong>nce<br />
scientifique ou par d’autres intérêts :<br />
économiques, corps professionnels,<br />
lobbying… ? Cette question renvoie <strong>à</strong> une<br />
alternative entre santé centrée sur la personne<br />
ou sur la science et la technique.<br />
Entre la vision planificatrice, <strong>de</strong>scendante<br />
et épidémiologique <strong>de</strong> la Loi <strong>de</strong> santé publique<br />
et l’inspiration plus communautaire et<br />
environnementale <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> la<br />
santé, le choix se pose en terme <strong>de</strong><br />
métho<strong>de</strong> mais aussi en terme idéologique.<br />
Ces débats auront bien sûr montré que les<br />
réponses ne sont jamais simples ni <strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong> LA vérité. Ils auront aussi éclairé sur<br />
la croyance trop souvent répandue en une<br />
Soleil santé<br />
Une expérience participative <strong>de</strong><br />
dépistage du cancer du sein<br />
réalité neutre <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la prévention.<br />
Non, malgré les consensus <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>,<br />
les questions <strong>de</strong> santé ne sont jamais<br />
neutres. Elles renvoient toujours <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />
convictions, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s représentations, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />
idéaux, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s objectifs humains, sociaux,<br />
politiques, et non pas seulement <strong>à</strong> <strong>de</strong>s choix<br />
techniques.<br />
Au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong>s thèmes abordés, ces controverses<br />
ont ainsi interrogé la place <strong>de</strong> l’État et<br />
<strong>de</strong>s institutions dans les actions <strong>de</strong> santé. Ils<br />
ont aussi posé la question <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong><br />
l’individu face <strong>à</strong> <strong>de</strong>s tentations totalisatrices.<br />
Elles ont interrogé notre confiance<br />
dans les individus et les groupes <strong>à</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
choix et <strong>à</strong> déci<strong>de</strong>r ce qui est le mieux pour<br />
eux.<br />
Ces questions, essentielles pour comprendre<br />
les enjeux soulevés par les actions <strong>de</strong><br />
santé et <strong>de</strong> prévention, sont pourtant rarement<br />
au cœur <strong>de</strong>s débats <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong><br />
santé publique. Elles étaient au cœur <strong>de</strong>s<br />
“<strong>Controverses</strong>”. Nous reviendrons <strong>à</strong><br />
Besançon.<br />
Alain Douiller,<br />
avec la collaboration <strong>de</strong>s correspondants<br />
et <strong>de</strong> l’équipe du Journal<br />
ILS ONT ÉCRIT,<br />
ILS SONT PRÉSENTS<br />
Ce petit ouvrage présente le récit et l’analyse<br />
d’un projet d’éducation pour la santé sur le<br />
dépistage du cancer mené sur la ville <strong>de</strong><br />
Bondy (département <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis)<br />
<strong>à</strong> l’initiative <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>pass (Association <strong>de</strong><br />
recherche et <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong>s pathologies du<br />
sein en Seine-Saint-Denis). Il est le fruit d’un<br />
travail collectif, mené entre 2004 et 2005,<br />
auquel ont contribué activement <strong>de</strong>s habitantes<br />
<strong>de</strong> Bondy, <strong>de</strong>s intervenants du champ<br />
sanitaire et social, <strong>de</strong>s acteurs exerçant au<br />
sein d’associations ou d’institutions.<br />
Constatant le faible taux <strong>de</strong> recours au dépistage<br />
du cancer du sein pour certaines catégories<br />
<strong>de</strong> femmes et l’inadaptation <strong>de</strong>s supports<br />
<strong>de</strong> communication existants, une véritable démarche communautaire est entreprise :<br />
réalisation d’un diagnostic auprès <strong>de</strong>s femmes pour mieux comprendre les freins et les<br />
facteurs facilitant leurs démarches <strong>de</strong> dépistage ; révision, avec les femmes, <strong>de</strong>s supports<br />
<strong>de</strong> communication existants et création <strong>de</strong> nouveaux supports ; analyse <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s<br />
professionnels, bénévoles et habitantes pour <strong>de</strong>venir relais sur le dépistage organisé du<br />
cancer du sein ; formation-action, etc.<br />
C’est l’intégralité <strong>de</strong> cette démarche, dont la coordination technique a été assurée par<br />
l’Institut Théophraste Renaudot, que ce livre retrace.<br />
Il accessible gratuitement en ligne : www.ar<strong>de</strong>pass.org/professionnels-<strong>de</strong>-sante/ar<strong>de</strong>pass-soleil-sante.pdf<br />
Alain Douiller
LE TEMPS DE L’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ / VENDREDI 6 JUILLET 2007<br />
ÉCHO DES MODULES<br />
“La dream team du Journal”<br />
Post-it et citoyenneté<br />
Au départ, beaucoup <strong>de</strong> questions fusent, parmi les participants,<br />
sur les pratiques communautaires…<br />
Comment mobiliser les personnes ? Comment les rendre<br />
acteurs ? Comment réunir les habitants, les élus, les professionnels<br />
autour d’un projet commun ?<br />
Et puis, au fil du temps et <strong>de</strong>s échanges, <strong>de</strong> nouveaux<br />
termes viennent illustrer cette démarche : “capacitation”,<br />
“empowerment”, “aspirations communes”… Ce<br />
module nous amène davantage <strong>de</strong> questionnements que<br />
<strong>de</strong> réponses, <strong>de</strong> la complexité plus que <strong>de</strong> la simplicité.<br />
Mais nous étions soulagés car : “Accepter d’être largué,<br />
c’est déj<strong>à</strong> faire <strong>de</strong> la santé communautaire”.<br />
Nous découvrons <strong>de</strong>s actions co-construites, valorisant<br />
et mobilisant les ressources <strong>de</strong> tous, comme ces femmes<br />
relais qui prennent en charge la promotion du dépistage<br />
organisé du cancer du sein.<br />
Concrètement, cette démarche peut s’appuyer sur plusieurs<br />
techniques d’animation : les groupes nominaux,<br />
le diagnostic en marchant, ou les ateliers <strong>de</strong> l’avenir.<br />
L’outil indispensable qui a révolutionné cette pratique :<br />
le Post-it permettant le recueil et l’organisation <strong>de</strong>s idées<br />
<strong>de</strong> la communauté. À croire que nos animatrices ont <strong>de</strong>s<br />
actions dans l’industrie <strong>de</strong> ce petit papier collant…<br />
Tiphaine Alonzo, Joanna Jenouvrier,<br />
Tarek Barhoumi<br />
Matin, dès l’aube<br />
Dès 8h30, dans le module “Éducation pour la santé”, les<br />
intervenants nous ont invités <strong>à</strong> visiter le concept<br />
“evi<strong>de</strong>nce-based”. Quelle ambition ! Un certain nombre<br />
Module “Éducation thérapeutique”<br />
L’évaluation <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong>s patients séropositifs au<br />
VIH n’a pas été abordée <strong>de</strong> manière spécifique dans le<br />
module. Une finalité transthématique cependant : que<br />
la personne qui consulte un soignant, quel que soit son<br />
état <strong>de</strong> santé, soit en mesure <strong>de</strong> contribuer elle-même<br />
<strong>à</strong> maintenir ou améliorer sa qualité <strong>de</strong> vie. Autrement<br />
dit, il s’agit d’ai<strong>de</strong>r le patient <strong>à</strong> prendre du pouvoir !<br />
Florence Chauvin, Émilie Bon<br />
Module “Cancers”<br />
Le sida a ouvert une voie nouvelle <strong>à</strong> la prise en charge<br />
<strong>de</strong>s maladies chroniques graves, notamment pour la<br />
maladie cancéreuse. Il a permis une démarche innovante<br />
sur les champs du dépistage, <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong> la<br />
recherche, <strong>de</strong> la prévention. Pour la première fois, les<br />
patients se sont impliqués dans leur traitement. Un dialogue<br />
permanent s’est établi entre les chercheurs et les<br />
thérapeutes.<br />
Marie-Françoise Mérentier<br />
Module “Évaluation <strong>de</strong>s interventions<br />
en santé”<br />
Damien a présenté les résultats <strong>de</strong> son mémoire <strong>de</strong> DU<br />
<strong>de</strong> santé publique portant sur l’analyse <strong>de</strong> la décentralisation<br />
<strong>de</strong> la lutte contre le VIH dans son pays, le<br />
Burundi. Le VIH y est un problème majeur, avec 2,9 %<br />
<strong>de</strong> la population touchée en milieu rural - qui représente<br />
90 % <strong>de</strong> la population - et une multiplication par<br />
trois en dix ans.<br />
Un plan stratégique national a vu le jour, en 1999, pour<br />
améliorer l’efficacité <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> prévention auprès<br />
d’entre nous ignorait tout <strong>de</strong> cette notion. En <strong>de</strong>ux questions,<br />
il s’agissait <strong>de</strong> dire ce que représentait l’evi<strong>de</strong>ncebased.<br />
Vous ren<strong>de</strong>z-vous compte <strong>de</strong> l’exercice ? Une<br />
certaine inquiétu<strong>de</strong> se lisait sur les visages, que va-t-on<br />
bien pouvoir répondre ?<br />
Dans un premier temps, la réflexion en binôme a permis<br />
d’évoquer - <strong>de</strong> manière très timi<strong>de</strong> - ce que pouvait<br />
bien signifier ce concept. Puis l’expression s’est<br />
libérée au fil <strong>de</strong>s échanges entre les groupes pour aboutir<br />
<strong>à</strong> un constat commun, illustré par <strong>de</strong>s cas concrets.<br />
Au final, les participants ont par eux-mêmes découvert<br />
une définition adéquate, proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s experts, <strong>à</strong><br />
savoir les “données probantes” !<br />
Notre spécialiste en évaluation, Jacques Bury, a, comme<br />
<strong>à</strong> son habitu<strong>de</strong>, valorisé ses “apprenants” en leur faisant<br />
remarquer qu’ils étaient partis <strong>de</strong> l’ignorance individuelle<br />
pour se rendre vers la connaissance collective.<br />
Quel beau message <strong>de</strong> pédagogie et quel voyage ! La philosophie<br />
<strong>de</strong> cette Université d’été n’est-elle pas <strong>de</strong> rapprocher<br />
les enseignants <strong>de</strong>s enseignés, dans un esprit<br />
d’humilité ?<br />
Pascale Baudier, Muriel Le Roux<br />
“Opération coup <strong>de</strong> cœur”<br />
www.pipsa.org, un site précieux <strong>à</strong> consulter pour quiconque<br />
souhaite mettre en place une action d’éducation<br />
et/ou <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la santé avec <strong>de</strong>s enfants ou <strong>de</strong>s<br />
jeunes. Pipsa pour Pédagogie active <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la<br />
santé, nom <strong>de</strong> l’outilthèque créée et animée par<br />
Catherine Spièce et <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s trois collaborateurs du service<br />
promotion <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> l’Union nationale <strong>de</strong>s<br />
Le SIDA, un thème qui a traversé <strong>de</strong> nombreux modules<br />
<strong>de</strong>s populations rurales. L’objectif étant d’amener les<br />
acteurs locaux et les bénéficiaires eux-mêmes <strong>à</strong> s’approprier<br />
la lutte contre le VIH.<br />
L’objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Damien était d’apprécier le<br />
niveau d’appropriation et <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s acteurs<br />
<strong>à</strong> partir <strong>de</strong> trois sources : analyse documentaire, entretiens<br />
individuels semi-directifs avec trois focus groups<br />
(jeunes, femmes, personnes vivant avec le VIH),<br />
connaissance <strong>de</strong>s plans et du rôle <strong>de</strong>s structures.<br />
Il constate que les financements sont “lents” et “ce qui<br />
arrive en bas, après passage par tous les échelons<br />
intermédiaires est souvent insuffisant”. Les distances<br />
apparaissent comme un frein pour l’accès aux<br />
soins et l’appui aux enfants orphelins ou vulnérables<br />
est insuffisant. Autre point spécifique par rapport <strong>à</strong> la<br />
métho<strong>de</strong> employée : dans les groupes, les femmes<br />
n’osent pas parler <strong>de</strong>vant les hommes, certaines<br />
personnes n’osent pas s’exprimer <strong>de</strong>vant le chef du<br />
village….<br />
Il ressort <strong>de</strong> la discussion au sein du module que<br />
la décentralisation est prônée dans tous les<br />
pays d’Afrique - <strong>de</strong>s participants du Sénégal et<br />
du Cameroun le signalent - mais il s’agit plus <strong>de</strong><br />
“déconcentration” (le cadre d’action est national et le<br />
pouvoir reste central) que <strong>de</strong> vraie “décentralisation”<br />
où le niveau national doit “lâcher” du pouvoir pour<br />
que les spécificités locales soient prises en compte par<br />
les acteurs locaux.<br />
Évelyne Baillon Javon<br />
mutualités socialistes belges. Un site déj<strong>à</strong> fort réputé :<br />
“J’ai appris que l’on nous consultait aussi <strong>de</strong>puis la<br />
Gua<strong>de</strong>loupe”, s’étonne la responsable du service.<br />
Depuis 2000, une cellule d’experts, constituée <strong>de</strong> professionnels<br />
<strong>de</strong> la santé publique, a testé quelque 450<br />
jeux et outils francophones que Catherine et son équipe<br />
ont référencés sur Pipsa selon cinq critères : cohérence,<br />
attractivité, interactivité, le caractère soutenant pour<br />
l’animateur (gui<strong>de</strong> pédagogique) et pour la promotion<br />
<strong>de</strong> la santé (perception <strong>de</strong> la globalité <strong>de</strong> la santé).<br />
Ceux qui répon<strong>de</strong>nt aux critères obtiennent le “coup <strong>de</strong><br />
cœur” du service et <strong>de</strong> la cellule d’experts. C’est le cas,<br />
par exemple, pour Badaboum et Garatoi, <strong>de</strong>stiné aux<br />
enfants <strong>de</strong> 5 <strong>à</strong> 7 ans, qui abor<strong>de</strong> les acci<strong>de</strong>nts, Danse<br />
avec les poux qui s’adresse <strong>de</strong> 5-12 ans, “un kit qui<br />
facilite la prise en charge d’une problématique récurrente<br />
et perturbante dans la vie <strong>de</strong>s écoles” ou encore<br />
Visages et paroles qui, dès 8 ans, permet d’évoquer les<br />
liens entre cultures et citoyenneté, les relations interpersonnelles,<br />
etc.<br />
Le service <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> la Mutualité<br />
socialiste offre aussi, dans la mesure <strong>de</strong> ses mo<strong>de</strong>stes<br />
mais très efficaces moyens, un accompagnement aux<br />
créateurs d’outils et <strong>de</strong> jeux pédagogiques.<br />
Bénédicte Rault-Roques<br />
Transfert <strong>de</strong> stratégies ?<br />
Pru<strong>de</strong>nce et intelligence !<br />
“Transférer <strong>de</strong>s stratégies, oui, mais faisons-le avec<br />
beaucoup d’intelligence !” Henri Naw Mbengue, du<br />
Service national <strong>de</strong> l’éducation pour la santé du Sénégal,<br />
est venu <strong>à</strong> l’Université d’été pour “échanger, comprendre<br />
et puiser dans ce creuset <strong>de</strong> diversité”. Il est<br />
impossible <strong>de</strong> calquer telle quelle une stratégie <strong>de</strong> promotion<br />
<strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt vers l’Afrique, et vice<br />
versa, sans prendre en compte la réalité socio-économique<br />
et culturelle.<br />
Julie Carruelle<br />
Maladie et diagnostic au Bénin<br />
Au Bénin, lorsqu’une personne est mala<strong>de</strong>, elle consulte<br />
le Fâ, pour connaître les raisons <strong>de</strong> cette maladie. Le Fâ<br />
est une divinité et, pour l’interroger, il faut se rendre<br />
auprès d’une personne initiée qui va manipuler une noix<br />
<strong>de</strong> palme. La position <strong>de</strong> cet instrument donnera <strong>de</strong>s<br />
indications sur les raisons <strong>de</strong> cette maladie : offense aux<br />
dieux, envoûtement…<br />
Cette pratique très répandue au Bénin ne touche pas<br />
seulement les personnes les moins instruites mais l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s catégories sociales. Elle illustre l’importance<br />
<strong>de</strong> prendre en compte les pratiques culturelles et les<br />
représentations sociales dans les démarches <strong>de</strong> santé<br />
publique.<br />
Cletus Adohinzin, Muriel Le Roux<br />
Module “Coopération Nord-Sud”<br />
Le financement <strong>de</strong>s organismes internationaux sur la<br />
thématique VIH/sida <strong>de</strong>puis vingt ans est loin d’être<br />
négligeable. Et pourtant, on ne peut pas dire que ce ne<br />
sont que <strong>de</strong>s investissements efficients au regard <strong>de</strong>s<br />
évaluations. Les logiques ont souvent été multiples,<br />
mêlant verticalité <strong>de</strong>s approches et conflits d’intérêt et<br />
<strong>de</strong> lea<strong>de</strong>rship entre les institutions internationales. Il<br />
est important que les États soient souverains pour définir<br />
leurs priorités selon les spécificités du pays. De l<strong>à</strong>,<br />
<strong>de</strong>s discussions entre les participants <strong>à</strong> ce module,<br />
entre ceux favorables <strong>à</strong> un rôle accru <strong>de</strong> la solidarité<br />
internationale et ceux qui souhaiteraient rappeler aux<br />
États leur responsabilité pour diminuer la propagation<br />
du sida et favoriser un meilleur accès aux soins.<br />
Marème Dia Ndiaye,<br />
Mohamed Boss Diop, Danièle Sekri<br />
Module “Activité physique”<br />
Les bénéfices <strong>de</strong> l’activité physique dans la prévention<br />
<strong>de</strong> nombreuses maladies sont maintenant bien établis.<br />
L’activité physique peut être aussi considérée comme<br />
un traitement adjuvant <strong>de</strong> certaines maladies et c’est<br />
une notion assez récente en ce qui concerne le sida.<br />
Comme pour <strong>de</strong> nombreuses maladies chroniques, la<br />
qualité <strong>de</strong> vie est améliorée par une pratique régulière,<br />
notamment avec l’augmentation du nombre <strong>de</strong>s lymphocytes<br />
CD4. La promotion <strong>de</strong> l’activité physique chez<br />
ces mala<strong>de</strong>s fait donc partie intégrante <strong>de</strong>s stratégies<br />
d’auto-prise en charge.<br />
Pierre Lancien<br />
LA PHRASE DU JOUR<br />
“Travailler en rigolant,<br />
c’est encore plus important<br />
que 5 fruits et légumes par jour.”<br />
François Alla<br />
AU REVOIR BESANÇON,<br />
BONJOUR DAKAR !<br />
L’Université d’été <strong>de</strong> Besançon a encore une fois<br />
tenu le pari <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong><br />
l’organisation. Elle a, <strong>de</strong> plus, réussi <strong>à</strong> rapprocher le<br />
Nord et le Sud. Dakar va organiser, du 21 au 26 janvier<br />
2008, une Université sur la promotion <strong>de</strong> la<br />
santé.<br />
Il s’agira d’un cours dynamique et interactif, selon le<br />
format <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Besançon, où les participants<br />
seront amenés <strong>à</strong> partager <strong>de</strong>s expériences et<br />
apprendre les uns <strong>de</strong>s autres. Dix modules seront<br />
proposés : décentralisation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> santé,<br />
dépistage, éducation pour la santé, pratiques communautaires,<br />
évaluation, personnes âgées, jeunes et<br />
reproduction, mortalité périnatale, santé bucco<strong>de</strong>ntaire.<br />
Ces enseignements seront organisés par l’ONG<br />
ACDEV, en collaboration avec l’Université d’été <strong>de</strong><br />
Besançon. Chaque module sera animé par <strong>de</strong>s intervenants<br />
du Nord (France, Canada, Belgique, Suisse)<br />
et du Sud (Afrique francophone).<br />
A vos marques !<br />
Cheik Athié<br />
Actions et Développement (AcDev)<br />
Email : ac<strong>de</strong>v@orange.sn<br />
Site internet : www.ac<strong>de</strong>v-int.org<br />
Université d’été francophone en santé publique <strong>de</strong><br />
Besançon : Solène Boichat<br />
sboichat@univ-fcomte.fr<br />
Si vous revenez <strong>à</strong> Besançon !<br />
Bon plan, bonne adresse<br />
Une autre façon <strong>de</strong> vivre l’Université d’été : se mettre au vert<br />
au “Lavoir <strong>de</strong>s rêves” <strong>à</strong> Geneuille, 15 min en voiture. Des jolies<br />
chambres, un accueil chaleureux, <strong>de</strong> délicieux repas propices aux<br />
échanges. De belles rencontres en perspective.<br />
Lavoir <strong>de</strong>s rêves, chambres d’hôtes. Rue <strong>de</strong> l’Abreuvoir.<br />
25870 Geneuille. T. 03 81 55 68 99. info@lelavoir<strong>de</strong>sreves.com<br />
Florence et Émilie du module ETHER<br />
Travail en intermodules : vous aussi, poussez le<br />
bouchon un peu plus loin…<br />
A tous les gourmets : dans un cadre chaleureux et pittoresque,<br />
Barthod propose un choix d’assiettes thématiques associant produits<br />
régionaux et vins raffinés. La qualité <strong>de</strong>s mets,<br />
<strong>de</strong>s breuvages et <strong>de</strong> l’accueil nous ont obligés <strong>à</strong> vous faire connaître<br />
cette adresse incontournable.<br />
Pour un voyage au plaisir <strong>de</strong>s sens… <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z Franck.<br />
Barthod. 20, 22, 24 rue Bersot Besançon. T. 03 81 82 27 14.<br />
Pierre,Thierry, Emilie, Olivier, Mickael, Marielle et<br />
Jérôme <strong>de</strong>s modules PHYS, PRAT, POL, PA<br />
Retrouvez “Le Temps <strong>de</strong><br />
l’Université” sur le Net<br />
Si vous voulez transmettre, archiver ou relire votre<br />
journal <strong>de</strong> l’Université (nostalgie, nostalgie…) tous les<br />
numéros sont archivés en pdf sur le site <strong>de</strong> l’URCAM :<br />
http://www.urcam.org/fileadmin/FRANCHE-COMTE/univete/telechargement.html<br />
Le “Temps <strong>de</strong> <strong>l'Université</strong> d’été” est édité par l'Urcam<br />
<strong>de</strong> Franche-Comté et la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et<br />
<strong>de</strong> Pharmacie <strong>de</strong> Besançon (Université <strong>de</strong> Franche-Comté)<br />
Responsable <strong>de</strong> la publication :<br />
François Baudier - Urcam <strong>de</strong> Franche Comté<br />
Rédacteur en chef :<br />
Alain Douiller - Co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Vaucluse<br />
Rédacteurs :<br />
François Alla - École <strong>de</strong> santé publique <strong>de</strong> Nancy<br />
Solène Boichat - Université <strong>de</strong> Franche-Comté,<br />
Delphine Chaumont - Université <strong>de</strong> Franche-Comté,<br />
Delphine Javaux - Urcam <strong>de</strong> Franche-Comté,<br />
Clau<strong>de</strong> Michaud - Urcam <strong>de</strong> Franche-Comté,<br />
Philippe Moritz - Université <strong>de</strong> Franche-Comté.<br />
Secrétariat <strong>de</strong> rédaction :<br />
Marie-Frédérique Cormand - INPES<br />
Photographe :<br />
Georges Pannetton - Université <strong>de</strong> Franche-Comté<br />
Création graphique et maquette :<br />
Jean-Luc Bonvalot - Cres <strong>de</strong> Franche-Comté<br />
Tirage : 400 exemplaires<br />
Université d'Été Francophone en <strong>Santé</strong> Publique<br />
Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> Pharmacie<br />
Place St-Jacques - 25030 Besançon Ce<strong>de</strong>x<br />
Tél. : 03 81 66 55 75<br />
E-mail : sboichat@univ-fcomte.fr<br />
Site Internet : http://www.urcam.org/univete/in<strong>de</strong>x.htm