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contes de la bécasse, la tombe. notes d'un voyageur - World eBook ...

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LES SABOTS. I OQ<br />

j'aurais cru. AU' n'savait point c'qu'all' faisait,<br />

c'te niente (rien du tout).<br />

Au prône du dimanche suivant, le vieux<br />

curé publiait les bans <strong>de</strong> M. Onufre-Césaire<br />

Omont avec Céleste-Adé<strong>la</strong>ï<strong>de</strong> Ma<strong>la</strong>ndain.<br />

Les Sabots ont paru, précédés <strong>d'un</strong>e introduction<br />

qui n'est pas dans le volume, dans le Gil B<strong>la</strong>s du<br />

dimanche 21 janvier 1883, sous <strong>la</strong> signature : Maufri-<br />

gneuse. Voici cette introduction :<br />

Vous rappelez-vous, Madame, cette rencontre dans cette au-<br />

berge du Midi? Je ne vous ai point vue, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois, et<br />

pourtant. . . Mais<br />

je vous ai dit tout ce<strong>la</strong> malgré votre refus <strong>de</strong><br />

m'écouter.<br />

En entrant dans <strong>la</strong> salle, je vous aperçus du premier coup,<br />

tout au fond , en face <strong>de</strong> votre mari. Je ne l'aime pas votre mari<br />

et il a l'air <strong>de</strong> s'en douter, ce dont je me moque, d'ailleurs.<br />

J'ai été vous retrouver à votre table, on a mis un couvert <strong>de</strong><br />

plus, et nous avons causé comme <strong>de</strong>s indifférents. Vous lui disiez<br />

«tu» et me disiez «vous», et ce<strong>la</strong> me faisait pousser <strong>de</strong>s colères<br />

dans le cœur ; parfois je rencontrais rapi<strong>de</strong>ment votre regard et<br />

il me semb<strong>la</strong>it alors que c'était à moi que votre œil disait «tu»<br />

et à lui qu'if disait «vous».<br />

J'avais <strong>de</strong>s envies furieuses <strong>de</strong> vous embrasser <strong>de</strong>vant lui, <strong>de</strong><br />

lui casser <strong>la</strong> tête avec une carafe, s'il se fâchait selon son droit.<br />

Puis nous avons fait une longue promena<strong>de</strong> au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer<br />

endormie. Vous alliez un bras à son bras , et moi , <strong>de</strong> l'autre côté<br />

<strong>de</strong> vous , je rencontrais votre main qui pendait ouverte sur votre<br />

robe, et je <strong>la</strong> pris et je <strong>la</strong> sentis qui serrait <strong>la</strong> mienne. C'est <strong>la</strong><br />

meilleure joie d'amour. Une main pressée donne parfois une pos-<br />

session plus parfaite, plus profon<strong>de</strong>, plus absolue qu'une longue<br />

étreinte <strong>de</strong> toute une nuit.<br />

Il faisait nuit, vous êtes rentrés ensemble et moi je suis encore<br />

resté longtemps assis en face <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer.

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