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Rapport Mobilurb - predim

Rapport Mobilurb - predim

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« MOBILURB »<br />

Information multimodale pour une assistance<br />

informationnelle contextualisée<br />

Stéphane JUGUET<br />

Dominique BOULLIER<br />

(GRADIENT)<br />

Guillaume USTER<br />

Marie-Hélène MASSOT<br />

(INRETS)<br />

<strong>Rapport</strong> final<br />

PREDIT 1996-2000<br />

Ministère de l’équipement, des transports et du logement<br />

Direction des transports terrestres<br />

Décision de subvention DDT 2002 0107 du 18 Février 2002<br />

Mai 2004<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 1


<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 2


Avant propos et synthèse en quatre pages<br />

Introduction<br />

Table des matières<br />

Chapitre I Information multimodale et chaîne de mobilité<br />

Chapitre II Le voyageur dans tous ses états. Les profils<br />

Chapitre III Conduite automobile, émotion et prise de décision en situation perturbée<br />

Chapitre IV De la carte (propriétés) au menu (préférences)<br />

Fiches de proposition<br />

Fiche proposition n°1 De la carte MobilUrb à la carte d’identité profilée<br />

Fiche proposition n°2 Typologie des systèmes d’aide du terminal MobilUrb<br />

Fiche proposition n°3 La palette graphique de MobilUrb<br />

Fiche proposition n°4 Spécifications techniques du teminal MobilUrb<br />

Fiches de synthèse<br />

Fiche synthèse n°1 Principes directeurs<br />

Fiche synthèse n°2 : Information<br />

Fiche synthèse n°3 Les propriétés graphiques de l’information délivrée par la MobilUrb<br />

Fiche synthèse n°4 MobilUrb , une fenêtre multimédia<br />

Fiche prospective<br />

Fiche prospective: les cookies de la mobilité<br />

Annexes:<br />

Fiches personnes interviewées<br />

Fiches protocole d’observation<br />

Extraits d’entretien<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 3


Avant propos<br />

Nous présentons dans ce rapport les résultats finaux d’une recherche financée par le groupe PREDIT<br />

4.5 Nouveaux services aux usagers. Ce dossier accepté par le groupe fin 1998 a, pour des raisons<br />

administratives, subi un décalage important dans le temps. S’il n’a pu être intégré à la plate-forme de<br />

recherche et d’expérimentation pour le développement de l’information multimodale PREDIM, nous<br />

espérons que les quelques pistes développées ici pourront y trouver toute leur place.<br />

Ce rapport possède trois niveaux de lecture.<br />

Lecture synthétique<br />

Une synthèse de quatre pages présente les éléments saillants du dossier.<br />

Lecture essentielle<br />

Les éléments fournis dans les fiches de synthèse, de proposition et de prospective permettent de se<br />

concentrer sur quelques points particuliers.<br />

Lecture détaillée<br />

Au fil du texte, est présenté le déroulement de la recherche. Compte tenu de la richesse des matériaux<br />

récupérés lors des nombreuses observations, nous avons souhaité garder un maximum d’informations,<br />

parfois au détriment d’une lecture rapide.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 4


SYNTHESE<br />

<strong>Mobilurb</strong>: Information multimodale pour une assistance informationnelle contextualisée<br />

Contexte<br />

Le concept d’information multimodale repose sur une mise à disposition de l’ensemble de<br />

l’offre de mobilité collective et individuelle sur un territoire donné. Cette offre globale doit<br />

aider à limiter l’usage individuel de l’automobile au profit de modes durables, transports<br />

collectifs, modes doux, marche à pied… Jusqu’à présent, les travaux du PREDIT avaient plus<br />

porté sur les leviers institutionnels, juridiques et économiques propices à la mutualisation<br />

d’informations et à la mise en œuvre des systèmes d’information multimodale (SIM). Mais, la<br />

place de l’usager, au cœur de ce dispositif complexe d’information et d’aide à la décision,<br />

n’avait pas encore été suffisamment explorée.<br />

Objectif<br />

Dans le cadre d’une observation de terrain, nos travaux ont consisté à étudier le cheminement<br />

de l’usager dans un réseau de transports avec une offre multimodale forte. Notre objectif a été<br />

de comprendre les ressources cognitives et matérielles utilisées pour réaliser un trajet donné<br />

afin d’imaginer un service d’aide à la mobilité susceptible de réduire l’incertitude du<br />

voyageur.<br />

Méthode<br />

L’étude a porté sur le suivi en situation de parcours de 60 personnes dont certaines à deux<br />

reprises pour analyser les modifications de comportement en situation perturbée (provoquée<br />

par nos soins ou parfois observée à chaud). Le site d’observation était le trajet Noisy-le-Grand<br />

/ Paris, en transport en commun ou en voiture, de façon à bénéficier d’une situation d’offre<br />

alternative réelle à l’automobile. Les observations ont toutes été filmées en vidéo et transcrites<br />

intégralement, et les objets mobilisés ont été inventoriés et décrits.<br />

Les résultats<br />

Dans le cadre de cette recherche, nous avons pu définir :<br />

- les compétences cognitives et les ressources (matérielles et immatérielles) que le<br />

voyageur mobilise, qu’il a déjà incorporées pour construire son déplacement tant en<br />

situation ordinaire qu’en situation perturbée,<br />

- les styles de navigation tant des automobilistes que des voyageurs en transports<br />

collectifs,<br />

- la chaîne propre à l'information multimodale qui repose sur des dispositifs sociotechniques<br />

(parkings d'échange, pôles d'échange, tarifications incitatives...)<br />

Nous avons identifié et répertorié les points de convergence entre l’univers des automobilistes<br />

et l’univers de TC (projet Aubette 1 financé par le groupe PREDIT 4.5) en les traduisant en<br />

terme de « suite servicielle » (projet Aubade financé également par le groupe PREDIT 4.5) et<br />

de « services à la mobilité ».<br />

Nous avons également défini les propriétés informationnelles d’un support d’aide à la<br />

navigation – le boîtier « <strong>Mobilurb</strong> » - qui doit être un « facilitateur » de l'intermodalité, et en<br />

1 Quatre profils y avaient été définis : le dauphin, le renard, l’araignée et la taupe. In « Arrêt demandé » Stéphane Chevrier<br />

LARES et Stéphane Juguet – Enigmatek éditions 2003.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 5


situation de crise, se transformer en outil d’aide à la décision.<br />

Le rapport final comporte des fiches de synthèse ou de propositions qui permettent d’accéder<br />

rapidement aux résultats principaux.<br />

Les styles de navigation des automobilistes et des voyageurs TC<br />

Nous avons construit quatre styles de navigation bien différenciés qui rendent plus ou moins<br />

possibles les changements de mode d’une part et l’assistance d’autre part.<br />

-Le routier<br />

Totalement hermétique aux TC<br />

Forte incorporation du réseau autoroutier qu'il connaît « comme sa poche »<br />

Entretient un rapport affectif à sa voiture. La voiture, considérée comme une marque de<br />

virilité, lui procure un sentiment de liberté.<br />

-L’explorateur “télé-guidé”<br />

Figure du joueur « en réseau ». Fair-play. Entretient un rapport ludique au territoire. Le<br />

territoire est un espace de découverte. Part facilement à l'aventure.<br />

Objectif : ne pas se laisser enfermé dans les mailles du réseau. Sait se saisir des<br />

opportunités.<br />

-Le cartographe<br />

Figure du pragmatique. Fortement équipé. Manipule les cartes avec dextérité.<br />

Méthodique, cartésien. Cultive une vision orthogonale du territoire et entretient un rapport<br />

instrumental à la voiture.<br />

-Le conducteur désorienté<br />

Totalement désoeuvré lors d'un bouchon.Tétanisé par le stress, anxieux. N'arrive pas à<br />

contrôler ses émotions. Incapacité à prendre une décision. Ses compétences cognitives<br />

sont figées.<br />

Son itinéraire s’apparente au vol brisé d’une mouche enclose dans une chambre.<br />

Le terminal « <strong>Mobilurb</strong> », s'il peut satisfaire ces 4 profils, s'adressera prioritairement aux<br />

« cartographes » et aux « conducteurs désorientés » qui sont les personnes les plus<br />

désemparées en situation de perturbation. Ces deux profils nous semblent plus sensibles à un<br />

système d'aide à la navigation qui puisse optimiser leurs déplacements et leur permettre de<br />

gérer l'incertitude. De plus, moins attachés affectivement à leurs voitures, ils sont davantage<br />

réceptifs à cette idée de pouvoir changer leurs habitudes, leurs comportements modales et, au<br />

final, d’opter pour les transports collectifs.<br />

En recensant les différents services demandés par ces types de voyageurs et leurs « miroirs »<br />

en mode TC, nous avons décrit les propriétés suivantes de <strong>Mobilurb</strong> :<br />

- Un centre de ressources et un pôle d’information graphique<br />

(l’araignée/cartographe) qui permet de concilier information dynamique (réseau) et<br />

information statique (territoire)<br />

- Un guide interactif à “haut débit” qui fonctionne comme boite de vitesse qui<br />

permet au voyageur de changer de régime d'action et, ainsi, de pouvoir faire varier<br />

sa mobilité en fonction de ses désirs : parcours “TGV”, Parcours “Flânerie”... Le<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 6


enard/routier peut être sensible à ce service à la mobilité<br />

- Un espace ré-créatif et un espace d'échange (le dauphin/explorateur). Ces fonctions<br />

permettent de ne pas vivre la perturbation comme un « temps contraint »<br />

- Un centre de premier secours (la taupe/désorientée) : Message d'alerte, Touche<br />

« assistance en ligne ». Ces fonctions soulagent la personne (confort psychologique) et<br />

la guident.<br />

Il faut concevoir des services à la mobilité adaptés à chacun de ces profils. Par exemple, nous<br />

pourrions imaginer différentes cartes SIM auxquels seraient associées des bouquets de service<br />

qui répondent aux attentes des voyageurs. Ces services à la mobilité ne doivent pas être<br />

construits sur des schémas traditionnels en transports (Exemple de la carte « senior », de la<br />

carte « Imagin’R »...) mais sur des « univers de pratique » qu’il convient, au préalable, de<br />

bien identifier.<br />

Nous pourrions imaginer que le service Marketing développe des services à la mobilité qui<br />

répondent aux caractéristiques de ces profils. Chaque profil pourraient configurer sa carte<br />

SIM en fonction de bouquet de service.<br />

La carte « surf » pour le dauphin/explorateur pour voyager “en toute liberté”<br />

La carte « Express » pour le renard/routier pour voyager “intelligent”<br />

La carte « O’file» pour l’araignée/cartographe pour être en prise avec son temps.<br />

La carte « Vital » pour la taupe/désorientée pour voyager “en toute sécurité”.<br />

De façon à compléter notre vision plurielle des compétences et des propriétés des voyageurs,<br />

il a été nécessaire de préciser encore les visées des parcours et les principes qui gouvernent les<br />

jugements sur l’offre de TC : c’est sur cette base que peuvent se construire les propriétés<br />

matérielles et opérationnelles du terminal <strong>Mobilurb</strong>, à condition qu’il puisse être combiné à<br />

des transformations de toute la chaîne de services (suite servicielle). L’information ici ne fera<br />

pas tout, par exemple, lorsque les parkings sont indisponibles ou inquiétants, élément clé et<br />

verrou pour faire quitter sa voiture à l’automobiliste.<br />

Les différents types d'aide à la navigation :<br />

Aide à l'interprétation et à la stabilisation du contexte :<br />

Face à la masse d'informations qui lui parvient en situation perturbée, le voyageur souhaite<br />

obtenir de l'aide pour effectuer du discernement d'où le recours à un filtre informationnel. Il<br />

souhaite également stabiliser le contexte pour transformer une émotion en capacité d'action.<br />

Aide à la traduction :<br />

L'utilisateur souhaite également pouvoir superposer des informations de nature différentes<br />

(informations dynamiques, statiques...), faire converger des supports entre eux, rendre<br />

compatible l'information d'où le recours à un traducteur qui met en forme l'information<br />

selon un principe de convergence et de synergie informationnelle en intégrant l'ensemble de<br />

l'offre transport.<br />

Aide à la visualisation :<br />

En situation de perturbation, le voyageur souhaite qualifier la situation. Le voyageur<br />

souhaite se faire une idée précise, « claire » de la perturbation. Dit autrement, pour prendre<br />

une décision, il doit se construire son propre « point de vue » sur la situation d'où le recours<br />

à de l'information stratégique qui doit l'aider à prendre une décision. Bien entendu, il<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 7


convient d'orienter le regard pour que le voyageur intègre l'offre multimodale dans son<br />

champ de vision.<br />

Aide à l'orientation :<br />

L'utilisateur souhaite enfin pouvoir enfin obtenir de l'information en temps réel pour<br />

s'assurer du bon déroulement de son parcours d'action, de son programme d'action alternatif<br />

(information redondante, rétro-action sur ces prises de décision) et le ré-ajuster au fil du<br />

voyage si necessaire. Les champs du possible doivent rester ouverts pour pouvoir saisir de<br />

nouvelles opportunités.<br />

Au delà de ces différents types d’aide navigation, le critère transversal aux autres, qui est<br />

vraisemblablement le plus innovant, est l’aide à la décision. Le voyageur souhaite obtenir des<br />

informations pour poser un diagnostic, délimiter les champs du possible et lister les<br />

alternatives en fonction des critères de satisfaction qu'il affectionne (confort, rapidité, rupture<br />

de charge...)<br />

Typologie des systèmes d’aide du terminal <strong>Mobilurb</strong><br />

En entrant plus précisément dans les qualités propres au système technique embarqué par le<br />

voyageur, nous avons identifié cinq types d’aide possibles à partir des enjeux cognitifs du<br />

déplacement et de l’orientation, tels que nous les avons construits à partir des observations.<br />

La soumission d’une information pertinente, lors d’un événement imprévu, est apparue<br />

comme un élément central pour une prise de décision efficace. Cette information, délivrée en<br />

situation de perturbation, doit suivre en effet un processus qui se calque sur le modèle cognitif<br />

du voyageur.<br />

Le mode de présentation cartographique s’avère dans tous les cas le plus performant. Mais<br />

une personnalisation de l'outil doit permettre d’injecter ses propres marqueurs<br />

personnalisés, pour faire passer d’une représentation cartographique du territoire à une<br />

représentation cognitive de la mobilité qui fait sens pour son utilisateur.<br />

La carte numérique « <strong>Mobilurb</strong> » se définit donc comme un support à « géométrie variable »<br />

qui s'ajuste en temps réel (rafraîchissement automatique de l'interface), répond à la variété des<br />

profils « voyageurs » (personnalisation de l'information en fonction des parcours voyageurs<br />

construits à partir des univers de pratique) et se joue des frontières entre territoire réel et<br />

territoire virtuel (Tension entre réalité « augmentée » et réalité « épurée », interface<br />

multimédia...).<br />

Nous avons identifié de nombreuses conditions de production des informations pour les<br />

rendre compatibles entre institutions et systèmes techniques de façon à construire un univers<br />

informationnel sans couture là où des multiples barrières institutionnelles, techniques,<br />

tarifaires, etc… rendent le passage d’un mode à l’autre difficile. Nous avons enfin décrit en<br />

détail les propriétés ergonomiques du terminal qui possède ainsi son cahier des charges<br />

détaillées, fondé sur nos investigations approfondies des possibilités de transfert multimodal.<br />

En termes de perspectives, il apparaît intéressant de concevoir technologiquement le boîtier<br />

MobilUrb et de le tester, soit dans le cadre d’expérimentations au sein d’un laboratoire<br />

d’usage, soit dans un contexte de terrain, au sein d’un réseau de transport multimodal.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 8


L’automobile im-mobile.<br />

Introduction<br />

Formidable outil de développement économique et social dans les années 70, symbole de<br />

liberté, l'automobile est devenue, ces dernières années, la figure emblématique de<br />

l'encombrement de nos villes et de la pollution urbaine.<br />

En effet, l'automobile, aujourd'hui, de par sa grande souplesse de mouvement, continue à<br />

rendre des services indéniables. Il est évident que la voiture particulière présente des<br />

avantages très appréciés - souplesse d'utilisation, intimité, sécurité, confort, agrément... et<br />

qu'elle continuera à jouer un rôle essentiel dans les sociétés contemporaines.<br />

Cependant, cet outil, symbole de liberté individuelle, se trouve confronté à une multitude<br />

d'obstacles en centre urbain. Enchaînée dans les embouteillages, la voiture particulière perd<br />

ses attributs spécifiques qui lui procurent cette souplesse et rapidité dans le mouvement. En<br />

région parisienne, notamment, l'automobile à certaines heures de la journée devient immobile.<br />

Elle ne semble retrouver sa liberté de circulation qu’après 19 heures.<br />

De l’intermodalité à l’information multimodale<br />

Les effets externes de l'automobile (pollution atmosphérique, sonore, encombrement,<br />

saturation du trafic...) perçus comme autant de nuisances pour le devenir urbain invitent les<br />

collectivités locales et opérateurs des transports à promouvoir de nouvelles politiques en<br />

matière de transport afin de maîtriser les déplacements urbains et de désengorger le centreville.<br />

Les leviers mis à leur disposition sont aujourd’hui bien connus :<br />

• orienter les conducteurs vers des choix modaux et des comportements plus économes<br />

notamment en les encourageant à opter pour les TC<br />

• oeuvrer pour une promotion des transports alternatifs (vélo, marche à pied...).<br />

• et surtout, améliorer la qualité des services offerts par les transports collectifs<br />

dont l’information voyageur est un des axes forts de ce programme.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 9


Le développement de l'offre de transports collectifs, rapides, flexibles, et adaptés aux attentes<br />

de cette clientèle non captive que sont les automobilistes, constitue un préalable<br />

incontournable pour déloger la voiture des centres urbains et rendre ainsi la circulation plus<br />

fluide.<br />

Pour résumer, dans ce contexte de congestion urbaine, l'intermodalité dans le transport de<br />

voyageurs devient donc un enjeu de taille qu’il faut relever pour garantir un « droit au<br />

transport » respectueux de l’environnement urbain. Les oppositions traditionnelles transports<br />

en commun / voitures individuelles font place à des conceptions à travers lesquelles les<br />

opérateurs transports, les urbanistes, la puissance publique... cherchent à inventer des "<br />

systèmes de mobilité " qui puissent articuler les différents modes de transports entre eux. Ces<br />

nouvelles conceptions de services à la mobilité, qui s’appuient notamment sur les<br />

technologies numériques les plus sophistiquées, doivent cependant s'intégrer dans un<br />

dispositif socio-technique relativement contraignant.<br />

Au coeur de ce dispositif, nous traiterons, par exemple, de la question épineuse du<br />

stationnement, point de passage obligé pour effectuer ce changement modal entre la voiture<br />

au profit des TC. Dans cette optique, l’information multimodale 2 devient un des maillons qu’il<br />

convient de renforcer pour répondre de façon adéquate à cet ambitieux projet.<br />

Malheureusement, comme en témoignent de nombreuses études, un certain nombre de<br />

problèmes freinent le processus intermodal parmi lesquels on peut lister :<br />

• Une absence de coordination des autorités organisatrices sur un même<br />

territoire et de liens entre les acteurs du déplacement (aménagement, voirie,<br />

opérateurs transport, acteurs de l’offre de l’information multimodale….),<br />

• Des services d'informations multiples non normalisées,<br />

• et la nécessité d'intégrer le stationnement dans la chaîne du déplacement (...)<br />

De fait, l’information voyageur, générée par un même organisme, ne concerne en règle<br />

générale qu’un seul mode de transport. Cette information, pour devenir représentative<br />

d’une chaîne de déplacement multimodal, devra, comme nous le verrons, fusionner.<br />

Nous reviendrons sur ces questions au cours de notre démonstration.<br />

2<br />

Une définition du concept d’information multimodale pourrait être : « Mise à disposition de toute information utile et<br />

pertinente pour la préparation et l’accomplissement d’un déplacement pouvant être réalisé en utilisant différents modes de<br />

transport de type individuel et collectif »<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 10


Le voyageur inscrit dans l'ordre des choses :<br />

Notre quotidien est fait de mille habitudes insignifiantes, de savoir-faire très ordinaires, de<br />

compétences minuscules auxquels nous n’accordons, le plus souvent, aucune importance tant<br />

ils semblent naturels. Ces habitudes incorporées sont devenues étrangement invisibles. Elles<br />

sont inscrites dans notre chair 3 et dans la matérialité des objets techniques 4 qui encadrent nos<br />

pratiques. Elles guident nos pas, nous permettant ainsi de nous déplacer sans même y penser.<br />

Pourtant, il suffit qu’une panne, un oubli ou un accident survienne pour que, soudain,<br />

nous basculions dans l’incertitude et le doute. Ces moments de rupture qui brisent la<br />

« chaîne matricielle » du quotidien brouillent nos repères et déstabilisent nos appuis. En<br />

situation de crise, « l’ordre des choses », pourrait-on dire, ne va plus de soi. Lorsque de telles<br />

situations se produisent, nous sommes face à l’obligation de « reprendre la main », de<br />

mobiliser des ressources cognitives nouvelles, d’opérer un détour réflexif pour construire des<br />

plans d’action de rechange.<br />

Mais, la panique ou la peur bloque parfois notre capacité à recomposer de tels plans pour faire<br />

face à l’urgence 5 . Ces situations de panne ou de crise soulignent l’importance de ces microssavoirs<br />

qui font tenir notre quotidien et révèlent les compétences cognitives mobilisées par les<br />

personnes pour construire des plans d’action d’urgence. Cette réflexion théorique, issue de la<br />

sociologie des sciences et des techniques et de l’anthropologie cognitive, nous servira de<br />

cadre d’analyse pour saisir les styles de déplacement des voyageurs en situation de<br />

perturbation :<br />

Quelles ressources cognitives les voyageurs mobilisent-ils en situation<br />

perturbée (grève, interruption du trafic, accident) pour recomposer leur<br />

déplacement ?<br />

Quelles tactiques déploient-ils pour faire face à la « crise » ?<br />

Quels objets et quels savoir-faire mobilisent-ils au quotidien ou en situation<br />

perturbée pour construire et réajuster le programme de leur déplacement ?<br />

3<br />

L. Wacquant, « Corps et âmes. Notes ethnographiques d’un apprenti-boxeur », Actes de la recherche en sciences sociales,<br />

n° 80, 1989.<br />

4<br />

B. Latour, « Une sociologie sans objet ? Remarques sur l’interobjectivité », Sociologie du travail, n° 4, 1994.<br />

5 D. Boullier et S. Chevrier, « L’urgence domestiquée : comptes rendus et équipement distribué chez les sapeurs-pompiers »,<br />

in F. Ascher et F. Godard, Modernité : la nouvelle carte du temps, Paris : Aube, 2003.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 11


Sur les traces du voyageur<br />

Pour répondre à ces questions, tels des détectives soucieux du détail, nous avons « pisté » 6 , durant<br />

plusieurs mois, plus de 60 personnes 7 (30 TC – 30 VL) afin de saisir leurs pratiques de déplacement<br />

tant en situation ordinaire qu’en situation de crise (simulation de grèves du réseau, accident, retour des<br />

vacances…).<br />

Après cette période de discrète filature, certains de ces automobilistes ont été invités à se soumettre<br />

à un test grandeur nature qui prenait la forme d'un jeu de piste. Notre objectif était de simuler des<br />

perturbations sur le réseau autoroutier pour saisir leurs comportements et les besoins en terme<br />

d’information.<br />

Depuis leur domicile à Noisy-Le-Grand, ils devaient rejoindre par leurs propres moyens une<br />

destination inconnue (Vous devez vous rendre à la CAF, rue Nationale, vous disposez de 45<br />

minutes. Bonne chance !). Sur le chemin, nous simulions des perturbations sur le réseau afin<br />

de mesurer leur capacité d’adaptation en situation de crise. Nous cherchions également à<br />

mesurer les raisons « objectives » et « subjectives » qui les freinaient pour basculer vers les<br />

TC. Pour obtenir de plus amples informations sur le protocole des enquêtes de terrain, nous<br />

invitons le lecteur à consulter la fiche « terrain » située en annexe de ce document.<br />

Des centres d’intérêts communément partagés<br />

L’examen de ces pratiques de déplacement nous a permis d’identifier plusieurs styles de<br />

navigation construits comme des idéaux types au sens weberien du terme. Nous avons ensuite<br />

relevé les similitudes comportementales entre l’univers des TC et l’univers de l’automobile.<br />

Ce sont ces points de convergence qu’il convient de bien définir et de faire ressortir pour<br />

construire une information multimodale qui s’adresse tant aux usagers captifs des TC qu’aux<br />

automobilistes exténués par les problèmes de circulation. En effet, « ces points de<br />

convergence » devront se transformer en « centres d’intérêts communément partagés » à partir<br />

desquels de nouveaux services à la mobilité pourront être inventés.<br />

6 Nous invitons le lecteur à consulter, en annexe, la fiche “protocole d’observation” pour obtenir des informations détaillées<br />

sur la passation des entretiens et la grille d’observation.<br />

7 La liste des personnes interviewées figure également en annexe.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 12


En résumé,<br />

Notre objectif, dans cette étude, consistera à définir les propriétés informationnelles d’un<br />

support d’aide à la navigation – le boîtier « MobilUrb » - qui, en situation de crise, doit se<br />

transformer en outil d’aide à la décision. Pour répondre adéquatement à cet objectif, nous<br />

devrons définir :<br />

- les styles de navigation tant des automobilistes que des voyageurs TC.<br />

- les compétences cognitives et les ressources (matérielles et immatérielles) que le<br />

voyageur mobilise, qu’il a déjà incorporées pour construire son déplacement tant en situation<br />

ordinaire qu’en situation perturbée.<br />

- la chaîne matricielle propre à l'information multimodale qui repose sur des dispositifs<br />

socio-techniques (parkings d'échange, pôles d'échange, tarifications incitatives...) mais aussi<br />

sur des conventions communément partagées.<br />

Il nous faudra identifier et répertorier les points de convergence entre l’univers des<br />

automobilistes et l’univers de TC qu’il conviendra de traduire en terme de « suite<br />

servicielle » 8 et de « services à la mobilité » pour faire en sorte que ce boîtier devienne un<br />

« faciliteur » de l'intermodalité.<br />

8 Terme du Groupe Chronos.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 13


En résumé, notre démonstration se structurera autour de 4 parties :<br />

1- Définition de l'information multimodale :<br />

Dans ce chapitre construit comme un préambule, nous définirons ce que nous entendons par<br />

information multimodale et décrirons les maillons d’une chaîne de mobilité. Nous<br />

effectuerons également un état de l’art non exhaustif des systèmes d’aide qu’il convient de<br />

mettre en synergie pour assurer une véritable convergence informationnelle.<br />

2- Le voyageur dans tous ses états :<br />

Dans cette partie qui constitue le coeur de notre démonstration, notre objectif consistera à identifier les<br />

différents styles de navigation des voyageurs en situation de perturbation. Cette typologie des<br />

voyageurs n’est volontairement pas construite sur les catégories sociales (âge, sexe, CSP)<br />

habituellement utilisées dans le domaine du transport, mais bien sur les capacités cognitives de la<br />

personne placée en situation perturbée. Comme nous le verrons, ces « styles de navigation » ne sont<br />

pas homogènes. Des disparités prononcées apparaissent entre les différents profils de voyageur, entre<br />

les différents modes.<br />

A travers le récit de brèves histoires construites à partir des données issues de nos observations in situ,<br />

nous tenterons de rendre compte des disparités en mettant en scène ces profils voyageurs que nous<br />

avons suivis à la trace tant sur le réseau autoroutier que sur le réseau TC. Ainsi, nous tenterons de<br />

répondre à un certain nombre d’interrogations qui ont guidé notre démarche de terrain.<br />

• Quelles sont les motivations qui justifient l’usage de la voiture au détriment<br />

des TC ?<br />

• Quels types de services à la mobilité inventer pour répondre aux attentes des<br />

voyageurs TC et encourager les automobilistes à jouer le jeu de<br />

l’intermodalité ?<br />

3- Emotion et prise de décision en situation de conduite :<br />

Dans ce troisième chapitre, nous nous intéresserons aux régimes d’action qui gouvernent la<br />

conduite automobile en situation perturbée. En effet, pour construire son itinéraire et ajuster<br />

son plan d’action en contexte, l’automobiliste mobilise différentes ressources cognitives qui<br />

sont soit incorporées (les habitudes, les routines…), soit matérialisées dans des outils qu’il<br />

embarque avec lui (un plan du réseau, un guide de Paris…), soit distribuées dans<br />

l’environnement immédiat (la signalétique, un pont, un monument - repère…).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 14


La manière de combiner ces supports et ces ressources (incorporées, distribuées dans les<br />

« objets sur soi » et l'environnement) définit un style de navigation. Cependant, en situation<br />

perturbée, ces outils d’aide à la navigation, ces ressources cognitives et informationnelles,<br />

comme nous le verrons, ne fonctionnent plus. Très vite, le voyageur, victime du stress que<br />

génère ce genre de situation, peut souffrir de saturation cognitive, de désorientation,<br />

d'enfermement dans un plan- programme qui n’est plus adapté à la situation...<br />

Cette dimension « opérationnelle » et « émotionnelle » du voyage nous semble essentielle<br />

à saisir. Elle nous permettra de qualifier les régimes d’action du voyageur en situation<br />

perturbée et d'imaginer des dispositifs pour lui permettre de ne plus être sous l'emprise du<br />

réseau c'est- à- dire de « prendre de la hauteur », « de la distance » par rapport au contexte<br />

« pour y voir plus clair ». Ce constat nous conduira à définir le boîtier « MobilUrb » comme<br />

une prothèse optique qui permet de clarifier une situation, de poser un diagnostic et de sortir<br />

d'un climat d’anomie informationnelle pour pouvoir prendre une décision.<br />

4- Les propriétés informationnelles du support<br />

Enfin, outre les questions propres à l'ergonomie du support, dans cette ultime chapitre, nous<br />

mènerons une réflexion sur la notion de cartographie (interactive, cognitive et sémantique) en<br />

insistant sur le concept d'épuration informationnelle, de convention informationnelle qui<br />

permet, respectivement, de s’émanciper du contexte et de créer un pont sémantique entre<br />

l'univers TC et l’univers VL.<br />

Structure du rapport :<br />

Les chapitres sont systématiquement illustrés par des extraits d’entretiens issus de<br />

nos observation de terrain.<br />

Chaque chapitre est également accompagné de fiches : fiche “Synthèse” et “fiche<br />

proposition” qui ont des vertus opératoires.<br />

Le triptyque Corps – Objets – Environnement :<br />

Cette dernière décennie, les sciences cognitives ont témoigné de l'essor de nouvelles démarches<br />

théoriques, qui élargissent la notion du sujet cognitif pour prendre en compte de nouveaux rapports<br />

entre cognition, perception, action et "outils". Nous pouvons citer les travaux sur la cognition située<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 15


de Lave et Suchman, la cognition distribuée de Hutchins, la théorie des réseaux socio-techniques<br />

de Callon et Latour... Notre analyse sur les comportements des voyageur en train de réaliser un<br />

parcours et en quête d'informations pour s'orienter dans les dédales du réseau s'inspire de ces courants<br />

de pensée.<br />

Cadre d’analyse : le tryptique Corps – Objets embarqués - Environnement<br />

Dans la pratique, trois dimensions structurent notre cadre d'observation :<br />

le corps du voyageur qui manifeste des savoir-faire qu'il a incorporés au fil du temps<br />

et des émotions perceptibles à travers les postures comportementales, l'état de stress,<br />

de désorientation...<br />

les objets que le voyageur manipule en situation pour s'orienter, poser un diagnostic,<br />

élaborer des choix en fonction des champs du possible.<br />

l'environnement urbain qui est le réceptacle de nombreuses ressources<br />

informationnelles qui fonctionnent comme des invitations à agir (affordances).<br />

Nous pouvons schématiser ainsi notre grille analytique :<br />

Cadre d’analyse en trois dimensions : corps – objets embarqués (artefacts) -<br />

Artefacts<br />

environnement<br />

Savoir faire<br />

Posture corporelles<br />

Comportements<br />

Style...<br />

Le corps<br />

AJUSTEMENT<br />

du voyageur<br />

Parcours<br />

d’action<br />

Environnement<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 16


Chapitre I<br />

Information multimodale et chaîne de mobilité<br />

Les temps changent : vers la chronomobilité 9<br />

• Dé-synchronisation des pratiques :<br />

L’individualisation des rythmes de vie, la tertiairisation de l’économie, la croissance des<br />

emplois atypiques, la réduction du temps de travail et plus généralement des temps contraints,<br />

l’augmentation du temps libre... entraînent une désynchronisation des temps de la vie quotidienne<br />

comme le constatent de nombreux observateurs de la vie sociale 10 .<br />

N'est ce pas ce que cette personne interviewée essaye de nous dire :<br />

• Tous les jours ne sont pas équivalents. C’est à dire que le vendredi par exemple, je pense que les<br />

gens prennent plus leur bagnole. Mais maintenant, c'est même plus vrai avec les 35 heures. Avec<br />

les 35 heures, les gens sortent plus tôt le vendredi souvent. Tu sais avec les 35 heures tout çà !<br />

Ceci dit ça devient de plus en plus difficile d’anticiper et de prévoir, tout du moins en semaine de<br />

se dire bon et bien çà, c’est un horaire où ça va bien se passer.<br />

Ce phénomène engendre une préoccupation générale pour rationaliser le temps, c’est-à-dire que<br />

les citadins recherchent constamment à économiser leur temps pour l’utiliser ensuite au moment<br />

réellement désiré. Par ailleurs, ce phénomène génère une aspiration globale à « rester connecté »<br />

de façon permanente tout en conservant la liberté de « se débrancher » à tout instant. Quel que soit<br />

l’endroit où l’individu se trouve, il souhaite avoir la possibilité d’ intervenir à distance et<br />

éventuellement de changer de programmes d’activités à la dernière minute selon les impératifs, les<br />

opportunités ou les désirs du moment. Toutes ces évolutions ont largement contribué à<br />

l’évolution des pratiques de mobilité et posent de nouveaux enjeux dans la gestion des<br />

déplacements urbains.<br />

Ces mutations profondes de la société agissent donc sur la chronomobilité des individus qui<br />

souhaitent s’équiper d’outils pour rationaliser cette denrée devenue rare : le temps.<br />

9<br />

Nous tenions sincèrement à remercier Bruno Marzloff pour son travail de veille réalisé sur la Chronomobilité. Ce chapitre<br />

est directement inspiré de ces réflexions et des échanges, toujours stimulants, que nous avons pu réaliser avec lui lors de nos<br />

rencontres.<br />

10<br />

Pour obtenir des illustrations concretes, nous invitons le lecteur à se rendre sur le site groupechronos.org<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 17


L’explosion des portables (téléphone, PDA, ordinateur...) répond à ce besoin<br />

d'individualisation et de re-synchronisation des temps de la vie. L'information multimodale<br />

s'inscrit également dans ce processus à l'oeuvre. Elle se donne pour objectif d’optimiser les<br />

trajectoires des voyageurs et d’ordonner ces nouvelles formes de mobilité disparates,<br />

anarchiques actuellement en gestation sur le territoire urbain structuré par ces nouvelles<br />

formes de chronomobilité des citadins - voyageurs.<br />

La figure protéiforme du voyageur – citadin :<br />

Parallèlement, on voit émerger une nouvelle figure du voyageur : celle du citadin multimodal.<br />

L’idée, derrière ce concept, est d’encourager le citadin à utiliser un mode de transport adapté au<br />

trajet qu’il souhaite effectuer et qui réponde à une logique de transport durable (c’est-à-dire qui<br />

prenne en compte les nécessités de l’environnement et garantisse la pérennité des activités de<br />

transport à un coût économiquement et socialement acceptable). L'autre idée est de sortir de cette<br />

vision unilatérale du voyage. Idéalement, l’usager d’un transport est présenté dans de nombreux<br />

rapports de recherche prospective comme un usager d’autres transports ; il est aussi un<br />

citoyen, un usager de la ville nous précise t-on. Il est en même temps un consommateur, un<br />

piéton, un salarié, un lecteur, un auditeur, le membre d’une famille, de groupes sociaux, etc.<br />

Le voyageur se caractérise donc par ces couches identitaires qui se superposent, se<br />

combinent à l'image de ces figurines en forme de poupées russes. Par voie de<br />

conséquence, la mobilité se conjugue au pluriel. Lors de son déplacement, le voyageur<br />

jongle et combine ces figures de l’utilisateur – habitant – citoyen - consommateur comme en<br />

témoignent les objets qu’il mobilise pendant le voyage et les changements de régimes, de<br />

comportements qu’il opère. Ces trajets et le choix du mode de transport fluctuent également<br />

en fonction de ses humeurs, des intempéries, de ses activités…<br />

Le temps du transport n’est pas une parenthèse, un fragment du temps en apesanteur, un<br />

temps mort. Le temps du transport s’inscrit dans un continuum au sein duquel de<br />

multiples activités s’enchaînent : lecture, recherche d’information, achat, téléphone,<br />

contemplation… L'information délivrée aux voyageurs doit embrasser l'étendue de ces<br />

univers de pratique en inventant de nouveaux services à la mobilité qui viendraient<br />

agrémenter le voyage. On parle aujourd’hui d’”infotainment”.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 18


Les outils de synchronisation :<br />

Enfin, le voyageur est déjà détenteur d’outils qui lui permettent de synchroniser l’information,<br />

d’être en prise avec son environnement. Ces objets (carte, plan, téléphone portable, montre…)<br />

se superposent, se synchronisent pour certains à d’autres terminaux, fixes ou nomades,<br />

publics ou privés. C’est par exemple la synchronisation du Palm qu’on charge – chez soi, au<br />

travail– avec les horaires des transports comme des programmes de cinéma, des carnets<br />

d’adresses, de l’agenda, etc… C’est aussi les pré-selections de l’autoradio (FIP, Inforoute…)<br />

qui nous permettent par une simple action d’être informés sur l’état du trafic. C’est<br />

également les sites Internet recensés dans nos favoris (montrajet.com ; bisonfuté.fr…)<br />

que les voyageurs consultent pour préparer leurs itinéraires.<br />

Comme nous le verrons au fil de notre démonstration, cette réflexion sur la synchronisation<br />

des objets nous interroge sur la notion de convergence informationnelle, de compatibilité<br />

des supports d’information, et en creux sur l’anomie informationnelle et la surcharge<br />

informationnelle.<br />

L’ information multimodale, qui s'inscrit dans cette idéologie de la « mobilité durable » et de la<br />

«mobilité à géomérie variable », répond bien aux nouveaux comportements et besoins de<br />

mobilité. Un système d’information multimodale performant apporterait une réponse à cette<br />

nouvelle aspiration de mieux se déplacer dans nos villes (qui souffrent d'engorgement et<br />

d'asphyxie). Cette réflexion est aussi un moyen d'identifier de nouveaux besoins plus en<br />

adéquation avec nos modes de vie.<br />

A cette perspective politique s'ajoutent des revendications plus opératoires :<br />

Aujourd’hui, nous dit Bruno Marzloff du Groupe Chronos, « les voyageurs ne se contentent<br />

plus d’un tracé d’itinéraire théorique. Ils attendent une information en temps réel,<br />

circonstanciée et le cas échéant, l’itinéraire alternatif qui contournera le bouchon, palliera le<br />

retard, suggérera une inflexion au fil du parcours, etc. Dans ce contexte, le jeu des<br />

informations ne cesse de s’élargir : temps de parcours, horaires, conditions de trafic et<br />

retards éventuels des transports en commun (trains, avions, transports urbains et<br />

interurbains), le coût, le tarif et les conditions du déplacement, mais aussi les accessibilités<br />

(aux hôtels, aux stations-service, aux cinémas, aux restaurants…). Bref, les itinérants du<br />

quotidien veulent se donner les moyens de préparer au mieux leur parcours, de les planifier et<br />

d’organiser au sein et autour de leur emploi du temps. Pour y répondre, les opérateurs de<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 19


transports mettent en place des systèmes d'informations – en théorique et parfois en temps<br />

réel. Ces dispositifs jouent des formats et des supports en fonction des localisations, des<br />

modes de transport et des technologies personnelles fixes ou mobiles (serveurs vocaux, SMS,<br />

Internet fixe, Wap, i-mode, Gallery… ; sur PC, moniteurs de voiture, bornes, mobiles, PDA,<br />

etc.). Pour en faciliter la pratique et en accélérer l’usage, les techniques de customisation,<br />

voire de personnalisation des technologies sont mises à contribution. C’est au premier chef le<br />

téléphone mobile, maintenant massifié, qui est visé. »<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 20


Les enjeux de l'information multimodale<br />

Plus concrètement, le rôle des systèmes d’information multimodale est de mettre à disposition<br />

toute l’information utile et pertinente pour la préparation et l’accomplissement d’un déplacement<br />

pouvant être réalisé en utilisant différents modes de transport individuel et collectif. La mise à<br />

disposition d’une information multimodale suit donc deux objectifs centraux :<br />

D’ une part, elle vise à améliorer le confort des déplacements en réduisant l’incertitude<br />

des usagers (sur les itinéraires, les modes de déplacements envisageables, la durée et le<br />

coût selon le mode utilisé) et en diminuant les temps de déplacements.<br />

D’ autre part, elle peut avoir pour objectif d’orienter le comportement des usagers au<br />

bénéfice d’une utilisation optimale des infrastructures et d’une réduction des effets<br />

externes.<br />

Effectivement, les voyageurs souhaitent obtenir des informations en amont pour planifier<br />

leurs déplacements et pendant le trajet pour pallier aux imprévus, s’ajuster en temps réel aux<br />

perturbations du réseau, modifier à la dernière minute un parcours pour rejoindre un ami...<br />

comme en attestent ces extraits d’entretiens :<br />

• Quand je travaillais à la RATP, il y avait quelque chose que je trouvais extrêmement<br />

pratique qu’était le site Siel. Ce programme donnait les informations d’une part sur les<br />

arrivées en gare des R.E.R., et d’autre part sur les éventuelles perturbations du trafic. Et ça,<br />

c’est quelque chose que malheureusement je n’ai pas pu retrouver parce que j’ai évidemment<br />

plus accès à l’Intranet de la RATP. C’est un service que je n’ai pas pu retrouver sur<br />

Internet, et ça je trouve ça dommage parce que c’était vraiment une information que je<br />

trouvais très précieuse et je consultais çà, systématiquement avant de partir le soir. (…)<br />

Pendant le trajet, le voyageur souhaite également obtenir des ressources informationnelles<br />

pour ré-ajuster son itinéraire en temps réel, être rassuré sur le temps d’attente, la direction<br />

qu'il entend suivre, etc. ou encore, être averti et réorienté en cas de perturbation.<br />

Et pour les métros par exemple, est ce que vous auriez apprécié qu’on vous livre une<br />

information en temps réel, sur une situation perturbée pour justement vous permettre<br />

d’anticiper.<br />

• Oui, je crois c’est vraiment une très bonne idée s’il y avait un moyen de, par exemple sur un site<br />

Internet d’écrire son trajet quotidien et puis de s’abonner à un système d’information par SMS par<br />

exemple qui vous direz attention dans l’heure ou vous prenez, sur les lignes que vous prenez, il y a un<br />

problème, et veuillez au moins d’en tenir compte. Et c’est d’autant plus intéressant que des fois c’est<br />

un peu pénible entre guillemets d’arriver à la gare et de s’apercevoir qu’il n’y a aucun train alors<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 21


qu’on aurait peut-être pu partir avec un collègue. Vous voyez, plus tôt on a l’info et mieux on est<br />

capable de gérer le truc. C’est vrai que se serait une bonne idée d’être informé par SMS.<br />

• Je crois que la première chose, c’est être alerté le plus tôt possible des modifications du réseau, en fait<br />

de l’état du réseau. Donc je dirais que le voyage commence avant la gare. Donc les formes il n’y en a<br />

pas des masses. C’est à dire soit, donc on reste dans des moyens technologiques à distance donc c’est<br />

soit Internet. Internet on peut imaginer différents moyens c’est soit un site qui présente, mais c’est déjà<br />

le cas. On ne pense pas si vous voulez lorsqu’on va prendre le RER pour rentrer chez nous le soir, on<br />

pense pas aller sur le site voir si le réseau est saturé ou s’il y a un problème. Donc il faudrait plutôt<br />

privilégier les solutions de, enfin ce qu’on appelle chez nous du « Push» donc envoyer les<br />

informations vers des gens qui seraient abonnés à ce service là, ça peut être par mail tout<br />

simplement.<br />

Pour résumer, le concept d’information multimodale est de proposer le mode optimal de transport pour<br />

réaliser le déplacement souhaité, d’une part, et d’aider à la réalisation du déplacement, d’autre part.<br />

Son objectif est double :<br />

Eclairer le choix modal : proposer l’offre globale de tous les modes de transport sur<br />

un déplacement donné à partir d’adresse origine – destination<br />

Optimiser l’usage des réseaux et accompagner les changements de<br />

comportement.<br />

Sur un plan opérationnel, les SIM (Systèmes d'Information Multimodale) auront d’autant plus<br />

tendance à entraîner des changements de comportements que les informations sur les<br />

différentes possibilités de déplacement seront fiables, compréhensibles et précises. Nous<br />

reviendrons plus en détail sur la nature et les propriétés du message qu'il convient de délivrer<br />

aux voyageurs en situation de déplacement dans notre dernier chapitre.<br />

Enfin, il ne suffit pas d’informer un voyageur sur les perturbations du réseau qu’il souhaite<br />

emprunter, il faut également lui proposer simultanément une autre solution de déplacement et<br />

lui fournir à ce sujet des indications précises. De plus, comme nous le verrons plus amplement<br />

dans le dernier chapitre, les informations devront être personnalisées (en fonction des besoins<br />

et des préférences des voyageurs), adaptées (en fonction du contexte), dynamiques (prise en<br />

compte des perturbations éventuelles pouvant survenir sur les réseaux), rapidement<br />

disponibles (réactivité au contexte de crise).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 22


La chaîne informationnelle<br />

La chaîne de l’information repose sur un long processus de mise en forme et de restitution<br />

de l'information qui se décline ainsi :<br />

Le recueil et le traitement des données : l'exemple de la centrale de mobilité.<br />

Deux types de données intéressent les opérateurs transports pour construire l'offre<br />

multimodale :<br />

- les données de « référence » (dite théorique) qui ont une certaine pérennité.<br />

- les données « dynamiques » qui offrent une mise à jour « en direct ».<br />

Les données sont traitées et gérées par des systèmes de gestion informatique et stockées dans<br />

des bases de données et des Systèmes d’Informations Géographiques : les SIG 11 . Cependant,<br />

encore aujourd'hui, elles demeurent largement monomodales en raison du manque de<br />

coordination des acteurs de l’offre (Autorité organisatrice, opérateurs privés enfermés dans<br />

des logiques concurrentielles…). Or, nous prévient G. Scemama de l'INRETS, le changement<br />

modal n’est possible qu’à deux conditions :<br />

• Il faut d’abord pouvoir réaliser une fusion des données statiques relatives à la<br />

description des réseaux de transport pour aboutir à un modèle générique qui assure la<br />

compatibilité et la navigabilité des diverses représentations au niveau des réseaux de<br />

transport pour la Voiture Particulière (VP) et le Transport Collectif (TC). C’est<br />

l’objectif des travaux de recherche conduits par l’INRETS-GRETIA dans le cadre du<br />

projet SITP-VP (Système d’Information pour le Transport Public et la Voiture<br />

Particulière), financé par la Direction des Transports Terrestres.<br />

• Il faut ensuite pouvoir faire échanger et intégrer (ie fusionner) les données<br />

dynamiques, continues et évènementielles. Or ces données ont des cycles d’acquisition<br />

désynchronisés, des référentiels de localisation différents et elles ont trait à des modes<br />

11 Th. Joliveau, “Les Système d’Information géographique pour gérer les territoires et l’environnement” in Revue de<br />

Géographie de Lyon N°71 (2/96), pp. 101-110.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 23


de transport variables, ce qui pose des problèmes d’intégration temporelle, spatiale et<br />

modale.<br />

Nous voyons, aujourd’hui, apparaître des tentatives de mise en place d’expérimentation de<br />

plate-forme d'échange entre opérateurs transports et acteurs de l'offre d'informations<br />

multimodales qu’il convient, nous semble t-il, d’encourager. Ce sont par exemple les<br />

centrales de mobilité 12 qui ont pour mission de créer de nouvelles synergies<br />

informationnelles. Plus concrètement, le rôle d'une centrale d'information consiste à :<br />

Recenser l’ensemble des données disponibles chez les partenaires ;<br />

Élaborer « l’information » à partir de ces données ;<br />

Assurer la fiabilité et la qualité de cette information ;<br />

Vérifier la cohérence des informations provenant des différents réseaux ;<br />

Mettre à disposition des organes de diffusion de cette information ;<br />

S’assurer de la bonne diffusion de cette information.<br />

L’élaboration et la mise en forme de l’information<br />

L’information 13 transmise aux voyageurs relève d'un long processus de formatage pour<br />

qu’elle puisse être compréhensible et surtout compatible avec les autres supports de diffusion.<br />

Théoriquement, elle se distribue sous trois formats : Les informations dites «théoriques»<br />

tels que la carte du réseau, les tracés de lignes T.C., les itinéraires, les horaires et temps de<br />

parcours théoriques... Les informations dites “évènementielles” qui reprennent les<br />

événements prévus et programmés tels que les travaux, les chantiers, les suppressions de<br />

service... Les informations dites «dynamiques» reposent essentiellement sur les horaires et<br />

les temps de parcours en temps réel..., mais également sur les itinéraires, l’offre de<br />

substitution en cas de perturbation T.C. ou V.P...<br />

12 Nous pourrions également citer l'exemple de l'association AMIVIF (Association multimodale d’information des voyageurs<br />

en Ile-de-France) est une association entre deux grands partenaires de transports : OPTILE (réunion de tous les transporteurs<br />

routiers d’Ile-de-France hors RATP) et la SNCF d’Ile-de-France. L’objectif de cette association est de créer un système<br />

d’information permettant aux usagers des transports en commun d’Ile-de-France de bien préparer leur déplacement. Ce<br />

système d’information a été baptisé « transport-idf.com ».<br />

13 Théoriquement, elle se distribue sous deux formats : Les informations dites «théoriques» tels que la carte du réseau, les<br />

tracés de lignes T.C., les itinéraires, les horaires et temps de parcours théoriques... Les informations dites «dynamiques»<br />

reposent essentiellement sur les horaires et les temps de parcours en temps réel..., mais également sur les itinéraires, l’offre de<br />

substitution en cas de perturbation T.C. ou V.P...<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 24


La décomposition de la chaîne informationnelle montre l'étendue du dispositif qui permet de<br />

mettre en forme un contenu et de le diffuser largement. Pour notre part, sans écarter<br />

l'ensemble des paliers de cette mise en forme de l'information, nous nous concentrerons<br />

prioritairement sur les questions de diffusion (format de l'information et propriétés du<br />

support) et de réappropriation (valeur d'usage). En effet, nous nous intéresserons<br />

principalement aux réactions des voyageurs face à l'information qui est délivrée via de<br />

nombreux supports qu'il convient de présenter succinctement.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 25


Les système d'aide à la navigation des voyageurs<br />

Il existe actuellement sur le marché une panoplie de systèmes d'aide à la navigation qui s'articulent<br />

entre eux, se juxtaposent et finissent par former une géographie informationnelle sur laquelle s'ancrent<br />

les pratiques du voyageur. Nous pouvons classifier ces sytèmes d'information « voyageur » en croisant<br />

2 axes : (voir schéma ci-après)<br />

L'axe horizontal permet de dissocier les supports collectifs et les supports individuels qui ne<br />

visent pas les mêmes perrformances.<br />

Les supports collectifs se distribuent dans l'environnement immédiat du voyageur. Ils jalonnent,<br />

encadrent son parcours et fonctionnent comme des « attracteurs cognitifs » qui lui permettent de<br />

« faire le point » sur l'itinéraire à suivre. Ces supports d'information sont généralement installés<br />

dans des lieux de passage « à portée de vue » : une entrée d'autoroute, sur un quai de métro... Les<br />

supports collectif répondent prioritairement à un critère de visibilité et de lisibilité. Le message<br />

délivré doit être universel c'est à dire compréhensible par tous les voyageurs.<br />

Les supports individuels sont des outils d'aide à la navigation que le voyageur peut consulter en<br />

situation de déplacement, au fil de son parcours. Il peut donc les embarquer avec lui (information à<br />

« portée de main ») et si necessaire les personnaliser. Ces supports sont, par définition, des outils<br />

nomades qui répondent prioritairement à des critères de mobilité (portabilité, autonomie,<br />

légèreté...)<br />

L'axe vertical nous permet de qualifier les systèmes d'aide à la navigation en fonction de leurs<br />

propriétés informationnelles. La matérialité du support conditionne la transmission du message et<br />

définit sa nature. Nous distinguerons les supports numériques dont l'information peut être rafraîchie<br />

en temps réel et les supports graphiques qui délivrent une information « statique » et « théorique ».<br />

les supports numériques délivrent, en raison de son format, une information qui est convertible,<br />

superposable, instantanée... D'un simple clic, les acteurs de l'offre peuvent l'actualiser, les<br />

utilisateurs peuvent la supprimer, l'ignorer, la reconfigurer... Ces « datas » informationnels sont<br />

donc malléables, compressibles...<br />

Les supports graphiques sont au contraire plus rigides. L'information se matérialise durablement<br />

dans le support. Les acteurs de l'offre, pour rendre compte de ce phénomène, parlent d'informations<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 26


« statiques » et « théoriques ». Si l'information risque à terme de devenir périssable, « dépassée »,<br />

elle offre aussi l'avantage de se laisser plus facilement réapproprier par le voyageur en raison de sa<br />

longévité. De nombreux voyageurs ont insisté, par exemple, sur cette difficulté à se défaire de leurs<br />

vieux guides dont ils avaient incorporé les modes d'emploi.<br />

Comme nous pouvons le remarquer, les « services d'information mutimodale » sont diffusés par<br />

différents canaux et supports, et fournissent des services variés. Cette information concerne aussi<br />

bien des calculs d'itinéraires sur le Web ou sur le Minitel, que des affichages ou diffusion d'horaires<br />

(guichet, web, téléphone, panneaux lumineux,...) que des informations sur l'état du trafic transmises<br />

par radio RDS ou sur le web, que des informations sur les tarifs, sur la disponibilité de places de<br />

parking, sur le temps d'attente, ... et ce aussi bien en « théorie » qu'en temps réel.<br />

Nous avons volontairement distingué les systèmes collectifs qui fournissent à l’ensemble des usagers<br />

des informations identiques sur les conditions de circulation dans une zone déterminée (les panneaux à<br />

messages variables, les radios dédiées) et les systèmes individuels qui apportent une aide<br />

personnalisée (ou semi personnalisée) aux voyageurs (Internet via le téléphone portable, les systèmes<br />

de navigation et d’information embarquée, ... ).<br />

A/ Les systèmes d'information collectif<br />

La radio et la télévision :<br />

Les chaînes de radio et de télévision diffusent des « flashs » d’information routière aux heures de<br />

grande écoute. L’information trafic sur les stations de radio généralistes est largement répandue. A<br />

l’heure actuelle, il existe également des radios dédiées à l’information trafic. En France, on peut citer<br />

l’exemple de 107.7 FM. Cette radio iso-fréquence permet à l’automobiliste de recevoir de l’<br />

information adaptée à l’endroit où il se situe ; en particulier de l’information sur l’état du trafic, la<br />

météo… Le développement des applications technologiques du RDS-TMC permet d’améliorer les<br />

services d’information aux voyageurs. Le RDS-TMC rend possible la diffusion d’information ciblée<br />

(localisation précise) en temps réel dans la langue choisie par le voyageur (principe d'universalité).<br />

Les PMV (Panneaux à Messages Variables) :<br />

Les panneaux à messages variables (PMV) placés sur la voirie permettent de donner aux voyageurs<br />

des informations ou des prescriptions variables dans le temps, en fonction notamment des conditions<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 27


de trafic ou des conditions météorologiques. Associés à des outils de gestion centralisée, les PMV<br />

diffusent, sous forme graphique et/ou littérale et en temps réel, des données sur les conditions de<br />

circulation afin d'informer les usagers sur l'état du trafic. Les voyageurs sont implicitement invités à<br />

modifier leurs itinéraires pour optimiser leurs parcours et désengorger le trafic. Dans le domaine des<br />

TC, on peut noter le panneau d’affichage des départs et des arrivées de trains en gare; ainsi que les<br />

panneaux annonçant le temps d’attente en station. Par exemple, le dispositif d'information en temps<br />

réel appelé SIEL pour les modes autobus, métro et RER est en cours de déploiement à la RATP.<br />

Internet<br />

Incontestablement, Internet permet d’avoir une information avant le voyage de plus en plus riche grâce<br />

à des serveurs tels que Sytadin, Citéfutée, et Montrajet en région parisienne ou encore Le pilote à<br />

Marseille. Avec les “véhicules multimedias”, ces services seront accessibles à bord des véhicules et<br />

délivreront une informations routières personnalisées consultable in situ.<br />

B/ Les système d'information « personnalisable » :<br />

Systèmes d’information et de guidage embarqués :<br />

Les systèmes embarqués dans la voiture comprennent notamment les systèmes de guidage<br />

statique (ne prenant pas en compte les perturbations) et de guidage dynamique (les intégrant).<br />

De tels systèmes sont d’ores et déjà commercialisés. Cependant, il reste encore des progrès à<br />

faire en milieu urbain : les systèmes devront être complétés par la transmission d’informations<br />

synthétiques (comme l’état des parkings, par exemple), et (du côté des gestionnaires) la fusion<br />

de données d’origines diverses (recueil terrain et véhicules traceurs) devrait encore faire<br />

l’objet de recherches 14 .<br />

14<br />

Jacques Nouvier, Nouveaux services annexes aux transports liés aux nouvelles technologies : Quelques réflexions sur des<br />

recherches à entreprendre, CERTU<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 28


Le téléphone mobile :<br />

Au-delà de l’ usage classique de liaison entre deux personnes, le téléphone mobile est le support de<br />

nombreux services. Les opérateurs de téléphonie mobile proposent des services personnalisés (en<br />

particulier des services de guidage) et des informations trafic en Ile-de-France via des serveurs<br />

vocaux.<br />

Itinéris propose Sytadin qui est le site d’information multimodale de la Direction Régionale de l’<br />

Equipement d’ Ile-de-France (DREIF).<br />

L'explosion des portables offre donc de nouvelles perspectives en terme de services à la mobilité.<br />

Grâce aux SMS, nous pouvons actuellement être tenu informé de la nature du trafic en temps réel.<br />

Cette information, délivrée sur le mobile, offre l'avantage d'être consultable en mouvement et d'être<br />

personnalisable.<br />

Le SMS : l'exemple de la Ratp.<br />

Pour aider les Franciliens à mieux gérer leurs déplacements, la RATP a lancé Paristrafic, un service<br />

personnalisé d'information et d'aide à la mobilité. Ce service est soumis à l'obligation de posséder un<br />

téléphone portable car les messages d'alerte sont diffusés sous forme de SMS. Lorsqu'une perturbation<br />

(supérieure à 15 minutes) se produit sur l'une des cinq lignes sélectionnées par l'abonné, la RATP<br />

envoie un message indiquant la nature de la perturbation, le suivi et le rétablissement du trafic. Les<br />

usagers sélectionnent les jours pendant lesquels ils souhaitent être informés. Pour accéder à ce service<br />

payant, il faut s'abonner soit par Minitel en tapant le 3617 Paristrafic (le prix est fonction du temps de<br />

connexion) ou par Internet (citefutee.com). Le service fonctionne de 6 heures à 21 heures et 7 jours sur<br />

7.<br />

Sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons dresser un schéma qui évoque l’étendue du<br />

champ de rayonnement des systèmes d’aide aux voyageurs qu’il convient d’harmoniser et de<br />

rendre compatible pour les synchroniser et créer de nouvelles synergies informationnelles :<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 29


Synergie informationnelle des systèmes d’aide.<br />

PMV Support<br />

numérique<br />

Palm<br />

Support<br />

collectif<br />

Plan<br />

réseau<br />

métro<br />

Les mailing list<br />

aux<br />

établissements (1)<br />

Plan<br />

lumineux<br />

interactif<br />

Carte multimodale<br />

simplifiée : parcours<br />

comparatifs<br />

Système<br />

d’aide aux<br />

voyageurs<br />

Support<br />

graphique<br />

Les SMS<br />

personnalisés avec<br />

fonction de mise en<br />

veille.<br />

Téléphone<br />

Portable<br />

SMS / GPS<br />

Appel d’urgence<br />

inscrit sur la carte<br />

de l’abonné<br />

Support<br />

individuel<br />

Plan de<br />

poche<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 30


Conclusion : Vers une synergie informationnelle.<br />

La RATP a pour ambition de proposer aujourd'hui des services personnalisés qui entendent créer de<br />

nouvelles synergies informationnelles en croisant des supports d'information que le numérique permet<br />

aujourd'hui de faire converger :<br />

« Le portail s'articule autour de quatre sites et quatre grands services clés plus ou moins transversaux.<br />

Citéfutée.com informe sur l'état du trafic et sur les meilleurs moyens de se déplacer, quel que soit le<br />

mode de transport choisi. Le client a alors un accès permanent à une information multimodale<br />

personnalisée et en temps réel grâce notamment au système d'information SIEL. A côté de ce type<br />

d'information, la RATP a fait appel à de plusieurs partenaires tels qu'Allociné afin d'offrir à ses<br />

visiteurs diverses informations relatives aux loisirs et à la qualité de vie. »<br />

Cet exemple nous semble intéressant à suivre car il repose sur deux concepts qui nous semblent au<br />

fondement de l'information multimodale : le concept de chaîne informationnelle qui repose sur<br />

principe de convergence informationnelle et celui de « suite servicielle » qui nous permet de<br />

construire une offre de services qui repose sur des univers de pratique effectifs.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 31


Gare aux places : le stationnement, un maillon faible dans la chaîne multimodale<br />

Pour faciliter le passage de la VL aux TC, il nous semble indispensable que la question des parkings<br />

d’échange soit pleinement intégrée dans la problématique de l’information multimodale. Cette<br />

question du stationnement, comme nous l’avons évoqué en introduction, constitue l’un des maillons<br />

faibles dans cette chaîne de mobilité des voyageurs.<br />

Lors de la passation des scénarios « simulation de perturbations », nous invitions les panélistes à se<br />

rendre à un point précis qu'ils découvraient à la lecture de la consigne écrite sous forme de « jeu de<br />

piste » : Bonjour, vous devez vous rendre à la CAF, rue Nationale. Vous disposez de 45 minutes à<br />

partir de cette instant. Bonne chance. ».<br />

Au fil du parcours qui s'effectuait en voiture, nous simulions des perturbations pour inviter le<br />

conducteur à se brancher sur les transports collectifs. Pour atteindre cette objectif, les conducteurs<br />

devaient, bien entendu, au préalable, garer leurs véhicules. Le stationnement a été considéré par<br />

l’ensemble des panélistes (sans exception) comme un point extrêmement critique qui finissait par les<br />

dissuader de jouer la carte multimodale. Ecoutons quelques extraits de nos échanges :<br />

• Le problème, c’est la gestion de l’incertitude. Parce que plus je multiplie les modes de transport,<br />

plus il me faut les articuler les uns avec les autres. (…) Effectivement, on pourrait imaginer que<br />

l’automobiliste recoive un message sur son terminal du type : « il vaudrait mieux laisser votre<br />

voiture à Bercy, au parking d’échange et emprunter la ligne Météor. » Mais là, il est bien évident<br />

qu’il faut que je puisse me garer. Et sans passer du temps à me garer, parce que si je passe plus<br />

de temps à me garer, c’est pas la peine. Si je passe vingt minutes à me garer, ces vingt minutes<br />

là, en voiture ça se trouve, je serais déjà un peu plus loin. Donc, il faut que je me gare<br />

rapidement et il faut donc qu’on puisse m’assurer d’avoir une place, qu’on m’assure également<br />

que je puisse accéder au parking de façon rapide. Il faut que l’itinéraire pour accéder au<br />

parking soit fléché et que la signalétique soit claire. Il y a encore un autre souci. Imaginez que<br />

tout le monde le fasse. On va donc se retrouver à combien à vouloir rentrer dans le parking au<br />

même moment ?<br />

A l’heure actuelle, les conducteurs n’ont recours qu’à une information jugée partielle, peu fiable, voire<br />

inexistante… Cette carence informationnelle ne les encourage pas à modifier leurs comportements, à<br />

changer de modes de transport. L’information sur le taux d’occupation des parkings d’échange,<br />

délivrée en temps réel, constitue donc le maillon faible de la chaîne informationnelle pour<br />

encourager les automobilistes à opter pour le TC. La recherche d’une place aux abords des TC<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 32


devient un véritable parcours du combattant, source de stress et d’incivilité routière.<br />

• C’est vrai que si il y avait eu une indication parking en grand, qu’on puisse voir, ce serait plus<br />

facile. Mais vraiment, un truc assez voyant, quoi ! Parce que c’est vrai que quand on conduit, on<br />

fait pas trop attention à l’environnement surtout lorsque c’est un endroit qu’on ne connaît pas<br />

trop. Et puis, bon, il y a aussi le stress, le temps qui passe, on s'énerve...C'est pas évident de faire<br />

attention. Il y avait effectivement des indications de parking mais moi ça m’a complètement<br />

échappé quoi ! (...) Quand j’ai vu les panneaux, il y avait aucune indication c’était, et bien ! C’est<br />

où ? Ça peut être très loin le parking ? Et après, il faut revenir à pied prendre le métro ? Donc, ça<br />

pouvait être un très mauvais plan donc, ça je ne pouvais pas le savoir, j’étais dans le doute<br />

encore, dans l’incertitude.<br />

A l'image des PMV, les panélistes souhaiteraient que cette information sur la capacité d’accueil des<br />

parkings d’échange soit délivrée à des points stratégiques qui s’apparentent à des nœuds<br />

autoroutiers : entrée et sortie d’autoroute, à proximité des pôles d'échange, aux carrefours, aux<br />

entrées de ville.... Dans son message, l’information parking doit clairement évoquer la possibilité de se<br />

brancher sur un réseau ferré en y associant l’icône RER – Métro – Tram… par exemple.<br />

Enfin, à notre connaissance, il n’existe aucune synergie informationnelle sur cette question des<br />

parkings d’échange. Par exemple, aucune information n’est délivrée sur les ondes FM, ni à l'intérieur<br />

des rames, sous forme de rappel icônique (sur le même principe que les logos des monuments<br />

historiques : basilique StDenis, Le louvre...).<br />

Un voyageur, par exemple, regrette que dans les rames de RER il n'y ait aucun information qui lui<br />

permettrait de parfaire sa connaissance sur cette éventualité :<br />

Est ce que la carte graphique parking par exemple avec des disponibilités des mises à jour<br />

régulières etc. ça pourrait vous séduire ?<br />

• Oui, déjà la cartographie des parkings pour savoir qu’effectivement on peut laisser sa voiture à Noisy<br />

le Grand et prendre le RER ça c’est pas mal. C’est une information ça qu’on n’a pas, qu’on a pas<br />

non plus quand on est voyageur dans les transports publics parce que je regarde dans le RER, dans<br />

les informations sur les correspondances. Mais on sait pas qu’on peut faire du couplage. Laisser sa<br />

voiture à Noisy le Grand et continuer en RER. Il n'y a aucun logo qui nous le dit.<br />

Vous dites que sur la ligne qu’il y a au-dessus des portes du RER, il n’y a pas d’icône qui<br />

renvoie donc à cette notion d’échange et de couplage Voiture RER ?<br />

• Exactement et ça serait déjà un premier endroit où on pourrait trouver de l’information.<br />

Egalement passer de l’information par d’autres moyens comme Internet ou du papier peu<br />

importe. Quelque chose qui nous dit et bien effectivement vous pouvez laisser votre<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 33


voiture là. Qui nous renseigne aussi sur les tarifs parce qu’un parking dans l’esprit des<br />

gens ce n’est pas gratuit ! Il se peut qu’il soit gratuit ou qu’il ne soit pas très cher si on prend<br />

un ticket de RER ou de métro. Donc ces choses là sont intéressantes oui.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 34


L'intermodalité, un réflexe plus qu’une réflexion<br />

Les « réflexes de cabotage », il est vrai, s’acquièrent plus facilement en situation normale qu’en<br />

situation perturbée. Il convient donc de proposer des supports d’information qui puissent être<br />

consultés en amont tant par les voyageur TC que par les automobilistes afin qu'ils puissent se forger<br />

une connaissance « a priori » du réseau d’interconnexion et des places de parking disponibles sur son<br />

parcours. L'exemple des icônes « Parking » collés au dessus des portes du métro sont à ce titre<br />

illustratif. Une fois cette connaissance incorporée, le basculement vers un parking d’échange<br />

deviendra un réflexe plus qu’une réflexion car, comme nous l'explique un des panélistes, cette<br />

opération cognitive est difficile à réaliser lorsque l'automobiliste est pris dans les flux de la<br />

circulation. Nous verrons également que la pression (qui se traduit sous forme de stress)<br />

inhérente aux situations perturbées n'arrange rien.<br />

Autre solution pour trouver un « Parking », consulter ces instruments de bord (les cartes autoroutières,<br />

les guides de Paris...) Cependant, cette information est noyée dans d'autres informations ce qui ne<br />

facilite pas son identification. L'information parking délivrée par ces supports est jugée comme n’étant<br />

« pas claire, elle ne saute pas directement aux yeux car elle est noyée dans les autres informations<br />

qui sont pour nous d’aucune utilité » nous explique un panéliste.<br />

Effectivement, lors de nos simulations, pour trouver une place, aucun panéliste n’a eu le réflexe de<br />

chercher un parking sur son guide. Bien qu’ils soient équipés de plans, ils s’en remettent<br />

généralement à la signalétique distribuée dans l’environnement où, pour reprendre leur expression,<br />

« à leur feeling ».<br />

• J’ai pas eu la présence d’esprit de m'arrêter pour regarder dans le guide, c’est vrai que j’étais<br />

un petit peu dans l’immédiateté quoi ! J’aurais peut être dû mais c’était aussi, quelque part<br />

une perte de temps quoi ! De s’arrêter, de trouver une place, et c’est pas évident de s’arrêter<br />

quand on est dans le flux de la circulation. Je peux me mettre en warning mais bon, quand il y<br />

a des voitures derrière toi, c’est vraiment pas évident.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 35


Conclusion : comment prendre le temps d’aller vite ?<br />

Comment informer le conducteur sur la capacité des places disponibles ?<br />

Comment inviter l’automobiliste à « faire un détour »par les parkings relais pour<br />

« gagner du temps ».<br />

Quel support inventer pour lui transmettre de l’information en temps réel ?<br />

Comment harmoniser l’information pour synchroniser les transports entre eux ?<br />

C'est bien à toutes ces questions qu'il convient de répondre en prenant en considération les paramètres<br />

temporelles et comportementaux propres à la circulation automobile. Plusieurs conditions doivent être<br />

réunies, selon F. Margail 15 , pour que ces parcs-relais soient un succès :<br />

un gain d’argent pour l’usager, ce qui n’est pas évident puisqu’il bénéfice<br />

généralement de parkings gratuits à son travail ;<br />

un gain de temps pour l’usager ;<br />

les intervalles du service de transports publics doivent être inférieurs à 15<br />

minutes ;<br />

la certitude de trouver une place ;<br />

la distance pédestre ne doit pas être dissuasive ;<br />

une information en temps réel ;<br />

la sécurité du véhicule en stationnement doit être assurée ;<br />

une promotion ciblée ;<br />

ils doivent être situés en amont des zones de congestion ;<br />

ils ne doivent donc pas être trop proches du centre, d’autant qu’ils sont<br />

alors beaucoup plus coûteux à construire ;<br />

ils ne doivent pas créer une concurrence avec les bus de rabattement ;<br />

ils peuvent rencontrer un succès si l’on mène parallèlement une politique<br />

de restriction du stationnement dans le centre-ville et de développement<br />

des transports publics<br />

A terme, l’objectif ne serait-il pas d’inviter l’automobiliste à « faire un détour » pour « gagner du<br />

temps ». Cette logique de circulation est généralement perçue par le conducteur comme étant<br />

antinomique à son objectif : faire le plus vite donc prendre le chemin le plus court.<br />

• C’est marrant parce que, quand on est automobiliste, on avance dans la voiture, ça rassure<br />

quelque part, on a l’impression de se rapprocher alors que c’est vrai que j’aurais pu prendre le<br />

temps de regarder s'il n'existait pas une autre solution plus intéressante. C’est vrai que<br />

15 MARGAIL F., Des parcs-relais pour une stratégie de déplacement métropolitaine : vrais<br />

enjeux et innovations nécessaires, TEC, n°156, 1999, pp.32-40<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 36


j’aurais pu essayer de trouver, oui un parking proche du métro. J’ai pas eu cette présence<br />

d’esprit.<br />

Les chemins des hommes équivalent à la ligne droite nous disait Le Corbusier. La courbe est<br />

celui des ânes. C’est bien à cette équation « moderne », à cet ordre des choses que les<br />

opérateurs transports doivent aujourd’hui s’attaquer pour concevoir une mobilité que<br />

certains qualifieront de « mobilité post moderne » :<br />

Apprendre à faire un détour pour gagner du temps.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 37


Une information en phase avec la temporalité du voyage<br />

L'analyse des entretiens met également en évidence que les voyageurs mobilisent de<br />

l’information à plusieurs niveaux. Nous pouvons définir trois séquences de quête<br />

informationnelle :<br />

1. La phase « avant le voyage » qui comprend les activités de recherche<br />

informationnelle de type théorique réalisées avant le voyage proprement dit.<br />

Planification et préparation du voyage (plan d’action, équipements…)<br />

Recherche d’un itinéraire optimal : les voyageurs sélectionnent les modes de<br />

transports, l’itinéraire, comparent différentes alternatives en fonction de critères tels<br />

que le prix, le temps de parcours, le nombre d’interconnections, le confort…<br />

Mobilisation de supports radiophoniques, graphiques, télécommunicants disponibles<br />

sur son lieu de vie, au bureau…<br />

2. La phase « pendant le voyage » qui comporte les activités accomplies lors du<br />

déplacement. C’est la phase active du voyage. Cette phase est donc par définition la plus<br />

délicate. Certains voyageurs utilisent le temps de transports pour planifier « à bord » leur<br />

itinéraire.<br />

S’orienter in-situ : localisation géographique (plan, carte du réseau…), aide à la<br />

navigation (signalétique…), orientation…<br />

Réajuster son plan d’action en fonction des incertitudes, des perturbations…<br />

Ecoute des messages vocaux, de la radio (en voiture)…<br />

Consultation de son téléphone portable (qui sert de montre)…<br />

Information de confort qui renvoie au temps d’attente (PMV sur les quais, sur le<br />

périphérique…)<br />

Information embarquée (dans la rame, dans la voiture…)<br />

3. Et la phase « retour d’expérience » qui se définit comme une phase d’évaluation. Tout au<br />

long de la préparation et de la réalisation de son déplacement, le voyageur acquiert des<br />

connaissances qu’il appliquera ensuite à chaque nouveau déplacement. Le voyageur se<br />

construit et renforce sa connaissance du réseau en fonction de son expérience, de son vécu...<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 38


Se constituer un stock de connaissances à partir de son expérience du réseau<br />

Apprentissage via des outils d’orientation (CD-Rom, carte)… et échanges<br />

interpersonnels (avec des amis, les membres de la famille, les collègues de bureau,…)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 39


Types d’activité et nature de l’information :<br />

Action du voyageur Nature de l’information<br />

Planification :<br />

Préparation et équiper son voyage.<br />

Fournir une aide à la planification et à la prise de<br />

Anticipation et comparaison des itinérairesdécision.<br />

(superposer des itinéraires alternatifs).<br />

S’organiser pour gagner du temps (du moinsInstruments<br />

de bord pour tracer son itinéraire le<br />

ne pas en perdre)<br />

plus « rentable » en fonction de critères<br />

Optimiser un itinéraire en fonction du traficpréalablement<br />

définis (confort, gain de temps,<br />

escompté<br />

Planifier un déplacement complexe<br />

nombre de rupture de charge).<br />

Soigner l’information utile pour les voyages peu<br />

routiniers, extra-ordinaires.<br />

Orientation et besoin de guidage :<br />

se localiser, se positionner par rapport auFournir<br />

des informations topographiques, des<br />

territoire.<br />

instruments de bord, de navigation (carte, plan…).<br />

Pb de repérage (abscisse / ordonnée)<br />

s’orienter dans le dédale du réseau.<br />

S’orienter à partir d’une adresse, d’un numéro de<br />

téléphone (cf. Japon)<br />

Anticipation – ajustement :<br />

anticiper le risque de perturbation en laissantFournir<br />

des informations en temps réel sur des<br />

ouvert les champs du possible (trajet alternatif) instruments embarqués.<br />

Fournir des informations sur l’état du trafic et sur<br />

les solutions alternatives<br />

Optimiser son temps et rentabiliser les temps<br />

morts :<br />

Fournir des informations sur les services<br />

préparer les ruptures de charges<br />

disséminés sur le trajet (parking, correspondance,<br />

échanger avec autrui<br />

se divertir, accéder à des services en ligne.<br />

arrêt de bus le plus proche...)<br />

Accéder à des services en ligne (borne, PMV…)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 40


Conclusion :<br />

De la complexité informationnelle à la synergie informationnelle<br />

A l’image des réseaux, l’information multimodale adressée aux voyageurs TC et aux<br />

automobilistes constitue un domaine complexe. Cette complexité tient en particulier :<br />

1 à la diversité des situations des voyageurs concernés (réguliers, occasionnels,<br />

automobilistes…),<br />

2 à la multiplicité des émetteurs (réseaux radiophoniques, autorités organisatrices,<br />

amis…),<br />

3 à la diversité des interrogations des voyageurs (offre modale, horaires, tarifs,<br />

correspondances…),<br />

4 à la multiplicité des lieux de mise à disposition des informations (domicile, lieux<br />

publics, gares, véhicules…),<br />

5 à la diversité des médias et des supports utilisables (télématique du type PMV,<br />

téléphone portable, PDA, suppport papier, Internet, affichage, annonces sonores,<br />

agents, radios…).<br />

Que retenir de ces premières observations :<br />

La mobilité est protéiforme :<br />

Tous les voyageurs ne se ressemblent pas. La nature de l’information, le type de support<br />

mobilisé… varient considérablement entre voyageurs. Cela nous interroge sur la<br />

personnalisation, la customisation de notre rapport à l’information.<br />

Mutualiser l'information et construire des « suites servicielles » :<br />

Pour devenir un opérateur d’information, les opérateurs transports et les acteurs de l'offre<br />

devront appréhender le parcours d’action du voyageur comme une suite d’évènements qui<br />

s’emboîtent grâce à l’information délivrée en temps réel. Nous touchons ici le cœur d’un<br />

problème épineux, celui du « transit d’information » et de la « compatibilité » des données<br />

et des supports<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 41


La mutualisation des informations semble un préalable dans une perspective de<br />

multimodalité. Cette syndication informationnelle doit dépasser le cadre des transports car<br />

pour le voyageur, ces frontières institutionnelles ne font pas sens. Nous devons donc<br />

appréhender ces questions de l’information multimodale en terme de service. A ce titre,<br />

Bruno Marzloff parle de « suite servicielle » (Groupe Chronos).<br />

Accessibilité à l’information :<br />

Ce n'est pas la sélection et la définition de l’information qui posent problème, c'est l'accès à<br />

l’information et la pertinence de celle ci à l’instant où elle nous est délivrée. Plus que le<br />

contenu, c’est le format et la convergence des supports qui posent problème.<br />

Le chaînage informationnel : comment devenir des « faciliteurs » de la multimodalité.<br />

Les transporteurs doivent devenir des agents de la circulation et des agents de liaison en<br />

assurant : un accès permanent à l’information, une autonomie au voyageur, une convergence<br />

informationnelle, une compatibilité entre les supports, une synchronisation… Il faut en<br />

comprendre le chaînage informationnel. (Convergence entre l’information délivrée en temps<br />

réel, qui fluctue en fonction du contexte et des perturbations trafic et l’information stabilisée<br />

type signalétique graphique).<br />

Convergence et compatibilité des supports d’information :<br />

Lors de son voyage, l’utilisateur de service active aussi bien des terminaux "fixes" type Internet ou CD<br />

– Rom, Signalétique PMV, plan de quartier… ou des terminaux mobiles, embarqués (plan de poche,<br />

Téléphone portable…). Les modes d’emploi propres à ces supports ne se répondent pas forcément ce<br />

qui peut induire des conflits d’interprétation, des problèmes de lisibilité… qu’il faudra chercher à<br />

diminuer en concevant des supports informationnels hybrides 16 .<br />

MobilUrb, un objet frontière à l'articulation de plusieurs mondes :<br />

Le boîtier « MobilUrb », pour devenir réalité, devra encaisser l'ensemble des composantes de<br />

cet environnement informationnel. MobilUrb se définit donc comme un objet frontière, une<br />

interface qui entend faire le lien entre le monde de la conception (les acteurs de l'offre qui<br />

16 La méthode du CAUTIC développée pat Ph. Mallein peut être à cet égard d’une aide précieuse.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 42


« mettent en forme » les supports d'information et les services à la mobilité) et le monde de<br />

l'usage qui se caractérise par l'hétérogénéité des voyageurs qui le composent.<br />

Après avoir explicité les principes qui structurent l’information multimodale et le contexte dans<br />

lequel elle doit s'insérer, nous vous proposons de suivre à la trace des voyageurs en situation de<br />

déplacement. Cette filature nous permettra d'identifier les différents profils de voyageurs et de<br />

définir des services à la mobilité qui pourraient leur correspondre. En effet, ces parcours de<br />

voyageurs nous ont permis de lister des critères de satisfaction que nous avons tenté d'organiser<br />

pour proposer des offres de services opérationnelles.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 43


Chapitre II<br />

Le voyageur dans tous ses états. Les profils<br />

Trajectoires de voyageurs et déambulation anthropo-fictive<br />

Pour rendre compte de la variabilité des trajectoires « voyageur », le parti pris de notre récit, dans ce<br />

chapitre, repose sur une sorte de déambulation littéraire. Ce style anthropologique trouve une<br />

justification fictive à travers le thème de la course-poursuite que nous avons organisée avec nos<br />

complices sur l’axe Noisy-le-Grand – Paris et qui a servi, comme nous l’avons expliqué en<br />

introduction, de fil conducteur à notre cadre méthodologique. Parcours stratégique, errance,<br />

désorientation, circulation tout azimut, saturation cognitive, perte de sens… sont autant de termes qui<br />

peuvent désigner la mobilité incessante des voyageurs que nous avons suivis à la trace.<br />

Mais l’intérêt de l’anthropologue pour cet exercice de style dépasse le simple plaisir<br />

fictionnel. En travaillant sur la multiplicité des styles de navigation, sur les croisements des<br />

genres, sur la vitesse ou l’enlisement du trajet en raison d’une perturbation, nous tenterons de<br />

répertorier les points de convergence que l’on retrouve entre le monde des TC et l’univers de<br />

la circulation automobile. Pour cela, il convient d’abord de mesurer, dans tous les sens du<br />

terme, les formes de mobilité que nous avons pu identifier au fil de notre expérience.<br />

Ces itinéraires, qu’ils prennent la forme d’une ligne droite en pointillé ou de zig-zag à la<br />

figure angulaire, peuvent paraître uniques, isolés, singuliers aux voyageurs qui les dessinent.<br />

Ne vous y trompez pas. En réalité, ces itinéraires s’apparentent à de véritables figures de style<br />

que nous avions identifiées lors d’une autre étude sur la mobilité et les espaces d'attente 17 .<br />

Lors de cette enquête, nous avions construit un modèle d’analyse qui reposait également sur le<br />

triptyque corps – objets techniques – environnement. Ce filtre à trois dimensions nous avait<br />

permis d’identifier des styles de navigation que nous avions définis en terme d’actions<br />

incarnées (les savoir-faire du voyageur sont incorporés), encadrés techniquement (le<br />

déplacement est appareillé) et situés localement (l’espace urbain est le réceptacle de nos<br />

pratiques et offre d’innombrables ressources) 18 .<br />

17 Stephane Chevrier et Stéphane Juguet, “Arrêt demandé”, Paris 2003, Enigmatek Ed°<br />

18 Pour une illustration de cette méthode, lire l’article “Les voyageurs ne sont pas si betes” in la revue de “Sciences<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 44


Nous tâcherons de transposer ce modèle d’analyse en nous concentrant, cette fois-ci, sur les<br />

automobilistes et en insistant sur les concepts « d’information multimodale» et de<br />

« perturbation ».<br />

Lors de notre démonstration, nous tenterons donc de répondre prioritairement à ces 3<br />

questions :<br />

Quelles sont les compétences cognitives que le voyageur mobilise pour se mouvoir sur le<br />

réseau ?<br />

Comment transformer un outil d’aide à la navigation et à la décision en outil d’aide à la<br />

visualisation ?<br />

Quels sont les indicateurs informationnels (nature du message) et les qualités du support<br />

(propriétés du support) qui pourraient rassurer l’automobiliste et l’inviter à basculer vers<br />

un transport collectif ?<br />

Humaines”, N°145, Janvier 2004.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 45


La typologie des voyageurs TC :<br />

l’araignée, le dauphin, le renard, la taupe<br />

Dans le cadre d’une étude sur le thème des espaces d’attente 19 , financée par le PREDIT<br />

groupe 4.5 Nouveaux services aux usagers, l’examen des pratiques de déplacement des<br />

utilisateurs TC nous avait permis d’identifier quatre figures, quatre idéaux types de<br />

voyageurs : l’araignée, le dauphin, le renard et la taupe. Cette typologie, rappelons le, est<br />

construite non pas sur les catégories sociales (âge, sexe, CSP) habituellement utilisées dans le<br />

domaine du transport, mais bien sur les capacités cognitives de la personne placée en situation<br />

perturbée. Nous vous proposons d’illustrer ces figures à partir d’extraits d’entretiens issus de<br />

nos suivis de parcours de voyageurs 20 .<br />

1/ L’ARAIGNEE<br />

L’araignée, par exemple, se définit comme un voyageur prévoyant qui ne circule pas sur le<br />

réseau sans filet de protection. Les instruments de bord qui encadrent son déplacement (carte,<br />

plan, guide…) lui permettent de garder prise avec le territoire et de conserver ses repères in<br />

situ. D. Norman 21 définit ces objets-ressources comme des « artefacts cognitifs » (nous<br />

reviendrons plus en détail sur ce concept dans la partie suivante de notre démonstration).<br />

Le plan du réseau que l’on embarque avec soi, le post-it que l’on colle sur la page de son<br />

guide… sont des ressources permettant d’alléger la charge cognitive, l’attention, le<br />

raisonnement, la mémorisation 22 et la planification 23 du voyageur. Ces artefacts prennent donc<br />

en charge une partie de l’activité cognitive propre au déplacement. Ces outils, en raison de<br />

leur malléabilité et de leur format de poche, l’assistent au fil de son voyage.<br />

Lors de nos observations, nous nous sommes aperçus que les araignées étaient fortement<br />

appareillées. Leurs sacs de voyage ressemblent, comme en témoigne cet extrait, à une trousse<br />

de survie qui leur permet d’assurer leurs déplacements et de conserver prise avec le territoire :<br />

• « Alors, je vais faire l'inventaire de mon sac. Premièrement, j'ai toujours sur moi un plan de Paris par<br />

arrondissement. Comme vous pouvez le lire sur la première page, on y trouve les grands axes, le métro,<br />

RER et les bus, les sens uniques si jamais je dois descendre en voiture, les parkings, ça les parkinks,<br />

c'est vraiment pratique car c'est galère de se garer sur Paris. Ces qualités, c'est que c'est un format de<br />

19 « Arrêt demandé » Stéphane Chevrier LARES et Stéphane Juguet – Enigmatek éditions 2003.<br />

20 Certains de ces parcours ont fait l’objet d’un montage vidéo.<br />

21 D. Norman, « Les artefacts cognitifs », Raisons pratiques, n°4, 1993.<br />

22 E. Hutchins, « Comment le « cockpit » se souvient des ses vitesses », Sociologie du travail, n° 4, pp. 451-473, 1994.<br />

23 B. Conein, « Cognition située et coordination de l’action. La cuisine dans tous ses états », Réseaux n° 43, 1990.<br />

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poche. Son intérêt, c'est qu'il nous renseigne sur l'accès à tous les arrondissements et puis surtout, il<br />

vous indique les parkings.(...) Par contre, je le trouve mal fait pour les Bus c’est pour cela que je me<br />

suis acheté un autre plan du réseau Bus en 2 pages chez un buraliste parce que, regardez, vous y<br />

comprenez quelque chose à ce plan, vous. Moi personnellement, j’y vois rien pourtant je ne suis pas<br />

myope. Ca c'est nul. Alors, sinon dans mon sac, j'ai aussi un constat amiable, au cas où j'ai un<br />

accident. J'ai aussi un téléphone portable. Je m'en sers lorsque je suis perdu, en retard pour prévenir<br />

ou au cas où j'ai un accident pour appeler les secours. J'ai aussi un disque pour pouvoir stationner en<br />

banlieue.<br />

(l'enquêteur) : Vous pouvez m'expliquer l'intérêt du plan de Bus que vous avez acheté?<br />

• Oui, alors comme je vous le disais, j’ai dans ce guide un plan du réseau de transport mais je ne le<br />

trouve pas très clair, pas très complet. Donc, j'ai acheté une carte plastifiée chez un buraliste. A<br />

l'époque cela m'a coûté 8 francs. Ca me permet d'avoir plus d'informations sur les bus, les destinations<br />

en bus...<br />

(Enquêteur) : Qu'est ce que vous appréciez ?<br />

• Moi, j'apprécie de savoir qu'est ce que le Bus dessert comme quartier. Par exemple, si on regarde le<br />

N°20, on s'aperçoit qu'il part de St Lazare et arrive à la Gare de Lyon. Par contre, c'est vrai que je n'ai<br />

pas tous les horaires. On nous dit juste que le service est assuré tous les jours de 6 heures à minuit 30.<br />

(Enquêteur) : Vous avez d'autres plans sur vous.<br />

• Oui (rire). J'adore les plans. J'ai aussi dans mon portefeuille les petits plans que distribue la Ratp. En<br />

fait, avant, ce qui était pratique, la Ratp faisait des plans au format du porte-feuille qui s'insère<br />

facilement dans la pochette. Maintenant, ce sont des petits plans très fragiles qui se déplient. Je regrette<br />

qu'il ne fasse plus de petits plans plastifiés sur le format pochette de porte -feuille. En plus, il était<br />

cartonné. D'un coté, on avait le métro et de l'autre la SNCF. Alors que maintenant, ceux la, ils se<br />

froissent et à force ils se cassent. »<br />

2/ LE DAUPHIN<br />

Le dauphin, à la différence de l’araignée, voyage léger, « les mains dans les poches » (sans<br />

plan, guide ou montre…). Initié à l’univers de la glisse urbaine, il « surfe » sur le réseau<br />

comme un poisson dans l’eau, il s’oriente en fonction des courants dominants et remonte<br />

parfois les flux de voyageurs à contre courant… Pour s’orienter, il utilise les ressources<br />

disponibles sur place. Un plan de quartier, la façade d’un monument, l’horloge d’un<br />

parcmètre… sont autant d’objets repères « à portée de vue » qui permettent de se localiser<br />

dans la ville. Ainsi, les ressources favorisant le soulagement de la charge cognitive du<br />

voyageur ne sont pas nécessairement embarquées. Elles peuvent aussi être distribuées dans<br />

l’espace urbain. Celui-ci se présente alors comme un espace à lire et à interpréter. Ces objets<br />

qui font signes sont autant d’invitation (affordance) à s’engager dans l’action. Ces attracteurs<br />

cognitifs (un bus qui passe devant nos yeux, une pharmacie qui nous rappelle qu’à l’angle se<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 47


trouve un petit raccourci...), localement situés, deviennent subitement des « déclencheurs » et<br />

des « embrayeurs » d’action. Préférant s’en remettre à son « feeling », laissant ouvert les<br />

champs du possible, l’itinéraire du dauphin ressemble donc à une arborescence, à une<br />

succession de sites et d’embranchements qu’il visite au « fil de l’eau ». Ce mode de<br />

navigation « située » 24 nous conduit à définir le dauphin comme un opportuniste qui circule en<br />

roue libre.<br />

• « Je pense être quelqu’un de très intuitif. J’essaie de me démerder quoi ! Je compte aussi beaucoup sur<br />

le facteur chance quelque part.<br />

Vous êtes un joueur en fait, il y a un côté un peu, on prend un risque et puis on mise et puis on verra bien, quoi !<br />

Quand même ?<br />

• Voilà, c’est çà. Ca m’est arrivé de me retrouver dans des situations critiques. Mais bon, il m’est arrivé<br />

souvent de m’en sortir in extremis, mais c’est vrai qu’il y a une sorte de jeu, quoi ! En essayant d’avoir<br />

la chance quoi ! Et puis, avec l’intuition, finalement on peut se dire qu’on peut se démerder quoi ! »<br />

• « Très honnêtement, je ne consulte jamais les plans à domicile. Faut pas exagérer, on a assez<br />

d'informations en station pour se débrouiller sur place. Et puis, les plans en station sont beaucoup plus<br />

grands donc c'est très facile de se repérer. (...) Vous pouvez également trouver des plans du quartier.<br />

Le problème c'est quand vous devez vous rendre dans un autre quartier que la station.Parce que, vous<br />

n’avez pas de plan du tout Paris. Ca, c’est dommage. Dans ce cas, je vais voir les agents en station ou<br />

je demande aux autres voyageurs qui sont sur le quai. (...) On arrive toujours par se débrouiller.»<br />

3/ LE RENARD<br />

Le renard est un voyageur futé qui connaît son territoire « comme sa poche ». Soucieux de<br />

gagner du temps (ou de ne pas en perdre), il fait preuve de ruse pour déjouer les « mauvais<br />

plans » et déploie de nombreuses tactiques pour « rentabiliser » son voyage. Les ressources<br />

mobilisées pour construire son déplacement sont distribuées dans l’environnement urbain.<br />

L’attente aux correspondances est, pour lui, un piège qu’il faut savoir contourner. Il est donc<br />

important d’anticiper et de planifier son déplacement afin de ne pas être enfermer dans les<br />

mailles du réseau. En effet, le renard ne supporte pas d’être enchaîné à un poteau (d’arrêt). À<br />

peine arrivé dans ce lieu de transit (espace d’attente), il n’aspire qu’à une chose : repartir<br />

aussitôt pour retrouver sa liberté de circuler. Le renard pilote en mode automatique car il a<br />

incorporé le mode d’emploi du réseau.<br />

24 L. Suchman, « Plan d’action. Problèmes de représentation de la pratique en sciences cognitives », Raisons pratiques, n° 1,<br />

1990.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 48


• « Je suis effectivement équipé. J'ai un plan sur moi mais je le consulte très rarement. Je n'en ai pas<br />

vraiment besoin car je peux circuler sur le réseau les yeux fermés. Vous savez, je circule sur Paris<br />

depuis 1965. Je connais même des raccourcis sur Montparnasse pour éviter, vous savez, les grands<br />

couloirs. Parce que, ça, faut bien le reconnaître, c’est pénible ces couloirs qu’en finissent pas. Moi, je<br />

passe par le centre commercial au dessus comme ça vous évitez tous les provinciaux avec leurs<br />

charrettes qui vous ralentissent (rire). Vous gagnez bien 2 minutes car là bas c'est un vrai labyrinthe.<br />

Et, quand vous venez de la 4, je vous dis pas les escaliers (...) Des fois, je descends volontairement<br />

avant pour récupérer la 6. Surtout quand je suis chargé. Vous savez, vous sortez directement sur le quai<br />

de la SNCF. Des fois, je préfère prendre le bus 91.(...) Si vous parlez du 91, là je sais pertinemment le<br />

temps que je vais mettre entre la gare de Lyon et le terminus où je vais habituellement c'est- à- dire la<br />

gare Montparnasse. Je sais même que malgré les cars de flics qui stationnent dans le couloir de bus,<br />

du boulevard de l'Hôpital et malgré le marché, selon les jours il y a le marché boulevard de Port Royal<br />

donc ! Je sais même intégrer la perte de temps dû au marché. Parce que vous savez quand il y a le<br />

marché le couloir bus est coupé. Et les voitures stationnent perpendiculairement au sens de la<br />

circulation. Donc, le bus est obligé de se décaler dans la circulation. Mais je sais à peu près pour<br />

l'avoir pratiqué plusieurs fois. Parce que j'ai souvent des réunions le jeudi à la SNCF, et c'est souvent le<br />

jeudi qu'il y a le marché.”<br />

Fort de son expérience empirique du réseau, le renard se fait extrêmement critique à l'égard<br />

des supports d'information que l'on trouve sous les abri bus :<br />

• “Alors, le truc à savoir, c'est que les cartes sont derrière les abris bus. Pour moi, ça c’est une hérésie.<br />

Bon ! Moi je le sais, parce que depuis le temps que je pratique les transports en commun à Paris, j’ai eu<br />

l’occasion de m’en rendre compte. Mais mettez- vous à la place d'un automobiliste qui prend les Bus<br />

pour la première fois. Vous croyez, vous, qu'il aura la présence d'esprit de passer derrière pour<br />

s'informer. Non, c'est n'importe quoi. (...) L'autre chose c'est que les cartes ne sont pas toutes<br />

homogènes sur le réseau. Ici, par exemple, on trouve une carte du réseau, mais c'est une carte<br />

extrêmement locale. C’est pas toujours le cas, quelque fois c’est une carte plus générale. Et donc, on<br />

voit moins bien.<br />

Qu’est ce que vous voyez comme autre élément ? Ou comme autre information ? On voyait aussi que<br />

l’information sous l’abri de bus était quand même relativement dépouillée ?<br />

• D’abord, il n'y avait pas l’indication du plan au dos, première chose qui me semble fondamentale pour<br />

quelqu’un qui se déplace en voiture et qui veut laisser sa voiture et pour se repérer sur l’itinéraire qu’il<br />

doit choisir de prendre en bus. Ensuite, les horaires sont à peine visibles. On dirait des tableaux Excel<br />

pour faire de la comptabilité (rire). Il faut avoir l’œil exercé et pratiquer les transports en commun pour<br />

s’en rendre compte. C’est pas immédiatement perceptible. Enfin, autre point, lorsque vous êtes en<br />

voiture, vous ne voyez pas les numéros de bus et les directions du bus. C'est dommage. Prenez l'exemple<br />

d'un automobiliste qui se rend à Nation tous les jours à Paris. Peut être que si il s'apercevait qu'il<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 49


pourrait prendre un bus ici pour s'y rendre, il serait davantage tenté de garer sa voiture dans le coin.<br />

Moi, c'est comme ça que j'ai commencé à prendre le bus»<br />

4/ LA TAUPE<br />

En situation de crise, les voyageurs sont soumis à rude épreuve. Les savoir-faire routiniers<br />

incorporés ne fonctionnent plus. Pour ajuster leur plan d’action in situ, trouver rapidement une<br />

solution alternative, ils doivent donc improviser et se satisfaire des ressources localement<br />

disponibles. La taupe est malheureusement aveugle. Pour elle, l’espace urbain est illisible,<br />

uniforme et sans aspérité. Incapable d’utiliser les ressources distribuées dans l’espace, elle<br />

semble prisonnière de son environnement. Elle colle au contexte car elle ne parvient pas à<br />

faire dialoguer le territoire et ses représentations graphiques 25 (plans, cartes, guides). Elle se<br />

sent désœuvrée, désorientée et finit par lâcher prise avec un réseau qui ne fait plus sens à ses<br />

yeux. Elle semble évoluer dans un tunnel qu’elle perce au rythme de ses propres pas. Perdue<br />

dans l’espace urbain ou dans le dédale du réseau, elle s’épuise physiquement dans cette<br />

recherche désordonnée d’une issue. Pour « y voir plus clair », la taupe réclame une assistance<br />

humaine et revendique une prise en charge totale. La qualité ou la densité de l’information a<br />

peu d’importance, car déstabilisée par une situation peu ordinaire elle ne parvient pas à lire<br />

cette information pour construire un nouvel itinéraire.<br />

Désorientée, la taupe souhaite obtenir une assistance en ligne :<br />

• « C'est vrai que j'ai eu du mal à trouver la destination en bus. Mais, il faut bien<br />

reconnaître que l'information n'était pas claire. Vous avez vu le temps que cela m'a<br />

pris. Vous comprenez pourquoi je préfère continuer en voiture (sourire). (...) C’est<br />

vrai, que l’idée aurait été d’avoir soit une assistance téléphonique, soit un appareil<br />

électronique qui aurait toutes les destinations avec les changements. Et de mettre le<br />

point de départ et le point d’arrivée. Et il nous tracerait l’itinéraire avec les<br />

changements de bus et la durée estimée pour le trajet. Çà, ça serait effectivement pas<br />

mal.<br />

Oui. Avec la possibilité d’avoir un petit ticket de caisse qui vous permette de conserver la<br />

trace de votre recherche ? Est-ce que vous seriez prêt notamment à payer par exemple, pour<br />

ce service là ?<br />

25 B. Latour et E. Hermant, Paris, ville invisible, Paris : La découverte, 1998.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 50


• Oui, je pense, oui je serais prêt à payer. Pour moi, oui c’est un gros service. A mon<br />

avis, on gagne beaucoup de temps. Vu le temps que j’ai perdu tout à l’heure à<br />

regarder le plan. Si j’avais pianoté 2 minutes j’aurais le résultat tout de suite.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 51


Conclusion<br />

Comme en témoignent ces brèves histoires ordinaires, les « styles de navigation » ne sont pas<br />

homogènes. Des disparités prononcées apparaissent entre les différents profils. L’action de se<br />

mouvoir repose sur la capacité cognitive des voyageurs à croiser des informations de<br />

différentes natures et des connaissances déposées en différents lieux, en différents supports.<br />

Cette connaissance que le voyageur mobilise pour construire un itinéraire, l'ajuster en<br />

situation perturbée, n’est pas simplement localisée dans la tête du voyageur. La connaissance<br />

est également inscrite dans les habitudes corporelles, 26 dans le programme de fonctionnement<br />

des objets et des dispositifs techniques 27 qui encadrent le déplacement du voyageur et dans<br />

l’aménagement de l’espace qui offre des ressources.<br />

Retrouvons-nous des styles de navigation comparables dans le domaine de la circulation<br />

automobile ?<br />

Les personnes ont – elles recours aux mêmes outils d’aide à la navigation pour s’orienter dans<br />

le dédale du réseau autoroutier ?<br />

Assistons-nous à un transfert de compétence et de savoir-faire entre ces univers (TC vs VL) ?<br />

Les besoins en terme d’information sont-ils les mêmes pour les usagers TC et les<br />

automobilistes lors d’une perturbation ?<br />

Pour répondre à ces interrogations, à partir des données issues du suivi de parcours des voyageurs,<br />

nous construirons une nouvelle typologie des voyageurs qui concerne en priorité les<br />

automobilistes. Nous rédigerons, dans un second temps, de brèves histoires qui évoqueront les<br />

problèmes d’orientation, de saturation cognitive et d’anomie informationnelle auxquelles sont<br />

soumis les conducteurs en situation de perturbation.<br />

26 L. Quéré, « La cognition comme action incarnée », in A. Borzeix, A. Bouvier et P. Pharo, Sociologie de la connaissance.<br />

Paris : CNRS, 1998.<br />

27<br />

M.Akrich, « Comment décrire les objets techniques ? », Techniques et Culture, n° 9, 1987.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 52


Le routier<br />

Typologie des automobilistes :<br />

le routier, l’explorateur “télé-guidé”, le cartographe, le désoeuvré<br />

Totalement hermétique aux TC<br />

Forte incorporation du réseau autoroutier qu'il connaît<br />

« comme sa poche »<br />

Entretient un rapport affectif à sa voiture. La voiture,<br />

considérée comme une marque de virilité, lui procure<br />

un sentiment de liberté<br />

Le cartographe<br />

Figure du pragmatique<br />

Fortement équipé. Manipule les cartes avec dextérité.<br />

Méthodique, cartésien<br />

Cultive une vision orthogonale du territoire et entretient<br />

un rapport instrumental à la voiture.<br />

1. Le routier : l’irréductible<br />

L’explorateur “télé-guidé”<br />

Figure du joueur « en réseau ». Fair-play<br />

Entretient un rapport ludique au territoire<br />

Le territoire est un espace de découverte<br />

Part facilement à l'aventure.<br />

Objectif : ne pas se laisser enfermé dans les mailles<br />

du réseau<br />

Sait se saisir des opportunités<br />

Le conducteur désorienté<br />

Totalement désoeuvré lors d'un bouchon<br />

Tétanisé par le stress, anxieux<br />

N'arrive pas à contrôler ses émotions<br />

Incapacité à prendre une décision.<br />

Ses compétences cognitives sont figées<br />

Son itinéraire s’apparente au vol brisé d’une mouche<br />

enclose dans une chambre.<br />

Le routier est, par définition, totalement hermétique aux TC. Pour lui, les TC sont synonymes<br />

de « galère », de « perte de temps », de « perte d'autonomie ».<br />

• Les transports en commun, c’est bondé, il y a le problème de la sécurité. Il faudrait que je me<br />

dise “ ah ! Mais non je vais prendre le métro ”, bon quand il faut que je sois à 7 heures 30 par<br />

exemple de l’autre côté dans le 78. En venant du 77, et bien pour y être à 7 heures 30, il<br />

faudrait que je prenne au moins un R.E.R. à 6 heures du matin. Et puis faire toutes les<br />

correspondances ainsi de suite. Avec la voiture, je peux arriver directement au point ou je<br />

veux aller, sans avoir à utiliser et des métros et des R.E.R. et des bus. En tout, c’est trois<br />

modes de transport que je dois connecter via les correspondances ainsi de suite. Les<br />

correspondances, je connais pas les horaires. Donc je vois pas trop l’intérêt et puis il y<br />

a les problèmes d’heure de pointe ou alors j’ai pas du tout envie de me retrouver coincé<br />

dans le métro.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 53


• Les gens disent c’est vachement bien de prendre les transports en commun. Il faudrait que les<br />

gens prennent les transports en commun. Moi je veux bien, mais comment ça se fait qu’aux<br />

heures de pointe, les gens se plaignent déjà des conditions dans lesquelles ils sont<br />

transportés. Si les gens disaient oui, et bien demain on pose nos voitures et on y va en<br />

transport en commun, ils font comment ? Prenons une moyenne. En partant du principe que<br />

30 % des automobilistes se disent bon ok, je laisse tomber la bagnole, et maintenant on<br />

y va en transport en commun. La RATP, la SNCF y gèrent comment le nouveau flux ?<br />

Aujourd’hui ils ne sont même pas capables de transporter dans des conditions<br />

correctes les gens aux heures de pointe. Donc ça tombe un peu à l’eau cette affaire.<br />

• « C'est comme l'autre lundi, vous savez, la journée « Ma ville sans ma voiture ». Jamais j'ai<br />

rencontré autant de problèmes. Une vrai galère. J'ai cru que j'allais devenir fou. Une vraie<br />

galère. Je me suis engeulé avec une flic qui laissait passer une voiture sur deux. J'ai cru que<br />

j’allais mourir. C’est n’importe quoi cette journée sans bagnole, n’importe quoi.”<br />

A l'image du renard, le routier connaît le réseau autoroutier comme sa poche. Il a totalement<br />

incorporé les codes langagiers propres au réseau autoroutier (A6, A87, N34, Périf<br />

extérieur,…) et s'est constitué ses propres indicateurs de mesure pour évaluer la densité du<br />

trafic. En cas de perturbation, il connaît de nombreux raccourcis, sait faire preuve de ruse pour<br />

déjouer les mauvais plans. Notons à ce titre que les pôles d'échange sont perçus négativement<br />

car ils génèrent des conflits entre modes de transports (VL, Bus, piétons...) qui le freinent dans<br />

sa course.<br />

• Ce que j’appelle les routes à « chèvres » c’est en fait des anciens chemins enfin des<br />

anciennes nationales que les gens délaissent plus ou moins. Par exemple la nationale 34.<br />

Alors ils la laissent ouverte et du coup tu peux te retrouver en fin de compte à la prendre.<br />

Parce que tu te dis bon l’autoroute est bouchée, il suffit que j’écoute un petit peu la radio le<br />

matin, ou que je passe au -dessus de l'autoroute. Même ici, par exemple, au -dessus des<br />

arbres, je peux voir à quelle vitesse circulent les camions. Si je vois que ça roule pas, je<br />

bifurque ici. Pas de souci. L'autre solution, c'est de passer par les petites routes, entre les<br />

immeubles. Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est les stations de RER par ce que là, je te dis pas.<br />

Dès que tu as un bus, c'est fini. »<br />

Le routier appartient à une communauté d’automobilistes qu’il peut solliciter pour s’orienter<br />

dans la ville s’il rencontre des difficultés. Ses amis, qui partagent la même passion pour<br />

l’automobile, sont des personnes ressources. En cas de difficulté, il n’hésite pas à les solliciter.<br />

• « Tous les week-end, on se retrouve au box. On est une bande de copains, on se refile des<br />

coups de mains, on répare nos voitures... C'est à cette occasion qu'on peut aussi se refiler les<br />

bons plans»<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 54


• « Mon frère travaille comme chauffeur ambulancier. Il connait Paris par coeur. Si j'ai le<br />

moindre problème, je l'appelle. C'est lui qui me guide. En plus, ils ont des tas d'informations<br />

sur la circulation. »<br />

Sur le plan affectif, il tient à sa voiture comme à la prunelle de ses yeux :<br />

• « Si j'avais un problème de voiture, la première chose que je ferais, c’est clair que<br />

j’aurais appelé un ami. Je n'aurais jamais laissé ma voiture sur le bas coté. Et là,<br />

c’est clair que je dépanne d’abord ma voiture. La voiture elle passera jamais la nuit<br />

dehors.<br />

• Vous me disiez que vous aviez eu un retrait de permis pendant 3 mois. Justement pendant ces trois<br />

mois- là, est ce que vous avez commencé quand même à revoir un peu votre position sur les transports<br />

collectifs ? Est ce que vous vous êtes dit tiens en fait c’est pas si mal que çà quelque fois, quand même<br />

c’est pratique ou pas du tout ?<br />

• Pas du tout. Je me suis dit vivement que je récupère mon permis. Et l’autre jour à la date d’échéance<br />

j’étais au commissariat. Oh ! C’est bon c’est la date là. Là ils m’ont dit qu'il ne l’avait pas encore reçu<br />

! L’infraction s’était passée carrément dans le Nord. Le permis n’avait pas encore été envoyé. Et bien,<br />

je suis parti direct là bas, pour récupérer mon permis sur place. Donc, je leur ai dit, purée c’est pas<br />

possible parce que je vous ai envoyé tous les papiers, j’ai appelé, ça fait déjà une semaine et on m’a dit<br />

qu’ils allaient l’envoyer. En fait, je l’ai récupéré que trois jours après. Et bien, sur la vie de ma mère,<br />

quand je l'ai eu en main j’ai failli l’embrasser mon permis. C’était un véritablement soulagement pour<br />

moi.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 55


2. Le cartographe : du point à la ligne<br />

Le cartographe, à l'image de l'araignée, est fortement équipé. Il dispose dans sa voiture de<br />

plusieurs cartes routières qu’il consulte régulièrement.<br />

• Alors, j'ai un vieux plan de Paris. C’est un plan Michelin que j'ai acheté il y 8 ans. J'arrive pas à m'en<br />

défaire car je le connais bien. J’en ai un autre en format plus grand qui date d’y a seulement 1 mois ou<br />

deux. Donc si je ne trouve pas ce qu'il faut sur ce plan là. Je prends le plus grand qui se déplie. J'ai<br />

donc deux formats : un plan complètement dépliant et le format « petit livre » qui se déplie plus<br />

facilement quand on conduit.<br />

Prévoyant en cas d’incident, il possède « deux ou trois tickets de Métro qui traînent dans le<br />

fond de son portefeuille » pour pallier l’imprévu. Le cartographe se définit également comme<br />

un conducteur philosophe et pragmatique :<br />

• « J'écoute les infos sur France Inter le matin. Il parle souvent de bouchon mais je ne les<br />

écoute pas vraiment. C'est juste à titre d'information. Ca ne change pas vraiment mes<br />

comportements. Je me fie plutôt à ce que je vois sur la route et aux panneaux (PMV) à<br />

l'entrée de l'autoroute. (...)Dans le bouchon, je prends plutôt mon mal en patience et j’attends<br />

un petit peu dans le bouchon et, sauf si je connais une route parallèle qui peut me faire<br />

gagner du temps. Mais bien souvent les routes parallèles sont aussi encombrées, quand<br />

c’est bien bouché sur l’autoroute par exemple. Donc, j’ai plutôt tendance à attendre. »<br />

Le cartographe est une personne méthodique qui planifie ces déplacements à l'avance. Il ne<br />

part pas souvent à l'aventure contrairement à l'explorateur. Par exemple, en fonction de l’heure<br />

de départ, il appliquera des stratégiques de circulation qui ont déjà fait leur preuve. En<br />

situation perturbée, cette enfermement dans un plan programme peut être contre productif :<br />

• « Le problème, me précise un conducteur, c'est que très vite je m'enferme dans mes<br />

habitudes. C'est vrai que j'ai du mal à sortir de cette condition d'automobiliste pour basculer<br />

vers les transports collectifs»<br />

Il entretient un rapport instrumental au territoire. Perçu à travers les prismes de la<br />

cartographie, l’espace urbain pour lui possède l’aridité d’une surface mathématique abstraite.<br />

Dans cette optique, sa trajectoire s’apparente à un calcul rationnel. Le cartographe cultive une<br />

vision orthogonale du territoire qui s'apparente à une matrice physique. Une information<br />

devient pertinente à ses yeux si elle est traduite en abcisses et en ordonnées :<br />

• «A la radio, je trouve que l'information n'est pas claire. On va nous dire « attention, 10 kilomètres de<br />

bouchon sur la A 4 », Oui super mais entre où et où, par exemple. Il faudrait que je sache précisément<br />

où et où ? Des fois ils disent un accident sur la A 4 à hauteur de Lognes oui mais après ou avant quelle<br />

sortie. Parce que si c’est après, juste après telle sortie ça veut dire, il faut pas que je rentre à cet<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 56


endroit là, mais derrière. C'est vrai que ce genre d'information donne une idée mais c’est pas précis,<br />

précis. »<br />

La voiture n’est qu’un outil, un moyen efficace, confortable, pratique pour se rendre<br />

rapidement, « sans contrainte » d’un point A vers un point B. Contrairement au Routier, il<br />

n'entretient pas de rapport affectif à l'automobile. Pour qu’il puisse être sensible à l’offre TC,<br />

il faut que l’information réseau soit combinable, compatible avec les outils cartographiques<br />

qu’il possède. Il faut également, lui « faire la démontration » (au sens mathématique du terme<br />

: ratio, cout...) que l’intermodalité va lui permettre d’optimiser, de rentabiliser son temps de<br />

parcours, bref de gagner en efficacité. Enfin, l'idée d'un terminal GPS équipé d'une fonction<br />

« cartographie numérique » répondrait pleinement à ses attentes :<br />

3. Le conducteur « désorienté » : la crise de nerf<br />

Pour rendre compte de ce profil, nous nous sommes inspirés de plusieurs témoignages pour simuler les<br />

turpitudes urbaines auxquelles le conducteur « désorienté » est confronté. Comme tous les matins,<br />

Madame Bernard doit se rendre à Paris pour travailler. Imaginons -nous assis à ses cotés un matin lors<br />

d'une forte perturbation. Les propos que l'on prête à cette personne sont extraits de nos entretiens<br />

réalisés lors des suivis de parcours.<br />

8h30, pont Nogent situé sur la A86, Madame Bernard, en raison d’un accident, roule au pas depuis 1<br />

heure. Ne sachant pas que faire pour se sortir de ce mauvais plan, Madame Bernard nous avoue qu'en<br />

raison d’un manque d’assurance dans ses prises de décision, elle n’a pas osé longer l’autoroute par<br />

crainte de se perdre. « Maintenant, c’est trop tard » s'insurge t-elle, frustrée.<br />

C’est également son absence du sens de l'orientation qui est mise en évidence dans son parcours. A<br />

l'image de la taupe, le conducteur « désorienté » éprouve des difficultés à déchiffrer une carte routière<br />

comme en atteste ce témoignage :<br />

• « Ce été, je suis allé voir un spectacle vers Compiègne. Et en fait pour aller à ce spectacle je<br />

devais prendre la nationale 104. Et là, je ne connaissais pas du tout le chemin pour aller à<br />

Compiègne. Donc j’avais un.. Si j’avais la brochure du spectacle qui m’indiquait, vous prenez la<br />

nationale 104 etc. Seulement j’ai pris la nationale 104 mais dans l’autre sens. Ce qui fait que<br />

j’ai fait Pontault-Combault et j’ai fait tout le tour de Paris. J’ai fait complètement l’inverse. J’ai<br />

perdu 2 heures de temps avec ma voiture en faisant tout le tour de Paris avec la nationale 104.<br />

Alors là, la c’était une histoire de fou parce que 2 heures pour.. Déjà 2 heures après je suis<br />

revenue à mon point de départ donc de Noisy- le- Grand. Je suis revenue à Noisy le -Grand et en<br />

fait il fallait que je prenne la « une » c’est en direction du Nord puisque Compiègne c’est dans<br />

le Nord. Donc, j’avais raté l’embranchement, en fait j’avais raté l’embranchement de la<br />

nationale 104. J’étais bien partie au départ pour aller prendre la nationale 104 vers Noisiel et<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 57


puis, je sais pas ce que j’ai fait. J’ai été tout droit au lieu de tourner à droite ou j’ai pris un truc<br />

avant en fait j’ai mis 2 heures de temps. Ce qui fait que je suis revenue à mon point de départ,<br />

de mon point de départ et bien j’ai repris la 1 et j’ai remis 2 heures pour aller à Compiègne.<br />

Sachant que je ne savais pas où était le spectacle. Donc, je suis arrivée à Compiègne. Mais c’est<br />

pas Compiègne même, c’était euh !.. 20 minutes après Compiègne, et là je ne connaissais pas du<br />

tout la route. Donc là ça m’a fait en fait 5 heures de route pour aller au spectacle, alors que je<br />

devais y mettre 2 heures de temps quoi. »<br />

Que le chemin soit en ligne droite, circulaire ou en zigzag, l'itinéraire du conducteur « désorienté »<br />

restera chaotique et anarchique. Cette frénésie déambulatoire transforme son trajet en “parcours du<br />

combattant” et génère chez lui une montée de stress. Tout cela, il en a pleinement conscience. Mais<br />

que faire, se répète t-il inlassablement. A cet instant, elle ne souhaite plus qu’une chose : se laisser<br />

conduire, dans tous les sens du terme.<br />

Enquêteur : « Si vous aviez une information comparative du type, si vous restez en<br />

voiture, vous risquez de mettre 40 minutes pour vous rendre à Paris par contre,<br />

prochaine sortie, vous avez la possibilité de rejoindre un parking d'échange avec des<br />

places disponibles. Est- ce que vous seriez prête à changer de comportement ?<br />

• Oui, je suis prête parce que là vraiment j'en ai assez de ce genre de problème. Je crois<br />

que perdre trois heures par jour dans sa voiture pour se rendre à son travail, c'est plus<br />

tolérable. C'est vraiment du temps perdu et je ne l'accepte plus. Donc je suis tout à fait<br />

disposée à envisager d'autres solutions sans quoi je vais chercher un autre lieu de<br />

travail parce que là, c'est vraiment trop contraignant. Dernièrement, j'ai vraiment craqué<br />

dans la voiture. Je n'en pouvais plus.<br />

Agacée par la pollution émise par ces couloirs de voitures, exténuée par le bruit des klaxons accentués<br />

par le ronflement de ces moteurs qui tournent à l’arrêt, elle sent que la tension monte. Subitement, elle<br />

cesse de s’agiter dans le vide – d’ailleurs cela ne sert à rien se dit-elle secrètement - et s’abandonne à<br />

ce paysage matinal d’une ville saturée par la congestion automobile. Tétanisée par l’effroi d’être<br />

définitivement perdue dans cet océan de voitures qui se télescopent, se sentant honteuse devant son<br />

incapacité à prendre une initiative et à supporter la situation, Odile Bernard, sans même sans rendre<br />

compte, se met subitement à pleurer.<br />

• « Un matin, j'étais totalement bloquée. Sur le tronçon Torcy – Paris, j'ai explosé<br />

littéralement en larmes. J'étais au bord de la dépression. Ca devient pénible parce que<br />

ça s'ajoute à d'autres facteurs. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Mais<br />

bon, là je suis saturée, vraiment, je vous assure, je n'en peux plus. Il faut faire quelque<br />

chose. »<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 58


Un peu plus tard, pour se soulager et tuer le temps, elle se saisiera de son téléphone portable pour<br />

envoyer un texto à une amie qu’elle sait être dans la même situation. Cette communication éphémère,<br />

ce lien furtif avec une amie lui apportera un peu de réconfort. Elle ne peut s’empêcher de penser que<br />

cet acte désespéré n’est qu’une maigre consolation. Demain, c’est décidé, elle prendra le RER.<br />

4. Le voyageur télé-guidé : entre soumission et rebellion<br />

Lors de nos entretiens, de nombreux automobilistes souvent équipés d’un téléphone portable ont<br />

évoqué la possibilité, dans un proche avenir, de s’équiper d'un système d’aide à la navigation de type<br />

GPS. Si les PDA et les téléphones portables de nouvelle génération peuvent être, aux yeux des<br />

professionnels, l'outil idéal pour permettre la mise en place de nouveaux services à la mobilité, le<br />

marché ne semble pas encore prêt, comme en atteste le faible équipement des automobilistes français<br />

encore réfractaires en raison d'un coût prohibitif. En effet, parmi l'ensemble de notre échantillon, seule<br />

un participant ayant acheté récemment une voiture de haute gamme était équipé d’un système d'aide à<br />

la navigation par satellite (GPS).<br />

Suivons à la trace l’itinéraire de Monsieur X dont la déambulation urbaine dans la région parisienne<br />

était téléguidée par une voie numérique aux intonations féminines. Assis à ces cotés, nous verrons que<br />

l'information en temps réel peut également être source de perturbation.<br />

« Le GPS, c'est enfantin» pouvions-nous lire sur la plaquette qui fait office de mode d’emploi<br />

rangée dans la boite à gans de la voiture. « . Un outil magique pour circuler en toute liberté et<br />

éviter les bouchons. »<br />

Stationné sur le bas coté de la chaussée, Monsieur X, feuille de route en main et tête penchée<br />

sur le levier de vitesse, tape minutieusement l’adresse de son lieu de destination : « Rue<br />

Nationale » sur l’écran tactile de son outil d'aide à la navigation incrusté dans le tableau de<br />

bord. « Il suffit d'indiquer le numéro de rue et l’adresse de votre destination pour que le<br />

système de navigation vous guide de bout en bout. »<br />

Au bout de 2 minutes de bougonnement, il relève la tête, semble reprendre sa respiration et<br />

me dit ironiquement :<br />

« C’est vrai qu’il ne faut pas être pressé, s’excuse t-il. Si votre femme est sur le point<br />

d’accoucher, le temps de taper « H.O.P.I.T.A.L », je pense qu’il sera déjà trop tard. Vous<br />

aurez plus vite fait de faire le 18 sur votre portable. (…) Cette difficulté de saisir des données<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 59


est une des limites du système pour moi. C’est pour cela que je ne l’utilise pas pour les<br />

courtes distances. En fait, je m’en sers principalement pour faire de la route sur de longues<br />

distances. Là, je le fais parce que vous êtes là. (...)Bon, il faut bien reconnaître que je ne suis<br />

pas un expert mais je pense que ça vous l’aviez deviné. Il y a une affaire d’habitude. C’est<br />

vrai que la voiture est neuve, donc je n’ai pas tellement l’habitude de me servir de çà. Mais<br />

c’est même pas çà. C’est que sur des parcours à distance brève, sur Paris par exemple, je<br />

n’ai pas entièrement confiance pour l’instant en cette technologie. Dans certaines<br />

indications, par exemple, la densité du trafic, je ne sais pas dans quelle mesure, ils en<br />

tiennent compte. »<br />

Une fois ce laborieux travail de saisie effectué, il effleure délicatement du bout du doigt la<br />

touche « recherche » située en bas, à droite de l’écran tactile. Quelques secondes après, la<br />

magie s’opère. Une carte en forme de ruban numérique apparaît à l'écran :<br />

« Ha, enfin, voilà… Non, attendez, je crois que je peux avoir une autre carte plus pratique. Comment<br />

ça marche ? (…) Attendez…, Non, c’est pas ça. C’est pas ça non plus. (…) ». Il jette un dernier coup<br />

d’œil sur le mode d’emploi ouvert sur ces genoux. « Ha, voilà je crois que j’ai enfin trouvé. » Sous<br />

l’action d’une ultime pression, la carte change de mise en forme graphique. « C’est plus facile à<br />

déchiffrer comme ça. C’est pour des raisons de commodités que je préfère utiliser ce mode de<br />

présentation graphique. Bien, c’est parti.»<br />

En effet, le logiciel propose trois points de vue. Parmi les utilisateurs, il y a les adeptes du<br />

« mode plan », qui aiment visualiser l'ensemble d'une région comme on regarde une carte<br />

papier, tout en zoomant quand bon leur semble sur certaines localités. Il y a ceux qui préfèrent<br />

le mode « bird view », qui permet de regarder défiler le paysage comme un oiseau. La route<br />

est alors toujours dans l'axe de l'écran ; on a l'impression que les immeubles tournent autour<br />

du véhicule qui s’enfonce dans les rues. Enfin, les citadins peuvent opter pour le troisième<br />

« mode en version 3D », grâce auquel les immeubles prennent le volume qu'ils ont dans la<br />

réalité (ou presque).<br />

Plus familiarisé au « mode plan » en raison de son expérience de la carte routière classique<br />

(format papier), Monsieur X selectionne le « mode plan ». Un ultime contrôle dans les<br />

rétroviseurs, nous voici élancé sur la piste en direction de Paris. Discipliné et attentif,<br />

Monsieur X, dans un premier temps, suit à la lettre les instructions que lui indique cette voix<br />

féminine étrangement synthétique.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 60


GPS : « Prenez la prochaine à droite, puis à gauche ». « Serrer sur votre droite » (…)<br />

« attention, ralentissement à 800 mètres… »<br />

Progressivement, cette voie mécanique, à force de répétition, devient étrangement moins sympathique.<br />

En effet, cette présence sans visage qui s’invite en permanence dans l’intimité de l’habitacle finit par<br />

nous agresser, « nous polluer l’existence » me glisse en douce Monsieur X. Agacé par ces ordres<br />

redondants, Monsieur X décide de se rebeller, de lui désobéir. Il décide d’emprunter un raccourci qu’il<br />

connaît bien « par expérience ». La machine tente en vain de le remettre sur le « droit chemin » mais<br />

sans succès. « J’ai mauvais caractère, me souffle t-il. Mais elle va bien se faire une raison. »<br />

Le GPS tente de le dissuader une dernière fois : « Attention, au prochain carrefour, serrez à gauche<br />

pour faire demi-tour. ». « préparez vous à serrer à gauche » insiste la machine.<br />

Monsieur X : « Ca va, j’ai compris. Elle va bien finir par se taire. C’est quand même moi le pilote à<br />

bord » plaisante t-il.<br />

Enquêteur : « Vous le laissez brancher quand même, malgré le fait que vous ayez pris une<br />

autre destination. Il se rebranche lui-même sur votre parcours c’est çà en fait ? »<br />

Monsieur X : « Il faudra bien qu’à un moment donné, il prenne une décision de ce genre. D’ailleurs<br />

c’est ce qu’il est en train de faire apparemment. Regardez, il a effacé la carte, voilà ! Il est en train de<br />

faire un nouveau calcul. »<br />

Le système, qui reçoit en direct l'information, refait ses calculs automatiquement et s’ajuste au<br />

nouveau parcours du conducteur. Inlassablement, le GPS reprend la parole. Un rapport de force<br />

s’instaure entre Monsieur X et sa compagne numérique. Feignant de croire qu’elle l’entend, il<br />

s’engage alors dans une courte conversation sur-réaliste avec son co-pilote.<br />

Monsieur X : «Qu'est ce que tu es bavarde. Ah, tu as compris que je m’obstinais. Voilà, elle semble<br />

avoir compris»<br />

GPS : « Sur la fin de la route, tourner à droite »<br />

Monsieur X, sur un ton ironique réponds à la machine : « Oui, je sais, je sais. Pas la peine de me le<br />

rappeler. C’est ce que je comptais faire. Ah, qu’est ce que tu es bavarde. Si ça continue, je te<br />

débranche »<br />

Subitement, aux abords du périphérique parisien, un message d’alerte éveille notre curiosité :<br />

GPS : « Attention, à trois kilomètres, circulation arrêtée » répète inlassablement la femme<br />

sans tête.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 61


« Qu’est ce qui lui prend » s’exclame Monsieur X manifestement troublé par un message<br />

qu’il n’arrive à décrypter ! « Qu’est ce que ça veut dire ‘circulation arrêtée’ J’ai du mal à<br />

situer le problème ! Ca doit être à Bercy à moins que ça soit juste après. Si c’est le cas, c’est<br />

pas notre problème. C’est vraiment pas clair. C’est trop flou trois kilomètres ça ne me dit rien<br />

du tout. »<br />

Enquêteur : « J’ai l’impression que ce message vous perturbe plus qu’il ne vous aide ? »<br />

Monsieur X : « Oui tout a fait… On ne sait pas ce que ça veut dire. C’est un problème de<br />

terminologie. Est-ce que.. Alors, bon ! Je ne suis pas informaticien mais j’imagine qu’ils ont<br />

aussi des problèmes de conception du logiciel ? Multiplier les variantes, ça suppose une<br />

information beaucoup plus précise et un logiciel plus lourd, je ne sais pas ? (…) Je m’attends<br />

à ce qu’il me dise, d’abord, de façon plus précise de quoi il en retourne. Surtout qu’en face, il<br />

n’y a manifestement aucun problème. La circulation est très fluide. Regardez, ça fait bientôt 5<br />

minutes que l’on roule sur les Maréchaux sans aucun souci. Il y a pas un chat. (…) »<br />

Monsieur X, de nouveau, décide de tenir tête à la machine. Il refuse de se soumettre au diktat<br />

du co-pilote numérique. 5 kilomètres plus loin, nous sommes « rue Nationale ». Monsieur X<br />

affiche sa satisfaction. « Nous y sommes » me lance t-il héroïquement. Cette première étape<br />

réussie, nous effectuons un bref débriefing :<br />

« Il y a un réel problème de sémantique, résume Monsieur X. Il y avait une imprécision, et en<br />

fait, dans la pratique, les informations sont fausses. Je n’avais pas besoin de ces<br />

informations. Cette imprécision dans la formulation installe le doute. C’est cela qui est grave.<br />

Comme je m’en doutais, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Il n’y avait pas de bouchons ou de<br />

blocages sur notre parcours. Donc, là il y a au moins une fausse information. C’est quelque<br />

chose de grave car si je l’avais écouté nous aurions encore perdu du temps. » s’insurge<br />

Monsieur X<br />

Enquêteur : « Suite à cette expérience, à quelle occasion vous auriez envie d’utiliser votre<br />

GPS ? »<br />

Monsieur X : Sur la route, pour les grands trajets, je trouve que c’est très agréable. Par<br />

contre, pour les destinations habituelles dans Paris, je n’en ai pas besoin. Je préfère m’en<br />

remettre à mon expérience qui, faut bien le reconnaître, vieillit en raison du fait que je<br />

descends de moins en moins sur Paris (…) »<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 62


Enquêteur : « Vous disposez d’indicateurs qui vous permettent de prendre la mesure du<br />

trafic ? »<br />

Monsieur X : « Il y a des endroits que je connais bien, oui ! Je sais très bien que les approches de<br />

certains tunnels sur l’autoroute sont très instructifs, on sent très bien ce qui va se passer. Et donc, il<br />

faut chercher une sortie à temps. Je tiens compte également des informations sur les panneaux<br />

d’autoroute (PMV), c’est à dire que j’essaye d’évaluer au pifomètre si c’est un bouchon important ou<br />

si c’est un simple ralentissement. Parce que là, aussi les informations ne sont pas toujours très<br />

claires. »<br />

A ce titre, sur le chemin du retour nous croisons un PMV qui annonce le message suivant<br />

« Bouchon : 2 Km ».<br />

Monsieur X, toujours suspicieux à l’égard des informations délivrées, me rétorque : « Vous<br />

voyez, là aussi, il y a un autre problème avec ces informations. Par exemple, l’indication<br />

« bouchon à 2 kilomètres » n’est pas clair. Nous ne savons pas toujours très bien si le<br />

bouchon est égal à 2 kilomètres ou si il signifie qu’il démarre dans 2 kilomètres. C’est pas la<br />

même chose. Surtout qu’à ce niveau, nous avons souvent affaire à un simple ralentissement.<br />

Est ce qu’il faut que je sorte ou est ce que je dois simplement ralentir.»<br />

Au final, bien que Monsieur X soit sur-équipé, une seule information compte à ces yeux : sa<br />

propre expérience et les opportunités qu’il peut saisir au fil de son parcours.<br />

Que nous racontent ces histoires ?<br />

Les postures du corps<br />

Manifestement, tous les voyageurs ne réagissent pas de façon homogène face à la perturbation et ne<br />

détiennent pas les mêmes ressources pour s'en sortir.<br />

De même, les automobilistes, en situation de perturbation, échappent difficilement à ce<br />

syndrome de la saturation cognitive qui se traduit par une forme d’aveuglement. En effet,<br />

concentré sur sa tâche, l’automobiliste finit par ne plus voir les informations périphériques distribuées<br />

dans l'environnement qui pourraient lui permettre d’opter pour d’autres solutions alternatives plus<br />

adaptées que la circulation automobile. Plus que la situation, ce sont les automobilistes qui deviennent<br />

perturbés comme en témoigne leurs postures corporelles.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 63


En effet, lors de nos simulations, nous nous sommes aperçus que le corps des automobilistes en<br />

situation de perturbation oscille entre contraction et décontraction. Par exemple, la tête de<br />

l’automobiliste, tel un scanner déréglé, balaie l’horizon de gauche à droite à la recherche d’une<br />

information « imprécise », d’un repère « quelconque »… Les sourcils se froncent, le cou s’étire,<br />

se contracte, les yeux s’écarquillent… tous les sens semblent en éveil.<br />

Le nez collé sur le compteur de vitesse et de l’horloge, nos conducteurs manifestent rapidement des<br />

signes de nervosité et d’agacement : tapotement sur la porte, allume une cigarette… Cette rigidité du<br />

corps est source de stress et de fatigue nerveuse. Ces attitudes, vous en conviendrez, ne facilitent pas<br />

la concentration.<br />

D’autres automobilistes, au contraire, se « déconnecte » et « préfèrent prendre leur mal en<br />

patience ». Fatalistes, certains en haussent les épaules, en nous disant : « C’est comme ça. On n’y<br />

peut rien ». Cette indifférence teintée de fatalisme témoigne du fait qu’ils n’ont plus prise avec la<br />

situation. Ils ont, pour reprendre leur expression, décroché. Le corps, dans ce cas, se relâche,<br />

s’absente. Il semble flotter en apesanteur. Démunis face à cette situation, ils se retirent<br />

progressivement du jeu et "prennent leur mal en patience".<br />

Enfin, d’autres reconnaissent être sur le point de craquer et sont prêts à « tout laisser tomber ».<br />

Ils finissent par se renfermer sur eux mêmes, rongés par la colère… C’est pour cette raison de<br />

confort psychologique et cognitif qu’ils cherchent à atteindre un « coin qu’ils connaissent. (...) Une<br />

fois là bas, je connais les raccourcis ».<br />

Le rapport au territoire<br />

Nos observations nous ont également permis de nous rendre compte que les voyageurs n'entretenaient<br />

pas le même rapport à l'espace. La vision orthogonale de l'espace que cultivent en commun le routier<br />

et le cartographe s'oppose à la vision tourbillonnaire, désordonnée, concentrique de l'explorateur et du<br />

conducteur désorienté. Ecoutons l’explorateur et le cartographe.<br />

L’explorateur :<br />

J’ai une vision de Paris en spirale. On va dire en gros le centre de Paris je sais pas le 4 ème , 1 er<br />

quelque chose comme çà, et après çà, il y a des cercles autour donc il y a notamment tout ce cercle<br />

dans le Sud autour de la rue de Tolbiac qui me permet d’aller jusqu’au 15 ème tranquillement aussi. Il y<br />

a les boulevards des maréchaux qui sont encore plus excentrés par rapport au centre bien<br />

évidemment. Et après çà, j’ai les périphériques. Donc j’ai une vision comme çà, en cercle. J’ai le<br />

centre et puis à partir de là j’ai des routes qui font des sortes de cercle qui s’enchevetrent. Et<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 64


çà, ça me permet en fait de choisir de passer d’un cercle à l’autre, en fonction du trafic, en<br />

fonction de mon horaire à laquelle je dois arriver… (…) Je dirais qu’en fait ça avance comme un<br />

entonnoir un trajet. Il y a les parties que tu connais donc tu n’as pas vraiment à consulter<br />

d’avance le plan. Après çà, plus t’avance vers le point de rendez-vous, plus il y a des parties<br />

que tu connais pas et là ça devient compliqué parce que c’est les petites routes. C’est les sens<br />

interdits que tu connais pas ainsi de suite tout ce qui fait la particularité du coin.”<br />

Le cartographe :<br />

Moi à Paris je me repère énormément grâce au métro. Quand je suis arrivé à Paris, je savais pas<br />

identifier les arrondissements, donc quand des gens me disaient on se retrouve à tel endroit je leur<br />

demandai à quelle station de métro c’était. (…) En voiture en fait, je suis assez peu aventurier je me<br />

repère par rapport aux grands axes. Et j’essaie de me servir de mon cerveau un peu comme une<br />

boussole c’est à dire à tout moment savoir où est l’Est où est l’Ouest le Sud le Nord. Et au pire je me<br />

repère avec des grandes directions. Voilà je suis un peu comme dans un espace trois D. (…) Alors<br />

mon système est assez peu fiable. (...) Au début en fait on fonctionne par points de repères donc au<br />

début j’en avais peut être sept huit repères. Et puis maintenant j’en ai peut être une quinzaine.<br />

Tu peux les citer tes repères ?<br />

Oui bien sûr, et bien par exemple je sais ou se trouve Châtelet les Halles je sais ou se trouve<br />

Bastille, les gares. Je pourrais situer exactement sur un plan et comment aller de l’un à l’autre. Je<br />

sais ou se trouve les Champs Elysées, après je me repère aussi des fois par rapport au périf et aux<br />

portes.<br />

Si la première vision (tourbillonnaire) nous renvoie à la logique de territoire, la seconde, gréffée sur le<br />

réseau métropolitain, s'ancre davantage dans une logique de réseau. Un système d'aide à la navigation<br />

doit pouvoir répondre à ces deux conceptions de l'espace d'où l'intérêt, à la fois, d'articuler et de<br />

dissocier ces notions de « réseau » et de « territoire » lors de l'élaboration de l'offre multimodale. La<br />

charte graphique du boîtier MobilUrb devra prendre en considération ces deux dimensions.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 65


Conclusion<br />

Cette description des styles de conduite d'automobilistes vient se superposer aux styles de navigation<br />

des voyageurs TC. En effet, on peut en effet, trouver des analogies entre :<br />

Le renard et le routier qui ont su développer une intelligence du réseau<br />

L'araignée et le cartographe qui ne circulent pas sans ces instruments de bord pour faire le<br />

point et tirer le cap.<br />

Le dauphin et l'explorateur : qui n’hésite pas à partir à l’aventure et entretiennent un rapport<br />

ludique au territoire.<br />

La taupe et le conducteur « désorienté » qui se sentent, en situation de perturbation, dans<br />

l’incapacité de mettre en oeuvre un plan alternantif.<br />

Cette analyse construite sur des univers de pratique et des compétences cognitives du voyageur nous<br />

permet donc d'imaginer des services à la mobilité communs à ces deux mondes.<br />

Le cartographe et le conducteur désorienté : les 2 cibles prioritaires de MobilUrb<br />

Le terminal « MobilUrb », s'il peut satisfaire ces 4 profils, s'adressera prioritairement aux<br />

« cartographes » et aux « conducteurs désoeuvrés » qui sont les personnes les plus désemparées en<br />

situation de perturbation. Ces deux profils nous semblent plus sensibles à un système d'aide à la<br />

navigation qui puisse optimiser leurs déplacements et leur permettre de gérer l'incertitude. De plus,<br />

moins attachés affectivement à leurs voitures, ils sont davantage réceptifs à cette idée de pouvoir<br />

changer leurs habitudes, leurs comportements modales et, au final, d’opter pour les TC.<br />

Les autres profils (l'explorateur et le routier), en raison du principe d'autonomie et de liberté qui les<br />

caractérise, sont plus hermétiques à cette idée de pouvoir se défaire de leur automobile. De plus, ils ne<br />

souhaitent pas véritablement être assistés pendant leurs déplacements. De plus, en raison de leurs<br />

connaissances du réseau, de leurs capacités « naturelles » à prendre des décisions, à s'ajuster aux<br />

circonstances, à saisir des opportunités, ils ne souhaite pas se laisser enfermer dans les mailles du<br />

réseau. Ils trouveront toujours une solution alternative qu'ils préfèreront aux TC qui, à leurs yeux,<br />

incarnent le monde de la “contrainte” et de la “rigidité en terme de gestion de vie et de temporalité.<br />

Enfin, les péripéties de Monsieur X, téléguidé par un "assistant de voyage", nous interrogent sur les<br />

modalités d'un système d'aide à la navigation dont l'enjeu est de pouvoir certifier l'information<br />

transmise mais également d'adapter le système d'aide aux profils des voyageurs.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 66


Degré d’intervention du système d’aide et profil voyageur<br />

Pour s'adapter aux profils des conducteurs, il nous semble important de pouvoir faire varier le degré<br />

d'intervention du système d'aide à l'orientation.<br />

Nous pouvons distinguer 4 niveaux d'intervention :<br />

1. le mode "passif" : MobilUrb fournit de l'aide uniquement sur demande aux voyageurs. Il<br />

correspond à la figure du Renard – Routier qui souhaite conserver sa liberté de circulation, de<br />

manoeuvre.<br />

2. le mode "pro-actif" : le terminal, en fonction des interventions qu'il reçoit, se déclenche<br />

automatiquement en situation de crise pour offrir des solutions alternatives. Le terminal, en<br />

fonction du lieu ou le voyageur se trouve, lui offre des alternatives, des opportunités qu'il<br />

décide ou non de suivre, de saisir. Il correspond à l’explorateur-dauphin qui souhaite se saisir<br />

des opportunités qui s’offrent contextuellement à lui.<br />

3. Le mode tutoriel guide le voyageur de bout en bout. Il prend en charge le déplacement du<br />

voyageur qui est téléguidé à distance par l'intermédiaire des information que lui transmet en<br />

temps réel MobilUrb. Ce mode satisfait le cartographe qui est un voyageur “discipliné”.<br />

4. Enfin, le mode "assistant de voyage" (ou appel de détresse) consiste à être piloté par la<br />

centrale de mobilité en ayant recours à l'aide d'une personne physique qui nous indique le<br />

chemin. C'est le degré d'intervention le plus élevé. Il s'adresse aux personnes totalement<br />

désorientées.<br />

Fiches « proposition »<br />

Suite à nos observations et entretiens, nous pouvons émettre un certain nombre de<br />

propositions en terme de service à la mobilité et de parcours d'action des voyageurs.<br />

A ce stade de la réflexion, nous proposerons deux Fiches “proposition n°1” et “synthèse n°1”:<br />

Une fiche proposition n°1 intitulée De la carte MobilUrb à la carte d’identité “profilée<br />

Une fiche synthèse n°1 intitulée « Principes directeurs » dont nous expliquons auparavant<br />

les règles de construction à partir des critères de satisfaction.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 67


Construire l’espace des critères de satisfaction pour construire des types de<br />

voyageurs<br />

Comment les opérateurs transports peuvent-ils s'adresser à la variété des voyageurs<br />

et répondre adéquatement à l'étendue de leurs attentes en terme d'information<br />

multimodale ?<br />

Suite à nos observations et nos entretiens réalisés en contexte de navigation, nous avons pu<br />

identifier une série d'indicateurs de mobilité que nous avons essayé de traduire en critères de<br />

satisfaction pour le voyageur. Par exemple, en fonction des intempéries, de la nature ou de<br />

l'importance d'un rendez-vous, de la « charge » du voyageur (une mère de famille avec une<br />

poussette, un francilien encombré d'une valise sans roulette...), de son système de valeurs... le<br />

client d'un réseau TC ou l'automobiliste adoptera un mode de transport spécifique.<br />

• En transport collectif, ce que j’apprécie, c’est que je peux lire, je peux faire d’autre chose que rester<br />

concentré sur la conduite. La voiture, je l’utilise quand je dois me déplacer sur des trajets très précis,<br />

pour lesquels le métro serait plus long ou bien quand j’ai besoin de faire des courses. Par exemple,<br />

lorsque je dois porter des grosses quantités, charger le coffre etc…., dans ce cas, c’est pas envisageable<br />

de les faire en métro. Le transport pour transporter des trucs c’est l’enfer.<br />

Dans la pratique, pour construire son déplacement, choisir son mode de transport, le voyageur<br />

élaborera donc un « diagnostic d'usage » en fonction de l'offre multimodale, formulera un<br />

« jugement » selon des critères de satisfaction et un principe supérieur commun qui repose,<br />

comme nous le verrons, sur un ordre de grandeur.<br />

Pour plus de clarté, nous répartirons les indicateurs de mobilité en 4 principes supérieurs<br />

communs qui nous permettent de qualifier les parcours de voyageurs, de structurer l'offre<br />

multimodale et d'imaginer des services à la mobilité (bouquets de services) qui reposent non plus<br />

sur des catégories « voyageurs » construites a priori mais sur des univers de pratique. Ces 4<br />

principes supérieurs communs, directement inspirés du modèle de Boltanki et Thèvenot 28 , nous<br />

permettront de dépasser les particularismes des voyageurs et de monter en généralité pour formuler<br />

des offres de services. C'est au nom de ce principe supérieur commun que le voyageur entend obtenir<br />

« gain de cause », « satisfaction » sur le service rendu, et inversement qu'il souhaite obtenir<br />

« réparation » en cas de perturbation sur le réseau. Ces « cités », pour reprendre l'expression de<br />

Boltanski et Thévenot, sont composées d'un « répertoire d'objets et de dispositifs » à partir desquels<br />

28 L. Boltanski et L. Thévenot, De la justification : les économies de la grandeur, Gallimard, 1991.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 68


le voyageur justifie ses actions, ses choix, ses attentes, régule ces désirs... Enfin, ces principes<br />

structurent en partie notre rapport à l'espace-temps.<br />

Présentation des 4 principes :<br />

Nous avons identifié 4 principes supérieurs communs qui permettent aux voyageurs de porter<br />

un jugement de valeur sur les services à la mobilité, et par voie de conséquence sur<br />

l'information multimodale qui pourrait influencer ces choix.<br />

1 Le principe domestique :<br />

Certains voyageurs insistent sur le « bien être » et sur les facteurs d'ambiance des lieux<br />

qu'ils traversent et des modes de transport qu'ils empruntent. Les objets et dispositifs qui<br />

équipent la grandeur renvoient au « confort », à la « chaleur » des lieux, au sentiment de<br />

« plénitude » et de « sérénité » qui doit s'en dégager, au sentiment familier « d'être chez<br />

soi »...<br />

• Quitte à choisir entre les TC et la voiture, j’opte sans hésiter pour la voiture pour des raisons<br />

de confort parce qu’on est dans un habitacle, on est chez soi, on connaît. On peut écouter la<br />

radio et puis on n’a pas les odeurs, la mauvaise humeur des gens. On est tranquille, on<br />

met le chauffage si on a un peu froid. La clim si on a chaud. Dans la voiture, on ne subit pas<br />

tous ces inconvénients, le monde, la foule. C’est quand même plus confortable. C’est vrai<br />

que quand il y a du monde dans le R.E.R. ou le métro, on est debout, on est serré, c’est<br />

l’inconvénient. (…) Je préfère en fait patienter une heure dans les embouteillages assise<br />

et écouter la radio que d’être debout sur un quai pendant une heure en train d’attendre<br />

le R.E.R. qui malheureusement ne va pas venir !<br />

Ces voyageurs s'équipent également d'instruments qui leur permettent de prolonger la<br />

sphère domestique dans un espace public. Le livre est à ce titre exemplaire. Il permet de<br />

traduire le déplacement en déambulation imaginaire, de créer de la frontière avec les autres<br />

voyageurs, de recomposer un espace intime à l'abri des regards indiscrets... La rame de<br />

métro se transforme pour l'occasion en salon de lecture, en bibliothèque mobile.<br />

• Les TC, c’est plus pratique parce que c’est pas vous qui conduisez puisque vous êtes<br />

transporté, c’est plus cool. Quand je viens le matin j’ai 35 minutes. J’ai mes petites<br />

habitudes, je pose mes affaires là (coin d'un siège RER) et je me mets en général à la place<br />

derrière, j’accroche mon manteau ici comme ça je suis tranquille, j’ai les pieds devant<br />

tranquille, je bouquine, j’arrive, je suis décontracté. Hop ! Un petit quart d’heure<br />

d’avance, je bois mon petit café, et puis voilà tranquille.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 69


Pour trouver du ré-confort, certains voyageurs n'hésitent pas à déployer des stratégies pour<br />

s'assurer, par exemple, de trouver une place assise dans la rame, éviter la cohue des heures<br />

de pointes... Un trajet réussi s'apparente alors à un déplacement au fil de l'eau, sans rupture<br />

de charge, qui s'effectue dans la sérénité, en dehors de l'agitation du monde urbain, à l'abri<br />

des regards suspects. Dans ce monde, ce qui est grand est « confortable », « sûr »,<br />

« tranquille », « chaleureux », « familier »... Le rapport à l'espace-temps du voyage est<br />

un temps relativement calme qui doit permettre au voyageur de pouvoir s'installer<br />

durablement.<br />

• Si je sais que j’ai une ligne à faire sans trop de correspondance et que cette ligne va être<br />

longue je vais pouvoir sortir un livre. Alors que là, je vais avoir déjà sur ce trajet deux<br />

correspondances. Ca sert à rien que je sorte mon bazar, ma lecture, mon journal. Si<br />

c’est pour le refermer dans 2 minutes, j’ai la correspondance donc pour moi c’est pas<br />

confortable. C’est embêtant d’interrompre son article toutes les deux minutes, on est plus<br />

tellement dans le suivi d’analyse et puis c’est pas intéressant.<br />

• Les correspondances c’est toujours du temps de perdu en fait. Puis c’est aussi une<br />

question de confort. C'est désagréable, il faut marcher, s’orienter, enfin alors que si on est<br />

entrain de bouquiner ou de faire autre chose, ben on est obligé de s’interrompre.<br />

Le principe supérieur commun est le « confort » des lieux qui assure le « bien être » de<br />

la personne. De la notion de « confort », nous glissons progressivement à celle de « ré-confort ».<br />

L’état de grand a les attributs de la familiarité, de l’intimité et de la sécurité : la chaleur,<br />

la tranquilité, la plénitude, le repos, le ressourcement...<br />

Les objets et les dispositifs qui équipent la grandeur protégent le voyageur des<br />

éventuelles agressions extérieures, assurent la protection physique et morale du voyageur, et<br />

prolongent le confort de la sphère domestique décrite comme le lieu du ressourcement et de la<br />

méditation intérieure. Le livre incarne toutes ces valeurs. Il protège des regards en faisant écran vis à<br />

vis de l'extérieur et nourrit l'imaginaire du voyageur.<br />

Le rapport à l'espace-temps dans les transports est celui de la continuité et de la linéarité<br />

à l'image de ces histoires qui défilent au fil des pages. A ce titre, les ruptures de charges sont vécues<br />

comme des ruptures de pratique, comme des changements d'état du voyageur-lecteur.<br />

2 Le principe écologique<br />

La cité « écologique » fonctionne sur un autre registre. Les voyageurs qui peuplent cette<br />

cité rejettent les modes de transport « polluants » qu'ils jugent «non respectueux » à l'égard<br />

de l'environnement. Ces voyageurs sont sensibles aux problèmes de la pollution urbaine.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 70


Au nom de ce principe écologique, il sont prêts à modifier leurs comportements modaux, à<br />

ajuster leurs parcours, à se jouer de l'intermodalité.<br />

• Alors les inconvénients des transports en commun, c'est la pollution quand on est dans les<br />

bouchons. Cette été, avec la canicule, je sais pas si vous étiez à Paris, mais c'était plus<br />

respirable. C'est de la pure folie. (...) Et puis, le métro, c'est aussi moins de stress du fait<br />

qu’on n’est pas en train de regarder devant, derrière dans les rétros-viseurs, en train de se<br />

dire si on va avoir un accident.<br />

Ils revendiquent également un « art de vivre » qui repose sur une forme de mobilité<br />

alternative que nous appellerons l'altermobilité. Refusant de se soumettre à cette mobilité<br />

qui fonctionne en flux tendu et à grande vitesse, ils souhaitent réinjecter de « la lenteur »<br />

dans le déplacement pour lutter contre le stress de la vie quotidienne et contrarier les fortes<br />

cadences auxquels le corps du voyageur est soumis en milieu urbain. Il faut, selon eux,<br />

réapprendre à prendre le temps de perdre son temps, savoir faire des détours pour<br />

agrémenter le voyage, « faire les boutiques », se « promener » le long de la Seine, se<br />

laisser surprendre par l'inconnu au coin d'une rue... Le parcours de ces voyageurs<br />

ressemble à un voyage initiatique, à une aventure humaine qui met l'accent sur la<br />

découverte et le plaisir de la rencontre. Le principe supérieur commun de cette cité repose<br />

donc sur ce concept de mobilité « durable » et d'altermobilité. Cette cité entretient un<br />

rapport « lâche », « détendu » à l'espace-temps qui prend la forme d'une courbe en<br />

pointillés.<br />

• Quand j'ai le temps, je m'arrête volontairement une ou deux stations avant mon arrêt. Ca<br />

dépend du quartier ou je me trouve. En ce moment, avec le soleil, c’est cool, c’est bien.<br />

Quand c’est l’hiver on va se faire les correspondances on est au chaud, on est bien. (…)Oui,<br />

c’est clair que des fois je vais plus privilégier un voyage à pied. Parce qu’il fait beau et puis,<br />

je me dis “ tiens ça fait 300 mètres à faire mais bon, il fait beau c’est tranquille, je passe<br />

devant tel magasin devant telle boutique, tiens c’est sympatoche. ”Je vais plutôt me faire ça<br />

plus tranquille.<br />

Le principe supérieur commun est la mobilité « durable » au sens écologique du terme,<br />

principe qui se veut respectueux de l'environnement et des générations futures.<br />

L’état de grand a les attributs du « savoir vivre », de « la lenteur», de la « force<br />

tranquille » et de « l'équilibre »...<br />

Les objets et les dispositifs qui équipent la grandeur sont forcemment « non polluants»,<br />

« écologiques », « dé-stressants »... Ces objets doivent respecter l'environnement et l'individu dans son<br />

rythme biologique.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 71


Le rapport à l'espace-temps dans les transports est celui de la discontinuité, de la<br />

promenade, de l'altermobilité.<br />

3 Le principe (civique) d'accessibilité<br />

La figure idéaltypique du voyageur de cette cité est la personne à mobilité réduite qui<br />

souffre de problèmes de motricité, d'autonomie et d'accessibilité. Ces voyageurs<br />

souhaiteraient une information « pratique » qui les oriente en fonction de leur degré de<br />

motricité, de leur « charge pondérale »... Ces personnes fragilisées dans leurs<br />

déplacements souhaitent également obtenir de l'assistance technique et humaine pour<br />

atteindre, sans difficulté, sans « détour inutile », leur destination. Ils souhaitent en quelque<br />

sorte obtenir de l'information pour fluidifier leurs déplacements. Le principe supérieur<br />

commun qui coordonne l'action de ces voyageurs est la liberté de circulation entendue au<br />

sens physique du terme. Ces voyageurs à mobilité réduite sont prêts, si nécessaire, à faire<br />

un détour pour gagner du temps, pour « éviter ces couloirs interminables qui sont<br />

épuisants»... Les objets qui peuplent ce monde doivent répondre à des critères<br />

d'accessibilité et de fluidité dans le mouvement : un ascenseur, un escalier mécanique, un<br />

bus à plancher plat....<br />

• Ce que j'aimerais, c'est d'appeler un numéro d'urgence et de demander mon trajet, que l'on<br />

puisse m 'évaluer précisément le temps qu'il me reste à parcourir, les temps de<br />

correspondance même si c'est qu'une estimation, cela me donne une idée, ça me rassure et je<br />

pourrais prévenir mes amis. (...) Pour mesurer concrètement le temps de parcours, il faut<br />

connaître les stations, c’est vrai que c’est une perte de temps la correspondance. Mais c’est<br />

vrai que celle-là par exemple, elle était relativement longue en fait. Il y a pas mal<br />

d’escalators, de couloirs, il y en a qui sont quand même plus rapides. Ça par exemple,<br />

çà je les évalue pas du tout, les temps de correspondance.<br />

Donc obtenir une information qui vous permettrait justement d’évaluer le temps de correspondance à pied, entre<br />

une ligne et une autre ligne. C'est une information qui entre en ligne de compte dans votre choix?<br />

• Oui, oui çà, ça rentrerait en ligne de compte. Parce que je pense, par exemple, aux stations<br />

près de Châtelet-les Halles ou là, on a des tapis roulants, des couloirs qui prennent vraiment<br />

du temps, bon çà je le sais. Et en général, j’essaye d’éviter ces correspondances là, qui sont<br />

trop longues. Sauf quand j’ai vraiment pas le choix. (...) Pour me rendre à Montparnasse par<br />

exemple, je prends la 6 car quand je suis chargé, les escaliers c'est insupportable.<br />

Pour ces voyageurs, le rapport à l'espace-temps est annexé aux rythmes de la temporalité<br />

urbaine. Ils adoptent et font varier leurs trajets en fonction de l'heure de la journée qui agit<br />

sur leur état physique, sur la motricité du voyageur comme en attestent ces exemples :<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 72


• Le matin, je prends le métro à JOURDAIN puisque c’est là que j’habite. Je change à<br />

BELLEVILLE et je le reprends jusqu’à NATION et de NATION là, je prends le RER. Mais<br />

le soir, je change de trajet par ce que je trouve qu'entre la fatigue du travail et les<br />

correspondances qui sont de plus en plus longues, de plus en plus pénibles, je préfère<br />

descendre à NATION et prendre le bus.<br />

• Un soir j’étais tellement fatiguée dans le métro, à monter et à descendre, à louper des<br />

correspondances sans arrêt, à attendre que j’en pouvais plus et je me suis dit il doit bien<br />

y avoir une autre solution. En plus il faisait beau. Ca me faisait suer d’être dans le métro<br />

enfermé, et là j’ai pris mon plan et j’ai dit “ attends il y a le 26 qui part au cours de<br />

Vincennes qui passe devant chez moi. ” Et c’est là, et le lendemain j’ai pris cette solution là.<br />

Cette notion d'accessibilité est étroitement liée à la question d'autonomie comme l'ont<br />

évoqué avec force par les étudiants rencontrés.<br />

• Avec les transports, le problème c'est qu'on n’est pas vraiment libre. Comme moi des fois, en<br />

fait ça m’arrive de rentrer de Paris vers les coups de 3 heures du matin. Si je circule en RER,<br />

on est obligé de rester sur Paris jusqu’à 6 heures, le temps que les transports reprennent. Si<br />

on a son propre véhicule, on rentre à l'heure que l'on veut.<br />

En âge de revendiquer leur indépendance, ces jeunes souhaitent que les transports<br />

collectifs tiennent davantage compte de leurs rythmes de vie. De nombreux usagers des TC<br />

se sont détournés de ce mode de transport en raison de la faible amplitude horaire du<br />

réseau qui les coupent de leurs univers de pratique, notamment en ce qui concerne les<br />

activités nocturnes.<br />

Le principe supérieur commun est un principe de nature civique (accéder également aux<br />

services urbains) qui repose sur le concept d’égalité, de droit d’accès et d'autonomie.<br />

L’état de grand a les attributs de la souplesse et de l'aisance dans le mouvement.<br />

L'objectif est de faciliter la liberté de circulation de tous les voyageurs et de leur permettre d'accroître<br />

leur autonomie.<br />

Les objets et les dispositifs qui équipent la grandeur encadrent et soulagent le corps des<br />

personnes fragilisées dans leurs mobilités : escalier mécanique, ascenseur, bus à plancher plat,<br />

assistance technique et humaine en cas de désorientation, de perturbation...<br />

Le rapport à l'espace-temps dans les transports est celui de la temporalité urbaine. Le droit au<br />

transport est un droit de cité. Le problème de l'accsibilité soulève une autre question : celle de<br />

l'amplitude horaire de l'ouverture du réseau TC qui pose un problème pour les noctambules. La<br />

voiture devient le seul remède pour pallier cette carence.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 73


4 Le principe performantiel<br />

La ville est appréhendée comme une machine à circuler, un circuit sur lequel le voyageur<br />

navigue à « haut débit ». L'objectif primordial est de pouvoir obtenir de l'information en<br />

temps réel pour pouvoir rentabiliser son voyage, gagner du temps, synchroniser ces<br />

activités et remplir les « temps vides » (l'attente). Le principe supérieur commun est<br />

l’efficacité et la performance du système d'information (cf Le principe industriel chez<br />

Boltanski et Thévenot). Ces voyageurs souhaitent obtenir une information en « temps<br />

réel » afin d'anticiper sur un éventuel problème et d'ajuster immédiatement leur parcours<br />

d'action.<br />

• Quand je travaillais à la RATP, il y avait quelque chose que je trouvais extrêmement pratique<br />

qu’était le site Siel. Ce programme donnait les informations d’une part sur les arrivées en gare des<br />

R.E.R., et d’autre part sur les éventuelles perturbations du trafic. Et ça, c’est quelque chose que<br />

malheureusement je n’ai pas pu retrouver parce que j’ai évidemment plus accès à l’Intranet de la<br />

RATP. C’est un service que je n’ai pas pu retrouver sur Internet, et ça je trouve ça dommage<br />

parce que c’était vraiment une information que je trouvais très précieuse et je consultais çà,<br />

systématiquement avant de partir le soir. (…)<br />

Ces voyageurs ne supportent pas la panne et le manque de fiabilité dans un système :<br />

• Je vous parlais des dérangements des messages variables. j’insiste et je le redis, ils sont sensés être<br />

en temps réel et en fait, ils ne sont pas en temps réel. J’ai vu à de nombreuses reprises des<br />

distorsions entre ce qui était affiché et la réalité.<br />

• Quand on voit les panneaux d’affichages qui affichent un train à 42 puis qui 3 minutes plus tard<br />

changent d’horaire sans qu’on soit averti de rien du tout. Donc les horaires varient en fonction du<br />

bon vouloir de la SNCF. Bon, ça c’est voilà.. !<br />

• Le problème des retards c’est qu’ils sont à rallonge. D’ailleurs 10 minutes de retard à la gare de<br />

départ, ça veut dire souvent un quart d’heure 20 minutes de retards à la gare d’arrivée. En plus<br />

quand on nous annonce 10 minutes de retard au début, c’est facilement prolongeable. Il est arrivé<br />

d’avoir quatre annonces de retard successives, pour rallonger, et puis finalement carrément prendre<br />

le train suivant. Le train avait tout simplement été supprimé. (IV - 12)<br />

Ces voyageurs entretiennent également un rapport singulier à l'espace-temps qu'ils<br />

cherchent en permanence à compacter pour « gagner du temps ». Ce sont des<br />

chronophages. Ils développent des stratégies pour pouvoir grignoter quelques secondes et<br />

synchroniser efficacement leur emploi du temps. Ce gain de temps, cette plus value<br />

temporelle est ré-investie dans d'autres activités jugées plus lucratives, plus utiles que ces<br />

« temps morts » qui « fatiguent » les voyageurs qui souhaitent rester toujours en<br />

mouvement.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 74


• La consultation des grands plans que l’on trouve dans les stations, pour moi, je trouve<br />

que c’est une perte de temps, c’est un arrêt supplémentaire. Je peux très bien le faire<br />

pendant le trajet avec un petit plan que j’ai sur moi, donc. C’est pas intéressant de s’arrêter,<br />

de regarder de façon, non je trouve pas çà commode. C'est une perte de temps inutile.<br />

• Ce que je ne supporte pas c'est d'être mal informé. Il m'est arrivé d'être orienté dans une autre<br />

gare pour m’apercevoir que là, j'allais attendre une demi-heure alors que j’aurais pu rester à<br />

la gare précédente qui est plus accueillante et j’aurais pu prendre un petit déjeuner ou autre<br />

chose vous voyez. Parce que là, c'est vraiment une perte de temps. En fait, ce qu’il faut c’est<br />

mettre à disposition le maximum d’informations pour qu’on puisse prendre le<br />

maximum de décisions. Moins on a d’informations, moins on a de choix, moins on peut<br />

faire ce qu’on a envie de faire. Parce qu’en fait, il y a beaucoup de gens pour qui un incident<br />

va être une perte de temps etc. D’autres gens pour qui ça va favoriser un autre type<br />

d’organisation.<br />

Le principe supérieur commun est la productivité et la performance du système.<br />

L’état de grand a les attributs de la performance : le système doit être « fiable »,<br />

« opérationnel », « efficace », « performant », « rapide »...<br />

Les objets et les dispositifs qui équipent la grandeur sont des moyens, des outils de<br />

synchronisation temporelle.<br />

Le rapport à l'espace-temps dans les transports est celui de la production en flux tendu,<br />

en juste temps, qui délivre une information en « temps réel » sans gaspillage, ni « temps mort ».<br />

Accords de principe et contrat d'objectif<br />

Les services à la mobilité dans le domaine de l'information multimodale devront prendre la forme d'un<br />

contrat d'engagement qui lient les opérateurs transport aux voyageurs. Ce contrat devra être rédigé<br />

selon ces « accords de principe » et reposer sur un dispositif technique, mais également sur des valeurs<br />

« communément partagées » qui se matérialisent sous forme de conventions, de contrats d'objectif<br />

dans l'offre de service.<br />

Dans chacun de ces mondes, les acteurs de l'offre doivent faire la « preuve » que le boîtier<br />

MobilUrb répond à l'ensemble de ces exigences. Pour pouvoir contractualiser avec le client, il<br />

faut lui démontrer que c'est dans son intérêt d'opter pour la multimodalité en lui apportant<br />

« des garanties » et en mobilisant des « pièces à conviction », des « chiffres à l'appui » qui<br />

démontrent clairement aux voyageurs qu'il peut obtenir « gain de cause » et « satisfaction ».<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 75


Chapitre III<br />

Conduite automobile, émotion et prise de décision<br />

en situation perturbée<br />

Avant de définir les propriétés fonctionnelles d'un système d'aide à la navigation tel que le<br />

terminal MobilUrb, il convient de définir ce que nous entendons par conduite automobile en<br />

situation de perturbation. En effet, l'émergence de la notion d'aide ou d'assistance dans le<br />

cadre d'une activité de conduite automobile amène à revoir ou à affiner les considérations que<br />

l'on porte sur le fonctionnement du conducteur, notamment dans sa composante cognitive.<br />

1.<br />

Dans un premier temps, nous définirons donc la conduite automobile comme une activité<br />

cognitive qui repose sur un régime d'action particulier qui oscille entre vigilance et attention<br />

flottante.<br />

2.<br />

Dans la mesure où toute aide constitue une certaine forme de filtrage dans les informations, il<br />

importe également de savoir de quelles informations supplémentaires et pertinentes le<br />

conducteur a besoin pour faire en sorte qu'il trouve un intérêt à opter pour les transports<br />

collectifs en situation perturbée. Dans ce paragraphe nous évoquerons les risques de<br />

saturation cognitive auxquels sont soumis les conducteurs qui reçoivent une information<br />

qu'ils sont incapables de traiter, de digérer en raison même du fait qu'ils sont en train de<br />

conduire. Les concepts de saturation cognitive, d'infobésité et d'entropie devraient nous<br />

éclairer sur ces questions.<br />

3.<br />

Nous verrons enfin que les conducteurs en situation de perturbation s’appuient sur des<br />

procédures pour faire face au doute, pour forger des accords, prendre des décisions. Ils<br />

utilisent des repères, mettent en place des conventions, des dispositifs sur lesquels ils<br />

s’appuient pour agir et juger. Comment se structurent ces régimes d'action propre à la<br />

conduite automobile sachant que ces conducteurs ne peuvent plus s'appuyer sur leurs<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 76


habitudes? Le conducteur devra en quelque sorte changer d'état. En effet, l'automobiliste,<br />

lors d'une perturbation, ne peut plus rester sur un mode automatique. Il doit effectuer une série<br />

d'opérations pour réévaluer le contexte. Justement, comment le terminal MobilUrb peut<br />

accompagner cette procédure d'évaluation et de prise de décision, de débrayage des routines et<br />

de jugements ?<br />

4.<br />

Nous verrons également que la prise de décision ne relève pas uniquement de la raison. En<br />

effet réduire la prise de décision à un acte purement rationnel en situation de perturbation,<br />

c'est ignorer que les émotions entrent aussi en ligne de compte dans le jeu de la prise de<br />

décision.<br />

A ce titre, le terminal MobilUrb doit en quelque sorte être en mesure d'encadrer les émotions de<br />

son utilisateur pour devenir un outil d'aide à la décision efficace en situation de perturbation. Il<br />

doit en quelque sorte traduire une émotion en valeur positive pour la transformer en une<br />

affordance au sens d'invitation à agir.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 77


I/ La conduite automobile comme activité cognitive : entre perception et prise de décision<br />

Quiconque a une certaine expérience de la conduite, nous dit Pierre Van Eslande 29 , peut<br />

considérer que l'utilisation de l'automobile relève plus de la simple mise en oeuvre de liaisons<br />

sensori-motrices que de l'élaboration d'activités cognitives de décision et de résolution de<br />

problèmes. Cette opinion se vérifie si l'on entend par là un raisonnement hypothético-déductif<br />

comportant une analyse exhaustive de l'ensemble des informations pertinentes, la sélection<br />

logique et l'exécution rationnelle d'une série d'étapes de traitement. Elle est moins vraie<br />

lorsqu'on examine la nécessité pour le conducteur de faire appel à tout un stock de<br />

connaissances tellement incorporées qu'elles finissent par être invisibles, inconscientes.<br />

L'automobiliste pilote en quelque sorte en mode automatique ou plus exactement , dirait<br />

Perruchet 30 , par « automatisme cognitif ».<br />

Par certains côtés, F. Chateauraynaud, dans un article de la revue Réseaux, ne dit rien d'autre lorsqu'il<br />

relate une de ces expériences de terrain auprès d'un automobiliste en situation de conduite :<br />

« Richard P., tout en me parlant de la crise de l'université française, s'engage, vers 19 heures<br />

un vendredi soir, dans la traversée de ce carrefour anarchique précisément situé place Voltaire<br />

dans le Xième arrodissement. A la géométrie curieuse en forme de double X, ce carrefour<br />

présente en effet un système de feux particulièrement difficile à appréhender.Richard avance<br />

pourtant sans hésiter. Son pied droit fait un aller-retour constant de la pédale d'embrayage. Il<br />

tourne constamment la tête, écarquillant les yeux tout en continuant à parler des problèmes de<br />

recrutement des enseignants-chercheurs. De multiples signaux sonores, franchement agressifs,<br />

montent d'un peu partout et la place est presque saturée. Quelques véhicules irréductibles<br />

parviennent à se faufiler, à contourner les files à bonne allure. La vigilance doit être maximale.<br />

Notre conducteur garde la main posée sur le levier de vitesse, ce qui semble signaler un degré<br />

de concentration ou de nervosité supérieure à la normale. La position du passager-observateur<br />

est quelque peu inconfortable : je gêne sa visibilité et Richard doit se pencher à plusieurs<br />

reprises, mais en le faisant sur le mode le plus naturel. On parvient à se sortir du carrefour en<br />

passant au rouge bien mûr.»<br />

“De cette séquence au demeurant banale, précise Chateauraynaud, le conducteur est capable de<br />

coordonner des actions très diverses sans céder à la panique, ni à la dispersion des centres d'attention,<br />

et sans tout faire passer par un algorithme centralisé. Il délègue des opérations à ses membres<br />

29 Pierre VAN ELSLANDE , Les erreurs d'interprétation en conduite automobile : mauvaise catégorisation ou<br />

activation erronée de schémas ? In Intellectica, 1992/3, 15, pp. 125-149<br />

30 PERRUCHET P. (1988), Une évaluation critique du concept d'automaticité. In P. Perruchet (éds), Les<br />

Automatismes Cognitifs. Liège, Bruxelles : Mardaga.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 78


directement en prise avec le véhicule, utilise simultanément la vue et l'ouïe pour ajuster sa conduite à<br />

l'état, fort mouvementé, de l'environnement, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son discours et de<br />

maintenir une relation de communication pour ainsi dire « normale ». Certes, l'activité motrice ne peut<br />

être aussi heureuse que parce qu'elle a bénéficié d'un long temps d'apprentissage et d'ajustement du<br />

corps de conducteur et de son véhicule” 31 .<br />

Ne pas se laisser enfermer dans les mailles du réseau, s'extraire du contexte immédiat<br />

Comme en témoignent ces comportements d'ajustement permanent en situation dégradée, la conduite<br />

est une tâche complexe impliquant notamment la mise en oeuvre de processus cognitifs de traitement<br />

de l'information et de prise de décision. Chateauraynaud, qui défend une sociologie de la perception,<br />

nous montre à travers cet exemple que l'activité perceptive est fondamentale dans le processus<br />

d'adaptation du conducteur. Pour faire face à la variété des situations qu'il rencontre, toutes aussi<br />

complexes l'une que l'autre, le conducteur, au fil de son expérience, développe des savoir-faire, des<br />

habiletés procédurales, des stratégies qui relèvent de l'action réflexe plus que de la réflexion. « Le<br />

transport, ce ne doit pas être une réflexion mais un réflexe » nous disait un interwievé.<br />

Cependant, tous les conducteurs ne détiennent pas les mêmes compétences d'anticipation et<br />

d'ajustement en contexte comme nous avons pu le démontrer en déterminant nos 4 profils voyageurs.<br />

De même, tous les conducteurs n'appréhendent pas l'environnement ambiant de la même façon.<br />

Comme nous l'avons précédemment évoqué, certains conducteurs en situation de perturbation sont<br />

incapables d'anticiper sur la situation et de s'ajuster en temps réel pour se saisir des opportunités qui<br />

s'offrent à lui.<br />

L’inertie du plan programme :<br />

Par exemple, le cartographe (l'araignée) n'arrive pas à se défaire de son plan programme pour définir<br />

un plan alternatif en situation dégradée. Or, par définition, en situation perturbée, le plan programme<br />

ne fonctionne plus. En situation de conduite, se replonger dans ses cartes routières n'est pas très<br />

réaliste. Pour cela, il faudrait qu'il puisse rapidemment se garer sur le bas côté pour pouvoir consulter<br />

ses supports sans prendre le risque de causer un accident. Mais, cette procédure est lourde à réaliser<br />

sur le plan cognitif et génére une perte de temps considérable nous explique un conducteur en train de<br />

réaliser le scénario “perturbé” :<br />

31 Francis Chateauraynaud, “Vigilance et transformation. Présence corporelle et responsabilité dans la conduite des dispositifs<br />

techniques” in Revue Réseaux, N°85, Paris CNET, 1997.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 79


• « Quand je me suis arrêté tout à l’heure à Vincennes pour me repérer, et bien, j’ai du<br />

tourné la tête pour trouver la rue. Heureusement j’ai eu de la chance, hein ! Parce que<br />

des fois c’est pas toujours facile de trouver la rue pour se repérer. Parce que pour<br />

consulter un plan, le problème c’est qu’il faut savoir où on est. Je pense qu’une<br />

personne qui connaîtrait cet environnement là, elle aurait eu ce réflexe de prendre un<br />

métro à proximité. Mai moi, je suis obligé de chercher ma rue, ensuite d’ouvrir mon<br />

guide, de me garer, de repérer la rue… vous voyez, c’est pas si simple. C’est très, très<br />

lourd, il faut se repérer, c’est lourd. C'est pour ça que je ne sors pas mon plan. »<br />

Faute de temps, il se trouve dans l'incapacité de réajuster son plan initial qui malheureusement ne<br />

fonctionne plus en raison de la perturbation. Résultat, il se laisse enfermer dans son plan programme et<br />

par voie de conséquence dans sa routine. Le cartographe finit par s'enliser dans un contexte qui ne fait<br />

plus sens. Trop tard, le voici enfermé dans les mailles du réseau, le voici enchainé dans un flux<br />

automobile qui marche au ralenti : le bouchon est inévitable. Seule alternative, bifurquer à la<br />

prochaine sortie. Une mince consolation s'offre à lui : à l'arrêt, enchainé dans les bouchons, il a<br />

dorénavant tout le loisir de consulter sa carte routière pour bâtir un plan de secours qu'il appliquera dès<br />

qu'il aura rejoint la bretelle d'autoroute, la prochaine intersection qui s'apparente à une sortie de<br />

secours.<br />

De la panne à la panique !<br />

L'automobiliste désoeuvré (la taupe) souffre également de cette incapacité à s'extraire du contexte<br />

immédiat, à prendre de la hauteur pour renégocier sa trajectoire. Cette incapacité à anticiper et gérer<br />

une situation génère chez lui une montée de stress qui fige ses compétences cognitives. Le conducteur<br />

désoeuvré, en situation perturbée, finit par perdre tous ses repères. Incapable de prendre une décision,<br />

il semble être tétanisé. Un sentiment de « peur » l'envahit. Tous ses sens et l'ensemble de son corps<br />

semblent paralysés : il reste figé, statique, KO, et finit par « jeter l'éponge » nous dit ce voyageur. Ces<br />

conducteurs, totalement désorientés, ne parviennent plus à penser la situation. Ils semblent incapables<br />

de concevoir un plan alternatif ou de formuler un jugement en raison de ce manque de distance avec le<br />

contexte. La situation perturbée progressivement se transforme en situation de crise qui relève de<br />

l'urgence 32 . Bref, en situation perturbée, le conducteur « désoeuvré » perd cette capacité à<br />

construire un compte- rendu diraient les ethnométhodologues.<br />

32<br />

D. Boullier et S. Chevrier, « L’urgence domestiquée : comptes-rendus et équipements distribués chez les sapeurspompiers<br />

», in F. Ascher et F. Godard, Modernité : la nouvelle carte du temps, Colloque de Cerisy, Paris : Aube, 2003.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 80


Le cartographe, même s'il se laisse piéger par la situation par manque de réactivité, se sortira mieux<br />

d'affaire que le conducteur désoeuvré encore sous le choc. Une fois la pression descendue, armé de ses<br />

instruments de bord (un plan du réseau et un guide de Paris), il se repositionnera dans l'espace,<br />

élaborera un plan alternatif avec ce regard froid et conscientieux de l'expert qui s'est repéré sur ces<br />

supports graphiques (la carte, le plan...) les points de repères et les indices necessaires à la construction<br />

d'un diagnostic qui permettront d'élaborer un compte -rendu. Son regard, médiatisé par ces outils de<br />

projection graphique, est donc tendu vers l'action. La manipulation de la carte routière lui permet de<br />

prendre ses distances avec le contexte immédiat et d'imaginer un plan de manoeuvre alternatif.<br />

Ces anecdotes nous évoquent aussi que la maîtrise du contexte nécessite un détachement affectif que<br />

le conducteur désoeuvré n'arrive pas à réaliser. En effet, obnibulé par la perturbation, son champ de<br />

perception se rétrécit. Il finit par devenir aveugle. Dit autrement, cette tension cognitive liée au stress<br />

affaiblit les capacités perceptives du conducteur. La situation absorbe totalement le conducteur. Il finit<br />

par ne plus être attentif aux informations qui lui parviennent de l'extérieur (PMV, message radio,<br />

signalétique de contournement...) qui pourraient l'aider à mieux se repèrer, à mieux s'orienter.<br />

Emotion et prise de décision : comment traduire l'émotion en principe d'action (affordance) ?<br />

Si la circulation, comme nous venons de le voir, est une affaire de cognition, elle est aussi une<br />

affaire d’émotion. A ce titre, Alain Berthoz, dans son livre « Les décisions absurdes » 33 , nous<br />

apporte un début d'explication sur cette dialectique entre émotion et décision :<br />

« Il faut absolument réintégrer l'émotion dans l'étude de la prise de décision, nous dit<br />

l'auteur. Il est d'autant plus difficile de faire accepter cette idée en France, tant nous<br />

sommes attachés au culte de la raison. Tout dans notre société trahit cette suprématie<br />

du rationnel sur l'émotionnel : notre architecture à angle droit, nos jardins à la<br />

française bien rectilignes, jusqu'à l'enseignement des mathématiques dont le degré<br />

d'abstraction est tel qu'il donne souvent une fausse idée de la matière à la plupart des<br />

élèves. Nous sortons d'un siècle où la raison froide a dominé, au point de nous faire<br />

oublier les valeurs de la sensibilité, du contact avec la nature, avec le corps, avec<br />

l'action. (...) La décision est simulation de l'action, prédiction de ses conséquences : elle<br />

intègre à sa réflexion la mémoire du passé, aussi bien que l'acte sur lequel elle<br />

débouche. La mémoire a ainsi un rôle fondamental dans la prise de décision. Elle ne<br />

sert pas à se rappeler les bons moments du passé. C'est au contraire un instrument qui<br />

permet de prédire les conséquences de nos actions futures. »<br />

33 Alain Berthoz, Les décisions absurdes , Odile Jacob, 2003.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 81


L'émotion n'est pas seulement (ni toujours) un élément perturbateur du comportement. Bien<br />

au contraire, comme en témoigne le prise de risque de l'explorateur qui circule au pifométre,<br />

en fonction des opportunités qui s'offrent à lui, l'émotion, entendue ici au sens positif du<br />

terme, permet également une adaptation à des situations nouvelles, souvent inattendues, en<br />

permettant une réorientation de l’action en cours à travers une réévaluation de l’événement<br />

déclenchant. Cette notion positive de l'émotion nous renvoie directement au concept<br />

d'affordance entendu au sens d'invitation à agir.<br />

Vers une économie de l'attention<br />

Suite à nos observations, nous pouvons conclure que la situation de perturbation (proche du modèle de<br />

la crise) bloque, fige les compétences cognitives et opératoires de certains voyageurs qui se trouvent,<br />

pour ainsi dire, déboussolés en situation de perturbation. Scotchés au contexte, totalement sous<br />

l’emprise du réseau, certains voyageurs, en situation de crise, sont incapables de prendre de la hauteur<br />

pour « y voir plus clair » et poser un nouveau diagnostic. Pour les sortir de ce pétrin, il faudrait, en<br />

quelque sorte, concevoir un outil d'aide à la décision qui puisse “dégeler” les compétences cognitives<br />

de ces voyageurs pour leur permettre de « prendre de la distance », de « reprendre le dessus », de<br />

« reprendre la main ».<br />

Une question reste en suspens : comment expliquer cette capacité (le renard-routier et le dauphinexplorateur)<br />

de certains conducteurs à maintenir leur attention en situation de perturbation et à traduire<br />

une émotion en terme d'affordance ?<br />

Un début d'explication est apporté par Chateauraynaud. Dans le domaine de la conduite automobile,<br />

l'attention est, selon lui, basée sur une économie de la perception : « on focalise sur un ensemble<br />

d'objets en distribuant ses capacités sensorielles en autant de capteurs permettant de ne pas perdre de<br />

« vue » (de nez, d'oreille ou de doigt, etc.) les changements d'état ou processus qui ont cours<br />

simultanément et pour une durée variable. Seul l'engagement du dispositif sensoriel permet une telle<br />

performance : la tension est maximale aux points de contact mais l'esprit peut être pour ainsi dire<br />

« libre », ou, plutôt, disponible pour des anticipations et des vérifications de second ordre. (...)<br />

Attention et vérification entrent dans un rapport dialectique pour former ce que l'on appelle la<br />

vigilance. »<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 82


C'est bien cet état de vigilance flottante qui ne fonctionne plus chez les conducteurs qui restent sous<br />

l'emprise du contexte immédiat. Le nez dans le guidon (le contexte), ils finissent par devenir<br />

totalement sourds et aveugles.<br />

Cette notion “d'économie de la perception” entre en résonance avec le concept “d'économie de<br />

l'attention” évoquée par certains auteurs du management qui cherchent des remèdes pour éviter le<br />

syndrome de saturation cognitive propre au monde de l'entreprise.<br />

En effet, l'information constitue à l'évidence une ressource clef pour les voyageurs, et les outils d'aide<br />

à la navigation qui reposent sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication en<br />

temps réel multiplient la variété des sources potentiellement disponibles. Cependant, les progrès<br />

spectaculaires enregistrés en la matière ne doivent pas occulter une question essentielle : les voyageurs<br />

disposent-ils des informations suffisantes pour les éclairer dans leurs prises de décision ? Quels types<br />

d'informations délivrer en situation perturbée pour ne pas accélérer la désorientation ? N'y a-t-il pas un<br />

risque de saturation cognitive et informationnelle ?<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 83


II/ Infobésité, saturation cognitive et entropie<br />

Il est communément reconnu, à tort, que le simple fait de livrer plus d'informations aux voyageurs<br />

représente un pas important pour l'aider à s'orienter en situation de perturbation. Malheureusement,<br />

souvent, c'est plutôt un pas vers l'infobésité ou la surcharge informationnelle. On oublie que toute<br />

information, pour être exploitable, doit obligatoirement faire l'objet d'un traitement par le voyageur<br />

pour devenir une connaissance. Il doit la trier, la classer, l'analyser, la synthétiser. Ce processus de<br />

traitement, relativement lourd sur le plan cognitif, lui permet de personnaliser son rapport à<br />

l'information, de se réapproprier l'information qu'il jugera pertinente et surtout de l'ajuster en contexte.<br />

Comment faire pour instaurer un mode de communication efficace entre l'outil qui délivre de<br />

l'information et un récepteur qui doit, dans un temps réduit, la digérer pour pouvoir prendre une<br />

décision ? Les contraintes temporelles de la circulation routière exigent du conducteur des temps de<br />

réaction très courts.<br />

En effet, en situation de conduite tous nos sens sont en éveil. Le conducteur doit faire preuve de<br />

vigilance pour éviter les obstacles inhérents au milieu urbain : conflit avec les autres voitures,<br />

traversées sauvages des piétons, cyclistes... De fait nos capacités de traitement et d'assimilation de<br />

l'information demeurent limitées, ce qui induit un risque suplémentaire de ce que l'on nomme le<br />

syndrome de saturation cognitive (COS, Cognitive Overflow Syndrom, voir les travaux de Lenay et<br />

Lahlou sur ce thème publiés dans Intellectica). Ce syndrome se traduit, comme nous le verrons, par<br />

une accumulation d'informations disponibles non traitées faute de temps et de compétence. Plus grave<br />

encore, un accroissement du volume d'informations peut nous rendre aveugle car il entraîne une<br />

réduction du focus de notre perception. Aveuglée par tant d'informations, la personne finit par « ne<br />

plus rien comprendre », par « ne plus rien voir ».<br />

Définition du syndrome de saturation cognitive<br />

Le syndrome de saturation cognitive résulte de plusieurs facteurs :<br />

une production croissante d'informations, en volume.<br />

un stress des individus, qui se plaignent d'être "débordés", "noyés", par une information<br />

"inutile", qu'ils n'arrivent pas à traiter.<br />

l'impossibilité d'attribuer une cause unique au phénomène : la saturation semble<br />

provenir d'une multitude de sources différentes.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 84


La perte de sens. Les individus n'arrivent plus à produire du sens à partir de l'information,<br />

et se réfugient dans des stratégies de court terme.<br />

Dans le domaine de l'information multimodale, nous retrouvons l'ensemble de ces paramêtres qui<br />

définissent ce syndrome de débordement cognitif. En effet, le voyageur en situation de<br />

perturbation est soumis à de rudes épreuves : incapacité à stabiliser le contexte, impossibilité de<br />

certifier l'information qui lui parvient, désorientation, perte de repères, manque de lisibilité et de<br />

visibilité en situation dégradée, ... La conjonction de ces phénomènes génère du stress chez le<br />

voyageur et le plonge dans un contexte d'anomie informationnelle. Progressivement, il perd prise<br />

avec la situation qui ne fait plus sens à ses yeux.<br />

De la prothèse optique au “filtre de lecture” informationnel<br />

Dans cette optique, le boîtier MobilUrb devra ressembler à un filtre de lecture qui doit avoir<br />

pour mission :<br />

de hiérarchiser l'information délivrée en fonction du contexte et de l'état d'avancement<br />

du raisonnement du conducteur;<br />

de donner la possibilité à son utilisateur de personnaliser son rapport à l'information<br />

qui lui sera transmise;<br />

d'être une ressource qui fonctionne comme un aide-mémoire et une prothèse optique.<br />

En effet, ce boîtier doit permettre à l'utilisateur d'ordonner l'information qu'il perçoit<br />

et de le soulager sur le plan cognitif.<br />

A l'image du compteur de vitesse d'un cockpit décrit par Hutchins, les propriétés physiques de<br />

l'outil et le design de son interface devront être orientés vers la mise en place de flux<br />

d’informations à la fois plus fiables, plus lisibles et plus directs (immédiatés) notamment en<br />

favorisant la vision de la situation, la diminution de charge mentale des opérateursconducteurs,<br />

et la redondance informationnelle pour sécuriser la prise de décision. En effet,<br />

comme en attestent les voyageurs, en situation de perturbation, les sujets ne doivent pas «<br />

perdre leur temps » à exécuter une multitude de tâches de détail sans importance. Ils<br />

souhaitent aller à l'essentiel et avoir la garantie que l'information qu'on leur transmet est<br />

fiable. Nous reviendrons plus en détails sur ces notions au fil de notre démonstration.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 85


L'environnement urbain comme interface : de la cognition ditribuée à la réalité<br />

augmentée.<br />

Enfin, notons qu'il existe déjà des informations qui sont distribuées dans l'environnement urbain.<br />

Malheureusement, elles sont souvent inutilisées, perdues, oubliées ou stagnantes souvent par manque<br />

de lisibilité, de visibilité, d'adéquation et de convergence informationnelle entre les différents supports<br />

(fixes ou mobiles).<br />

Il nous semble important que le terminal MobilUrb ne soit pas clôs sur lui même. Il doit au contraire<br />

permettre à son utilisateur de mieux communiquer, de mieux intercepter les informations qui sont<br />

distribuées dans l'espace urbain à « portée de vue ».<br />

Grace à cette prothèse optique “MobilUrb”, l'utilisateur pourra interpréter l'environnement comme une<br />

interface, comme un système de manipulation de ressources techniques fonctionnellement limitées<br />

mais contextuellement pertinentes (notion d'interface «tangible» et de réalité « augmentée »). On<br />

s'oriente ainsi progressivement vers des modèles d'interaction dans lesquels les ressources<br />

informationnelles sont distribuées dans une multitude d'objets usuels avec lesquels le conducteur,<br />

muni de son terminal MobilUrb, va interagir de manière explicite ou implicite. Dans ce contexte de<br />

réalité augmentée et de ressources distribuées, le boîtier MobilUrb devient un moyen de synchroniser<br />

de l'information en temps réel et de superposer des informations distribuées dans plusieurs supports.<br />

Qualifier la situation pour prendre une décision ou comment redéfinir des “points<br />

d’appui” pour se construire un “point de vue”.<br />

Lors de son trajet, le boîtier MobilUrb doit aider le conducteur à prélever des indices dans<br />

l'environnement qui vont lui permettre de catégoriser la situation dans laquelle il va s'engager. Cette<br />

aide au diagnostic effectuée, il s'agit ensuite de lui apporter des informations qui puissent l'orienter et,<br />

si possible, l'inviter à prendre les transports collectifs. L'information multimodale prendra tout son<br />

sens dans ces moments critiques qui obligent le conducteur à porter un diagnostic et à réajuster son<br />

plan programme en terme de circulation.<br />

La mission du boîtier MobilUrb sera donc la suivante : faire émerger des indices informationnels<br />

pertinents pour inviter le conducteur à entretenir un rapport critique à la situation (prise de distance à<br />

l'égard du contexte) et encadrer, accompagner la prise de décision en terme de procédure d'orientation.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 86


Bien entendu, les indices sont des affordances, des invitations à agir qui implicitement doivent<br />

conduire le conducteur à opter prioritairement pour les transports collectifs.<br />

De la navigation routière à la navigation hypertextuelle : vers un support “multimédia”<br />

La métaphore de la navigation numérique est intéressante car l'orientation des voyageurs, médiatisée<br />

par ce boîtier MobilUrb, s'apparentera à terme à une forme de navigation hypertextuelle.<br />

La navigation, qui s’effectuera à l’aide d'une interface informationnelle numérique<br />

(MobilUrb), devient étrangement virtuelle. Cet outil communicant projette en quelque sorte le<br />

voyageur dans un monde binaire qui s’affiche à plat sur un écran d’un terminal au format de<br />

poche. Dès lors, le réseau physique des transports prend progressivement la forme d’une<br />

matrice communicationnelle. La circulation du voyageur dans ce dédale « multi-média »<br />

s’apparente à une forme de navigation hypertextuelle. Deux concepts, précédemment<br />

évoqués, retiennent de nouveau notre attention : ceux de la désorientation 34 et de surcharge<br />

cognitive 35 .<br />

Que retenir de cette analogie entre mobilité des voyageurs et navigation hypertextuelle ?<br />

Espace physique et espace réel tendent à se rapprocher sous l’effet des NTIC. La frontière entre ces<br />

deux mondes s’estompe favorisant la naissance d’une nouvelle forme de mobilité « numérique »<br />

étroitement liée à la mobilité physique. L’information multimodale, qui deviendra à terme multimédia,<br />

devient un enjeu central pour accompagner ce changement.<br />

Pour augmenter l'efficacité et la compréhension du cheminement du voyageur en quête d’information<br />

multimodale, une analogie avec la navigation hypertextuelle peut s’avérer intéressante. La littérature 36<br />

34 Pour diminuer la désorientation en situation perturbée, le nombre de prises de décision du voyageur pourrait être limité en<br />

lui proposant, par exemple, des plans d’action qu'il n'a plus qu'à suivre. Si cette méthode satisfait le conducteur désœuvré qui<br />

revendique une prise en charge totale, d’autres conducteurs risquent de souffrir de cette perte d'autonomie. Le système d'aide<br />

à l'orientation devra donc s'ajuster à la variété des profils utilisateur pour devenir soit de la substitution, soit la suppléance,<br />

soit de l’assistance ou encore vraiment de l’aide. Voir sur cette distinction: GAPENNE, Olivier, Charles LENAY and<br />

Dominique BOULLIER.- “Defining categories of the human/technology coupling : theoretical and methodological issues”,<br />

poster colloque ERCIM’02; Chantilly, France, 24-25 Octobre 2002..<br />

35 Dans le domaine de la navigation hypertextuelle, la surcharge cognitive peut également être définie comme l'excès de<br />

traitements d'informations à réaliser ou d'informations à retenir. Toute activité cognitive implique donc une charge cognitive<br />

qui dépend de la nature et du nombre d'opérations à réaliser dans un temps donné. A ce titre, rappelons qu'en situation de<br />

perturbation, la surcharge cognitive est très importante. Le voyageur, pour trouver une solution alternative, doit enchaîner de<br />

multiples micro-procédures et croiser de nombreuses sources d’informations qui ne sont pas forcement cumulables entre<br />

elles.<br />

36 Franck GHITALLA, Dominique BOULLIER, Pergia GKOUSKOU, Laurence LE DOUARIN et Aurélie NEAU, L'outrelecture<br />

- Manipuler, (s’) approprier, interpréter le Web, Paris : Bibliothèque Publique d'Information/Centre Pompidou, 2003,<br />

267 p.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 87


dans ce domaine constituera une aide non négligeable pour concevoir une interface efficace. Le<br />

recours à la sémiotique et à la cartographie sémantique devrait également nous aider dans ce domaine..<br />

Cette analogie entre le cheminement d'une personne dans un espace réel et la navigation hypertextuelle<br />

à partir d'une interface multimédia nous permet d'insister sur le concept de carte cognitive que le<br />

conducteur se construit au fur et à mesure de sa navigation.<br />

Les « vues de l’esprit » (Latour) du territoire ne se réduiront plus à un mode de réprésentation<br />

uniquement graphique tel que c'est le cas aujourd'hui avec la manipulation de cartes routières ou de<br />

plans du réseau. Elles prendront également la forme de cartes sémantiques.<br />

Nous invitons également le lecteur à parcourir le revue « Les Cahiers du Numérique » qui consacre un numéro<br />

spécifiquement sur ce thème de “la navigation”( dir. F. Ghitalla).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 88


III/ Incertitude, instabilité du contexte et anomie informationnelle :<br />

Lors de nos observations, de nombreux voyageurs (automobilistes comme usagers des TC) nous ont<br />

évoqué des réserves à l'égard de l'information qui leur était délivrée en situation de perturbation en<br />

raison de leur statut incertain et imprécis. « Plus que la situation, me dit ironiquement un habitué du<br />

RER A, c’est souvent l’information qui est perturbée ». Les conséquences en terme d’image pour les<br />

opérateurs transports, vous l'imaginez, sont désastreuses.<br />

• La première des choses, c’est l’information. Ça me fait penser que l’autre soir, j’étais à un cours<br />

de danse. A 9h30 j’ai du prendre le métro, on a attendu le métro 25 minutes, montre en main<br />

sans aucune information. Donc qu’est ce que je fais j’attends, ça vaut le coup d’attendre ? Je<br />

change d’itinéraire ? Là il n’y a plus de bus ? J’étais vraiment embêtée franchement ! Donc le<br />

pire c’est de ne pas avoir d’informations ? C’est ce que je vous disais tout à l’heure.<br />

Franchement. On est capable d’attendre si on sait pourquoi.. (…) Ce qu’il faudrait, c’est que sur<br />

le moment déjà d’indiquer si ça va persister, si ça va durer, combien de temps ça va durer ? Si<br />

ça va être le soir pareil quand je vais revenir ? (...)Et puis j’ai toujours besoin de savoir quelles<br />

solutions de rechange sont mises en place. Est-ce qu’il y a des navettes de bus ? Est-ce qu’il y a<br />

d’autres itinéraires où il y a moins de perturbations ? Parce que si c’est pour changer<br />

d’itinéraire et retrouver la même perturbation sur d’autres itinéraires c’est pas la peine. (…)<br />

C’est pas tant que je ne sais pas m’orienter moi toute seule ou en cas de problème. C’est que je<br />

ne sais pas si la solution de contournement que je vais choisir aussi éventuellement un problème.<br />

(...) Ce qui serait intéressant, c’est comme les plans de métro où on appuie sur un bouton et il y<br />

a les petites lumières qui s’allument. Si on pouvait effectivement, en période de crise, savoir<br />

les zones rouges (perturbation) et les zones vertes (fluide) ce serait intéressant.”<br />

• “Le problème des retards c’est qu’ils sont à rallonge. D’ailleurs 10 minutes de<br />

retard à la gare de départ, ça veut dire souvent un quart d’heure 20 minutes de retards<br />

à la gare d’arrivée. Il m’est arrivé d’avoir quatre annonces de retard successives, pour<br />

rallonger, et puis finalement carrément prendre le train suivant. Le train avait tout<br />

simplement été supprimé.<br />

C’est agaçant parce que ça renvoie à un problème de fiabilité du réseau ?<br />

• Oui, tout à fait. C’est pas toujours agréable que de devoir se dire, bien si j’ai pas le nez collé<br />

sur le panneau d’affichage, il faut que j’aille moi-même de toute façon au-delà de<br />

l’information, pour voir le panneau d’affichage.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 89


Comment expliquer ce phénomène ?<br />

En situation de perturbation, la tentation est grande de vouloir court-circuiter le réseau informationnel<br />

pour gagner en réactivité et ainsi, soulager l’attente du voyageur. Dans ce contexte d'urgence, les<br />

acteurs de l'offre ne prennent pas toujours le temps de vérifier les sources informationnelles et de<br />

synchroniser l'information qu'ils émettent. La chaîne informationnelle tend, en quelque sorte, à se<br />

compacter pour gagner en réactivité.<br />

Le risque de contracter le réseau informationnel est de délivrer une information « imprécise »,<br />

« erronée » car les opérateurs transport ne prennent pas le temps de mesurer et de vérifier la<br />

pertinence de l’information délivrée. Cette tyrannie de la réactivité et du flux tendu en terme<br />

d’information peut conduire à une forme d’anomie informationnelle comme en témoignent ces<br />

propos de voyageurs : effets d’annonce infructueux et contradictoires, erreurs de guidage, instabilité<br />

informationnelle, désorientation…<br />

Un sentiment d'insécurité et d’incertitude envahit le voyageur désorienté malgré lui par cette<br />

information qui n’arrive plus à se stabiliser. Ce manque de fiabilité à l’égard d’un système qui<br />

s’emballe, « qui dit tout et son contraire » conduit les voyageurs à adopter une attitude relativiste et<br />

suspicieuse à l’égard des contenus informationnels délivrés par le système. Ici encore, les réactions<br />

de l'usager oscille entre suspicion et rejet. Dit autrement, le voyageur n’accorde plus sa confiance au<br />

système.<br />

Comment alors prendre une décision dans un environnement devenu subitement incertain,<br />

instable, anomique ?<br />

Comment stabiliser un contexte pour pouvoir poser un diagnostic et prendre une décision ?<br />

Au final, en situation perturbée, les opérateurs transport doivent s’attacher à délivrer une information<br />

qui stabilise un environnement et qui offre des prises aux voyageurs pour que ce dernier « reprenne<br />

en main » son déplacement, effectue des choix qui ne soient pas uniquement guidés par cette<br />

frustration de ne « plus rien comprendre », d’être « livré à soi même ».<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 90


Conclusion :<br />

MobilUrb, la machine à “faire circuler”... de l’information<br />

Vers un système d’aide à la visualisation : le principe de filtrage informationnel.<br />

En situation de perturbation, les voyageurs, comme nous l’avons évoqué en introduction,<br />

semblent enfermés dans un plan programme qui ne fonctionne plus. Tétanisés par la situation<br />

de crise, les voyageurs, enchaînés dans la situation, n'arrivent plus à se défaire, à se<br />

décentrer de leurs habitudes pour poser un nouveau diagnostic et définir un plan d’action<br />

alternatif. Incapable de digérer de l'information (comme nous le verrons dans notre<br />

démonstration, les champs de perception du voyageur se réduisent et les champs du possible<br />

s'effilochent), ils souhaiteraient pouvoir "y voir plus clair", être informés suffisamment en<br />

amont pour éviter de se laisser enfermer dans les mailles du réseau et gagner en réactivité<br />

dans la prise de décision.<br />

De plus, la situation de stress affaiblit les compétences perceptives du voyageur. Très vite, ce<br />

dernier, totalement désemparé par une situation devenue anomique, souffre de saturation<br />

cognitive. C’est un travail d'épuration informationnelle qui est nécessaire pour soumettre au<br />

voyageur des ressources facilement ré-appropriables, limpides et lisibles.<br />

Dès lors, d'outil d'aide à la navigation, nous glissons vers le concept d'outil d'aide à la décision<br />

stratégique. En effet, un outil d'aide à la navigation efficace en situation de crise doit au<br />

préalable se transformer en outil d'aide à la visualisation pour « y voir plus clair » et devenir,<br />

en creux, un outil d’aide à la décision pour « s’en sortir ».<br />

De l'interface multimodale à l'interface multimédia, il n’y a qu’un clic.<br />

MobilUrb peut également se définir comme une interface, un intermédiaire qui médiatise et<br />

régule notre rapport à l'information. En effet, MobilUrb constitue une interface entre le<br />

voyageur et son environnement informationnel, une fenêtre sur le monde de la mobilité<br />

multimodale qui hiérarchise l'information selon son ordre d'importance, la classe en fonction<br />

du profil client... C'est effectivement à travers le prisme de MobilUrb que le voyageur<br />

réinterprète le contexte, digère le flux informationnel pour trouver une issue honorable,<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 91


contourner les bouchons, ajuster son itinéraire. Il est donc bien plus qu'un simple<br />

planificateur de parcours.<br />

Mais cette interface, avant d'être multimodale, doit être multimédia. Elle doit organiser la<br />

convergence de l'information TC et automobile vers un même point de mire, la trier et la<br />

classer en fonction du profil « voyageur » et de ses préférences, et assurer enfin, la<br />

synchronisation des modes de transports.<br />

Pour gagner en efficacité, le boîtier « MobilUrb » se donne également pour objectif de faire<br />

converger et de mettre en synergie des supports informationnels entre eux. Ce principe de<br />

convergence informationnelle permettra d'ouvrir les champs du possible, d'offrir une véritable<br />

alternative en terme de mobilité, notamment en situation de perturbation. Il facilitera donc la<br />

gestion des activités cognitives liées à des activités de convergence informationnelle qui sont<br />

impossibles à réaliser sans un travail de mise en forme de l'information multimodale réalisé au<br />

préalable par cette « machine » à circuler... de l'information. Ce boîtier devra donc rendre<br />

compatible entre elles des informations qui ne le sont pas naturellement.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 92


Chapitre IV<br />

De la carte (propriétés) au menu (préférences)<br />

MobilUrb, un artefact cognitif et communicationnel<br />

Comme nous l’avons précédemment décrit, en situation de perturbation, le voyageur doit se<br />

repérer, combiner des données, synthétiser, visualiser et naviguer au sein d’une grande<br />

quantité d’informations. A ce jour, le voyageur qui souhaite opter pour une trajectoire<br />

multimodale doit opérer lui même ce calcul pour rendre compatible les informations entres<br />

elles. Ces opérations, nous l'avons dit, sont lourdes à réaliser sur le plan cognitif. De plus, ce<br />

laborieux travail est une source supplémentaire de stress, notamment en situation de<br />

perturbation.<br />

Il convient donc de concevoir un outil qui puisse soulager l'effort cognitif propre à la prise de<br />

décision et à l'orientation du voyageur en situation de perturbation. Nous définirons donc le<br />

terminal « MobilUrb » comme un artefact cognitif 37 et communicationnel qui fonctionne<br />

comme une prothèse optique et un système d'aide à la décision (et à la navigation).<br />

Cette définition de MobilUrb comme une prothèse optique nous invite à réfléchir sur les<br />

supports graphiques et plus spécifiquement sur la notion de carte numérique, qui , vous<br />

l'imaginez, est centrale en terme d'orientation et de navigation sur le réseau TC et autoroutier.<br />

37<br />

Un artefact cognitif, nous dit Norman est « un outil artificiel conçu pour conserver, exposer et traiter l'information dans le<br />

but de satisfaire une fonction représentationnelle. ». E. Hutchins, qui s'intéresse à leurs propriétés cognitives nous précisent<br />

que ces outils intègrent des connaissances qu’un individu ne serait pas capable de se représenter mentalement ou des<br />

opérations cognitives d’une telle complexité qu’elles sont hors de sa portée immédiate.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 93


Définition de la pratique cartographique : fournir des données communicables<br />

Les cartographes, qui sont les héritiers des grands navigateurs - explorateurs, ont été parmi les<br />

premiers à se construire des prothèses optiques pour se représenter le territoire (fluvial). La<br />

cartographie se définit comme l'art d'amasser des données et d'élaborer des représentations de<br />

l'espace géographique qui soit communicable.<br />

C'est à ce titre que la pratique cartographique intéresse donc directement les concepteurs d'un outil<br />

d'aide à la navigation qui entendent communiquer des ressources pour inviter les automobilistes à<br />

délaisser leurs voitures.<br />

La carte comme support de la cognition<br />

Nous verrons dans un premier temps que la carte n’est pas une simple photographie à<br />

l’identique de la réalité. Elle est aussi un support de réflexion, un prolongement, une<br />

externalisation de la cognition qui permet de dominer du regard l'étendue d'une aire<br />

géographique. La carte devient alors un support d'action. Nous verrons que MobilUrb, qui<br />

entend diffuser des cartes dynamiques du réseau dont les données se rafraîchiront<br />

automatiquement en temps réel, remplira la même fonction pour un voyageur en quête<br />

d'information multimodale.<br />

Après avoir défini ce que nous entendons par cartographie cognitive, nous tâcherons<br />

également d'apporter un éclaircissement sur ces questions.<br />

Quels types d’informations cartographiques doit contenir le boîtier MobilUrb?<br />

Quel type d'interface graphique concevoir pour inciter les voyageurs à opter<br />

prioritairement pour les TC ?<br />

Comment faire en sorte que la carte numérique implantée dans le terminal MobilUrb<br />

puisse constituer une aide à la décision pour le voyageur confronté à une situation de<br />

perturbation ?<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 94


La cartographie sémantique<br />

Dans un troisième temps, nous nous intéresserons plus spécifiquement à la cartographie<br />

sémantique, discipline qui apporte des éléments de réponse sur cette notion centrale de<br />

convergence informationnelle que nous avons précédemment évoquée.<br />

Les propriétés ergonomiques du support<br />

Enfin, dans un quatrième point, nous nous intéresserons plus spécifiquement aux propriétés<br />

ergonomiques du support MobilUrb.<br />

Au final, l'objectif dans ce chapitre est de comprendre comment les voyageurs rendent<br />

intelligible l'espace de circulation qu'ils entendent pratiquer. Cela nous amène à apporter une<br />

attention aux expériences, aux manières dont les voyageurs appréhendent l'espace mais<br />

surtout à la manière dont ils utilisent des outils d'aide à la visualisation tels que les cartes et<br />

plans du réseau. Il s'agit donc de repérer quelles ressources cognitives (matérielles et<br />

humaines) sont mobilisées pour se situer, s'orienter et définir un programme d'action de<br />

circulation.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 95


I/ La carte comme support de déformation et de réduction de la réalité : le principe<br />

d’épuration “informationnelle”<br />

La perception directe du voyageur en situation de conduite dans un contexte urbain perturbé est<br />

soumis à de fortes contraintes. Les outils cognitifs et représentationnels (cartes, palns...) que manipule<br />

le voyageur en situation de déplacement permettent aux voyageurs de dépasser ces contraintes comme<br />

nous l’explique très justement Françis Rousseau :<br />

« Le pouvoir d'évocation de la perception directe de la réalité brute est soumis à de fortes<br />

contraintes qui limitent sa puissance d'expression. Ainsi, la réalité perçue est d'abord limitée<br />

dans l'espace-temps par les performances de nos capteurs sensoriels, aussi bien vers le grand<br />

que vers le petit. Qui plus est, on ne peut pas se situer dans plusieurs endroits à la fois -nonubiquité<br />

- et il y a un coût temporel (et donc également mémoriel) de déplacement – non<br />

téléportage -. Pour compliquer encore, la perception directe est assujettie à des niveaux<br />

d'abstraction bien particuliers, déterminés par l'intimité émotion / raisonnement et en<br />

particulier par la saillance des phénomènes émouvants. (...)”<br />

Le recours aux outils cognitifs tels que les plans et les cartes nous permettent d’échapper<br />

virtuellement du réel pour ouvrir de nouveaux espace d’action. Mais, précise l’auteur, “Les<br />

plans, les dessins et les photographies, poursuit F. Rousseau, ne gardent leur puissance<br />

d'évocation que dans certaines limites de déformation et de réduction (de la réalité). » 38<br />

Ce principe de déformation et de réduction de la réalité nous permet d'appliquer le<br />

principe d'épuration informationnelle et de réalité augmentée, ce qui permet aussi aux<br />

voyageurs de ne pas se laisser enfermer dans les mailles du réseau :<br />

D'un coté, la carte “MobilUrb” délivrera une information qui n'existe pas dans la<br />

réalité. Elle sur-ajoute de l'information à la réalité (principe de réalité<br />

augmentée) et ainsi crée de la plus- value informationnelle, de l'offre de service<br />

jusqu'alors invisible. Grâce à ce principe, le voyageur pourra intégrer l'intégralité de<br />

l'offre multimodale dans son champ de vision.<br />

Parallèlement, la carte MobilUrb appauvrit le réel (principe de réduction et d’épuration<br />

du réel) pour éviter que le conducteur se noie dans un flux informationnel contre-productif.<br />

Conserver trop de détails de la réalité nuit à la lisibilité. Il faut donc pouvoir graduer la<br />

38 Francis Rousseaux, Réconciliation de la volonté et de la représentation, in<br />

http://www.ircam.fr/equipes/sel/rousseaux/pdf/papiers/VolonteRepres.pdf<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 96


densification informationnelle en fonction du profil de l'utilisateur pour que ce dernier ne<br />

souffre pas d’infobésité et d’entropie informationnelle.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 97


II/ La carte comme support de projection et siège de la cognition : le principe de<br />

customisation<br />

La carte est un médium, la voie réaliste adoptée pour se représenter ce qui ne peut être perçu<br />

directement par les sens (principalement le regard) car l’échelle biologique humaine est<br />

incapable d'embrasser la totalité du champ d'action propre à la mobilité des voyageurs. La<br />

carte routière comme le plan du réseau TC permettent donc aux voyageurs de reproduire un<br />

territoire de navigation en miniature qui leur permet d'anticiper, de se projeter et de circuler<br />

virtuellement sur un territoire hypothétique (projeté sur l’écran de l'interface du boîtier<br />

MobilUrb).<br />

Les informations contenues dans une carte dynamique et interactive ne sont pas le territoire<br />

tel qu’il est dans la réalité. L'objectif d'une carte est d'offrir les ressources informationnelles<br />

pertinentes pour que le lecteur puisse se construire « un point de vue » sur l'état du trafic et<br />

sur l'offre multimodale sans pour autant le saturer d'informations inutiles qui viendraient<br />

troubler sa vision des choses. A l'image des cartes militaires que manipulent les Etats-Majors<br />

de l'armée pour réaliser des manoeuvres, la carte MobilUrb est également un support d'action<br />

pour effectuer des opérations, contourner les obstacles, éviter des bouchons... Dans cette<br />

optique, la carte devient aussi le siège et le prolongement de la cognition humaine.<br />

En effet, en tant que médium, la carte opère un transfert d'une compréhension, et pas<br />

seulement de données. Dit autrement, au-delà de l’image qu’elles évoquent, les cartes sont<br />

porteuses de nouveaux types de cognition. C'est à ce titre qu'elles intéressent les<br />

concepteurs d'interface d'informations multimodales que nous sommes. Les qualités<br />

intrinsèques d'une carte (lisibilité, organisation de l'information...), les informations qu 'elles<br />

revêtent, peuvent effectivement inciter son utilisateur à adopter de nouveaux comportements<br />

en terme de mobilité en invitant le voyageur à intégrer dans son champ de vision l'offre<br />

multimodale qui constitue une alternative efficace à l'automobile dans certaines situations :<br />

« Parking d'échange », Bus, Métro...<br />

Customisation de la carte : comment personnaliser son rapport à l'information ?<br />

Le voyageur qui utilisera cette carte MobilUrb pourra d'autant mieux se la réapproprier qu’il pourra y<br />

inscrire ses propres marqueurs « géoréférencés » c’est -à- dire insérer ses propres « points de<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 98


epères », ses propres « icônes »… qui lui serviront d'appui pour conserver prise avec le territoire (et<br />

ne pas être sous l'emprise du réseau).<br />

Il faut en quelque sorte permettre à l'utilisateur de se construire sa propre légende qui repose<br />

sur des objets géoréférencés qui renvoient, non plus à des indices géographiques standards,<br />

mais à des univers de pratique, à ces “points de repères” qui font “immédiatement” sens pour<br />

reprendre l’expression d’un voyageur. Ecoutons le défendre son point de vue sur cette<br />

question de la représentation spatiale :<br />

• Dans les plans que je consulte, tu as plein d’informations qui ne sont pas utiles. Je souhaiterais un truc<br />

plus simplifié.<br />

- C'est quoi, les informations qui ne sont pas utiles ? Et c’est quoi les informations qui sont utiles,<br />

et qu'il faut conserver ?<br />

• Sur mon plan, j'ai les hôpitaux, savoir qu’il y a une maison là, savoir qu’il y a un étang là. Je veux dire,<br />

dans la situation où je suis ça n’a aucune valeur, je pense pas que ça a vraiment aucun intérêt. (…) On<br />

pourrait concevoir d’autre point de repère beaucoup plus “ Tac ” ! Quelque chose qu’on puisse<br />

identifier rapidement. Par exemple des signalisations, des trucs “ tac ” ! Par exemple là, je…. J’étais<br />

sur Vincennes “ tac ” ! Je prends mon plan, voilà sur la route il y a çà. Et là, je me repère tout de suite<br />

quoi ! Tu vois ? Un truc identifiable rapidement, visible en un clin d’œil…<br />

Les objets géoréférencés<br />

Il faut donc donner la possibilité à l'utilisateur de sélectionner sa propre classe d'objets<br />

« géoréférencés » (hopitaux, commerces, parkings d'échange, écoles...) qui renvoient directement à ses<br />

propres catégories cognitives et perceptuelles.<br />

Le filtrage informationnel s'effectue à partir de 4 niveaux :<br />

1. choix de l'affichage (cartographique ou linéaire) qui induit un type de procédure à<br />

suivre, un style de lecture plus familier à son utilisateur. (exemple de Monsieur X<br />

sélectionnant le mode “plan” sur son terminal d’aide à la conduite)<br />

2. choix du degré d'épuration informationnelle qui passe par la sélection des objets<br />

repères géoréférencés qui renvoie soit à la logique de territoire, soit à la logique de<br />

réseau.<br />

3. Choix du niveau d'intermodalité que désire le voyageur. Il ne sert à rien d'afficher les<br />

arrêts de bus si le voyageur est réfractaire à ce mode de transport. Cette information<br />

vient sur-charger inutilement l'interface graphique<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 99


4. Choix du style de navigation. Si le voyageur est chargé, il optera pour le parcours<br />

« poids lourd » alors que s'il doit se rendre le plus rapidement à l'aéroport, il<br />

sélectionnera le parcours « TGV ».<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 100


La carte MobilUrb, un support cognitif à “géométrie variable”<br />

En conclusion, ce travail de personnalisation de l'outil en y injectant ses propres marqueurs<br />

personnalisés, nous fait passer d’une représentation cartographique du territoire à une<br />

représentation cognitive de la mobilité qui fait sens pour son utilisateur.<br />

La carte numérique « MobilUrb » se définit donc comme un support à « géométrie variable »<br />

qui s'ajuste en temps réel (rafraîchissement automatique de l'interface), répond à la variété des<br />

profils « voyageurs » (personnalisation de l'information en fonction des parcours voyageurs<br />

construits à partir des univers de pratique) et se joue des frontières entre territoire réel et<br />

territoire virtuel (Tension entre réalité « augmentée » et réalité « épurée », interface<br />

multimédia...).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 101


III/ La cartographie sémantique : un outil efficace « pour y voir plus clair »<br />

Dans les paragraphes précédents, nous évoquions que les aptitudes perceptives du voyageur<br />

en situation de perturbation étaient fortement diminuées. Il est donc important que le kit<br />

« MobilUrb » puisse délivrer de l’information pour pallier ce déficit de la vision. A ce titre,<br />

les enseignements et recommandations issus des réflexions sur la cartographie sémantique<br />

devraient nous éclairer sur la conception de l’interface.<br />

En effet, la cartographie sémantique est née du besoin croissant de visualisation dans nos<br />

sociétés dites de l’information. Que nous enseigne t-elle ? Cette technique permet<br />

l’élaboration et l’utilisation de représentations visuelles de données abstraites pour amplifier<br />

la cognition. Son objectif est la valorisation de l’information via la construction de carte.<br />

La cartographie sémantique cherche donc à accroître la vitesse de compréhension des<br />

informations véhiculées, et à atténuer l’effort mental mis en œuvre par son utilisateur pour<br />

déchiffrer un réel et prendre des décisions. Ce modèle répond donc à nos deux objectifs :<br />

réactivité dans la prise de décision (régime d'action propre à l'urgence) et lisibilité des<br />

informations.<br />

Dès lors, la cartographie sémantique, entendue comme un moyen de visualisation des informations et<br />

de leurs liens mais aussi comme mode de navigation eu sein d’une base de données informationnelles,<br />

constitue un modèle de référence pertinent pour concevoir une interface opérationnelle en situation<br />

perturbée.<br />

Cette pratique cartographique, couplée d’un travail de sémiologie (La sémiologie graphique, J. Bertin)<br />

est un formidable moyen pour faire converger des informations autoroutières et TC que tout<br />

jusqu’alors opposaient. La carte qui sera incrustée dans le boîtier MobilUrb devra donc être conçue<br />

comme un “objet frontière” qui relie entre eux l’univers des TC et l’univers des automobilistes. Dit<br />

autrement, l'une des missions que devra remplir le boîtier MobilUrb est de rendre plus explicite<br />

les liens sémantiques existants entre les différents modes de transport afin de donner aux<br />

voyageurs une vision d’ensemble, une vue globale de l’offre multimodale.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 102


Il convient donc d’engager un travail sémantique et sémiologique pour identifier le<br />

vocabulaire commun à ces deux mondes. Le boîtier fonctionnera effectivement comme un<br />

système sémantique qui permet à son utilisateur de changer progressivement de référentiel en<br />

passant d’un univers de référence monomodale à un univers de référence multimodale, en<br />

passant du monde de l'automobile à celui des TC, etc...<br />

En résumé, le boîtier « MobilUrb », qui s’apparente à une prothèse optique, permettra à son<br />

détenteur d’y voir plus clair c’est- à- dire de prendre de la hauteur pour qualifier la situation.<br />

Progressivement, le voyageur changera de point de vue, agrandira sa focale pour intégrer dans<br />

son champ de vision les transports collectifs. Le boîtier « MobilUrb » se définit donc<br />

comme un pont sémantique entre deux univers que tout jusqu’alors opposait: les TC et<br />

le réseau autoroutier.<br />

A partir de ce constat, nous pouvons lister un certain nombre de recommandations :<br />

Construire une terminologie commune à l’univers TC et VL pour pouvoir réussir à<br />

faire dialoguer ces deux mondes.<br />

Concevoir une carte sémantique de la région Ile de France qui puisse coupler les<br />

informations TC et les informations VL en ayant au préalable identifié des « points de<br />

repère » communément partagés entre ces deux mondes.<br />

Afin de personnaliser l’interface MobilUrb, avoir la possibilité de réaliser une<br />

épuration informationnelle en sélectionnant par exemple sa « propre » classe d’objets<br />

géoréférencés (hôpitaux, parkings d’échange, terminaux de bus…). Ainsi, la carte<br />

deviendra un outil centré sur les univers de pratique de l’utilisateur et non plus sur des<br />

connaissances figées, statiques et hypothétiques qui, en situation de perturbation, ne<br />

font plus sens.<br />

Personnalisation et paramétrage de l’outil graphique « MobilUrb » grâce à la<br />

possibilité de sélectionner ses propres icônes géoréférencés.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 103


Conclusion :<br />

S'appuyant sur ces nouvelles potentialités qu'offrent les supports numériques et multimédias,<br />

le boîtier MobilUrb se donne pour objectif d'amplifier la puissance représentationnelle<br />

et cognitive du voyageur en situation de mobilité.<br />

Avec l'avènement des moyens de traitement numérique, nous assistons à un enrichissement<br />

considérable des outils cognitifs qui encadraient jusqu'alors l'activité de navigation des voyageurs :<br />

De statique dans le temps, la carte devient cinécarte : Equipée d'un GPS, elle évoluera<br />

dynamiquement en fonction des données « trafic » que le centre de mobilité lui transmettra<br />

en temps réel.<br />

De statique dans l'échelle, la carte deviendra hypermédia. Guidé par la logique<br />

hypertextuelle, le voyageur pourra surfer sur la carte - réseau au sens plein et figurer<br />

du terme. Cette carte « multimédia » pourra également contenir des informations<br />

multimodales qui s'imbriqueront entre elles. La carte multimédia répond donc<br />

parfaitement à ce principe de convergence et synergie informationnelle.<br />

De statique dans la légende, la carte MobilUrb deviendra personnalisable. Ainsi,<br />

le voyageur pourra customiser son interface en fonction de ses préférences de<br />

déplacement et personnaliser son rapport au territoire en sélectionnant ces propres<br />

objets repères géoréférencés. On passe effectivement du concept de légende à celui<br />

de menu.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 104


IV/ Propriétés ergonomiques du Boîtier MobilUrb<br />

Le terminal MobilUrb, comme nous l'avons dit, se présente comme une prothèse optique qui doit, sur<br />

le plan cognitif, soulager et aider le voyageur en quête d'information. Pour cela, cet outil cognitif doit<br />

répondre à un certain nombre de contraintes techniques et ergonomique.<br />

1°) Principales contraintes techniques :<br />

Plusieurs contraintes techniques doivent être prises en compte :<br />

• le taux de transfert : En situation de mobilité, le taux de transfert d'information doit se<br />

faire selon un principe d'immédiateté. Lors de nos observations, un certain nombre de<br />

personnes ont tenté de recourir au Wap pour obtenir une information trafic. A chaque fois,<br />

ces tentatives se sont soldées par un échec. Ce manque de fiabilité lors de la connection<br />

est préjudiciable car le voyageur, à force, se détourne du service, n'y croit plus. De plus,<br />

elle génère un stress, de l'agacement qui se transforme en énergie contre-productive en<br />

situation de perturbation.<br />

• la qualité et la profondeur de la couleur : L’affichage des couleurs peut permettre à<br />

l'utilisateur de hiérarchiser l'information multimodale. La couleur a donc des vertus<br />

cognitives. Elle ne doit pas uniquement être utilisée pour ajouter une valeur esthétique à<br />

l'interface. Attention, l'utilisation de couleur ne doit pas ralentir le transfert d'information<br />

(principe d'immédiateté).<br />

• la résolution de l’écran : Les écrans d’assistants personnels n’offrent qu’une résolution<br />

de 320 par 240 pixels en moyenne. Il est clair que ces résolutions sont infiniment moins<br />

bonnes que celles obtenues à partir des supports papiers. La carte numérique ne peut, à<br />

l'heure actuelle, se substituer totalement à ce support. Ne pourrions- nous pas imaginer un<br />

systéme de couplage entre une carte au format papier au sein de laquelle sont incrustées<br />

des puces qui permettent de communiquer avec le boîtier . Quelle que soit l'innovation, le<br />

couplage support papier et support numérique est intéressant pour concevoir un outil<br />

cognitif performant.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 105


• Opter pour la technologie du « Sans-Couture » 39 pour assurer la complémentarité des<br />

supports et la compatibilité des informations : l'objectif du « sans-couture »est d'avoir une<br />

réelle continuité des services en situation de mobilité (cf. suite servicielle), et de pouvoir<br />

utiliser les complémentarités des supports fixes (type PMV, bornes interactives...) et<br />

mobiles (Téléphone portable, Palm...). Le terminal « MobilUrb » pourrait être par<br />

exemple équipé d'une puce de type Bluetooth qui puisse garantir une qualité et une<br />

rapidité de transfert de données en situation de mobilité.<br />

2°) Nature de l'information<br />

L'efficacité de ce boîtier dépend également de la qualité des informations transmises et de la<br />

manière dont elles sont transférées et mises en forme graphiquement.<br />

Les messages délivrés par cette interface multimodale doivent répondre à plusieurs critères :<br />

1 La crédibilité des informations transmises et la rapidité de transfert est fondamentale.<br />

2 L’ information doit être facile à comprendre et ne doit pas être pléthorique.<br />

3 L’ information doit être sélectionnée, hiérarchisée : si trop d’ informations sont<br />

données, il y a un risque d’ inhiber l’ information essentielle.<br />

4 Les informations doivent être données en dynamique (i.e. temps réel) pour permettre<br />

aux voyageurs de s'ajuster au fil de son parcours.<br />

5 L’ information doit être personnalisée.<br />

6 L’ information doit être contextuelle c’est à dire être ciblée en fonction du lieu où se<br />

situe le voyageur.<br />

7 Les informations délivrées par un support d'information multimodale doivent être<br />

compatibles avec d'autres supports (fixes ou mobiles) que le voyageur est susceptible<br />

de rencontrer au cours de sa déambulation urbaine.<br />

Le cahier des charges n’est donc pas simple à satisfaire. Une analyse ergonomique devrait<br />

nous permettre de clarifier ces principes autour desquels se structurera le cahier des charges<br />

du Terminal MobilUrb.<br />

•<br />

39 Le "sans-couture" est issu de cette idée de pouvoir retrouver en mobilité ses usages professionnels et privés sur<br />

un même terminal et pouvoir accéder aux applications Intranet.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 106


Conclusion<br />

Entre assistance et tutorat<br />

Ce boîtier est avant tout un outil à usage « conjoncturel » qui doit offrir des ressources<br />

alternatives aux déplacements et réduire les troubles décisionnels de l’utilisateur en situation<br />

de perturbation. Dans ce contexte d’usage, le principe de simplicité et d’immédiateté (forte<br />

réactivité en contexte, manipulation simplifiée…) doit être au centre de ces fonctionnalités.<br />

Dit autrement, en situation de perturbation, cet outil d’aide à la navigation doit devenir<br />

un outil d’aide à la décision qui repose soit sur un principe d’assistance (prise en<br />

charge), soit sur un principe de tutorat (apprentissage de trajets alternatifs).<br />

Outil d’aide à la visualisation<br />

La mission de cet outil est également d’offrir des ressources informationnelles « claires »,<br />

« concises », « fiables »… qui aident son utilisateur à poser un diagnostic efficace et à<br />

stabiliser un contexte. Délivrant principalement des données à caractère graphique et<br />

synthétique, le boîtier doit aider son utilisateur à reprendre de la hauteur par rapport à<br />

une situation devenue étrangement anomique. Cette outil d'aide à la décision fonctionne<br />

aussi comme une prothèse optique qui permettra à son utilisateur « d’y voir plus clair ».<br />

Simplicité d’usage et fonctions limitées : éviter la surcharge cognitive et informationnelle<br />

Ce boîtier doit être également très simple d’utilisation pour répondre à l’urgence et au stress<br />

que génère la situation de perturbation. Cet outil ne doit pas être surchargé de<br />

fonctionnalité au risque de désorienter l’utilisateur et de le noyer dans un flux<br />

informationnel (saturation cognitive).<br />

Par souci de simplicité, nous pensons que l’interface « MobilUrb » devrait ressembler<br />

davantage à une calculatrice avec un nombre de touches limitées et un écran graphique de<br />

haute résolution. Une interface de type ordinateur de poche avec clavier numérique nous<br />

semble trop complexe. En effet, en situation de perturbation, la manipulation de l’outil<br />

doit être intuitive, instantanée, immédiate, rapide et réduite à son strict minimum pour<br />

éviter à l’utilisateur une surcharge cognitive et informationnelle supplémentaire.<br />

Un outil qui ne vient pas se substituer à l’existant<br />

De même, cet outil ne vient pas se substituer aux supports papier type carte routière (qui<br />

délivre de l’information « théorique » et offre l’avantage d’être plus lisible en raison des<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 107


propriétés du support : grand format, pliable…). Il ne doit pas non plus se donner pour<br />

ambition de remplacer les agendas électroniques et autres ordinateurs de poche qui offrent un<br />

service d’une autre nature, construits sur une autre temporalité (gestion de son emploi du<br />

temps, accès à des services en ligne…)<br />

Un outil centré utilisateur (et non plus centré contexte)<br />

En réalité, l’objectif est de construire un terminal qui soit non plus centré sur un contexte<br />

devenu hypothétique en raison du caractère anomique de la perturbation mais sur l’activité<br />

effective de l’utilisateur en situation de mobilité. A ce titre, l’interface graphique du boîtier<br />

est composée d’icônes qui renvoient aux univers de pratique de l'utilisateur d'où l'intérêt de lui<br />

offrir la possibilité de personnaliser son interface. Dit autrement, les icônes renvoient<br />

prioritairement à une action centrée autour de l’utilisateur et non à l’état du trafic centré sur<br />

un contexte qui ne fait plus sens pour l’utilisateur. Il faut que les informations délivrées par<br />

cette interface offrent une plus- value qui renvoie directement à la gestion quotidienne et<br />

immédiate du déplacement en situation de perturbation.<br />

Les autres fonctionnalités s’apparentent à des services annexes à la mobilité que l’utilisateur peut<br />

actionner sur simple demande. Ce principe de sollicitation informationnelle évite de noyer l’utilisateur<br />

dans un flux d’informations inutiles ou d’alourdir une procédure qui ne répond pas à la situation<br />

d’urgence propre au contexte de crise (principe d'urgence et d'immédiateté dans l'action). Ne pas<br />

répondre à ce cahier des charges, c’est prendre le risque d’alourdir le dispositif, le système d’aide. A<br />

terme, l’utilisateur risque de se détourner de l’outil qui ne répondra pas aux critères de réactivité<br />

qu’exige la situation.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 108


FICHES DE PROPOSITION<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 109


Fiche proposition N°1<br />

De la carte MobilUrb à la carte d’identité “profilée”<br />

Principes généraux :<br />

MobilUrb est<br />

un centre de ressources et un pôle d’information graphique (l’araignée) qui permet<br />

de concilier information dynamique (réseau) et information statique (territoire),<br />

un guide interactif à “haut débit” qui fonctionne comme boite de vitesse qui<br />

permet au voyageur de changer de régime d'action et, ainsi, de pouvoir faire varier<br />

sa mobilité en fonction de ses désirs : parcours “TGV”, Parcours “Flânerie”... Le<br />

renard peut être sensible à ce service à la mobilité.<br />

un espace ré-créatif et un espace d'échange (le dauphin). Ces fonctions permettent<br />

de ne pas vivre la perturbation comme un « temps contraint »<br />

un centre de premier secours (la taupe) : Message d'alerte, Touche « assistance en<br />

ligne ». Ces fonctions soulagent la personne (confort psychologique) et la guident.<br />

Le terminal portatif « MobilUrb » doit donc prendre en compte la diversité des clients<br />

(renard/routier, araignée/cartographe, dauphin/explorateur, taupe/ désorientée) en<br />

proposant des services à la mobilité adaptés à chaque profil.<br />

Il faut concevoir des services à la mobilité adapté à chacun de ces profils. Par exemple, nous<br />

pourrions imaginer différentes cartes SIM auxquels seraient associées des bouquets de service<br />

qui répondent aux attentes des voyageurs. Ces services à la mobilité ne doivent pas être<br />

construits sur des CSP comme c'est traditionnellement le cas (Exemple de la carte « senior »,<br />

de la carte « Imagin’R »...) mais sur des « univers de pratique » qu’il convient, au préalable,<br />

de bien identifier.<br />

Nous pourrions imaginer que le service Marketing développe des services à la mobilité qui répondent<br />

aux caractéristiques de ces profils. Chaque profil pourraient configurer sa carte SIM en fonction de<br />

bouquet de service.<br />

La carte « surf » pour le dauphin/explorateur pour voyager “en toute liberté”<br />

La carte « Express » pour le renard/routier pour voyager “intelligent”<br />

La carte « O’file» pour l’araignée/cartographe pour être en prise avec son temps.<br />

La carte « Vital » pour la taupe/désorientée pour voyager “en toute sécurité”.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 110


Fiche proposition N° 2<br />

Typologie des système d’aide du terminal MobilUrb<br />

L 'information, délivrée en situation de perturbation, doit également suivre un processus qui<br />

se calque sur le modèle cognitif du voyageur. Suite à nos observations, nous pouvons<br />

identifier 5 types d'aide à la navigation :<br />

1. Aide à l'interprétation et à la stabilisation du contexte :<br />

Face à la masse d'informations qui lui parvient en situation perturbée, le voyageur souhaite<br />

obtenir de l'aide pour effectuer du discernement d'où le recours à un filtre informationnel. Il<br />

souhaite également stabiliser le contexte pour transformer une émotion en capacité d'action.<br />

2. Aide à la traduction :<br />

L'utilisateur souhaite également pouvoir superposer des informations de nature différentes<br />

(informations dynamiques, statiques...), faire converger des supports entre eux, rendre<br />

compatible l'information d'où le recours à un traducteur qui met en forme l'information selon<br />

un principe de convergence et de synergie informationnelle en intégrant l'ensemble de l'offre<br />

transport.<br />

3. Aide à la visualisation :<br />

En situation de perturbation, le voyageur souhaite qualifier la situation. Le voyageur<br />

souhaite se faire une idée précise, « claire » de la perturbation. Dit autrement, pour prendre<br />

une décision, il doit se construire son propre « point de vue » sur la situation d'où le recours à<br />

de l'information stratégique qui doit l'aider à prendre une décision. Bien entendu, il convient<br />

d'orienter le regard pour que le voyageur intègre l'offre multimodale dans son champ de<br />

vision.<br />

4. Aide à l'orientation :<br />

l'utilisateur souhaite enfin pouvoir enfin obtenir de l'information en temps réel pour<br />

s'assurer du bon déroulement de son parcours d'action, de son programme d'action alternatif<br />

(information redondante, rétro-action sur ces prises de décision) et le ré-ajuster au fil du<br />

voyage si nécessaire. Les champs du possible doivent rester ouverts pour pouvoir saisir de<br />

nouvelles opportunités.<br />

5. Aide à la décision :<br />

le voyageur souhaite obtenir des informations pour poser un diagnostic, délimiter les champs<br />

du possible et lister les alternatives en fonction des critères de satisfaction qu'il affectionne<br />

(confort, rapidité, rupture de charge...)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 111


Fiche “proposition” N° 3<br />

La palette graphique de MobilUrb<br />

En terme d'interface graphique, la carte MobilUrb reposera sur quatre types de palette d'icônes :<br />

1. une palette d'icônes « Réseau » symbolisant des modes de transports et les<br />

infrastructures qui y sont associées : RER, Metro, Bus, Parking d'échange, principaux<br />

axes autoroutiers qui passent à proximité des pôles d'échange...<br />

2. une palette d'icônes « territoire» symbolisant des indicateurs géoréférencés propre<br />

aux infrastructure : Stations service, hôpitaux, centres administratifs, centres<br />

commerciaux<br />

3. Une palette d'icônes « styles et parcours de navigation » qui sera structurée<br />

autour des 4 parcours préalablement définis<br />

4. Une palette d'icônes « services à la mobilité » : qui permet au voyageur d'obtenir<br />

des services en fonction de son “profil client” : carte “liberty surf” (pour voyager en<br />

toute liberté et accéder au service I-mode), carte “vital” (pour voyager en toute<br />

sécurité), etc...<br />

La carte “vital” comportera un forfait “assistance en ligne” avec la possibilité, en cas de<br />

perturbation, d’entrer en relation avec une centrale de mobilité pour obtenir une information<br />

plus « personnalisée ». Le voyageur pourra, sur l’espace client, modifier son forfait (exemple<br />

de compte Internet et du téléphone portable).<br />

Ce qu’il est important de retenir est que chaque palette d'icônes est personnalisable. Par exemple, le<br />

voyageur peut supprimer l'information relative aux bus pour pouvoir se concentrer uniquement sur le<br />

changement modal VL + Parking + RER-Métro.<br />

La proposition d'un parcours adapté au profil voyageur résultera donc de la combinaison de<br />

ces palettes d'icônes que son utilisateur aura au préalable paramétrées en fonction de son<br />

profil.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 112


Fiche Proposition n°4<br />

Spécifications techniques du terminal portatif « MobilUrb »<br />

Eléments pour le Cahier des Charges<br />

Dimension : Format livre de poche. Forme de calepin avec stylet. Tient dans<br />

une seule main. Rigide et plastifié (longévité).<br />

Principe de miniaturisation. Interface compacte et intuitive…<br />

Poids (avec batterie) Léger mais robuste<br />

Résistances aux chocs et<br />

aux intempéries<br />

Fonction normale après une chute d’1m20 (hauteur du buste).<br />

Assurer un minimum d’étanchéité (intempéries).<br />

Ecran Haute résolution, affichage couleur.<br />

Prévoir un affichage large. Grand écran si possible (ouverture)<br />

Batterie Autonomie de 4 heures minimum (un embouteillage peut<br />

Communication et<br />

connections<br />

prendre 2 heures). Possibilité de le brancher sur allume cigare.<br />

Faire apparaître le niveau de charge. Possibilité d’accéder au<br />

service minimum. Système de la « réserve énergétique ».<br />

Infra rouge + bouton télécommande (Gachet pour validation).<br />

Possibilité de lecture des informations sur terminaux fixes<br />

(hotspot)<br />

Transaction sécurisée Service « gratuit » (emplacement…) et service payant. Paiement<br />

en ligne « sécurisé ».<br />

Mode de certification de la transaction (certificat – carte SIM,<br />

mot de passe…)<br />

Raccourcis Identifier des manipulations fréquemment utilisées et prévoir des<br />

raccourcis. Principe de réactivité, d’immédiateté, vitesse<br />

d’exécution lors de la manipulation.<br />

Technique de navigation<br />

dans l’interface<br />

Stylo ou/et molette + reconnaissance « vocale ».<br />

Pb = le stylo nécessite l’usage des deux mains = handicap en<br />

situation de mobilité<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 113


Connectivité avec d’autres Permettre une connectivité ad hoc (hotspot, lieu de travail, borne<br />

supports de la mobilité. public…).<br />

Assurer la compatibilité électromagnétique des différents<br />

Attention aux interférences. systèmes, qu’il s’agisse des systèmes embarqués entre eux ou de<br />

systèmes amenés à cohabiter.<br />

Intégrer les éventuelles innovations du type bracelet interactif,<br />

montre à écran digital, PDA…<br />

Mode sans échec Si problème de connections, possibilité de passer en mode<br />

dégradé qui nous donne accès aux « informations statiques »<br />

indispensables pour continuer à œuvrer en situation perturbée..<br />

Mémoire Importante car nombreux graphiques. Prévoir la possibilité de<br />

mettre des extensions de mémoire.<br />

Etui de protection et<br />

mallette de transport<br />

Périphériques, extensions et accessoires :<br />

Etui pour la protection contre les chocs. Exemple des auto-radio<br />

portatifs.<br />

Câble de communication et Possibilité de se brancher sur un terminal fixe pour télécharger<br />

de téléchargement des informations lourdes.<br />

Câble port USB<br />

Support voiture Support incliné pour une visualisation sécurisée pour le<br />

conducteur.<br />

Kit main libre – casque<br />

audio, oreillette…<br />

En conformité avec le code de la route (code de bonne conduite).<br />

Favorise le civisme.<br />

Prises = branchements Câble d’alimentation électrique portatif pour recharger<br />

facilement son terminal…<br />

Câble internet… (Cf caméra numérique)<br />

Branchement sur allume-cigare pour gagner en autonomie,<br />

recharger la batterie.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 114


Etiquette autocollante<br />

+ bloc note + carte papier<br />

« au cas ou »<br />

Support au format de la<br />

mobilité (astuce de<br />

portabilité)<br />

Possibilité de coller une étiquette pour y inscrire des<br />

informations scripturales. Petit livret papier (bloc note)<br />

interchangeable (évite de devoir allumer son terminal pour des<br />

informations de type « statiques »)<br />

Le support numérique ne se substitue pas totalement au support<br />

papier.<br />

Privilégier le « collier » ou le « porte clé » car plus facile à<br />

consulter en situation de déplacement.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 115


Fonctions et services du terminal nomade « MobilUrb » :<br />

Fonction guidage Comparaison multi-critères. Accent mis sur les parkings<br />

« multimodale »<br />

d’échange et les places disponibles aux abords d’une station RER<br />

- Métro.<br />

Le terminal = fonction de Synchronisation informationnelle « en temps réel » avec les<br />

(re)synchronisation spatio- PMV, avec les serveurs de gestion dynamique de déplacement (le<br />

temporelle.<br />

pilote, cité futé…), informations sur les parkings d’échange pour<br />

connaître à l’avance le taux d’emplacement.<br />

Fonction « espace client » Espace réservé à la personnalisation de son interface et à<br />

et « service à la mobilité » l’abonnement de service à la mobilité.<br />

Possibilité de configurer sa carte SIM en fonction de son profil<br />

client :<br />

Service « i-mode » sur le principe de DoCoMo (Japon)<br />

Acquisition de points si utilisateur joue le jeu de la<br />

multimodalité. Exemple : crédit pour accéder à des services en<br />

ligne.<br />

Fonction « Pilote<br />

automatique »<br />

Cartographie et feuille de<br />

route.<br />

Fonction « Message<br />

d’alerte »<br />

Informations en temps réel, Routage, Téléguidage,<br />

géolocalisation…<br />

Ligne et horaire de bus « simplifié » avec temps de parcours.<br />

Possibilité de « purifier » la carte en fonction de ces propres<br />

repères géoréférencés.<br />

Exemple, afficher tous les monuments historiques, toutes les<br />

stations de métro car constituent des repères pour son utilisateur.<br />

Message d’alerte par rapport à un parcours quotidien que l’on<br />

reçoit sous forme de SMS. Possibilité de désactiver cette fonction<br />

pour ne pas souffrir de saturation informationnelle (Echap).<br />

Fonction assistance Système d’aide en ligne pour les cas d’urgence. Bouton rouge<br />

pour entrer en contact avec une « centrale de mobilité »<br />

Numéro d’appel d’urgence pour être mis en relation avec une<br />

centrale de mobilité (service facturé)<br />

(service payant donc confirmation par mot de passe ou carte<br />

SIM)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 116


Fonction personnalisation<br />

Customisation<br />

Fonction<br />

« communication »<br />

proche en proche<br />

Internet Explorer - Wap<br />

Personnalisation de son interface (peut obtenir de l’aide au sein<br />

des kiosques à la mobilité, sur un site Internet…) :<br />

ses préférences, son dictionnaire personnel, son mode de<br />

présentation graphique (possibilité de revenir à l’interface « par<br />

défaut »)<br />

Possibilité de paramétrer des itinéraires réguliers et de les<br />

mettre en mémoire.<br />

Possibilité, à terme, d’être connecté à Internet « Mobile ».<br />

Intégration des serveurs à la mobilité dans les favoris<br />

(raccourcis).<br />

Possibilité de faire parvenir des textos, d’envoyer de brefs emails.<br />

En format SMS… pour alerter des amis sur la nature du<br />

trafic…<br />

Fonction mise en mémoire, Possibilité de rejouer les itinéraires pour les incorporer, les<br />

archivage<br />

transmettre à un amis... Prévoir un « fichier évènements ».<br />

Possibilité d’accéder à un historique pour se « faire une idée » de<br />

la circulation. Transmettre à un amis.<br />

Fonction « Moteur de<br />

recherche »<br />

Par adresse, par numéros de tel, par adresses, par mots-clés, …<br />

Pas besoin de taper son adresse de localisation. Le GPS<br />

l’identifie automatiquement.<br />

Fonction « web cam trafic » Possibilité de visionner l’état du trafic sur des points critiques du<br />

réseau pour se faire une idée de la densité du trafic. Possibilité<br />

de se construire son propre point de vue. Le voyageur garde<br />

ainsi la maîtrise du diagnostic.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 117


FICHES DE SYNTHESE<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 118


Fiche synthèse n°1<br />

Principes directeurs.<br />

• Ces critères de satisfaction doivent correspondre au deux modes de transport (TC & VL).<br />

• Ces critères de satisfaction sont construits à partir des univers de pratique du voyageur.<br />

Principes directeurs Critères de satisfaction Extrait d’entretiens significatifs<br />

Domestique :<br />

• Pas de rupture de charge.<br />

(I – 2) ;<br />

• Bien être<br />

• Ne pas saucissonner le parcours<br />

•<br />

•<br />

Chaleur et confort<br />

Voyage reposant<br />

•<br />

•<br />

Sensible au conforts des lieux, du mobilier…<br />

Etre hors de l’agitation, de la foule<br />

(II – 4)<br />

• Calme et sérénité<br />

• Pouvoir être assis<br />

Eviter la cohue : ( III – 15)<br />

Ecologique :<br />

• Art de vivre<br />

• Plaisir de la rencontre<br />

• Voyage contemplatif<br />

• Voyage aérien et aérée<br />

• Mobilité « durable »<br />

Accessibilité :<br />

• Assistance technique et humaine lors<br />

de la mobilité<br />

• Aisance dans le déplacement<br />

• Mobilité « pour tous »<br />

Performance :<br />

• Rapidité<br />

• Fluidité<br />

• Réactivité<br />

• Liberté de mouvements<br />

• Déambulation urbaine (vie de quartier, petites<br />

échoppes, zone 30…)<br />

• Voyage en plein air, non polluant (bruit, odeur…)<br />

• Contemplation du paysage urbain<br />

• Ascenseurs et escaliers mécaniques<br />

• Bus à planché plat<br />

• Peu de correspondance et de longs trottoirs<br />

• Sensible à l’affichage en temps réel<br />

• Disposer d’outils à « porté de main » pour<br />

rentabiliser l’attente<br />

• Outils de visualisation sur les temps de parcours<br />

• Connaît des raccourcis, des itinéraires bis…<br />

(I – 24 à I – 27)<br />

(I – 31)<br />

(II – 3)<br />

(II – 2)<br />

(I – 19) ; (I – 20)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 119<br />

Rapidité, être en mouvement : III - 12


Fiche synthèse n°2 Information<br />

Problématique :<br />

Comment concevoir une information multimodale pertinente et personnalisée en situation de<br />

crise ?<br />

Comment le terminal MobilUrb peut-il se forger une représentation des styles de<br />

navigation de son utilisateur pour lui transmettre une information pertinente et<br />

personnalisée qui intègre l'offre de transports collectifs dans son champ de vision ?<br />

Comment prendre en compte le capital expérience du voyageur ?<br />

Quelles sont les grandes étapes de l'aide à la navigation ?<br />

L’information “stratégique”<br />

En situation de perturbation, les utilisateurs déploient des stratégies qui relèvent du modèle de<br />

la crise. Ils cherchent à prendre en compte les aléas inhérents à la perturbation, tentent de<br />

stabiliser leurs choix qui restent fragiles en raison de l'incertitude du contexte (anomie<br />

informationnelle). L'information délivrée en situation de perturbation doit donc intégrer<br />

une dimension “stratégique” pour transformer la ressource informationnelle en aide à la<br />

décision.<br />

Attention, MobilUrb ne doit pas systématiquement chercher à donner un itinéraire « clef en<br />

main » qu'il ne pourra pas garantir en raison de l'anomie informationnelle propre au contexte<br />

de perturbation. Dans certains cas, il faut se limiter à donner de l'information qui puisse<br />

permettre au voyageur de se construire son propre point de vue. Le choix de l'itinéraire<br />

relèvera uniquement de la responsabilité du voyageur. Dans ce cas, MobilUrb se donne pour<br />

objectif d'encadrer les prises de décision en lui transmettant des information pertinentes en<br />

situation de mobilité.<br />

L’information “incarnée”<br />

Cette information doit également s'adapter à l'expérience et à la pratique antérieure du<br />

voyageur (personnalisation de l'information en fonction de critères préalablement définis). Le<br />

voyageur n'est pas vierge. Il détient des connaissances sur le territoire, des savoir-faire, des<br />

habitudes de circulation sur lesquelles il faut s'appuyer. MobilUrb doit apprendre à composer<br />

avec ce stock de connaissances pour orienter le voyageur en quête de solutions alternatives.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 120


Corps, espace, environnement :<br />

Comme on le voit ici, l'action qui consiste à combiner plusieurs modes de transport pour<br />

circuler sur le réseau repose sur une coordination entre un dispositif technique<br />

communicationnel (MobilUrb), un dispositif environnemental (les informations distribuées<br />

dans l'environnement urbain : plan, signalétique, PMV, repères architecturaux… et un<br />

voyageur qui détient également des connaissances, des habitudes, des savoir faire... Grâce à<br />

MobilUrb, la connaissance du réseau ne résidera plus uniquement dans la tête des voyageurs<br />

mais relèvera d'un processus de coopération et de collaboration entre ces différentes entités<br />

(corps – outils embarqués - environnement).<br />

En résumé,<br />

Le terminal MobilUrb est un outil de « filtrage informationnel ».<br />

Son principal programme d'action est de classer, hiérarchiser, purifier... l'information en fonction<br />

du contexte et du profil de son utilisateur. L'objectif est d'éviter toute forme de saturation cognitive.<br />

En effet, dans le domaine de l'information voyageur, il n'y a pas pénurie d'informations mais plutôt<br />

une absence d'outils pour synchroniser, synthétiser, mettre en relation des informations disparates<br />

qui sont distribuées sur une multitude de supports.<br />

Le boîtier MobilUrb est une machine à faire circuler et à faire converger de<br />

l’information.<br />

Il se donne donc pour objectif de faire converger ces données pour les transformer en informations<br />

stratégiques<br />

Le terminal MobilUrb fonctionne également comme une prothèse optique<br />

Ce boîtier permet à son utilisateur d'adopter une posture critique à l'égard du contexte (ne plus<br />

être sous l'emprise de la perturbation) pour poser un diagnostic, stabiliser ses choix et traduire<br />

l'émotion inhérente au contexte de perturbation en programme d'action. Par définition,<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 121


l'information multimodale que MobilUrb diffuse se doit d'être prospective c'est à dire<br />

pleinement tournée vers l'action.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 122


Fiche de synthèse N°3 :<br />

Les propriétés graphiques de l'information délivrée par MobilUrb<br />

Les cartes doivent être simples, très lisibles. Une carte ne doit pas être<br />

surchargée d'informations inutiles. L'objectif n'est pas d'être exhaustif.<br />

L'objectif est de délivrer une information « stratégique », tournée vers l'action.<br />

La carte doit être un support à géométrie variable pour s'ajuster au profil du<br />

voyageur qui ne détient pas la même compétence manipulatoire et les mêmes<br />

capacités à déchiffrer une interface numérique. L'utilisateur peut, par exemple,<br />

faire varier la légende en fonction d'une palette d'icônes qu'il aura<br />

préalablement paramétrée en fonction de son profil, de ses préférences<br />

(principe de customisation). Il peut également faire varier la représentation<br />

graphique du parcours en sélectionnant ses propres « objets repères ». Nous<br />

reviendrons plus en détail sur ces logiques de personnalisation de l'interface.<br />

La carte ne doit pas contenir de variables trop élevées pour que l'œil humain<br />

puisse discerner les variables pertinentes d'un simple « coup d'oeil », à la<br />

première lecture. La fonction « zoom » permet de faire varier le niveau de<br />

visualisation.<br />

La perception du parcours à suivre doit se faire en un temps bref. En situation<br />

de perturbation, l'information doit être instantanément appréhendée sans<br />

difficulté.<br />

Les cartes doivent être simples à manipuler. Le nombre de niveaux hiérarchiques<br />

concernant la présentation de l'information doit être limité pour éviter la saturation<br />

cognitive et la désorientation propre à la navigation hypertextuelle.<br />

La carte doit être orientée « transport multimodal ». Il est souhaitable, par exemple de<br />

faire apparaître clairement les pôles d'échange et les parkings relais qui deviennent des<br />

pôles d'attraction visuelle. On passe donc de la notion de pôle d'échange à la notion de<br />

pôle d'attraction visuelle. Il est donc souhaitable de mener une réflexion approfondie<br />

sur la mise en forme de ces icônes.<br />

La légende de la carte doit être directement inspirée des différents « parcours de<br />

voyageurs » obtenus à partir de l'analyse des univers de pratique.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 123


Fiche de synthèse N°4<br />

MobilUrb, une fenêtre “multimédia”<br />

Le terminal portatif « MobilUrb » se définit comme :<br />

• Un support technique qui doit encaisser les contraintes propres au nomadisme (le<br />

voyageur doit pouvoir le consulter en mouvement) et à l’intermodalité (encourager le<br />

transfert de la VP vers les TC).<br />

• Une fenêtre interactive sur le trafic qui intègre et dépasse l’univers des pratiques de la<br />

mobilité. La fenêtre « trafic » est un outil qui permet d’obtenir une photographie d’un point<br />

de passage critique via une caméra Web qui permet à l’automobiliste de se construire son<br />

propre point vue sur la nature du trafic. Par exemple, une web cam située à l’entrée du<br />

périphérique ou sur le pont de Nogent - point de passage obligé pour les conducteurs se<br />

rendant sur Paris par la A 86 et considéré comme le « point noir » - permettra de se faire une<br />

idée précise de la densité du trafic à l’entrée de Paris. Cette information peut dissuader<br />

l’automobiliste de prendre sa voiture.<br />

• Un dispositif cognitif qui soulage l’utilisateur en situation perturbée, l’assiste dans<br />

son déplacement sans le noyer d’informations d’où l’intérêt de travailler sur les modes<br />

d’accès à la connaissance, les mode de représentation… Il s’agit d’identifier des<br />

profils pour adapter l’interface afin que l’information délivrée fasse sens pour les<br />

différents profils « utilisateur ».<br />

Plus concrètement, le terminal portatif « MobilUrb » est :<br />

• Une surface d’affichage qui transmet de l’information en temps réel.<br />

• Une surface interactive qui permet d’interagir avec l’outil et de personnaliser son<br />

rapport à la machine. Les fonctions « mémorisation » et « personnalisation » sont dans<br />

cette optique essentielles.<br />

• Une prothèse optique qui fonctionne comme un outil d’aide à la décision et un<br />

espace interactif de simulation : permet de se construire « un point de vue » sur les<br />

problèmes de trafic et de contourner les perturbations.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 124


FICHES DE PROSPECTIVE<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 125


Fiche « prospective » : les “cookies” de la mobilité<br />

L'agent de la circulation (IA) ou comment connecter le GPS à des univers de pratique ?<br />

Nous pourrions imaginer, par exemple, qu'un agent intelligent (IA) soit incrusté dans le<br />

boîtier MobilUrb. Cette puce, directement connectée au GPS, aura pour mission de<br />

répertorier, de stocker et de classer les parcours précédemment effectués par le voyageur dans<br />

des « fichiers historiques » de circulation qu'elle rangera dans dossiers “évènement”. A terme,<br />

MobilUrb pourra se construire une représentation de l'utilisateur auquel il associera un type de<br />

représentation spatiale (construite à partir des données transmises par GPS sur les habitudes<br />

de circulation, sur les territoires habituellement traversée par le voyageur...).<br />

Grâce à ces “cookies” de la mobilité voyageur (principe de traçabilité), le boîtier transmettra<br />

des informations qui seront donc construites à partir des univers de pratique effectifs du<br />

voyageur. L'intérêt de ce processus est de transmettre une information « taillée sur mesure »<br />

qui fera donc directement sens pour son utilisateur en situation perturbée.<br />

Plus le voyageur utilisera MobilUrb, plus l'information qui lui parviendra sera pertinente car<br />

elle sera quotidiennement enrichie par ce capital expérience. Le voyageur aura donc “intérêt”<br />

(principe d’intéressement et de fidélisation) à utiliser cet outil qu'il finira par manipuler avec<br />

dextérité.<br />

Du concept de surabondance informationnelle (généralement, les acteurs de l'offre ne<br />

prennent pas le soin de filtrer l'information multimodale ce qui génère de la saturation<br />

cognitive et informationnelle, facteur de désorientation) on passe au concept<br />

d'information suffisante (et pertinente) qui sera à la fois contextualisée et personnalisée<br />

grâce au GPS enrichi d'un agent intelligent.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 126


Fiches protocole d’observation<br />

Listes “personnes interviewées”<br />

Extraits d’entretiens<br />

ANNEXES<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 127


Problématique :<br />

Fiche n°1<br />

Objectifs Généraux.<br />

• Comment inviter un automobiliste à opter pour les transports collectifs en prétextant une<br />

situation perturbée ? Quel type d’information doit-on lui communiquer pour effectuer ce<br />

transfert modal ? A quel moment ? Comment dissuader l’automobiliste de prendre sa<br />

voiture tout au long de son trajet ?<br />

• Quels sont les services à la mobilité qu’il convient d’inventer, d’améliorer (information<br />

théorique, information en temps réel, guidage, repérage, routage, accessibilité, occupation<br />

des temps morts, recours aux objets télécommunicants type téléphone portable, aux<br />

supports graphiques type signalétique…<br />

• Comment rendre compatible les supports d’information entre eux pour assurer une<br />

convergence informationnelle efficace pour le voyageur qui souhaite opter pour une autre<br />

alternative en situation perturbée?<br />

• Ainsi, il faudrait cerner l’intérêt de systèmes permettant aux usagers d’avoir une<br />

“ image ” complète du voyage qu’ils souhaitent entreprendre (choix d’itinéraire,<br />

conditions météo, conditions de trafic, temps de parcours, perturbations dans les transports<br />

en commun, etc.). De tels systèmes peuvent également avoir une influence (mais<br />

laquelle ?) sur le transfert modal en faveur des transports collectifs.<br />

Important : Il ne s’agit pas d’une étude sur l’orientation des voyageurs au cours du déplacement.<br />

Cadre théorique :<br />

1. Deux axes structurent la démarche :<br />

• un modèle anthropologique (des sciences et des techniques) : évaluer la place des<br />

objets (PMV, Internet, guide, téléphone portable, carte à puce, borne…) dans les<br />

parcours nomades, la manière de les mobiliser, le type de support (mobile, fixe, de<br />

poche…) et la nature de l’information qu’ils délivrent aux voyageurs durant leurs<br />

parcours. Ces objets encadrent et stabilisent l’univers des pratiques du voyageur.<br />

• un modèle sociologique du cours d’action : Identifier les stratégies et les tactiques que le<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 128


voyageur déploie pour construire, ajuster, négocier… son plan d’action. Nous nous<br />

intéresserons aux changements de régime, aux périodes charnières qui font que le voyageur<br />

opte pour un autre mode de transport.<br />

2. Modèles théoriques :<br />

• Modèle du réseau socio-technique (Latour, Callon, Akrich, Boullier…)<br />

• Modèle de la théorie du support (Goody, Bachimont…)<br />

• Modèle de la prise (Bessy, Chateauraynault…)<br />

• Modèle de l’action (Boltanski, Thévenot, Suchman,…)<br />

Dispositif socio-technique et environnement<br />

Mots clés :<br />

- Chaîne de mobilité et articulation des supports d’information, des dispositifs techniques<br />

(voiture / ticket / parking / journaux…).<br />

Information :<br />

l’information)<br />

- Dispositif de « débrayage » (déclencheurs) pour changer de régime d’action<br />

- Synchronisation, convergence et pertinence informationnel en situation perturbée.<br />

- Compatibilité des supports (infos graphiques / infos numériques)<br />

- Formats des supports d’information (mobile, rigide, fixe, de poche…)<br />

- Nature de l’information délivrée<br />

- Saturation cognitive et concept d’information suffisante (Trop d’information tue<br />

Cours d’action du voyageur :<br />

- Capacité à débrayer, à changer de régime d’action…<br />

- Prise et emprise du voyageur en fonction de sa capacité à appareiller, instrumenter<br />

son voyage (ticket de bus, carte bancaire, livre, parapluie, plan du réseau, palm,<br />

téléphone portable, GPS…).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 129


• Recueil des données<br />

Fiche n° 2 :<br />

Techniques d’investigation<br />

Les méthodes de recueil des données utilisées sont :<br />

- l'entretien semi-dirigé ;<br />

- l'analyse des cours d’action en suivant à la trace le voyageur, l’automobiliste ;<br />

Le matériel<br />

- l’usage de la caméra et du magnétophone comme outil de capture ; La caméra doit<br />

être utilisée pour rendre compte des moments critiques qui obligent le voyageur à<br />

rechercher de l’information pour modifier son cours d’action (rupture de charge,<br />

consultation d’un plan routier, d’une carte réseau…). Il faut, à tout instant, être en<br />

mesure de déclencher la prise de vue. Qualité de l’observateur attendue : être hyper –<br />

réactif et attentif.<br />

- le papier-crayon<br />

• Documents nécessaires lors de la passation :<br />

- Guide d’entretiens semi-directif et grille d’observation construite à partir des<br />

indicateurs de captivité (cf. Fiche n° 7 et n° 8);<br />

- Fiche d’identité du voyageur (age, profession, modes de transports utilisés, habitude<br />

de circulation…) ;<br />

- Fiche « objets » : lister (à la Prévert) les objets à partir desquels le voyageur<br />

équipe son voyage et qui nous permettent de saisir les prises qu’il a avec<br />

l’environnement (parapluie, carte bancaire, carte TC, sac à dos, journaux, guide de<br />

paris, livre, baladeur…). Ces objets matérialisent également le cadre d’action du<br />

voyageur et ouvrent les champs du possible en terme de choix modal.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 130


- Fiche parcours empruntés par le voyageur en bus, RER, voiture… (mesure la<br />

connaissance du réseau et le poids des habitudes) ; Re-tracer le parcours du voyageur<br />

suite à l’épreuve (à partir d’une carte réseau TC et/ou Autoroutier que nous aurons au<br />

préalable photocopié)<br />

- Fiche « perturbations » : Evaluer à chaque fois l'information communiquée à cette<br />

occasion (raison de l’incident, de la perturbation sur l'itinéraire, type de<br />

dysfonctionnement, incohérence ou insuffisance d'information, nature de l’information<br />

reçu), ainsi que les parcours alternatifs empruntés et les plans d’action en cas<br />

d’incidents, de perturbations ;<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 131


Fiche n° 3<br />

Profils et caractéristiques des voyageurs<br />

• L’usager d’un transport est un usager d’autres transports ; il est aussi un citoyen,<br />

un usager de la ville : il est en même temps un consommateur, un piéton, un salarié, un<br />

lecteur, un auditeur, le membre d’une famille, de groupes sociaux, etc. Le voyageur se<br />

caractérise donc par ces couches identitaires. Par voie de conséquence, la mobilité se<br />

conjugue au pluriel. Lors de son déplacement, le voyageur jongle et combine ces<br />

figures de l’utilisateur – habitant - citoyen comme en témoigne les objets qu’il<br />

mobilise pendant le voyage et les changements de régimes, de comportements qu’il<br />

opère. Ces trajets et le choix du mode de transport fluctuent également en fonction de<br />

ces humeurs, des intempéries, des ces activités…<br />

• Le temps du transport n’est pas une parenthèse, un fragment du temps en<br />

apesanteur, un temps mort. Le temps du transport s’inscrit dans un continuum au<br />

sein duquel de multiples activités s’enchaînent : lecture, recherche d’information,<br />

achat, téléphone, contemplation…<br />

• Le voyageur est détenteur d’outils qui lui permettent de synchroniser<br />

l’information, d’être en prise avec son environnement. Ces objets (carte, plan,<br />

téléphone portable, montre…) se superposent, se synchronisent à d’autres<br />

terminaux, fixes ou nomades, publics ou privés. C’est par exemple la synchronisation<br />

du Palm qu’on charge – chez soi, au travail– avec les horaires des transports comme<br />

des programmes de cinéma, des carnets d’adresses, de l’agenda, etc… C’est aussi les<br />

pré-selections de l’autoradio (FIP, Info-route…) qui nous permettent par une simple<br />

action d’être informé sur l’état du trafic. C’est également les sites Internet recensés<br />

dans nos favoris (montrajet.com ; bisonfuté.fr…)<br />

Cette réflexion sur la synchronisation des objets nous interroge sur la notion de convergence<br />

informationnelle, de compatibilité des supports d’information, et en creux de la rupture et de<br />

l’anomie informationnelle ou de la surcharge informationnelle.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 132


Fiche n°4<br />

Temporalités du voyage<br />

1. Types d’informations mobilisées selon le contexte temporel propre à la mobilité:<br />

Une bref analyse des entretiens met en évidence que les voyageurs mobilisent de<br />

l’information à plusieurs niveaux. Nous pouvons définir trois séquences de quête<br />

informationnelle :<br />

• La phase « avant le voyage » qui comprend les activités de recherche<br />

informationnelle de type théorique réalisées avant le voyage proprement dit.<br />

Planification et préparation du voyage (plan d’action, équipements…)<br />

Recherche d’un itinéraire optimal : les voyageurs sélectionnent les<br />

modes de transports, l’itinéraire, comparent différentes alternatives en<br />

fonction de critères tels que le prix, le temps de parcours, le nombre<br />

d’interconnections, le confort…<br />

Mobilisation de supports radiophoniques, graphiques,<br />

télécommunicants disponible sur son lieu de vie, au bureau…<br />

• La phase « pendant le voyage » qui comporte les activités accomplies lors du<br />

déplacement. C’est la phase active du voyage. Cette phase est donc par définition la<br />

plus délicate. Certains voyageurs utilisent le temps de transports pour planifier « à<br />

bord » leur itinéraire.<br />

S’orienter in-situ : localisation géographique (plan, carte du réseau…),<br />

aide à la navigation (signalétique…), orientation…<br />

Réajuster son plan d’actions en fonction des incertitudes, des<br />

perturbations…<br />

Ecoute des messages vocaux, de la radio (en voiture)…<br />

Consultation de son téléphone portable (qui sert de montre)…<br />

Information de confort qui renvoie au temps d’attente (PMV sur les<br />

quais, sur le périphérique…)<br />

Information embarquée (dans la rame, dans la voiture…)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 133


• Et la phase « retour d’expérience » qui se définit comme une phase d’évaluation.<br />

Tout au long de la préparation et de la réalisation de son déplacement, le voyageur<br />

acquiert des connaissances qu’il appliquera ensuite à chaque nouveau déplacement. Le<br />

voyageur se construit et renforce sa connaissance du réseau en fonction de son<br />

expérience, de son vécu...<br />

Se constituer un stock de connaissances à partir de son expérience du<br />

réseau<br />

Apprentissage via des outils d’orientation (CD-Rom, carte)… et<br />

échange interpersonnelles (avec des amis, les membres de la famille,<br />

les collègues de bureau,…)<br />

2. Types d’activité et nature de l’information :<br />

Action du voyageur Nature de l’information<br />

Planification :<br />

- Préparation et équiper son voyage.<br />

- Anticipation et comparaison des<br />

itinéraires<br />

alternatifs).<br />

(superposer des itinéraires<br />

- S’organiser pour gagner du temps (du<br />

moins ne pas en perdre)<br />

- Optimiser un itinéraire en fonction du<br />

trafic escompté<br />

- Planifier un déplacement complexe<br />

Orientation et besoin de guidage :<br />

- se localiser, se positionner par rapport au<br />

territoire.<br />

- s’orienter dans le dédale du réseau.<br />

Fournir une aide à la planification et à la prise de<br />

décision.<br />

Instruments de bord pour tracer son itinéraire le<br />

plus « rentable » en fonction de critères<br />

préalablement définis (confort, gain de temps,<br />

nombre de rupture de charge).<br />

Soigner l’information utile pour les voyages peu<br />

routinier, extra-oridinaires.<br />

Fournir des informations topographiques, des<br />

instruments de bords, de navigation (carte,<br />

plan…). Pb de repérage (abscisse / coordonnée)<br />

S’orienter à partir d’une adresse, d’un numéro de<br />

téléphone (cf. Japon)<br />

Anticipation – ajustement :<br />

- anticiper le risque de perturbation en Fournir des informations en temps réel sur des<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 134


-<br />

laissant ouvert les champs du possible<br />

(trajet alternatif)<br />

instruments embarqués.<br />

Fournir des informations sur l’état du trafic et sur<br />

les solutions alternatives<br />

Optimiser son temps et rentabiliser les temps<br />

morts :<br />

Fournir des informations sur les services<br />

- préparer les ruptures de charges disséminés sur le trajet (parking, correpondance,<br />

- échanger avec autrui<br />

arrêt de bus le plus proche...)<br />

- se divertir, accéder à des services en ligne.<br />

Accéder à des services en ligne (borne, PMV…)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 135


Conclusion<br />

Laisser ouvert les champs du possible :<br />

L’information délivrée en temps réel doit être fournie aux voyageurs à des points<br />

stratégiques, des nœuds de réseaux (plate-forme d’échange, carrefour autoroutier…), c'est-àdire<br />

à des endroits où l’utilisateur a la possibilité de faire un choix entre une ou plusieurs<br />

alternatives d’itinéraires. A ces endroits, les champs du possible restent ouverts à partir de<br />

l’instant ou le voyageur décide de changer de régime d’action et de mode de transport.<br />

Eviter la saturation cognitive. Opter pour le concept « d’information suffisante ».<br />

Ces territoires d’interconnections (échangeur, plate forme d’échange avec de nombreuses<br />

correspondances) sont aussi sources de stress pour le voyageur qui peut, sur le plan<br />

informationnel, souffrir de saturation cognitive.<br />

Personnaliser ces sources d’information suite à son « retour d’expérience »<br />

Possibilité de personnaliser son rapport à l’information en téléchargeant les informations relatives à<br />

ces trajets routiniers, en enrichissant soi même sa base de donnée suite à son « retour<br />

d’expérience », en devenant « émetteur » d’information sur l’état du trafic en fonction de la nature des<br />

informations téléchargé « in situ »…<br />

Faire une distinction entre :<br />

• le « voyage ordinaire » (que l’on réalise fréquemment, par habitude, selon le régime<br />

automatique) et le voyage « extra-ordinaire » (que l’on réalise occasionnellement et<br />

qui sont généralement minutieusement préparés),<br />

• les voyages de courtes et longues distances. Les modes, les habitudes de navigation<br />

et les modalités de préparation fluctuent en fonctions de critères qu’il convient<br />

d’identifier :<br />

Est ce que je rentre directement chez moi ?<br />

Le trafic est-il toujours encombré après 20h00 ?<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 136


1. Exemple de chaînage :<br />

Fiche n° 5<br />

La chaîne de mobilité et agents de liaison:<br />

Maison – horloge – Garage - Voiture – pluie – mauvaise visibilité – essuie-glace –<br />

PMV – Bouchon – sortie autoroute - parking d’échange – clef – sac à main – gans -<br />

marche à pied – style street wear (tenue simple) – parapluie rétractable (car<br />

encombrant dans le métro) – station RER – monnaie – automate – ticket – plan -<br />

quai – métro – signalétique SIEL - siége – livre…<br />

Au fil de son trajet, l’action du voyageur s’ancre, comme nous pouvons le<br />

constater, dans une matérialité. Ce dispositif socio-technique cadre, au sens de<br />

Latour, l’environnement d’action du voyageur. Pour obtenir de l’information, il<br />

sollicite également des acteurs-ressources (humain et non-humain) que nous<br />

nommerons des agents de la circulation et des agents de liaison.<br />

Reprendre le schéma de Latour dans la clé de Berlin… (lors des ruptures,<br />

qu’est ce qu’on perd, qu’est ce qu’on gagne et quels sont les objets qui nous<br />

permettent de négocier ces changement de mode, de régime…)<br />

2. Agent de circulation et agent de liaison :<br />

Rupture de mode et<br />

de régime à des<br />

périodes charnières.<br />

• Les agents de la circulation regroupent l’ensemble des objets qui maintiennent en<br />

mouvement le voyageur, l’orientent, le dirigent… bref, agissent sur la fluidité du<br />

voyageur. Ce sont les escalators, les plans sous un format papier, les panneaux<br />

d’information statique…<br />

• Les agents de liaison permettent de maintenir le contact avec le voyageur,<br />

mutualisent et distribuent l’information. Ce sont les PMV, l’information en temps réel,<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 137


les agents de la Ratp (chauffeur, conducteur de train, agent d’accueil…), le téléphone<br />

portable… Certains de ces agents ont un statut hybride (circulation – liaison).<br />

• L'opérateur transport, déjà opérateur de lieux de vie, puis opérateur de services comme<br />

en témoigne les « kiosques de services » (cf. gare de Lyon), tend à devenir un<br />

opérateur d'informations et un agent de liaison.<br />

• Pour devenir un opérateur d’information, les autorités organisatrices doivent<br />

appréhender le parcours d’action du voyageur comme une suite d’événements qui<br />

s’emboîtent grâce à l’information délivrée en temps réel. Nous touchons ici le cœur<br />

d’un problème épineux, celui du « transit d’information » et de la « compatibilité »<br />

des données et des supports<br />

La mutualisation des informations semble un préalable dans une perspective de<br />

multimodalité. Cette syndication informationnelle doit dépasser le cadre des transports car<br />

pour le voyageur, ces frontières institutionnelles ne font pas sens. Nous devons donc<br />

appréhender ces questions de l’information multimodale en terme de service. A ce titre,<br />

certains auteurs parlent de « suite servicielle » (Groupe Chronos).<br />

Nos indicateurs de captivité devraient nous permettrent de dessiner l’architecture de ces<br />

« suites servicielles » qui sont indissociablement liées aux question sur l’information<br />

multimodale.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 138


Fiche n° 6<br />

Classification des objets et services étroitement liés à l’information<br />

• En préambule,<br />

Distinguer les types d’information :<br />

• Information théorique (délivrée en amont pour planifier son voyage) et information en<br />

temps réel (lors du parcours d’action)<br />

• Information fixe (PMV, plan…) et information embarqué (type GPS, Plan de<br />

poche…)<br />

• information stabilisée qui s’incarne dans de la matérialité graphique (carte, plan,<br />

signalétique…) .<br />

• Information numérique qui s’ajuste en temps réel : PMV, Information télématique…<br />

Information disponible avant le voyage : Les plans, les cartes, Internet, le CD Rom… :<br />

Les supports papier :<br />

Plan accroché au mur, rangé dans un tiroir, les guide « metro-bus », la grille des horaires…<br />

La lecture du journal (actualité si grève, perturbation lié au départ en vacances, météo,<br />

pollution…)<br />

Internet et CD-Rom :<br />

Incontestablement, Internet permet d’avoir une information avant le voyage de plus en plus<br />

riche<br />

Encore faut-il pouvoir s’y connecter, y penser...<br />

Exemple de site :<br />

Sytadin, Citéfutée, et Montrajet en région parisienne ou encore Le Pilote à Marseille.<br />

La radio et TV:<br />

Radio locale, nationale (FIP, Radio France, France Info, Info Trafic…)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 139


Information collective et routière pendant le voyage :<br />

En ce qui concerne l’information collective pendant le voyage (notamment par PMV et par<br />

radio, avec ou non RDS), elle semble avoir des vertus “ apaisantes ”, « anticipatives »…<br />

propices à une conduite plus « assurée », « plus sûr », « moins stressante ».<br />

Les PMV<br />

Sur l’axe Noisy – Paris, l’ensemble des automobiliste apprécie ces outils informationnels. De<br />

nombreuses questions restent cependant ouvertes :<br />

• comment assurer la cohérence cartographique des PMV avec notamment les systèmes<br />

embarqués ?<br />

• Quel type d’information délivrer, a quel période, sous quelle forme?<br />

La radio<br />

Emission de radio : Radio France (FIP, France Inter…)<br />

Pré-selections enregistrées par l’automobiliste…<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 140


Information TC et multimodale lors de l’attente :<br />

Les usagers des TC sont très demandeurs d’informations relatives aux perturbations.<br />

Aujourd’hui, cette information est disponible aux arrêts et sur le quai. De plus, des<br />

informations sont parfois disponibles dans les autobus, métros, tramways, etc. (Cf. Système<br />

SIEL)<br />

Systèmes d’information et de guidage embarqués<br />

Les systèmes embarqués comprennent notamment les systèmes suivants :<br />

- information temps réel (bidirectionnelle ou non),<br />

- guidage statique (ne prenant pas en compte les perturbations),<br />

- guidage dynamique (les prenant en compte).<br />

De tels systèmes sont d’ores et déjà commercialisés. Cependant, il reste encore des progrès à<br />

faire en milieu urbain : les protocoles de transmission pourraient être complétés pour la<br />

transmission d’informations synthétiques (comme le nombre de places disponible sur les<br />

parkings d’échange, par exemple)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 141


Indicateurs de captivité<br />

Fiche N° 7<br />

Connaissances modales :<br />

Nb : Ces questions doivent être posées en contexte. Par exemple, lorsque nous croisons un<br />

bus en sens inverse, que nous sommes à proximité d’un parking de persuasion, d’un centre<br />

commercial…<br />

Bus<br />

- Connaissez-vous le n° de Bus qui se rend à Paris en partant d’ici (Vincennes,<br />

Nation…)<br />

- Quels sont les bus que vous connaissez, que vous empruntez ?<br />

- Ou se trouve l’arrêt de bus le plus proche ?<br />

- Disposez-vous de tickets de bus, d’un plan du réseau sur vous, d’une carte bancaire, de<br />

monnaie ?<br />

- Connaissez-vous la fréquence de ces bus, le temps de parcours pour se rendre à Paris,<br />

son itinéraire ?<br />

- Connaissez-vous le système d’information en temps réel SIEL mis en place<br />

récemment par la RATP ? (expliquer !) Qu’en pensez-vous ?<br />

Parking d’échange<br />

- Savez-vous ce que l’on nomme un parking d’échange, de persuasion ? (expliquer !)<br />

- Connaissez-vous d’autres parkings d’échange que ceux qui se trouvent sur la<br />

commune de Noisy ? Les utilisez-vous ? Pourquoi ? (problème d’accessibilité, de<br />

places disponibles, de sécurité…)<br />

- Savez-vous si ces parkings sont gratuits ? Quels sont les modalités de payement (Ex :<br />

parking de Noisy dans le centre commercial réservé en priorité aux détenteurs de la<br />

Carte Orange).<br />

- Aimeriez-vous avoir des informations sur la localisation de ces parkings, les places<br />

disponibles… durant votre trajet ? Comment pourriez-vous être informé de ces<br />

facilités, de ces localisations, …(par exemple, sous forme de PMV, par SMS…)<br />

RER / Metro :<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 142


- Connaissez-vous la ligne EOLE ? Savez –vous comment on peut s’y rendre par<br />

voiture, bus, RER ?<br />

- Connaissez-vous les lignes, les correspondances que vous pouvez rattraper sur l’axe<br />

Noisy – Châtelet en métro ?<br />

- Est-ce qu’il vous arrive de circuler « chargé » dans le métro (revenir avec ces courses,<br />

de la gare SNCF…)<br />

PMV, Signalétique… :<br />

- Savez-vous comment obtenir de l’information sur le temps de parcours escompté pour<br />

se rendre à Paris ?<br />

- A quel endroit aimeriez-vous être informé ? Pourquoi ? (Laisser les champs du<br />

possible ouvert)<br />

- Faites-vous confiance à cette information ? Pourquoi ?<br />

Préférence du mode de transport :<br />

La voiture / TC :<br />

- Qu’est ce qui justifie que vous préférez utiliser les TC par rapport à la voiture (ou<br />

inversement) ? Le temps, le confort, la liberté de circulation…<br />

- Utilisez-vous votre voiture pour faire les courses ? Pourquoi utilisez-vous<br />

systématiquement votre voiture tel jour ( Sport, réunion tardive, récupérer les enfants<br />

le mercredi, se rendre à un rdv…) ?<br />

- Rencontrez-vous des problèmes de stationnement ? A quel endroit ? A quelle<br />

période ? Connaissez-vous des plans pour déjouer ces contraintes ?<br />

Les déclencheurs d’action (débrayage et régime d’action) :<br />

- la fluidité du trafic en sens inverse<br />

- les repères spatio-temporels que l’utilisateur s’est construit (si çà bouche ici, je me<br />

sauve par là…)<br />

- les messages vocaux (radio, Ratp…)<br />

- les horaires de circulation (à 8h00 du matin, c’est même pas la peine…)<br />

- l’équipement du voyageur : un parapluie, une veste qui permette d’attendre dans le<br />

froid, des gans, une casquette, de la monnaie, …<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 143


<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 144


-<br />

Fiche N° 8<br />

Les prises.<br />

Anthropologie du porte-feuille, du porte-carte, du sac, de la boite à gants…<br />

Lister les objets, les outils… que le voyageur dispose à portée de main. C’est objets<br />

fonctionnent comme des clés qui permettent à l’utilisateur de se « brancher » sur des<br />

services (informationnels, commerciaux…). Ces objets sont également un prétexte à la<br />

discussion. Ils nous permettent de saisir l’univers de pratique du voyageur et de qualifier<br />

son identité et son appartenance (multi)modale.<br />

Porter une attention à l’ergonomie du support (lisibilité, maniabilité…) et à la<br />

personnalisation des supports (annotations personnelles, traces liées à l’usage...)<br />

S’intéresser également aux modes d’emploi implicites des supports (incorporation de savoir<br />

faire…)<br />

Carte à puce :<br />

- carte de fidélité (Atac, Carrefour, Fnac…)<br />

- carte Monéo<br />

- carte de transport (nombre de zone…)<br />

- carte de téléphone<br />

Les supports papier :<br />

- le plan de Paris (année de la collection, annotation, état du support, type et fréquence<br />

d’usage…)<br />

- le plan du réseau de bus, du métro, du RER… (Format, usage…)<br />

- papier – crayon (liste de courses, annotation de correspondance…)<br />

Le téléphone portable :<br />

- l’utilise à quelle occasion<br />

- nature des services (info – trafic…)<br />

- usage dans les transports (pour signaler un retard…)<br />

- utilisation de la SMS<br />

Sacs et bagages :<br />

- sac à dos, sac à main, sacoche +/- grande, rigide…<br />

- monnaie, ticket de métro…<br />

- accessoires : parapluie, livre, journaux, cigarettes, mouchoir, trousse de maquillage…<br />

- agenda, Palm, carnet d’adresse…<br />

Boite à gants :<br />

- carte routière (Paris et sa banlieue, France…), documents techniques…<br />

- parapluie…<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 145


Réorientation Générale<br />

• Dépasser le cadre restreint du transport :<br />

L’information délivrée aux voyageurs ne se trouve pas uniquement dans l'enceinte physique<br />

du réseau (sur la route, dans les stations…), ni dans le temps même du déplacement.<br />

L’information voyageur existe en deçà et au-delà. Il reste à reconstituer les séquences et<br />

comprendre leurs mécanismes. Certaines techniques pour trouver de l’information<br />

pertinente, conforter sa connaissance… s'activent à domicile, sur le lieu de travail, durant le<br />

trajet, et s’enrichissent après le voyage (retour d’expérience).<br />

• La mobilité est protéiforme :<br />

Tous les voyageurs ne se ressemblent pas. La nature de l’information, le type de support<br />

mobilisé… varie considérablement entre voyageur. Ceci nous interroge sur la personnalisation<br />

de notre rapport à l’information.<br />

• Accessibilité à l’information :<br />

Ce n'est pas la sélection et la définition de l’information qui posent problème, c'est l'accès à<br />

l’information et la pertinence de celle ci à l’instant où elle nous est délivrée. Plus que le<br />

contenu, c’est le format et la convergence des supports qui posent problème.<br />

• Le chaînage informationnel : comment devenir des « faciliteurs » de la<br />

multimodalité.<br />

Les transporteurs doivent devenir des agents de la circulation et des agents de liaison en<br />

assurant : un accès permanent à l’information, une autonomie au voyageur, une convergence<br />

informationnelle, une compatibilité entre les supports, une synchronisation… Il faut en<br />

comprendre le chaînage informationnel. (Convergence entre l’information délivrée en temps<br />

réel, qui fluctue en fonction du contexte et des perturbations trafic et l’information stabilisée<br />

type signalétique graphique).<br />

• Convergence et compatibilité des supports d’information :<br />

Lors de son voyage, l’utilisateur de service active aussi bien des terminaux "fixes" type Internet ou CD<br />

– Rom, Sigalètique PMV, plan de quartier… ou des terminaux mobiles, embarqués (paln de poche,<br />

Téléphone portable…). Les modes d’emploi propre à ces supports ne se répondent pas forcément ce<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 146


qui peut induire des conflits d’interprétation, des problèmes de lisibilité…<br />

• Retour d’expérience et personnalisation de son interface informationnelle :<br />

Le voyageur se construit sa propre culture du déplacement : identification de repères spatiotemporels<br />

qui guide son action : débrayage, mode automatique… Il tend également à<br />

personnaliser ces terminaux qui lui délivrent de l’information (par exemple, via la présélection<br />

de sa radio…).<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 147


I/ Consigne de départ :<br />

La consigne<br />

« Bonjour, je m’appelle (prénom de l'enquêteur). Merci de votre participation. Je réalise actuelement<br />

une étude pour le Ministère des Transports. Nous essayons de savoir ce qu'il convient de mettre en<br />

place pour améliorer l'information voyageurs en situation perturbée (grèves, accidents,<br />

embouteillage…) ».<br />

Ce n’est pas une simple enquête d’opinion. Nous essayerons, aussi, de comprendre concrètement<br />

comment vous procédez pour vous repérer sur le réseau de transport, quels sont vos itinéraires.... C’est<br />

pour cette raison que nous souhaiterions vous accompagner tout au long de votre trajet.<br />

Si la personne accepte, nous fixons un rendez-vous.<br />

Lors de ce parcours, nous vous demandons de nous décrire et de nous commenter à haute voix<br />

votre déplacement.<br />

Quels types d’information vous avez besoin pour vous orienter ?<br />

Quels sont les ressources (plan du réseau, guide, panneaux d’information) que vous utilisez ?<br />

Quels sont vos attentes en matière d’information ? Pouvez vous les décrire oralement ?...<br />

N’hésitez pas à entrer dans les moindres détails même ceux qui vous paraissent de l’ordre de<br />

l’évidence. Par exemple, vous pouvez imaginer que vous êtes avec votre enfant. Vous<br />

devez lui expliquer le plus simplement possible ce que vous êtes en train de faire pour<br />

qu’ensuite, il puisse se débrouiller seul. Merci de votre compréhension et de votre<br />

participation. »<br />

Consigne de fin pour recruter des voyageurs afin de réaliser des observations en situation de<br />

perturbation simulée :<br />

Est-ce que vous seriez d’accord de procéder au même exercice. Cette fois ci, nous vous<br />

soumettrons un scénario sous forme de jeu (sorte de parcours du combattant) que vous devrez<br />

réaliser. Cet exercice nous permettra de simuler des perturbations et ainsi de voir comment<br />

vous vous ajuster à la situation, quel genre d'informations vous souhaiteriez. Vous serez<br />

également rémunéré.<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 148


1/ Identité du voyageur :<br />

Grille d'entretien<br />

Définition : son appartenance modale, son identité civique et profession (sexe, âge,<br />

profession…), son univers de pratique (activité, loisir…), style vestimentaire (cadre,<br />

sportif…)<br />

Identité civique et professionnelle : Sexe, age, situation familiale<br />

Habitudes :<br />

Est-ce que c'est un itinéraire habituel pour vous ?<br />

Utilisez – vous d'autres moyens de transport pour effectuer ce même trajet ? Lesquels ?<br />

Utilisez – vous d'autres moyens de transport en général ? Lesquels ? Pourquoi faire ?<br />

Est-ce qu’il vous arrive de circuler « chargé » (revenir avec ces courses, de la gare SNCF,<br />

avec une poussette…)<br />

Connaissances :<br />

Par exemple, si vous rencontriez un problème ici (voiture en panne, RER à l’arrêt…),<br />

comment feriez vous pour rejoindre Paris?<br />

Quel support d’information utiliseriez-vous ?<br />

Connaissez-vous le n° de Bus<br />

Expérience :<br />

Depuis combien de temps habitez -vous sur la commune de Noisy ?<br />

Avez- vous déjà habité à Paris ou banlieue parisienne ?<br />

Depuis combien de temps vous roulez en voiture ou utilisez le TC ?<br />

2/ Objets personnels : (embarqués, près du corps, à portés de main …)<br />

Définition : Identification des clés (logique de la prise). Anthropologie du porte feuille, objets<br />

de circulation (plan, carte de transport,…), objets de communication et de liaison (portable,<br />

palm, agenda…)…<br />

Disposez-vous de tickets , carte de transport, carte de téléphone, carte de fidélité ?<br />

Avez – vous des plans ? (Paris et banlieue, bus, métro, RER...) ? Vous pouvez me les<br />

montrer ?<br />

Avez-vous des équipements portables (téléphone, PALM, ordinateur de poche, agenda<br />

électronique..)? Les utilisez- vous pour avoir de l'information sur le trafic, pour signaler un<br />

retard, pour des rdv ?<br />

Vous arrive-t-il d'utiliser le SMS, MMS lors de vos déplacements ?<br />

Utilisez – vous l'internet pour les informations sur le trafic, le TC ou pour la préparation de<br />

vos déplacements ?<br />

Quelles sont les pré-sélections de la radio dans votre voiture ?<br />

Connaissez-vous les sites spécialisés et destinés au public en déplacement ? (Sytadin,<br />

Citéfutée, et Montrajet en région parisienne ou encore Lepilote à Marseille)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 149


3/ Objets partagés : (ressources à portés de vue, distribuées dans l'environnement<br />

Définition : ressources distribuées dans l’environnement, Objets conventionnels, public<br />

(Signalétique, plan de quartier, cabine téléphonique…)<br />

Est-ce que vous utilisez les PMV, les Bornes ?<br />

Seriez-vous intéressez d’avoir un autre type d’information ? Par exemple, aimeriez vous que<br />

l’on vous annonce ou se trouve le prochain parking à proximité, le nombre de places… ?<br />

Faites-vous confiance à cette information ? Pourquoi ?<br />

Connaissez – vous les panneaux électroniques d'information sur les voies rapides, le périf ?<br />

4/ Les questions permettant d'identifier les indicateurs de changement de<br />

modes (débrayage, changement régime, indicateurs d’information<br />

conjoncturelle…)<br />

Définition : Repères spatio-temporels qui induisent un changement de comportements chez le<br />

voyageurs. Ce sont des déclencheurs d’action. Quelles sont les informations qu’il<br />

conviendrait de transmettre pour inviter les utilisateur à changer de régime.<br />

Exemple : la fluidité du trafic en sens inverse, les repères spatio-temporels que l’utilisateur<br />

s’est construit (si çà bouche ici, je me sauve par là…), les messages vocaux (radio,<br />

Ratp…), les horaires de circulation (à 8h00 du matin, c’est même pas la peine…),<br />

l’équipement du voyageur (un parapluie, une veste qui permette d’attendre dans le froid,<br />

des gants, une casquette, de la monnaie …)<br />

Empruntez – vous toujours le même itinéraire ? Pourquoi ? Quelles sont des éléments qui<br />

vous conduisent à changer de mode de transport ?<br />

Que feriez – vous si le trafic était perturbé (embouteillage pour le transport individuel en<br />

voiture et avarie matérielle dans le TC) ?<br />

Connaissez -vous les stations de métro ou de RER les plus proches ?<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 150


Nom :<br />

Mini Questionnaire : Profil du voyageur.<br />

Adresse du domicile et Tél :<br />

Adresse du lieu de travail ou d’études :<br />

Possédez vous une voiture ?<br />

Appartenance modale :<br />

- voiture<br />

- TC<br />

- modes alternatifs, souples (vélo, marche à pied…)<br />

TC<br />

Lignes de bus, métro, RER utilisées et arrêts fréquentés :<br />

Horaires habituels :<br />

Etes-vous amenés à combiner les modes de transport ? Lesquels ? A quelles occasions ?<br />

Carte<br />

- Disposez vous d’une carte orange ? (Nombres de zones),<br />

- Disposez vous d’une carte de parking…<br />

Nature des trajets :<br />

Remarques :<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 151


Feuille de route<br />

Sujet n°<br />

Nom, prénom, age, profession :<br />

Trajet effectué :<br />

.<br />

Itinéraire bis :<br />

Profil conducteur et style de conduite :<br />

Temps de parcours :<br />

Kilomètre parcouru par an :<br />

Remarques :<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 152


Voyageurs TC observés et interviewés<br />

Nom – prénom Sexe Situation :<br />

- Normale<br />

- Perturbée<br />

S Françoise F P<br />

C Christophe<br />

D Thomas<br />

O Alain<br />

C Maite<br />

L Sébastien<br />

L David<br />

L Franck<br />

M Céline<br />

C Béatrice<br />

H Nicolas<br />

D Véronique<br />

G.<br />

P. Etienne<br />

A Minerva<br />

R Claudine<br />

H Michelle<br />

(Test 3)<br />

G Mohamed<br />

C Myriamme<br />

T Landry 2<br />

M<br />

M<br />

M<br />

F<br />

M<br />

M<br />

M<br />

F<br />

F<br />

F<br />

F<br />

F<br />

M<br />

F<br />

F<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 153<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

P<br />

P<br />

N<br />

P<br />

N<br />

P<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

M N<br />

F<br />

P


C Lysika 2<br />

L Franck 2<br />

B Mouley<br />

G Nathalie<br />

B Philippe<br />

K Wilfrid<br />

C Eugène<br />

B Franck<br />

B Angelique<br />

C Robert<br />

L Monique<br />

L Pierre<br />

PAnne Catherine<br />

C<br />

Total : 34 Voyageurs dont 5 perturbés<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 154


Automobilistes observés et interviewés<br />

Nom – prénom - âge Sexe Situation :<br />

- normale<br />

- perturbée<br />

G. Philippe<br />

T. Landry<br />

P. Emeric<br />

S. David<br />

B. Aude<br />

B. Aude<br />

C. Lysika<br />

L. Franck<br />

S. Maillele<br />

T. Régis<br />

B. Luc<br />

Test 1<br />

Test 2<br />

B V.<br />

A Françoise<br />

B Emmanuel<br />

R Vincent<br />

S Guillaume<br />

B Isabelle<br />

K Bruno<br />

B Céline<br />

R Frédérique<br />

M<br />

F<br />

M<br />

M<br />

F<br />

F<br />

F<br />

M<br />

F<br />

M<br />

M<br />

M<br />

M<br />

Total : 22 dont 6 perturbés<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 155<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

N<br />

P<br />

P<br />

P ---<br />

P<br />

P<br />

P<br />

N<br />

N


Extraits d’entretiens (en lien avec la fiche « proposition » N°2)<br />

Ces fiches sont classées en six catégories :<br />

• Les styles de navigation et les profils des voyageurs :<br />

Automobilistes et voyageurs TC, même combat ?<br />

Anthropologie du portefeuille<br />

Anticipation et stratégies de contournement<br />

Les techniques de navigation et de visualisation<br />

Les trajets modulables en fonction de ces univers de pratique<br />

Instrument de coordination et attracteurs cognitifs<br />

• Les ruptures dans le voyage :<br />

L’inconnu temporel des correspondances<br />

De la rupture de charge à la rupture de pratique : l’exemple de la<br />

lecture<br />

Les parkings d’échange en quête de place<br />

Fiabiliser la chaîne de déplacement et renforcer le maillon faible.<br />

• L’information voyageur :<br />

Les propriétés du support (lisibilité, maniabilité, portabilité…).<br />

La nature de l’information (Une information au format de la mobilité).<br />

Délivrer des information au format de la mobilité<br />

La localisation de l’information.<br />

La rumeur et les bruits de couloir<br />

• Gestion de l’incertitude et anomie informationnelle<br />

Qualifier la perturbation<br />

Anomie informationnelle<br />

Gestion du temps et gestion de l’incertitude, les deux faces d’une même<br />

réalité<br />

• L’information en temps réel<br />

• Les innovations<br />

Lever les yeux au SIEL<br />

Message d’alerte et SMS<br />

Trop d’information tue l’information<br />

Du GPS à la puce, il n’y a qu’un bond…<br />

Une idée lumineuse<br />

Les places sont chères<br />

Créer des ponts informationnel<br />

Construire des plans en fonction des univers de pratique<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 156


I/ Les styles de navigation et les profils de voyageurs<br />

Automobilistes et voyageurs TC, même combat ?<br />

Les TC : un gain de temps<br />

I/ Pro – transports collectifs<br />

• Alors les avantages des transports en commun, la rapidité par rapport à la voiture quand on est dans les<br />

bouchons. Moins de stress du fait qu’on est pas en train de regarder devant, derrière dans les rétrosviseurs,<br />

en train de se dire si on va avoir un accident. Alors sinon, les avantages de la voiture bon on<br />

est dans son univers donc je dirais on écoute de la musique. On est tranquille, on met le chauffage si<br />

on a un peu froid. La clim si on a chaud. Dans la voiture, on ne subi pas tous ces inconvénients, le<br />

monde la foule. C’est quand même plus confortable. C’est vrai que quand il y a du monde dans le<br />

R.E.R. ou le métro, on est debout, on est serré, c’est l’inconvénient. Et puis je dirais enfin que à<br />

Paris même la banlieue Parisienne on est pas trop mal desservi, les fréquences sont relativement<br />

importante donc c’est plus pratique pour moi que d’avoir à se garer ensuite… (I – 1 )<br />

Les TC : la force tranquille.<br />

• C’est plus pratique parce que c’est pas vous qui conduisez puisque vous êtes transporté, c’est plus cool.<br />

Quand je viens le matin j’ai 35 minutes. J’ai mes petites habitudes, je pose mes affaires et je me mets en<br />

général à la place derrière, j’accroche mon manteau ici comme ça je suis tranquille, j’ai les pieds devant<br />

tranquille, je bouquine, j’arrive, je suis décontracté. Hop ! Un petit quart d’heure d’avance, je bois mon<br />

petit café, et puis voilà tranquille. (I – 2 )<br />

Les TC ou comment prendre son temps pour aller vite :<br />

• Ca, c’est plus un réflexe que j’aurais de prendre les transports en commun pour aller à la gare ou à<br />

l’aéroport. Pour éviter les bouchons en voiture, parce que je vais pas laisser ma voiture à l’aéroport par<br />

exemple. Et puis par exemple pour aller à Orly depuis chez moi, j’ai une chance sur deux qu’il y ait<br />

bouchon et que ça me fasse perdre plus d’une heure de temps quand même. Alors que je sais qu’en<br />

transport même s’il y a une perturbation globalement mon temps estimé sera à peu près le bon, je<br />

prends de la marge. J’ai moins à me planter en fait. (I – 3 )<br />

La voiture = une unité véhiculaire peu maniable, un outil encombrant et contraignant.<br />

• Je connaissais pas suffisamment Paris pour circuler en voiture. Je le connais que par le métro mais je le<br />

connais pas du tout en voiture en fait. Donc je préfère y aller en R.E.R. parce que, quand on est à pied<br />

c’est toujours beaucoup plus facile de se déplacer quand on est en sortie de métro pour trouver la<br />

rue. Parce que sinon c’est la galère. Il suffit qu’il y ait des sens interdit et là c’est catastrophique.<br />

C’est sûr qu’on arrive en retard. (I – 4 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 157


II/ Pro – automobile<br />

L’habitacle de la voiture comme prolongement de la sphère domestique.<br />

• Les transports en commun, c’est bondé, il y a le problème de la sécurité. Il faudrait que je me dise “ ah !<br />

Mais non je vais prendre le métro ”, bon quand il faut que je sois à 7 heures 30 par exemple de l’autre<br />

côté dans le 78. En venant du 77, et bien pour y être à 7 heures 30, il faudrait que je prenne au moins un<br />

R.E.R. à 6 heures du matin. Et puis faire toutes les correspondances ainsi de suite. Avec la voiture, je<br />

peux arriver directement au point ou je veux aller, sans avoir à utiliser et des métros et des R.E.R. et des<br />

bus. En tout, c’est trois modes de transport que je dois connecter via les correspondances ainsi de suite.<br />

Les correspondances, je connais pas les horaires. Donc je vois pas trop l’intérêt et puis il y a les<br />

problèmes d’heure de pointe ou alors j’ai pas du tout envie de me retrouver coincé dans le métro.<br />

(I – 5 )<br />

• Quitte à choisir entre les TC et la voiture, j’opte sans hésiter pour la voiture pour des raisons de confort<br />

parce qu’on est dans un habitacle donc on connaît. On peut écouter la radio et puis on n’a pas les<br />

odeurs, la mauvaise humeur des gens. Et puis les problèmes de panne qui se répètent dans les<br />

transports en commun. (…) Je préfère en fait patienter une heure dans les embouteillages assise et<br />

écouter la radio que d’être debout sur un quai pendant une heure en train d’attendre le R.E.R.<br />

qui malheureusement ne va pas venir ! (I – 6 )<br />

Saturation du réseau : L’overdose et l’indigestion des flux.<br />

• Les gens disent c’est vachement bien de prendre les transports en commun. Il faudrait que les gens<br />

prennent les transports en commun. Moi je veux bien, mais comment ça se fait qu’aux heures de pointe,<br />

les gens se plaignent déjà des conditions dans lesquelles ils sont transportés. Si les gens disaient oui, et<br />

bien demain on pose nos voitures et on y va en transport en commun, ils font comment ? Prenons une<br />

moyenne. En partant du principe que 30 % des automobilistes se disent bon ok, je laisse tomber la<br />

bagnole, et maintenant on y va en transport en commun. La RATP, la SNCF y gèrent comment le<br />

nouveau flux ? Aujourd’hui ils ne sont même pas capables de transporter dans des conditions<br />

correctes les gens aux heures de pointe. Donc ça tombe un peu à l’eau cette affaire. (I – 7 )<br />

• J’ai l’impression cette année que c’est beaucoup plus perturbée que les années d’avant. Cette année il<br />

n’y a pas une semaine sans qu’il y ait un petit problème, un retard ou un train supprimé ça m’est arrivé<br />

plusieurs fois cette année. Je trouve ça bizarre. Enfin moi je me suis dit qu’en fait ça y est, le réseau est<br />

à saturation. C’est à dire qu’en fait, ils ont affrété pratiquement le maximum de trains à certaines<br />

heures en fonction de la sécurité requise et au moindre pépin, et bien c’est foutu, ça entraîne tout<br />

de suite des conséquences un petit peu plus grave, et de plus en plus chaque année j’ai<br />

l’impression. (…) Il y a quinze ans il y avait des problèmes mais ils étaient ponctuels. Là depuis que je<br />

reprends le RER cette année c’est hebdomadaire pratiquement. Plusieurs matins il m’est arrivé<br />

d’avoir une confiance un petit peu trahie en fait si vous voulez. Parce qu’on était peut-être habitué à<br />

trop de régularité. Parce que j’ai aussi voyagé dans pas mal d’autres pays. Et c’est vrai qu’on a un<br />

réseau excellent. Mais justement maintenant la moindre perturbation ne serait ce que de 5 minutes, ça<br />

devient pénible. Enfin 5 minutes c’est pénible, et un quart d’heure c’est un drame, 1 heure c’est<br />

carrément inadmissible alors qu’en Angleterre c’est pas rare qu’il y ait une heure ou deux, même sur<br />

des trains de banlieue comme çà. (I – 8 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 158


Le juste équilibre entre la voiture et les TC<br />

Deux poids, deux mesures :<br />

• En transport collectif, ce que j’apprécie, c’est que je peux lire, je peux faire d’autre chose que rester<br />

concentré sur la conduite. La voiture, je l’utilise quand je dois me déplacer sur des trajets très précis,<br />

pour lesquels le métro serait plus long ou bien quand j’ai besoin de faire des courses. Par exemple,<br />

lorsque je dois porter des grosses quantités, charger le coffre etc. etc…., dans ce cas, c’est pas<br />

envisageable de les faire en métro. (I – 10 )<br />

• Pour les courses, là c’est la voiture. Surtout si j’ai les mains avec plein de paquets, je vais pas<br />

m’embêter en transport. Le transport pour transporter des trucs c’est l’enfer. (I – 11)<br />

La voiture, un outil pour se libérer des contraintes spatio-temporelles<br />

• La voiture c’est surtout le week-end. La voiture c’est quand je m’en vais à un endroit qui n’est pas<br />

vraiment pratique avec les transports en commun. Parce que malgré les perturbations qu’il peut y<br />

avoir dans les transports, on est quand même plus sûre avec les transports qu’avec la voiture. Je trouve<br />

qu’au niveau de la ponctualité, les transports collectifs c’est plus sûre. Alors que la voiture, je l’utilise<br />

le week-end si je m’en vais quelque part, même si c’est bien délivré en transport mais que je sais pas à<br />

quelle heure je vais rentrer. Donc dans ce cas là je prendrais la voiture. Si je dois me rendre quelque<br />

part pour le loisir et qu’il fait pas beau oui, je prendrais plus facilement la voiture. Il y a aussi le faite<br />

que si on doit aller avec les petits enfants, bon dans ce cas là je prends la voiture aussi. (I – 12 )<br />

La voiture, qui incarnait la liberté de circulation, est devenue aujourd’hui un outil pour se « libérer » des<br />

contraintes spatio-temporelles.<br />

Anthropologie du portefeuille :<br />

Un sac de voyage au format de la mobilité :<br />

• Bien c’est mon sac bazar transport en commun, j’ai mon bouquin, si jamais le temps d’attente est<br />

long, genre de chose. (…) C’est un sac à dos parce que je trouve que c’est plus pratique dans les<br />

transports. Oui, c’est essentiellement pour çà que je préfère prendre le sac à dos dans les transports.<br />

Mais ça dépend quel type de rendez-vous, je vais me rendre aussi. Je vais pas y aller en sac à dos, si<br />

j’ai un rendez-vous pour le boulot par exemple. (I – 13 )<br />

La trousse de survie :<br />

• Dans ce sac j’ai une pomme, un magazine, un parapluie au cas où il pleut. Voilà, je prévoie comme ils<br />

avaient dit que le temps changerait. Alors cela, c’est un magazine pour le train. J’ai également ma<br />

bombe de Ventoline parce que je suis asthmatique, j’ai mon rouge à lèvre parce que j’aime bien être<br />

belle. J’ai mon paquet de kleenex, j’ai mes clés de maison, mon portable, mon carnet d’adresse. J’ai<br />

un plan de métro, voilà. Ma carte orange avec mon plan de métro glissé à l’intérieur. Voilà, j’ai<br />

donc mon ticket, ma carte « Auchan », ma carte Champion, j’ai mes cartes téléphoniques. Au cas<br />

ou mon téléphone portable tombe en panne, j’ai toujours unes carte téléphonique de rechange. il y a<br />

les sucrettes. Ça c’est ma carte d’inscription à une activité de l’Art Florale et puis j’ai ma carte<br />

parking sur Paris, voilà.<br />

- Et il y a rien d’autre dans votre agenda là ?<br />

Mon chéquier, mon permis de conduire, voilà mon porte-monnaie. J’ai encore des cartes. Ca, c’est<br />

ma carte de sécurité sociale. Un calendrier, ma pièce d’identité et des tickets de cinéma voilà. Et<br />

puis enfin, mon agenda, mon peigne, la photo de mes filles et puis c’est tout. (I – 14 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 159


Le parapluie, un outil indispensable pour rendre plus confortable le changement modale<br />

• Mon dieu les objets, vous voulez voir mes objets. Je ne le montre pas à tout le monde. Bon j’ai un C.D.,<br />

un mouchoir, j’ai des partitions. Voilà, mon portefeuille, et puis mes lunettes. J’ai mon portable qui<br />

est là (petite poche intérieur), voilà. J’ai également pris mon parapluie parce qu’il va pleuvoir j’ai<br />

l’impression. Et comme je passe une audition, et que je me suis fait un brushing, j’ai pas envie de<br />

recevoir la pluie voilà. (I – 15 )<br />

Anticipation et stratégies de contournement :<br />

Anticipation du trajet :<br />

• Le plan, je l’utilise par exemple pour préparer en fait, gagner du temps, parce que j’ai une demiheure<br />

de train avant d’arriver à Paris. Je regarde où je vais aller. Je prépare mon voyage. Même si c’est<br />

un micro voyage. (I – 16 )<br />

• J’ai regardé chez moi pour évaluer le temps. Éviter d’être en retard au rendez-vous. Donc j’ai<br />

regardé combien j’avais à peu près de correspondance vite fait, à vue de nez. Et là, je regarde plus<br />

précisément en fait les numéros des stations enfin les numéros des lignes de métro. Et puis les<br />

destinations. (I – 17 )<br />

• Je prends le site de la RATP c’est clair que bon, si j’ai besoin de me déplacer c’est vrai que je me<br />

suis rendu compte que ça permettait tout à fait de bien calibrer en fait ces déplacements. Et puis<br />

trouver le chemin le plus simple avant. Je suis pas un expert au niveau des réseaux métro enfin j’en<br />

connais certaines parties. Mais quand c’est dans des quartiers que je connais pas, je prends<br />

facilement en effet le site RATP pour déterminer quel est le meilleur trajet et surtout combien de<br />

temps ça me prendra. (I – 18 )<br />

Stratégie de contournement :<br />

La tactique « bus » (TC).<br />

• Je vous disais pour aller à la gare de Lyon, ici je me suis rendue compte qu’il y avait un bus qui<br />

venait directement à la gare de Lyon, je n’étais pas obligée d’aller à Austerlitz, et de traverser le<br />

pont à pied. Donc il faut vraiment avoir la démarche d’analyser le plan de bus et de ne pas se<br />

planter en l’analysant pour se dire tiens, ce serait peut-être intéressant que je prenne le bus.<br />

Après il faudrait installer comme il y a pour le tramway, le prochain bus est dans tant de temps. Parce<br />

qu’on ne sait jamais quand on est à un arrêt de bus s’il va falloir attendre 10 minutes, 5 minutes<br />

ou un quart d’heure. Est-ce que ça vaut pas le coup que j’attende le bus ou est ce que je prends le<br />

métro et je me paye le changement même si ça me prend un quart d’heure de plus ? Parce que même si<br />

effectivement je n’ai pas de changement. Je vais peut être monter dans le bus et il n’y a pas une<br />

place assise. Donc je vais me taper un itinéraire plus long sans être assise. Si au moins je sais que<br />

le bus arrive dans 2 minutes et qu’il est à 20 % d’occupation, donc j’ai de la chance d’avoir de la<br />

place assise. C’est vrai qu’on jongle difficilement entre le bus et le métro. On maîtrise moins bien le<br />

plan de bus ça c’est claire. (I – 19 )<br />

Les routes « à chèvres » (voiture).<br />

• Ce que j’appelle les routes à “ chèvres ” c’est en fait des anciens chemins enfin des anciennes<br />

nationales que les gens délaissent plus ou moins. Par exemple la nationale 34. Alors ils la laissent<br />

ouverte et du coup tu peux te retrouver en fin de compte à la prendre. Parce que tu te dis bon l’autoroute<br />

est bouchée, il suffit que j’écoute un petit peu la radio le matin, j’entends “ l’autoroute est bouchée ” .<br />

Bon je décide de ne pas la prendre, je dis : « tiens je vais prendre les anciennes routes ». Le<br />

problème c’est que là c’est le grand point d’interrogation. Comme on n’est pas tout seul et que<br />

d’autres ont aussi écouté l’information, on ne sait pas quelle sera son affluence. C’est que,<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 160


l’itinéraire on va dire bis, il peut se retrouver lui aussi bouché. Parce que tout le monde a joué le jeu. (I<br />

– 20 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 161


Les techniques de navigation et de visualisation :<br />

Vision en escargot : la déambulation circumambulatoire de l’automobiliste.<br />

• J’ai une vision de Paris en spirale. On va dire en gros le centre de Paris je sais pas le 4 ème , 1 er quelque<br />

chose comme çà, et après çà, il y a des cercles autour donc il y a notamment tout ce cercle dans le Sud<br />

autour de la rue de Tolbiac qui me permet d’aller jusqu’au 15 ème tranquillement aussi. Il y a les<br />

boulevards des maréchaux qui sont encore plus excentrés par rapport au centre bien évidemment. Et<br />

après çà, j’ai les périphériques. Donc j’ai une vision comme çà, en cercle. J’ai le centre et puis à<br />

partir de là j’ai des routes qui font des sortes de cercle ou des autres cercles. Et çà, ça me permet<br />

en fait de choisir de passer d’un cercle à l’autre, en fonction du trafic, en fonction de mon horaire<br />

à laquelle je dois arriver… (…) D’abord il faut que je localise où je vais aller. D’où je pars où je vais<br />

premièrement. Après çà, et bien voir quel type de cheminement je peux faire en général. Si je connais<br />

pas je suis obligé quand même de suivre les grands axes routiers. Je peux pas inventer un trajet par des<br />

petits chemins. Je risque de me perdre, donc j’ai intérêt à regarder les grands points et puis après çà, je<br />

ramène çà, aux proportions que je connais aux portions que je connais pas. Parce qu’en fait en région<br />

Parisienne on connaît plus ou moins au bout d’un moment le trajet. Par contre ce qu’on ne sait<br />

pas c’est comment à partir des zones qu’on connaît et des bouts de chemin qu’on connaît. Je sais<br />

pas ? Si on me dit, par exemple, « rendez-vous à l’allée Rose », je prends cet exemple que je connais<br />

pas ! Bon, je sais par contre globalement que c’est vers le Sud de Paris. Bon je me dis donc il va falloir<br />

certainement, ça doit être pas loin de la A 86 direction Sud. Donc voilà, alors à partir de là je prends<br />

mon plan je regarde. Je dis bon l’allée Rose c’est là. Je pars d’où je suis et je prends les chemins<br />

que je connais après çà, en fonction de l’horaire et tout ça je vais forcément dégager un plan. Je<br />

vais être obligé de faire une option de temps et de me dire, je vais avoir à peu près au moins tant de<br />

temps sachant que mon rendez-vous est à telle heure. Je me rajoute un battement de temps au cas où j’ai<br />

un pépin et puis voilà quoi ! (…) Je dirais qu’en fait ça avance comme un entonnoir un trajet. Il y a<br />

les parties que tu connais donc tu n’as pas vraiment à consulter d’avance le plan. Après çà, plus<br />

t’avance vers le point de rendez-vous, il y a la partie que tu connais pas et là ça devient compliqué<br />

parce que c’est les petites routes. C’est les sens interdits que tu connais pas ainsi de suite tout ce<br />

qui fait la particularité du coin. Et puis il y a aussi toujours encore ce même souci qui est : Ben ! Vu<br />

que j’ai fait le choix de prendre le transport individuel c’est de garer la voiture. (…) Quand je rentre<br />

dans le centre, ou c’est plus maillé enfin de compte, on avance, au départ c’est des grands axes et<br />

plus j’avance vers mon client plus c’est maillé, plus il y a des petites routes des machins, alors là je<br />

connais pas du tout. Donc je repère la rue, il faut déjà…. (I – 21 )<br />

•<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 162


Du point à la ligne<br />

• Moi à Paris je me repère énormément grâce au métro. Quand je suis arrivé à Paris, je savais pas<br />

identifier les arrondissements, donc quand des gens me disaient on se retrouve à tel endroit je leur<br />

demandai à quelle station de métro c’était. (…) En voiture en fait, je suis assez peu aventurier je me<br />

repère par rapport aux grands axes. Et j’essaie de me servir de mon cerveau un peu comme une<br />

boussole c’est à dire à tout moment savoir ou est l’Est ou est l’Ouest le Sud le Nord. Et au pire je me<br />

repère avec des grandes directions. Voilà je suis un peu comme dans un espace trois D. (…) Alors<br />

mon système est assez peu fiable. Parce que si par exemple je suis obligé pour X raison de tourner<br />

deux trois fois ou par exemple qu’il y ai la circulation qui me stresse ou alors que j’enfreigne la loi<br />

c’est à dire que je suis en train de téléphoner en conduisant, je perds mes repères. Je me suis déjà<br />

complètement paumé. Alors il suffit qu’il y ait beaucoup de circulation et que je sois paumé, il faut<br />

multiplier le temps par 5 ou par 10 pour se repérer à nouveau parce que on galère sur un boulevard<br />

avant de pouvoir tourner et de se rendre compte ou on est donc quand il y a beaucoup de circulation je<br />

préfère avancer vite enfin çà c’était surtout au début. Maintenant ça va quand même mieux. Au début en<br />

fait on fonctionne par point de repère donc au début j’en avais peut être sept huit repères. Et puis<br />

maintenant j’en ai peut être une quinzaine. (I – 22 )<br />

o Tu peux les citer tes repères ?<br />

• Oui bien sûr, et bien par exemple je sais ou se trouve Châtelet les Halles je sais ou se trouve Bastille,<br />

les gares. Je pourrais situer exactement sur un plan et comment aller de l’un à l’autre. Je sais ou se<br />

trouve les Champs Elysée, après je me repère aussi des fois par rapport au périf et aux portes.<br />

(I – 23 )<br />

Le trajet « modulable » en fonction de ces univers de pratique :<br />

• Le matin je marche. Je me prends à peu près un quart d’heure, de mon domicile jusqu’à la gare R.E.R.<br />

de Pantin, R.E.R. E. Là je prends le R.E.R. E vers la banlieue jusqu’à Val de Fontenay. L’intérêt de<br />

faire çà, c’est que d’une part de marcher un quart d’heure le matin j’apprécie. Et que d’autre<br />

part, je prends le R.E.R. dans le sens Paris vers banlieue, donc le R.E.R. est peu chargé. J’ai<br />

jamais eu à rester debout. Déjà je peux m’asseoir, c’est l’intérêt. Et ensuite arrivé à Val de Fontenay<br />

je prends le R.E.R. A. Le soir je prends le R.E.R. A de Val de Fontenay, pas de Val de Fontenay,<br />

de Noisy jusqu’à Châtelet, les Halles, là le B puis là la ligne 5 du métro jusqu’à chez moi. (I – 24 )<br />

Et pour quelle raison, vous modifiez là, tout d’un coup votre parcours de retour ? Je dirais de<br />

Noisy vers Paris ? Il y a aussi là, une raison particulière ?<br />

• Non. Non là, c’est une habitude que j’ai prise. Le soir j’ai moins envi de marcher. C’est pour çà. Et si je<br />

prends ce chemin, j’ai deux minutes à marcher au lieu d’un quart d’heure. C’est surtout pour çà.<br />

(I – 25)<br />

Vous me disiez juste que vous ne pratiquiez pas le même trajet matin et soir, alors expliquez-moi ?<br />

• C’est à dire que le matin, je prends le métro à JOURDAIN puisque c’est là que j’habite. Je change à<br />

BELLEVILLE et je le reprends jusqu’à NATION et de NATION là, je prends le RER. Mais le soir, je<br />

trouve que entre la fatigue du travail et les correspondances qui sont de plus en plus longues, de plus en<br />

plus pénibles, je préfère descendre à NATION et prendre le bus. Je prends la direction 1, Château de<br />

Vincennes, je descends à Porte de Vincennes et là, je prends un bus qui me dépose juste à côté de la<br />

maison entre Pyrénées et Jourdain. (I – 26 )<br />

Qu’est ce qui explique ces choix là ?<br />

Et bien déjà, voilà je marche beaucoup plus dans les couloirs du métro qu’en allant chercher le<br />

bus. Et puis il fait chaud dans le métro, au niveau du temps je mets le même temps. Que ce soit en bus<br />

ou en métro, si je pouvais le faire le matin, je le ferais seulement les bus le matin à l’heure où je pars il<br />

n’y en a pas.<br />

Comment vous avez trouvé cette solution alternative, qui n’est pas la même que le matin ?<br />

• En regardant sur le plan que j’ai dans le sac. Parce que un soir j’étais tellement fatiguée dans le<br />

métro, à monter et à descendre, à louper des correspondances sans arrêt, à attendre. Puis j’en<br />

pouvais plus et je me suis dit il doit bien y avoir une autre solution. En plus il faisait beau. Ca me<br />

faisait suer d’être dans le métro enfermé, et là j’ai pris mon plan et j’ai dit “ attends il y a le 26 qui part<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 163


au cours de Vincennes qui passe devant chez moi. ” Et c’est là, et le lendemain j’ai pris cette solution là.<br />

(I – 27 )<br />

• En ce moment, avec le soleil, c’est cool c’est bien. Quand c’est l’hiver on va se faire les<br />

correspondances on est au chaud, on est bien. (…)Oui, c’est clair que des fois je vais plus privilégier un<br />

voyage à pied. Parce qu’il fait beau et puis, je me dis “ tiens ça fait 300 mètres à faire mais bon, il fait<br />

beau c’est tranquille, je passe devant tel magasin devant telle boutique, tiens c’est sympatoche. ”Je vais<br />

plutôt me faire ça plus tranquille. (I – 28 )<br />

Instruments de coordination et les attracteurs cognitifs :<br />

Le portable, un outil de coordination plus que de communication<br />

Donc là, vous venez prévenir votre femme du retard que vous allez avoir en raison de ce problème ou pas ?<br />

• Non, je lui ai simplement dit que j’étais à la gare de Lyon. Je lui ai demandé ou elle était, puisqu’il lui<br />

arrive des fois de se trouver en fait sur mon chemin et de me récupérer en voiture à une gare ou à une<br />

autre.<br />

Donc en fait le téléphone portable, tout d’un coup est un moyen pour pouvoir en quelque sorte se joindre, et puis<br />

si possible même coordonner ses déplacements ? Vous avez des points de ralliements par exemple ?<br />

Madame travaille à Vigneux sur Seine donc il m’arrive fréquemment de descendre à Vigneux. Comme<br />

on habitait à Vigneux sur Seine nous-mêmes, il arrive qu’elle aille voir des amis, et qu’on se rejoigne<br />

là-bas. En général, on en profite pour aller faire des courses. Sinon, dans l’absolue oui on peut gagner<br />

une bonne demi-heure sur le temps de trajet quand même. (I – 29 )<br />

Les PMV, un attracteurs cognitifs, un embrayeur d’action, un régulateur de vitesse :<br />

• Quand je vois que l’écran de la télé clignote, ça veut dire que le RER arrive, je vais vite me dépêcher<br />

dans les machines, je prends pas les guichets, parce que les guichets il y a tout le temps la queue donc je<br />

vais à la machine. Je mets mes sous hop ! Je me dépêche, voilà. Mais sinon quand ça ne clignote pas<br />

j’ai le temps, je le fais tranquillement. (I – 30 )<br />

L’information régule la vitesse de déplacement des voyageurs :<br />

Si vous aviez une information temporelle qui vous dit “ faite attention vous avez un peu de temps. ”, est ce que<br />

cela agirait sur vos comportements ? Là, tout d’un coup vous pourriez peut-être plus flâner, plus prendre le<br />

temps ?<br />

• Oui, là je vais ralentir c’est sûr, je vais prendre le temps d’aller à la station et puis peut être pour<br />

regarder plus ce qu’il y a autour de moi. Parce que je regarde pas du tout ce qu’il y a autour de moi en<br />

fait. Si ce n’est les flèches, et les numéros pour ma station suivante. Tout le reste de l’environnement j’y<br />

fais pas très attention. (I – 31 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 164


L’inconnu temporel des correpondances :<br />

II/ Les ruptures dans le voyage<br />

• Je sais qu’à la station de Châtelet il y a souvent de longs couloirs . Souvent je suis amenée à passer sur<br />

les grands tapis au sol, des escaliers, des tapis automatiques je sais pas comment on appelle çà, et ça<br />

prend beaucoup de temps. Alors si je m’imagine encore dans ses grands couloirs, je me dis que je vais<br />

prendre encore du retard.<br />

Vous aimeriez justement avoir une information temporelle sur le temps de la correspondance…. ?<br />

Un petit peu comme sur le périphérique qui dit A3, A86 : tant de minutes, oui. Une sorte de<br />

panneau d’affichage à cristaux liquide, ca serait bien. Il faudrait que se soit facilement lisible, qu’on<br />

ait le réflexe de les regarder en les plaçant à des endroits stratégiques : Monté d’Escalator, sorti, je sais<br />

pas trop comment ça pourrait se faire.<br />

Et est ce que vous aimeriez par exemple pouvoir consulter aussi un service sur votre portable ?<br />

Appeler un numéro et demander notre trajet, oui, oui si c’est possible. Ce serait une bonne idée.<br />

Là, je l’aurais fait oui. Pour me rassurer au moins, pour me rassurer et avoir une réponse à donner aux<br />

autres. Parce que j’ai trois personnes qui m’attendent pour partir ce soir, donc oui, je l’aurais fait. Oui,<br />

parce que là, j’ai aucune idée du temps qu’il me reste à parcourir. (II - 1 )<br />

• Bien, les correspondances c’est toujours du temps de perdu en fait. Puis c’est aussi une question de<br />

confort. Ben c’est désagréable, il faut marcher s’orienter, enfin alors que si on est entrain de bouquiner<br />

ou de faire autre chose, ben on est obligé de s’interrompre. (…) Pour mesurer concrètement le temps de<br />

parcours, il faut connaître les stations, c’est vrai que c’est une perte de temps la correspondance. Mais<br />

c’est vrai que celle-là par exemple, elle était relativement longue en fait. Il y a pas mal<br />

d’Escalators, de couloirs, il y en a qui sont quand même plus rapide. Ça par exemple, çà je les<br />

évalue pas du tout, les temps de correspondance.<br />

Donc obtenir une information qui vous permettrez justement d’évaluer le temps de correspondance à pied, entre<br />

une ligne et une autre ligne. Çà, ça pourrait rentrer en ligne de compte dans votre choix de s’arrêter là ? Ou<br />

plutôt là ?<br />

Oui, oui çà, ça rentrerait dans ma ligne de compte. Parce que je pense, par exemple, au station près de<br />

Châtelet les Halles ou là, on a des tapis roulants des couloirs qui prennent vraiment du temps, bon çà je<br />

le sais. Et en général, j’essaye d’éviter ces correspondances là, qui sont trop longues. Sauf quand j’ai<br />

vraiment pas le choix. (II - 2 )<br />

• Ah ! Oui parce que là c’est la merde, là la correspondance elle est très grande, quand elle est grande<br />

il y a douze mille couloirs, alors que là si je descends là, comme ça c’est juste impeccable. Et puis<br />

après à la limite j’ai juste que 200 mètres à pied à faire, tranquille quoi. Tu as des fois à Paris des<br />

stations qui sont pas si loin entre elles. Par exemple, il y a tout un tas de stations qui sont dans un<br />

secteur très restreint. Quelque fois, il vaut mieux faire 200 mètres à pied que d’attendre un autre métro,<br />

refaire une autre correspondance, refaire un truc, ça dépend du temps. (II - 3 )<br />

De la rupture de charge à la rupture de pratique : l’exemple de la lecture<br />

• Si je sais que j’ai une ligne à faire sans trop de correspondance et que cette ligne va être longue. Par<br />

exemple sur la ligne du RER A en direction de la Défense je vais prendre mon mal en patience et me<br />

dire que ce temps je peux en profiter pour le lire. Alors que là, je vais avoir déjà sur ce trajet deux<br />

correspondances. Ca sert à rien que je sorte mon bazar, ma lecture, mon journal. Si c’est pour le<br />

refermer dans 2 minutes, j’ai la correspondance donc pour moi c’est pas confortable. C’est<br />

embêtant d’interrompre son article toutes les deux minutes, on est plus tellement dans le suivi d’analyse<br />

et puis c’est pas intéressant. Mais je sais qu’il y a des gens qui arrivent. Mon père prend les transports<br />

en commun tous les jours. Il a une méthode pour arriver à lire quelles que soient les correspondances,<br />

même en marchant, je sais pas trop comment il fait. Bon, il est organisé pour çà. Je pense que c’est<br />

l’expérience. Moi, je n’y arrive pas. Donc, il doit avoir une certaine façon de plier son journal pour pas<br />

que ce soit à la fois, trop encombrant, ni pour les autres, ni pour lui. Qu’il soit debout ou assis, il va<br />

continuer à lire. (II - 4 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 165


Les parkings d’échange en quête de places<br />

Une bonne alternative et un encouragement au déplacement multimodal.<br />

• Pour me garer à chaque fois c’est une perte de temps de 15 à 20 minutes peut être une demi-heure<br />

à tourner en rond pour trouver une place. Dans Paris, c’est infernal. Ce que je fais assez souvent,<br />

c’et que je laisse ma voiture à Vincennes. C’est pour ça que je vous disais que je prenais souvent la<br />

ligne 1. Parce qu’en fait à Vincennes il y a souvent de la place. Je vais jusqu’au métro à pied, et<br />

ensuite je circule dans Paris à pied tout le temps. Et je reprends ma voiture à Vincennes pour rentrer<br />

chez moi le soir. J’ai pas à être dépendant ni du R.E.R., ni du bus qui en général est long et pénible.<br />

Mais pour circuler à l’intérieur de Paris c’est le métro le plus commode donc, je ne vais pas m’embêter<br />

avec une voiture. (II - 5 )<br />

De la rupture de charge à la rupture informationnelle.<br />

• Quand je prends la voiture pour aller dans Paris, je prends aussi ma carte orange en me disant si je<br />

n’arrive pas à me garer à côté de l’endroit ou je veux aller, je vais aller me garer plus loin et je prendrai<br />

le métro pour moduler 2 modes de transport en fait. Autant je le prévois, autant ça ne m’est pas encore<br />

arriver d’avoir à le faire. Que je laisse ma voiture place de l’Étoile ou que je laisse place de la Nation,<br />

c’est aussi difficile dans un cas que dans l’autre. En revanche la laisser, on va dire en banlieue fut-elle<br />

assez proche, on pourrait imaginer que la Défense pourrait servir à cela par exemple. Ces parkings là,<br />

je pense que ça sert à rien de les mettre dans Paris, parce qu’on a déjà eu tous les problèmes pour<br />

y arriver. En revanche, je pense que c’est déjà le cas en fait dans les stations de banlieues assez<br />

lointaines de Paris c’est pas mal oui. (II - 6 )<br />

Est ce que la carte graphique parking par exemple avec des disponibilités des mises à jour régulières etc. Ça<br />

pourrait vous séduire ?<br />

• Oui, déjà la cartographie des parkings pour savoir qu’effectivement on peut laisser sa voiture à<br />

Noisy le Grand et prendre le RER ça c’est pas mal. C’est une information ça qu’on n’a pas, qu’on<br />

a pas non plus quand on est voyageur parce que je regarde dans le RER, dans les informations<br />

sur les correspondances. Mais on sait pas qu’on peut faire du coupage un peu. Laisser sa voiture à<br />

Noisy le Grand et continuer en RER. (II - 7 )<br />

Vous dites que sur la ligne qu’il y a au-dessus des portes du RER, il n’y a pas d’icône qui revoie donc à cette<br />

notion d’échange et de coupage voiture RER ?<br />

• Exactement et ça serait déjà un premier endroit ou on pourrait trouver de l’information. Egalement<br />

passer de l’information par d’autre moyen comme Internet ou du papier peu importe. Quelque chose<br />

qui nous dit et bien effectivement vous pouvez laisser votre voiture là. Qui nous renseigne aussi<br />

sur les tarifs parce qu’un parking dans l’esprit des gens ce n’est pas gratuit ! Il se peut qu’il soit<br />

gratuit ou qu’il ne soit pas très cher si on prend un ticket de RER ou de métro. Donc ces choses là sont<br />

intéressantes oui. (II - 8 )<br />

Fiabiliser la chaîne de déplacement et consolider le maillon faible : « Se garer, c’est une galère. »<br />

• Le problème, c’est la gestion de l’incertitude. Parce que plus je multiplie les modes de transport, plus<br />

il me faut les articuler les uns avec les autres. (…) Effectivement, on pourrait imaginer que<br />

l’automobiliste reçoive un message sur son terminal du type : « il vaudrait mieux laisser votre voiture à<br />

Bercy, au parking d’échange et emprunter la ligne Météor. » Mais là, il est bien évident qu’il faut que je<br />

puisse me garer. Et sans passer du temps à me garer, parce que si je passe plus de temps à me garer,<br />

c’est pas la peine. Si je passe vingt minutes à me garer, c’est vingt minutes là, en voiture ça se trouve,<br />

je serai déjà un peu plus loin. Donc, il faut que je me gare rapidement et il faut donc qu’on puisse<br />

m’assurer d’avoir une place, qu’on m’assure également que je puisse accéder au parking de façon<br />

rapide. Il faut que l’itinéraire pour accéder au parking soit fléché et que la signalétique soit clair.<br />

Il y a encore un autre souci. Imaginer que tout le monde le fasse. On va donc se retrouver à combien à<br />

vouloir rentrer dans le parking au même moment ? (II - 9 )<br />

Pourquoi vous ne déposez pas, ou garer votre voiture à un parking d’échange par exemple ?<br />

• Parce que c’est du temps de perdu, à chaque fois c’est une galère pour se garer, c’est en centre<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 166


commercial, donc c’est toujours plein. En plus le samedi c’est pas une bonne idée. Non, non je sais<br />

que je vais pas m’embêter à la garer. Donc ça sert à rien en fait. (II - 10 )<br />

• Je ne souhaite pas laisser mon véhicule dans un parking non surveillé ou dans un endroit ou j’ai<br />

pas confiance. Le moindre problème sur mon véhicule, et bien derrière c’est malus, c’est franchise,<br />

donc pour être certain de ne pas avoir à payer ce genre de frais, eh bien je préfère conserver mon<br />

véhicule jusqu’au bout ou ne pas le prendre du tout. Mais, ça serait pas mon véhicule, ça serait un<br />

véhicule location, je pense que je verrais les choses autrement. Par contre, mon véhicule personnel, je<br />

ne veux pas le laisser n’importe ou. (II - 11 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 167


Propriété support :<br />

Lisibilité :<br />

III/ L’information voyageur<br />

• Je m’y suis habituée, je le trouve plus clair parce qu’il est sur deux pages. Alors que les petits que l’on<br />

glisse dans la carte orange. Ils sont très très petits et pas très lisibles. (III - 1 )<br />

• J’ai bien vérifié que les plans de métro étaient actualisés dans l’agenda 2003. Il n’y a pas de plan de bus<br />

dedans effectivement. Et donc pour les bus j’ai un plan chez moi qu’il faut déployer et qui est en<br />

grand format. Je ne le trouve pas très lisible puisque les numéros des bus sont indiqués tous les 5<br />

ou 10 centimètres, il faut bien suivre la couleur et le numéro du bus pour se repérer. Et en plus<br />

faire attention que ça ne soit pas un bus de nuit à partir d’une heure précise. Qui doit être autour de 21<br />

heures ! Mais certains vont jusqu’à 21h30. On est jamais sûr d’avoir un bus après 20h 30. Donc on se<br />

rabat systématiquement sur le métro. (III - 2 )<br />

• J’ai eu la chance qu’on me donne ce grand plan, j’ai bien la chance, sinon avec les petits j’y vois rien,<br />

parce que je commence à avoir la vue qui baisse. Et là, on m’en a donné un grand, et c’est très bien,<br />

je trouve çà très pratique, alors il y a le RER, le bus et puis de l’autre côté il y a le bus de nuit et puis le<br />

métro. (III - 3)<br />

Portabilité :<br />

Pourquoi est ce que vous conservez ce vieux plan ?<br />

Et bien en fait, il correspond au format de l’étui de ma carte orange. Donc je ne vais pas le changer. Je<br />

préférerais qu’il y ait “ Eole ” qu’apparaisse dessus, parce que là, il y a pas “ éole. ” Donc quand je le prends<br />

c’est pas commode. Mais je crois qu’effectivement quand j’avais demandé des plus récent ça rentrait<br />

pas dans l’emballage carte orange que j’avais ou enfin je sais pas, donc je ne me suis pas posée la<br />

question, ça marche bien pour l’instant donc ça va. (III - 4 )<br />

Maniabilité :<br />

Oui, je prends mon plan tout le temps parce que c’est très efficace. Mais d’ailleurs ceux qui étaient petits,<br />

étaient mieux. Puisqu’on parle de çà, les petits comme çà, c’était beaucoup plus simple. En plus, ils<br />

sont plastifiés tout ça, on avait pas besoin de déplier tout le temps. (III - 5 )<br />

• C’est vrai que ce plan est très usé. Cela fait longtemps que je l’ai. En fait c’est un plan que j’ai gardé<br />

parce que je trouve le format très pratique. Les nouveaux plans qui sont distribués sont beaucoup<br />

plus grands et en fait ne peuvent pas rentrer justement comme dans les porte-cartes ou avec dans les<br />

emballages de Navigo. Donc j’ai gardé celui-là, même s’il est vraiment, bon il est très usé comme vous<br />

l’avez dit. Il y a même pas la ligne 14, celui-là ça doit faire 5 ou 6 ans que je l’ai, mais je le garde<br />

parce que, il y a toutes les autres lignes.<br />

Vous pouvez me le décrire un peu ? Vous pouvez le décrire aussi c’est à dire vous dites qu’il est bien pratique ?<br />

Est-ce que vous pouvez justement le décrire en terme de confort d’ergonomie de pratique je sais pas ?<br />

- En fait il est format carte de crédit, et on peu le déplier on a la vue du plan de tout le métro Parisien<br />

comme ça très facilement. Donc il suffit d’un geste, on le prend et en un geste on peut voir quelles<br />

sont les stations à prendre. (III - 6 )<br />

Quels sont les propriétés de votre petit plan plastifié ?<br />

• Ils sont assez lisibles en fait eu niveau du métro, on a toutes les lignes, toutes les stations qui sont<br />

écrites, on arrive à lire encore ce qui est écrit. Et en même temps on a le bus et le RER. On gagne du<br />

temps, ça prend relativement pas de place. C’était prévu pour rentrer dans l’étui, et puis c’est<br />

léger. Donc comme ça je le mets là, et après je suis tranquille. (III – 7 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 168


Modes d’emploi :<br />

Donc c’est un petit plan format on va dire carte postale.<br />

• Voilà, la seule chose que je lui reproche, c’est quand on cherche une station, il faut savoir dans quel<br />

endroit elle se trouve parce que, en fait vous n’avez pas le nom alphabétique de la station. Ça<br />

serait bien d’avoir un sommaire. Bon vous avez le métro, vous avez le R.E.R., et vous avez le bus. Moi<br />

je trouve ce qui serait bien c’est de faire un plan pour chaque, en fait bon pour chaque transport. Parce<br />

que moi, je prends jamais les bus par exemple. Donc j’aimerais mieux qu’on me donne une liste<br />

alphabétique des stations. Parce que chercher la station, parfois ça met quelques secondes. Et<br />

quand on est pressé c’est franchement pénible. (III - 8 )<br />

Nature de l’information :<br />

Complémentarité entre raison graphique et raison computationnelle<br />

Par contre ce qui était intéressant c’était que sur votre petit porte carte là, vous aviez glissé les fameux<br />

horaires de vos trains que vous prenez régulièrement. Pourquoi les avoir mis sous forme de papier et non<br />

pas les avoir intégré dans le Palm ? C’est peut-être plus pratique ?<br />

• C’est plus pratique parce que c’est directement accroché à la carte orange. C’est quand même plus<br />

simple que le Palm. Enfin c’est pour des raisons aussi historique c’est que j’avais déjà ce papier là avant<br />

d’avoir mon Palm. Je pense que effectivement je vais le.. Mais c’est vrai que vous avez raison je ne<br />

les ai pas mis dans le Palm. Je n’ai pas mis les horaires, je les ai pas mis dans le Palm, je les ai que<br />

sous forme papier parce qu’à un moment donné le papier était enfin là.. J’éprouve pas le besoin si vous<br />

voulez de les mettre dans le Palm là aujourd’hui.<br />

C’est pas en raison du fait que quand même le support papier offre au moins l’avantage de pas devoir<br />

l’allumer, de pas devoir vous voyez ? Il y a une souplesse en fait dans l’usage ?<br />

Oui absolument là, le petit morceau de papier tient dans la carte orange enfin dans la couverture<br />

de la carte orange donc c’est pratique, ça reste plus accessible finalement que le Palm.<br />

(III - 9 )<br />

Bien distinguer et hiérarchiser la nature de l’information :<br />

• Les panneaux d’autobus alors là c’est très déficient. Oui, il y a un affichage qui est totalement imprécis.<br />

Qui devrait être mis à l’avant. Il est parfois mis à l’avance dans les autobus, il y a parfois un panneau<br />

qui dit en raison de manifestation de ceci ou de cela. Et bien le service sera perturbé tel jour à telle<br />

heure. Mais c’est un panneau notifié à un endroit ou il y a d’autres informations. Celui là on le voit<br />

pas bien parce qu’il est de la même couleur vert, vert d’eau que les autres panneaux, de la couleur<br />

réseau et on ne fait pas la différence entre la RATP qui propose des stages et l’information<br />

« client » pour nous prévenir d’une situation perturbée. Cette info, elle est juste à coté d’un message<br />

qui dit : « Respectez, dites bonjour au conducteur », donc là on attire pas du tout l’attention. (III - 10)<br />

Information statique et message d’alerte dynamique :<br />

• C’est à dire l’information statique pour moi, c’est le plan du réseau que tout le monde connaît dès lors<br />

qu’on prend tous les jours la même ligne. C’est les horaires par exemple, bon on ne les regarde même<br />

plus, on finit par les connaître. A la limite il y a les écrans, les petites télévisions là, qui disent le<br />

prochain RER est dans dix minutes ou train à l’approche, enfin ce genre de truc. Ça à la limite on le<br />

regarde, donc c’est vrai que c’est un premier niveau un peu plus dynamique on va dire. Et on voit bien<br />

attention ligne 1 accident voyageur donc c’est vrai que c’est affiché là. Mais il faudrait probablement<br />

le, enfin si l’événement le mérite le renforcer par des dispositifs événementiels, vraiment des<br />

choses qu’on s’attend pas à trouver le faite qu’on s’attende pas à les voir. Ça attire forcément le<br />

regard. (III - 11)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 169


Délivrer une information au format de la mobilité :<br />

Le grand plan n’est pas au format de la mobilité :<br />

• La consultation des grands plans que l’on trouve dans les stations, pour moi, je trouve que c’est<br />

une perte de temps, c’est un arrêt supplémentaire. Je peux très bien le faire pendant le trajet avec un<br />

petit plan que j’ai sur moi, donc. C’est pas intéressant de s’arrêter, de regarder de façon, non je trouve<br />

pas çà commode. Donc l’idéale ça serait pour vous d’être toujours en mouvement ? C’est de<br />

pouvoir enchaîner en fait les procédures. Un métro je marche, clac ! Le métro arrive, ça fait çà en<br />

fait ? (III - 12)<br />

Format de l’information : Service Transflash<br />

• Je trouve que sur l’autoroute c’est très bien parce que vous avez la radio. Et vous avez un flash pour<br />

vous annoncer qu’il y a un accident à 50 kilomètres. Ce qui vous permet déjà de vous préparez. Pas<br />

d’être surpris et puis bon si vous avez en fait une sortie, pouvoir prendre la sortie. Et ça pourrait être<br />

exactement la même chose pour les transports en commun. Qu’il ait des flashs pour annoncer que<br />

bien sur la ligne, les grosses lignes, peut être pas les lignes parisiennes, mais au moins les lignes de<br />

banlieues parce que bon Paris les gens peuvent quand même se déplacer entre les bus etc.<br />

Maintenant c’est vrai que sur la banlieue. Et quand vous habitez à 20 kilomètres de Paris et que, bien le<br />

matin vous savez que votre R.E.R. ne fonctionne pas. Et que le soir vous allez galérer, et bien vous allez<br />

trouver un autre système le vélo, la voiture. (III - 13 )<br />

Localisation de l’information :<br />

Délivrer l’information à des points stratégiques afin de permettre au voyageur d’anticiper<br />

• Oui, voilà normalement c’est un train gris qui arrive là, et qui est mis à quai. Mais ce qu’il faut se dire,<br />

c’est que théoriquement les trains ont un nom et un horaire. Donc en fonction de l’heure à laquelle on<br />

arrive. On va s’orienter plus ou moins vers quai ou un autre. Si en bas on n’a pas l’affichage comme<br />

quoi le train est en retard ou comme quoi nous on est en retard et qu’il est déjà parti. On va<br />

monter pour rien. (III - 14 )<br />

Vous disiez que vous aimeriez avoir plutôt de l’information à l’entrée des stations, pas attendre d’arriver en bas.<br />

• Voilà, voilà exactement. Pas attendre de retrouver dans la cohue humaine, il y a souvent beaucoup<br />

de gens énervés, donc au moins l’avoir donc, avant de surtout que moi par exemple à Jourdain il<br />

faut que je descende un escalier roulant interminable. Donc ça serait bien qu’on l’ait dès qu’on<br />

rentre.<br />

Et en cas de perturbation par exemple est ce que vous aimeriez avoir des informations délivrées par le<br />

machiniste. Qui puissent vous donner une solution alternative ?<br />

Oui, ce serait l’idéale. Mais je veux surtout que moi en cas de perturbation, moi ce que j’aimerais<br />

surtout c’est que ce que je vous disais tout à l’heure. C’est que se soit signalé avant qu’on soit sur le<br />

quai, qu’on soit dans toute cette cohue. Surtout que des fois avant d’arriver sur le quai il faut en<br />

faire des mètres, des mètres et des mètres de couloirs. Donc c’est vrai que se serait plus facile pour<br />

tout le monde, que se soit signalé en haut. (III - 15 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 170


La rumeur et les bruits de couloir :<br />

Identifier les porte parole « officieux » et écouter les « bruits de couloir »:<br />

• Au bureau, on échange des bruits de couloir ; J’ai l’info par des collègues de travail qui sont allés<br />

voir sur Internet. Certaines personnes vont regarder sur Internet pour savoir effectivement quelles<br />

sont les prévisions du lendemain. Donc on a toujours l’information, au bureau on a toujours<br />

l’information. (…) Pour Demain, à priori, il n’y aurait pas de préavis de grève maintenu. Le seul<br />

problème qu’il pourrait y avoir, c’est à l’inter connexion à Nanterre, c’est tout ce que je sais. Donc<br />

demain matin ça va être la grande découverte du trafic. (III - 16 )<br />

Information informelle : information délivrée par les amis, les autres voyageurs<br />

• Ce matin, quelqu’un que je ne connaissais pas en attendant le bus, m’en a parlé des grèves. Il m’a<br />

dit qu’il y en aurait demain, et puis au travail on en a parlé avec les collègues. (III - 17)<br />

S’appuyer sur des relais d’information « institutionnel » :<br />

• Alors il y avait eu un processus d’information qui avait été mis au point il y a quelques années dans<br />

mon collège. A savoir la RATP prévenait l’établissement et l’établissement affichait l’information<br />

dans la salle ou à un endroit judicieux. Ca n’a pas durée. (III - 18 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 171


I/ Qualifier la perturbation :<br />

IV/ Gestion de l’incertitude et anomie informationnelle :<br />

• Le problème au niveau des informations c’est que soit, on n’a rien, soit, on a quelque chose de très<br />

précis. C’est à dire hier j’étais dans le train, on m’a dit très clairement par le micro, il y a des enfants<br />

sur la voie, notre train ne redémarrera pas. Il devait y avoir des enfants qui traversaient les voies. Mais<br />

si on a pas toute l’information, on a rien du tout c’est à dire que le chauffeur ou le conducteur de rame<br />

ne dira rien. Donc je trouve que l’information en règle générale quand on l’a, elle est bonne, mais<br />

n’est pas systématique suivant le chauffeur de rame. (…) Alors il y a certains chauffeurs qui<br />

disent et bien on va être immobilisé c’est tout. Et d’autres qui expliquent pourquoi on va être<br />

immobilisé et combien de temps éventuellement on va être immobilisé. Lorsque ça s’arrange, il dit<br />

et bien ça y est le service reprend dans trois minutes on va redémarrer. Et là, on est capable d’attendre.<br />

Juste de savoir, il y a un problème et plus d’information du tout, ça c’est très pénible.<br />

Oui, et donc là, le faite de savoir qu’il y avait des enfants sur la voie ça vous a servi à quoi, je dirais ? A mesurer<br />

un petit peu le temps que ça allait prendre ?<br />

• Non, mais tout simplement c’est quelque chose de tout à fait normal qu’un train ne redémarre pas,<br />

puisqu’il y a danger réellement. (IV - 1)<br />

• Par exemple quand on est dans une rame de R.E.R. et qu’on attend pendant 10 minutes un quart d’heure<br />

et que vous avez le chauffeur qui vous dit : “ Nous vous prions de nous excuser ” bon il pourrait nous<br />

informer, il pourrait nous dire et bien voilà bob on va rester un petit quart d’heure peut être que<br />

lui ne le sait pas. Mais au moins il pourrait nous le dire : “ je ne sais pas ce qui se passe soyez patient ”,<br />

bon voilà. (IV - 2 )<br />

Remarque : Le chauffeur, en qualifiant la perturbation, normalise la situation<br />

Laisser ouvert les champs du possible et offrir des services à la mobilité :<br />

• De toute façon l’information souhaitée ça va être une information temporelle et topologique en fait sur<br />

les lieux et les graphiques plutôt. Sur les lieux à prendre ; les endroits à voir, et sur les moments ou<br />

j’aurais les trains et les correspondances. Quitte à changer complètement de décision si je vois qu’à tel<br />

endroit je vais avoir un quart d’heure. Quitte à organiser, étant donné que j’ai été perturbé par l’incident<br />

me réorganiser en fonction de ce dont j’ai besoin et de ce dont j’ai envi en fait. C’est à dire pas<br />

m’orienter systématiquement dans une autre gare pour m’apercevoir que là, je vais attendre une<br />

demi-heure alors que j’aurais pu rester à la gare précédente qui est plus accueillante et j’aurais<br />

pu prendre un petit déjeuner ou autre chose vous voyez par exemple ? (IV - 4 )<br />

Donc c’est vraiment quelque chose qui doit vous permettre de gérer votre vie autrement quasiment ?<br />

• Exactement, ce qu’il faut c’est mettre à disposition le maximum d’informations pour qu’on puisse<br />

prendre le maximum de décisions. Moins on a d’informations, moins on a de choix, moins on peut<br />

faire ce qu’on a envi de faire. Parce qu’en fait, il y a beaucoup de gens pour qui un incident va<br />

être une perte de temps etc. D’autres gens pour qui ça va favoriser un autre type d’organisation.<br />

(IV – 5 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 172


Plus que la situation, c’est l’information qui est perturbée :<br />

• La première des choses c’est l’information. Ça me fait penser que l’autre soir, j’étais à un cours de<br />

danse. A 9h30 j’ai du prendre le métro, on a attendu le métro 25 minutes, montre en main sans<br />

aucune information. Donc qu’est ce que je fais j’attends, ça vaut le coup d’attendre ? Je change<br />

d’itinéraire ? Là il n’y a plus de bus ? J’étais vraiment embêtée franchement ! Donc le pire c’est de ne<br />

pas avoir d’informations ? C’est ce que je vous disais tout à l’heure. Franchement. On est capable<br />

d’attendre si on sait pourquoi.. (…) Ce qu’il faudrait, c’est que sur le moment déjà d’indiquer si ça<br />

va persister, si ça va durer, combien de temps ça va durer ? Si ça va être le soir pareil qu’en je<br />

vais revenir ? Au moins on peut toujours, sur le moment qu’il y a un problème savoir combien de<br />

temps ça va durer ? Et puis j’ai toujours besoin de savoir quelles solutions de rechange sont mises<br />

en place. Est-ce qu’il y a des navettes de bus ? Est-ce qu’il y a d’autres itinéraires ou il y a moins<br />

de perturbations ? Parce que si c’est pour changer d’itinéraire et retrouver la même perturbation<br />

sur d’autres itinéraires c’est pas la peine. (…) C’est pas tant que je ne sais pas m’orienter moi toute<br />

seule ou en cas de problème. C’est que je ne sais pas si la solution de contournement que je vais choisir<br />

à aussi éventuellement un problème.<br />

D’accord. Donc ça serait quasiment sous forme de graphique ? Moi j’essaye de voir sous quelle<br />

forme on pourrait vous donner cette information ? C’est sous forme de liste ? Sous forme de graphique avec un<br />

plan ? Avec des zones rouges ? Des zones, vous voyez ce que je veux dire ?<br />

Oui, tout à fait, il y a des plans de métro ou on appuie sur un bouton et il y a les petites lumières<br />

qui s’allument. Si on pouvait effectivement en période de crise savoir les zones rouges et les zones<br />

vertes se seraient intéressant. (IV - 6 )<br />

Quel genre d’information vous aimeriez recevoir dans les situations perturbée ?<br />

• Et bien d’une part savoir assez rapidement pour combien de temps on risque d’être bloqué. Si, il y a<br />

un espoir que ça reparte assez rapidement ou si au contraire c’est mort pour des heures. Donc savoir s’il<br />

faut ou non, trouver un moyen de transport alternatif. D’autre part au bout de combien de temps ça va<br />

repartir. Et puis aussi si possible la cause. C’est les principales informations qui m’intéressent, je<br />

pense. Le point le plus important c’est de savoir combien de temps on va être bloqué au même endroit.<br />

(IV - 7 )<br />

• Ce que j’aimerais, c’est déjà qu’on nous dise combien de temps on risque d’attendre. Bon le<br />

pourquoi ça on le sait. Et en fait quelles sont les solutions, bon pour pouvoir rejoindre Noisy on les sait<br />

aussi. Mais si on nous dit voilà vous allez attendre 10 minutes, bon et bien on est prêt à attendre 10<br />

minutes. Mais si on dit vous allez attendre 1 heure et quart, je pense qu’on est plus en mesure de<br />

pouvoir prendre d’autre transport en commun. (IV - 8 )<br />

Anomie informationnelle :<br />

Perte de confiance :<br />

• Je vous parlais des dérangements des messages variables. j’insiste et je le redis, ils sont sensés être en<br />

temps réel et en fait, ils ne sont pas en temps réel. J’ai vu à de nombreuses reprises des distorsions entre<br />

ce qui était affiché et la réalité. (IV - 9)<br />

Coordination informationnelle :<br />

• Il y a quelque temps le service était très perturbé et c’était annoncé par un message. Le message était<br />

peu audible vraiment très très peu audible et on ne comprenait pas. On entendait qu’il y avait un<br />

problème, on ne savait pas lequel et en descendant la personne au guichet n’avait pas connaissance<br />

de ce message. Je trouve ça énorme. (IV - 10 )<br />

Manque de fiabilité<br />

• Quand on voit les panneaux d’affichages qui affichent un train à 42 puis qui 3 minutes plus tard<br />

changent d’horaire sans qu’on soit averti de rien du tout. Donc les horaires varient en fonction du<br />

bon vouloir de la SNCF. Bon, ça c’est voilà.. !<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 173


C’est agaçant parce que ça renvoi un problème de fiabilité du réseau ? Ou c’est agaçant parce que vous n’avez<br />

pas l’information qui vous expliquerez pourquoi tout d’un coup ça change ?<br />

Oui, tout à fait. Ou quand un train est supprimé, on n’est pas forcément au courant, on le découvre<br />

sur le panneau affichage. C’est pas toujours agréable que de devoir se dire, bien si j’ai pas le nez collé<br />

sur le panneau d’affichage, il faut que j’aille moi-même de toute façon au-delà de l’information, pour<br />

voir le panneau d’affichage. (IV - 11)<br />

• Le problème des retards c’est qu’ils sont à rallonge. D’ailleurs 10 minutes de retard à la gare de<br />

départ, ça veut dire souvent un quart d’heure 20 minutes de retards à la gare d’arrivée. En plus quand on<br />

nous annonce 10 minutes de retard au début, c’est facilement prolongeable. Il est arrivé d’avoir quatre<br />

annonces de retard successives, pour rallonger, et puis finalement carrément prendre le train suivant.<br />

Le train avait tout simplement été supprimé. (IV - 12)<br />

• c’est vrai que le transport en commun c’est pratique. On arrive directement dans le centre ville quand<br />

ça fonctionne bien, on met un quart d’heure 20 minutes pour faire Noisy le Grand - station Aubert. Mais<br />

le problème c’est que suite à ces retards, c’est plus faible. Par exemple, si vous prenez, vendredi<br />

dernier par exemple, bon j’avais un mariage à 16 heures en mairie de Noisy le Grand, et bien<br />

pour être sûre d’arriver à l’heure, et bien j’ai pris ma voiture le matin. J’ai mis 1 heure et quart<br />

pour venir travailler, mais je savais quand partant à 3 heures de mon travail, j’étais à 16 heures à Noisy<br />

le Grand. (IV - 13 )<br />

Gestion du temps et gestion de l’incertitude, les 2 faces d’une même réalité :<br />

Incertitude et nouvelle temporalité :<br />

• Tous les jours ne sont pas équivalents. C’est à dire que le vendredi par exemple, je pense que les gens<br />

prennent plus leur bagnole. Enfin c’est le sentiment que j’en ai parce qu’à vrai dire, je n’en sais rien, je<br />

n’ai pas une mesure fiable de ce phénomène. Mais, j’ai le sentiment qu’ils prennent plus leur voiture.<br />

Alors, la ce jour là, et bien c’est plein quoi. Puis, il y a les horaires aussi. Avec les 35 heures, les gens<br />

sortent plus tôt le vendredi souvent. Tu sais avec les 35 heures tout çà ! Ceci dit ça devient de plus<br />

en plus difficile d’anticiper et de prévoire, tout du moins en semaine de se dire bon et bien çà, c’est<br />

un horaire ou ça va passer. (IV – 14)<br />

S’organiser pour anticiper :<br />

• Par exemple, si j’ai un rendez-vous très important, il faut que je sois vraiment à l’heure ainsi de suite.<br />

Bon d’abord j’essaye de caler mes rendez-vous en fonction de çà aussi. (…) Alors, ce qui se passe aussi<br />

c’est que je vais partir très en avance. Comme je peux pas être en retard, je peux faire qu’une chose<br />

c’est partir en avance. Prenons un exemple, j’ai rendez-vous avec un directeur à Maison Laffitte. Si je<br />

vais aller à Maison Laffitte et que je veux pas y passer deux heures, deux heures et demie de voiture.<br />

Admettons, le rendez-vous est à 9 heures. C’est classiquement le cas des fois c’est même 10 heures bon<br />

enfin bon peu importe. Ben ! Je vais quand même partir à 6 heures et demie. Je vais être à Maison<br />

Laffitte à 7 heures et demie parce qu’à cette heure là, ça va très bien rouler. Je suis donc obligé soit<br />

d’être très en avance ou sinon si je pars beaucoup plus tard. Je vais passer tout mon temps dans la<br />

bagnole. Et je vais arriver juste pour l’horaire. Donc je préfère être en avance à la limite bouquiner,<br />

revoir le dossier que je vais avoir avec le client. Plutôt que de passer mon temps en voiture, je peux<br />

rien faire. Rien faire sinon, si bon je pourrais écouter la radio. Je fous France Culture j’apprends<br />

toujours des trucs bon ça va. Mais bon, en fait t’es quand même en voiture. Et la voiture c’est un côté<br />

quand même stressant. Dans la mesure ou, bien c’est la contre partie de la liberté. Il y a à la fois<br />

la liberté, mais c’est stressant pourquoi ? Parce que, il faut faire attention aux feux, il faut faire<br />

attention aux voitures. Alors dans Paris aux voitures, aux vélos, aux piétons, il y a plein d’indices<br />

comme çà. Là ça va, tu vois, mais il y a pas grand chose, mais il faut quand même faire attention. Donc<br />

ça demande une concentration que je préfère mettre à bouquiner ou à regarder un dossier quoi.<br />

(IV – 15 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 174


V/ L’information en temps réel<br />

Lever les yeux au Siel :<br />

• Quand je travaillais à la RATP, il y avait quelque chose que je trouvais extrêmement pratique<br />

qu’était le site Siel. Ce programme donnait les informations d’une part sur les arrivées en gare des<br />

R.E.R., et d’autre part sur les éventuelles perturbations du trafic. Et ça, c’est quelque chose que<br />

malheureusement je n’ai pas pu retrouver parce que j’ai évidemment plus accès à l’Intranet de la RATP.<br />

C’est un service que je n’ai pas pu retrouver sur Internet, et ça je trouve ça dommage parce que<br />

c’était vraiment une information que je trouvais très précieuse et je consultais ça,<br />

systématiquement avant de partir le soir. (…) Alors le Siel donnait d’une part une information sur<br />

l’arrivée à quai des différents R.E.R., donc il suffisait de sélection une rame sur la liste. Ca permettait<br />

de savoir d’une part la liste des R.E.R. avec les stations qui desservaient, d’autre part à quel stade ils en<br />

étaient. (…) Il y avait aussi une autre information qui était peut-être pas en temps réel mais pas loin. Sur<br />

les perturbations éventuelles du trafic, les accidents voyageurs etc. etc. Donc çà, c’était quelque chose<br />

que je consultais quasi systématiquement avant de partir le soir. Ça me permettait de ne pas courir en<br />

fait, pour rattraper le R.E.R. (V - 1)<br />

Et sous quelle forme cette information vous était parvenue, c’était sous forme de carte ? Sous forme de liste ?<br />

• c’était une liste des R.E.R. à l’arrivée dans telle ou telle gare. On sélectionnait une gare et on avait la<br />

liste des R.E.R. qui arrivaient ou étaient sur le point d’arrivée à cette gare.<br />

Et comment était annoncé en fait les perturbations ?<br />

• Dans une espèce de bandeau en dessous qui disait attention perturbation. Enfin c’était du texte qui<br />

était mis à part. (V - 2 )<br />

Message d’alerte sous forme de SMS :<br />

Et pour les métros par exemple est ce que vous auriez apprécié qu’on vous livre une information en temps réel,<br />

sur une situation perturbée pour justement vous permettre d’anticiper.<br />

• Oui, je crois c’est vraiment une très bonne idée s’il y avait un moyen de, par exemple sur un site<br />

Internet d’écrire son trajet quotidien et puis de s’abonner à un système d’information par SMS par<br />

exemple qui vous direz attention dans l’heure ou vous prenez, sur les lignes que vous prenez, il y a un<br />

problème, et veuillez au moins d’en tenir compte. Et c’est d’autant plus intéressant que des fois c’est<br />

un peu pénible entre guillemet d’arriver à la gare et de s’apercevoir qu’il y a aucun train alors<br />

qu’on aurait peut-être pu partir avec un collègue. Vous voyez, plutôt on a l’info et mieux on est<br />

capable de gérer le truc. C’est vrai que se serait une bonne idée d’être informé par SMS.<br />

(V - 4 )<br />

• Je crois que la première chose on en a déjà un petit peu discuté, mais c’est être alerté le plus tôt possible<br />

de modification du réseau, en fait de l’état du réseau. Donc je dirais que le voyage commence avant la<br />

gare. Donc les formes il n’y en a pas des masses. C’est à dire soit, donc on reste dans des moyens<br />

technologiques à distance donc c’est soit Internet. Internet on peut imaginer différent moyen c’est soit<br />

un site qui présente, mais c’est déjà le cas. On ne pense pas si vous voulez lorsqu’on va prendre le<br />

RER pour rentrer chez nous le soir, on pense pas aller sur le site voir si le réseau est saturé ou s’il<br />

y a un problème. Donc il faudrait plutôt privilégier les solutions de, enfin ce qu’on appelle chez<br />

nous du « Push» donc envoyer les informations vers des gens qui seraient abonnés à ce service là,<br />

ça peut être par mail tout simplement. (V - 5 )<br />

Du concept d’abonné au concept de connecté :<br />

• Parce que par exemple pour la carte intégrale, on nous demande les zones, bon que l’on va en fait<br />

prendre pour…Donc il pourrait très bien récupérer notre numéro de téléphone portable. Parce que<br />

bon, on remplit quand même un formulaire. C’est vrai qu’il pourrait nous envoyer un SMS en<br />

nous disant et bien ce matin perturbation sur la ligne du R.E.R. A, mais pas nous dire çà, à 10<br />

heures du matin. Nous dire çà, bon à 7 heures….<br />

Pour pouvoir anticiper ?<br />

Voilà, pouvoir anticiper. Parce que bon quand on part le matin à 8 heures c’est vrai que si vous arrivez<br />

sur le quai, que c’est bourré. Vous en voulez au premier agent de la RATP qui passe, ça c’est sûr. Parce<br />

que ça vous perturbe toute votre journée. Toute votre journée, parce que bon quand il y a des grèves ça<br />

perturbe toute la journée. (V - 6)<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 175


Trop d’information tue l’information : éviter le risque de saturation cognitive.<br />

Imaginons que la RATP prenne votre numéro personnel. Parce qu’elle sait que vous fréquentez telle ou telle<br />

ligne régulièrement. Et que dès qu’il y a un problème sur ce trajet là, Vous souhaiteriez être directement<br />

informé ?<br />

• Oui, mais on risque aussi la noyade d’information. Il y a forcément qu’un train qui nous intéresse.<br />

Et c’est pas forcément tous les jours le même à la même heure. Si mon patron me retient 5 minutes de<br />

plus, je vais peut être pas forcément prendre le même tous les jours à la même heure. (V - 7)<br />

Est-ce que vous aimeriez par exemple avoir une information personnalisée qui vous soit délivré sur votre<br />

portable et qui vous dise voilà, le R.E.R. A, que vous prenez tous les samedis par exemple, va avoir un problème.<br />

Ce message vous parvient sur votre téléphone portable en temps réel si vous voulez<br />

• Et bien oui, si elle prend pas trois pages de mon texto. Et qu’elle est bourrée de PUB, je veux bien.<br />

Si elle est claire, concise, précise et courte. Courte, je veux bien et encore moi je ne suis pas une<br />

usager des transports en commun trop régulière donc à la limite je vais recevoir plein de messages qui<br />

vont .. A la limite une fois sur dix ça va pas coller à la situation dans laquelle je serais, donc ça risque<br />

de me lasser. Je vais les effacer rapidement. Si j’utilisais les transports en commun tous les jours oui. Là<br />

j’en aurais une réelle utilité. Mais là…. Là par exemple sur ce trajet, bon même si je suis en retard<br />

c’est pas la cata. Je suis en retard, je suis en retard, on va pas en faire une maladie. Donc, non<br />

c’est pas crucial. (V - 8)<br />

Du GPS à la puce, il n’y a qu’un bond.<br />

Est-ce que par exemple vous aimeriez avoir un support physique que vous puissiez greffer sur votre<br />

tableau de bord et qu’en suite un peu comme l’autoradio, vous voyez détachable. Vous puissiez<br />

l’embarquer avec vous pour continuer justement à avoir un outil de navigation embarqué qui puisse être<br />

multifonctions je dirais ? Vous voyez ce que je veux dire ?<br />

• Oui, je vois ce que vous voulez dire. C’est à dire que le GPS serait toujours sur moi finalement c’est<br />

moi qui le porte. Oui je pense que l’idée d’avoir un assistant de trajet à la place d’un GPS et qu’il soit<br />

perpétuellement à jour, y compris en terme d’informations qualitatives sur les problèmes de réseau, de<br />

trafic… oui, je crois que c’est une idée séduisante et je pense probablement être un des premiers à<br />

l’utiliser si elle voyait le jour mais … est-ce qu’il y a un marché aujourd’hui c’est pas forcément évident<br />

? Enfin ça demande à être étudié remarquez. Et puis combien ça va coûter finalement. J’y ai pensé déjà,<br />

je me suis dit tiens ce serait pas mal. Mais les outils d’aujourd’hui type le Palm ça dépend des modèles<br />

mais ils sont pas forcément tous facilement reliables et puis c’est gros. le GPS ça fait un paquet de<br />

cigarette de plus dans la poche. (…) Dans l’idéal, il suffirait peut être effectivement d’une puce qu’il<br />

faudrait se faire greffer dans le dos. Cela serait une solution. Ou alors une carte orange. Vous<br />

savez la carte mobilis, non c’est pas mobilis c’est la carte intégrale. C’est un truc magnétique, si<br />

c’était ce format là avec un écran, un écran comme un Palm quoi. (V - 9 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 176


Une idée lumineuse :<br />

VI/ Les innovations et propositions<br />

Vous avez repris même l’exemple de ce tableau de signalétique lumineuse qui permet en fonction des<br />

touches qu’on actionne d’avoir son trajet qui apparaît de façon lumineuse ?<br />

• Tout à fait en fonction des perturbations, il me suffit d’actionner le bouton de ma destination pour<br />

repérer les zones rouges et l’itinéraire de contournement à faire. Sinon, j’imagine quand période de<br />

grève tout le monde va faire la queue devant ce tableau pour connaître son itinéraire. Donc au moins<br />

s’il y avait des grands écrans sur les quais de couleurs qui indiquent les zones, comme quand vous<br />

avez des informations routières vous avez effectivement la carte de Paris et des alentours avec des<br />

zones rouges et des zones vertes. Au moins on peut repérer les endroits ou ça coince, les numéros de<br />

lignes ou ça coince. Et après si véritablement je sais pas m’en sortir, je fais la queue devant ce panneau<br />

lumineux ou j’actionne le bouton de ma destination et j’ai une solution de contournement. Mais<br />

j’imagine quand période de grève il y a un monde fou devant, et autant qu’il y a des grands écrans sur<br />

les quais pour indiquer la perturbation. (VI – 1 )<br />

Les places sont chères :<br />

• Si on peut avoir comme à la SNCF quand vous prenez les grandes lignes. On vous indique exactement<br />

ou vous êtes avec des repérages de lettres pour indiquer ou est votre wagon. De la même façon on<br />

pourrait très bien faire des wagons en rouge s’ils sont bondés et puis en vert s’ils sont moins<br />

remplis. Donc on pourrait se positionner… (VI – 2 )<br />

Créer des ponts informationnels entre les transports aériens et souterrains :<br />

• J’ai l’impression, quand on est habitué à voyager sous terre, que c’est insurmontable de passer sur<br />

terre pour prendre un bus. Donc j’ai préféré rester dans le métro descendre à un arrêt plus éloigné de<br />

chez moi et marcher en fait. Et puis le bus, il faut le trouver. J’ai pas vu qu’il était réellement indiqué.<br />

J’imagine qu’il fallait s’adresser au guichet pour être renseigné, je ne sais pas exactement. C’est un<br />

manque d’information et puis bon c’est aussi un peu la fainéantise, maintenant je ne sais pas si c’est<br />

forcément plus rapide de prendre le bus.<br />

Est ce que par exemple une information qui vous dit : voilà, sur ce tronçon là du bus vous êtes en site propre,<br />

vous avez des couloirs bus indépendants de la circulation automobile. Est-ce que çà, ça peut être un<br />

encouragement pour vous permettre de prendre le bus ?<br />

Personnellement, le réflexe c’est de s’enterrer malheureusement. Je pense qu’il faudrait faire passer<br />

l’information au niveau des souterrains pour savoir ce qui se passe au-dessus. Les gens ont plus<br />

l’habitude d’aller s’enterrer, oui c’est malheureux à dire.<br />

Donc vous pensez en quelque sorte qu’il y a une fracture entre d’un côté ce qui est de l’ordre de l’information<br />

souterraine et ce qui l’ordre de l’information de surface ? Est ce que vous souhaiteriez avoir des outils qui<br />

permettent justement de faire un trait d’union en terme d’information ? (VI – 3)<br />

• C’est plus une fracture c’est un gouffre. C’est vrai qu’il pourrait y avoir plus d’information quant à ce<br />

qui se passe à la surface entre guillemets ! Au niveau des bus par exemple, il faudrait par exemple<br />

sensibiliser les voyageurs sur un temps de trajet banal entre la gare de Lyon et la Villette par<br />

exemple ou je sais pas peut être une campagne pour sensibiliser les gens en disant il fait beau<br />

aujourd’hui regardez vous allez mettre trois minutes de plus en bus qu’en métro. Et en plus il fait<br />

beau dehors, quoi je sais pas. (VI – 4 )<br />

Construire les plans en fonction des univers de pratique et non à partir des découpages politiques :<br />

• Et bien je pense que la communication certainement n’a pas été fait correctement de la part de la RATP.<br />

Parce que sur Noisy le Grand bon je savais pas qu’il y avait “ Eole ”. Je ne sais toujours pas ou il se<br />

situe. Je sais qu’il existe, mais je sais pas ou le récupérer ? Je pense que ce qui serait peut être bien<br />

c’est que la RATP fasse une plaquette sur le département. C’est à dire, bon sur l’axe Noisy Villiers<br />

enfin bon les villes qui sont à proximité. Pour savoir quels sont les transports en commun qu’on pourrait<br />

en fait exploiter.<br />

Oui, d’accord donc c’est vraiment quasiment une information un peu localisée ?<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 177


Oui, parce que bon il faut oublier que Noisy le Grand est une ville de Seine Saint<br />

Denis parce qu’on est plus proche en fait de la Seine et Marne et du Val de Marne. Donc nous on<br />

ne rentre pas sur le quota du transport en fait de la Seine Saint Denis ça ne nous intéresse pas de savoir<br />

qu’il y a un tramway à Saint Denis on s’en fiche. C’est pas sur notre trajet. (V – 5 )<br />

<strong>Rapport</strong> final MobilUrb Gradient (Costech-UTC) Inrets 178

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