Etre de la marque ; Blatière - Le blog de Jean Daumas dit Lamatte

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Nous allions en famille assister aux embarquements et le soir, nous attendions le retour de la Course, ou le Père Lamatte avec son accordéon diatonique jouait Carmen sur le Pont a l’arrivée du char. Ce sont ces moments qui inspirèrent Ariane dans son Ode au Gandar quand elle écrivit : “Aux soirs des jours de gloire,je le revis jadis,jeune taureau célèbre descendant de son char,et par la vieille Draille bordée de tamaris,avec ses congénères,s’enfoncer dans le noir ”. Cette présence sur le terrain, loin du bruit, de la foule et des honneurs, me permit de faire la connaisance de ces sympathiques Manadiers Lorsque pour des ferrades ils recevaient des groupes de villages sans culture taurine, la tradition voulait que l’on fasse, sortir une vache emboulée ou deux dans le bouaou. Ils me demandaient alors d’assurer un peu d’animation. Mais vu la qualité et la méchanceté de leurs vaches, ce n’était pas toujours un exercice sans risque. Heureusement qu’à 16 où 17 ans on se lève facilement de devant. Mais cela n’empéchait pas quelques “gognettes” contre les poutres ou quelques bleus des coups d’emboulages dans le fessier. J’étais parfois invité au bistournage. Exercice périlleux avec des énormes ternains ou quatrains entiers. Il fallait être au moins cinq ou six hommes pour les immobiliser. Je leur donnais la main avec prudence mais c’était un plaisir de les voir foncer et déchiqueter le mannequin placé sur leur route, lorsque, castrés et détachés ils pouvaient retourner sur les Prés. Après l’effort, il y avait le déjeuner au Mas et les discussions passionnées avec toute l’équipe de Gardians et de bénévoles. J’assistais parfois aussi à certaines scènes. Une dont j’ais le souvenir est celle ou Frédou très coléreux, cassât le manche de son Trident sur le rebord du char en criant tout les jurons de la terre après son Vieux Père. Ce dernier avait par inadvertance ré ouvert trop tôt la porte du Bouaou et fait repartir la vache réservée pour 11 heures dans la pâture. Le pauvre vieux tout penaud, contrit et tête basse, revenait en tenant son cheval par la bride, en me disant en patois “ éspa d’énfans qu’aï, és d’our” (C’est pas des enfants que j’ais, c’est des ours). Progressivement, je me liais d’amitié avec ces hommes rudes. Amitié dont je n’usais qu’une seule fois en accompagnant la délégation du Club taurin La Sounaïa, pour obtenir ce qui fut un privilège à l’époque, la présence dans les Arènes de Marsillargues de l’extraordinaire vache cocardière Magali. C’est à cette occasion que fut organisé le premier concours de manade de vache dans l’histoire de la Course libre avec les pensionnaires des Manadiers Aubanel et Laurent. (Leuria, et Sabatière entre autre) qui depuis à fait école et qui a débouché de nos jours sur un trophée spécifique au vaches. Les années passaient, et la Super Royale continuait de briller bien que Vauverdois et Caraque vieillisants ait été remplacé par deux espoirs Lèbret et Coulobre. Jusqu'à ce jour maudit du 25 Septembre 1950, ou après un triomphe dans les arênes de Nimes, le garde du passage à niveau de Vauvert ivre, oublia de baisser la barrière. L’autorail, une Micheline, pulvérisa le Char,tuant Gary le Simbel ,brisant les reins du Vanneau,déhanchant Coulobre et arrachant la corne droite du Gandar épargnant miraculeusement les occupants de la cabine . Cet accident brisa toute une vie d’effort et mis fin à cette course mythique bien, que d’autre Manadiers se soient approché de cette perfection. Avant la guerre,il y eu bien sur la Royale d’Aubanel (ex-Marquis) avec les Cinq-Francs, Félibre,Lébraou,Brun puis plus tard Bilhaud,avec les Carétier ,Rousti, Janot, les Frères Raynaud avec les Régisseur,Evèque ,Colonial, ainsi que des taureaux devenu mythique .Tous les cocardiers célèbres, les Clairon,Sanglier,Paré,Napaka,Sarraïé,Cafetier,Cosaque,Ventadour,Vovo,Sangar,Goya,Tigre, Pascalet, Joffre, Samouraî, Rousset etc et bien d’autres qui rehaussaient la qualité des Royales, mais aucun Manadier ne put jamais mettre sur pied ni rivaliser, en spectaculaire, en méchanceté, en émotion et en homogénèité avec celle de Blatière des années d’après Guerre de 1946 à 1950. En 1952, au cours de mon service militaire en Allemagne, je composais huit quatrains sur cet accident qui m’avait marqué, et je le déclamais pour la première fois au repas de la sortie de la Sounaïa chez Nou de la Houpellière. Cette évocation rimée, que certains baptisèrent poème enthousiasma l’auditoire. Ce texte fut reproduit illustré par un dessin de Marcel Salençon, encadré et affiché dans la salle d’honneur du Club au siège du Café de la Poste tranféré plus tard pour des motifs pas très clairs au Café Français. -4-
Bien sur qu’après un tel coup dur, il n’était pas facile de remonter la pente d’une vie de sélection. Les manadiers s’y attelèrent, mais malgré leur courage et leur volonté, ils ne purent jamais retrouver une Super Royale du même niveau. Gandar soigné retrouvera son statut de vedette avec son unique corne, mais dans la Manade, il fut imposssible de retrouver Six taureaux pour rivaliser en qualité, en méchanceté et en homogénéité avec ceux de ces fastes années. Quelques uns émergèrent du lot dans les décennies qui suivirent : Lion ,Vergézois II et III,Docteur,Bizarre(rouge)Santiago,Le Cid,Benjamin,Valespir,Ringo,Minos,Dur, Pernen, Ménélas ,Mourven et bien d’autres encore, chacun avec leurs qualités propres continuèrent de défendre les couleurs Orange et verte de la Manade. Un beau jour de 1985 Aimé Hugon dit Niafron de St Laurent grand ami des Manadiers et homme de la marque ayant entendu parler de cette évocation de l’accident de 1950, me fit demander une copie par l’intermédiaire d’Alain Albuisson ancien razeteur . Sachant que ce texte en vers était destiné à être lu ou déclamé un jour ou l’autre au cours d’une “taouléjado amistadouza“(repas d’amis) en présence de Jacques Blatière, j’y ajoutais cette strophe qui disait ceci. “Les années ont passées avec des hauts des bas, les ardents manadiers ont redressé la tête, leur travail à payé, puisqu’ils sont toujours là, avec leurs Cocardiers qui rehaussent nos fêtes”. Quelques temps après je reçevait une carte de ce dernier qui me remerciait, pour ces quelques rimes et en particuler pour la dernière. Jacques fils d’Arthur aujourd’hui décédé qui avec ses neveux Bessac (enfants de sa sœur) ont repris aujourd’hui en main la Manade et la font perdurer en souvenir de leur Bisaïeul et de leur grand oncle Frédou. Voici l’histoire qui en son temps a fait que je suis devenu un homme dit de la “Marque” Blatière (aujourd’hui Blatière-Bessac) et de sa devise Orange et Verte. Si j’ai souligné en son temps c’est que depuis plusieurs décennies, j’ai complètement coupé les ponts avec les Arènes et je ne me déplace plus pour voir ces courses. Cette déchirure est naît lorsque le microcosme taurin à commencé d’évoluer à mes yeux négativement par la suppression du concept de Course Libre en 1975 avec la création de la Fédération Française de la Course Camarguaise (FFCC). On a certes gardé l’aspect traditionnel du spectacle mais on en a changé l’esprit .Ce qui à eu pour effet d’introduire progressivement dans le milieu la notion du profit et de l’argent dont beaucoup ont voulu profiter.( 142 manades sont recensées en 2008, les clubs taurins se sont multipliés,et il y a pléthore de raseteurs).Pour être reconnu sport national, on à été obliger de pondre une réglementation, contraire à l’esprit de Liberté qui présidait jusqu’alors. Ce que l’on a présenté comme une évolution,à provoquer sur beaucoup d’aspects des effets contraires. La Course Libre à véritablement été saucissonnée et truffée de contraintes pour les Organisateurs,les Manadiers et les Raseteurs,allant même jusqu’aux contrôles anti-dopage. A quand le dépistage des cocardiers ? Pour un jeune, s’habiller en blanc, et aller affronter librement des taureaux comme avant est devenu impossible car interdit. Il faut une licence puis passer par des filières ou souvent népotisme ou copinage sont érigés en critères de sélection pour les classements. Mais les moins bien protéger dans cette évolution ce sont les Manadiers qui sont obligés d’être licenciés et de subir toutes les contraintes s’ils veulent faire courir leur bétail ou simplement faire des abrivados également très encadrées. S’y ajoutent les problèmes sanitaires draconiens aggravés par une réglementation liée à la viande A.O.C du taureau Camargue qui font parfois disparaître des manades entières. Mais ces propos pessimistes, ne signifient pas que je n’aime plus les taureaux et je comprends le choix de ceux qui continuent de les suivre. J’ais trop de respect pour cette tradition ancestrale pour qu’il en soit autrement .Je constate simplement que le “Veau d’Or”*à pris le pas sur l’esprit de la traditionnelle “Course Libre“, qui objectivement ne l’est plus. . FIN * Idole païenne et satanique symbolisant le lucre qui pourrit tout.
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Page 3: Il faut cependant les laisser dégu

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