MARSILLARGUES - Le blog de Jean Daumas dit Lamatte
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Mars et Août 2008<br />
<strong>MARSILLARGUES</strong><br />
Si le Vidourle m‟était conté :<br />
Essai<br />
Par <strong>Jean</strong> <strong>Daumas</strong><br />
“La seule vrai science est la connaissance <strong>de</strong>s faits“<br />
Buffon<br />
Introduction<br />
Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s polémiques sur la digue déversante (déversoir) au Nord <strong>de</strong> la Commune,dont le<br />
projet n‟affole que les non-initiés,j‟ai voulu pas ces mo<strong>de</strong>stes écrits, rappeler non pas toute la<br />
longue histoire du Vidourle <strong>de</strong>puis l‟époque lointaine ou avec le Vistre et le Rhône ils<br />
formaient le vaste <strong>de</strong>lta qui allait façonner notre micro région en nous donnant,ses terres<br />
arables,ses plages,ses Etangs,ses Marais,ses Prés salés et sa végétation palustre ainsi que notre<br />
petite Camargue sur laquelle allait se bâtir notre civilisation, notre culture spécifique,nos<br />
coutumes et nos tra<strong>dit</strong>ions.<br />
Des auteurs ont décrit ses colères d‟équinoxe que nul <strong>de</strong>puis la nuit <strong>de</strong>s temps, n‟a jamais pu<br />
apprivoiser .Ils ont raconté l‟histoire <strong>de</strong> ses Ponts, <strong>de</strong> ses Bacs, <strong>de</strong> ses Gués, <strong>de</strong> ses Moulins.<br />
D‟autres ont chanté sa douceur estivale, la beauté <strong>de</strong> ses frondaisons et décrit les malheurs et<br />
la désolation qu‟il a parfois engendré lors <strong>de</strong> ses débor<strong>de</strong>ments .Ce que j‟ai voulu essayer <strong>de</strong><br />
retransmettre dans ce récit, c‟est l‟intervention <strong>de</strong>s hommes dans ses diverses tentatives au fil<br />
<strong>de</strong>s siècles pour le domestiquer. Voir également si, avec le recul du temps certaines erreurs <strong>de</strong><br />
jugement n‟avaient pas eu <strong>de</strong>s conséquences négatives pour le futur.<br />
Natif <strong>de</strong> Marsillargues, j‟ai passé mon enfance sur ses bordures, à pêcher et à nager et j‟ai pu<br />
assister plusieurs fois <strong>de</strong> visu par très bas étiage en pério<strong>de</strong> d‟équinoxe à la violente arrivée <strong>de</strong><br />
la vague et au spectaculaire déferlement <strong>de</strong>s premières eaux <strong>de</strong> crues.<br />
J‟ai aussi gardé en mémoire les récits épiques <strong>de</strong>s anciens, qui nous contaient l‟époque ou<br />
avant la construction du Pont Boulet en 1927, il fallait protéger le village avec d‟épaisses<br />
planches renforcées par <strong>de</strong>s sacs <strong>de</strong> ciment ou <strong>de</strong>s barriques pleines pour ne pas voir le village<br />
directement inondé lors <strong>de</strong>s grosses crues. C‟était l‟époque, ou les chevaux <strong>de</strong> traits étaient<br />
montés à la gare et ou dans les maisons les biens les plus précieux étaient toujours conservés à<br />
l‟étage. Ils nous racontaient aussi les histoires <strong>de</strong> ces courageux qui traversaient le fleuve en<br />
furie avec <strong>de</strong>s barques légères pour aller ravitailler les Mas inondés du Gard ou pour aller<br />
chercher un impru<strong>de</strong>nt réfugié sur le toit d‟un maset.
Ce mo<strong>de</strong>ste essai est donc écrit en m‟inspirant <strong>de</strong> ces récits, et en puisant dans mon propre<br />
vécu à partir <strong>de</strong>s observations que j‟ais pu faire sur le Vidourle pendant prés <strong>de</strong> 60 ans.<br />
Mais pour la caution historique, j‟ai voulu m‟appuyer sur <strong>de</strong>s ouvrages portant sur ce sujet<br />
pour essayer d‟y trouver une cohérence avec le présent. Sans ces lectures, je n‟aurais jamais<br />
osé écrire ce petit document. Ces auteurs dans leur ordre chronologique sont :<br />
1 / Baron P <strong>de</strong> Calvière (Gendre du Marquis <strong>de</strong> Calvisson)<br />
Mémoires sur le Canal d’arrosage <strong>de</strong>s Marais 1862<br />
2 / Anacréon Delmas Capitaine du Génie<br />
Rapport sur le Canal d’arrosage <strong>de</strong>s Marais 1865<br />
3 / Jules Garnier Historien local<br />
Marsillargues pendant la Révolution 1900<br />
4 / Vergelly Instituteur<br />
Marsillargues et son territoire (essai <strong>de</strong> monographie) 1911<br />
5 / Louis J Thomas Maitre <strong>de</strong> conférence à la Fac <strong>de</strong> Montpellier<br />
Fortification <strong>de</strong> Marsillargues 1932<br />
6 / Ivan Gaussens Historien Sommièrois<br />
<strong>Le</strong> Vidourle et ses Vidourla<strong>de</strong>s 1937<br />
7 / Paul Pastre Historien local<br />
Chroniques villageoises 1984<br />
8 / Marthe Moreau Historienne<br />
<strong>Le</strong> Vidourle, ses Moulins et ses Ponts 1992<br />
9 / Max <strong>Daumas</strong> Docteur es lettres Historien<br />
Marsillargues à la fin <strong>de</strong> l’ancien régime 1994<br />
<strong>Le</strong>s Sans-Culottes <strong>de</strong> Marsillargues 1999<br />
Je suis <strong>de</strong> ceux qui pensent que notre village côtier doit tout au Vidourle. Il est à la fois,<br />
son esprit, son âme et sa culture. Sans son fleuve Marsillargues ne serait pas lui-même.<br />
Peut-on EMPECHER LES INONDATIONS DU VIDOURLE ?<br />
Ce qu‟il faut accepter comme une incontournable réalité par rapport au problème <strong>de</strong>s grosses<br />
crues du Vidourle, c‟est qu‟il ne pourra jamais y avoir <strong>de</strong> solutions locales ou partielles pour<br />
essayer d‟en atténuer les effets. Mis à part le volume absorbé par les terrains, toute les eaux <strong>de</strong><br />
pluie <strong>de</strong>s 1.335 Km/2 carrés drainées par les 95,3 km du Vidourle et ses affluents doivent<br />
obligatoirement passer entre ses digues pour aller se déverser dans la Mer ! Lorsque nos<br />
anciens entre le 11 ème et le 13 ème Siècle, ont décidés progressivement <strong>de</strong> domestiquer le torrent<br />
(car <strong>Le</strong> Vidourle était bien un torrent !) en endiguant sa partie basse pour le transformer en fleuve<br />
côtier et en instrument économique (Moulins et Barrages), ils ont en façonnant le finage du<br />
territoire pour l‟enrichir et le mettre en culture, fait surgir un danger potentiel pour les<br />
populations du Bassin versant aval et ceux qui viendraient s‟y implanter pour y vivre dans les<br />
temps futurs.<br />
C’est la constante historique du Vidourle.<br />
Entre le 15 ème et le 21 ème siècles les historiens qui se sont penchés sur ses inondations<br />
acci<strong>de</strong>ntelles en ont recensés plus d‟une centaines .<strong>Le</strong>s plus terribles rapportées ont été celles<br />
<strong>de</strong> :1575-1684-1689-1723-1744-1812-1858-1907-1932-1933-1958 et 2002 ( <strong>Le</strong> record !)<br />
Mais nos Anciens, malgré leur sagesse, leurs dons d‟observation et les quelques tentatives<br />
décrites à la fin <strong>de</strong> cet essai n‟ont jamais réussi, à résoudre ce problème <strong>de</strong> façon radicale et<br />
définitive.<br />
Certes, ceux qui s‟implantaient dans la plaine <strong>de</strong> son bassin versant, tenaient compte <strong>de</strong> ce<br />
risque. <strong>Le</strong>s installations agricoles (Mas, Métairies ou Bergeries) étaient construites sur les<br />
point réputés les plus hauts (ou les moins bas !), mais cela n‟a jamais suffit pour se protéger<br />
totalement <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> ruptures <strong>de</strong> digues et <strong>de</strong>s débor<strong>de</strong>ments.<br />
1
Il faut reconnaître cependant qu’historiquement, ce sont les populations du Gard qui<br />
ont été plus souvent inondées et sinistrées par rapport à celles <strong>de</strong> l’Hérault.<br />
Ce qui explique qu‟après la crue <strong>de</strong> 1958, quand fut décidé la construction <strong>de</strong> trois grands<br />
barrages pour l‟écrêtements <strong>de</strong>s crues à son amont afin d‟essayer d‟en atténuer la violence,<br />
c‟est le Département du Gard seul, qui avec l‟ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l‟Etat assumèrent le financement.<br />
Désintérêt, laxisme ? Sûrement les <strong>de</strong>ux à la fois !<br />
Depuis le 13 ème Siècle les propriétaires <strong>de</strong>s digues (Communes ou Particuliers) sont<br />
responsables <strong>de</strong> leur sécurisation et <strong>de</strong> leur entretien. La Loi du 16 Septembre 1807, a<br />
pérennisée ces obligations légales qui font toujours force <strong>de</strong> Loi. Malheureusement au fil <strong>de</strong>s<br />
décennies, on a pu constater un désintérêt rarement démenti. Mis à part les réparations<br />
obligatoires lors <strong>de</strong> ruptures acci<strong>de</strong>ntelles, et quelques initiatives (renforcement ou cimentage) au<br />
niveau <strong>de</strong> certaines agglomérations, aucun suivi général n‟a été fait pour l‟entretien, la<br />
prévention et la sécurité. Pendant trés longtemps, on y a laissé faire n‟importe quoi.<br />
Sur Marsillargues, les ordures ménagères étaient déposées à Langlon, <strong>de</strong>s encombrants étaient<br />
jetées et entassées contre les piles du Pont Boulet, <strong>de</strong>s carcasses <strong>de</strong> voitures étaient<br />
abandonnées à la Capélane et aprés Langlon. <strong>Le</strong>s charrettes circulaient sur ses crêtes, et les<br />
tireurs <strong>de</strong> sable ne respectaient pas l‟interdiction <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong> 10 mètres pour le dragage.<br />
Dans les années 1960 certains ont même tiré le sable directement du bord. <strong>Le</strong>s grands arbres<br />
poussaient au ras <strong>de</strong> l‟eau sans jamais être élagués et les gros ronciers étaient abandonnés aux<br />
renards, blaireaux et lapins qui ne se privaient pas d‟y creuser <strong>de</strong>s terriers qui souvent<br />
traversaient la digue <strong>de</strong> part en part. (C‟est un terrier <strong>de</strong> lapin <strong>de</strong> ce type agran<strong>dit</strong> par <strong>de</strong>s grattages <strong>de</strong><br />
chiens qui a miné la digue et l‟a fait cé<strong>de</strong>r en 2002, alors qu‟il manquait presque un mètre avant la sur verse.)<br />
S‟y est ajouté le laxisme <strong>de</strong>s autorités face à certains comportements humains. Pendant <strong>de</strong>s<br />
années, prés du Mas <strong>de</strong> Bornier vers le vieux moulin <strong>de</strong>s engins <strong>de</strong> cross (Motos et même<br />
4x4), ont pu évolué en toute liberté et impunité sur les digues dont l‟érosion et la dégradation<br />
étaient visibles à l‟œil nu sans que nul ne réagisse. Dans la nuit du 20 au 21 Octobre 1994<br />
alors que la crue n‟était pas à son pic maximum, cette digue fragilisée en crète par les<br />
perpétuels et incessants vas et viens, céda à cet endroit précis inondant toute la plaine<br />
Gardoise et causant d‟énormes dégâts. Aujourd‟hui encore, sous prétexte <strong>de</strong> laisser la<br />
jeunesse s‟amuser, la pratique du moto cross auquel se sont ajouté les Quads <strong>de</strong>venus à la<br />
mo<strong>de</strong> est toujours tolérée. Cette pratique dégra<strong>de</strong> les digues réfaites à neuf à grands frais<br />
payés par la Collectivité et empoisonne la vie <strong>de</strong>s promeneurs venant y chercher un peu <strong>de</strong><br />
calme et <strong>de</strong> détente.<br />
A PROPOS DE L’ENDIGUEMENT :<br />
SERVITUDE OU GESTION ? Balayons <strong>de</strong>s idées reçues !<br />
Sur le bulletin Municipal <strong>de</strong> Mars 2005, l’ancien Maire P.Ulles, à affirmer que le projet <strong>de</strong><br />
création du déversoir à Marsillargues dérogeait à un droit séculier plusieurs fois centenaire,<br />
selon lequel la servitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’eau du Vidourle appartenait aux Communes Gardoises, parce<br />
que les berges côté Gard étaient moins hautes que côté Hérault .Il concluait son propos en<br />
estimant qu’il était normal que ce soient les sols gardois qui reçoivent les eaux <strong>de</strong> crues s’il y<br />
avait <strong>de</strong>s débor<strong>de</strong>ments car <strong>de</strong> surcroît elles avaient fait leur richesse (sic).<br />
Cette affirmation chauvine hautement fantaisiste est éminemment mensongère. Il n‟y jamais<br />
a eu <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong> obligatoire <strong>de</strong> ce genre dévolue aux Communes du Gard dans le passé.<br />
2
Ce n‟est que la gestion administrative et réglementaire <strong>de</strong> l’eau qui a été confiée à la<br />
DDAF du Gard (Direction Départementale <strong>de</strong> l‟Agriculture et <strong>de</strong> la Forêt)<br />
La plus gran<strong>de</strong> partie du Vidourle n‟est située dans le Gard que <strong>de</strong>puis 1790, quand furent<br />
créés les départements, c‟est-à-dire plus <strong>de</strong> 5 Siècles après l‟endiguement.<br />
Depuis cette date, entre le Moulin <strong>de</strong> Boisseron et les Portes du Vidourle la limite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
départements se situe au milieu du fleuve. L‟entretien et la sécurisation <strong>de</strong>s digues relèvent<br />
donc toujours légalement <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> ses propriétaires Public ou Privés qu‟ils<br />
soient gardois ou héraultais malgré leur adhésion au Plan Vidourle du SIAV.<br />
HAUTEUR DES DIGUES ?<br />
Comme déjà <strong>dit</strong>, notre ancien Maire a écrit à plusieurs reprises que les digues <strong>de</strong>vaient être<br />
plus basses côté Gard. Véhiculée par la vox populi, cette affirmation n‟a jamais été étayée par<br />
une preuve officielle. Cette rumeur s‟appuyait sur <strong>de</strong>s “on a toujours entendu dire“ mais<br />
certains l‟ont quand même écrit dans la presse à plusieurs reprises. D‟autres ont fait effectuer<br />
<strong>de</strong>s mesures au laser, mis à contribution <strong>de</strong>s géomètres, saisis <strong>de</strong>s avocats etc.… bref ! On a<br />
finit par instiller dans l‟opinion que c‟était une réalité. Bien qu‟ayant cherché longtemps une<br />
trace écrite pour avoir une preuve <strong>de</strong> cette rumeur, j‟ai faillit mordre à cet hameçon.<br />
Or, en relisant l‟excellent livre sur les Vidourla<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l‟historien et éru<strong>dit</strong> Sommièrois Yvan<br />
Gaussens parut en 1937 et réé<strong>dit</strong>é en 2005, j‟ai pu y lire à la page 105 que suite à un rapport<br />
<strong>de</strong> l’ingénieur Pitot, les Etats du Languedoc avaient décidé le 9 Décembre 1756 <strong>de</strong><br />
rendre les chaussées plus soli<strong>de</strong>s en leur donnant la même assise et la même hauteur sur<br />
toute sa longueur pour un coût final <strong>de</strong> 80.000 livres. (Sic)<br />
Quand on sait que dans ce domaine ces arrêts <strong>de</strong>s Etats du Languedoc font toujours<br />
jurispru<strong>de</strong>nce, la précision <strong>de</strong> cet historien ballait toutes ces fausses allégations.<br />
Contrairement aux idées reçues et répandues, les digues du Vidourle<br />
doivent être <strong>de</strong> la même hauteur <strong>de</strong> chaque côté.<br />
Mais je soulignerais également,qu‟en cas <strong>de</strong> réparation suite à une rupture,la Loi stipule que<br />
la digue doit être reconstruite à l‟i<strong>de</strong>ntique quand à sa hauteur ! Ce qui a été souvent<br />
oublié dans le passé aussi bien coté Gard que coté Hérault.<br />
L’URBANISATION et ses CONSEQUENCES<br />
Nonobstant l‟impact acci<strong>de</strong>ntel <strong>de</strong>s inondations <strong>de</strong> Septembre 2002, on peut se rendre compte<br />
<strong>de</strong>s mauvais choix fait par les déci<strong>de</strong>urs successifs <strong>de</strong> Marsillargues dans le domaine <strong>de</strong><br />
l‟urbanisation et <strong>de</strong> l‟aménagement du territoire <strong>de</strong> la Commune par rapport aux écoulements<br />
<strong>de</strong>s eaux en général. Ce sont sur les zones les plus basses qu‟ils ont choisi <strong>de</strong> laisser se<br />
développer l‟urbanisme sans prendre les mesures adéquates pour mettre les écoulements<br />
pluviaux en adéquation avec cette extension urbaine.<br />
<strong>Le</strong>s conséquences <strong>de</strong> ce manque <strong>de</strong> précaution ont été confirmées lors <strong>de</strong>s pluies diluviennes<br />
du 9 Décembre 2003 ou sans aucune brèche aux digues du Vidourle, l‟Ouest du village a été<br />
encore sérieusement inondé.<br />
Ces erreurs d‟appréciation <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs ont été faites sous la pression <strong>de</strong> propriétaires<br />
fonciers <strong>de</strong> la proche périphérie. Permettant à ces <strong>de</strong>rniers, face à la crise viticole et aux<br />
arrachages, d‟engranger <strong>de</strong> grosses plus values sur <strong>de</strong>s terrains agricoles <strong>de</strong>venus<br />
constructibles. Comme nul à défaut d‟y mettre un terme n‟a jamais essayé d‟y mettre un frein,<br />
dans peu <strong>de</strong> temps, à ce train, notre agglomération comptera bientôt plus <strong>de</strong> 7.000 habitants<br />
sans que soit réglé le problème du logement face au développement <strong>de</strong> l‟important flux<br />
migratoire Nord-Sud.<br />
3
Ces déci<strong>de</strong>urs, ont peut être aussi pensé, comme toutes les municipalités <strong>de</strong>s alentours, et du<br />
Sud <strong>de</strong> la France, qu‟ils étaient dans le vent du mo<strong>de</strong>rnisme et du progrés en urbanisant à<br />
outrance, espérant que les retombées fiscales seraient au ren<strong>de</strong>z-vous.<br />
Mais avec le temps on peut constater que cette manne financière espérée, n‟a jamais<br />
compensé le coût <strong>de</strong>s investissements en équipements (sportifs, scolaires, culturels etc.), pas<br />
plus d‟ailleurs que les frais <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong> personnel. La bonne affaire a été pour les<br />
cabinets <strong>de</strong> Notaires qui ont fructifiés et les Agences immobilières qui se sont multipliées.<br />
Ils ont provoqué la flambée <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l‟immobilier, et n‟ont pas réfléchis aux répercutions<br />
sociologiques d‟une démographie galopante qui a débouché sur l‟aggravation du civisme (voir<br />
la propreté du village) et le développement <strong>de</strong> la petite délinquance qui entraîne une certaine<br />
insécurité et provoque l‟ire <strong>de</strong>s habitants.<br />
Mais ce constat négatif n’est pas l’apanage <strong>de</strong> Marsillargues. On peut l’étendre à toutes<br />
les agglomérations <strong>de</strong> notre région Vidourlenque, Gard et Hérault.<br />
Certes, quand on remonte l’histoire on doit reconnaître que les déci<strong>de</strong>urs mo<strong>de</strong>rnes<br />
n’ont rien inventés,et que leurs motivations “urbanophiles“ relèvent d’une philosophie<br />
universelle jamais démentie dans le temps, a savoir, recherche du profit financier.<br />
Avec l‟avènement <strong>de</strong>s promoteurs, est apparu la spéculation foncière et son lot <strong>de</strong> pots <strong>de</strong> vin<br />
plus ou moins occultes en numéraire ou en nature. S‟y sont ajoutés <strong>de</strong>s considérations<br />
électorales liées à <strong>de</strong>s petits avantages personnels ou familiaux s‟apparentant parfois à du<br />
népotisme. Que ce soit sous la Féodalité, la Monarchie, l‟Empire, la Restauration et la<br />
République ce concept n‟a jamais changé. Il est toujours le même. Bien sur, avec le temps il<br />
n‟a pas eu que <strong>de</strong>s répercutions négatives, car la mo<strong>de</strong>rnité et ce que l‟on appelle le progrès<br />
s‟en sont nourris ou accommodés au fil <strong>de</strong>s années.<br />
Mais ils ont été très souvent <strong>de</strong>s écrans qui ont masqué la prise en compte <strong>de</strong>s problèmes<br />
réels <strong>de</strong> sécurité ou <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s populations.<br />
Dans notre Région il y a les risques d‟inondations du Vidourle, du Vistre et du Rhône. Pour le<br />
Nucléaire il y a eu le désastre <strong>de</strong> Thernobyl, les personnes irradiées au cours <strong>de</strong>s essais<br />
nucléaires, et les sols dangereusement radioactifs sur les sites <strong>de</strong> retraitement <strong>de</strong> la Cogema.<br />
Pour la Chimie, il y a eu Bhopal, Seveso, Toulouse et leurs nombreuses victimes.<br />
Il y a la pollution <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> nappe par les nitrates et les pestici<strong>de</strong>s, et les émanations <strong>de</strong> CO2<br />
qui polluent l‟air en participant au réchauffement du climat <strong>de</strong> la Planète.Il y a également <strong>de</strong>s<br />
problèmes avec l‟Amiante et les insidieux O.G.M dont on ignore les effets sur le long terme.<br />
Auxquels sont venus s‟ajouter il y a peu les PCV (Pyralène) dans le Rhône , les fuites radio<br />
actives à répétition <strong>de</strong> Tricastin <strong>de</strong> l‟été 2008 et les nuisances <strong>de</strong>s antennes relais <strong>de</strong> la<br />
téléphonie portable ainsi que <strong>de</strong>s lignes à haute tension.<br />
Bref ! Face aux intérêts financiers, le principe <strong>de</strong> précaution passe toujours au second<br />
plan ou est laissé aux oubliettes. <strong>Le</strong>s risques sont occultés et masqués au public non<br />
averti. Aujourd’hui, pour faire face aux désastres les autorités ouvre leur parapluie et<br />
vont parfois trop loin dans les Plans <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Inondations à seule fin <strong>de</strong> se<br />
couvrir. Ces décisions bureaucratiques sans concertation entraînent souvent <strong>de</strong>s<br />
réactions négatives <strong>de</strong>s populations qui ont été bernées voire trompées. S’il faut certes se<br />
montrer ferme pour l’avenir, le mal déjà fait doit être réparer en douceur.<br />
Mais revenons à notre Vidourle…..<br />
Depuis la nuit <strong>de</strong>s temps, il y a sur la planète une opposition <strong>de</strong>s forces naturelles entre les<br />
fleuves et la Mer. <strong>Le</strong>s sols <strong>de</strong> notre territoire en bordure du Vidourle doivent sa richesse aux<br />
alluvions déposées par le torrent au fil <strong>de</strong>s siècles. Mais plus au Sud, cette géomorphologie a<br />
formé <strong>de</strong>s sols d‟origines différentes. Fluviale pour les Prés et les Marais et Maritime pour les<br />
Lagunes et les Etangs.<br />
4
Avec le temps l‟intervention <strong>de</strong> l‟homme a profondément bouleversé la nature <strong>de</strong> ces terrains<br />
en ne regardant que le rapport et le profit sans réfléchir aux conséquences écologiques futures.<br />
Il n‟est donc pas étonnant que parfois, la nature reprenne le <strong>de</strong>ssus. L‟adage ne <strong>dit</strong>-il pas que<br />
lorsque l‟on chasse le naturel il peut revenir au galop !<br />
REGARD SUR LES INFRASTRUCTURES.<br />
Dans les temps reculés, l‟économie et le marché n‟étaient pas encore capitalistes, et encore<br />
moins mondialisés. Mais le négoce et le commerce entre les diverses provinces ou régions<br />
allaient bon train. <strong>Le</strong> transport hippomobile étant géographiquement limité, il fallait pour faire<br />
circuler les marchandises et les produits du terroir, inventer et créer <strong>de</strong>s moyens nouveaux<br />
pour les acheminer bien avant l‟avènement du rail et plus tard <strong>de</strong> la route et <strong>de</strong> l‟avion.<br />
Examinons en détail leurs impacts par rapport au Vidourle.<br />
Mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la navigation fluviale :<br />
Depuis l‟époque romaine on se servait <strong>de</strong> certaines voies d‟eau naturelles (fleuves ou rivières)<br />
pour transporter les marchandises. Mais ce sont les creusements <strong>de</strong>s Canaux <strong>de</strong> Navigation<br />
avec leurs chemins <strong>de</strong> halage et leurs digues en levées, qui ont au fil <strong>de</strong>s ans, bouleversé les<br />
écoulements séculaires <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> crue <strong>de</strong> notre Vidourle et du Vistre. A l‟origine elles se<br />
mélangeaient avec celles du petit Rhône et une gran<strong>de</strong> partie se déversait dans ce qui allait<br />
<strong>de</strong>venir le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> Camargue .Mais après l‟endiguement <strong>de</strong> celui-ci vers 1859 ces eaux <strong>de</strong>s<br />
crues pouvaient s‟épandre encore directement dans <strong>de</strong> vastes zones humi<strong>de</strong>s qui bordaient à<br />
l‟Est l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or et à l‟Ouest dans celles <strong>de</strong> La Souteyrane.<br />
Ces Canaux, malgré quelques vannes implantées ici ou là dans les chaussées, furent<br />
objectivement <strong>de</strong>s obstacles jusqu'à l‟exutoire naturel <strong>de</strong> toutes ces eaux, à savoir la Mer.<br />
CANAL DE LA RADELLE (Aujourd’hui du Rhône à Sète)<br />
Lorsqu‟en 1244 Louis IX (Saint Louis) créa le Port d‟Aigues-Mortes il le fit entourer <strong>de</strong><br />
remparts en 1272. Pour gagner du temps et éviter le piratage qui sévissait sur le littoral<br />
maritime, il fit creuser le Canal <strong>de</strong> la Ra<strong>de</strong>lle pour que les chalands puissent rejoindre Lattes<br />
Port <strong>de</strong> Montpellier et important centre commercial régional à cette époque. (Ce canal entre les<br />
Portes et la Pointe <strong>de</strong> la Ra<strong>de</strong>lle, <strong>de</strong>viendra plus tard la frontière entre le Gard et l‟Hérault et la limite du<br />
territoire <strong>de</strong> Marsillargues ). A partir d‟un relais <strong>dit</strong> du Pavillon situé vers le Pont routier, les<br />
mariniers y laissaient leurs chevaux et traversaient l‟Etang à la voile ou à la perche. (Avant que<br />
l‟on rase ce relais, les écuries étaient encore visibles au rez-<strong>de</strong>-chaussée !) <strong>Le</strong> canal navigable suivait<br />
l‟actuel lévadon qui a gardé le nom <strong>de</strong> Ra<strong>de</strong>lle et débouchait dans l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or à la pointe<br />
du même nom. <strong>Le</strong>s buttes <strong>de</strong> ses chaussées furent bien le premier obstacle au petit <strong>de</strong>lta<br />
originel du Vidourle qui à son extrême aval s‟écoulait vers l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or, et ce jusqu‟en<br />
1825, date du prolongement du Canal <strong>de</strong> Lunel. (Voir plus loin).<br />
Quand à la partie qui va du Pont routier au Canal du Midi à Sète (via le Roc,Carnon et<br />
Palavas) elle fut creusée en <strong>de</strong>ux temps entre 1686 et 1766. On l‟appela un temps Canal <strong>de</strong>s<br />
Etangs jusqu‟a la décision <strong>de</strong> relier le Rhône au Canal du Midi (1666-1681) <strong>de</strong> Paul Riquet.<br />
Par ce fait les chalands venant d‟Aigues –Mortes ne traversèrent plus l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or via la<br />
Ra<strong>de</strong>lle. Exit également les Graus du Grand et Petit Travers.<br />
5
Ce n‟est qu‟après ce raccor<strong>de</strong>ment et le creusement entre Aigues Mortes et Beaucaire, que ce<br />
Canal <strong>de</strong> la Ra<strong>de</strong>lle sera définitivement désigné sous le nom <strong>de</strong> Canal du Rhône à Sète. Mais<br />
pour les eaux <strong>de</strong> crue du Vidourle qui transitaient par l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or, ces travaux feront<br />
objectivement obstacle au libre écoulement vers la Mer comme nous le verrons plus loin.<br />
CANAL DE LUNEL<br />
(Créé en plusieurs étapes)<br />
Situé au point le plus bas <strong>de</strong> la plaine <strong>de</strong> toute la région, il est l‟unique et ultime exutoire <strong>de</strong><br />
ses eaux pluviales (ou éventuellement d‟inondations). Il reçoit et doit drainer vers la Mer via<br />
l‟Or et le Canal du Rhône à Sète : <strong>Le</strong>s 2 Dardaillons,(Sols <strong>de</strong> Lunel-Viel, St Just et St Nazaire),les<br />
ruisseaux du Gazon,<strong>de</strong> la Laune, du Vuidier,( sols <strong>de</strong> Lunel et du Nord <strong>de</strong> Marsillargues), la<br />
Capouillère (Sols du reste <strong>de</strong> Marsillargues) et l‟arrivée d‟eau douce <strong>de</strong> l‟ancien Vidourle.<br />
1 er Etape :<br />
Ce Canal, a vu le jour au 17 ème Siècle. Sa première fraction a été construite sur l‟emplacement<br />
d‟un fossé creusé en 1298 et baptisé à l‟origine “La Roubine” dans lequel la légen<strong>de</strong> <strong>dit</strong> que<br />
les Lunellois essayaient <strong>de</strong> pêcher la lune avec un panier.<br />
Il s‟éten<strong>dit</strong> d‟abord <strong>de</strong> la Canalette <strong>de</strong> la Pyrami<strong>de</strong> (ou du Languedoc) au Mas Des Ports puis<br />
jusqu‟au lieu <strong>dit</strong> “<strong>Le</strong> Port <strong>de</strong> l‟escalier” (vers l‟emplacement <strong>de</strong> l‟actuelle Caserne <strong>de</strong>s Pompiers).<br />
En 1718, sous Louis XV,ce Canal d‟état fut cédé à une Compagnie privée en échange du<br />
financement <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> creusement et <strong>de</strong> terrassement pour le prolonger jusqu‟aux portes<br />
<strong>de</strong> la ville. C‟est à partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s travaux en 1728, que Lunel <strong>de</strong>vint définitivement un<br />
Port à part entière et que s‟ouvrit pour la Ville une ère <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong> notoriété.<br />
<strong>Le</strong>s “chalands” qui n‟avaient rien à voir avec les péniches d‟aujourd‟hui, (voir les photos<br />
d‟époque !) pour rallier Lattes Port commercial <strong>de</strong> Montpellier <strong>de</strong>vaient traverser l‟Etang <strong>de</strong><br />
l‟Or.<br />
On peut voir encore, au milieu <strong>de</strong>s roseaux sur une pointe en bordure entre le golfe <strong>de</strong> la<br />
Verne et la Baie du Clos, (Cul du Béranges) une pierre en forme <strong>de</strong> Pyrami<strong>de</strong> qui était<br />
certainement un repaire, sorte d‟amer, matérialisant l‟entrée du Chenal pour gui<strong>de</strong>r les<br />
mariniers, car il faut le souligner, il n‟y avait pas <strong>de</strong> digues à cet endroit.<br />
2 ème Etape :<br />
En 1825, pendant la <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> la Restauration sous Charles X, un Décret Royal<br />
décida <strong>de</strong> relier ce Canal privé avec celui du Rhône à Sète (ex Ra<strong>de</strong>lle) entraînant la<br />
construction obligatoire du Pont <strong>de</strong>s Rajols (et non du Lièvre) car plus <strong>de</strong> 65 hectares <strong>de</strong> Marais<br />
<strong>de</strong> la bordure <strong>de</strong> l‟Etang étaient entretenus et exploités à cette époque par <strong>de</strong>ux propriétaires,<br />
le Baron <strong>de</strong> Calvières et la Commune <strong>de</strong> Marsillargues.<br />
Ce projet fut vivement critiqué et même combattu par les responsables locaux (communaux et<br />
privés) car malgré la présence <strong>de</strong> quatre pertuis <strong>de</strong> 9 mètres, (Appelés longtemps <strong>de</strong>s Escrachadous)<br />
permettant le passage <strong>de</strong> l‟eau jusqu‟aux marais, ils estimaient que pour écouler plus <strong>de</strong> 1300<br />
hectares <strong>de</strong>s terres basses et marécageuses non asséchées à cette époque, ce serait insuffisant.<br />
Mais à l‟aune d‟une revanche monarchique sur la révolution <strong>de</strong> 1789, que pouvaient les<br />
protestations <strong>de</strong>s représentants d‟une communauté <strong>de</strong> base contre les décisions d‟un pouvoir<br />
royal qui les avait désignés car ils n‟étaient pas élus à cette époque !<br />
Cette partie d‟environ 2 Kms 450 fut donc créée avec ses digues et ses 4 pertuis et <strong>de</strong>vint une<br />
propriété publique <strong>de</strong> l‟Etat. Mariniers et chalands venant <strong>de</strong> Lunel cessèrent <strong>de</strong> traverser<br />
l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or et plus aucun bateau marchand ne navigua sur cet Etang dans le futur.<br />
6
Un Siècle plus tard, le Canal sera vendu en <strong>de</strong>ux temps :<br />
1/ <strong>Le</strong> 17 Novembre 1926, les 9 kms avec ses francs bords (soit 35 mètres <strong>de</strong> largeur au total)<br />
propriété <strong>de</strong> la Compagnie privée sera achetée par la Commune <strong>de</strong> Lunel.<br />
La partie <strong>de</strong> la rive gauche ( coté halage) située à partir du Mas Desports <strong>de</strong>viendra une<br />
propriété privée <strong>de</strong> Lunel sur le territoire <strong>de</strong> la Commune <strong>de</strong> Marsillargues ainsi que la partie<br />
<strong>de</strong> la rive droite située sur les territoires <strong>de</strong> St Just ,St Nazaire et Lansargues . Lunel pourra y<br />
délivrer <strong>de</strong>s autorisations d‟implantation <strong>de</strong> Cabane.<br />
Sera inclus dans cette vente l‟assiette navigable du Canal jusqu'à l‟Etang. Mais les bordures<br />
resterons les propriétés <strong>de</strong> Marsillargues(côté gauche) et <strong>de</strong> Lansargues(côté droit) .Cette<br />
partie du Canal, sera déclassée en 1937. <strong>Le</strong> port dont il reste le bâti et environ 1 km seront<br />
comblés en 1941 puis beaucoup plus tard, urbanisés. (Parking et immobilier)<br />
2 / L‟autre partie du Canal ,environ 2 Kms 450 restée propriété <strong>de</strong> l‟Etat, sera déclassée <strong>de</strong>s<br />
voies navigables en 1942 .Mise en vente avec ses francs bords par les domaines en 1954, elle<br />
sera acheté le 29 Mars 1955 après enquête publique par la Commune <strong>de</strong> Marsillargues .<br />
C‟est sur ces bordures que seront plus tard implantées les Cabanes actuelles.<br />
CANAL D’AIGUES-MORTES A BEAUCAIRE & DETOURNEMENT DU VISTRE<br />
Pour finir <strong>de</strong> relier Sète au Rhône le creusement <strong>de</strong> cette partie du Canal fut réalisé vers 1777<br />
au 18 ème Siècle. Il entraîna la décision du détournement du Vistre.<br />
<strong>Le</strong> 17 Novembre 1999, par Décret, pour éviter aux péniches <strong>de</strong> gros tonnage, le délicat<br />
franchissement du goulot d‟Aigues-Mortes (rentabilité oblige !) on creusa une gran<strong>de</strong><br />
déviation entre l‟amont du Pont <strong>de</strong> Soulier et le Bois <strong>de</strong> Corbière .<strong>Le</strong>s chaussée protégeront<br />
cette agglomération <strong>de</strong>s eaux du Vidourle mais aggraveront <strong>de</strong> fait la situation <strong>de</strong>s territoires<br />
<strong>de</strong> St Laurent, Aimargues et <strong>Le</strong> Cailar ou le SIAV à dû installer <strong>de</strong>rnièrement une station <strong>de</strong><br />
pompage en bordure du Vistre Canal dans le cadre d‟un ressuyage rendu obligatoire.<br />
Un peu d‟histoire : Il faut rappeler qu‟au milieu du 18 ème Siècle, le Vistre n‟avait pas sa<br />
configuration actuelle. A partir du Cailar, il longeait la Basse Clapière en <strong>de</strong>ssous du Mas <strong>de</strong><br />
Bourry, passait à proximité <strong>de</strong> la Tour d‟Anglas, et faisait un crochet vers les grands Marais<br />
<strong>de</strong> la Souteyrane.<br />
Il pouvait, en cas <strong>de</strong> crue, déverser une partie <strong>de</strong> ses eaux dans ces immenses Marais pas<br />
encore assséchés qui s‟étendaient jusqu‟au Petit Rhône.<br />
Il revenait, vers l‟Ouest en passant sous la Route du sel vers la Tour Carbonnière (1272-1284)<br />
pour venir confluer avec le canal <strong>de</strong> la Ra<strong>de</strong>lle (futur Canal du Rhône à Sète) vers le Mas du Grand<br />
Corbière sur la Commune d‟Aigues-Mortes.<br />
C‟est pour protéger <strong>de</strong>s crues ce nouveau Canal <strong>de</strong> navigation, (aligné <strong>de</strong>puis Gallician sur la<br />
perspective <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Constance), que l‟on décida <strong>de</strong> changer le cours du Vistre.<br />
A partir du lieu <strong>dit</strong> Prés Quarante au Sud du Cailar, on creusa un autre lit, “ le Vistre Canal”,<br />
pratiquement en ligne droite jusqu‟au confluent <strong>de</strong> son ancêtre. A cause <strong>de</strong>s chaussées <strong>de</strong> ce<br />
Canal <strong>dit</strong> <strong>de</strong> Beaucaire, le Vistre originel se trouva bel et bien coupé <strong>de</strong>s grands Marais qui ne<br />
purent plus lui servir d‟exutoire.<br />
D‟aménagements en assèchements, cet ancien lit <strong>de</strong>vint le “Vistre vieux” et disparut<br />
progressivement en tant que cours d‟eau, ne jouant aujourd‟hui pratiquement plus aucun rôle<br />
dans l‟écoulement <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> crues.<br />
7
Espérons que la conjugaison <strong>de</strong>s travaux effectués par le Syndicat Mixte du Bassin versant du<br />
Vistre créé en 1998 pour lutter contre les crues et réduire sa pollution apportera <strong>de</strong>s<br />
améliorations pour St Laurent, Aimargues et le Cailar qui sont toujours les plus exposés à la<br />
fois par le Vistre le Rhôny, et le Vidourle en cas <strong>de</strong> crues simultanées.<br />
En 1792, l‟éminent savant agronome Louis Mourgues constatait dans un mémoire que les désastres étaient moins<br />
fréquents avant le creusement <strong>de</strong>s Canaux <strong>de</strong> navigation quand les eaux pouvaient se déverser dans les marais<br />
CANAL DU BAS BAS- RHONE- LANGUEDOC (B.R.L.)<br />
A ces Canaux <strong>de</strong> navigation, est venu s‟ajouter dans les années 1960, le pharaonique ouvrage<br />
hydraulique pour irriguer la région sous l‟impulsion <strong>de</strong> Philippe Lamour. (Nom donné a ce<br />
Canal).Coupant la plaine d‟Est en Ouest, <strong>de</strong>puis le Rhône juqu‟aux environs <strong>de</strong> Lattes, ses<br />
digues sont à certains endroits <strong>de</strong>s obstacles sévères pour le passage <strong>de</strong>s eaux d‟écoulements.<br />
Qui ne se souviens <strong>de</strong> ces images en 1988,lors du phénomène atmosphérique exceptionel<br />
entrainant la catastrophe <strong>de</strong> Nimes,du sauvetage en direct d‟une personne prisonnière <strong>de</strong>s<br />
eaux dans sa voiture entre la Nationale 113 ,pourtant surélevée et la digue <strong>de</strong> ce Canal au<br />
niveau du Rhôny vers Codognan ! Malgré le siphon <strong>de</strong> La Cubelle (qui doit être doublé),et le<br />
déversoir <strong>de</strong> Pitot à Gallargues ce Canal représente quand même un risque sérieux pour toute<br />
une plaine se situant au Nord entre Codognan et Gallargues et englobant <strong>de</strong>s portions <strong>de</strong><br />
territoires d‟Aigues-Vives,Mus et Vergèze. Il faut en être conscient.<br />
LES CHEMINS DE FER<br />
A la fin du 19 ème Siècle vint le temps <strong>de</strong>s Chemins <strong>de</strong> fer qui rapi<strong>de</strong>ment se posèrent en<br />
concurrents directs <strong>de</strong> la navigation fluviale. L‟on vit cette <strong>de</strong>rnière amorcer un net recul dans<br />
ses activités commerciales. C‟est une société privée le P.L.M (Paris Lyon Mé<strong>dit</strong>erranée), qui<br />
après <strong>de</strong> nombreuses enquètes publiques suivit <strong>de</strong> procés et d‟expropriations, implanta les<br />
lignes Lunel-Arles en 1868 et celle <strong>de</strong> Nimes-<strong>Le</strong> Grau- du- Roi en 1879. Ces <strong>de</strong>ux lignes <strong>dit</strong>es<br />
au départ d‟intérêts locaux furent conçues par l‟ingénieur Talabot. Pour la première il fallut<br />
construire le Pont <strong>dit</strong> du Chemin <strong>de</strong> fer sur le Vidourle.<br />
On s‟aperçut bien vite lors <strong>de</strong> la terrible crue <strong>de</strong> Septembre 1907,que les passages laissés pour<br />
les eaux sous les remblais étaient largement insuffisant et que les concepteurs n‟avaient pas<br />
pris sérieusement en compte l‟éventualité <strong>de</strong>s débor<strong>de</strong>ments du Vidourle,du Vistre et du<br />
Rhôny. <strong>Le</strong> 3 Octobre 1907, un rapport officiel concluait à la nécessité d‟augmenter leurs<br />
débouchés sous les talus <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux lignes précitées. Cette recommandation resta jusqu'à nos<br />
jours lettre morte, car ni la Compagnie P.L.M (privée) ni plus tard la S.N.C.F (nationalisée) ne<br />
la prirent en considération.<br />
LES ROUTES ET LES CHEMINS :<br />
Depuis <strong>de</strong> nombreuses années, la tendance générale a été <strong>de</strong> modifier leurs niveaux en les<br />
surélevant en oubliant que pratiquement tous les chemins ruraux, étaient à l‟origine <strong>de</strong>s fossés<br />
creusés par le Vidourle quand il n‟était pas endigué et qu‟ils servaient à écouler les eaux <strong>de</strong> la<br />
plaine vers la Mer via les terres basses. Pour en élargir certains on à même combler un fossé<br />
sur <strong>de</strong>ux et beaucoup <strong>de</strong> ces “uniques“ fossés ont été laissés quasiment à l‟abandon.<br />
Quand aux ponceaux, dont les riverains usagers ont la responsabilité <strong>de</strong> leur construction et<br />
leur entretien selon le Co<strong>de</strong> rural, ils ont subis le même sort que les fossés.<br />
Si l‟on y ajoute les incivilités <strong>de</strong>s déchets et ordures <strong>de</strong> toutes natures jetées et abandonnées<br />
volontairement par <strong>de</strong>s irresponsables, toutes ces voies et leurs fossés, ne peuvent plus jouer<br />
le rôle historique qui a été le leur.<br />
8
Par gros temps ou inondations ils pouvaient assumer vaille que vaille l‟écoulements et<br />
l‟évacuation <strong>de</strong>s eaux exé<strong>de</strong>ntaires sans que les terres riveraines en souffrent.<br />
Quand on a créé la déviation vers Lunel, on a fait l‟erreur <strong>de</strong> surélever la route. Résultat : à la<br />
sortie <strong>de</strong> Marsillargues certaines maisons riveraines boivent la tasse par gros temps.<br />
Je n‟avance pas la critique <strong>de</strong> cette erreur à la légère.<br />
Je possè<strong>de</strong> en indivision sur cette même route, au lieu <strong>dit</strong> “les Fourches <strong>de</strong> St Julien” sur la<br />
Commune <strong>de</strong> Lunel, une petite vigne avec un Maset en bordure <strong>de</strong> la route à 500 mètres<br />
environ du Mas <strong>de</strong> L’Isle qui est le point le plus bas <strong>de</strong> tout le secteur. Toutes les eaux <strong>de</strong><br />
la plaine. (Sud pour Lunel, Nord pour Marsillargues) canalisées par le fossé Vuidier doivent y<br />
transiter pour aller rejoindre le Canal <strong>de</strong> Lunel.<br />
<strong>Le</strong> 9 Septembre 2002, malgré les Brèches <strong>de</strong> la Gravette et l‟acci<strong>de</strong>nt du déversoir du Pont <strong>de</strong><br />
Lunel qui ont inondées toute la plaine, la route plus basse à cet endroit malgré une légère sur<br />
élévation faite au fil <strong>de</strong>s ans, a fait office <strong>de</strong> Canal, et aucun litre d‟eau n‟a pénétré ni dans la<br />
Vigne ni dans le Maset .<br />
Cela prouve et montre bien qu’en surélevant les chemins et les routes, pour donner la<br />
primeur à la circulation, on les a objectivement transformé en obstacles plus ou moins<br />
important et on a aggravé l’insécurité <strong>de</strong>s terrains riverains. Mais la plus grosse bour<strong>de</strong><br />
pour l‟urbanisation locale, est <strong>de</strong> ne pas avoir imposer dans les normes <strong>de</strong> construction sur <strong>de</strong>s<br />
zones que l‟on savait historiquement basses <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s sanitaires conséquents. Avec en prime<br />
le scandale d‟avoir laissé sans réagir <strong>de</strong>s promoteurs mettre certains logements en <strong>de</strong>ssous du<br />
niveau <strong>de</strong> la chaussée <strong>de</strong>s chemins ou <strong>de</strong>s rues en enlevant <strong>de</strong> la terre végétale pour la vendre<br />
et la remplacer par <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> tout venant.<br />
ROUTE LUNEL LA MER & ASSECHEMENT DES PRES ET MARAIS<br />
<strong>Le</strong> Co<strong>de</strong> Civil dans son article 640, stipule « les fonds inférieurs sont assujettis envers<br />
ceux qui sont plus élevés et le Propriétaire <strong>de</strong> ce fond inférieur ne peut pas élever <strong>de</strong><br />
digue qui empêche son écoulement » Cette obligation n‟a pas été respectée pour la<br />
construction <strong>de</strong> cette route. Résultat : Pour les écoulements <strong>de</strong>s eaux du bassin Lunel-<br />
Marsillargues, elle est une véritable catastrophe. Entre Desports et le Canal du Rhône à Sète<br />
elle a été construite sur <strong>de</strong>s marais, ancien exutoire d‟une plaine, que les assainisseurs<br />
agriculteurs ont poldérisé dans les années 1960. Pour pouvoir écouler leurs terres ils ont du<br />
abaisser le plancher <strong>de</strong> leurs drains au <strong>de</strong>ssous du niveau du Canal. Ce qui oblige au pompage<br />
<strong>de</strong> toutes les eaux par les 2 stations électriques et ren<strong>de</strong>nt obsolètes les quelques passages<br />
rikiki (baptisés pompeusement transparence hydraulique), laissés pour l‟écoulement naturel<br />
vers l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or via le Canal <strong>de</strong> Lunel. Il est patent, que les travaux d‟assèchement <strong>de</strong> ces<br />
terres basses et marécageuses, n‟ont fait qu‟aggraver la situation car l‟ensemble <strong>de</strong>s eaux du<br />
territoire (crues, pluviales et usées) ne s‟écoulant plus naturellement par gravitation dans le Canal<br />
<strong>de</strong> Lunel (y compris notre Capouillère) elles doivent être pompées. Décidée après la guerre pour<br />
relancer l‟agriculture, la conception <strong>de</strong> cet assèchement n‟a pas tenu compte <strong>de</strong>s répercussions<br />
écologiques sur le long terme. Jamais il n‟aurait du être tolérée. Aujourd‟hui l‟ASA peut<br />
revendiquer pour ses pompes un caractère d‟intérêt général d‟ailleurs suite a leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
expresses le Conseil général leur a alloué une ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> 44.952,00 € pour leur entretien.<br />
Pour cette route, construite pour faciliter l‟accès <strong>de</strong>s touristes vers la Gran<strong>de</strong> Motte, les<br />
risques potentiels du Vidourle n‟ont pas été pris en compte par ses concepteurs. Elle est<br />
objectivement un barrage dont tout le mon<strong>de</strong> a pu mesurer les effets en 2002 quand les<br />
coupures d‟électricité ont entraîné l‟arrêt <strong>de</strong>s pompages. Du côté à écouler il y avait prés <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux mètres d‟eaux, et côté Canal, l‟exutoire naturel, quelques centimètres seulement !<br />
Donc attention au projet <strong>de</strong> déviation <strong>de</strong> la 113 qui prévoit un talus qui traversera la plaine !<br />
9
LE LIT MAJEUR......“QUES ACO” ?<br />
Vous venez <strong>de</strong> découvrir la première partie <strong>de</strong> l‟inventaire <strong>de</strong>s infrastuctures construites au fil<br />
<strong>de</strong>s Siècles dans le lit majeur du Vidourle.<br />
Un Lit majeur c’est littéralement “l’espace alluvial progressivement façonné par un<br />
cours d’eau constitué par les zônes basses situées <strong>de</strong> part et d’autres”.<br />
Un exemple récent vient <strong>de</strong> confirmer cette théorie. En Décembre 2003, le Rhône a rompu ses<br />
digues vers Saint Gilles. <strong>Le</strong> flot impétueux à fait d‟énormes dégats et s‟est répandu jusqu‟aux<br />
portes d‟Aigues-Mortes, menaçant la Ville plus que ne l‟avait fait le Vidourle en 2002.<br />
En comparant les photos aériennes du désastre et en les mettant en synoptique avec les<br />
anciennes cartes du Petit Rhône avant son endiguement, on à pu constater une quasisimilitu<strong>de</strong><br />
entre les zônes inondées et l‟emprise originelle du fleuve.<br />
A cette malheureuse occasion, la nature avait repris ses droits et le Rhône son “Lit majeur.<br />
DEVIATION DU VIDOURLE :<br />
En Août 1725, le Roi Louis XV décida <strong>de</strong> créer un Port <strong>de</strong> pêche, à l‟emplacement d‟une<br />
brèche dans le lido sableux, suite à un débor<strong>de</strong>ment du Vidourle conjugué avec un gros coup<br />
<strong>de</strong> Mer. Ce Port baptisé Grau du Roi, construit sur un cordon littoral sablonneux, on s‟aperçut<br />
à l‟usage qu‟il avait tendance à s‟ensabler, phénomène naturel que l‟on avait pas prévu.<br />
En 1825, l‟année du prolongement du Canal <strong>de</strong> Lunel. <strong>Le</strong> Préfet du Gard, Comte <strong>de</strong> Bernis<br />
décida <strong>de</strong> dévier le Vidourle à partir <strong>de</strong> Terre <strong>de</strong> Port avec l‟implantation d‟un barrage <strong>dit</strong> <strong>de</strong><br />
la Brèche. <strong>Le</strong> fleuve resta classé maritime jusqu‟au Pont <strong>de</strong> St Laurent jusqu‟en 1958 ou il<br />
<strong>de</strong>vint fluvial. Cette déviation entraîna la construction <strong>de</strong>s Portes du Vidourle (Ecluses). <strong>Le</strong> but<br />
avoué <strong>de</strong> ce creusement était <strong>de</strong> provoquer un effet <strong>de</strong> chasse d‟eau lors <strong>de</strong>s crues pour<br />
désensabler le chenal du Port.<br />
Mais cette déviation d‟eau douce traversait opportunément <strong>de</strong>s terrains palustres propriétés <strong>de</strong><br />
ce Préfet leur assurant une plus value certaine. (Observation faite par G. Frèche lors <strong>de</strong> l’inauguration<br />
du canal d’arrivée d’eau douce en Février 1985 a la salle <strong>Jean</strong> Moulin à Marsillargues )<br />
Par cette décision, l‟ancien lit du Vidourle <strong>de</strong>vint <strong>de</strong> facto la branche <strong>de</strong> Cogult et le Vidourle<br />
ne coula plus directement dans l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or via les terres humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ses bordures.<br />
<strong>Le</strong> département <strong>de</strong> l‟Hérault protesta énergiquement, mais sans succès contre cette décision<br />
qui privait son Etang <strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong> l‟eau du Vidourle.<br />
.<br />
Aujourd’hui, certains en toute bonne foi proposent d’utiliser les anciennes branches du<br />
Vidourle qui, selon eux pourrait être une solution pour atténuer la violence <strong>de</strong>s crues.<br />
N’oublions pas qu’avec le temps elles ont subies <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s modifications, et que les<br />
centaines d’hectares <strong>de</strong> Prés et <strong>de</strong> Marais dans les quels s’étalaient les eaux <strong>de</strong>s crues<br />
sont aujourd’hui asséchés et ne font plus office <strong>de</strong> tampon.<br />
Voyons donc ce qu’il en reste ?<br />
LA BRANCHE DE COGULT (ANCIEN VIDOURLE)<br />
On vient <strong>de</strong> voir, qu‟avant 1825, cette Branche <strong>de</strong> Cogult n‟était autre que le Lit du Vidourle à<br />
son extrème Aval. A partir du Petit-Cogult une brèche que l‟on appela plus tard Branche du<br />
Pavillon s‟était produite et allait se jeter dans le Canal du Rhône à Sète ( ex Ra<strong>de</strong>lle) On y<br />
construisit un petit barrage ainsi qu‟un Pont aujourd‟hui en ruine en bordure.<br />
10
L‟autre bras en l‟absence <strong>de</strong> l‟obstacle <strong>de</strong>s digues du Canal <strong>de</strong> Lunel s‟épanchait dans l‟étang<br />
<strong>de</strong> l‟Or via les Marais et les terrains humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ses bordures. (<strong>Le</strong>s Rajols, LaVerne,La Baisse<br />
du Borgne, et les Sansouïres du Petit Cogult qui furent en partie rehaussées avec les boues du<br />
curage du Canal vers la fin <strong>de</strong>s années 1950, etc.). <strong>Le</strong> Vidourle finissait par un petit <strong>de</strong>lta.<br />
Vers 1965 une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> comblement pure et simple <strong>de</strong> cette branche fut proposée par<br />
certains agriculteurs riverains. Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> heureusement refusée, ils proposèrent en<br />
compromis la construction d‟un barrage au départ du Vidourle.<br />
<strong>Le</strong> 11 Octobre 1967, le Préfet du Gard mis sur pied une enquête publique.<br />
Malgré les oppositions <strong>de</strong> la Commune <strong>de</strong> Marsillargues et <strong>de</strong> Mr Biquet Propriétaire du Petit<br />
Cogult sur le registre <strong>de</strong> l‟enquête publique, l‟autorisation fut malgré tout accordée. La seule<br />
concession fut une obligation d‟écrêtement à partir d‟un certain seuil et la pose d‟une<br />
martelière (vanne).<br />
Il fallait que le Vidourle atteigne un niveau assez conséquent pour voir l‟eau se déverser par<strong>de</strong>ssus<br />
le barrage dans l‟ancien lit sur toute sa largeur.<br />
Quand à la martelière, la réserve et l‟avertissement <strong>de</strong> la Commune sur le registre d‟enquête<br />
se confirmèrent rapi<strong>de</strong>ment, car cette vanne s‟ensablât et ne fut plus d‟aucune utilité.<br />
Résultat : l’eau du Vidourle ne pénétra pratiquement plus dans la branche.<br />
Vers la fin <strong>de</strong>s années 1970, quand on pris enfin conscience que l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or était en train<br />
<strong>de</strong> mourir <strong>de</strong> pollution, d‟excès <strong>de</strong> salinité et qu‟il serait temps <strong>de</strong> faire quelques chose,<br />
l‟idée <strong>de</strong> faire revenir <strong>de</strong> l‟eau douce du Vidourle par son ancien lit fit alors son chemin grâce<br />
à une poignée d‟obstinés ,dont je faisais partie.<br />
Malgré les obstacles mis en particulier par les propriétaires riverains, à coup d‟arguties et<br />
beaucoup <strong>de</strong> mauvaise foi, alors que l‟on aurait pû à moindre coût faire passer l‟eau<br />
naturellement par gravitation après un bon curage comme elle arrivait autrefois, on à obligé la<br />
Collectivité à acquérir les terrains, à cimenter le lit, à installer <strong>de</strong>s pompes électriques, à faire<br />
un syphon sous la Route et un barrage anti-sel sur le Canal <strong>de</strong> Lunel. (Coût 1,18 milliards <strong>de</strong><br />
centimes)<br />
Cela fit perdre plusieurs années (au moins 12 ans) et le Canal d‟arrivée d‟eau douce ne fut<br />
inauguré qu‟en Février 1985 par Gaston Defferre Ministre <strong>de</strong> l‟intérieur et enfant du pays.<br />
En 2008, dans l‟étu<strong>de</strong> du Plan Vidourle, un rapporteur avance l‟idée qu‟il faudrait peut être la<br />
fermer définitivement. J‟espère que ce crime contre notre Etang <strong>de</strong> l‟Or restera lettre morte et<br />
que notre branche continuera d‟y couler même imparfaitement.<br />
CANAL OU BRANCHE DE ST ROMAN :<br />
Cette voie d‟eau du Vidourle est issue d‟une brèche en 1607 que l‟on décida <strong>de</strong> conserver.<br />
Elle fut prolongée et endiguée en 1639 pour en faire un Canal. Cette décision, avait un double<br />
but : Continuer <strong>de</strong> rehausser et d‟enrichir les terres basses avec les dépôts <strong>de</strong> limon* et assurer<br />
l‟irrigation hivernale d‟environ 1300 hectares <strong>de</strong> Marais et <strong>de</strong> Prés (Communaux ou Privés)<br />
exploités à l‟époque (Foins, roseaux, triangles).<br />
A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Syndicat d‟assèchement cette branche a été barrée a environ 50 mètres du<br />
Vidourle par une martelière, avec une simple autorisation <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées du Gard.<br />
Il n‟y a eu aucune enquête publique, ni consultation <strong>de</strong> la Commune, pourtant à l‟origine du<br />
co-financement <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> ce Canal et titulaire d‟un droit d‟eau formel et séculaire<br />
pour ses Marais.<br />
<strong>Le</strong> but <strong>de</strong> cette vanne était clair. Il fallait empêcher le Vidourle d‟inon<strong>de</strong>r les anciens Prés ou<br />
Marais que les Propriétaires regroupés en Syndicat <strong>de</strong> la Basse Plaine (Aujourd‟hui ASA)<br />
aidés et encouragés par l‟Etat et les Collectivités, venaient d‟assécher et <strong>de</strong> mettre en culture<br />
en poldérisant tout le Sud du terroir local comme déjà vu.<br />
11
Mais pendant quelques années la Commune <strong>de</strong> Marsillargues pu avoir accès à cette vanne<br />
pour irriguer en hiver ses 135 hectares <strong>de</strong> Marais et <strong>de</strong> Prés .Cette eau hivernale évitait les<br />
remontées <strong>de</strong> sel, donnait une meilleure qualité aux pâturages loués à un Manadier au début<br />
<strong>de</strong>s années 1950 et préservait le biotope pour la chasse d‟eau. Vers 1964 ce Syndicat désigna<br />
un nouveau Prési<strong>de</strong>nt.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier, propriétaire <strong>de</strong> La Communauté, rapatrié d‟Algérie voulu régner en seigneur et<br />
maître sur ses terres et il ne fut plus possible d‟avoir accés ni à la clef, ni à la vanne.<br />
Alors que la Commune aurait du exiger un règlement d‟eau et le faire officialiser par un acte,<br />
nul n‟eut l‟opportunité ni la volonté <strong>de</strong> faire respecter ce droit d‟usage <strong>de</strong> la Commune. Cette<br />
vanne, aujourd‟hui envasée n„a plus jamais été ouverte .<strong>Le</strong>s pâturages continuent <strong>de</strong> se<br />
dévaloriser car les remontées <strong>de</strong> sel gagnent du terrain.<br />
Aujourd‟hui, le profil du circuit d‟écoulement <strong>de</strong> cette Branche, à partir du Pont <strong>de</strong> la<br />
Communauté, est complètement bouleversé. Chaussées et digues d‟origines ont été rasées<br />
abolies et nivelées par les divers Propriétaires.<br />
La rouvrir dans les con<strong>dit</strong>ions actuelles sans <strong>de</strong> gros travaux <strong>de</strong> remise en état et surtout sans<br />
la création d‟un large passage sous la Route <strong>de</strong> la Mer, équivaudrait lors d‟une crue à inon<strong>de</strong>r<br />
<strong>de</strong> façon conséquente <strong>de</strong>s centaines d‟hectares <strong>de</strong> terres aujourd‟hui cultivables. <strong>Le</strong>s eaux<br />
arriveraient jusqu‟aux terres melonnières <strong>de</strong> la Soldive au Mas d‟Asport et je doute fort que<br />
cela se passerait sans problème face au lobby agricole qui, en <strong>de</strong>rnière analyse, porte la<br />
responsabilité <strong>de</strong> sa fermeture.<br />
On peut également y ajouter la mise en danger <strong>de</strong>s Mana<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chevaux et taureaux qui y<br />
pâturent aujourd‟hui. (StGabriel,Salabrun,Chaussan<strong>de</strong>, Cyr , Chabalier et Barcelot entre<br />
autres).<br />
*Un mètre cube d‟eau <strong>de</strong> crue dépose 495 grammes <strong>de</strong> limon !<br />
L’ETANG DE L’OR<br />
Malgré ces réserves, dans le cadre d‟un Plan global <strong>de</strong> délestage vers l‟Etang <strong>de</strong> l‟Or, l‟idée<br />
<strong>de</strong> faire repasser un certain volume d‟eau par ces branches lors <strong>de</strong>s crues pourrait être<br />
intéressante pour soulager l‟amont. Mais, en l‟état actuel <strong>de</strong> la topographie <strong>de</strong>s lieux, il<br />
faudrait être extrèmement pru<strong>de</strong>nt.<br />
L‟Etang <strong>de</strong> l‟Or est assez étendu ,2960 hectares, plus 2000 hectares environ <strong>de</strong> zônes encore<br />
humi<strong>de</strong>s à son pourtour, mais il a quand même <strong>de</strong>s limites que le principe <strong>de</strong> précaution incite<br />
à prendre en compte pour ne pas les dépasser.<br />
Sur ses bordures, sont implantées <strong>de</strong> nombreuses Cabanes dont <strong>de</strong>s élus locaux sous couvert<br />
<strong>de</strong> la tra<strong>dit</strong>ion, cautionnent et tolèrent leur présence tout autour <strong>de</strong> l‟Etang.<br />
Malgré l‟engagement <strong>de</strong>s Cabaniers (en particulier ceux <strong>de</strong> Marsillargues, titulaires <strong>de</strong> baux <strong>de</strong> 50 ans)<br />
qui en signant leurs contrats s‟interdisent d‟en faire leurs rési<strong>de</strong>nces principales, ou dans<br />
celles <strong>de</strong> Lunel, Mauguio, Pérols, Lansargues ou au Roc etc....<strong>de</strong> nombreuses familles y<br />
logent à <strong>de</strong>meure alors que ces territoires non urbanisables sont classés et protégés.<br />
Envoyer délibérément les eaux <strong>de</strong>s crues sur ces zones inondables, risquerait <strong>de</strong> mettre ceux<br />
qui habitent ces cabanes en danger. Ce n’est pas parce qu’ils sont dans l’illégalité, qu’il<br />
faut les noyer !<br />
Il ne faut pas oublier non plus que cet Etang est tributaire d‟un Bassin versant qui s‟étend sur<br />
31 Communes représentant une surface au sol <strong>de</strong> 410 kms2 .Toutes les eaux <strong>de</strong> ces territoires<br />
sont drainées par cinq ruisseaux plus le Canal <strong>de</strong> Lunel, rejoint eux même par 5 affluents qui<br />
déversent toutes leurs eaux dans l‟Or. Ces petits cours d‟eaux, concourent par temps <strong>de</strong> pluie<br />
à gonfler l‟Etang, qui malgré sa superficie précitée,à quand même <strong>de</strong>s limites car sa<br />
profon<strong>de</strong>ur moyenne estimée oscille entre 1 m et 1m10.(certainement moins avec<br />
l‟accumulation <strong>de</strong> la vase et <strong>de</strong>s “cascails“ !)<br />
12
A partir <strong>de</strong> 1766 son écoulement vers la mer à lui aussi subit <strong>de</strong>s modifications avec la<br />
création <strong>de</strong> la jonction avec le Canal du Midi et <strong>de</strong> ses digues. Il y avait en bordure sud-ouest<br />
du Canal <strong>de</strong> la Ra<strong>de</strong>lle une Saline directement reliée à la Mer par un Etier .Ce canal d‟eau<br />
salée par hautes eaux, pouvait être un appoint utile pour l‟écoulement <strong>de</strong> la partie Est <strong>de</strong><br />
l‟Etang.<br />
Il y avait également plus a l‟Ouest, plusieurs Graus dans le Lido sableux communiquant<br />
directement avec la Mer .Au moins <strong>de</strong>ux, un plus important que l‟autre si l‟on en juge par<br />
l‟étymologie, du Grand et Petit Travers.<br />
<strong>Le</strong> creusement <strong>de</strong> cette portion, entraîna <strong>de</strong> facto la disparition <strong>de</strong> ces Graus. Certes sur ce<br />
Canal rebaptisé du Rhône à Sète, quelques martelières furent posées, mais seulement pour<br />
irriguer les marais attenant.<br />
Quand à la partie <strong>de</strong> la Saline <strong>dit</strong>e <strong>de</strong>s Conseillers, isolée <strong>de</strong> la Mer, elle fut par dérision<br />
baptisée Salin du Poivre par la vox-populi. Puis, avec la création <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Motte, est<br />
venue s‟y ajouter la Route <strong>de</strong>s Plages. (De Carnon au Grau du Roi).<br />
Aujourd‟hui toutes les eaux <strong>de</strong> l‟Etang s‟écoulent dans le Canal du Rhône à Sète par 5 passes<br />
et une porte mobile, et ce Canal est l‟ultime exutoire vers la Mer. Cette situation est sans<br />
conteste un frein sur le circuit naturel <strong>de</strong> l‟écoulement <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> l‟Etang et <strong>de</strong>s Ruisseaux<br />
qui s‟y déversent.<br />
Un trop plein, ferait à coup sur courir <strong>de</strong>s risques d‟inondations pour les villes <strong>de</strong> Carnon et <strong>de</strong><br />
Pérols et vu la faible pente du Canal <strong>de</strong> Lunel les eaux pourraient remonter jusqu'aux<br />
quartiers bas <strong>de</strong> la Ville.<br />
L’URBANISATION DE LA BANDE COTIERE<br />
Nous porterons enfin un regard vers la partie Aval du Vidourle, celle qui à été creusée<br />
en 1825 à partir <strong>de</strong> Terre <strong>de</strong> Port et re-calibrée dans les années 1950. Creusement qui a<br />
entraîné la construction <strong>de</strong>s Portes du Vidourle,(écluses)et qui actuellement va se jeter à<br />
la fois vers le Port <strong>de</strong> Pêche du Grau du Roi et le grau du Pont <strong>de</strong>s Abîmes via l’Etang<br />
du Ponant .<br />
Il faut rappeler que les services <strong>de</strong> la navigation imposent la fermeture <strong>de</strong> ces portes en cas <strong>de</strong><br />
crue pour ne pas envaser le Canal et pour ne pas inon<strong>de</strong>r Palavas, Pérols ou Aigues-Mortes.<br />
Pour d‟atteindre la Gran<strong>de</strong> Bleue, il faut rappeler aussi que son écoulement est tributaire d‟un<br />
phénomène naturel incontrôlable contre lequel nul ne peut rien.<br />
Lorsque le temps est au Marin que la Mer force et pousse vers la côte, les eaux <strong>de</strong> crues sont<br />
refoulées vers l‟amont et ralentissent la décrue. Par contre, dés que le temps vient au Nord et<br />
que la Mer tire cette décrue est nettement plus rapi<strong>de</strong>.<br />
Sur ce secteur Sud, le constat que l‟on peut faire aujourd‟hui, c‟est la transformation radicale<br />
<strong>de</strong> cette ban<strong>de</strong> côtière sablonneuse par l‟urbanisation <strong>de</strong> la rive droite du Grau et<br />
l‟implantation <strong>de</strong> l‟usine à touristes <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Motte sur un ancien territoire <strong>de</strong> la<br />
Commune <strong>de</strong> Mauguio. Il y a aussi la route construite en talus en bordure du Ponant, quand<br />
aux hectares <strong>de</strong> terres humi<strong>de</strong>s alentours anciens réceptacles <strong>de</strong>s eaux excé<strong>de</strong>ntaires, la<br />
plupart sont comblées et cultivées ou transformées en Golfs, Pinè<strong>de</strong>s, Campings et autres<br />
espaces vert aménagés.<br />
Tout cela ne facilite pas les possibilités pour un débouché plus direct vers la Mer. Bref ! <strong>Le</strong>s<br />
solutions sur cette zône apparaissent aujourd‟hui extrêmement complexes.<br />
<strong>Le</strong>s quelques anciens Graus qui existaient entre le Château <strong>Le</strong>nard et les Abîmes, par lesquels<br />
une partie <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> crues pouvaient s‟écouler tant bien que mal à une certaine époque, ont<br />
disparus <strong>de</strong> nos jours. On peut donc penser que compte-tenu <strong>de</strong>s intérêts touristiques,<br />
économiques et urbanistiques sur ce secteur <strong>de</strong> la côte, les solutions paraissent bien limitées.<br />
13
PEUT-ON FAIRE MARCHE ARRIERE ?<br />
Aujourd‟hui, il serait utopique <strong>de</strong> penser que toutes ces infrastructures que je viens <strong>de</strong><br />
recenser, et qui, gênent objectivement l‟écoulement <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> crues du Vidourle, puissent<br />
être totalement supprimées ou abolies.<br />
Il en est <strong>de</strong> même pour l‟habitat privé, urbain, rural ou diffus construit sur <strong>de</strong>s zônes où l‟on a<br />
mal et jamais voulu mesurer les risques, mais qui sont aujourd‟hui archi- connue.<br />
Selon l’expression consacrée d’une certaine dialectique il faut “prendre les choses<br />
comme elles sont et non comme on voudrait qu’elles soient“. C’est pourquoi, il faut<br />
comprendre la difficulté qu’il y a aujourd’hui pour le Syndicat Mixte <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s<br />
solutions qui fassent l’unanimité.<br />
Il se trouvera toujours <strong>de</strong>s gens a la recherche <strong>de</strong> notoriété, qui à cause <strong>de</strong><br />
considérations personnelles jouerons les empêcheurs <strong>de</strong> tourner en rond, qui<br />
critiquerons telles ou telles mesures ou qui estimerons que l’on fait trop pour les uns par<br />
rapport à d’autres .Il y aura ceux qui égoïstement, exigeront que seuls les sols Gardois<br />
supportent les sur-versements.<br />
Je vois, dans ces attitu<strong>de</strong>s, la négation même d’une nécessaire solidarité pour l’ensemble<br />
du territoire baigné par le Vidourle et je déplore cette forme d’égoïsme et <strong>de</strong><br />
chauvinisme vecteurs <strong>de</strong> division qui s’est développé dans notre village en répandant la<br />
psychose et la peur.<br />
TENTATIVES DU PASSE<br />
Certes, on comprend bien que rien n‟est simple pour faire l‟unanimité. Il suffit <strong>de</strong> se plonger<br />
dans le passé ou <strong>de</strong>s initiatives ont parfois été prises pour essayer d‟y faire face.<br />
Mais comme on va le voir, à l‟époque aussi, les passions et les pressions <strong>de</strong> nature<br />
individualistes ou chauvines existaient déjà au détriment <strong>de</strong> l‟intérêt public.<br />
J’ai jugé utile d’en faire un petit inventaire dont j’ai recensé les plus significatives.<br />
1- <strong>Le</strong> 15 Décembre 1299,au 13 ème Siècle sous Philippe le Bel une gran<strong>de</strong> conférence <strong>de</strong><br />
notables <strong>de</strong> Marsillargues,Aimargues,St Laurent d‟Aigouze,Gallargues et Lunel ainsi que les<br />
représentants <strong>de</strong>s Moines <strong>de</strong> Psalmaudy fut réunie pour examiner la protection du territoire.<br />
Des décisions furent prises à savoir ,élargissement du Vidourle (pas encore endigué) au Sud<br />
<strong>de</strong> St Laurent sur les terres <strong>dit</strong>es <strong>de</strong> Tamerlet,réparations <strong>de</strong>s digues au <strong>de</strong>ssus du Pont <strong>de</strong><br />
Lunel,nettoyage d‟un ancien Canal par lequel une partie du fleuve traversait le territoire<br />
d‟Aimargues (certainement La Cubelle),ainsi qu‟un autre qui traversait les territoires <strong>de</strong> St<br />
Laurent et du Cailar vers la Tour D‟Anglas et les grands marais <strong>dit</strong> <strong>de</strong> la Souteyrane .Ces<br />
travaux furent exécutés au début du 14 ème Siècle,mais avec le temps tombèrent en<br />
désuétu<strong>de</strong> par manque d’entretien. C‟était l‟époque <strong>de</strong>s fiefs et il n‟y avait pas encore <strong>de</strong><br />
département. <strong>Le</strong>s Mas <strong>de</strong> Barbut, Toiras, le Grand Maset et Terre <strong>de</strong> Port étaient dans le<br />
territoire <strong>de</strong> Marsillargues. Par contre une cinquantaine d‟hectares à proximité du Mas <strong>de</strong><br />
Bony dépendaient <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> St Laurent.<br />
Ce n‟est qu‟après la Révolution, quand l‟Assemblée Nationale le 26 Février 1790 créât<br />
83 départements que le Vidourle <strong>de</strong>vint une limite départementale. Quand aux Communes,<br />
c‟est une ordonnance Royale sous la Restauration le 6 Janvier 1826 qui en fixa les limites<br />
pratiquement inchangées <strong>de</strong>puis cette époque .<br />
14
2- En 1684 et 1689, il y eu <strong>de</strong>s désastreuses inondations. Une étu<strong>de</strong> fut diligentée pour<br />
construire un nouveau Canal propre à vi<strong>de</strong>r par la plus droite ligne les eaux du Vidourle vers<br />
l‟Etang <strong>de</strong> Mauguio. On envisagea même <strong>de</strong> l‟y détourner totalement. <strong>Le</strong> 26 Février 1697, le<br />
Conseil d‟Etat approuva ce projet. <strong>Le</strong>s dépenses <strong>de</strong>vaient être réparties entre les<br />
Communautés <strong>de</strong> Marsillargues, St Laurent, Aimargues, <strong>Le</strong> Cailar, Aïgues-Mortes et les<br />
Propriétaires <strong>de</strong>s Salins du Paccaïs (ancêtre <strong>de</strong>s Salins du Midi).<br />
Tout le mon<strong>de</strong> était d‟accord pour ce Canal qui aurait pris naissance au <strong>de</strong>ssus du Pont <strong>de</strong><br />
Lunel, et suivi les fossés <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Lunel en longeant les remparts pour aller se jeter dans<br />
le canal <strong>de</strong> Lunel au lieu <strong>dit</strong> “<strong>Le</strong>s Capucins”. Des passages étaient prévus sous le Chemin<br />
Royal qui allait du Pont <strong>de</strong> Lunel à la Ville (R.N.113).<br />
<strong>Le</strong> projet, mis en adjudication le 24 Avril 1697, revint à Antoine Perrier <strong>de</strong> Marsillargues pour<br />
un montant <strong>de</strong>18.000 livres. <strong>Le</strong> projet était bien avancé et malgré l‟unanimité du début, <strong>de</strong>s<br />
protestations s‟élevèrent <strong>de</strong> toutes parts.<br />
Lunel retira ses billes, prétextant l‟envasement <strong>de</strong> son Canal, suivit par St Nazaire <strong>de</strong> Pézan et<br />
St Just pour la même raison. Marsillargues déclara curieusement ne l‟avoir jamais voulu ni<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, Aimargues <strong>dit</strong> n‟avoir jamais souhaité une telle entreprise, <strong>Le</strong> Cailar estima n‟y<br />
avoir aucun intérêt, St Laurent justifia son retrait en disant que ce Canal priverait son<br />
territoire du limon qui améliorait la qualité <strong>de</strong> ses pâturages et les récoltes <strong>de</strong> ses Marais.<br />
Quand à Aigues-Mortes elle estima que les eaux douces étaient bénéfiques pour ses pâturages,<br />
sa végétation lacustre, et pour le <strong>de</strong>ssalement <strong>de</strong> ses marais.<br />
Mais la protestation décisive fut celle <strong>de</strong> l‟Evèque d‟Alès (Alais) qui percevait <strong>de</strong>s dîmes sur<br />
la région et qui accusa le Marquis <strong>de</strong> Calvisson <strong>de</strong> pousser à cette solution pour ne pas avoir à<br />
payer les réparations <strong>de</strong> ses digues endommagées par les crues.<br />
Devant cette levée <strong>de</strong> boucliers on fit faire une nouvelle étu<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> dossier transmis avec avis<br />
favorable par son intendant. Or, le Roi Louis XIV trancha négativement en faisant savoir en<br />
Janvier 1698 “Que sa Majesté après avoir examiné le tout, à juger <strong>de</strong> laisser quant à présent,<br />
les choses en l’état qu’elles sont” (sic)<br />
<strong>Le</strong>s Communes durent payer les travaux préliminaires pour un montant <strong>de</strong>1868 livres 25.<br />
3- En 1754, l‟agglomération <strong>de</strong> Gallargues (<strong>de</strong>venu bien plus tard le Montueux) était<br />
entièrement construite sur les hauteurs <strong>de</strong> la colline (le fameux paté) à l‟abri <strong>de</strong>s inondations.<br />
La plaine, elle, était couverte <strong>de</strong> prairies et les limons du Vidourle y jouaient un rôle<br />
fertilisateur.<br />
Suite à une énorme crue qui entraina une nouvelle brèche, les Gallarguois, fatigués <strong>de</strong> payer<br />
pour reconstruire leur digue, décidèrent <strong>de</strong> laisser le „trou‟ en l‟état.<br />
L‟émotion et la colère s‟emparèrent <strong>de</strong>s habitants d‟Aimargues, <strong>de</strong> St Laurent et du Cailar qui<br />
protestèrent contre cet état <strong>de</strong> fait et leurs plaintes <strong>de</strong>vinrent <strong>de</strong> plus en plus vives.<br />
<strong>Le</strong>s Etats du Languedoc saisit <strong>de</strong> ce conflit le tranchèrent en faisant construire à la place du<br />
„trou‟ un déversoir (longtemps appelé Brèches <strong>de</strong> Gallargues ou <strong>de</strong> Pitot) qui existe encore <strong>de</strong><br />
nos jours.<br />
Sérieusement endommagé en 2002, après une polémique sur sa hauteur avec l‟Assocation<br />
d‟Aimargues suivit d‟un procés, il a été consolidé et reconstruit à l‟i<strong>de</strong>ntique comme le<br />
prévoit la Loi<br />
4- <strong>Le</strong> 12 Mai 1809,le Conseil Municipal <strong>de</strong> Marsillargues délibéra sur un projet <strong>de</strong><br />
creusement d‟un lit sur son territoire,pour dévier le Vidourle afin <strong>de</strong> le conduire en droite<br />
ligne vers l‟Etang <strong>de</strong> Mauguio,reprenant l‟idée émise 120 ans avant en 1689<br />
<strong>Le</strong> Conseil Général du Gard était d‟accord. Mais la Commune d‟Aigues-Mortes, pourtant<br />
intéressée au premier chef éleva <strong>de</strong>s protestations et ce projet fut abandonné.<br />
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5- En 1908, les Communes d‟Aimargues, <strong>de</strong> St Laurent, <strong>de</strong> Gallargues et du Cailar<br />
proposèrent à l‟Administration la création d‟un Syndicat <strong>de</strong>s Communes pour s‟occuper du<br />
problème du Vidourle. Sa finalisation traina en longueur, et quand survint la guerre <strong>de</strong> 1914-<br />
1918, cette initative tomba à l‟eau et ne fut jamais reprise<br />
6- Après les terribles inondations <strong>de</strong> 1932 et 1933, les sinistrés <strong>de</strong> la Vidourlenque<br />
constituèrent une Association. Comme ceux <strong>de</strong> l‟Hérault victimes du <strong>Le</strong>z avaient fait <strong>de</strong><br />
même, ils se regroupèrent en Fédération. Mais rapi<strong>de</strong>ment apparurent <strong>de</strong>s divergences,qui<br />
ressemblent étrangement à ce que nous voyons aujourd‟hui et qui fit écrire à l‟éru<strong>dit</strong> historien<br />
Sommièrois Yvan Gaussens en 1937,<br />
“Un groupement <strong>de</strong> sinistrés est un fait bien significatif qui peut être parfois en<br />
contra<strong>dit</strong>ion avec un certain esprit <strong>de</strong> chapelle, ou le chauvinisme local, vecteur<br />
d’individualisme brouille parfois les cartes ! Pourquoi faut-il que <strong>de</strong>s luttes intestines et<br />
parfois <strong>de</strong> personnes, viennent trop souvent paralyser une action qui peut être fécon<strong>de</strong> au<br />
sein d’un groupement et <strong>de</strong> ses intérêts solidaires ! La protection contre le retour <strong>de</strong> tel<br />
cataclysme est une finalité beaucoup plus importante que les considérations personnelles<br />
ou matérialistes”Propos prémonitoires du vécu <strong>de</strong>puis Septembre 2002 ou la sagesse et la<br />
raison ont été exclus.<br />
7- En 1937, les Communes riveraines créèrent un Syndicat <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s digues du<br />
Vidourle.<br />
N‟ayant jamais trouver trace d‟une quelconque initiative, il semble qu‟il n‟a existé que sur le<br />
papier. Entre 1940 et 1944, les Conseils Municipaux élus démocratiquement en 1938 furent<br />
révoqués pour laisser la place à <strong>de</strong>s Délégations spéciales désignées par le régime <strong>de</strong> Pétain.<br />
<strong>Le</strong> Vidourle n‟étant pas la tasse <strong>de</strong> thé <strong>de</strong> ces notables, et encore moins <strong>de</strong> l‟occupant nazi,<br />
rien ne se fit ! Il fallut attendre le 17 Mai 1979, l‟organisation d‟une réunion à St Séries pour<br />
tenter <strong>de</strong> le remettre en activité. <strong>Le</strong> 29 Mai 1979, le Conseil Municipal <strong>de</strong> Marsillargues dans<br />
lequel je siégeais, approuva cette relance. Son action à l‟usage s‟avéra quasiment nulle, tant et<br />
si bien que le 13 Décembre1984 le Conseil Municipal d‟Aimargues par la voix <strong>de</strong> son Maire,<br />
<strong>de</strong>manda sa dissolution. Ce qui fut fait.<br />
Conclusion<br />
Toutes ces tentatives, avortées ou inopérantes du passé, doivent nous faire mesurer<br />
l’avancée historique avec la création en 1989 du Syndicat Interdépartemental<br />
d’aménagement du Vidourle. (S.I.A.V). Malgré certaines lenteurs administratives,<br />
inhérentes a la législation, au montant <strong>de</strong>s investissements et aux obstacles mis par<br />
quelques Maires plus préoccupés <strong>de</strong> leur réélection que <strong>de</strong> la réussite du Plan Vidourle,il<br />
est l’indispensable et incontournable outil pour une cohérence <strong>de</strong>s moyens globaux à<br />
mettre en œuvre pour les actions <strong>de</strong> prévention,<strong>de</strong> sécurisation <strong>de</strong>s populations et <strong>de</strong>s biens<br />
face à notre fantasque et imprévisible Vidourle n’en déplaise aux quelques grincheux qui<br />
continuent <strong>de</strong> manipuler une opinion traumatisée par l’acci<strong>de</strong>nt du 9 Septembre 2002.<br />
Tous les gens objectifs ont pu constater que les réparations <strong>de</strong>s digues et <strong>de</strong>s barrages ou<br />
les consolidations ont été faites très sérieusement et continuent <strong>de</strong> l’être .Mais le Vidourle<br />
restera toujours le Vidourle et nul ne peut prédire son futur,car la protection à 100%<br />
n’existera jamais. Ceux qui l’affirment sont <strong>de</strong>s charlatans.<br />
Attention !<br />
Je ne prétends pas avoir raison, ni donner <strong>de</strong>s leçons à quiconque, mais <strong>de</strong> toute façon,<br />
dans cette affaire, ce sont le temps et l'histoire qui trancherons, comme toujours.<br />
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