TRAVAUX & enViRonnemenT TRAVAUX Des nouvelles du carillon de la ville d’<strong>Ath</strong> Par Chantal Mollet Derrière les abat-sons de la tour communale, ajoutée à l’église Saint-Julien, se cache le domaine du carillonneur et de ses apprentis. C’est là-haut qu’on peut voir les 49 cloches du carillon communal de la ville d’<strong>Ath</strong>, coulées en grande majorité en 1953 par la fonderie tournaisienne de Marcel Michiels, et installées en carillon aux côtés de l’horloge monumentale par l’entreprise Van Rie de Quaregnon. A l’époque, il s’agissait d’un défi: redonner un carillon après l’incendie de 1951 aux <strong>Ath</strong>ois, qui avaient été privés de leur instrument ancestral lors de l’incendie d’avril 1817. Parmi toutes ces cloches, 3 des plus graves sonnent à la volée pour annoncer les offices religieux. “Mi - Fa dièse - Sol dièse”, chantent-elles. Ce sont de jolies cloches décorées à l’effigie de sainte Marie pour l’une, de saint Donat pour l’autre, - la troisième étant “eul Brayoire”, chargée de sonner le glas autrefois. “La Marie”, qui est la plus lourde d’entre elles et pèse plus de 1200 kilos, marque la demi-heure, en frappant le nombre de coups qui annoncent déjà l’heure suivante. La quatrième cloche de volée est la Grosse Cloche. Dénommée “la Julienne”, elle est à l’effigie de l’officier romain qui représente Saint-Julien de Brioude. Chacun sait qu’elle est actionnée par 4 sonneurs tirant la corde pendant la ducasse – et pas seulement le samedi à midi - ainsi qu’aux occasions tout à fait spéciales et lors des commémorations civiles. Ce bourdon de plus de 4 tonnes est équipé d’un marteau extérieur qui marque les coups à l’heure et fait s’égrener lentement des “La” très graves. Les 45 autres cloches portent une frise décorative et, pour certaines, le nom de leurs généreux donateurs. Elles sont fixées à des poutres, sur quatre étages, par ordre de taille, de la plus grande en bas à la plus petite tout en haut. La totalité des 49 cloches sont reliées d’une page 8 part au clavier du carillon par un jeu de tringles fixées à leurs battants, et d’autre part sont connectées à un grand cylindre par un second jeu de tringles attachées à leurs marteaux extérieurs. Ce tambour cylindrique pivote sur lui-même en une heure et joue à chaque quart d’heure l’une des quatre mélodies programmées et immuables depuis 1953, comme une boîte à musique géante. Ce sont des airs régionaux. Il s’agit du Chant des Wallons de Hillier à l’heure, d’Eul Ducasse d’<strong>Ath</strong> de Desrousseaux, des Fîes d’Rincolète de Bertrand et d’Eul Mariage du Cron Louis de Lauters. Le carillonneur officiel de la ville, c’est Mr Jean-Claude Molle qui a ouvert une classe de carillon dans les locaux de l’Académie de musique voici 18 ans. Il y donne cours avec beaucoup d’enthousiasme et de patience. Ce passionné donne une audition du haut du clocher le samedi aprèsmidi à la belle saison et lors des fêtes. Il actionne lui-même le carillon à l’aide d’un clavier “à bâtons” et d’un pédalier. C’est une activité qui donne chaud, surtout après avoir déjà grimpé environ 170 marches! On peut repérer le tube lumineux de sa cabine, à mi-hauteur des abat-sons, en plein courant d’air, côté rue de Pintamont. Parfois un élève accompagne le maître là-haut ou joue un autre jour dans la semaine. C’est la relève qui se prépare. En période d’examens, on les entend tous travailler, comme les autres étudiants. Mais c’est à l’Académie de musique qu’ils déchiffrent et travaillent leurs morceaux sur un clavier d’étude. Cette année, à l’occasion des anniversaires de deux compositeurs belges pour carillon, la classe d’<strong>Ath</strong> a interprété des pièces de Jef Denyn, fondateur de l’Ecole royale de carillon de Malines en 1922, et des morceaux écrits par Géo Clément, fondateur de celle de Mons en 1957, - luimême élève de Jef Denyn et diplômé en 1934. Fin juillet, ce sont les élèves des classes de Liège, Soignies et Deinze qui ont animé le carillon un après-midi. En juin et en août, depuis 1976, grâce aux subventions communales et à celles de l’Association des commerçants, un festival international de carillon est organisé pour des carillonnistes invité(e)s à donner un concert chaque samedi à 16h30. On peut les écouter aux abords de l’église ou confortablement installé dans la cour intérieure du Centre de tourisme (Merci, les Géants!) Ce carillon est chaleureux. Ses cloches sont assorties les unes aux autres parce qu’elles sont l’œuvre d’un seul fondeur pour la plupart. Les 6 plus petites, récentes (3 en 1981 et les 3 dernières en 2000), ont été fondues par la firme hollandaise Petit & Fritsen. Comme l’installation est ancienne, et qu’elle sert beaucoup, un gros entretien et des réparations indispensables sont en cours depuis quelques semaines. C’est l’entreprise de Luc Michiels, - petit-neveu du fondeur tournaisien de nos cloches - qui a été chargée de faire la révision complète de l’horloge mécanique et du carillon automatique en juillet dernier. Sa tâche consiste à consolider le bâti des cloches, à en refixer certaines, à corriger l’usure de leurs battants et de leurs marteaux extérieurs et restaurer une partie de la tringlerie devenue lâche. Ces travaux sont réalisés grâce à un budget extraordinaire voté lors du Conseil communal du 3 mai 2012. Aujourd’hui, le carillon a son site internet (http://carillondath.jimdo.com ). Une visite guidée du clocher sera organisée quand les travaux seront achevés.
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