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Concours Scénarios contre les discriminations

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A sa place<br />

Myriam CUBILIER (Gradignan)<br />

Discrimination <strong>contre</strong> <strong>les</strong> personnes obèses<br />

23 élèves de la classe de 5 e 5 de Vérac (Gironde) :<br />

Raphaël BELLUYE, Colin BEN SAFI, Emeric BLANC, Arnaud BLOCH, Maxime BOURLIER, Amandine CARBONNEL,<br />

Mégane DEBIAIS, Laura DESCARPENTRIES, Claire DUBOSCQ, Laila EL ISSAOUI, Julie FLORES, Kathleen LAMOU-<br />

REUX, Nattie LANNELUC, Vincent LASSALLE, Emmanuelle LECOMTE, Paul MEFIANT, Benjamin PAILLET, Dulce<br />

PAULO, Kimberley PERODEAU, Christopher SICOT, Adeline TAUZIN, Margaux VERITE, Arthur WANIN<br />

Enseignant encadrant : Godwyn PETER<br />

Homme, femme, nos capacités sont <strong>les</strong> mêmes<br />

Sophie CAMBORDE (élève de 2 nde 2 du Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole de Montardon)<br />

Enseignant et documentalistes encadrants : Cyril LEMASSON, Céline BRUT et Fran LUCE<br />

Le compteur dans la tête<br />

Sylvie BERTRAND (Bordeaux)<br />

<strong>Concours</strong><br />

<strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong><br />

5 scénarios aquitains retenus parmi <strong>les</strong> 300 premiers…<br />

Pour un discours citoyen autour de la lutte <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong>, le CRIPS (Centre Régional d’Information et Prévention<br />

Sida) Ile-de-France et le GEPS (Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide) ont lancé du 5 octobre 2006 au 28 février<br />

2007 un concours d’idées de courts métrages intitulé « <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> »<br />

e http://www.<strong>contre</strong><strong>les</strong><strong>discriminations</strong>.fr/index.asp<br />

Les participants ont été appelés à présenter des idées origina<strong>les</strong> de scénarios pour réaliser des films de 2 à 4 minutes<br />

maximum chacun. Ces films sont destinés à être diffusés sur <strong>les</strong> chaînes de télévision et dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> de cinéma. Les idées de<br />

scénarios pouvaient être présentées à titre individuel ou en équipe.<br />

Les scénarios ont été soumis à l’appréciation d’un jury composé de partenaires, de personnalités, de professionnels de la<br />

prévention, de la culture, de l’audiovisuel et de la communication ainsi que de personnes de la société civile.<br />

Fin avril 2007, des comités de lecture se sont réunis pour sélectionner 300 idées de scénarios parmi <strong>les</strong> 2534 reçues. Parmi<br />

<strong>les</strong> 20 premières idées de scénarios sélectionnées, 10 ont donné lieu à la production de courts métrages. Les films sont<br />

actuellement diffusés sur le site du CRIS Ile-de-France : e http://www.<strong>contre</strong><strong>les</strong><strong>discriminations</strong>.fr/resultats.asp<br />

Le CRAES-CRIPS Aquitaine a souhaité promouvoir 5 scénarios d’auteurs résidant en Aquitaine, arrivés<br />

parmi <strong>les</strong> 300 premiers lors de ce concours.<br />

Les préjugés vous rendent aveug<strong>les</strong><br />

Julien FERAY (élève de 2 nde 2 du Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole de Montardon)<br />

Enseignant et documentalistes encadrants : Cyril LEMASSON, Céline BRUT et Fran LUCE<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


A sa place<br />

INTERIEUR JOUR.<br />

Une salle de pause dans une entreprise. Quatre hommes autour d’une grande table, un cinquième devant le distributeur de<br />

sandwichs.<br />

ANTOINE<br />

Marc s’il te plait passe-moi le journal. (S’adressant à l’assistance) Elle est à quelle heure la réunion ?<br />

MARC<br />

Quatorze heures, si Madame nous fait pas un malaise ! (Rires étouffés)<br />

Jérôme compatissant <strong>les</strong> rejoint à table.<br />

JEROME<br />

Vous poussez un peu <strong>les</strong> gars…Elle est enceinte.<br />

ANTOINE<br />

Ce n’est pas ce qu’on lui reproche…<br />

JEROME<br />

Ce que tu lui reproches c’est d’être une femme !<br />

MARC (agacé)<br />

Oui aussi ! Non franchement l’industrie auto ce n’est pas un métier pour <strong>les</strong> gonzesses merde !<br />

CHRISTOPHE<br />

C’est clair que je <strong>les</strong> vois plus à la maison à torcher <strong>les</strong> marmots. D’ailleurs bientôt elle va pouvoir tenter l’expérience.<br />

JEROME<br />

Ca t’arrange…hein ? Ca t’arrange. Tu vas pouvoir faire le lèche-cul devant Vidal pour lui piquer sa place !<br />

Jérôme se lève, énervé, prend son cartable et s’apprête à quitter la salle. Sandrine l’assistante de l’employée enceinte entre<br />

dans la salle avec un carton assez lourd. Jérôme revient sur ses pas. Les autres autour de la table ne daignent même pas se<br />

lever pour aider Sandrine. Une chape de plomb s’installe dans la salle.<br />

SANDRINE<br />

Non mais surtout ne vous bousculez pas pour m’aider.<br />

Elle laisse tomber le carton à côté du distributeur de sandwichs, se retourne vers la table.<br />

SANDRINE (à l’assistance, ironique)<br />

Merci <strong>les</strong> gars, c’est trop sympa.<br />

MARC<br />

C’est bon lâche-nous.<br />

SANDRINE (sur le même ton)<br />

Mais c’est déjà fait.<br />

Elle quitte la salle accompagnée de Jérôme qui jette un dernier regard furieux à ses collègues. Il l’interpelle dans le couloir.<br />

JEROME<br />

Tu sais…faut pas faire attention à eux, on n’est pas tous comme ça dans la boîte.<br />

SANDRINE<br />

J’avais remarqué mais ces trois là n’oublient jamais de faire remarquer notre différence…<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


JEROME<br />

Quelle différence ? Tu es une femme … (hésitant). Tu es un être humain… Heureusement qu’il y a des femmes ici…parce que <strong>les</strong><br />

conversations de vestiaires…moyen.<br />

SANDRINE (en souriant)<br />

Tu es gentil. Bon je te laisse à tout à l’heure.<br />

JEROME<br />

A tout à l’heure<br />

Retour dans la salle de pause. Les quatre collègues s’apprêtent à quitter la table en la débarrassant, enfilant leur veste. Ils débattent<br />

du cas de Sabine.<br />

MARC<br />

En plus dans trois mois faudra la remplacer. D’ici qu’elle nous en ponde un deuxième dans deux ans. Elle coûte cher à la boîte.<br />

FABIAN<br />

Décidément tu n’aimes pas <strong>les</strong> femmes.<br />

MARC (cynique)<br />

Si quand el<strong>les</strong> sont à leur place.<br />

Ils quittent la salle en ricanant.<br />

INTERIEUR JOUR.<br />

Bureau de Sabine (enceinte de cinq mois), scotchée devant l’ordinateur, une main sur la souris et l’autre sur le portable. Elle raccroche<br />

lorsque Sandrine entre dans le bureau.<br />

SABINE<br />

Alors tout est prêt pour la réunion ?<br />

SANDRINE<br />

Oui <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> sont installées et tous <strong>les</strong> dossiers sont là-bas, le rétroprojecteur est en place. Bref, la fosse aux lions t’attend.<br />

SABINE<br />

Oh ça va, t’exagères un peu là non ?<br />

SANDRINE<br />

Comment tu fais pour supporter cette ambiance ?<br />

SABINE (blasée)<br />

Surtout ne pas leur montrer que ça te fait mal. Puis au bout de quelques temps ils laissent tomber.<br />

SANDRINE<br />

Désolée je n’ai pas ton aplomb. On est tellement peu nombreuses dans l’entreprise et encore moins à avoir des responsabilités.<br />

SABINE<br />

…………….<br />

Sabine se lève, passe son bras autour du cou de Sandrine. Cel<strong>les</strong>-ci sortent du bureau bras dessus- bras dessous.<br />

SABINE (confiante)<br />

Allez c’est parti !<br />

Sandrine se penche vers le ventre de Sabine.<br />

SANDRINE<br />

Pourvu que ce soit une fille !<br />

El<strong>les</strong> partent dans un éclat de rire.<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


Personnages :<br />

• Robert, la personne obèse<br />

• Jacques, la personne qui se moque<br />

• Chauffeur de bus<br />

• Une vieille personne<br />

• Une mère et son enfant<br />

• D’autres personnes prenant le bus.<br />

Discrimination <strong>contre</strong> <strong>les</strong> personnes obèses<br />

Dans une grande ville, un bus bondé repart de son arrêt. Robert, un gros monsieur, essaie de le rattraper en courant. Il s’essouffle.<br />

Jacques, un homme plutôt mince, regarde Robert depuis la fenêtre du bus. Pour se moquer il le montre du doigt, fait<br />

des grimaces et l’imite.<br />

JACQUES<br />

Monsieur le chauffeur, arrêtez-vous, il y a Balou qui veut rentrer.<br />

Le chauffeur reste indifférent et s’arrête. Robert rentre essoufflé et a du mal à monter <strong>les</strong> marches. Les passagers le regardent.<br />

Sur un ton essoufflé, il dit bonjour au chauffeur. Le bus repart et il reste debout. Jacques rejoint Robert parce qu’il a<br />

envie de se moquer, tout en le mimant (il fait l’essoufflé et fait une caricature d’une personne grosse, avec ses bras et ses<br />

joues). Les enfants rigolent mais une mère dit à son enfant.<br />

MERE<br />

Ne rigole pas, ce n’est pas bien de se moquer !<br />

Cependant elle ne dit rien à Jacques. Une vielle dame chuchote.<br />

VIELLE DAME<br />

Quel malpoli !<br />

Jacques, de manière sarcastique et arrogante parle à Robert.<br />

JACQUES<br />

Bravo ! Tu as perdu un gramme. La prochaine fois j’arrêterai le bus plus tard et tu perdras un kilo. Ne me remercie pas, entre<br />

amis, c’est normal.<br />

Tout à coup, le chauffeur freine d’un coup sec car il n’a pas vu qu’un feu passait au rouge. Jacques tombe. Il y a des rires<br />

étouffés venant des passagers. Robert reste debout. Il s’adresse à Jacques.<br />

ROBERT<br />

Moi, au moins j’ai <strong>les</strong> pieds sur terre.<br />

Jacques sort du bus sans dire un mot, vexé, la tête basse.<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


Homme, femme, nos capacités sont <strong>les</strong> mêmes<br />

En centre ville, dans une rue piétonne, un bâtiment est en construction.<br />

On peut voir <strong>les</strong> maçons au travail. Il n’y a que des hommes sur le chantier. Tout le monde passe devant sans y prêter la moindre<br />

attention.<br />

Le chantier avance petit à petit, le nouveau bâtiment commence peu à peu à prendre forme. On a une vue globale sur l’ensemble<br />

: on peut voir le chantier et la rue piétonne. Tout se passe normalement. Les gens continuent de passer devant sans regarder.<br />

Le bâtiment est enfin terminé, il est magnifique, tout neuf. Il y a un gros plan sur celui-ci et <strong>les</strong> maçons qui le regardent d’un air<br />

satisfait en buvant une bière. On voit ensuite <strong>les</strong> passants également en train de le regarder avec satisfaction.<br />

Il y a un noir…<br />

On revoit ensuite le même endroit (la caméra surplombe la rue), pareil qu’au début, avec au bord de la rue, un périmètre délimité<br />

muni d’un panneau annonçant la construction d’un nouveau bâtiment sur ce terrain qui est en fait l’emplacement du précédent<br />

nouveau bâtiment (la caméra s’est rapprochée petit à petit pour ensuite faire un plan sur le terrain en question).<br />

Vue seulement sur la rue et <strong>les</strong> passants. On a l’impression que l’on recommence la même histoire qu’au début mais seulement<br />

cette fois-ci, on ne voit pas de suite l’intégralité du chantier. Le plan est surtout cadré sur <strong>les</strong> gens qui passent car on se rend<br />

compte qu’ils regardent le chantier d’un air étonné.<br />

Quelques-uns un d’entre eux, notamment deux hommes, (déjà aperçus en tant que tel dans la scène précédente) s’arrêtent<br />

même et disent tout fort en regardant le chantier (gros plan sur ceux-ci) :<br />

- Regardes-<strong>les</strong> ! El<strong>les</strong> sont ridicu<strong>les</strong> ! Les métiers du bâtiment ne sont pas faits pour el<strong>les</strong>, ce sont des métiers pour <strong>les</strong> hommes<br />

ça <strong>les</strong> vrais !<br />

- De toute façon, je suis sûr qu’el<strong>les</strong> n’arriveront pas à le terminer, ou alors, il ne sera pas aussi bien fait et aussi solide qu’un<br />

autre fait par des hommes. Des femmes sont incapab<strong>les</strong> de faire des métiers comme ceux-là, ils sont réservés aux hommes !<br />

Et on <strong>les</strong> voit partir en riant.<br />

Finalement, il y a un gros plan sur le chantier qui nous montre que ce sont effectivement des femmes qui travaillent sur le chantier<br />

afin de construire un bâtiment. Nul homme n’est présent sur <strong>les</strong> lieux. La caméra met en évidence <strong>les</strong> femmes au travail et au<br />

premier coup d’œil, on peut remarquer que cel<strong>les</strong>-ci sont très motivées et qu’el<strong>les</strong> aiment ce qu’el<strong>les</strong> font. La caméra se recule<br />

ensuite afin de nous montrer la surprise et l’étonnement général qui se lit sur le visage de quasiment la totalité des passants.<br />

Quelques temps après, le bâtiment avance, <strong>les</strong> murs et la charpente sont montés. De nombreuses baies vitrées ont été installées<br />

et l’une d’entre el<strong>les</strong> a été ouverte. A l’intérieur, (gros plan sur la baie vitrée) on pouvait voir <strong>les</strong> femmes travailler. La caméra se<br />

recule ensuite et fait une vue d’ensemble sur le bâtiment et la rue. On aperçoit un groupe de quatre jeunes hommes d’une vingtaine<br />

d’années s’approcher et s’arrêter ensuite devant le chantier. Sourire aux lèvres, ils se moquent ouvertement des femmes :<br />

- Mesdames, repartez aux fourneaux, construire des bâtiments, c’est pas fait pour vous !<br />

- Mais oui, votre semblant de bâtiment-là, il ne tiendra jamais, dans deux jours, il sera déjà par terre !<br />

- Vous <strong>les</strong> femmes, votre truc, c’est de faire la cuisine et de vous occuper des gosses. Repartez dans vos maisons et laissez faire ce<br />

travail-là à des vrais hommes. Mais c’est gentil d’avoir essayé !<br />

Tout le groupe rigole et <strong>les</strong> jeunes hommes s’éloignent.<br />

Plan sur <strong>les</strong> femmes au travail qui nous prouve que cel<strong>les</strong>-ci continuent de travailler comme si de rien n’était, sans relever ces<br />

remarques désobligeantes.<br />

Il y a un noir mais celui-ci est plus bref que l’autre.<br />

Pour finir, gros plan sur le nouveau bâtiment une fois ce dernier entièrement achevé. C’est exactement le même gros plan que<br />

l’on a fait à la fin de la première scène, une fois le bâtiment terminé par <strong>les</strong> hommes (flash-back qui remontre <strong>les</strong> hommes devant<br />

leur bâtiment, lorsqu’ils buvaient une bière). Sans hésitation, on remarque que <strong>les</strong> deux bâtiments sont semblab<strong>les</strong>, à aucun détail<br />

près.<br />

Dernier plan des femmes, fièvres et souriantes, devant le bâtiment en compagnie de l’architecte qui leur dit :<br />

- Mes félicitations mesdames, vous avez fait un travail exemplaire, vous pouvez être fières de vous !<br />

Tout le monde se met à rire et il y a ensuite un arrêt sur image.<br />

Voix off qui dit : Décidément, <strong>les</strong> hommes n’acceptent pas que <strong>les</strong> femmes puissent être aussi compétentes qu’eux.<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


Le compteur dans la tête<br />

1 : INT. APPARTEMENT LOLA / SALLE A MANGER SALON -- JOUR<br />

[ Décor contemporain. Table dressée pour six personnes. Un canapé et deux fauteuils. ]<br />

[ LA MERE – LOLA]<br />

[ La mère – manteau coloré à boutons, jean, col roulé, bottillons, chapeau excentrique]<br />

[ Lola – robe originale, pantalon, chaussures montantes, manteau coloré à fermeture à glissière]<br />

ON PREND LE RISQUE DE SE MONTRER.<br />

LA MERE<br />

(Décidée, déjà vêtue, portant le manteau de Lola) Entre dans la pièce et dépose sur la table un euro cinquante. Regarde Lola<br />

Lola ?<br />

Lola est assise sur le canapé. Lola n’exprimera jamais la moindre émotion au cours du scénario.<br />

LA MERE<br />

Nous allons acheter du pain. Toutes <strong>les</strong> deux. Nous allons mettre nos manteaux parce qu’il fait froid.<br />

La mère prend Lola par le bras, lui met son manteau, ferme la fermeture à glissière. Lola regarde la fermeture se fermer. Elle<br />

la rouvre. La mère sourit. Lola attend. La mère prend <strong>les</strong> pièces de monnaie, <strong>les</strong> met dans sa poche et referme la fermeture.<br />

Lola la rouvre.<br />

2 : EXT. TROTTOIR DE RUE COMMERÇANTE-- JOUR<br />

[ LA MERE – LOLA]<br />

Lola et la mère sont arrêtées sur le trottoir. La fermeture est ouverte. Lola attend. La mère referme. El<strong>les</strong> se mettent à marcher,<br />

main dans la main. Mère, sourire en suspens, attend le bruit de la fermeture. Lola rouvre. La mère rit en s’arrêtant.<br />

LA MERE<br />

(se baisse, pour remonter la fermeture)<br />

Tu sais qu’on se croirait dans un terrain de camping à force d’entendre le bruit de la fermeture ? C’est presque beau comme<br />

une nuit d’été !<br />

La mère et Lola se remettent à marcher sur le modèle précédent jusqu’à « en s’arrêtant ».<br />

LA MERE<br />

C’est bien Lola. Tu as bien marché. Tu vois ? On arrive !<br />

3 : INT. LA BOULANGERIE --JOUR<br />

[ Au fond, droit devant soi, la caisse. Derrière la caisse, dans des présentoirs, différentes sortes de pain. ]<br />

[ UNE DIZAINE DE CLIENTS – LA MERE – LOLA- LA BOULANGERE]<br />

[Clients - vêtus chaudement.]<br />

[ Boulangère – blouse blanche. Cheveux noués]<br />

[ Des baguettes. Assortiment de gâteaux . Des boîtes de gâteaux de différentes grandeurs]<br />

La mère regarde alternativement Lola et <strong>les</strong> clients qui sont devant el<strong>les</strong>. Lola fixe la file.<br />

ON EST VU.<br />

LA BOULANGERE<br />

Bonjour Monsieur.<br />

LE CLIENT 1<br />

Bonjour, je désire trois baguettes pas trop cuites s’il vous plaît.<br />

LOLA (chuchoté)<br />

Bonjour je …<br />

La mère regarde Lola, s’interroge. Lui tire la main. Lola continue.<br />

LOLA<br />

désire trois baguettes pas trop cuites s’il vous plaît. (part en crescendo jusqu’à la déclamation publique) Onze ! Onze !<br />

ONZE !…<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


La mère soupire et sourit. Lola continue de clamer son onze. Les clients observent, s’interrogent, ne comprennent pas.<br />

LA BOULANGERE<br />

Deux euros vingt-cinq.<br />

LOLA (murmure)<br />

Deux eur…<br />

LE CLIENT 1<br />

Merci. Bonne journée<br />

LA BOULANGERE<br />

Merci, à vous aussi.<br />

LOLA<br />

(Toutes <strong>les</strong> répliques de Lola seront ainsi : murmurées pour <strong>les</strong> mots nouveaux et <strong>les</strong> nombres répétés se feront en crescendo<br />

jusqu’à la déclamation publique)<br />

Merci à vous aussi, quatre. Quatre !Quatre !…<br />

Le client 1 sort en lorgnant Lola et la mère. La mère soupire en amorçant un sourire entendu. Elle sait qu’il va falloir expliquer la<br />

règle !<br />

LOLA<br />

QUATRE !…<br />

LA BOULANGERE<br />

Bonjour Madame. Vous désirez ?<br />

LOLA<br />

Bonj…<br />

LA CLIENTE 2<br />

Je désire des gâteaux<br />

LOLA<br />

Je désire des gâteaux. Quatre ! Quatre ! QUA… !<br />

La boulangère se dirige vers <strong>les</strong> gâteaux.<br />

LA CLIENTE 3<br />

(se tournant vers Lola, excédée par ce qu’elle ne parvient pas à identifier).<br />

Non, pas quatre, il m’en faut huit.<br />

LOLA<br />

Non, pas quatre, il m’en faut huit. Sept ! Sept ! SEPT !…<br />

Les clients regardent tous Lola et la cliente 3, en silence. La mère regarde <strong>les</strong> clients, Lola, la boulangère.<br />

LA BOULANGERE<br />

(regardant la cliente 3, perdant patience)<br />

Quatre, sept ou huit ?<br />

LA CLIENTE<br />

(se retournant vivement vers la boulangère)<br />

Huit !<br />

LOLA<br />

Huit. Un ! Un ! UN !…<br />

La cliente 3 est exaspérée, la boulangère ne sait plus où elle en est. Les clients parlent en tous sens. On se jauge, on s’interroge,<br />

on se juge. Les deux camps sont en présence : Mère/Lola <strong>contre</strong> <strong>les</strong> autres. La mère écoute, est en inspiration.<br />

LOLA<br />

UN ! UN ! …<br />

LA CLIENTE 3 (moraliste, à la mère)<br />

Vous ne pourriez pas l’éduquer cette petite ?<br />

LOLA<br />

Vous ne pourriez pas l’éduquer cette petite. Sept ! Sept ! SEPT !…<br />

LA CLIENTE 3 (à la cantonade)<br />

C’est une honte !<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


LOLA<br />

C’est une honte. Trois ! Trois ! TROIS !…<br />

Les clients parlent en tous sens, se prennent à témoin.<br />

QUELQUES CLIENTS (tour à tour)<br />

C’est une honte !<br />

ON EXPLIQUE LA REGLE DU « JE »<br />

La mère prend son élan, respire, sourit.<br />

LOLA<br />

C’est une…<br />

LA MERE (émue)<br />

Lola n’est pas une honte. Elle est autiste. Elle se réfugie derrière des gestes, des nombres, des répétitions. Parfois elle cache,<br />

parfois elle montre. Aujourd’hui, elle montre ! L’entrée dans le monde est compliquée pour Lola mais elle mérite qu’on lui<br />

donne sa chance, comme nous tous.<br />

Lola se tait, écoute figée dans un faible balancement à peine perceptible. La cliente 3 bouche bée regarde Lola et la mère<br />

avec un œil neuf. Leur sourit.<br />

LA MERE<br />

Oui. Lola est un jeu difficile mais elle y arrivera.<br />

LA CLIENTE 3<br />

Vous voulez prendre mon tour ?<br />

LA MERE<br />

(souriant à son tour, prenant ses un euro cinquante au creux de la main droite, souffle )<br />

Je veux bien. Pardon.<br />

LA CLIENTE 3<br />

Je vous en prie.<br />

LA MERE<br />

Deux baguettes s’il vous plaît.<br />

La boulangère <strong>les</strong> lui donne, confuse, souriante, silencieuse.<br />

LA MERE<br />

(plaçant <strong>les</strong> baguettes sous le bras droit)<br />

Merci.<br />

LA BOULANGERE<br />

Je vous en prie. Au revoir Madame.<br />

LA MERE<br />

Au revoir Madame.<br />

La mère prend Lola à main gauche et marche vers la sortie quand elle s’aperçoit qu’elle a toujours son argent. Elle revient<br />

vers la caisse.<br />

LA MERE<br />

J’ai oublié de payer<br />

LA BOULANGERE<br />

Pardon. Merci<br />

La mère et Lola repartent alors vers la sortie.<br />

DES CLIENTS<br />

Au revoir Madame<br />

La mère sourit en fermant <strong>les</strong> yeux.<br />

LA MERE<br />

Merci<br />

ON A GAGNÉ LA RECONNAISSANCE.<br />

ON NE RISQUAIT RIEN D’AUTRE !<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine


1ère scène<br />

Caméra<br />

La caméra filme une terrasse de café d’un plan d’ensemble.<br />

Les préjugés vous rendent aveug<strong>les</strong><br />

Action<br />

Les gens discutent, rient, en buvant leur verre. Tout ce qu’il y a de plus banal.<br />

2 ème scène<br />

Caméra<br />

La caméra filme <strong>les</strong> coup<strong>les</strong> qui rentrent et sortent du bar.<br />

Action<br />

Différents coup<strong>les</strong>, jeunes, âgés, se lèvent de table et quittent le bar.<br />

Les autres personnes n’y font pas attention.<br />

3ème scène<br />

Caméra<br />

La caméra filme un couple d’homosexuels (reconnaissab<strong>les</strong> car ils se tiennent par la taille) entrant dans le bar, prend du recul sur<br />

l’ensemble de gens.<br />

Action<br />

Les gens <strong>les</strong> regardent du coin de l’œil, se retournent et reprennent calmement leurs discussions.<br />

Pendant ce temps le couple d’homosexuels passe en évitant <strong>les</strong> regards et va s’installer à une table au fond du bar.<br />

4ème scène<br />

Caméra<br />

La caméra zoome sur un homme accoudé au comptoir.<br />

Action<br />

L’homme accoudé au comptoir se retourne vers un homme étant à côté de lui et dit :<br />

- Les homos sont des gens bizarres tout de même<br />

(La caméra filme l’autre homme accoudé au comptoir également).<br />

L’autre homme prolétaire ordinaire, habillé en tenue de travail répond :<br />

- Et pourtant à l’instant où vous me parlez je vous semble tout à fait normal.<br />

5ème scène<br />

Caméra<br />

La caméra finit par prendre du recul sur <strong>les</strong> deux hommes.<br />

Action<br />

Les deux hommes ne disent plus rien et boivent chacun dans leur verre.<br />

Après quelques secondes un slogan apparaît<br />

Slogan proposé : « Respectons <strong>les</strong> différences »<br />

<strong>Concours</strong> <strong>Scénarios</strong> <strong>contre</strong> <strong>les</strong> <strong>discriminations</strong> – Participants région Aquitaine

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