Télécharger le discours de Marc Vuillemot - La Seyne-sur-Mer
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DISCOURS MANIFESTATION D’INAUGURATION DU PROGRAMME<br />
SECOURISME ET DEFIBRILLATEURS<br />
Je vais vous décrire une scène qui se dérou<strong>le</strong> près <strong>de</strong> 50 000 fois par an en<br />
France, et, si je fais une règ<strong>le</strong> <strong>de</strong> trois très simp<strong>le</strong>, 50 fois par an à <strong>La</strong> <strong>Seyne</strong>-<strong>sur</strong>-<br />
<strong>Mer</strong> :<br />
Un homme entre 50 et 60 ans marche dans la rue, ou fait un footing dans un<br />
sta<strong>de</strong>. Soudain un malaise l’envahit, son teint <strong>de</strong>vient cireux, et rapi<strong>de</strong>ment il<br />
s’écrou<strong>le</strong> sans connaissance. Des témoins assistent sidérés à la scène. Sidérés et<br />
impuissants. Quelqu’un pense à appe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> 15 ou <strong>le</strong> 18, mais même dans <strong>le</strong><br />
meil<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>s cas, <strong>le</strong>s secouristes n’arriveront pas avant une quinzaine <strong>de</strong><br />
minutes. Quand ils arriveront, cela fera près <strong>de</strong> 10 minutes que l’homme aura<br />
cessé <strong>de</strong> vivre. Il a été terrassé par une fibrillation ventriculaire, probab<strong>le</strong>ment<br />
provoquée par un infarctus du myocar<strong>de</strong>.<br />
Oui, 50 000 personnes per<strong>de</strong>nt la vie prématurément en France, 50 à <strong>La</strong> <strong>Seyne</strong>-<br />
<strong>sur</strong>-<strong>Mer</strong>.<br />
Seuls 1 ou 2% d’entre eux aura la chance d’être réanimé – et même dans une<br />
vil<strong>le</strong> comme Marseil<strong>le</strong> littéra<strong>le</strong>ment quadrillée par une douzaine <strong>de</strong> casernes et<br />
une trentaine <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins réanimateurs, <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> <strong>sur</strong>vie ne dépasse pas 3 ou<br />
4%.... <strong>La</strong> technologie montre là ses limites…<br />
<strong>La</strong> Vil<strong>le</strong> veut changer la fin <strong>de</strong> ce scénario. El<strong>le</strong> veut que la fin <strong>de</strong> l’histoire<br />
puisse se raconter comme ceci :<br />
l’homme s’est écroulé <strong>de</strong>vant une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> témoins. Aussitôt l’un<br />
d’eux appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> 15, alors que <strong>de</strong>ux autres se relaient pour réaliser un massage<br />
cardiaque efficace. Le quatrième, lui, court vers la loge du gardien du sta<strong>de</strong> où il<br />
sait qu’il trouvera un défibrillateur. Il lui faudra 6 ou 7 minutes pour al<strong>le</strong>r et<br />
revenir, puis encore une minute pour brancher <strong>de</strong>ux é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> la poitrine <strong>de</strong><br />
l’homme. Celui-ci, bien qu’inconscient <strong>de</strong>puis presque 10 minutes, a repris <strong>de</strong>s<br />
cou<strong>le</strong>urs grâce au massage vigoureux qu’on lui prodigue. <strong>La</strong> machine a i<strong>de</strong>ntifié<br />
la fibrillation ventriculaire, et ordonne <strong>le</strong> choc é<strong>le</strong>ctrique. Un second choc sera
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peut-être nécessaire avant que l’un <strong>de</strong>s sauveteurs sente <strong>le</strong> battement régulier du<br />
cœur, qui a recommencé à pomper <strong>le</strong> précieux flui<strong>de</strong> sanguin vers <strong>le</strong> cerveau…<br />
Quand <strong>le</strong> SMUR arrive, près <strong>de</strong> douze minutes après, l’homme est conscient, et<br />
commence à comprendre qu’il doit la vie à ces quatre personnes, qui cachent<br />
diffici<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs propres émotions…<br />
Aujourd'hui, c’est comme ça que l’histoire finit dans <strong>le</strong>s pays qui ont engagé il y<br />
a longtemps une politique <strong>de</strong> formation aux premiers secours <strong>de</strong> la population, et<br />
d’équipement <strong>de</strong>s lieux publics en défibrillateurs.<br />
Oui, c’est intentionnel<strong>le</strong>ment que je place la politique <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> la<br />
population avant l’équipement en défibrillateurs : ceux-ci, en effet, sont<br />
inuti<strong>le</strong>s si personne ne peut faire circu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> sang par un massage du cœur <strong>le</strong><br />
temps qu’on ail<strong>le</strong> chercher et mettre en bran<strong>le</strong> un défibrillateur : chacun sait<br />
qu’au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois minutes sans circulation sanguine, <strong>le</strong> cerveau<br />
commence à être irrémédiab<strong>le</strong>ment atteint. Et rares seront ceux qui auront la<br />
chance <strong>de</strong> faire un arrêt cardiaque juste sous un défibrillateur….<br />
Inuti<strong>le</strong> <strong>de</strong> dire qu’avec un pourcentage <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong> secouristes parmi la<br />
population française, il faut, aujourd'hui faire son arrêt cardiaque au<br />
milieu d’une vingtaine <strong>de</strong> personnes pour avoir quelque chance d’être<br />
réanimé.<br />
Notre projet ne consistait donc pas seu<strong>le</strong>ment à acheter, instal<strong>le</strong>r et maintenir 12<br />
à 15 défibrillateurs <strong>sur</strong> la commune : la fondation d’as<strong>sur</strong>ance CNP n’aurait<br />
probab<strong>le</strong>ment pas retenu notre projet en 2010, s’il s’était contenté <strong>de</strong> ça.<br />
Notre projet consiste à encourager la formation aux premiers secours parmi <strong>le</strong>s<br />
1 400 agents municipaux seynois, pour que cette culture du secourisme diffuse<br />
parmi la population généra<strong>le</strong>.
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Nous ferons en sorte que <strong>le</strong>s agents au contact <strong>de</strong>s plus vulnérab<strong>le</strong>s soient<br />
formés en priorité : <strong>le</strong>s agents du Service <strong>de</strong>s sports, du Service s’occupant <strong>de</strong>s<br />
séniors, du Service <strong>de</strong> santé publique, <strong>de</strong>s animateurs du service jeunesse, <strong>de</strong>s<br />
agents <strong>de</strong>s crèches et <strong>de</strong>s éco<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> la police municipa<strong>le</strong>, et bien sûr du PSPR,<br />
notre service <strong>de</strong> protection civi<strong>le</strong>, ainsi que sa réserve communa<strong>le</strong> <strong>de</strong> protection<br />
civi<strong>le</strong>.<br />
Nous allons éga<strong>le</strong>ment sensibiliser nos partenaires <strong>de</strong> la communauté éducative<br />
pour que <strong>le</strong>s jeunes aient l’envie et la possibilité <strong>de</strong> se former au secourisme<br />
dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s : nous n’oublions pas que dans certains pays, pour passer <strong>le</strong><br />
permis <strong>de</strong> conduire, il faut avoir un brevet <strong>de</strong> secourisme….<br />
Déjà, dans <strong>le</strong>s quartiers, <strong>de</strong> nombreuses mamans nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt comment<br />
apprendre <strong>le</strong>s gestes qui sauvent en cas <strong>de</strong> brûlures, d’inhalation <strong>de</strong> corps<br />
étrangers, etc.<br />
En fait, <strong>de</strong>ux Français <strong>sur</strong> trois préten<strong>de</strong>nt vouloir se former aux premiers<br />
secours : la volonté populaire existe, à nous <strong>de</strong> la concrétiser.<br />
Pour terminer, je dirai que, bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son impact <strong>sur</strong> la <strong>sur</strong>vie <strong>de</strong><br />
dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> nos concitoyens victimes d’un arrêt cardiaque, ce<br />
projet <strong>de</strong> secourisme est aussi un projet <strong>de</strong> solidarité, un projet <strong>de</strong><br />
citoyenneté. Rien n’est plus désintéressé que <strong>de</strong> se former à une technique<br />
que l’on ne pourra jamais pratiquer pour son propre bénéfice, mais<br />
toujours au bénéfice d’un autre. En ces temps troublés, où apparait la<br />
tentation du chacun pour soi, ce projet aura un grand succès, car <strong>le</strong> besoin<br />
<strong>de</strong> solidarité et <strong>de</strong> désintéressement ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’à être révélé. J’en suis<br />
persuadé, et je remercie donc toutes cel<strong>le</strong>s et ceux qui <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, à la<br />
Vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>La</strong> <strong>Seyne</strong>-<strong>sur</strong>-<strong>Mer</strong> comme à la Fondation CNP, ont contribué à<br />
l’inauguration d’aujourd'hui.