Les jeux vidéo et notre santé. - ASPH

I. Introduction
Les jeux vidéo et notre santé.
Les jeux vidéo, et de manière plus étendue le gaming, sont est une
activité ludique très utilisée par les jeunes. Pour certains, ils y
consacrent quelques heures par jour au détriment d’autres activités
sociales, sportives ou culturelles. Ce nouveau loisir du 21e siècle est-il
un danger pour les utilisateurs ou une nouvelle opportunité pour notre
santé?
II. Développement
L’univers du jeu vidéo est devenu au 21e siècle un des secteurs de
l’industrie du divertissement les plus florissants. Réservé auparavant à
des « accros », le monde virtuel s’est développé en un véritable
phénomène de masse. Avec un chiffre d’affaires mondial de près de
40 millions d’euros, les jeux interactifs dépassent l’industrie du cinéma.
De nos jours, des millions de personnes à travers toute l’Europe jouent à
des jeux vidéo. Au Royaume-Uni, 37 % des personnes âgées de 16 à 49
ans se décrivent comme des « joueurs actifs » (c’est-à-dire des
personnes jouant couramment à des jeux sur console, console
portative ou PC). En comparaison, en Espagne et en Finlande, 28 %
des personnes âgées de 16 à 49 ans se définissent comme des «
joueurs actifs ». [Rapport Nielsen 2008]. Tandis que la plupart des jeux
(49 %) conviennent à des joueurs de tous les âges, nombreux sont ceux
qui conviennent uniquement aux enfants plus âgés et aux adolescents.
Il existe également des jeux (4 %) conçus uniquement pour les adultes
(de plus de 18 ans).
Les jeux vidéo, jadis utilisés principalement par les jeunes, ont percolé
toutes les tranches d’âge de la population. L’âge moyen des gamers
tourne autour de 32 ans. 40 % des joueurs sont des joueuses. 154
millions de jeux consoles sont vendus par an contre 36,4 millions pour
les PC. Afin de conquérir un plus grand nombre, des sociétés ont
envahi le marché avec des jeux et/ou des consoles destinés au plus
jeune âge. Il n’est pas rare de voir dès l’âge de 3- 4 ans, certains
enfants jouer sur leurs premiers ordinateurs interactifs. Dès l’âge de 5 –
6 ans, certaines consoles permettent à des enfants de jouer de
manière individuelle, en groupe ou en famille.
Progressivement, à l’âge de l’adolescence, le jeu traditionnel, le jeu de
société semblent disparaître au profit des jeux vidéo. Le divertissement
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par l’informatique et la vidéo est devenue une nouvelle forme
d’expression culturelle chez les jeunes.
III. Comment choisir un jeu suivant l’âge du joueur ?
Pour chaque joueur ou acheteur de jeu, il est possible de choisir un jeu
en toute connaissance de cause grâce à une identification spécifique
sur l’emballage. L’âge requis du joueur ainsi que le type de jeu est
repris sous forme de pictogramme que l’on peut retrouver au dos de la
jacquette.
La classification par âge est un système destiné à garantir un
étiquetage clair des contenus de loisirs (tels que les films, vidéos, DVD
et jeux vidéo) par classe d’âge en fonction du contenu. La
classification par âge guide les consommateurs (en particulier les
parents) afin de leur permettre de décider s’ils peuvent acheter ou non
un produit donné.
Afin de vérifier l’usage du jeu, une série de symboles indiquant la
nature du contenu est complémentaire à l’âge. On y retrouve 8
symboles différents ayant chacun sa spécificité.
Pictogrammes
Jeu contenant un langage grossier/vulgaire
Jeu montrant ou encourageant la discrimination
Jeu faisant référence aux drogues ou montrant leur usage
Jeu dont le contenu peut effrayer de jeunes enfants
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Jeu montrant la nudité et/ou des contacts sexuels ou faisant allusion
au sexe
Jeu contenant des scènes violentes
Jeu encourageant ou enseignant les jeux de hasard
Jeu en ligne
Identifié en Europe sous le nom de PEGI, ce système permet de
garantir une meilleure protection des utilisateurs et permet de mieux
orienter parents et vendeurs.
Cependant, ce système PEGI est laissé à libre appréciation du
concepteur de jeu. Appliqué depuis 2008, pour la tranche d’âge et le
contenu, ce n’est qu’en 2010, que le PEGI Online a vu le jour.
En effet, en dehors d’un achat ou une location dans un magasin, de
nombreux jeux sont offerts en ligne tout à fait gratuitement. Il est par
conséquent nécessaire également d’en vérifier les paramètres. Après
avoir interrogé quelques jeunes et parents dans notre environnement
professionnel, très peu connaissaient la signification des symboles et
n’avaient pas pris la peine de s’y intéresser. Seule la tranche d’âge
peut être une référence. Le choix du jeu est bien souvent orienté par
le succès qu’il remporte auprès d’autres joueurs ou la publicité que
l’on peut voir dans les journaux ou médias.
Toutefois, par rapport à ces 20 pays européens qui utilisent ce système
de classification, l’ASPH considère qu’il manque une réelle campagne
d’information auprès des utilisateurs et/ou parents. En Belgique, rien ne
laisse transparaître au grand public cette pratique, particulièrement à
la veille de la Saint Nicolas où la vente de jeux vidéo est en forte
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consommation. Seul le ministre en charge de la protection du
consommateur pourrait envisager une telle campagne ou des
organismes de protection du consommateur tel que le CRIOC ou Test
achat.
A ce jour, malgré l’identification sur la jaquette du jeu, le vendeur
pourra fortement déconseiller l’achat d’un type de jeu en fonction de
l’âge de l’acheteur face à lui. Faute d’information sur cette
classification, on retrouve de nombreux parents qui, sous la pression de
leur enfant à la caisse du magasin, acceptent de tels achats malgré
l’avertissement du commerçant. Il serait donc intéressant, pour
l’ensemble des pays européens, tout comme la législation sur la vente
d’alcool ou de cigarettes interdite aux moins de 16 ans, de retrouver
une législation spécifique afin d’interdire la vente de certains jeux
vidéo auprès des mineurs.
Le système PEGI donne une ligne de conduite globale sur un âge
moyen de l’utilisateur. Toutefois, l’enfant lui-même, au mieux le parent,
pourra juger s’il est apte à utiliser le jeu choisi. Le parent pourra donner
des règles de conduite spécifiques qu’il semble nécessaire à suivre
telle que la durée de jeu, les moments de la journée où il peut jouer
mais surtout expliquer pourquoi les parents exigent ces règles
supplémentaires. Afin d’avoir un regard critique sur les jeux choisis,
demander préalablement à l’enfant le nom du jeu à acheter, faire
une recherche sur internet afin d’en vérifier son contenu. Au mieux,
après l’achat, prendre le temps de jouer avec l’enfant, d’échanger sur
celui-ci. Après une journée voire semaine de travail, les parents ne sont
pas peut être pas aussi disponibles auprès de l’enfant pour l’écouter.
Néanmoins, profiter de ces moments de jeux pour partager des
expériences et communiquer d’égal à égal est important. Il est
parfois, plus facile de discuter des restrictions quand on en connaît soimême
l’usage. L’enfant devrait mieux comprendre les règles que le
parent impose.
Pour les ados et les jeunes adultes, le « contrôle » parental est plus
difficile. Néanmoins, les parents peuvent établir des règles de vie afin
de maintenir une vie sociale, scolaire, sportive, voire professionnelle
pour certains. Les parents privilégieront les moments collectifs des
repas pour échanger. Les jeux en ligne se jouent souvent avec des
interactions d’autres joueurs tout à fait inconnus. Les parents devront
expliquer à l’ado la vigilance à avoir quant au respect de sa vie
privée dans ce type d’échange (pas échange d’adresse
personnelle…).
Le jeu vidéo est devenu un loisir comme un autre. Ces jeux peuvent
jouer un rôle dans l’épanouissement et le développement de l’enfant.
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Toutefois, comme parents, il est nécessaire de donner un cadre
suffisamment clair à l’enfant et de rester vigilant quant à son utilisation.
IV. Ce que les jeux vidéo apportent aux utilisateurs
De nombreuses études démontrent que les jeux vidéo améliorent la
créativité et l’interaction. Au vu des règles et instructions à suivre pour
avancer dans le jeu, les enfants accroissent leur capacité à s'auto
discipliner et être autonome. Les jeux sont également pour les jeunes
ados, un outil qui permet de s’initier aux nouvelles technologies et
renforcent l’intérêt vers les technologies de l’information et de la
communication tandis que les puzzles et les jeux de société,
d’aventures et d’énigme donnent la possibilité aux joueurs de
développer leur capacité de réflexion stratégique et leurs aptitudes à
résoudre les problèmes.
Les utilisateurs doivent garder une attention particulière, se mettre
presque dans une bulle afin de maintenir des temps de réaction.
Pour certains types de handicap physique, l’usage de jeux vidéo peut
accroître et affiner les capacités motrices et spatiales. Certains
chercheurs et/ou étudiants ont transformé l’usage initial d’un jeu pour
permettre une rééducation à des personnes atteintes de troubles
neurologiques, de coordination des membres voire stimuler des actions
liée à la seule activité cérébrale (la personne n’a plus l’usage des
membres donc réaliser une action avec la pensée).
Pour les adultes, certaines professions ont démontré que l’usage
prolongé de jeux vidéo d’action permettait d’améliorer les aptitudes
de perception visuelle. Certains jeux sont également utilisés pour
soigner certaines phobies telles que la peur de l’avion, l’utilisation de
l’ascenseur. Pour soigner ce type de phobie, il est très difficile pour un
thérapeute de pratiquer des séances dans des situations réelles. En
effet, au seul prix du billet d’avion, la personne ne souhaitera pas
engager de tels frais au seul fait de se soigner ! D’autre part, le
thérapeute n’aura pas la garantie que durant le vol, certaines
situations seront vécues telles que les turbulences ou un trou d’air. De
plus, la panique d’un passager, même si le thérapeute est là pour
appréhender et encadrer le passager concerné, la panique à bord
pourrait se démultiplier. La mise en pratique grâce à des situations
virtuelles est la plus appropriée. Un réel encadrement psychologique
pourra être ainsi engagé. Les situations peuvent être évolutives et
arrêtées à tout moment. Le thérapeute est lui même maître de la
situation virtuelle et pourra trouver l’équilibre nécessaire pour améliorer
le confort d’un passager potentiel, voir le soigner de cette phobie.
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Plusieurs études ont démontré que cette technique pouvait être
efficace également pour des personnes atteinte d’acrophobie
(vertige), l’agoraphobie (foule), l’arachnophobie (araignée), peur de
conduire ou de s’exprimer en public…
Selon l’OMS, une des causes de surpoids ou d’obésité chez les jeunes
est l’inactivité. A ce titre, l’usage des jeux vidéo est souvent incriminé.
Toutefois, on retrouve sur le marché, des jeux qui permettent une
activité physique grâce des techniques de déplacement face à un
écran avec caméra ou l’usage d’une manette à la place d’une
raquette. Il est certain, que toute activité virtuelle ne remplace en rien
une heure de sport dans une salle ou la pratique d’une activité
régulière extérieure. Cependant, pour certains patients dont l’image
de soi est très négative, le déplacement de leur corps est si faible à
cause de leur surpoids, la stimulation virtuelle peut être une première
étape pour prendre conscience de leur corps et reprendre peu à peu
une activité physique. Liée à une alimentation équilibrée, la personne
pourra peut être reprendre dans le futur une réelle activité physique.
Avec l’évolution des technologies et les progrès de la science, nous
restons convaincus que les jeux vidéo seront utilisés dans de nombreux
domaines. Ces jeux pourront avoir un potentiel positif pour la santé
mentale, physique tant auprès des enfants que des adultes.
Effet négatif
Au cours de ces dernières décennies, certains médecins se sont
s’inquiétés de l’usage de certains jeux vidéo. En effet, certains
provoquent chez certains utilisateurs, stress, crise d’épilepsie, violence
gratuite, fatigue, manque d’appétit…
L’usage des jeux vidéo en lui-même n’a pas de grandes
conséquences sur l’utilisateur s’il respecte certaines règles de vie et
adapte sa durée de jeu en fonction de son état de santé. Il est vrai
que des situations extrêmes ont amené des jeunes à perdre
connaissance après avoir joué durant plus de 48h sans s’alimenter. Il
est donc nécessaire en tant que parent, quelque soit l’âge de l’enfant
ou du jeune, d’établir un dialogue et limiter son usage. D’autre part,
les médias relatent les difficultés relationnelles que peuvent avoir les
jeunes couples, dont l’usage du jeu vidéo à bercer leur enfance,. En
effet, après une journée de travail, bien souvent le partenaire, le plus
souvent masculin, se détend avec des jeux vidéo. Pris au jeu et à
cette volonté d’aller plus loin, de se confronter à d’autres joueurs en
ligne où une certaine compétition est en jeu, celui-ci délaisse
compagne et enfants. Ce nouveau phénomène est un réel fait de
société. De nombreuses émissions de téléréalité (Grand angle, grand
frère…) nous présentent ces familles en difficulté. Grâce à la
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participation d’un médiateur qui observe durant quelques jours la vie
de couple, ce dernier peut faire prendre conscience aux utilisateurs
accros que leurs plaisirs ont de réelles conséquences sur leur vie de
couple ou de famille. Une nouvelle fois, le médiateur réinstaurera les
règles de vie essentielles et élémentaires qui permettent une vie de
famille harmonieuse.
V. Conclusion
Depuis les années 1990, le jeu vidéo est devenu un loisir et un
phénomène de masse, mais surtout un marché économique très
important au niveau mondial.
Les parents nés avant cette date ont rarement joué à ce type de jeux
durant leur enfance ou adolescence. Néanmoins, leur progéniture les
ont amené à découvrir ce nouveau type d’activité, qu’il soit individuel
ou familial. De nos jours, de nombreuses familles possèdent des
consoles de jeu ou un ordinateur à la maison, les personnes
handicapées aussi. Même si certaines contraintes physiques ou
sensorielles limitent son usage, la personne handicapée y trouve les
mêmes plaisirs, joie, et peut tout à fait être intégrer dans des parties en
ligne où le handicap peut tout à fait disparaître. Pour certaines
personnes lourdement handicapées, les jeux vidéo sont leurs seules
activités vers le monde extérieur et créateur de liens sociaux.
Cependant, elles ne sont pas à l’abri des mêmes dérives que les
valides sur leur santé si l’usage d’une telle activité est excessive. Il
n’existe pas de recommandation, de législation qui impose une durée
de jeu par jour ou par semaine, ni le type de jeu à jouer. Chaque
personne ressentira certains symptômes (fatigue physique ou oculaire)
suivant son état général. Chacune d’elle devra connaître ses limites et
s’accorder du temps pour des activités diverses, en famille, entre amis
et maintenir des liens sociaux.
Les jeux vidéo ne semblent pas avoir plus d’influence que la télévision.
Le phénomène d’identification envers un personnage est tout aussi
possible dans les jeux que dans les livres, la télévision ou dans la vie de
tous les jours.
Les cas de crimes en rapport avec les jeux vidéo sont très rares. Des
millions de joueurs pratiquent ce loisir sans aucune complication.
Le jeu vidéo n’est pas plus dangereux que les informations télévisées
ou encore le journal. Le jeu vidéo n’est pas dangereux en lui-même,
seules certaines personnes fragiles psychologiquement peuvent l’être
par énormément de choses, notamment par le jeu vidéo. D’autre
part, il est utilisé à des fins thérapeutiques ou de rééducation. Il est, par
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conséquent, important de rappeler que toute activité excessive peut
entrainer une grande dépendance. Il est nécessaire que des règles
mais surtout des limites soient à établir préalablement. Afin que les
jeunes, adultes de demain, ne deviennent des accros potentiels et
doivent dans les années futures, passer par des thérapies lourdes liées
à leur dépendance, une réelle éducation aux médias et à l’utilisation
de tels jeux est nécessaire. Dans les programmes scolaires, l’usage de
l’ordinateur, voir le jeu vidéo, est utilisé par les enseignants. Il nous
semblerait utile d’y trouver une certaine prévention à son usage.
Enfin, comme nous l’avons cité plus haut, une campagne
d’information grand public, à l’entame de la période de fête, pourrait
conscientiser les jeunes mais aussi surtout aider les parents à déterminer
le choix du jeu mais surtout son contenu en fonction de l’âge.
Le débat ne s’arrête pas à la fin de cette analyse mais peut continuer
sur une autre dimension. De nos jours, est-ce l’abus de jeux vidéo qui
accroît le risque de dépendance et malheureusement amène des
répercussions sur notre santé ou plutôt est-ce la difficulté de trouver
une vie sociale correcte qui amène les utilisateurs à se retrancher dans
le monde virtuel ?
Chargée de l’analyse : Christine Bourdeauducq
Coordinatrice, Chargée de projet
Conseillère en mobilité et en accessibilité
Responsable de l’analyse : Gisèle Marlière
Secrétaire générale de l’ASPH
Date : 01.11.2011
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