1925 - Académie du Var
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En rêve, il voit passer, voguant à pleines voiles.<br />
Des nuages qu'il prend oour de lourds galions;<br />
Et, comme l'araignée aux mouches tend ses toiles,<br />
L'oiseau, de ses gros yeux absorbant les rayons,<br />
Vole l'or au soleil et l'argent aux étoiles.<br />
La nuit tombe, et le vent qui fait verdir les prés,<br />
Le vent de germinal, amoureux des pervenches,<br />
Soupire mollement à travers les fourrés,<br />
Et, pour les endormir deux à deux sur les branches,<br />
Berce tous ces nouveaux époux énamourés.<br />
Le ver luisant s'allume, et les rainettes crient;<br />
Et le berger rêveur, qui pousse lentement<br />
Soft troupeau vers la ferme où les vitres sourient,<br />
Traverse la forêt avec recueillement:<br />
Car c'est le vingt-deux mars... les oiseaux se marient.<br />
Plusieurs membres de l'<strong>Académie</strong> <strong>du</strong> <strong>Var</strong>, MM. Charles<br />
Risse, Emile Jouvenel, le Pr Arnaud, Ludovic-Léon Régnier,<br />
le Dr Renoux, viennent déposer aux pieds <strong>du</strong> Maître<br />
leurs gerbes poétiques.<br />
A FRANÇOIS FABIÉ<br />
Tout poète a sans doute, en secret, le vouloir<br />
De chanter comme toi l'amour de son terroir,<br />
Mais s'il compare aux tiens ses vers à la patrie,<br />
Il hésite à donner l'oeuvrequ'il a pétrie.<br />
On voudrait comme toi posséder le pouvoir,<br />
Que depuis La Fontaine en n'avait su revoir,<br />
De parler comme il sied, des bêtes qu'on oublie<br />
Et qui pourtant pour nous sont sage compagnie.<br />
On jalouse les vers de ta mélancolie,<br />
Qui chante avec les deuils et pleure avec l'amour,<br />
Près <strong>du</strong> tombeau cruel où la douleur te lie.<br />
Autre chose est aussi que surtout l'on t'envie,<br />
Qui doit servir d'exemple aux poètes <strong>du</strong> jour,<br />
— Aussi bien que ton oeuvre,ô Maître — c'est ta vie!<br />
Ta vie!... O Maître, encore, qu'elle soit longue et belle<br />
Avant de l'endormir dans ta gloire immortelle!<br />
Charles RISSE.