Jacques Voneche & Silvia Parrat-Dayan de la vie (organique ...

10 JACQUES VONECHE & SILVIA PARRAT-DAYAN
nombreuses questions telles que, par exemple: Est-ce que la totalité
suppose la synthèse de l'unité et de la pluralité? Comment concilier
l'unité dans la multiplicité? Comment concilier la constance dans le
changement? Quel est le rapport entre le général et le particulier? Comment
comprendre le passage des interactions locales entre composantes
simples à une unité globale d'ordre supérieur qui fonctionne comme un
tout? Le tout est-il simplement la somme de ses parties? Que veut dire
somme des parties? Implique-t-elle l'émergence d'une totalité inanalysable?
L'analyse suppose-t-elle nécessairement la notion de réductionnisme,
comme certains auteurs semblent le dire? L'émergence serait-elle liée à
l'idée d'une complexification ou, comme le dit Stengers (1987), les
questions qualitativement nouvelles traduisent le caractère trop pauvre des
instruments conceptuels qui ne peuvent plus convenir aux questions qu'on
se pose? L'affirmation que le tout est plus que la somme des parties
implique-t-elle que l'étude des parties ne peut rien apprendre sur le tout?
Et, comme le dit encore Stengers, que signifie l'expression somme des
parties. Pouvons nous traiter toutes les sommes, sous prétexte qu'elles ont
les mêmes parties, selon le même modèle général? Enfin que représente
l'idée de totalité?
Nous allons considérer cette dernière question dans la théorie de
Piaget. Le problème peut être abordé selon deux points de vue différents.
D'une part, on pourrait essayer de dégager l'idée de totalité (tout-structure),
au niveau de la théorie du développement construite par Piaget. Dans
ce cas, et dans la mesure où l'auteur décrit des structures stables mais qui
changent dans le temps, il s'agirait de compr'endre la relation stabilité/changement
au cours de la description et de l'analyse de l'ontogenèse.
Comment des structures qui ne sont pas détermineés a priori, peuventelles
évoluer? Par ailleurs, comme le système piagetien s'appuie sur un
modèle logique qui, par conséquent, n'est pas temporel on pourrait se
demander si ce modèle est pertinent pour décrire l 'histoire de la pensée
individuelle qui, elle, fait partie d'un organisme vivant que de ce fait
n'échappe pas à la temporalité. Cependant, dans la mesure où Piaget se
refère aussi à un modèle causal, on peut se demander comment il coordonne
ces deux modèles entre eux. Dans ce sens on pourrait analyser la
conception de Piaget concernant le développement de la pensée comme
une construction intégrant les contraintes d'une organisation logique et les
interactions spatio-temporelles avec le milieu. Ce qui pose la question de
l'ouverture du dit système aux variations du milieu.