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Le dossier pédagogique de "Trois vieilles"

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48<br />

THEATRE<br />

<strong>Trois</strong> vieilles d’Alejandro Jodorowsky<br />

Sous le regard <strong>de</strong> leur nourrice, <strong>de</strong>ux très vieilles marquises, décharnées<br />

par le temps et la faim, s’agrippent à leurs lambeaux d’aristocratie<br />

dans un château décrépi. Et rêvent encore au prince<br />

charmant… Ce sont les fameuses <strong>Trois</strong> vieilles : trois personnages<br />

comme échappés d’un tableau d’Ensor ou Goya, campés par <strong>de</strong>s<br />

marionnettes incroyables ! Farce onirique et décapante, le spectacle<br />

oscille entre fiction et réalité, conte <strong>de</strong> fées et rituel macabre,<br />

humour noir et cruauté glaçante, rire et angoisse. Un univers<br />

mythique et déjanté, carnavalesque et déca<strong>de</strong>nt, grotesque et poétique,<br />

métaphore d’une société <strong>de</strong> l’apparence… Un petit bijou théâtral<br />

! Un pur délire !<br />

Un conte polysémique<br />

© Point Zéro<br />

Jodo nous a fait encore un ca<strong>de</strong>au : un texte inédit. Une création<br />

mondiale (jamais vu a la télé quoi !). Impossible <strong>de</strong> refuser forcément.<br />

Voici donc le <strong>de</strong>rnier volet <strong>de</strong> notre triptyque jodorowskien:<br />

Opéra Panique, L’École <strong>de</strong>s Ventriloques et <strong>Trois</strong> Vieilles.<br />

Instantanément nos univers se frottent, s’excitent l’un l’autre, <strong>de</strong>s<br />

liens se tissent, <strong>de</strong>s ponts se jettent, <strong>de</strong>s pierres s’entassent, <strong>de</strong>s<br />

trous se creusent, <strong>de</strong>s avions passent, <strong>de</strong>s idées jouent aux dominos,<br />

<strong>de</strong>s canards empaillés s’envolent par-<strong>de</strong>ssus les douves,<br />

et, dans un coin du château, <strong>de</strong> vieilles peaux gémissent et rêvent<br />

<strong>de</strong> fêtes galantes et rôtis succulents.<br />

Une (é)toile mystérieuse pour acteurs taxi<strong>de</strong>rmistes, pantins et objets<br />

hétéroclites, qui n’ont sans doute rien à envier ni aux monstres<br />

<strong>de</strong> Goya, ni aux surréalistes <strong>de</strong> tous poils. Un conte polysémique,<br />

une invitation à se méfier <strong>de</strong>s apparences et <strong>de</strong>s histoires<br />

<strong>de</strong> famille, <strong>de</strong>s images d’Epinal et autres « façadismes » <strong>de</strong> convenance.<br />

Une fable qui joue sur les mythes en les dépiautant, les<br />

mâchant et remâchant sans cesse pour en faire une nouvelle<br />

pâte et que s’en échappent <strong>de</strong> nouveaux sens dans une sorte <strong>de</strong><br />

carnaval rituel. L’histoire <strong>de</strong> Garga, vieille servante centenaire, et<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jumelles <strong>de</strong> 88 ans, Grazia et Meliza, aristocrates déchues<br />

et décrépies qui rêvent encore au prince charmant.<br />

(D’après Jean-Michel d’Hoop, metteur en scène)<br />

La marionnette et le sacré<br />

Jodorowsky écrit le théâtre comme il fait <strong>de</strong> la poésie et la technique<br />

du collage est un procédé poétique car il cherche le merveilleux,<br />

l’extraordinaire, l’insolite. Je pense également que cela<br />

agit <strong>de</strong> la même manière que la marionnette. Au lieu <strong>de</strong> commencer<br />

par faire travailler notre cerveau, notre rationnel, c’est d’abord<br />

une sensation immédiate, instinctive, brute ; une image qui d’emblée<br />

nous choque, nous bouscule. Et la recherche <strong>de</strong>s significations<br />

qu’elle propose se fait dans un <strong>de</strong>uxième temps. C’est avant<br />

tout une expérience physique quasi immédiate. <strong>Le</strong> spectateur<br />

perçoit immédiatement qu’il n’est pas question dans la représentation<br />

<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> réalisme ou <strong>de</strong> miroir immédiat et accepte<br />

<strong>de</strong> recevoir les images proposées comme autant <strong>de</strong> reflets d’une<br />

réalité autre. <strong>Le</strong> spectateur sent plutôt qu’il ne sait. L’utilisation d’une<br />

marionnette, au sens large du terme, d’un objet inanimé mis en<br />

mouvement, agit <strong>de</strong> manière immédiate sans que l’on n’ait besoin<br />

d’aucunes références particulières. <strong>Le</strong> spectateur reconnaît en cela<br />

sa propre mort, son état miraculeux d’homme vivant amené à disparaître<br />

un jour, et le miracle <strong>de</strong> cette résurrection d’un objet<br />

dénué <strong>de</strong> toute vie. Quelle que soit l’imagerie utilisée, le public visé,<br />

on est tout <strong>de</strong> suite ici dans un rapport au sacré.<br />

(D’après Jean-Michel d’Hoop, metteur en scène)<br />

Un carnaval déglingué<br />

Ces trois-là sont manifestement faits pour s’entendre et enfanter<br />

<strong>de</strong>s monstres magnifiques : en création mondiale au Festival <strong>de</strong><br />

Spa, les <strong>Trois</strong> vieilles d’Alejandro Jodorowsky (auteur), Jean-<br />

Michel d’Hoop (metteur en scène) et Natacha Belova (créatrice <strong>de</strong><br />

marionnettes et <strong>de</strong> costumes) font un tabac et à juste titre. Une<br />

prestation délirante, drôle et inquiétante, grotesque et carnavalesque,<br />

comme peuvent l’être Ghel<strong>de</strong>ro<strong>de</strong>, Ensor ou encore, référence<br />

essentielle ici, le peintre Francisco Goya. Ces trois très<br />

vieilles marquises et leur animal <strong>de</strong> compagnie (con<strong>de</strong>nsé <strong>de</strong><br />

chien, d’oiseau, <strong>de</strong> chat…) ne sont plus que ruines, décharnées<br />

par le temps, la faim, engluées dans leurs lambeaux d’aristocratie<br />

et leur château décrépi. Des épouvantails, <strong>de</strong>s charognes,<br />

<strong>de</strong>s momies galeuses… Mais pas question <strong>de</strong> ne pas paraître au<br />

bal <strong>de</strong> la cour et, sait-on jamais, d’y rencontrer le prince charmant<br />

qui renflouerait les caisses et le ventre. On secoue donc la robe<br />

sans âge, l’éventail, le <strong>de</strong>ntier, la perruque, on joue aux dés celle<br />

qui va les porter et on comman<strong>de</strong> le carrosse, sponsorisé par les<br />

boissons Lulu… De la pub viendra l’ironique sauvetage. Mais<br />

nous ne vous dévoilerons pas les ressorts <strong>de</strong> cette histoire qui<br />

plonge à pleines brassées dans tous les contes <strong>de</strong> fée, les références<br />

christiques et les métaphores d’une société déca<strong>de</strong>nte <strong>de</strong><br />

l’apparence. Fers <strong>de</strong> lance <strong>de</strong> l’inspiration <strong>de</strong> Jodorowsky, toujours<br />

aussi gourmand d’une langue pimentée, le sexe et la mort dansent<br />

un joyeux tango, sur <strong>de</strong>s ruines… Sur scène, entre les épaves<br />

d’un paravent et d’un lit à baldaquin, quatre comédiens sont les<br />

officiants <strong>de</strong> ce rituel et les manipulateurs virtuoses <strong>de</strong>s trois<br />

vieilles, terribles marionnettes façonnées par Natacha Belova,<br />

<strong>de</strong>s poupées ravinées, squelettiques, aux yeux caves, aux veines<br />

affleurant, une troublante alchimie du vivant et <strong>de</strong> la mort. Et<br />

lorsqu’elles regar<strong>de</strong>nt leur manipulateur dans les yeux, le public<br />

retient son souffle, dans un silence glacé. On touche là à quelque<br />

chose <strong>de</strong> sacré. Pour ces <strong>Trois</strong> vieilles, Jean-Michel d’Hoop a orchestré<br />

un grand jeu <strong>de</strong> l’illusion, aux strates multiples et <strong>de</strong>nses,<br />

qui touchent immédiatement tout en nourrissant l’imaginaire et la<br />

réflexion.<br />

(D’après Michèle Friche, <strong>Le</strong> Soir, 19 août 2009)


Un pur délire théâtral<br />

Des jumelles <strong>de</strong> 88 ans acariâtres et soi-disant toujours vierges<br />

luttent <strong>de</strong> façon grotesque pour sauver les apparences : qu'il<br />

s'agisse <strong>de</strong> leurs pseudo-titres aristocratiques séculaires, <strong>de</strong> leur<br />

beauté et <strong>de</strong> leurs charmes – pour le moins décrépis, ou encore<br />

<strong>de</strong> l'image respectable <strong>de</strong> leur famille, à l'examen atrocement<br />

pourrie... Elles sont entourées <strong>de</strong> leur bonne, <strong>de</strong> 12 ans plus<br />

âgée, et dont les commentaires sans concession, voire même assassins,<br />

égratignent leur carapace et dénoncent leur imposture.<br />

Schizophrénie, vieillesse, décrépitu<strong>de</strong>, mort, famille... autant <strong>de</strong><br />

thèmes abordés dans ce grand guignol déjanté. Cette pièce, aux<br />

images fortes et à l'esthétique inspirée <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> Goya et<br />

d'Ensor est une plongée électrisante et noire dans l'univers poétique,<br />

cru et sans pitié <strong>de</strong> Jodoroswky. Un univers où les répliques<br />

s'abattent sur leurs <strong>de</strong>stinataires comme <strong>de</strong>s sentences cruelles,<br />

proches du désabusement et du désespoir, mais où l'humour<br />

reste miraculeusement omniprésent. <strong>Le</strong>s comédiens maniant <strong>de</strong>s<br />

marionnettes à taille humaine jouent avec brio sur différents niveaux.<br />

Une performance <strong>de</strong> tous les instants qui enrichit l'esthétique <strong>de</strong><br />

ce moment <strong>de</strong> théâtre si particulier.<br />

(D’après Ariane Bilteryst, Vers l’Avenir, février 2010)<br />

Jodorowsky, chantre <strong>de</strong> « ce dont on ne peut parler »<br />

Après l’Opéra Panique en 2004 et L’Ecole <strong>de</strong>s ventriloques en 2008,<br />

<strong>Trois</strong> vieilles est le <strong>de</strong>rnier volet du triptyque que Jean-Michel<br />

d’Hoop et à sa Compagnie Point Zéro consacrent à Alejandro<br />

Jodorowsky, cet auteur inclassable, poète, conteur, essayiste, cinéaste,<br />

scénariste <strong>de</strong> BD et metteur en scène <strong>de</strong> théâtre, qui, à 80<br />

ans, affiche une incroyable vitalité créatrice. (…) Chevelure et<br />

courte barbe blanches, le geste économe, l’œil pétillant et un sourire<br />

en coin, l’homme ne fait pas son âge. Sa pièce non plus. D’un<br />

humour ravageur (mais d’une gran<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur spirituelle), on la<br />

dirait écrite par un jeune homme en pétard avec l’ordre établi.<br />

Ce fils d’émigrés juifs russes échoués au Chili dans les années<br />

1920 commença sa vie dans l’art par le théâtre <strong>de</strong> marionnettes<br />

et la pantomime, renonçant du même coup à la carrière d’intellectuel<br />

qui s’ouvrait à lui après ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> psychologie et <strong>de</strong> philosophie.<br />

« J’avais <strong>de</strong>vant moi <strong>de</strong>ux chemins possibles : celui du<br />

savoir et celui <strong>de</strong> l’imagination. <strong>Le</strong> premier me menait à l’angoisse,<br />

parce que l’intelligence voit le problème mais ne peut pas<br />

le solutionner. La philosophie cherche la vérité mais ne la trouve<br />

pas. Moi je voulais la sagesse et l’unique chemin vers elle, c’est<br />

l’imagination. Alors je me suis mis à l’art pur et simple ».<br />

Sa pièce <strong>Trois</strong> vieilles met en jeu <strong>de</strong>s sœurs jumelles octogénaires<br />

qui veulent encore séduire et avoir <strong>de</strong>s enfants. « Je crois que ma<br />

pièce est optimiste. A la fin, elles se réalisent. L’âge ne rabougrit<br />

pas la vie intérieure, bien au contraire… ». <strong>Le</strong> spectacle se déploie<br />

comme une fantaisie macabre et grotesque, une rêverie rageusement<br />

irrévérencieuse sur la vieillesse et la mort, sur la violence<br />

et la permanence du désir sexuel. <strong>Le</strong>s trois marionnettes à taille<br />

presque humaine, arrimées à leur manipulateur vêtu et grimé <strong>de</strong><br />

noir, font rire et frémir en même temps. Décharnées, é<strong>de</strong>ntées, indécentes,<br />

elles font plus penser aux zombies qu’à <strong>de</strong>s êtres vivants.<br />

Au départ, pourtant, Jodorowsky n’a pas écrit cela pour <strong>de</strong>s<br />

marionnettes. « Je crois que la Compagnie Point Zéro a voulu conti-<br />

Par la Compagnie Point Zéro<br />

Mise en scène : Jean-Michel d’Hoop<br />

Costumes et marionnettes : Natacha Belova<br />

Avec : Cyril Briant, Sébastien Chollet, Pierre<br />

Jacqmin, Coralie Van<strong>de</strong>rlin<strong>de</strong>n<br />

Sélection Théâtre <strong>de</strong>s Doms / Festival d’Avignon<br />

2010<br />

Cycle Ecriture contemporaine et humour noir<br />

nuer dans la ligne <strong>de</strong> L’école <strong>de</strong>s ventriloques qui est directement<br />

inspirée par L’école <strong>de</strong>s bouffons <strong>de</strong> Michel <strong>de</strong> Ghel<strong>de</strong>ro<strong>de</strong>. J’avais<br />

monté cette pièce à Mexico dans les années 60…».<br />

Féru d’ésotérisme, d’alchimie, <strong>de</strong> mysticisme, Jodorowsky se sent<br />

d’abord poète… Ce qui unifie les productions <strong>de</strong> ce « cerveau polyvalent<br />

» comme il se qualifie lui-même ? La volonté prométhéenne<br />

<strong>de</strong> montrer l’invisible… Il livre son credo (dans) un poèmemanifeste,<br />

De ce dont on ne peut parler… « Mais précisément <strong>de</strong><br />

ce dont on ne peut parler il faut parler, plonger la langue dans l’invisible<br />

en convertissant les mots en miroir, naviguer en eux sachant<br />

qu’ils sont navires sans équipage, sans autre intérêt que l’énigme<br />

<strong>de</strong> ce ou celui qui les transforma en fantômes, une présence impalpable<br />

mais <strong>de</strong>nse dont nous <strong>de</strong>vons nous rapprocher avec <strong>de</strong>s<br />

pas d’aveugle en cet univers où tout est approximation ou miracle<br />

<strong>de</strong> cire ! ».<br />

(D’après Philip Tirard, La Libre Belgique, 28 janvier 2010)<br />

Extrait<br />

Garga - Calmez-vous, marquise, ou vous aller avoir une nouvelle<br />

crise cardiaque…<br />

Grazia - Tu as raison épouvantail. Il vaut mieux que je gar<strong>de</strong> mes<br />

forces pour la fête. Donne-moi le collier…<br />

Meliza - N'oublie pas petite sœur que nous avons vendu les vraies<br />

perles. Mais si tu les dissimules avec ton éventail, personne ne<br />

remarquera que celles-ci sont fausses.<br />

Grazia - Ne retourne pas le couteau dans la plaie. J'ai passé toute la<br />

<strong>de</strong>rnière soirée dans la pénombre à m’éventer comme si j'étais aux<br />

tropiques. Mais… A moi la perruque ! (Garga lui met la perruque) A<br />

moi les faux cils, le fard et les poudres !<br />

(Garga lui passe la boîte à maquillages, Grazia se maquille)<br />

Grazia - Comme ça ! Comme ça ! Comme ça ! Je suis jeune à nouveau<br />

!<br />

(Grazia danse comme une jeune fille, Méliza et Garga la regar<strong>de</strong>nt,<br />

fascinées)<br />

Grazia - Ma forme correspond enfin à mon contenu… <strong>Le</strong> temps<br />

ronge la chair, mais épargne l'âme… Regar<strong>de</strong>z… Voilà la fille du<br />

comte <strong>de</strong> Félicia !<br />

Garga (pleurant) - Grazia chérie, tu es aussi belle qu'avant, quand ta<br />

taille était mince comme mon petit doigt, tu n'as pas changé !<br />

Meliza - Je t'en prie, petite sœur, trouve-toi ce soir un homme qui<br />

t'engrosse ! Il faut au comte un <strong>de</strong>scendant qui perpétue sa lignée,<br />

notre nom…<br />

Grazia - Ne te fais pas <strong>de</strong> souci, Méliza. Mon charme est irrésistible.<br />

Je le séduirai afin qu'il dépose sa semence ar<strong>de</strong>nte dans mes<br />

entrailles.<br />

Propositions <strong>pédagogique</strong>s / Partenariat<br />

- Jeudi 28 avril à 10h à l’E<strong>de</strong>n : rencontre <strong>pédagogique</strong><br />

préalable avec Jean-Michel D’Hoop (metteur en scène)<br />

Inscription indispensable<br />

- Mardi 10 mai, après la représentation <strong>de</strong> 20h30 à l’E<strong>de</strong>n:<br />

rencontre avec Jean-Michel d’Hoop (metteur en scène)<br />

et les comédien(ne)s<br />

- Site : www.pointzero.be<br />

- Référence bibliographique : le texte <strong>de</strong> la pièce est à<br />

paraître aux Editions Maelstroem (à confirmer)<br />

EDEN<br />

10 au 13 mai 2011 à 20h30<br />

Tarif : 12 € - Abonnement : 8 €<br />

Groupes : 9 €<br />

Durée : 1h05<br />

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