Kibai 146 – page 4 sur l'IH au Burkina – Alain Siri - PNUD

PNUD-KIBAI Page 6
PAGE OMD : LA LUTTE CONTRE LE VIH ET LE SECTEUR PRIVE : LE VIH/
SIDA ENTRAINE UNE PERTE FINANCIERE POUR LES ENTREPRISES.
Même infecté par le VIH, on peut retrouver
le sourire, travailler, se marier
et avoir des enfants séronégatifs. C’est
mon cas, » affirme Sirima Issa Coulibaly
qui fait la sensibilisation afin que plus
d’entreprises burkinabés valorisent et
soutiennent leurs employés infectés.
Sirima Issa Coulibaly est un
des rares employés dans le
secteur privé au Burkina Faso
qui parle ouvertement de sa
vie comme infecté du VIH. Il
se bat afin que toutes les entreprises
privées s’engagent
pour leurs employés séropositifs.
Sirima Issa Coulibaly à l’air
bien portant. Il est un homme
de 47 ans, marié, père de
trois enfants et surtout une
preuve bien vivante qu’une
personne séropositive peut
retrouver le goût à la vie et
travailler de façon normale si
elle a accès au traitement.
Depuis les années 90, Sirima
Issa Coulibaly travaille à SO-
FITEX à Bobo-Dioulasso. Après
une longue période de maladie,
il a fait en 2002 un test de
VIH qui s’est avéré positif. Lors
de la récolte 2002-2003 il ne
pouvait pas du tout travailler.
Sans travail et donc sans salaire,
Sirima avait toute la peine
du monde pour non seulement
s’offrir un repas quotidien
à la mesure de sa maladie
mais aussi et surtout pour
se payer des soins. Aussi
commença t-il sa lutte pour
que son entreprise prenne en
charge les soins.
« A cette époque là, les ARV
coutaient 80 000 CFA par
mois. Sans ces médicaments,
je savais que je mourrais, et
donc je n’avais d’autre choix
que de dévoiler mon statut ».
explique-t-il.
Son employeur a accepté de
payer pour ses soins et son
traitement, chose qui a permis
à Sirima de retrouver sa santé.
Le virus est toujours là, cependant
sa capacité à travailler
n’a été nullement affectée
par cette maladie. Sirima travaille
autant et peut-être
mieux que ses collègues.
C’est pourquoi, il mène ce
combat pour que les entreprises
burkinabés comprennent
la nécessité à prendre en charge
et s’occuper de leurs employés
infectés du VIH.
« Moi, par exemple, j’avais 14
ans d’expérience en tant qu’électricien
quand je suis tombé
malade. Le VIH/sida implique
une perte financière pour les
entreprises qui perdent ainsi
des collaborateurs expérimentés.
C’est aussi une question
de solidarité. Est-ce- qu’un employeur
peut laisser l’employé
mourir d’une maladie traitable
? »
Sirima Issa Coulibaly est un
des fondateurs de l’Association
Travailleurs Infectés au Secteur
Privé et dont les entreprises
soutiennent les ouvriers
séropositifs et leur famille.
Pour les infectés il s’agit surtout
d’un appui psychosocial
comme la stigmatisation au
travail est toujours forte.
L’association collabore avec la
Coalition Nationale du Secteur
privé et des Entreprises qui a
été créé avec le soutien du
PNUD. La Coalition se bat afin
que chaque entreprise, signe
une politique sociale/
programmation sur le VIH/sida
et s’engage dans la lutte
contre le sida par le biais de la
sensibilisation, du dépistage
au sein du service et de la prise
en charge des employés infectés
et de leurs familles.
« Il y a des entreprises qui
payent pour le traitement des
employés mais sans une politique
signée sur le VIH, les ouvriers
ne peuvent être en sécurité.
Les gens ont peur de faire
le dépistage, ils sont inquiets
pour leurs familles qui, peut
être ne seront pas prises en
charge. »
Kerstin Gossé