Conclusion Le redoublement et l’orientation précoce engendrent chez les élèves qui en sont victimes <strong>une</strong> profon<strong>de</strong> souffrance. Leurs familles sont également touchées par les mêmes sentiments. 28
Annexe 5 Les élèves non-redoublants ont <strong>une</strong> image négative <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves qui subissent le redoublement. Pierrehumbert (1992) a démontré que le redoublement créait un processus <strong>de</strong> stigmatisation <strong><strong>de</strong>s</strong> redoublants par les non-redoublants. L’élève ayant vécu cet échec <strong>est</strong> habillé <strong>de</strong> particularités psychologiques connotées négativement. Le redoublement <strong>est</strong> conçu comme un problème lié à l’effort et à l’implication dans les tâches <strong>scolaire</strong>s. Pour les élèves non-redoublants, l’élève qui redouble n’<strong>est</strong> pas proprement décrit comme ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés d’apprentissage mais comme ne faisant pas d’efforts. Il <strong>est</strong> distrait, mal poli, désobéissant, mauvais, fainéant, bête, méchant, lent, honteux, etc. C’<strong>est</strong> aussi un garçon, alors que les élèves non-redoublants se qualifient <strong>de</strong> sages, à l’écoute, intelligents, normaux, travailleurs, aimant l’école, attentifs, bien habillés, ne se bagarrant pas, … », bref, d’un ensemble <strong>de</strong> qualités valorisées par l’école. En pratiquant le redoublement, l’enseignant structure son groupe-classe en <strong>de</strong>ux entités opposées. Il opère un marquage social <strong>de</strong> certains élèves – les mauvais élèves – qui ont toutes les chances d’être alors victime <strong>de</strong> stigmatisation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> leurs pairs. Comme si le fait <strong>de</strong> redoubler était <strong>de</strong> sa faute. Or, le rejet social <strong>est</strong> d’autant plus fort que la personne <strong>est</strong> tenue pour responsable <strong>de</strong> sa stigmatisation (Weiner, Perry & Magnusson, 1988 ; Crandall & Moriarty, 1995). Conclusion La pratique du redoublement <strong>est</strong> un mauvais signe pour les élèves nonredoublants. Cela leur donne <strong>une</strong> image négative <strong>de</strong> leurs condisciples. Ceux-ci sont déconsidérés à leurs yeux alors qu’ils ne le seraient nullement dans un milieu « neutre ». C’<strong>est</strong> contraire aux principes <strong>de</strong> l’article 6 du Décret du 24 juillet 1997 préparer tous les élèves à être <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens responsables, capables <strong>de</strong> contribuer au développement d'<strong>une</strong> société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures. Comment peut-on être solidaire lorsque l’Ecole nous a appris à être compétitifs ? 29