Banc d’essai L’enceinte Toy Tower de Sonus faber La dépendance croît avec l’usage 16 QA&V-TED, août-septembre 2009
Par MICHEL DALLAIRE mdallaire@quebecaudio.com L’Italie est reconnue depuis longtemps pour la qualité de ses designers. À preuve ; ses fameuses marques de voitures de sport telles que Ferrari, Lamborghini et Maserati. Dans le domaine du mobilier moderne, plusieurs des «signatures » mondiales les plus reconnues sont italiennes. Le fabricant italien Sonus Faber n’échappe pas à ce phénomène, et depuis sa fondation en 1983 à Vicenza par Franco Serblin, il n’a pas cessé de bousculer un des vieux paradigmes du domaine de la haute-fidélité, à savoir qu’une composante haut de gamme doit être affreuse ou ressembler à un équipement de laboratoire pour bien jouer. J’estime que les produits Sonus Faber répondent au dicton du design industriel «la forme doit suggérer la fonction », tout en intégrant une valeur ajoutée qui est celle de l’esthétisme. Dans ce banc d’essai, nous allons pouvoir vérifier si la nouvelle série Toy répond bien à ces critères. Le design, l’esthétique et les performances ont leur prix et les enceintes Sonus Faber ne sont en général pas à la portée de toutes les bourses. La nouvelle série Toy vient donc s’inscrire en tant qu’entrée de gamme chez Sonus Faber; mais connaissant ce fabricant, je peux déjà présager que cette nouvelle mouture ne sera pas effectuée avec des économies de bouts de chandelle ou des compromis, sur la qualité de fabrication et la sonorité de ses enceintes. La série Toy vise, à mon avis, une clientèle plus jeune mais elle pourra également s’adresser aux audiophiles de tout âge ayant toujours rêvé de cette marque déjà légendaire, mais sans en avoir vraiment les moyens. Cette série se compose de trois modèles, qui peuvent aussi bien être utilisés en stéréophonie que dans une configuration cinéma maison. Donc, vous avez la colonne Toy Tower qui peut servir d’enceinte principale en écoute musicale ou comme haut-parleurs avant dans une configuration multicanaux. C’est d’ailleurs celle que je vais tester dans cet article. Ensuite, vous avez une enceinte compacte du type tablette Toy Speaker et une enceinte centrale Toy Center qui sont en mesure de compléter un ensemble ambiophonique pour le cinéma maison. Robe noire, robe du soir La Toy Tower qui m’a été prêtée pour ce banc d’essai, revêt une finition inhabituelle pour une enceinte acoustique. En effet, celle-ci arbore un look «très sexy», vêtue de sa robe de cuir noir. Sa finition est des plus soignées, avec des parois à angles qui évitent le parallélisme du volume interne, empêchant ainsi la formation d’ondes stationnaires. Par ailleurs, l’assemblage et la finition du cuir aux angles sont dignes des plus grands couturiers. Apposé de façon stratégique, ce cuir véritable <strong>of</strong>fre une patine très douce et sensuelle au toucher et n’est pas sensible aux empreintes de doigts et à la poussière. La Toy Tower a des dimensions relativement compactes (950 x 270 x 295 mm) qui facilitent son installation dans tout type de décors, y compris les espaces restreints des appartements urbains. Elle comporte trois transducteurs, dont un tweeter de 25 mm avec aimant en néodyme, un médium de 110 mm en pulpe de cellulose traitée et un wo<strong>of</strong>er de 180 mm en «nomex» durci. À l’arrière, on peut déceler deux évents ronds, un pour le médium et un pour le wo<strong>of</strong>er et le tout est supporté par quatre pointes métalliques ajustables servant à découpler l’enceinte du sol. Le faible diamètre de ses haut-parleurs ainsi que les contours arrondis de sa face avant très svelte vont contribuer à améliorer son image sonore, en se rapprochant des caractéristiques d’une source émissive ponctuelle. D’ailleurs, lorsque Dans ce cas-ci, ils ont été captés dans une chapelle parisienne avec un minimum de microphones. La Tower nous fait bien sentir l’espace du lieu d’enregistrement et l’éloignement des instruments par rapport aux microphones. l’on procède à une écoute à la tombée de la nuit, la Tower disparaît dans la pénombre et s’efface totalement pour vous laisser seul, avec un message musical qui s’étend majestueusement devant vous. Son impédance nominale de 8 ohms et sa sensibilité de 89 dB / 1 watt / 1 mètre la rendent moins exigeante pour le choix d’un amplificateur. D’ailleurs, mon incontournable A21SE de Sugden de seulement 30 watts par canal s’est régalé de cette enceinte. En fait, ce fut le coup de foudre entre ces deux composantes et la synergie a été magique. Noire comme un corbeau, gaie comme un pinson Même si elle est enjouée, la Toy Tower est plus qu’un jouet. Son habillage de cuir noir lui donne un air désinvolte et quelque peu délinquant, mais il faut la prendre au sérieux car dès la première écoute, elle vous montre immédiatement de quoi elle est capable. Malgré ses petites dimensions, sa sonorité est pleine, bien équilibrée et envoûtante. Les hautes fréquen- La Toy Tower nous convie à cette performance de façon remarquable et la contrebasse de monsieur Garcia-Fons, qui est énorme, n’éprouve aucun problème à sortir d’une si petite enceinte. On perçoit très bien la résonnance naturelle de l’instrument, sans exagération ni gonflement. QA&V-TED, août-septembre 2009 17