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se présenter, quantification, théorie des perturbations, etc.<br />
Les yeux levés vers le ciel, il sourit :<br />
- D’ailleurs, n’êtes-vous pas interpellés par cette dernière idée ? Une théorie des<br />
perturbations ! Il n’y a pas que les perturbations des marchés financiers et de la<br />
météo, une fugue de Bach est une perturbation et… nous sommes, nous autres<br />
êtres humains intervenants, la perturbation la plus remarquable en terme de systémique.<br />
La plus complexe et la plus dangereuse pour les systèmes que nous pouvons<br />
influencer.<br />
Bref, je reviens à ces questions sur le temps. Si bizarre que cela vous paraisse, il<br />
faut se poser la question de sa durée. Quelle est la durée du temps ? Infinie ? Nous<br />
en reste-t-il une tranche confortable ? Ou pas grand-chose ? Ici encore la musique<br />
répond à cette question, même si elle le fait indirectement. En gros nous avons<br />
les adeptes du temps droit et ceux du temps spiralé. Œuvre ouverte ou fermée.<br />
Prenons un esprit que nous avons l’impression de bien connaître : Beethoven. Ses<br />
symphonies sont une véritable mise en œuvre de la théorie des perturbations. Il y a<br />
lutte d’une masse de sens, contre une autre masse qui, par définition, triomphe du<br />
premier groupe à la fin du temps de l’œuvre. Euhh… triompher signifie simplement<br />
« retour à l’état initial ». Vous savez qu’à l’époque on appelait le thème<br />
secondaire « thème féminin ». Je vois des auditeurs qui sourient, c’est une bonne<br />
réaction mais n’entrons pas dans ce débat. Beethoven avec des moyens simples<br />
explore un temps qui va se refermer - et là on parlera d’Apocalypse au vrai sens<br />
du terme, la fin du temps - et ce qui lui permet de le faire est, je dirais le contrôle<br />
vertical du religieux. L’harmonie. Vous pouvez la nommer Dieu si ça vous amuse.<br />
Elle régit tout, elle entretien même un rapport fort complexe avec la polyphonie.<br />
À cette époque on pense donc qu’il existe une entité qui définit l’évolution, la durée<br />
et l’existence des phénomènes en général. Le temps est fini ! Fi-ni ! De l’autre côté<br />
nous avons les musiques d’Inde et d’Orient qui sont ouvertes au temps. Elles sont<br />
cycliques. Je ne pense pas que leur temps soit simplement récursif, qu’il tourne<br />
en rond, je pense qu’il est spiralé ascendant en ce qu’il évolue. Mais… c’est fort<br />
intéressant ! Imaginez un instant que nous roulions dans une voiture qui se modifie<br />
au fil de ce que nous pensons être la durée ! Ah ? Nous sommes partis dans une<br />
Ford T, ou une Panhard Levasseur et encore un superbe Roadster Delahaye 165<br />
V12 et nous arrivons à notre destination avec une Ferrari, ou… une Smart ; voila<br />
qui est surprenant ! Je dirais ainsi que la musique fermée semble avoit permis des<br />
constructions plus complexes dans une durée condamnée - ne reconnaissez-vous<br />
pas l’Occident ici ? - et que les musiques ouvertes sont capables de moduler le<br />
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