Catalogue de l'exposition - Musée national Adrien Dubouché

sous l’influence des fouilles antiques faites au cours de la seconde moitié du XVIII e siècle. Les courbes
vont être remplacées par des droites. Les panses des théières et des pots, d’abord basses et écrasées,
deviendront d’élégantes balustres pour aboutir à des formes tronconiques. Les anses assez rondes dans les
pièces les plus anciennes, s’aplatissent pour devenir angulaires et évoquer les grecques antiques. Les prises
des couvercles en forme de banchages deviennent des grecques ou des boutons lisses. Les couvercles euxmêmes
s’élèvent et s’incurvent remplaçant les couvercles bombés. Les pièces d’ornement ont donné lieu à
des formes très diverses, en particulier les vases qui peuvent être « forme œuf », « au dauphin », vase-pendule,
de forme Medicis etc.
Les décors essentiellement floraux montrent une grande variété de bouquets soit placés au centre soit « jetés »,
de fleurettes réparties sur les objets, ou organisées en guirlandes. Certains sont complétés par des chiffres.
On s’inspira beaucoup des décors de l’ornemaniste Salembier qui publia à partir de 1777 divers livres de
décoration. On retiendra bien sûr les décors au barbeaux (bleuets) qui, mis à la mode à cette époque, ne
cesseront de plaire jusqu’à l’époque contemporaine. Les décors animaliers sont également fréquents : oiseaux,
mais aussi chèvres (à cause sans doute de la multiplication des bergeries) et animaux exotiques.
Les scènes peintes apparaissent tout d’abord sous forme de paysages monochromes et polychromes. Le
décor le plus habile, mais aussi le plus cher est celui qui comporte des personnages. Ceux-ci peuvent être
placés dans des paysages, mais aussi dans des scènes de genre polychromes ou encore très souvent en
« grisaille », genre apparu dans les années 1770 mais qui se poursuivit au début du XIX e siècle. Les scènes
sont souvent inspirées de tableaux peints sur toile (ADL 10975). Enfin les décorations blanc et or semblent
avoir été parmi les plus recherchées ; elles se prolongèrent également avec bonheur au cours des premières
décennies du XIX e siècle. Plusieurs de ces décors sont signés, telles la tasse en décor « faux bois » signée A.
Paris, ou quelques assiettes signées Halley. Les fonds de couleur donnèrent un charme particulier à la
porcelaine. La collection présente un service à fond jaune portant la marque assez rare car employée très peu
de temps (entre 1797 et 1803 environ) « Pouyat-Russinger ». On conserve assez peu d’objets de cette couleur
alors très appréciée.
La collection présente une exceptionnelle suite de 24 sculptures en biscuit de porcelaine. A une exception
près, chaque pièce est doublement marquée : les flambeaux croisés accompagnés d’une lettre. R pourrait
bien être la signature des travaux de Russinger lui-même.
Les objets et leurs usages
Les biscuits de Sèvres puis ceux des manufactures françaises ont été souvent conçus pour décorer les tables.
Ils remplacèrent à partir du XVIII e siècle les sujets en sucre ou en massepain qui étaient jusqu’alors en usage.
C’est sans doute là l’origine du mot biscuit qui représente une porcelaine cuite mais volontairement non
émaillée.
On peut citer en exemple les 117 sculptures en biscuit qui accompagnaient le service de Sèvres offert par
Louis XV à Marie-Thérèse d’Autriche. On trouve de multiples sujets : ensemble de musiciens, personnages
de la Commedia dell’arte, des allégories, des scènes galantes, des bergers et bergères, comme on peut le
voir ici sur la table.
Bol à punch
Il s’agit d’un bol de grande taille destiné à préparer et servir le punch chaud. D’origine anglaise il est peu
fréquent en France au XVIII e siècle, et presque exclusivement en porcelaine.