Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Maude Roussin © 9 janvier 2008<br />
- Non, je pense seulement que vous confondez la réalité avec la littérature. Votre<br />
littérature. Je pense aussi que vous devez retourner dans votre pays, réfléchir un<br />
peu et revenir ensuite. Définitivement, peut-être. C’est ce que je souhaite pour<br />
vous, et pour moi. » 14<br />
Explications : Je trouve la réponse de l’officier assez exact. <strong>Le</strong>s deux premiers livres<br />
sont, effectivement, un mélange de vérité et de mensonges. La base est vraie, mais ce qui<br />
l’entour est faux. <strong>Le</strong> second livre nous fait notamment part de l’esprit perdu de Lucas.<br />
On remarque incontestablement, qu’il n’est plus le même. | 15 <strong>Le</strong> Grand Cahier s’est<br />
conclu par la séparation des jumeaux ou, autrement dit, la séparation du «nous». <strong>Le</strong><br />
«nous» du Grand Cahier abandonné d’une de ses composantes aurait dû faire place un<br />
« je », mais le « je » a plutôt été remplacé par un « il » ou plutôt le narrateur<br />
Lucas/Claus. Ce n’est que dans <strong>Le</strong> <strong>Troisième</strong> <strong>Mensonge</strong> qu’on retrouvera ce «je»<br />
convoité apparaîtra en la personne de Claus/Lucas. Au commencement, cela nous mène<br />
à penser que le personnage schizophrène du Grand Cahier (et de La Preuve) n’a plus<br />
besoin du double et assume pleinement une identité unique. Il va de soi qu’une telle<br />
interprétation serait décente s’il n’y avait qu’un seul narrateur. Or, ce n’est pas le cas.<br />
<strong>Troisième</strong> <strong>Mensonge</strong> est double, comme si le « nous » du Grand Cahier s’était enfin<br />
séparé d’une façon légitime et vraisemblable.<br />
De l’autre côté de la frontière, Lucas remplit et signe les papiers qui serviront à faire sa<br />
carte d’identité. Il y glisse trois mensonges :<br />
« L’homme avec qui il a traversé la frontière n’était pas son père.<br />
L’enfant n’a pas 18 ans.<br />
Il ne s’appelle pas Claus. » 16<br />
Explications : Cet extrait justifie selon moi le titre du roman. <strong>Le</strong> troisième mensonge,<br />
par rapport à la citation non pas par rapport au titre, porte sur l'identité du fuyard.<br />
Autrement dit, le troisième mensonge que dit Lucas/Claus est celui qui nous plonge dans<br />
une zone nébuleuse du Grand Cahier à La Preuve. | « <strong>Le</strong>s deux premiers volets de<br />
la trilogie sont des versions assez librement adaptées de la vie des jumeaux proposée<br />
dans le troisième volet, comme la trilogie est une adaptation assez libre du passé de<br />
Kristof qui dit être « retournée dans son enfance, dans des choses très pénibles » qu'elle<br />
a vécues et qu'au départ il y avait son frère et elle, puis que cela s'est transformé (elle en a<br />
fait des jumeaux). Selon les propres dires de Kristof, la trilogie a une base<br />
autobiographique. Il est donc légitime de se demander si le(s) jumeau(x) ne serai(en)t<br />
pas (des) double(s) de l'auteure, les deux facettes de sa double personnalité d'exilée. » 17<br />
14 : <strong>Le</strong> <strong>Troisième</strong> <strong>Mensonge</strong> cit. p.72-73<br />
15 : À partir de ce point jusqu’à la fin du paragraphe, le texte est inspiré d’un livre de Michèle Bacholle intitulé Un passé<br />
contraignant<br />
16 : <strong>Le</strong> <strong>Troisième</strong> <strong>Mensonge</strong> cit. p.80<br />
17 : Passage tiré d’un livre de Michèle Bacholle intitulé Un passé contraignant