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L'ÉDUCATION PAR LA PEUR DANS LE FOLKLORE LORRAIN

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<strong>L'ÉDUCATION</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PEUR</strong><br />

Et elle de répondre en continuant de courir :<br />

« Porquè qu'j'me save ? ç'ast que, dit-laye,<br />

« Tortôts les gahons sont méchants.<br />

« Mammiche m'ai dit : save-te mè faye,<br />

« C'ait tortots des loups dévorants !<br />

(Pourquoi je me sauve ? c'est que, dit-elle,<br />

Tous les garçons sont méchants.<br />

Grand-mère m'a dit : sauve-toi, ma fille,<br />

C'est tous des loups dévorants.)<br />

Les généalogistes qui fouillent et « farfouillent » dans les registres paroissiaux<br />

sauront dire si la peur suscitée par les « mâmiches » a réussi à préserver les<br />

« bâcèlattes » des méfaits des méchants loups.<br />

Même un gros mensonge pour faire peur aux enfants ne gênaient pas les<br />

père et mère. L'important était d'obtenir la soumission de leur progéniture.<br />

A Blanche-Eglise (20), Saint Georges, le grand et glorieux guerrier, venait<br />

en aide aux parents qui ne voulaient pas emmener leurs enfants avec eux à<br />

Nancy.<br />

« Si tu viens à Nancy, disaient-ils, tu seras obligé, en passant sous la porte<br />

Saint-Georges, d'embrasser le cul du saint ».<br />

Et paraît-il, la répugnance à la pensée de devoir baiser les parties nobles et<br />

charnues du bienheureux était efficace pour les dissuader d'insister.<br />

J'arrête ici la nomenclature des recours à la peur jadis utilisés pour éduquer<br />

la « germânie » des gamins en concluant avec un témoignage, émouvant par sa<br />

franchise et sa spontanéité, un exemple de réussite à cent pour cent et que je<br />

livre à vos méditations.<br />

Au cours des années trente, un camarade de jeunesse, instituteur à Veymerange<br />

(21), dans une lettre que j'ai conservée m'écrivait pour mon information<br />

folklorique que dans la région de Ranguevaux-Morlange, (22) pour empêcher<br />

les gamins de faire pipi sur la route, on les menaçait d'un personnage redoutable<br />

: Berli-Bonbon. Les plus audacieux parmi les plus audacieux tremblaient de<br />

peur à la pensée de ce qui pourrait leur arriver... Une chose terrible... qui ferait<br />

bien rire les gamines moqueuses.<br />

16. Labourasse, Us, coutumes, légendes de la Meuse, p. 158.<br />

17. Foulcrey, ar. de Sarrebourg, cant, de Réchicourt-le-Château.<br />

18. Sauvé, ibid, p. 382.<br />

19. L. Adam, Les patois lorrains, 18, p. 432.<br />

20. Blanche-Eglise, arr. de Château-Salins, cant, de Dieuze.<br />

21. Veyrange, arr. de Thionville-Est. L'instituteur s'appelait Léon Malveaux.<br />

22. Ranguevaux-Morlange, arr. de Thionville-Ouest.<br />

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