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L'ÉDUCATION PAR LA PEUR DANS LE FOLKLORE LORRAIN

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<strong>L'ÉDUCATION</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PEUR</strong><br />

<strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> <strong>FOLKLORE</strong> <strong>LORRAIN</strong><br />

par M. GEORGES L'HÔTE, membre titulaire<br />

La peur, sentiment de crainte en face d'un danger réel ou imaginaire,<br />

étreint les cœurs à tous les âges de la vie, ceux des adultes comme ceux des<br />

enfants. Elle est de tous les temps et de tous les lieux. Il semble qu'elle ait été<br />

plus vive, plus redoutée, plus présente, autrefois que de nos jours. Elle régnait<br />

alors à l'état endémique, les menaces étant permanentes. Dangers de guerres,<br />

d'épidémies, de famines qui jetaient les populations dans un état de dénuement<br />

et de détresse, assorties de menaces confinant parfois à l'extermination. Encore<br />

au siècle dernier, le choléra qui déferla en quatre vagues successives, en 1832,<br />

1848-49, 1853-54 et 1866, semant la mort, jeta nos populations dans l'épouvante.<br />

(1).<br />

« La peur de manquer », expression manifestant la crainte d'être<br />

dépourvu, à un moment ou à un autre du nécessaire, hantait encore les esprits<br />

au début de ce siècle.<br />

A côté des peurs justifiées fleurissaient comme prairies au printemps toutes<br />

sortes de peurs imaginaires : peur de la nuit, de l'inconnu, d'êtres surnaturels,<br />

esprits et revenants, de jeteurs de sorts, du diable.<br />

L'histoire nous a conservé le souvenir de paniques suscitées par des peurs<br />

chimériques. Qu'il suffise de citer, la « Peur de l'An mil » et la « Grande Peur »<br />

qui submergea les campagnes au temps de la Révolution. Elles ne sont pas<br />

éteintes avec le rationalisme surgissant et se propageant à partir de la seconde<br />

moitié du siècle dernier ; elles ont survécu jusqu'à nos jours et de temps à autre,<br />

la presse révèle des cas insolites de ressurgences de superstitions et transes collectives.<br />

Jadis pour conjurer les mille dangers qui menaçaient les enfants dès le jour<br />

de leur naissance : maladies du jeune âge, accidents dûs à leur impétuosité,<br />

leurs parents les plaçaient sous la protection divine, sous celle de leur Ange gardien,<br />

imploraient les saints et les saintes pour qu'ils les protégeassent et écartassent<br />

de leur chemin les embûches.<br />

1. Denis Metzger, Le Choléra dans le Pays de la Nied au XIX e<br />

p. 203 et suivantes.<br />

siècle, dans Les Cahiers lorrains, 1984,<br />

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<strong>L'ÉDUCATION</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PEUR</strong><br />

En témoigne cette invocation des Vosgiens devant la crèche de Noël (2)<br />

avec le tout petit :<br />

« Que le Bon Dieu vouadesse les éfants<br />

« Di feu qu'à si choquant<br />

« Et di rupt qu'à si coulant.<br />

« Domine zo !<br />

(Que le Bon Dieu préserve les enfants<br />

Du feu qui est si brûlant<br />

Et du ruisseau qui est si coulant.)<br />

Domine zo !<br />

La peur malgré cette mise sous la sauvegarde céleste n'était pas pour autant<br />

absente des mentalités. Les grandes personnes, ingénieuses, leur sens pratique à<br />

l'affût, avaient utilisé, dirigé, domestiqué, les frayeurs enfantines pour éduquer<br />

les « races » réfractaires aux remontrances et au martinet.<br />

« Le recours aux menaces ancestrales, aux animaux fantasmagoriques, aux<br />

êtres mythiques et puissants, dit un folkloriste, était issu du fonds de la mentalité<br />

collective du pays. Dès les premières années, lui étaient inculquée, sans<br />

démarche consciente, la vision d'un monde surnaturel, aux contours flous, mais<br />

redoutables, fortement imbriqué dans la vie de tous les jours, avec toutes les<br />

nuances que chaque groupe social pouvait y apporter. »<br />

D'où l'éclosion de la série des êtres mythiques traditionnels, planant audessus<br />

de la tête des enfants, les menaçant en cas de manquement, suppléant les<br />

mères occupées aux besognes de la ferme et aux travaux des champs qu'ils ne<br />

devaient pas perturber : le Père Fouettard (3), compagnon de Saint-Nicolas en<br />

Lorraine romanophone, d'r Hans Trapp accompagnant Sankt Niklaus et son<br />

homologue d'r Rùpelz qui escortait à Noël le Christ'Kindel en Lorraine germanophone,<br />

le sotré, le génie familier des Lorrains en Lorraine lorrainante et son<br />

correspondant d'r Dogele en Lorraine francique dans la région de Lutzelbourg,<br />

la Haute-Chasse, le Mihennequin, les revenants, les fantômes, le loup-garou, le<br />

diable et l'enfer. Même le Dieu de Miséricorde était métamorphosé en Dieu<br />

vengeur.<br />

Puisque selon un adage ancestral « La peur du gendarme est le commencement<br />

de la sagesse », la cohorte de tous ces personnages de l'au-delà fut renforcée<br />

par des personnages de la communauté villageoise, familiers et connus, plus<br />

proches et plus réels, que leurs fonctions d'autorité plaçaient en marge de la collectivité<br />

: le curé, le maître d'école, le « banwad » (garde-champêtre) et aussi<br />

les êtres disgraciés par la nature ou ceux vivant de façon étrange et mystérieuse.<br />

2. Sauvé, Le folklore des Hautes Vosges, p. 374.<br />

3. Georges L'HÔTE, La Tankiote, Ed. Universitaires de Nancy et Serpenoise de Metz, 1984. Voir l'Éducation<br />

des enfants, p. 36 ; St-Nicolas, p. 60 ; Christ'Kindel, p. 193 ; Les êtres fantastiques, p. 405.<br />

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<strong>L'ÉDUCATION</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PEUR</strong><br />

« Si t'm'écoutes pas, j'irai le dire à Monseûr' Cureye ou au maît d'école, ou<br />

bien : « Regarde, v'ià le banwâd avec son képi qui passe au bout de la rue » ; je<br />

vais l'appeler ». Ainsi menaçait-on les incorrigibles.<br />

Les gens au Pays messin avaient chargé un personnage redoutable d'éloigner<br />

les enfants des lieux dangereux et des pièges que la nature pouvait leur tendre.<br />

C'était le Craqueuhhe. Ecoutons le regretté D r<br />

de Westphalen (4) :<br />

« Etre fantastique ressemblant assez bien à Croquemitaine... Ses lieux de<br />

repaire étaient les bois, les puits, les anciennes carrières de pierres, en somme<br />

tout endroit interdit aux enfants. Le Craqueuhhe avait d'énormes mâchoires,<br />

des dents de loup et une barbe en broussaille. A la tombée du jour, il quittait sa<br />

retraite mystérieuse et se rapprochait des habitations. Il guettait les enfants<br />

désobéissants qui s'attardaient sur les routes et dans les prés, les pourchassait,<br />

les attaquait et les croquait à belles dents.<br />

Dans les Hautes-Vosges, il était déconseillé aux jeunes gens de se rendre<br />

seuls à la veillée ; Herkeuche (5), une méchante sorcière, « grande, raide,<br />

sèche, édentée, cachant sous un large chapeau de paille sa tête privée de cheveux<br />

et sous des guenilles immondes son corps décharné », attaquait les isolés<br />

désobéissants et les coups de bâton tombaient drû sur les échines.<br />

A Hesse, c'était le Héhé, personnage redoutable et dangereux. On disait<br />

aux enfants qui n'étaient pas sages, qui désobéissaient :<br />

« Etends !... Te vé ouâr lo Héhé.<br />

« Te vé déjà ouâr sè lantième<br />

« Si lo hât pouoré di Lanforge.<br />

(Attends !... Tu vas voir le Héhé.<br />

Tu vas déjà voir sa lanterne<br />

Sur le haut poirier de La Forge).<br />

Nos ancêtres portaient une telle confiance au subterfuge de la peur pour<br />

protéger du malheur leurs enfants qu'ils l'utilisaient aussi pour préserver leurs<br />

récoltes des animaux prédateurs. Dans les champs de pommes de terre exposés<br />

aux hardes dévastatrices de sangliers se dressaient, hilares et inquiétants, des<br />

épouvantails et sur les cerisiers veillaient des mannequins menaçant de représailles<br />

terribles, les moineaux, étourneaux et merles friands de cerises. On les<br />

appelait : powintâs, dans les cantons de Réchicourt-le-Château et Lorquin,<br />

ampaoutaus aux Pays messin, dans celui de la Nied et au Pays-Haut, Vowelscheuch<br />

dans les villages germanophones de l'arrondissement de Sarrebourg.<br />

Parmi les multiples dangers quotidiens qui guettaient les enfants, les noyades<br />

dans les ruisseaux, étangs ou puits étaient universellement redoutées.<br />

Divers noms suivant les localités étaient donnés à l'Esprit des Eaux qui attirait<br />

les imprudents au fond :<br />

4. Petit dictionnaire des Traditions populaires messines, colonne 494 ; miroir 143 et 810 ; Craqueuhhe ;<br />

341 Homme au sac.<br />

5. Sauvé ibid., p. 308.<br />

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Henri-Crochet (6) à Imling et à St-Quirin ; « N'approche pas du puits ou du<br />

canal, disait-on à Hesse, il y a un Henri-Crochet qui t'arrachera dedans. »<br />

Egalement à Landange (7), même recommandation pour éloigner les<br />

enfants du « sâveu », le bassin communal où l'on conduisait baigner les chevaux<br />

;<br />

Jeanni-Crochet à Hermelange ; (7)<br />

Chan-Crochet à Châtel-St-Germain ; (8)<br />

Koppermann à Condé-Northen ; (9)<br />

Cragneuhhe, déjà cité au Pays messin : « Se tenait-il caché au fond d'un<br />

puits, il ne manquait jamais de saisir l'enfant qui avait penché la tête par-dessus<br />

la margelle et le « noyait ».<br />

La nuit qui absorbe la lumière, les ténèbres qui s'abattent sur le village, ont<br />

toujours suscité l'inquiétude et la peur dans les esprits et tout spécialement dans<br />

ceux des enfants qui redoutent le noir et ses pièges. Il arrive cependant qu'ils s'y<br />

attardent au risque de s'y perdre. D'où les mises en garde des parents inquiets<br />

contre l'Esprit de la Nuit qui s'empare des imprudents :<br />

L'Homme au Sac à St-Julien-lès-Metz, (10) un méchant personnage qui<br />

voyage la nuit, arrête et punit les enfants attardés dans les champs ou sur le chemin<br />

et les fourre dans un grand sac qu'il porte sur l'épaule ;<br />

le Nathan à Destry ; (11)<br />

le Peut-Homme, un vilain homme, au sud de Metz ;<br />

d'r Nochtkroppe, le corbeau, l'oiseau de nuit, à Hoff ; (12)<br />

die Firrige Mànner, les hommes de feu à Lutzelbourg (13) qui la nuit poursuivaient<br />

même les femmes et laissaient les traces de leurs mains sur les portes,<br />

les chevaux et les voitures ;<br />

A Walscheid (14) c'étaient les Feuermànner et également le Dorftier, une<br />

bête malfaisante qui rôdait dans les rues du village ; à Hermelange (15) la bête<br />

se présentait sous différentes formes et se métamorphosait en celles d'animaux<br />

domestiques tels que chevaux, chiens, etc.<br />

6. Imling et Hesse, arr. et cant. de Sarrebourg, St-Quirin, cant. de Lorquin.<br />

7. Landange et Hermelange, arr. de Sarrebourg, cant. de Lorquin.<br />

8. Châtel-St-Germain, arr. de Metz-Campagne.<br />

9. Condé-Northen, arr. de Boulay.<br />

10. St-Julien-lès-Metz, arr. de Metz-Campagne.<br />

11. Destry, arr. de Forbach.<br />

12. Hoff, annexe de Sarrebourg.<br />

13. Lutzelbourg, arr. de Sarrebourg, cant. de Phalsbourg.<br />

14. Walscheid, arr. et cant. de Sarrebourg.<br />

15. Hermelange, voir note (6).<br />

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<strong>L'ÉDUCATION</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PEUR</strong><br />

Le Coupon de feu, à Dompierre-aux-Bois (Meuse) se présentait sous la<br />

forme d'une longue perche de feu. Le sifflait-on ? Il accourait rapide comme<br />

l'éclair, renversant et brûlant tout sur son passage. (16).<br />

La bonne éducation était également inculquée par la peur. Diables et sorciers<br />

dans la région messine intervenaient pour empêcher les enfants de se mirer<br />

dans une glace ; en cas de désobéissance ils tombaient dans leurs mains. A Foulcrey,<br />

(17) on disait aux petites filles soucieuses de leur beauté. « Si tu continues<br />

à te regarder, tu verras le diable qui est caché derrière la glace. »<br />

Mise en garde judicieuse pour les préserver de la coquetterie, penchant<br />

pervers risquant plus tard d'en faire des femmes vaniteuses et dépensières honnies<br />

alors par la communauté villageoise.<br />

Il n'a pas été possible, les témoignages faisant défaut, d'affirmer si la peur<br />

du diable a été plus forte que l'envie des gamines délurées de contempler leur<br />

visage et leur silhouette dans leur miroir.<br />

Dans le bon vieux temps, les familles veillaient à préserver la vertu de leurs<br />

filles. Ces dernières étaient strictement surveillées ; toutes sortes de recommandations<br />

leur étaient faites, assorties de malédiction si, par inadvertance, il put<br />

arriver qu'elles trébuchassent. Un Noël qui avait cours dans les Hautes-Vosges<br />

révèle que telle fut la mésaventure qui advint à notre mère Eve après avoir désobéi<br />

au Seigneur et s'être laissée bernée par le serpent entraînant à sa suite ce<br />

benêt d'Adam dans le châtiment : (18).<br />

« Qu'Adam fut un pauvre homme<br />

« De nous faire damner<br />

« Pour un morceau de pomme<br />

« Qu'il ne put avaler<br />

Quant à cette malheureuse Eve poursuit la cantilène :<br />

« Piteuse, dolente,<br />

« Elle court au figuier,<br />

« Et ramassant des feuilles<br />

« Tâche de les plier<br />

« Pour se faire un tablier !<br />

Par la suite, la bête malfaisante ne fut plus le serpent originel ; ce dernier<br />

s'était métamorphosé et multiplié en la multitude des gâchons, gahons,<br />

gohhons, garçons... Qu'il suffise d'évoquer ce jeune drôle qui courait derrière<br />

une « bâcèlatte » s'enfuyant, qui l'interpelait dans le patois de Serres, un village<br />

du Lunévillois : (19)<br />

« .. mè tote bonne pétiatte,<br />

« Porquè qu'te t'save si lestement ?<br />

(...ma toute bonne petite<br />

Pourquoi te sauves-tu si lestement ?)<br />

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Et elle de répondre en continuant de courir :<br />

« Porquè qu'j'me save ? ç'ast que, dit-laye,<br />

« Tortôts les gahons sont méchants.<br />

« Mammiche m'ai dit : save-te mè faye,<br />

« C'ait tortots des loups dévorants !<br />

(Pourquoi je me sauve ? c'est que, dit-elle,<br />

Tous les garçons sont méchants.<br />

Grand-mère m'a dit : sauve-toi, ma fille,<br />

C'est tous des loups dévorants.)<br />

Les généalogistes qui fouillent et « farfouillent » dans les registres paroissiaux<br />

sauront dire si la peur suscitée par les « mâmiches » a réussi à préserver les<br />

« bâcèlattes » des méfaits des méchants loups.<br />

Même un gros mensonge pour faire peur aux enfants ne gênaient pas les<br />

père et mère. L'important était d'obtenir la soumission de leur progéniture.<br />

A Blanche-Eglise (20), Saint Georges, le grand et glorieux guerrier, venait<br />

en aide aux parents qui ne voulaient pas emmener leurs enfants avec eux à<br />

Nancy.<br />

« Si tu viens à Nancy, disaient-ils, tu seras obligé, en passant sous la porte<br />

Saint-Georges, d'embrasser le cul du saint ».<br />

Et paraît-il, la répugnance à la pensée de devoir baiser les parties nobles et<br />

charnues du bienheureux était efficace pour les dissuader d'insister.<br />

J'arrête ici la nomenclature des recours à la peur jadis utilisés pour éduquer<br />

la « germânie » des gamins en concluant avec un témoignage, émouvant par sa<br />

franchise et sa spontanéité, un exemple de réussite à cent pour cent et que je<br />

livre à vos méditations.<br />

Au cours des années trente, un camarade de jeunesse, instituteur à Veymerange<br />

(21), dans une lettre que j'ai conservée m'écrivait pour mon information<br />

folklorique que dans la région de Ranguevaux-Morlange, (22) pour empêcher<br />

les gamins de faire pipi sur la route, on les menaçait d'un personnage redoutable<br />

: Berli-Bonbon. Les plus audacieux parmi les plus audacieux tremblaient de<br />

peur à la pensée de ce qui pourrait leur arriver... Une chose terrible... qui ferait<br />

bien rire les gamines moqueuses.<br />

16. Labourasse, Us, coutumes, légendes de la Meuse, p. 158.<br />

17. Foulcrey, ar. de Sarrebourg, cant, de Réchicourt-le-Château.<br />

18. Sauvé, ibid, p. 382.<br />

19. L. Adam, Les patois lorrains, 18, p. 432.<br />

20. Blanche-Eglise, arr. de Château-Salins, cant, de Dieuze.<br />

21. Veyrange, arr. de Thionville-Est. L'instituteur s'appelait Léon Malveaux.<br />

22. Ranguevaux-Morlange, arr. de Thionville-Ouest.<br />

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« C'est ainsi, avouait-il ingénument, qu'il ne m'est jamais arrivé de pisser<br />

sur une route, même au bord d'une voie quelconque, avant l'âge de 13 ans », et,<br />

poursuivait-il : « Encore maintenant les gosses n'arrosent pas les murs de mon<br />

village ».<br />

Comme quoi, jusqu'aux années trente, au pays de Ranguevaux-Morlange,<br />

les gamins obéissants, malgré le sinistre Berli-Bonbon, purent devenir des hommes<br />

à part entière et conserver dans son intégrité glorieuse « le petit bout qui<br />

pend ».<br />

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