La clé des champs urbains en Gironde - Spirit
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En garde<br />
CDs<br />
Outer Limits<br />
Joakim<br />
Monsters & Silly Songs<br />
(Versatile/PIAS)<br />
Brillant iconoclaste dans une sphère électronique<br />
ultra formatée, Joakim Bouaziz fut avant tout élève de<br />
maître Abdel Rahman El Bacha au Conservatoire de<br />
Paris. Ces humanités au piano l’ayant naturellem<strong>en</strong>t<br />
conduit à apprivoiser synthétiseurs et boîtes à<br />
rythme pour r<strong>en</strong>aître sous l’alias Joakim Lone Octet<br />
<strong>en</strong> 1999 avec un premier opus aux confins du jazz<br />
modal Tigersushi. Dev<strong>en</strong>u directeur artistique du<br />
label éponyme, il est l’un <strong>des</strong> premiers à se produire<br />
sur scène <strong>en</strong> formule Cinémix. Le singulier Fantômes<br />
(2003) l’impose définitivem<strong>en</strong>t parmi les plus<br />
sérieux espoirs hexagonaux du g<strong>en</strong>re. Quatre ans<br />
plus tard, Monsters & Silly Songs risque bi<strong>en</strong> une<br />
fois <strong>en</strong>core de désarçonner son monde. Entre Can<br />
et John Carp<strong>en</strong>ter, new wave et ambiant, no wave<br />
et glitch, le jeune producteur désormais épaulé par<br />
The Ectoplasmic Band joue à se faire peur comme si<br />
une écoute prolongée du terrifiant Drum’s not dead<br />
de Liars l’avait passablem<strong>en</strong>t retourné. Véritable trip<br />
dans une obscurité chatoyante, ce disque rassure :<br />
il existe <strong>en</strong>core <strong>des</strong> musici<strong>en</strong>s audacieux.<br />
[Marc Bertin]<br />
Pop<br />
David Kitt<br />
Not Fade Away<br />
(Rough Trade/PIAS)<br />
Depuis quelques années, le songwriter dublinois<br />
David Kitt poursuit un parcours sans faute, à<br />
l’ombre de toute médiatisation délétère. Sur la<br />
foi de compositions lumineuses et sans effort,<br />
il a signé sur l’anci<strong>en</strong> label de Jesus & Mary<br />
Chain, Blanco Y Negro, puis aujourd’hui chez<br />
Rough Trade. Disque de pop hivernale parfait,<br />
Not Fade Away, son cinquième album, dégage<br />
<strong>des</strong> vibrations chau<strong>des</strong>, sincères et intellig<strong>en</strong>tes.<br />
Flirtant parfois ici avec la power pop ou quelques<br />
titres plus <strong>en</strong>levés qu’à l’accoutumée, Kitt illustre<br />
une empathie évid<strong>en</strong>te avec la naïveté désarmante<br />
d’un Jonathan Richman ou d’un B<strong>en</strong> Vaughn,<br />
frères d’armes émotionnels dont l’écriture fraîche<br />
et spontanée tranche dans un monde d’appar<strong>en</strong>ces<br />
clinquantes. Mais Kitt se révèle <strong>en</strong>core plus<br />
touchant sur les balla<strong>des</strong>, à l’image de Guilty<br />
Prayers, Pointless Ends, ourlée de clavier discret et<br />
de violons <strong>en</strong> coton, ou du délicieux With You, un<br />
hymne à l’amour moderne qui clôture l’album sur<br />
<strong>des</strong> notes de banjo élégiaques.<br />
[Flor<strong>en</strong>t Mazzol<strong>en</strong>i]<br />
Pop<br />
Rob Crow<br />
Living well<br />
(Temporary Resid<strong>en</strong>ce Limited/Differ-Ant)<br />
Moitié de Pinback, longtemps protégés du regretté<br />
Elliott Smith, Rob Crow est une figure attachante de<br />
la scène indie-rock américaine. Auteur, compositeur,<br />
interprète et multi-instrum<strong>en</strong>tiste, son inextinguible<br />
activité l’a vu parcourir une incalculable liste de<br />
formations (Heavy Vegetable, Physics, Optiganally<br />
Yours, Thingy, Advertising, Altron Tube, Cthugha,<br />
Fantasy Mission Force, Remote Action Sequ<strong>en</strong>ce<br />
Project, Alpha Males, Goblin Cock, Aspect of<br />
Physics, Team Sleep...). Quand il ne s’atomise pas,<br />
ce natif de San Diego arrive à m<strong>en</strong>er une carrière<br />
solo sous alias Snotnose ou son véritable état civil.<br />
Véritable quatrième album à ce jour, Living well exale<br />
une fraîcheur rare ; celle née <strong>des</strong> <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />
domestiques sans aucune pression, le nez au v<strong>en</strong>t.<br />
Portés par l’épatant single I hate you, Rob Crow, ces<br />
quatorze titres évoqu<strong>en</strong>t aussi bi<strong>en</strong> Viol<strong>en</strong>t Femmes<br />
(Leveling) que Pavem<strong>en</strong>t (Over your heart). Une<br />
seule écoute du fantastique Taste devrait convaincre<br />
jusqu’aux plus rétifs : Rob Crow a certainem<strong>en</strong>t dû<br />
un jour jouer dans Scritti Politi !<br />
[Marc Bertin]<br />
Hip-Hop<br />
TTC<br />
36 15 TTC<br />
(V2)<br />
Depuis l’intrigant Ceci n’est pas un disque, l’ineffable<br />
crew parisi<strong>en</strong> n’a ménagé ni sa peine ni son tal<strong>en</strong>t pour<br />
ravir le titre hautem<strong>en</strong>t mérité de meilleure formation<br />
française hip hop. Puisant dans l’héritage électro, TTC<br />
est un cas à part, plus proche de démarches anglosaxonnes<br />
underground (Machine Drum, Prefuse 73,<br />
Daedalus, Busdriver) que d’une tradition plus <strong>en</strong>cline<br />
à singer le r’n’b ou les productions de Jay-Z. TTC se<br />
moque comme d’une guigne de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong>,<br />
de la consci<strong>en</strong>ce politique et <strong>des</strong> rev<strong>en</strong>dications<br />
communautaires. Pour ces hérauts du bounce façon<br />
Ghislain Poirier/Omnikron, l’hédonisme est un<br />
mode de vie, un principe sacré. Érotomanes hilarants<br />
(Quand je claque <strong>des</strong> doigts, Téléphone, Frotte ton cul<br />
par terre), séducteurs impénit<strong>en</strong>ts (Strip pour moi),<br />
les cinq mousquetaires de la résurrection délivr<strong>en</strong>t<br />
avec 36 15 TTC une nouvelle démonstration de leur<br />
aisance verbale sertie dans une production luxuriante<br />
transc<strong>en</strong>dant ses référ<strong>en</strong>ces old school, culminant<br />
sur l’imparable Dancingbox avec le duo berlinois<br />
Mo<strong>des</strong>elektor.<br />
[Marc Bertin]