03.07.2013 Views

UNIVERSITE DE PROVENCE (AIX-MARSEILLE 1) LA FEMME ...

UNIVERSITE DE PROVENCE (AIX-MARSEILLE 1) LA FEMME ...

UNIVERSITE DE PROVENCE (AIX-MARSEILLE 1) LA FEMME ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

A mon père et<br />

a ma mere<br />

Pour' Leurs sacr{fices


c ,50 100 Km<br />

Le<br />

Grand- Lahou<br />

AEÙWAN<br />

SUD-EST dans l'ensemble ïvolrien<br />

"<br />

Departement cl'AGaoVILLE


- 26 -<br />

éprouvions ,de grandes difficultés à leur faire comprendre que nos "papiers"<br />

(entendre questionnaires) n'étaient pas nombreux et qu'on ne pouvait pas<br />

par conséquent interroger tout le monde.<br />

Arrivé dans une cour, nous nous adressons d'abord au mari à qui nous<br />

expliquons le but de notre présence.Lorsqu'il est polygame, il appelle une<br />

de ses épouses, généralement la premi ère ;' pour répondre à nos questions.<br />

Lorsque la première femme est absente, il fera appel à la deuxième. Il<br />

tient ainsi à respecter la hiérarchie des statuts qui existe entre ses épou­<br />

ses. Tout cet aspect intéressant de l'enquête ne doit pas faire oublier<br />

les quelques petites difficultês que nous avons rencontrées.<br />

Souvent, au cours de l'administration du questionnaire, nous ne pouvons<br />

pas nous trouver seul en tête à tête pendant plus de quelques minutes avec<br />

l'enquêtée. Malgré nos efforts pour éviter la présence d'autres personnes<br />

afin de permettre à l'interlocutrice de s'exprimer sans gêne, nous sommes<br />

entouré par des cCurieux, heureux de prendre part à une conversation.Ceci<br />

présente quelquefois un avantage car, par exemple, la fille présente peut<br />

nous donner le montant des revenus d'une activité auxiliaire de la mère<br />

alors que celle-ci ne s'en souvient plus. Nais surtout inconvénient car,<br />

avec la présence d'une belle- soeur, de la belle mère, d'une co-épouse,<br />

l'enquêtée éprouve une certaine gêne à dire la sonme d'argent qu'elle a re­<br />

çue de SQn mari. Ell e corrununi quera une pet i te somme pour évi ter que 1es<br />

parents du mari ne l'accusent de recevoir trop d'argent de celui-ci et de<br />

le ruiner ou pour éviter qu'une co-épouse qui a peut-être reçu moins d'ar­<br />

gent ne soit mécontente. La somme d'argent reçue sera au contraire grossie<br />

par la femme en présence d'une amie, d'un curieux indésirable ou d'une<br />

autre personne pour faire croire aux autres qu'ell"- reçoit beaucoup d'ar­<br />

gent. C'est ainsi Ilne manière de défendre son honneur et celui de son<br />

mari.


- '27 -<br />

Articulation<br />

Cette étude comporte trois grandes parties. La premiêre traite de l'or<br />

ganisation sociale précoloniale et de la position générale de la felnme dans<br />

la société Ab/, Elle commence par un aperçu géographique et historique du<br />

milieu d'étude.<br />

Le bouleversement de cette société précoloniale et la place de la<br />

femme dans la nouvelle formation socio-économique seront l'objet de la<br />

deuxième partie. [Jans la dernière, il s'agH du rôle économique de la felll­<br />

me dans la soci été Abé auj ourd ' hu i .


CHAPITRE 1<br />

==========<br />

A - Données géographiques<br />

- 29 -<br />

DONNEES GEOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES DU PAYS ABE<br />

1 - Le climat et la végétation situé entre le cinquième et le sixiè-<br />

me degré de latitude nor d et entre le quatr i ènie et le cinquième degré de<br />

longitude Ouest (1), le pays Abé couvre un territoire peu étendu dans la<br />

zone forestière au sud-est de la Côte d'Ivoire. Il s'étend sur une surface<br />

2<br />

de 3850 KIn .11 est couvert d'une forét sempervirente et ombrophile qui lui<br />

confère un climat chaud et humide à quatre saisons:<br />

- une grande saison sèche (décembre ma r s ) .<br />

- une grande saison des pluies (avril -mi-juillet)<br />

- une petite saison sêche (mi-juillet - mi-ieptembrel<br />

- une petite saison des pluies (mi-septembre - mi-novembre)<br />

qui dictent la répartition des différentes activités le long de l'année et<br />

favorisent les cultures tropicales (exemple café et cacao).<br />

La forêt, qui constituait autrefois l'unique végétation est aujourd'hui<br />

fortement dégradée par les nomhreux défrichements. Elle présente des paysa­<br />

ges très variés liés aux différents types de cultures pratiquées.<br />

A cette zone de forét au climat tropical correspond un relief qUl ne<br />

contraste, pas grosso modo avec celui de l' ens ernb le de 1a Côte d' 1voi re.<br />

2 - Relief et hydrographie. Le relief est très peu élevé. Il forme dans<br />

l'ensemble une étendue de plaine parsemée de nombreux bas-fonds et de nom-<br />

breux ru; sseaux; 1a seul e grande ri vi ère est l'!1gneby<br />

(dans 1a 1angue Abê l .<br />

ou Oqbo<br />

Ces condi t ions physi ques se sont i mposées aux Ahé dans i _ 1eur organ i ­<br />

sation sratiale et dans leur structure socio-économique. Dans ce cadre physi­<br />

que, les Abé sont entourés de part et d t aut re de peuples pr i nci pal ement 111i)-<br />

trilinéaires, à l'exception des Ah


- 37 -<br />

PYRAMI<strong>DE</strong> <strong>DE</strong>S AGES <strong>DE</strong>S AUTOCHTONES (Abé + Krobou l<br />

100<br />

H F<br />

.-----" -+10t--------L.----,<br />

10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

SOURCE: RECENSEMENT NATIONAL' <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> POPU<strong>LA</strong>TION _ 1975


- 40 -<br />

l'intérieur ou vers des régions plus calmes.<br />

Selon ces mêmes versions, le séjour des Abé dans l'est aurait duré<br />

quatre génêrations, ce qui peut s'évaluer a environ 150-200 ans.<br />

Si nous nous référons J5 la date avancée par M.Dupire ,R.Grivot et les<br />

versions orales à propos de la fixation des Abé dans le terrlto'ire actuel,<br />

leur fuite aurait donc eu lieu au début ou au milieu du XVI èllle siècle,pê-·<br />

riode qui correspond à la phase active de la traite.<br />

Des versions établissent également que certains lignages n'auraient<br />

pas pris part à la fuite et seraient restés sur place cachés dans la forêt.<br />

Ce sont eux qui auraient accueilli les migrants revenus de l'est et qui<br />

leur auraient appris la langue Abé qu'ils auraient perdue au cours de leur<br />

exode. Ce sont les modalités de fixation après le retour du pays Ashant:<br />

qui expliquent l'organisation socio-politique Abé. Chez leurs voisins [)doulé<br />

matrilinéaires, l'origine de -:cette fili.aHonL' rêjS ' expliquerait selon<br />

S.DU PREY (I) par le fait qu'au cours de leur migration du pays Asitant,:<br />

vers l'actuelle Côte d'Ivoire, une femme aurait sacrifié son fils pour<br />

sauver le peuple dont son frère était le roi. Ainsi, en guise de reconnais­<br />

sance pour ce bienfait, on aurait décidé que les neveux hériteraient du<br />

frêre de la mère, c'est-à-dire de lellr oncle maternel. C'est de cette fa-<br />

çon quela soc i êt é<br />

Baoul.é<br />

( l ) DU PH[Y [1. Hlotoire des lvolrlens<br />

serait passée du patrilignage au mat r i l i qnaqe.<br />

/<br />

Ab:djJll.J0'i,r:mer:e de la Côle d'lvod'e,]l)GI.,léOi;1.


- 51 -<br />

en tant que membre d'un autre lignage, la femme hérite de sa cousine.<br />

Diagramme représentant le mécanisme de la succession<br />

\ :) ... ')<br />

,.-/-


- 79 -<br />

autant de blocs qu'il y a de lignées dans le lignage.<br />

Les lignées créent des champs communautaires d-ivisés ensuite en plusieurs<br />

parcelles dont le nombre est proportionnel à celui des hommes mar i ès que<br />

compte la lignée.<br />

Décrivons ce processus:<br />

Tout autour d'un point fixe appelé gbdou représenté par un tertre,<br />

une termitière ou un arbre, on déplace une matchette sur le sol et les<br />

champ communautaire d'une lignée<br />

pôrcelle d'un<br />

9bée, i.J honune<br />

épouse<br />

angles ai nst formés à partir de ces portions de cercles èqui val entas i nd i­<br />

quent les direct-ions selon lesquelles chaque cultivateur est autorisé à cul­<br />

tiver. La dimension de la parcelle d'un homme varie selon le nombre d'épou­<br />

ses qu'il a. La dimension de son champ au sommet sera divisée par autant<br />

de fois de matchette qu'il a d'épouses. Ainsi donc, les différences de sta-<br />

tut mat r unont al s i i nscr t vent ou se matérialisent sur les blocs ccumunau-<br />

taires.<br />

Chaque homme Si occupe de sa parce 11 e. Avec l'ai de de ses f"' l s adu] tes<br />

célibataires, il défriche le sous-bois, abat les petits arbres en êpargnant


- 92 -<br />

un morti er ou dans le creux d'un tronc d'arbre en f orrne de p-i rogue aménagé<br />

pour cet usage. Les hommes et les f emme s di sposés autour de ce 10n9 1I10rti er,<br />

pilent les graines en cadence et en chantant pour séparer les fibres desr co­<br />

ques. Ce travail coopératif peut s'organiser au bénéfice de n'ililporte quel<br />

individu. Les coques sont enlevées tandis que les fibres' sont laissées là<br />

où les graines ont été pilées ou mises dans d'autres récipients. Le lende­<br />

main, pour extraire l 'huile, la femme verse de l'eau chaude dans les rèci­<br />

pients contenant les fibres pour permettre à l 'huile fondue d'apparaître<br />

5 la surface de l'eau. La femme prend les fibres en petites boules qu'elle<br />

presse dans l'eau. E11 e r ecue i 11 e ensui te l' hui le avec l es deux mai ns qu' e1­<br />

le verse dans une martni te. L' hui le récupérée est éboui 11 antée pour permet­<br />

tre l'évaporation dela part d'eau qu'elle renferme<br />

Le deuxième type d'arnisat exige des connaissances techniques<br />

particulières. Seuls quelques spécialistes peuvent le pratiquer. Il s'agit<br />

du travail dei métaux qui permet de fabriquer des outils agricoles, des<br />

arilles et des bijoux, du travail du bois et des végétaux coume celui qu:<br />

fournit des objets utilitaires (mortiers, pilons) ou rituels (tem-t ams uuas­<br />

ques, statuettes), COmme les lianes, mati ère pr ernière de la vanneri e quoi<br />

incombent aux hommes. Pour les femmes, il s'agit de la confection des<br />

ustensiles en terre cuite: plats, marmites, vases, canaris ,etc.<br />

Le tissage et la fabrication des pagnes r-equt èr ent 5 la fois l'inter­<br />

venti on de l 1 homme et de la f eume .<br />

Le palmier raphia et le coton sont les iilatières premières utilisées<br />

pour la fôbrication des pagnes.<br />

Contrai r-ement aux Baoul.é les /\bé pratiquent le tissage de f açon IIIL!r­<br />

/<br />

gi nale. Le coton est cul ti vé en basse-cour. Le champ est souvent ouvert par<br />

. Canaris: grand récipient en terre cuite qui sert j conserver l'eau


- 102 -<br />

Oans l'activité connnerc i al e , la femme occupe une place filarginale due<br />

au f ai t qu'elle ne participe pas êJU conaucrce à l oncue distance qui repré­<br />

sente l'essentiel de ce . conmerce . Ccci nous permet de dire que la f emaie<br />

ne participe pas ô l'accumulation .de l'or qui constitue la seule réserve<br />

de valeur et l'èléillent constitutif essentiel de la richesse.En ce sens donc,<br />

son rôle économique se trouve que l que peu restreint.Elle est plus un attri­<br />

but de la richesse qu'un moyen direct d'accuillulation de cette richesse.<br />

Eien qu'elle puisse procurer une progéniture (les fils! qui peut constituer<br />

un moyen d' accumul at i on de ri chessse au profi t de l' hoinne , l a femme ne par­<br />

ticipe pas e l l e-mème directement 6 cette accumul at i on.L'est au contraire<br />

dans l'agriculture de subsistance qu'elle occupe un rôle èconoun que prepon­<br />

dérant.<br />

Nous verrons que contrai rement à cette place Inargi nale que la femme<br />

occupe dans "1 "éconoillie aurifère", elle participe aujourd'hu'iintensé­<br />

ment: à l' aqr i cultLIr e des cultIl r es pé r ennes qui .con sti tuent l.es se lI1 es<br />

sources cie revenu des f auri l l es i Ai ns i , son rôle éconouri que s'est cons icë­<br />

rahlement accru.


- 110 -<br />

Qu'en est-il de la nature de ces rapports aujourd'hui? Mais d'abord<br />

il faudrait savoir ce qu'elle était pendant la période coloniale.


ut. l'l'UVJ\. l E"'''­ l'IL PAlnIE<br />

<strong>LA</strong> <strong>FEMME</strong> DANS <strong>LA</strong> NOUVELLE FORMATION SOCrO-ECONOMIUUE


- 177 -<br />

L'homme véhicule un certain nombre de pensées ou de croyances pour<br />

transformer les éventue 11 es pulsi ons de l a femme dans un sens négatif.<br />

Ainsi on dit que"La fernrrie ne doit pas êtpe pLus piche que son mapi,qu'eLLe<br />

ne do-it: pas se séparer de cel.ui.-ci pour ouvr-ir ses propres pl.antaùions '',<br />

"Si el.Le Le fait, Le mar-i devient pauvpe, i.l. meurt: ou t.aut:e La fMl'iUe est<br />

"<br />

déc-imée par-l-a mortBref, on di sait qu'il niest pas bon que l a femme possède<br />

ses propres plantations.<br />

Toute cette vision est basée sur le sacré et les sanctions liées à<br />

son non respect sont d'origine divine. Le mythe sert de moyen de justifi­<br />

cation des rapports sociaux établis.Les sanctions divines qui accompagnent<br />

le mythe donnent à celui-ci un caractère coercitif qui contraint les<br />

individus à un conformislne social c'est-à-dire au respect de l'ordre éta-<br />

bli.<br />

En fai sant ce qui lui est défendu, l a femme offense les espri ts qui<br />

puniront le mari ou la famille qui n'a pas su maintenir l'ordre social<br />

basé sur les rôles respectifs reconnus à l 'homme et à la femme.<br />

Cette mythologie ou cette idéologie sert en fait à réaffirmer les principes<br />

de base des rapports de production qui existent entre l 'homme et la femme,<br />

à savoir, la complémentarité entre époux dans le travail agricole et la<br />

suprématie économique de l 'homme qui passe par la détention des moyens de<br />

production (plantations).Faire croire que la femme rend son mari pauvre en<br />

se détachant de lui pourr2 ouvrir ses propres plantations reflète effecti­<br />

vement la réalité car l 'homme perd en fait l'apport en travail de la fem­<br />

me et ceci a des conséquences sur sa réussite économique.C'est également<br />

une reconnaissance implicite de l'importance économique.de la femme.<br />

La société véhicule ces mythes sous forme de message social impératif:<br />

celui de la suprématie économique et sociale de l 'homme et sa conservation.<br />

Le rôle social de l'homme et celui de la femme sont appris, ils sont<br />

un acquis culturel propre à chaque société.C'est à partir de là précisément<br />

que se développe,une mythologie de masculinité et de féminité.


- 187 -<br />

Le plantage du café et du cacao. Traditionnellement, c'est l 'homme qui<br />

plante les arbres.Les cultures nouvelles du café et du cacao n'ont pas<br />

échappé à cette règle.Mais celle-ci est devenue moins vraie car, si c'est<br />

à l'homme que revient la tâche de planter le café et le cacao, la femme<br />

n'y est pas du tout absente.Selon nos résultats d'enquête, 70 femmes;c'est­<br />

à-dire environ la moitié de 1'échanti110n,participent au' plantage des<br />

cultures pérennes.<br />

Enfouir les fèves ou les plants de cacao ou de café dans le sol est<br />

un travail qui demande la connaissance de certaines techniques et c'est<br />

pourquoi on n'ose pas le conf ter aux manoeuvres.L' homme l'accomplit seul.<br />

Mais c'est une tâche qui requiert d'être exécutée dans une période bien<br />

déterminée pour que la croissance des plants ne soit pas retardée.Que1­<br />

quefois aussi la plantation est assez vaste et 1'homme ne peut pas planter<br />

seu1.Pour ces deux raisons donc il fait appel à la femme et aux enfants,<br />

principalement quand il s'agit d'enfouir les fèves de cacao.<br />

Le sarclage, C'est le nettoyage du champ nouvellement cultivé. Toutes les<br />

femmes y participent et aucun homme n'y prend part.Le sarclage consiste<br />

à couper les herbes adventices qui poussent et qui risquent d'envahir les<br />

cultures vivrières et géner leur croissance.Il a également pour but de<br />

libérer les petits plants de café ou de cacao pour leur permettre de gran­<br />

dir.<br />

La femme entreprend deux fois le sarclage.Le premier a lieu le Se ou<br />

le 6 e mois après le semis c'est-à-dire en aoOt-septembre. Le second in­<br />

tervient en décembre-janvier.Ces opérations constituent les premiers soins<br />

appo!'tés au nouveau champ et aux cultures. Elles reposent sur la femme<br />

d'où le rôle préliminaire de premier plan qu'elle joue dans l'entretien<br />

et la réussite du nouveau champ qui déterminera l'état à venir de ce1ui­<br />

ci.C'est à l'issue de chacune de ces opérations que 1'homme intervient après<br />

la femme pour remplacer les plants de café ou de cacao pourris sur pied<br />

ou détruits par les animaux nuisibles.


SEXE<br />

- 193 -<br />

Temps productif et non productif par sexe chez les planteurs<br />

de café et cacao et leurs femmes (en %).Enquête portant sur<br />

8 familles et sur une durée d'un an.<br />

Hommes<br />

Femmes<br />

classe d'âge(ans)<br />

30-49<br />

30-49<br />

-------------------------------------------------------------------------<br />

l - Temps non productif 39,6 14,8<br />

A - inactivité 25,4 7,8<br />

B - Activités sociales 14,2 7,0<br />

II - Temps productif 60,4 85,2<br />

A - activités domestiques 4,8 30, l<br />

B - Production agricole 46,7 49,7<br />

l - Cultures vivrières 10,2 40, l<br />

2 - Cultures commerciales 36,5 9,6<br />

C - Ramassage 7,9 2,2<br />

o - Activités Péri-agricoles 1,0 3,2<br />

Pour construire ce tableau, nous avons seulement choisi la classe<br />

d'âge la plus active, celle de 30-49 ans.<br />

Nous constatons que le temps productif concernant les cultures com­<br />

merciales. chez leshomrnes est très élevé par rapport à celui des femmes.<br />

En effet, les hommes travaillent beaucoup plus que les femmes dans les<br />

p16otations des cultures commerciales. Cependant, nous pensons que la part<br />

de travail fournie par la femme a été sous-évaluée. Cette sous-évaluation<br />

est due au fait que dans son estimation,J.L.Chaeard n'a pas tenu compte


- 205 -<br />

Le nombre d'enfants croit avec celui des épouses.Les paysans ne se<br />

rendent pas compte qu'en épousant plusieurs femmes,ils se donnent en même<br />

temps les moyens d'avoir beaucoup d'enfants.Et parfois, la concurrence qu'<br />

entreti ennent l es co-épouses entre e11 es pour avoi r le même nombre de nai s­<br />

sances contribue à élever considérablement le nombre d'enfants dans les<br />

familles polygames.<br />

4 - Polygamie et statut socio-économique initial du planteur<br />

Nous avons vu qu'autrefois, c'était le statut social antérieur de<br />

l'homme qui favorisait la polygamie.Il fallait avoir suffisamment d'or<br />

c'est-à-dire être riche pour pouvoir épouser plusieurs femmes.L'or était<br />

rare et son accumulation lente ne pouvait se faire qu'au fil des années.<br />

Ainsi, il n'y avait que les patriarches et les pères ayant accumulé une<br />

certaine quantité de ce métal grâce n à leur effort personnel ou par l'<br />

intermédiaire de leurs fils ou de leurs cadets, qui pouvaient avoir plu­<br />

sieurs femmes. La polygamie était ainsi liée à l'âge et à la richesse ini­<br />

tiale.Elle était comme nous l'avions déjà dit, un attribut de la richesse.<br />

Aujourd'hui ,jeunes et vieux planteurs possèdent plusieurs femmes.Et, tou­<br />

tes tailles d'exploitation confondues,_ des planteurs sont polygames.<br />

Contrairement à ce qui se passait autrefois pour l'or, l 'homme peut aller<br />

travailler en ville et avoir facilement de l'argent pour se marier.Il y<br />

a aussi -le lévirat qui permet comme avant de se marier et de devenir poly­<br />

game sans avoir à payer une dot.Comme la femme qui est contrainte au lévi­<br />

rat pour des raisons économiques, l 'homme accepte lui-aussi de prendre<br />

une femme en héritage dans la mesure oü elle constitue pour lui un moyen<br />

d' acquisition d'un suppl ément de force de travai 1. Di x-neuf femmes sur les<br />

cent quarante sept ont été acquises par héritage.<br />

Un autre fait qui facilite la polygamie réside dans le paiement<br />

de la dot.Celle-ci n'est plus exigée avant le départ de la femme chez son<br />

mari .Elle peut être payée après plusieurs années.Ceci facilite le mariage<br />

et ne limite plus l'accès des jeunes et des moins fortunés à la polygamie.


- 218 -<br />

Cette action de la caisse de Stabilisation en faveur de l'Etat n'est<br />

pas fortuite. En effet, il est convenu qu'en /lvertu de l'application de l'ar­<br />

ticle I4 du décret n066-445 du 2 septemble I966,la Caisse de Stabilisation<br />

contribue aux opérations d'investissements économiques et sociaux de l'Etat<br />

(B.S.I.E.) en versant 40% de ses résultats nets de chaque exercice ùéné-<br />

ficia


- 225 -<br />

davantage. Ainsi, toutes n'arrivent pas à créer un jardin car, faute de<br />

temps, elles ne peuvent pas concilier les deux types de travaux.<br />

La femme débroussaille elle -iuè.ue la parcelle qui ne porte le plus<br />

souvent que des herbes. Cette tâche, surtout quand le jardin est ouvert dans<br />

une ancienne rizière, est compar ab l e au sarclage qu'elle effectue dans les<br />

champs i Lorsqu<br />

le travai 1.<br />

t e l l e a de l'argent, elle pai e un manoeuvre pour accornpl i r<br />

Les seul s moinents dont la f enme di spose pour se consacrer aux travaux<br />

dans le jardin sont les dimanches et les jours néfastes oil en principe seuls<br />

les travaux dans les champs éloignés des campe/dents sont interdits. Souvent,<br />

c'est au début de la grande saison sèche, période pendant laquelle<br />

les honnne s entreprennent l'ouverture des nouveaux ch amps , que la f eunue ,<br />

plus libre, peut cultiver son jardin.<br />

Celles qui ont un jardin de légumes entreprennent deux récoltes prin-<br />

'ci pal e s dans l'année. Elles en tirent des revenus substanciels qui vont<br />

de 20.000 à plus de SO.{JOO F CF/J.. ;'iais ces revenus varient s ens i bl euent<br />

d'une récolte à l'ilUtre. Ceux de la pr-e.n i èr e sont en général plus i.npor t ants<br />

car la récolte s'effectue en pleine saison sèche.La production est faible<br />

à cause de l a sécheresse et l es cuvettes ou les pani ers de l éguines se<br />

vendent à des prix élevés. La seconde récolte, en revanche, se fait pendant<br />

la petite saison des pluies; les prix chutent à cause de l'abondance de<br />

la production.<br />

3 - La culture du man i oc<br />

De toutes les act i vi t è s auxiliaires que pratiquent les felililles, la<br />

culture et la comuerc i ali s at i on du nian i oc est de loin la pl us i.uport ant.e<br />

et 10'<br />

de par le nombr-e de f emne s qui s'y l ivrent par recettes qu'elle leur f)(OCU-<br />

re.<br />

Le inan i oc est connue l a banane, un produi t de base de l' li l uuent at ion.


- 229 -<br />

à ses enfants, l t al unentat i on quotidienne et les dépenses annexes du<br />

ménage. nuant aux femmes, les revenus qu'elles ont 'tiré de leurs pro-<br />

pres chauios leur ont ueruri s de prendre part aux dépenses failli liales,<br />

surtout de nourriture, et d'assurer d'autres dépenses.<br />

Dans la f ami lle [3, le mari et l a f eume possèdent è qa l ement chacun<br />

son propre champ, respectivement de deux et d'un denli hectare. Les moda lités<br />

d' exécut i on des travaux sont les mêmes que ce 11 es qui ex i stent dans la<br />

famille il.. !',kis ici, c'est plutôt dans le champ de la f eunne que se trouve<br />

réser vê l a parcelle qui se r t à l' a l i Ille nt at ion.<br />

C<br />

Enfin, dans la f auri l l e composée de deux épouses, celles-ci ne possè-<br />

dent pas- leurs propres champs mais exploitent en co.nnun avec leur mari<br />

une parcelle de trois hectares et demi. Après la récolte et la vente de<br />

l'année précédente et après avoi rassuré les S)"osses dépenses failli liales,<br />

les femmes ont reçu des dons de la part de leur iIli:lri.<br />

Par ces exemples, nous voyons donc apparaître deux types de rapports<br />

de production entre l' homme et la f enune en ce qui concerne la culture du<br />

manioc:<br />

- exp loi tat i on par l a femme d'un champ personne l<br />

- exploitation commune par les époux d'un seul champ<br />

Le premi er mode d' exp loi tation Illarque un chanqemerit profond dans les<br />

r appcrt s socio-économiques traditionnels qui existent entre l'hollulle et<br />

la f emme . D'agent économique f i nanci èr ement dépendante, là f eunoe acquiert<br />

une certaine i3épendance<br />

mais cette indépendance économique est liillitée<br />

du f ai t que la f emue doit fournir un unpor t ant travail dans le chaup fûlili­<br />

lial, ce qui limite l'étendue de sail propre champ et réduit par conséquent<br />

ses possibilités &conomiques.<br />

Le deuxième mode, d'exploi t ati on est pare il à celui des cu l tures iJé ­<br />

rennes , Il reproduit les mème s types de rapports qui existent ent re l ','hOI/lrile


- 234 -<br />

Au lieu de les considérer comme rétrogrades et l'argent qu'on en tire<br />

comme un gai n d' appoi nt, l es cul tures vi vri ères grâce auxque11 es la campa­<br />

gne se nourrit et ravitaille les centres urbains, doivent être encouragées.<br />

Pour ce faire, il convient de Illettre sur pied une politique pour une nou­<br />

ve11 e ori entation êconoun que.<br />

Le développement des cultures vivriêres présentera deux atouts certains<br />

pour les paysans:<br />

Il avec le développement des villes et l'accroissement de la population<br />

urbaine, il y a une forte demande en produits alimentaires qui ne peut être<br />

satisfaite que par l'accroissement de la production vivrière.Avec le déve­<br />

loppement de ce march6 intérieur important, les paysans peuvent désormais<br />

vendre leurs productions vivrières et se procurer d'importants revenus.La<br />

crise des cultures industrielles réduit aujourd'hui la possibilité pour<br />

le paysan, d'accéder à une vie iue i l l eure . Las culture vivrière constitue<br />

pour lui une autre source de richesse.<br />

2) La culture vivrière permettra surtout d'utiliser de nombreuses terres,<br />

jusqu'ici délaissées ,jugées impropres aux cultures pérennes, mais pourtant<br />

considér6es comme un domaine privilégié des cultures vivrières. Cela per­<br />

mettra de détacher le paysan du mythe de la forêt vierge dont le manque<br />

est perçu comme un déficit foncier et se pose comme un mal que ressent vi­<br />

vement la campagne.


12<br />

13<br />

14<br />

15<br />

16<br />

17<br />

page<br />

193<br />

195<br />

196<br />

2U1<br />

204<br />

208<br />

- 242 ­<br />

Titre<br />

- Temps productif et temps non productif par sexe<br />

chez les planteurs de café et de cacao et leurs<br />

f eume s<br />

- Superficie moyenne, nombr-e moyen de manoeuvr-es<br />

et d'épouses par classes d'âge de planteurs<br />

- Nombre moyen de nianoeuvres et d'épouses par<br />

catégories d'exploitation<br />

- Di fférentes catégori es de pol yqames sui vant<br />

le nOlllbre d'épouses<br />

- Noiubr e d'enfants par f aini l l e suivant le nombre<br />

d'épouses.<br />

- Vari at i ons des soume s reçues pat l es épouses<br />

d' une même catégori e de planteurs et d'épouses<br />

de diff6rentes catégories de planteurs.


- 253 -<br />

4 - La vie dome st i que de la f erune et ses i mpèrat i f s<br />

a - La femme doit assurer la progéniture<br />

b - La f ennne dokt être une travailleuse<br />

c - Le rôle d'éducatrice<br />

d - Une possibilité daccumo l at i on chez la f euune<br />

B - Les acti vi tés èconomi ques<br />

- L'agriculture de subsistance<br />

a - L'organisation foncière traditionnelle<br />

- Le territoire villageois<br />

- La division du territoire villageois en sous-territoires<br />

lignages<br />

La superposition des droits sur la terre<br />

b - Les outils de travail<br />

c - Les produits cultivés<br />

d - L'exécution des travaux<br />

2 - L'élevage<br />

3 - Les activités cynégétiques<br />

4 - L'artisanat<br />

5 - Le commerce<br />

C - L' organi sation coll ect i ve du travai l , les comnunautès<br />

économiques et la division sexuelle du travail<br />

Conclusion partielle: Quelques relfJarques générales sur la<br />

situation de la f eume dans la société traditionnelle Abé<br />

page 62<br />

<strong>DE</strong>UXIEME PARTIE: La f euuue dans la nouvelle t ormation socioéconomique<br />

III<br />

A - Le chanqeuient social 112<br />

[3 - La pènè t rat i on f r ançai se en PilYS Abé et les t r ansf or.uat ions<br />

politiques et religieuses 115<br />

- La pénétration 116<br />

2 - Les transformations de la structure po l i t i que t r adi ti onnel l e 120<br />

3 - Les transformations religieuses 123<br />

62<br />

62<br />

63<br />

64<br />

65<br />

65<br />

67<br />

68<br />

69<br />

7ü<br />

74<br />

75<br />

76<br />

88<br />

89<br />

91<br />

93<br />

103<br />

107


3 - La cul ture du man i oc<br />

- 256 -<br />

B - La portée du dynami Sille de la f eume<br />

- La recherche d'indépendance financiêre<br />

2 - L'alllélioration du budget farnilial<br />

3 - La revalorisation des cultures vivriêres<br />

Conclusion générale<br />

page 225<br />

230<br />

230<br />

231<br />

232<br />

d5

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!