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journal de bord de la 12ème étape - Le Tour du monde du Taranis

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Enfin, nous finîmes par trouver notre petite p<strong>la</strong>ge refuge d'Orongea et y vîmes même un autre<br />

voilier à l'ancre qui s'empressa <strong>de</strong> mettre son feu <strong>de</strong> mouil<strong>la</strong>ge, en se <strong>de</strong>mandant probablement<br />

quel fou pouvait bien arriver là, à cette heure ci. A 10 heures <strong>du</strong> soir le 31, au bout <strong>de</strong> 630<br />

miles, nous mouillions dans cet abri précaire par 35 à 40 nœuds <strong>de</strong> vent… bien heureux quand<br />

même d'être là !<br />

<strong>Le</strong> mouil<strong>la</strong>ge misère <strong>de</strong> Diego Suarez<br />

<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, le vent était loin d'avoir baissé<br />

et après avoir fait une rapi<strong>de</strong> inspection, sous<br />

l'eau, <strong>de</strong> <strong>la</strong> coque (je soupçonnais à tort <strong>de</strong>s<br />

passe coques bouchés, le <strong>de</strong>ssal fonctionnant<br />

très mal - il s'avéra plus tard que les<br />

membranes <strong>de</strong> filtration commençaient à<br />

rendre l'âme) et nettoyage <strong>du</strong> loch et <strong>de</strong><br />

l'hélice, nous décidâmes <strong>de</strong> lever l'ancre pour<br />

le port <strong>de</strong> Diego Suarez où l'abri serait<br />

certainement plus sûr et où nous ferions<br />

notre entrée officielle à Mada. Cette baie,<br />

vantée par les gui<strong>de</strong>s touristiques comme<br />

étant <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième après celle <strong>de</strong> Rio, ne nous <strong>la</strong>issa pas un souvenir impérissable. Elle était<br />

entourée <strong>de</strong> collines pelées et désertiques, comme à peu près partout dans cette partie <strong>de</strong> l'île,<br />

qui dispensaient une poussière rouge à longueur <strong>de</strong> temps donnant au bateau un petit air <strong>de</strong><br />

coureur fatigué <strong>du</strong> Paris Dakar. C'est par 40 à 45 nœuds <strong>de</strong> vent établi que nous <strong>la</strong><br />

traversâmes, au moteur, le bateau fortement gîté, à sec <strong>de</strong> toile, pour arriver dans cette<br />

ancienne base militaire française, actuellement troisième port <strong>de</strong> l'île. La carte indiquait <strong>la</strong><br />

présence d'épaves découvrantes en grand nombre (ce qui est assez surprenant pour un port),<br />

mais elle était probablement en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité ! Il n'y avait que çà, et, seul un chenal, qui<br />

longeait un quai, était libre d'obstructions. Quant au mouil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s voiliers, c'était un<br />

mouchoir <strong>de</strong> poche, coincé entre une très gran<strong>de</strong> épave et un petit quai <strong>de</strong> remb<strong>la</strong>is donnant<br />

sur une p<strong>la</strong>ge boueuse où s'ébattait <strong>de</strong>s canards, <strong>de</strong>s poulets et <strong>de</strong>s enfants, au milieu <strong>de</strong><br />

cabanes en tôle et <strong>de</strong> bâtiments en ruine, avec les or<strong>du</strong>res omniprésentes que chacun jetait où<br />

il vou<strong>la</strong>it, aucun traitement ni ramassage n'étant apparemment prévu. <strong>Le</strong> premier contact avec<br />

Madagascar nous cueillit un peu à froid, et cette première impression ne fit malheureusement<br />

que se renforcer.<br />

A peine ancré <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>ux autres voiliers locaux (appartenant à <strong>de</strong>s Français, mais en très<br />

mauvais état), vîmes-nous arriver un malgache souriant sur une pirogue à ba<strong>la</strong>ncier creusée<br />

dans un tronc d'arbre évidé, qui nous proposa ses services pour gar<strong>de</strong>r le bateau. Connaissant<br />

l'usage, après quelques échanges, nous acceptâmes sa proposition, et Lova (notre gardien)<br />

nous fit une telle <strong>de</strong>scription <strong>du</strong> niveau d'insécurité à Diego Suarez que nous eûmes <strong>de</strong>s<br />

frissons dans le dos (attaque <strong>de</strong> voilier, vol, mise à sac et pil<strong>la</strong>ge,…). Il y avait probablement<br />

un peu <strong>de</strong> surenchérissement au niveau <strong>de</strong>s dangers encourus pour mieux justifier son emploi,<br />

mais à chaque fois que je voyais un officiel dans mes démarches d'entrée, <strong>la</strong> première<br />

question qu'il posait était : "avez-vous bien pris un gardien pour le bateau ?".<br />

Ces démarches d'entrée qui nous rappelèrent celles <strong>de</strong> Cuba, par <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur et <strong>la</strong> lenteur <strong>de</strong>s<br />

procé<strong>du</strong>res, mais pas par les moyens, qui étaient ici quasi-inexistants : pas d'imprimés prêts à<br />

remplir, sauf à aller en ville faire <strong>de</strong>s photocopies d'un exemp<strong>la</strong>ire confié avec pru<strong>de</strong>nce par<br />

un fonctionnaire misère, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> photocopies <strong>de</strong> documents quasiment à l'infini, <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> bakchich non dissimulée en faisant gentiment appel à mon civisme d'ancien colonisateur<br />

ou à ma pitié <strong>de</strong>vant leur détresse - ce qui était réellement le cas. Après avoir atten<strong>du</strong> plus<br />

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