Ouvrir le texte au format PDF - Jean Contrucci
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E<br />
n fait, c’est une très m<strong>au</strong>vaise surprise pour nos héros, mais pas pour<br />
la Gestapo qui <strong>le</strong>s avait probab<strong>le</strong>ment à l’œil depuis un moment.<br />
Peut-être même depuis <strong>le</strong> début. Depuis l’arrivée du captain Skepper dans<br />
la vallée du Loir, à bord d’un Lysander, en juin 43. N’oublions pas que <strong>le</strong><br />
comité d’accueil était dirigé par Henri Déricourt, agent doub<strong>le</strong> (ou trip<strong>le</strong>,<br />
car il travailla éga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s Américains).<br />
Si cela était, pourquoi donc <strong>le</strong>s sbires de la police secrète al<strong>le</strong>mande<br />
<strong>au</strong>ront-ils attendu sept mois pour tendre <strong>le</strong>ur souricière ? Peut-être,<br />
comme <strong>le</strong> dira à ses juges celui qui a c<strong>au</strong>sé la perte d’Eliane, Char<strong>le</strong>s et<br />
Arthur, « parce qu’ils avaient d’<strong>au</strong>tres dossiers à rég<strong>le</strong>r en priorité ».<br />
Le traitre, l’homme qui a vendu <strong>le</strong> rése<strong>au</strong> Monk à la Gestapo est un<br />
Français de 36 ans, né à Marseil<strong>le</strong>, marié depuis 1934 à Andrée<br />
B<strong>au</strong>dringhin, père d’un enfant de 8 ans. Cet homme se nomme Emmanuel<br />
Bousquet: tail<strong>le</strong> moyenne (1,68m.) cheveux châtains, yeux marrons,<br />
visage ova<strong>le</strong>, teint clair. Une dent en or <strong>au</strong> maxillaire supérieur droit. C’est<br />
M. Tout-<strong>le</strong>-Monde. Avant-guerre, il a connu quelques ennuis comme<br />
rece<strong>le</strong>ur de voitures volées, ce qui lui a valu d’être condamné à 10 mois<br />
de prison. Il a été un moment gérant du cinéma Le Rialto, rue Saint-<br />
Ferréol, puis il a été représentant pour une société américaine de produits<br />
d’entretien – Quick Polish - qui avait une succursa<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> Sud de la<br />
France, enfin il a travaillé un temps <strong>au</strong> service des essences dont il a été<br />
licencié pour d’obscures raisons. Il a fait trente-six métiers sans jamais<br />
parvenir à se fixer. En d’<strong>au</strong>tres temps, il serait un pâ<strong>le</strong> voyou, un petit<br />
magouil<strong>le</strong>ur de quartier, un peu maquere<strong>au</strong> conjugal, vivant de trafics<br />
minab<strong>le</strong>s, peut-être un raté. C’est un raté, en fait. Mais <strong>le</strong>s temps ne sont<br />
pas ordinaires. Pour survivre, Bousquet s’est lancé dans <strong>le</strong> marché noir,<br />
avec tout ce que cela suppose de fréquentations douteuses. De bar en<br />
bar, il a connu des gens peu recommandab<strong>le</strong>s avec qui il est « en<br />
affaires », comme on dit à Marseil<strong>le</strong>. Il <strong>le</strong>s désignera par des prénoms,<br />
prétendant ne pas connaître <strong>le</strong>ur identité réel<strong>le</strong> : Serge, P<strong>au</strong>l, Max…