Ouvrir le texte au format PDF - Jean Contrucci
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d’imprudences incroyab<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>ur <strong>au</strong>ront été fata<strong>le</strong>s. Malgré <strong>le</strong>s<br />
consignes strictes des instructeurs du SOE, ils ont manqué de discrétion,<br />
ils ont oublié <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du secret, ils ont eu des fréquentations à propos<br />
desquel<strong>le</strong>s ils <strong>au</strong>raient dû se méfier. Ils ont défié <strong>le</strong> danger comme s’il<br />
s’agissait d’un grand jeu où tous <strong>le</strong>s « morts » se relèvent à la fin. En fait,<br />
ils ont donné à <strong>le</strong>ur mission une cou<strong>le</strong>ur romantique qui, pour être<br />
admirab<strong>le</strong> en soi, ne pouvait, dans ce con<strong>texte</strong>, que <strong>le</strong>s conduire <strong>au</strong><br />
désastre.<br />
Le captain Skepper, on l’a dit, a eu recours pour son ravitail<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>x<br />
services du douteux Henri Schwab, « Henri du marché noir ». 42<br />
Henri, qui mange à de nombreux râteliers, a une maîtresse, une certaine<br />
Alberte Levet, 28 ans, une blonde assez vulgaire et provocante, à<br />
l’occasion prostituée, que <strong>Jean</strong> Hel<strong>le</strong>t, dans un témoignage après-guerre,<br />
décrira sobrement : « genre pou<strong>le</strong> ». El<strong>le</strong> fréquente volontiers <strong>le</strong>s bars du<br />
Vieux-Port – tel la brasserie New York, quai des Belges 43 et ceux de la rue<br />
Haxo, ou <strong>le</strong> Bar Pierre, rue Pythéas, dans <strong>le</strong> quartier de l’Opéra dont la<br />
clientè<strong>le</strong> est pour <strong>le</strong> moins diverse : on y croise <strong>au</strong>ssi bien des agents<br />
secrets venus de Londres ou d’Alger que ceux de la Gestapo ou des<br />
membres du Milieu. C’est dire qu’il f<strong>au</strong>drait se méfier du moindre de ses<br />
propos, de la plus innocente de ses confidences. Car Emmanuel Bousquet<br />
fréquente éga<strong>le</strong>ment ces adresses. Et Emmanuel Bousquet a pour<br />
maîtresse… une certaine Alberte Levet qui se partage entre Schwab et lui !<br />
Il n’est donc pas diffici<strong>le</strong> de dérou<strong>le</strong>r <strong>le</strong> fil qui conduit <strong>au</strong> soir du 23 mars<br />
44 <strong>le</strong> gestapiste français jusqu’à l’appartement d’Henri Truchot. Un<br />
Truchot qui, malgré l’insistance de Pierre Massenet et <strong>le</strong>s consignes<br />
formel<strong>le</strong>s des instructeurs du SOE - qui exigeaient de <strong>le</strong>urs futurs agents<br />
un changement d’adresse permanent afin de semer <strong>le</strong>s mouchards -<br />
n’<strong>au</strong>ra jamais bougé de la rue Mérentié !<br />
42 Aussi invraisemblab<strong>le</strong> que cela paraisse, c’est Eliane P<strong>le</strong>wman qui a mis son chef de rése<strong>au</strong> en relation avec<br />
l’homme du marché noir. Schwab se vantera d’avoir tiré 600.000 francs de bénéfices de ses ravitail<strong>le</strong>ments <strong>au</strong><br />
rése<strong>au</strong>. (Témoignage de Julien Vil<strong>le</strong>vieil<strong>le</strong>)<br />
43 Il a été alors rebaptisé Quai Maréchal-Pétain<br />
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