Multiplication végétative d'arganiers par greffage, drageons et ...

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Introduction
La pression anthropique sur l’arganeraie est telle que les régénérations naturelles par semis
restent confinées à des oueds, à des murs en pierres sèches où des graines sont cachées par les
écureuils, à des pratiques traditionnelles (Simenel 2007), sous le couvert protecteur de plantes nurses
épineuses sous lesquelles les graines peuvent germer, ou à certains microclimats. Actuellement, la
régénération de l’arganeraie est basée sur les rejets de souche, car les plantations d’arganiers sur de
grandes surfaces échouent encore souvent, sauf exception (Defaa et al. 2012 ; Achour et al. 2012).
Les populations sont réticentes face aux chantiers d’exploitation qui les privent de fourrage estival
pour leurs troupeaux et de revenus vitaux provenant de la vente des fruits ou de l’huile d’argan. « La
coupe à blanc est suivie d’une mise en défens de 10 ans minimum (voire 15 ans - Nouaim 2005).
Celle-ci est en général très mal acceptée par les populations qui y laissent paître leurs troupeaux…
On aboutit ainsi à une futaie surbaissée, favorisant par là-même l’accès à l’abroutissement en saison
sèche, complément indispensable de la vaine pâture. Aucune recherche n’a été menée à ce jour pour
déterminer si un nouveau système racinaire se développe à la base de la souche autour de chaque
rejet, comme c’est le cas pour le châtaignier en France. Et ainsi, nul ne peut affirmer que le rejetonnage
1 constitue une voie de régénération indéfinie et sans risque. En effet, si les rejets ne produisent pas
de nouvelles racines autonomes, on peut craindre qu’après plusieurs rotations, la souche meurt »
(Bellefontaine 2010). Le rejetonnage est un pis aller.
Faute de plantations réussies, il fallait que la recherche s’investisse pour sauvegarder les arbres +
âgés remarquables. S’il est aisé de reproduire un végétal jeune, il est souvent bien plus difficile
d’obtenir des copies végétatives lorsque les arbres sont très âgés. C’est pourquoi diverses techniques
de multiplication végétative (MV) doivent être testées. Un des objectifs de la MV est la sauvegarde
du patrimoine génétique (les vieux arganiers exceptionnels qui vont disparaître, naturellement ou à
la suite d’extension des infrastructures). Un autre objectif pour la MV est bien entendu la création
de vergers à graines. Le but du « Projet de clonage de vieux arganiers » financé par M. John Goelet
(Bellefontaine et al. 2012-a) visait à mettre au point un itinéraire technique pour « copier » des
génotypes âgés remarquables par des techniques simples et relativement peu coûteuses afin de les
mobiliser ex situ, pour créer un parc à clones. La constitution d’un parc à clones à base génétique
très large est une première étape incontournable pour installer sous bonne garde un verger clonal
destiné à produire des graines améliorées au profit des programmes de reboisement du HCEFLCD 2
et de l’ANDZOA 3 . Cette agence a officiellement déclaré le 15 décembre 2011 qu’un de ses buts était
de régénérer d’ici 2020 un quart de l’arganeraie, soit 200 000 ha, ou encore 25 000 ha chaque année
(Bellefontaine et al. 2012-b). Pour réhabiliter ces 25 000 ha/an, en se basant sur 50 jeunes arganiers
à planter parmi l’arganeraie existante actuellement, il faudrait produire dès cette année 1 250 000
plants ! Il est dès lors urgent de créer un verger à graines.
Au vu de la très grande diversité génétique de l’arganier signalée par de nombreux chercheurs
(Msanda 1993 ; El Moussadik 1997 ; Kaaya 1998 ; Bouzoubâa 2006) et de sa répartition géographique
(du niveau de la mer à 1400-1500 mètres d’altitude), il est évident que le parc à clones devra regrouper
au moins 200 à 300 arganiers + . Il sera indispensable de mobiliser les arganiers des niches écologiques
les plus remarquables et suffisamment de clones compatibles, en évitant de trop grands décalages
phénologiques, car la fenêtre optimale pour la pollinisation est étroite. Le stade 2 «bouton floral avec
style apparent» évolue en fleur épanouie en 1 à 3 jours, voire 3 à 5 jours selon le génotype (Benlahbil
2003). La durée de vie d’une fleur une fois épanouie est d’au moins 2 jours (Ait Aabd 2007).
1- Rejetonnage = néologisme correspondant au terme anglais « resprouting » (Bellefontaine 2005).
2- HCEFLCD = Haut Commissariat des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification.
3- ANDZOA = Agence Nationale de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganeraie.
Actes du Premier Congrès International de l’ Arganier, Agadir 15 - 17 Décembre 2011